un autre visage de la basse-normandie

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Janvier 2011 Supplément Ne peut être vendu séparément RECHERCHE ET INNOVATION UN AUTRE VISAGE DE LA BASSE-NORMANDIE

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Marquée par les mutations industrielles des décennies 1980 et 1990, la Basse-Normandie a rapidement su développer une économie dela connaissance autour de pôles d’excellenceet porteurs d’avenir dans la santé (neurosciences, imagerie médicale, cancérologie), la chimie (matériaux), la physique nucléaire, les sciences humaines et sociales, l’électronique et les technologies de l’information et de la communication.

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Page 1: Un autre visage de la Basse-Normandie

Janvier 2011

Supplément Nepeutêtrevenduséparément

recherche et innovation un autre visage de la

basse-normandie

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Page 2: Un autre visage de la Basse-Normandie

Le cahier 2 de « La Recherche » ne peut être vendu séparément du cahier 1 (LR N°448)Le cahier 2 du magazine « La Recherche »

a été élaboré avec le concours de la Région Basse-Normandie

SOPHIA PUBLICATIONS74, avenue du Maine - 75014 Paris

Tél. : 01 44 10 10 10e-mail rédaction : [email protected]

Pour joindre directement par téléphone un membre de la rédaction, composez le 01 44 10,

suivi des quatre chiffres placés après son nom.

Directrice de la rédaction : Aline Richard

Directeur scientifique : Jean-Michel Ghidaglia

Rédactrice en chef adjointe du cahier 2 : Andréa Haug

Conception et réalisation du cahier 2 : A noir, (01 48 06 22 22)

Secrétaire de rédaction du cahier 2 : Catherine Théau

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Isabelle ParezComptabilité :

Marie-Françoise Chotard (13 43)

« La Recherche » est publiée par Sophia Publications, filiale de Financière Tallandier

Président-directeur général et Directeur de la publication : Philippe Clerget

Crédits photographiques. Une : Fotolia.com /Alexander Kosenkov, Lightbox, Alex Vasilev,

Laurent Davaine, Dmitry Nikolaev, Sebastian Kaulitzki , Epictura /Anneke Schram

P. 3-4-11-12-15-16-21-23 : D.R. - P. 5 : Ganil/CEA/Philippe Stroppa - P. 6 : Cyclopharma -

P. 7 : Inserm - P. 9 : Ribeg P. 10 : Faurecia - P. 11 : fotolia.com/Stéphane Bouilland -

P. 14 : Marie Docher/Photononstop - P. 16 : Audi - P. 17 : Cirale, Quadraxis - P. 18 : REA -

P. 20 : Artengo, Anthony Martinet/LookatSciences - P. 21 : Clarec - P. 22 : Photo12-Iloveimages - P. 23 : Cireve/universtité de Caen

Les titres, les intertitres, les textes de présentation et les légendes sont établis par la rédaction. La loi du 11

mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation

ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur, ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4 du Code de

propriété intellectuelle). Toute copie doit avoir l’accord du Centre français du droit de copie (CFC, 20, rue des

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qui semblerait contraire aux intérêts moraux ou matériels de la publication.

Cahier 2 de « La Recherche » - Commission paritaire : 0909 K85863 ISSN 0029-5671

Imprimerie Canale, Via Liguria 24, 10071 Borgaro, Torino (Italie). Dépôt légal à parution.

© 2010 SOPHIA PUBLICATIONS. IMPRIMÉ EN ITALIE. PRINTED IN ITALY

2 - n° 448/janvier 2011/La recherche - région basse-normandie

• sommaire

ÉDITORIALSymbiose technologique et excellence industrielle .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

SANTÉEntretien avec Gilles Defer, chef du pôle recherche du Centre hospitalier universitaire de Caen, et Khaled Meflah, directeur général du Centre François-Baclesse : « Fédérons nos forces pour transformer les essais de la recherche » . . . . . . . 4Mobiliser les savoirs contre le cancer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Accident vasculaire cérébral : la contre-attaque se peaufine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Se souvenir de notre futur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

MATÉRIAUXL’art de concevoir des matières intelligentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Entretien avec Ségolène Henri-Dubernet, chargée de mission à la Miriade : « Nos produits : un terreau favorable aux inventions » .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

ENTRETIENLaurent Beauvais, président du Conseil régional de Basse-Normandie : « Renforcer l’interdisciplinarité pour bâtir un avenir durable » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

NUMÉRIQUEPortable, achète-moi mon billet de train . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Entretien avec Franck Murray, directeur d’IPDIA : « Nos composants électroniques ont franchi un cap » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16Un saut numérique pour le Cirale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Incubateur d’originalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

RESSOURCES NATURELLESInventer la pêche de demain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18Le lin joue sur la fibre technique et écologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20La prairie normande, un patrimoine naturel valorisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20Entretien avec Franck Levoy, responsable du projet Clarec : « Clarec scanne le littoral à très haute définition » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

SCIENCES HUMAINESImpulser de la valeur ajoutée par la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22La MRSH, coagulatrice des savoirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23La Rome antique en 3D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

COOPÉRATIONBasse-Normandie : un rayonnement international . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

La liste des établissements mentionnés dans ce supplément n’est pas exhaustive.

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région basse-normandie – La recherche/janvier 2011/n° 448 - 3

Marquée par les mutations in-dustrielles des décennies 1980 et 1990, la Basse-Normandie a

rapidement su développer une économie de la connaissance autour de pôles d’excellence et porteurs d’avenir dans la santé (neuro-sciences, imagerie médicale, cancérologie), la chimie (matériaux), la physique nucléaire, les sciences humaines et sociales, l’électronique et les technologies de l’information et de la communication.

L’État et la Région Basse-Normandie attendent des activités de recherche et d’in-novation, vecteurs majeurs du développement à long terme et de l’insertion de la région dans l’économie mondiale, qu’elles soient à la pointe des connaissances scientifiques et des débouchés économiques.

