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Séduction&tentation:NorahetLucilla

Norah,étudianteenjournalisme,vientdedécrocherunstagedansleprestigieuxmagazinedemodeFashionable.Lajeunefemmeestaucombledubonheur:sonjobestidéal,elleadorelavieeffrénéedeParisetelleemménageavecRémi,sonamourdelycée.Toutseraitparfaits’iln’yavaitpasLucilla,larigoureusePDGdeFashionable,quil’intrigueautantqu’ellelafascine.Lucillaestarrivéeautopdel’échellesociale,elleestrespectéeetinaccessible.Maiselleestsurtoutincroyablementsexy.LasuperbeItaliennefaitnaîtrechezNorahdespenséesinavouablesetdesfantasmesinconnusquilabouleversent.Etquandlesdeuxfemmescèdentàlatentation,cesonttouteslescertitudesdeNorahquivolentenéclats!

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Insupportable...maisàtomber!

Noran’aque24ansmaissesgrands-parentsluiontdéjàconfiélaresponsabilitédeleurhôtelnew-yorkais.Àlatêted’unétablissementaussiprestigieuxquedélabré,ellesebatentrelesclientscapricieuxetlesfacturesàpayer.Riendebienexcitantjusqu’aujouroùellerencontreNeilCaine,LEdesignerquetoutlemondes’arrachepoursacréativité…maisdonttoutlemonderedoutelesfrasques!Leurrelationserapleinedesurprises,depassion...etdetensionsentousgenres.

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Divineinsolence

Lajournéeavaitpourtantbiencommencé!Romane,jeuneassistanted’édition,aréussiàobtenirunrendez-vousavecunepersonnalitéincontournable.Maistrèsviteriennevaplus:auboutd’uneheured’entretien,elleréaliseque«lapersonnalitéincontournable»l’aconfondueavecquelqu’und’autre,etquandelles’enfuit,mortedehonte,elleseretrouvecoincée,seule,dansl’ascenseur.Neluiresteplusqu’àrespirerprofondémentenattendantqu’unhérossuper-sexyladélivre.Là,ellerêve,lesmecs,çafaitlongtempsqu’elleafaitunecroixdessus…Etpourtant…

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BadLove–Captivemaisinsoumise

Unmatin,Elsaseretrouveprisedansunefusilladedevantlesécuriesoùelletravaille.L’inconnuquiétaitvisél’entraînedanssafuitepourlaprotégerdestueursdontelleavulevisage.RetenuedanssonharasduKentucky,elleserebellecontrecettecaptivité,maisnepeuts’empêcherdetombersouslecharmedubelOscar,aussisexyquemystérieux…Entredangeretséduction,lavied’Elsaseretrouvecomplètementbouleversée!

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Toutça,c’estlafauteduchat!

Toutça,c'estlafauteduchat!JedevaisresteràSanFranciscoquelquessemainesseulement,letempsd'uneexpositiondephotos.MaisPrince,cemauditfélin,atoutfichuparterre!Prince,etsurtoutsonpropriétaire:Jason,lebeau,séduisant,irrésistiblechanteurdeGolden.Unaimantàproblèmes!Legenred'hommequejefuissansmeretourner,d'ordinaire.Seulement,jen'aijamaissurésisteràundéfi…Surtoutquandcelui-ciestaussisexyqueJason.Alors,lesproblèmes,j’enfaismonaffaire.Quitteàjetermoncœurettoutesmesconvictionsdanslabalance!

Tapotezpourvoirunextraitgratuit.

EmmaM.Green

FALLAITPASMECHERCHER!

Volume2

ZNIL_002

1.Onaditstop

Valentine

Jedoisavoirunetrèshauteestimedemoi-même(ouentoutcasdemonsystèmereproductif)pouravoirpupenserquelapiluledulendemainnemarcheraitpassurmoi.Quejeferaispartiedes5%defemmes aux hormones invincibles. Dommage. Je trouvais qu’une déesse de la fertilité, ça collaitplutôt bien avec un Viking surhumain à tresses. Malgré le lot incommensurable d’emmerdes quiseraitalléavec,jemeseraisbienvuenArtémisauxcheveuxcourts,avecmoncarquois,mesflèchesetmongrosbidon,défendantlaviecoûtequecoûte.OualorsenJunon,dontleseinlourddébordedesatogeromaine,enfantantundemi-dieu,seule,pendantquesoninfidèleJupiters’amuseàfoutreenl’airlecieletlaTerre.Dansunecrisedeniaiseriesuraiguë,j’aimêmecherchélenomdeladéessefertiledans lamythologiescandinave:Frigg.Charmant,n’est-cepas?Trèsdoux,commeprénom.Infinimentchaleureux,pasfrigidepourunsou.Non,décidément, laculturenordiquen’estpasfaitepourmoi.JevaisgarderValentine.Etremisermesrêvesdemini-Nilsdansuncoin(bienenfoui)dematête,aurayon«fantasmesànejamaisassouvir».

Çafaitsixmoisquejemefélicitetouslesjoursdenepasavoirreproduitleschémafamilial,denepasêtre tombéeenceintedumauvaismec, tropbeaupourêtrevrai, tropconpourrester(etsurtoutbien trop extraordinaire pour se contenter d’une petite brune consommée à l’arrière d’un pick-updanslaforêtmalgache).PourNilsEriksen,cedoitêtreunenuitparmitantd’autres.Lapreuve,ilm’adéjà remplacée par une pouf rousse aux seins débordant de santé, capables de nourrir une famillenombreuse,même de petits Vikings affamés. EntreNils et cette fameuse Rita, ça aurait pu ne pasdurer.Etj’auraissurtoutpunepaslesavoir.Maisilafalluqu’ellefasseunpeudecinéma,quelquescapricesdestarletteetdesphotosplusoumoinsàscandalepourfaireparlerd’elle.Etdoncdelui.Une photo d’eux me saute aux yeux, un beau matin, au hasard d’un magazine people feuilletéhonteusementdanslasalled’attentedudentiste.

QuandleDrWongm'appelle,j’ensuisàlirelalégended’unephotodébile:LabombeRitaShankn’apasfroidauxyeux…niailleurs,sousunclichédel’actricedescendantdevoitureenayantomisdeporter une culotte. Quand le Dr Wong répète « Valentine Laine ? » sur un ton interrogatif etlégèrementimpatient,jedaigneleverlesyeuxdutorchonetcroiseleregarddel’uniqueautrepatientprésent:desexemasculinetd’âgeavancé,illèvelesmainsenl’airpourconvaincreledentistequ’ilnes’appellepasValentine.Trèsaimablement, je laisse levieillard innocentpasseravantmoisur lefauteuilde torturepourpouvoirpoursuivrema lecture.L’articleconcernantNilsetRitane faitpasplusdesixlignesetsefinitsurcettephrase:«Lebeaublondquiluiouvrelaportière,avecsesairssuédois,doitêtrehabituéauxgrandscourantsd’air.Çan’apasl’airdeluifairepeur!»

Ilestd’originenorvégienne,banded’idiots!

Etnon,iln’apeurderien.Etoui,ilpeutdonnerchaudàn’importequi…

Jerefermesèchementlemagazine,commesileclaquementdespagespouvaitarriverdirectement

sur la jouedeRitaShank,demapart.Puis j’attendsnerveusementmontour,enpensantquejevaisêtreenretardaubureau,quejen’auraisjamaisdûlaisserpasser«MonsieurValentine»devantmoi,et que même la sensation de la fraise en acier sur mes dents sera une torture moindre que cettemaudite photo gravée dans mon cerveau. Nils et son costume anthracite, Nils et sa carrure degladiateur,Nilsetsescheveuxblondspresqueblancs,quiontunpeurepoussédepuisladernièrefois,Nilsetsonimmensemainouverteversleciel,recueillantgalammentlesdoigtsmanucurésdeRita,Nilsetsesbeauxyeuxgrisplissés,peut-êtreamusésparlespectacledel’actricenaturiste,peut-êtreunpeu agacé par le flash du photographe. Le bourdonnement métallique de l’autre côté du mur mecrispeunpeuplus etmonesprit sadique s’amuseàme torturer encoredavantage,me révélantdessouvenirs invisibles sur lecliché : les sublimes tatouages tribauxdansant sur ses largesépaules, lecontrastedesdessinsnoirsetmystérieuxsursapeaublanche,presqueangélique ; lesoyeuxdesescheveuxlongsdel’époque,quicoulaiententremesdoigts;laforcetranquilledesesmainssurmoncorps, tourà tourdélicatesetviriles ; la tracedemamorsuredeplaisirà l’intérieurdesapaume,preuvesansdouteeffacéedenotrenuittorride.

Mais pourquoi toutes ces images me hantent encore ? Pourquoi toutes mes sensations semblentfadesdepuiscellesqu’ilm’aprocurées?

DrWong,venezmechercher!Etfaites-moimal,s’ilvousplaît,quejepuisseunpeul’oublier!

***

Après un détartrage presque indolore (et bien incapable de remplir sa «mission sensations »),j’arrive justeà tempsà la tourCoxpour la réunionde10heures.Jemedirigedirectementvers lagrandesalle,mavesteetmonsacàmainencoresurmesépaules.

–Tuaspristamatinée?medemandemonpère,déjàinstalléauboutdelagrandetableenU,Lanaàsescôtés.

J’ignoresic’estunestupideplaisanteriedebureau,unetentativedecomplicitépère-filleoujusteunedeses remarquesdecontrol freakaccroauboulot,quin’envisagerait jamaisdecommencersajournéedetravailaprès7heuresetdemiedumatin.

–Mercide t’inquiéterdemonemploidu temps,Darren, lancé-je,d’unair toutà faitsérieux.Laprochainefois,jetedemanderaiuneautorisationd’absenceavantdeprendrerendez-vouspourmonfrottisannuel.Maispasd’inquiétude:aucunedescendanceàl’horizon,tun’auraspasbesoind’ajouterunautreenfantnondésiréàtontestament.Àmoinsquequelqu’und’autreseportevolontairepourtefairececadeau…?

Sansmêmequej’aiebesoindelaregarder,Lana(brasdroitdemonpèreautantquesamaîtresseattitrée)piqueunfardetplongelenezdanssesdossiers.Ellenesemblepasréaliserqu’elleregardeuntasdefeuillesécritesàl’envers,qu’elleavisiblementoubliéderetourneravantdesechercherunecontenance.Monpèresecontentedeseraclerlagorge,deresserrersonnœuddecravatequin’enapasbesoinetdesourirepourdefauxàFaithetLewis,quiarriventjuste,suivisdeprèsparBecca,JeffetRory,lestroischefsdeserviceconcernés.

– On est au complet, on peut commencer, annonce rapidement Darren pour briser le silencegênant,enfrottantbruyammentsesmainssèchesl’unecontrel’autre.

J’ignoresonticd’impatienceetdémarrelaréunionenannonçantquenotretoutnouveauservicedetrocvapouvoirvoirlejour,enversionbêta.Ons’attendévidemmentàcequ’ilexploseetpeut-êtremêmerévolutionnecarrémentlemarchédelaventeenligne.Àl’exceptiondemonpère,toutlemondeautourdelatablearboreunsourirefier,victorieux…etfatigué.Çafaitàpeinesixmoisquenousdévelopponscetteidéepourcouperl’herbesouslepieddenotreconcurrentdirect.AvecFaith,manouvelle assistante, les équipes de développement, les créatifs et les commerciaux, nous avonsbossécommedesacharnésdanscettecoursecontrelamontre.Dansl’histoiredugroupeCox,jamaisunservicen’aétépensé,conçuetproduitdansde telsdélais.Darren,commen’importequelPDG,devraitêtreépoustouflé.Maisilhochesimplementlatêteenagitantsescheveuxblancs(qu’ilgardeun peu trop longs, pour faire jeune). Ses petits yeux noirs et austères ne laissent passer aucuneexpression(maistrahissentlargementses64ans).

Ilyadeschosesquemêmeunefortunededixmilliardsdedollarsnepeutpasoffrir…

Lassede son indifférence, jepasse laparole àLewisColepour lesdétails techniques et surtoutchiffrés,quidevraientdavantageintéresserlePDGCox.Desavoixmonocorde,Lewism’assommeen moins de temps qu’il ne faut pour le dire. J’en profite pour laisser discrètement mon espritvagabonder.Toutseul,ils’amuseàrésumerlasituation:moi,ValentineLaine,jemesuisenvoyéeenl’airavecl’hommeengagéparmonpèrepourmeramenersaineetsauved’unviolentkidnappingàMadagascar.Engagé,d’ailleurs,nonpaspourprotégersafilleunique,maisbienjustepourassurerl’avenirdesongroupeadoré.Çapourraitêtreunpeutristeoucarrémentpathétique,maisvusouscetangle,çamefaitpresquesourire.C’estdoncl’argentdeDarrenCoxenpersonnequiapayémanuitdesexedémenteàlabelleétoile.Etc’estbienlapremièrefoisquej’aienviedediresincèrement«mercipapa!»

Etsijemefaisaisànouveauenlever,moi…?

Cette idéestupideme traverse l’espritpendantque jecrayonnesansypenserdans lecoind’unefeuille, avant de réaliser que j’ai dessiné demystérieuxmotifs tribaux remplis de noir, que Faithessaiededécrypterpar-dessusmonépaule.

[Faisaumoinssemblantdesuivrelaréunion…Pascommemoi!]écris-jeenpetiteslettres,àsonintention,avantd’ajouterunsmileyquiclignedel’œil.

Comment perdre toute crédibilité professionnelle en moins de dix secondes, pour un mauditcolosseblondettatoué,quim’aoubliéeaussivitequ’ilm’aséduite?Ilsuffiraitpourtantquejefasselamêmechose.L’effacerdemamémoire.Demapeau.Çafaitdéjàsixmoiset jesuiscertainequemoncerveauaembellilessouvenirsquej’aidecettenuit.Pathétique.NilsEriksen,sorsdececorps!Toutdesuite!Oualorsrevienst’yloger,doucement,profondément,follement,commetusaissibienlefaire…

Non!Stop!

Jerefermemabouchebêtemententrouverte,retournemafeuillegriffonnéeetreprendsmonairlepluspro,lesyeuxrivéssurcebonvieuxLewisCole.Pendantqu’ildébitesesinformations,pourtantintéressantes,maissansaucunemodulation,sachemisese tendsursonventrebedonnantet le tissus’écarte dangereusement entre deux boutons, juste au niveau du nombril. J’ignorais qu’on pouvaitêtreaussipoiludecettezone.CommentétaitleventredeNils,déjà?Musclé,d’accord,maisimberbeoupas?

