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JAA – 1001 Lausanne P.P./Journal – Poste CH SA Vendredi 30 septembre 2016 // N o 291 // 7 e année CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch L’AVENIR DE LA PRESSE ROMANDE

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JAA – 1001 Lausanne P.P./Journal – Poste CH SA

Vendredi 30 septembre 2016 // No 291 // 7e année CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

L’AVENIR DE LA PRESSE ROMANDE

Vigousse vendredi 30 septembre 2016 Vigousse vendredi 30 septembre 2016

Merci Tamedia !Stéphane Babey

Il est grand temps d’exprimer nos remerciements

les plus sincères à Tamedia, qui vient d’annoncer

24 licenciements à 24 heures et à la Tribune de Genève.

Pendant qu’on y est, un grand coup de chapeau aussi

à Ringier, puisque des rumeurs évoquent 10 postes

bientôt supprimés au Temps et à L’Hebdo. Et on ne parle

bien entendu pas de tous les emplois qui sont biffés à la

sauvette, un par un, pendant que personne ne regarde.

Le groupe alémanique Tamedia, largement bénéficiaire

grâce à ses activités immobilières et ses sites internet

(334 millions de francs empochés en 2015), se fiche

visiblement pas mal de ses journaux, qu’il rêve de

voir disparaître rapidement. Comment comprendre

autrement la rentabilité délirante de 15 % exigée pour les

quotidiens ? Un chiffre qui n’a jamais été atteint dans la

presse romande, et ailleurs non plus, et qui n’existe qu’en

tant que fantasme cocaïné de financiers n’ayant aucune

connaissance de la réalité des médias (et sans doute de

la réalité tout court). Pour obtenir un tel résultat, il n’y a

qu’une solution : licencier du personnel. Et faire croire que

l’on va pouvoir faire mieux avec moins de monde.

En règle générale, ce genre de discours économique débile

débouche sur des publireportages à toutes les pages

et le remplacement des journalistes expérimentés par

des stagiaires dont le talent principal est de copier/coller

des informations non vérifiées piquées sur le web, avec

une absence de sens critique qui leur est également très

utile pour ne pas remettre trop en question la gestion

des ressources humaines pratiquée par leur employeur.

Enfin bon, c’est le monde moderne, on ne va pas prétendre

que ça se passe beaucoup mieux dans d’autres secteurs

d’activité. Il faut vivre avec son temps, et les temps sont

cons, c’est comme ça.

Toujours est-il que grâce à cette politique de destruction

délibérée de la presse romande, Tamedia prépare un avenir

radieux aux rares journaux indépendants qui subsistent.

A force, faute de concurrence, l’équipe de guignols de

Vigousse finira par être la plus crédible du coin. Alors merci

Tamedia ! Et continuez comme ça !

Lire aussi en pages 7, 8 et 14

A F F A I R E S E N C O U R TC ’ E S T P A S P O U R D I R E ! Q U E L L E S E M A I N E ! 32

LE CHIFFRE

40Ce serait, en milliards de francs,

le coût, admis pour la première fois par le Conseil fédéral en réponse

à une question parlementaire, d’un accident nucléaire en Suisse. Le coût des mesures à court terme, s’entend.

Pour les millénaires suivants, on ne sait pas trop. Quoi qu’il en soit, tout va bien : l’Ordonnance sur la responsabilité civile en matière

nucléaire, révisée en 2015 par le Conseil fédéral, fixe les montants assurés à moins de 2 milliards par réacteur. Il suffira de faire payer les 38 milliards restants par le peuple,

ou par ce qu’il en reste.

Stauffer casse les oreillesC’est la Tribune de Genève qui le révèle (26.9) : le matériel de sonorisation des séances du Conseil municipal d’Onex, acheté sur avis du maire d’alors Eric Stauffer, n’a jamais fonctionné correctement. Les interventions des élus sont entrecoupées de larsens incessants, quand les micros ne se coupent pas purement et simplement en plein milieu d’un discours. Les 35 000 francs qu’a coûté l’installation ont donc été dilapidés et le Conseil municipal va en acheter une autre. A Onex, tout le monde a les oreilles qui sifflent à cause de Stauffer. Pour une fois que ce n’est pas l’inverse…

Navette navranteC’est une info-trafic un peu inédite : la navette autonome mise en circulation à Sion en juin passé a eu son premier accident. Rien de grave heureusement, elle a bêtement embouti le coffre d’une camionnette de livraison. Comme l’engin est dénué de pilote humain, on ignore encore pourquoi ce choc s’est produit. Faut-il vérifier le taux d’alcoolémie des ingénieurs et programmeurs derrière cette innovation ?

Trump énormémentPour expliquer sa

piètre performance

lors du premier

débat présidentiel

qui l’opposait à

Hillary Clinton,

Donald Trump s’est

plaint d’un micro

dysfonctionnel.

Et il n’a pas tort, il

y avait effectivement

un gros problème :

on l’entendait.

Train de mesuresSous le poétique nom de « RailFit », le directeur des CFF Andreas Meyer veut économiser 1,2 milliard de francs. Pour ce faire, il a annoncé la suppression de 1400 emplois. Fini, donc, le personnel dans les trains régionaux. Et comme il n’y a pas de petit profit, les CFF projettent la suppression des « Rail Checks » aux retraités, un petit avantage de 100 francs par année. Comme ça ils marcheront et seront aussi plus « fit ».

Vigousse vendredi 30 septembre 2016 Vigousse vendredi 30 septembre 2016

« Cher client, vous avez déjà utilisé un volume internet haut débit de 1 Go aujourd’hui. Afin de permettre à tous nos clients de surfer de manière irré-prochable, nous avons dû réduire votre débit. Dès minuit, vous pourrez à nou-veau surfer à haut débit. » Ce message, reçu un mardi par une innocente cliente, fait l’effet d’une bombe : la puissance intergalactique d’internet serait donc un mythe ? Oui et non.

Certes, les scientifiques prévoient aujourd’hui que les infrastructures physiques qui soutiennent le web seront dépassées d’ici à 2020 (comme le mot web d’ailleurs), avec pour conséquence une stagnation du sys-tème qui impliquera que les humains partagent des ressources limitées : l’horreur, en d’autres termes. Dans le cas qui nous occupe, le pro-blème est à peine différent : Mariette est l’heureuse bénéficiaire d’un abonnement Sunrise dit « freedom classique » (parce que « liberté clas-sique » ne veut rien dire). Ce n’est que ce mois-ci qu’elle réalise que cette liberté est toute relative puisque, ayant dépassé le volume de gigaoc-tets prévu par son abonnement, elle est rappelée à l’ordre par l’opérateur, qui lui impose un débit réduit pour quelques heures. Là où le bât blesse un peu, c’est que normalement, la cliente aurait dû d’abord recevoir un message l’avisant qu’un giga supplémentaire avait été mis à sa disposition pour la journée et

pour la somme de 1 franc, non renou-velable jusqu’au lendemain. Message que la brave dame n’a pas reçu ; elle ignorait donc qu’elle grignotait déjà sur cette réserve.D’où sa surprise de se voir couper l’herbe sous le pied en plein milieu de sa série à rebondissements, sans avertissement préalable, en ce mardi de septembre. De 16 h 41 à minuit, Mariette n’a eu d’autre solution que de se laisser patiemment ronger par le suspense, sans possibilité d’assouvir sa curiosité (en réalité, il en existe 797, comme acheter le DVD, emprunter

le portable de quelqu’un, regarder la suite sur son ordinateur à la maison, etc.) A minuit une tapant, elle récu-père enfin le giga du lendemain, fac-turé 1 franc comme expliqué plus haut, qu’elle s’empresse de consommer avant l’aube, pour poursuivre goulûment son visionnage. Et se retrouver avant midi bloquée avec un débit riquiqui, qui lui permet au mieux de relever ses mails.Monsieur Schaller, pourtant porte-parole de Sunrise, semble un peu étonné par cette histoire. Rompu aux problèmes du bilinguisme helvète, il met ce message, incongru à ses yeux, sur le compte d’une erreur de traduc-tion. Nous n’en saurons pas davantage : il n’a pas donné suite, en raison d’un problème de débit peut-être.

