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VILLEMOT PEINTRE EN AFFICHES

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de Thierry Devynck assisté de Marie-Catherine Grichois. Une invitation à la (re)découverte de l’œuvre d’un artiste de premier plan dont le nom reste attaché à plusieurs décennies de la vie française et le style témoigne de la vitalité du genre de l’affiche, en plein essor durant les « Trente Glorieuses ».

TRANSCRIPT

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L’exposition

Comité d’honneur :

Bertrand DelanoëMaire de Paris

Danièle PourtaudAdjointe au Maire chargée du Patrimoine

Bruno JulliardAdjoint au Maire chargé de la Culture

François BrouatDirecteur des Affaires Culturelles

Jean-Marie BorzeixPrésident de Paris bibliothèques

Comité d’organisation :

Francis PilonSous-directeur de l’Éducation artistique et des Pratiques culturelles

Hélène StragChef du Bureau des bibliothèques et de la lecture

Frédéric CasiotConservateur général et Responsable de la bibliothèque Forney

Carole MédrinalDirectrice de Paris bibliothèques

Commissariat de l’exposition Thierry DevynckConservateur chargé des affiches à la bibliothèque ForneyAssisté de Marie-Catherine Grichois

Scénographie Anne GratadourAvec le concours du service « Ateliers événements » du Service technique du génie civilet des aménagements intérieurs (STGCAI)

Graphisme Robaglia design, Antoine Robaglia Assisté de Nathalie Bigard

Le livre

Direction éditorialeMarie-Brigitte Metteau

Création graphiqueRobaglia design, Antoine Robaglia Assisté de Nathalie Bigard

Photogravure / ImpressionMusumeci Industrie Grafiche (Italie)

L’ouvrage est réalisé avec la participation de la SAEML Parisienne de photographie, délégataire de service public pour la reproduction des collections de la Ville de Paris.

Remerciements de l’éditeur :

La Parisienne de photographieNathalie Doury Delphine Desveaux Cécile Gallais

Audrey SandouPhilippe Rollet

Remerciements à :

Mesdames et MessieursJean-Claude BetonGeorge BonSalleJeanne BonSallePhilippe BrugnonFlorence CamardRaymond di GiovanniSophie Gomont-JacqueminMagali GouiranOlivier GrangeVéronique KrienKarl LaurentAnne-Claude LelieurYves LesvenJérémie L’HostisJames McCobbStéphane PieraSylvie PitoisetJack RennertAnne SableryAudrey SandouAlain VatarVirginie VignonAlain VillemotChristian VillemotDominique VillemotFlorence VillemotGuillaume VillemotPatricia Villemot

Ce livre est publié à l’occasion de l’exposition : Villemot, peintre en affichesà la Bibliothèque Forney /Ville de Paris, 1, rue du figuier, Paris 4e, du 18 septembre 2012 au 5 janvier 2013

Illustration de couverture : Perrier c’est fou… 1977Affiche, lithographie65 x 50 cmBibliothèque Forney, AF 219983© Bibliothèque Forney / Roger Viollet

© ADAGP, 2012 pour l’ensemble des affiches reproduites à l’exception des nos 126, 127, 128, 129, 130, 131.

© Schweppes International Limited, pour les affiches nos 126, 127, 128, 129, 130, 131.

© Paris bibliothèques, 2012.

Paris bibliothèques 3, Impasse de la Planchette75003 – Paris.www.paris-bibliotheques.org

ISBN : 978-2-8433-1180-2

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Cet ouvrage est dédié à la famille Villemot, qui offrit avec une générosité au-delà de tout éloge un ensemble considérable d’affiches et de maquettes à la bibliothèque Forney.

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Bernard Villemot 1951Photographie de Robert Doisneau

L’artiste peignant l’affiche de Édouard etCaroline, film de Jacques Becker (1951).

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Sommaire 

Thierry Devynck,avec la collaboration de Marie-Catherine Grichois

Villemot, un peintre en affiches, par Thierry Devynck

Repères chronologiques

1 - L’avant-guerre et l’Occupation

2 - Les grandes causes de l’après-guerre

3 - Publicité commerciale

4 - Tourisme et voyages

Interview de Jean-Claude Beton, président-fondateur d’Orangina

Notices et crédits

Bibliographie et crédits photographiques

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La carrière de Villemot prend un deuxième et véritable essor dès la fin de la guerre. W. H. Allner publie dans le no 18 de Graphis, en janvier 1947, un article fort élogieuxsur l’artiste1. On y lit : « Villemot est, à trente-six ans, l’un des affichiers de Francesur qui l’on peut le plus compter », et un peu plus loin : « Les bons peintres d’affiches de France […] et parmi ces artistes authentiques figure, au tout premier rang, Villemot. »Un autre rédacteur du même périodique, François Stahly, déclare en janvier 1955 :« Lorsqu’un affichiste joint d’indéniables dons picturaux à un sens non moins avertides synthèses graphiques, les affiches qu’il crée atteignent une qualité qui dépasse leur vertupublicitaire et les élève au rang de peinture murale de l’âge moderne. Or, cette alliancede l’efficacité publicitaire et des impératifs plastiques de l’art pictural se réalise chez Villemotde la façon la plus heureuse2. »

