une vie de lapin - gaia
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1
Une vie de lapin
Enquête sur le bien-être animal dans l'élevage cunicole belge
2
Table des matières
Introduction 4
I. Présentation de la situation 6
1. Statistiques : l’élevage en Belgique, les importations et les exportations 6
2. Propagande, promotions et tromperie des consommateurs 10
3. La souffrance des lapins : de mal en pis 13
4. La législation 14
5. Que fait le secteur pour améliorer le bien-être animal ? 19
6. Elevage de lapins biologique 22
II. Problèmes de bien-être 26
1. Points problématiques de la première liberté « Libre de la faim et de la soif » 27
1.1. Problèmes digestifs 27
1.2. Rationnement 28
2. Points problématiques de la deuxième liberté « Libre de l’inconfort » 29
2.1. Cages grillagées 29
2.2. Environnement dénué de tout stimulus 30
2.3. Absence de foin et de paille 32
2.4. Manque d’espace 34
2.5. Absence de plates-formes surélevées 36
2.6. Conditions climatiques inadéquates 37
3. Points problématiques de la troisième liberté « Libre de la douleur, des blessures 38
et de la maladie »
3.1. Maladies et épidémies mortelles 38
3.2. Blessures et stress 41
3.3. Lapines reproductrices non productives 42
3.4. Pododermatite chez les lapines reproductrices 45
3.5. Insémination artificielle des lapines reproductrices 46
3.6. Problèmes hépatiques chez les lapins de chair 48
3.7. Sarcoptes 49
3.8. Déformations des vertèbres 49
3.9. Transport vers l’abattoir 50
3.10.Souffrance animale à l’abattoir 51
4. Points problématiques de la quatrième liberté « Libre de la peur et de l'angoisse» 56
4.1. Réactions de peur chez les lapins 56
4.2. Impossibilité de se cacher 58
4.3. Absence de sensation de groupe sécurisante 58
3
5. Points problématiques de la cinquième liberté « Libre d’exprimer un 58
comportement normal »
5.1. Impossibilité de se tenir debout, de s’allonger, de sautiller, de sauter, 59
de courir, de creuser des galeries…
5.2. Logement en groupe insuffisant pour les lapins de chair 59
5.3. Enfermement individuel des femelles reproductrices et des mâles 61
reproducteurs
5.4. Comportement maternel anormal 63
6. Reconstitution du cycle de vie des lapins de chair élevés en batterie 65
III. Conclusion 66
IV. Recommandations 69 - Aux consommateurs
- Aux supermarchés
- Aux traiteurs / distributeurs
- Aux autorités
Annexe 1: Compte-rendu des problèmes de bien-être et des solutions possibles pour 70
les lapins de chair, les femelles reproductrices et les mâles reproducteurs
Annexe 2: Comment mettre en place un logement en groupe plus respectueux du 74
bien-être animal ?
Traduction du néerlandais. En cas de doute, la version originale de ce rapport fait foi.
4
Introduction
Ce rapport décrit les problèmes considérables de bien-être animal qui se posent dans les
élevages de lapins de notre pays. Si l'existence de poules élevées en batterie constitue une
donnée bien connue, la plupart des gens ignorent toutefois qu’il existe également des lapins
élevés en batterie. Une mortalité très élevée, des maladies mortelles, des blessures et des plaies,
un comportement anormal, un logement lamentable à 4 à 8 entassés dans de minuscules cages
grillagées sans paille… sont autant de situations qui ne constituent nullement des cas
accidentels mais des manquements structurels graves.
GAIA veut mettre en lumière la souffrance des lapins de chair. Nous voulons sortir les lapins de
l’oubli. Car la situation est tellement sérieuse que des mesures urgentes s'imposent d’un point
de vue législatif. Mais la grande distribution, qui propose la viande de lapins dans ses rayons,
porte aussi une grande responsabilité. Elle peut initier de rapides changements dans le secteur
en ne commercialisant plus de viande de lapins élevés en batterie, en imposant des exigences de
bien-être animal, en exigeant des fournisseurs qu’ils n'offrent plus de viande de lapins à la vente
à moins que ceux-ci soient élevés dans des conditions satisfaisant bien plus aux besoins des
animaux.
En effet, des alternatives existent permettant d'accorder bien plus d’attention au bien-être des
lapins.
Dans la première partie de ce rapport, nous présentons la situation inquiétante de la filière
cunicole en Belgique. Nous nous penchons notamment sur la façon dont le consommateur est
maintenu dans l’ignorance de la souffrance animale, sur les campagnes de propagande du
secteur et sur l’insuffisance de la législation. Cette première partie se termine par un chapitre
dédié à l’élevage de lapins biologique, au cours duquel nous démontrons qu’il est possible
d’élever des lapins à échelle commerciale en se souciant du bien-être animal.
La deuxième partie est consacrée spécifiquement aux problèmes de bien-être rencontrés dans
les élevages de lapins en batterie. Nous analyserons 25 points problématiques en fonction des 5
libertés de l’animal, pour ensuite formuler des suggestions d’amélioration. La fonction donnée
au lapin – l’abattage ou la reproduction – est déterminante pour les conditions de vie et les
problèmes de bien-être apparentés. Toutefois, tous les lapins élevés en batterie vivent dans un
environnement totalement inadapté et sont traités comme des produits (pour les lapins de chair)
ou des moyens de production (pour les femelles reproductrices et les mâles reproducteurs), dans
le cadre d’un schéma d’élevage forcé ciblant exclusivement le bénéfice économique. Un
magazine scientifique (Natuur & Techniek) de 2003 décrit l’élevage cunicole comme étant le
moins respectueux de l’animal parmi toutes les branches du « petit » élevage. Cet élevage se
caractérise par un taux de mortalité très élevé à tous les stades de la vie du lapin. Cette
deuxième partie se terminera par un compte-rendu de la vie d’un lapin de chair avant qu’il ne
devienne de la viande de lapin vendue en supermarché.
Vient ensuite la conclusion dans laquelle nous expliquons brièvement pourquoi il est primordial
d’agir rapidement contre les atteintes graves à très graves portées au bien-être animal,
énumérées dans notre rapport. Des pays tels que la Suisse et l’Autriche donnent le bon exemple,
avec une réglementation très stricte de l’élevage cunicole. Dans notre pays, il faudra prendre
exemple sur l’élevage de lapins biologique ou sur la production de lapins fermiers.
Nous terminons par nos recommandations, adressées aux consommateurs, aux supermarchés,
aux traiteurs, aux distributeurs et aux autorités. Tous les supermarchés belges ont déjà prouvé
qu’ils comprenaient l’importance du bien-être animal lorsque, entre 2006 et 2008, ils ont
5
supprimé de leurs rayons les œufs de poules élevées en batterie. Il est aujourd’hui temps de
bannir des rayons la viande de lapins élevés en batterie.
© GAIA 2008
Toutes les photos du présent rapport ont été prises en 2008 ou en 2009 dans des élevages de
lapins, des abattoirs de lapins et dans des supermarchés (à l’exception de la photo de
KAGfreiland en page 24). Les photos de l’annexe 2 ont été prises dans l’élevage 'De
Huppelhoeve' (1991-2003) et nous ont été transmises par Inge Overmeire.
6
Partie I : Présentation de la situation
- lapin de chair : lapin élevé pour sa viande, abattu environ douze semaines après sa naissance
- femelle : femelle reproductrice
- mâle : lapin mâle adulte.
1. Statistiques : l’élevage en Belgique, les importations et les exportations
Il est difficile de donner des chiffres exacts quant au nombre de lapins élevés pour leur viande.
En 2003, la production mondiale de lapins de chair a été estimée à 856.797 lapins, dont 375.561
en Europe1. Cette estimation semble bien basse car rien qu’en Belgique, pour cette même
année, 238.344 lapins ont été dénombrés pour la production de viande (voir tableau ci-dessous).
Elevage de lapins en Belgique
Voici le nombre de lapins de chair élevés dans notre pays2 :
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
(provisoi
re)3
Belgique 254.08
2
238.34
4
229.70
4
209.02
7
205.34
2
156.76
9
180.078
Flandre 220.27
1
211.37
6
195.08
8
178.39
4
169.04
4
125.61
1
147.312
Wallonie 33.780 26.943 34.609 30.608 36.268 31.128 32.766
Région de
Bruxelles
Capitale
31 25 7 25 30 30 -
Ce tableau démontre très clairement une évolution toujours à la baisse (sauf pour 2008), en
Flandre comme en Wallonie. En cinq ans, on a également observé en Flandre une diminution de
près de moitié du nombre de femelles reproductrices : de 42.628 en 2000 à 22.962 en 20054.
Le nombre de lapins abattus chaque année en Belgique est toutefois supérieur aux chiffres
présentés dans ce tableau car :
- Ce tableau est le résultat de recensements agricoles réalisés par le biais d’une
enquête. Il s’agit d’un instantané du nombre d’animaux présents dans les entreprises.
Le cheptel de lapins de chair se renouvelle environ quatre fois par an étant donné
que ces lapins sont abattus à l'âge de douze semaines.
- En outre, il existe également des abattages par des particuliers, qui ne sont pas repris
dans les recensements agricoles. Ces abattages sont autorisés pour les « producteurs
1 The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 23 2 SPF Economie, Direction Générale Statistiques, enquêtes agricoles
3 Les chiffres définitifs n’étaient pas encore disponibles lors de la publication du rapport.
4 Inschatting van het watergebruik in de landbouw op basis van nieuwe en geactualiseerde kengetallen per
landbouwactiviteit (Estimation de la consommation d’eau dans l’agriculture sur la base des indicateurs nouveaux
et actualisés par activité agricole), ILVO, 2007, p 31
7
occasionnels », définis comme « des producteurs qui élèvent ou abattent un
maximum de 10.000 animaux par an ». Ces particuliers peuvent vendre leurs lapins
sur le marché local, mais ne peuvent pas approvisionner les supermarchés. Neuf
conditions régissent l’aménagement du local d’abattage des producteurs
occasionnels, mais aucune de celles-ci n’est liée au bien-être animal5. D’après
l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA), les éleveurs
amateurs peuvent détenir un maximum de 20 lapins d’élevage (femelles
reproductrices et mâles reproducteurs) et 100 lapins de chair.
En Flandre, environ huit millions de lapins seraient abattus chaque année6.
Le tableau ci-contre démontre également que le nombre de lapins en Wallonie n’a jamais été de
plus d’un quart du nombre de lapins en Flandre. Il existe, entre la Flandre et la Wallonie, une
nette différence de tradition. En Flandre, les lapins sont traditionnellement élevés en cage, dans
des locaux fermés. Inge Overmeire a réagi7 à l’encontre de ces conditions désastreuses, en
fondant l’élevage 'De Huppelhoeve' (voir I.6) dans lequel des lapins de chair ainsi que des
lapins adultes reproducteurs vivaient en groupes (1991-2003). En Wallonie, le concept du
« plein air » est entré en vigueur en 19918, mais cette dénomination est trompeuse : les lapins
sont enfermés dans des cages très isolées parce que ces cages se trouvent à l’extérieur. Et bien
qu’à l’heure actuelle l’élevage se fasse à nouveau à l’intérieur, ces cages sont toujours utilisées.
Fouron-Saint-Pierre : des lapins de chair sont enfermés dans ces cages, vestiges du concept « plein air ».
© GAIA 2008
D'un autre côté, la Wallonie connaît aussi une tradition plus respectueuse de l’animal que le
système flamand d'élevage en cages. Dans un système d’élevage alternatif, les lapins sont
élevés dans des cages collectives, sur une litière de paille. Cette production alternative
5 Thuisslachting konijnen en gevogelte door kleine producenten (Abattage à domicile des lapins et des volailles
par les petits producteurs), Boer&Tuinder vol. 106 n° 38, 22-09-2000 6 Cazaux G. e.a., Dierenwelzijn in de Vlaamse landbouw en visserij op de onderzoeksagenda (Le bien-être animal
dans l’agriculture et la pêcherie en Flandre à l’ordre du jour des recherches), Vlaamse Overheid, Departement
Landbouw en Visserij, 2008, p 59 7 Inge Overmeire, dans son texte Groepshuisvesting bij konijnen: onderzoek naar een diervriendelijk alternatief
voor de bestaande batterijhuisvesting (Le logement en groupe des lapins : recherche d’une alternative plus
respectueuse de l’animal à l’élevage en batterie actuel) : “Etant donné que l’on se trouve dans des milieux
professionnels, cela impliquait que l’élevage en batterie constituait la seule méthode possible pour établir un
élevage cunicole rentable, je me suis opposée à cette idée, et passionnée par le comportement des animaux, j’ai eu
l’idée de prouver le contraire.” 8 Un plan de développement pour la production cunicole en Wallonie, FACW, Filière Avicole et Cunicole n°8, p
10-13
8
représentait en 2004 2% du cheptel total en Belgique9. Ce sont vraisemblablement ces lapins
qui sont vendus sous la dénomination ‘lapin fermier’ chez Carrefour.
Wallonie, système alternatif : dans des cages communes de 3x3 m, les jeunes lapins fermiers ont encore beaucoup d’espace,
mais la surpopulation devient un problème au fil de leur croissance. © GAIA 2008
En outre, en Wallonie, des lapins sont également élevés en cage, comme en Flandre.
La diminution du nombre de lapins est allée de pair avec une forte diminution du nombre
d’entreprises. Il y avait 408 petites ou grandes entreprises d’élevage de lapins en Flandre en
199510. En 2008, on ne parle plus que de quelques dizaines d’élevages professionnels (35 à 60
selon les sources).
La consommation de viande de lapin élevé en batterie est faible. Les statistiques officielles
belges n’opérant aucune distinction entre la viande de lapin et la viande de gibier, les chiffres
ne permettent pas d’associer un chiffre exact à la consommation de viande de lapin élevé en
batterie.
Il ressort toutefois des statistiques que le Belge moyen achète relativement peu de viande de
lapin par rapport à d’autres viandes. En 2001 par exemple, le Belge consommait en moyenne
531 grammes de ‘lapin et gibier’, autoproduction non comprise (la majeure partie de la
consommation de lapin et de gibier, jusqu’à 86%, est issue de l'autoproduction). Entre 2002 et
2005, les achats de lapin et de gibier ont varié entre 699 et 850 grammes11
. En 2007, l’assiette
du consommateur belge moyen comportait 750 grammes de viande de lapin (achetée)12. Le
secteur cunicole a essayé de réagir à la faible consommation en produisant des saucisses et des
hamburgers de viande de lapin, mais cela n’a pas remporté le succès escompté13.
9 La commercialisation du lapin de chair : Quelle place pour un lapin de qualité différenciée?, FACW, Filière
Avicole et Cunicole n° 12, 2004, p 10-13 10
Konijnenhouderij in Vlaanderen (L’élevage cunicole en Flandre), De Landbode, vol. 76 n° 10, juin 1998, p 8 11
Chiffres calculés sur base des ‘bilans d’approvisionnement en viande’, SPF Economie – Direction Générale
Statistiques. 12
Konijnenbedrijven lijden onder gestegen productiekost (Les élevages cunicoles souffrent de frais de production
qui ont augmenté), Vilt, 02-06-2008, http://www.vilt.be/Konijnenbedrijven_lijden_onder_gestegen_productiekost 13
Grotere en homogenere loten betekenden belangrijke vooruitgang (Des lots plus grands et plus homogènes : un
progrès considérable), Landbouw&Techniek, vol. 8 n°10, 23-05-2003, p 32-35
9
Importations
Au sein de l’Union européenne, la Belgique est, avec l’Allemagne et le Portugal, l’un des plus
gros importateurs de viande de lapin14. La France, la Hongrie et l’Allemagne sont quelques
exemples de pays d’origine. Les organisations de défense des animaux L214 et Vier Pfoten ont
enregistré des séquences en caméra cachée dans les élevages et les abattoirs de lapins de ces
pays. Les images montrent entre autres comment des lapins venant de naître, considérés comme
impropres ou superflus, sont prélevés dans le nid et frappés avec force contre le bord d’un bac
avant d'être jetés dans un conteneur. Certains animaux ayant survécu au coup souffrent
longtemps avant de mourir d’une mort lente. En Chine également, le principal pays d’origine
des lapins importés en Belgique15
, on ne fait aucun cas du bien-être animal16.
Outre les importations de viande de lapin, des lapins sont également importés vivants. En 2007,
notre pays a importé des lapins vivants en provenance des Pays-Bas (2.415.183), de France
(144.028), d’Allemagne (68.805), de Slovaquie (48.172), de Pologne (43.172) et du
Luxembourg (201)17. Le transport sur de longues distances peut causer d'importants problèmes
de bien-être (voir II.3.9). Un boucher belge, qui importait auparavant des lapins vivants de
Hongrie, nous a appris que le transport prenait trois à quatre jours18
.
Pour les éleveurs belges, les importations massives de viande de lapin étrangère constituent une
cause permanente d’exaspération. De ce fait, ils encouragent les supermarchés à ne
commercialiser que de la viande de lapin belge de qualité19. Cependant, le terme ‘qualité’ n’a
ici rien à voir avec la qualité de vie des animaux.
Exportations
Une part importante de la viande de lapin produite en Belgique est exportée. En ordre
décroissant de quantité, les exportations pour 2007 ont eu lieu vers : la France, les Pays-Bas,
l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Luxembourg, l’Italie, la Grèce, l’Espagne, la Hongrie, la
Tchéquie, la Suède, Malte, la Suisse, le Danemark, l’Estonie, l’Autriche, la Lituanie, la Guinée
équatoriale et la Finlande. Au total, cela représentait 4.288.791 kg de viande de lapin d’élevage
et 266.781 kg de viande de « lapin sauvage ou de lièvre »20. Avec un facteur de conversion de
1.5 kg de viande par lapin, cela représente la viande de près de trois millions de lapins d’élevage et de près de deux cent mille lapins sauvages ou lièvres en un an.
La Belgique exporte de la viande de lapin mais également des lapins vivants. En 2007, ces
dernières exportations représentaient un total de 38.924 lapins d’élevage, exportés vers la
14
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 26 15
En 2007, 2.460.590 kg de "viande et d'abats comestibles de lapins domestiques congelés" provenant de Chine
ont été importés en Belgique. Source : Banque nationale de Belgique 16
http://www.chinarabbitking.com/english/xyfx.htm 17
Source : Banque nationale de Belgique. Bien qu’il soit certain que des lapins soient importés vivants, les
statistiques ne permettent pas de savoir si ces lapins domestiques vivants importés sont destinés à la
consommation. 18
Images GAIA, 10/02/2009 19
Konijnenbedrijven lijden onder gestegen productiekost (Les élevages cunicoles souffrent de frais de production
qui ont augmenté), Vilt, 02-06-2008, http://www.vilt.be/nieuwsarchief/detail.phtml?id=18097 20
Source : Banque nationale de Belgique. Les lapins d’élevage sont enregistrés sous les mentions « Viande et
déchets d’abattage comestibles de lapins domestiques, frais ou réfrigérés » et « Viande et déchets d’abattage
comestibles de lapins domestiques, surgelés ».
10
France (23.231), le Luxembourg (15.513), les Emirats Arabes Unis (171 – et ici se pose
également le problème du transport sur de longues distances) et les Pays-Bas (9)21.
Conclusion
Le nombre de lapins et le nombre d’élevages de lapins ont fortement diminué au cours de ces
dernières années. Une partie des lapins d’élevage est exportée, vivants ou non. La Belgique
importe également des lapins d’élevage depuis des pays où les conditions d’élevage sont loin
d’être respectueuses du bien-être animal. Dans notre pays, la consommation de viande de lapin
(achetée) est faible.
2. Propagande, promotions et tromperie des consommateurs
Campagnes de propagande
« Pas de consommation sans propagande. ‘Pas de consommation’, c’est peut-être un peu fort,
mais il est un fait que des choses peu ou pas connues, pour lesquelles il n’y a aucune publicité,
se vendent moins. A première vue, cela s’applique également aux choses de tous les jours,
comme le poulet et le lapin » peut-on lire dans la revue professionnelle Pluimvee22. Chaque
année, le Permanente Werkgroep Pluimvee - Eieren - Konijn du Vlaams Centrum voor Agro-
en Visserijmarketing (VLAM) – Groupe de Travail Permanent Volaille-Œufs-Lapins du Centre
Flamand pour le marketing Agricole et de la Pêche - élabore de grandes campagnes de
propagande pour encourager le consommateur à consommer du lapin.
Aperçu de quelques campagnes :
Budget total
En Belgique
A l’étranger
Contenu
199
523
2,8 millions
BEF
(= 69.410 !)
2,7 millions
BEF
(= 66.931 !)
0,1 million
BEF
(= 2.479 !)
“Konijn ‘t jaar rond een festijn”
(Le lapin, toute l'année un festin)
199
6-
199
724
Pas
d’informatio
ns
Supports publicitaires dans les
tavernes, les snack-bars et les
brasseries, avec comme message :
“Spits je oren, er is weer konijn!”
(Tendez l’oreille, il y a à nouveau du
21
Source : Banque nationale de Belgique. Ces lapins sont enregistrés sous le terme : « lapins domestiques
vivants ». Bien qu’il soit certain que des lapins sont exportés vivants, les statistiques ne permettent pas de savoir si
ces lapins domestiques vivants exportés sont destinés à la consommation. 22
Promotie zorgt ervoor dat pluimvee- en konijnenvlees in de belangstelling blijven van de consument (La
promotion veille à ce que la viande de volaille et de lapin soit toujours prise en considération par les
consommateurs), Landbouw&Techniek vol. 1 n° 24, 20-12-1996, p 30-31 23
Pluimvee- en konijnensector besteedt 22,6 miljoen BEF aan promotie (Le secteur cunicole et avicole consacre
22.6 millions de BEF à la promotion), Agra vol. 16 n° 1, janvier 1995, p 14 24
Promotie zorgt ervoor dat pluimvee- en konijnenvlees in de belangstelling blijven van de consument (La
promotion veille à ce que la viande de volaille et de lapin soit toujours prise en considération par les
consommateurs), Landbouw&Techniek vol. 1 n° 24, 20-12-1996, p 30-31
11
lapin)
200
025
Pas
d’informatio
ns
Site web sur les lapins, avec des
informations, des recettes, etc. +
brochure “Verfijn met konijn” (Le
raffinement du lapin)
200
626
75.000 !27
58.000 ! 19.000 ! Le lapin intégré dans des produits
faciles, prêts à l’emploi et dans des
produits semi-finis + collaboration
rédactionnelle avec des publications
culinaires.
200
728
65.000 ! 48.000 ! 17.000 ! Le lapin en ambiance hivernale,
dégustation par des personnalités
flamandes et des chefs célèbres +
nouvelle brochure.
200
929
66.000 ! 46.000 ! 20.000 ! “Konijn op andere wijze” (Le lapin
autrement) : dégustations dans les
points de vente, diffusion de brochures
d’informations et de recettes.
La promotion à l’étranger concerne la participation à des salons internationaux de
l’alimentation.
La collaboration avec des magazines culinaires, mentionnée pour la campagne 2006, a abouti
notamment à la rédaction d'un livret de recettes de 5 pages dans Libelle, intitulé ‘Konijn zes
keer anders’ (le lapin, six fois différent). Le secteur estime qu’il s’agit d’un investissement qui
en valait la peine, et qui est à refaire30.
Actions promotionnelles
Dans une interview récente, le fils du gérant de l’abattoir de lapins gantois Van Assche – qui
fournit de la viande à Colruyt et à Delhaize – a déclaré que la viande de lapin fait l'objet de
promotions hebdomadaires et a indiqué que celles-ci sont vraiment nécessaires. En effet, la
viande de lapin est cinq fois plus chère que le poulet, et le consommateur ne fait pas vraiment
de différence entre une saucisse de viande de lapin et une saucisse de poulet. Il a également
assuré que, s'il y a cinq ans l'abattoir avait beaucoup de travail pendant la période de Noël, la
pression se fait maintenant ressentir tout au long de l'année, grâce aux promotions.
