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UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ****************** ANNEE 2008 THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Médecine Générale ------------ Présenté(e) et soutenu(e) publiquement le A CRETEIL (PARIS XII) ------------ Par Melle GEORGEON Amélie Né(e) le 10.07.1978 à Montreuil ------------- TITRE : AUTO-EVALUATION DE L’ATTEINTE DES OBJECTIFS THERAPEUTIQUES DANS UN SERVICE HOSPITALIER DE MEDECINE PREVENTIVE CARDIOVASCULAIRE DIRECTEUR DE THESE : LE CONSERVATEUR DE M. le Docteur G.CHIRONI LA BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE : Signature du Cachet de la Directeur de Thèse : Bibliothèque Universitaire :

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  • UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE

    FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

    ******************

    ANNEE 2008 N°

    THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT

    DE

    DOCTEUR EN MEDECINE

    Discipline : Médecine Générale

    ------------

    Présenté(e) et soutenu(e) publiquement le

    A CRETEIL (PARIS XII)

    ------------

    Par Melle GEORGEON Amélie

    Né(e) le 10.07.1978 à Montreuil

    -------------

    TITRE : AUTO-EVALUATION DE L’ATTEINTE DES OBJECTIFS

    THERAPEUTIQUES DANS UN SERVICE HOSPITALIER DE MEDECINE

    PREVENTIVE CARDIOVASCULAIRE

    DIRECTEUR DE THESE : LE CONSERVATEUR DE

    M. le Docteur G.CHIRONI LA BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE :

    Signature du Cachet de la

    Directeur de Thèse : Bibliothèque Universitaire :

  • Remerciements :

    Je remercie très sincèrement le Docteur Gilles CHIRONI d’avoir accepté d’être le

    directeur de cette thèse, de sa disponibilité, de ses conseils avisés et de ses

    encouragements.

    Merci également à ma famille et mes amis pour leur soutien moral et logistique, tout

    spécialement à Clarisse, Geoffroy, Blandine, Jean-Marie, Clémence, Muriel, Sara,

    Christine, David, Francis, Caroline (pour la logistique des derniers jours…) et j’en

    oublie…

    Merci d’avoir été là, motivants, compréhensifs et surtout patients!

    Dernière pensée « usurpée » à Monsieur Victor Hugo :

    «Savoir, penser, rêver. Tout est là »

    Victor Hugo, Océan prose.

  • AUTO-EVALUATION DE L’ATTEINTE DES OBJECTIFS

    THERAPEUTIQUES DANS UN SERVICE HOSPITALIER DE MEDECINE

    PREVENTIVE CARDIOVASCULAIRE

    1) INTRODUCTION…………………………………………………………6

    2) DIAGNOSTIC DU NIVEAU DE RISQUE ……………………………...8

    2.1) Définition du haut risque cardiovasculaire…………………………….8

    2.2) Facteurs de risque ……………………………………………………….8

    2.2.1) Cas particulier de la prévention secondaire…………………………....8

    2.2.2) Risque coronaire équivalent …………………………………………...8

    2.2.3) Facteur de risque traditionnels…………………………………………9

    2.2.3.a) L’âge…………………………………………………………………...9

    2.2.3.b) Le sexe…………………………………………………………………9

    2.2.3.c) L’hypertension artérielle……………………………………………...9

    2.2.3.d) Le tabagisme…………………………………………………………..10

    2.2.3.e) La dyslipidémie………………………………………………………..10

    2.2.3.f) Le diabète……………………………………………………………...11

    2.2.4) Facteurs de risque complémentaires…………………………………...11

    2.2.4.a) Les antécédents familiaux d’événements cardiovasculaires………...12

    2.2.4.b) Le surpoids et le syndrome métabolique……………………………..12

    2.2.4.c) La sédentarité…………………………………………………………13

    2.2.4 d) Le régime et la consommation d’alcool……………………………...13

    2.2.4.e) Les facteurs psychosociaux et environnementaux………………….14

    2.2.4.f) Les triglycérides……………………………………………………….14

    2.3) Méthode de diagnostic du haut risque cardiovasculaire (RCV)………15

    2.3.1) Modèles d'évaluation du haut RCV et leurs limites…………………....15

    2.3.2) FRCV émergents………………………………………………………..17

    2.3.3) Dépistage de l'athérosclérose infraclinique…………………………....18

  • 4

    3) CIBLES, OBJECTIFS ET MOYENS THERAPEUTIQUES…………...18

    3.1) La pression artérielle……………………………………………………..18

    3.1.1) Les objectifs tensionnels………………………………………………...18

    3.1.2) Les traitements médicamenteux………………………………………...18

    3.1.3) Les moyens non pharmacologiques…………………………………….19

    3.1.3.a)Le régime DASH……………………………………………………….19

    3.1.3.b) L’activité physique…………………………………………………….19

    3.2) Le cholestérol LDL………………………………………………………..20

    3.3) La glycémie…………………………………………………………….......21

    3.4) Le tabac…………………………………………………………………….22

    3.5) Le poids…………………………………………………………………….22

    3.6) Les mesures hygiéno-diététiques…………………………………………22

    3.6.1) L’exercice physique………………………………………………………22

    3.6.2) Le régime alimentaire……………………………………………………22

    4) ETUDE……………………………………………………………………….23

    4.1) Justification de l’étude…………………………………………………….23

    4.2) Patients et méthodes……………………………………………………….23

    4.2.1) Critères d’inclusion……………………………………………………....23

    4.2.2) Evaluation clinique et biologique………………………………………..24

    4.2.2.a) Evaluation clinique…………………………………………………….24

    4.2.2.b) Evaluation biologique………………………………………………….25

    4.2.3) Calcul du score de risque………………………………………………...25

    4.2.4) Analyse statistique ……….………………………………………………26

    4.3) Résultats………………………………………………………………….....26

    4.3.1) Description des sujets de l’étude : population entière…………………...26

    4.3.1.a) Caractéristiques cliniques, biologiques et artérielles ………………….26

    4.3.1.b) Moyens thérapeutiques mis en œuvre…………………………………..28

    4.3.1.c) Proportion d’atteinte des objectifs thérapeutiques……………………..29

    4.3.2) Statistiques analytiques : caractéristiques comparées…………………....31

    4.3.2.a) Selon l’atteinte ou non des objectifs thérapeutiques prioritaires ……...31

    4.3.2.b) Selon l’atteinte ou non des objectifs thérapeutiques secondaires ……..37

    4.3.2.c) Selon les moyens thérapeutiques non pharmacologiques……………...42

  • 5

    4.3.2.d) Selon l’ancienneté du suivi……………………………………………..45

    4.3.2.e) Selon le niveau de risque………………………………………………..49

    4.3.2.f) Selon la présence et la diffusion de l’athérosclérose infraclinique…….51

    5) DISCUSSION…………………………………………………………………55

    6) CONCLUSION…………………………………………………………….….61

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES……………………………………….62

  • 6

    1) INTRODUCTION

    Grâce aux progrès du dépistage et du traitement des facteurs de risque cardinaux

    (HTA, hypercholestérolémie, diabète et tabagisme), l’incidence des maladies

    cardiovasculaires d’origine athéromateuse diminue régulièrement depuis 30 ans. Elle

    reste cependant une des premières causes de mortalité en 2005, dans les pays

    industrialisés et en particulier en France.

    Les données rapportées en 2005 par l’Institut National de la Statistique et des Etudes

    Economiques (INSEE) montraient que 28,4 % des décès enregistrés en France étaient

    liés à une pathologie cardiovasculaire (Tableau 1) : 7,7 % par cardiopathie

    ischémique, 6,4 % par accident vasculaire cérébral (AVC) et ce, malgré une nette

    amélioration depuis 1980. [1]

    Tableau 1. Principales causes de décès en 2005 en France selon l’INSEE (Mise à jour

    mai 2008)

    Hommes Femmes Total

    Effectif % Effectif % Effectif %

    Maladies infectieuses et parasitaires (1)

    4 999 1,8 4 904 1,9 9 903 1,9

    Tumeurs 92 106 34,0 63 301 24,6 155 407 29,5

    dont :

    Tumeurs du larynx, trachée, bronches et poumon

    23 242 8,6 6 082 2,4 29 324 5,6

    Tumeurs du côlon 6 381 2,4 5 905 2,3 12 286 2,3

    Tumeurs du rectum et de l’anus 2 367 0,9 1 946 0,8 4 313 0,8

    Tumeurs du sein 201 0,1 11 308 4,4 11 509 2,2

    Troubles mentaux et du comportement

    7 195 2,7 9 864 3,8 17 059 3,2

    Maladie de l’appareil circulatoire 70 037 25,9 79 802 31,1 149 839 28,4

    dont :

    Maladies cérébrovasculaires 14 328 5,3 19 578 7,6 33 906 6,4

    Cardiopathies ischémiques 22 985 8,5 17 612 6,9 40 597 7,7

    Maladies de l’appareil respiratoire 18 039 6,7 17 017 6,6 35 056 6,6

    Maladies de l’appareil digestif 12 456 4,6 10 720 4,2 23 176 4,4

    Causes externes 22 682 8,4 15 123 5,9 37 805 7,2

    dont :

    Accidents de transport 4 016 1,5 1 361 0,5 5 377 1,0

    Suicides 7 826 2,9 2 881 1,1 10 707 2,0

    Autres causes 43 116 15,9 56 155 21,9 99 271 18,8

    Total 270 630 100,0 256 886 100,0 527 516 100,0

    (1) : y compris le Sida.Champ : France métropolitaine.Source : CépiDc- Inserm.

  • 7

    Leur impact en termes de santé publique est également majeur. Ainsi les dépenses de

    santé affectées aux maladies cardiovasculaires en France étaient estimées en 2005 à

    13,6 milliards d’euros, soit 13 % du montant total de la consommation de soins et de

    biens médicaux. La prescription médicamenteuse correspondante atteignait 18 % du

    total des dépenses médicamenteuses, 14 % du total des dépenses de soins hospitaliers

    et 7 % des dépenses en soins ambulatoires. [1]

    Des études américaines récentes ont montré que cette diminution du taux de mortalité

    des dernières décennies pouvait être expliquée à 50% par les progrès des traitements

    médicamenteux (essentiellement en prévention secondaire) et à 50% par une prise en

    charge plus rigoureuse des FRCV (le taux de cholestérol LDL, la pression artérielle,

    le sevrage tabagique, des règles hygiéno diététiques plus strictes) [2] et ce, sans

    distinction géographique apparente. Les études européennes retrouvent des résultats

    similaires.

