violences contre les sapeurs-pompiers : 18 propositions

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- 1 - Dossier de presse Le 11 décembre 2019 Violences contre les sapeurs-pompiers : 18 propositions pour que cesse l’inacceptable

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Page 1: Violences contre les sapeurs-pompiers : 18 propositions

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Dossier de presse

Le 11 décembre 2019

Violences contre les sapeurs-pompiers :

18 propositions pour que cesse l’inacceptable

Page 2: Violences contre les sapeurs-pompiers : 18 propositions

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Président de la commission des lois

Philippe Bas

Manche

[email protected]

@BasPhilippe

Rapporteurs de la mission d’information « Sécurité des sapeurs-pompiers »

Patrick Kanner Catherine Troendlé Loïc Hervé

Nord Haut-Rhin Haute-Savoie

[email protected] [email protected] [email protected]

@PatrickKanner

@C_Troendle

@loichervepublic

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La mission d’information

La mission d’information sur la sécurité des sapeurs-pompiers a été créée à la suite de l’examen d’une proposition de loi déposée par Patrick Kanner et examinée au mois de mars dernier par le Sénat, tendant à permettre un dépôt de plainte anonyme pour les sapeurs-pompiers.

À l’occasion de l’examen de ce texte, la commission des lois du Sénat a décidé d’élargir le champ de ces travaux en créant le 6 mars 2019 une mission d’information relative à la sécurité des sapeurs-pompiers.

Trois co-rapporteurs de trois groupes différents ont été désignés : Patrick Kanner (groupe Socialiste et Républicain), Loïc Hervé (Union centriste) et Catherine Troendlé (Les Républicains). Cette mission d’information pluraliste s’est donnée pour objet d’analyser les violences dont sont victimes les pompiers (agressions physiques et verbales, rixes...) afin d’aboutir à des préconisations opérationnelles abordant toutes les facettes du problème (volet pénal, coordination des différentes forces de sécurité, formation, adaptation des matériels, campagne d’information...).

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Les rapporteurs ont souhaité retarder de quelques semaines la remise de leur rapport pour tenir compte des mesures annoncées par le Gouvernement le 5 septembre en vue de lutter contre les violences commises à l’encontre des sapeurs-pompiers. Ils ont néanmoins constaté que le plan gouvernemental ne regroupe qu’une majorité d’actions déjà mises en œuvre ou en passe de l’être En particulier, la mesure phare de cette annonce concerne l’expérimentation des « caméras piéton ». Or, cette mesure est issue d’une loi d’initiative sénatoriale adoptée le 3 août 2018 et dont le décret d’application avait lui-même été publié plusieurs semaines avant le plan gouvernemental.

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Les travaux de la mission d’information

I. Auditions

Association Européenne de Psychologie Sapeur-Pompier (AEPSP)

Association nationale des directeurs et directeurs adjoints des services d’incendie et de secours (ANDSIS)

Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC)

Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF)

Mutuelle Intériale

SDIS de Mayotte (visioconférence)

Syndicats : CFDT - Interco CFDT – SDIS, CFTC sapeurs-pompiers et agents des SDIS, Union syndicale nationale SUD SDIS, CGT des services départementaux d'incendie et de secours, UNSA SDIS, Fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs, techniques et spécialisés, Union nationale force ouvrière des services d’incendies et de secours (FOSIS), Syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels (SNSPP)

II. Déplacements

Aix-en-Provence, le 24 juillet 2019

École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP)

Marseille, le 25 juillet 2019

SDIS des Bouches-du-Rhône Préfecture de Marseille Bataillon de marin-pompiers de Marseille

Vannes, le 20 septembre 2019

Congrès national annuel de la FNSPF

III. Contributions écrites

Assemblée des Départements de France (ADF)

Présidents de SDIS, en réponse au questionnaire des rapporteurs (20 réponses reçues)

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L’environnement d’intervention dégradé des sapeurs-pompiers

Des agressions de plus en plus fréquentes

Les agressions dont sont victimes les sapeurs-pompiers sont en augmentation constante : selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDPR), 2 813 agressions ont été déclarées en 2017, contre 2 280 en 2016, soit une augmentation de 23 %.

En 2017, les sapeurs-pompiers ont effectué au total en France plus de 4 millions d’interventions. Pour 10 000 interventions, ce sont 6 sapeurs-pompiers qui ont été agressés en 2017 contre 5 l’année précédente. Ce nombre a encore plus significativement augmenté en dix ans, avec 1 914 agressions de plus en 2017 qu’en 2008, soit une augmentation de 213 %.

