VALET DE C ΠU R S

R. DE LATI

VALET DE C ΠU R S

C o l l e c t i o n F r ivo le

E D I T I O N D U P H E N I X

Tour Atlas, 10 villa d'Este 75648 Paris Cedex 13

Tél. : 583.80.40

© 1980 E d i t i o n s d u P H E N I X

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays.

C H A P I T R E 1

Rachid Zemmour se présenta à l'hôtel « Bienve- nue » un triste matin d'avril. Il pleuvait sur la ville et le cœur du jeune homme était en deuil. Fatima s'était offerte à lui la veille de son départ de Lyon où travaillaient ses parents immigrés.

— Parce que je ne sais quand je te reverrai, lui avait-elle dit les larmes aux yeux.

Rachid avait découvert les vrais plaisirs physi- ques à cette occasion-là. Ceux que l 'on éprouve en faisant l 'amour avec quelqu'un d'aimé, si diffé- rents des accouplements hâtifs au sortir du bal avec une quelconque fille de rencontre.

Le garçon gardait encore sur ses lèvres le goût de fruit tendre des baisers de Fatima, et dans sa chair toujours vibrante l'intense souvenir de la passion- nante révélation.

Sa virilité, depuis ces instants ineffables, n'avait plus trouvé le repos. Durant tout le trajet en chemin de fer entre Lyon et Paris, elle l'avait douloureuse- ment incommodé par sa dureté gênante.

Peut-être se serait-il détendu s'il avait été seul

dans le compartiment. Mais plusieurs voyageuses s'étaient succédé en cours de route, et toutes n'avaient pu ne pas être attirées par la significative protubérance de son pantalon.

Regards féminins aux vertus caressantes. Ils n'avaient pas été faits pour apporter au jeune homme le calme désiré.

Mme Bertrand s'affairait à la réception, quand il entra.

— Vous avez votre carte de travail ? s'enquit-elle tout de suite.

Un vieil habitué de l'hôtel lui avait chaudement recommandé ce jeune Marocain dont il employait lui-même, à Lyon, le père et le fils aîné. Lors de son dernier séjour à Paris où l 'amenaient ses affaires, il lui avait conseillé d 'embaucher un fils d'immigré de préférence à un Français.

— D'abord, un valet d'hôtel, ça ne se trouve plus. Ou alors vous tombez sur un ivrogne, ou un voleur, ou les deux à la fois. Il se fera payer cher pour un rendement médiocre, et vous vivrez en per- manence dans la crainte qu'il se fiche en grève. Moi, de ce côté-là, je suis tout à fait tranquille avec les Marocains que j 'emploie.. .

Madame Bertrand s'était ralliée à son point de vue. Depuis que son dernier valet avait filé avec une cliente sur le retour mais endiamantée, elle devait faire appel à des femmes de ménage pour le service des chambres. Elle ne les payait plus à l'heure, mais au mois. Ce qui lui coûtait les yeux de la tête.

Remplacer ces Portugaises nonchalantes par un jeune garçon actif était la meilleure solution.

Rachid Zemmour disposait des deux cartes dites « de séjour » et « de travail ». Il les présenta. Mme Bertrand en prit connaissance et les rendit.

— Avez-vous déjà travaillé dans l'hôtellerie ? — J 'ai souvent donné un coup de main à ma

fiancée, répondit-il. Elle est employée à l'hôtel « Sémiramis », à Lyon.

Satisfaite, Mme Bertrand releva la tête et exa- mina professionnellement le garçon. Il était impor- tant, pour la clientèle, de déterminer le degré de sympathie qu'il inspirait et, de même, de s'assurer du soin qu'il prenait de sa personne. Elle vit tout d 'abord les ongles, bien taillés et propres, puis les dents, d 'une blancheur éclatante.

Ce fut en arrêtant ses yeux sur le visage qu'elle reçut comme un choc. Ce jeune homme de dix-huit ans était d 'une fascinante beauté, avec de longs cils soyeux, presque féminins, ombrant de grands yeux noirs et brillants. Leur expression dénotait l'intelli- gence et la résolution. Le garçon devait avoir du caractère. Et il était ravissant. Il avait un visage ovale légèrement bronzé et une ample chevelure ondulée qui se terminait dans le cou en frisures déli- cates.