Onaditstop!

Simêmemonjobquej’adoreneparvientplusàmefaireoubliercetenfoiré,jesuismal.J’aiunmilliard de choses à faire, comme tous les autres jours, j’ai un père à provoquer, samaîtresse àignorer,unemèreàsoutenir,desgalasmondainsauxquelsjedois(etveux)assister,etmêmeunmec,oupresque(ouentoutcasquiaccepteraitcetitresijeluidemandais).Pascommel’autre.Entoutcas,mavieestdéjàbienassezremplie.Jen’aipasbesoindelui.

AprèsuneheuredeLewisetprèsdedeuxheuresdetourdetable(oùchacunapuprendrelaparolepourprésenter sapartie), j’aperçoisAïnade l’autre côtédesbaiesvitréesqui entourent la sallederéunion.Ellemefaitdegrandssignes,pointesamontredel’index,puissabouchegrandeouverteetsonestomacapparemmentvide,mimeavecsesbrasdesaiguillesquitournentauralentipuissimulefinalement un malaise hypoglycémique. Je retiens un éclat de rire, remercie Rory, le dernierintervenant,puis libère tous lescorpsquigargouillent et rêvent sûrementde s’étirer, avantde leurdonnerrendez-vouspourl’ultimedénouementdecetteréunionendébutd’après-midi.

–J’aicruquetunesortiraisjamaisdetonbocal!gémitmonamied’enfance,àvoixbasse.

Je luioffreuneparfaite imitationdeNemopour toute réponse :grandsyeuxqui louchent, jouesgonflées d’air, bouche qui fait de fausses bulles, jusqu’à ce qu’Aïna me saute dans les bras. Cesderniersmois,elleatravailléd’arrache-piedsursonreportagedénonçantletraficdeboisderoseàMadagascaretaréussiàvendresonfilmàunechaînedetéléfrançaise.Pourlemoment,iln’estpasquestionpour ellede remettreunpieddans sonpaysnatal, oùelle estdevenuepersonanongrata.Alors ellem’a rejointe il y a quelques semaines auxÉtats-Unis (après que je l’ai suppliée un bonmilliondefois),oùellevapouvoirsoufflerunpeutoutencontinuantsoncombatdeloin.Jecroisqu’ellen’imaginaitpasqu’ilseraitsidifficiledesefairedepetitesplacesdansmonemploidutempssurchargé.Elleaarrêtédeme fixerdes rendez-vousque jedois régulièrement reporter,etpréfèrevenirmesurprendreàlatourCoxetm’amadouerdesesyeuxdecockeraffamé.

–Bon,onvadéjeuner?Jet’attends,moi!ironisé-jeenm’éloignant.–Tiens,salutFaith!lancegaiementmacopineendirectiondemonassistantequisedirigeaussi

verslasortie.–Bonjourmadame,répondcettedernière,sansunsourire,avantdedéguerpir.–Madame?!Moi?!Valentine,tuessûrequ’ellenesedroguepas?–Faithest légèrementprotocolaire, tenté-jed’expliquer.Ellepeutavoir l’airunpeusévèremais

c’estpourcachersatimidité…–Jenecomprendraijamaispourquoituasembauchéunefilleaussidifférentedetoi…etdemoi,

soupireAïna,lamineboudeuse.–Parcequej’aibesoindequelqu’underigoureux,dedroitetd’appliquépourmeseconder,etdont

lesensdel’humournevapasmedistrairetouteslestrentesecondes.Quelqu’unquin’estpasdouéenmimes, par exemple. Et qui ne va pasme raconter ses exploits sexuels ou ses fantasmes surTomHardytouslesmatinsàlamachineàcafé.

–Pasdeblagueetpasdecul,tuveuxmourir?!medemande-t-elle,outrée.–JesuissûrequeFaithaunesensualitécachée,enfouiequelquepart,quiserévèletardlesoir…–Arrête,jerefusedevisualiser!bougonneAïna.

Avecses tressesplaquéessur lecrâne,sonsarouelprèsducorps (sansdoute issuducommerceéquitable),sondébardeurcourt,sessandalesencordeetsesdeuxbouclesd’oreillesdifférentes,mameilleure amie a tout de la fille roots qui se lave un jour sur deux,mange des graines, fume desfeuilleset fabriqueelle-mêmesesvêtementsetbijoux.MaispourconnaîtreAïnaRakoto (ouplutôtVololoniaïnaRakotonalohotsy),ilfautcreuserunpeuplusqueça.

Elleseplanteàcôtédemoi,lesbrascroisés,unemoueronchonnesursonjolivisagetypiquementmalgache,etnousregardonss’éloignermonassistante:unegrandelianeàlapeautrèsnoireetauxcheveuxaussiraidesquesadémarche,usésparleferàlissersurlequelelledoittirerchaquematinpourdisciplinersescheveuxcrépus.Voilà,toutenellen’estqueraideur,droitureetdiscipline.Toutlecontrairedemonamied’enfance,souple,adaptable,rusée,imprévisible,éprisedeliberté.

–Bon,d’accord,Faithestpeut-êtreunpeupsychorigide,finis-jeparadmettre,vaincue.–Àcestade,c'estplusunbalaiqu'elleadanslederrière,c'estunséquoia!conclutgaiementAïna.

Jepouffederireetpassemonbrassouslesienpourl’entraînerdehors,enfin.Aprèsavoirquittélatour, on s’installe sur des tabourets hauts dans un bar à salades de Downtown Los Angeles, oncommande des plats aux jolis noms « nature » et on reçoit d’énormes bols remplis de cruditéscolorées,d’ingrédientsfrits,defromagesentoutgenreetdesaucesonctueuses,quin’ontplusgrand-chosedesainàlafin.

–Alors,Milone t’a toujourspaspassé labagueaudoigt?m'interroge lacurieuseauxyeuxenamande.

–J’aibiencruqu’ilallaitposerungenouàterreladernièrefoisqu’onestsortisensemble.Jeteprometsquemoncœurs’estarrêtépendantqu’ilrefaisaitseslacets.

–JecroyaisqueMiloDeClareétaitexactementtontyped’hommes…insistentlesyeuxfouineurs.–Qu’est-cequetuveuxquejetedise?Ilestcharmantetraffiné,intéressantetcultivé,ilmetient

lesportesetmeglissesavestesurlesépaules,iladebonnesmanièresetdebellesvaleurs,desyeuxverts à tomber et un superbe avenir, il ne ferait pas de mal à une mouche, même si elle l’avaitcherché…

–Ettoi,ValentineLaine,tuasenviequ’ontefasseunpeumal,semarreAïnaenondulantsursontabouret,l’airsauvage.

–Non!medéfends-jeenchassantuneimagedeNilsquisurgitdansmonesprit.Justed’avoiruntoutpetitpeupeurdecequipourraitsepasser.

– Si c’est l’aventure que tu veux, commence par quitter ta tour dorée et ton bocal à poissons.Quandest-cequ’onrepart?!

–Quandonnerisqueraplusdesefairekidnapper,séquestrerettripoterpardesfous…!–Ilmesemblequetun’étaispasladernièrepourtefairetripoteràl’arrièred’uncertainpick-up.–Ah,ça…dis-jesuruntonnonchalant.C’étaitdifférent.J’avaistropd’adrénalinedanslesang,il

fallaitquej’extériorise.–Ettoutelaforêtaprofitédevosébats!souritAïna.Ilparaîtqu’àMada,lesanimauxrefusentde

sereproduiredepuisqu’ilsvousontvus…Tropdepression!–Etjelescomprends!

Jerisdeboncœurmaisjeréaliseexactementàcemoment-làpourquoijen’arriveplusàlaisserMilom’approcher,medéshabiller,mecaresser.

Tropdepression.Pasassezdefrissons.

Enpassantaprèsleblond,lebrunnepeutsouffrirlacomparaison.

–ToujoursaucunenouvelledeNils?reprendmacopinequandellearrêteenfinderireàsapropreblague.

–Non,etjeneveuxtoujourspasquetudemandesàSamuelsonnuméro,ladevancé-je.Çadated’ilyasixmois.Etjeterappellequ’ilestdétectiveprivé,s’ilavaitvoulumejoindre,çafaitlongtempsqu’ilauraittrouvéunmoyendelefaire.

–OK,commetuveux…–Etçafaitlongtempsquecettebruteestsortiedemonesprit.–Messagereçu!capituleAïna.–Etvousêtestoujoursencontact,Samettoi?–Plusoumoins,merépond-elle,labouchepleine.Ons’estrevusplusieursfoisàParis,avantque

quelqu’unm’obligeàdéménagerenCalifornie!– Vous aviez tant de choses que ça à vous raconter ?! me renseigné-je, le plus discrètement

possible.–C’estuntypeintéressant,soussesairsdetchatcheur.Ilsontdéjàvécudixvies,avecNils.–Ahbon?commenté-jepourlapousseràendireunpeuplus.– Ouais, enfance chaotique, familles d’accueil, fugues… Puis la galère, la débrouille, une fois

devenusados.Après,jenesaispastrop.– Difficile de se construire dans ces conditions-là, fais-je un peu tristement. Mais à part leur

humourpourrietleuramourdelabaston,ilsnem’ontpassembléparticulièrementdéséquilibrés…–Apparemment,ilspartagentplusqueça.Legoûtdurisque,l’insubordination,unproblèmeavec

l’attachement,forcément.–Mouais,marmonné-jeenhaussantlesépaules,l’airfaussementsceptique.–C’estmarrant,quandmême,cetteenviedesavoirdestrucssurune«brutesortiedetonesprit»,

metaquinemonamie.–Jem’intéresseaugenrehumain,figure-toi!–Oui,surtoutquand iladesairsdeViking,uncorpsderêvequi fait trembler lespick-upetde

mauvaisesmanièresquifontfantasmerlesfillespresquefiancées…–Tais-toioujet’enfoncecesbillesdemozzadanslesnarines!

Tais-toiou je t’avoueque jenepensequ’à lui,presque toutes lesnuits,Nilsquime faitdubien,Nilsquimefaittoutesceschoses,Nilsquipourraitmefairedumal…

Aufait,onn’avaitpasditstop?

2.Paspourmoi

Valentine

Dans lesmeilleurs jours,unevingtainedeminutesséparent la tourCoxde lavillaCox,situéeàSantaMonica.Ledouble,lorsquelacirculationn’estpasaussifluidequ’aujourd’hui.

Parcequemonpèreestunnarcissiquedepremière,ilfautquetoutportesonnom.

Toutengardantunœilsurlefeurouge,jeconsulterapidementmesderniersmessagesreçus.Riendenouveau,àpartunlienquevientdem’envoyerAïna.Jecliquedessussansypenserettombesurunarticle relatant la dernière escapade de Nils et Rita. Photo à l’appui. Mon téléphone atterritviolemmentsurlabanquettearrière,j’écrasel’accélérateuretallumelaradiopourpassermesnerfssurlederniertubedeRihanna.

Nepasoubliermamission.Àcetinstant,riend’autrenecompte.PasmêmeLUI.

Sij’aiquittélebureauendébutd’après-midi,c’estparcequemamèren’estpassortiedesonlitdepuisdeuxjours.Celafaitplusieursannéesqu’elleconnaîtdeshautsetdesbas,maislamélancolieetlanoirceursemblentgagnerdeplusenplusdeterraincesdernierstemps.Lessouriresqu’elleaffichecachentsouventdespenséestoutautreset lorsqu’ellen’estmêmepluscapabledefairesemblant, jeréalise à quel point la situation est grave. J’ai demandé à son psy de passer la voir, cematin, il adécidéd’augmentersontraitementmaisn’apasréussiàluiarracherplusdedeuxmots.

FlorenceLaine-Coxn’arrivepasàleconcevoir,maiselleestl’unedesplusbellesfemmesquejeconnaisse.Une grande brune de 47 ans, qui en fait dix demoins et qui n’a jamais perdu sa taillemannequin. Ses cheveux ondulés et soyeux lui tombent au milieu du dos, tandis que ses lunettesrondesàfinesbranchesluidonnentcepetitcôtéintelloetmutinquiplaîttantauxhommes.Mamèreest également pourvue de cette sensibilité, de ce petit supplément d’âme qui fait d’elle un êtred’exception.Maisunêtrequiaété fendu,presquebrisé.Laviolenced’unhomme,Pascal,monex-beau-père, luia laissédelourdesséquelles:unmal-êtreetunepeurprofondequilahantentdepuispresquedixans.

Etj’aiassistéàtoutça,impuissante…

J’avais16ansquandcecherPascalaenvoyémamèreauxurgences.C’estlàquej’aienfinréussiàlaconvaincredeporterplainteetdelequitter.Aprèsunedépressiondeplusieursannées,Florencen’acommencé à remonter la pente que lorsque Darren, mon père et son seul amour, a accepté del’épouser. On a quitté la France pour les États-Unis, on s’est installés à la villa Cox et on a faitsemblant de former une famille normale. C’était il y a quatre ans et ce n’était rien d’autre qu’unmariagedeconvenance,maisçasuffisaitaubonheurdemamère.

Aujourd’hui,jen’ensuisplussisûre.

Jechasselesimagesquimepoursuivent(labruteépaissedePascal,lesbleussursonvisageàelle,les coupures sur ses bras, le sang sur lesmurs…) et pénètre dans sa chambre après avoir frappédoucementàsaporte.Simenueetsiblanchedanscegrandlitauxdrapsivoire,lesyeuxfermésetlespoingsserrés,ellen’estquelefantômed’elle-même.Cettevisionmefaitmalaucœur.Etmemetencolère. Je l’embrasse sur le front puis vais brutalement ouvrir les rideaux, puis les fenêtres. Elleproteste,lalumièrel’éblouit,jelaisseentrerl’airdanslagrandepièceetvaism’asseoiràsescôtés.

–Ilfautquetusortesdecelit,maman.Etquetumanges.

Mavoixétaitdouceetdéterminée,maisFlorencenel’entendpasdecetteoreille:

–Pourfairequoi?soupire-t-elleenposantsesmainsgracilessursesyeux.–Pourallermieux…fais-jedoucement.–Commentest-cequejepourraisallermieux?s'écrie-t-elleenéclatantsoudainensanglots.Ilm’a

épouséeuniquementpourobtenircequ’ilvoulait !Toi !Unehéritièrepour reprendre les rênesdesonsatanégroupe!

