un pépin de pomme sur un poêle à bois...ses yeux en lunettes sur son nez. ma mère me jongle....

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Patrice Desbiens Un pépin de pomme sur un poêle à bois Prise deparole Poésie Extrait de la publication

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Patrice Desbiens

Un pépin de pomme sur un poêle à bois

Prise deparolePoésie

Ce sourire inoubliable.Comme un horizon.Et les yeux commedeux couchers de soleilqui se couchent dansla sagesse de cet horizon.Et les yeux commedoux dodo d’enfantune nuit d’hiverencore toute chaude dela prière du soir.Les yeux qui regardent sonenfant comme uneamoureuse.Une amoureuse, seule.Comme le mot :seul.

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Du même auteur

PoésiePoèmes anglais, suivi de Le pays de personne, suivi de La fissure de la fiction, nouvelle édition, Sudbury,

Éditions Prise de parole, coll. « BCF », 2011 [ 1988, 1995, 1997] En temps et lieux III, Montréal, L’Oie de Cravan éditeur, 2009En temps et lieux II, Montréal, L’Oie de Cravan éditeur, 2008Décalage, Sudbury, Éditions Prise de parole, 2008En temps et lieux, Montréal, L’Oie de Cravan éditeur, 2007Leçon de noyade, [s.l., s.é.], 2006Déchu de rien, [s.l., s.é.], 2006Inédits de vidé, [s.l., s.é.], 2006Désâmé, Sudbury, Éditions Prise de parole, 2005Grosse guitare rouge, avec René Lussier, Sudbury et Montréal, Éditions Prise de parole et Ambiance Magnétique,

2004, livre CDHennissements, Sudbury, Éditions Prise de parole, 2002Bleu comme un feu, Sudbury, Éditions Prise de parole, 2001Sudbury (poèmes 1979-1985), nouvelle édition, Sudbury, Éditions Prise de parole, 2000 [comprend L’espace qui reste,

1979 ; Sudbury, 1983 ; et Dans l’après-midi cardiaque, 1985]Rouleaux de printemps, Sudbury, Éditions Prise de parole, 1999L’effet de la pluie poussée par le vent sur les bâtiments, Montréal, Lanctôt Éditeur, 1999L’homme invisible / The Invisible Man suivi de Les cascadeurs de l’amour, nouvelle édition, coll. « BCF »,

Sudbury, Éditions Prise de parole, 2008 [1997, 1981 et 1987]La fissure de la fiction, Sudbury, Éditions Prise de parole, 1997L’effet de la pluie poussée par le vent sur les bâtiments, plaquette, Québec, Docteur Sax, 1997Un pépin de pomme sur un poêle à bois, Sudbury, Éditions Prise de parole, 1995 [comprend les recueils

Le pays de personne, Grosse guitare rouge et Un pépin de pomme sur un poêle à bois]Amour Ambulance, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 1989Poèmes anglais, Sudbury, Éditions Prise de parole, 1988Les cascadeurs de l’amour, Sudbury, Éditions Prise de parole, 1987 [voir nouvelle édition]Dans l’après-midi cardiaque, Sudbury, Éditions Prise de parole, 1985 [voir nouvelle édition]Sudbury, Sudbury, Éditions Prise de parole, 1983 [voir nouvelle édition]L’homme invisible / The Invisible Man, Sudbury, Penumbra Press et Éditions Prise de parole, 1981 [voir nouvelle édition]L’espace qui reste, Sudbury, Éditions Prise de parole, 1979 [voir nouvelle édition]Les conséquences de la vie, Sudbury, Éditions Prise de parole, 1977Ici, Éditions À Mitaine, 1974Larmes de rasoir, [s.l., s.é.], 1973Cimetière de l’œil, [s.l., s.é.], 1972

Documents audioPatrice Desbiens et les moyens du bord, avec René Lussier, Guillaume Dostaler, Jean Derome et Pierre Tanguay, Montréal,

Ambiance Magnétique, 1999, CDLa cuisine de la poésie présente : Patrice Desbiens, Sudbury, Éditions Prise de parole, 1985, audiocassette

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Un pépin de pomme sur un poêle à bois

Poésie

Éditions Prise de paroleSudbury, 2011

Patrice Desbiens

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives CanadaDesbiens, Patrice, 1948- Un pépin de pomme sur un poêle à bois / Patrice Desbiens. – 2e éd.Poèmes.L’édition originale, 1995, comprenait deux autres recueils en plus du recueil éponyme.ISBN 978-2-89423-258-3I. Titre.

PS8557.E754P463 2011 C841’.54 C2011-900248-5

Distribution au Québec : Prologue • 1650, boul. Lionel-Bertrand • Boisbriand (QC) J7H 1N7 • 450-434-0306

Ancrées dans le Nouvel-Ontario, les Éditions Prise de parole appuient les auteurs et les créa teurs d’expression et de culture françaises au Canada, en privilégiant des œuvres de facture contemporaine.La maison d’édition remercie le Conseil des Arts de l’Ontario,

le Conseil des Arts du Canada, le Patrimoine canadien (programmes Développement des communautés de langue officielle et Fonds du livre du Canada) et la Ville du Grand Sudbury de leur appui financier.

Conception de la page de couverture et mise en pages : Olivier Lasser

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.Imprimé au Canada.Copyright © Ottawa, 2011 [1995]Éditions Prise de paroleC.P. 550, Sudbury (Ontario) Canada P3E 4R2www.prisedeparole.ca

ISBN 978-2-89423-258-3ISBN 978-2-89423-341-2 (Numérique)

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Elle n’est pas morte.Elle fait semblant.Comme toutes ces choses quenous avons l’air de faire.