Les chiffres transmis par le ministère de l’intérieur relatifs aux cinq premiers mois de l’année 2019 confirment cette augmentation tendancielle puisqu’ils sont supérieurs de 50 % à ceux relevés sur la même période au cours de l’année 2018.

Nombre de sapeurs-pompiers agressés de 2008 à 2017, par catégorie

Source : ministère de l’Intérieur, Direction générale de la sécurité civile

et de la gestion de crise – Traitement ONDRP. Champ: France entière

459 523 640 613 651 833 893 997 1189 1399 154 194 138 144 123 142 147 117

170 286

286 363 377 453 460 594 563

825 924

1128

899 1080 1155 1210 1234

1569 1603

1939

2283

2813

0

1000

2000

3000

4000

5000

6000

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

sapeurs-pompiersvolontaires

sapeurs-pompiersmilitaires

sapeurs-pompiersprofessionnels

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154 194138 144 123

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286363 377 453 460

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8991080 1155 1210 1234

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2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017sapeurs-pompiers professionnels sapeurs-pompiers militaires sapeurs-pompiers volontaires

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Des agressions de plus en plus graves Au-delà de l’aspect purement quantitatif, les sapeurs-pompiers ont le

sentiment d’être confrontés à des formes de violence de plus en plus extrêmes. Il n’est plus aujourd’hui uniquement question d’outrages ou d’agressions, mais « de véritables guet-apens : jets de pierre, de cocktails Molotov ou de parpaings, agressions à l’arme blanche ou encore attaques et destruction de véhicules et de centres de secours », comme le souligne la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF).

Prises dans leur globalité, ces agressions ont conduit, en 2017, à 955 jours d’arrêts de travail pour les sapeurs-pompiers concernés.

Exemples récents d’actes ayant pour finalité de blesser ou tuer des sapeurs-pompiers

Le 21 octobre dernier, à Champigny-sur-Marne, des sapeurs-pompiers ont fait l’objet d’un guet-apens organisé par une quinzaine de personnes qui ont procédé à des tirs de mortiers et de feux d’artifices, et s’apprêtaient à faire usage de cocktails Molotov.

Le 24 août, à Mantes-la-Jolie, des sapeurs-pompiers éteignant un véhicule en feu ont été caillassés par une trentaine d’individus. Ils ont dû se mettre à l’abri et attendre les forces de l’ordre pour venir à bout de l’incendie.

Des faits similaires ont été relevés à Toulouse, le 10 mai dernier, avec la découverte d’une bonbonne de gaz attachée à un scooter à côté d’une poubelle volontairement enflammée.

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Les pompiers, victimes collatérales des conditions sanitaires ou sociales dégradées de leur milieu d’intervention

La sécurité civile est, au fil des années, devenue le « palliatif universel » au recul des différents services publics. Ce phénomène se caractérise par une explosion du secours d’urgence aux personnes et un recul des missions traditionnelles des sapeurs-pompiers telles que la lutte contre les incendies et les feux de forêt.

En 1998, 3,5 millions d’interventions ont été effectuées par les sapeurs-pompiers, dont 50 % au titre du secours d’urgence aux personnes. En 2018, le nombre d’interventions est passé à 4,6 millions et ce taux a atteint 84 %.

La mutation de la mission des sapeurs-pompiers est l’une des causes de l’insécurité dont ils sont victimes :

- ils ne disposent par exemple d’aucun fichier leur permettant d’identifier les personnes souffrant de pathologies psychiatriques en amont d’une intervention. Le décès du sapeur-pompier Geoffroy-Henry survenu le 4 septembre 2018, poignardé par un homme atteint de schizophrénie auquel il était venu porter secours, est un des exemples emblématiques de cette situation ;

- ils effectuent des interventions qui relèvent souvent des urgences psychiatriques.

- ils interviennent trop souvent pour « gérer » des individus en très grande détresse sociale ou précarité, et qui trouvent dans l’alcool et les stupéfiants des refuges aussi précaires que dangereux. La raison est simple : aucun autre service public ne souhaite prendre en charge les personnes concernées.

