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L’œuvre d’art, objet de marchandise : Quelle réalité aujourd’hui ? Page 9 Ne pas jeter sur la voie publique Vie des personnels : Agir pour tous mai 2012 ‑ N° 21 ‑ www.univ-paris1.fr Harvard Kennedy School : À la portée de tous ? Page 13 Personnels à l’honneur : Mihee Kim Page 6 Interview : Laurent Pancaut et Yvelise Bocquet Page 2 UP1/Service de la communication

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L’œuvre d’art, objet de marchandise :Quelle réalité aujourd’hui ?

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mai 2012 ‑ N° 21 ‑ www.univ-paris1.fr

Harvard Kennedy School :À la portée de tous ?

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Personnels à l’honneur :Mihee Kim

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Interview :Laurent Pancaut et Yvelise Bocquet

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Le fil de Par1s - n°21 - mai 2012

2 EN UNE

L’Université, un lieu de vie… Avec l’autonomie des universités, bon nombre de prestations culturelles, sportives et de loisirs jusqu’alors proposées par le ministère, sont à recréer. Pour initier de nouveaux projets, Laurent Pancaut, responsable du Service de l’action culturelle et sociale (ex Service de la vie des personnels) et Yvelise Bocquet, gestionnaire, mettent les bouchées doubles !

Quelles sont les missions du Service de l’action culturelle et sociale

(SACS) ? Laurent Pancaut : Le service travaille sur deux grands volets, l’action sociale et les activités culturelles, sportives et de loisirs pour tous les personnels, et j’insiste sur " tous les personnels ", de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Au sein de la Direction des ressources humaines (DRH), nous avons une particula-rité : nous possédons notre propre budget.

Autre spécificité, nous travaillons sur toutes les étapes de nos projets : de l’élaboration à la communica-tion. Nous assurons aussi l’accueil, la billetterie, nous établissons les conventions et payons nos interve-nants. Nous préparons et éxecutons le budget et enfin nous évaluons les résultats.

De quelles prestations peuvent bénéficier les personnels de l’Université ?

L.P. : Nous les soutenons par des aides financières et nous les aiguillons également vers des par-tenaires extérieurs qui complètent nos missions.Sous certaines conditions, les per-sonnels de l’Université peuvent per-cevoir une aide au logement locatif. Il s’agit d’un soutien financier (d’un montant de 609€) directement versé par Paris 1 pour toute personne qui déménage.

Il existe aussi des subventions pour les enfants des personnels, dans le cadre d’une inscription en centre de loisirs, ou pour leurs études, pour un séjour linguistique ou un séjour en centre de vacances… Les parents qui ont un enfant atteint d’un handicap peuvent aussi être accompagnés financièrement.

Les agents disposent d’une aide à la restauration. L’Université verse 1,14€ aux restaurants administra-tifs conventionnés. Certains per-sonnels qui de par leurs horaires ou localisation n’ont pas accès aux restaurants administratifs, pour compenser l’Université participe à leurs frais.

La carte Cezam, payée par Paris 1, est également disponible. Elle est à mi-chemin entre les activités culturelles

et de loisirs et le social puisqu’elle permet d’obtenir des réductions sur les entrées dans les musées, les cinémas, les spectacles… les parcs de loisirs, ainsi que sur les séjours ou les voyages. Il faut savoir que Cezam est une association compo-sée de comités d’entreprises (CE), à but non lucratif. Tout personnel (dont l’indice est inférieur ou égal à 545) peut en faire la demande (à partir du mois de janvier) dans la limite des stocks disponibles...

Enfin, nous menons, en partena-riat avec la Mutuelle Générale de l’Éducation Nationale (MGEN), une action sociale indispensable via la commission d’action sociale. Cette commission instruit de façon anonyme des dossiers afin d’assis-ter des personnes connaissant des difficultés financières suite à un accident de la vie, par exemple. Si le dossier est retenu nous pouvons fournir soit un appui materiel, soit un prêt à taux 0.

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EN UNEEn quoi consiste votre rôle d’accompagnement administratif ?

L.P. : Pour tout ce qui est géré par l’interministériel et non par l’Université – comme la recherche d’un logement (logements intermi-nistériels notamment), les chèques vacances et les tickets CESU (garde d’enfants de 0 à 6 ans) – nous pro-posons notre concours pour monter les dossiers.

Notre bureau est un point d’ac-cueil, d’écoute et de conseils. Nous sommes très sollicités car l’action

sociale se développe malheureu-sement. Or, nous ne sommes que deux pour répondre aux demandes de tout le personnel de Paris 1. Nous sommes là pour apporter une aide directe ou pour orienter vers Danielle Renault, l’assistante sociale de l’Université ou vers le Dr Christophe Ferveur, psychologue. Ce qui permet à la personne qui en ressent le besoin d’avoir de bons conseils et l’écoute du psychologue et si besoin est, d’être aiguillé vers

des professionnels qui pourront mieux répondre à son attente.Nous avons, par ailleurs, une convention auprès de la Maison santé des étudiants de France.

Les personnels de l’Université peuvent-ils s’inscrire à des activités sportives ?

L.P. : Oui, les activités sportives mises en place par le SACS et réservées aux personnels sont : le badminton, la gymnastique douce, la natation, la salsa et l’activité voix et geste.

En outre, chaque année, nous organisons la fête du sport en lien avec l’Unité d’enseignement et de formation des activités physiques et sportives (UEFAPS). J’en profite pour saluer le professionnalisme et la gentillesse de l’équipe. C’est un événement très sympathique. Le sport est l’opportunité de passer un moment de convivialité où les gens se retrouvent dans un cadre diffé-rent du quotidien professionnel. L’Université est un lieu de travail

certes, mais il est aussi un lieu de découverte et d’échanges…

Quelles activités culturelles et de loisirs proposez-vous aux personnels ?

L.P. : Nous organisons les ateliers d’expression artistique. Il y a l’ate-lier conte, art du récit. C’est l’art d’improviser et de raconter. Il y a également l’atelier théâtre et l’ate-lier dessin. Nous aimerions étendre le plus possible le champs des acti-vités et nous sommes preneurs de nouvelles idées.

Pour les offres culture et loisirs nous avons mis en place une visite guidée du musée Carnavalet et nous souhaitons en organiser d’autres. L’Université est un lieu de culture, de surcroît, nous sommes à Paris, il apparaît donc opportun de lier les deux, en découvrant ou redécouvrant les rues de Paris avec un guide conférencier. Les personnels de l’Université peuvent aussi bénéficier d’un co-finance-ment de 15 € à l’adhésion à la carte blanche du musée d’Orsay ou à la carte Louvre Professionnel. Ponctuellement, nous proposons des

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4 EN UNE

billets à tarifs avantageux pour des expositions temporaires ou des

spectacles (dernièrement pour le cirque Pinder). Le Service de la vie étudiante, que je remercie

chaleureusement, est aussi dans la boucle, puisqu’il

permet aux collègues de bénéficier de

tarifs préférentiels

sur des places de théâtres à Paris et en région parisienne.

Par ailleurs, nous avons passé des conventions avec des associations ministérielles et interministérielles, avec des prestataires de service et avec des associations à but

non lucratif, ce qui permet auxpersonnels de bénéficier d’offres vacances intéressantes.

Cette année nous proposons aux personnels de l’Université de par-ticiper au prix Littéraire Inter-CE Cezam (Cf. encadré). Ce projet, de promouvoir la lecture en milieu professionnel, me tenait particuliè-rement à cœur. Les personnels sont invités à venir emprunter gratuite-ment des livres parmi une sélection d’auteurs (hors des grandes mai-sons d’éditions) et les noter.

Quels événements ponctuent l’année ?

L.P. : En début d’année universi-taire nous organisons les journées d’accueil des nouveaux personnels de l’Université (administratifs et en-seignants). Début décembre, pour tous les enfants du personnel de l’Université nous organisons l’arbre de Noël. Cette année les enfants, ainsi que les parents, ont apprécié l’histoire revisitée de Robin des Bois. L’année prochaine, ce sera le spec-tacle d’Aladin toujours au Théâtre des variétés. Et, jeudi 21 juin 2012 aura lieu la fête du sport. Cette année football en salle, escalade, danse argentine, badminton, tai chi, salsa et initiation à la jonglerie sont au programme.

Quels étaient vos objectifs en arrivant au SACS ?

L.P. : En prenant mes fonctions à Paris 1, je tenais à continuer le travail de ma prédécesseur, à savoir reprendre les actions du ministère. En effet, beau-coup d’initiatives passaient, avant l’autonomie des uni-versités, par L’Association d’entraide des personnels de l’administration centrale du ministère de l’éducation nationale (AEMEN). À nous de reproposer les mêmes prestations, puis de dévelop-per les activités culturelles et sociales, en gardant à l’es-prit notre double contrainte : budget très modeste et nombre de personnels ultra-limité (puisque nous ne sommes que deux). D’autant que nous sommes très solli-cités par l’action sociale et recevons énormément de demandes.

Mais l’objectif principal de ce service reste bien d’améliorer la

vie à Paris 1 et d’offrir au person-nel des moyens de s’évader, des moments de détente et d’épanouis-sement, ce qui influe indirectement sur leur condition de travail. Nous sommes présents pour le personnel, nous travaillons pour lui, nous met-tons en place des prestations telles que tarifs réduits et idées de sorties, en autonomie ou avec des presta-taires exterieurs.

Quels sont vos projets ? Yvelise Bocquet : Nous souhaitons étendre en particulier l’offre de sor-ties pour les enfants du personnel.