Élus locaux, industriels, acteurs de la recherche publique, étudiants et représentants du monde industriel et économique dévelop-pent des partenariats actifs pour faire de l’inno-vation le fruit d’une intelligence collective, bâ-tie sur la durée. Ces synergies se construisent notamment au travers d’initiatives majeures, tels que le Comité consultatif régional pour la recherche et l’innovation, lancé il y a deux ans, ou le Conseil national de recherche et

technologique matériaux. L’École nationale supérieure d’ingénieurs de Caen joue un rôle essentiel dans ce processus d’intégration des acteurs. Ainsi, le Centre mondial des méca-nismes de sièges de Faurecia à Caligny, dans l’Orne, qui regroupe un site de production, un centre mondial de recherche et développe-ment et un campus indus-triel, intègre un centre de formation des ingénieurs de l’école par apprentis-sage. Autre exemple du dynamisme automobile du territoire : l’un des pans du pôle de compétitivité à vocation mondiale Mov’eo est implanté dans la Région avec des axes de recherche structu-rants sur les nouveaux matériaux.

Si Faurecia a choisi Caligny pour y installer le centre névralgique mondial de son activité mécanismes de sièges, c’est notam-ment parce qu’il y règne cette culture du dia-logue et de l’ouverture, combinée à un savoir-faire industriel reconnu internationalement. La Basse-Normandie au centre du monde ? Loin des incantations, la Région s’impose ré-solument comme un territoire d’excellence qui vit au rythme de l’avenir. •

éditoriaL •

christophe aufrère est directeur de recherche

chez Faurecia.

Symbiose technologique et excellence industrielle

« Faire de l’innovation le fruit d’une

intelligence collective, bâtie sur la durée. »

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Recherche, enseignement, chirurgie et soins : les synergies entre le Centre hospitalier de Caen (CHU) et le Centre François-Baclesse (CFB) placent la santé au cœur des préoccupations scientifiques et médicales de Basse-Normandie.

en région, quel est le panorama de la recherche en santé ?Gilles Defer. En Basse-Normandie, la recherche se concentre sur les maladies chroniques invalidantes, sur les patholo-gies cardio-vasculaires et sur le cancer. Ce qui montre une cohérence avec les défis actuels de santé publique.Khaled Meflah. En cancérologie, la collaboration avec le CHU, qui a donné naissance à l’Institut régional du can-cer de Basse-Normandie, a permis de déterminer trois axes régionaux de recherche : l’épidémiologie et la préven-tion, pour lesquelles les compétences de la Région sont mondialement reconnues, l’innovation en thérapie et en imagerie, et la radiobiologie- hadronthérapie* actuellement en plein essor. Les prin-cipales localisations tumorales concer-

nées sont les tumeurs cérébrales et di-gestives, les cancers du poumon et de la plèvre ( mésothéliomes) et de l’ovaire.

en recherche, comment se positionne votre structure ?G. D. Acteur majeur de la recherche en région, le CHU de Caen dispose d’une organisation structurelle spécifique, en particulier pour la recherche réali-sée sur la personne, grâce à un pôle de

recherche et d’épidémiologie clinique, un conseil scientifique ou encore un centre de recherche clinique réalisant des essais de phase précoce. Un équi-pement de haut niveau en imagerie, biologie, physio logie et pharmacologie, en plus des 200 médecins hospitalo- universitaires, permet d’assurer la dy-

namique nécessaire à la recherche en santé. Chaque année, 40 % des projets de recherche relèvent de collaborations avec l’industrie du médicament.K. M. Au sein du Groupe régional d’études sur le cancer de l’université de Caen Basse-Normandie, les chercheurs du CFB mènent des travaux pour amé-liorer la connaissance des facteurs de risque et explorer de nouvelles voies thérapeutiques. Ils s’appuient sur les résultats de la recherche fondamentale pour favoriser une démarche associant biologistes, chimistes et cliniciens. Des avancées technologiques en imagerie microscopique sont aussi réalisées dans le domaine de l’anatomie pathologique.

Quel est l’état des connaissances ?G. D. Le domaine de prédilection de recherches conjointes, entre médecins du CHU et chercheurs des unités de recherche de la Plate-forme d’imagerie biomédicale Cyceron, des quatre équipes Inserm et de l’UFR Médecine de Caen, concerne les neurosciences, les maladies inflammatoires, les cardio sciences et, bien sûr, la cancérologie, en collabora-tion étroite avec le CFB. L’effort porte sur les nouvelles thérapies et sur les dis-positifs médicaux innovants.K. M. Le CFB bénéficie d’une recon-naissance internationale pour ses tra-vaux sur le risque de cancer en milieu agricole, avec la cohorte Agrican forte de 180 000 personnes issues du milieu agri-cole. Des études sur les mécanismes de résistance à la chimio thérapie de cancers de l’ovaire ont conduit à de nouveaux ou-tils moléculaires provoquant la mort des cellules cancéreuses chimiorésistantes. Certaines de ces stratégies, qui ont prouvé leur efficacité sur des modèles cellulaires et animaux, sont en cours de transfert vers la recherche clinique.Propos recueillis par Andréa Haug* L’hadronthérapie traite les cellules cancéreuses résistantes à la radiothérapie par rayons X. Elle les irradie avec des hadrons (protons ou ions carbone). 

Khaled meflah est directeur général

du Centre François-Baclesse.

gilles defer est chef du pôle recherche

du Centre hospitalier universitaire de Caen.

« Fédérons nos forces pour transformer les essais de la recherche »

entretien

« Nos recherches portent sur l’épidémiologie, la prévention et les

nouveaux traitements. »

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Mobiliser les savoirs contre le cancer

Biologistes, physiciens, médecins : les différentes équipes de recherche s’associent pour trouver de nouvelles thérapies et ainsi vaincre la maladie.

Avec près de 356 000 nouveaux cas recensés en 2010 en France, l’Institut de veille sanitaire observe une légère hausse du cancer. Défi de santé publique, la

lutte contre le cancer mobilise en Région différentes dis-ciplines scientifiques qui travaillent de concert. Objectif : comprendre les pathologies et créer de nouvelles stra-tégies thérapeutiques. Depuis une trentaine d’années à Caen, le Grand accélérateur national d’ions lourds (Ga-nil) du Commissariat à l’énergie atomique et aux éner-gies alternatives et du CNRS permet l’étude du compor-tement de particules élémentaires grâce à des faisceaux d’ions d’une capacité de 100 millions d’électronvolts par unité de masse. « Ces particules offrent de belles perspectives en cancé rologie », indique Sydney Gales, directeur du Ga-nil. En radio thérapie, l’une des pistes prometteuses est

l’hadronthérapie. Au contraire de la radiothérapie clas-sique qui utilise des rayons X, l’hadronthérapie traite les cellules malades en les irradiant d’ions carbone. Sa valeur ajoutée ? Elle cible mieux les tumeurs et réduit les effets secondaires dus aux rayons. En outre, elle pourrait être utilisée chez des patients atteints de tumeurs ino-pérables et résistantes aux traitements conventionnels.

