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Mélanges de la Casa de Velázquez 38-2 (2008) Transferts culturels dans le monde hispanique ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Jean-Pierre Van Staëvel et Abdallah Fili Villages et sites-refuges du Sous et de la région d’Iġerm (Anti-Atlas oriental, Maroc) La mission d’août 2007 ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Référence électronique Jean-Pierre Van Staëvel et Abdallah Fili, « Villages et sites-refuges du Sous et de la région d’Iġerm (Anti-Atlas oriental, Maroc) », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 38-2 | 2008, mis en ligne le 15 novembre 2010, consulté le 11 avril 2012. URL : http://mcv.revues.org/619 Éditeur : Casa de Velázquez http://mcv.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://mcv.revues.org/619 Document généré automatiquement le 11 avril 2012. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'édition papier. © Casa de Velázquez

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Mélanges de la Casa deVelázquez38-2  (2008)Transferts culturels dans le monde hispanique

................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Jean-Pierre Van Staëvel et Abdallah Fili

Villages et sites-refuges du Sous et dela région d’Iġerm (Anti-Atlas oriental,Maroc)La mission d’août 2007................................................................................................................................................................................................................................................................................................

AvertissementLe contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive del'éditeur.Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sousréserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluanttoute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue,l'auteur et la référence du document.Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législationen vigueur en France.

Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'éditionélectronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV).

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Référence électroniqueJean-Pierre Van Staëvel et Abdallah Fili, « Villages et sites-refuges du Sous et de la région d’Iġerm (Anti-Atlasoriental, Maroc) », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 38-2 | 2008, mis en ligne le 15 novembre 2010,consulté le 11 avril 2012. URL : http://mcv.revues.org/619

Éditeur : Casa de Velázquezhttp://mcv.revues.orghttp://www.revues.org

Document accessible en ligne sur :http://mcv.revues.org/619Document généré automatiquement le 11 avril 2012. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'éditionpapier.© Casa de Velázquez

Villages et sites-refuges du Sous et de la région d’Iġerm (Anti-Atlas oriental, Maroc) 2

Mélanges de la Casa de Velázquez, 38-2 | 2008

Jean-Pierre Van Staëvel et Abdallah Fili

Villages et sites-refuges du Sous et de larégion d’Iġerm (Anti-Atlas oriental, Maroc)La mission d’août 2007

Pagination de l'édition papier : p. 293-308

1 Prévu pour se dérouler sur une durée de quatre ans (de 2004 à 2007), le programme derecherche « Villages et sites-refuges du Sous et de la région d’Iġerm (Anti-Atlas oriental) :géographie historique et reconnaissance archéologique dans le Sud marocain » a été consacréà une première approche de l’évolution du peuplement dans la vallée moyenne de l’ouedSous, la région de Taroudant, le Haut-Sous et les piémonts voisins de l’Anti-Atlas et duHaut-Atlas1 (fig. 1, p. 294). Cette question a été envisagée dans un temps long, depuis lesmodifications dans l’implantation des communautés d’habitants de la plaine et des reliefsenvironnants que l’on pressent à la lecture des témoignages sur l’arrivée des Almoravides,vers le milieu du XIe siècle, jusqu’à la crise qui affecte l’État central sa‘dien et son appendicedu Sous, à partir de la fin du XVIe siècle. Il s’agissait pour l’essentiel d’étudier par les textes etla localisation sur le terrain certains des sites de hauteur ayant servi de refuge ou de point decontrôle du territoire durant cette période. L’étude s’est fondée d’une part sur l’exploitationla plus complète possible des sources arabes d’époque médiévale — chroniques, ouvragesgéographiques, récits de voyage, documentation de chancellerie, littérature hagiographique —,en en proposant une relecture critique systématique, ainsi que sur une approche — critique,elle aussi — de l’ensemble des toponymes berbères (ou de leurs équivalents arabes, dont ilest parfois possible de restituer la forme originelle dans la langue vernaculaire) proposés parces textes2. L’autre volet de la recherche a consisté en une enquête de terrain visant à repérercertains des sites mentionnés dans les textes étudiés, et à fournir les premiers éléments d’undiagnostic concernant leur potentiel archéologique.Fig. 1. — Le sud-ouest marocain et la région des Atlas

Localisation des sites explorés.

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2 La vallée du Sous et les piémonts du Haut-Atlas et de l’Anti-Atlas qui la bordent n’ontfait l’objet que de rares études archéologiques3. Il en résulte non seulement l’absenced’une cartographie systématique des sites ruraux d’époque médiévale ou prémoderne, maiségalement une méconnaissance totale des fossiles directeurs de la culture matérielle (lacéramique en premier lieu) et des appareils constructifs. Dans ces conditions d’extrêmelacune, la grille d’analyse retenue était des plus simples. Le travail de terrain s’assimilait pourl’essentiel à une démarche exploratoire, une « reconnaissance » archéologique, comprenantun investissement léger sur le terrain : étude de la céramique sur place, prise de photographieset de mesures des structures sans levé topographique, élaboration d’un croquis général desituation pour chaque site, enquête orale auprès des populations, etc. La description de chaquesite, prenant en compte la présence ou non d’un système défensif et  /  ou de structuresd’habitat, l’existence d’infrastructures hydrauliques et de lieux de culte, devait permettre uneclassification assez élémentaire au final, mais utile. L’objectif à terme se proposait de fournir, àla fin de la dernière campagne d’exploration, soit à l’automne 2007, un bilan des connaissancespermettant la constitution d’un projet de coopération scientifique franco-marocain, sous formed’une prospection et de sondages sur un ou plusieurs des sites sélectionnés à cette fin.