L.P. : Nous allons continuer les visites guidées des rues de Paris. Nous souhaitons aussi créer une billetterie électronique Paris 1 sur un site sécurisé. Les personnels pourront ainsi acheter des billets de cinéma, d’exposition… à des tarifs avantageux. Les adhérents de la carte Cezam peuvent d’ores et déjà bénéficier de ces tarifs pré-férentiels. Nous souhaitons aussi développer quelques ateliers et activités culturelles et sportives… Nous envisageons d’organiser un forum social à la rentrée pro-chaine. Forum qui permettra à tous les nouveaux et anciens personnels de se renseigner sur les prestations d’assurance, de sécurité sociale et de mutuelle. Par ailleurs, nous souhaitons améliorer l’accueil des nouveaux arrivants au sein de notre Université.

Enfin, nous travaillons sur notre organisation interne et nous ten-dons à continuellement améliorer notre communication, de façon à la rendre la plus efficace et la plus accessible possible à toutes et à tous.

Propos recueillis par Lucia Hernandez

Contact :Centre Panthéon, bureau 409, avec toujours du café !Du lundi au vendredi de 9h30 à 12h30 et de 14h à 16h30Permanence au centre PMF un jeudi sur deuxSur rendez‑vous : Yvelise Bocquet : 01 44 07 80 88Laurent Pancaut : 01 44 07 77 78Courriel : racviep@univ‑paris1.fr

Prix littéraire Inter-CE Cezam 2012L’Université Paris 1 en partenariat avec Cezam participe pour la première fois cette année au prix littéraire Inter-CE 2012. Ce prix réunit des votants de plusieurs communautés d’entreprise ou d’organismes équi-valents adhérant à une association Inter-CE Cezam. Pour y participer, ren-dez-vous bureau 409 du centre Panthéon au Service de l’action culturelle et sociale. Les lecteurs peuvent emprunter gratuitement un livre parmi les 10 romans européens récents sélectionnés et le noter. Pour que le vote du personnel-lecteur soit pris en compte, il doit, avant le 31 août 2012, lire et noter au minimum 3 livres de la sélection. Il participera ainsi au prix régional Île-de-France et au prix national.

Sélection 2012 :• Antoine Choplin, Le héron de Guernica, éd. Le Rouergue• Véronique Ovalde, Des vies d’oiseaux, éd. L’Olivier• Philippe Delepierre et Bruno VOUTERS, le cabaret des oubliés, éd.

Liana Levi• Virginie Ollagnier, Rouge argile, éd. Liana Levi• Jean-Paul Delfino, Pour tout l’or du brésil, éd. Le passage• Heinrich Steinfest, requins d’eau douce, éd. Carnetsnord• Susana Fortes, En attendant Robert Capa, éd. Héloise d’Ormesson• Alain-Claude Sulzer, une autre époque, éd. Jacqueline Chambon• Claire Keegan, les trois lumières, éd. sabine Wespieser• Dan Waddell, Code 1879, éd. Rouergue noir

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FORMATIONS

Travail et études sociales, AES et droit social : un département pluridisciplinaireSabine Monnier dirige depuis un an le département Travail et études sociales, AES et droit social (UFR12). Avec l’exemple de son département, elle nous expose au-delà des idées reçues, ce qu’une démarche pluridisciplinaire peut apporter à la recherche.

Ma mission consiste à représenter, animer et développer la formation

et les activités de ce département.Le département Travail et études sociales, AES et droit social est fré-quemment dévalorisé, marginalisé,

la pluridisciplinarité étant trop souvent considérée comme généraliste et superficielle, " touche à tout " puisque n’appartenant à aucune science spécifique. Quelle mauvaise interpré-tation de la pluridisciplinarité !Mon travail de recherche actuelle-ment (mon doctorat d’État traitait de la logique des systèmes appliquée à la complexité du système financier) porte sur les organisations de l’Éco-nomie sociale, domaine pluridisci-plinaire par essence où l’économie et le social sont indissociables. Ma démarche scientifique, ma fonction d’enseignante et de pédagogue revendiquent profondément cette approche pluridisciplinaire.La pluridisciplinarité consiste à asso-cier plusieurs disciplines pour étudier un objet réel qu’aucune d’entre elles ne peut observer dans tous ses aspects. Le recours à plusieurs champs disciplinaires permet donc d’aborder le réel, sous des angles différents, autrement dit, d’éviter de réduire ce réel observable à une seule ana-lyse de spécia-liste de telle ou telle discipline.

La démarche pluridisciplinaire reven-dique la vision du réel dans sa globa-lité. Elle "réquisitionne " les différentes spécialités sur le même objet scien-tifique. Celui-ci est alors approché, dans son unité, d’une manière trans-versale qui met en relation plusieurs

savoirs par des jeux de confrontation et de coopération. Il en résulte une interdisciplinarité scientifique, un dia-logue entre chercheurs sur un même objet qui débouche sur de nouvelles interprétations de la réalité. L’analyse du réel s’enrichit de l’apport mutuel des différents champs scientifiques. Cette appréhension de l’objet étudié diffère totalement de l’approche dis-ciplinaire spécialisée. En s’appuyant sur la méthode analytique, celle-ci ap-préhende le réel en le dissociant, en le fragmentant. Chaque science défend le périmètre qu’elle choisit d’étudier et néglige la vision de la totalité. Pous-sée à l’extrême, elle conduit à une hyperspécialisation, qui cloisonne les savoirs et à une myopie qui l’éloigne de plus en plus de la compréhension de la complexité du réel. L’opposition entre les deux démarches n’est pas nouvelle. Elle renvoie à un débat scientifique qui remonte à l’Antiquité grecque quand l’approche analytique aristotélicienne prétendait dépasser l’approche holistique des présocratiques. Aujourd’hui, la pratique de l’interdisciplinarité devient indispensable pour comprendre une réalité complexe

qui renvoie à des savoirs multiples. Je pense ici à la difficulté des éco-nomistes à expliquer la crise actuelle sans recourir aux apports des autres sciences sociales et de la géopoli-tique. On peut citer les travaux sur la systémique (Ludwig von Bertalanffy), la complexité (Edgar Morin), l’ordre et le désordre (Jean-Pierre Dupuy) et aussi dans la physique quantique où l’étude de l’infiniment petit requiert l’approche de l’infiniment grand. En fait, il ne s’agit pas d’opposer les deux approches, mais de les présenter comme complémentaires.Pour l’UFR12, combien il est difficile d’exister au milieu d’UFR spécialisées et de Centres de Recherche mono-dis-ciplinaires. Ce département se carac-térise d’abord par son objet d’étude, le Travail, centre d’intérêt de toutes les disciplines présentes. Il se démarque ainsi des autres départements qui s’identifient au travers de leur champ scientifique, Droit, Économie, Ges-tion, Histoire...

Le travail, dans sa réalité, sollicite incontestablement des regards com-plémentaires, que l’on se place sous l’angle de la loi et du Code du travail, des politiques sociales, du problème du chômage, du travail précaire et des qualifications, de la productivité et des conditions de travail (durée légale du travail, sécurité, stress ou rémunérations).Il s’agit, en préalable, d’apprendre et d’assimiler progressivement la méthodologie spécifique de chacune des disciplines appliquées à la thématique du travail.

Dès la première année de licence, les étu-diants découvrent les fondements des quatre grandes disciplines,

des sciences sociales que sont le droit,

l’économie, l’histoire et la sociologie. Notre objectif est de donner, ensuite, une connaissance pluridisciplinaire et une vision globale de l’objet étudié, le travail. Les étudiants au cours de leur formation apprennent les liens entre les différentes disci-plines et leur spécificité. L’attrait ressenti pour telle ou telle spécialité les conduit ensuite à choisir le master correspondant. Ainsi, en master, les étudiants apportent leurs regards « multi-facettes » et peuvent opter pour le droit du travail (juriste de droit social, droit de la protection sociale de l’entreprise), l’économie du travail et la gestion des ressources humaines (administration et gestion de l’emploi, cadres des organisations du secteur social, protection sociale complé-mentaire, ergonomie, organisation et espaces du travail, formation et développement des compétences en Europe) la sociologie (études et re-cherches économiques et sociales) ou encore l’histoire et la communication (histoire et audiovisuel). Face au déve-loppement accéléré et envahissant de la technique et à la complexité de la société contemporaine, nous refusons de former des esprits cloisonnés, focalisés sur un perfectionnisme limité à leur discipline. Nous revendiquons la formation d’étudiants ayant une ouverture d’esprit, une capacité de dialogue, d’adaptation à des milieux différents, qualités qui nous paraissent essentielles pour la recherche, comme pour leur insertion dans la vie professionnelle.

Sabine Monnier

“La démarche pluridiscplinaire revendique la vision du réel dans sa globalité”

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il faut minimum trois mois de prépa-ration. Or, tout ce travail en amont passe inaperçu le jour du scrutin. Souvent « je compare une élection à quelqu’un qui monte sur scène. Le jour dit, les électeurs ne voient que

les personnes qui se présentent, mais ignorent, bien souvent, la préparation nécessaire afin que tout se déroule dans les meilleures conditions. » Chaque été Mihee Kim retourne un mois en Corée. Ce qu’elle ne pouvait pas faire lors de ses études, pendant 10 ans elle n’a pas vu sa famille. Avec près de deux décennies en Corée puis deux en France, elle est parta-gée aujourd’hui entre deux cultures. « Avoir deux cultures, c’est comme si on n’avait de place nulle part, on est un peu entre les deux, mais en même temps c’est une richesse énorme », révèle Mihee.De la Corée, elle porte en elle de beaux souvenirs. Initiée enfant à la calligraphie, elle se rappelle de la longue préparation que nécessite le tracé de ces caractères si spéciaux. Véritable cérémonie, les prémices font parties de cet art de l’écriture. Tout a son importance dans la calligraphie d’Extrême-Orient, le choix du pin-ceau, du papier, de l’encre, et de la pierre à encre. Il n’y a pas de couleur, on joue sur la densité de l’encre… La préparation de l’encre – le bâtonnet est frotté sur la pierre à encre – est une démarche spirituelle, elle dure entre 4 et 5 heures, pendant ce rituel aucun mot n’est échangé, « on peut échanger en pensées », affirme avec poésie Mihee. Ce silence permet de se concentrer sur l’objet que l’on veut représenter.