    La stratégie préconisée à l’heure actuelle pour diminuer la mortalité cardiovasculaire

    consiste à dépister prioritairement, en prévention primaire, les sujets à forte

    probabilité d'accident cardiovasculaire dans les 10 ans à venir afin de les traiter de

    façon adaptée à leur niveau de risque [3 ; 4 ; 5].

    Dans ce but, plusieurs directives internationales dont celles de l’Agence Française de

    Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) et du National Cholesterol

    Education Program Adult Treatment Panel III (NCEP-ATP III) préconisent que le

    diagnostic du haut risque cardiovasculaire est primordial (dépistage des FRCV, calcul

    du score de risque multifactoriel, dépistage des FRCV émergents et de l'athérosclérose

    infraclinique) pour guider le traitement des FRCV traditionnels modifiables selon des

    cibles thérapeutiques précises.

    L’objectif de ce travail est d’analyser, sous forme d’auto-évaluation, la proportion

    d’atteinte des objectifs thérapeutiques en prévention primaire comme en prévention

    secondaire, sur une période de deux mois, dans un service hospitalier spécialisé en

    médecine préventive cardiovasculaire. A la lumière de leurs niveaux de risque, de la

    proportion de prescriptions médicamenteuses et non pharmacologiques, de leur mode

    de prise en charge (nouveau patient adressé dans le service ou ancien patient y

    bénéficiant déjà d’un suivi), nous tenterons d’identifier les facteurs déterminants des

  • 8

    taux d’échec et de succès. En s’appuyant sur les recommandations actuellement en

    vigueur, nous proposerons une attitude thérapeutique homogène permettant

    d’améliorer leur prise en charge, en milieu spécialisé hospitalier, et a fortiori en

    médecine de ville.

    Dans une première partie, nous rappellerons brièvement les grands facteurs de risque

    traditionnels ou émergents, et nous définirons ce que l’on entend par cibles et

    objectifs thérapeutiques. Dans un deuxième temps, nous présenterons notre étude en

    en décrivant la méthodologie et les résultats. Nos constatations seront discutées selon

    les interrelations trouvées entre succès ou insuffisance d’atteinte des grands objectifs

    thérapeutiques et les différentes caractéristiques de notre population, et à la lumière

    des grandes recommandations et des données existantes de la littérature sur le sujet.

    2) DIAGNOSTIC DU NIVEAU DE RISQUE

    2.1) Définition du haut risque cardiovasculaire

    L’association de plusieurs facteurs de risque modifiables ou non (âge, sexe,

    antécédents familiaux, HTA, hypercholestérolémie, hypoHDLémie, tabagisme)

    d’intensité légère à modérée est plus fréquente que la présence d’un facteur de risque

    sévère isolé. Elle peut représenter un haut risque cardiovasculaire souvent méconnu

    car touchant des individus en bonne santé apparente.

    Les recommandations françaises, européennes et américaines préconisent de

    diagnostiquer le niveau de risque, soit en énumérant les FRCV traditionnels, soit en

    les intégrant dans des scores de risque multifactoriel.

    2.2) Facteurs de risque

    2.2.1) Cas particulier de la prévention secondaire

    Le diagnostic de haut risque cardiovasculaire est évident et s'impose d’emblée chez

    les patients ayant une histoire présente ou passée de maladie coronaire,

    cérébrovasculaire ou vasculaire périphérique: ces manifestations cliniques

    athéromateuses constituent un puissant indicateur de futur accident coronaire [4].

    2.2.2) Risque coronaire équivalent

    Le diabète de type 2 surtout lorsqu'il est associé à d'autres facteurs de risque ou à une

  • 9

    dysfonction rénale (protéinurie, microalbuminurie, et/ou baisse du débit de filtration

    glomérulaire) confère un risque équivalent à celui d’une maladie coronaire avérée,

    dénommé pour cette raison « risque coronarien équivalent ».

    Une HTA sévère >180 et/ou 110 mmHg ou une hypercholestérolémie sévère

    supérieure à 3,20 g/l (ou un cholestérol LDL >2,40 g/l) procurent également un haut

    risque cardiovasculaire [4 ; 6].

    2.2.3) Facteurs de risque traditionnels

    2.2.3.a) L’âge

    Le risque cardiovasculaire augmente avec l’âge aussi bien chez l’homme que chez la

    femme. Pour un niveau de cholestérol LDL donné, le risque cardiovasculaire est plus

    élevé chez les personnes âgées que chez les jeunes.

    La raison principale de cette augmentation du risque cardiovasculaire est expliquée

    par le fait que la progression des dépôts d’athérosclérose coronaire reflète l’exposition

    chronique aux facteurs de risque athérogènes, connus ou non.

    Des études récentes ont prouvé que le bénéfice d’un traitement de réduction du taux

    de cholestérol LDL chez les sujets âgés est identique à celui des sujets d’âge moyen

    [4].

    2.2.3.b) Le sexe

    L’augmentation de risque absolu corrélé à l’âge devient significative cliniquement

    chez les hommes vers 40 ans et chez les femmes lors de la ménopause. A tous les

    âges, les hommes ont un risque plus élevé que les femmes et l’écart d’âge est

    d’environ 10 à 15 ans. Cette différence s’estompe dans la tranche d’âge >80ans.

    Les raisons d’une telle différence ne sont pas totalement connues. Une partie de cette

    disparité pourrait être expliquée par le fait que chez les hommes, on retrouve plus tôt

    l’association de facteurs de risque cardiovasculaires tels qu’une élévation du taux de

    cholestérol LDL et des chiffres de pression artérielle élevés ou bien encore une baisse

    du cholestérol HDL [4].

    On définit une limite d’âge pour les hommes (45 ans) pour les femmes (55 ans) à

    partir de laquelle les valeurs du cholestérol LDL doivent être abaissées si besoin.

    2.2.3.c) L’hypertension artérielle

    Le 7è rapport du Joint National Committee on Prevention, Detection, Evaluation, and

  • 10

    treatment of High Blood Pressure (JNC 7), définit l’hypertension artérielle (HTA) par

    une systolique ≥140mmHg et/ou une diastolique ≥90mmHg et/ou l’existence d’un

    traitement antihypertenseur. De nombreuses études ont démontré de manière

    univoque la relation puissante et proportionnelle entre les chiffres tensionnels et le

    risque de maladie coronaire [7].

    Cette association concerne aussi bien les hommes que les femmes, les sujets âgés que

    les jeunes. De même, les sujets présentant des chiffres tensionnels sub normaux

    (systolique à 130-139 mmHg et/ou diastolique à 80-90 mmHg) ont un risque plus

    élevé de maladie cardiovasculaire que ceux dont les chiffres tensionnels sont

    optimaux (

  • 11

    Pour une évaluation complète du risque, les mesures à prendre en compte

    comprennent le cholestérol total, le cholestérol HDL, le cholestérol LDL et les

    triglycérides après un jeûne de 14 heures (boire de l’eau est autorisé). Si cela est

    impraticable, le taux de cholestérol non à jeûn est mesuré, qui permettra de détecter au

    moins certaines hyperlipidémies familiales majeures qui entraînent un risque élevé et

    nécessitent d’être traitées.

    Le dosage du cholestérol HDL (fraction protectrice non athérogène) apporte une

    information prédictive supplémentaire.

    Une concentration de cholestérol HDL inférieure à 0,40 g/l est considérée comme un

    facteur de risque qui s’ajoute aux autres facteurs de risque dénombrés lors de

    l’évaluation du risque global. A l’inverse, une concentration de cholestérol HDL

    supérieure à 0,60 g/l, est considérée comme un facteur protecteur, permettant de

    soustraire un risque [3 ; 4].

    La concentration de cholestérol HDL est abaissée par le tabagisme, la sédentarité,

    l’obésité, l’hypertriglycéridémie, et à l’inverse, elle est augmentée par l’activité

    physique, la consommation modérée d’alcool et par les oestrogènes (expliquant en

    partie la protection féminine jusqu’à la ménopause) [4].

    2.2.3.f) Le diabète

    Le diabète est défini par une hyperglycémie à jeûn >1,26g/l ou plus. Le risque

    cardiovasculaire, incluant le risque coronaire, est globalement multiplié par 3 chez la

    femme et 2 chez l’homme. De plus, le taux de mortalité dû à un accident coronaire est

    plus élevé chez le diabétique que chez le non diabétique [11].

    Chez les diabétiques de type 1, le risque apparaît surtout après 15-20 ans d’évolution

    et particulièrement lorsqu’il existe une atteinte rénale avec protéinurie. Chez les

    diabétiques de type 2, les perturbations de la glycorégulation ne sont le plus souvent

    qu’un élément parmi d’autres perturbations (dyslipidémie, HTA…) entrant dans le

    cadre du syndrome métabolique et la maladie coronarienne peut précéder l’apparition

    du diabète proprement dit.

    Le diabète, de part l’hyperglycémie qu’il provoque, peut être considéré comme un

    facteur de risque indépendant et non lié au surpoids /obésité et à la dyslipidémie

    souvent associés chez les sujets diabétiques.

    2.2.4) Facteurs de risque complémentaires

  • 12

    Le score de Framingham et autres scores de risque apparentés (voir chapitre 2.3.1) ne

    tiennent pas compte de certains facteurs de risque complémentaires qui ont un rôle

    étiologique bien établi dans l’athérosclérose. Un antécédent familial de maladie

    coronaire ou de mort subite prématurée, avant 55 ans chez l’homme et 65 ans chez la

    femme, chez au moins un parent du 1er degré est un facteur de risque majeur. Des

    recommandations comme le NCEP-ATP III et l’AFSSAPS l’incluent dans la liste des

    facteurs de risque traditionnels et définissent le haut risque comme la présence de plus

    de 2 des 5 facteurs de risque suivants : âge, hypertension, hypoHDLémie, tabagisme,

    et hérédité coronaire prématurée. D’autres facteurs de risque complémentaires comme

    le manque d’activité physique régulière, le syndrome dépressif et la précarité sont

    difficiles à mesurer, mais le risque cardiovasculaire réel est plus élevé en leur

    présence que le risque calculé par le score de Framingham [4].