3 La plus grande attention a été portée à la localisation précise des sites visités. Les photosaériennes s’avérant inutilisables car trop peu précises, cette localisation a été menée sur leterrain par analyse des cartes topographiques au 1/50 000e et comparaison avec les donnéesfournies par le relief environnant. Au vu de la configuration du terrain, la marge d’erreur estrelativement faible. Les localisations proposées ici devront toutefois faire l’objet, dans la suitedu programme, d’un travail de repérage beaucoup plus précis, réalisé à l’aide des instrumentsadéquats.

4 Après une première série de voyages de reconnaissance archéologique menés de 2003 à 2005dans la vallée du Sous et les contreforts montagneux de l’Anti-Atlas central, et une annéesupplémentaire consacrée à la synthèse et à la divulgation des premiers résultats de l’enquête,la mission planifiée pour l’été 20074 devait renouer avec les travaux de terrain, en prévoyantde centrer ses objectifs sur les points suivants :

1. poursuite de l’évaluation du potentiel archéologique du site d’Īgīlīz (commune deTuġmart, Iġerm, Anti-Atlas), interprété comme Īgīlīz-des-Ḥarġa, le site originel dumouvement révolutionnaire almohade, au début des années 1120, et patrie du mahdī IbnTūmart, le promoteur dudit mouvement : étude des céramiques, exploration des environsde la forteresse visitée en 2005 et suite du relevé schématique des principaux vestiges ;

2. prospection sur le site et dans les environs du village de Tuġmart, situé au pied de lamontagne d’Īgīlīz, afin de repérer d’éventuelles traces de l’habitat médiéval au pied dusite-refuge ;

3. reprise des recherches concernant la forteresse de Tīzeẖt, mentionnée dans les textesmédiévaux comme l’une des places fortes principales de la vallée du Sous au milieu duXIIIe siècle, en privilégiant la zone de l’Anti-Atlas située en amont et au sud-sud-est deTaroudant ;

4. recherche, enfin, et essai de localisation d’un autre site fortifié mentionné dans les textesdes XIIe-XIVe siècles : Ānsā / Tānsāst, au débouché de l’oued Sous, dans les environs dela ville actuelle d’Aoulouz.

5 La campagne 2007 du programme de reconnaissance archéologique s’est déroulée du 7 aoûtau 8 septembre, avec un séjour effectif sur le terrain du 8 août au 6 septembre. Y ont participéAbdallah Fili (Université d’El Jadida, UMR 5648) et Jean-Pierre Van Staëvel (Université deParis IV, UMR 8167), responsables du programme.

Prospections dans la région de Tuġmart (Anti-Atlas central)Poursuite de la reconnaissance archéologique du Jebel Īgīlīz

6 La campagne 2007 s’est attachée essentiellement à l’approche archéologique du site d’Īgīlīz,à 60  km à l’est de Taroudant, dans la vallée de l’Assif-n-Warġen dont l’agglomérationde Tuġmart est aujourd’hui le chef-lieu (fig.  1, p.  294). Īgīlīz-des-Ḥarġa est le lieu de

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naissance d’Ibn Tūmart, le fondateur du mouvement almohade. C’est de là qu’il entreprend,en 500/1106-1107 selon Huici Miranda, son voyage de fin d’études qui devait durer quinzeans5. Et c’est également là qu’il devait revenir, au terme de cette longue riḥla, pour s’installerparmi les siens, les Ḥarġa6, mener sa prédication et engager la lutte contre les Almoravides.Si l’on connaît, par le témoignage d’auteurs médiévaux comme Ibn ‘Iḏārī ou Ibn Haldūn,l’existence de la rābita qu’il fonde alors, on sait moins le rôle à la fois militaire et religieux jouéalors par Īgīlīz-des-Ḥarġa dans la résistance initiale qu’opposent les premiers Almohades auxtroupes du pouvoir de Marrakech qui sont stationnées dans la vallée du Sous. Le site est doncd’une importance historique majeure, avant que le mahdī ne le quitte pour Tinmal ; il finiracependant par être progressivement oublié (à tout le moins marginalisé) au profit de la célèbrelocalité du Haut-Atlas, tant dans les récits illustrant la geste des Almohades que dans les étudescontemporaines7. Les auteurs médiévaux associent différentes fonctions à ce site perché  :la montagne d’Īgīlīz est un lieu de refuge pour les Arġen (depuis l’époque préalmohade ?),puis pour Ibn Tūmart et ses compagnons. C’est un site fortifié, ce dont témoignent les nomsattribués à Īgīlīz dans certains ouvrages : « forteresse » (ḥisn), « place-forte » (qal‘a ḥasīna).C’est enfin un lieu de culte et de vénération : outre la mention de la rābita, de la grotte et de lamosquée sur la montagne, le site d’Īgīlīz est aussi associé, du vivant d’Ibn Tūmart, à l’exercicede pratiques ascétiques par certaines membres de la première communauté almohade  ; ildevient ensuite un but de pèlerinage (« un pèlerinage aux sources », pourrait-on dire) pourles deux premiers califes almohades, ‘Abd al-Mu’min en 552/1157, et Abū Ya‘qūb Yūsuf en578/1182.Fig. 2. — Vue générale du Jebel Īgīlīz depuis le sud-ouest et situation des différents secteursprospectés