Lucia Hernandez

PERSONNELS À L’hONNEUR

Un air de Corée à Paris 1Les 3, 4 et 5 avril derniers se sont tenues les élections des conseils centraux. Dans les coulisses se tenait Mihee Kim, gestionnaire des élections au service des conseils, commissions et élections.

Mihee Kim a 42 ans. Elle est originaire de Corée du Sud. Elle arrive en

France en janvier 1992. C’est un peu par hasard qu’elle choisit la France. Passionnée par la langue russe, elle projetait de partir l’étudier en Russie, mais la situation politique, délicate à l’époque, l’en dissuada. C’est la rencontre avec le professeur Jong-Kwang Lee qui influencera sa venue en France. Jong-Kwang Lee a effectué son doctorat en Science politique à l’Université Paris 1. Le professeur lui raconte ses expériences en France. « En écoutant son histoire, j’ai eu en-vie de venir en France ». Il lui conseille de suivre des études de linguistique et de devenir, comme lui, professeur. La voie semblait toute tracée. Elle est donc arrivée à Paris, sans connaître personne et sans maîtriser la langue française, afin de suivre des études en linguistique. À l’université Paris Descartes (Paris 5) elle choisit de se spécialiser en socio-linguistique. « Il est intéressant de constater comme la langue change avec les mouvements de la société », explique Mihee. Et elle obtient en 1995 son master 2 de linguistique générale et appliquée. Elle poursuit ses études et décroche en 1998, un second master 2 de didactologie des langues et des cultures étrangères à l’université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3). Pendant ses études elle occupera plusieurs pe-tits jobs.

Elle devient notamment l’assistante d’un producteur de la télévision natio-nale coréenne sur les Champs Ély-sées. L’expérience très enrichissante, s’avère aussi très prenante. Le produc-teur, affecté en France pour y réaliser des reportages culturels, politiques et sociaux, connaissait mal le français. Mihee touche alors un peu à tout. Lorsqu’il voulait réaliser un reportage, elle devait mener toutes les recherches idoines pour terminer par un exposé détaillé de chacune des informations recueillies. Après cela, elle contactait les attachés de presse, recherchait les témoins potentiels, construisait les plannings et réalisait les interviews. Elle devait ensuite s’atteler à la traduc-tion. Avec un emploi du temps aussi chargé, concilier études et travail, devenait difficile. La vie d’une étudiante étrangère est très compliquée. Et lasse de cette vie entre études et petits boulots, elle renonce alors, très difficilement, à poursuivre ses études, car « chez nous, confie Mihee Kim, nous disons que chaque chose a son temps. Et même s’il y a l’apprentissage de la vie, il y a un âge pour être à l’universi-té ». Mais elle sait aujourd’hui qu’elle a fait le bon le choix et ces petits boulots ont constitué une expérience irremplaçable. Elle a été interprète pour l’ambassade de Corée, pour l’UNESCO, pour le musée d’Orsay,

vendeuse dans une bou-tique de décorations,

serveuse dans un restaurant japo-

nais… « Avec le recul,

les expériences que j’ai vécues en France sont en réalité plus précieuses que mes diplômes », reconnaît Mihee. Expériences qui lui ont permis d’ac-quérir ce savoir que l’on ne trouve pas dans les livres. C’est en 2002

qu’elle rejoint pour la première fois Paris 1 pour un contrat de vacataire à la Direction des ressources humaines (DRH). « C’était un petit boulot, je ne me cassais pas la tête, mais, précise Mihee, j’ai commencé à connaître l’autre facette de l’Université ». Étu-diante, elle ne connaissait que trois endroits, le département, la biblio-thèque et les salles de cours. « J’ai fait la connaissance d’autres personnes, les administratifs, qui permettent que l’Université fonctionne. » Elle revient en 2006, lorsqu’elle est recrutée pour préparer les élections des étudiants aux conseils centraux. Elle restera à Paris 1 jusqu’en 2009 et occupera pendant un an un poste non pérenne à la DRH, après quoi, elle sera à nouveau affectée au service des élections.Aujourd’hui, elle est gestionnaire des élections au Service de conseils, com-missions et élections. Elle participe à toute la préparation et au déroule-ment des élections qui ont lieu au sein de l’Université. Si certaines tâches sont répétitives, chaque élection est néanmoins différente d’une autre. Il faut appliquer à chaque élection le nouveau décret puisque les textes réglementaires changent régulière-ment. Il s’agit aussi d’être méticuleux et de respecter à la lettre les délais juridiques afin d’éviter tout conten-tieux. À l’approche des élections le stress monte. Car le moindre oubli peut être fatal, et l’élection pourrait être annulée.Pour les élections des conseils centraux,

“Avoir deux cultures, c’est comme si on n’avait de place nulle part...”

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La logistique : un laissez-passerpour ShanghaiSur les 18 millions d’habitants que compte Shanghai, il n’est finalement pas surprenant d’y retrouver un ancien étudiant de Paris 1. Adam Kablan, 25 ans, est responsable de la logistique dans la filiale chinoise de l’entreprise Socomec. Retour sur le parcours d’un jeune homme qui n’a pas froid aux yeux...

Adam Kablan a fait l’intégralité de son cursus universitaire à Paris 1.

Il commence par un Deug (L2) en économie pour se diriger ensuite vers la gestion et terminer en spé-

cialité Logistique du master Science du management. Il obtient son diplôme en 2008. Á sa sortie de l’Université, Adam veut absolument travailler à l’étranger : États-Unis, Amérique du Sud, Asie, son champ des possibles est vaste. En troisième année, il avait effectué un stage d’un mois en Chine. Lorsque l’op-portunité d’y retourner se présente, il n’hésite pas. Depuis plus de 2 ans, il est responsable logistique pour Socomec à Shanghai. Socomec est une filiale française qui fabrique du matériel électronique industriel. Il y a de cela cinq ans, elle s’est implantée en Chine. Au départ, il s’agissait seulement d’un bureau de représentation, mais l’évolution de la situation économique a voulu qu’il y ait nécessité de s’agrandir et de se diversifier. C’est à ce moment là qu’est créé un pôle de logistique. Le rôle d’Adam a donc été de monter une équipe, mettre en place un entrepôt, les livraisons sur toute la Chine, les imports, les approvisionnements…

Ce qui l’a intéressé dans la logis-tique, c’est sa place stratégique dans l’entreprise. Adam est amené à collaborer avec bien d’autres fonctions : commerciaux, services techniques, informaticiens… Il est confronté à différents points de vue et opinions. Pour lui, il est indispensable de « remettre en question ce que l’on croyait acquis. Parfois il y a des personnes

du marketing ou des commerciaux qui m’apprennent des choses sur la logistique ». Il est donc attentif à tout ce que les autres peuvent lui apporter. L’atout majeur qu’il a tiré de sa formation, c’est une grande

capacité d’adaptation et d’impro-visation. De plus, Adam insiste sur la diversité culturelle de l’Univer-sité, une ouverture indispensable sur le monde.

Pour lui, la différence majeure dans le travail en Chine ou en Europe est liée à la culture. Il compare Danone, où il a effectué son stage d’études et où la notion de pro-activité est essentielle, et son entreprise actuelle. Enseignée en France comme le mot clé de la logistique, la pro-activité ne cor-respond pas forcement à la réalité à l’étranger. L’Université a formé Adam à anticiper les situations, à résoudre les problèmes avant même qu’ils ne se présentent. En Chine, il a été confronté à une pensée plus « court-termiste » et pragmatique. Cela crée parfois un décalage entre Adam et ses collègues. Toujours positif, il consi-dère cela comme très enrichissant car « ce pragmatisme, c’est aussi leur force ». Il constate qu’ils sont capables de tirer le meilleur d’une situation et de s’y adapter. Par ailleurs, cette diffé-rence n’est pas propre à la logistique et des européens qu’Adam a rencontrés en Chine connaissent les mêmes difficultés dans les domaines de la vente, du marketing ou de l’informa-

tique. Il constate aussi que le pays est en constante évolution, du fait de son dynamisme économique : « Aujourd’hui il y a un café à un endroit, vous repassez le mois d’après, c’est une banque et le mois suivant c’est une boutique de prêt-à-porter ».

Adam n’a qu’un seul conseil à donner aux étudiants : « sortez de votre zone de confort ! Prendre des risques, se lancer, ne pas laisser passer une seule occasion », pour lui ce sont les maîtres mots de la réussite ! Il encourage les étudiants à voyager, à avoir une expérience à l’étranger et cela le plus tôt pos-sible. Il voit le voyage comme un vecteur de sagesse et de maturité, une expérience qui permet de rela-tiviser l’importance de notre vision du monde, une parmi tant d’autres. Pour profiter pleinement d’un pays il faut l’accepter avec toutes ses différences : « ce n’est pas comme au restaurant, où vous choisissez le plat qui vous plaît, c’est un contrat dont vous acceptez toutes les clauses ». D’ailleurs Adam a

choisi de ne pas rester

confiné à Shanghai dans sa rési-dence où la plupart des locataires sont des étrangers. Dès que le week-end arrive, il aime s’éloigner de cette grande ville qui n’est pas révélatrice de la réalité du pays. Il la qualifie de « vitrine bling bling aux yeux du monde ». Contraire-ment à certains expatriés, il a com-mencé à suivre des cours de man-darin, un mois après son arrivé et il poursuit encore aujourd’hui. Cela lui permet de découvrir et mieux comprendre le pays dans lequel il vit. Dans un avenir proche, il s’imagine continuer encore de vivre quelques temps en Chine. Par la suite, il vou-drait poursuivre ses activités dans un autre pays. Il envisage aussi la possibilité de revenir en France, mais à l’unique condition que son travail soit lié à l’international : les frontières françaises sont trop étroites pour satisfaire le goût du voyage et de découverte d’Adam Kablan !