    2.2.4.a) Les antécédents familiaux d’événements cardiovasculaires

    Plusieurs études prospectives ont suggéré que les antécédents familiaux de maladie

    cardiovasculaire étaient un facteur de risque cardiovasculaire indépendant [12].

    L’existence d’une histoire cardiovasculaire chez des parents au premier degré

    (parents, fratrie, descendance) est un facteur de risque majeur pouvant multiplier le

    risque relatif (RR) de 2 à 12 fois par rapport à celui de la population générale [13].

    De plus, les antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire sont liés à une

    prévalence élevée de facteurs de risque modifiables, dont certains sont génétiquement

    contrôlés (HTA, lipides et lipoprotéines, Lp (a) et obésité).

    Stricto sensu, la définition de l’hérédité coronaire se limite à des antécédents

    familiaux d’infarctus du myocarde ou de mort subite au premier degré (parents,

    fratrie) et suffisamment précoces (55 ans pour les hommes et 65 pour les femmes) [3 ;

    4].

    2.2.4.b) Le surpoids et le syndrome métabolique

    L’obésité est définie par un index de masse corporelle (IMC calculé par le rapport

    poids en kilogrammes sur le carré de la taille en mètres) >30 kg/m², le surpoids par un

    IMC compris entre 25 et 30 kg/m². Un IMC >40 kg/m² définit une obésité morbide

    [14].

    L’étude de Framingham a démontré une forte relation entre l’obésité et le risque

    coronaire mais elle n'est pas considérée en tant que tel comme un facteur de risque

  • 13

    indépendant. Cependant, NCEP-ATP III considère le surpoids et l'obésité comme des

    cibles principales des règles hygiéno diététiques [4].

    La redistribution androïde des graisses est également un facteur de risque ignoré par le

    score de Framingham. Elle est le plus souvent associée à un surpoids modéré

    (25102 cm chez l’homme, hypertriglycéridémie >1,50 g/l,

    hypoHDLémie 1,10 g/l, et/ou pression artérielle

    >135/85 mmHg. Le syndrome métabolique n’est pas synonyme de haut RCV dont le

    diagnostic doit être établi par le score de Framingham. Cependant il s'accompagne

    d’un risque de diabète de type 2 accru aggravant le pronostic cardiovasculaire [15].

    2.2.4.c) La sédentarité

    La sédentarité est considérée comme associée à un risque accru de maladie coronaire.

    Par ailleurs, la pratique d'une activité physique régulière (30 min d’activité physique

    d’intensité modérée 4 fois par semaine) modifie de nombreux facteurs de risque en

    diminuant le taux de cholestérol LDL et de triglycérides, en augmentant le taux de

    cholestérol HDL, en améliorant la sensibilité à l'insuline et en diminuant les chiffres

    de pression artérielle [4].

    2.2.4 d) Le régime et la consommation d’alcool

    Des études prospectives ont démontré que des schémas diététiques modifiaient le

    risque coronarien de base d'une population donnée.

    En effet, les habitudes alimentaires de certaines populations à haut risque, tels que les

    effets de la consommation en grande quantité d'acides gras saturés sur le taux de

    cholestérol LDL ou de grandes quantités de sel sur les chiffres de pression artérielle

    apparaissent comme modifiant le risque cardiovasculaire de base. Des populations aux

    règles hygiéno diététiques plus «saines» (consommation plus régulière de fruits et

    légumes, des acides gras insaturés...) présentent un risque moindre qui ne peut être

    expliqué que par les seuls facteurs de risque standards.

    Les nutriments impliqués dans cette réduction de risque ne sont pas tous définis mais

    certains sont déjà ciblés: des anti-oxydants, l'acide folique, la vitamine B, les oméga-

  • 14

    3. Par conséquent, une modification des règles diététiques doit être employée pour

    réduire le risque cardiovasculaire comme faisant partie intégrante d'un changement de

    style de vie [4].

    La consommation d’alcool quant elle n’a pas montré de relation directe sur une

    augmentation de la mortalité cardiovasculaire. Cependant, une consommation

    quotidienne supérieure ou égale à 20g/j chez la femme et 30g/j chez l’homme,

    entraîne la majoration des effets délétères d’autres FRCV: une augmentation des

    chiffres de pression artérielle pouvant souvent conduire à une HTA résistante, un

    surpoids avec une tendance à l’obésité androïde, une hypertriglycéridémie [3 ; 4].

    2.2.4.e) Les facteurs psychosociaux et environnementaux

    Plusieurs aspects du comportement (anxiété, dépression, stress…) sont associés aux

    coronaropathies. Le stress est une interaction entre l’individu et l’environnement ; le

    RCV est finalement lié à la réponse à la contrainte et non à la contrainte elle-même.

    Les processus moléculaires et physiologiques qui gouvernent les réponses au stress

    sont médiées à la fois par des voies neuroendocrines et nerveuses du système

    sympathique dont quelques unes empiètent sur les systèmes impliqués dans la

    régulation cardiovasculaire [16].

    Les catégories sociales défavorisées sont à plus haut RCV que les autres, pour des

    raisons multiples, d’ordre culturel, économique et nutritionnel en particulier.

    Les relations entre les facteurs psychosociaux et la morbimortalité cardiovasculaire

    sont difficiles à analyser car soumises à de nombreux facteurs de confusion tels que le

    tabagisme, l’alcool et les comportements nutritionnels.

    Bien que le traitement du syndrome dépressif améliore la capacité du patient à

    l’activité et la qualité de vie, on ne sait pas s’il diminue la survenue d’événements

    cardiovasculaires [16].

    2.2.4.f) Les triglycérides

    Des taux élevés de triglycérides (TG) de 1,50 – 4 g/L sont associés à un risque

    augmenté de maladie cardiovasculaire. Cependant la relation entre TG et risque

    coronarien est largement dépendante de l’effet d’autres FRCV, causes ou

    conséquences de l’hypertriglycéridémie, tels que : un cholestérol HDL bas, une

    obésité, un diabète, une HTA, une hypercholestérolémie [4].

  • 15

    2.3) Méthode de diagnostic du haut risque cardiovasculaire (HRCV)

    2.3.1) Modèles d'évaluation du HRCV et leurs limites

    Le diagnostic de haut risque peut être établi par le calcul d'un score de risque global

    intégrant les FRCV traditionnels.

    Le score de risque nord-américain de Framingham, classiquement le plus utilisé car le

    premier publié, intègre l'âge, le sexe, le cholestérol total et le cholestérol HDL, la

    pression artérielle systolique et la présence ou l'absence de tabagisme actuel. Des

    points de risque sont attribués à chaque facteur et sont additionnés pour obtenir un

    score transformé en un pourcentage de probabilité de développer un évènement

    cardiovasculaire fatal ou non dans les dix années à venir.

    La saisie de ces facteurs de risque dans une table ou dans un programme informatique

    (NCEP-ATPIII) fournit la probabilité d'accident coronarien dans les 10 ans et permet

    de classer le risque en faible ( ou = à 20%)

    [17 ; 18].

    En faisant varier les coefficients attribués à chaque facteur, il est ainsi possible

    d'apprécier la probabilité de survenue d'un infarctus du myocarde (symptomatique ou

    silencieux), d'un décès lié à une coronaropathie, d'une coronaropathie quel qu'en soit

    le mode d'expression, d'un accident vasculaire cérébral, d'une maladie

    cardiovasculaire ou d'un décès en rapport avec celle-ci. Ces équations peuvent être

    calculées avec les pressions artérielles systolique ou diastolique, ce qui porte à douze

    le nombre de modèles prédictifs proposés par Anderson. En pratique, l'équation la

    plus souvent utilisée est celle qui estime le risque à 10 ans de survenue d'une

    coronaropathie (Figure 1) [18].

  • Figure 1 : Grille de calcul du risque coronarien à 10 ans selon le modèle de

    Framingham.

  • La principale limite d’application du score de Framingham est qu’il surestime le

    risque réel des populations européennes du fait d'un gradient de risque est-ouest [19].

    Pour pallier à ces discordances, un score européen (SCORE) [20] a été mis au point,

    tenant compte de ces disparités régionales mais à ce jour, il n'a pas été démontré qu’il

    fournissait une meilleure valeur prédictive vis-à-vis du risque coronaire de ces

    populations. Chez un sujet français, la Haute Autorité de Santé (HAS) préconise de

    diviser le score de Framingham par 1,5 à 2 pour améliorer sa valeur prédictive [3]. Il a

    aussi été proposé d'utiliser un modèle issu de celui de Framingham et adapté à la

    population française (score de Laurier) [21].

    Le modèle PROCAM, validé sur une population masculine allemande, met en

    exergue la prise en compte du taux de triglycérides et de l’hérédité coronaire, ignorés

    par le modèle de Framingham. Mais le modèle PROCAM n’a pas montré sa

    supériorité par rapport à celui de Framingham dans les populations du nord de

    l’Europe [22].

    2.3.2) FRCV émergents

    Certains marqueurs émergents, ne constituant pas par eux-mêmes des FRCV, ont été

    proposés comme apportant une valeur prédictive supplémentaire à des FRCV

    traditionnels ou complémentaires. Ces marqueurs circulants inflammatoires (CRP,

    fibrinogène, taux leucocytaire), lipidiques (apolipoprotéines A et B, Lp (a)) ou

    métaboliques (homocystéine) ont démontré une forte liaison avec l'augmentation du

    RCV sans que la preuve de leur causalité indépendante ait pu être apportée.

    Les recommandations sur leur utilisation et leur interprétation s'accordent à conclure

    que seuls des taux très élevés de certains biomarqueurs circulants (CRP>3 mg/l, Lp

    (a)>1,20 g/l) pourraient permettre de reclasser des sujets à risque traditionnel

    intermédiaire (10-20%) dans la catégorie du haut risque mais qu'ils n'ont pas d'utilité

    en pratique courante [6].

    Le cholestérol non HDL est défini comme une cible secondaire par le NCEP-ATP III

    lorsque le taux cible de cholestérol LDL est atteint et si les TG restent élevés (> 2g/l).