Pour approfondir les recherches du fondamental jusqu’aux applications, le projet Advanced Resource Centre for Hadrontherapy ( Archade) est en construc-tion sur des terrains cédés par le Ganil. Le centre de recherche Archade est le fruit d’une collaboration entre le Conseil régional de Basse-Normandie et la société belge Ion Beam Applications (IBA), leader mondial de cyclotron, appareil accélérateur de particules à

Le Grand accélérateur national d’ions lourds, à Caen, participe à la lutte contre le cancer, notamment en radiothérapie.

santé •

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usage médical. Dans les locaux d’Archade, IBA construit un cyclotron de 400 millions d’électron volts par particule pour un coût estimé à 70 millions d’euros.

En attendant 2015, date à laquelle Archade sera opérationnel, des équipes travaillent déjà. Ainsi, les phy-siciens du Centre de recherche sur les ions, les matériaux et la photonique (Cimap) mettent à disposition des équi-pements et leurs compétences auprès des biologistes du Laboratoire accueil et de recherche avec les ions accélé-rés (Laria). Ensemble, ils réalisent des études in vitro sur le taux de mortalité des cellules après irradiation. « Les irradiations avec des particules lourdes et rapides augmentent la probabilité de cassure du double brin de l’ADN, rapporte Serge Bouffard du Cimap. Les systèmes de réparation de l’organisme apparaissent alors moins efficaces, d’où l’appa-rition de mort cellulaire ou de  cancérisation. »

Pour comprendre ce qu’il se passe, une fois la tumeur présente, la Plate-forme d’imagerie biomédicale Cyce-ron effectue des recherches en imagerie par émission de positon. L’équipe de Myriam Bernaudin du Centre d’imagerie-neurosciences et d’applications aux patho-logies (CI-Naps) (1), spécialisée dans les tumeurs céré-brales, travaille sur le glioblastome, une forme agressive de cancer du cerveau. Une nouvelle thérapie repose sur l’arrêt de l’angiogenèse (néovascularisation participant à la croissance de la tumeur). Avec l’industriel Cyclopharma (lire « Traquer les cellules malades », ci-dessus), l’équipe de

Louisa Barré du CI-Naps se concentre sur le développe-ment d’un radiotraceur qui a démontré dans une étude pré clinique sa spécificité pour l’imagerie des lymphomes, cancers du système lymphatique. Pour recueillir des don-nées chiffrées sur les marqueurs pronostiques des cancers, l’équipe de Benoît Plancoulaine et de Paulette Herlin au Centre François-Baclesse (CFB) utilise un scanner micro-scopique qui permet d’obtenir des images numériques de très grande taille de coupes des tissus d’une tumeur.

Stratégies de traitementLe Laboratoire de physique corpusculaire s’attache, lui, aux aspects physiques de l’hadronthérapie. « Si les ions carbone offrent une meilleure balistique, rappelle le directeur Daniel Cussol, ils affichent une probabilité non nulle de réagir avec les noyaux sains du corps humain. » Des recherches tentent de prédire l’impact de ces réactions entre noyaux sur le dépôt de dose dans les tissus humains. Les biologistes utilisent ces résultats pour évaluer les dégâts biologiques et les médecins s’en servent pour optimiser les stratégies de traitement. De son côté, le Centre d’étude et de recherche sur le médicament de l’université de Caen Basse-Normandie évalue de nouvelles molécules d’intérêt thérapeutique possédant des mécanismes d’action les plus modernes possible, « car la molécule miracle n’existe pas », souligne le directeur Sylvain Rault. En transfert industriel, la fa-mille des tripentones, des inhibiteurs d’enzyme, donne de bons résultats dans les cas de cancers du sang et de la moelle (leucémie myéloïde).

Il s’agit par ailleurs de comprendre les causes de la maladie. Pierre Lebailly, responsable du programme Agriculture et cancer au CFB, mène, avec l’équipe Can-cers et populations de Guy Launoy à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, un programme de recherche de corrélation entre les agriculteurs expo-sés aux pesticides en Europe et ceux qui ont développé un cancer. « Avec l’Institut fédératif  de recherche interactions  cellules organismes environnement, témoigne Guy Launoy, nous améliorons aussi les techniques de dépistage, comme celui du cancer colorectal. » Un nouveau test immunologique, plus sensible que l’actuel, est inclus dans le Plan can-cer II et sera déployé en France. Impliquée dans la mesure des disparités sociales, l’équipe de Guy Launoy rapporte que des inégalités de survie sont liées au milieu social et à la distance entre le domicile et le centre de soins. Des solutions de transport, de prise en charge psychologique et d’accompagnement au dépistage sont testées. Que ce soit en radiologie-hadronthérapie, en imagerie ou en épidémiologie-prévention, un continuum entre la recherche fondamentale et les thérapies permet de sauver des vies. Andréa Haug(1) Le CI-Naps est sous la tutelle du CNRS, du CEA et des universités de Caen Basse-Normandie et de Paris-Descartes.

Traquer les cellules maladesPartenaire de la Plate-forme d’imagerie biomédicale Cyceron, Cyclopharma fabrique de nouveaux traceurs radioactifs pharmaceutiques. En phase préclinique,

les chercheurs en testent un capable d’agir directement sur la cellule cible une fois injecté au patient (radiothérapie métabolique). Ces travaux visent à diagnostiquer plus vite certains types de cancers de la peau appelés mélanomes. Plusieurs sites de production de ces traceurs permettront bientôt de livrer les hôpitaux français en moins de deux heures.

De nouveaux traceurs radioactifs, testés chez Cyclopharma, devraient permettre de diagnostiquer plus vite certains cancers de la peau.

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Percer les secrets de la mé-moire, tel est l’objectif de l’équipe caennaise de Francis Eustache, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Pour y par-venir, les chercheurs étudient la mémoire de personnes atteintes

de pathologies cérébrales et celle de personnes en bonne santé.

Ils ont ainsi découvert que les enfants apprenaient différem-ment des adultes en n’emma-gasinant que peu de souvenirs leur permettant de revivre une

scène. Cette mémoire épisodique se développe en fait progressi-vement jusqu’à l’adolescence. La mémoire impliquerait un vaste réseau cérébral, comme l’ont dé-montré des travaux sur la mala-die d’Alzheimer : les lésions ont en fait des répercussions sur des structures cérébrales très éloi-gnées. Une piste thérapeutique consisterait donc à réactiver ces zones dysfonctionnelles.