Le regard de Mme Bertrand se fit soudain plus attentif. Elle venait de noter le nez long et fort quoique de forme harmonieuse. Ce qui la fit repen- ser aux ongles petits et carrés. Deux signes ne pou-

vant tromper la femme avertie qu'elle était. Elle sentit une étrange langueur l'envahir, se la reprocha mais ne put la maîtriser. Ce double signe fournissait des indications formelles sur la conformation intime du garçon. Il devait être doté d'une virilité vigoureuse nettement au-dessus de la moyenne.

— « A quoi est-ce que je pense là ! », se morigéna-t-elle.

C'était en patronne qu'elle devait considérer le jeune homme, non en amant potentiel.

Bien que son veuvage lui pesât, elle s'était tou- jours refusée à toute aventure sentimentale. Oh, on l'avait certes souvent assiégée, sollicitée de toutes les manières....Mais Yvonne Bertrand se méfiait. Comment savoir si c'étaient ses quarante-cinq ans épanouis qui attiraient les prétendants, ou l'hôtel « deux étoiles » dont elle était la propriétaire... ?

— Adrien va te montrer ce que tu auras à faire, dit-elle en tutoyant subitement Rachid. (Pourquoi, mon Dieu ? Elle n 'aurait su en expliquer la raison !) Adrien, poursuivit-elle en respirant à fond, est chargé du chauffage et de l'entretien. Il a trente ans de maison. C'est lui qui prépare le matin les petits déjeuners que tu auras à monter dans les chambres. Des femmes de ménage s'en chargeaient, mais mal. Elles n'avaient pas la manière. Je crois que toi tu l 'auras, acheva-t-elle en baissant vive- ment les yeux afin de dissimuler le trouble de son regard.

Ce garçon, décidément, l 'émouvait...

— Adrien ! appela-t-elle d 'une voix un peu rau- que.

L'intéressé apparut , venant des cuisines. L 'homme était petit, rabougri, chauve, avec de grandes oreilles décollées d'idiot de village. Il serra la main du nouveau venu en souriant d 'une bouche pleine de chicots noircis par le tabac. L'œil était malin dans une tête de crétin.

— Il s'appelle Rachid, dit Mme Bertrand. — Salut, Rachid ! Viens porter ta mallette dans

ta chambre et humer l'air de la boîte. Je te montre- rai ton boulot plus tard. Rien ne presse.

Adrien fut surpris de ne pas être rembarré par la patronne habituée à houspiller le personnel. Mais cette fois elle ne dit mot.

— Prenons l'ascenseur... L'hôtel comportait quatre étages. Rachid fut

logé au quatrième, en bout de couloir, dans une chambrette bien ensoleillée disposant des douches. La pluie, pour l 'instant, martelait les vitres de biais.

— Oh ! fit-il à la vue des murs. Des photos de femmes nues les garnissaient des

plinthes au plafond. Rachid ne put s 'empêcher de rougir. Les postures étaient plus que suggestives. Ce n'étaient que cuisses écartées sur toisons frisot- tées aux lèvres béantes d 'où pointait le tendre et rose bourgeon, ou raies médianes des fesses offertes par des ongles carminés maintenant les rotondités séparées afin de faciliter la pénétration.

— Marrant, non ? rigola Adrien. C'est ton pré-

decesseur qui avait tapissé sa chambre comme ça. Il avait découpé ces photos dans des revues danoises qu'il se faisait envoyer par colis entiers fallait voir ! Des cinq kilos à la fois ! Il prétendait que les trente- deux poses décrites par le Kama-Soutra n'est que de la pure blague, qu'il y en a bien plus, à l'infini.

— Le Kama-Soutra ? répéta Rachid. Il n'avait jamais entendu parler de cela. — C'est le Coran des couples qui pratiquent la

religion du compliqué, expliqua Adrien entre deux quintes de toux tant il rigolait de la tête que faisait son jeune compagnon. Seulement, laisse-moi te dire qu'en trente ans d'hôtellerie j 'ai jamais vu les zigues qui descendent ici faire des trucs pareils, à deux ou trois exceptions près. Tous, ils font l 'amour à la papa.