Cécile Lecan

TREMPLIN

“Sortez de votre zone de confort ! [...] Ne pas laisser passer une seule occasion”

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8 PAROLE D’EXPERTS

Le 16 janvier dernier, le Conseil d’administration de l’Université a approuvé la création de l’Institut des études sur la guerre et la paix (Iegp). Hervé Drévillon, professeur d’Histoire moderne revient sur la genèse de l’institut.

Unique en France, cette structure fédérative assurera la mission de

coordonner les recherches et les formations dans le domaine des war and peace studies, Selon le modèle des studies, au sens anglo-saxon, un champ thématique peut être investi par diverses approches disciplinaires. Celui des études sur la guerre et la paix résulte d’une extension de la guerre aux régula-tions internationales (pacification, prévention…) et aux états intermé-diaires entre la guerre et la paix, en particulier dans le contexte actuel où des conflits existent sans être déclarés et où les enjeux de sécurité et de défense se mêlent. Ce type d’approche est

particulièrement dynamique à l’étranger et plus particulièrement au Royaume-Uni ou aux États-Unis. En France, les recherches dans ce domaine existent, mais elles ne sont pas suffisamment reconnues, ni va-lorisées, car ce champ est dispersé entre des approches disciplinaires souvent cloisonnées. L’Iegp se pro-pose ainsi de mobiliser toutes les ressources de notre Université pour favoriser une approche ample, ouverte et authentiquement pluridis-ciplinaire des questions liées aux conflits armés, à leur prévention, à

leur régulation et à leur résolution. Plusieurs types de formation, en

particulier au niveau master, et de nombreuses unités de re-

cherche sont ainsi concer-nés. L’Iegp prolonge ainsi la tradition des études de défense initiée à Paris 1

par Pierre Dabezies (1925–2002), de-venu professeur

de droit public et de science

p o l i t i q u e après une

c a r r i è r e militaire débutée dans les

Forces Françaises

Libres et achevée peu de temps après la guerre d’Algérie, après qu’il eût publiquement dénoncé l’usage de la torture. Il fit beaucoup pour instituer les études de défense, dont l’Iegp recueillera

l’héritage tout en l’élargissant au-de-là des questions stratégiques et en l’enrichissant de nouveaux apports : ceux de la géopolitique, d’une histoire militaire profondément renouvelée, d’une science politique ouverte à de nouveaux courants, de l’affirmation du droit humani-taire international, des études sur le développement et sur les situations de crise, de l’anthropologie sociale des techniques et des hommes en situation de combat, de l’analyse du rapport entre la guerre, l’image et le cinéma, etc. Les perspectives de recherche, à vrai dire, sont infinies. Elles devraient permettre d’appréhender la guerre et la paix comme des phénomènes globaux et indissociablement liés en faisant ainsi converger les approches humanitaire, militaire et diploma-tique. D’ores et déjà, un groupe de jeunes chercheurs s’est constitué pour donner corps à cette ambition de transversalité et de pluridiscipli-narité. Il se réunit environ une fois

par mois le mercredi de 18h à 20h en salle Perroy

(Sorbonne, escalier R). Le programme de ses activités fi-gure sur le site

web de l’Institut www.institutguer-reetpaix.com (rubrique « Atelier »)

qui présente l’ensemble des ressources de l’Univer-

sité Paris 1 dans le domaine

« guerre et paix ». Dans quelque temps, ce site offrira également des ressources en ligne (compte-rendus de lecture, liens vers des revues, carnets de laboratoires, observa-toire du centenaire de la guerre

de 1914 – 1918, etc.). Toutes les annonces se rapportant au domaine y sont accueillies, qu’elles concernent directement l’Université Paris 1 ou non.L’Iegp se donne également pour mis-sion d’encourager l’émergence de nouvelles formations. Un parcours de master « études sur la guerre et la paix » sera ainsi rapidement mis en œuvre. Il viendra en complément de masters déjà existants (en droit, science politique, gestion, histoire, géographie, archéologie, etc.) et s’organisera autour d’un séminaire commun consacré à l’étude des conflits armés contemporains (post Guerre Froide). Dans le domaine de la formation comme pour celui de la recherche, les possibilités de développement sont considérables, comme le montre la richesse des activités du department of war stu-dies du King’s College de Londres ou de l’Institute for War and Peace de Columbia. Nous sommes certes encore loin de ces prestigieuses institutions, mais nos ambitions sont sans limites. En effet, l’Institut des études sur la guerre et la paix est un outil très malléable ouvert à toutes les propositions formulées au sein de notre communauté, et, au-delà, dans le cercle de ses partenaires universitaires ou non, français ou étrangers.

Hervé Drévillon

Création d’un Institut des études sur la guerre et la paix (Iegp) à Paris 1

“L’Iegp se propose de mobiliser les ressources de l’Université pour favoriser une approche

ample, ouverte et pluridisciplinaire ”

La bataille de Bouvines (27 juillet 1214 par Horace Vernet, 1827

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9 Le fil de Par1s - n°21 - mai 2012

DOSSIER

Marché de l’art : artistes, musées,collectionneurs, qui sont les vrais acteurs ? Sophie Cras, enseignante en master 2 Marché de l’art, nous explique les dessous du marché de l’art. Ce système est-il une valeur solide pour les artistes qui cherchent à se faire connaître ? Ou seulement un outil pour faire grimper aux enchères des œuvres qui ont déjà leur place dans le monde artistique.

Le marché de l’art est-il un concept récent ? Les objets de créations artistiques comme

valeur marchande ne datent pas d’hier. Les vases romains que, de nos jours, les musées s’arrachent n’étaient que des objets artisanaux et commerciaux dans l’ère antique. De plus, à cette époque et pendant longtemps, l’art est resté le fruit de commandes privées (aristocrates et religieux) ou publiques. Ce sont les grands mécènes, religieux ou laïcs qui vont encourager la création artistique dans l’Italie de la Renais-sance. Au XVIe siècle en Italie, à l’époque des fastes cardinaux, on voit déjà apparaître un véritable commerce d’œuvres d’art avec des collections comme celle des Farnèse ou des Médicis. En parallèle, des cabinets de curiosité commencent à se développer partout en Europe. L’élite intellectuelle s’intéresse à la production artistique et scientifique. Pour enrichir ces cabinets, les propriétaires font appel au service d’antiquaires, ancêtres des mar-chands d’art. Cependant, en France notamment, ce commerce est assez marginal et surtout peu profession-nalisé. Ainsi, le « marché de l’art », s’il n’est pas tout à fait novateur, va se développer en particulier dans la deuxième moitié du XIXe siècle à travers le système marchand-critique. « Jusqu’au milieu du XIXe siècle, il n’y a pas de marchands de tableaux à proprement parler : on peut ache-ter des toiles d’artistes vivants chez quelques vendeurs d’objets de luxe, chez des marchands de couleurs ou des encadreurs, voire dans l’atelier de certains artistes qui l’ouvrent aux collectionneurs (comme Greuze par exemple) », explique Sophie Cras. Peu à peu, être marchand d’art va se transformer en une profession à part entière avec de grandes figures, en particulier celle de Paul Durand-Ruel. Il est connu pour avoir été le grand soutien des impressionnistes dont il a acquis puis revendu nombre de toiles. Déjà, commence à se

dessiner cette figure du marchand comme partie intégrante de la vie des artistes. Il entretient avec eux des rapports privilégiés et des grands peintres comme Auguste Renoir réa-lisent des portraits de Paul Durand-Ruel ou des membres de sa famille.Ce développement de marchands est lié à la fin d’une ère : celle du " salon ". Aux XVIIIe et XIXe siècles, le salon est le lieu majeur pour découvrir et acheter des œuvres d’art contemporaines. Chaque année, sont exposées des centaines d’œuvres sélectionnées par un jury. Cependant, le salon accueille tant d’œuvres que les tableaux sont accrochés sur plusieurs rangées. De ce fait, une œuvre de petit format accrochée sous la cimaise a peu de chance de marquer les esprits. Le salon va s’effondrer pour plusieurs raisons : l’espace est insuffisant, les œuvres refusées sont trop nom-breuses. En 1863, on ouvre même un " salon des refusés ", peu valori-sant pour les artistes. Ensuite, le jury est celui de l’Académie et il sélec-tionne les œuvres selon des critères très stricts qui n’évoluent pas avec l’art de leur temps. Les artistes vont ouvrir des salons indépendants en parallèle pour exposer leurs œuvres. La fin définitive du salon survient avec la IIIe République. En effet, en changeant de régime, on change de politique culturelle. La République n’est pas intéressée par le salon qui représente à ses yeux les valeurs de la Monarchie de Juillet et désigne le symbole d’un art superficiel, un art qui n’éduque pas. L’État va se retirer du salon, emportant avec lui, la légi-timité de l’évènement.Comment expliquer que dans les années 1870, le marché de l’art s’impose peu à peu comme système économique dominant ? C’est le résultat d’une somme d’éléments : le facteur économique, avec le développement du système libéral et la naissance d’une bourgeoisie enrichie, le facteur politique et le désengagement du pouvoir public,

et aussi le facteur esthétique avec la naissance des mouvements d’avant-garde qui nécessitent des marchés privés. Kahnweiler va être la figure typique du marchand moderne du XXe siècle. Il a posé les bases de ce qui constitue aujourd’hui les straté-gies commerciales sur le marché de l’art : les contrats d’exclusivité avec les artistes, la publicité, les reproduc-tions photographiques des œuvres, les catalogues d’expositions, le déploiement à l’international,…