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Nombre de sapeurs-pompiers agressés rapporté au nombre d’interventions en 2017 (France entière, par régions, agrégats des départements déclarants)

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Les principales propositions du rapport

AVANT : AGIR EN AMONT DE L’AGRESSION POUR LIMITER LA MENACE

• Mettre en œuvre de grandes campagnes de sensibilisation au ton juste

Les violences commises sur les sapeurs-pompiers sont encore mal connues du grand public et les agresseurs n’ont pas toujours une conscience réelle de l’extrême gravité des actes commis. À cet égard, une campagne de prévention audiovisuelle permettrait de sensibiliser la population afin de lutter contre la banalisation et rappeler le rôle fondamental des sapeurs-pompiers dans notre société.

Dès 2018, la FNSPF avait d’ailleurs pris l’initiative d’une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux avec le slogan « #TouchePasAMonPompier ».

Source : site internet de la FNSPF

Le plan d’action contre les violences commises contre les sapeurs-pompiers annoncé par le ministre de l’intérieur au mois de septembre 2019 comporte une campagne de sensibilisation qui, selon les annonces gouvernementales, devait être mise en œuvre avant la fin de l’année. À ce jour, cette campagne n’a pourtant pas été lancée.

La commission des lois alerte le Gouvernement sur les conséquences désastreuses que pourrait avoir une campagne « choc » telle celles utilisées pour la sécurité routière. Un ton outrancier ou caricatural découragerait les vocations et rendrait l’engagement insupportable pour les proches des futurs pompiers.

Mettre en œuvre une campagne de sensibilisation audiovisuelle contre les violences commises à l’encontre des sapeurs-pompiers afin d’alerter sur le phénomène, sans décourager les vocations. (Proposition n° 1)

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PENDANT : MIEUX AGIR PENDANT L’AGRESSION POUR EN LIMITER LES EFFETS

• Doter les SDIS de matériels à même de garantir la sécurité des sapeurs-pompiers

Une autre demande récurrente concerne l’adaptation des équipements au nouveau contexte d’intervention. Elle porte notamment sur des matériels permettant de garantir l’intégrité physique des sapeurs-pompiers :

- des vitrages feuilletés montés sur l’ensemble des ouvertures vitrées des véhicules d’intervention. Les parebrises le sont fréquemment mais les vitres latérales sont plus rarement équipées de ce dispositif et peuvent représenter un risque lors de caillassages ou de jets de projectiles lourds ;

- des gilets dits « pare-lames ». Mieux adaptés que les gilets pare-balles souvent trop lourds, ils protègent contre les agressions commises par l’intermédiaire d’objets tranchants, sans porter atteinte à la capacité opérationnelle du pompier qui les revêt.

La commission des lois appelle à un soutien financier de l’État aux SDIS pour l’acquisition de ces matériels. Ce financement pourrait être pris en charge via la dotation de soutien aux investissements structurants des SDIS, qui ne cesse de s’essouffler depuis 2017.

En 2016, la réforme de la prestation de fidélisation et de reconnaissance versée aux sapeurs-pompiers volontaires a permis à l’État une économie de l’ordre de 30 millions d’euros par an. L’État avait alors décidé de soutenir les investissements structurants des SDIS par une dotation abondée à due concurrence. L’engagement n’a malheureusement tenu qu’un an et la différence entre les économies réalisées et les montants reversés aux SDIS atteint aujourd’hui 60 millions d’euros.

La commission des lois souhaite que le montant des économies réalisées soit de nouveau destiné aux SDIS et aux pompiers, et prioritairement fléché vers l’acquisition de matériels de sécurité.

Reverser à la sécurité civile les économies réalisées par la réforme de la prestation de fidélisation et de reconnaissance de 2016 et flécher prioritairement les versements vers les investissements des SDIS qui garantissent la sécurité des sapeurs-pompiers. (Proposition n° 4)

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• Renforcer la coordination des forces « bleu, blanc, rouge » afin de sécuriser le champ opérationnel des sapeurs-pompiers

Le brouillage des compétences entre les services du 15 et du 18 concourt à la surchauffe opérationnelle des SDIS mais nuit également à la sécurité des sapeurs-pompiers.

La clarification nécessaire des missions respectives des services de santé et de la sécurité civile a été récemment rappelée par la Cour des comptes. La commission des lois soutient cette démarche qui nécessitera d’évaluer la pertinence actuelle de la ligne de partage entre les interventions des SDIS et celles des SAMU. Il conviendra dans ce cadre de réexaminer le référentiel commun sur l’organisation du secours à personne et de l’aide médicale urgente du 25 juin 20081. Il en va de même des dispositions réglementaires (arrêté2 et circulaire3) servant de base à l’application de ce référentiel. Enfin, cette évaluation nécessitera d’analyser la cohérence des dispositions législatives et réglementaires respectivement applicables à la sécurité civile et aux services de santé afin de supprimer toute zone de flou.