Rachid sautait d ' un étonnement à l'autre. — Comment est-ce que vous savez ça ? Adrien le contempla comme s'il lui avait posé

une question complètement dingue. — Parce que je regarde par les trous de serrure,

tien ! C'est mon petit boni, à moi, mon pourboire, si tu veux... Le soir, je me faufile dans les couloirs, j 'écoute, je repère les sommiers qui grincent. Çà me renseigne. Je ne les huile pas exprès pour ça.

— Et qu'est ce que ça vous donne de regarder les autres s'envoyer en l'air ?

— Des jouissances gratis, mon gars ! je m'auto- satisfais en solitaire sur le paillasson, tu piges l 'image...? Imagine un peu l'économie ! A mon

âge, faut banquer si on veut se payer du septième ciel à deux, et les putes, c'est pas donné. En tous cas, c'est hors de mes moyens vu que la mère Ber- trand paye avec des élastiques, tu verras !

Le souvenir du plaisir éprouvé avec Fatima saisit inopinément Rachid. Ces photos y étaient sans doute pour quelque chose. La jambe de son panta- lon reprit des proportions embarrassantes. Il com- pressa la bosse les deux mains croisées sur son bas- ventre en un geste qui se voulait naturel.

L'idée ne l'effleura même pas de s'isoler pour se livrer à ces pratiques attristantes qui paraissaient combler le vieux. Il ne concevait la jouissance que dans un corps tendre et chaud de femme.

Adrien lui fournit quelques indications concer- nant la marche de l'hôtel, puis redescendit, le lais- sant ranger ses affaires. Rachid vida sa mallette. Le gilet rayé de son prédecesseur était suspendu dans la penderie. Il le passa par-dessus sa chemise blanche. Ensuite il se rendit à la lingerie située à l 'autre bout du couloir. Adrien l'avait engagé à bien différencier les serviettes de bain de celles de toilette.

— Le client n'aime pas qu 'on se gourre. Tous exigeants et râleurs, avait-il dit.

Rachid poussa la porte. Une femme était là, lui tournant le dos. Elle ne l 'entendit pas entrer. Elle était à genoux et s'affairait.

Debout dans l 'encadrement de la porte, il regarda ce qu'elle fabriquait.

Elle volait. Des serviettes, trois, quatre, qu'elle

tassait au fond du cabas posé devant elle. Quand elle en eut fini, elle couvrit le tout de ses propres effets, blouse de travail, chaussons, coiffe, faisant bouffer l'étoffe de façon que l 'on ne voit pas ce qu'il y avait dessous.

Elle se releva enfin et se retourna. Un haut-le- corps la rejeta en arrière en découvra la présence de cet inconnu.

— Vous... vous êtes le nouveau ? balbutia-t-elle en rougissant jusqu 'à la racine des cheveux.

Une flamme passa dans les yeux de Rachid. Ce devait être une des Portugaises employées au ménage. Celle-ci était toute jeunette, et attirante, avec ses petits seins déjà bien formés et des jambes nerveuses que la robe courte dégageaient jusqu'aux cuisses.

Elle avait également une belle bouche, et une très touchante expression de biche aux abois.

— Comment t'appelles-tu ? demanda-t-il. Elle lui lança un coup d'œil mi-craintif

mi-effronté. L'intérêt du garçon ne semblait pas lui avoir échappé.

— Amalia, répondit-elle. Vous allez me mou- charder ?

— Je me pose la question... — J'ai besoin de gagner ma vie. Le père est au

chômage. Si on me fiche à la porte, mes petits frères n 'auront plus rien à croûter.

Elle fixait soudain avec une curiosité calculatrice la jambe du pantalon de Rachid. L'enflure était

réapparue, provoquée par les circonstances. Il sui- vit la direction de son regard, lut une invite infor- mulée dans les beaux yeux noirs quand elle les releva sur lui.

— Qu'est-ce que tu m'offres, si je me tais ? demanda-t-il.

— Ma reconnaissance. Il haussa nerveusement les épaules. — Ne te fiches pas de moi, Amalia ! Si je la bou-

cle, je te rends un énorme service. Alors il est nor- mal que j 'en sois récompensé... a ma manière.