25
VLAM en de promotie voor pluimvee (VLAM et la promotion de la volaille), Pluimvee, vol. 35 n° 1, janvier
2000, p 4 26
Pluimveesector gelooft te weinig in mogelijkheden van VLAM (Le secteur de la volaille ne croit pas
suffisamment en les possibilités du VLAM), Pluimvee, janvier 2006, p 21 27
La source fait état de 75.000 !, mais 58.000 ! (en Belgique) + 19.000 ! (étranger) = 77.000 ! 28
VLAM-promotiecampagne 2007 (Campagne promotionnelle du VLAM en 2007), Pluimvee, décembre 2006, p
13 29
VLAM-promotie pluimvee voorgesteld (Présentation de la promotion du VLAM pour la volaille), Pluimvee,
janvier 2009, p 22-23 30
VLAM activiteitenverslag (Rapport d’activité du VLAM), 2007, p 52
12
Viande de lapin en promotion chez Carrefour (Zwijnaarde
Viande de lapin en promotion chez Colruyt. 14/02/2009) ! GAIA 2009
Tromperie des consommateurs
Pendant la saison du gibier (de septembre à décembre), certains supermarchés proposent de la
viande de lapin sauvage. Mais en dehors de cette période, toute la viande de lapin provient de
lapins d’élevage. Pourtant, les supermarchés continuent à la présenter comme du 'gibier'. Ce
'gibier' n’a pas été abattu dans la nature, mais élevé en batterie. Quelques exemples :
- Le lapin est l’une des onze espèces animales présentées comme du ‘gibier’ dans une
brochure d’information de Delhaize31. En Flandre et à Bruxelles, il est vanté comme
étant « disponible toute l’année », et comme du « véritable gibier, ne provenant pas
d’un élevage ». Lorsque l’on demande chez Delhaize comment le consommateur
peut distinguer entre lapin d’élevage et lapin sauvage, la réponse est la suivante : le
lapin sauvage n’est disponible que de la mi-septembre à la fin décembre, il présente
une couleur plus foncée, un poids moindre et une structure osseuse plus fine32. En
d’autres termes, les informations de la brochure (« du vrai gibier toute l’année»)
sont fausses et, pendant la saison du gibier, il faut être un vrai connaisseur pour
pouvoir faire la différence entre lapin sauvage et lapin d’élevage.
- Chez Carrefour, la viande de lapin provenant d’élevages en batterie se trouve dans
la catégorie « Gibier ».
Chez Carrefour, la viande de lapin d’élevage se trouve dans la catégorie “Gibier” (Wild)
Photo prise au Carrefour de Zwijnaarde ! GAIA 2009
Il s'agit de tromperie. Les clients doivent être informés correctement.
31
“La saison du gibier est ouverte dans votre supermarché”, avec le calendrier des ventes de gibier pour 2008-2009 32
Lettre de Hilde Vanneste, Director Customer Care de Delhaize, 07-08-2008
13
Sur le site de l’abattoir de lapins Lonki, on peut lire : « Le lapin Lonki est si naturel qu’il n’a
pas besoin de label bio ».33
Mais les lapins abattus dans cet abattoir ne satisfont absolument pas
aux critères de l'élevage biologique de lapins (voir I.6). Ainsi, la plupart des lapins abattus par
Lonki sont élevés en cage, ce qui n’est pas autorisé dans l’agriculture biologique.
L’intérêt du secteur contrebalance-t-il la souffrance des lapins et la sensibilité de la société
envers le bien-être animal ? Un rapport de l’université d’Utrecht déclare dans sa conclusion que les dommages pour
l’animal sont disproportionnés par rapport à l’avantage pour l’homme. « Dans une société qui
préconise d’investir dans le bien-être animal, c’est inacceptable34
. » Dans Natuur & Techniek
Wetenschapsmagazine, le bien-être des lapins de chair est décrit comme « le pire de tous les
animaux de petit élevage »35. L’éleveur néerlandais Andries Vaarkamp, qui fournit des lapins à
un abattoir belge, avoue la souffrance animale : « C’est sinistre. Nous, nous n’en mangeons
jamais.36 »
Malgré toutes les tentatives des éleveurs belges pour s’attirer les faveurs du grand public, le
VILT (Vlaams Informatiecentrum over Land- en Tuinbouw – Centre d’information flamand sur
l’agriculture et l’horticulture) confirme en 2008 que les principaux acheteurs de viande de lapin
sont des pensionnés aisés37.
Conclusion
De coûteuses campagnes de propagande du secteur, combinées à des actions promotionnelles
par les supermarchés qui très souvent n’hésitent pas à induire le consommateur en erreur en
proposant le lapin d’élevage comme du gibier, ont pour but de maintenir ou de favoriser les
ventes de viande de lapin.
3. La souffrance des lapins : de mal en pis
Le secteur se caractérise par une évolution dans le sens d'un rendement par femelle
reproductrice toujours plus important, au détriment de la santé et du bien-être des animaux. Le
tableau ci-dessous présente quelques chiffres importants au fil des ans38
.
197739 1988 2005-
0740
Différence
entre 1977 et
2007
Nombre de portées par femelle
reproductrice et par an
5 6,3 7,241 + 2,2 portées
/ an
33
www.lonki.be, 26/01/2009 34
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des lapins
de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 67-69 35
Merkbaar dierenwelzijn? (Bien-être animal remarquable ?), N&T Wetenschapsmagazine, avril 2003, p 66 36
Konijnenfokkerij steeds intensiever (L’élevage cunicole de plus en plus intensif), Milieudefensie Magazine
décembre 2004 – janvier 2005 37
Konijnenbedrijven lijden onder gestegen productiekost (Les élevages cunicoles souffrent de frais de production
qui ont augmenté), Vilt, 02-06-2008, http://www.vilt.be/nieuwsarchief/detail.phtml?id=18097 38
Par manque de statistiques belges, il s’agit des statistiques issues d’élevages néerlandais. Mais, dans les deux
abattoirs belges dans lesquels GAIA a filmé en caméra cachée (voir II.3.10), la moitié des lapins au moins
provenait des Pays-Bas. 39
Source pour 1977 et 1988 : Sterk verbeterde technische resultaten konijnenhouderij (Forte amélioration des
résultats techniques de l’élevage cunicole), Agrarisch Dagblad 29-03-1989 40
KWIN-Veehouderij 2006-2007 et R. Hoefmans
14
Lapereau né vivant par femelle
reproductrice et par portée
6,8 8,1 8,7 + 1,9
lapereau /
portée
Lapereau né vivant par femelle
reproductrice et par an
34 51 63 + 29
lapereaux /
an
Nombre de kilos de viande fournis par
une femelle reproductrice par an
58 88,5 123,4-
133,6
+ 75,6 kg / an
Nombre moyen de femelles
reproductrices par entreprise
Pas
d’infos
188 800 (+ 612 entre
1988 et 2005-
07)
Il ressort de ce tableau que beaucoup de choses ont changé en trente ans. Il est particulièrement
étonnant de voir que le nombre de portées a fortement augmenté, avec en outre un nombre plus
important de lapereaux par portée. Une femelle reproductrice doit produire plus du double de
kilos de viande par an qu’il y a trente ans.
Non seulement les femelles reproductrices endurent des conditions de plus en plus difficiles,
mais les lapins de chair aussi (ceux qui, au contraire des femelles reproductrices, sont destinés
à l’abattage) ont de plus en plus de problèmes de santé. Le rapport scientifique de l'Autorité
européenne de sécurité des aliments (EFSA) signale une augmentation significative au cours de
ces quinze dernières années du nombre de lapins qui meurent de problèmes gastro-intestinaux
ainsi qu'un nombre croissant de problèmes dus à des troubles métaboliques.42
4. La législation
Au niveau européen, il n’existe aucune réglementation en matière d’élevages de lapins de chair.
Un comité (Comité permanent) de la Convention européenne sur la protection des animaux
dans les élevages43
(une initiative du Conseil de l’Europe visant à favoriser le bien-être des
animaux de production) prépare des recommandations en la matière depuis 1998. Ce comité a
composé le panel scientifique de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en vue
de rédiger un rapport ainsi qu'un avis basé sur celui-ci. Le rapport de l’EFSA, intitulé The
Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed
domestic rabbits (L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le
bien-être des lapins domestiques d’élevage), a été publié en juillet 2005, et l'avis en septembre
2005.
Voici un compte-rendu de quelques questions prioritaires mises en avant dans le rapport
susmentionné. Les pages entre parenthèses renvoient à la source dans le rapport de l'EFSA,
tandis que les autres indications renvoient à la deuxième partie du présent rapport de GAIA, qui
évoque en détail les problèmes de bien-être.
41
D'après le rapport The reality of commercial rabbit farming in Europe (Les réalités de l’élevage commercial de
lapins en Europe), CAFT, ce nombre peut même atteindre 11. 42
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Opinion of the Scientific Panel on Animal Health and Welfare, 2005, p 22 en 29. 43
European Convention for the protection of animals kept for farming purposes (Convention européenne sur la
protection des animaux dans les élevages), http://conventions.coe.int/Treaty/en/Treaties/Html/087.htm
15
- Une alimentation non équilibrée ou insuffisante peut nuire au bien-être, entraîner des
maladies et un taux de mortalité plus élevé (p 62). Une alimentation moisie est
responsable de problèmes digestifs (moindre absorption des nutriments, problèmes
hépatiques, rénaux ou au niveau de l'appareil reproducteur) et d'une modification de la
composition sanguine (p 63).
! voir II.1.1 & 2
- Il peut également être question d’une souffrance mentale car les lapins sont limités dans
leur comportement naturel, ce qui est source d’ennui, de frustration et d'isolement social
(p 54). Lors d’expériences, les lapins se sont montrés très intéressés par des objets de
jeu, principalement en bois mais aussi en métal. Et cet intérêt ne diminue pas au fil du
temps. Des blocs de bois permettent également aux lapins de moins mordre leur cage et
d’augmenter leurs activités (sauter, lécher leurs congénères, les renifler...) (p 38, 39).
! voir II. 2.2
- Des études ont démontré qu'un comportement anormal, comme lécher ou mordiller la
cage, diminue de moitié lorsque les animaux reçoivent du foin ou de l'herbe (p 38).
! voir II. 2.3
- Les jeunes lapins ont besoin d’espace pour jouer et, au fil de leur croissance, ont besoin
de davantage de place pour des comportements similaires (p 51). Les dimensions et les
matériaux des cages pour les femelles reproductrices, souvent d’une race de taille
moyenne, peuvent être inadaptés aux lapins de chair, souvent d'une race de grande taille.
Les races de lapins de grande taille présentent souvent des pododermatites et des
paralysies (p 82, 83).
! voir II. 2.4
- La présence de plates-formes surélevées, non prévue dans les élevages en batterie, est
pourtant recommandée par le docteur Markus Stauffacher. L'intérêt de celles-ci a
également été démontré par des expériences : les femelles reproductrices passent près de
58% de leur temps en hauteur (p 40). Les plates-formes peuvent même permettre une
réduction du taux de mortalité des femelles reproductrices (p 42).
! voir II. 2.5
- Une cause importante de mal-être chez les lapins de chair réside dans une mauvaise
santé (p 13). Les maladies dont souffrent les lapins affectent leur bien-être, mais aussi la
santé humaine, par le biais de zoonoses ( maladies infectieuses pouvant se transmettre
de l'animal à l'homme) (p 84). Des affections chroniques, comme des atteintes à la voûte
plantaire, des inflammations des glandes mammaires, la gale, l'herpès circiné et des
abcès peuvent provoquer une longue souffrance chez les lapins. Des douleurs aiguës
sont souvent causées par certaines maladies (comme la maladie du gros ventre) et se
reconnaissent au fait que les lapins grincent des dents (p 84). Les additifs alimentaires
sont largement utilisés. L’utilisation d’antibiotiques comme promoteurs de croissance
est interdite depuis 2006 par la législation européenne (CE 1831/2003). Les ionophores
ne sont pas interdits mais peuvent être très néfastes au bien-être animal (p 64). Les
maladies fréquentes dans les élevages de lapins en batterie sont la myxomatose (p 94),
la MHV (Maladie Hémorragique Virale) (p 96), le rotavirus (p 97), la pasteurellose (p
98), l’entéropathie mucoïde (maladie du gros ventre) (p 100), la colibacillose (p 101), la
clostridiose (p 103), la salmonellose (p 104), la staphylococcose et les infections à
staphylocoques qui entraînent des ulcères sur les pattes et des inflammations des
glandes mammaires (p 105), la dermatomycose (p 106), la coccidiose (p 107),
l’encéphalitozoonose (p 108), et d’autres maladies endoparasitaires comme la
toxoplasmose, la cryptosporidiose et le protozoa flagellata (p 109), les vers (p 110), des
maladies ectoparasitaires comme la gale (p 110) et des maladies métaboliques comme la
toxémie gravidique (p 112).
! voir II.3.1
16
- Un comportement agressif peut poser problème lorsque l’espace de vie et les
possibilités de fuite sont limités, surtout pour les animaux soumis qui ne peuvent se
défendre en cas d'attaque (p 19). Lors d’une expérience, les blessures aux oreilles dans
une cage de 13 lapins disposant de 0.83 m2 d’espace ont pu être réduites grâce à
l’installation d’un bloc de bois sur l’une des parois de la cage (p 48). Des manipulations
indélicates (et/ou des chutes) peuvent entraîner des blessures fatales au dos (p 14).
! voir II.3.2
- Le pourcentage de remplacement des femelles reproductrices (nombre de femelles
remplacées, mortes ou tuées en raison de mauvais résultats de production) est souvent
de 100 à 120% par an. De nombreuses femelles sont éliminées en raison de problèmes
de reproduction (p 33). A la fin de la période de lactation, beaucoup de mères présentent
un bilan énergétique négatif, qui a pour conséquence une fertilité moindre et un
pourcentage de remplacement plus élevé (p 75). De grandes portées et une production
de lait élevée ont une influence néfaste sur le bilan énergétique des mères (p 77).
! voir II. 3.3
- 80% des femelles reproductrices se trouvant dans des cages grillagées présentent des
lésions aux voûtes plantaires après quatre portées (par rapport à 30% avec les autres
systèmes de cage) (p 35). Un fond de cage inadéquat peut entraîner des lésions aux
voûtes plantaires chez les lapins adultes, des fractures des os chez les jeunes lapins,
voire des maladies gastriques et des diarrhées pouvant entraîner la mort (p 53). Les
cages grillagées présentent de nombreux inconvénients : elles sont inconfortables et
peuvent blesser les lapins, ce qui entraîne des douleurs et des infections (p 54).
! voir II. 3.4
- La fécondation naturelle est rare parce qu’elle nécessite trop de temps. La fécondation
artificielle nécessite de provoquer l’ovulation deux à trois jours à l’avance, par injection
de l’hormone GnRH. Cela peut entraîner une réaction anormale des oviductes
(davantage de follicules par exemple), un nombre de jeunes trop important et une
mortalité élevée chez les jeunes (p 65, 66). Des injections intramusculaires mal
effectuées peuvent causer des douleurs, voire des paralysies. L'hormone de stimulation
PMSG force l'ovulation, alors que la femelle n'y est pas encore prête
psychologiquement (p 69). Les risques lors de l'insémination sont la perforation du
vagin, des pertes de sang au niveau de la vulve, l'angoisse, des maladies génitales,
notamment en raison d'un manque d'hygiène quant au matériel utilisé (p 70). Les risques
de l'élevage intensif sont les suivants : un mauvais état de santé des femelles
reproductrices, un comportement maternel déviant, une forte mortalité des femelles
reproductrices, une productivité moindre, un fort pourcentage de remplacement, une
production de lait moindre et une mortalité importante dans le nid. Les causes possibles
sont les conditions de vie inadaptées à la race, le délai très court entre les portées, des
femelles reproductrices trop jeunes dans un système trop intensif ainsi que des
infections (p 68).
! voir II. 3.5
- En comparaison avec les lapins évoluant en environnement semi-naturel, les lapins en
cage bougent moins, leurs sauts sont interrompus, ils ont moins de possibilités de sauter
à l’âge d'abattage et leur composition osseuse se modifie (p 45). Les normes minimales,
telles que des dimensions de 65 à 80 cm de long sur 38 cm de large pour la cage d’un
lapin adulte, sont insuffisantes pour leur permettre de faire autre chose qu’être couchés,
se tourner et se laver (comme sauter) (p 53). On a observé que les lapins en cages
ouvertes se tiennent de temps à autre debout. Et bien qu'ils n'adoptent cette position que
quelques secondes par jour, cela semble important pour eux (p 49). Dans les cages
classiques, les lapins ne peuvent pas se tenir debout. Ils ne peuvent même pas se
redresser avec leurs oreilles droites, et ce problème s’amplifie avec leur croissance (p
17
55).
! voir II. 5.1
- A l’âge de dix semaines, les lapins de chair sont plus sociables lorsque la densité par
cage est moindre (p 47).
! voir II. 5.2
- Les lapins sont des animaux sociaux : leur environnement doit être adapté afin de leur
permettre d’avoir des contacts avec leurs congénères, tout en permettant une certaine
intimité (p 19). Le répertoire comportemental naturel des lapins domestiques est
comparable à celui des lapins sauvages (p 16).
! voir II. 5.3
- Si l’accès au nid est interdit à la femelle pendant 24 à 48 heures pour accroître sa
fertilité, celle-ci essaye à plusieurs reprises d’y accéder pour nourrir ses petits, ce qui
entraîne stress et frustration, surtout si la séparation dure plus de 24 heures (p 71). De
mauvais soins maternels peuvent être dus à l'inadaptation du nid, à la trop faible quantité
de matériel pour le nid ou au comportement perturbé de la femelle. Cela peut entraîner
du cannibalisme et d'autres problèmes graves de bien-être chez les lapereaux comme
l'hypothermie, l'inanition et la déshydratation (p 79, 80).
! voir II. 5.4
- Le cannibalisme peut résulter d’une alimentation insuffisante ou d’une mauvaise
condition de la mère (p 76).
! voir II. 5.4
- Des laparoscopies (opérations permettant de voir dans le ventre) sont effectuées à des
fins de sélection, dans le but d'obtenir des portées plus importantes. Pour ce faire, les
femelles reproductrices sont anesthésiées. Ces opérations comportent un risque
d’infection ou d'endommagement des organes dans la cavité abdominale (p 82, 83).
- La sélection génétique des femelles reproductrices vise des caractéristiques
reproductives optimales : taille de la portée, nombre de jeunes vivants après la période
d'allaitement et production de lait permettant des jeunes plus lourds. La sélection en
fonction du nombre de petits par portée réduit le poids de naissance des jeunes et
augmente la mortalité (+ 3.3%) dans le nid. En ce qui concerne les lapins de chair, la
race est sélectionnée en fonction de critères de croissance (p 74, 81-83).
- Les jeunes qui meurent de faim souffrent auparavant de privations physiques (p 77).
- Les femelles reproductrices malades et écartées ne peuvent plus être transportées à
l’abattoir – ce qui entraînerait davantage de souffrances – mais doivent être abattues
dans l'élevage par un professionnel (p 92).
- Le taux de mortalité chez les lapins de chair avant d’atteindre l’âge d’abattage (environ
12 semaines) est en moyenne de 15-30% (p 33). Les lapereaux mort-nés et ceux tués à
la naissance (écartés, triés) non compris, la mortalité chez les lapins de chair est d'en
moyenne 23.6%. Si l'on inclut les lapereaux mort-nés et ceux tués à la naissance, la
mortalité est en moyenne de 32.8% (p 84). Au cours des 25 dernières années, la
mortalité n’a pas diminué malgré des techniques d’élevage modernes, une meilleure
hygiène et des améliorations au niveau des facteurs environnementaux (p 86).
Le rapport se contredit sur le point suivant :
- p 55 : « La littérature ne fait nulle part état de déformations de la colonne vertébrale des
lapins d'élevage ».
- p 52 : « D’après Drescher (1992, 1996), une hauteur et une superficie insuffisantes des
cages pour les femelles reproductrices peut entraîner des déformations de la colonne
vertébrale, ainsi que de l'ostéoporose. » Selon un rapport de l'université d’Utrecht44
,
44
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des lapins
de production menacé), Université d’Utrecht, 2002
18
l’étude de Drescher de 199645
prouve qu’il existe une relation entre les déformations de
la colonne vertébrale, le mode de logement et l’espace dédié au mouvement. Sur 20
femelles reproductrices ayant vécu dans des cages de 32 cm de haut, près de 70% (soit
14 femelles) étaient atteintes de déformations de la colonne vertébrale. Pour trois d'entre
elles, les déformations étaient graves.
! voir II. 3.8
Le projet le plus récent de recommandations du Comité permanent remonte au 11 décembre
2008. Les points de départ adoptés sont bons, mais des recommandations concrètes font défaut
pour garantir le bien-être des lapins.
Ce projet propose des normes minimales pour les cages, concernant les investissements
effectués dans les deux ans suivant l'élaboration de la recommandation. En comparaison avec
les normes suisses en vigueur depuis 1991, les normes de ce projet sont insuffisantes. Le fait
que ces cages soient encore autorisées est inacceptable pour GAIA car tout prouve qu'elles sont
totalement inadaptées aux lapins. Le tableau ci-dessous présente un comparatif des normes
suisses et des normes du projet européen pour des cages destinées à des lapins adultes (femelles
et mâles).
Normes pour les lapins adultes : cages classiques
Suisse
Europe (projet du Comité permanent46
)
Sup. : 3400 cm2 (<2,3kg) – 4800 cm
2 (2,3-3,5
kg) -7200 cm2 (3,5-5,5 kg) – 9300 cm
2 (>5 kg)
Hauteur : 40-50-60-60 cm (selon les 4
catégories de poids)
Nid : 800-1000-1000-1200 cm2 en plus (selon
les 4 catégories de poids)
Sup. : 3000 cm2
Hauteur : 30 cm
Et pour au moins la moitié de la cage, 50 cm
Nid : 500 cm2 en plus
Pour les investissements réalisés à partir de la dixième année après l’élaboration de la
recommandation, les normes pour les cages améliorées entreraient en vigueur. Cinq ans plus
tard, les cages de tous les élevages devraient respecter ces normes. Au total, le projet prévoit
donc une période transitoire de 15 ans.
Normes pour les lapins adultes : cages améliorées
Suisse
Europe (projet du Comité permanent)
Sup. totale : 2800 cm2 (<2,3kg) – 4000 cm
2 (2,3-
3,5 kg) - 6000 cm2 (3,5-5,5 kg)
Sup. au sol : 2000-2800-4200 cm2 (selon les 4
catégories de poids)
Hauteur : 40-50-60 cm (selon les 4 catégories
Sup. totale : 6000 cm2
Sup. au sol : 4200 cm2
Hauteur : 60 cm
45
Drescher, B., Deformations of vertebral column in breeding rabbits (Déformations de la colonne vertébrale des
lapins d’élevage), 6th
World Congressème Congrès Mondial, Toulouse 1996, Vol. 2, 417421 46
Standing Committee of the European Convention for the Protection of Animals kept for Farming Purposes (T-
AP), Draft recommendation concerning domestic rabbits (Comité permanent de la Convention européenne sur la
protection des animaux dans les élevages(T-AP), projet de recommandation pour les lapins domestiques),
Strasbourg 11/12/2008
19
de poids)
Nid : 800-1000-1000-1200 cm2 de plus (selon
les 4 catégories de poids)
Nid : 1200 cm2 de plus
Par rapport aux normes suisses, les normes du projet du Comité permanent pour les cages
améliorées sont déjà meilleures que celles pour les cages classiques, mais :
- il s’agit toujours de cages individuelles, donc le manque de contacts sociaux demeure un
problème de taille pour des animaux sociaux tels que les lapins (voir II.5.3)
- dans ces cages améliorées, les lapins ne peuvent encore toujours qu'exprimer un
comportement naturel, comme creuser et manger de l'herbe, insuffisant.
Ce projet a été évoqué à Strasbourg du 31 mars au 2 avril 2009.
Provisoirement, le bien-être des lapins destinés à la production de viande relève toujours de la
législation nationale. En Europe, seuls deux pays ont mis la barre plus haut pour le bien-être
animal dans le secteur cunicole : la Suisse (avec des normes de bien-être plus strictes depuis
199147
) et l’Autriche (les cages y sont interdites depuis 2007).
En Belgique, aucune disposition légale ne régit l’élevage des lapins de chair. La Fédération
Wallonne de l’Agriculture (FWA) déclare dans son "Guide sectoriel" (sorte de checklist pour
l’autocontrôle basée sur les règles de l’AFSCA) qu’outre les dispositions générales de base,
valables pour tous les animaux, il n’existe pas de recommandation supplémentaire pour le bien-
être des lapins de chair48.
5. Que fait le secteur pour améliorer le bien-être animal ?
Quelle est l’attitude du secteur envers le bien-être animal ?