    Il est calculé comme la différence arithmétique entre cholestérol total et cholestérol

    HDL. Il représente le cholestérol porté par les particules contenant de l’Apo B,

    potentiellement athérogènes (VLDL, IDL, chylomicrons et Lp (a)) [4]. A ce titre, son

    taux constitue un objectif thérapeutique secondaire mais novateur et prometteur (voir

  • 18

    chapitre 3.1.2).

    2.3.3) Dépistage de l'athérosclérose infraclinique

    Les nouveaux marqueurs d'athérosclérose infraclinique ou silencieuse (épaisseur

    intima-média et plaques carotidiennes et artérielles périphériques mesurées par

    ultrasons, calcifications carotidiennes mesurées par scanner, index de pression

    systolique (IPS) mesuré par stéthoscope Doppler, vasodilatation humérale débit-

    dépendante mesurée par ultrasons, vitesse de propagation de l'onde de pouls carotido

    fémorale mesurée par mécanographie) ont une liaison avec le risque cardiovasculaire

    indépendante des FRCV classiques. C'est pourquoi un sujet à risque traditionnel

    intermédiaire ayant un test d'athérosclérose positif peut être reclassé dans la catégorie

    du haut RCV [5].

    3) CIBLES, OBJECTIFS ET MOYENS THERAPEUTIQUES

    3.1) La pression artérielle

    3.1.1) Objectifs tensionnels

    Les recommandations américaines et européennes définissent un objectif de PA

  • 19

    Tableau 2. Indications et contre-indications des principales classes thérapeutiques

    d’anti-hypertenseurs [23].

    3.1.3) Les moyens non pharmacologiques :

    3.1.3.a) Le régime DASH : Aux États-Unis, les National Institutes of Health (NIH)

    préconisent le régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension). Ce régime

    alimentaire est spécialement conçu pour soigner l'hypertension et s'apparente au

    régime méditerranéen. Des recherches ont démontré son efficacité et dans le cas d'une

    hypertension légère, il peut même remplacer les médicaments habituels.

    Dans ce régime, l'accent est mis sur les fruits et légumes, les grains entiers, les noix, le

    poisson, la volaille et les produits laitiers faibles en matières grasses. La

    consommation de viandes rouges, de sucre, de matières grasses (plus particulièrement

    les gras saturés), d’alcool et de sel y est réduite (6 g/j maximum) [7].

  • 20

    3.1.3.b) L’activité physique : Les exercices d’endurance (marche rapide, course, vélo,

    danse, natation) sont recommandés et l’on suggère d'en faire environ 30 minutes

    quatre fois par semaine. À long terme, cela permet de réduire la pression systolique de

    4 mmHg à 9 mmHg, même sans perte de poids [7].

    3.2) Le cholestérol LDL

    Les recommandations de l'AFSSAPS de mars 2005 [3] définissent des concentrations

    "cibles" de cholestérol LDL à atteindre en fonction du niveau de risque

    cardiovasculaire (5 niveaux de risque) en prenant en compte les FRCV rappelés dans

    le Tableau 3.

    Tableau 3. Facteurs de risque cardiovasculaire pris en compte pour le choix de

    l’objectif thérapeutique selon les valeurs de cholestérol LDL[3].

    Les experts de l'AFSSAPS considèrent ainsi que le taux de cholestérol LDL doit être

    inférieur à 1 g/l chez les patients atteints de maladie cardiovasculaire avérée ou jugés

    comme ayant un risque coronaire équivalent : diabète de type 2 à haut risque (atteinte

    rénale ou au moins deux facteurs de risque), probabilité de survenue d'un événement

    coronarien supérieure ou égale à 20 % dans les 10 ans à venir. Les autres cibles de

    cholestérol LDL dépendent du nombre de facteurs de risque ou du niveau de risque

    correspondant (Tableau 4).

  • 21

    Tableau 4. Concentrations "cibles " de cholestérol LDL à atteindre en fonction du

    nombre de FRCV.

    *ATCD de maladie cardiovasculaire (coronaire ou vasculaire avérée) , diabète de type 2 à haut risque (atteinte rénale DFG300mg/24h, microalbuminurie >30mg/24h), r élévé >20% de survenue d'un événement coronarien dans les 10 ans.

    *ATCD de maladie cardiovasculaire avérée, diabète de type 2 avec atteinte rénale, ou au moins 2 FRCV suivants : âge, hérédité coronaire, tabagisme, HTA, microalbuminurie >30 mg/24h, RCV dans les 10 ans >20%.

    La recommandation de l’AFSSAPS rappelle par ailleurs qu'un hypolipémiant ne doit

    être proposé que si la baisse du cholestérol LDL n'a pas été atteinte après 3 mois de

    régime diététique bien conduit et la pratique d’une activité physique d’endurance

    régulière.

    Il insiste sur la nécessité de débuter le traitement à des doses faibles d'hypolipémiants

    et de toujours bien évaluer le bénéfice/risque pour chaque malade, notamment lorsque

    de fortes posologies de statines sont prescrites ou que celles-ci sont associées à

    l'ézétimibe.

    Le NCEP-ATP III quant à lui considère le diabète de type 2 même non compliqué

    comme FR sévère à part entière. Les recommandations de l’American Heart

    Association (AHA) préconisent également une attitude plus agressive sur le taux de

    cholestérol LDL en post infarctus du myocarde (

  • 22

    3.3) La glycémie

    Les recommandations de l’HAS définissent une glycémie

  • 23

    par l'enquête alimentaire (par exemple 1 400 à 1 700 KCal si les apports habituels

    étaient de 2 100 KCal/j et 2 000 à 2 500 si les apports habituels étaient de 3 000 KCal)

    ou, ce qui revient souvent au même, conseiller des apports correspondant aux 2/3 de

    la dépense énergétique quotidienne, calculée en tenant compte de l'âge, du sexe, du

    poids et du niveau habituel d'activité physique (HAS, NCEP-APT III) [4 ; 24].

    En ce qui concerne la consommation alcoolique : elle doit être limitée à 20g/j chez la

    femme et 30g/j chez l’homme.

    4) ETUDE

    4. 1 Justification de l’étude

    Les maladies cardiovasculaires restent l’une des principales causes de mortalité dans

    les pays développés malgré un dépistage et des traitements de plus en plus précoces et

    efficaces. Pourtant, il existe un grand nombre de recommandations permettant

    d’optimiser cette prise en charge et ainsi de diminuer la mortalité liée aux événements

    cardiovasculaires.

    Le but de ce travail est d’analyser le taux d’atteinte des objectifs thérapeutiques en

    prévention primaire comme en prévention secondaire, sur une période de deux mois,

    dans un service hospitalier spécialisé en médecine préventive cardiovasculaire.

    4.2 Patients et méthodes

    4.2.1) Critères d’inclusion

    Nous avons réalisé une étude rétrospective d’une cohorte de sujets consécutifs se

    présentant pour prise en charge diagnostique et thérapeutique de leurs FRCV dans le

    cadre d’une séance à Hôpital de Jour (HDJ) du service de Médecine Préventive

    Cardiovasculaire du Groupe Hospitalier HEGP-Broussais. Le recrutement a été réalisé

    du 7 novembre 2006 au 24 janvier 2007.

    Sur 450 patients, ont été sélectionnés ceux pour qui des données exhaustives ont pu

    être recueillies, c’est-à-dire ceux pour lesquels tous les paramètres cliniques et

    biologiques mesurés étaient disponibles, incluant ainsi un total de 200 patients dont

    68% d’ hommes, âgés de 17 à 84 ans.

    Les patients inclus ont été séparés en 2 groupes : ceux hospitalisés pour la première

    fois (Groupe 1 : n=116) dans le service et ceux ayant déjà bénéficié d’un ou plusieurs

    bilan(s) en HDJ et d’un suivi régulier en consultation (Groupe 2 : n=84).

  • 24

    Les patients du Groupe 1 étaient adressés par leur médecin traitant, leur médecin du

    travail ou un spécialiste, ou bien ils consultaient de leur propre initiative.

    Au sein des deux groupes, les patients ont été classés en fonction du type de

    prévention cardiovasculaire, primaire (n=175) ou secondaire (n=25).

    Tous les patients inclus ont bénéficié d’un examen médical complet, de consultations

    avec diététicienne, tabacologue et/ou alcoologue le cas échéant, d’examens

    biologiques et échographiques standardisés développés ci-dessous. Les intervenants

    (diététicienne, tabacologue) n'ont pas varié lors de l'étude.

    Les résultats ont été saisis dans un dossier informatisé déclaré à la Commission

    Nationale Informatique et Libertés (CNIL), interprétés et analysés selon les

    recommandations internationales. A la sortie de l’HDJ, les patients ont tous bénéficié

    d’un entretien personnalisé avec l’un des médecins du service, concluant sur leur

    niveau de risque et d’atteinte des organes cibles (artères, myocarde, reins) et les

    conséquences en termes de cibles, objectifs et moyens thérapeutiques devant être mis

    en œuvre pour réduire le risque.

    4.2.2) Evaluation clinique et biologique

    4.2.2.a) Evaluation clinique :

    Chaque patient a bénéficié lors de son hospitalisation de jour :

    - d’un entretien médical personnalisé à la recherche des FRCV connus du patient

    (hypertension artérielle traitée ou non, dyslipidémie traitée ou non, diabète traité ou

    non, antécédents personnels de maladie cardiovasculaire d’origine athéromateuse,

    hérédité coronaire, tabagisme, traitement médical quotidien)

    - d’un examen médical général et cardiovasculaire avec recherche de souffle

    cardiaque ou vasculaire (carotidien, sus claviculaire, aortique, fémoral, abdominal),

    palpation des pouls

    - de la mesure de l’IMC

    - de la mesure de la pression artérielle après 5 minutes de repos au

    sphygmomanomètre et par mesures semi-automatiques,

    - d’un entretien diététique personnalisé :

    . à la recherche d’erreurs alimentaires (régime hypercalorique, hyperlipidique,

    déséquilibré) ;

    . pour quantifier le degré d’activité physique en correct (plus de 30min

  • 25

    d’activité d’endurance 4 fois par semaine), insuffisant ou nul.