L’équipe s’oriente aussi vers un autre champ exploratoire : la « mé-moire du futur » et ses troubles. La difficulté que rencontrent des ma-lades à se projeter dans le temps indiquerait que la mémoire joue un rôle dans notre capacité d’anticipa-tion. Ces résultats révèlent que la mémoire s’organise en différents systèmes et fonctionne en boucles joignant passé et futur (1). •(1) F. Eustache et B. Desgranges, Les Chemins de la mémoire, Inserm-Le Pommier, 2010.

région basse-normandie – La recherche/janvier 2011/n° 448 - 7

santé •

Dans le laboratoire caennais de Denis Vivien, à l’Institut national de la santé et de la recherche mé-dicale, tout tourne autour d’une molécule qui fluidifie le sang en cas d’accident vasculaire cérébral (AVC). Nom de code : tPa (activa-teur tissulaire du plasminogène). Bien que très efficace, le tPA pré-sente un risque. En effet, il peut traverser les parois sanguines et favoriser ainsi la dégénérescence des neurones. Pour bloquer ces

effets délétères, l’équipe de Denis Vivien développe un anti-corps qui serait coïnjecté avec le tPA pour augmenter les chances de récupération des patients. Une combinaison gagnante, car le temps d’intervention après l’AVC pourrait ainsi passer de quatre heures à peut-être dix heures. Un brevet, déposé et sous licence avec un industriel en vue d’essais cliniques, offre des pers-pectives de traitement pour 2012.

Le savoir-faire de cette unité repose sur la production de mo-lécules recombinantes originales et de leur transformation pour en décortiquer le fonctionnement. En parallèle, elle applique ses connaissances sur des modèles animaux et s’appuie sur des ap-proches moléculaires, cellulaires, comportementales et d’imagerie cérébrale disponibles au sein de la Plate-forme d’imagerie bio-médicale Cyceron. •

accident vasculaire cérébral : la contre-attaque se peaufine

Le traitement progresse pour mieux agir sur la première cause de handicap en France.

Dans la maladie d’Alzheimer

au stade du diagnostic, les lésions de l’hippocampe (en rouge) et

des faisceaux de substance

blanche (1) entraînent

des anomalies fonction-

nelles (2) de tout un réseau

impliqué dans la mémoire.

se souvenir de notre futurLa mémoire joue un rôle dans l’apprentissage et… dans notre capacité à anticiper.

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Page 8: Un autre visage de la Basse-Normandie

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Plaque tournante des compétences régionales, l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Caen concentre les compétences de plusieurs

laboratoires de recherche de pointe qui réfléchissent à la fonctionnalité de matériaux de diverses natures. En thermoélectricité, procédé produisant de l’élec-tricité à partir de chaleur ou inversement, le Labo-ratoire de cristallographie et sciences des matériaux (Crismat) travaille sur le projet Syspacte, un système de pompe à chaleur thermoélectrique pour habita-tion. Il utilise notamment du Bi2Te3 (tellurure de bismuth) placé entre deux plaques au sein du pan-

neau thermo électrique. « Pour assurer un bon fonc-tionnement, explique Christophe Goupil, enseignant chercheur au Crismat, le matériau thermo électrique doit travailler dans certaines conditions de tension et de température en vue d’un optimum entre la tension du pan-neau et la capacité à pomper la chaleur. » Les travaux du Crismat s’étendent du fondamental jusqu’à la réalisa-tion du démonstrateur, qui précède le prototype. Le Centre national de recherche technologique (CNRT) matériaux assure, quant à lui, le volet technologique en lien direct avec les industriels. Un travail fonda-mental reste encore à accomplir autour des maté-

L’art de concevoir des matières intelligentes

Produire de l’électricité avec des gaz d’échappement, fabriquer des bioplastiques, soigner avec des produits hybrides… De l’industrie à la santé, optimiser les matériaux

avec de nouveaux procédés donne accès à un large champ d’applications.

De nouvelles matières hybrides

capturent des polluants

(en jaune) dans leur réseau

organo-métallique.

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riaux thermo électriques destinés à des applications à température ambiante pour réduire le coût de ces matériaux et en augmenter la performance.

Le Crismat s’implique également dans d’autres projets, tels que Renoter, porté par Renault Truck et labellisé par le pôle de compétitivité Mov’eo (lire « Mov’eo accélère l’innovation », ci-contre). Comme un véhicule perd 78 % de son énergie sous forme de chaleur dans les gaz d’échappement, une partie est convertie en électricité à l’aide de matériau thermo-électrique très performant. Cette énergie électrique alimente, par exemple, la climatisation, connue pour être gourmande en carburant.

Bio et processus industrielBien identifier les caractéristiques de chaque ma-tériau est essentiel pour en optimiser la fonction-nalité (lire « Faurecia révolutionne les sièges auto-mobiles », p. 10). L’Institut supérieur de plasturgie d’Alençon (Ispa) est la seule école en France entiè-rement consacrée à cette filière industrielle. Y sont notamment étudiés les comportements de polymères en contact avec des surfaces et des interfaces. « Cela peut s’exprimer par l’étude de la migration d’une for-mulation dans un tube de cosmétique », cite Laurent Cauret, responsable de recherche à l’Ispa. Dans le projet Matoria labellisé Mov’eo, les scientifiques étudient les matériaux biosourcés en vue de les substituer, dans les applications automobiles, à ceux issus du pétrole. Des mélanges sont réalisés et leurs propriétés mécaniques ou thermiques sont caracté-risées pour comprendre comment ces bioplastiques, issus de l’amidon, de la betterave ou du maïs, peuvent être intégrés dans un processus industriel soumis à un cahier des charges très précis. Un autre projet, Compo’Line, développe une filière régionale du bois polymère pour l’ameublement.

Dans la veine de l’écoconception, un brevet a été déposé pour le remplacement d’une méthode sulfochromique à base d’acide sulfurique. Très pol-luante, cette méthode sert à déposer une couche mé-tallique à la surface d’un matériau polymère, pour la fabrication de bouchons de flacons de parfum mé-tallisés, par exemple. La solution brevetée par l’Ispa s’appuie sur un traitement à la flamme moins nocif et tout aussi efficace.