7 Le berceau du mouvement almohade a fait l’objet depuis les années 1920 de diverses tentativesde localisation, sur lesquelles on ne reviendra pas ici8. Un faisceau d’arguments concordants,d’ordre documentaire, cartographique, toponymique, nous ont permis de proposer unenouvelle localisation, dans l’Assif-n-Warġen (« La rivière des Arġen »). Après une premièreexploration de la vallée qui nous avait conduits, en juillet 2004, au pied de la montagned’Īgīlīz (fig. 2, p. 298), nous avons entrepris, en août 2005, une visite approfondie du site,afin de procéder à un premier diagnostic, puisqu’il apparaissait, au vu des informations dontnous disposions, que celui-ci n’avait jamais encore reçu la visite d’archéologues. Seuls les

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principaux vestiges présents sur la partie centrale de la montagne avaient pu être alors identifiéset relevés sommairement9. L’essentiel du travail de relevé et de reconnaissance entrepris àĪgīlīz durant la campagne 2007 a consisté à poursuivre le repérage des vestiges sur la montagneelle-même, en dehors notamment de la zone centrale de la forteresse, explorée en 2005,pour s’étendre à la crête rocheuse orientale, qui en constitue à la fois la défense avancée etle principal moyen d’accès. La prospection menée en août 2007 sur la partie orientale dela montagne nous a notamment permis d’étudier le « grand bâtiment » situé en contrebasde la porte sud-est du Jebel central  : de plan trapézoïdal, cette construction tranche sur lesautres édifices, tant par son appareil de gros blocs à peine dégrossis que par ses dimensionsimposantes (24 x 8 m environ) : sa fonction demeure à ce jour inconnue. Dans son voisinage,une prospection minutieuse nous a également permis d’identifier les vestiges fortement arasésd’une seconde mosquée ; de plan rectangulaire, celle-ci présente une longueur près de troisfois inférieure à celle de la mosquée du Jebel central, pour une largeur légèrement moindre(11,50 m x 5 m). Le tracé de la muraille qui enserrait sur le versant nord le Jebel oriental afait l’objet d’un repérage général. La chronologie des vestiges reste encore incertaine, fautede pouvoir disposer des fossiles directeurs adéquats. Un important lot de céramique, récoltéprincipalement dans les différents secteurs du Jebel central et, dans une moindre mesure, surson prolongement oriental, est actuellement en cours d’étude. Une première estimation nousa permis récemment d’isoler des faciès céramiques d’époque médiévale.

Repérage des sites d’habitat en plaine ou en contrebas du Jebel Īgīlīz8 Outre les recherches menées sur le sommet et sur les pentes du Jebel Īgīlīz, les prospections ont

également intéressé plusieurs gisements archéologiques situés au pied de la montagne (fig. 3).Dans les environs de Tuġmart, au pied d’Īgīlīz donc, les prospections que nous avons menées,en nous fondant essentiellement sur une enquête orale, nous ont permis de localiser pas moinsde six sites :

a. — l’ensemble constitué par un habitat fortifié, de grandes habitations sommitales et un grenieren position sommitale au-dessus de la localité de Tuġmart, au lieu-dit Tawrirt-n-Ikiwane ;

b. — un autre site, en face du précédent, au lieu-dit Imi-n-Tigigt, dont ne subsistent plus que derares vestiges : sans doute s’agissait-il d’une petite agglomération (un village ?), dont la datationresterait à préciser ;

c. — en face de Tuġmart, sur la rive gauche de l’Assif-n-Warġen, se situent les vestiges épars ettrès détruits des maisons d’un hameau (Iẖurbane) et d’un grand bâtiment situé à flanc de colline,sans doute à vocation de grenier ;

d. — en aval de Tuġmart, entre la route menant de Magennoune à Tuġmart et sur la rive droitede l’Assif-n-Warġen, s’étendent des champs en terrasse et une aire à battre qui ont pratiquementoblitéré les vestiges du village de Timilāl, lequel a livré un matériel abondant ;

e. — l’ensemble formé par quatre enclos et un grenier collectif au lieu-dit Agadir-n-Irrumayn ;

f. — l’habitat fortifié du Burj Ouktim occupe enfin la terminaison occidentale de la montagnequi s’affirme, en rive gauche de l’Assif-n-Warġen, comme le vis-à-vis de la masse puissante duJebel Īgīlīz.