    4.2.2.b) Evaluation biologique:

    Chaque patient a bénéficié lors de son hospitalisation de jour :

    - d’un bilan sanguin systématique (ionogramme sanguin, créatininémie, DFG, acide

    urique, glycémie à jeûn, insulinémie, HbA1c, ASAT, ALAT, CPK, NFS, plaquettes,

    VS, CRP, TSH, fibrinogène, cholestérol total et HDL, triglycérides, cholestérol LDL

    calculé ou, en cas d’hypertriglycéridémie > 4 g/l, dosé) ;

    - d’un examen des urines avec microalbuminurie et protéinurie sur échantillon et sur

    24h pour les patients aux ATCD de néphropathie connue (diabétique, hypertensive,

    autre) ;

    - d’un bilan biologique plus spécifique à la recherche de FRCV émergents :

    homocystéinémie, folates et vitamine B12, Lp (a), Apo A1 et B.

    4.2.3) Calcul du score de risque

    Le risque coronaire à 10 ans a été calculé par le score de Framingham (Tableau 1) s’il

    était applicable, c’est à dire pour les patients non diabétiques, de prévention primaire

    et âgés de 30 à 75 ans.

    Ce score permet de définir trois classes: faible risque 20%.

    Selon la définition de l’AFSSAPS [3], tous nos diabétiques (n=18) étaient à haut

    risque cardiovasculaire car ils avaient plus de 2 FRCV associés et/ou une

    microalbuminurie >30mg/24h et/ou une protéinurie et/ou une insuffisance rénale

    définie par un DFG

  • 26

    L’échographie artérielle aux trois sites (fémoral, carotide, aorte abdominale) détecte la

    présence d’athérome sous forme de plaques avec une reproductibilité de 90 à 100%

    [26].

    La plaque forme une saillie focalisée de plus d’1,5 mm d’épaisseur dans la lumière

    artérielle. Lorsqu’un site artériel contient au moins une plaque, il est considéré comme

    atteint. Le degré de diffusion de l’athérosclérose est estimé par le nombre de sites (0-1

    site, 2-3 sites ou athérosclérose diffuse) [26].

    4.2.4) Analyse statistique

    Nous avons collecté les données des compte-rendus d’hospitalisation de jour sur des

    feuilles de calculs Microsoft Excel®. Les analyses statistiques ont été réalisées par le

    logiciel JMP (SAS Institute ®). Les variables quantitatives continues sont exprimées

    en moyenne ± écart type (valeurs extrêmes). Les variables qualitatives sont exprimées

    en nombre de patients avec pourcentages. Les proportions de sujets dans chaque

    catégorie sont comparées entre groupes par le test de χ². Les paramètres quantitatifs

    continus sont comparés entre groupes par analyse de variance ou par test de Student.

    Pour les variables continues de distribution non normale, les tests non paramétriques

    de Wilcoxon ou de Kruskal-Wallis sont utilisés. Les valeurs significatives sont

    retenues si p 30 kg/m²

    27 ± 4 61 (31) 86 (43) 53 (27)

    16-43

    PAS, mmHg PAD, mmHg FC, bpm

    134 ± 17 84 ± 11 63 ± 9

    85-210 45-120 34-90

    Tabagisme actuel, n (%) Nombre de cigarette/j Paquets années

    32 (16) 2 ± 6

    11 ± 15

    0-50 0-90

    Hérédité coronaire Hérédité de diabète

    76 (38) 15 (7)

  • 27

    Régime adapté Exercice physique

    27 (14) 101 (51)

    Les variables sont exprimées en moyennes ± écart type ou en nombre de sujets (n) et pourcentage.

    Tableau 6. Caractéristiques biologiques des sujets de l’étude.

    Valeurs Minimum- Maximum Cholestérol Total, g/l HDL, g/l LDL, g/l TG, g/l Apolipoprotéine A1, g/l Apolipoprotéine B, g/l Lipoprotéine (a), g/l

    1,93 ± 0,46 0,49 ± 0,16 1,20 ± 0,36 1,04 ± 0,60 1,43 ± 0,3

    0,93 ± 0,23 0,30 ± 0,34

    1,05-4,5 0,19-1,15 0,09-2,94 0,33-5,07

    0,89-2,59 0,53-2,08 0,02-1,60

    Glycémie, g/l HbA1c, % Insulinémie, mUI /L

    0,96 ± 0,13 5,5 ± 0,5 6,8 ± 3,5

    0,68-1,42 4,8-7,9

    1,2-19,7

    Créatinine, µmol/L DFG, ml/min Acide urique, µmol/L Microalbuminurie, mg/l Protéinurie des 24h, g/l

    86 ± 18 98 ± 29

    324 ± 70 20 ± 46

    0,03 ± 0,09

    44-165 28-205

    117-498 0-350 0-0,5

    CPK, UI/L ASAT, UI/L ALAT, UI/L Gamma GT, UI/L Phosphatases Alcalines, UI/L Bilirubine totale, UI/L

    157 ± 218 25 ± 11 29 ± 18 30 ± 30 53 ± 19 14 ± 7

    26-2911 3-91

    6-155 5-195

    10-123 2-59

    Fibrinogène, g/l CRP, mg/l VS, mm TSH, mUI/l

    3,3 ± 1 3 ± 5,8

    13 ± 17 1,9 ± 1,15

    1,2-12 0,2-50 3-91

    0,3-7,5

    Homocystéine, µmol/l Folates, ng/ml Vit B12, pg/ml

    10,4 ± 3,3 5,4 ± 2,6

    320 ± 118

    4,2-26 1,1-15,5 88-828

    GR, T/L Hémoglobine, g/dl Hématocrite, % VGM, µm3 Plaquettes, G/L Leucocytes, G/L

    4,6 ± 0,48 14,3 ± 1,4

    42 ± 4 91 ± 5

    243 ± 52 6 ± 1,5

    2,4-5,6 9-17,6 26-54

    71-123 130-443 2,8-13,7

    Les variables sont exprimées en moyennes ± écart type ou en nombre de sujets (n) et pourcentage.

    Tableau 7. Caractéristiques artérielles des sujets de l’étude.

    Valeurs Minimum - Maximum Athérosclérose diffuse (3 sites) 51 (25) Plaque Carotide Plaque Fémorale Plaque Aorte

    114 (57) 135 (68) 103 (52)

    EIM Droite EIM Gauche

    0,64 ± 0,14 0,68 ± 0,15

    0,40-1,33 0,42-1,33

  • 28

    Les variables sont exprimées en moyennes ± écart type ou en nombre de sujets (n) et pourcentage.

  • 4.3.1.b) Moyens thérapeutiques mis en oeuvre

    Tableau 8. Distribution des moyens thérapeutiques non pharmacologiques et médicamenteux dans la population entière.

    Types de moyens Valeurs, nombre (%) Non pharmacologiques Régime alimentaire déséquilibré, n (%)

    - non - oui

    Régime hyper calorique, n (%) - non - oui

    Régime hyper lipidique, n (%) - non - oui

    Exercice physique, n (%) - nul - insuffisant - correct

    63 (32) 137 (69)

    76 (38)

    124 (62)

    75 (38) 125 (63)

    99 (50) 66 (33) 35 (18)

    Pharmacologiques -Présence de traitement antihypertenseur, n (%) - béta-bloquant, n - IC, n - IEC, n - ARA, n - diurétiques, n - autres, n - Nombre d’antihypertenseur - 1, n - 2, n - 3, n - 4, n - 5, n - Présence de traitement hypolipémiant, n (%) - statines, n - fibrates, n - ézétimibe, n - résine, n - Présence de traitement antidiabétique oral, n (%) - biguanides, n - sulfamides, n - autres ADO, n - Présence de traitement anti-agrégant, n (%)

    118 (59)

    35 52 26 50 64 13

    39 50 18 8 3

    74 (37) 67 5 9 0

    12 (6) 9 4 1

    43 (22)

    Les variables sont exprimées en moyennes ± écart type ou en nombre de sujets (n) et pourcentage.

  • 30

    4.3.1.c) Proportion d’atteinte des objectifs thérapeutiques

    Tableau 9. Proportions d’atteinte des objectifs thérapeutiques dans la population entière.

    Objectifs Valeurs nombre (%) De pression artérielle, n (%)

    - non atteints - atteints

    65 (33)

    135 (67) De cholestérol LDL, n (%)

    - non atteints - atteints

    De cholestérol HDL, n (%) - non atteints - atteints

    De TG, n (%) - non atteints - atteints

    De cholestérol non HDL, n (%) - non atteints - atteints

    77 (38)

    123 (62)

    75 (38) 125 (67)

    23 (12)

    177 (88)

    68 (34) 132 (66)

    De tabagisme, n (%) - non atteints - atteints - Jamais fumeur - Anciens fumeurs

    32 (16)

    168 (84) 112 (61) 66 (33)

    De glycémie, n (%) - non atteints - atteints

    23 (12)

    177 (88)

    Les variables sont exprimées en moyennes ± écart type ou en nombre de sujets (n) et pourcentage.

    Les Tableaux 5 à 9 sont descriptifs des caractéristiques cliniques, biologiques,

    artérielles et thérapeutiques de la population recrutée pour l’étude.

    Notre étude inclut 200 patients, majoritairement des hommes âgés de 55 ans en

    moyenne.

    La plupart d’entre eux (89%) étaient pris en charge en prévention primaire et 63%

    étaient à haut risque cardiovasculaire.

    Les deux FRCV cardinaux les plus fréquents étaient l’HTA (59%) et la dyslipidémie

    (38%). La prévalence des autres FRCV était, par ordre décroissant : un régime

    alimentaire déséquilibré (68%), le manque d’activité physique régulière (sédentarité)

    (50%), une notion d’hérédité coronaire (38%), un tabagisme actif (16%), une

    hyperglycémie ou un diabète (6%).

    Un quart des sujets inclus présentait une athérosclérose infraclinique diffuse (3 sites

  • 31

    atteints) avec, par ordre de fréquence décroissant, les localisations fémorale (68%),

    carotidienne (57%) et aortique (52%).

    Les patients hypertendus étaient le plus souvent traités par bithérapie comprenant

    majoritairement un diurétique, avec des valeurs moyennes de PAS à 134 mmHg et

    PAD à 84 mmHg. Chez 55% d’entre eux, les objectifs thérapeutiques n’étaient pas

    atteints.