L’analyse pointue des matériaux permet aussi d’améliorer le stockage des déchets nucléaires. Au sein du pôle normand des sciences nucléaires et de leurs applications Nucléopolis, le projet Genesis,

soutenu par le Centre de recherche sur les ions, les matériaux et la photonique, explore les phé-nomènes d’irradiation aux échelles nanométrique et atomique en vue de conforter la durabilité des structures et de qualifier les simulations numériques des phénomènes.

Dans le domaine de la synthèse de nouveaux matériaux organiques, le Laboratoire de chimie mo-léculaire et thio-organique (LCMT), en lien avec l’Ispa et le CNRT matériaux, est spécialisé dans les polymères organiques et les hybrides. Les compé-tences sont fédérées autour de projets souvent

Mov’eo accélère l’innovation Le pôle de compétitivité Mov’eo est né en 2006 de la fusion entre deux pôles, Normandy Motor Valley, spécialiste normand en propulsion, et Vestapolis, expert

francilien en mobilité et en sécurité routière. Depuis, Mov’eo bénéficie d’un rayonnement international dans l’automobile et dans les transports avancés. L’un de ses axes phares en matière de projets collaboratifs innovants est d’aborder de façon globale et intégrée les impacts environnementaux dans les matériaux. Basé sur une nano technologie de surface, le projet Renforcement ionique pour balai d’essuie-glace (Ribeg) concerne la bande élastomère en contact avec le pare-brise des véhicules. Jusqu’à présent, cette bande était traitée dans des bacs de produits chimiques fréquemment renouvelés. Une méthode coûteuse et peu écologique. Ribeg propose de révolutionner ce procédé de fabrication grâce à une technologie innovante de bombardement ionique sous vide, détenue par la société caennaise Quertech Ingénierie. En plus d’être plus propre et plus économique, cette technique double les capacités mécaniques de la bande élastomère qui essuiera donc mieux et plus longtemps. Également porté depuis un an par la branche systèmes d’essuyage du groupe Valeo, Ribeg dispose d’un budget de 2,4 millions d’euros sur vingt-huit mois. Finalisé, il contribuera, comme beaucoup d’autres projets innovants développés par Mov’eo, à renforcer la compétitivité internationale des entreprises de Basse-Normandie.

matériaux •

Un nouvel essuie-glace plus performant, grâce

au procédé de Quertech

Ingénierie, qui consiste

à bombarder la bande

nettoyante d’ions sous vide.

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inscrits dans un contexte industriel. Les tra-vaux portent ainsi sur une meilleure formulation de composites dentaires : « Le matériau est moins soumis à des phénomènes d’hydrolyse (décomposition par l’eau) et présente donc une meilleure tenue dans le temps, relate le professeur Pierre-Jean Madec, du LCMT. En outre, il adhère mieux à l’ivoire des dents. »

Purificateurs d’atmosphèreLa catalyse, procédé qui accélère une réaction chimique ou l’oriente dans une direction, tient une place majeure dans le domaine des matériaux. Au Laboratoire de catalyse et de spectro chimie, à Caen, « nous pouvons regarder, décrire et comprendre l’acte catalytique et ce pendant qu’il se passe », se réjouit Jean-Pierre Gilson, directeur. Les chercheurs tra-vaillent sur la catalyse au moyen de nano matériaux poreux, c’est-à-dire dont les atomes sont acces-sibles. Composé d’ions métalliques (aluminium, zinc ou chrome) reliés entre eux par un ligand

organique (un acide carboxylique), le matériau hybride appelé Metal Organic Frameworks (MOFs) est très promet-teur pour ses capacités d’absorption. Les MOFs sont au cœur du projet européen Macademia, dont l’un des objectifs est de concevoir des procédés spécifiques peu coûteux en énergie et ayant un impact limité sur l’environnement. Concrète-ment, les chercheurs étudient le stockage spécifique, dans ces MOFs, de molécules de dioxyde de carbone et d’hydroxyde de soufre rejetés dans l’atmosphère à la suite de combustions industrielles ou auto mobiles. Par ailleurs, il est possible de leur implanter des molécules pharma-ceutiques qui, lorsque le pH varie dans le corps humain, sont libérées. Des essais cliniques prometteurs sont en cours.

Les savoir-faire pointus de la com-munauté scientifique nourrissent de nou-velles fonctionnalités et en approfondis-sent d’autres. Depuis quelques années, la participation de plus en plus fréquente de compétences complémentaires et ex-térieures aux matériaux contribue éga-lement à ouvrir de nouveaux débouchés dans l’automobile, l’aéronautique ou l’éco conception. Lydie Laurens

Faurecia révolutionne les sièges automobiles

Présent dans une trentaine de pays, le groupe Faurecia, spécialiste de l’équipement automobile, a implanté, il y a deux ans, son Centre mondial des mécanismes

de sièges à Caligny (Orne). Dédié à la conception et à la production d’articulations et de glissières, le Centre fournit les différentes usines des constructeurs à travers le monde. Implanté sur 7 000 mètres carrés, il rassemble les activités des trois usines historiques de Flers (Le Bois-de-Flers, La Butte-aux-Loups et La Blanchardière). Il compte aussi un centre de recherche et développement, et un campus industriel et de formation, qui est en partenariat avec l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Caen. « Si nos sièges automobiles remplissent aujourd’hui parfaitement leur rôle en matière de sécurité, indique Christophe Aufrère, directeur de recherche, nous cherchons à présent des solutions pour réduire l’encombrement des constituants. » Ces futurs sièges, plus sûrs et plus légers, contribueront à réduire la consommation de carburant, donc les rejets de dioxyde de carbone. En plus de ses concepts, Faurecia révise la nature de ses matériaux. En production, la glissière Ultima utilise le Dual phase 1 000, un acier obtenu par un système de refroidissement qui permet d’aboutir à un compromis entre des propriétés de résistance et d’allongement de la matière. Autres pistes de développement liées aux matériaux : des pièces mécaniques en composite et des technologies de soudure au laser. Représentant un investissement de 50 millions d’euros, le site de Caligny emploie près de 1 400 personnes.

L’acier des glissières Ultima, ici tout juste sorties de presse, est obtenu par un procédé qui joue sur les propriétés de résistance et d’allongement de la matière.

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L’agence régionale de l’innovation Miriade accompagne vers la réus-site les projets innovants des entre-prises et des entités de recherche et de développement, de conseil et d’enseignement supérieur de Basse- Normandie.