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Fig. 3. — Localisation des sites prospectés aux alentours du Jebel Īgīlīz

9 Des lots de céramique, en cours d’étude pour chacun de ces sites, devraient nous permettred’établir une première chronologie relative des phases d’occupation de chacun de ceux-ci.

Prospections dans la région d’Aoulouz (Haut-Sous)

Les forteresses-refuges d’Ibn Yidder d’après les textes10 L’intérêt porté au site d’Īgīlīz ne doit pas masquer les autres objectifs qui avaient été fixés

pour la dernière campagne du programme « Villages et sites-refuges du Sous et de la régiond’Iġerm (Anti-Atlas oriental)  ». La localisation d’autres sites médiévaux mentionnés dansles textes demeurait l’une des priorités absolues du programme, afin de poursuivre l’analysedes structures du peuplement dans la région, et de disposer d’autres corpus céramiques àdes fins de comparaison et d’étalonnage. Parmi les événements consignés dans les sourcestextuelles à propos du Sous médiéval, il en est un qui a fait l’objet d’une longue descriptiondans l’ouvrage du chroniqueur Ibn ‘Iḏārī : il s’agit de l’expédition entreprise dans le Sous en665/1267 par le dernier calife almohade, Abū Dabbūs, afin d’y réprimer la sédition initiée dansla région plus d’une décennie plus tôt par un chef berbère local, ‘Alī ibn Yidder. Les récitsde la révolte d’Ibn Yidder, déclenchée en 651/1253, révèlent de nombreux renseignementssur les principaux points d’appui fortifiés de la rébellion. Des trois sites mentionnés dansles textes, Tānsāst, Tīwīnwīn et Tīzeġt (ou Tīzeẖt), deux semblent pouvoir aujourd’hui fairel’objet d’une localisation précise  ; seul le dernier cité échappe encore à toute tentative derepérage. C’est dans cette forteresse que, nous disent les chroniqueurs, on aurait transporté,à l’annonce de l’arrivée imminente des troupes almohades ou ralliées au pouvoir central deMarrakech, « une bonne partie des récoltes de la plaine ». La description de la forteresse,avec ses différents niveaux de défense, est la plus précise en notre possession pour le Sous10 ;elle est malheureusement avare en informations topographiques précises qui permettraientde la localiser. Une longue et minutieuse exploration des zones qui nous semblaient pouvoirrépondre aux rares indices disponibles est restée infructueuse, et les investigations doiventdonc se poursuivre.

La localisation de l’agglomération fortifiée d’Ānsā/Tānsāst11 Un autre site fortifié par ‘Alī ibn Yidder était au cœur de notre questionnement. Les indices

topographiques fournis par les textes semblaient à même de nous fournir les clés du repérageet de l’identification de la forteresse de Tānsāst, où s’était installé le rebelle au moment desa rupture avec le pouvoir de Marrakech. À peu d’années d’intervalle, en effet, l’historienIbn Haldūn et le voyageur al-‘Abdarī mentionnent, à l’endroit où l’oued Sous débouche de lamontagne, le site fortifié de « Tānsāst » pour l’un, et la ville d’« Ānsā » pour l’autre11. De hauteimportance stratégique, on comprend que la zone de piémont commandant la naissance de la

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plaine du Sous, à la jonction entre Anti-Atlas et Haut-Atlas, ait suscité l’apparition de noyauxde peuplement et de sites de fonctions diverses. Toutefois, la concordance de cette localisationen amont de la des lieux-dits Ānsā et Tānsāst, alliée à l’évidente ressemblance phonétiquedes deux toponymes, l’un constituant manifestement le doublon berbère de l’autre12, semblebien aller dans le sens d’une réduction des deux sites à une réalité archéologique unique,dans les environs de la ville actuelle d’Aoulouz (fig.  1, p.  294). En l’absence de touteindication toponymique sur les cartes d’état-major consultées, c’est encore une fois le recoursà la mémoire des habitants de la région qui s’est avéré un guide des plus précieux àl’heure d’entreprendre cette exploration de la zone amont de l’oued Sous. En effet, dansles conversations, un nom parmi d’autres nous est rapidement apparu comme porteur desens  : «  Tagergust-n-Wansa  », c’est-à-dire «  la Tagergust13 d’Ānsā14  ». L’agglomérationainsi désignée se trouve à la sortie d’Aoulouz, sur la route menant de cette ville à Taliwine,en direction de Ouarzazate. Là passait la route qui menait, durant l’époque médiévale etprémoderne, jusqu’au célèbre port saharien de Sijilmāsa. Tagergust-n-Wansa se développeau pied de la montagne d’Azrou Zouġagane, marquée par une orientation générale nord-ouest / sud-est (fig. 4). Le sommet de la montagne se présente sous la forme d’un plateau degrandes dimensions, s’élevant de manière régulière vers le sud-est. C’est là que se trouventconcentrés les vestiges de l’établissement d’époque médiévale.Fig. 4. — Vue générale depuis le nord-ouest d’Azrou Zouġagane et du Bū Tīnī

Les ruines au premier plan sont celles d’un agadir voisin.