Paris-NewYork : la rivalité pour la place de capitale artistique, une course à l’utopie ?On affirme souvent que Paris et de New-York sont des capitales culturelles. Dès 1796, le Directoire applique cette politique en enrichis-sant les collections parisiennes avec des œuvres récupérées lors des campagnes militaires en Europe. Pourtant, cette notion de capitale est très floue. Comment définit-on une capitale artistique ? En réalité, on ne la définit pas. Il n’existe pas de critères scientifiques et rigoureux qui permettent d’affirmer que telle ou telle ville est la capitale artistique du monde. Et pour cause ! Les villes qui possèdent un pouvoir d’attraction culturel sont tellement nombreuses qu’il semble impossible d’élever une seule ville au rang de villes. D’où vient donc cet emploi du terme de capitale artistique ? Il vient de contemporains de l’époque qui cherchent à glori-fier ces villes. Par exemple, en 1939 Walter Benjamin pro-clame Paris, capitale du XIXe siècle, lui reconnaissant ainsi une force au siècle

passé, mais lui refusant le passage au XXe siècle. De la même façon, Harold Rosenberg, un critique d’art américain très influent, annonce en 1940, la chute de Paris qui sous-entend que Paris était au sommet de l’art mais aussi que New York, centre de l’expressionnisme abstrait, va la remplacer. Finalement, cette expression appuie une idéologie, un imaginaire qui veut mettre une ville au-dessus des autres en termes d’ac-tivités artistiques, mais ne fait pas référence à une situation objective. Cependant, la construction de cette capitale imaginaire a des consé-quences concrètes sur le marché de l’art et la politique patrimoniale. En effet, en France, depuis la Révolution et encore au XXIe siècle, on a appli-qué cette politique de capitale, qui consiste à réserver à Paris les œuvres majeures et envoyer en province celles considérées comme seconda i r e s .

Le marchand de gravures, par Honoré Daumier, seconde moitié du 19e s.

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10 DOSSIER

Une véritable centralisation du patri-moine et du marché artistique se met alors en place, même si en région, on lutte pour se distinguer et se faire sa place.De plus, ces capitales s’inscrivent dans une vision tout à fait occiden-tale de l’art et de son marché. Les critères pour définir une capitale artistique ne sont pas déterminés : s’agit-il de la ville qui compte le plus d’artistes, le plus d’écoles d’art ? Ou plutôt celle qui vend le plus d’œuvres

ou encore qui héberge les plus grands collectionneurs ? Cependant, après la Seconde Guerre Mondiale, New York va concentrer un grand nombre de ces critères, en ac-cueillant les artistes européens fuyant la barbarie nazie. Á cela, est venu s’ajouter un boom économique et culturel qui va créer des débouchés importants pour l’art contemporain. Néanmoins, très vite le marché de l’art, à l’image du commerce, s’est internationalisé. Les nationalités des grands collectionneurs sont de plus en plus diversifiées. Cependant, des zones restent encore exclues du marché de l’art. Il faut noter que Paris et New York n’ont jamais eu aucune exclusivité sur les grands évènements artistiques. Aujourd’hui encore, la grande rétrospective « Léonard De Vinci, peintre à la cour de Milan » qui fait la une de tous les magasines consacrés au monde de l’art n’a démarré ni en France, ni en Amérique, mais à Londres, à la National Gallery.

Le marché de l’art, comment ça marche ?Le marché de l’art représente une certaine importance mais il reste très en-dessous de certains marchés comme celui du pétrole. En effet, Art-price qui se clame leader de l’infor-mation sur le marché de l’art, estime que le chiffre d’affaire des ventes publiques d’art pour 2010 s’élève à près de 10 milliards de dollars. Bien

que ce chiffre soit conséquent, il est bien loin des 3 700 milliards engen-drés par le marché du pétrole ou les quelque 2 000 milliards de dollars qui circulent par jour sur le marché des changes. Le marché de l’art est un système complexe que l’on ne peut limiter aux ventes aux enchères comme celles organisées par Artcurial. Pour Sophie Cras, elles ne sont que « la partie visible de l’iceberg » et ne représentent qu’un quart à un tiers des ventes. Mais alors où se vendent les œuvres ? La plupart des ventes ont lieu dans le contexte beaucoup plus intimiste des galeries. Il faut séparer deux marchés bien distincts, le premier marché c’est-à-dire celui où les œuvres trouvent preneurs pour la première fois et le second marché celui de la revente. C’est ce dernier qui va souvent rafler les prix les plus spectaculaires car les œuvres mises en vente peuvent être celles de grands maîtres, déjà côtés et installés sur le marché de l’art. Les médias se font une joie de relayer activement ces sommes déboursées pour certaines œuvres, comme le Nu au plateau de sculpteur de Picasso, vendu pour 106 millions de dollars en 2010. Ces prix ne sont pas du tout révélateurs de la condition sociale des artistes aujourd’hui. En effet, ils ne concernent qu’un tout petit nombre d’artistes (et qui sou-vent sont morts !). La réalité est bien différente, les artistes vivent souvent dans des conditions précaires. « Plus encore que les ventes en galeries,

explique Sophie Cras, ce sont les subventions diverses, les achats par les Foires régionales d’art contem-porain (FRAC), les commandes des municipalités, les initiatives associa-tives ou encore un mécénat d’entre-prise en essor qui animent largement l’économie artistique ». Il faut noter quelques exceptions, qui témoignent de l’évolution du marché de l’art par rapport aux années 1950. Par exemple, Damien Hirst mit lui-même ses œuvres aux enchères en 2008 et empocha un total de 270 millions de dollars !

Un monde réservé à une élite initiée ?« La sociologie de l’art étudie généralement le marché de l’art comme l’interaction d’un certain nombre d’acteurs qui contribuent à la formation de la valeur sociolo-gique et donc économique : artistes, critiques d’art, marchands, collec-tionneurs, conservateurs de musées, commissaires d’expositions ». Si ces différents acteurs agissent ensemble, ils ne sont pas à égalité dans le système marchand. Certains occupent une place privilégiée, les prescripteurs, ce sont eux qui vont définir, par leurs choix, la côte des artistes. Les décisionnaires du marché sont les conservateurs des grands musées, les critiques d’art influents et les riches collectionneurs. Ce phénomène est accentué par la subjectivité des critères artistiques.

Le classement « Kunstkompass »Le classement « Kunstkompass », qui paraît tous les ans dans la revue allemande Capital depuis 1970. Chaque artiste reçoit un certain nombre de points de réputation en fonction d’événements survenus dans l’année écoulée : être exposé dans telle ou telle Biennale, voir une de ses œuvres acquise par un musée important. Derrière ce classement, ce sont donc les institutions artistiques qui sont quantifiées, et leur capacité à prescrire la réputation : avoir reçu une exposition personnelle au Museum of modern art (MoMA) rapporte 800 points, au Musée Reina Sofia de Madrid un peu moins ; faire l’objet d’un article dans une revue d’art importante rapporte 100 points.

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DOSSIER

En effet, il est si difficile de définir la qualité d’une œuvre, encore plus dans l’art contemporain où souvent la technique a laissé place au concept, que le public va souvent suivre la tendance donnée par ces prescripteurs. Malheureusement, cela limite la possibilité pour de jeunes artistes de sortir de l’ombre, de se démarquer et de pouvoir vivre de leur création. Peut-on parler d’un marché élitiste ? Les galeries sont, pour la plupart, des lieux d’exposition ouverts et gratuits. Il est facile de constater que le public qui ose s’y aventurer n’est pas le plus varié socialement. On a construit une image autour des galeries et du marché de l’art qui a pour conséquence que franchir le seuil des galeries revient à pénétrer dans un sanctuaire.

Sur le marché de l’art l’offre est variable, si l’on ne souhaite pas acheter du Picasso on peut très faci-lement trouver des travaux de jeunes artistes pour des prix abordables. « Certaines galeries et foires ont même décidé de jouer pleinement cette carte, comme l’Affordable Art Fair » précise Sophie Cras. La réelle force du marché c’est de permettre aux artistes d’être leur propre galeriste. En effet, avec le développement de la vente sur Internet, ils peuvent créer leurs blogs personnels et mettre en vente leurs œuvres eux-mêmes. Cependant, nombre d’études sociologiques, enparticulier celle de Pierre Bourdieu et

d’Alain Darbel (L’amour de l’art, Les Éditions de Minuit, 1966), ont mon-tré que la curiosité artistique n’est pas la même dans toutes les classes de la population. Évidemment, les œuvres des grands artistes sont inaccessibles aux petits budgets. « La maîtrise d’un certain nombre de codes esthétiques et sociaux, une certaine aisance économique et une habitude du milieu sont requis pour profiter pleinement de ce marché, qui a clairement une dimension de marqueur social », explique Sophie Cras.

Le marché : liberté ou prison ?

Pour les artistes, le marché de l’art est un instrument qui leur permet non seulement d’essayer de vivre de leur création, mais aussi de la diffuser auprès du public. La particularité du marché de l’art aujourd’hui, c’est qu’il laisse une grande indépen-dance aux artistes, contrairement à un monde de l’art presque unique-ment régulé par l’État comme c’était le cas sous la IIIe République. Sophie Cras précise que depuis le marché a évolué : « son développement, sa professionnalisation et sa financiari-sation ne sont bien évidemment pas sans conséquences sur les artistes ». En 2012, l’artiste ne doit plus être hors de la société et de ses règles, bien au contraire. On remarque que, pour la plupart, les artistes qui s’en sortent sont, ceux qui ont intégré les rouages du marché.