Quelle est la mission de la miriade ?Ségolène Henri-Dubernet. Notre métier consiste à multiplier et à faire aboutir des projets innovants de trans-fert de technologie ou de valorisation de la recherche mis en route par des entreprises et des entités de recherche et développement (R & D). Concrè-tement, nous organisons des « Pas-serelles R & D », sorte de rencontres en tête à tête, entre des porteurs de projet industriel et des chercheurs. Dans les matériaux, qui représentent 35 % des projets suivis, Lint porte sur des composites à base de lin. Il réunit trois entreprises régionales et quatre laboratoires normands et bretons. Sé-lection de la graine, culture, récolte, extraction de la fibre, toutes les étapes sont étudiées par les industriels et les

scientifiques. L’idée est de valoriser une filière basée sur des fibres tech-niques de lin et l’utilisation de bio-polymères pour la réalisation d’éco-matériaux et d’écocomposites.

et quel est votre rôle ?S. H.-D. Il consiste à accompagner de tels porteurs de projet tout au long du développement, avec l’objectif de créer des débouchés dans les sports et les loisirs, le bâtiment, l’aéronautique et l’industrie. Lancé en 2007, Lint a, depuis, reçu le label du pôle de com-pétitivité Mov’eo spécialisé dans les transports et l’automobile, gage de son excellence.

Quelle est la spécificité de votre agence ? ??

S. H.-D. La Miriade se démarque par ses produits pour l’innovation et le développement économique répon-dant à des besoins identifiés sur le territoire bas-normand. Simples et rapides d’exécution, ces services don-nent des résultats significatifs (80 pro-jets collaboratifs en trois ans). Nous

sommes aussi présents sur le terrain pour rencontrer des chercheurs et des entrepreneurs. Nous travaillons en par-tenariat avec les cellules régionales de valorisation, que ce soit à l’université, à l’École nationale supérieure d’ingé-nieurs ou dans les centres de recherche. Nous fonctionnons également en réseau avec les centres régionaux pour l’inno-vation et le transfert, et les agences départementales équivalentes. Ces dé-marches se révèlent productives. Ainsi, dans les matériaux, cinq thèses sous convention industrielle de formation par la recherche, en thermo électrique ou en bio-optique, sont nées des « Pas-serelles R & D » entre chercheurs et in-dustriels. Quant aux perspectives, elles figurent dans nos pépites régionales que sont les fibres naturelles et les ma-tériaux thermoélectriques. Propos recueillis par Lydie Laurens

interview

matériaux •

ségolène henri-dubernetest chargée de mission innovation et recherche

à la Mission régionale pour l’innovation et l’action de développement économique (Miriade).

« Nos produits : un terreau favorable aux inventions »

entretien

« Objectif du projet Lint : exploiter le lin pour fabriquer

des éco matériaux. »

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Ingénieur de recherche CNRS et, de 1988 à 1993, chef de cabinet d’Hubert Curien, ministre de la

Recherche, le président de la Région Basse- Normandie accompagne son ter-ritoire vers davantage de développement scientifique et technique respectueux de l’homme et de la nature.

Quels sont les atouts scientifiques de la région ? Laurent Beauvais. Le profil de la recherche et de l’innovation en Basse-Normandie est assez typé : le poids de la recherche publique dépasse la moyenne nationale alors que la recherche privée reste faible. Dans le secteur public, nos domaines de compétences sont bien marqués dans les sciences nucléaires, avec le Grand accélérateur national d’ions lourds (Ganil). Cette installation, créée par deux organismes de recherche, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et le CNRS, regroupe 250 personnes. Avec

laurent beauvaisest président du Conseil régional de Basse-Normandie.

« Renforcer l’interdisciplinarité pour bâtir un avenir durable »

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la Plate-forme d’imagerie biomédicale Cyceron, associant l’université de Caen Basse-Normandie (UCBN), l’Inserm, le CNRS, le CEA, le Centre François-Baclesse et le Centre hospitalier uni-versitaire de Caen, la santé, notamment la lutte contre le cancer, dispose d’une forte synergie.

en recherche, quels sont les autres points forts ?L. B. Dans le domaine des matériaux, l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Caen est originale pour sa forte inter-action entre les activités de formation, de recherche et développement et les collaborations industrielles. Elle ras-semble dans un centre de recherche six laboratoires, associés au CNRS et à l’UCBN, et un laboratoire commun entre NXP France et le CNRS. La Région est également réputée pour ses activités dans l’environnement ou encore dans les sciences humaines, avec la Maison régio-nale des sciences humaines de l’université de Caen Basse-Normandie qui regroupe des compétences en économie, en socio-logie, en histoire ou en géographie.

Quelle est la stratégie de la région pour l’innovation ?L. B. Pour encourager la recherche privée encore trop peu développée sur notre territoire, nous impulsons du transfert de technologie issue de la recherche dans le secteur économique. C’est pourquoi, nous soutenons une palette d’acteurs, comme la Mission régionale pour l’innovation et l’action de développement économique ou les pôles de compétitivité spécialisés chez nous dans l’automobile (Mov’eo), les transactions électroniques sécurisées (TES, 100 % normand), l’agroalimen-taire (Valorial) et la Filière équine. Créé il y a déjà dix ans, Normandie Incubation accueille et accompagne des projets de création d’entreprises de technologies innovantes. Cet incubateur

d’entreprises est aujourd’hui très bien noté à l’échelle nationale. Plus récent, le dispositif Étape de préincubation et d’innovation (EP2I), porté par l’UCBN, aide à la maturation d’idées innovantes des personnels et des étudiants des éta-blissements publics de recherche et de formation.