Prospections sur la montagne d’Azrou Zouġagane12 Le site, installé sur la montagne Azrou Zouġagane et sur la butte-témoin qui en constitue le

pendant au nord (désignée localement sous l’appellation de « Bū Tīnī »), comprend plusieurszones d’habitat qui occupent les versants et surtout les sommets de ces deux masses rocheuses.Du fait de son extension, le site a été divisé arbitrairement en plusieurs secteurs15 (fig. 5).

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Fig. 5. — La montagne d’Azrou Zouġagane et ses environs

Croquis de situation des différents secteurs prospectés.

Les pentes méridionales (secteurs 1 et 2)13 La zone des premières pentes sur le flanc méridional du Jebel Azrou Zouġagane a été

désignée sous le nom de secteur  1. Le versant, découpé en plusieurs massifs rocheuxde grande envergure par des lits de torrents intermittents, conserve la trace d’un habitatd’implantation plutôt dispersé. Il s’agit, semble-t-il, surtout de structures monocellulaires,de plan rectangulaire allongé, auxquelles est parfois associé un espace non bâti, situé au-devant de la pièce. L’ensemble de l’habitat semble avoir été protégé (ou peut-être plussimplement délimité  ?) par un petit mur qui joint l’extrémité nord-ouest de la montagned’Azrou Zouġagane à la petite croupe de N-Aït Boho qui longe celle-ci par le sud. Le secteur 2concerne, quant à lui, une large zone horizontale qui marque, au-dessus du secteur précédent,la moitié supérieure des pentes sur le versant méridional de la montagne d’Azrou Zouġagane.La déclivité y est plus importante, les vestiges d’habitat apparaissent plus concentrés surle versant abrupt. L’implantation des pièces, généralement dans le sens perpendiculaire auxcourbes de niveau, donc dans le sens de la pente, suppose l’aménagement soit de terre-pleins de soutènement, soit de pièces en sous-œuvre, hypothèse plus plausible au vu du faiblevolume d’éboulis retrouvé in situ. Aucune trace d’infrastructure destinée à stocker l’eau n’aété retrouvée dans la zone explorée.

Palier intermédiaire et versant septentrional (secteurs 3 et 4)14 La pente méridionale une fois gravie, on parvient à un vaste replat (secteur 3), qui s’étend

au nord-ouest du plateau sommital (secteurs 5 et 6, voir infra). Cette zone est marquée par laprésence de trois enclos de grande taille (approx. 21 x 18 m pour deux d’entre eux). Au-delà eten contrebas se déploie le versant septentrional du Jebel Azrou Zouġagane (secteur 4). La zoneest marquée par un système défensif qui consiste pour l’essentiel en deux murs joignant le flanc

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nord de la montagne d’une part (secteur 3), et la terminaison septentrionale de la colline duBū Tīnī d’autre part. De même que dans le secteur 1, un habitat se développe en arrière de cesmurs. Les bâtiments repérables constituent autant d’enclos, dont la fonction (agro-pastorale ?)reste à discuter. Dans la moitié supérieure du versant oriental, on ne rencontre plus de structuresvisibles. Aucune citerne n’a été identifiée dans ce secteur.

Le plateau sommital (secteurs 5 et 6)15 En arrière du secteur  3, un petit épaulement permet de rejoindre le plateau sommital de

l’Azrou Zouġagane, qui s’élève en pente douce vers le sud-est. Celui-ci est scindé en deuxparties de superficie inégale par une muraille d’orientation nord-est / sud-ouest, qui délimiteainsi les secteurs  5 (partie basse) et 6 (partie sommitale). Par ailleurs, un mur d’enceinteen moellons enserre la presque totalité du plateau, sauf aux endroits où celui-ci est bordéde falaises abruptes. L’accès principal s’effectue par une porte ménagée à l’extrémité nord-ouest de la table rocheuse. Au-delà, l’habitat du secteur 5 se présente sous la forme de piècesrectangulaires allongées, dont tant les caractéristiques d’implantation que celles inhérentesà leur construction témoignent d’une grande homogénéité d’ensemble. Reliées en filesparallèles par aboutement de leurs petits côtés, ces pièces adoptent une orientation commune etpréférentielle selon un axe nord-est / sud-ouest. On ne compte pas moins de dix citernes dansle secteur 5, la moitié d’entre elles s’insérant dans le maillage de l’orientation préférentielle,les autres étant implantées en fonction du relief, si possible non loin d’une rupture de pente,sans doute pour profiter de l’existence du dénivelé qui a facilité à la fois leur aménagementet leur approvisionnement. Il s’est avéré impossible, lors de la campagne 2007, de glaner lamoindre information décisive quant à la relation chronologique qu’entretiennent ces structureshydrauliques. Si elles sont toutes contemporaines — ce qui n’est pas impossible, au vu de lagrande homogénéité de leurs techniques de construction —, elles ont pu constituer un ensemblede structures de stockage tout à fait considérable, qualité dont peu de sites visités jusqu’àprésent peuvent se prévaloir16. Installée en bordure de falaise du côté nord du secteur 5, unepetite mosquée s’étend enfin sur un replat de faibles dimensions (6,90 x 3,80 m environ).L’oratoire est limité à l’est par la falaise sur la bordure de laquelle s’appuie son mur de la qibla,et à l’ouest par une série d’affleurements rocheux qui vient rompre l’horizontalité du replat.