Aux campagnes d’abord majoritairement publiques s’ajouteront de plus en plus de commandescommerciales ; celles-ci devaient former le gros de l’activité de l’artiste dès le débutdes années cinquante. François Stahly, sous l’influence de l’esprit socialisant qui dominal’après-guerre, regrette dans le même article ce virage commercial. Il déclare : « Les tempsoù l’on faisait, en France, de la propagande pour des idées sociales sont désormais révoluset la nature mercantile de l’“ordre” établi a forcément mis l’art de Villemot au servicede la publicité essentiellement commerciale. » Puis, cherchant à atténuer sa critique :« Mais, pour Bernard Villemot, ses œuvres de l’après-guerre n’en demeurent pas moins autantde témoignages durables des responsabilités morales qu’il n’a cessé de vouloir assumer.Tâche qui n’a rien d’utopique, si l’on songe que l’art de l’affiche garde la possibilité d’orienterles exigences mêmes de la production vers des buts supérieurs aux seuls intérêts matériels. »Villemot était-il si plein du sentiment de sa responsabilité morale lorsqu’il peignait la Semainenationale de l’enfance [no 20] ou l’affiche pour le retour des prisonniers [no 19], et en était-ilsi dépourvu quand il chantait les mérites de la lame Gillette [no 79] ou du scooter Vespa [no 83]?Il ne s’est guère exprimé là-dessus ; nous voyons surtout qu’il servit du même talentla propagande – comme on disait encore – des grandes causes publiques et le monde marchand.Un événement aidera à ce succès commercial, quoique plus décisif dans la carrièrede Savignac que dans celle de Villemot : l’exposition commune de leurs travaux qu’organisentles deux artistes du 20 mai au 4 juin 1949 à la Maison des beaux-arts, qui reçut un accueilchaleureux du public et fut aperçue des annonceurs.À la fin de la guerre, Villemot a trouvé son style et assume son tempérament décoratif. Il en estresté à la formule classique selon laquelle l’affiche doit satisfaire à une condition préalable,

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être agréable à l’œil, avant de commencer de faire son métier commercial ; or une imageplaît par son style, et ce style donne un effet d’unité derrière la diversité des annonceset des circonstances. Dans une conférence à l’Art Directors Club de Chicago3, il déclareen 1955, péremptoire : « Sur le plan technique, l’affiche doit tendre à la force suggestiveet à la simplicité du signal routier. Sur le plan plastique, elle doit tendre vers l’Art et ne pasoublier Toulouse-Lautrec ni Picasso. » On ajoutera peut-être que le style personnel de celuiqui parle penche davantage vers le deuxième terme de sa comparaison. L’art d’un Loupotde la dernière période et celui d’un Jean Widmer paraissent plus proches du style trèsgraphique de la signalisation routière que celui de Villemot. Sur son propre travail, celui-ci déclare dans la même circonstance : « Je ne me sensabsolument pas fixé dans un genre défini, je crois à tous les genres : humoristiques, abstraits,

graphiques, humains et décoratifs. Je crois avant tout que dans chacun de ces genres doitse découvrir en dessous l’artiste, lequel doit se soumettre à des servitudes techniqueset optiques de la rue ». Ces formulations assez vagues à la vérité, laissent à l’artiste toutelatitude dans ses choix. On se dit avec le recul que parmi les cinq pôles énumérés de manièreassez rhétorique, deux reflètent surtout les préférences de Villemot : le côté humain et le côtédécoratif, à quoi vient s’ajouter un troisième, comme une tentation permanente dansson œuvre : l’abstraction.Villemot concourt à l’atmosphère d’une époque, celle des années cinquante et suivantes,dont on a pu soutenir qu’elle avait une sorte de relation privilégiée avec le bonheur.Le sentiment du progrès social, d’une amélioration des conditions de vie qui touchait presquetoute la population d’un pays comme la France, fut largement soutenu par le développementde la publicité commerciale et de l’affiche en particulier, laquelle dégage à cette époqueune indéniable impression de gaieté. Sans doute la publicité commerciale a-t-elle davantageconcouru à l’atmosphère heureuse d’une époque, que la propagande des gravescauses nationales.

1 Graphis, no 18, janvier 1947, pp. 96-98.2 Graphis, no 57, janvier 1955, pp. 30-39.3 Graphis, no 57, janvier 1955.

[54] Vichy Saint-Yorre1977Affiche, lithographie68 x 275 cm

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[55] Tigra1954Affiche160 x 119 cm

[56] Tabalux1956Affiche, lithographie310 x 230 cm

Villemot n’est pas d’un bloc, il sait se coulerdans un style local, comme ici celui de l’im-primeur éditeur belge Vanypeco, pour qui desgens comme Charles Rohonyi et Julian Keyont donné des affiches dans la formule descombinaisons d’objets, gaies et charmantes.Le tabac est l’un des plus beaux sujets à traiterpour un affichiste.