–Darrenn’apasdecœur,cen’estpasnouveau,grogné-jeenserrantlesdents.

Lessanglotsdemapauvremèresetransformentenhoquetsincontrôlés.

–C’estàcause…delui…quejemeursàpetitfeu…–Résiste,maman!l’imploré-je.Vispourautrechosequepourlui!Vispourtoi!Pourmoi!– Je ne fais que ça, ma douce. Si tu n’étais pas là, je serais déjà partie… murmure-t-elle en

reniflant.–Nedispasça!–C’estellequ’ilaime…Lana…Moi,jenesuisrien…

J’enaiassezentendu.Jerepoussebrusquementledrapquilarecouvreetlaforceàselever.Danssonpeignoirgriffé,seslonguesjambestremblentd’abordunpeu,puisellemesuitjusqu’àlaterrassedesachambrequidominel’océan.

– Respire et regarde ça ! m’écrié-je en tentant de lui faire entendre raison. Regarde la beauté,l’immensitédecequit’entoure.Regardetoutcequiestàtaportée.Toutl’argent,toutelalibertédonttudisposespouraccomplirtoutcedontturêves!

– Je ne rêve que d’une chose, Valentine, m’avoue-t-elle tristement. Être aimée de celui quej’aime…

–Alorsbats-toi,nomdeDieu!Lance-luiunultimatum!Lanaoutoi!Il tient tropàsonempirepourtelaisserfiler…

–Mebattre?Jen’enaipluslaforce.Etpuisjeneveuxpasd’unhommequimeseraitfidèleparobligation.Jeveux…Jeveuxqu’ilsoitamoureux.Commejelesuis…

–Maisqu’est-cequetuluitrouves,bordel?marmonné-jeenfixantl’horizon.–L’amournes’expliquepas,Valentine.Etiln’épargnepersonne.Tufinirasparlesavoir…

Merci,sansfaçon.

Uneheureplus tard, jequittemamèrequiaacceptéd’avalerunbagel,deprendreunbainetde

s’installer sur notre plage privée, plutôt que dans la pénombre de sa suite du premier étage. Jel’embrassepuistraversel’immensevilla,pourallerretrouvermavieilleMercuryCometdécapotable(récemmenttroquéecontremonSUVdefilleàpapa…quejenesuispas).Enarpentantlesalon,aussiprétentieuxetimpersonnelquel’estmonpère,jesuistentéedefairemalencontreusement tombersaNixieMachine,cettesaletéd'horlogequ’ilchéritcommelaprunelledesesyeux.

Àquoibon?Ilclaqueraitdesdoigtsetendénicheraituneautredansl’heure…

Lejouretlanuit.Entraversantchaquepiècedurez-de-chaussée,jesuisànouveautroubléeparledécalaged’ambiancequirègnedanscettemaison.90%delavillaontétédécorésparundesigneràlamode, engagé parDarren. Le rendu est épuré,moderne, froid et sans âme. L’étage qu’occupemamère est chaleureux, vivant, presque bordélique. On y trouve des bibelots partout, des poupéesanciennes, des figurines désuètes, des tableaux colorés et des photos par dizaines (demoi, le plussouvent). Du coup, impossible d’ignorer que mes parents vivent dans deux espaces bien séparés.Chacunleurterritoireetceluidemamèreestlimité.Avecelle,Darrenn’ajamaisvoulupartagerplusquesonnometunepartiedesoncompteenbanque.

Ah…etmoi.

MonmoteurflambantneufrugitsouslecapotrougeviflorsquejepasselesgrillesduparcdelavillaCox.J’aideuxmotsàdireàmonpère.Voireplus.

***

Lacirculationn’étaitpaslamêmedanscesensetjedébarqueàlatourCoxuneéternitéplustard,enmeretenantdebalancerdesuppercutsàlapremièrepersonnequim’adresselaparole.L’ascenseurdans lequel je grimpe est exceptionnellement vide : je peuxme défouler sur la voix automatiquejusqu’àcequelesportess’ouvrentaudernierétage.Lasecrétairedemongéniteurtentedemeretenir,jelacouvredegentillesses(parfois,lesgrosmotssontaffectueux)etdébarqueaubureaudansleciel.

Jem’attendaisàtrouvermonpèreencompagniedeLana.Maispasdanscetteposition-là.

–Valentine!Sorsd’ici!hurleDarrenalorsqu'ilalesmainssurlesseinsnusdesamaîtresse.

Jedaignemeretourner,letempsqu’ilsserhabillent,maisnequittepaslapièce.Jeneleurferaicecadeaupourrienaumonde.

–Tum’asentendu?grognelePDG,dontj'entendslabraguetteremonter.–Danscinqsecondes,jemeretourne…lesmenacé-je.–Non!Uneminute!paniqueLana.Touscesfichusboutons!–Ilsuffiraitpeut-êtredenepaslesdéfaire…sifflé-jeenm’impatientant.

Je finispar ignorer ses jappementsetvaism’asseoirdans le fauteuilquivientd’assisterà leursébatslubriques...etrépugnants.

– Vous savez que ça s’appelle un adultère ? Et que ça pourrait vous coûter cher ? fais-je en

directiondesdeuxamants.–C’est pournous apprendre lavieque tu t’esdéplacée ? ironisemonpère.C’est trop aimable,

maiscen’étaitvraimentpaslapeine…–Ellepeuts’enaller?demandé-je.–Non,ellepeutrester!tranche-t-ilquandlablondes’apprêteàdécamper.

Tandisquejefusilleduregardl’hommequim’aconçue,sapouledeluxesemetdansuncoinetsefaittoutepetite.

–Si jesuis là,c’estparceque ta femmeesten traindedépériraufonddeson lit, fais-je leplusfroidementdumonde.

–Elleiramieuxdansquelquesjours…soupire-t-ilenresserrantsacravate.–Tusaisquec’estfaux.–Elleestfaible.–Elleavécul’enfer.–D’autresontvécupire.–Tuluidoisfidélitéetassistance!lâché-je,horsdemoi,àdeuxdoigtsdesauterpar-dessusson

bureaupourl’éviscérer.–Cen’estqu’unmariage,Valentine.Nesoispasaussinaïvequetamère…fait-il,pleindemépris.

Jemelève,incapablederesterimmobile.Tousmesmusclessonttendus,prêtsàfaireuncarnage.Delavoixlapluscalmepossible,jerappelleàmonenfoirédepèrelestermesdenotrearrangement:

–J’aiacceptédereprendrelegroupeàdeuxconditions:quetuépousesmamère,maisaussiquetuprennessoind’elle.

–Ellenemanquederienfinancièrement,si?riposte-t-ildansunsourirearrogant.–J’ignoresituespireentantquemariouentantquepère…–Parcequetucroisqueçam’intéresse?s’impatiente-t-il.–Darren,j’aivécuvingtanssanstoi,sanstonargentettasuffisance.Nemepoussepasàrevivre

lebonvieuxtemps…–Tamèreenmourrait,sijelaquittais,résume-t-ilfroidementenhaussantlesépaules.

Uncoupdepiedenpleinetête,c’estcequejeviensderecevoir.Dumoins,c’estl’effetressenti.

–C’estvraiquec’esttaspécialité,ça…murmuré-je.–Quoidonc?–Quetouslesgensquit’entourentfinissentparmourir.–…

LouisaetDavid:sonex-femmeetsonfils.Décédésdansunaccidentdevoitureilyamaintenantcinqans.

Et soudain, en sortant de cebureau, j’ai la nausée.Parceque ceque je viensde faire est infect.Laisserlesmortsenpaix,c’estlamoindredeschoses.

***

– S.O.S.,Aïna, besoin de toi !m’écrié-je dans le combiné en faisant claquer la portière demaComet.

Jeviensdeme réfugierdansmonbolide, sans savoiroùaller. J’appellemameilleureamieparréflexe,espérantqu’elleauraquelquesheuresàm’accorder.Parchance,elleestàpeuprèsdans lemêmeétatquemoi.

–Lafilledelacousinedemamèrechezquijesquattemerenddingue!s’égosille-t-elleàsontour.Elle sebarre encroisièredemain,mais enattendant jenepeuxpluspasserune seuleminute en sacompagnie!Ellecollectionnelesgrenouillesenterrecuite,Valentine!Etelleleurparle!

–Bon,onretournechezlesBarons?fais-jeenéclatantderire.–Ouais,unoudeuxpetitscoupsdemachette,çanousremettraitlesidéesenplace…

Quelquesminutesplustard,noussommesàcourtdeblaguesetd’idéesdouteuses.

–Onvasedéfouler?meproposeAïna.J’aideuxentréesdansunenouvellesalledegym…–Letempsquejerepassechezmoipourmechangeretquejerevienne,çarisquedefairetard.–Paslapeine,jet’amèneunetenue!Rendez-vousdansvingtminutessurFountainAvenue!–OK!Évitejustelejustaucorpsrosebonbon!

Ellearaccrochéavantd’entendremarequête.Connaissantsonsensdel’humouretdelamode,jecrainslepiremaisdécidedemerendreaulieuderendez-vous.MêmesiAïnaestlaprodes«plansfoireux»,j’aibesoind’unexutoire.Demelaisserporter.Denepasdéciderduprogramme,cesoir.D’y aller les yeux fermés (on klaxonne derrière moi, je les rouvre) et d’oublier, le temps d’unesoirée,touslesdramesdelafamilleCox.

EtuncertainVikingauxmainssidouces…

Enparlantdedouceur, les températuresavoisinent lesvingtdegrésencedébut février,maismameilleureamiedébouleendoudouneetbottinesfourrées.

–Quoi?balance-t-elleenserendantàlaréception.Ladoudoune,c'estpourcommencerlaséanceavantl’heure.Jemefaissuer!

–Charmant…grimacé-je.Onseferalabiseuneautrefois.– Des douches sont disponibles à tout moment. Même avant la séance, si besoin… précise la

blondequinousdésignelesvestiaires.

Aïnaluirépondunehorreurenmalgache,puistrottinejusqu’auseulcasiervertencorelibre.Laplupartdesbleussontpourtantdisponibles.

–Tuasquelquechosecontre lebleu?ris-jeenlavoyantfourrersonénormedoudounedanslepetitrangement.

–Non,cecasierestpournousdeux!Ilestassortiànostenues!–Vertfluo?Vraiment?Aïna…Vertfluo?!

Vraiment.Vertfluo.Leleggingetletee-shirtqu’ellemetendsontaussilaidsquescintillants.Mameilleureamiem’expliquequ’elleabénéficiéd’unepromo«1offertpour1acheté»etenfileson

proprelotcommesiderienn’était.Pire:commesielleétaitautopduglamourdanscesvêtementsinfâmes.

–Excusez-moi,demandé-jesoudainàunequadragénairequipasseparlà.Voussavezs’ilsvendentdestee-shirts,ici?

–Aucuneidée,merépond-elle.–Hum…chuchoté-je.Combienpourlevôtre?–Pardon?–Votretee-shirt…Cinquantedollars?

Labruneauxbiscotosm’ignorepuiss’empressedequitterlesvestiaires,enbarrantsontee-shirtd’unemainsursapoitrineetens’assurantplusieursfoisquejenelapoursuispas.J’enfilematenuetransgéniqueensoupirant,puissuisAïnasansuneseulefoismeregarderdansunmiroir.J’ai troppeurquel’imagerestegravée.

Aïna ressemble à un hybride de sauterelle et de smoothie pomme-kiwi.Donc logiquement, je nevauxpasmieux.

Enquittantlesvestiaires,jedécouvrelasallemultisports,surdeuxniveaux:sportsdecombataurez-de-chaussée et musculation-fitness à l’étage, avec une vue imprenable sur la ville. Bien quequelques sourires moqueurs s’étirent sur notre passage, l’endroit est agréable. Moderne, propre,fonctionneletfréquentésansêtrebondé.Aïnamatesansvergognechaquemâlemuscléettranspirantqu’elle croise, je les regarde sans vraiment les voir.Aucun de ces corps ne rivalise avec celui duguerrierblondauxyeuxgrisacier(quejecontinueàessayerd’oublier…maisvisiblementpasassez).

Nouscommençonslaséanceparquelquesminutesderameur.Aprèsquarantesecondesd’efforts,macompliceseplaintdéjàetdécidedepasseràl’elliptique.Septminutesplustard,directionlebancdemuscu. Je comprends vite pourquoi : il est fourni tout équipé. Un beau black bodybuildé noussouritalorsquenousapprochons.Musclorvoitàmatêtequejenesuispasintéresséeetsautesurlaproielaplusaccessible:MissSmoothieConcombre.

Le type a beau être sympathique, les phrases que ces deux-là échangent sont affligeantes. J’airaremententendudetellesplatitudesetdepirestechniquesdedrague.Saufqueçamarche.Lecourantsembletellementpasserquetrèsvitejemesensclairementdetropentrelesdeuxtourtereauxennage.Jeglisseàl’oreilled’Aïnaqu’ellen’apasintérêtàtropsuerpourcemec,elleritcommeunepotichesanscesserdebouffersonquatre-heuresduregard.Jem’éclipse,vaisboireunpeud’eau,puisdécided’aller faire un tour à l’étage inférieur. En descendant les escaliers, je tire sur ce maudit tissubioniquequimerentredanslesfesses.

J’aimelesportsoustoutessesformes,saufquandcelaconsisteàretourneràl’étatprimairepourdémolir son adversaire. Pas de bol : au rez-de-chaussée, il n’y a que desmecs (et quelques raresfilles)quis’empoignentouserouentdecoupsenseprenantpourdesdemi-dieux.

J’hésiteàprendrelafuite,maisquelquechosemeretientici.Toutaufonddelasalle,jescruteunring sur lequel s’affrontent deux boxeurs. L’un d’eux paraît immense malgré la souplesse aveclaquelle ilsedéplace.Sondosestpuissant,sesépauleslargesetmusculeuses.Desépaulestatouées.

Des tatouages noirs sur unepeaude porcelaine, qui ondulent commeanimésd’unevie propre.Lanuquesurlaquelleremontentmesyeuxestemperléedesueuretbalayéedecheveuxd’unblondpâle.Monventrepartenvrille,moncœurseserre,magorges’assèche.

Desmoisquecesimagesmepoursuivent…

Nils.