LE MYTHE DES LIMITES On savait que l’humain, limité, vivait dans un univers illimité, avec autour de lui un nombre limité de gens limités. Restait à savoir ce qu’il en était d’internet. Limité ou illimité ?

Rationnement déductif

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S D U R D ’ O S E I L L E4

Depuis 2004, rien ne va plus à l’Hô-pital neuchâtelois (HNE). D’abord multisite, le projet ne prévoit plus aujourd’hui qu’un seul site de soins aigus, à Neuchâtel. Mais les Chaux-de-Fonniers se battent et ont déposé le 9 septembre dernier une initia-tive populaire cantonale munie de 7600 signatures, alors que 4500 suf-fisaient. Le texte, intitulé « Pour deux hôpitaux sûrs, autonomes et complé-mentaires », devrait donner lieu à de nouveaux débats épidermiques au Grand Conseil avant de passer en votation.

Les citoyens du Haut sont fâchés contre leur autorité cantonale mais aussi contre L’Impartial-L’Express qui, chaque jour ou presque, ajoute une petite couche d’information sur ce dossier. De désinformation, précisent nos interlocuteurs remontés. Mardi 27 septembre, le « collectif pour une presse impartiale » a protesté contre la manière déséquilibrée, voire très par-tisane, de traiter la politique cantonale.Sur le dossier hospitalier, ils déplorent

« un manque flagrant de recul et d’esprit critique, un espace rédactionnel inéqui-tablement réparti… Avec des positions unilatérales, en taisant ou alors en dis-créditant d’emblée les avis contraires ou divergents, annihilant ainsi tout véri-table débat public. »

Ce discours, ils le tenaient déjà avant le samedi 24 septembre. Là, les deux quotidiens du groupe Hersant publiaient une pleine page sous un titre explicite : « L’HNE explique pour-quoi il milite pour un seul site de soins aigus. » Une page entière qui reprenait deux seules voix : celle de la présidente du conseil d’administration et celle du directeur médical Bernard Vermeulen, « à l’unisson avec le Conseil d’Etat ».Les deux avaient répondu à la « sol-licitation » du journaliste du Bas Pascal Hofer, grand maître du dossier et farouchement partial, systémati-quement « à l’unisson avec le Conseil d’Etat ». Des voix discordantes dans l’article ? Point ! Dans cet article, Vermeulen dicte : « Comme nous avons dû nous résoudre à le faire à La Chaux-de-Fonds, des

Eruption de boutons dans les Montagnes

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S 5

Du côté de la FRC, la pratique est jugée très correcte. Il s’agirait, au pire, d’une incitation à opter pour un abonne-ment illimité, un peu plus cher. (Ce que Mariette s’est empressée de faire, puisque seul un abonnement illimité était à même de satisfaire son amour, illimité lui aussi, pour les séries idiotes et les vidéos farfelues).

Reste que l’argument avancé, « per-mettre à tous nos clients de surfer de manière irréprochable », met mal à l’aise un peu tout le monde. Monsieur Schaller, qui ne veut pas admettre que sa merveilleuse entreprise connaît des limites ; notre correspondante de la FRC, qui y voit une manière polie de dire « eh, oh, doucement, si tout le monde faisait comme toi on pourrait pas tous le faire» ; et Mariette, qui déteste tirer la couverture à elle quand elle sait que la couverture n’est pas infinie.

En conclusion, cet argument, qui ne renvoie à rien de bien concret, aurait en revanche le pouvoir de mettre le consommateur dans la même perplexité que le fameux « finis-ton-assiette-avec-tous-ces-pauvres-enfants-qui-meurent-de-faim-dans-le-monde » : il sent bien qu’il serait éthiquement malvenu de protester, mais ne peut se défaire de l’impression diffuse qu’à part lui faire mal au ventre, ça ne changera pas grand-chose ! Séverine André

blocs opératoires ont été fermés la nuit et le week-end. C’est par exemple le cas à Tafers, dans le canton de Fribourg. » Comparer la métropole horlogère (39 000 habitants) à un village de la campagne singinoise – Tavel en fran-çais – de 3000 habitants, il fallait oser ! Tout ça sans que le journaliste ne tique.Les quelque quarante citoyens membres du collectif ont suspendu leur abonnement à L’Impartial jusqu’au 31 décembre, de manière conjointe et simultanée, dans l’espoir de provoquer une amélioration immé-diate. Ils dénoncent un « journalisme biaisé, dénué de curiosité, peu informa-tif, et dépouillé de sa crédibilité ». En parallèle, le collectif va saisir le Conseil suisse de la presse.Les médecins du Haut sont également fatigués de ne pas être pris en consi-dération. Alors ils racontent. En août 2015, un accord a été trouvé pour une nouvelle Convention collective de tra-vail (CCT) pour les médecins cadres. Un acte dont s’est glorifié l’HNE, repris par la presse. En résumé, pour

des raisons historiques, les Chaux-de-Fonniers étaient moins bien payés, il y avait clairement deux vitesses.Or cette nouvelle CCT, sous l’impul-sion d’Alexandre Schweizer, méde-cin-chef anesthésiste à l’HNE, a éga-lisé les revenus à la hausse. Avec un coût supplémentaire de 3,4 millions. Ledit Schweizer avait produit naguère un rapport sur la maternité unique à Neuchâtel, au détriment de l’hôpital de La Chaux-de-Fonds. En 2008 déjà !

Pour un médecin du Haut, cela s’est chiffré à 85 000 francs d’augmentation par année. Mais il ne demandait pas ça, il réclamait juste des conditions de travail correctes. Certains ont vu leur salaire doubler, alors que l’HNE affiche un déficit de 10 millions de francs en 2015 et que l’Etat prévoit un trou de 74 millions à la fin de l’année.Le placebo prescrit par l’HNE via les journaux ne semble pas agir sur la mauvaise humeur des Chaux-de-Fonniers. Jean-Luc Wenger

On va casquer Le gaillard est plutôt sympathique, davantage que le parti qu’il représente. Cette espèce d’escogriffe a une allure tantôt de garnement, tantôt de gamin, tant et si bien que l’on est tenté de transformer son nom de Parmelin en Garnemin. Il faut bien reconnaître que notre Guy est bougrement malin. Il a réussi, avec l’aide de ses petits cama-rades parlementaires, à engranger en faveur de son département militaire la somme astronomique de 20,734 mil-liards de francs pour les quatre pro-chaines années. A la lecture du budget 2017 de la Confédération avec PITF, c’est-à-dire le Plan intégré des tâches et finances 2018-2020, on apprend que la progression linéaire pour ce départe-ment sera chaque année de 4,6 %, alors que par exemple pour la formation et la recherche, on sera moins généreux avec une progression linéaire de 2,7 %.

Notre sécurité coûte très cher : elle représentera 7,31 % de l’ensemble de nos dépenses en 2020. N’est-ce pas un poste où les frais seraient dispro-portionnés par rapport aux risques ? Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, demande aux membres de l’organisation de cesser les réduc-tions de leurs dépenses militaires, et il recommande que la part dévolue à celles-ci se monte à 2 % du PIB. On éclate de rire car si la Suisse se pliait à ce vœu pieux, avec un PIB de 650 mil-liards, elle devrait payer 13 milliards pour les petits soldats ! Ce serait 30 % de plus que l’argent investi dans la formation et la recherche. On serait en plein délire et on peut s’estimer heureux, d’une part, de ne pas être membre de l’OTAN, et d’autre part de la sagesse de notre Parlement malgré la hauteur de la somme allouée. A titre de comparaison, la France et le Royaume-Uni dépensent un peu plus que les 2 % demandés, les Etats-Unis et la Russie arrivent à 4,5 % du PIB, et le champion est le cinglé de Pyongyang qui grille 18 % de ses richesses pour ses joujoux qui font peur.