D’ailleurs, les écoles l’ont compris et nombre d’entre elles proposent aux étudiants des cours d’initiation au fonctionnement du marché de l’art, des cours de marketing ou de négociation commerciale. « On ne peut plus prétendre aujourd’hui que la création a lieu hors de tout contexte économique, et reste de la création pure. ». S’il est certain que le marché de l’art influe dans une certaine mesure la création artistique, il ne faut pas imaginer que le phénomène soit nouveau. Au contraire, lorsque l’art fonctionnait par des commandes privées la pression et l’influence du marché ou plutôt des comman-ditaires était bien plus importante. Cependant, nous fait remarquer Sophie Cras « comme un entrepre-neur, l’artiste doit innover : il ne peut se contenter de suivre le marché, il doit le précéder ». Le marché de l’art se place maintenant comme un élément indispensable à l’essor de la création artistique. La seule alter-native réelle est la subvention de l’État. Mais même là, le travail de la sociologue Nathlie Heinich a révélé que l’attribution des subventions publiques est tout aussi subjective que la formation des prix sur le mar-ché et qu’elle a des enjeux souvent similaires. L’art peut-il exister sans le marché ? Ces artistes qui revendiquaient n’exposer que dans le grand musée que sont les rues, sont aujourd’hui exposés dans des galeries, et vendus chez Artcurial. Pourquoi ?

La question est, comment un artiste comme Banksy peut-il financer ses œuvres, parfois conséquentes, s’il ne vend pas ? Le street-art est à la mode et les collectionneurs s’arrachent ces œuvres qui pourtant critiquent sans remord ce monde de l’art.

Cécile Lecan

Transformer le marché ?Sans vouloir abolir le marché de l’art, on peut souhaiter le réformer. Il s’agit surtout d’imposer quelques codes déontologiques. Aujourd’hui, certains revendiquent une plus grande régulation du système :• généraliser internationalement

le droit de suite pour que les artistes bénéficient des hausses de prix lors de la revente de leurs œuvres

• empêcher les pratiques de gonflement artificiel des prix en vente publique, surenchère sur ses propres œuvres

• limiter les pratiques financières des maisons de vente, prêt sur l’achat, prix garantis

• lutter contre les conflits d’intérêts, pour que les mêmes acteurs ne soient pas à la fois impliqués dans le commerce, la critique et l’exposition d’art par exemple

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12 FORMATIONS

Étudier le cinéma :histoire ou esthétique ?La formation d’histoire du cinéma (département Histoire de l’art et archéologie) proposée par l’Université est très spécifique de par ses liens pédagogiques avec d’autres départe-ments et de par son orientation historique. Dimitri Vézyroglou est le responsable du master et ancien responsable de la licence.

L’une des spécificités de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne est de proposer

une étude du cinéma dans deux départements : celui d’Arts plastiques (UFR04) et celui d’Histoire de l’art (UFR03). C’est le seul cas en France où un département d’Histoire de l’art accueille l’histoire du cinéma l’intégrant dans ces offres d’ensei-gnements en Licence 1 et Licence 2 et lui ménageant un parcours particulier en Licence 3. Le cinéma dans la for-mation d’histoire de l’art est apparu dans les années 1970. Mais c’est surtout dans les années 1980 avec l’arrivée de Jean Gili, un historien de formation, que l’histoire du cinéma sera mise au programme. Si la dimension esthétique est toujours pré-sente, la dominante sera l’histoire, contrairement à ce que l’on enseigne généralement dans les autres univer-sités françaises. Dimitri Vezyroglou est maître de

conférences en histoire de l’art, ou plutôt maître de

conférences en histoire du cinéma au sein du dé-

partement d’His-toire de l’art et

archéologie (UFR03).

Ce qui donne un caractère tout à fait particulier à la spécialité. Il a été res-ponsable de la licence de cinéma de 2007 à 2011 et a pris cette année la direction des masters. Lors des deux premières années de licence, les cours d’histoire du cinéma sont intégrés à la licence Histoire de l’art et archéologie. Les étudiants peuvent suivre un cours d’initiation au cinéma en L1 et en L2. Ce n’est qu’à partir de la Licence 3 que les parcours se distinguent. Du fait de cette spécificité, la formation entretient des partenariats pédago-giques au sein de l’Université à partir de la Licence 3 et en master. Ces partenariats existent au sein même du département. Certains cours d’histoire de l’art sont ouverts aux étudiants d’autres spécialités, comme ceux sur l’histoire du patrimoine ou sur les institutions artistiques, ainsi que sur l’histoire de la photographie. Le partenariat est à double sens puisque des étudiants d’histoire de l’art peuvent aussi suivre des cours d’histoire du cinéma. Du fait de l’orientation historique de la forma-tion, les échanges avec le départe-

ment d’Histoire (UFR09) sont fréquents. La Licence 3 est donc la première a n n é e

qui est, à pro-prement parler,

consacrée au cinéma « le programme s’arti-

cule autour de cours fondamen-taux sur l ’h i s to i re du cinéma

f r a n ç a i s ,

américain, allemand ainsi qu’un cours sur le cinéma non-occidental », explique Dimitri Vezyroglou. Ces cours d’histoire du cinéma sont sec-torisés par aire culturelle, mais la for-mation propose aussi des cours plus méthodologiques : analyse filmique,

analyse de mise en scène… Ce sont des cours qui ont pour objectif d’aider les étudiants à acquérir les outils nécessaires pour lire les images cinématographiques. À cela viennent se greffer des cours plus thématiques, sur l’économie du cinéma et du monde de l’audiovisuel ou encore sur les rapports qu’entretiennent cinéma et histoire. Les enseignants ont fait le choix de ménager une place à des cours d’initiation au milieu de la recherche et de découverte des grandes institutions patrimoniales, qui sont destinés à orienter les étudiants pour le master. Dès la licence, un par-cours est organisé entre les différents fonds d’archives audiovisuelles : la Cinémathèque française, la Ciné-mathèque de Toulouse, les Archives françaises du Film du Centre national de la cinématographie (CNC), l’Ins-titut national de l’audiovisuel (INA), la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé ou encore l’Établissement de com-munication et de production audiovi-suelle de la Défense. Depuis l’année dernière, des conventions avec ces principaux centres d’archives ciné-matographiques et audiovisuelles de France ont été mises en place. Ces centres offrent aux étudiants des formations supplémentaires et des possibilités de stages. La formation en histoire du cinéma ouvre sur de nombreux parcours : " À la fin de la licence, tous les étudiants ne continuent pas en master. Par-fois, il s’agit seulement d’une envie

d’améliorer leur culture cinématogra-phique, mais c’est aussi souvent dans l’optique de préparer les concours aux écoles de cinéma, comme celui de la Fondation européenne pour les métiers de l’image et du son (FEMIS), la plus prestigieuse à Paris ", nous

apprend Dimitri Vézyroglou. Quand les étudiants choisissent de continuer en master, ils peuvent s’orienter vers la recherche ou vers un master pro Cinéma, télévision, nouveaux médias, ou s’orienter vers les métiers de la programmation et de la diffu-sion. Les débouchés professionnels des formations en histoire du cinéma sont variés. Les étudiants se dirigent vers les métiers de la recherche et des archives, mais ils peuvent aussi travailler dans la programmation, (pour des festivals), pour des associa-tions ou pour la télévision. De plus, il y a toute une série de métiers qui gravitent autour du cinéma : l’édition d’ouvrages et de DVD, la valorisation du patrimoine par le biais d’exposi-tions ou de salles d’art et d’essai, par exemple.

Cécile Lecan

“Il y a toute une série de métiers qui gravitent autour du cinéma”

Contact :Département d’Histoire de l’art et d’archéologie – UFR 03Responsable de la licence : Agnès DevictorResponsable du master : Dimitri VézyroglouTél. : 01 53 73 71 11Fax : 01 53 73 71 13Courriels : agnes.devictor@univ‑paris1.frdimitri.vezyroglou@univ‑paris1.fr

Le galop de Daisy, Eadweard Muybridge, 1887

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VIE DE L’UNIVERSITÉ

Universités américaines :la détermination payeValentine Mary-Chamoin, un exemple de volonté accomplie. Une expérience qu’elle a souhaité partager avec les lecteurs du fil de Par1s. Récit.

Il y a plusieurs mois, nous avons reçu un appel téléphonique d’une étudiante de Paris 1 : « je

vous prie de m’aider, je suis en train de monter mon dossier de candidature à Harvard, j’ai besoin d’un coup de main… ». Commence alors une conversation captivante sur le projet de cette étudiante dont la ténacité abou-tira à la réalisation de son rêve de

toujours : exercer sa profession dans la communication politique et partir aux États-Unis.« À l’époque de l’internationali-sation des diplômes, il me paraît indispensable de faire valoir un réseau d’anciens et de mettre à disposition des étudiants les expériences de leurs aînés. Toutes les grandes écoles organisent des sessions d’information pour leurs élèves. À Paris 1, je n’ai pas bénéficié de cette aide ». Par ailleurs, elle souligne que « le réseau des anciens, c’est notre propre réseau, et plus il y a d’étudiants de Paris 1, plus cela valorise l’Université et donc mon parcours… » Valentine a d’ail-leurs souhaité rendre disponible une note (cf. édition en ligne) qui décrit concrètement le processus de prépara-tion aux grandes écoles et universités américaines.

ParcoursValentine Mary-Chamoin a 28 ans, née à Paris, elle a suivi tout son cursus universitaire en science poli-tique à Paris 1, elle prépare actuel-lement un master en administration

publique à Harvard Kennedy School (HKS).