Lascènedureprobablementdelonguesminutes,maisellesemblepasserenunéclair.LeVikingsedéplace vitemais calmement, ses coups portent et fontmouche à chaque fois. Son adversaire, ungrandbruntrapuauxveinesetmusclessaillants,semblepercuterunmuràchaquefoisqu’illetouche.J’assiste, fascinée malgré moi, à leur danse violente, jusqu’à ce que le brun aille au tapis,complètementsonné.

Nils ne hurle pas victoire, il ne cherche pas la gloire mais se penche rapidement sur sonadversaire,puisl’aideàseremettresurpieds.Leperdants’éloigneenclaudiquant,sansdemandersarevanche.Moi?Jeclaudique,jetrembleetjem’essouffleaussi.Intérieurement.

Etjen’auraisriencontreune…«revanche».

Saufquejeneressembleàriendanscetrucmoulantvert,quejenesaispasquoiluidire,quemoncœurbatbeaucouptropfortetquej’ailaprofondecertitudeden’avoirrienreprésentépourlui.Bilandescourses:c’estlemomentdesetailler!Aïnamerejointaumomentoùjetournelestalons.

–Ceconnardestmarié! râle-t-elle.Tu lecrois,ça? Ila falluque je…Attends?!C’est…C’estNils!

–Baissed’unton,grogné-je.–Pourquoitunevaspaslevoir?Luiparler?Tuencrèvesd’envie!

Je suis obligée de l’attraper par le bras pour l’attirer à l’écart.Aïna est aussi discrète que… satenue.Quiestaussilamienne.

–Viens,onrentre!fais-jesansluidemandersonavis.–Valentine…–Aïna!m’énervé-jeàvoixbasse.Iln’estpaspourmoi!Tusaisquejen’aimepaslesbrutes!Il

n’estpasquestionquejeservedepunching-ballàunmec,commemamère.Compris?–Heu…Ouais.

Jelanceunpetitsourirecontritàmameilleureamie,ellemeprendparlamainetnousfonçonsjusqu’aux vestiaires.Évidemment, jeme retourne deux ou trois fois (quatre !) en partant, espérantsecrètementcroiserleregardleplusclairetpourtantleplustroublantquisoit.Raté:iladisparu.

Cethommeestbientropdangereux.Poursesadversairessurlering,commepourmoi…

Jepeuxenfinm’extrairedutubevertscintillantquiemprisonnemeschairs.Etmefaireleplaisirdelefoutreàlapoubelle.

–T’esdingue?!protestemameilleureamie.C’étaitunesuperaffaire!

Jesorsmacartebancaireetluitends:

–Toietmoi,onvas’acheterdesnouvellesfringuesdesport.C’estvital!–Y’avaitlesmêmesenrose…–Jepeuxengageruntueuràgagesàtoutmoment,Aïna…

3.9999999dollars

Valentine

Allongéesurlabanquettearrièred’unmonospacegrismétallisé,jegrognesanspouvoirémettreun son. Nous roulons en direction de Las Vegas depuis plus de trois heures. Et je n’en revienstoujourspas.

Mefairekidnapperunefois,passeencore.Maisdeux,çanon,jenepeuxpasleconcevoir!

J’étais en plein footing lorsqu'un grand maigre et un petit gros (pour résumer) ont décidé dem’emmenerdeforcedanscetteviréeimprovisée.Àl’avant,leconducteurs’estrapidementtrahiendonnant l’heure et la destination à son complice, avant de réaliser qu’il venait deme fournir uneinformation capitale. Et dire qu’il y a six mois, j’étais entre les mains de trafiquants sauvages,sanguinaires,terrifiants…Rienàvoiraveclescénarioactuel.Etc’estpeut-êtred’ailleurspourçaquejen’éprouvepaslamoindrepeurfaceàcesdeuxenfantsdechœur.

Desamateurs.

Uneblague…Çanepeutêtrequ’uneblague!

Aumomentoùjevousparle,lesdeuxpartnersincrimesedisputentladernièregorgéedesoda.Vraiment ? Ma vie est menacée par ces deux-là ? Impossible. Je vais sortir de la voiture, on vam’enlevercebâillon,cebandeauetcesliensquimeserrentlespoignetsetjevaisdécouvrirquejesuisfilmée.

Maissicen’estpasunemauvaiseplaisanterieetquetouslescriminelsdelaplanèteontlamêmeidéepoursefairedel’argent,mavievavitedevenirunenfer…

***

Loupé.Pasdecaméra.Pasdecomitéd’accueil.Voilàunebonneheureque jesuismenottéeàungrostuyau,danslacaveàpeineéclairéed’unemaisoninhabitée.Nonseulementcetenlèvementn’estpas une blague,maismes deux ravisseurs aux têtes de comptables encore puceaux ont adressé unmessage àDarren pour lui demander une rançon de neufmillions neuf cent quatre-vingt-dix-neufmilleneufcentquatre-vingt-dix-neufdollars.Pasderéponsepourl’instant,ilstournentenrondsousmesyeux,endébattant:

–S’ilne répondpasdans l’heure,on…onpasseà lavitessesupérieure !bredouilleàmoitié lepremier,rondetcourtsurpattes.

–Ouais.Qu’il ne nous prenne pas pour des novices ! dit le grandmaigre d’une voix suraiguë.Attends…C’estquoilavitessesupérieure?

–Onlerappelle!

Mesmenottes couinent contre le cuivre à chaque fois que je bouge d’un demi-centimètre. Et àchaquefois,lesdeuxnigaudssursautentetpointentleursregardseffarouchésdansmadirection.

–Monpèresecontrefoutdemoi…soupiré-je.Nevousattendezpasàunmiracle.–Tais-toietregardelemur!riposteceluiàlavoixdecastrat.

Avantd’ajouteruntimide«s’ilteplaît»,quiluifaitperdretoutecrédibilité.

–Jet’avaisditqu’ilnefallaitpasluienleversonbandeau!l’engueulelepetitgros.–C’estvraiqueçam’auraitempêchéedevousentendre…grogné-jeenréalisantàquelpointils

sontincompétents.–JevaisacheterdesboulesQuies?proposelemaigrichon.–Non!Nemelaissepasseulavecelle!paniquesoncompère.

Lemondeàl’envers.Jefaispeuràmeskidnappeurs.Cesdeux-làsonttoutsaufviolents,toutsaufimpressionnants. Par contre, j’ai rarement vu plus nerveux et maladroits. Le premier trembletellementqu’ilfaittombertoutcequ’iltouche.L’autresebouffelesonglesenscrutantl’écrandesontéléphone.Mais jedoisavouerque le flingueposésur la table,aufondde lapièce,mefaitunpeupeur.

–Bon,toutirabientantquetucoopères…mesourittimidementceluiàlavoixdeMickeyMouse.

Commesij'avaislechoix...

***

J’ignorequelleheure il est lorsque j’ouvre lesyeuxmais j’aimalpartout. Jemesuisendormieassise,latêtecontreletuyauquiémetdesbruitsdouteux.Lapièceestplongéedanslapénombre,jenevoisriennipersonneautourdemoi.Jememetsàtambourinercommeunefollecontrelecuivre,àcriersauvagementpourquequelqu’unviennes’intéresseràmapetitepersonne.Auboutdequelquesminutes,MickeyetDingosepointent,allumentlalumièreetsefrottentlesyeux,l’airmalréveillé.

–Jevousdérange?fulminé-je.–Ben…Ondormait…–Changez-moid’endroit ! Jenepeuxpas restercommeça,danscesconditions !me rebellé-je.

J’aimalaudos,auxjambes,auxpoignets,jemecaille…–Désolé,pasdechambrecinqétoilesdanscettebaraque!rigoleledeuxièmelascar.–Unmatelas…réclamé-jed’unairmenaçant.Etunecouverture.–Sinonquoi?–Sinonjevouspourrislavietoutelanuit.Vousnefermerezpasl’œil,croyez-moi.–J’auraisvraimentdûpenserauxboulesQuies,murmureMickey.

Après quelques chuchotements, ils se mettent d’accord. Le flingue à la main, le premier mesurveille tandisque leseconddétachemesmenottesetmeguide jusqu’àunepetitepièceadjacente,toujoursausous-sol.Jem’allongeavecbonheursurlevieuxlitd’enfantauxressortsgrinçants(quidoit dater des années 1950 , comme la couverture rêche qui le recouvre) et refuse deme laisser

rattacher.

–Coopère,jetedis!memenaceceluiauflingue.–Oui,çaseramieuxpourtoutlemonde,rajouteMickeydesavoixdecrécelle.–Contentez-vousdefermerlaporteàclé.

Apriori,jenerisquepasgrand-choseàjouerlesvictimesrebelles…Ilsontbesoindemoienvie,non?Hein?Quelqu’un?

Lesdeuxcomplicessefixentlonguementdeleursregardsvides,hésitants.Pendantuninstantjemedisquejesuisfolledejoueraveclesnerfsd’unhommearmé(etauQId’huître),maisjetiensbon,jelesfixe,faussementimpassible,etilsfinissentparcapituler.Ilsretournentàleurétageentraînantdespieds,aprèsavoirverrouillémaportedel’extérieur.

Impossibledem’endormir.Monsurvêtementnesentpas la rose,monestomacgargouilleetmavessiese réveillesubitement,aubordde l’implosion.Jemerelève,donnedegrandscoupsdans laporteenappelantmesdeuxnouveauxcolocataires.J’ymetsdelavoix.Etducœur.

Forcément, ils ne sont pas de très bonne humeur lorsqu’ils se ramènent. Le petit gros, regardmauvais,tientfermementsonflinguedansmadirection.

–Désolée…Enviepressante!expliqué-jesommairemententrépignant.

Mickey s’éloigne quelques secondes, puis revient avec un vieux seau rouillé. Il me le tend ensouriant:

–Çadevraitfairel’affaire.–Pardon?rétorqué-je,outrée.Voussavezquijesuis?–Heu…ValentineLaine-Cox?–Jesuislafillequis’apprêteàvousrapporterdixmillions!Lamoindredeschoses,ceseraitde

m’accorderunepausepipidignedecenom!

Sur ce, je me lance sans réfléchir. Je me fraie un chemin entre eux et prends la direction desescaliers,sansmepresser.

–VousmeguidezoujedoisfouillertoutelamaisonpourtrouverlesWC?

Làencore,lesdeuxnovicesfinissentparcéder,enfaisantsemblantd’avoirpriseux-mêmescettedécision. La porte des toilettes se trouve à proximité des escaliers et j’ai droit à ma minute detranquillitésurunelunettequidoitavoirledoubledemonâge(nepaslatoucher!).Deretourdansmacave,jetentedepousserlebouchonenpassantcommandepourmonfuturpetitdéjeuner:

–Uncafébiennoiret…–Ilest3heuresdumatin.Dorsoumonflinguerisquedepartirtoutseul…ronchonneDingoen

claquantmaporte.

Bon.Etpourladouche,onnégociequand?

***

Lesoleilfiltreàpeineàtravers laminusculefenêtreàbarreauxlorsqueMickeym’apportetroismauvaisesnouvelles:lecaféestdupurjusdechaussette(odeurcomprise),leschipssaveurbarbecuemedonnentlanauséeetlesouriceaum’annoncequemoncherpapan’estpasplusdécidéquemoiàcoopérer.Apparemment,ilauraitrefusédepayerquoiquecesoitenéchangedemaviesauve.

Çafaitmal,mêmesiçanedevraitplusm’étonner…

Etl’avenirdugroupe?Cen’estplussapriorité?

Je suis à deux doigts de bousculer mon frêle ravisseur pour tenter une évasion, lorsque soncompliceetsonflingueseramènentàleurtour.

–Tuvasymettredutien,sinonilvat’arriverdesmisères,meprévientDingo.Cettefois,onnejoueplus.

–Jesuiscenséefairequoi?– Avoir l’air terrifié. Affamé. En sale état, quoi. On va te prendre en photo pour essayer

d’impressionnertonpaternel.–Etsiçanemarchepas?–Tupréfèresnepassavoir…lâche-t-il,tandisqueMickeymefaitdessignescommequoi«tout

vabienaller».

Pendantquejem’ébouriffelescheveux,meforceàpleurersurcommandepourrendremesyeuxrougesetbouffis,puisdéchirelecoldemontee-shirt,jelesentendsmurmurerdel’autrecôtédelaporte:

–Ellearaison…Etsiçanefonctionnepas?s’inquièteleplussensibledesdeux.–Onn’aurapaslechoix.Ilfaudratoutlaissertomberetl’abandonnericiens’assurantqu’ellene

puissejamaissortir.

Qu…Quoi?

–Ici?Touteseule?Sansrien?–…–Ellevamourirdesoif!Defaim!

Euh…Objection!

–Onl’akidnappée,crétin!Tucroyaisquoi?!Tutiensàfinirentaule,toi?–Ilvapayer!sepersuadeMickey.Coxvapayer,onvalalibéreretonpourradisparaîtreetmener

labelleviedel’autrecôtéduglobe!–Ouais,priepourqueçaarrive…Etessaiedeluifairepeuraulieudelacouver,nomdeDieu!

Cettephoto,c’estnotredernièrechance.

Leurconversationm’adonnélachairdepoule.Pourlapremièrefois,jemecontentedefairecequ’onme demande. Je prendsmon air le plus pitoyable en fixant l’objectif et je tente d’attirer la

sympathie,lapitié,nonseulementdemongéniteur,maisaussidesdeuxlarrons.TandisqueMickeys’empressed’envoyerleclichéàmonpère,Dingoacceptedem’accordercinqminutesdanslasalledebainssansfenêtre.Jeprendsunedouche(minute,glaciale,maisefficace)enutilisantunvieuxboutdesavonquitraînelàetquisentétonnammentbon,puisparviensàmaîtrisermescheveuxmouillésenlesplaquantenarrière(legrosavantagedelacoupegarçonne!).Jeremetsmesvieuxvêtements,fautedemieux,satisfaitedemesentirplusfraîche.

–Lescinqminutessontpassées,bouge-toi!décrètemonkidnappeur.Directionlacave!

Je retrouve mon petit lit grinçant, la quasi-pénombre et les gargouillis de mon ventre. Je faismentalementlalistedesgenssusceptiblesdes’inquiéterpourmoi:

Florence, ma mère ? Elle est probablement trop déprimée pour sortir de son lit et se rendrecomptedequoiquecesoit.

Aïna ? Tu parles, elle est sûrement obnubilée par un nouveau mec bodybuildé… ou son futurreportagesurleslémuriens.

Milo?Négatif.Àforcedemettretrois joursà luirépondre, je luiaidonnél’habitudedenepass’inquiéterdemessilences.