Notre escogriffe, même s’il n’a jamais songé à demander autant que ce que désire l’OTAN (il ne saurait qu’en faire), a tout de même obtenu, hélas, que la Défense reçoive la progression linéaire la plus élevée de tous les dépar-tements. Rompez et préparez-vous à vous serrer la ceinture, partout, sauf dans les casernes. André Draguignan*

*chef d’entreprise connu de la rédaction

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GOUTTE-À-GOUTTE La fin programmée des soins aigus à La Chaux-de-Fonds provoque une forte réaction allergique au traitement de ce délicat sujet par L’Impartial.

DÉBIT DE SOIRÉE

Vigousse vendredi 30 septembre 2016 Vigousse vendredi 30 septembre 2016

Le plus grand groupe de médias privé de Suisse, Tamedia, ne se prive pas de licencier. De Zurich, le géant a esquissé ses projets pour les deux grands quo-tidiens romands figurant dans son portefeuille : le vaudois 24 heures et la Tribune de Genève. Les deux rédactions doivent se réorganiser « en privilégiant une plus stricte hiérarchisation de l’in-formation ». Certes, jusqu’à aujourd’hui une hiérarchie vraiment trop molle régnait dans les pages des deux titres. Pour parvenir à ce noble objectif, « des mesures qui impacteront 24 per-sonnes au sein des deux rédactions sur près de 900 collaboratrices et collaborateurs de Tamedia en Suisse romande », écrit le masto-donte. Dans son communiqué, il relativise légèrement en incluant le personnel des autres titres (Bilan, Femina, 20 minutes ou Le Matin), et ceux de l’administration ou du marketing…

A cet « impact » de 24 personnes licenciées, les deux sociétés de rédac-teurs opposent leurs propres chiffres qui tiennent compte des départs natu-rels et arrivent ainsi au total de 31 sup-pressions de postes. Une saignée bien plus importante que dans la version zurichoise.Mardi 27 septembre, quelque 200 manifestants se sont retrouvés à Genève et autant au pied de la tour de

Appelons-le Jean, puisque c’est son prénom et qu’il n’hésite pas à ferrail-ler à visage découvert. Jean, donc, relève comme tout un chacun quo-tidiennement son courrier. Surprise, il y a quelques jours, lorsque dans celui-ci figure une lettre estampillée 24 heures. Jean est un ancien de la maison, qu’il a quittée contraint et forcé il y a de cela sept ans, lorsque le groupe Tamedia s’est porté acqué-reur de « l’empire Edipresse ». Viré comme un malpropre, et comme une centaine d’autres employés, 25 ans de bons et loyaux services passés aux oubliettes pour, comme on dit dans ces cas-là, faire la mariée belle. Jean

l’avenue de la Gare à Lausanne, une tour toujours nommée « Edipresse ». Syndicom et l’association des jour-nalistes professionnels Impressum ont pu réutiliser une banderole qui avait déjà servi lors d’autres coupes de Tamedia. « Des mesures iniques, scandaleuses, il est l’heure de rappeler à Tamedia qu’il est un éditeur et non un vendeur de savonnettes », a osé un orateur. Dans la matinée, les deux rédacteurs en chef, Thierry Meyer (24 heures) et Pierre Ruetschi (Tribune

s’en remettra, à ce qu’il en dit, plu-tôt bien que mal, relevant cependant que « d’autres n’ont pas eu la même chance que lui ».

Le susdit courrier donc. Qui dit et lui affirme tout de go que « Jean Racine nous manque tellement ! » Et qui poursuit : « Quelques années après avoir mis un terme à son idylle avec le grand quotidien vaudois, la possibilité de réintégrer la grande famille de 24 heures lui est offerte. Une opportunité exceptionnelle. » Suit une offre de réabonnement à un prix défiant toute concurrence. Et lui qui croyait au repentir de ses

PETITE ANNONCE L’éditeur zurichois va licencier 24 personnes entre 24 heures et la Tribune de Genève. Avec les départs naturels, les suppressions d’emploi sont plus importantes, affirment les syndicats.

RETAPE Quand 24 heures fait la chasse aux abonnés, cela peut déboucher sur des situations cocasses. Ou carrément écœurantes.

de Genève), avaient annoncé la casse à leur rédaction. Un Pierre Ruetschi qui s’exprime dans le communiqué de son patron : « Nous allons concentrer nos forces sur la hiérarchisation et l’ap-profondissement des informations qui comptent vraiment pour les Genevois. » Décidément, proposer à ses lecteurs des nouvelles qui les concernent, il fallait y penser !

En 2015 et pour rappel, Tamedia a dégagé un bénéfice net de 334 mil-lions de francs. Son directeur géné-

ral, Christoph Tonini, a ainsi pu doubler son salaire pour empocher 6,1 millions de francs. Cette modique somme, évoquée au micro-phone, lui a valu un joli concert de sifflets. C’est que Tonini n’est pas partageur. Pour relever le tact psycho-

logique de la direction générale à Zurich, un intervenant a rappelé

qu’elle organisait le même jour un tour-noi de baby-foot…Avec ces coupes

annoncées, la pérennité des titres est en danger, esti-ment les collaborateurs. Car la spirale réductions de postes – qualité rédaction-nelle amoindrie est connue.

anciens employeurs enfin conscients de ses qualités professionnelles… A l’évidence, et face à l’érosion de son lectorat, le grand quotidien vaudois en est réduit à faire de la retape. Et à tenter de racoler ses anciens abon-nés. Lesquels lui « manquent telle-ment ! » qu’il s’en est allé jusqu’à fouiller dans le fichier de ses anciens abonnés pour y dénicher ses futurs (ré) abonnés.Jean, qui ne s’est pas fait prier pour révéler ce manque de tact au grand jour, n’est pas la seule victime de cette campagne plutôt maladroite. Ainsi, l’un des témoignages recueil-lis sur Facebook fait-il état d’un

Scoops sombres chez Tamedia

Racolage et dommages

nonagénaire, fidèle à ce titre depuis une demi-éternité, qui s’est aperçu qu’en résiliant son abonnement actuel et en acceptant cette nouvelle offre il réaliserait une réelle et subs-tantielle économie. D’autres font, eux, état de ces mêmes courriers adressés à des personnes décédées depuis plusieurs années.A Tamedia, visiblement, on a de la mémoire. Enfin, celle de ses ordina-teurs. Roger Jaunin

La vie est pleine de problèmes. Que faire ? Certains vieux ringards pro-posent de réfléchir à ces problèmes, d’en identifier les causes, d’étudier le type de contexte qui tend à les fa-voriser, d’élucider ce qu’ils peuvent avoir d’attrayant pour certains, bref, d’analyser la situation. Quels nuls ! C’est bien plus simple et plus moderne de simplement trouver une solution ! Et quelle meilleure pourvoyeuse de solutions en masse que la technologie ? Un problème ? Hop, une start-up, une application, un gadget, une pilule, et c’est réglé ! C’est à ça que sert la science, non ?

Hmm, pas sûr. C’est une confu-sion dont profitent beaucoup nos grands gourous du progrès, et on comprend pourquoi ils s’efforcent de l’entretenir à tout prix : en pré-sentant un produit comme « scien-tifique », on induit l’illusion qu’il est efficace. Mais plutôt que de naviguer dans les hautes sphères de l’épistémologie, prenons sim-plement deux exemples récents qui fournissent une illustration particulièrement jouissive de cette distinction cruciale entre science et « solution ».Voici deux problèmes distincts : l’obésité et la grossesse précoce chez les adolescentes. Il vaut mieux évi-

ter l’une et l’autre pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la morale ou des normes sociales arbitraires, mais plutôt avec les risques médi-caux qu’elles entraînent. Face à ces problèmes donc, des firmes, des associations et même des gouver-nements ont proposé leur « solu-

tion » super moderne. Pour réduire l’obésité, les gros porteront des « bracelets-fitness connectés » qui leur permettent d’évaluer quanti-tativement leur poids, leur dépense d’énergie quotidienne, etc. Pour prévenir les grossesses précoces, les jeunes filles suivront un pro-gramme éducatif avec un « enfant

GROS ET GROSSESSES Qu’est-ce que la « science » ? C’est compliqué, pour les uns c’est ce qui permet de trouver des solutions à des problèmes, pour les autres c’est que qui prouve que ces solutions sont bidon.

virtuel », c’est-à-dire une poupée high-tech bourrée de fonctions programmables qui leur montrera qu’élever un gamin, c’est pas du gâteau. Merci la technologie ! Avec ça on prend au moins au sérieux les problèmes sociaux : la preuve, on offre la pointe des développe-ments les plus récents de l’innova-tion informatique, qu’est-ce qu’on pourrait faire de plus ?