Quelle est l’originalité de votre politique ?L. B. En plus de soutenir les acteurs de transfert de technologie et de soutien à l’innovation, je veux faire porter un effort particulier sur la valorisation scientifique et technique au travers d’une structure qui fédérerait les acteurs de la recherche et de l’innovation. Développer l’inter-disciplinarité est également primordial. Nous devons ouvrir de nouveaux champs de recherche, notamment dans les do-maines du développement durable et de la qualité de vie. Dans le secteur de la san-té, à partir des sciences nucléaires et des

neurosciences, portées respectivement par le Ganil et Cyceron, se développe le formidable projet Archade, centre euro-péen de recherche et développement en hadronthérapie*, dédié notamment à la lutte contre le cancer. Grâce aux travaux de coopération scientifique et technique, des processus innovants offrent des trai-tements anticancéreux beaucoup plus ciblés et, par conséquent, moins lourds pour les patients. L’idée est aussi de croiser ces connaissances et savoir-faire avec ceux du champ des matériaux, par exemple, pour aboutir, comme dernière-ment, à de nouveaux produits à base de lin ou de polymères bio.

comment encouragez-vous les nouvelles idées ?L. B. Nous avons une mission de cataly-seur et d’assembleur d’idées issues de la recherche. En plus des infra structures et des équipements, la Région attache une grande importance au subven-tionnement des ressources humaines – chose peu courante pour une col-lectivité territoriale au vu du risque de perdre la précieuse matière grise. Depuis six ans, nous finançons à 100 % dix allocations de recherche par an dont la moitié dans les sciences humaines. Nous finançons aussi des chaires d’ac-cueil et des postdoctorats. Enfin, il n’y a pas de modèle de développement sans coopération inter régionale et eu-ropéenne. Aussi, nous aidons les labo-ratoires dans leur collaboration avec la Haute-Normandie, la Bretagne ou les Pays-de-la-Loire et à s’inscrire dans des programmes européens Interreg (pour interrégionaux). Le soutien à la mise en place d’un pôle de recherche et d’en-seignement supérieur normand et le regard sur le Grand Paris – transforma-tion de Paris et de son agglomération en une grande métropole mondiale – vont dans ce sens également.

de quel budget disposez-vous ?L. B. De 2004 à 2010, nous sommes pas-sés de 2 % à près de 5 % du budget régio-nal octroyé à la recherche et l’innovation, pour un montant, en 2010, supérieur à 30 millions d’euros. Cela traduit notre politique volontariste, car la recherche et l’innovation ne sont pas de la compé-tence de la Région. En plus de nourrir le tissu socio-économique, nous souhaitons par ce soutien dépasser l’image rurale, agricole et maritime pour montrer que la Basse- Normandie excelle aussi en recherche et innovation de pointe.Propos recueillis par Andréa Haug* L’hadronthérapie traite les cellules cancéreuses résistantes à la radiothérapie par rayons X. Elle les irradie avec des hadrons (protons ou ions carbone).

« 5 % du budget régional ont été consacrés,

en 2010, à la recherche et l’innovation. »

région basse-normandie – La recherche/janvier 2011/n° 448 - 13

entretien •

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Une révolution numérique est en marche en Basse-Normandie. En 2005, plusieurs entre-prises, unités de recherche et centres de forma-

tion se regroupent pour collaborer sur les premières expérimentations dans le sans-contact au sein du pôle de compétitivité Transactions électroniques sécuri-sées (TES). À l’origine de cet engouement techno-logique, la norme sans contact NFC (pour Near Field Communication) créée au début des années 2000 par NXP (ex-Philips), l’une des plus grandes sociétés de semi-conducteurs au monde, et par Sony.

Les entreprises et les collectivités comprennent vite les enjeux économiques que cette norme laisse entrevoir. Dès 2005, avec l’opération Caen ville NFC, la commune de 150 000 habitants est la première au

monde à réaliser des transactions marchandes via un mobile équipé d’une puce NFC. Des services jugés rapides, faciles d’utilisation et pratiques. Aujourd’hui, 40 % des projets labellisés au sein du pôle concernent le sans-contact. Le Normandy Living Lab, sorte de laboratoire des usages du pôle, évalue quotidienne-ment les innovations numériques auprès des citoyens, des commerces et des collectivités.

Ainsi, l’opération Carte paiement express Crédit agricole, en cours à Caen, permet de régler sans contact des achats, dont le montant est inférieur à 20 euros. « À la différence de la carte précréditée Moneo, précise Magali Scelles, chargée de mission au pôle TES, l’argent est débité directement sur le compte bancaire du client. » Au sein du réseau universitaire numérique

Portable, achète-moi mon billet de train

Itinéraire ou billetterie seront bientôt dématérialisés grâce à des solutions applicables à distance. Rapides et sécurisés, ces services se déclinent à l’infini.

Des services, dans les

transports, par exemple, vont devenir

accessibles sur les mobiles.

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normand, l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Caen (Ensi) porte le projet de Carte étudiant multi-service normande. Dès la rentrée, 65 000 étudiants de Basse et de Haute-Normandie utiliseront différents services (relevé de notes, emprunt de livres, paiement du restaurant universitaire, etc.) dans leur université, mais pas seulement. « Notre projet se démarque par son ouverture hors campus sans nuire à la sécurité des  données », explique Christophe Rosenberger du Groupe de recherche en informatique, image, auto matique et instrumentation de Caen (Greyc), partenaire du pro-jet (lire « Automatiser le relevé d’empreintes », ci-dessous). Ainsi, le contrôle d’un titre de transport ou l’achat d’une place de cinéma au tarif étudiant sont deux fu-turs services extra-universitaires qui seront propo-sés. Afi n d’étendre géographiquement le système, la Communauté d’agglomération de Caen la Mer s’est inscrite dans la démarche nationale des territoires leaders du sans-contact mobile en vue de se doter, comme les universités normandes, de bornes inter- actives. L’autre originalité de cette carte repose sur sa post personnalisation permettant d’implanter des applications supplémentaires.

Finalisé fi n 2011, un autre projet, Vivéa, permettra de visiter de façon virtuelle et interactive, à l’aide d’un smartphone, le château fort de Cherbourg et sa ville fortifi ée. En 2013, les touristes s’y rendront également à l’aide de leur mobile, grâce au déploiement régional d’un système de billet sans contact et modulable pour le transport en train, auto car, bus, tram et à vélo.

De l’e-citoyen… Avant de devenir spécialiste des plates-formes ci-toyennes sans contact pour téléphone mobile, la société CEV, membre fondateur du pôle TES, com-mence par appliquer la norme NFC à des cartes multi services modulables. Dans l’opération multi-partenariale Clés de la ville, les citoyens accèdent à des services comme l’inscription à distance à la cantine ou l’accès à une salle de sport. Cette solution est en cours de déploiement à Saint-Lô et « l’infrastructure est déjà pensée pour que le système soit transposable au portable », annonce Hervé Jean, directeur technique de CEV. Il ne reste plus qu’à intégrer une application dans les futurs mobiles NFC, dont la sortie est annoncée, chez les principaux fabricants français, en début d’année.