Elle lit ceci par-dessus monépaule.Je sens sa mainmaternelle et glacialesur mon épaule.Elle dit mon nom.Elle répète mon nom, commeune litanie.Elle se répète.Je me répète.J’écris ceci avec l’efface de moncrayon, comme une cassette quise rembobine.Je me sers un autre verre descotch.

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Je la sens derrière moi.Je me retourne et elle estpartie.

Je retourne.Je me répète.Je me rappelle.Des places.Des faces.Une place.Une ville.Au sud du vrai nord oùle ciel mord la terre.Cette ville n’est pas morte.Elle fait semblant.Cette ville n’est pas facile.Elle est porte.Elle est prologue etépilogue.

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J’écris ceci :Elle n’est pas vivante.Elle fait semblant.Comme un rêve.Elle est vraie comme unrêve.Comme un livre.

Je suis tout petit.Je suis dans la maison de mamère comme si j’étais dansson ventre.J’ai chaud.Je suis bien.Je ne me rappelle de rien.Je joue avec mes Dinky Toys surun lit à couverte rouge.Les plis dans la couverte formentdes montagnes et des vallées où jeles fais promener.

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Où je leur fais vivre des vies et des mortssans corps et sans pays.Je suis présent dans le passé.Ma mère me regarde jouer avec mesDinky Toys en préparant le déjeuner.J’écris ceci :ce mot :soupane.Je ne vois rien.J’ai faim.J’ai les mains sales d’avoir tellementjoué à la guerre.

Je stationne mes Dinky Toys dansle hangar sous le lit et je m’assoisà la table.Je mange comme un angeles ailes en bavettes sur lesgenoux.Ma mère me regarde

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ses yeux en lunettes sur sonnez.

Ma mère me jongle.Elle me jongle entre le poêle à boiset la chaise berçante.Elle met un morceau de bois dansle poêle et elle me berce.C’est le mambo de la maman.Elle se répète.Ma mère me jongle.Ma mère me jungle.La maison fait le mambo avecma maman.La petite maison rouge en hautde la côtecôte à côte avecl’école Saint-Alphonse ettout autour c’est Timminsqui tremble sous unedouillette de neige.

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Elle n’est pas morte.Elle fait semblant.Il n’y a que la mort qui nefait pas semblant.Il n’y a que les hommes pourla faire vivre.Ma mère dit :J’ai ben plus peur des vivantsque des morts.Après,elle est morte.

Elle n’est pas morte.Elle fait semblant.Viens dans mon Vietnamelle dit en brûlant dansson cercueil.Et en brûlant elle vit.La vie continue.

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La vie continue comme untaxi qu’on hèle et quin’arrête pas.Le vent flaire la rue comme unvoleur.Il nous attend à chaquecoin de rue avec sonsourire tirelire et soncœur comme une caisse.Dans les bars les barmansont plus de tics qu’unlanceur de baseball etla vie continuerapide et sansrepentir.

Fleur-Ange Scanlan.Elle est venue de nulle part eta voyagé volage et village pourse retrouvernulle part.

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Elle ne sait rien.Elle ne veut rien savoir.Elle ne veut pas d’histoires etl’histoire ne veut pas d’elle.Elle se marie.Elle fait des enfants.Elle attend.Elle se répète en attendantla mort.La mort s’impatientefumant cigarette sur cigarette.La mort s’inquiète commeun père attendant un enfant.Elle est peinte comme unpanneau publicitaire etelle rit.Elle est panée comme du Kentuckyet menstruée comme la mer.Elle aussi attend.Elle aussi se répète.

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J’écris ceci :C’est ma mère.Je m’appelle...Je m’appelle...Adèle... ta maman t’appelle...Non... c’est pas ça.

Elle n’est pas là.Elle fait semblant.Elle lit ceci par-dessusmon épaule.Elle voit le grand blanc quej’ai devant moicomme le grand blancdu nord.Le grand blanc qu’on fixejuste avantle grand saut.Le grand saut qu’elle a faitil y a longtemps.

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Un jour ça sera ton tour.J’écris ceci :Mémére.Mémoire.Elle sourit par-dessus mon épaule.

Ce sourire inoubliable.Comme un horizon.Et les yeux commedeux couchers de soleilqui se couchent dansla sagesse de cet horizon.Et les yeux commedoux dodo d’enfantune nuit d’hiverencore toute chaude dela prière du soir.Les yeux qui regardent sonenfant comme uneamoureuse.

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Une amoureuse, seule.Comme le mot :seul.

Comme le père que je n’aijamais connu.Il n’y a que des photos.Dans les photos il a l’allured’Alain Grandbois.Le front haut etle regard baissévers la terrevers l’infini qui l’afinalement repris.Il est mort.Il ne fait pas semblant.Il est mort. Comme le mot :mort.

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Je me répète.Je vous répète.Je suis en dette.Je suis l’écho de magénération.Pauvre poisson.Encore les écaillesébouriffées.Regarde maman :On me donne de l’argentpour écrire des poèmes.Regarde maman :On me donne de l’argentpour lire des poèmes.Tout ceci est si beau.L’écriture nous coupe auxgenoux commeune faux.Tout ceci est si faux.Mais on continuequand même.

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Patrice Desbiens

Un pépin de pomme sur un poêle à bois

Prise deparolePoésie

Ce sourire inoubliable.Comme un horizon.Et les yeux commedeux couchers de soleilqui se couchent dansla sagesse de cet horizon.Et les yeux commedoux dodo d’enfantune nuit d’hiverencore toute chaude dela prière du soir.Les yeux qui regardent sonenfant comme uneamoureuse.Une amoureuse, seule.Comme le mot :seul.

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