— C'est quoi, votre manière ? Elle posait la question tout en sachant fort bien

qu'elle en était la réponse. Il lui suffisait de croiser le regard avide du garçon pour comprendre son désir. Un frisson la fit tressaillir.

— D'accord, dit-elle sans qu'il ait eu besoin de préciser.

Sans se retourner, il poussa le loquet. Ses yeux luisaient.

— Déshabille-toi ! Très à l'aise tout à coup, elle fit coulisser sa robe

qui ne tenait aux épaules que par deux bretelles légères. Elle était nue dessous, mis à part le slip qu'elle ôta d 'un geste preste. Puis elle préleva quel- ques épaisses couvertures sur les étagères, les dis- posa au sol et s'étendit dessus, ouverte, prête, sou- riante.

Durant une longue minute, Rachid fut subjugué par la plénitude de ce corps parfait. La peau était

d 'un beau bronze au grain doux, comme celle de Fatima. Un vertige le saisit. Il passa sa langue sur ses lèvres sèches, sentit une boule dans sa gorge.

Ses yeux hypnotisés ne pouvaient se détacher des globes juvéniles et fermes des seins, de la fragilité mouvante du ventre, de la mousse sombre du pubis au-delà duquel se dessinait le tabernacle des félicités charnelles.

Il déglutit bruyamment et s'agenouilla. Amalia ferma les yeux. Ses lèvres tremblaient un

peu, dans l'attente. De suite après elle perçut la griffure des ongles du

garçon dont les mains se crispaient sur ses seins. Elle sentit le souffle chaud qui haletait sur son ven- tre. Elle eut conscience du désir qui palpita en durs soubresauts contre son flanc.

Malgré elle, un élan la fit se tendre. Elle eut un peu honte d'acheter le silence du jeune homme de cette façon-là, mais son corps ne pouvait plus se dérober. Déjà, il lui échappait. Quoiqu'elle fit, elle commençait à rouler, à s'émouvoir sous les attou- chements voraces. Son ventre se creusait. Les seins durc issa ient et se t enda ien t . Les cuisses s'écartaient...

— Encore pucelle ? s'inquiéta-t-il dans un souf- fle.

Elle rit. Sa langue lécha les perles de sueur cou- lant le long des ailes de son nez.

— Que c'est bête, un garçon ! Si je l'étais encore, j 'aurais fait plus de chichis. Non, rassure-

toi, quand on vit dans les grands ensembles, on est déflorées dès que trois poils nous poussent. Et même avant, des fois.

— Rachid bascula lourdement sur le corps com- plaisant et lui imposa sa force virile. D 'un coup de reins impatient il se logea au plus profond du man- chon tiède et satiné. Un peu de bave monta à sa bouche quand il s'installa en maître.

Au cours des minutes suivantes il besogna avec vigueur, taraudant et percutant, jouissant de voir le masque d 'Amalia se tordre d 'un plaisir qu'elle ne pouvait plus contrôler.

— Çà te plait ? lui chuchota-t-il le souffle court. Elle levait les jambes tout en faisant signe que

oui, ceignait la taille du garçon, se projetant en avant pour l 'absorber plus complètement. A un certain moment, elle saisit elle-même ses cuisses pour les replier de part et d 'autre de ses hanches. Ainsi ouverte, écartelée, elle ressentait mieux la vigoureuse pénétration.

Elle pensa qu'elle avait bien fait de voler, car il était merveilleux d'être punie de la sorte.

Rachid accélérait la cadence. Il pesait de plus en plus sur le ventre de sa proie. Ses mains pétrissaient les deux conques d 'or aux auréoles bistres. Il souf- flait, râlait de plaisir.

La certitude de pouvoir par la suite disposer à son gré de ce corps, en fermant les yeux sur certains chapardages, stimulait son ivresse grandissante.

Lorsqu'il sentit les prémices de la jouissance

gronder dans ses reins, il brutalisa férocement Amalia, la saccagea comme s'il avait cherché à l'éventrer. Il fut satisfait de la voir se crisper autant de souffrance que de joie.