Justement, on pourrait à présent faire de la science pour de vrai. Et c’est ce qu’ont fait deux groupes de chercheurs chacun de leur côté, avec une question toute simple : tiens au fait, est-ce que ces « solu-tions » mirifiques… marchent ? Les résultats, publiés dans deux des meilleures revues médicales, sont plus qu’éloquents. Plus de 400 per-

Science dure

sonnes en surpoids ou obèses ont été suivies pendant deux ans, une moitié bénéficiant d’un super « bracelet connecté » et l’autre pas. Au final, le premier groupe a perdu en moyenne 3,5 kilos, et l’autre, celui sans bracelet donc, 5,9 kilos. Conclusion : pour perdre du poids efficacement, autant se passer de cette camelote technologique oné-reuse et disgracieuse. Pour ce qui concerne les grossesses précoces, près de 3000 filles australiennes entre 13 et 15 ans ont été partagées en deux groupes : l’un bénéficiait de l’instruction à base de poupée-simulatrice et l’autre pas. Quand elles eurent 20 ans, on comptait 8 % de grossesses précoces dans le premier groupe, contre 4 % dans le second, avec des résul-

tats semblables pour le nombre d’avortements. En d’autres termes, le programme éducatif super tech-

nologique (et cher) marchait nettement moins bien que la bonne vieille éducation sexuelle

à l’ancienne.

Voilà donc la différence entre la science et la frime. Et voilà pour-quoi il est capital de sans cesse mélanger les deux : faire de la vraie science peut s’avérer assez risqué quand on a une « solution » à vendre. Si ça se trouve, celle-ci n’est qu’un problème de plus !

Sebastian Dieguez

« Effect of wearable technology combined with a lifestyle intervention on long-term weight loss », J. Jakicic et al., Journal of the American Medical Association, vol. 316, pp 1161-1171, 2016.« Efficacy of infant simulator programmes to prevent teenage pregnancy : a school-based cluster randomised controlled trial in Western Australia », S. Brinkman et al., The Lancet, à paraître.

F A I T S D I V E R S E T V A R I É SF A I T S D I V E R S E T V A R I É S 76

Et la fin de la spirale, avec des jour-naux affaiblis, des lecteurs qui se désabonnent, entraînant des ren-trées publicitaires en baisse, est aussi connue. Ces dernières explosent pour-tant sur les sites de petites annonces en ligne, mais l’argent reste bloqué « quelque part à Zurich ». Une pétition en ligne pour la sauve-garde de la presse régionale et un appel de 200 personnalités ont été envoyés à Tamedia. En tête des signataires, les Conseils d’Etat des deux cantons, par leurs présidents Pierre-Yves Maillard et François Longchamp.

A propos de la tour Edipresse, Marc Lamunière, ancien patron du groupe éponyme, avait publié, en 1980, un petit livre pour défendre une presse d’information « agressive, critique et courageuse, qui sache déplaire ». Il écri-vait : « L’éditeur doit savoir que les jour-naux qui font une longue carrière sont ceux qui ne se fondent pas sur la préten-due médiocrité du public pour faire un journal médiocre mais ceux qui offrent toujours plus et mieux que la simple réponse aux besoins exprimés. » Son fils a vendu à Tamedia en 2009 et on constate aujourd’hui que son message n’aura jamais été traduit en allemand par le repreneur. Jean-Luc Wenger

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Actionnaire important du groupe Tamedia, monsieur Kurt Lang a bien voulu nous recevoir dans sa villa Mein Paradies à Stäfa, au bord du lac de Zurich. L’enregistrement de cet entretien est ici retranscrit tel quel, par souci de ne pas déformer la réalité fictive.

Vigousse : Monsieur Lang, comment jugez-vous la situation de la presse romande ?Kurt Lang : De la presse quoi ?V. : Romande. Vous savez, la Suisse romande.K. L. : Ach ! Oui, la Suisse romande… la question c’est quoi ?V. : La situation de la presse romande. K. L. : Schlecht ! Très mauvaise. V. : Ah. Vous pensez vous aussi que la pluralité et la qualité sont en danger, et que… K. L. : Non non non ! La situation de la presse romande elle est très mauvaise ! Pas assez de bénéfices ! Il faut minimum 15 % ! Je ne suis pas content ! V. : Mais enfin, un journal ne sert pas qu’à faire du profit pour que les actionnaires soient contents ! Et la mission d’information ? K. L. : Juste. La mission de l’information, c’est d’attirer plus de lecteurs, pour faire plus de tirage, pour faire monter les tarifs publicitaires, pour faire plus d’argent, pour faire minimum 15 % de bénéfice. Comme ça je suis bien content.V. : Mais ça aboutit à privilégier une information racoleuse, non ?K. L. : Correct ! Pour faire plus de lecteurs et plus d’argent, il faut parler des people, et puis du sport, et des animaux, et il faut du sexe. Ah oui, et il faut parler du gnaphale.V. : Pardon ? K. L. : Le gnaphale. C’est une plante qui fait des petites fleurs avec du coton.

V. : Euh… Et en quoi ça intéresserait les lecteurs ?K. L. : Ça intéresse ma femme. Elle trouve que le gnaphale c’est très joli, elle en a mis partout sur la terrasse. Alors il faut en parler dans le journal, ça lui fera plaisir.V. : Mais enfin c’est pas parce que ça plaît à votre femme que…K. L. : Was ?! Achtung ! Moi je suis actionnaire ! Les journalistes sont des employés, alors ils font ce que les actionnaires disent de faire ! Et vous ferez aussi un article sur le poulpe. J’en ai mangé à midi, c’était délicieux.V. : Il n’en est pas question. L’information doit être libre et indépendante, elle ne doit pas être soumise aux exigences des actionnaires.K. L. (petit rire) : Mais oui, c’est ça. Redites-moi votre nom, c’est pour la prochaine liste des licenciements. V. : Désolé, je ne suis pas salarié de Tamedia. Je travaille pour un journal indépendant.K. L. : Quoi ? Avec 15 % de bénéfice ?V. : Oh non.K. L. : Alors c’est absurde. Il faut minimum 15 % de bénéfice : ça sert à ça, un journal. V. : Si vous croyez vraiment qu’un journal ne sert qu’à ça, c’est que vous êtes mal informé.K. L. : C’est égal si je suis mal informé. Ce qu’il faut, c’est que je sois bien content. Propos quasiment recueillis par Laurent Flutsch

Tamedia en pleine action

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B I E N P R O F O N D D A N S L ’ A C T U

Privilège lecteurs

Vous êtes lecteur de Vigousse et passionné

de cinéma d’animation ? Nous vous offrons la

possibilité d’assister à une séance du Festival

international Animatou qui se tiendra à Genève du

6 au 15 octobre prochain. Pour cela, il vous suffit de consulter le programme de cette manifestation

sur le site animatou.com et d’envoyer un courriel à [email protected]. Les organisateurs mettent à disposition cinq fois deux places pour les séances du premier week-end, du 5 au

8 octobre. En précisant bien sûr que vous êtes lecteur de Vigousse.

Dépêchez-vous, les premiers inscrits

seront servis.