    Les patients dyslipidémiques recevaient le plus souvent une statine, avec des valeurs

    moyennes de cholestérol LDL à 1,20 g/l. Chez 62% d’entre eux, les objectifs

    thérapeutiques étaient atteints, tout comme pour le cholestérol HDL (valeur moyenne

    0,49 g/l, objectifs atteints chez 63%) et pour les triglycérides (valeur moyenne 1,04

    g/l, objectifs atteints chez 89%).

    Tout venant, 22% des sujets de notre étude recevaient un anti-agrégant plaquettaire

    au long cours.

    Sur le plan hygiéno-diététique, 69% des patients gardaient un régime alimentaire

    déséquilibré, 50% étaient sédentaires et 70% d’entre eux présentaient un surpoids

    dont 27% porteurs d’une obésité (IMC>30 kg/m²).

  • 4.3.2) Statistiques analytiques des sujets de l’étude : caractéristiques comparées

    4.3.2.a) Selon l’atteinte ou non des objectifs thérapeutiques prioritaires

    Tableau 10. Caractéristiques comparées des patients selon l’atteinte ou non des objectifs de pression artérielle.

    Non atteints (n=65)

    Atteints (n=135)

    p

    Age 57 ± 14 54 ± 12 0,12

    Sexe masculin 43 (66) 93 (69) 0,69

    ATCD d’évènements CV athéromateux 8 (12) 17 (13) 0,95

    Framingham 20 ±±±± 12 12 ±±±± 8

  • 33

    prévention primaire avec FRCV ≥ à 3, hérédité cardiovasculaire).

    Les patients ayant atteint les objectifs de pression artérielle ont un score de

    Framingham significativement moins élevé (p

  • 34

    Tableau 11 : Caractéristiques comparées des patients selon l’atteinte ou non des objectifs de cholestérol LDL.

    Non atteints (n=77)

    Atteints (n=123)

    p

    Age 58 ±±±± 11 53 ±±±± 13 0,0033

    Sexe masculin 51 (66) 85 (69) 0,67

    ATCD d’évènements CV athéromateux 9 (12) 16 (13) 0,78

    Framingham 21,4 ±±±± 11,9 11,0 ±±±± 7,3

  • 35

    Framingham moins élevé (p

  • 36

    Tableau 12. Caractéristiques comparées des patients selon l’atteinte ou non des objectifs de glycémie.

    Non atteints (n=23)

    Atteints (n=177)

    p

    Age 59 ± 10 54 ± 13 0,15

    Sexe masculin 12 (52) 124 (70) 0,09

    ATCD d’évènements CV athéromateux 3 (13) 22 (12) 0,93

    Framingham 20 ±±±± 11 14 ±±±± 11 0,034

    Nouveaux patients (MT) 13 (56) 103 (58) 0,88

    Nombre de FCV - 0 - 1 - 2 - ≥ 3

    0 (0) 1 (4) 2 (9)

    20 (87)

    11 (6)

    21 (12) 39 (22)

    106 (60)

    0,16

    Hérédité CV 7 (30) 69 (39) 0,42

    PAS, mmHg 133 ± 18 134 ± 17 0,44

    PAD, mmHg 84 ± 11 84 ± 11 0,63

    FC, bpm 65 ±11 63 ± 9 0,24

    Classes de poids

    - 30

    3 (13)

    9 (39)

    11 (48)

    58 (33)

    77 (43)

    42 (24)

    0,023

    Cholestérol total, g/l 1,88 ± 0,33 1,94 ± 0,47 0,57

    LDL, g/l 1,16 ± 0,32 1,20 ± 0,37 0,56

    HDL, g/l 0,48 ± 0,12 0,49 ± 0,16 0,94

    TG, g/l 1,12 ± 0,54 1,04 ± 0,62 0,52

    Glycémie g/l 1,21 ±±±± 0,10 0,93 ±±±± 0,10

  • 37

    Par définition, les patients dont le taux de glycémie est bien équilibré ont une HbA1c

    optimale (p

  • 38

    4.3.2.b) Selon l’atteinte ou non des objectifs thérapeutiques secondaires

    Tableau 14. Caractéristiques comparées des patients selon l’atteinte ou non des objectifs de cholestérol HDL.

    Non atteints (n=68)

    Atteints (n=132)

    p

    Age 58 ±±±± 10 53 ±±±± 13 0,01

    Sexe masculin 46 (68) 90 (68) 0,94

    ATCD d’évènements CV athéromateux 9 (13) 16 (12) 0,82

    Framingham 23 ±±±± 12 11 ±±±± 8

  • 39

    Les patients traités par statines sont bien équilibrés également (p=0,004).

    Tableau 15. Caractéristiques comparées des patients selon l’atteinte ou non des objectifs en terme d’index de masse corporelle. Non atteints

    (n=139) Atteints (n=61)

    p

    Age 54 ±±±± 11 48 ±±±± 15 0,0292

    Sexe masculin 101 (73) 35 (57) 0,0350

    ATCD d’évènements CV athéromateux 20 (15) 5 (8) 0,20

    Framingham 15,2 ±±±± 10,2 8 ±±±± 10,4

  • 40

    p=0,0019, p=0,006. Exception faite du cholestérol LDL (p=0,26) démontrant le lien

    entre IMC et dyslipidémie/syndrome métabolique.

    L'échec d’atteinte des objectifs d’IMC est lié de manière significative à un régime

    alimentaire inadapté quel qu’il soit (déséquilibré p

  • 41

    Le tableau 16 nous montre que plus le patient est à haut risque cardiovasculaire

    (patients de prévention secondaire ou de prévention primaire avec FRCV ≥ à 3) moins

    les objectifs thérapeutiques de cholestérol HDL sont atteints (p=0,11, p

  • 42

    HDL, g/l 0,34 ±±±± 0,08 0,48 ±±±± 0,16

  • 43

    Hérédité CV 65 (37) 11 (40) 0,75

    PAS, mmHg 135 ± ± ± ± 16 127 ± ± ± ± 24 0,002

    PAD, mmHg 89 ± 11 79 ± 10 0,077

    FC, bpm 63 ± 9 62 ± 11 0,66

    IMC, kg/m² 27,6 ± ± ± ± 3,9 21,7 ± ± ± ± 1,9

  • 44

    Tableau 19. Caractéristiques comparées des patients selon l’atteinte ou non des objectifs en terme d’activité physique. Non atteints

    (n=99) Atteints (n=101)

    p

    Age 56 ± 11 54 ± 14 0,67

    Sexe masculin 66 (67) 70 (69) 0,69

    ATCD d’évènements CV athéromateux 14 (14) 11 (11) 0,49

    Framingham 16 ± ± ± ± 11 13 ± ± ± ± 10 0,003

    Nouveaux patients (MT) 54 (55) 62 (61) 0,33

    Nombre de FCV

    - 0 - 1 - 2 - ≥ à 3

    1 (2)

    7 (8)

    19 (20)

    72 (67)

    9 (11)

    15 (14)

    22 (21)

    54 (29)

    0,003

    Hérédité CV 37 (35) 39 (32) 0,68

    PAS, mmHg 137 ± ± ± ± 16 131 ± ± ± ± 17 0,009

    PAD, mmHg 85 ± 11 83 ± 10 0,10

    FC, bpm 63 ± 9 62 ± 11 0,66

    IMC, kg/m² 28,5 ± ± ± ± 4,4 25,2 ± ± ± ± 3,4

  • 45

    secondaires comme le cholestérol HDL et les TG (p

  • 46

    d'ATCD cardiovasculaires (p

  • 47

    Figure 3. Comparaison de la prévalence de l’athérosclérose infraclinique (carotidienne, fémorale et aortique) entre les nouveaux (gauche) et les anciens (droite) patients.

    Les anciens patients sont donc plus à risque de complications athéro-thrombotiques

    ultérieures, ce qui explique le taux plus élevé de traitement anti-hypertenseur ou

    hypolipémiant (p

  • 48

    anciens et nouveaux en terme d’atteinte des objectifs de PA, de LDL, de glycémie

    (respectivement p=0,02, p

  • 49

    4.3.2.e) Selon le niveau de risque

    Tableau 21. Comparaison des cibles et moyens thérapeutiques en fonction du niveau de risque chez les nouveaux patients.

    Risque faible (n=49)

    Risque intermédiaire (n=35)

    Haut risque (n=32)

    Traitement par statine 5 (10) 7 (20) 6 (19) 0,38

    Statut du tabac - Actuel fumeur - Ancien fumeur - Jamais fumeur

    5 (10)

    13 (27) 31 (63)

    6 (17)

    11 (31) 18 (51)

    8 (25) 7 (2)

    17 (53)

    0,44

    Traitement anti-agrégant 2 (4) 1 (3) 3 (9) 0,47

    Traitement anti-hypertenseur 15 (31) 19 (54) 18 (56) 0,029

    Classes d’anti-hypertenseurs - IEC - Bêta-bloquants - ARA II - Diurétiques - Inhibiteurs calciques

    3 (6) 2 (4)

    3 (6)

    4 (8)

    8 (16)

    4 (11) 8 (23)

    8 (23)

    10 (29)

    6 (17)

    4 (13) 6 (19)

    7 (22)

    8 (25)

    8 (25)

    0,55

    0,020

    0,043

    0,029

    0,60 Activité physique :

    - Nulle - Insuffisante - Correcte

    17 (35) 17 (35) 15 (31)

    18 (52) 11 (32) 6 (17)

    19 (60) 10 (31)

    3 (9)

    0,10

    Objectifs atteints

    - PA - LDL - Glycémie

    41 (84)

    40 (82)

    46 (94)

    26 (74)

    20 (57)

    33 (94)

    10 (31)

    8 (25)

    24 (75)

  • 50

    Tableau 22. Comparaison des cibles et moyens thérapeutiques en fonction du niveau de risque chez les anciens patients.