Faith?Oui!Ellevaforcémentsedemanderpourquoi jenesuispasauboulotàcetteheure-ci !Aïe.Onestsamedi…

***

Plusieursheuresontencoredéfilé.PasdesignedeDarren,nidesesmillionsdedollars.

– Pourquoi 9 999 999 dollars ? Pourquoi pas un chiffre rond ? demandé-je àMickey lorsqu’ildéposeunsandwichpeuragoûtantsousmesyeux.

–Mange,répondDingo.–Parcequeça faitmoinspeur…me souffle le souriceau.Tu sais, c’estpareil avecunpull : tu

l’achèterasplusfacilementà29,99qu’à30dollars.–Etvouscomptezpartageréquitablement?demandé-jeensouriantpresquefaceàsacandeur.Ou

l’undevousaurauncentdemoins?

Àlamanièredontilsseregardent,lesdeuxgéniesn’ontpaspenséàça.

JeconnaisungentilMickeyquivasefaireboufferparunméchantDingotransforméenPicsou…

–Contente-toidemangeretarrêtedetemêlerdecequineteregardepas,conclut leporteurduflingueenfaisantsigneàsoncomplicedesortirdelapièce.

–Mickey?fais-jesoudain.Mercipourmondéjeuner.–Pourquoitum’appellesMickey?sourit-il,tandisquel’autrelèvelesyeuxauciel.–Jenesaispas,commeça,murmuré-je.Peut-êtreparcequejet’aimebien…

Dingo n’apprécie pas d’être laissé de côté et attrape son collègue par lamanche de sa chemise

pourlefairedécamper.

–Tunevoispasqu’elletemanipule?grommelle-t-il.Dehors!

Laporteclaqueetlesilencem’entoureànouveau.Jegoûteaupainduboutdeslèvres,ilestunpeurassis,commel’estcettepièce.Jenesuispasloindeperdrelatête.Aprèsmesbravadesdudébut,jecommenceàpaniquer.Danspeudetemps,çaferavingt-quatreheuresquej’aiétékidnappée.Vingt-quatreheuresetpersonnen’estvenumesauver.

Je réalise soudain que je risque vraiment de me retrouver enfermée là jusqu'à ce que morts'ensuive,pendantquelesdeuxguignolsretournerontàleursviesmédiocres.Jenesupportepluslapénombrede la cave, ces ressorts quimepiquent le dos, j’aimal au crâne, je veuxvoir le soleil,retrouverceuxquej’aime.Etjesuisàdeuxdoigtsdevirerclaustrophobe.

Unpeuplustard,lorsquejelesappellepourlaénièmefoisendonnantdescoupsdepieddanslaporte,mesdeuxravisseursneviennentplus.J’ignores’ilsontquittélenavire(aprèsunnouveaurefusdecetenfoirédeDarren?),ous’ilssonttoujourslàmaisveulentmedonnerunebonneleçonenmelaissant pourrir entre ces quatre murs humides. Je ne me suis pas suffisamment méfiée d’eux,finalement.Jenesuispasinvincible.Nisurhumaine.Maispeut-êtresurlepointdecreverdanscettecave,dansunsurvêtementdéfraîchi,avecpourseulecompagnieunvieuxsandwichrassis.

Monépitaphedira:«Ci-gîtValentineLaine,boufféeparlesratsduNevada.»

EtAïnaenferaundocumentaire.

Monesprits’évade,jetentedepenseràdeschosespositivespourfairepassercecoupdeblues.Jesongeàladernièrefoisquej’aifaitl’amour.C’étaitavecMilo.Agréable,maispastranscendant.PascommeavecNils.Depuisquelabruteauxyeuxdebrumem’amontrétouteladouceuretlafouguedontilétaitcapable,plusriennemesembletranscendant.

Si seulement il débarquait, là,maintenant, etm’arrachait à ces deuxmauviettes. Il réglerait leurcompteenmoinsdedeuxetpourraitsefocalisersurmoi…Surmapeauqu’iln’aplustouchéedepuissixmois.Etquileréclame,malgrétoutelavolontéquejemetsànierl’évidence.

J’allonge mes jambes et fais tomber le sandwich sur le sol. Au moins, les rats pourrontcommencerparça.

***

Lesoleilestpresquecouché lorsque jesuis tiréedusommeilpardesbruitsde lutte,aupremierétage.Leplafondbasdelacavesembleprêtàmetombersurlatêtetantlessonsquis’enéchappentsontviolents.Quelqu’untombe,râle,crie.Desmeublessontdéplacés,d’autresontl’airdesebriserpar terre. J’endéduisque jene suisdoncpas seule,quemeskidnappeurs sont toujours là.Mais jeréalisesurtoutqu’ilssontentraindes’entretuer.LepauvreMickeyn’aaucunechancedel’emportercontrelegrosDingo.Jedoismeprépareràfinirmesjoursici.

L’agitation dure de longues minutes. Assise au bout de mon lit de fortune, mes jambesrecroquevilléescontremoncorps,j’enroulematêtedanslacouverturequisentlapoussièreetattendsqueçapasse,encollantmonfrontcontrelemurfroid.Jeneveuxplusrienentendre.Plusimaginerlepire.Lesbruitscessent,là-haut.J’entendslespasdequelqu’unquidescendlentementlesescaliers,jeresserrelacouverturecontremesoreilles.Maportes’ouvre.Aprèsdelonguessecondes,jemeforceàposerlesyeuxsurmonbourreau.

Danslaquasi-pénombre,uneimmensesilhouetteoccupetoutl’espace.

Unesilhouettefamilière,quifaits'arrêtermoncœurprisdestupeur…

4.Encorelui

Valentine

–Toutvabien,princesse?

J’aidéjàentenducesmots.Déjàfrissonnéausondecettevoixrauque,trèsbasse.Nils.Mastupeursemueinstantanémentensoulagement.Toutesmespeursdisparaissent,commesisasimpleprésenceneleurlaissaitaucuneplace.Enrevanche,unesortededésirincontrôlableetparfaitementinopportunsemetàfourmillerdansmoncorps.

–Toutvabien,princesse?répète-t-ilàpeineplusfort.

Cettefois,jeperçoisunesorted’ironie,unsouriredanssaphrasedesauveur.

–Jenevoispascequ’ilyadedrôle,attaqué-jeenbalançantmavieillecouvertureàterre,unpeupluspestequejenel’auraisvoulu.

Ceque jedevrais lui dire, en réalité, c’est : «Merci d’être là. »Merci deme sortir de ce trou.J’iraispresquejusqu’à«mercid’exister»,maisçadoitêtrel’émotion...

–Deuxkidnappings,deuxsauvetages,çafrôlelecomiquederépétition,réplique-t-il.– Je n’avais pas besoin de votre aide, cette fois. J’aurais très bien pu m’en tirer toute seule,

j’attendaisjustelebonmoment.

Cen’estpasloind’êtrevrai.Enfinpresque.Enfinpastoutàfait,maisbon…Cen’estpaslesujet.

–Onpeutsetutoyer,non?propose-t-ilenignoranttotalementmoncommentaire.–Non.–Pourquoi?–Onneseconnaîtpasassez.–Jenesuispasd’accord…sourit-ilinsolemment.–Vousn’êtesjamaisd’accord.Parprincipe.Etjeréitère:jepouvaism’ensortirsansvous.–Jepeuxrepartiretrefermerlaportederrièremoi,siçapeuttefaireplaisir.

Malgrésontonprovocateur, ila l’air toutàfaitsérieux.Lecolosserestefigéunmomentsur leseuildelaporteouverte,attendantmaréponse.Parlapetitefenêtreauxbarreaux,ilnefaitplusassezjour pour me laisser voir quelque chose. Seule une faible lumière derrière lui me permet dedistinguerlalargeurdesesépaules,l’immensitédesoncorps,lasoliditédesonbrasappuyécontrelechambranle, au-dessus de sa tête. Mais le contre-jour m’empêche de cerner l’expression sur sonvisage.Tantmieux, je n’ai pas à subir son indifférence teintéedemépris, après cettemission tropfacilepour lui,ausecoursd’une filleàpapaquiaune fâcheuse tendanceàsemettredansdesalesdraps.

Pourtant,ilestvenu.Nils.Encorelui.

Je voulais le revoir. Si je suis vraiment honnête avecmoi-même, ça fait plus de sixmois quej’attendsça.Ilyaencorequelquesminutes,jen'osaismêmepasprierpourquecesoitluiquivienneme sauver.Mais je ne voulais pas le revoir comme ça. Pas dans ces circonstances. Pas pour cesraisons-là.C'est-à-direavecunchèqueàlaclé.

–Combienmonpèret’apayé,cettefois?balancé-je,toujoursassiseauboutdulit.–Donconsetutoie,remarque-t-il,l'airsatisfaitdesapetitevictoire.–Combien?répété-je.–Çaneregardequeluietmoi.–Ah oui, c’est vrai que pour lui comme pour toi, je ne suis qu’unemarchandise, un paquet à

rapporterenbonétatetaubonendroit.–Çat’arrivedetemontrerreconnaissante,parfois?soupire-t-il,apparemmentlas.–Tun’espéraisquandmêmepasquej’allaistesauteraucou?

Ilnerépondpasàmaquestion.Est-cequ’ilestentraind’hésiter?Non,NilsEriksenn’estlàquepour remplir samission.Uniquementmotivé par l’argent et la satisfaction du travail bien fait. Cen’estpaslegenreàattendrequeladamoiselleendétressequ’ilvientdesauverd’unclaquementdedoigtssependeàsoncouchevaleresqueenpoussantdessoupirsdepâmoison.

–Bon,turesteslàoutuviensavecmoi?

D’ungestesouple,sondeuxièmebrasselèveetrejointlepremiercontrelecadresupérieurdelaporte.Ondiraitqu’ilestsuspendu,sansaucuneffort,malgrélescentkilosdesacarcassevirile.Cen’estpasvraimentunmouvementd’impatience,justesafaçond’attendre,d’envahirtoutl’espacedesaseuleprésence.

Je réaliseque j’enaipresqueoublié lesdeuxzigotos, là-haut.Bienqu’agacée, jemesuis sentielibérée,apaiséecommeparmagieàl’arrivéedeNils.Etparfaitementensécuritédepuis.Jedétestelevoirici.Maisjen’auraisvoulupersonned’autreàsaplace.Mauditsparadoxesducerveauhumain.Lesilenceetlasemi-obscuriténefontpasbonménagequandonestfaceàunhommedececharisme,avecdessouvenirsquitententd’affluerdetouscôtés(j’ignoraisquemonentrecuisseétaitaussidotéd’unemémoire).

–Qu’est-cequetuasfaitdeMickeyetDingo?demandé-jepourtouteréponseàsaquestion.–JelesaiinstalléscôteàcôtedevantunDisneyavecunpetitplateautélé,pourqu’ilsarrêtentde

parler.Leursvoixmefatiguaient.–Jene tecroispas.Jevaisallervoirça, justeparcuriosité,dis-jepour justifierque jeme lève

enfin.

Nilsmeprécèdeetonquittelacaveparunétroitescalier.Arrivésaurez-de-chaussée,lalumièresefaitenfinsursonpantalondetoilebeige,sontee-shirtblancàpeinesali,lapâleurdesapeauetdesescheveuxblondclair.Malgrélesténèbresdanssesyeux,cetypeestlumineux.Jedétournerapidementmonregarddeluipourobserverlesdeuxaffreuxenpiteuxétat.LeVikingn’apastoutàfaitmenti:ils sont ligotés l’un à l’autre par le bras,Mickey a les lèvres enflées et du sang plein la bouche,

commes’ilvenaitd’embrasser(plusieursfois)latélévisionquigîtexploséeàcôtédelui.Ilmefaitdela peine. Sincèrement. Son compère, lui, passe du blême au verdâtre et ne quitte pas des yeux sonépauledéboîtée.Jenesaispassic’estlavisiond’horreurouladouleur,maisilmesembleauborddel’évanouissement.

–Vousbossezpourqui?leurdemandeNilsenlesdominantdetoutesahauteur.–Onnesaitpas,jevouslejure!baragouinelecastramaigrichonentreseslèvresamochées.Le

coupétaitdéjàmonté,onn’avait justeàsuivrelesinstructionspourpouvoir toucherl’argent.Onadesdettesdejeu,onvoulaitseulementeffacernotreardoise.Nenousfaitespasdemal!

Mickeyparleàtoutevitesseetprotègesatêtedesonbraslibre,commes’ilcraignaitquelescoupspleuvent à nouveau s’il répondmal à la question.Mon cœur se serre un peu, à nouveau. L’autresursautequandNils s’approcheet fouille leurspoches, ilpoussedepetitscouinementschaque foisquesoncorpsrondouillardestdéplacéd’unmillimètreparlesmainsrapidesetprécisesducolosse.Nilsextirpedeuxportefeuillespresqueidentiquesetlesvidedeleurcontenu,toutenexpliquant:

– Je vais vous laisser tranquilles, parce que je suis convaincu que vous ne savez rien quim’intéresse.Àmon avis, vous n’êtes que de trèsmauvais pions.Mais la prochaine fois, les gars,évitezdeprendrevoscartesd’identitéavecvous.Jen’aipasnonplusbesoindesavoiràquellesalledesportvousnemettezjamaislespieds,dansquelcinémavousfaiteslaqueuepourvoirledernierStarWarsetdansquelcasinovousallezvousruinerdèsquelapayeesttombée.

Nilségrainecesinformationstoutenbalançantdescartesdefidélitésurlesdeuxmalheureux,quiplissentlesyeuxetfont«aïe»chaquefoisqu’unminusculeprojectilelestouche.

–D’ailleurs,iln’yaurapasdeprochainefois,poursuitleprivé,accroupifaceàeux.Vousallezmesoignercettevilaineplaieà labouche,allervoirundentiste, remettrecetteclaviculeenplaceetneplusjamaisvousamuseràkidnapperquiquecesoit.OK?Contentez-vousdejouerauméchantdansvos jeux vidéo. Si je revois un jour vos visages, je ferai en sorte que même vos mères ne lesreconnaissentplus.Compris?

Mickeyetsonacolyteacquiescentsansproduireunseulson, terrifiéspar lesmenacesdeNilsetpressés qu’il en finisse. Même plié en deux, il semble dix fois plus puissant, plus épais, plusimpressionnantquelesdeuxnigaudsréunis.Ducoindelapièce,j’ail’impressionqu’ilsnesonttoutsimplementpasdelamêmeespèce,commesij’assistaisàlaconversationimprobableentreunourspolaireetdeuxbébéshérissons.