Sa passion : la communication politique. Les emplois du temps des grandes écoles ne lui permettaient pas d’exercer une activité professionnelle. Valentine a donc choisi l’université qu’elle a jugée plus souple pour travailler à mi-temps, cumuler les stages et occuper des jobs d’été afin de pouvoir se prévaloir d’une expérience professionnelle dès l’obtention de son master.

À 24 ans, elle est titulaire d’un mas-ter 2 en Communication politique et sociale, qui était « à peu près la seule chose qu’elle voulait faire » ! Valentine a alors déjà à son actif des stages et des contrats à durée déterminée (CDD) au conseil général de l’Essonne, au ministère de l’Éducation nationale, et en agence de conseil en communi-cation publique Leaders & Opinions. Diplômée, elle occupe dès sa sortie, de 2008 à 2010, les postes d’atta-chée de presse, puis de conseillère en charge de la communication au sein du cabinet, secrétaire d’État à l’écono-mie numérique de l’époque. En 2011, elle est recrutée chez Publicis Consul-tants comme consultante “senior”.

Stratégie Mûri de longue date, son parcours tant universitaire que professionnel est le résultat d’un plan d’action forgé dès la sortie du bac.Elle voulait entrer à Paris 1 parce qu’il y avait un master en communication politique qui lui ouvrirait les portes d’un cabinet ministériel. « Tout le monde m’avait dit que c’était impossible, mais j’ai quand même essayé », explique Valentine. « Je voulais entrer dans un cabinet parce que c’est là que se fait

la communication politique. Je n’avais aucun réseau politique et je ne pouvais compter que sur mes stages et CDD et faire preuve de beaucoup de culot. J’ai fini par décrocher ce poste en cabinet. J’ai la preuve que tout est possible à partir du moment où on s’en donne les moyens : la principale cause d’échec est l’autocensure ».

Préparation« Je tenais à l’expérience aux États-Unis, car on ne peut pas décemment envisager une carrière sur ce sujet là si on ne va pas voir comment cela se passe aux États-Unis ». Les outils utili-sés là-bas constituent une référence et la France a beaucoup à apprendre de ce point de vue. Or, trouver un emploi en étant franco-française spécialisée en politique française sans un diplôme américain c’est l’échec assuré. Un autre master lui était donc nécessaire. Valen-tine Mary identifie Harvard, avec l’un des meilleurs centres de recherche en communication politique média — The Joan Shorenstein Center on the Press, Politics and Public Policy — comme LA solution. Elle va à la rencontre de personnes qu’elle avait croisées en politique, des ‘’amis qui avaient des amis’’ issus des grandes écoles, qui avaient préparé ou étaient admis dans les universités américaines. Elle se documente via des sites Internet et recueille toutes les informations pratiques et nécessaires à l’inscription et notamment à la préparation aux examens d’entrée. Dans les grandes écoles, des préparations aux examens d’entrée sont proposées aux élèves, car depuis longtemps on y a compris l’intérêt d’avoir des élèves dans les universités américaines. Elle travaille également à son projet de recherche que requièrent les candida-tures aux universités américaines. Elle a commencé à préparer son dossier chez Publicis Consultant : « j’avais quitté le cabinet et je suis entrée c h e z

Publicis en ayant à l’esprit le temps de préparation et la deadline pour passer les examens d’entrée. Entre le cabinet et Publicis j’ai eu 2 mois de congés consacrés pleinement à la préparation des examens qui avaient lieu en sep-tembre. Des sessions se tiennent tous les mois ». Il était indispensable qu’elle ait une expérience dans le privé car « pour les américains avoir des expé-riences dans le privé et dans le public est une preuve d’ouverture d’esprit », affirme Valentine Mary. Elle présente plusieurs universités en espérant avoir la meilleure d’entre elles. « J’ai préparé l’entrée à d’autres universités, j’ai été acceptée partout et pour l’une d’entre elles j’ai obtenu une bourse complète, Washington m’a proposée un free ride (gratuité des frais d’inscription et billet d’avion), Columbia peut proposer de financer jusqu’à 60% des frais de sco-larité. Si votre dossier plaît, ils peuvent tout payer. J’insiste là-dessus parce que les étudiants ne doivent pas penser que seuls les riches peuvent accéder à ces universités ». Valentine a travaillé son anglais depuis Paris, par des sites Internet, par des séries TV sous titrées en version origi-nale. « J’ai des carnets de vocabulaire Ally McBeal, Sex and the city… Sans être bilingue, je parle couramment l’anglais ». Par ailleurs, il faut savoir que les universités attendent un niveau d’anglais exigeant mais atteignable : 100/120 au TOEFL.

Et après « Une fois Harvard terminé, je compte rester aux États-Unis pour un temps. J’ai passé les 10 dernières années de ma vie à planifier, je me laisse une page blanche ». À n’en pas douter, les sollicitations à la sortie de la HKS ne manqueront pas.

Laure Christophe

“Tout est possible à partir du moment où on s’en donne les moyens : la principale cause d’échec est l’autocensure”

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Le fil de Par1s - n°21 - mai 2012

14 ACTUSPhOTO DU MOIS

Dévoilez vos talents de photographe

Auteur : Pascale Amiot, DPIL, Paris 1, mars 2012.Lieu : Petit wagon actuellement dans la chaufferie de l’Institut d’Art et d’Archéologie destiné au transport du charbon. Ce bâtiment appelé aussi centre Michelet a été conçu par l’architecte Bigot entre 1925 et 1928.

Bourses Eiffel 2012-2013Le programme de bourses d’excellence Eiffel a été créé en 1999 par le ministère des Affaires étrangères et européennes. L’objectif du programme est de soutenir l’action de recrutement à l’international des établissements d’enseignement supérieur français des formations de niveau master, ingénieur ou doctorat, dans trois domaines d’études : sciences économiques et gestion, droit, science politique. Cette année, 35 lauréats de Paris 1 se sont vus attribuer la bourse Eiffel : 28 pour le programme master et 7 pour le programme doctorat.LH

Programme Eiffel : www.egide.asso.fr/eiffel

Convention signée entre Paris 1 et New York University

New York University et l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne ont signé une convention le lundi 26 mars 2012, au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche représentées par leurs deux présidents respectifs, John Sexton (NYU) et Jean-Claude Colliard. Cet accord de coopération scientifique et d’échanges ouvre des perspectives nouvelles pour les chercheurs et les étudiants, en facilitant la circulation des enseignants et des chercheurs entre les deux universités. La recherche et les projets scientifiques communs seront concrétisés par des communications, colloques, conférences et publications. Des doubles diplômes seront mis en place. Des étudiants, ainsi que des enseignants-chercheurs des deux universités pourront bénéficier de séjours d’étude et de recherche, mettant en œuvre différents niveaux de collaboration allant de la simple visite à l’enseignement de cours. La signature de ces accords exprime la volonté commune de l’Université Paris 1 et de New York University d’affirmer leur présence à l’international. LC

Journée du film court 2012Le mardi 10 avril 2012 a eu lieu au cinéma La Clef (Paris 5e), la 10e Journée du film court 2012 organisée par le Service vie étudiante en partenariat avec le département d’Arts plastiques et sciences de l’art. 19 courts métrages réalisés par des étudiants de l’Université ont été présentés. Parmi eux, cinq films courts ont été primés par un jury composé d’universitaires et de professionnels du cinéma. Le président du jury Hugo Verlinde a remis les trois prix d’une valeur de 800€ à Geoffroi Heissler (doctorat) pour La liberté ou l’amour, à Hadrien Postel-Vinay (master 2) pour Amaurose, à Diana Rudychenko (master 2) pour Dakha Brakha. Printemps ; et deux autres prix de 400 € chacun, à Éloïse Callewaert (L3) pour Écran nu et à Emma De Goutte (L3), pour Le ballet surpris.LH

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AGENDA

« La mesure du temps de la révolution industrielle à nos jours », conférence de clôture du cyclePour la 5e et dernière conférence sur la thématique « la mesure du temps », Campus Condorcet a choisi de faire un bond dans l’histoire. Si les quatre précédentes conférences s’étaient intéressées à des périodes comme le Moyen Âge ou l’Antiquité, cette fois-ci l’époque contemporaine sera l’objet de la séance. Cette dernière sera animée par Christian Chardonnet (physicien, directeur de recherche au CNRS). Une dernière soirée qui sera donc un peu plus scientifique que les autres, puisque Christian Chardonnet a mis au cœur de son programme la question de l’horlogerie atomique c’est-à-dire la recherche toujours plus pous-sée d’une parfaite maîtrise du temps : l’erreur commise n’excède pas 4 secondes à l’échelle de l’âge de l’Univers (13,7 milliards d’années).CLDate : Lundi 4 juin à 19h00Lieu : Théâtre de la Commune, 2 rue Edouard Poisson, Aubervilliers (93)

Festival Ici&Demain : prix spécial pour Stéphane Chaulet

Le festival Ici&Demain organisé par la mairie de Paris récompense chaque année depuis sa création en 2004, les talents artistiques d’étu-diants parisiens. C’est pour ces jeunes artistes l’occasion d’exposer leurs œuvres au grand public. Cette année, parmi 870 candidatures, 35 projets ont été retenus. Et du 8 au 22 mars 2012, ce sont 35 spectacles, performances, concerts, expositions, installations et pro-jections qui ont été présentées au public dans plusieurs lieux culturels parisiens. Le jeudi 29 mars dernier, s’est déroulée à l’Hôtel de ville la cérémonie de remise des prix de l’édition 2012. Parmi les lauréats, Stéphane Chaulet, étudiant en L1 d’arts plastiques à Paris 1, a reçu le Prix spécial, pour son exposition Jeux de lumières. Par une technique photographique, le Light Painting (peinture de lumière), il propose une série de photographies originales de Paris. LH