Jamais il ne tirerait autre chose qu 'un soulage- ment physique, d 'une corps qui n'était pas celui de la fille qu'il aimait. Néanmoins il voulait que ses partenaires jouissent. C'était une manière d'affir- mer sa virilité.

Tandis qu'il inondait Amalia de saccades brûlan- tes, il eut l'orgueil de constater qu'elle ne pouvait elle-même dissimuler le délire ressenti. Sa bouche gémissante se souda à la sienne jusqu 'à la fin de l'explosion.

Il se dégagea sur un dernier et vague baiser. Il ne se sentait nullement apaisé, loin de là. Seulement il ne pouvait s 'attarder davantage. La patronne ris- quait de s 'étonner de son absence. Il ne tenait pas à ce qu'elle envoie Adrien aux nouvelles, et que ce dernier le trouve en compagnie de la petite Portu- gaise. Le vieux n'avait pas les yeux dans sa poche. Il comprendrait ce qui venait de se passer...

Comment prévoir quelle serait sa réaction ? Les refoulés de son espèce sont souvent jaloux du plai- sir que les autres se donnent.

Rachid préférait ne pas tenter le diable. Il tenait à cette place, difficilement décrochée en période de chômage.

— Je file le premier, dit-il. Pour ton cabas, c'est entendu, je n'ai rien vu.

Elle se rhabillait tranquillement avec, aux lèvres, un sourire en coin.

— Continue d'être aveugle, et tu n'y perdras pas, promit-elle.

Ce qu'elle sous-entendait fit flamber les yeux du jeune mâle.

— Je m'appelle Rachid, dit-il tout en ouvrant la porte. Ma chambre est au bout du couloir. Les draps n 'ont pas été changés. Passe demain matin en mettre des propres.

— Entendu, sourit-elle, mais je ne les changerai qu'après. Mieux vaut ne pas salir les propres tout de suite.

La fille s 'attendait peut-être à ce qu 'un rapport de tendresse respective s'établisse entre eux. Elles sont comme çà, les femelles, des gnangnans à mamours, frotteuses et ronronnantes comme des chattes en rut.

Rachid se refuserait à tout sentimentalisme dans ses rapports avec Amalia. Son cœur était pris.

Il descendit l'escalier, repérant les accès des cou- loirs, gravant dans sa mémoire les numéros pairs et impairs des portes. Il se déplaçait sans faire de bruit, l'épaisse moquette étouffant le bruit de ses pas.

Parvenu au deuxième, il s 'arrêta pile. Une ombre venait de bouger, sur la droite, à la hauteur

approximative de ce qui devait être le 219. Rachid reconnut Adrien qui cassé en deux collait l 'œil au trou de la serrure.

Au « Hem ! Hem ! » qu'il lâcha, l 'autre tourna la tête une seconde, le reconnut et lui fit signe d'approcher. Il n'éprouvait nulle gêne d'avoir été surpris à violer l'intimité de la clientèle. Bien au contraire, tout son visage se plissait en mille rides joyeuses.

— Les sacrés garces ! chuchota-t-il. Viens voir un peu çà, garçon !

— Je croyais que vous n'officiez que de nuit, comme les hiboux, sourit Rachid.

Adrien posa un doigt en travers de se lèvres et parla bas.

— La situation est exceptionnelle. Ces deux-là sont arrivées tout à l'heure, pendant que tu rangeais tes affaires. Elles descendent toujours chez nous quand elles passent par ici. Tante et nièce, elle dit qu'elle sont, la vieille. Tu parles ! Bigle un peu...

Il s'écarta, la main offrant, seigneuriale, le trou de serrure. Rachid hésita. Le procédé lui déplaisait. Finalement la curiosité fut la plus forte. Et puis il était à l'âge où il est légitime de s'instruire.

Se penchant à son tour, un genou au sol, il regarda.

La jeune fille était allongée sur le dos en travers du lit. On ne voyait d'elle que ses jambes, longues et très blanches. Au creux des cuisses largement ouvertes butinait une tête aux cheveux blonds... De

VALET DE CŒURS

Rachid, jeune et beau maghrebin est engagé comme valet d'hôtel à Paris. Il se pliera avec un parfait sang froid aux exigences les plus inattendues de la clientèle féminine. Et elle en a !

YE**

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