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CANADA INVITÉ D’HONNEUR

www.animatou.com

Vigousse vendredi 30 septembre 2016 Vigousse vendredi 30 septembre 2016

L E F I N M O T D E L ' H I S T O I R E 11B I E N P R O F O N D D A N S L ’ A C T U10

En avoir pour son argentLES CONSEILS BIEN-ÊTRE DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : j’explique comment réduire la frustration due à la hausse des primes maladie en maximisant l’utilité des sommes payées.

Comme chaque année, les primes de l’assurance maladie augmentent de façon insensée et les citoyens se lamentent. Personne ne semble être en mesure de juguler cette hausse, aussi est-il temps d’adopter une autre atti-tude, plus positive, vis- à-vis de cette inévitable plaie. Ce qui est énervant dans le fait de dépenser autant, c’est l’impression de jeter l’argent par les fenêtres sans en profiter. Pour changer cela, il suffit d’adapter sa consomma-tion de produits et services médicaux à la somme effectivement payée.

Pour les personnes mal foutues, il n’y a pas de problème puisqu’elles sont soignées à hauteur de sommes équivalentes ou supérieures à ce qu’elles paient. Elles ont donc l’im-pression que leurs primes servent à quelque chose. En revanche, pour les assurés qui ont le malheur d’être en bonne santé, il est vraiment rageant de voir tout ce pognon fondre sans aucune utilité. Dans ce cas, le meil-leur moyen d’en avoir pour son argent

Pitc

h

est d’être davantage malade. Ce n’est pas toujours simple pour ceux qui sont dotés d’une santé de fer, mais des astuces existent.

Dans les transports en commun, il convient ainsi de s’asseoir en face des voyageurs qui toussent ou éternuent. Même s’ils mettent leur main devant la bouche ou le nez, ils devraient par-venir à vous transmettre quelques microbes. Le bain froid avec fenêtre ouverte en plein hiver ou la course pieds nus dans la neige sont égale-ment de sûrs moyens de choper un refroidissement.Rien ne vaut une bonne balade à la campagne pour s’esquinter la santé, pour autant que l’on n’oublie pas de s’écorcher les mollets à chaque bar-rière rouillée afin de favoriser le téta-nos, et de se faire mordre par tous les chiens errants (sur le tas, il y en a bien un qui ne sera pas vacciné contre la rage) et les animaux sauvages. Se faire encorner par une vache est un bon moyen d’attraper une infection. Les

renards sont vecteurs d’échinococ-cose et les tiques d’encéphalite. Il vaut la peine, avant de planifier ses vacances, de consulter la carte des risques sanitaires de l’OMS. Les régions à malaria, leishmaniose, dengue ou lèpre sont encore nom-breuses et offrent dépaysement et maladies incurables à qui est assez intrépide pour tenter l’aventure. En ce moment, le Brésil est la destination à la mode, grâce à son zika aux effets imprévisibles.

Il vaut la peine de se tenir au courant des avancées de la médecine en lisant les revues scientifiques. De nouvelles maladies sont régulièrement décou-vertes et les études publiées sur le sujet expliquent comment en être victime. En règle générale, faire sys-tématiquement l’inverse de ce que recommandent les campagnes de pré-vention engendre de solides résultats

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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Le 8Le 8ee conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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Nous n’avons pas de troupes sur place, il n’y a pas de bataille à gagner…

Ça devient ridicule, Guy. Je ne vous parle pas de sport.

Hop Suisse !

Euh, pas en football, je voulais parler de la situation militaire.

Bon, alors, Guy, où est-ce qu’on en est sur le dossier de l’Ukraine et de la Russie ?

On va ga-gner ! On va ga-gner !

Qu’est-ce que vous racontez ?

Allez la Suisse ! Allez

la Suisse !

Vous n’aimez pas quand j’exprime mon

enthousiasme ? La presse a pourtant

adoré !

Ressaisissez-vous !

Ecoutez, Guy, vous pouvez aller faire le singe aux JO, je m’en balance. Mais au bureau, j’aimerais bien que vous me donniez l’impression d’avoir plus de trois neurones.

Hop Sui…

Chef, oui chef !

Fermez-la !

Ben quoi, chef ?

en ce qui concerne les problèmes car-diaques et pulmonaires ou encore le cancer. Ne négligez pas non plus la psychia-trie. Un médecin doué vous trouvera forcément quelque chose, avec à la clé des années de traitement dispen-dieux. Vous serez aussi agréablement surpris par les prix indécents des anti-dépresseurs, anxiolytiques et autres somnifères. Avec ces quelques conseils, vous devriez parvenir facilement à vous déglinguer la santé. Attention tou-tefois à bien calculer combien vous coûtera chacune des pathologies choisies, afin de ne pas dépasser la somme totale que représentent vos primes maladie. Car sinon il y a le risque que cela fasse exploser les coûts de la LaMal, et ce n’est quand même pas le but. Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

Cher Karim,C’est pô juste ! On apprend avec chagrin que l’événement tant attendu « Titeuf, le pestacle », que vous avez créé et porté à bout de bras, et pour lequel la critique était dithyrambique, n’a pas conquis le public. Ou plutôt si, mais uniquement le public qui est venu le voir. Bilan : une salle laborieusement remplie à moitié et une perte de 100 000 francs, essentiellement pour votre pomme.Certes, ce n’est pas un bide total. Mais on est loin du triomphe escompté. Du coup on s’interroge : comment expliquer ce désintérêt ? C’est Titeuf après tout, merde, tout le monde adore Titeuf !Vous invoquez une météo défavo-rable : il a fait trop beau pen-dant la durée des représenta-tions. Des places trop chères pour les enfants ? Peut-être, mais bon, s’ils avaient chialé assez fort pour y aller, on voit mal quel parent aurait pu y résis-ter. Non, cher Karim, nous avons bien réfléchi et nous pensons avoir trouvé la véritable raison de vos soucis. C’est tout simple : aller à un spectacle de marionnettes, c’est trop la honte. Surtout avec ses parents !Souvenez-vous : à quel moment était-ce « top cool », entre 6 et 13 ans, d’aller mater un spectacle pour enfants et de se présenter en public avec ses parents ? Eh oui, comme nous tous, vous auriez sans doute préféré mourir. Du reste, c’est un peu le genre de mésaven-tures horribles qu’on peut lire dans Titeuf, ce qui explique pré-cisément son succès…

Sebastian Dieguez

A Karim SlamaMarionnette triste

LE COURRIER DU CHIEUR

Meurtres de nassePar nature, les impérialistes sont sou-vent enclins à convoiter des terri-toires. S’en emparer, les contrôler, les soumettre, voilà ce qui les motive. Or par nature aussi, les habitants desdits territoires sont fréquemment réticents à se laisser faire. On en déduit que la nature est mal faite.

En 52 avant que soit né le divin enfant (jouez hautbois, résonnez musettes), Jules César et ses légions tentaient depuis six ans d’imposer la domination romaine en Gaule. Comme c’était à prévoir, bien des autochtones voyaient ce projet d’un mauvais œil. Ainsi le dénommé Vercingétorix : cet aristocrate mal léché avait rallié sous son commande-ment les contingents armés de divers peuples gaulois, unis par une furieuse envie de résister à l’envahisseur. Après quelques batailles plus ou moins réus-sies, Vercingétorix eut l’idée saugrenue d’occuper avec son armée coalisée (80 000 soldats, d’après César) une localité for-tifiée nommée Alésia.

Elle se trouvait sur un plateau au pourtour escarpé, isolé entre des val-lons et une plaine, avec des collines alentour. A première vue, l’idée sem-blait futée : l’endroit était inexpu-gnable. Même les Romains n’étaient pas stupides, obtus, bref, militaires au point de risquer l’assaut, d’autant qu’ils étaient inférieurs en nombre (50 000 selon les organisateurs).Jules César, donc, opta pour une tac-tique plus sûre : le siège. Encerclant le plateau d’Alésia, il fit construire tout

autour, dans la plaine, une ligne de fossés, de chausse-trappes, d’aiguil-lons de fer, de pieux affûtés, de bran-chages hérissés, de palissades et autres amusants dispositifs pour empêcher les Gaulois de sortir de la nasse. Il ins-talla des camps sur les collines avoi-sinantes, d’où il pouvait, en suçotant des pilons de poulets, contempler tranquillement les ennemis bloqués sans ravitaillement dans leur citadelle, et qui tout à coup faisaient nettement moins les fiers.