–Tuvasleslaisserlà,commeça?demandé-jeaucolossequis’éloigneverslasortie.–Tupréfèresqu’onlescoucheetqu’onlesbordeavantdepartir?–Non,maisilsnevontjamaisréussiràselibérer,malinscommeilssont…

Nils hausse les épaules, sort un petit couteau pliable de sa poche, puis se penche pour le faireglisserparterre,jusqu’auxpiedsdeMickey.Commentunecarcassepareillepeutfairepreuved’unetellesouplesse,d’unetellelégèreté,d’unetelleprécisiondanssesgestes?

Etpourquoij’ailaboucheouverte,moi?

Jeme secoue, rassurée quemes deux agresseurs ne subissent pas le sort que je craignais tant :mourir de faimet de froiddans cettemaison abandonnée, sansquepersonnenevienne jamais leschercher. IlnedoitpasexisterdeuxNilsEriksensurcetteplanète.Etdésolée, ilestdéjàvenupourmoi.Jequitteleslieuxencourantpouréviterd’êtreseméeparmonsauveur,quin’avisiblementpasenviedes’attarderici.

–Sympalesurvêt’,s’amuse-t-ilenmedétaillantdespiedsàlatête.– Si j’avais prévu qu’on m’enlèverait au milieu de mon footing, j’aurais porté un mini-short

moulantetundébardeurtropcourt,justepourtesbeauxyeux,ironisé-je.–Mesyeuxneseplaignentpastrop,maismercipoureux.J’aiuntee-shirtderechangepourtoi,si

tuveux…

Ilengouffrelehautdesoncorpsparunevitreouverte,àl’arrièredecequiressembleàunancienhummerdel’armée,toutdéglingué,d’unvertkakitrèsfoncé.Puisilenressortenmetendantuntee-shirtblancsemblableausien,etdoncentailleXXL.Aumoins.

–Nonmerci,décliné-je.–Parcequec’esttropgrand?–Parcequejenevaispasmechangerdevanttoi.–Aucasoùtuauraisoublié,jet’aidéjàvuenue,lâche-t-ilavecunpetitsourireagaçant.–Aucasoùtuendoutes,çanevapassereproduireaujourd’hui,rétorqué-jespontanément.

Doncilsesouvientdenotrenuit.Demanudité.Et ilnesemblepasgênéuneseuleseconded’enreparler.Maispourquoiilfauttoujoursquejerépondesansréfléchirquandmoijesuistroublée?

–On a de la route à faire jusqu’à L.A., annonce-t-il enme balançant quandmême le tee-shirt,commes’ilmelaissaitlapossibilitédechangerd’avis.

Puis il grimpe dans le hummer et s’installe au volant, attendant que je le rejoigne à la placepassager.Jem’yhisse,sontee-shirttoujoursàlamain,etildémarreàpeinemaportièrerefermée.Saconduiteestétrangementfluidemalgrélalourdeurdel’enginquitraverseledésertduNevada.Jemelaisse bercer par le bruit régulier du moteur, la sensation de puissance sous mes pieds, la douceluminosité du soleil presque couché, le paysage uniforme qui défile de part et d’autre del’interminablerouteautracérectiligne.

Sansparlerde laprésence rassuranteàmagauche,quimedonne l’impressionque riennepeutplusm’arriver.

Rien,saufcequejevoudrais…

Ilestrarequejerestesilencieusesilongtemps.Etjesuisreconnaissante(malgrécequ’ilpense)que Nils respecte ce moment d’intimité, le contrecoup du choc qui me laisse muette, épuisée,recroquevilléedansmabulle.Peut-êtrequejesuisunpeuplussecouéequejeveuxbienl’admettreparcetenlèvement,mêmeraté.

–Pourquoionn’apasappelélapolice,aufait?demandé-jedoucementaprèsdelonguesminutesderéflexionintérieure.

–C’estdansmoncontrat.Coxneveutpasébruiterl’affaire,merépondNilssansprendredegants.–Ah.Laisse-moideviner:monpèrepensequec’estmauvaispourl’imagedugroupe.–Jecroisquesesmotsexactsontété:«Jen’aipasbesoindecegenredepublicité.»–Évidemment.Pourquelleautrebonneraisonillaisseraitlesagresseursdesafilles’entireraussi

facilement?fais-je,amère,lesyeuxperdusdanslevague.–Peut-êtrepournepasdonneràd’autreslamêmemauvaiseidée?tenteleVikingàvoixbasse.–Paslapeined’essayerdeledéfendre.DarrenCoxestirrécupérable.–Siçapeutterassurer,vuleurprofil,lesdeuxkidnappeursenherbeonteulapeurdeleurvie.Je

pensequ’ilsnesontpasprèsderecommencer.–Jen’aipasbesoind’être rassurée,conclus-jeenme tournantvers lavitre,essayantde trouver

unepositionconfortable,latêteappuyéesurletee-shirtdeNils.–Peut-êtrepas.Maistuasbesoindedormir.Etdemanger.Etd’arrêterdepenser.

D’uncoupdevolantsoudainmaisparfaitementmaîtrisé,monchauffeurprendlasortieets’arrêtedevant lepremiermotelaunéon fluo. Ilne restequ’uneseulechambremaisellecontientdeux litsséparés.Lecolossem’expliquequ’ilpourraitdormirdanssonhummermaisqu’ilestplusprudentqu’ilgardeunœil surmoi cettenuit. J’ignore lapetitebullequipétille aucreuxdemonventre etacquiesce sansbroncher (surtout pour nepas passer pour uneprincesse). Ilme suit encorede sonregard acier quand jeme rends à pas lents dans le petit magasin attenant aumotel, faisant officed’épicerie,dediner, de tabac et depharmacie. Je ne l’entendspas se faufiler derrièremoi.C’est àpeinesijenesursautepasquandj’aperçoissonalluresoupleetcalmesedirigerverslesnack-bar.Cedos.Cefessier.Cettepeau.

Jesecouelatêteetm’éloignedanslesrayonsétroits,jetantmondévolusurunebouteilled’eau,unpaquetdecookiesauchocolat,unlotdetroisculottesblanchesencoton(c’estAïnaquiseraitfièredemoi!),unebrosseàdentsetunmini-dentifrice.Unefoisàlacaisse,jedemandeaussidescompriméspourlemaldetêteetuneboîtedepréservatifs,sansmêmeyavoirréfléchiavant.Justeuneimpulsion.Jemetraiteaussitôtd’idiotemaisilesttroptardpourrevenirenarrière:Nilsmerejointpourpayer(jen’aipasunsousurmoi).J’essaiedecachertantbienquemallescapotesaumomentderamassermontrésor,maisleVikingignoreroyalementmescachotteries,tropoccupéàdévorerdesmorceauxdepouletfritaveclesdoigts,piochantrégulièrementdansunbucketdetaillefamiliale.

–Tuenveux?mepropose-t-il,une foisassispar terredans lachambredumotel, le seauposéentreseslonguesjambesétenduesdevantlui.

–Ilyaunetable,ici.–Pasbesoin.Tuenveuxoupas?Sinon,jefinis.–Justeun,dis-jeenm’asseyantentailleurfaceàlui.

Malgré son appétit d’ogre, il mange proprement. Et je ne peux pas m’empêcher de trouversensuelssesdoigtsluisantsdegrasquipénètrentàpeineentreseslèvreshumideschaquefoisqu’ilengloutitunenouvellebouchée.

Là,toutdesuite,jevoudraisjusteêtrel’extrémitéd’unpouce.

Nilsacceptevolontiersdefinirmescookies(àpeineentamés)etjeleregardeserégalersansunmot, comme si c’était un moment sacré. Je ne parle pas non plus, bêtement absorbée par les

mouvementsdesesmains,deses lèvres,desesmâchoiresenpleineaction.J’espère justequ’ilmecroietropfatiguéepourfairelaconversation.

Jelelaissefinirdedînerpourallerprendreunelonguedouche,mebrosserlesdentspendantaumoins six minutes et changer enfin de culotte. J’hésite un bon moment à remettre mon bas desurvêtementetmontee-shirtaucoldéchiré,maisjemerésigneenfinàpasserletee-shirtpropredeNils : le col est si large qu’une demes épaules en sort constamment et le tissu blancme descendpresquejusqu’auxgenoux.Aumoins,pasd’attentatàlapudeurenvue.

–Désolée,jecroisqu’iln’yaplusd’eauchaude,m’excusé-jeensortantdelasalledebains.– Pas de problème, le froid ne me dérange pas, répond-il en relevant les yeux vers moi.

Contrairementàtoi…

Sesyeuxdebrumebalayentrapidementmescheveuxmouillés,monépauledénudée,sontee-shirtblancsurmestétonspointés.

Attends,mesquoi?!

Jebaisselesyeuxversmapoitrineetcroiseaussitôtlesbraspourmasquerlesdeuxpetitstraîtres.Nilss’amusedemontroublepuisdépliesacarcasse,jettelesrestesdudîneretvajeterunœilparlafenêtredelachambre,décalantlégèrementlerideaujaunemoutardequin’occulteriendelalumièrede la lune ou celle du néon criard au-dehors. Il ne fera donc jamais complètement nuit dans cettechambredemotel.

–Jevaisprendreunedoucheexpress.Jelaisselaportedelasalledebainsentrouverte.Cries'ilyaunproblème.Etessaiedenepast’endormiravantquejerevienne.

S’ilcroitquejevaispouvoirdormirenimaginantsoncorpsdestatuegrecqueruisselantd’eauàmoinsdecinqmètresdemoi…

–Tu as une préférence, pour le lit ? demandé-je sur ce que j’imagine être un ton parfaitementnonchalant.

–C’estunpeutôtdansnotrerelationpourqu’onaituncôtéattitré,non?mecharrie-t-il.–Jepensaisàmasécurité!–Ouais,ouais,acquiesce-t-il,toutsourire.Jeprendraiceluiquiestprèsdelaporte.

J’éteinsleplafonnier,défaisl’autrelitetmeglissesouslesdrapspourcoupercourtàcemomentgênant qu’il a l’air de savourer. J’entends Nils se doucher rapidement, se laver les dents (en medemandants’ilm’avolémabrosse)puisjelevoisrevenir,enboxer,marchantsilencieusementdanslachambrependantquejefaissemblantdedormir.

Bénissoyez-vous,lunebrillante,rideautransparent,gènesnorvégiens.Mercipourcespectacle.

Jem'assoupis,sanssavoirquandnicombiendetemps,puismonmaldetêtemeréveille.Aprèsça,je ne réussis pas à dormir plusdedixminutesd’affilée, croisant dansmes rêves agités des lèvresfendues, des épaules déboîtées, des tatouages tribaux qui se mettent à serpenter sur une peau deporcelaine,desyeuxténébreuxquipassentdugrispluieaunoirorage,destétonspointuscommedes

flèchesetdesdangerssurgissantdetoutesparts.

J’aitropréfléchi,tropattendu,laissétropdechancesàcetteinsomnie:jemelèveetrejoinsNilssur lapointedespieds. Ilmesembledormird’unsommeilprofond.Àcemomentde lanuit, jeneveux ni le réveiller, ni le séduire, juste me faire une petite place dans son lit, me pelotonnerdiscrètementcontreluietlelaissermeprotéger,meréconforter,m’apaiser.Exactementcequ’ilestvenufaire.Exactementcepourquoijesuissiheureusedeleretrouver.

Maisjepréféreraism’arracherlalanguesur-le-champplutôtqueluiavouer.

Siseulementmonpèren’avaitpasjouélesintermédiaires…

***

Jedorsprofondémentpendantquelquesheures, bercéepar sa respiration lente et continue,mondoslovécontresontorse.Àmonréveil,jedécouvrequesesbrasm’entourentetquesonvisagefrôlemanuque.Au fin fonddemonventre, lapetitebullepétilledeplusbelle.Derrièremoi, leVikingresteimmobilemaissonsouffleestplusrapide,soncorpsplustendu.Ilestréveillé.

Sansréfléchirauxconséquences,sanspeser lepouret lecontre, je laissemondésirprendre lescommandes.Lentement,langoureusement,jememetsàbougercontresongrandcorps.Lorsquemesfesses partent à la rencontre d’une partie bien précise de son anatomie (plus du tout endormie), illâche un grognement viril et je retournema tête vers lui, demanière à plaquer ses lèvres sur lesmiennes. Un baiser fugace mais inoubliable, qui mêle fougue et tendresse et m’arrache ungémissement.

La peur et l’excitation s’engouffrent à nouveau dans mes veines, sans que je sache laquellel’emporte.C’est l’effetNilsEriksen.Labrute auxmains si doucespromène sespaumesdansmoncou,illesfaitglisserlelongdemesflancsetlesfaufilesousletee-shirtXXLquirecouvremapeaubrûlante.

Jeledésiredéjààm’enmordreférocementleslèvres.

–Tuessûrequec’estcequetuveux?murmuresavoixgrave.

Sans attendre ma réponse, ses doigts atteignent mes tétons et les pincent sans ménagement. Jegémisetmecambredavantagecontrelui,sentantsaduretédansmondos.Excitéecommejamais,jeluirétorqued’unfiletdevoix:

–Nils,tais-toi.Contente-toidemefairetoutoublier…–Àtonservice,princesse.

Soudain, ses brasme déplacent commeune poupée de chiffon et jeme retrouve plaquée sur lematelas,soussoncorpsmassif.Jenesuisplusdosàlui.Jesuisfaceàlui.Offerte.Totalementàsamerci.

Àtonservice,grandméchantViking…

Jemeperdsuninstantdansledédaledesesmuscles.J’effleureduregardsacarcassedegladiateurbienentraînée,commetailléedanslapierre.Cespectaclemedonnechaud.Trèschaud.Meslèvresontencore le goût des siennes, et pourtant j’ai l’impression que notre dernier baiser remonte à uneéternité.Jemepencheenavantenespérantatteindresabouche,ilm’éviteetm’embrassedanslecou,surl’épaule,écartantmontee-shirt(quiestenréalitélesien)desesdents.

–Barbare…grogné-jeensavourantcescaresses.

Illâcheunpetitriresatisfait,puisplaquesabouchesurlamiennepourm’embrasserbrutalement.Ses lèvresont le toucherduvelours, sa languemefaitperdre la tête, sonsoufflem’enflamme,sessoupirs sontcontagieux. Jemordille sa lèvredubas (bien troppleineet insolentepouréchapperàcettepunition), il sevengeenpressantunpeuplus sonérectioncontremapetite culotteblanche…trempée.