Réexaminer le partage des compétences de la sécurité civile et des services de santé. (Proposition n° 8)

Préciser les champs d’intervention des services de santé et de la sécurité civile est une condition nécessaire à la montée en puissance des plateformes uniques de réception des appels d’urgence voulues par le Président de la République. À quoi bon regrouper des services au sein d’une même structure afin d’assurer la coordination de leurs actions si aucune règle claire ne permet d’identifier qui doit agir, comme c’est souvent le cas entre les SDIS et les SAMU en matière de secours aux personnes ?

1 Référentiel commun sur l’organisation du secours à personne et de l’aide médicale urgente du 25 juin 2008, élaboré par le comité quadripartite associant les représentants des structures de médecine d’urgence et des services d’incendie et de secours, la DDSC et la DHOS. 2 Arrêté du 24 avril 2009 relatif à la mise en œuvre du référentiel portant sur l’organisation du secours à personne et de l’aide médicale urgente 3 Circulaire interministérielle DGOS/R2/DGSCGC no 2015-190 du 5 juin 2015 relative à l’application de l’arrêté du 24 avril 2009 relatif à la mise en œuvre du référentiel portant sur l’organisation du secours à personne et de l’aide médicale urgente.

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La commission des lois constate le caractère probant des quelques centres communs d’appel d’urgence déjà mis en place dans certains départements, comme la Haute-Savoie. Ils sont un point d’entrée unique pour les appels de détresse qui sont ensuite répartis, en fonction de leur nature et des besoins immédiats, entre les différents services de sécurité civile et de santé.

Catherine Troendlé appelait déjà de ses vœux le développement de ces centres communs, dès 2016, dans le rapport « Secours à personne : propositions pour une réforme en souffrance » élaboré avec le sénateur Pierre-Yves Collombat1. Ils permettraient un meilleur partage de l’information relative à la dangerosité de certaines personnes du fait d’antécédents psychiatriques, sans atteinte au secret médical.

Développer les plateformes communes d’appel d’urgence favorisant l’échange d’informations avec les services de santé et la sécurisation du cadre opérationnel des sapeurs-pompiers. (Proposition n° 9)

1 Rapport d’information n° 24 (2016-2017) de M. Pierre-Yves Collombat et Mme Catherine Troendlé, fait au nom de la commission des lois, déposé le 12 octobre 2016, Secours à personne : propositions pour une réforme en souffrance.

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APRÈS : AGIR APRÈS L’AGRESSION POUR RÉPARER LES CONSÉQUENCES

• Développer l’assistance juridique des SDIS en faveur des pompiers victimes d’agression

Malgré la clarté du droit, les sapeurs-pompiers rencontrés ont témoigné d’une application inégale de la protection juridique (appelée « protection fonctionnelle ») par certains SDIS. Vos rapporteurs appellent donc à une meilleure information des sapeurs-pompiers et des SDIS sur le contenu et les modalités de mise en œuvre de la protection fonctionnelle. Certains SDIS vont plus loin que les obligations imposées par la loi, c’est-à-dire essentiellement la prise en charge financière des frais de justice engagés par le sapeur-pompier, et mettent en œuvre une véritable assistance juridique au bénéfice du sapeur-pompier victime, tant lors du dépôt de plainte que dans le suivi de son dossier. Vos rapporteurs souhaitent que ces bonnes pratiques soient partagées.

Généraliser l’assistance juridique des SDIS au bénéfice des sapeurs-pompiers victimes, tant lors du dépôt de plainte que dans le suivi de leur dossier. (Proposition n° 16)

• Systématiser la saisine de la justice en cas d’agression

Les protocoles de prévention et de lutte contre les agressions visant les sapeurs-pompiers mis en place dans les départements par les préfets1 ont, entre autre, pour vocation de favoriser le dépôt de plainte. Par leur intermédiaire, le ministère de l’intérieur a encouragé les dépôts de plainte sur rendez-vous ou les auditions dans les locaux du SDIS.

De son côté, la Chancellerie a invité les parquets à la fermeté : « Au-delà des questions de terrorisme et de radicalisation, défendre la Nation impose aussi de protéger ceux qui, dans l’exercice de leurs fonctions au service de l’État, subissent des agressions ou des actes d’intimidations beaucoup trop fréquents. Vous continuerez donc à porter une attention particulière aux atteintes contre les personnes représentant l’autorité publique, en particulier les surveillants pénitentiaires, les fonctionnaires de police, les militaires de la gendarmerie, les sapeurs-pompiers et les huissiers de justice »2 .