[57] Fontenoy1963Affiche160 x 117 cm

Parmi les cigarettes de tabac brun de la Seita,la Fontenoy est la marque élégante. Toutse ligue pour figurer la distinction : le lettragesur le paquet et le motif de blason, le luxede l’emballage avec le papier doré, et bien sûrle chic raffiné du fumeur sans tête formantle fond de l’affiche. L’opposition graphiquede l’objet figuré de manière réaliste et del’arrière-plan pictural – le tout dans des tonsde brun, comme il sied – est parfaitementclassique et d’une grande efficacité.

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[59] Gitanes 1959Affiche157 x 119 cm

[60] Gitanes1955Affiche170 x 120 cm

Villemot sert et se sert du motif du paquetde Gitanes de Max Ponty, qui l’entraîne dansune suite de variations décoratives.

[58] Disque bleu1957Affiche127 x 78 cm

La publicité pour les cigarettes, quand elle étaitpermise, était la providence des affichistes.C’était pour eux l’assurance de commandesrégulières et de budgets importants. Les Disquebleu étaient la version légère de la Gauloisebleue. On reconnaît sur le paquet le célèbrecasque dessiné par Marcel Jacno. Cette affiche fut remarquée et citée parde nombreuses revues professionnelles :Vendre (mai 1957), Publimondial (1957),Graphis annual (1958-1959).

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[61] Silver Matchvers 1968Affiche, lithographie160 x 117 cm

Qui dit « poche » dit « kangourou ». Les associations d’idées débouchentsouvent sur de bonnes images, ainsi ce kangourou qui donne du feu à sonélégant maître. On notera la matière de la peinture sur le dos de l’animalainsi que ce motif tourbillonnant dans le fond de l’affiche.

[62] Philips1947Affiche, lithographie160 x 120 cm

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[63] Enfin la Frigidaire, la vraie1958Affiche120 x 160 cm

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[64] Frigidaire, le vrai partout1965Affiche120 x 160 cm

Villemot a confié plus d’une fois la difficulté qu’il éprouvait à faire des affiches de réfrigérateurs,cet objet ingrat. Il figure cette armoire froide ouverte, pour avoir plus à montrer qu’un parallélé-pipède blanc et dessine derrière un immeuble en contre-plongée. Les couleurs chaudes et les storesévoquent la chaleur, et la multitude des fenêtres répond au slogan partout brochant sur le tout.Villemot s’efforce de serrer au plus près le message publicitaire et le lettrage qui lui sont soumis.

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[65] Ducretet-Thomson reçoit les 2 chainesvers 1964Affiche, lithographie157 x 232 cm

[66] Pathé Marconi1970Affiche, lithographie160 x 116 cm

Villemot adapte à la télévision le motif du petit chien qu’avait dessiné,dit-on, Francis Barraud. La combinaison du dessin et de la photographiedonne un saisissant effet de réel.

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[67] Ducretet-Thomson1963Affiche, lithographie160 x 120 cm

L’objet à vendre est classiquement représentéde manière réaliste sur un fond plus pictural,évocateur des idées qu’on cherche à luiassocier : une ambiance de confort douillet,fauteuil à jupette, journal et cigarette. La publi-cité des postes à transistor avait d’abord insistébeaucoup sur le caractère léger et mobiledeces appareils, qu’on pouvait emporter partout,mais en 1965 les postes de TSF à lampes ne sefont plus et le transistor devient aussi posted’intérieur.

[68] Le Combiné électrique Rotaryvers 1955Affiche, lithographie160 x 120 cm

[69] Maïzenavers 1955Affiche, sérigraphie30 x 20 cm

Cette affiche adopte la formule classiquedu personnage composé d’objets assemblés.Tête, assiette et corps en paquet de farinede maïs. Elle serait scolaire, n’étaient la déli-catesse et la sûreté d’exécution. Dans le dessin,seul le produit est figuré de manière réalisteet bien reconnaissable. Cette affiche fut remar-quée de la profession publicitaire et reproduitedans Graphis annual et Publimondial (1957).

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[71] Olidavers 1961Affiche158 x 118 cm

Les affiches gag sont rares chez Villemot.L’idée d’un saucisson qui se coupe en rondelleset se déguste lui-même aurait pu venirà Savignac.

[70] Galettes St Michelvers 1960Affiche, lithographie160 x 117 cm

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[72] Sauce à l’italienne Crosse & Blackwell1983Affiche177 x 124 cm

Toute l’idée de cette affiche repose sur le turban-tomate de cette italienne aux yeux charbonneux,qui fait d’elle une sorte de bon génie de la cuisine venu transfigurer vos nouilles cuites. On a peineà imaginer qu’il y eut une cuisine italienne et une Italie avant l’avènement de la tomate.

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[73] Spontexvers 1960Affiche, lithographie160 x 117 cm

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[74] Le drap 3+3+31955Affiche, lithographie117 x 158 cm

[75] Épéda1963Affiche, lithographie159 x 118 cm

Plus que le matelas, c’est le sommeil et la nuitque figure Villemot. Il peint les draps commeles pentes enneigées que dévalent les skieursde son affiche pour les sports d’hiver [no 154].

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[76] Nouveau tube vertical Vademecumvers 1957Affiche, lithographie118 x 77 cm

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