    Risque faible (n=18)

    Risque intermédiaire (n=20)

    Haut risque (n=46)

    p

    Traitement par statine 8 (44) 13 (65) 28 (61) 0,39

    Statut du tabac

    - Actuel fumeur - Ancien fumeur - Jamais fumeur

    2 (11)

    3 (17)

    13 (72)

    1 (5)

    8 (40)

    11 (55)

    10 (22)

    24 (52)

    12 (26)

    0,005

    Traitement anti-agrégant 3 (17) 5 (25) 29 (63)

  • 51

    4.3.2.f) Selon la présence et la diffusion de l’athérosclérose infraclinique

    Nous avons ensuite tenté d'évaluer si le fait de rajouter un marqueur d’athérosclérose

    (présence et extension de plaques carotidiennes, fémorales, aortiques) pouvait

    améliorer le taux de prescription et d’observance des moyens thérapeutiques adéquats

    et d’atteinte des objectifs thérapeutiques. [28] L’analyse des moyens et cibles

    thérapeutiques en fonction de la présence, de la localisation et de la diffusion de

    l’athérosclérose infraclinique n’a de sens que chez les anciens patients puisque c’est

    chez eux qu’on est le plus à même d’observer des différences potentiellement liées :

    - au fait que la présence d’athérosclérose permet de reclasser des sujets à risque

    intermédiaire en haut risque ;

    - à la sensibilisation du médecin vis-à-vis d’objectifs à atteindre plus rigoureux,

    et du patient vis-à-vis d’une meilleure observance.

    Malgré tout, comme le montrent les tableaux suivants, nous n’avons trouvé aucune

    différence entre cette approche innovante et l’approche classique.

    Tableau 23. Comparaison des cibles et moyens thérapeutiques en fonction de la présence ou de l’absence de plaques carotidiennes.

    Absence (n=16)

    Présence (n=68)

    p

    Traitement par statine 7 (44) 42 (63) 0,19

    Statut du tabac - Actuel fumeur - Ancien fumeur - Jamais fumeur

    3 (19) 4 (25) 9 (56)

    10 (15) 31 (46) 27 (40)

    0,30

    Traitement anti-agrégant 4 (25) 33 (49) 0,051 Traitement anti-hypertenseur 8 (50) 58 (85) 0,040

    Classes d’anti-hypertenseurs - IEC - Bêta-bloquants - ARA II - Diurétiques - Inhibiteurs calciques

    0 (0)

    3 (19) 5 (31) 5 (31) 6 (38)

    15 (22) 16 (24) 27(40) 37 (54) 24 (35)

    0,008

    0,68 0,53 0,92 0,87

    Objectifs atteints - PA - LDL - Glycémie

    10 (62) 12 (75) 13 (81)

    48 (71) 43 (63) 61 (90)

    0,55 0,36 0,37

    Activité physique : - Nulle - Insuffisante - Correcte

    11 (69) 2 (13) 3 (19)

    34 (50) 26 (38) 8 (12)

    0 ,11

    Régime alimentaire : - Déséquilibré - Hypercalorique - Hyperlipidique

    10 (63) 9 (56)

    11 (69)

    50 (74) 46 (67) 48 (71)

    0,39 0,39 0,88

  • 52

    Les variables sont exprimées en moyennes ±±±± écart type ou en nombre de sujets

    (n) et pourcentage

    Tableau 24. Comparaison des cibles et moyens thérapeutiques en fonction de la présence ou de l’absence de plaques fémorales. Absence

    (n=15) Présence (n=69)

    p

    Traitement par statine - oui

    8 (53)

    41 (59)

    0,67

    Statut du tabac - Actuel fumeur - Ancien fumeur - Jamais fumeur

    3 (20) 4 (27) 8 (53)

    10 (14) 31 (45) 28 (41)

    0,41

    Traitement anti-agrégant - oui

    4 (27)

    33 (48)

    0,13

    Traitement anti-hypertenseur - oui

    11 (73)

    55 (80)

    0,59 Classes d’anti-hypertenseurs

    - IEC - Bêta-bloquants - ARA II - Diurétiques - Inhibiteurs calciques

    2 (13) 4 (27) 5 (33) 7 (47) 6 (40)

    13 (19) 15 (22) 27 (39) 35 (51) 24 (35)

    0,60 0,68 0,67 0,78 0,70

    Objectifs atteints - PA - LDL - Glycémie

    8 (53)

    11 (73) 13 (87)

    50 (72) 44 (64) 61 (88)

    0,15 0,47 0,85

    Activité physique : - Nulle - Insuffisante - Correcte

    9 (60) 5 (33) 1 (7)

    36 (52) 23 (33) 10 (15)

    0,67

    Régime alimentaire : - Déséquilibré - Hypercalorique - Hyperlipidique

    11 (73) 10 (67) 12 (80)

    49 (71) 45 (65) 47 (68)

    0,85 0,91 0,36

    Les variables sont exprimées en moyennes ± écart type ou en nombre de sujets (n) et pourcentage

    Tableau 25. Comparaison des cibles et moyens thérapeutiques en fonction de la présence ou de l’absence d’athérome de l’aorte abdominale. Absence

    (n=22) Présence (n=62)

    p

    Traitement par statine 10 (45) 39 (63) 0,16

    Statut du tabac - Actuel fumeur - Ancien fumeur - Jamais fumeur

    5 (23) 8 (37) 9 (41)

    8 (13)

    27 (44) 27 (44)

    0,56

    Traitement anti-agrégant 8 (37) 29 (47) 0,39

    Traitement anti-hypertenseur 14 (64) 52 (85) 0,055

    Classes d’anti-hypertenseurs - IEC - Bêta-bloquants - ARA II - Diurétiques - Inhibiteurs calciques

    0 (0)

    3 (14) 10 (45) 9 (41) 8 (38)

    15 (24)

    16 (26) 22(35) 33 (53) 22 (36)

  • 53

    Activité physique : - Nulle - Insuffisante - Correcte

    13 (59) 5 (23) 4 (18)

    32 (51) 23 (37) 7 (12)

    0,41

    Régime alimentaire : - Déséquilibré - Hypercalorique - Hyperlipidique

    16 (73) 15 (68) 17 (77)

    44 (71) 40 (65) 42 (68)

    0,88 0,75 0,39

    Les variables sont exprimées en moyennes ± écart type ou en nombre de sujets (n) et

    pourcentage

    Tableau 26. Comparaison des cibles et moyens thérapeutiques en fonction de la présence ou de l’absence d’une athérosclérose infraclinique diffuse.

    Absence (n=33)

    Présence (n=51)

    p

    Traitement par statine 18 (55) 31 (61) 0,57 Statut du tabac

    - Actuel fumeur - Ancien fumeur - Jamais fumeur

    6 (18)

    11 (33) 16 (48)

    7 (14)

    24 (47) 20 (39)

    0,45

    Traitement anti-agrégant 12 (36) 25 (49) 0,25

    Traitement antihypertenseur 21 (64) 45 (88) 0,01

    Classes d’anti-hypertenseurs - IEC - Bêta-bloquants - ARA II - Diurétiques - Inhibiteurs calciques

    2 (6)

    5 (15) 14 (42) 11 (33)

    10 (30)

    13 (25)

    14 (27) 18 (35) 31 (61)

    20 (39)

    0,02

    0,18 0,51 0,01

    0,40 Objectifs atteints

    - PA - LDL - Glycémie

    22 (67) 26 (79)

    29 (89)

    36 (71) 29 (57)

    45 (88)

    0,70 0,04

    0,96

    Activité physique : - Nulle - Insuffisante - Correcte

    20 (61) 7 (21) 6 (18)

    25 (49) 21 (41) 5 (10)

    0,13

    Régime alimentaire : - Déséquilibré - Hypercalorique - Hyperlipidique

    23 (70) 22 (67) 24 (73)

    37 (73) 33 (65) 35 (69)

    0,78 0,85 0,68

    Les variables sont exprimées en moyennes ± écart type ou en nombre de sujets (n) et pourcentage

    Ce qui se dégage des tableaux 23 à 26 est que les patients avec présence de plaques

    carotidiennes bénéficient plus significativement d'un traitement par anti-agrégant

    plaquettaire (p=0,051) que les autres sites. La prescription d'IEC est plus utilisée au

    vu de l'athérosclérose existante (p=0,02).

    Cependant, les règles hygiéno-diététiques ne sont pas mieux suivies lorsqu'il existe

    une athérosclérose. 5) DISCUSSION

    Notre travail met en évidence des insuffisances dans la prise en charge thérapeutique

    des FRCV cardinaux (PA, cholestérol LDL, tabac, glycémie) de patients suivis dans

  • 54

    un service spécialisé en médecine préventive cardiovasculaire et ceci, même et a

    fortiori pour des patients dont le niveau de risque est élevé.

    En terme de pression artérielle, les patients les mieux équilibrés le sont sous

    bithérapie anti-hypertensive et il ne ressort aucun gain à majorer le traitement. De

    plus, la présence d’un traitement par statines est associée à une plus forte proportion

    de contrôle des chiffres tensionnels, soulignant l’importance d’une prise en charge

    multifactorielle. L’échec partiel de cette dernière peut s'expliquer par une mauvaise

    application des règles hygiéno-diététiques préconisées.

    Alors que les objectifs tensionnels sont atteints de manière équivalente quel que soit

    le niveau de risque (60% des sujets équilibrés), les objectifs de cholestérol LDL sont

    mieux atteints chez les sujets à faible risque que chez les sujets à haut RCV. Or, c’est

    chez ces derniers que l’abaissement optimal du cholestérol LDL réduit le plus le

    risque coronaire [4]. Bien que les patients à plus haut risque reçoivent plus de statines,

    ils ont davantage de surpoids que les autres (IMC= 28 kg/m² contre 25 kg/m²). Par

    conséquent, en dépit d’une plus forte prescription de statines, et de l’insuffisance

    manifeste d’observance des mesures hygiéno-diététiques, les sujets à plus haut risque

    voient le moins leur LDL cible atteint. Se pose alors la question du type et de la dose

    de statines prescrites et/ou effectivement prises par le patient. On sait en effet qu’il

    existe une efficacité dose-dépendante pour chaque statine, ainsi qu’une hétérogénéité

    de puissance d’une statine à l’autre. La stratégie recommandée pour atteindre

    l’objectif de cholestérol LDL consiste, oute le renforcement des mesures hygiéno-

    diététiques, à augmenter les doses ou à changer de statine, ou encore à ajouter une

    résine (cholestyramine) ou, mieux toléré, de l’ézétimibe [3,4]. Malheureusement nous

    n’avons recueilli dans notre étude ni la molécule exacte, ni la posologie de chaque

    statine.