1 Circulaire du ministre de l’intérieur aux préfets du 30 mars 2015 relative à la prévention et la lutte contre les agressions visant les sapeurs-pompiers. 2 Extrait de la circulaire de politique pénale du ministère de la justice du 21 mars 2018.

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La commission des lois souligne que toutes les mesures doivent être prises pour faciliter le dépôt de plainte du sapeur-pompier agressé. Elle appelle donc à une saisine systématique de la justice par le SDIS ou son directeur en cas d’absence de dépôt de plainte par la victime.

Prévoir la saisine systématique de la justice par le SDIS en cas de violence contre un sapeur-pompier, par l’intermédiaire d’un dépôt de plainte ou d’un signalement. (Proposition n° 18)

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Les 18 propositions de la commission des lois

I. AVANT : AGIR EN AMONT DE L’AGRESSION POUR LIMITER LA MENACE

Proposition n° 1 : Mettre en œuvre une campagne de sensibilisation audiovisuelle contre les violences commises à l’encontre des sapeurs-pompiers afin d’alerter sur le phénomène sans décourager les vocations

Proposition n° 2 : Développer la sensibilisation et l’engagement des jeunes auprès des acteurs de la sécurité civile afin de créer des liens étroits et une connaissance réciproque entre les sapeurs-pompiers et la population.

Proposition n° 3 : Nommer un référent « sécurité » dans chaque service départemental d’incendie et de secours (SDIS) en lien avec la commission administrative et technique des services d’incendie et de secours (CATSIS).

II. PENDANT : MIEUX AGIR PENDANT L’AGRESSION POUR EN LIMITER LES EFFETS

Proposition n° 4 : Reverser à la sécurité civile les économies réalisées par la réforme de la prestation de fidélisation et de reconnaissance de 2016 et flécher prioritairement les versements vers les investissements des SDIS qui garantissent la sécurité des sapeurs-pompiers.

Proposition n° 5 : À partir de l’expérimentation des caméras piéton, établir une doctrine précise afin d’en faire un outil fiable de prévention des violences et de réponse pénale.

Proposition n° 6 : Mettre en place d’un référentiel national et généraliser la formation des sapeurs-pompiers aux différentes stratégies d’évitement et d’autoprotection.

Proposition n° 7 : Partager les bonnes pratiques en matière d’utilisation de matériels ou de doctrine d’intervention pour aider chaque SDIS à faire face aux violences rencontrées.

Proposition n° 8 : Réexaminer le partage des compétences de la sécurité civile et des services de santé.

Proposition n° 9 : Développer les plateformes communes d’appel d’urgence favorisant l’échange d’informations avec les services de santé et la sécurisation du cadre opérationnel des sapeurs-pompiers.

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Proposition n° 10 : Faire des préfets les garants de l’application des protocoles de prévention et de lutte contre les agressions visant les sapeurs-pompiers.

Proposition n° 11 : Associer les directeurs de SDIS aux réunions « sécurités » organisées par les préfets.

Proposition n° 12 : Inscrire un volet « transfèrement pénitentiaire » dans les protocoles de prévention et de lutte contre les agressions visant les sapeurs-pompiers.

III. APRÈS : RÉPARER LES CONSÉQUENCES DES VIOLENCES

Proposition n° 13 : Créer un cadre d’emplois spécifique aux psychologues de SDIS.

Proposition n° 14 : Mettre en place une coordination des unités de soin psychiatrique et un référentiel national des pratiques du secours et du soutien psychologique au sein des SDIS.

Proposition n° 15 : Assurer l’information des sapeurs-pompiers et des SDIS sur le contenu et les modalités de mise en œuvre de la protection fonctionnelle.

Proposition n° 16 : Généraliser l’assistance juridique des SDIS au bénéfice des sapeurs-pompiers victimes, tant lors du dépôt de plainte que dans le suivi de leur dossier.

Proposition n° 17 : Mener à son terme l’adoption par le Parlement de la proposition de loi relative au renforcement de la sécurité des sapeurs-pompiers.

Proposition n° 18 : Prévoir la saisine systématique de la justice par le SDIS en cas de violence contre un sapeur-pompier, par l’intermédiaire d’un dépôt de plainte ou d’un signalement.