16 Bordé sur trois côtés par une imposante barrière rocheuse et limité à l’ouest par un grosmur aujourd’hui éboulé, le plateau sommital de l’Azrou Zouġagane (secteur  6) adopte laconfiguration d’un site d’éperon barré. Le mur lui-même ne devait assurer qu’une défensemédiocre. Sa présence massive marque néanmoins de manière indéniable le paysage construit :sans doute son rôle était-il au moins pour partie de manifester la claire différenciation spatiale(et sociale ? socio-économique ?) entre les habitants de ce secteur et ceux installés légèrementen contrebas, dans le secteur 5. L’habitat apparaît très dense sur une large partie du plateausommital. Les maisons sont ennoyées sous des éboulis très abondants, qui masquent lesvestiges au point d’en rendre toute lecture difficile. À d’autres endroits, des élévations del’ordre de 1,50 m sont encore visibles. Les maisons se présentent soit sous forme de piècesrectangulaires allongées, souvent aboutées par leur petit côté le long d’espaces de circulationrectilignes, soit sous forme de grands ensembles formés d’unités monocellulaires réuniesautour d’une cour de plan rectangulaire. En l’état actuel de la recherche, il n’est pas possiblede déterminer une quelconque différence de chronologie dans l’implantation de ces deuxtypes de maisons. L’orientation de ces pièces diffère selon les endroits, en partie en fonctionde contraintes microtopographiques. Dans ce secteur densément bâti, on distingue toutefoisun groupe de maisons et de ruelles qui s’organise de manière très régulière dans la partiesud-est du sommet de la montagne. Ce « quartier sud-est » présente en effet tous les signesd’une planification rigoureuse. L’orientation des maisons est très homogène, dans le sensperpendiculaire à la ligne formée par la barre rocheuse au sud. Le long de la barre rocheused’orientation nord-sud qui borde par le sud ce quartier, le mur pignon de trois de ces pièces,disposé perpendiculairement à la muraille, fait saillie sur celle-ci (fig. 6).

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Fig. 6. — Azrou Zouġagane, secteur 6, quartier sud-est

Vue de l’extérieur de la structure 6026 et du tronçon de muraille attenant.17 Il ne semble pas qu’il s’agisse de véritables tours — les saillies sont trop peu importantes —,

aussi l’effet recherché semble-t-il avant tout d’ordre esthétique et monumental. Cetaménagement constitue en tout cas un élément de datation relative non négligeable, puisqu’ilpermet d’avancer la contemporéanité de ce tronçon de muraille avec les pièces qui en fontsaillie, comme vraisemblablement avec l’ensemble du quartier sud-est. Lors de la prospection,quatre citernes de grande contenance ont pu être repérées. Au contraire de leurs homologuessituées dans le secteur  5, toutes les structures de stockage découvertes dans le secteur  6sont implantées de la même manière, c’est-à-dire en bordure de falaise, là où les eaux deruissellement se rassemblent pour se déverser, créant ainsi un relief fortement découpé dont ontprofité les constructeurs. Il a été nécessaire de fermer chacun de ces espaces nés de l’érosion parune maçonnerie. Toutes ces parois, y compris celles du secteur 5, sont aujourd’hui détruites :il semble qu’il s’agisse là du résultat d’un geste délibéré.

La butte-témoin du Bū Tīnī18 La montagne d’Azrou Zouġagane n’est pas seule à conserver les vestiges d’un habitat

médiéval. Il en va de même d’un sommet tout proche, le Bū Tīnī, dont la silhouettecaractéristique en table rocheuse constitue le contrepoint visuel de l’Azrou (fig. 4 et 5, pp.301 et 302). Tant la pente méridionale que la plate-forme sommitale portent les vestiges denombreuses maisons, à présent très largement ennoyées dans d’épais éboulis. Sur le sommet,les bâtiments se présentent généralement sous la forme de pièces rectangulaires allongées,souvent aboutées par leur petit côté le long d’espaces de circulation rectilignes. L’orientationd’ensemble des structures est variable selon les endroits. Deux citernes ont été retrouvées lorsde la prospection.