- Des études sur le bien-être animal sont effectuées pour et par le secteur
Pour les études ciblées sur le lapin comme moyen de production et abordant le bien-être animal,
le secteur peut compter sur des subventions européennes49
et des subventions des autorités
flamandes50
. Le projet Cost 848 (2000-2005), une collaboration entre quatorze pays dont la
Belgique, est une étude sur l’industrie cunicole au niveau européen. L’un des cinq groupes de
travail de ce projet s'est penché sur « le logement et le bien-être ». Au niveau flamand, un projet
est en cours au sein de l’Instituut voor Landbouw- en Visserijonderzoek - Institut de recherche
sur l’agriculture et la pêche (ILVO) - qui court de 2006 à 2010, et porte sur la densité
d’occupation optimale par rapport aux besoins des lapins en matière d'espace, sur la rentabilité
professionnelle et sur l’acceptation sociale. Du côté wallon, il existe un centre d’essai pour
l’élevage cunicole dans le Hainaut51
.
47
Pour en savoir plus : http://www.bvet.admin.ch/themen/tierschutz/00757/index.html?lang=fr 48
FWA, Guide sectoriel de l’autocontrôle pour la production primaire, avril 2008, p 143 49
Memorandum of understanding for the implementation of an European Concerted Research action designated as
COST Action 848 (Mémorandum visant à la compréhension pour l’implémentation d’une action de recherche
concertée au niveau européen dénommée COST Action 848) 50
Focus op actualiteiten in de konijnenhouderij (Point sur l’actualité dans l’élevage cunicole),
Landbouw&Techniek, vol. 9 n° 3, 13-02-2004, p 37-46 51
Création d’un atelier cunicole de démonstration en Hainaut, FACW, Filière Avicole et Cunicole n° 14, 2005, p
15-16
20
Projet ILVO © GAIA 2008
Toutefois, l'ouvrage Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science
cunicole), qui est le résultat du projet européen COST Action 848, consacre déjà tout un
chapitre aux résultats de plusieurs études menées sur la taille du groupe et la densité.
Lors d’un test de logement au département Alimentation animale et Elevage à Merelbeke, les
lapins ont été logés dans des « parcs » (des cages collectives). « Pour une meilleure image
auprès du consommateur, il est préférable que les parcs soient ouverts sur le dessus, de façon à
moins ressembler à une prison », explique le chef de projet Luc Maertens52
. Le secteur souligne
qu’une amélioration du bien-être doit améliorer l’image de l’élevage cunicole, mais aussi
fournir de meilleurs résultats de production.
Ce test portant sur les « parcs » remonte à 1999. Aujourd’hui, soit dix ans plus tard, rien n’en
n'est encore visible dans les élevages cunicoles commerciaux. Depuis 1976, des études sont en
cours effectuées pour et par le secteur cunicole. Plus de trente années d’études pour découvrir
les techniques qui fourniront les meilleurs résultats de production (reproduction, alimentation,
meilleures conditions de vie, génétique, pathologie, etc.) ont eu en Belgique les effets suivants :
- Les uns après les autres, les éleveurs déposent le bilan : il y avait 408 élevages en
Flandre en 1995, aujourd’hui il n’en reste que 35 à 60.
- Les lapins ont une vie de misère : absence de bien-être, nombreux problèmes de
santé, un taux de mortalité de près de 32% chez les lapins de chair, un
pourcentage de remplacement atteignant jusqu'à 160% chez les femelles
reproductrices.
- Les consommateurs ont perdu de l'intérêt pour la viande de lapin : si le Belge
consommait 2,6 kg de viande de lapin en 1995, il n'en consommait plus que 750
grammes en 2007.
En raison du taux de mortalité important et des problèmes de santé considérables dans les
élevages cunicoles, les études portant sur le bien-être ne ciblent en fait pas vraiment le bien-
être, mais plutôt la lutte contre les maladies.
En Suisse, une étude en cours depuis 1980, portant sur le logement en groupe des lapins de
chair et des femelles reproductrices, a débouché en 1991 sur une législation plus stricte car elle
a prouvé que le bien-être des lapins dans les élevages est lourdement mis à mal lorsque ceux-ci
52
Huisvesting in ‘parken’ kent ook schaduwzijden (Les zones d’ombre du logement dans les 'parcs'),
Landbouw&Techniek, vol. 7 n° 2, 25-01-2002, p 6-7
21
sont élevés de la manière dont ils le sont encore aujourd’hui en Belgique53. Dans notre pays, les
résultats des études n’ont à ce jour toujours pas débouché sur des lois ou des améliorations.54
- Le secteur se prononce prudemment en faveur des parcs (cages collectives), en faveur des blocs à ronger pour enrichir les cages, et contre les préparations
hormonales
D’après Luc Maertens, les avantages du logement en groupe dans des parcs supplantent les
inconvénients55. Le feu vert a été donné pour les blocs à ronger car ils donnent une meilleure
image et fournissent de meilleurs résultats de production56. Concernant le recours aux
hormones, bien que leur usage ait été fortement préconisé autrefois57, même pour les femelles
naturellement fertiles58, le secteur rejette aujourd’hui leur utilisation depuis le développement
de techniques de manipulation alternatives.
Toutefois, ce n’est pas parce que les cages collectives et les blocs à ronger sont recommandés
avec prudence que ces mesures sont mises en pratique. Il en va de même pour le recours aux
hormones : ce n’est pas parce que certaines personnes du secteur se sont prononcées contre leur
utilisation qu’elles ne sont plus utilisées. Des images prises par GAIA dans plusieurs élevages
cunicoles belges montrent que des hormones (comme du Receptal) sont utilisées tandis que n'y
sont employés ni cages collectives (sauf dans l'élevage de qualité différenciée en Wallonie) ni
blocs à ronger.
GAIA a trouvé des hormones comme du Receptal dans des élevages cunicoles belges. © GAIA 2008
Le Receptal est utilisé pour améliorer le taux de fertilité ou pour l’induction de l’ovulation en
cas d’insémination59
(voir II.3.5).
53
L. Bigler, Group housing of breeding and fattening rabbits in Switzerland (Le logement en groupe des lapins
reproducteurs et de chair en Suisse), COST WG2 Meeting in Wageningen 6-8th
Mai 2004 54
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 121-126 55
Dierenwelzijn weerspiegelt zich niet altijd in prestaties (Le bien-être animal ne se reflète pas toujours dans les
performances), Landbouw&Techniek, vol. 8 n°6, 21-03-2003, p 6-9 56
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 116 57
PMSG: Natuurlijk hormoon voor voedsters (PMSG : Hormone naturelle pour les femelles reproductrices),
Pluimvee, vol. 30 n°2, février 1995, p 17-20 58
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 5 59
http://diergeneesmiddelen.microsite.be/frameset_detail.asp?language=NL&ID=4762
22
6. Elevage de lapins biologique
« J’ai été dégoûtée par l'élevage des lapins en batterie et j'ai souhaité donner une vie meilleure
aux lapins d’élevage. Le lapin est un animal très mobile et également un animal social, qui n’a
rien à faire dans une toute petite cage ». C'est ainsi qu'Inge Overmeire, vétérinaire, a motivé sa
décision pionnière d’élever des lapins à l’échelle commerciale d’une manière alternative,
respectueuse de l’animal, dans son élevage ‘De Huppelhoeve’60. Les lapins de chair, mais aussi
les femelles reproductrices, y vivaient en groupes selon les catégories d’âge, dans de vastes
clapiers compartimentés. Les lapins recevaient du foin ou de la paille, et pouvaient même
creuser (voir l’annexe 2 pour plus de détails sur le logement). Inge Overmeire : « Tenir compte
du bien-être animal n’est en soi pas diamétralement opposé aux intérêts économiques et ne
repose pas sur des sentiments, mais sur le respect du caractère propre de l’animal que nous
manipulons chaque jour. Tous les animaux sont très actifs le matin et le soir. C’est à cela qu’on
peut voir à quel point un lapin a besoin de bouger et quel tort on lui fait en le privant de tout
mouvement61
. »
Inge Overmeire a conclu un contrat de vente avec Carrefour et a ainsi fourni 150 lapins
fermiers par semaine à trois supermarchés Carrefour. Ceux-ci se sont bien vendus, et la grande
distribution en a redemandés62. Les chiffres de production ont atteint le niveau d’un élevage en
batterie traditionnel63. 'De Huppelhoeve' a élevé des lapins de 1991 à 2003. Inge Overmeire a
arrêté pour des raisons indépendantes du système d’élevage64.
Depuis lors, quelques autres entreprises ont suivi l’exemple de cet élevage (bien que nous ne
soyons pas certains que les femelles reproductrices y soient détenues en groupe). En 2002,
Carrefour a conclu un contrat d’exclusivité avec quelques éleveurs belges pour l’élevage de
lapins fermiers. D’après Peter Hostens, responsable de l'achat des produits frais chez Carrefour,
cela concernait en 2002 plus de 50.000 lapins fermiers par an, soit 2% de la totalité de la viande
de lapin achetée65. Carrefour propose encore toujours de la viande de lapins fermiers à la vente.
Celle-ci est nettement plus chère que la viande de lapins en batterie, mais cela ne semble pas
constituer une pierre d’achoppement pour les clients. Dans d’autres supermarchés, toute la
viande de lapin provient d’élevages en batterie.
Les lapins fermiers ne sont pas par définition biologiques. La viande de lapin de l’élevage
biologique ‘De Bekwame Boon’ est quant à elle belle et bien biologique car cette entreprise est
le seul élevage de lapins à être affilié à l’organisme de contrôle agréé Blik. La viande de lapins
biologiques de ‘De Bekwame Boon’ n’est en vente qu'auprès de l'élevage même.
Les principales caractéristiques de l'élevage biologique de lapins sont66
:
60
Europa kijkt op naar scharrelhokken in Huppelhoeve (L’Europe salue les clapiers de l’élevage 'De
Huppelhoeve'), Het Laatste Nieuws 07-12-2001, p 15 61
Inge Overmeire (ancienne exploitante de l'élevage 'De Huppelhoeve'), ‘Levenswijze en gedrag van konijnen en
de implicaties daarvan voor de huisvesting’ (Mode de vie et comportement des lapins et implications pour leur
logement) 62
Alternatieve konijnenhouderij: Meer dan een hobby (L’élevage de qualité différenciée des lapins : plus qu’un
hobby), Pluimvee vol. 32 n°1, 01-01-1997, p 26 63
Konijnen kweken in groepsverband en in een grondhuisvesting (Elever des lapins en groupe et dans un logement
au sol), Landbouw&Techniek, 08-10-1999, p 39-41 64
Persoonlijke mail van Inge Overmeire (Mail personnel d’Inge Overmeire) 04-10-2008 65
Zet eens hoevekonijn op het feestmenu (Un lapin fermier pour votre menu de fête), Gazet van Antwerpen, 17-
12-2002, p 11 66
Arrêté ministériel du 30/10/1998 fixant les prescriptions relatives à la production biologique dans le secteur
animal, et ses amendements.
23
1. La reproduction : Si aucune femelle issue du secteur biologique n’est disponible, un
maximum de 10% de femelles reproductrices issues de l’industrie classique peuvent être
utilisées. Celles-ci ne peuvent pas encore avoir eu de portée et doivent recevoir au préalable
l’agrément de l’organisme de contrôle. Les lapins de chair ne peuvent jamais provenir de
l’industrie classique.
2. L’alimentation : La ration peut contenir un maximum de 20% d’éléments non biologiques,
mais ceux-ci doivent figurer sur la liste des matières premières autorisées issues de l’agriculture
classique et destinées à l’élevage biologique selon l’arrêté ministériel.
3. La lutte contre les maladies : Les lapins ne peuvent être traités préventivement. Les
médicaments vétérinaires ne peuvent être administrés que sur prescription vétérinaire.
4. Le logement :
- Les cages sont interdites67
(voir II.2.1 pour la différence entre une cage et un clapier).
- Les lapins doivent être élevés en groupes dont l’ampleur est adaptée à leurs
comportements éthologiques. Seules les femelles avec leurs petits peuvent être isolées
pendant l’allaitement.
- Le pâturage n'est pas obligatoire mais les animaux doivent avoir accès à un bâtiment à
front ouvert vers l'extérieur, dont la partie ouverte représente au moins 25% du
périmètre du bâtiment. Ils doivent donc pouvoir disposer d'air extérieur et de lumière du
jour.
- Les lapins doivent être élevés au sol, avec une litière, et doivent pouvoir accéder à une
plate-forme surélevée.
- Il faut prévoir 0.6 m2 par lapin adulte (femelles reproductrices et mâles reproducteurs),
jeunes compris.
- Pour les lapins de chair, la densité ne peut dépasser cinq lapins au m2.
67
Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO), Guidelines for the production, processing,
labelling and marketing of organically produced foods (Directives pour la production, le traitement, l’étiquetage et
la commercialisation de denrées alimentaires organiques), 2001,
http://www.fao.org/organicag/doc/glorganicfinal.pdf
Les lapins biologiques ne vivent pas en cage, mais au sol, avec de la paille et du foin. Ils bénéficient de la
lumière du jour et de l’air extérieur. © GAIA 2008, à l'élevage 'De Bekwame Boon'
24
La qualité de vie des lapins biologiques est de loin supérieure à celle des lapins élevés en
batterie. Nombre des problèmes de bien-être évoqués dans la partie II ne concernent pas le
secteur biologique. Il est par exemple évident que de meilleures conditions de vie et le respect
du rythme naturel ont un effet positif sur les animaux : le pourcentage de remplacement des
femelles reproductrices à l'élevage 'De Huppelhoeve' s'élevait à 80 %68
par rapport à une
moyenne de 100 à 120 % dans les élevages en batterie (voir II.3.3).
Dans l’élevage ‘De Bekwame Boon’, les lapins ont de l’espace pour gambader, courir et sauter,
ainsi que du matériel pour jouer et se cacher (paille, foin, bois) : un monde de différence avec
l’élevage en batterie.
A gauche : une femelle avec ses petits dans l’élevage 'De Bekwame Boon' – à droite : des
lapins de chair dans un élevage en batterie. © GAIA 2008
Dans l’élevage 'De Huppelhoeve', les femelles reproductrices étaient également en groupe,
mais ce n’est pas le cas dans l’élevage 'De Bekwame Boon'. Les femelles reproductrices y
disposent toutefois d'un vaste clapier avec de la paille et du foin, et restent relativement
longtemps avec leurs petits.
L’organisation suisse de protection des animaux KAGfreiland a lancé en 2006 un projet unique
pour les élevages cunicoles en plein air69
. Il a été demandé à plusieurs éleveurs de lapins de
chair d’appliquer ce système. Les résultats de production ne sont pas encore connus, mais l’on
espère pouvoir démontrer qu’il est possible d’élever des lapins d’une manière alternative qui
leur permettrait d’adopter leurs comportements naturels de manière illimitée.
68
Konijnen kweken in groepsverband en in een grondhuisvesting (Elever des lapins en groupe et dans un logement
au sol), Landbouw&Techniek, 08-10-1999, p 39-41 69
http://www.kagfreiland.ch/c_tierhaltung/PRO_kaninchen.shtml
25
En Suisse, un projet repose sur l’élevage des lapins en plein air.
! KAGfreiland
26
Partie II : Problèmes de bien-être
Les lapins sont des animaux domestiqués, ce qui signifie qu’il est relativement simple de
répondre à leurs besoins de bien-être par rapport aux animaux sauvages. Un environnement
(semi-) naturel, respectant les rapports sociaux et combiné à suffisamment d’espace et à des
soins adaptés, devrait avoir pour résultat un niveau acceptable de bien-être animal.
L’univers mental et les valeurs affectives des animaux jouent un rôle dans la définition de leur
bien-être70
. Il ne peut être question de bien-être correct que lorsque les cinq libertés de
l’animal71
sont respectées : (1) Libre de la faim et de la soif, (2) Libre de l’inconfort, (3) Libre
de la douleur, des blessures et de la maladie, (4) Libre de la peur et de l'angoisse et (5) Libre
d’exprimer un comportement normal. En théorie, le secteur reconnaît que ces cinq libertés
doivent être considérées comme un point de départ pour l’élevage des lapins de chair72
. Mais,
dans la pratique, aucune de ces libertés n’est respectée. Et de ce fait les animaux souffrent, aussi
bien physiquement que mentalement.
Le vétérinaire Rudy De Meester, collaborateur du cabinet de l’ancienne ministre fédérale de la
santé publique et de l’environnement Magda Aelvoet, compétente pour le bien-être animal,
remarquait en 2001 déjà : « Certains scientifiques soulignent depuis longtemps le fait que les
lapins ne peuvent pas adopter des comportements normaux dans les élevages en batterie73
. »
Dans le compte-rendu qui suit, portant sur les problèmes de bien-être, il est important d’opérer
une distinction entre les lapins de chair et les femelles reproductrices. Dans la plupart des
entreprises, ils se trouvent dans des départements séparés, voire dans des bâtiments séparés. Ils
ont une vie totalement différente et rencontrent donc des problèmes de bien-être spécifiques.
Les femelles reproductrices sont des mères, qui ont été soit
sélectionnées dans les nids de l’élevage, soit achetées en
externe. Leur seule tâche est d’engendrer le plus de lapereaux
possible. De nombreuses femelles meurent après quelques
portées et elles atteignent tout au plus l’âge de deux ans. A
titre de comparaison, les lapins domestiques ont une espérance
de vie de 8 à 12 ans74
.
Les lapins de chair sont des lapins abattus à l’âge de douze
semaines. Il peut s’agir de mâles ou de femelles, leur sexe a
peu d’importance puisqu'ils sont abattus avant d’être arrivés à
maturité sexuelle.
Photos © GAIA 2008
70
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des lapins
de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 26 71
Rédigées par le Farm Animal Welfare Council (FAWC) et inspirées d’un rapport de la commission Brambell de
1965, http://www.fawc.org.uk/freedoms.htm 72
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 113 73
‘Een konijn in een hok is geen kieken’ (Un lapin dans un clapier, il n’y a pas photo), De Morgen 07-12-2001 p 6 74
Onderzoek naar huisvesting konijnen (Etude sur le logement des lapins), Animal Welfare Science,
http://dierenwetenschap.com/Onderzoek/Konijnen/tabid/86/Default.aspx
27
En outre, la plupart des entreprises ont également quelques mâles reproducteurs qui sont
remplacés tous les trois à quatre ans. Leur bien-être physique est moins mis à mal que celui des
femelles parce qu’ils ne portent pas de petits et souffrent donc moins de ce système d’élevage
intensif. Ils sont également beaucoup moins nombreux.
Les problèmes de bien-être
1. Points problématiques de la première liberté « Libre de la faim et de la soif »
1.1. Problèmes digestifs
Le taux de mortalité élevé dans les élevages en batterie est principalement dû à des problèmes
digestifs75
. Les lapins en batterie ne reçoivent que des granulés secs très énergétiques. Il ressort
des notes d’un éleveur cunicole que certains jours, les lapins en batterie ne mangent pas76
.
On recommande de donner aux lapins de compagnie du foin, de l’herbe, des légumes et
éventuellement un peu de granulés77
. Or les granulés constituent pour les lapins en batterie,
pour diverses raisons pratiques (concentrés, impliquant peu de travail et peu de déchets…), la
meilleure option pour les engraisser rapidement78
. Dans certaines entreprises, les granulés ne
sont distribués qu’une fois par semaine79
.
Les granulés secs sont distribués en vrac pour gagner du temps. ! GAIA 2008
D’après Inge Overmeire, les aliments concentrés ne constituent pas la cause principale des
problèmes digestifs, mais un manque de fourrage peut aggraver les choses80
.
75
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage) , EFSA, Scientific Report, 2005, p 88 76
Images de GAIA prises dans un élevage cunicole belge. 77
Prof. dr. en médecine vétérinaire Katleen Hermans, groupe d’experts Pathologie, Bactériologie et Maladies de la
Volaille, présentation PowerPoint “Het gezelschapskonijn in de praktijk” (Le lapin de compagnie dans la pratique). 78
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 60 79
Franky Devriese te Zwevezele: Met zeshonderd voedsters heb ik wel de handen vol, (Franky Devriese à
Zwevezele : avec 600 femelles reproductrices, j’ai beaucoup de travail), Landbouw&Techniek, vol. 4 n°13, 02-07-
1999, p 4-6 80
Mail personnel d’Inge Overmeire, 16-02-2009
28
Comment bien faire les choses ?
L’herbe, le foin et certains légumes seraient indispensables à une bonne digestion81
.
Autres questions prioritaires82
:
- L'alimentation à volonté peut entraîner une suralimentation, bien plus que ce que
les intestins peuvent supporter.
- Une alimentation équilibrée doit comporter suffisamment de fibres.
- Il faut toujours de l’eau potable à disposition, l’approvisionnement en eau ne
peut être bloqué.
- Il faut suffisamment d’endroits de nourrissage de façon à éviter toute
compétition excessive entre les animaux.
- Une bonne hygiène doit empêcher que la nourriture ne moisisse car les lapins
sont très sensibles aux aflatoxines (substances toxiques produites par les
moisissures).
1.2. Rationnement
Dans les élevages en batterie, il est fréquent de rationner régulièrement les femelles
reproductrices et les mâles reproducteurs pour obtenir de meilleurs résultats de production. Les
jeunes femelles sont ainsi moins nourries pendant deux semaines au moins pour les préparer à
une insémination artificielle83
, qui sera suivie d’un rationnement moins strict pendant quatre à
sept semaines pour limiter le nombre de lapereaux vivants lors de la première portée, de façon à
ce que la femelle puisse encore se développer84
. En raison de ce rationnement, les femelles
peuvent souffrir de la faim85
. En ce qui concerne les mâles reproducteurs, les éleveurs
recommandent un rationnement de 120 à 140 grammes par jour pour une production de
semence optimale86
.
Comment bien faire les choses ?
Les femelles qui allaitent doivent pouvoir se nourrir à volonté87
. Tous les lapins doivent être
quotidiennement nourris en fonction de leurs besoins, qui varient selon leur race, leur âge et
leur poids. Au lieu de limiter la quantité de nourriture distribuée, il serait préférable de procurer
aux lapins des granulés adaptés (moins énergétiques) à volonté.
81
Schippers H.L., Konijnen (Lapins), Zuid Boekprodukties, 2003, p 30-33 82
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage) , EFSA, Scientific Report, 2005, p 62-63 83
Bronstsynchronisatie bij konijnen (Synchronisation des chaleurs chez les femelles), PP-uitgave n° 74, 1998, p 9-
11, http://library.wur.nl/wasp/bestanden/pv/publicatie/pnk/74.pdf 84
Vervanging van de voedsterstapel: hoe en waarom? (Remplacement des femelles : comment et pourquoi ?),
Landbouw&Techniek, vol. 1 n° 18, 27-09-1996, p 12-13 85
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 62 86
Waarop letten bij het kunstmatig insemineren? (Quels sont les points d’attention lors de l’insémination
artificielle ?), Landbouw&Techniek vol. 1 n°19, 11-10-1996, p 10-11 87
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 62
29
2. Points problématiques de la deuxième liberté « Libre de l’inconfort »
Il s’agit du point le plus problématique, dont découlent de nombreux autres problèmes. Dans les
élevages en batterie, les lapins sont logés dans un environnement totalement inadéquat à
plusieurs égards, ce qui réduit considérablement leur cinquième liberté (être libre d’exprimer un
comportement normal).
2.1. Cages grillagées
Dans les élevages en batterie, on entend le bruit des dents contre le fil de fer88
.
Une cage, ce n’est pas la même chose qu’un clapier. Ce sont principalement le sol et le plafond
qui font la différence. Une cage présente un sol grillagé, permettant aux déjections de tomber
par terre. Le sol d’un clapier, constitué de terre, est le plus souvent recouvert de paille ou de
foin. Les clapiers ne peuvent donc être empilés, alors que les cages le peuvent. Les cages sont
fermées sur le dessus, tandis que les clapiers sont ouverts pour permettre aux lapins de sauter
aussi haut qu’ils le veulent. Une cage peut être en grillage ou en bois. En batterie, les cages
grillagées constituent la norme. Dans les systèmes alternatifs, des formes intermédiaires sont
possibles pour loger des groupes de lapins : sur des grilles en fer (comme une cage) mais
vastes, aussi bien en longueur qu’en largeur, et ouvertes (comme un clapier).