    A l’inverse, la sur-utilisation de statines chez les sujets à faible risque suivis dans le

    service, peut paraître surprenante puisque 40% d’entre eux reçoivent une statines.

    Mais cette sur-prescription est en fait apparente et peut être expliquée par l’existence,

    chez ces sujets, d’une athérosclérose infraclinique non expliquée par leurs facteurs de

    risque traditionnels. Pour autant, ce patients pouvant être reclassés dans le haut risque

    doivent bénéficier d’une prévention « primo-secondaire » incluant l’usage des

  • 55

    statines. [3,4]

    Quoiqu’il en soit, la prescription inadéquate de statines chez les sujets à faible risque

    comporte un double risque : le risque iatrogène lié au rapport bénéfice/inconvénient

    insuffisant et le risque de mauvais suivi des règles hygiéno-diététiques.

    En ce qui concerne le tabac, les résultats montrent une plus forte proportion d’anciens

    fumeurs chez nos anciens que chez nos nouveaux patients, suggérant l’utilité d’un

    suivi régulier en milieu spécialisé pour la sensibilisation de la prise en charge et du

    succès du sevrage tabagique. Toutefois, le taux fumeur chez les patients à haut RCV

    reste conséquent (1 sur 5) et la connaissance de lésions athéromateuses infracliniques

    n’augmente pas la probabilité d’être ancien fumeur.

    Les facteurs déterminants du contrôle glycémique sont plus prévisibles : plus l’index

    de masse corporelle est bas, plus la glycémie cible est atteinte, allant de pair avec la

    pratique d’une activité physique correcte, alors que nous ne trouvons pas de relations

    entre habitudes diététiques et glycémie.

    Pour ce qui est des TG, de l'IMC et du cholestérol HDL, leurs taux d'atteinte ou

    d'échec en terme d'objectifs thérapeutiques apparaissent fortement corrélés à ceux

    des mesures non pharmacologiques.

    En outre, les patients traités par statines ne voient pas leur taux de cholestérol HDL

    augmenter. Malgré les résultats de certaines études avancés par certains laboratoires

    pharmaceutiques qui commercialisent les statines, ces dernières ne sont en aucun cas

    des médicaments hypotriglycéridémiants et ne sauraient inciter les patients à délaisser

    régime alimentaire et activité physique.

    En ce qui concerne les moyens thérapeutiques médicamenteux, les prescriptions

    d'anti-hypertenseurs, de statines et d'anti-agrégants plaquettaires sont bien maîtrisées

    chez les patients à risque intermédiaire et haut RCV en médecine préventive

    contrairement aux patientx tout venant qui eux, sont traités de manière optimale

    essentiellement sur le plan de PA. Autre fait marquant, il existe une sous prescription

    d'IEC chez des patients à haut RCV au profit des ARA II. Là encore, il est probable

    que la communication de l’industrie pharmaceutique délivre des messages de nature à

  • 56

    privilégier les ARAII alors que les IEC restent la classe de référence chez les sujets à

    haut risque, chez les diabétiques, dans l’insuffisance cardiaque et chez les

    coronariens.

    En ce qui concerne les moyens non médicamenteux, leur mauvais suivi apparaît

    comme étant l'un des facteurs déterminant dans l'échec partiel d'atteinte des objectifs

    thérapeutiques des FRCV et ce malgré un suivi spécialisé et individuel durant leur

    hospitalisation de jour dans le service.

    En conclusion de l'étude, les sujets suivis en service spécialisé de médecine

    préventive sont à plus haut RCV, sont mieux traités sur le plan pharmacologique et de

    manière homogène mais présentent des échecs de prise en charge non

    pharmacologique pouvant être un des facteurs déterminants l'insuffisance d'atteinte

    des objectifs thérapeutiques des FRCV corrélée au niveau de risque.

    Par ailleurs, bien que reclassant un sujet à RCV intermédiaire en haut RCV de part la

    présence de plaques carotidiennes ou d'athérosclérose diffuse après son passage en

    HDJ, cette mesure n'apporte pas de plus à la stratification classique en faible,

    intermédiaire et haut risque. Toutefois, le faible effectif de notre population entraîne

    un manque de puissance statistique étant donné la disproportion entre les groupes à

    risque haut, beaucoup plus conséquent, qu'intermédiaire après un tel reclassement.

    Nous pouvons comparer nos résultats à la lumière de deux études menées l'une en

    Europe (Angleterre et Pays de Galles), l'autre aux Etats-Unis (Atlanta).

    L'étude européenne réalisée entre 1981 et 2000 en Angleterre et au Pays de Galles

    retrouve en effet des résultats similaires [27].

    Elle a suivi une cohorte de patients selon le modèle IMPACT incluant 35,5 millions

    d’adultes entre 25 et 84 ans. Les données recueillies concernaient les traitements

    médicamenteux, l’évolution des FRCV majeurs chez des patients en bonne santé

    apparente en prévention primaire (P1) et en prévention secondaire (P2), et les

    bénéfices d’amélioration spécifique des FRCV en terme de taux de mortalité constaté

    (quantifié en nombre de décès en moins par rapport au nombre prévisible).

  • 57

    Entre 1981 et 2000, le taux de décès dû à des maladies cardiovasculaires a chuté de

    54% (68230 décès de moins en 2000). La prévalence du tabac a diminué de 35%

    (29715 décès de moins dont 5035 chez P2 et 24680 chez P1), les taux de cholestérol

    Total ont diminué de 4,2% : 5770 décès de moins attribuables à l’amélioration des

    règles hygiéno-diététiques (1205 décès chez P2 et 4565 chez P1) et 2135 attribuables

    aux statines (1990 chez P2 et 145 chez P1).

    La pression artérielle moyenne a diminué de 7,7% (5870 décès dont 1890 attribuables

    aux traitements antihypertenseurs chez P1).

    L’amélioration des trois FRCV cardinaux (tabagisme, HTA, dyslipidémie) dans la

    population aura permis d’éviter 45370 décès environ dont 36625 (81%) chez P1 et

    8745 chez P2.

    Cette étude conclut sur l’importance de la prise en charge des FRCV tant en

    prévention primaire qu’en prévention secondaire (4 fois plus de décès évités par les

    améliorations des FRCV chez P1 par rapport à P2) et l’intérêt d’une politique de santé

    de prévention cardiovasculaire suivant au plus près les recommandations

    internationales.

    Une seconde étude sud américaine [28] a analysé l’utilisation de traitements

    antihypertenseurs et hypolipémiants chez des patients hypertendus en prévention

    primaire et le taux d’atteinte des objectifs de ces deux FRCV selon les

    recommandations internationales (NCEP-ATP III pour la dyslipidémie et JNC 7 pour

    les valeurs de PA :

  • 58

    L’étude mesurait la fréquence d’utilisation d’un traitement antihypertenseur et

    hypolipémiant et l’atteinte des objectifs était comparée aux recommandations de JNC

    7 (

  • 59

    Il existe également des limites concernant le recueil exhaustif de la compliance des

    patients, de leur consommation alcoolique (questionnaires AUDIT manquants ou

    incomplètement remplis), de l'existence d'un syndrome dépressif (questionnaires

    HAD manquants), du degré de stress familial et professionnel difficilement

    quantifiable et fortement subjectif, du statut de la ménopause (âge de survenue,

    traitement substitutif). Si les familles de médicaments ont bien été identifiées et

    analysées, nous n’avons pas détaillé la molécule utilisée dans chaque famille, ni la

    posologie. Or ces données pourraient éclairer les insuffisances d’obtention de certains

    objectifs (en particulier le LDL) et feront l’objet d’analyses ultérieures. Une autre

    limite majeure est l’absence de mesure du périmètre abdominal chez 55% des patients

    analysés consécutivement dans cette étude. Cette lacune induit un manque de

    paramètre supplémentaire potentiellement explicatif et sous tend la persistance d’une

    insuffisance de systématisme des mesures et de leur recueil.

  • 60

    CONCLUSION

    L’amélioration de la réduction du risque cardiovasculaire implique la standardisation

    des étapes successives suivantes : diagnostic du haut risque, identification des cibles

    thérapeutiques et objectifs à atteindre, puis vérification systématique que ces derniers

    sont bien atteints pour chaque individu.

    Cependant, les limites d'une telle standardisation, qui consiste à employer des

    méthodes et outils thérapeutiques codifiés, résident dans la rigidité de l'ensemble de

    ces mesures, sous estimant qu'en pratique, il existe beaucoup de facteurs individuels

    difficilement maîtrisables dans la prise en charge du patient à risque cardiovasculaire

    (aspect psychologique, socioculturel, économique...).

    Cette réflexion devrait s’inscrire le cadre d’une auto-évaluation des pratiques

    professionnelles dans le milieu hospitalier comme en ville visant : 1) à en dégager les

    points faibles, 2) à proposer des améliorations qui s’appuient sur les

    recommandations, l’expérience des soignants et le contexte économique/socioculturel

    des patients, 3) réévaluer la qualité des soins une fois ces améliorations mises en

    pratique.

  • 61

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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  • 65

    SOUTENANCE A CRETEIL

    ANNEE : 2008 NOM ET PRENOM DE L’AUTEUR : GEORGEON Amélie DIRECTEUR DE THESE : Docteur CHIRONI Gilles TITRE DE LA THESE : Auto-évaluation dans un service de médecine préventive cardiovasculaire de la prise en charge des facteurs de risque selon les objectifs thérapeutiques fixés par les recommandations internationales. BUT DE L’ETUDE : Auto-évaluation dans un service de médecine préventive cardiovasculaire de la prise en charge des facteurs de risque selon les objectifs thérapeutiques fixés par les recommandations internationales. METHODE : Etude rétrospective sur deux mois, incluant consécutivement 200 patients ayant bénéficié d’un suivi en hôpital de jour, en prévention primaire (n=175) et secondaire (n=25), répartis en deux groupes : Groupe 1 : nouveaux patients adressés par leur médecin traitant (n=116), Groupe 2 : anciens patients déjà suivis dans le service (n=84). Recueil des données cliniques, biologiques et artérielles ; analyse des taux d’atteinte des objectifs thérapeutiques : 1) prioritaires : PA (

  • 66