Summer Institute de Cornell Law School 2012

Cornell Law School (université de Cornell, Ithaca, État de New York) et l’Universi-té Paris 1 déjà unies par le double diplôme de master Droits français et américain et de Juris doctor, co-organise le Summer Institute of International and Compara-tive Law in Paris 2012. Une centaine d’étudiants issus du monde entier pourront suivre du 25 juin au 31 juillet, au centre Panthéon, des cours de droit dispensés en anglais par d’éminents professeurs de Cornell Law School, mais aussi par des spécialistes français, anglais, allemands et suédois. Comparative Corporate Law and Governance, International Human Rights, International Commercial Arbitra-tion, Introduction to the American Legal System… sont au programme. LH

Pour plus d’informations : www.lawschool.cornell.edu/international/study_abroad/paris_summerContact : Stefan Herald, consultant, coordinateur du programme Summer Institute of International & Comparative Law in ParisCourriel : [email protected]

Salon de Montrouge

La 57e édition du salon de Montrouge aura lieu du 3 au 30 mai 2012. Cette année, un collège critique, composé de professionnels et dirigé par Stéphane Corréard, commissaire artistique a retenu 80 artistes parmi les 2 217 candidats. Le département d’arts plastiques et sciences de l’art de Paris 1 sélectionné, tiendra un stand en tant qu’école invitée. Les artistes du département ont l’opportunité de présenter une exposition personnelle dans un espace scénographié par la designer industrielle française, Matali Cras-

set. Ils bénéficient d’un accompagnement personnalisé d’un membre du col-lège critique. Un jury, présidé par Jan Hoet, récompensera 3 artistes parmi les 80 présents au salon. Les lauréats seront exposés, à la fin de l’année 2012, au lieu fameux dédié à la création contemporaine, le Palais de Tokyo à Paris. En 2013, ils participeront à la biennale itinérante JCE, Jeune création européenne. LH

Date : du 3 au 30 mai 2012Lieu : Salon de Montrouge - Le Beffroi, Montrouge (92)Site : www.salondemontrouge.fr

Remise des Social Media Awards

Les Social Media Awards (SMA) auront lieu le 14 juin 2012 à partir de 17h au centre Pan-théon (amphi II A). Les SMA constituent des prix distinguant la pré-sence sur les réseaux sociaux Facebook, You-tube et Twitter des plus grandes marques fran-çaises ainsi que celles des PME. Pour ce pro-jet, initié par la Chaire Digital Business, l’ESG Management School s’est associée avec l’Université Paris 1 Pan théon -Sorbonne afin de créer un indicateur de perfor-mance de la stratégie social media d’une marque sur trois réseaux sociaux. Quelle marque a su le mieux exploiter

ces techniques de communication spéci-fiques aux médias sociaux ? Pour le savoir, rendez-vous au Social Media Awards pour la remise du trophée SMA ! LH

Rendez-vous : Centre Panthéon, amphi II A, le 14 juin à 17h00 Adresse : 12, place du Panthéon, Paris 5e.Site : www.chaire-digital-business.com

L’un des clichés de Stéphane Chaulet, lauréat d’un prix lors du festival Ici&Demain 2012

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Le fil de Par1s - n°21 - mai 2012

16 PUBLICATIONS

Consultez les publications de la Sorbonne sur www.publicationsdelasorbonne.fr

Paradis pour une reineLe monastère de Qoma Fasilädäs, Éthiopie XVIIe siècleAnaïs WionÉditions : Les Publications de la Sorbonne, Paris, 2012

Durant la première moitié du XVIIe siècle, une reine, Wäld Sä’ala, bâtit l’œuvre de sa vie en s’attribuant un vaste territoire au cœur des hauts plateaux éthiopiens. Un monastère – Qoma Fasilädäs – est fondé pour lui servir de lieu de vie, doter de biens fonciers sa famille et ses proches, conserver sa dépouille et pérenniser sa mémoire. Une formule métaphorique, transmise par la tradition orale, résume ce projet : aux confins le feu, au centre le Paradis, faisant de cet espace un lieu à part disposant d’institutions dont l’autonomie est fièrement revendiquée. Cette reine fut l’épouse du roi Susneyos (r 1607-1632) qui se convertit au catholicisme et voulut en faire la religion du royaume en s’alliant avec les Jésuites avant que son fils, Fasilädäs (r 1632-1667), ne rétablisse la foi d’Alexandrie…

Financer la guerre au XVIIe siècleLa dette publique et les rentiers de l’absolutismeKatia BéguinÉditions : Champ Vallon, Seyssel, 2012

Ce livre retrace l’histoire du principal instrument qui a servi à financer les guerres françaises au XVIIe siècle : les rentes sur l’Hôtel de ville de Paris. Et bien plus encore : il analyse les implications politiques et sociales de l’institutionnalisation d’une dette publique alourdie à chaque conflit militaire et dont l’extinction est devenue impossible pour l’État. Ces rentes publiques, qui redistribuent une fraction croissante du pro-duit de l’impôt au profit d’un petit nombre de bénéficiaires, créent un lien nouveau entre le souverain et les sujets, un lien d’intérêt qui se mue en ferment de contestation lorsque les paiements s’inter-rompent et que la banqueroute menace. Katia Béguin analyse le boulever-sement profond du système d’emprunt instauré par François Ier en 1522, qui a fragilisé les sécurités antérieures des rentes, ébranlé la crédibilité du souverain absolu et rendu la condition des rentiers plus hétérogène, de Henri IV à Louis XIV.

Directeur de la publication : Jean-Claude Colliard – Directeur de la communication et de la rédaction : Jean-marc Lehu – Rédactrice en chef : Laure Christophe – Comité de rédaction : Laure Christophe, Cécile Gonzalez, Lucia Hernandez, Cé-cile Lecan, Jean-marc Lehu, Émilie Naouri, Théo Poumellec, Nicolas Ronsin, Émilie Roux, Thibaud Urbain-Mathis – Illustrations : Théo Poumellec, Nicolas Ronsin – Crédits photos : p.1, 2, 4, 5, 7 : Dreamstime.com, UP1/L. Hernandez; p.9 : Le marchand de gravures par Honoré Daumier, seconde moitié du 19e s., The Yorck Project ; p.2-3, 10-12, 14 : Sxc.hu ; p.2-4, 7 : Fotolia; p.5, 15 : D.R. ; p.6 : UP1/N. Ronsin ; p.8 : Wikimedia/phgcom ; p.9 : UP1/C. Lecan ; p.12 : UP1/E. Naouri ; p. 13 : Dreamstime.com ; p.14 : P. Amiot, XR Pictures – Mise en page : Nicolas Ronsin – Impression : Imprimerie Moderne de l’Est – Tirage : 5 000 exemplaires – ISSN : 2109-3482 – Service de la communication - 12, place du Panthéon - 4e étage - 75231 Paris cedex 05 – Tél. : 01 44 07 79 40 – Fax : 01 44 09 79 39 – [email protected] – disponible au format PDF et flipbook à l’adresse : www.lefildepar1s.fr – La reproduction intégrale ou partielle des textes et des illustrations doit faire obligatoirement l’objet d’une demande préalable auprès la rédaction. Ce numéro a été réalisé avec des encres végétales par un imprimeur certifié ISO-14 001 respectant toutes les normes environnementales.

L’urgence, l’horreur et la démocratieEssai sur le moment frénétique français, 1824‑1834Maïté BouyssyÉditions : Les Publications de la Sorbonne, Paris, 2012

Ce livre tente d’identifier, par les mots et les images du temps (lithographie ou grands genres), un « moment politique fréné-tique » français (1824-1834). À l’instar du « drame frénétique » lorsque, boulevard du Crime (notre- boulevard du Temple), chacun allait pleurer, et plus encore se livrer aux délices de l’angoisse vécue en commun, de sept heures à dix heures du soir. Maïté Bouyssy interroge aussi bien l’usage des larmes et de la compassion, que la mise en scène de l’horreur. Autour de figures charnières – tel Louis XII, le roi malchanceux qui a accompagné la mode troubadour, avant et après la Révolu-tion – et de l’expression de « flots de sang » qui -circule dans les lettres et les arts, des images furent reçues comme politiques.

Perfide Albion ?L’affaire Soames et les arcanes de la diplomatie britanniqueClaire SandersonÉditions : Les Publications de la Sorbonne, Paris, 2011

L’affaire dite « Soames », qualifiée d’un des plus grands scandales de l’histoire de la diplomatie britannique, se déroule en février 1969, alors que les relations Paris-Londres sont au plus bas depuis la fin de la guerre. Une conversation confidentielle entre le président Charles de Gaulle et l’ambassadeur britannique à Paris, Christopher Soames, dé-bouche sur une crise diplomatique si grave qu’elle s’étend à l’ensemble du continent européen. […] À partir d’archives britanniques, fran-çaises, allemandes et américaines, ainsi que de témoignages d’acteurs et d’observateurs de l’époque, l’auteur présente une interprétation originale d’une affaire souvent délaissée par l’historiographie, mais non sans conséquences sur les relations diplomatiques franco-britan-niques dans le contexte de la construction européenne.

Cybercriminalitécybermenaces & cyberfraudesSous la direction d’Irène Bouhadana et de William GillesÉditions : Les éditions IMODEV, Paris, 2012

L’Institut du Monde et du Développement (IMODEV), en partenariat avec l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et sous le haut patronage du ministre de la Justice et des Libertés a organisé un colloque international consacré au thème de la cybercriminalité. […] Cette problématique qui couvre un large périmètre a permis de confronter les points de vue de juristes, d’économistes, de philosophes, de sociologues, d’historiens, d’informaticiens qu’ils soient universitaires ou praticiens. « Cybercriminalité, cyberme-naces & cyberfraudes » rassemble les actes du colloque.