Pour un animal vif et social comme le lapin, une cage est totalement inadaptée. Lesdits
'parcs', comme dans le centre d’essai de Merelbeke, sont des cages. Le directeur de ces essais,
Ir. Luc Maertens, trésorier de la World Rabbit Science Association89
, explique le choix des
mots comme suit : « Dès qu’il est question d’une plus grande superficie, je préfère utiliser le
terme ‘parc’. Le mot ‘cage’ a une connotation négative car il fait immédiatement penser à
l’enfermement, et donne toujours mauvaise impression90. » D’après Luc Maertens, les lapins
essaient de s’échapper du parc de toutes les manières possibles91
. En 2001, la publication
néerlandaise Oogst Landbouw prévoyait que « d’ici quelques années », les cages à lapins
grillagées appartiendraient définitivement au passé. « Le logement en groupe a de l'avenir, avec
de l’espace pour gambader, de la litière et des branches à ronger. Les entrepreneurs néerlandais
estiment d’ailleurs que les cages grillagées ne sont plus acceptables. » Cela semblait
prometteur92
. Mais toujours est-il que, huit ans plus tard, les cages grillagées sont toujours
d’actualité dans les élevages en batterie, aux Pays-Bas comme en Belgique.
88
Konijnenfokkerij steeds intensiever (L’élevage cunicole de plus en plus intensif), Milieudefensie Magazine
décembre 2004 – janvier 2005 89
Vice-président jusqu’au 31-12-2008, trésorier de 2009 à 2012. Il est également chef de projet au Département
Dierenvoeding en Veehouderij (DVV) du Centrum voor Landbouwkundig Onderzoek (CLO) à Merelbeke. 90
Dierenwelzijn weerspiegelt zich niet altijd in prestaties (Le bien-être animal ne se reflète pas toujours dans les
performances), Landbouw&Techniek, vol. 8 n°6, 21-03-2003, p 6-9 91
Dierenwelzijn weerspiegelt zich niet altijd in prestaties (Le bien-être animal ne se reflète pas toujours dans les
performances), Landbouw&Techniek, vol. 8 n°6, 21-03-2003, p 6-9 92
Konijnenhouderij werkt hard aan beter welzijn dieren (L’élevage cunicole travaille dur pour améliorer le bien-
être des animaux), Oogst Landbouw vol. 14 n° 33, 17-08-2001, p 13
30
Vue du dessous d’une cage d’un élevage en batterie : sol grillagé permettant aux déjections de tomber au travers. ! GAIA 2008
Les cages grillagées causent des problèmes importants, particulièrement pour les lapins adultes.
Les femelles pleines, plus lourdes, ont les pattes entaillées par le grillage, ce qui engendre de
graves blessures aux coussinets plantaires (voir 3.4). Dans certains élevages en batterie, ce
problème est « résolu » en plaçant un tapis en plastique ou en caoutchouc dans la cage, système
parfois même utilisé dans les cages des mâles reproducteurs.
Aux Pays-Bas, le logement des lapins destinés à l'expérimentation animale ne peut se faire dans
des cages grillagées avec sol grillagé parce que le fait d’empêcher certains comportements peut
être à l’origine de stress et de blessures aux pattes93
. Toutefois, cette interdiction ne s’applique
pas aux lapins destinés à la production de viande. Pourtant, les lapins destinés à
l'expérimentation et les lapins de chair ont les mêmes besoins en termes de bien-être.
En Suisse, la loi impose d’aménager la cage des lapins de chair en fonction des besoins des
lapins : en groupes de 15 à 30, ils vivent dans des cages ou des clapiers divisés en différentes
zones. Ces installations offrent aux lapins des possibilités de se cacher, des zones permettant
des activités, dans lesquelles ils peuvent ronger des matériaux adéquats, et différents types de
sol. Après une première période d’essai, ce système a été considéré comme très positif dans les
élevages ayant une gestion efficace94
.
Comment bien faire les choses ?
Grâce aux actions réussies de l’organisation de protection animale VGT (Verein Gegen
Tierfabriken), l’Autriche va encore plus loin : le 4 décembre 2007, le Parlement a décidé qu’à partir de 2012, il sera interdit, en Autriche, de détenir des lapins de chair en cage. Cette
interdiction s’applique aux particuliers comme aux entreprises commerciales. Il sera même
interdit de détenir les lapins dans un clapier la journée et de les mettre en cage la nuit95
. Un
grand progrès pour le bien-être des lapins en Autriche.
2.2. Environnement dénué de tout stimulus
Les cages classiques dénudées constituent un environnement dénué de tout stimulus pour les
lapins. Chez les lapins isolés (voir 5.3), cela peut entraîner un comportement stéréotypé : des
mouvements répétitifs sans but apparent.
93
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des lapins
de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 47 94
L. Bigler, Group housing of breeding and fattening rabbits in Switzerland (Logement en groupe des lapins
reproducteurs et de chair en Suisse), COST WG2 Meeting in Wageningen 6-8th
Mai 2004 95
http://www.vgt.at/presse/news/2007/news20071123_en.php
31
Les comportements suivants sont décrits comme stéréotypés96
:
- Mordre, mastiquer ou lécher fréquemment le biberon, le bac de nourriture et le sol
grillagé
- Ronger fréquemment la cage
- Gratter fréquemment dans un coin de la cage ou dans le bac de nourriture
- Tourner en rond à toute vitesse, courir en rond dans la cage, en se cognant parfois contre
les parois
- Secouer la tête et effectuer des mouvements verticaux avec le nez entre les barreaux de
la cage
- Appuyer la tête contre le biberon ou le bac de nourriture
Il s'agit de signes de frustration, d’angoisse ou d’ennui, considérés comme des indicateurs de
mal-être97
. Ce comportement anormal des animaux découle de vaines tentatives d’adopter un
comportement propre à l'espèce. Outre les comportements stéréotypés, il existe également des
comportements maternels déviants (voir II.5.4), des comportements de confort déviants
(soins apportés par le lapin à sa fourrure, nettoyage, grattage et étirements), de l’apathie et des comportements destructeurs, symptomatiques d’un stress chronique causé par un
environnement dénué de stimulus98
.
Comment bien faire les choses ?
Il ressort d’une étude du Wageningen University and Research Centre (WUR) que les lapins
s’ennuient moins vite lorsqu’ils disposent de fourrage, comme de la paille, de la luzerne (herbe
ou granulés)99
. Une étude a montré qu'un bloc de bois suspendu dans la partie supérieure de la
cage permet de réduire le comportement stéréotypé des lapins100
. Dans l’élevage 'De
Huppelhoeve' (voir I.6), les lapins disposaient d’une petite échelle en bois. A la fin de la saison,
il n’en restait que du petit bois101
.
La meilleure solution pour lutter contre les comportements stéréotypés, l’ennui et l’apathie,
c’est l’élevage en plein air (voir p. 24) ou dans un vaste clapier avec des compartiments et du
matériel de jeu (voir annexe 2). On n'a pas encore constaté de comportements stéréotypés dans
les systèmes de logement des femelles en groupes102
(voir 5.3 « Enfermement individuel des
femelles reproductrices et des mâles reproducteurs »).
96
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des lapins
de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 42 97
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 113 98
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des lapins
de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 40 99
Konijnenhouders nemen het voortouw (Les éleveurs cunicoles prennent l’initiative), Nieuwe Oogst Veehouderij,
vol. 2 n°5, 04-03-2006, p 2-3 100
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 73 101
Inge Overmeire (ancienne exploitante de 'De Huppelhoeve') ,‘Levenswijze en gedrag van konijnen en de
implicaties daarvan voor de huisvesting’ (Mode de vie et comportement des lapins et implications pour leur
logement) 102
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des
lapins de production menacé), Université Utrecht, 2002, p 41
32
2.3. Absence de foin et de paille
Dans les élevages en batterie, ni les lapins de chair, ni les mâles reproducteurs ne reçoivent de
paille ou de foin. Les femelles reçoivent de quoi faire leur nid quelques jours avant la mise à
bas et il peut s’agir de foin ou de paille, mais il s’agit le plus souvent de sciure103
. Le foin et la
paille permettent pourtant d’éviter que les lapins ne s’ennuient et sont indispensables à une
bonne digestion.
Les principales raisons à l’absence de foin ou de paille sont :
- Le foin ou la paille entraînent des frais supplémentaires.
- L’utilisation de foin ou de paille demande plus de travail, principalement parce qu’il
faut les rafraîchir souvent (quotidiennement, de préférence). - D’après une étude française, la paille serait en partie responsable de performances
de croissance moindres parce que les animaux consacrent moins de temps à
consommer des granulés104
. Une étude récente menée à l’université de Kaposvár en
Hongrie a confirmé qu’il fallait deux à trois jours de plus pour que les lapins
atteignent le poids d’abattage souhaité lorsqu’ils reçoivent de la paille et du foin en
abondance105
.
- D’après Luc Maertens, l’un des principaux problèmes avec un râtelier de paille ou
de foin, est le fait que les lapins en gaspillent beaucoup. 35% de la paille ou du foin
seraient ainsi perdus, avec l’apparition d’une zone sale106
.
- La paille et le foin constituent une source de poussière.
- La paille et le foin présenteraient un risque de contamination supplémentaire parce
qu’ils bouchent le fond grillagé de la cage et que les déjections ne peuvent tomber
hors de celle-ci. Les crottes de lapin constituent alors un foyer pour des micro-
organismes tels que le coccidia, pour des moisissures ou pour des bactéries pouvant
provenir des lapins sauvages107
. Toutefois, sur les images prises par GAIA dans des
élevages belges, on peut voir que les excréments s’accumulent dans la cage malgré
l’absence de paille et de foin.
103
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 108 104
Huisvesting in ‘parken’ kent ook schaduwzijden (Les zones d’ombre du logement dans les 'parcs'),
Landbouw&Techniek, vol. 7 n°2, 25-01-2002, p 6-7 105
G. Jekkel, G. Milisits, Effect of different alternative rearing methods on the production traits and slaughter
characteristics of growing rabbits (Effet des différentes méthodes d’élevage alternatives sur les caractéristiques de
production et d’abattage des lapins), in: Book of abstracts of the 4th
International Workshop on the Assessment of
Animal Welfare at Farm and Group Level (WAFL), 10-13 Septembre 2008, Gand, Belgique, p 134 + mail
personnel de G. Jekkel, 05-02-2009 106
Dierenwelzijn weerspiegelt zich niet altijd in prestaties (Le bien-être animal ne se reflète pas toujours dans les
performances), Landbouw&Techniek, vol. 8 n°6, 21-03-2003, p 6-9 et Huisvesting in ‘parken’ kent ook
schaduwzijden (Les zones d’ombre du logement dans les parcs), Landbouw&Techniek, vol. 7 n°2, 25-01-2002, p
6-7 107
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 36
33
Les déjections s’accumulent sous ou dans la cage, même en l'absence de paille ou de foin.
! GAIA 2008
En outre, de nombreux élevages utilisent des coccidiostatiques pour freiner la coccidiose, même
en l'absence d'utilisation de paille ou de foin108
.
De nombreux élevages en batterie utilisent des coccidiostatiques, comme le Baycox. ! GAIA 2008
Comment bien faire les choses ?
Par nature, un lapin a besoin de fibres brutes, sous la forme de foin. Pour veiller à la bonne
santé du lapin, il doit toujours y avoir suffisamment de foin dans le clapier, de sorte que le lapin
puisse en consommer à volonté. Le foin se trouvera de préférence dans un râtelier, de manière à
ne pas être sali par les déjections109
. La paille peut également être compressée en un bâton de 5
cm que l’on glissera dans un tube dont l’extrémité sera coupée en biais. Ce tube sera suspendu
dans la cage, de manière à ce que la paille soit la moins souillée possible par les déjections110
.
Les lapins de laboratoire reçoivent régulièrement de la paille ou du foin stérilisé. Cela ne pose
aucun problème et permet en outre de faire diminuer de moitié les comportements anormaux
chez les lapins adultes111
. Outre le fait que ce fourrage est primordial pour la santé du lapin, il
offre la possibilité de ronger et de grignoter en permanence, indépendamment de la
consommation de nourriture112
. En Suisse et en Autriche, la loi impose de donner de la paille ou
du foin aux lapins de chair.
108
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 64 109
Verhoef, E., Konijnen & Knaagdieren Encyclopedie, Rebo Productions, 2003, p 35 110
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des
lapins de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 61-62 111
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage) , EFSA, Scientific Report, 2005, p 36 et 38 112
Inge Overmeire (ancienne exploitante de 'De Huppelhoeve' ), ‘Levenswijze en gedrag van konijnen en de
implicaties daarvan voor de huisvesting’ (Mode de vie et comportement des lapins et implications pour leur
logement)
34
Il n’a jamais été prouvé que le foin ou la paille constituent un risque de contamination
supplémentaire dans des conditions hygiéniques113
. Les maladies contagieuses auxquelles les
lapins en batterie sont régulièrement confrontés (voir 3.1) ne sont nullement liées au foin ou à la
paille. En effet, comme cela a déjà été mentionné précédemment, le foin et paille ne sont pas
utilisés dans l’élevage en batterie. L’éleveur de lapins biologiques de l’élevage 'De Bekwame
Boon' – dans lequel les lapins reçoivent de la paille et du foin à volonté et dans lequel les
clapiers sont nettoyés chaque semaine – nous a expliqué que la paille et le foin ne présentent
aucun risque de contamination et qu’ils sont nécessaires à la bonne santé des lapins.
La paille et le foin sont primordiaux pour les lapins. Et pourtant, les lapins en batterie n’en reçoivent pas.
© GAIA 2008, dans l’élevage de lapins biologique 'De Bekwame Boon'
Donner du foin frais et enlever à temps le foin souillé demande beaucoup de travail, trop pour
de nombreux éleveurs. Il serait déjà bien que les lapins reçoivent de petites quantités de foin de
manière à ce qu'ils puissent les consommer avant qu'elles ne soient souillées. Rafraîchir le foin
ne serait donc pas nécessaire ; il suffirait de faire l'appoint.
2.4. Manque d’espace
Le problème du manque d’espace se pose aussi bien pour les lapins de chair que pour les
femelles reproductrices et les mâles reproducteurs. Les cages classiques pour quatre à six lapins
de chair par cage mesurent 43 x 60 cm, pour une hauteur de 30 cm114
, ce qui est trop bas pour
leur permettre de se tenir sur leurs pattes arrière. Le plafond de ces cages est souvent plein de
poils, ce qui indique que les lapins s’y frottent115
.
L’espace disponible dans une cage de batterie est d’environ 500 cm2 par lapin de chair
116. Soit
encore moins qu’une poule élevée en batterie, qui bénéficie de 550 cm2. A titre de comparaison,
une page A4 présente une superficie de 623,7 cm2. L’élevage en batterie ne tient pas compte
des phases de croissance des lapins de chair, de sorte que le manque de place devient de plus en
plus important au fil de leur croissance. La surpopulation entraîne des réactions violentes des
lapins envers leurs congénères : morsures aux oreilles, sur le dos et sur d’autres parties du
corps.
113
Mail personnel d’Inge Overmeire, 16-02-2009 114
Dierenwelzijn weerspiegelt zich niet altijd in prestaties (Le bien-être animal ne se reflète pas toujours dans les
performances), Landbouw&Techniek, vol. 8 n° 6, 21-03-2003, p 6-9 115
Konijnenfokkerij steeds intensiever (L’élevage cunicole de plus en plus intensif), Milieudefensie Magazine
décembre 2004 – janvier 2005 116
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 32.
35
Cinq jeunes lapins, encore en pleine croissance, ensemble dans une cage. La cage a été ouverte pour la photo, mais est
normalement fermée. ! GAIA 2008
Pourquoi les cages sont-elles si petites ?
- De plus grandes cages pour le même nombre de lapins par cage constituent un
investissement plus important et nécessite davantage de place.
- Dans des cages plus grandes avec davantage de lapins, le risque de blessures cutanées
fatales est plus important car un lapin agressif peut causer plus de dégâts dans un grand
clapier.
- D’après une étude française, les résultats de production diminuent dès que les animaux
ont davantage d’espace. Une plus grande activité entraînerait une perte de croissance
d’environ 5% parce que les animaux consacrent moins de temps à manger et à boire
(4.4% de leur temps, pour 6.6% dans des cages plus petites117
). Les lapins qui
bénéficient de plus d’espace mettraient donc deux à trois jours de plus pour atteindre le
poids d’abattage. En 2000, une étude belge dirigée par Luc Maertens a confirmé ces
résultats. Il y était même question d’un retard de croissance moyen de 7% en raison
d’une activité plus importante118
. Toutefois, une étude récente de l’université de
Kaposvár, en Hongrie, contredit ces résultats. Selon celle-ci, les lapins évoluant dans de
plus grands 'parcs' grillagés présentent, à âge égal, les mêmes caractéristiques d’abattage
que les lapins enfermés dans de petites cages grillagées119
.
- De grandes cages ou clapiers ne facilitent pas le chargement des lapins120
.
En ce qui concerne les femelles reproductives, dans le système de « la bande unique» (un
système de groupes de production qui regroupe tous les lapins d’une même phase de vie), celles
qui ne sont pas pleines après une insémination artificielle sont placées dans de très petites
cages, des cages d'attente (dimensions : largeur 30 à 38 cm, longueur 40 à 43 cm, hauteur 33 à
35 cm121
).
117
Dierenwelzijn weerspiegelt zich niet altijd in prestaties (Le bien-être animal ne se reflète pas toujours dans les
performances), Landbouw&Techniek, vol. 8 n°6, 21-03-2003, p 6-9 118
Huisvesting in ‘parken’ kent ook schaduwzijden (Les zones d’ombre du logement dans les 'parcs'),
Landbouw&Techniek, vol. 7 n°2, 25-01-2002, p 6-7 119
G. Jekkel, G. Milisits, Effect of different alternative rearing methods on the production traits and slaughter
characteristics of growing rabbits (Effet des différentes méthodes d’élevage alternatives sur les caractéristiques de
production et d’abattage des lapins), in: Book of abstracts of the 4th
International Workshop on the Assessment of
Animal Welfare at Farm and Group Level (WAFL), 10-13 septembre 2008, Gand, Belgique, p 134 + mail
personnel de G. Jekkel, 05-02-2009: “The size of the cage or pen did not effect the production and slaughter traits
of the rabbits, when they were reared on wire net floor.” (La taille de la cage ou du clapier n’a pas affecté les
caractéristiques de production et d’abattage des lapins, dans l’élevage sur des sols grillagés). 120
Groepshuisvesting van slachtkonijnen, een alternatief ? (Le logement en groupe des lapins de chair, une
alternative ?), Landbouw&Techniek, vol. 4 n°23, 17-12-1999, p 44-45 121
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 107
36
Il s’agit d’environ 15% des femelles à chaque tournée d’insémination. Elles restent alors dans
des cages d’attente jusqu’à la prochaine tournée d’insémination, six semaines plus tard. Les
femelles inséminées avec succès sont mises dans des cages un peu plus grandes que les cages
d’attente, mais toujours petites (dimensions : largeur 40-45 cm, longueur 85-95 cm, hauteur 33-
35 cm, nid compris122
), le plus souvent d’une superficie de 3.000 cm2 123
. Les femelles à
nouveau fertilisées alors qu’elles allaitent encore retournent dans des cages d'attente : elles sont
séparées de leur progéniture plus tôt que les femelles qui n'ont pas été fertilisées, parce que la
lactation exerce une influence néfaste sur la grossesse124
.
Des lapins d’élevage dans de très petites cages de batterie, dans des conditions de vie primitives et dépourvues de toute
hygiène. ! GAIA 2008
Pour les lapins reproducteurs également, le manque de place constitue un problème
considérable, parce qu’ils sont 1.5 fois plus gros que les femelles125
. Ils sont d’ailleurs
sélectionnés en fonction de leur croissance (rapide)126
.
Comment bien faire les choses ?
Elever les lapins en plein air (voir p. 24) ou dans un vaste clapier compartimenté (voir annexe
2).
2.5. Absence de plates-formes surélevées
Des études ont démontré qu’une plate-forme surélevée revêt une grande importance pour les
lapins. Cette plate-forme créé davantage d’espace, procure en-dessous de la plate-forme une
sensation de protection et encourage le mouvement. Le fait de fournir aux lapins un endroit
surélevé pour séjourner ou se reposer est plus important que l’espace supplémentaire généré127
.
Dans les élevages en batterie belges, de telles plates-formes n'existent pas.
122
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 107 123
Konijnenhouders nemen het voortouw (Les éleveurs cunicoles prennent l’initiative), Nieuwe Oogst
Veehouderij, vol. 2 n° 5, 04-03-2006, p 2-3 124
We moeten nog meer richting groepensystemen (Tous vers les systèmes d'élevage en bandes),
Landbouw&Techniek vol. 7 n°11, 07-07-2002, p 32-34 125
Konijnenfokkerij steeds intensiever (L’élevage cunicole de plus en plus intensif), Milieudefensie Magazine
décembre 2004 – janvier 2005 126
Dierenwelzijn weerspiegelt zich niet altijd in prestaties (Le bien-être animal ne se reflète pas toujours dans les
performances), Landbouw&Techniek, vol. 8 n°6, 21-03-2003, p 6-9 127
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 73
37
Comment bien faire les choses ?
En Suisse, les élevages commerciaux sont équipés de plates-formes. Des observations par vidéo
ont démontré que les lapins passaient environ la moitié de leur temps en hauteur128
.
Aux Pays-Bas également, la plate-forme est reconnue comme étant une question prioritaire, car
la disposition suivante a été reprise dans la « Verordening Welzijnsnormen Konijnen »
(Réglementation sur les normes de bien-être des lapins) que le secteur s’impose à lui-même :
« Pour les femelles, la cage est équipée d’un plateau horizontal, dont la superficie est d'au
moins 900 cm2. La distance entre le plateau et le sol et entre le plateau et le plafond de la cage
doit être d'au moins 25 cm129
. »
2.6. Conditions climatiques inadéquates
Dans les terriers des lapins sauvages, l'humidité de l'air est assez élevée. Dans les élevages, une
humidité de l’air trop basse peut entraîner une sécheresse des muqueuses des voies
respiratoires. Jusqu’à 55% de la mortalité des lapins de batterie peut être imputée à des
problèmes respiratoires130
. Toutefois, le grand nombre de lapins qui meurent de problèmes
respiratoires peut également indiquer un manque d’hygiène. Si les déjections ne sont pas
enlevées à temps, une concentration d'ammoniac trop importante se forme dans l’air. La
concentration d'ammoniac dans l'air du bâtiment ne peut excéder 10 ppm (parties par million)
sans quoi cela peut causer de graves irritations des voies respiratoires131
et des yeux132
chez les
lapins.
Une température inadéquate peut rapidement être fatale pour les lapins. « L’été passé, la
température a atteint 38°C, et 40 de nos lapins ont succombé directement, » se rappelle
l’éleveur de lapins néerlandais Frans Köhlen133
. La capacité du lapin à réagir à de fortes
températures est en effet très limitée. A l’inverse de l’homme et de certains autres mammifères,
le lapin ne transpire pas134
. Les variations de température peuvent également entraîner la
pasteurellose, l’une des principales causes de problèmes respiratoires135
.
Dans de nombreux élevages, les lapins ne voient jamais la lumière du jour. On conseille en
effet aux éleveurs de construire des élevages sans fenêtres, afin qu’ils puissent favoriser, par
128
L. Bigler, Group housing of breeding and fattening rabbits in Switzerland (Logement en groupe des lapins
reproducteurs et de chair en Suisse), COST WG2 Meeting in Wageningen 6-8 mai 2004 129
Verordening van het Productschap Pluimvee en Eieren van 9 februari 2006, houdende vaststelling van
voorschriften met het oog op het welzijn van konijnen in de konijnenhouderij (Ordonnance de l'association de
producteurs Pluimvee en Eieren du 9 février 2006, établissant les prescriptions en vue du bien-être des lapins dans
l’élevage cunicole) 130
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 88 131
Om goede resultaten te behalen: ook konijnen hebben komfort nodig (Pour obtenir de bons résultats, les lapins
eux aussi ont besoin de confort), Landbouwleven, vol. 44 n°1992, 25-11-1994, p 14-15; voir également
http://www.medirabbit.com/EN/Respiratory/Toxic/ammonia_intox.pdf 132
The reality of commercial rabbit farming in Europe (La réalité de l’élevage cunicole commercial en Europe),
CAFT 133
Pionier houdt langoren in halfopen stal (Les pionniers élèvent des lapins dans des élevages semi-ouverts),
Oogst, vol 10 n°3, 17-01-1997, p 38-39 134
Om goede resultaten te behalen: ook konijnen hebben komfort nodig (Pour obtenir de bons résultats, les lapins
eux aussi ont besoin de confort), Landbouwleven, vol. 44 n°1992, 25-11-1994, p 14-15 135
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des
lapins de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 32
38
des manipulations de l’éclairage, la fertilité des femelles reproductrices et la croissance des
lapins de chair136
.