19 Inédits pour la plupart, les vestiges archéologiques étudiés en prospection au long de cesdernières années doivent permettre, à l’avenir, une approche des conditions matérielles devie des populations médiévales et prémodernes de la région du Sous. Notre programme deprospection s’attachait dans une large mesure à l’étude de sites de hauteur, difficilementaccessibles mais susceptibles néanmoins d’accueillir de nombreux bâtiments, naturellementprotégés par le relief et dotés, selon les besoins, d’aménagements défensifs ponctuels. Au-delà, il s’agissait de réfléchir aux modalités d’articulation entre ces forteresses de hauteur et

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l’habitat environnant. L’exemple d’Īgīlīz pourrait constituer l’illustration ad hoc d’un systèmede peuplement et de mise en valeur marqué par l’association, sur un espace relativementrestreint, d’un site-refuge et d’un ensemble de petites implantations rurales dans la vallée, dontseules des ruines plus ou moins visibles et la céramique marquent aujourd’hui l’emplacement.Des nuances sont toutefois à apporter à ce schéma basique : si les textes médiévaux donnentà la montagne d’Īgīlīz une fonction de refuge et d’habitat temporaire, les vestiges jusqu’àprésent recensés laissent penser à une occupation plus durable du site. De même, au moinsl’un des petits noyaux de peuplement implantés dans la vallée était doté d’une enceinte, luioffrant ainsi une relative garantie contre les formes mineures de violence exercées à l’encontredes habitants.

20 Tous ces sites posent un problème d’ordre historique  : à quelle époque ont-ils été bâtis, etpendant combien de temps ont-ils été occupés ? Il faut reconnaître que, pour l’instant, nousen sommes réduits aux conjectures. Les sites étudiés ne correspondent bien évidemment pastous à une même et seule période. Les différences de structures sont considérables. Certainsgisements, au contraire, ne sont pas très éloignés les uns des autres et semblent offrir descaractéristiques fonctionnelles semblables. On rencontre ainsi, dans les environs de Tuġmart,pas moins de trois greniers collectifs ou agadirs: Tawrirt-n-Ikiwane, Iẖurbane, Agadir-n-Irrumayn. Une telle constatation semble bien témoigner d’une probable succession dans letemps de ces lieux de stockage. En l’absence de tout fossile directeur daté avec précision17,il demeure impossible aujourd’hui encore, en l’état actuel de la recherche, de proposer unequelconque chronologie relative d’occupation de ces sites. La réalisation d’un cataloguedes productions céramiques identifiées sur les sites d’habitat du Sous paraît d’autant plusindispensable, et constitue d’ores et déjà l’un des axes prioritaires du programme envisagé.

21 Par l’ampleur de sa superficie, par le soin apporté à l’organisation de l’habitat sur son plateausommital, par l’abondance enfin du matériel archéologique, le complexe d’Azrou Zouġaganeet du Bū Tīnī présente toutes les qualités d’un « grand » site à fouiller. C’est toutefois lamontagne d’Īgīlīz qui doit décidément retenir l’attention, à l’heure de proposer d’étendrenotre action à la définition d’une stratégie de sondages archéologiques sur un site donné.L’importance historique majeure d’Īgīlīz, en tant que premier épicentre de la révolutionalmohade au début des années 1120, et la place que tînt la forteresse dans les épisodes militairesde la décennie 1130-1140, constituent déjà des arguments de poids dans ce choix. L’existencede vestiges importants — et dont il conviendra de préciser dans les années qui viennent sila datation de certains d’entre eux est bien médiévale, ou postérieure —, la présence dûmentconstatée cette année de céramique médiévale dans la partie centrale du site, la mise enévidence enfin de deux mosquées, tous ces éléments concourent aujourd’hui à poursuivre leprogramme des « villages et sites-refuge du Sous » par la fouille de ce haut lieu de l’histoiremarocaine18.

Bibliographie

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VAN STAËVEL, Jean-Pierre et FILI, Abdallah (2006), « Wa-waṣalnā ‘alā barakat Allāh ilā Īgīlīz : à proposde la localisation d’Īgīlīz-des-Ḥarġa, le ḥisn du mahdī Ibn Tūmart », Al-Qantara, 27 (1), pp. 155-197[version arabe remaniée dans la Revue de la faculté des lettres et des science humaines de Rabat, 26,2006, pp. 91-124].

VAN STAËVEL, Jean-Pierre et FILI, Abdallah (à paraître), «  Avant Tinmal  : notes historiques etarchéologiques à propos d’Īgīlīz-des-Ḥarġa, berceau du mouvement almohade  », dans 30  ansd’archéologie marocaine. Actes des Journées d’hommage à Madame Joudia Benslimane (Rabat,8-9 décembre 2005).