–Sadique,enplusdeça…ajouté-jefébrilement.–Valentine,tais-toi.Contente-toidegémiretdemefairebander,m’imite-t-ildesavoixquiporte.–Àtesordres,Cro-Magnon…soupiré-jeavecunepointed’ironie.

Puisjeglissemesmainsdanssescheveuxenespérantlestirerpourluifairemal,ilinterceptemespoignetsetlesbloquedeforcedechaquecôtédematête.

–Tunegagnerasjamaisavecmoi…souffle-t-il.

Il passe la pointe de sa langue sur mes lèvres, sansm’embrasser franchement. Un geste d’uneimpertinence et d’une sensualité qui m’achève. Ma poitrine monte et descend à toute vitesse, marespirationestchaotique,jemeursd’enviedesentirànouveausesmainssurmoi.Savirilitéenmoi.

Jeplongeenavantetl’embrasseàpleinebouche,sansqu’ilnem'enempêche,cettefois.Nilsmerend mon baiser avec ferveur et frôle enfin ma peau nue de ses grandes mains. Il caresse meshanches,monnombril,joueaveclesbordsdemaculotte,puisempoignefranchementmescuissesenlâchantdesgrognementsdemâleenrut.J’adoreça,cettebrutalitédouce.

–Tum’asbientraitédeBarbare,toutàl’heure?lâche-t-ilens’arrachantàmeslèvres.

Ilestaussiessouffléquemoi.Jel’observeàlalueurdunéonfluodumotel,quiéclairelachambrede l’extérieur.Ses cheveuxblonds, tout juste assez longspour être enbataille.Sesyeux aux éclatsmétalliques. Ses larges épaules à la peau blanche et aux muscles tendus. Il est d’une beautérenversante,d’uneanimalitéfarouche.

–Oui,rétorqué-je.–Tulepensestoujours?–Plusquejamais.–Tantmieux…sourit-il.

Montee-shirtnemeservaitplusàgrand-chose,sachantqu’ilétaitrelevéjusqu’àmesseinsdepuisbellelurette,maislabrutetrouvetoutdemêmenécessairedem’endébarrasser.D’uncoupsecquimefaithoqueterdesurprise,illedéchireauniveauducol,jusqu’enbas.Endeuxoutroismouvements,

le tissu quitte ma peau pour aller s’échouer sur le sol. La première victime collatérale de monattirancefollepourceViking.

Laseconde,sioncomptecequ’ilmerestedevertu.

Messeinstendus,pointésverslui,n’enpeuventplusd’attendreseslèvres.NilsEriksenestunogre,ettoutmoncorpspeutdésormaisentémoigner.Voilàdelonguesminutesquejegémis,tandisqu’ildévore chaque centimètre carré de ma peau. L’ancien flic est en repérage, il prend ses marques,collecte des indices, dans le but de résoudre l’énigme suivante : « Comment supplicier aumieuxValentineLaine?»

Ilm’embrasse,mecaresse,mefrôle,mepince,m’empoigneetj’enredemandeàchaquefoisqu’ila le malheur de s’arrêter. Contrairement à notre première étreinte, je n’ai pas besoin de restersilencieuse.Pasbesoindemecacher,demeretenir,defairetairemesplusinavouablesinstincts.Jem’abandonnetotalementàsescaresses,couinequandilmordillelapeautenduedemonventre,lâcheunjuronquandilattisemonclitorisàtraverslecoton.Lorsquejetentedeglissermesmainssursoncorps ou sous son boxer, je suis gentimentmais fermement remise à l’ordre.Comme s’il tenait àprendresoindemoi,mecajoler,mefaireoublierlesdernièresvingt-quatreheures,sansrienattendreenretour.

Commepourmeprouverqu’iln’estpaslabruteégoïsteetmachoquejesoupçonnaisàl’origine…maisbeletbienmonprotecteur.

Ma culotte disparaît aussi vite quemon tee-shirt : Nils se redresse pour semettre à genoux, ilsoulèvebrusquementmesjambes,faitcoulisserletissuavecuneprécisionincroyable.Àcroirequ’ils’estentraînémaintesfois…Mevoilàentresesmains, intégralementnue, tremblantededésirpourlui. Dans un élan parfaitement impudique, je me surprends à écarter les cuisses, pour que monmessagesoitbienclair.

Pendantlaprochaineheure,tuascarteblanche,Thor…

Sesyeuxsonttraversésparunelueurquejeneluiconnaissaispas.Sonsourire,d’aborddiscret,s’étend.Ilaquelquechosede…follementérotique.

–Jenesavaispasquelesfillesdebonnefamilleétaientcapablesdetellesprovocations…résonnesavoixrauque.

Je suis incapable de répondremais ça n’a pas d’importance : lemâle déchaîné est déjà passé àl’offensive.Sonvisages’enfouitdélicieusemententremescuisses,etenàpeinedixsecondesjesuishaletante,unemainperduedanssescheveuxsoyeux,l’autreagrippéeauborddumatelas.Levoracemegoûte,mesuçote,attisemonclitorisduboutdesalangue,enfonceundoigtenmoi.Puisdeux.Jevibre,gémis,m’accrocheàsesépaulestatouées,m’agrippeàlachairfermedesondos…puislâcheunrâlebestialquim’étonnemoi-même.

Je n’ai jamais, de toutema vie, produit un tel son.Mes joues écarlates risquent de ne pas s’enremettre.

Nils enprofitepourdélaissermon sexeet remonter àhauteurdemonvisage. Ilme regardeuninstant,mescrutecommes’ilm’observaitaumicroscope.Sonregardgrisestindéchiffrable.J’ignores’ilestsurlepointdesemoquerdemoncridebête,dem’annoncerquelapartieestfinie,oujenesaisquoiencore.Saufqu’ilneparlepas.Aucunsonnesortdesabouche,maisseslèvresrecouvrentlesmiennesetm’embrassentavecuneétonnantetendresse.Jesensmongoûtsalésurseslèvres,c’estétrangeetsexyàlafois.Nilsetmoivenonsdepasserauniveausupérieurdel’intimité.

Enparlantdeniveausupérieur…J’aienfin lapermissionde toucheraufruitdéfendu.Jedéposemamainsursonboxer,lecaresseàtraversletissu.Allongécontremoi,Nilssebraquelégèrement,puissedétendaufuretàmesuredemesallers-retours.Mapaumesefaufileenfinsousl’élastiqueetmapeauentreencontactaveclasienne.Cettepeausifineetsisensiblequientouresonsexedressé.Jesoupire de bonheur, il râle de plaisir mais pose doucement sa main sur la mienne pourm’interrompre.

–Tun’espasobligée,Valentine,préciseleVikingenmefixantintensément.Tunedoisjamaistesentirobligée.

–J’aienvie…–Dequoi?–Detoi.Enmoi.

Ilsoupire,puissamainlibèrelamienneetjepeuxreprendremescaresses.Jeprendsletempsdelui retirercorrectementsonboxer, ilme regarde faireenobservantmoncorpsnuetmouvantà lalumière du néon. Son sexe durcit de plus en plus, il grandit et grossit, à m’en faire rougir. Nilsm’embrasseavecfouguetandisquejeletouche,d’abordlentement,puiscrescendo,aurythmedesesbaisers passionnés. Il semble apprécier cette synchronisation, si j’en crois sa respiration quis’accélère.

La chaleur qui se répand au creux demes reins devient incontrôlable.Voir ce corps sublime etsculpturalàmaportée,l’intensitéquisedégagedecevisageviriletauxtraitsétonnammentdélicats,sentircesexevigoureuxgrandirdansmapaume…Jemetsaudéfilafemmelapluschasteaumondedenepasseliquéfierfaceàcespécimen.Oudes’embraser,commemoiàcetinstant.

Sansinterrompremescaresses,jetendslamainendirectiondelapetitetabledenuitquiséparelesdeuxlits.C’esticiquej’aidéposémonsacdecourses,unpeuplustôt.Àl’intérieur…uneboîtedepréservatifs flambant neuve.Finalement,mon intuition était la bonne.Que ferais-je sans elle, à cetinstant ? Lorsque je m’empare de la petite boîte, Nils trouve le moyen de me déstabiliser, unenouvellefois:

–C’étaitdoncprémédité…–Parmoninconscient,peut-être,admis-je.–Ilabondos,l’inconscient…–Toiaussi,tudevraistetaire…fais-jeenserrantunpeupluslabasedesonsexe.–Hmmm…grogne-t-ildeplaisir.

Ilsevengecommeilpeut,enm’embrassantdetoutesavoracité(Dieuquej’aichaud…).Jesorsunecapotedesonemballageet laplacesursonsexe.Lasecondequi suit, jenemaîtriseplus rien.

L’animal indompté,quisommeillaitauplusprofondde lui, surgitdans lecorpsdemonViking.Etdanssonregardélectrique.Jenesuisplusquesaproie.

Uneproielargementconsentante…

Nilsmepénètresanspréambulenipolitesses,aprèss’êtrepositionnéau-dessusdemoi.Jelâcheunrâlede stupéfaction, puis des cris deplaisir àmesurequ’ilmepossède.Son sexe coulisse auplusprofond demoi, et rapidementmon intimité trempée s’habitue à sa taille. La légère brûlure laisseplaceàunplaisirentêtant,quidevientrapidementvertigineux.Seslèvressontdansmoncou,sesdentsmordillentmonépaule,tandisquenospeauxclaquentl’unecontrel’autre.

Monamant s’évertueà s’échapper, à sortir complètementpourmieux revenir enmoi.Àchaquefois, je cherche désespérément à le retenir, à le conserver dansma chair, au point de plantermesonglesdansseshanches.Ilgrognededouleur,deplaisir,jerâlededésir.

–NilsEriksen ! le provoqué-je en agrippant sa peau.Arrête de te défiler !Prends-moipourdebon…

Sijen’avaispasgémisixfoisaumilieudecettephrase,j’auraispresquepuêtrecrédible…

Mais.C’est.Si.Bon.

LeViking décide de répondre favorablement àma requête. Sonmembre coulisse enmoi en unéclair, avec une telle fougue que je pousse un cri. Il pose sa paume surma bouche et reprend sesmouvements.Plusvite.Plusfort.C’estanimal.Presquebrutal.Jefermelesyeuxetquittelaterretièdepourunédenbrûlant.

Lesfrissonsm’assaillent,lachaleurmonteencoreetencore,demonbas-ventrejusqu’àmesjoues,moncorpsmalmenéparlaplusdoucedesbrutessembleselibérerdetoutessestensions,guérirdetoutessescicatrices.Jecaressecellequibarrelacuissedemonamanttandisqu’ilsortpourrentrerànouveauenmoi,qu'ilmepossède,avecplusdeforceencore.Jecriemonplaisir,susurresonnom,ilm’embrassepassionnémentenmepénétrantdeplusbelle.

Et puis… Une explosion sensorielle… Je vacille, je perds pied, c’est bon, trop bon, presqueinsoutenable. L’orgasme m’emporte avec une violence inouïe. Aucun son ne parvient à passer labarrièredemeslèvres,tantleplaisirmeravage.Nilssenttoutmoncorpssebraquerdansundernierélan et ilme rejoint en quelques va-et-vient, lâchant àmonoreille quelquesmots inconnus àmonrépertoire.

Cesmotsqu’ilvientdeprononcer,jelesaidéjàoubliés.Ilfautdirequejeflotte…surunnuagevenutoutdroitdeNorvège…Toutmoncorpsestencoton…EtleBarbaremesourit.

5.Tousauxabris

Nils

Jemeréveilleavantelle.Lecorpsunpeucourbaturé,maisjecroisqueçan’arienàvoiravecmarencontresympathiquedesdeuxabrutisduNevada.Lavraiecoupabledortencore.Dansmon lit. Jecroisquejem’étaistrompésursoncompte:elleabeauêtrelaprogénitured’unmilliardaireaucœuren acier brossé, Valentine Laine-Cox n’a rien d’une princesse-fille-à-papa. J’aime sa beautéandrogyne,sescheveuxcourtsetsabellebouche,sonpetitcorpsnerveuxetsapoitrinemenue.ElleadesairsdeNataliePortman.Hypersexy,maisdugenreprêteàtoutetpeurderien.Valentineal’airdes’en foutre royalementdeporterounonun soutien-gorge.De s’acheteruneculotte sans frou-froudansundrugstoreauborddelaroute.D’êtremaquilléeoupas.Pasdebijou,pasdechichi,j’aimeça.

Bon,j’aimetouteslesfemmesetilfautbienavouerquejeleurdisrarementnon.Maiscelle-ciaducran.Venirseblottircontremoiaumilieudelanuit,sansmedemandermonavis,àpeineremisedesondeuxièmeenlèvementensixmois,c’estpasmal.Jene l’aimêmepasentendueseplaindreuneseule fois. Elle râle, ça oui. Elle gueule aussi. Mais c’est pour obtenir ce qu’elle veut plutôt quepleurnichersurcequ’ellen’apas.Elleauncôtébattant,indépendant,quiestassezmarrant.Jesuissûrqu’ellemetunpointd’honneuràêtre lameilleure.En tout.Ouais,cette fillemeplaîtbien.Riendeplus,riendemoins.

Jesorsdulitleplusdiscrètementpossible,ellebougeunpeu,seretournesurleventre,repousseledrapquidoitluitenirchaud,medonneàregarderlamoitiédesoncorpsdénudé,puiselleserendortaussitôt.Parterre,àcôtédelatabledenuitquiséparelesdeuxlits,jeredécouvrelaboîtedecapotesouverteetçamefaitsourire.Maligne,lapetite.Elleavaitbiencalculésoncoup.Ellem’atendusonjolipetitpiègeetj’aifoncédedanslatêtelapremière,genresautdel’angesansréfléchirdepuisunrocherdedixmètresdehaut.Bienjoué.Jemesuisfaitavoircommeunbleu.Etlepire,c’estquejeveuxbienremettreçaquandelleveut.

Elleseréveille justequand jesorsde ladouche.Jeresteunpeu torsenu,pourvoirsaréaction,maiselleneposepasuneseulefoissesyeuxnoirssurmoi.Ellenesouritpasnonplus.Enfait,c’estàpeinesiellerépondàmonbonjour,assisesurlematelas,lesjambesrepliées,sonpetitcorpsenroulédansledrapblanc,l’airunpeugênédenepasêtredanslebonlit.Parrespect,jemetais,finisdemesaperetgardemesdistances.

