Théâtred’AngoulêmeSCÈNE NATIONALE

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Commande de la ville d’Angoulême et première œuvre importante d’Antoine Soudée (1839-1909), jeune architecte attaché au service ar-chitecture de la ville de Paris ; le théâtre trouve, en 1870, sa place au cœur d’une nouvelle zone résidentielle bâtie dans l’ancien parc du châ-teau des comtes d’Angoulême.

Les travaux débutent en août 1867 et le théâtre est inauguré le 14 mai 1870 avec Le Barbier de Séville.

Le bâtiment est assez étroit, 54 m de longueur, 21 m de largeur et autant de hauteur, pour une jauge de 1 040 places.

Le Théâtre en 1870

À l’intérieur, Soudée décrit ainsi la salle, à dominante rouge et or : « (elle) se compose, au rez-de-chaussée, d’un espace destiné aux musiciens (fosse d’orchestre), de 3 rangs de fauteuils d’orchestre, d’un vaste parterre et de 11 baignoires.Au premier étage, de 19 loges et d’un balcon à 2 rangs de fauteuils.Au deuxième étage, de 17 loges, 2 avant-scènes à salon et d’une galerie à un rang de stalles. Au troisième étage, d’un vaste amphithéâtre. »

Sur la façade, sur une table de marbre, s’inscrit la locution latine Castigat ridendo mores (La comédie châtie - ou corrige - les mœurs en riant). En haut de la façade, deux statues, du sculpteur Jules Blanchard, représentent la Comédie et le Drame, figurés nus. Devant les pilastres de l’attique, qui encadrent l’œil-de-bœuf central, le sculpteur a placé deux enfants nus et drapés sur piédestal, figures allégoriques du génie de la Danse et de la Musique.

Au cours du XXe siècle, le Théâtre d’Angoulême connaît divers travaux de modernisation et de restaura-tion. Si ces changements ne remettent pas en cause sa structure, les nombreux réaménagements de la salle effectués en 1965 et 1966 la dénaturent profondément.Dans les années 1980, la vétusté du bâtiment ne cessant de croître, la sécurité devient de plus en plus précaire.Plus tard, en 1991, le Théâtre obtient le label « scène nationale ». Pour répondre au cahier des charges qui incombe aux scènes nationales, le Théâtre devra désormais diffuser des spectacles mais aussi favoriser la création en accueillant régulièrement dans ses murs des compagnies en résidence de création. Toutefois, une seule salle de spectacle ne permettait pas réellement de répondre en même temps à ces deux exigences.

Au début des années 1990, une étude de réhabilitation est donc engagée, reposant sur trois principes : - la préservation d’un lieu historique auquel la population tient, - le respect d’un périmètre prédéterminé, - faire que ce théâtre du XIXe siècle soit propice à la création contemporaine.

Créé en 1991 par le ministère de la Culture, le label « scène nationale » est l’héritier du programme de décentralisation lancé par André Malraux dans les années 1960 (avec la création des Maisons de la Culture). Associations placées sous le régime de la loi 1901, les scènes nationales sont soutenues par l’État (ministère de la Culture représenté par la Direction régionale des Affaires culturelles) et les collectivités locales (Ville ou leur regroupement, Département, Région).

Trois missions fondamentales incombent aux scènes nationales : - la diffusion de spectacles : organiser la diffusion et la confrontation des formes artistiques en privilégiant la création contemporaine ; - l’accueil et le soutien de la production artistique : s’affirmer comme un lieu de production artistique de référence nationale dans les domaines de la culture contemporaine ; - la participation au développement culturel local : participer dans son aire d’implantation à une action de développement culturel favorisant de nouveaux comportements à l’égard de la création artistique et une meilleure insertion sociale de celle-ci.

Les directeurs des scènes nationales sont recrutés après appel à candidature, sur la présentation d’un projet pour l’établissement qui est la synthèse d’une trajectoire professionnelle, au cours de laquelle se sont forgés convictions et choix artistiques, et d’une appréhension, nécessairement limitée, de l’histoire, de l’environnement culturel, social et économique du lieu pour lequel ils postulent.

Du Théâtre d’Angoulême à une scène nationale

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Plan du Théâtre à sa réouverture en 1997

En juin 1994, le projet de requalification proposé par les architectes Valentin Fabre et Jean Perrotet est retenu. Leur proposition place en exergue une phrase de Peter Brook : « Le théâtre, comme le carnaval, est là pour disparaître continuellement. » Pour eux, il s’agit de « remanier sans renier, mais en renouant. »

Le texte ci-dessous est extrait de l’ouvrage Fabre et Perrotet : Architectes de théâtre, de Jean Chollet et Marcel Freydefont, publié aux éditions Norma.