Notes

1 Entamée il y a de cela sept ans par J.-P. Van Staëvel dans le cadre d’un programme de recherchecentré sur les murailles de Taroudant, sous la responsabilité scientifique d’A. Bazzana et L. Erbati, et duprogramme archéologique codirigé par P. Cressier et L. Erbati sur la « Naissance de la ville islamiqueau Maroc », la réflexion sur l’histoire médiévale du Sous a été depuis 2003 poursuivie sur le terrain avecA. Fili. D’abord financée sur fonds propres, cette recherche a pu bénéficier, à partir de 2005, de l’aideapportée par l’UMR 5648 et l’Université de Paris IV puis, à partir de 2007, d’une somme allouée parla Casa de Velázquez.2 Les toponymes suivent l’orthographe des cartes, ou la transcription d’usage local.3 La plus remarquable contribution en la matière est celle de Berthier, 1966, dont le champ de recherchedéborde de beaucoup la simple étude de ces installations protoindustrielles pour concerner également leréseau hydraulique dans la vallée du Sous, notamment dans les environs de Taroudant. Outre l’étude desmurailles de Taroudant citée supra, on ajoutera à cette liste le programme hispano-marocain mené cesdernières années sur le Sous occidental ou Sous-Tekna (responsables J. Onrubia Pintado et Y. Bokbot).4 Une autorisation officielle de prospection nous avait été octroyée par Monsieur Aomar Akerraz,directeur adjoint de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP) à Rabat.Que Monsieur Aomar Akerraz, ainsi que les autorités locales des caïdats d’Ouled Berhil et Aoulouz,veuillent bien trouver ici l’expression de nos profonds remerciements pour leur hospitalité, leur intérêtbienveillant et leur compréhension à l’égard de notre travail.5 Huici Miranda, 2000, vol. 1, p. 28.6 Le terme Ḥarġa est, dans les textes médiévaux, l’équivalent arabe d’Arġen, appellation berbère dugroupe tribal auquel appartient Ibn Tūmart.7 Pour plus d’informations concernant cette question historiographique cruciale, nous nous permettonsde renvoyer à notre étude : Van Staëvel et Fili, 2006, dont on trouvera la version arabe remaniée dansle no 26 de la Revue de la faculté des lettres et des science humaines de Rabat, 2006, pp. 91-124, ainsique notre article intitulé « Oublier Îgîlîz : un cas d’amnésie volontaire dans la tradition historiographiquealmohade ? », à paraître.8 Sur lesquelles on se permet de renvoyer à nouveau à notre étude Van Staëvel et Fili, 2006.9 Pour un premier aperçu archéologique sur la mosquée principale, la muraille et sa porte, les zonesd’habitat et les infrastructures hydrauliques, voir ibid., pp. 187-192. Pour une description plus détaillée,voir Van Staëvel et Fili, à paraître.10 Ibn ‘Iḏārī al-Marrākušī, Al-Bayān al-muġrib (Bayânalmohade), p. 456. Cette description a donné lieuà une analyse dans Benhima, 2002-2003, p. 36.11 Ibn Haldūn, Kitāb al-‘ibar, t. IV, p. 323 ; trad. Mac Guckin de Slane, 1927, t. II, p. 276 ; Al-‘Abdarī,Riḥlat al-‘Abdarī, pp. 7-8 (texte arabe). La localité d’Ānsā est également mentionnée à l’occasion descombats qui opposent, du vivant du mahdī Ibn Tūmart, les partisans de celui-ci aux troupes du pouvoiralmoravide de Marrakech, et également plus tard, lors de la visite solennelle entreprise dans le Sous par lepremier calife almohade, ‘Abd al-Mu’min, sur les terres qui ont vu naître le mouvement révolutionnaireet messianiste. On trouvera le détail et les références précises de ces occurrences médiévales du toponymedans un article à paraître prochainement sur la localisation d’Ânsâ : « Ânsâ, ville et forteresse oubliéedu Haut-Sous : éléments d’une enquête historique et archéologique ».12 Resterait à expliquer le redoublement en pénultième du sīn de Tānsāst ; on notera que la forme n’estpas rare en berbère.13 Le sens de ce terme en particulier demande encore des recherches.14 D’après les anciens du village de Tagergoust-n-Wansa, l’ensemble de la montagne est connu sous lenom de mdīnetĀnsā, « la ville d’Ānsā ».15 Réalisé sans levé topographique précis et avec les outils de mesure les plus simples, le croquisd’ensemble présenté n’a qu’une valeur indicative et ne saurait rendre compte, avec toute la finessenécessaire, de la réalité de la configuration des lieux.

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16 On doit en effet leur ajouter les quatre citernes du secteur 6.17 Le matériel céramique recensé lors de la mission d’août 2007 a fait l’objet d’un premier examendétaillé au mois de mai dernier. L’étude a notamment confirmé la présence de céramique médiévale àĪgīlīz, ainsi que sur plusieurs des sites implantés en contrebas, le long de l’Assif-n-Warġen.18 Le nouveau projet, intitulé La montagne d’Īgīlīz et le pays des Arġen. Enquête sur l’histoire dupeuplement rural dans le Sud marocain au Moyen Âge et à l’époque prémoderne, est à présent inscritau programme quadriennal de la Casa de Velázquez.

Pour citer cet article

Référence électronique

Jean-Pierre Van Staëvel et Abdallah Fili, « Villages et sites-refuges du Sous et de la région d’Iġerm(Anti-Atlas oriental, Maroc) », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 38-2 | 2008, mis en lignele 15 novembre 2010, consulté le 11 avril 2012. URL : http://mcv.revues.org/619

Référence papier

Jean-Pierre Van Staëvel et Abdallah Fili, « Villages et sites-refuges du Sous et de la régiond’Iġerm (Anti-Atlas oriental, Maroc)  », Mélanges de la Casa de Velázquez, 38-2  |  2008,293-308.

À propos des auteurs

Jean-Pierre Van StaëvelUMR 8167, Université de Paris IVAbdallah FiliUMR 5648, Université d’El Jedida

Droits d'auteur

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