La lumière du jour ne pénètre jamais dans la plupart des élevages cunicoles. ! GAIA 2008
Comment bien faire les choses ?
Il faut veiller à une humidité optimale de l’air. Les éleveurs doivent tenir compte du fait que la
température adéquate dépend de la phase de vie du lapin. Et la lumière du jour doit parvenir
dans l'élevage.
Art. 4§3 de la loi belge relative à la protection et au bien-être des animaux, du 14-08-1986 :
L'éclairage, la température, le degré d'humidité, la ventilation, la circulation d'air et les autres
conditions ambiantes du logement des animaux doivent être conformes aux besoins
physiologiques et éthologiques de l'espèce.
3. Points problématiques de la troisième liberté « Libre de la douleur, des blessures et de la maladie »
La douleur et les blessures constituent un problème principalement chez les femelles
reproductrices, mais les lapins de chair ne sont pas épargnés non plus. Le stress, favorisé par un
logement inapproprié, rend les lapins plus sensibles aux maladies.
3.1. Maladies et épidémies mortelles
Dans les élevages en batterie, les lapins se trouvent dans un environnement impliquant un grand
risque de diverses maladies contagieuses mortelles. Le taux de mortalité est très élevé, aussi
bien chez les lapins de chair que chez les femelles reproductrices. En 2001, par exemple, le taux
de mortalité moyen dans les élevages en batterie belges était de 32%. Près d’un lapin sur trois
mourait dont prématurément (alors que l’âge d’abattage des lapins est d’à peine douze
semaines !)137
. Rien n’indique que la situation s’est améliorée depuis. Le rapport scientifique de
l’EFSA fournit un pourcentage de 32,8 % comme taux de mortalité moyen pour les lapins en
136
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 32 137
We moeten nog meer richting groepensystemen (Tous vers les systèmes d'élevage en bandes),
Landbouw&Techniek vol. 7 n°11, 07-07-2002, p 32-34
39
batterie (14,1 % avant le sevrage + 9,5 % après le sevrage + 9,2 % de mort-nés et de tués à la
naissance). Et pourtant, les lapins ne sont pas plus sensibles aux maladies que les porcs138
. Chez
les porcelets, le taux de mortalité dans les élevages intensifs est d’en moyenne 13,2 % avant le
sevrage et 1,5 % après le sevrage139
.
Certains éleveurs de lapins utilisent des médicaments sans compter (y compris des
antibiotiques), d’autres négligent, en raison de leur coût élevé, les vaccins ou les médicaments
pour ne prévoir que les traitements nécessaires. La myxomatose, la MHV et la maladie du gros ventre sont quelques-unes des graves affections dont peuvent souffrir les lapins dans les
élevages. La coccidiose est également une affection fatale typique des lapins, mais la plupart
des éleveurs ajoutent des coccidiostatiques dans l’alimentation pour lutter contre cette
maladie140
.
La myxomatose est causée par un virus transmis par les puces et les moustiques. C’est en
juillet et en août que le risque de la contracter est le plus grand. Les premiers symptômes sont la
fièvre ainsi qu'un mal-être général, des inflammations des yeux et des paupières gonflées. Si le
lapin y survit, il présente des boursouflures à la tête, aux oreilles, aux membres et autour des
organes génitaux. Viennent ensuite des nodosités (myxomes) sur la totalité du corps. Sur la tête,
celles-ci peuvent entraîner une déformation de la bouche, des yeux et du nez. Le lapin se met à
renifler, et ses paupières sont collées par une sécrétion laiteuse. En phase finale, les animaux
sont apathiques et ne veulent plus ni manger ni boire. La plupart des lapins meurent endéans les
deux semaines. Il existe également une forme chronique de la myxomatose, avec une
circulation latente du virus. Cette forme se rencontre de plus en plus dans les élevages
professionnels surpeuplés, même en l'absence de moustiques et de puces141
.
La RHD (Rabbit Haemorrhagic Disease) ou MHV (Maladie Hémorragique Virale) est une
maladie extrêmement contagieuse qui entraîne une forte mortalité par des hémorragies internes
et des atteintes au foie. Dans les 24 à 48 heures suivant la contamination, les lapins présentent
une forte fièvre, suffoquent et meurent en quelques heures. Le lapin est souvent retrouvé mort,
du sang coulant de son nez et de sa bouche. Ce virus se propage par contact entre les animaux
et via les déjections, le matériel (comme la paille), les souris, les rats et les insectes. Les risques
de contamination sont plus élevés que pour la myxomatose, et tout l’élevage peut être touché en
un laps de temps très court. En Belgique, cette maladie touche les éleveurs amateurs comme
professionnels depuis 1990. Malheureusement, en raison du prix du vaccin, tous les élevages ne
pratiquent pas la vaccination contre cette maladie. Lorsqu’un élevage est touché, 65 à 90% des
lapins meurent142
.
Une autre maladie mortelle très contagieuse est la maladie du gros ventre (l’entéropathie
mucoïde, EM). Les lapins contaminés attrapent un gros ventre, souffrent de diarrhée et sont
apathiques. Lorsque l’on soulève un lapin atteint par cette maladie, on perçoit la congestion du
ventre. Les lapins meurent quelques jours après l’apparition des premiers symptômes. A défaut
d’administrer une médication, il faut prévoir un taux de mortalité de 25 à 30% parmi les jeunes
138
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 84 139
The welfare of intensively kept pigs (Le bien-être des porcs élevés en batterie), Report of the Scientific
Veterinary Committee, CE, 30-09-1997, p 134 140
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des
lapins de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 30 141
Combinatievaccin geeft enorme tijdsbesparing (Le vaccin combiné permet un gain de temps énorme),
Landbouw&Techniek, vol. 7 n° 22, 20-12-2003, p 8-9 142
Idem + Muggen en mijten zijn grootste lastpost bij konijnen (Les moustiques et les mites, les plus grands
ennemis des lapins), Nieuwe Oogst Veehouderij, vol. 2 n° 11, 27-05-2006 p 7
40
lapins âgés de 5 à 7 semaines. En raison de la stricte interdiction de l’additif alimentaire
préventif qu’est le zinc bacitracine, les entreprises belges ont déjà été confrontées à des taux de
mortalité de 40% causés par cette maladie143
. Le docteur Frans Kleyn van Willigen, président
en 2003 de la World Rabbit Science Association (WRSA), a déclaré que cette maladie pouvait
entraîner un taux de mortalité de 80 %144
.
Des taux de mortalité élevés dans les élevages en batterie : dans des conditions normales, près d’un lapin sur trois
meurt prématurément. ! GAIA 2008
Dans la plupart des élevages cunicoles visités par GAIA, l’hygiène était catastrophique. Des
déjections en putréfaction s’accumulaient sous les cages, et constituaient un bouillon de culture
idéal pour les virus, les bactéries et les parasites.
Les déjections en putréfaction sous les cages, un bouillon de culture idéal pour les virus, les bactéries et les parasites. ! GAIA 2008
143
Hoe de dikkenbuikenziekte beheersen? (Comment gérer la maladie du gros ventre ?), Boer&Tuinder, vol. 109
n°11, 14-03-2003, p 35-36 144
Over dikke buiken en gemedicineerd voer (La maladie du gros ventre et les aliments médicamenteux), De
Molenaar, vol. 106 n°5, 07-03-2003, p 29-30
41
Parmi les déjections sous les cages des femelles reproductrices, nous avons même trouvé un lapereau mort. ! GAIA 2008
Comment bien faire les choses ?
Des vaccins préventifs contre la myxomatose (! 0,30 par lapin de chair et ! 3 par femelle145
) et
la MHV peuvent permettre d’éviter les épidémies146
. Il est également possible de réduire le taux
de mortalité et l’occurrence de maladies en consacrant davantage d’attention au bien-être des
lapins, car le stress rend les lapins particulièrement sensibles aux maladies. Une hygiène
optimale est nécessaire. Les médicaments doivent en outre être administrés aussi peu que
possible.
3.2. Blessures et stress
Les éleveurs avancent souvent l’agressivité comme motif de refus du logement en groupe.
Toutefois, le comportement agressif est déclenché par des facteurs environnementaux
inadaptés. Le comportement d’un lapin est influencé aussi bien par sa race que par son
tempérament individuel. Les races sont sélectionnées en fonction d’une croissance rapide pour
les lapins de chair et des capacités reproductives pour les femelles reproductrices, alors qu’elles
pourraient être sélectionnées en fonction d’un tempérament plus paisible147
.
Un lapin blessé dans une cage surpeuplée. ! GAIA 2008
145
Kosten en opbrengsten in de konijnenhouderij (Frais et bénéfices dans l’élevage cunicole), Animal Sciences
Group, Wageningen, 2007, p 12 146
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 87 147
Les lapins veulent vivre ensemble, Magazine de l’OVF 6/2003
42
Les blessures peuvent être mortelles148
mais, pour l’éleveur, elles ne posent un problème que
lorsqu’elles entraînent la mort, car les lapins « abîmés » peuvent toujours être utilisés pour la
consommation149
.
Selon Luc Maertens, le sol grillagé ne constitue pas un problème pour les lapins de chair : « A
ce jour, chez les lapins de chair, nous n’avons constaté aucune pododermatite due au sol
grillagé150
». Pourtant, sur les images de GAIA, on peut voir un lapin de chair présentant une
blessure à une patte. Cette patte est-elle restée coincée dans le grillage ? Le lapin a-t-il été
attaqué par un autre lapin de la cage ? S’est-il mutilé par ennui ou par frustration ?
A gauche : un lapin de chair présentant une plaie à vif sur l’une de ses pattes arrière. A droite : les oreilles de cette femelle
présentent de petits morceaux rongés (cannibalisme). ! GAIA 2008
Comment bien faire les choses ?
Pour limiter les pododermatites, les cages grillagées doivent être remplacées par des clapiers,
dans lesquels les lapins ne pourront pas se blesser.
Lorsque les lapins sont ensemble, il est impossible d’exclure totalement l’agressivité. Toutefois,
des études suisses portant sur des groupes de lapins de même âge de la race hybride ZIKA,
logés dans de vastes clapiers compartimentés, ont démontré que l'agressivité restait dans des
limites acceptables. Les lapins se battent pour établir leur place dans la hiérarchie du groupe,
mais une fois cette place établie, les bagarres sérieuses sont rares : au cours de ces études, à
peine 2% des lapins présentaient des blessures graves. Ce pourcentage pourrait diminuer
davantage en élevant des races moins agressives, car les lapins de la race ZIKA sont des lapins
très fertiles et donc très agressifs.
Au sein d’une même race, le tempérament des lapins peut varier d’un animal à l’autre. En cas
d'attaque, il est important que les lapins puissent disparaître du champ de vision de l’assaillant.
C'est pour cette raison que les cachettes sont primordiales151
.
3.3. Lapines reproductrices non productives
Dans les élevages en batterie, les femelles reproductrices sont le plus souvent remplacées après
quelques portées à peine, pour les raisons suivantes :
- Mort, maladie (voir 3. 1.)
148
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 88 149
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des
lapins de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 45 150
Dierenwelzijn weerspiegelt zich niet altijd in prestaties (Le bien-être animal ne se reflète pas toujours dans les
performances), Landbouw&Techniek, vol. 8 n° 6, 21-03-2003, p 6-9 151
Les lapins veulent vivre ensemble, Magazine de l’OVF 6/2003
43
- Raisons sanitaires : blessures aux coussinets plantaires (voir 3.4), inflammation des
glandes mammaires (mastite), abcès...
- Infertilité ou difficulté à être en chaleur
- Performances insuffisantes : mauvaise condition, pas assez de lait, portée
insuffisante, lapereaux faibles, naissances anormales (dystocie), etc.
- Comportement maternel anormal ou agressivité (voir 5.4).
Pour les femelles reproductrices, un pourcentage de remplacement de 100 à 120% sur base annuelle est considéré comme normal
152 : après un an, chaque femelle est donc remplacée 1 à
1.2 fois par une nouvelle femelle. Dans certaines entreprises, le pourcentage de remplacement
atteint même 160%153
. Ce qui signifie donc que ces entreprises trouvent normal de « n’utiliser »
ces femelles qu’une année, voire quelques mois. Le plus souvent, les femelles sont tuées après
la deuxième portée. Certains éleveurs gardent par contre leurs femelles le plus longtemps
possible, pour compresser les coûts. Ces femelles doivent alors engendrer plus de treize portées,
jusqu’à être totalement épuisées154
.
Ce rythme d’élevage artificiellement exagéré et accablant est à l'origine d'un bilan énergétique
négatif chez les jeunes femelles reproductrices. Celles-ci sont inséminées pour la première fois
à l'âge de 16 semaines. La gestation dure de 30 à 32 jours. Elles sont toujours en pleine
croissance alors qu'elles allaitent leurs petits, et sont en outre inséminées à nouveau. La carence
énergétique n’est pas comblée par l’alimentation, car le système digestif des jeunes femelles
n’est pas encore mature, et leur capacité d’assimilation n’est pas encore optimale155
. Dans un
premier temps, la femelle puise dans ses réserves de graisse pour compenser ce bilan
énergétique négatif. Lorsque cela s’avère insuffisant, comme c'est le cas chez de nombreuses
femelles, les protéines du corps sont utilisées comme source d'énergie (il se produit la même
chose chez l'homme). L'état général de la femelle se détériore, et elle s'affaiblit156
.
Les femelles souffrent souvent d’une inflammation de l’utérus, et cette inflammation peut être
due au fait de ne pas être fécondées, même après plusieurs tentatives d’insémination157
. La
syphilis est une autre affection du système génital qui touche les femelles : de petites croûtes
brunes et de petites blessures très douloureuses apparaissent. Lors d’une mise bas difficile, il
peut arriver que l’utérus descende. Ce prolapsus utérien est fatal à la lapine158
. Avec
l’insémination artificielle, la période de reproduction est étendue à l’année entière159
. C’est bien
évidemment contre-nature car, dans la nature, la période de reproduction des lapins s'étend du
mois de février à la fin de l’été160
.
152
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage) , EFSA, Scientific Report, 2005, p 33 153
Kosten en opbrengsten in de konijnenhouderij (Frais et bénéfices dans l’élevage cunicole), Animal Sciences
Group, Wageningen, 2007, p 10 154
Vervanging van de voedsterstapel: hoe en waarom? (Remplacement des femelles : comment et pourquoi ?),
Landbouw&Techniek, vol. 1 n°18, 27-09-1996, p 12-13 155
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 39 156
Opfok en vervangingsbeleid bij voedsters (Politique d’élevage et de remplacement des femelles),
Landbouw&Techniek, vol. 2 n°20, 31-10-1997, p 42-43 157
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 14 158
Afwijkingen aan geslachtsapparaat beïnvloeden productieresultaten (Les anomalies de l’appareil reproducteur
influencent les résultats de production), Landbouw&Techniek, vol. 9 n° 9, 07-05-2004, p 16-17 159
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 65 160
Fact about rabbits (Les lapins en chiffres), http://wdfw.wa.gov/wlm/living/rabbits.htm#facts
44
Les femelles reproductrices rejetées peuvent être amenées à l’abattoir. L’éléveur reçoit alors
75% du prix au kilo des lapins de chair161
. Et la viande de ces femelles sert à la fabrication de
pâté162
.
Lorsque les femelles ne sont plus suffisamment productives, elles sont abattues et transformées en pâté. ! GAIA 2008
Comment bien faire les choses ?
Il faut réduire le nombre de portées, et consacrer davantage d’attention à des aspects de bien-
être tels qu'une alimentation adéquate et un logement adapté. Les femelles reproductrices
doivent bénéficier de plus de repos après une portée pour pouvoir récupérer. Dans la nature, les
femelles sont également rapidement fécondées à nouveau après une portée, mais cela ne dure
pas toute l’année. Dans des groupes de lapins de même âge, où des femelles reproductrices
cohabitent avec un mâle reproducteur (comme c’est le cas en Suisse), les femelles font d'elles-
mêmes une pause après trois à quatre portées, refusant les assauts du mâle163
. L’élevage 'De
Huppelhoeve' prévoyait une période de deux mois sans fécondation au printemps. Le
pourcentage de remplacement des femelles reproductrices, qui peut atteindre 160% dans les
élevages en batterie, y était de 80%164
.
Dans nos régions, les lapins sauvages ne se reproduisent qu’exceptionnellement lors de leur
première année165
. D’après l’EFSA, les femelles ne devraient pas être fécondées avant d’avoir
atteint 80% de leur poids adulte. Pour une première portée, l’EFSA recommande de réduire le
nombre de lapereaux, en en plaçant quelques-uns chez une femelle qui a déjà eu plusieurs
portées166
. Le mieux étant encore de s’attaquer à la racine du problème, en ne recourant pas à
des produits qui stimulent l’ovulation et en ne pratiquant pas d’insémination artificielle, de
sorte que la probabilité d’une portée importante diminue.
161
Focus op actualiteiten in de konijnenhouderij (Point sur l’actualité dans l’élevage cunicole),
Landbouw&Techniek, vol. 9 n° 3, 13-02-2004, p 37-46 162
Déclaration du boucher Bogaert, images GAIA, 10-02-2009 163
Les lapins veulent vivre ensemble, Magazine de l’OVF 6/2003,
http://www.acusa.ch/documentations/lapins/lapins_magazine_OVF.pdf 164
Konijnen kweken in groepsverband en in een grondhuisvesting (Elever des lapins en groupe et dans un
logement en groupe), Landbouw&Techniek, 08-10-1999, p 39-41 165
Inge Overmeire (ancienne exploitante de 'De Huppelhoeve'), ‘Levenswijze en gedrag van konijnen en de
implicaties daarvan voor de huisvesting’ (Mode de vie et comportement des lapins et ses implications pour leur
logement) 166
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 69
45
3.4. Pododermatites chez les femelles reproductrices
16,5 % des femelles écartées le sont parce qu'elle souffrent de blessures aux coussinets
plantaires (pododermatite)167
.
Le sol grillagé blesse les pattes, surtout chez les femelles. ! GAIA 2008
Ces blessures sont favorisées par le sol grillagé (voir 2.1.) et se développent comme suit : en
premier lieu n'apparaît qu’un épaississement, ensuite survient une callosité, caractérisée par une
peau nue et pouvant présenter une desquamation blanchâtre. Cette callosité peut grandir et/ou
grossir, et des crevasses font leur apparition. Dans plusieurs cas, on observe enfin une plaie
ouverte.
Il ressort d’une étude sur ces lésions chez les femelles reproductrices dans des cages
individuelles que les pattes arrière sont plus touchées que les pattes avant168
. Ces résultats
découlent de l’analyse de 174 pattes arrière :
Stades nombre
Sans lésion 17
Stade 1: Pododermatite hyperémique aiguë. La partie affectée de la peau est
rougie, chute du poil plus ou moins forte
14
Stade 2: Pododermatite fibreuse chronique = callosité. La peau est légèrement
épaissie et plus dure au toucher que normalement, les poils diminuent du centre
vers la périphérie.
28
Stade 3: Pododermatite hyperkératosique croûteuse. La partie affectée de la peau
est dénudée, la peau épaissie est durcie, blanche, croûteuse et rugueuse à la
surface.
67
Stade 4: Pododermatite hyperkératosique et exsudative. Les parties de la peau
épaissies sont fendillées et excrètent un liquide clair. La surface plantaire est
mouillée au-delà de la zone altérée.
20
Stade 5: Pododermatite hyperkératosique et hémorragique. Le liquide clair,
séreux devient de plus en plus sanguinolent, la peau épaissie et les zones
adjacentes sont imprégnées de sang.
11
Stade 6: Pododermatite hyperkératosique et ulcéreuse. La callosité devient de
plus en plus caséeuse et molle. Humidifiée de l’intérieur et, dans certain cas de
17
167
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 89 168
B. Drescher, I. Schlender-Böbbis, Etude pathologique de la pododermatite chez les lapins reproducteurs de
souche lourde sur grillage, World Rabbit Science vol. 4 n° 3, 1996, p 143-148,
http://www.wrs.upv.es/files/journals/vol%204_3_drescher.pdf
46
l’extérieur, la corne s’ouvre en surface et forme un ulcère.
En 1993 déjà, le Praktijkonderzoek Pluimveehouderij (Centre de recherches pratiques des
éleveurs de volaille) avait mené une étude sur la possibilité de réduire la pododermatite par la
mise en œuvre de fonds de cage alternatifs. Il ressort de cette étude que le grillage est le pire
fond de cage possible, et que d’autres fonds de cage peuvent permettre de réduire efficacement
les lésions de la voûte plantaire. Et pourtant, les femelles sont toujours enfermées dans des
cages grillagées avec fond grillagé, en raison du coût plus élevé des autres fonds de cage.
Certains éleveurs disposent un tapis dans les cages pour limiter le problème, ou utilisent de la
Tétracyne en spray pour freiner le développement de ces lésions169
. Mais malgré tout, le
problème n’est toujours pas attaqué à sa source : les fonds grillagés constituent toujours la
norme dans les élevages cunicoles belges.
Comment bien faire les choses ?
Il est possible d’éviter la pododermatite en veillant à ce que les lapins séjournent sur un fond de
cage adapté et puissent bouger suffisamment170
. Certes, les tapis peuvent apporter une
amélioration à court terme, mais il faut renoncer aux cages grillagées.
3.5. Insémination artificielle des femelles reproductrices
Dans la plupart des élevages en batterie, les femelles reproductrices ne sont pas fécondées
naturellement : l’insémination artificielle (IA) est appliquée d’une manière assez généralisée
dans notre pays171
. L’éleveur pose la femelle au-dessus de sa cage (ou la glisse dans une gaine
cylindrique172
) et enfonce une pipette dans son vagin jusqu’à 15 cm. D’après les éleveurs, les
grosses pipettes légèrement recourbées donneraient de meilleurs résultats que les fines pipettes
droites173
. Chez les éleveurs qui procèdent de manière amateuriste, la probabilité de fécondation
est faible, et le risque de blessures et de maladies est grand : hémorragies, perforations du
vagin et maladies sexuellement transmissibles en raison d’une mauvaise hygiène174
.
L’insémination artificielle engendre en outre du stress et de l’angoisse chez les femelles. Si les
inséminations artificielles sont effectuées par des personnes compétentes et formées, le risque
de blessures peut être réduit. Cependant cette technique d'insémination n’est pas évidente et il a
ainsi fallu six mois à l’éleveur Mark De Backer, de Waarschoot, pour bien la maîtriser175
.
169
Alternatieve kooibodems voorkomen voetzoolbeschadiging (Des fonds de cage alternatifs pour lutter contre la
pododermatite), Pluimvee, vol. 32 n° 2, februari 1997, p 32-35 170
B. Drescher, I. Schlender-Böbbis, Etude pathologique de la pododermatite chez les lapins reproducteurs de
souche lourde sur grillage, World Rabbit Science vol. 4 n°3, 1996, p 143-148,
http://www.wrs.upv.es/files/journals/vol%204_3_drescher.pdf 171
Focus op actualiteiten in de konijnenhouderij (Point sur l’actualité dans l’élevage cunicole),
Landbouw&Techniek, vol. 9 n° 3, 13-02-2004, p 37-46 172
http://www.carah.be/ExperimentationRechercheEtEssais/lapin/indexmi.htm 173
Waarop letten bij het kunstmatig insemineren? (Quels sont les points d’attention lors de l’insémination
artificielle ?), Landbouw&Techniek vol. 1 n° 19, 11-10-1996, p 10-11 174
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 70 175
Focus op actualiteiten in de konijnenhouderij (Point sur l’actualité dans l’élevage cunicole),
Landbouw&Techniek, vol. 9 n° 3, 13-02-2004, p 37-46
47
Nous avons découvert ce matériel d’injection et d’insémination dans un état totalement anti-hygiénique dans un élevage belge.