Les semaines passèrent. Toujours plus affamées, les troupes de Vercingétorix attendaient des secours extérieurs qui n’arrivaient pas. La survie des civils n’étant guère prioritaire, les indigènes d’Alésia étaient encore plus mal lotis. Un chef gaulois nommé Critognat proposa même, au besoin, de suivre l’exemple de glorieux ancêtres confrontés à la même mouise quelques décennies plus tôt : « Forcés, comme nous, de se renfermer dans leurs villes, en proie à la famine, ils restèrent en vie en mangeant la chair de ceux que leur âge rendait inutiles à la guerre. » En

attendant d’en venir à cette extrémité, les guerriers expulsèrent les civils : les autochtones « qui les avaient accueillis dans leur ville, furent forcés d’en sor-tir avec femmes et enfants. Ils s’appro-chèrent des lignes romaines, pleurant, demandant, implorant l’esclavage et du pain. » Mais César refusa tout net. Ils succombèrent à flanc de coteau.Quand elle arriva enfin, l’armée de secours venue de l’extérieur échoua à percer les défenses romaines. Sans plus d’espoir, les assiégés faméliques

finirent par capituler. Faits pri-sonniers, ils furent pour la plu-part distribués aux légionnaires en guise de butin.

Cela dit, la prise des villes ne se passait pas toujours aussi mal. Ainsi douze ans auparavant, à 3000 kilomètres au sud-est d’Alésia, les Romains s’étaient-ils emparés de la très vieille cité de Beroia. Mais en douceur, sans carnage ni rien. Loin de souffrir de cette conquête, la population locale bénéficia d’un essor commercial qui entraîna

une prospérité nouvelle.De nos jours, Alésia se nomme Alise-Sainte-Reine. C’est un petit village bucolique au cœur de la Bourgogne verdoyante, où paissent de blanches vaches charolaises. Sur une colline voisine, là où César avait dressé un camp, le vieux bourg de Flavigny-sur-Ozerain embaume l’anis dont l’abbaye locale fait des dragées.Beroia, quant à elle, s’appelle aujourd’hui Alep. Laurent Flutsch

Fig. 1. Siège prolongé.

Le strip de Bénédicte

Vigousse vendredi 30 septembre 2016 Vigousse vendredi 30 septembre 2016

C U L T U R EC U L T U R E 1312

ll a passé un piano en fraude sur le lac Léman. Il a volé des armes à l’ar-mée française, en Allemagne, pour le compte d’un militaire. Aujourd’hui, Bernard Brossard a payé sa dette et il le raconte dans Lotus. Matricule 3023. La préface, signée par un com-missaire divisionnaire honoraire de la police nationale, prouve qu’il est rangé des voitures.Brossard roulait en DS, et, dans son autobiogra-phie, il nous présente sa femme – sa légitime – comme « Bobonne », avec majuscule, pour expri-mer son respect. Ses pre-miers exploits de gang ster surviennent à l’époque des Tontons flingueurs, et

l’argot de ce récit en est imprégné, même si le héros est né dans les Franches-Montagnes, à Saignelégier. Sa carrière de gentil truand – il n’a jamais tiré une balle – le verra sillon-ner la France. C’est une rencontre et le goût de la liberté qui le mènent dans le milieu.

Là, le Suisse fait son trou. Habile, consciencieux, il sait percer des coffres proprement. Le 10 septembre dernier, Bernard Brossard était au Locle pour recevoir le prix des Editions G d’Encre. Dans son éloge, le pré-sident du comité de lecture, Michel Schaffter, a presque intimidé l’auteur de 75 ans.

Un livre

Des pâturages à une vie de gangsterSa préretraite forcée lui fera décou-vrir les plus sordides maisons d’ar-rêt de l’Hexagone : Nîmes, Arles ou Clairvaux. Brossard, qualifié d’irré-cupérable, témoigne de l’inhumanité vécue dans ces établissements dans les années 60-70. Mais est-ce que cela a vraiment changé ? C’est là le corps de ces 403 pages. Il raconte ses quinze ans de détention : les coups, les humiliations, l’isolement, la faim, la soif, la douleur. Mais rien ne semble le détruire, il ne songe qu’à s’évader. Brossard résiste, digne, tou-jours. Jean-Luc Wenger

Lotus. Matricule 3023, de Bernard Brossard. Editions G d’Encre, 403 pages

BROUILLON DE CULTURE

Des védés

Sabres et Sandales

Pour ceux qui ont des oursins dans les poches ! Un rapiat de compéti-tion, un pingre à inscrire illico au Guinness Book, un grippe-sou qui en remontrerait à Harpagon lui-même ! François Gautier en pince pour les petites économies qui font les grandes rivières. Devoir sortir son larfeuille lui provoque de l’ur-ticaire. Au supermarché, calculette en main, il reprend la caissière pour une erreur de 3 centimes d’euro après avoir utilisé tous les bons de réduction possibles et imaginables. Chez lui, il s’éclaire… au réverbère de la rue et n’utilise jamais sa rampe d’escalier, de peur de l’user. Pas avare de ses efforts quand il s’agit de grat-ter un sou ! Pas besoin d’avoir fait

un stage de six mois chez madame Irma pour deviner que cela va chan-ger quand débarquent une fille dont il ne soupçonnait pas l’existence (ah, les préservatifs périmés !) et une jolie femme dont il tombe amou-reux. Va falloir que François le vio-loniste passe à la (grosse) caisse. Avec un Dany Boon dans son rôle favori de gentil ahuri – on ne peut pas dire qu’il se dépense sans comp-ter –, Radin ! est une comédie pas si indigne que cela (on retiendra trois scènes assez réussies) qui, et c’est là l’essentiel, rapportera à son réalisa-teur de quoi refaire des polars. Car c’est bien à cause de l’échec de son dernier film que l’excellent Fred Cavayé a dû se résoudre à en passer

À VOUS DE VOIR Certains économisent et ne vivent pas (Radin !), d’autres paient et meurent (Fuocoammare, par-delà Lampedusa).

par la case film du dimanche soir sur TF1. Reste que si on attend sagement son passage télé, on économise le prix d’un billet de cinéma....

Pour ceux qui n’ont plus rien. Combien ça vaut une vie ? Les pas-seurs le savent. Lampedusa, île-espé-rance, île-terminus souvent. Menés en bateau, les migrants y débarquent morts ou à moitié, les habitants y vivent. Un gosse tire à la fronde, un médecin n’en peut plus de voir des

Des films

Sens dessus de sous

Une BD

Satire de tous les côtés

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Dans les pages de Vigousse, la chronique « Le fi n mot de l’Histoire » ne recule devant rien pour prendre du recul. Reliant une actualité quelconque à un passé choisi et vice

versa, elle fait preuve d’une grande rigueur scientifi que, d’une objectivité scrupuleuse, d’un souci constant de l’authenticité historique et d’une mauvaise foi crasse.

Plus de 60 nouvelles chroniques signées Laurent Flutsch et dans lesquelles tous les faits historiques sont certifi és rigoureusement authentiques, sauf certains.

L’actu à l’imparfait du subjectif

rien pour prendre du recul. Reliant une actualité quelconque à un passé choisi et vice versa, elle fait preuve d’une grande rigueur scientifi que, d’une objectivité scrupuleuse,

Encore un scandaleux privilège offert aux abonnés de Vigousse !