« Au rez-de-chaussée, le hall clair et ouvert donne un accès facile et lisible au parterre en amphithéâtre de la grande salle, ainsi qu’aux escaliers desservant chacun des niveaux de l’édifice : le niveau bas, avec les caves voûtées et l’odéon, le niveau haut, avec le foyer public (bar) et l’accès au balcon de la grande salle, et le niveau supérieur, avec l’administration et le studio Dominique Bagouet.

Dans ce hall très fluide, le visiteur perçoit d’emblée un cylindre opaque faiblement incliné qui reçoit la grande salle et l’odéon. Cette coque brillante, en charpente métallique carrossée de panneaux de tôle en acier bruni et verni finement perforés, contraste avec la pierre blanche, mate, laissée à nu, des murs latéraux.

Le public accède à la grande salle en franchissant le vide par une passerelle légère. Ce passage singulier est une belle métaphore de l’embarquement auquel tout spectacle convie un spectateur, d’autant que le cylindre peut avoir des allures de vaisseau. »

Le projet architectural

Aujourd’hui, la Grande salle peut accueillir jusqu’à 687 spectateurs répartis de la manière suivante :- Le parterre et la baignoire comprennent 460 fauteuils.- Le premier balcon dispose de 227 fauteuils.Un deuxième balcon accueille les régies son et lumière.Le plafond suspendu est décoré, à la façon des coupoles peintes, par une galaxie éclairée, réalisée par Jacques Gabel (scénographe-décorateur) et Franck Thévenon (créateur lumière).

Côté plateau, la scène offre une ouverture de 13,40 m et une profondeur de 12 m.Elle peut atteindre 14,20 m de profondeur lorsque le proscénium est installé.De mur à mur, la scène offre une ouverture possible de 18,80 m.La hauteur sous gril est de 17,40 m et les 30 équipes mécaniques disponibles permettent d’accrocher projecteurs et éléments de décors pouvant soulever chacune près de 350 kg.La scène est composée de 128 trappes en bois (sapin) de 1,00 m x 1,00 m qui sont démontables.

Trois passerelles techniques sont installées sur les côtés de la cage de scène : - La passerelle électrique est à 9,50 m de haut- La passerelle des cintriers est à 12,20 m de haut- La passerelle de charge est à 14,90 m de haut

Le Théâtre dispose de 350 projecteurs et utilise régulièrement une centaine de couleurs différentes de gélatines (filtre permettant de changer la couleur des projecteurs).

Pour l’accueil des artistes, 5 loges sont disponibles du côté de la Grande salle.

La Grande salle

Le Studio Bagouet et l’Odéon

Le Studio est une salle de spectacle qui peut accueillir 103 spectateurs.Avec un espace scénique de 18,40 m x 10,50 m, c’est aussi une salle de répétition pour les résidences de création.Si le plateau du Studio semble plus petit que celui de la Grande salle, il se révèle en fait aussi vaste, ce qui offre notamment aux compagnies un bel espace de répétition.Une petite loge située face à la scène permet aux artistes de se préparer avant les représentations.

À l’occasion des 10 ans de la réouverture du Théâtre, Gérard Lefèvre, directeur, a souhaité renommer cette salle, passant alors de « Studio » à « Studio Dominique Bagouet », en hommage au célèbre chorégraphe*.

Mesurant 9,30 m x 6,50 m, l’Odéon peut accueillir près de 60 spectateurs. Endroit intime par excellence, l’Odéon permet une réelle proximité entre acteurs et spectateurs. Cette salle est devenue l’endroit privilégié pour les représentations jeune public, les lectures et les rencontres avec les artistes de la programmation.Côté cour et côté jardin, deux loges accueillent les artistes avant et après les représentations.

*Dominique Bagouet est né à Angoulême en 1951. Après une formation de danseur classique, il entre au bal-let de Maurice Béjart puis découvre la danse contemporaine avec Carolyn Carlson. Il part ensuite compléter sa formation aux États-Unis. En 1976, de retour en France, il crée ses premières pièces chorégraphiques. En 1980, alors âgé de 29 ans, il dirige le Centre chorégraphique régional de Montpellier. En 1981, il prend la direction du premier Festival international Montpellier Danse. Il enchaîne les créations : F et Stein, Déserts d’amour, Le saut de l’Ange, Jours étranges, So schnell, Necesito. Certaines de ses pièces font aujourd’hui partie du répertoire de la danse contemporaine et continuent d’être présentées dans le monde entier. En 1992, So schnell est présenté à l’Opéra national de Paris. Dominique Bagouet ne pourra assister aux repré-sentations, il décède le 9 décembre à l’âge de 41 ans.

L’équipe du Théâtre d’Angoulême

Dirigé par Gérard Lefèvre, le Théâtre d’Angoulême compte 22 salariés permanents et travaille régulière-ment avec 27 intermittents du spectacle (techniciens, habilleurs, etc.).