! GAIA 2008
L’insémination artificielle est effectuée 0 à 11 jours après la mise bas, donc en pleine période
de lactation pour la femelle176
. A ce moment, les femelles ne sont par nature pas disposées à
s’accoupler. C’est pour cette raison et afin de favoriser l’ovulation que des hormones (comme
le Receptal) sont administrées ou que les éleveurs recourent à des méthodes alternatives, afin
que les femelles soient toutes réceptives au même moment, de manière à ce qu'elles puissent
être inséminées en même temps. On parle alors de synchronisation des chaleurs177
. Les
femelles sont soumises au rationnement pendant deux semaines afin de créer une « situation
défavorable », un état de stress178
. Elles sont ensuite nourries à volonté pour créer une
« situation favorable », ce qui induit les chaleurs. Cette méthode s’appelle le « flushing ».
L’éclairage est également manipulé. Les femelles bénéficient d'un maximum de 8 heures de
lumière par jour, puis cette durée d’éclairage est pratiquement doublée179
. Pour stimuler encore
davantage les chaleurs, pendant une période d’allaitement au moins, l’accès au nid est interdit
aux femelles180
. Ce système s'avère très frustrant pour les femelles et très dangereux pour les
lapereaux : manquer une tétée peut être fatal pour les lapereaux les plus faibles181
. Le fait de
déplacer la femelle dans une autre cage est considéré comme une manière de favoriser la
fertilité182
.
Quelques avantages avancés pour l’insémination artificielle183
:
- Cela prend moins de temps
- Sélection génétique
- Fécondation également possible au cours de périodes naturellement défavorables
- Production ininterrompue
176
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 21 177
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, chapitre 1.1. en 1.2. 178
Groepshuisvesting van slachtkonijnen, een alternatief? (Le logement en groupe des lapins de chair, une
alternative ?), Landbouw&Techniek, vol. 4 n° 23, 17-12-1999, p 44-45 179
Bronstsynchronisatie bij konijnen (Synchronisation des chaleurs chez les femelles), PP-uitgave n° 74, 1998, p
9-11, http://library.wur.nl/file/wurpubs/pv/publicatie/pnk/74.pdf 180
Franky Devriese te Zwevezele: Met zeshonderd voedsters heb ik wel de handen vol, (Franky Devriese à
Zwevezele : avec 600 femelles reproductrices, j’ai beaucoup de travail) Landbouw&Techniek, vol. 4 n° 13, 02-07-
1999, p 4-6 181
Focus op actualiteiten in de konijnenhouderij (L’actualité dans l’élevage cunicole), Landbouw&Techniek, vol.
9 n° 3, 13-02-2004, p 37-46 182
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 22 183
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 65
48
- Programmes d’élevage plus efficaces (les jours d’insémination sont calculés de
manière à ce que les portées nécessitent un minimum de travail le week-end184
)
- Suivi plus aisé
- Cette méthode nécessite moins de mâles reproducteurs : un pour 65 femelles,
contre un pour 9 dans le cas de la fécondation naturelle185
Alors que les lapins ont naturellement un rythme de reproduction légendaire (ne dit-on pas « se
reproduire comme des lapins » ?), des millions d’euros sont investis dans des études186
visant à
augmenter les résultats de l’insémination artificielle. Par l’insémination artificielle, l’éleveur
veut obtenir des groupes de production, au sein desquels tous les lapins de chair ont le même
âge, afin de pouvoir fournir des groupes homogènes avec une grande régularité.
Comment bien faire les choses ?
D’après l’EFSA, de nombreuses études indiquent que les résultats de production par
fécondation naturelle sont comparables187
. L’argent gaspillé dans des études sur
l’optimalisation des résultats de l’insémination artificielle pourrait être bien mieux utilisé,
notamment pour financer des études sur l’amélioration du bien-être et des investissements en
faveur du bien-être animal. Alors que des millions d’euros sont dépensés pour effectuer des
études sur l’insémination artificielle afin d'obtenir un meilleur rendement, les éleveurs suisses
(en Suisse, les lapins cohabitent en groupes d’âge et la fécondation se fait de manière naturelle)
doivent parfois isoler les lapins reproducteurs pour qu’il n’y ait pas trop de naissances188
.
3.6. Problèmes hépatiques chez les lapins de chair
Lors d’une étude comparative portant sur les caractéristiques d’abattage des lapins ayant vécu
dans une petite cage ou dans un espace plus grand (parcs, donc cages collectives), il s’est avéré
que le foie des lapins en cage était étonnamment lourd. « Il est possible qu’une légère forme de
stéatose du foie se produise chez les lapins élevés en cage, » déclare prudemment Luc
Maertens189
.
Comment bien faire les choses ?
Une alimentation équilibrée, du fourrage (paille ou foin) et une liberté de mouvement
suffisante, comme dans les clapiers collectifs, dans lesquels la densité n’est pas trop importante,
peuvent offrir une solution. La combinaison d’une absence de mouvement et d’une alimentation
énergétique est assurément la cause de la stéatose.
184
We moeten nog meer richting groepensystemen (Nous devons encore plus nous orienter vers les systèmes
d'élevage en bandes), Landbouw&Techniek vol. 7 n° 11, 07-07-2002, p 32-34 185
Groepshuisvesting van slachtkonijnen, een alternatief? (Le logement en groupe des lapins de chair, une
alternative ?), Landbouw&Techniek, vol. 4 n° 23, 17-12-1999, p 44-45 186
Au début du projet Cost Action 848, dont le premier des cinq groupes de travail se concentrait sur la
reproduction des lapins élevés en batterie, les frais ont été estimés à 30 millions d’euros. 187
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 70 188
L. Bigler, Group housing of breeding and fattening rabbits in Switzerland (Logement en groupe des lapins
reproducteurs et de chair en Suisse), COST WG2 Meeting in Wageningen 6-8 mai 2004 189
Huisvesting in ‘parken’ kent ook schaduwzijden (Les zones d’ombre du logement dans les 'parcs'),
Landbouw&Techniek, vol. 7 n° 2, 25-01-2002, p 6-7
49
3.7. Sarcoptes
D’après la publication ‘Nieuwe Oogst Veehouderij’, les sarcoptes peuvent entraîner chez les
lapins une grande irritation. Les lapins peuvent même y succomber. Le sarcopte est un parasite
que l’on trouve principalement dans les oreilles. Il vit à la surface de la peau et y creuse des
trous, ce qui engendre de fortes démangeaisons et douleurs190
. Le rapport de l’EFSA confirme
que le sarcopte peut toucher les lapins reproducteurs comme les lapins de chair de manière
chronique191
.
Comment bien faire les choses ?
Une bonne hygiène permet d’éviter le sarcopte. Si l'éleveur remarque chez un lapin un début de
sarcopte, l'animal doit immédiatement être traité. D’après la publication susmentionnée, des
gouttes d’Oramec (ivermectine) tueraient les sarcoptes.
3.8. Déformations des vertèbres
Les cages sont si petites et si basses (30 cm de haut tout au plus) que les lapins ne peuvent pour
ainsi dire pas adopter de positions naturelles, ce qui peut entraîner des déformations des
vertèbres ou des lésions à la colonne vertébrale. Des études radiologiques et anatomiques sur
des femelles reproductrices ont mis en évidence trois types de problèmes :
- Scoliose : une distorsion de la colonne vertébrale
- Lordose : une malformation de la colonne vertébrale vers le bas
- Cyphose : une malformation de la colonne vertébrale vers le haut
Des combinaisons de ces problèmes ont également été observées et trois degrés de gravité ont
été définis : déformations modérées, clairement visibles et sérieuses. On a observé que, sur 20
femelles reproductrices ayant vécu dans des cages de 32 cm de haut, 60 cm de long et 40 cm de
large, 14 d’entre elles présentaient des malformations.
Les causes de ces malformations étaient :
- Le ‘flat-sitting’ : une attitude non naturelle qui surcharge la colonne vertébrale.
- Le manque de mouvement, ce qui endommage les os (hypoplasie)
- Le poids de l’utérus fécondé pendant le développement du squelette
- Une carence en calcium en raison de la croissance, de la lactation ainsi que d'une
nouvelle grossesse (développement du squelette des fœtus)192
Une colonne vertébrale endommagée peut entraîner de l'incontinence. Les animaux sont alors
mouillés, leur arrière-train est jaune et ils sentent mauvais193
.
190
Muggen en mijten zijn grootste lastpost bij konijnen (Les moustiques et les mites, les plus grands ennemis des
lapins), Nieuwe Oogst Veehouderij, vol. 2 n° 11, 27-05-2006 p 7 191
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 84 192
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des
lapins de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 34-35 193
Afwijkingen aan geslachtsapparaat beïnvloeden productieresultaten (Les anomalies de l’appareil reproducteur
influencent les résultats de production), Landbouw&Techniek, vol. 9 n° 9, 07-05-2004, p 16-17
50
Comment bien faire les choses ?
Des clapiers ouverts sur le dessus, offrant suffisamment d’espace pour les comportements
naturels, permettent de résoudre le problème. D’après l’EFSA, une longueur de cage de 80 cm
est insuffisante pour que les lapins puissent sautiller194.
3.9. Transport vers l’abattoir
Les lapins de chair prêts pour l’abattage sont chargés dans des caisses de transport. Il est
absolument exceptionnel de trouver de la paille ou du foin dans ces caisses. Il ressort d’une
enquête espagnole basée sur des questionnaires que le chargement des caisses dure en moyenne
une heure et demi, mais que le chargement dans les véhicules peut prendre jusqu’à 4 heures195
.
Dans la plupart des cas (76 %), le véhicule de transport n’est pas équipé d’un éclairage
artificiel, d’une ventilation mécanique ou d’un système de régulation de la température. Un
transport moyen véhicule 2.029 lapins. L’EFSA déclare qu’il faudrait prévoir au moins 600 cm2
(soit presque une page A4) par lapin196
. Mais, d’après l’étude espagnole susmentionnée, les
lapins ne disposent en moyenne que de 354 cm2, avec un minimum d’à peine 179 cm
2 par
lapin197
(soit la superficie d’un boîtier de CD).
Le transport constitue un facteur de stress pour tous les lapins, mais les lapins ayant vécu en
clapier semblent mieux supporter le transport que ceux élevés en cage198
.
Les points critiques durant le transport sont le temps d’attente dans les caisses à l’élevage
(parfois plus long que le trajet lui-même199
), le chargement, le déchargement, le temps de
stockage à l’abattoir et les facteurs environnementaux pendant l’attente. Parmi les facteurs de
stress pendant le transport, citons la chaleur, l’épuisement, la déshydratation, la douleur, les
traumatismes, le froid, les affections motrices et l’angoisse. Les conditions de transport
s’avèrent plus importantes que la durée du trajet200
. Toutefois, une étude récente a démontré,
par des analyses de sang, que le stress des lapins augmente avec la longueur du trajet car la
194
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 53 195
Buil T. e.a., Critical points in the transport of commercial rabbits to slaughter in Spain that could compromise
animals’ welfare (Points problématiques du transport des lapins commerciaux vers l’abattoir en Espagne, pouvant
compromettre le bien-être des animaux), World Rabbit Science 12, 2004, p 269-279 196
Opinion of the Scientific Panel on Animal Health and Welfare on a request from the Commission related to the
welfare of animals during transport (Avis du comité scientifique sur la santé et le bien-être des animaux sur la
demande de la Commission relative au bien-être des animaux pendant le transport), EFSA, 30-03-2004, p 26 197
Buil T. e.a., Critical points in the transport of commercial rabbits to slaughter in Spain that could compromise
animals’ welfare (Points problématiques du transport des lapins commerciaux vers l’abattoir en Espagne, pouvant
compromettre le bien-être des animaux), World Rabbit Science 12, 2004, p 269-279 198
Opinion of the Scientific Panel on Animal Health and Welfare on a request from the Commission related to the
welfare of animals during transport (Avis du comité scientifique sur la santé et le bien-être des animaux sur la
demande de la Commission relative au bien-être des animaux pendant le transport), EFSA, 30-03-2004, p 25 199
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 128 200
Buil T. e.a., (Points problématiques du transport des lapins commerciaux vers l’abattoir en Espagne, pouvant
compromettre le bien-être des animaux), World Rabbit Science 12, 2004, p 269-279
51
condition physique du lapin dégénère201
. Par temps chaud, la température dans les camions peut
atteindre 52 °C202
. Un lapin sur dix ne survit pas à des températures supérieures à 50 °C.
L’étude espagnole susmentionnée s'est penchée également sur le stockage des lapins dans 21
abattoirs, et il s’avère qu’à peine un seul abattoir disposait d’équipements permettant de donner
à boire et à manger aux lapins. Il s’est avéré également que le personnel n’était pas
spécifiquement formé pour gérer les animaux203
.
Le taux de mortalité des lapins pendant le transport peut atteindre 7 à 8%204
. Les principales
causes de décès sont la manière dont les lapins sont entassés dans les caisses, l’étouffement en
raison d’une mauvaise ventilation, les fractures et autres blessures découlant de manipulations
indélicates205
.
Comment bien faire les choses ?
Les temps d’attente et le transport doivent être les plus courts possible. Les caisses doivent être
assez vastes pour les lapins : 600 cm2 au minimum selon l’EFSA. Les caisses également
utilisées pour la volaille sont inadéquates206
. La température constitue une question prioritaire :
des études ont démontré que les lapins souffrent plus de la chaleur que du froid. De ce fait, en
été, il ne faudrait transporter les lapins que le matin, lorsqu’il ne fait pas encore trop chaud207
.
Le fait de prévoir de l’eau pour les lapins permet de contrer la perte de poids208
.
Selon l'EFSA, les lapins malades (femelles reproductrices écartées, par exemple) ne doivent
plus être transportés à l’abattoir, mais tués dans l’élevage par un professionnel209
.
3.10. Souffrance animale à l’abattoir
GAIA a pu filmer ce qui se passe dans deux abattoirs de lapins belges fournissant de la viande
de lapin à Delhaize et à Colruyt.
201
M.G. Liste e.a., The effect of transport time, season and position on the truck on stress response in rabbits (Les
effets de la durée du transport, de la saison et de la position dans le camion sur la réponse au stress des lapins),
World Rabbit Science Journal vol. 16 n° 4, 2008 202
Werknemers in de problemen door hittegolf (Les problèmes causés par la vague de chaleur), été 2006,
http://www.arbobondgenoten.nl/arbothem/fysisch/klimaat/hittegolf2006.pdf 203
Buil T. e.a., Critical points in the transport of commercial rabbits to slaughter in Spain that could compromise
animals’ welfare (Points problématiques du transport des lapins commerciaux vers l’abattoir en Espagne, pouvant
compromettre le bien-être des animaux), World Rabbit Science 12, 2004, p 269-279 204
Leoni et al., Trasporto e Qualità della Carne. (Transport et qualité de la viande) Rivista di Coniglicoltura, 3,
2000, p 40-47 205
The reality of commercial rabbit farming in Europe (La réalité de l’élevage commercial des lapins en Europe),
CAFT 206
Opinion of the Scientific Panel on Animal Health and Welfare on a request from the Commission related to the
welfare of animals during transport (Avis du comité scientifique sur la santé et le bien-être des animaux sur la
demande de la Commission relative au bien-être des animaux pendant le transport), EFSA, 30-03-2004, p 26 207
J. de la Fuente e.a., Effects of season and stocking density during transport on live weight and biochemical
measurements of stress, dehydration and injury of rabbits at time of slaughter (Effets de la saison et de la densité
de stockage pendant le transport sur le poids vif et les mesures biochimiques du stress, de la déshydratation et des
blessures des lapins au moment de l’abattage), Animal Science 78, 004, p 285-292 208
J. de la Fuente e.a., Effects of season and stocking density during transport on live weight and biochemical
measurements of stress, dehydration and injury of rabbits at time of slaughter (Effets de la saison et de la densité
de stockage pendant le transport sur le poids vif et les mesures biochimiques du stress, de la déshydratation et des
blessures des lapins au moment de l’abattage),Animal Science 78, 004, p 285-292 209
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 92
52
Dans ceux-ci, les lapins peuvent entendre, voir et sentir leurs congénères se faire tuer à
courte distance. Des indices tendent à montrer que les animaux peuvent sentir des phéromones
associés au stress du processus d’abattage, ce qui peut accroître l’angoisse pendant l’attente210
.
L’abattage a lieu devant des lapins encore vivants qui attendent leur tour entassés dans des caisses.
! GAIA 2008 et 2009
Dans l’un des abattoirs, les lapins étaient aspergés dans les caisses parce qu’il est plus facile de
les écorcher lorsqu’ils sont mouillés. Il reste alors moins de poils sur la viande.
Les lapins sont attrapés par les oreilles. ! GAIA 2008 et 2009
Les lapins sont sortis des caisses par les oreilles et déposés sur l’appareil d’étourdissement.
Etourdissement par choc électrique ! GAIA 2008 et 2009
La tête du lapin est poussée dans un appareil en V et le lapin reçoit un choc électrique. Ensuite,
l’une de ses pattes arrière est embrochée sur un crochet de boucherie. Le lapin pend donc la tête
en bas à un crochet qui lui traverse la patte.
210
Buil T. e.a., Critical points in the transport of commercial rabbits to slaughter in Spain that could compromise
animals’ welfare (Points problématiques du transport des lapins commerciaux vers l’abattoir en Espagne, pouvant
compromettre le bien-être des animaux), World Rabbit Science 12, 2004, p 269-279
53
Les lapins sont suspendus à un crochet de boucherie la tête en bas, par une patte arrière. La plupart des lapins se débattent
encore et bougent leurs pattes avant tandis que leur patte arrière libre tape dans le vide. ! GAIA 2008 et 2009
Le crochet de boucherie transperce la patte du lapin encore vivant. ! GAIA 2008 en 2009
Après l’étourdissement par choc électrique, le lapin doit être égorgé endéans les 35 secondes
car, dans les 26 à 33 secondes suivant l’étourdissement, la respiration rythmique reprend211
.
Toutefois, sur les images de GAIA, on peut voir que les deux abattoirs ne respectent pas ce
délai. Il ressort d’un court fragment que le délai écoulé entre l’étourdissement et l’égorgement
peut atteindre 47 secondes.
Les lapins sont égorgés à la main. ! GAIA 2008
Les lapins sont égorgés après le choc électrique. Une fois égorgés, la plupart d'entre eux
continuent de se débattre pendant 15 longues secondes avant de se vider de leur sang.
L’entreprise Van Assche abat 15.000 à 20.000 lapins par semaine. D’ici cinq ans, l’exploitant
espère arriver à 40.000 à 50.000 lapins par semaine.
Dans l’autre abattoir, Bogaert, les pattes avant sont coupées peu après l’égorgement. Il est
difficile de savoir si les lapins sont déjà morts.
211
Buil T. e.a., Critical points in the transport of commercial rabbits to slaughter in Spain that could compromise
animals’ welfare (Points problématiques du transport des lapins commerciaux vers l’abattoir en Espagne, pouvant
compromettre le bien-être des animaux), World Rabbit Science 12, 2004, p 269-279
54
Alors que les deux lapins figurant à gauche sur la photo n’ont pas encore été égorgés, les pattes avant des deux lapins figurant à
droite sur la photo ont déjà été coupées. ! GAIA 2009
Ces deux abattoirs effectuent également des abattages halal. Dans l'un d'entre eux, l’abattage
halal est effectué par un boucher diplômé, reconnu par l’Exécutif des musulmans. Ce boucher
égorge les animaux vivants, non étourdis. Dans l’autre abattoir, c’est un boucher « classique »
qui effectue les abattages halal, mais les animaux sont étourdis comme dans le cas des abattages
normaux.
Les lapins proviennent d’élevages belges et néerlandais. Il est demandé à certains éleveurs de
fournir des lapins aux yeux noirs. Ces lapins sont destinés au marché halal car une partie de la
clientèle de ce marché souhaite des lapins ayant encore leurs yeux. Les yeux noirs donnent un
air plus artisanal et plus « gibier » au lapin que les yeux rouges des classiques lapins de chair
blancs.
Les lapins aux yeux foncés ont l’air plus “artisanal”, point estimé important par le marché halal. ! GAIA 2008
Le plus grand abattoir de lapins en Belgique est l’abattoir Lonki, à Temse. Sa capacité
d’abattage est de 2.000 lapins par heure. Selon un responsable de cet abattoir, entre 5.000 et
10.000 lapins y sont abattus par jour en fonction des arrivages212. Les carcasses, les têtes et les
organes sont utilisés pour l’alimentation animale213. Des abattages rituels sont également
réalisés chez Lonki214
.
212
Lonki in het nieuw (Du neuf chez Lonki), Pluimvee, vol. 31 n° 7, juli 1996, p 28-29 213
http://www.lonki.be/nl/producten/petfood 214
Mail personnel de Peter van Hoey, de chez Lonki, 14-11-2008
55
Il ressort d’une étude italienne menée dans huit abattoirs de lapins215
qu’un choc électrique sur
dix (10,08 %) n’est pas effectué correctement :
- Les électrodes doivent toucher le lapin entre les yeux et les oreilles. Dans la plupart des
cas de mauvaise utilisation, le choc était exécuté trop près du nez.
- Dans certains cas, une patte avant était coincée entre les électrodes et la tête du lapin.
Sur les 1020 lapins faisant l’objet de cette étude, 100 lapins ont reçu deux chocs électriques
(parce que le boucher estimait que la première tentative avait échoué), 7 lapins en ont reçu trois
et un lapin quatre.
Même après l’égorgement, des signes de vie ont encore été observés. Mais il n’est guère facile
de savoir quels signes témoignent d'un état conscient. D’après Anil et al.216
, l'halètement
constitue un signe de conscience. D’après Nodari et al., le réflexe oculaire est le meilleur
paramètre pour pouvoir parler d'état conscient. Crier et redresser la tête sont bien évidemment
des signes de conscience. Voici un compte rendu des réactions observées après l’égorgement :
Nombre total Lapins pour lesquels
l’étourdissement a été
réalisé correctement
Lapins pour lesquels
l’étourdissement n’a
pas été réalisé
correctement
Halètement 291 (= 2,9 %) 260 31
Clignement des yeux 27 (= 2,6 %) 25 2
Réflexe oculaire 18 (= 1,8 %) 15 3
Cri 3 (= 0,3 %) 3 0
Redressement de la
tête
1 (= 0,1 %) 1 0
Les observations démontrent que même les lapins qui ont été « correctement » étourdis peuvent
revenir à la conscience.
Un nombre relativement important d’animaux ne bougent plus après l’égorgement. Cela ne
signifie toutefois pas qu’ils ne ressentent aucune douleur. L’immobilité est un comportement
normal pour les proies qui s’estiment en danger, et en particulier pour les lapins qui se sentent
menacés. Il est donc très difficile de dire pendant combien de temps les lapins ressentent encore
de la douleur217
.
Comment bien faire les choses ?
L’étourdissement préalable doit toujours être effectué correctement. Il doit être indolore et
efficace. Les animaux doivent perdre conscience immédiatement et totalement. Les lapins ne
doivent pas reprendre conscience.
215
Rota Nodari S. e.a., Evaluation of rabbit welfare at stunning and slaughtering in a commercial abattoir
(Evaluation du bien-être des lapins lors de l’étourdissement et de l’abattage dans un abattoir commercial), 9th
World Rabbit Congress, Vérone, Italie, 10-13/06/2008 216
Anil M.H. e.a., Evaluation of electrical stunning in commercial rabbits: effect on brain function (Evaluation de
l’étourdissement électrique des lapins commerciaux : effet sur les fonctions cérébrales), Meat Science vol. 54,
2000, p 217-220. 217
Mayer J., Use of behaviour analysis to recognize pain in small mammals (Utilisation de l’analyse
comportementale pour reconnaître la douleur chez les petits mammifères), lab. animal. vol. 36 n° 6, 2007, p 43-47
56
D’après le rapport de l’EFSA, les lapins ne doivent pas être attrapés par les oreilles. Pour
attraper correctement un lapin, il faut l’attraper par la peau du cou d’une main tout en soutenant
l’arrière-train de l’autre main218
.
4. Points problématiques de la quatrième liberté « Libre de la peur et de l'angoisse»
4.1. Réactions de peur chez les lapins
De par nature, le lapin est un animal craintif qui prend vite peur219
. Les lapins peuvent
considérer l’homme comme un prédateur220
. Pour éviter une trop grande panique chez les
lapins, le magazine Landbouw & Techniek conseille aux éleveurs « de parler avant de pénétrer
dans l’élevage »221
. Inge Overmeire, de l’élevage 'De Huppelhoeve' : « A deux reprises, j’ai
acheté de jeunes femelles reproductrices en provenance d’un élevage en batterie. Au cours des
premières semaines, elles étaient prises de panique dès qu’un merle sifflait un peu trop fort.