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Bertolarue Louis-de-Savoie 39CH-1110 Morgeswww.maisondudessindepresse.chme - di 14h 18h / sa 10h 18h

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presse

du 2 septembreau 30 octobre 2016

CINQ DRÔLES Avec La soirée diapos, Frédéric Recrosio, Jean-Luc Barbezat, Thierry Romanens, Pierre Aucaigne et Sibylle Blanc nous emmènent en vacances. De l’humour à voir et entendre le 7 octobre à Morges, puis ailleurs en Suisse romande. www.beausobre.ch

CASE REDÉPART A Neuchâtel, la Case à Chocs fête ses 25 ans le samedi 1er octobre. Le lieu alternatif a accueilli nombre d’artistes talentueux, d’autres moins. Pour célébrer, la Case invite les groupes neuchâtelois à puiser dans les « hits » joués sous son toit. www.case-a-chocs.ch

ARCHI-TRIP Les frais diplômés de la section architecture de l’EPFL exposent leurs projets. Sous le titre Voyages fantastiques, ils proposent un périple riche de la liberté offerte dans le choix des sujets de recherche. Lausanne, Espace G60, jusqu’au 13 octobre. www.facebook.com/epfl.map16

BIBORNE Parce que le jeune public aussi doit être sensibilisé à la question de l’écologie, le Petit Théâtre à Lausanne programme la pièce jeune public Turbolino. Cette adaptation d’un texte de Luis Sepúlveda raconte l’épopée d’un escargot bien décidé à sauver son environnement. Lausanne, 1, 2 et 5 octobre, www.lodieusecompagnie.com

GUITAR HEROES Samedi 1er octobre, l’Andy Manndorff Quartet donnera tout et même plus, « sa technique impressionnante, son approche lyrique et son authenticité » : c’est dire ! A la Spirale à Fribourg, www.laspirale.ch

SON DESSINÉ Le Kremlin, à Monthey, accueille deux groupes grenoblois ce samedi 1er octobre. Taulard, étoile montante de l’alternatif français, ouvre la soirée. Quant aux Arrivistes, que l’on dit « tendres et hargneux » sur scène, ils s’accompagnent d’un dessinateur qui croque le concert en direct. www.lekremlin.ch

Le raccourci facile, quand on parle de films d’action asiatiques « classiques », est de se dire que les productions japonaises étaient nobles (Les sept samouraïs et dérivés), alors que les Chinois ne parvenaient qu’à débiter des séries B de kung-fu à la chaîne. C’est évidemment faux, et King Hu va vous le prouver. Ce réalisateur concocta trois chefs-d’œuvre absolus dans les années 70, dont deux viennent d’être réédités. Le plus beau d’entre eux, A Touch of Zen, raconte la fuite d’une jeune fille que des sbires veulent assassiner. Elle se réfugie dans un endroit pépère où un homme timide la remarque et voudrait bien l’épouser, ne sachant qui elle est et dans quel guêpier il vient de se fourrer. Là où le film est brillant, c’est qu’il prend son temps à nous narrer les subtilités de la vie chinoise, il nous présente des paysages absolument spectaculaires qui font partie de l’histoire et quand la violence se pointe, elle est traitée de manière virtuosissime ! Michael Frei, Karloff, films culte, rares et classiques, Lausanne

A Touch of Zen, King Hu, 1971, Carlotta, Vf et Vost, DVD et Blu-Ray, 180 min.

corps d’enfants et le spectateur se demande ce que veut dire ou mon-trer le documentaire Fuocoammare, par-delà Lampedusa. Vague à l’âme.

Bertrand Lesarmes

Radin !, de Fred Cavayé (1 h 29) ; Fuocoammare, par-delà Lampedusa, de Gianfranco Rosi (1 h 49). En salles.

Retracer l’histoire de la presse sati-rique et non conformiste en BD, voilà une initiative qui ne pouvait que nous séduire. Prépubliée dans Libération puis dans Fluide Glacial, cette série de strips commence avec la Révolution française pour se ter-miner sur Le Gorafi, brassant au passage des dizaines de titres, des plus célèbres aux plus obscurs. Pas de trace de Vigousse, en revanche, mais c’est normal : Romain Dutreix et Toma Bletner se sont limités aux journaux français, ce qui leur a donné déjà pas mal de travail. Les

anecdotes plaisantes se suivent avec bonheur au sujet de ce type de presse si particulier qui, depuis près de 230 ans, teste sans cesse les limites de la liberté d’ex-pression. L’exercice est globale-ment réussi, mais on pinaillera sur quelques détails. On aurait notam-ment apprécié davantage de matière sur les pionniers du XIXe siècle, et un peu moins sur Hara-Kiri, dont l’histoire est déjà largement docu-mentée. Et si l’on peut regretter que le sujet ne soit pas traité de façon

plus approfondie (normal avec des histoires en quatre cases), Revue de presse donne en tout cas envie de se plonger dans la saga passionnante de la presse libre. Stéphane Babey

Revue de presse, Romain Dutreix et Toma Bletner, Editions Fluide Glacial, 128 pages

Vigousse vendredi 30 septembre 2016 Vigousse vendredi 30 septembre 2016

LE CAHIER DES SPORTS

14 R E B U T S D E P R E S S E 15

Sebastian DieguezMAG

ÉDIAS : Découvré les 10 raisons pourquoi la crise de la presse, la 6e et incroyable ! – HUMOUR : L’émission 26 minutes rechercherait un troisième Vince

VOIX OFF

« C’est horrible cette loi sur le renseignement !

Maintenant l’Etat suisse en saura presque

autant que moi sur ses citoyens… »

EXTRÊME

Ouverture d’un cinquième Starbucks sur le Mont-EverestC’est une bonne nouvelle pour les rares aventuriers de l’extrême qui osent défier le Mont-Everest par cars entiers à longueur d’année : il y aura désormais une autre occasion de se délasser avec un Frapuccino nappé de caramel pendant leur ascension vers le sommet. Ce cinquième Starbucks sur le Mont-Everest s’ajoute à un marché nocturne, une discothèque, une chaîne de cupcakes véganes et sans gluten et trois clubs-séminaires de mindfulness : jamais le secteur de la mystique sportive extrême n’aura autant choyé ses extraordinaires adhérents !

DÉCRYPTAGE

Une victoire pour l’égalité : Roger Köppel admet que dans le passé, d’autres gens étaient presque aussi brillants que lui.

L’extraordinaire génie intellectuel de l’UDC, Roger Köppel, a surpris nombre de ses pathétiques adversaires en admettant, jeudi passé, qu’il a sans doute existé d’autres personnes dans l’histoire presque aussi brillantes que lui. Celui dont l’éloquence, la finesse, la culture, l’humour et des compétences cognitives explosant le plafond des limites scientifiques jusqu’ici reconnues font l’unanimité parmi les journalistes transis d’admiration, n’avait pourtant pas l’habitude de faire preuve d’autant de modestie. « C’est assez étonnant, même de la part d’une personne aussi surprenante, décalée, supérieure et perspicace », s’étonne ainsi un journaliste au Temps et à L’Hebdo. « Franchement c’est tout à son honneur, surtout qu’on sait combien les grands génies ont tendance à se replier dans leur tour d’ivoire », précise également cet autre analyste, vétéran de la vie politique suisse. Mais a-t-il vraiment existé d’autres individus presque aussi doués que Roger Köppel dans le passé, ou le nouveau tribun ultra-charismatique fait-il preuve d’un excès de fausse modestie, une autre de ses innombrables qualités ? Gageons que seul Roger Köppel détient la réponse à cette question, lui qui est tellement plus brillant que les gens censés nous informer objectivement.

AU DÉBOTTÉ

Horreur Une trentaine d’individus seraient encore détenus par Google+ : toujours aucune revendication.

Encourageant Quatre hackers ukrainiens se sont déjà rendus après l’acceptation de la loi sur le renseignement.

Mystère L’ADN d’Iris Jimenez aurait été retrouvé sur la page 37 d’un livre.

Triste Cruelle bataille juridique entre les avocats des 14 nounous de Brad Pitt et Angelina Jolie pour la garde des enfants.