–Quandest-cequ’onpart?medemandesavoixunpeuenrouée.–Dèsquetuesprête.Onpasserajusteprendreunpetitdéjeuneràemporter.–Pasfaim.–Moioui.–OK.

Et donc voilà : comment terminer bêtement une nuit très expressive par un dialoguemonosyllabique.

Ellerécupèresesfringuesdejogginglavées,pliéesetrepassées,enbaratinantquelquechosequiressembleàunmercidansmadirection.J’aifaitappelauservicepressing,hiersoir,pendantqu’elles’endormait.Etçanesembleluifairenichaudnifroidd’avoirquelquechosedepropreàsemettresurledoscematin.Foutueprincesse.

OnreprendlaroutedirectionL.A.,avecungrandgobeletdecaféchacun.Ellereniflelesienplusqu’elleneleboit,commesielleseshootaitavecl’odeur.Çadoitluifairedubien.Lemienestvidedepuislongtempsmaislestroisdonutstropgrasm’ontdonnésoif.

–Jet’échangeundecesbeignetscontretabouteilled’eau,proposé-jeaubeaumilieudusilence.–Jecroisquetuperdsauchange,lâche-t-elleavecunhaussementd’épaules.

Ellemetendlabouteilledontelleaprissoindedévisserlebouchonpourmefaciliterlatâche.Jesaismedébrouillertoutseulauvolant,maisquandmêmejetrouveçamignon.Jemeursd’enviedetout siffler d'un coup mais je me retiens, alors que je déteste vraiment partager. D'ailleurs, je nepensaispasqu’ellechangeraitd’avissurlepetitdéj’.Elleadéjàenfournéundonutentier,récupèresabouteille,boitdelonguesgorgéesderrièremoiets’attaqueaudeuxième.Jemedemandebienoùellealaplacedemettretoutça.J’essaiedegardermesyeuxsurlarouteplutôtquesurlesquelquesgrainsdesucrequisefontunpetitséjourprolongésursalèvreinférieure.Lesveinards.

–CommentvaRita?s’enquiert-elle, labouchepleine,commesiçaavaitunquelconquerapportaveclaconversationprécédente.

–RitaShank?J’ensaisfoutrerien.Pourquoi?–Commeça,continueValentine,l’airdenepasytoucher.–Commeçaquoi?demandé-jecalmement,sanscomprendrecequel’actricevientfoutreici.–Jenesaispas,poursavoirsituasdesscoopssursacarrière,sonprochainfilmou…–Tupeuxlagoogliser,sil’actupeopletepassionnetantqueça,dis-jeenluitendantmoniPhone.

Valentine lève les yeux au ciel pour décliner ma proposition, se lèche les doigts et se met àregarderparlavitre,genre«ladiscussionestclose».Autantdirequ’elleboude.

–Tuespasséedel’actupeopleàl’étudedespaysagesducomtédeSanBernardino?lâché-jepourlaprovoquer.Tuchangesvitedepassion!

–Moinsvitequetuchangesdecopine,apparemment.

C’étaitdoncça,lavraiequestion!

Vouloirêtrelameilleureentoutinclutapparemmentvouloirêtrelameilleureavecmoi.Etdonclaseule. L’image d’une lutte physique entre Natalie Portman et Rita Shank me traverse l’esprit.Éventuellementdanslaboue.Ettoujourssanssoutien-gorge.

–D’oùtutirescetteconclusion?insisté-je,enm’empêchantdesourire.–Touslesdeux,vousétiezencoredanslasalled’attenteduDrWong,pasplustardquelasemaine

dernière!m’annonce-t-ellepourtouteexplication.–Excuse-moi?!– Enfin, en photo. Dans un torchon. Sans culotte. Enfin, surtout elle. L’article ne contenait pas

d’information sur tes sous-vêtements à toi. Juste un commentaire débile sur ton sourire béat et tesprobablesancêtressuédois.

–Aïe,j’aimalàmamoitiénorvégienne,ris-jeenmetapantlecœurdupoing.Tuenasdoncdéduitquelastrictevéritésortaitdeceslignesmerdiques?

–J’enaidoncdéduitquetutelatapais,situpréfères.

Sontonagacém’amuse.Etsurtoutqu’ellen’arrivepas(ounecherchepas)àlecacher.J’hésiteàlacuisiner encore un peu ou à dissiper lemalentendu.MaisRitaShank est une vraie peste et elle neméritepasquejementepourelle.Surtoutvulemaldechienquej’aieuàm’endépêtrerquandmamissionauprèsd’elles’estterminée.Foutuesangsue.

–J’étaissongardeducorps,riend’autre,déclaré-jesimplement.–Dur,tonjob!ironiseValentine.–Disonsqu’il y a desboulots que j’ai plus enviede fairequed’autres, lui expliqué-je en toute

sincérité.Maiscelui-cirapportaitgros.Etj’avaisbesoindethunes,àcemoment-là.–Jen’aipasbesoindesavoirtoutça,réplique-t-elleenreprenantsontonindifférent.–Bizarre,pourquelqu’unquiposelaquestion.–C’étaitilyaunedemi-heure.ÇafaitlongtempsquejesuispasséedeRitaàSanBernardino,tute

rappelles?–OnestdanslecomtédeLosAngeles,maintenant.Essaiedesuivresitucherchesàmeclouerle

bec.–Tantmieux,çaveutdirequ’onestpresquearrivés.

Je la laisse gagner cette joute verbale, persuadé qu’elle ne lâchera pas lemorceau tant qu’ellen’aurapaslederniermot.Elletourneànouveaulatêteverslavitreetrecroquevillesesjambescontreelle, commeelle le fait souvent, j’ai l’impression. Je la trouveminuscule sur le siègepassagerdemon hummer. Minuscule mais têtue. Minuscule mais râleuse. Minuscule mais incroyablementprésente.

Onfinitletrajetensilenceetjem’arrêtejusteunpeuavantSantaMonica.Jen’aipaseuletempsdefaireçajusque-làmaislàboîteauxlettresquej’aperçoism’yfaitpenser.Jeglisselesmilledollarsquej’avaispréparésdanslacartedevœux,letoutdansuneenveloppeprétimbréesurlaquellej’écrisrapidementl’adressedeTillyGomez.Valentinem’observeducoindel’œiletjesorspostermonpetitpaquetavantquelacurieusen’oseposersaquestion.Jeclaquelaportièreassezfortpourluimontrerquejenesuispasd’humeuràpapoter.Çafonctionneàmerveille.

Quelquesminutes plus tard, je « livre »mon autre «marchandise », en souriant intérieurementparcequ’elledétesterait sûrementcettephrase.Etellene segêneraitpaspourme ledire.Une foisdansl’immensesalondesigndelavilla,leconnarddeDarrenCoxnousreçoit,aussifroidementqueladernièrefois.

–Merci,Eriksen.Monavocatvas’occuperdupaiement.Etbonjour,Valentine.

Tiens,cettefois,iln’oubliepaslespolitesses.Maisçanelerendpaspluschaleureuxpourautant.Avecsescheveuxblancs,lesolenmarbreimmaculésousnospieds,lesmursblancsveinésdebleupâletoutautourdenous,lascèneressembleétrangementàunreportagesoporifiquesurunecalotte

glaciaire.

–Notreautreaccordtienttoujours?medemandelemilliardaire,voyantquesafilleneluirépondpas.

J’acquiesceensilence,unpeuperturbéparcetteambiance.Valentinesembleblessée,commesielleaccusait le coup de n’être encore que l’objet d’une transaction financière pour son père.Àmoinsqu’ellesoitdéçuedemoi?Çanemesemblepaslemomentidéalpourluiapprendrequejen’aiplusbesoindecegenredejobspourgagnermavie.Maboîtededétectivesprivéstournebien.GrâceaufricgagnéavecRoman,j’aipuembaucherseptgarsquibossentpourmoi,etmêmeunesecrétaire.Sijecontinueàfaireceboulot,c’estuniquementparcequej’aimeça.Etdanslecasprésent,parcequej’avais envie de la revoir.Mais ça, elle ne doit sûrement pas le croire.C’est peut-être un truc quej’auraispuluidiredanslavoiture,aulieudedébattreavecellesurlagéographiedelaCalifornieoulacarrièred’unestarletteunpeucollante.

D’ailleurs,cettenuitnefaisaitpaspartieducontrat.Etelleaeul’airdel’apprécierautantquemoi...

Je pourrais peut-être trouver une bonne raison de me tirer d’ici avec elle, mais quoi ? Unequestion de sécurité ? Une menace qui viendrait juste de tomber ? Mickey et Dingo qui nouspoursuiventencoreavecleurtroncheratatinéeetleurépauledéboîtée?Jen’aipasletempsdemettreaupointmonopérationcommandoaumilieudelabanquise:lafemmedeCoxsepointeetvaserrersafilledanssesbras,aussiémotiveetdémonstrativequel’encéphalogrammedesonmariresteplat.

Legrandsentimentals’apprêteàdisposer,considérantsansdoutequecettehistoiredekidnappingestparfaitementrégléeetqu’ilpeutallers’occuperdesesautresaffairescourantes,quandValentinel’interpelle:

–Pourquoituasrefusédepayerlarançon?C’estsicompliquéqueçadedépenserunpeudetonfricpourmoi?

–C’estladernièrechoseàfairedanscescas-là,réplique-t-il,leplussobrementdumonde.–Mavienevautprobablementpasquelquesmillionsdedollars,confirme-t-elled’unevoixamère.

Surtoutquandonaunecalculatriceàlaplaceducœur.–Jet’interdisdedireunechosepareille,siffle-t-ilenhaussantleton.Jemesuisoccupédetoncas,

non?–Monquoi?!s’indigne-t-elletoutàcoup.–Cen’estpascequejevoulaisdire,sedéfendmollementCox.–Maissi,Darren,c’estexactementça!sourit-ellepourdefaux,commesiellecomprenait tout,

toutàcoup.Tuasfaittespetitscalculsfinanciers…Tuasréfléchiàmavaleurpuisquejenesuisriend’autrequ’un«bien»,pourtoi…Ettuasfinipardécréterquepayeruntypepourvenirmesauverrevenaitmoins cher, que je pouvaisbien attendreun jouroudeux à creverde trouille et de froid,n’est-cepas?

Ouch.Ellefrappefort.

LamèredeValentineglisseune longuemainfrêlesursonépaulepour tenterde l’apaiser.Jene

croispasl’avoirdéjàvuesiremontée.Etpourtant,elleenasouventaprèsmoi.Darrenbaragouinedestrucsàpeinecompréhensiblespourtenterdesejustifier.Bienpathétique.Demoncôté,jerefrènemon envie d’intervenir pour prendre la défense de l’anti-princesse, au bord de l’explosion. D’unpoint de vue stratégique, il a eu raison de ne pas payer la rançon.Mais pourquoi il se comportecommeunconnardfini?S’ilsemontraitseulementhumain,çasuffiraitlargement.Bon,d’aprèscequej’entends,Valentinen’abesoindepersonnepoursedéfendrecontresonpère:

–Laseulechosequi t’agacedans toutça,c’estqu’onpuisse te«voler»aussi facilementcequit’appartient!C'est-à-diremoi!Turessentiraislamêmechosesionvenaittepiquertoncanapéoutastupidehorloge!dit-elleenpointantviolemmentdudoigtlafameuseNixieMachine.

–C’estfaux…Tunesaispasceque…Çan’arienàvoir…soupire-t-il,impuissantfaceàlacolèresanguinedesafille.

– J’en ai ras le bol que tu nous considères comme desmeubles,maman etmoi ! Que tu nousveilles, comme une de tes voitures de collection hors de prix dont tu ne te sersmême pas ! Je tepréviens que je neme laisserai pas implanter sous la carrosserie une puce antivol, avec alarme etGPSintégrés.Tun’aurasjamaiscecontrôle-làsurmoi!

Avisdetempêtesurlabanquise.Tousauxabris.

J’attendsquel’oragepassepourprendrelatangente.Maisquelquechosemeditqu’ellen’apasfinidetempêtervulasurprisequeluiréserve,pourlesmoisàvenir,letypequiluisertdepère.

Espéronsjustequeleventnetournepascontremoi…

Àsuivre,nemanquezpasleprochainépisode.

Egalementdisponible:

Fallaitpasmechercher!-3

J’ai24ans,unpèretyranniqueetunempirebabylonienàgérer.MafortunecolossaleetmonjoliculfontdemoilemeilleurpartideLosAngeles.Jesouris,onsepâme.J’ordonne,onm’obéit.J’auraispum’appelerMike,JohnouWilliam,maismeschromosomesenontdécidéautrement.Jem’appelledoncValentineLaine,jesuisunefemmequidoits’imposerdansunmondederequins,etriennipersonnenemerésiste.

Aumoinsjusqu’àl’arrivéefracassantedeNilsEriksen,quim’asauvélavietoutenymettantunsoukimprobable.Sanscesse,nosdestinss’entrechoquent,s’entremêlent,s’entrelacent,etnoscorpsnedemandentqu’àlesimiter…

Egalementdisponible:

Retrouve-moi

EmilyGreen,jeunecréativedanslapublicité,découvreparhasarduneportequ’ellen’avaitjamaisvueauparavantdanslebuildingdesasociété.Pousséeparunecuriositédévorante,elleouvrecetteporteetseretrouvealorsdansuneétrangeentrepriseoùlesemployéstapentsurdesmachinesàécrireetfumentdanslesbureaux!Maisplusétrangeencore,lajeunefemmerencontreunhommeintriguantetpleindecharmequiluifaitunepropositioninattendue.Emilysaitbienqu’elledevraitrefusermaispousséeparunétrangedésir,ellesignelecontratlesliantdésormaisl’unàl’autre…au-delàdutemps.Choixducœuroupireerreurdesavie?

Tapotezpourvoirunextraitgratuit.

Retrouveztouteslesséries

desÉditionsAddictives

surlecatalogueenligne:

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«Toutereprésentationoureproductionintégrale,oupartielle,faitesansleconsentementdel’auteurou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (alinéa 1er de l’article L. 122-4). Cettereprésentationoureproduction,parquelqueprocédéquecesoit,constitueraitdoncunecontrefaçonsanctionnéeparlesarticles425etsuivantsduCodepénal.»

©EDISOURCE,100ruePetit,75019Paris

Avril2016

ISBN9791025730928