Elles détalaient dans le clapier et s’entassaient pour sept d'entre elles dans le même nid »222
.
Une femelle reproductrice effrayée par un bruit soudain ou par quelqu’un qui entre inopinément
dans l’élevage a le réflexe de sauter dans son nid. Elle peut ainsi écraser et blesser gravement
les jeunes223
.
Photo de gauche : la femelle est à gauche, ses jeunes à droite. Entre les deux, une séparation avec une petite
ouverture. Photo du milieu : la femelle prend peur et saute sur ses jeunes, qui n’ont aucune chance de s’enfuir.
Photo de droite : la femelle est sur ses jeunes. © GAIA 2008
Pour éviter cela, dans certains élevages, l’accès au nid est interdit à la femelle. Elle ne peut
alors y accéder qu’une fois par jour pour nourrir ses jeunes224
. Ce système provoque du stress et
entraîne un comportement maternel déviant chez les mères qui ne peuvent décider elles-mêmes
218
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 15 219
Om goede resultaten te behalen: ook konijnen hebben komfort nodig (Pour obtenir de bons résultats, les lapins
eux aussi ont besoin de confort), , Landbouwleven, vol. 44 n° 1992, 25-11-1994, p 14-15 220
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 94 221
Huisvesting in ‘parken’ kent ook schaduwzijden (Les zones d’ombre du logement dans les 'parcs'),
Landbouw&Techniek, vol. 7 n° 2, 25-01-2002, p 6-7 222
Konijnen kweken in groepsverband en in een grondhuisvesting (Elever des lapins en bandes et dans un
logement en groupe), Landbouw&Techniek, 08-10-1999, p 39-41 223
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 73 224
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 73
57
du moment où elles se rendent près de leurs jeunes225
. Certaines études assurent que ce procédé
entraîne un taux de mortalité non moindre mais plus important dans les nids226
.
La femelle ne peut se rendre auprès de ses jeunes, l’accès au nid étant fermé. Cet élevage belge applique donc le contrôle
d’accès au nid. Ce système peut être appliqué pour deux raisons, l’une n’excluant pas l’autre : 1. Pour éviter que la femelle
n’écrase ou ne morde mortellement ses jeunes, ou 2. Pour provoquer les chaleurs de la femelle afin de pouvoir la féconder à
nouveau (synchronisation des chaleurs, voir 3.5). © GAIA 2008
Comment bien faire les choses ?
Dès leur jeune âge, les lapins doivent être habitués d’une manière positive à la présence d’une
ou de plusieurs personnes dans l’élevage227
.
Une expérience a démontré que des lapins pris en main par des personnes familières à raison de
deux fois dix minutes par jour, par exemple, étaient moins stressés. Cela engendre ainsi moins
d’angoisse, une meilleure prise de poids et un taux de mortalité moins élevé228
. Dans les
élevages intensifs avec cages classiques, il n’est pas faisable d'un point de vue pratique de
prendre régulièrement les lapins. Les réactions de peur sont donc inévitables, ce qui entraîne de
l’angoisse et du stress. Dans les élevages dans lesquels des groupes de lapins sont logés dans de
vastes clapiers ouverts, le contact entre les lapins et l’homme est possible. Deux éleveurs de
lapins néerlandais fournissant des lapins à l’abattoir Lonki se sont assis, pour les besoins d’une
photo pour le magazine Oogst Landbouw, parmi les lapins d'un clapier, et ces derniers n’ont
manifesté aucun signe de peur. Au contraire, ils ont recherché le contact avec l’homme229
.
Les lapins doivent également disposer de possibilités de fuite et de davantage d’espace.
225
The reality of commercial rabbit farming in Europe (La réalité de l’élevage cunicole commercial en Europe),
CAFT 226
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 73 227
Draft Recommendation concerning Domestic Rabbits (Recommandation provisoire concernant les lapins
domestiques), Comité permanent de la Convention européenne sur la protection des animaux dans les élevages, 16è
revision, 11/12/2008: “In order to develop a positive relationship between man and rabbits there shall be frequent,
calm and close approach from an early age such that the animal is not unduly frightened.” ("Dans le dessein de
développer une relation positive entre l’homme et les lapins, une approche fréquente, calme et proche sera établie dès
leur plus jeune âge de telle sorte que l’animal ne soit pas inutilement effrayé.") 228
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 95 229
Konijnen groeien beter in groep (Les lapins grandissent mieux en groupe), Oogst Landbouw, vol. 15 n° 12, 22-
03-2002, p 32-33
58
4.2. Impossibilité de se cacher
Lorsqu’ils ont peur ou se sentent menacés, les lapins veulent fuir et se cacher. Dans les élevages
en batterie, c’est impossible. Ils n’ont aucun abri pour se cacher. Des études ont démontré
l’évidence : les lapins se serviraient d’une cachette s’ils en avaient une230
.
Comment bien faire les choses ?
Dans l’élevage biologique 'De Bekwame Boon', l’abri est indispensable pour les lapins, qui sont
par nature des animaux craintifs.
Les lapins biologiques de l’élevage 'De Bekwame Boon' recherchent la sécurité dans les abris. © GAIA 2008
4.3. Absence de sensation de groupe sécurisante
Dans la nature, les lapins recherchent une protection mutuelle au sein de groupes sociaux. Ils
passent la moitié de leur temps de repos proches les uns des autres231
. Dans les élevages en
batterie, ce sentiment sécurisant n’existe plus pour les lapins logés individuellement (le plus
souvent, les mâles reproducteurs et les femelles reproductrices, voir 5.3).
Comment bien faire les choses ?
Logement en groupes d’âge (voir annexe 2).
5. Points problématiques de la cinquième liberté « Libre d’exprimer un comportement normal »
Comme nous l’avons dit dans le chapitre consacré à la deuxième liberté, les lapins sont détenus
dans un environnement qui n’est pas naturel. De ce fait, ils ne peuvent exprimer leur
comportement naturel. Pour pouvoir exprimer un comportement plus normal, il faut donc
surtout modifier le mode de logement.
230
Dierenwelzijn weerspiegelt zich niet altijd in prestaties (Le bien-être animal ne se reflète pas toujours dans les
performances), Landbouw&Techniek, vol. 8 n° 6, 21-03-2003, p 6-9 231
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 20
59
5.1. Impossibilité de se tenir debout, de s’allonger, de sautiller, de sauter, de courir, de creuser
des galeries…
Dans la nature, les lapins peuvent courir à une vitesse de 30 km/h, sauter à plus d’un mètre de
hauteur et changer brusquement de direction en zigzaguant232
. Ils sont même capables de
nager233
. Dans les cages classiques, toutes ces activités sont impossibles (voir également le
point 2.4, Manque d'espace).
A part manger et se coucher, les possibilités d’activité sont très limitées. Dans les 'parcs' de
lapins de chair, le problème est moins criant que dans les cages classiques, mais courir, creuser
et se cacher sont des activités impossibles. Frustrés de ne pouvoir adopter un comportement
naturel, les lapins mordillent leur cage et leurs congénères. Quelques heures avant une
naissance, les femelles reproductrices grattent fébrilement le fond de leur cage, parce qu’elles
ne peuvent pas creuser de trou pour la mise bas234
.
Comment bien faire les choses ?
Les lapins devraient pouvoir courir, sautiller, sauter, ronger, farfouiller, creuser, s’enfuir, avoir
des contacts sociaux, se cacher et se battre. Les clapiers suffisamment vastes, avec des
compartiments et des étages, permettent ces activités.
Creuser n’est possible qu’en plein air. Les lapins sauvages vivent dans un réseau de trous et de
galeries qu’ils ont creusés. Ce réseau, parfois très complexe, peut mesurer jusqu’à 45 mètres de
long. Les femelles pleines creusent un trou spécifique pour la mise bas, la rabouillère, pour y
nourrir les jeunes. Elles recouvrent le nid d’herbes sèches et de mousse ainsi que d’une grande
quantité de duvet qu’elles s’arrachent sur la poitrine et le ventre. Après chaque visite, elles
rebouchent soigneusement l’entrée du nid pour protéger leurs petits235
.
5.2. Logement en groupe insuffisant pour les lapins de chair
Les lapins de chair ne sont normalement pas logés individuellement. Il arrive cependant qu’ils
soient logés par deux dans de très petites cages236
.
Dans la plupart des élevages en batterie, les lapins de chair sont logés en groupe de cinq à sept
lapins, le plus souvent des jeunes du même nid, dans une cage étroite. Ce système est parfois
appelé « logement en groupe», mais cette appellation est trompeuse. Le logement en groupe
respectueux du bien-être animal, organisé parce que les lapins sont des animaux sociaux, implique de grands groupes d’animaux du même âge dans un espace suffisamment grand,
aménagé selon leurs besoins. De nombreux éleveurs n’apprécient pas le logement en groupes
importants car ils considèrent qu'il comporte un plus grand risque de propagation des maladies
232
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 17 233
Inge Overmeire (ancienne exploitante de 'De Huppelhoeve'), ‘Levenswijze en gedrag van konijnen en de
implicaties daarvan voor de huisvesting’ (Mode de vie et comportement des lapins et implications pour leur
logement) 234
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 87 235
Inge Overmeire (ancienne exploitante de 'De Huppelhoeve'), ‘Levenswijze en gedrag van konijnen en de
implicaties daarvan voor de huisvesting’ (Mode de vie et comportement des lapins et implications pour leur
logement) 236
Lapins: condition d’élevage dénoncées, www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=200001&sid=8856662
60
(voir 3.1). Mais en Suisse, l’hébergement collectif des lapins semble bien fonctionner dans les
entreprises correctement gérées237
.
Comment bien faire les choses ?
En 1999, aux Pays-Bas, 22 élevages au moins appliquaient le logement en groupe. Une étude
menée auprès de ces élevages a mis en évidence des avantages et des inconvénients, mais la
majorité des éleveurs interrogés ont déclaré que, s’ils devaient recommencer, ils opteraient à
nouveau pour de grands clapiers collectifs et non pour des cages standards pour 5, 6 ou 7 lapins.
Le principal avantage avancé est le gain de temps lors de l’entretien238
.
En 2001, l’éleveur néerlandais Jan Veenstra, qui fournit des lapins à l’abattoir belge Lonki, est
passé au logement en groupe. Ses lapins sont logés par 100 dans des clapiers de 2.5 sur 2.5
mètres. Ceux-ci comportent une grille au dessous et sont ouverts sur le dessus. Malgré le taux
de mortalité relativement élevé de 13%, attribué par Jan Veenstra à des problèmes de
ventilation, celui-ci a évalué son expérience comme étant positive six mois plus tard :
« Auparavant, lorsque j’élevais des lapins en cage, ils avaient plus souvent des abcès et
davantage de carcasses étaient refusées. » Les animaux grandissent également plus vite, et
Veenstra confirme que ce système permet un gain de temps considérable. Toutefois, le désir
d'assurer davantage de bien-être animal a également constitué une motivation pour cet éleveur :
« Il y a beaucoup de place pour bouger parce que les lapins aiment bien se réfugier dans les
coins. En outre, ils peuvent sauter aussi haut qu’ils le souhaitent » explique-t-il. En ce qui
concerne les frais de ses clapiers, investir dans de nouvelles cages lui aurait coûté tout autant239
.
D’après Frans Hurkmans, ancien président de la Nederlandse Organisatie van Konijnenhouders
- Organisation néerlandaise des éleveurs de lapins (NOK, remplacée depuis 2007 par le LTO-
vakgroep240
- Groupe professionnel LTO) - et lui-même éleveur, les frais du logement en groupe
sont moins élevés et l’entretien nécessite un quart de travail en moins. « Plus de bien-être me
rapporte plus d’argent » déclare-t-il avec satisfaction241
.
Inge Overmeire élevait dans son élevage 'De Huppelhoeve' des groupes de 140 lapins dans des
clapiers d’une superficie totale de 16 m2. Elle a pu offrir à chaque lapin, pour des frais
d’investissement identiques, davantage d’espace qu’avec des groupes plus petits. Chez les
jeunes animaux, les rapports sociaux sont beaucoup moins complexes que chez les adultes de
sorte que le fait d’avoir autant d’animaux par unité de surface ne posait pas de problèmes 242
.
Lorsque le logement en groupe pose problème, il suffit, pour y remédier, de tenir compte des
points d’attention suivants :
- Abattre les lapins avant qu’ils n’atteignent l’âge de 80 jours car les animaux deviennent
plus agressifs à l’approche de l’âge adulte.
237
L. Bigler, Group housing of breeding and fattening rabbits in Switzerland (Logement en groupe des lapins
reproducteurs et de chair en Suisse), COST WG2 Meeting in Wageningen 6-8th
May 2004 238
Groepshuisvesting van slachtkonijnen, een alternatief? (Le logement en groupe des lapins de chair, une
alternative ?), Landbouw&Techniek, vol. 4 n°23, 17-12-1999, p 44-45 239
Konijnen groeien beter in groep (Les lapins grandissent mieux en groupe), Oogst Landbouw, vol. 15 n° 12, 22-
03-2002, p 32-33 240
http://www.agd.nl/1028487/Algemeen/Artikel/LTO-vakgroep-konijnenhouderij-van-start.htm 241
Meer verdienen met meer welzijn (Gagner plus avec davantage de bien-être), Boerderij vol. 83 n° 48, 25-08-
1998 242
Inge Overmeire (ancienne exploitante de 'De Huppelhoeve'), ‘Levenswijze en gedrag van konijnen en de
implicaties daarvan voor de huisvesting’, ‘Mode de vie et comportement des lapins et implications pour leur
logement)
61
- Déplacer les lapins à l’origine des problèmes dans le groupe.
- Veiller à une bonne ventilation243
. - Aménager la cage avec une barre de bois ou une branche sur laquelle les animaux
peuvent décharger leur agressivité244
.
- L’agressivité pouvant apparaître chez les jeunes lapins de chair, et pas uniquement chez
les lapins adultes (voir 3.2), les cachettes, les plates-formes surélevées et les possibilités
de fuite sont nécessaires pour permettre aux lapins soumis de se retirer.
5.3. Enfermement individuel des femelles reproductrices et des mâles reproducteurs
Contrairement aux lapins de chair, les reproducteurs, mâles et femelles, sont enfermés
individuellement.
Dans les élevages en batterie, les lapins adultes sont enfermés individuellement. © GAIA 2008
Etant donné que ces animaux ne sont pas abattus à l'âge de douze semaines et sont gardés en vie
jusqu’à l’âge adulte, l’agressivité entre eux et envers les jeunes constitue, d’après le secteur, un
obstacle insurmontable au logement en groupe. Une autre raison, démontrée par des études, est
le fait que le logement en groupe entraîne davantage de grossesses nerveuses, bien que la cause
précise de ce phénomène ne soit pas connue. En cas de grossesse nerveuse, le sang contient
plus de 2 ng/ml de progestérone, ce qui réduit la probabilité d’une fécondation245
. Cependant
Inge Overmeire contredit le fait que le logement en groupe puisse entraîner des grossesses
nerveuses. D'après son expérience, les grossesses nerveuses ne surviennent quasiment pas dans
des groupes naturels de femelles reproductrices avec un mâle.246
Les lapins sont des animaux sociaux. Dans la nature, ils vivent en groupes d’une centaine
d’individus, sur un territoire pouvant couvrir plusieurs hectares. Ils vivent dans un réseau
complexe de galeries souterraines, qu’ils ont creusées eux-mêmes247
. Ils passent 55% de leur
temps en couple ou en groupes de trois lapins et, pendant 80% de leur temps, sont en contact
physique volontaire avec des congénères. Pour les lapins domestiques, ces pourcentages sont
243
Groepshuisvesting van slachtkonijnen, een alternatief? (Le logement en groupe des lapins de chair, une
alternative ?), Landbouw&Techniek, vol. 4 n°23, 17-12-1999, p 44-45 244
Dierenwelzijn weerspiegelt zich niet altijd in prestaties (Le bien-être animal ne se reflète pas toujours dans les
performances), Landbouw&Techniek, vol. 8 n° 6, 21-03-2003, p 6-9 245
Rommers, J., de Jong, I., De haalbaarheid van groepshuisvesting voor voedsters in de praktijk (La faisabilité du
logement en groupe des femelles dans la pratique), Animal Sciences Group, Wageningen, 2005, p 12 246
Mail personnel d'Inge Overmeire, 31/03/2009 247
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 19
62
respectivement de 31 et 65%248
. Ils se couchent les uns près des autres et prennent
mutuellement soin de leur fourrure249
. Dans les élevages en batterie, les femelles reproductrices
enfermées seules peuvent souffrir du stress, ce qui exerce une influence négative sur le
développement du comportement maternel (voir 5.4)250
.
De nombreuses études effectuées aux Pays-Bas entre 2001 et 2005 sur le logement en groupe
des femelles reproductrices, suite à des études menées en Suisse (et mises ensuite en pratique),
ont montré que l’agressivité s’avère être principalement un problème lorsqu’une femelle est
enlevée et remplacée par une nouvelle, ce qui perturbe la hiérarchie sociale établie. Les plus
gros problèmes, lorsque plusieurs femelles ont libre accès à tous les nids, sont la compétition
pour un nid et l’écrasement involontaire des jeunes des autres femelles, pouvant entraîner un
taux de mortalité élevé chez les jeunes251
.
L’étude néerlandaise a permis le développement d’un système ingénieux de reconnaissance
individuelle du nid par puce électronique. Chaque femelle reproductrice est dotée d'une puce lui
conférant à elle seule l'accès à son nid, de sorte que les femelles ne puissent pas s’en prendre
aux jeunes des autres femelles. Frans Hurkmans, ancien président de la Nederlandse
Organisatie van Konijnenhouders (NOK), avait prévu en 2001 qu'endéans les deux à trois ans,
les premières entreprises néerlandaises pourraient fonctionner avec des portiques
électroniques252
. A l’heure actuelle, huit ans plus tard, ce système n’est toujours pas appliqué
dans les élevages en batterie et, sans obligation, le secteur néerlandais n’a pas l’intention
d'apporter ce changement, avant toute chose en raison de l’investissement financier qu'il
représente. Ce système n’est pas repris dans les directives que s’impose le secteur. En matière
de logement en groupe pour les femelles reproductrices, la Belgique n’est nulle part. Luc
Maertens : « L’intégration d’un système de reconnaissance électronique de l’animal constitue
un investissement considérable non justifié pour des femelles reproductrices qui ne valent que
quelques dizaines d’euros »253
. En outre, il s'agit d'un système requérant beaucoup de travail et
dans lequel l’hygiène revêt une importance primordiale254
.
Comment bien faire les choses ?
Le logement en groupe des femelles reproductrices est réalisable à l’échelle commerciale,
même sans puces électroniques, comme le prouve le secteur suisse, au même titre que l'élevage
'De Huppelhoeve' en Belgique (1991-2003). En Suisse, de 1988 à 1999, 4 à 5 femelles
reproductrices ont été mises ensemble avec un mâle, mais ce système occupait trop de place.
Depuis 1999, 8 à 10 femelles sont placées avec un mâle. Les éleveurs respectant certains
critères pour le logement en groupe de 8 à 10 femelles avec un mâle bénéficient d’un soutien
des autorités suisses255
.
248
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 87 249
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des
lapins de production menacé), Universiteit Utrecht, 2002, p 39 250
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 91 251
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 99 252
Konijnenhouderij werkt hard aan beter welzijn dieren (L’élevage cunicole travaille dur pour améliorer le bien-
être des animaux), Oogst Landbouw vol. 14 n° 33, 17-08-2001, p 13 253
Dierenwelzijn weerspiegelt zich niet altijd in prestaties (Le bien-être animal ne se reflète pas toujours dans les
performances), Landbouw&Techniek, vol. 8 n° 6, 21-03-2003, p 6-9 254
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 100 255
L. Bigler, Group housing of breeding and fattening rabbits in Switzerland (Logement en groupe des lapins
reproducteurs et de chair en Suisse), COST WG2 Meeting in Wageningen 6-8th
May 2004
63
Loger les femelles reproductrices par deux peut constituer une solution intermédiaire256
. Dans
différents pays, il a été observé chez les lapins de laboratoire que le logement par deux permet
de réduire les comportements stéréotypés tout en occasionnant peu de blessures ou d’autres
formes d’agressivité257
. L'éleveur de l’élevage biologique 'De Bekwame Boon' a confirmé que
l’agressivité ne constitue pas un problème si les femelles viennent de la même portée.
Deux femelles se côtoient sans problème dans l’élevage biologique 'De Bekwame Boon'. © GAIA 2008
Une étude néerlandaise s’est penchée sur la possibilité d’éviter les grossesses nerveuses en
détenant les femelles reproductrices dans une cage individuelle après la mise bas et jusqu’à
l’insémination. Lorsque les jeunes ont 18 jours, celles-ci peuvent être remises en groupe (avec
leurs jeunes), et ce jusqu’à quelques jours avant la nouvelle mise bas. Cette étude a démontré
que ce système permet d’obtenir des résultats comparables avec un système de logement
individuel des femelles. Ce système supprime en outre le problème des coûteux systèmes de
reconnaissance individuelle parce qu’il ne nécessite pas de boîtes pour les nids, les jeunes ayant
déjà 18 jours lorsque le groupe est constitué258
.
5.4. Comportement maternel anormal
Des enregistrements vidéo dans les élevages ont montré que les mères nourrissent leurs jeunes
plus d’une fois par jour si elles en ont la possibilité. Il est difficile de savoir s’il s’agit d’un
comportement normal ou d’un comportement perturbé dû à un logement inadapté. On a
longtemps cru que les femelles ne nourrissaient leurs jeunes qu’une fois par jour en milieu
naturel, mais certaines sources mettent aujourd’hui cela en doute259
.
Une fréquence d'allaitement trop élevée peut être imputée à la sélection en fonction de la
production de lait, la quantité de lait produite ne pouvant alors être donnée en une tétée260
. Les
mères visitent très fréquemment leur nid, qui est attaché directement à la cage de sorte qu'elles
256
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 91 257
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 43 258
Rommers, J., de Jong, I., De haalbaarheid van groepshuisvesting voor voedsters in de praktijk (La faisabilité du
logement en groupe des femelles reproductrices dans la pratique), Animal Sciences Group, Wageningen, 2005, p
23-25 259
Maertens, L. et Coudert, P., Recent advances in rabbit sciences (Avancées récentes de la science cunicole),
ILVO, 2006, p 75 260
Meer aandacht voor het welzijn van de konijnen? (Davantage d’attention pour le bien-être des lapins ?),
Landbouw&Techniek, vol. 5 n° 1, 14-01-2000, p 50-51
64
ont vue dessus, et l’inspectent jusqu’à 200 fois par jour. Ce comportement est contre-nature et
des études ont démontré que le nombre de visites dans le nid diminue si la femelle dispose de
davantage d’espace et reçoit du matériel d'occupation261
.
Certaines femelles reproductrices négligent la fabrication du nid ou y urinent262
. Si l’un des
lapereaux meurt dans le nid, toute la portée mourra également en général et, le plus souvent, la
femelle en est responsable263
. Certaines femelles mangent même leurs jeunes264
et le
cannibalisme est fréquent dans les élevages en batterie. Par contre, dans l’élevage 'De
Huppelhoeve', Inge Overmeire ne l’a constaté qu’une seule fois265
.
Un éleveur de lapins belge a noté dans son journal de bord : « nombreux rejets et inflammation
des mamelles. 10% de mortalité en plus chez les lapereaux allaités par des femelles faibles. »
Les notes d’un éleveur belge. © GAIA 2008
Comment bien faire les choses ?
Les besoins naturels des femelles reproductrices, comme l'espace et le contact social, doivent
être davantage respectés. Dans les groupes d’âge de l’élevage 'De Huppelhoeve', le nid des
femelles était situé dans un endroit calme et à l’écart, ce qui correspond beaucoup mieux à
l’instinct des lapins qui, en milieu naturel, aménagent leur nid dans un terrier à l’écart (la
rabouillère), et en rebouchent l’entrée après chaque visite266
.