Innovation Après la réalité, la triste réalité pourra également être augmentée.

star !

Tu es une jeune Youtubeuse ! Pourras-tu vaincre les forces du mal ?

star ! Déstabilise la campagne de Donald Trump !

Ferme le clapet de Vladimir Poutine !

Fais fondre le petit cœur de Daesch !

Trouve un compromis pour la réforme de l’AVS !

FONDRE (SE)Larry Huras est tout sauf un inconnu. Débarqué en Suisse en 1994, passé par Zurich, Ambri, Lugano et Berne, le voici qui s’assied pour le reste de la saison hivernale sur le banc de Fribourg-Gottéron. Mission : redonner vie à une équipe plutôt mal barrée, « en proie au doute » comme on dit dans ces cas-là, et dont le coach vient de déclarer forfait. Bienvenue !

Jusqu’ici, cet Ontarien de 61 ans a conduit trois clubs suisses au titre de champion, et personne n’oserait remettre en doute ses références, encore moins ses compétences : avec lui, tôt ou tard, Gottéron rimera avec champion, c’est sûr. D’ailleurs, c’est simple et il l’a promis dans un article qualifié de « très intéressant » par son auteur (Le Matin du 26.9), Larry Huras va se mettre immédiatement au boulot. Sa première initiative ? Manger une fondue, histoire dit-il de « lancer la machine ». Voilà une idée qu’elle est bonne et qui dit tout de la manière dont il entend empoigner le problème. La fondue, c’est bien connu, crée la bonne humeur, ça sera déjà tout ça de pris à la morosité ambiante d’une équipe dont le bloc défensif ressemble à s’y méprendre à une meule d’emmental. C’est que 26 buts encaissés en l’espace de huit matches, surtout au pays du gruyère, ça fait beaucoup.

Qu’un ressortissant du Nouveau Monde vienne nous rappeler qu’on aurait tort de confondre le fromage à trous avec celui qui n’en a pas prouve une chose : c’est que l’on peut être Nord-Américain et s’adapter aux us et coutumes du pays où l’on vit.

Et dire que pendant ce temps, à Genève, Big McSorley, entraîneur et bistrotier en poste depuis 15 ans, continue de vendre ses abominables fried chicken….

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

Tout sauf Porrentruy !Le Quotidien Jurassien du 24.9 a relaté d’une manière fort sibylline l’accrochage qu’a subi Johann Schneider-Ammann sur l’A16 vendredi passé. « Le président de la Confédération a eu de la chance hier en se rendant à Porrentruy. Le véhicule dans lequel il se trouvait a été pris dans un accident, vers 18h30. » De la chance,

vraiment ? Il n’y a qu’une façon de comprendre cette phrase, c’est en la recoupant avec le fait que la Weltwoche venait, le jour précédent, de classer Porrentruy comme pire ville de Suisse. Effectivement, vu comme ça, mieux vaut se viander sur l’autoroute plutôt que de mettre les pieds dans la sinistre cité ajoulote. S. Ba.

Insoutenable légèretéAux filles moches qui

affirmaient aimer la nature,

on répondait autrefois « c’est

bien, t’es pas rancunière ».

Aujourd’hui, les choses ont

bien changé, puisque les

industriels sont capable de

modifier les lois de l’Univers.

Ou d’en rêver en tout cas. Dans

sa dernière publicité, la marque

Shiseido, qui a bien saisi que

l’attraction terrestre était la

cause directe de l’affaissement

des traits du visage, invite ses

clientes à « imaginer un monde

sans gravité ». Un monde où les

clés de bagnole flotteraient à

des kilomètres de la commode

de l’entrée, qui elle même

flotterait à des kilomètres de

la Xsara Picasso, qui elle-même

flotterait à des kilomètres du

petit dernier, lui-même perdu

à des kilomètres de son club

de judo. Mais un monde dans

lequel, sans aucun doute

possible, les visages seraient

irréprochablement lisses.

Le rêve quoi !

Supino sert la soupeLe Matin Dimanche (25.9) a publié une pleine page

d’un certain Pietro Supino. Un nouveau stagiaire ?

Non. Pour trouver la fonction de Supino, il faut lire

la légende qui accompagne son souriant portrait :

il serait président du conseil d’administration

du groupe Tamedia, éditeur du Matin Dimanche. Et

en tant qu’éditeur, Supino a parfaitement le droit

de poser « les nouvelles règles pour un service

public moderne ». Paru la veille en version originale

dans le Bund et le Tagesanzeiger, cet article prône

la diversité de la presse et le débat démocratique

par l’intermédiaire des journaux. Or « la SSR ne

devrait pas user du privilège de la redevance pour

concurrencer les médias privés », écrit Supino. Il est

brave, Supino. Ce numéro de Vigousse le démontre

à plusieurs reprises. J.-L. W.

Peter rampeQuelle malheureuse victime a encore trinqué la semaine

dernière dans le redoutable billet de Peter Rothenbühler du

Matin Dimanche (25.9) ? Le titre évoque son « Cher Markus

Hongler ». On ignore de qui il s’agit, mais on sait déjà que le

pauvre gars va déguster ! Ah tiens, non. C’est le directeur de La

Mobilière, et notre journaliste, d’ordinaire si caustique, n’a que

des platitudes et des remerciements à lui adresser. C’est que La

Mobilière, en tant que sponsor du Festival de Locarno, allonge

le pognon pour l’y inviter, comme il l’admet candidement (« J’ai

un parti pris… »). On serait Markus Hongler, on ferait gaffe à

nos chaussures : la langue de vipère, ça râpe. S. D.

Vigousse vendredi 30 septembre 2016

L A S U I T E A U P R O C H A I N N U M É R O16

«Toujours vivant, mon lapin ?» A l’époque, les scènes de ménage dans le couple Brad Pitt-Angelina Jolie se déroulaient sur grand écran. Et ça déménageait ! C’était dans Mr. et Mrs. Smith, film sur le tournage duquel les deux stars se rencontrèrent. Fusion des corps et des prénoms. «Brangelina», alias le couple le plus glamour depuis César et Cléopâtre, était né. Douze ans plus tard, la boucle est bouclée, le film est devenu la vie, la vaisselle cassée s’étale sur tous les écrans de smartphones du monde. Et rien n’a changé : cela se tire toujours dans les pattes. Au gros calibre. Les carottes sont cuites, mon lapin. L’un tombe sur le râble de l’autre. Et vice versa.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que les contes de fées modernes – Brad et Angie vécurent parfois heureux et ont beaucoup d’enfants – finissent mal en général. Au grand désespoir de tous ou presque. Le malheur des autres, surtout s’ils sont célèbres, cela rassure aussi. De madame Michu

chez son coiffeur à l’éditorialiste du Figaro en passant par le migrant syrien (euh, non, en fait, lui, même si Angie est ambassadrice de bonne volonté du Haut commissariat pour les réfugiés de l’ONU, il s’en fout, il

a d’autres problèmes plus existen-tiels), combien de lamentations, d’interrogations, de spéculations ?Faut dire que le scénario du nou-veau film de Brad Pitt et Angelina Jolie, Le divorce du siècle, est meil-leur que toute la filmographie des deux stars. On y trouve tromperie, drogue, alcool, violence, millions par centaines, château dans le Var, enfants utilisés comme des mines anti personnel et avocats qui se frottent les mains.

Tiens, en parlant de gosses, biolo-giques ou adoptés, et de baveux, Maddox Chivan, Pax Thien, Zahara Marley, Shiloh Nouvel, Knox Léon et Vivienne Marcheline fourbissent leurs armes, attendent d’être un peu plus grands pour pouvoir, eux aussi, se lancer dans une procédure judi-ciaire, faire un procès à leurs parents. Pour abus de prénoms grotesques !

Bertrand Lesarmes

Un mariage, ça se Brad ?

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« Finalement, j’ai droit à ces allocations, ou pas ? »

C. Darbellay

Il a dit la semaine prochaine

(ou du moins ça se pourrait bien)

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