L’équipe permanente est composée de la manière suivante :

Service direction et administration- un directeur- un administrateur (chargé du budget général du Théâtre, des contrats avec les compagnies, des ressources humaines, etc.)- une secrétaire de direction- une comptable, assistante de gestion

Service accueil, communication et relations avec le public- une responsable de l’accueil et de la billetterie- deux personnes chargées de l’accueil et de la billetterie- une chargée de l’accueil des artistes et des compagnies, des manifestations complémentaires et de la restauration- une attachée à l’accueil et à la restauration- une responsable de la communication et de l’information ; chargée des entreprises, des associations et de l’université- une assistante de communication- une chargée de relations publiques en lien avec le jeune public, attachée à la programmation jeune public- une responsable de l’action et du développement culturels et des publics jeunes

Technique- un directeur technique - un régisseur général- une assistante technique- un régisseur de scène- deux régisseurs lumière- un régisseur son- deux machinistes

En fonction du type de spectacle et du nombre de représentations (il peut arriver que deux spectacles différents se jouent en même temps dans deux salles distinctes du Théâtre), l’équipe technique va alors faire appel à des techniciens intermittents du spectacle.

Les soirs de représentation, le personnel de bar et les placeurs et placeuses viennent agrandir l’équipe.

Le langage technique du théâtre

SE DÉPLACER SUR UNE SCÈNEPlateau Scène du théâtre, lieu où sont implantés les décors et où se déroule l’action.

Côté cour et côté jardin Au XVIIe siècle, étant sur le plateau et regardant la salle, la loge d’avant-scène du roi était du côté droit et celle de la reine du côté gauche. Le côté droit était donc appelé le « côté du roi » et le côté gauche le « côté de la reine ».En 1792, la Révolution supprima tout ce qui pouvait rappeler la royauté. C’est ainsi que le côté droit devint le « côté jardin » et le côté gauche devint le « côté cour ».Ces mots viennent d’une habitude prise à la Comédie-Française, à l’époque où, à partir de 1770, la troupe était installée dans la salle des Machines du palais des Tuileries : la salle donnait effectivement d’un côté sur la cour du Louvre, et de l’autre sur le jardin des Tuileries.Une méthode mnémotechnique permet de se rappeler où sont le jardin et la cour. Si l’on inscrit menta-lement le nom de Jésus-Christ ou Jules César sur le mur du fond de la scène, le spectateur saura où se trouve le côté jardin ou le côté cour en prenant tout simplement les initiales J.C.

Avant-scène Partie de la scène se trouvant devant le cadre de scène formé par les draperies, le manteau mobile et le cadre fixe en largeur et en hauteur.

LointainC’est la partie du plateau placée au fond de la scène.

LES ESPACES AUTOUR DE LA SCÈNECoulisses Partie du théâtre se trouvant de chaque côté et der-rière le plateau.

Proscénium Partie amovible d’une scène qui permet de la rallonger si besoin.

Fosse d’orchestre Cavité pratiquée parallèlement devant le plateau destinée à recevoir des musiciens.

AU-DESSUS DE LA SCÈNECadre de scène Ouverture fixe de la bouche de scène dans l’architecture de la salle. Ouverture mobile de la scène formée par les draperies et le manteau réglable.

Cintre Partie du théâtre située au-dessus de la scène, elle comprend :- les services de chaque côté du plateau- les passerelles reliant les services- le gril surplombant le tout

Gril Plancher suspendu par des tirants à la charpente du toit au-dessus de la cage de scène, il sert à supporter tous les éléments suspendus du décor.

Service De chaque côté, passerelles sur lesquelles les « cintriers » manœuvrent les différentes équipes.

Équipe Perche à main ou contrebalancée, sur laquelle sont suspendus les décors ou les projecteurs.

DANS LA CAGE DE LA SCÈNETaps Ensemble des rideaux équipant une scène.

Frise Rideau ou toile de peu de hauteur, suspendu au cintre à une porteuse et destiné à cacher le haut des décors ou les projecteurs qui pourraient être visibles du public.

Pendrillon Rideau de faible largeur (2 à 6 mètres), souvent en velours noir, qui sert à cacher les coulisses.

Cyclorama Grande toile blanche ressemblant à un écran de cinéma, dissimulant généralement le fond de la scène et sur laquelle peuvent se faire des projections.

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Avenue des Maréchaux - BP 40287 - 16007 Angoulême Cedex Tél 05 45 38 61 61 - Fax 05 45 38 61 51 www.theatre-angouleme.org - infos@theatre-angouleme.org

« Castigat ridendo mores » ou, en français, « La comédie châtie - ou corrige - les mœurs en riant ».

« Le saut de l’ange »sculpture de Cyrille Bartolini en hommage à Dominique Bagouet. Œuvre présentée au bar du Théâtre

Visible rue Porché, la passerelle permet de rejoindre les loges depuis le foyer-bar ou l’administration.

Au 3e étage, à l’administration, l’extérieur de la salle de réunion.