261
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des
lapins de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 41 262
Sterfte in het nest (Décès dans le nid), Drietandmagazine voor Land- en tuinbouw, n° 21, 14-06-1996, p 18 263
Konijnen in kooien. Het welzijn van productiekonijnen in het geding (Les lapins en cage. Le bien-être des
lapins de production menacé), Université d’Utrecht, 2002, p 30 264
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 21, 76, 79, 85 et 89 265
Inge Overmeire (ancienne exploitante de l’élevage 'De Huppelhoeve'), ‘Levenswijze en gedrag van konijnen en
de implicaties daarvan voor de huisvesting’ (Mode de vie et comportement des lapins et ses implications pour leur
logement) 266
Inge Overmeire (ancienne exploitante de l’élevage 'De Huppelhoeve'), Groepshuisvesting bij konijnen:
onderzoek naar een diervriendelijk alternatief voor de bestaande batterijhuisvesting (Logement en groupe des
lapins : étude d’une alternative à l’actuel système de l'élevage en batterie respectueuse de l’animal)
65
6. Reconstitution du cycle de vie des lapins de chair élevés en batterie
! GAIA 2008
Naissance
Plus de risques de lapereaux mort-nés
avec :
- Une induction hormonale de
l!ovulation267 (par ex. avec du
Receptal, voir p 21)
- Une sélection de la race en
fonction de la taille des portées268
- Des affections de l!appareil
reproducteur269
! GAIA 2008
Allaitement - Jeunes séparés de la mère,
allaitement une fois par tranche de
24 – 36 – 48 heures suivant le
mode de gestion270
- Les jeunes ont faim271
- Mortalité 272 :
o 1-6 jours : 5-8 %
o 7-21 jours : 2-4 %
! GAIA 2008
Croissance auprès
de la mère - Mortalité à 22-35 jours : 1-2 %273
- Manque de place dû à une
surpopulation dans la cage de la
femelle274
- Le fond grillagé peut causer des
fractures275
- Pas de paille, de foin, ni d!objets à
ronger
! GAIA 2008
Après l!allaitement :
grandir sans la mère - Mortalité à 36-55 jours : 6-8 %
(cause principale : problèmes
digestifs)
- Mortalité à 56-75 à 90 jours : varie,
la cause principale étant
maintenant des problèmes
respiratoires276
- Souffrance psychique, ennui,
apathie277
- Rongent les barreaux de la cage278
- Agressivité croissante à mesure
267
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 66 268
Idem, p 83 269
Idem, p 87 270
Idem, p 66 271
Idem, p 71 272
Idem, p 85 273
Idem, p 85 274
Idem, p 79 275
Idem, p 53 276
Idem, p 86 277
Idem, p 54 278
Idem, p 39
66
que la place diminue du fait de la
croissance des lapins279
- - Pas de paille, de foin, ni d!objets
à ronger
! GAIA 2008
Abattage 75 à 90 jours :
- Choc électrique pour étourdir les lapins
- Suspendus à un crochet de boucherie
par une patte arrière
- Egorgement. Certains lapins sont encore
conscients.
- Ecorchage et découpe
! GAIA 2009
Vente - Campagnes promotionnelles pour
assurer une bonne image
- Promotions presque hebdomadaires
dans les supermarchés
- 3 lapins de chair sur 4 seulement arrivent
en magasin (soit une moyenne de 76.4%),
et, au total, un lapin de chair sur trois
meurt prématurément (y compris les
jeunes mort-nés et tués) (soit 32,8 %).280
Chaque année, 100 à 120 % des femelles
sont remplacées281.
III. Conclusion
La situation est catastrophique pour le bien-être et même la santé des lapins élevés pour leur
viande. Des atteintes graves à très graves au bien-être animal ainsi qu'un taux de mortalité très
élevé à tous les stades de la vie des lapins caractérisent cette branche oubliée et sous-exposée
du secteur de la production animale. Les images prises par GAIA dans les élevages et les
abattoirs de lapins le confirment.
279
Idem p 55 280
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 84 281
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 33
67
Des lapins de chair vivants côtoient des congénères morts (remarque pour la photo de gauche : la cage a été
ouverte pour la photo, mais est normalement fermée).
© GAIA 2008
Au cours de ces trente dernières années, les résultats de production ont fortement augmenté, au
détriment du bien-être animal. Avec des « améliorations » techniques, telles que la sélection
génétique, l’induction hormonale de l’ovulation et l’insémination artificielle, les femelles
reproductrices doivent produire plus du double de kilos de viande de lapin par an qu’il y a
trente ans. Le taux de mortalité chez les femelles reproductrices est élevé, avec un pourcentage
de remplacement de 100 à 120% par an, et pouvant parfois atteindre 160% par an. Les lapins de
chair ont également une moins bonne santé, ce qui se remarque entre autres à l'importante
mortalité en raison de problèmes intestinaux durant ces quinze dernières années. Les lapins de
chair sont abattus vers douze semaines, mais 23.6% (hors jeunes mort-nés et tués) à 32.8%
(jeunes mort-nés et tués compris) n’arrivent même pas à atteindre cet âge.
Les cinq libertés indispensables au bien-être sont fortement mises à mal :
1. « Libre de la faim et de la soif » : cette liberté est menacée lorsque les lapins sont
rationnés trop strictement ou trop longtemps. Les morts prématurées chez les lapins
de batterie sont principalement dues à des problèmes digestifs, favorisés par une
nourriture composée exclusivement de granulés secs (fourrage concentré), et ne
contenant ni légumes frais, ni paille, ni foin (fourrage grossier).
2. « Libre de l’inconfort » : cette liberté ne concerne tout simplement pas les lapins de
batterie parce que les cages grillagées sont totalement inadaptées. Ces cages sont en
outre dépouillées, trop petites, sans différences de niveau et souvent installées dans
un bâtiment sale, sombre et encrassé par les déjections.
3. « Libre de la douleur, des blessures et de la maladie » : pour beaucoup de lapins de
batterie, ce n’est pas le cas. La pododermatite est une affection causée par les fonds
de cage grillagés qui touche beaucoup de femelles reproductrices, allant parfois
jusqu’à provoquer des blessures sanglantes. Les lapins de batterie sont
particulièrement sensibles à des maladies et à des épidémies mortelles (myxomatose,
MHV, maladie du gros ventre, etc.). Certains lapins se blessent mortellement dans
leur cage, souffrent de stéatose ou ont des sarcoptes. Les femelles, souffrant ou non
d’affections utérines, sont tuées après quelques portées, parce qu’elles ne sont plus
estimées assez productives. Les injections d’hormones pour induire l’ovulation,
suivies d’une insémination artificielle, peuvent blesser gravement les femelles et
constituent une source de stress. A l’abattoir également, les animaux sont soumis à
un stress intense, mais aussi à une douleur incommensurable si l’étourdissement n’a
pas été réalisé correctement ou s’il n’y a pas d’étourdissement (abattage halal).
4. « Libre de la peur et de l'angoisse» est une liberté difficile à atteindre pour des
animaux aussi craintifs que les lapins. Il est donc aberrant qu’ils ne disposent pas de
cachettes ou de possibilités de fuite.
68
5. « Libre d’exprimer un comportement normal » est une liberté qui ne concerne pas
les lapins élevés en batterie. Les lapins devraient pouvoir courir, sauter, sautiller,
ronger, farfouiller, creuser, choisir d’avoir ou non des contacts sociaux, pouvoir fuir,
se cacher et se battre. Rien de tout cela n’est possible dans les élevages en batterie
(sauf ronger, mais des barreaux en fer). Les lapins adultes sont enfermés
individuellement. De nombreuses femelles reproductrices présentent un
comportement maternel déviant, et parfois mangent même leurs petits.
La consommation de viande de lapin (achetée) est basse (750 grammes en moyenne par Belge
en 2007), et les principaux acheteurs sont des pensionnés. Le secteur essaie d’améliorer les
ventes de viande de lapins à l’aide de campagnes de propagande à grande échelle, complétées
par des actions promotionnelles presque hebdomadaires dans les supermarchés. La viande de
lapin est présentée comme avantageuse aux clients ignorants de la souffrance animale qui a
précédé, assurément pas mentionnée sur l’emballage. Parfois, la viande de lapins d’élevage est
injustement proposée sous la dénomination de « gibier ».
En Belgique, il n’existe actuellement aucune législation protégeant le bien-être des lapins
élevés pour leur viande. Des recommandations sont en préparation au niveau européen depuis
1998. Dans ce cadre, un projet d’étude (Cost 848, 2000-2005) a été lancé, qui devait se pencher
entre autres sur le bien-être des lapins. En Belgique également, des études effectuées pour et par
le secteur concernent certains aspects du bien-être des lapins. Mais à ce jour, aucune de ces
études n’a débouché sur des améliorations dans la pratique.
Carrefour propose de la viande de lapins élevés en batterie, mais aussi de la viande de « lapins
fermiers », élevés avec une plus grande attention envers leur bien-être. En Suisse, plus de trente
entreprises (supermarchés, magasins d'alimentation et traiteurs) ont arrêté de vendre de la
viande de lapin. Elles lancent ainsi un signal très clair : il faut mettre un terme à la souffrance
animale dans l’industrie des lapins de chair ainsi qu'aux études visant à augmenter et à forcer
encore davantage la production. L’Autriche suit la même voie : à partir de 2012, une
interdiction légale d’élever des lapins de chair en cage y entrera en application.
Les problèmes de bien-être les plus graves pourraient en grande partie être résolus par un
logement en groupe dans de vastes clapiers compartimentés, agrémentés de matériel à ronger
(bois, paille, foin) ou par l'élevage en plein air (comme le projet suisse exposé en p. 24 et non
pas comme le concept du ‘plein air’ où les lapins sont élevés en cage !), couplé avec une
gestion efficace, accordant une place centrale au bien-être animal et à l’hygiène.
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IV. Recommandations
- Aux consommateurs : N’achetez pas de viande de lapin élevé en batterie. Lisez
attentivement les informations sur l’emballage : si celui-ci ne mentionne aucune
information sur le système d’hébergement, c’est qu’il s’agit d’un lapin élevé en batterie. Ne
vous laissez pas induire en erreur par le terme ‘gibier’.
- Aux supermarchés : Les supermarchés peuvent opter pour une politique plus respectueuse
de l’animal. En Belgique, les supermarchés ont déjà prouvé leur ouverture en la matière : à
la demande de GAIA, Makro, Colruyt, Delhaize, Lidl, Aldi, Carrefour, Match, Cora,
Champion, Intermarché et Prima ont retiré de la vente les œufs provenant d’élevages en
batterie.
Les poules de batterie sont élevées en cage, comme les lapins de batterie. En réaction aux
images de caméra cachée prises par l’organisation de protection animale allemande Vier
Pfoten en 2007, montrant au grand jour les mauvaises conditions d’élevage des lapins, Lidl
a arrêté de vendre de la viande de lapin en Allemagne282
. En Suisse, en réaction à la
campagne de l’organisation de protection animale KAGfreiland, plus de trente entreprises
(supermarchés, magasins d'alimentation et traiteurs) ont arrêté de commercialiser ou
distribuer de la viande de lapin.283
o Ne proposez plus de viande de lapins élevés en cage. Supprimez de vos rayons la
viande de lapins, à l’instar des grandes chaînes suisses, ou ne vendez plus que de la
viande de lapins élevés dans le respect de l’animal.
o Etablissez dans vos cahiers des charges la manière dont les critères de bien-être
doivent être respectés, y compris par les fournisseurs étrangers.
- Aux traiteurs : Refusez, à l’instar des traiteurs suisses, de fournir de la viande de lapins
élevés en batterie. Si vous devez encore fournir de la viande de lapin, optez pour de la
viande de lapins élevés dans le respect de l’animal.
- Aux autorités : A l'instar des exemples suisse et autrichien, notre pays a grand besoin d’une
législation correcte, offrant davantage de garanties pour un meilleur bien-être des lapins élevés pour leur viande.
282
Mail personnel d'Anna-Lena Krebs, de l'association Vier Pfoten, 30/03/2009 283 http://www.kagfreiland.ch/c_tierhaltung/KAM_kaninchen_unternehmen.shtml 31/03/2009
70
Annexe 1: Compte-rendu des problèmes de bien-être et des solutions
possibles pour les lapins de chair, les femelles reproductrices et les mâles
reproducteurs
1. Lapins de chair
En ce qui concerne les lapins de chair, abattus à l’âge de douze semaines, voici les principales
questions prioritaires :
Problème
Plus
d’infos
Solutions possibles
Mort prématurée (en général et de
maladie)
I.3 et
II.3.1
- système d’élevage moins
intensif
- réduire le stress par un logement
adapté (pour les détails, voir
II.2) : de vastes clapiers
compartimentés et enrichis
(foin, blocs à ronger...)
- sélection de la race en fonction
de la résistance générale et de la
résistance au stress
- - vaccination préventive
Mort prématurée en raison de
problèmes digestifs
II.1.1 et
II.2.3
- alimentation équilibrée et
suffisante
- paille ou foin (frais)
- permettre plus de liberté de
mouvement
Mort prématurée en raison de
problèmes respiratoires
II.2.6 - bonne hygiène (enlever les
déjections à temps, par
exemple)
- humidité élevée de l’air
Blessures cutanées II.3.2 - pas de cages grillagées
- assez d’espace, et possibilités de
fuite pour contrer les
comportements agressifs
- compartiments, cachettes
- enrichissement des enclos
- sélection en fonction du
caractère de sorte que les
groupes sociaux se forment avec
moins d’agressivité
Ennui, apathie II.2.2 - assez d’espace pour sauter,
gambader, courir (80 cm de
long pour une cage est
insuffisant284
)
- matériel d'enrichissement : foin,
paille, plates-formes, blocs à
ronger, jouets, etc.
284
The Impact of the current housing and husbandry systems on the health and welfare of farmed domestic rabbits
(L’influence des systèmes de logement et d’élevage actuels sur la santé et le bien-être des lapins domestiques
d’élevage), EFSA, Scientific Report, 2005, p 53
71
- plein air
Angoisse, panique II.4.1 - prévoir des cachettes
- logement pour un groupe stable
- contact avec l’homme dès le
plus jeune âge
Souffrance animale lors du
transport
II.3.9 - tuer les animaux malades dans
l’entreprise même
- prévoir des boîtes de transport
adéquates de sorte que les
animaux ne soient pas blessés
lors du chargement et de
l’empilement de celles-ci
- espace : au moins 600 cm2 par
lapin
- ne pas importer de lapins de
pays lointains comme la
Pologne, ne pas exporter de
lapins vers des destinations
lointaines comme les Emirats
Arabes Unis.
Souffrance animale à l’abattoir II.3.10 - prévoir à manger et à boire à
l’abattoir
- réduire le stress en n’abattant
pas les animaux en présence
d’autres encore en vie
- attraper les animaux
correctement : par la peau du
cou en soutenant les pattes
arrière. Jamais par les oreilles !
- étourdissement efficace et
égorgement immédiat afin
d’éviter tout retour à la
conscience
- ne suspendre les lapins tête en
bas (à un crochet de boucherie
qui transperce la patte arrière)
que lorsqu’ils sont morts
72
2. Femelles reproductrices
Problème
Plus
d’infos
Solutions possibles
Pourcentage de remplacement
très élevé (100 à 120% par an est
considéré comme normal, mais ce
pourcentage peut atteindre 160%)
II.3.3 - schéma d’élevage moins
intensif : plus de repos après
une portée et pas de fécondation
pendant deux mois, de manière
à ce que le bilan énergétique
reste positif
- fécondation naturelle, à la place
d’une induction hormonale de
l’ovulation suivie d’une
insémination artificielle, de
sorte que la taille de la portée ne
soit pas exagérée
- logement en groupe, comme en
Suisse ou en Autriche, ou selon
le modèle de l'élevage 'De
Huppelhoeve'
- clapiers compartimentés, plates-
formes surélevées et possibilités
de s’isoler (selon le modèle du
docteur Markus Stauffacher)
- alimentation équilibrée et
suffisante et paille ou foin
- prévoir la possibilité de creuser
Pododermatite grave II.3.4 - pas de fonds de cage grillagés
- espace : la possibilité de
pouvoir suffisamment se
déplacer, sur un revêtement de
sol adapté
Ennui pour les femelles
reproductrices dans les cages
d’attente ou les cages
individuelles
II.5.3 - supprimer les cages d’attente en
créant des groupes d’âge de
quelques femelles
reproductrices et d’un mâle,
comme en Suisse et comme
dans l’élevage 'De
Huppelhoeve'
- plein air
Comportement maternel déviant II.5.4 - rythme d’élevage moins intensif
- suffisamment d’espace,
possibilité de s’isoler
- interaction sociale, sans que
cela ne constitue une menace
pour la femelle ou sa
progéniture
- matériel suffisant pour le nid
(paille, foin, copeaux de bois,
…)
73
3. Mâles reproducteurs
Les principaux points d’attention pour les mâles reproducteurs sont : un logement plus adapté
(plus d’espace, des objets à ronger, de la paille ou du foin, de bonnes conditions climatiques au
sein de l'élevage), une alimentation adéquate (idéalement, 50% de granulés, 50% de fourrage
frais). Le logement individuel dans de petites cages grillagées, comme dans les élevages en
batterie en Belgique, est très problématique. Un mâle reproducteur doit vivre avec six à sept
femelles (comme en Suisse, selon le système du docteur Markus Stauffacher), de façon à
permettre la fécondation naturelle. Le risque d’agression sera réduit au minimum par une
sélection de races moins agressives.
74
Annexe 2: Comment mettre en place un logement en groupe plus respectueux du bien-être animal ?
1. Clapier collectif pour les lapines reproductrices et un mâle
Chaque clapier possède une superficie de 8 m2 et comporte plusieurs niveaux de sorte que la
surface utile totale atteint 13 m2. Il abrite 7 à 12 femelles reproductrices et un mâle, avec les
portées respectives jusqu’à l’âge du sevrage (4 semaines).
De la sorte, chaque animal peut gambader, sauter et courir.
A l’arrière du clapier, un vaste râtelier propose en permanence de la paille et/ou du foin. Sous ce râtelier, se
trouve un plateau de nourriture et de boisson. L’alimentation
est disposée dans une mangeoire de manière à ce que plusieurs
animaux puissent se
nourrir en même temps. L’eau est dispensée par un biberon.
Etant donné que les animaux passent beaucoup de temps à cet
endroit, et que beaucoup de déjections et d’urine s'y déposent
donc, ce plateau est réalisé en grilles plastiques confortables
(que l’on trouve dans les élevages porcins), qui laissent passer les déjections. Les déjections et l’urine arrivent sur un plateau
et sont évacuées par le côté.
Sous cette unité, se trouve la « crèche », où séjournent tous les
lapereaux du groupe qui ont plus de 18 jours (âge auquel ils
quittent le nid), jusqu’au sevrage 10 jours plus tard. Cette
crèche est séparée du reste du clapier par une grille en métal sorte que les lapereaux puissent
venir près des mères pour téter, mais non l’inverse. Les jeunes disposent ainsi d'un endroit
tranquille pour se cacher, avec leur propre nourriture et boisson, à partir duquel ils peuvent
explorer le clapier des femelles reproductrices comme bon leur semble.
Du côté gauche et droit du clapier, se trouvent au total 10 compartiments à nid. Des clapiers
de test précédents ont montré qu’il est absolument nécessaire de fixer les compartiments à nid à
une certaine hauteur de sorte que les jeunes lapins ne puissent y sauter. Cela permet d’éviter
que de jeunes lapins entrent dans le mauvais nid, perturbant ainsi des portées plus jeunes, ou
occupent des nids vides, privant de la sorte des femelles reproductrices d’un nid. A 18 jours, les
jeunes lapins sont sortis manuellement du nid et placés dans la crèche. Les jeunes de différentes
portées peuvent sans problème être allaités par différentes mères. Le fait d’accrocher les nids en
hauteur présente l’avantage supplémentaire de créer de l’espace en-dessous de ceux-ci. Les
femelles reproductrices considèrent cette partie du clapier comme un endroit sûr et l’utilisent
souvent comme dortoir commun. La mère peut arriver dans son nid par un étroit couloir
(imitant une galerie) formé par l’espace entre deux compartiments à nid. Cette fausse galerie
attire tellement les animaux que seul un petit pourcentage de femelles reproductrices n’utilise
pas les compartiments à nid pour mettre bas.
Maquette d’un clapier pour
reproductrics et un mâle les
femelles
75
Les compartiments à nid sont fermés sur le dessus par des couvercles permettant le contrôle
quotidien de la portée. Ces couvercles sont disposés de manière à pouvoir être utilisés comme
niveau de déambulation supplémentaire par les animaux. Une grande partie de leur vie active se
déroule au-dessus des compartiments à nid. Il est également très important que ce niveau puisse
être utilisé comme échappatoire lors des conflits, ce qui tue le plus souvent dans l’œuf les
bagarres.
L’assise des clapiers est constituée d’une dalle de béton (très appréciée par les lapins pour sa
fraîcheur lors de la chaleur des mois d’été), recouverte de copeaux de bois. Ces copeaux se
mélangent au fil du temps avec les déjections sèches pour former après quelques semaines une
couche dans laquelle les animaux peuvent creuser. L'entièreté de l’élevage sera vidé une fois
par an, pendant la période de repos des femelles reproductrices. Ce n’est qu’alors qu’une
nouvelle couche de copeaux sera versée. Il va sans dire que le reste du temps, tous les endroits
souillés seront nettoyés en permanence.
Etant donné que la plupart des composantes de ce clapier sont en bois (dur), les lapins peuvent
satisfaire leurs besoins naturels de rongeurs.
2. Clapier collectif pour jeunes lapins de chair
Ce clapier est de type ‘open-front’, donc également avec ventilation naturelle.
Il comporte 20 départements entièrement séparés les uns des
autres : les animaux y sont logés au sevrage par catégorie d’âge.
Chaque clapier possède une superficie de 9 m2, et est de forme
rectangulaire.
Différents niveaux supplémentaires en L sont aménagés dans ce
clapier, fabriqués dans des grilles plastiques confortables (voir
supra), ce qui permet une superficie parcourable totale d’environ 16 m
2, abritant un groupe de 140 lapins.
Souvent, dans un clapier, seule une partie du groupe est active
tandis que les autres lapins se reposent les uns tout près des
autres. De ce fait, 'l’espace de jeu' est très grand.
Les niveaux en L sont au nombre de trois, répartis à différentes
hauteurs. Ce système rend les possibilités de mouvement plus
variées car il permet aux animaux de sauter de diverses manières.
En outre, il crée sous la grille la plus basse une zone sombre,
sécurisante, dans laquelle les lapins peuvent se réfugier s’ils ont
peur.
76
Les différentes grilles sont reliées entre elles par de petites échelles, de sorte que les nouveaux
venus trouvent facilement leur chemin dans le clapier. L’une de ces échelles est en bois, de
manière à pouvoir être rongée par les lapins de chair.
Le sol en béton sera d’emblée recouvert de copeaux de bois, et il faudra ajouter une couche de
paille fraîche une fois par semaine, selon le système de la litière accumulée285
. Une grande
partie de cette paille sera consommée par les lapins, le reste servira de litière.
Les lapins disposent également d’un râtelier, proposant en permanence de la paille et/ou du foin frais. Ils peuvent s'abreuver à un grand bac situé dans la partie avant du clapier, sur la
grille en plastique, de façon à ce que les déjections n'y tombent pas. Ce bac est facile à rincer
et à remplir lors des soins quotidiens. La nourriture se trouve dans deux mangeoires distinctes,
l’une sur la grille du milieu et l’autre sur la grille arrière. Outre les classiques granulés
(idéalement sans ajouts médicamenteux), les animaux reçoivent également de l’orge.
L’alimentation se fait par une chaîne d’alimentation automatique.
Lorsque les lapins ont atteint l’âge d’abattage et que le clapier est donc vide, les déjections sont
enlevées à la machine (chargeuse sur pneus). Le clapier est nettoyé, désinfecté et préparé pour
accueillir un nouveau groupe.
Source : Inge Overmeire (ancienne exploitante de 'De Huppelhoeve'), ‘Levenswijze en gedrag van
konijnen en de implicaties daarvan voor de huisvesting’, (Mode de vie et comportement des lapins et
implications pour leur logement).
285
Une litière accumulée se compose d’une bonne couche de paille. Les animaux font leurs déjections sur la paille
et celles-ci se lient alors à la paille. Une nouvelle couche de paille est ajoutée régulièrement. De la sorte, les
animaux se trouvent de plus en plus haut. Le fait de ne pas enlever le fumier ainsi formé permet la création d’une
source de chaleur naturelle. Les litières accumulées sont vidées une à deux fois par an.
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