Parmi les autres projets labellisés par le pôle TES figure Fédération des cercles de confiance (FC²). Pour répondre au problème croissant de la fraude à l’identité numérique, une plate-forme de

gestion permettra à l’internaute de s’identifi er sur Internet tout en préservant ses données personnelles (e-administration). De nouveaux services électro-niques et des échanges dématérialisés (e-démocratie) s’ouvrent ainsi à l’e- citoyen.

Quant aux partenaires du projet NFC Container, ils travaillent sur un environnement développant des applications pour mobiles sans contact. Un service permet, par exemple, l’achat en ligne d’un billet pour une pièce de théâtre, son stockage sécurisé sur un mobile qui valide ensuite l’entrée du client. Ces appli-cations bénéfi cieront aux entreprises qui « profi teront également de solutions pour envoyer à leurs clients sur leur appareil portable des informations pertinentes pour leur fi délisation », ajoute Hervé Jean, de la société CEV.

… au vote électroniqueAfin de former des experts, la plate-forme moné-tique pédagogique de l’Ensi et de l’Institut consulaire d’enseignement professionnel - Centre de formation d’apprentis a vu le jour à la demande d’industriels partenaires. Unique en son genre, elle reproduit des chaînes monétiques en exploitation industrielle au sein de banques. Ainsi, les étudiants en monétique et en sécurité peuvent peaufi ner leur formation et tester en conditions de retrait et de paiement quasi réelles de futurs systèmes (logiciels, cryptographie, etc.), avant leur mise sur le marché.

Les applications de services et de sécurité via le sans-contact sont abondantes. Il reste néanmoins des champs à explorer plus en profondeur, comme l’e- santé (gestion des dossiers et sécurité des données des patients) ou, pourquoi pas ?, le vote électronique. « Lorsqu’on voit comme il est diffi cile de consulter les citoyens, par exemple lors d’un référendum, le sans-contact pourrait être une technologie avantageuse, si elle est bien cadrée », indique Hervé Jean. À suivre, à distance. Lydie Laurens

Automatiser le relevé d’empreintes

Le projet Capture aisée et rapide de traces et d’empreintes sur scènes (Cartes) facilitera bientôt la tâche des enquêteurs. Participent à ce projet Sagem

sécurité, les services scientifiques de la gendarmerie et de la police, le Greyc et l’université de Caen Basse-Normandie.

l’e- santé (gestion des dossiers et sécurité des

numérique •

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Créée il y a un an et demi dans le sillage de NXP (ex-Philips), IPDIA reprend et développe des activités techno logiques et industrielles bien ancrées dans le territoire et d’envergure internationale.

Quel est votre élément différenciateur ?Franck Murray. Notre originalité repose sur des technologies d’inté-gration de composants électroniques

passifs dans du silicium, que nous concevons, développons et fabriquons. Les condensateurs de forte valeur, les résistances, les inducteurs et les diodes

de protection sont combinés dans des puces de silicium, ce qui réduit les coûts de revient des produits finis. La quasi- totalité de nos ventes se fait à l’étranger : aux États-Unis, en Asie et en Europe.

Quels sont les intérêts de cette technologie ?F. M. Ce procédé au silicium ouvre notamment des perspectives de mi-niaturisation intéressantes. Grâce aux avantages de réduction de la taille de nos composants, nous sommes en phase de qualification avec les princi-paux fabricants mondiaux d’appareils médicaux implantables, de type pace-maker, pour des condensateurs servant dans la chaîne d’impulsion électrique. En outre, nous avons franchi un cap par rapport aux composants passifs classiques : par rapport à ces derniers, la performance de nos produits est su-périeure et elle égale celle des puces électroniques. Pour cette raison, les composants de protection que nous fa-briquons intéressent aussi les construc-teurs de véhicules pour l’éclairage à LED des phares avant, par exemple (photo  ci-dessous). Quant aux industriels des modules de télérelevé de compteurs à eau ou à gaz, certains se penchent sur la faible consommation requise par nos composants garan tissant ainsi une lon-gue autonomie d’énergie.

Qu’explorez-vous actuellement ?F. M. Nous nous approchons de rup-tures technologiques. Nos travaux de recherche et développement concer-nent, par exemple, des pilules élec-troniques incluant des capteurs et des modules de transmission. Grâce aux boîtiers, ces dernières sont capables de mesurer à distance le pH ou la tem-pérature d’un corps humain pour dé-clencher, à un endroit ou à un moment précis, un médicament ingéré.Propos recueillis par Lydie Laurens

interview

francK murray est directeur d’IPDIA.

« Nos composants électroniques ont franchi un cap »

entretien

« Nos produits intéressent les constructeurs de

véhicules pour l’éclairage à LED des phares avant. »

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Avec 45 % de projets, les tech-nologies de l’information et de la communication (TIC) se dé-

marquent au sein de l’incuba-teur d’en-treprises

Normandie Incubation (NI). Une trentaine de projets basés sur des recherches publiques sont accompagnés par l’incuba-teur régional au sein d’un même site pour favoriser les échanges. Étude de marché, recherche de financement, maturation techno-logique, toutes les facettes entrepre neuriales sont analysées.

Les trente-six entreprises de technologies innovantes déjà

créées restent suivies par NI en vue d’accélérer leur

croissance et leur compétitivité à l’international. La créativité ne manque pas. Kalibee propose des outils d’aide à la performance pour le nautisme et la régate. Quant à Quadraxis, elle déve-loppe des logiciels de création de contenus 3D pour les marchés du packaging ou du marketing. Et d’après Laurent Protin, di-recteur de NI, on peut s’attendre à des surprises à la croisée des TIC et des usages ou encore dans les technologies vertes. •

Pour optimiser la transmission électronique des diagnostics aux vétérinaires, le Centre d’image-rie et de recherche sur les af-fections locomotrices équines (Cirale) adapte des technologies numériques issues de la méde-cine humaine. Radiographie nu-mérique, échographie, scinti-graphie, les équipements du Centre offrent une large palette de diagnostic des pathologies ostéo-articulaires et musculo-tendineuses du cheval.

« Depuis  peu,  une  machine nous permet de réaliser des IRM sur un animal debout et tranquil-lisé, se réjouit Fabrice Audigié, vétérinaire et chercheur. Comme les  anesthésies ne sont plus obliga-toires, nous pouvons faire du suivi clinique intéressant pour la gestion des chevaux de sport et de courses », un des points forts de la Basse-Normandie, première région d’élevage équin, qui compte mille étalons assurant la moi-

tié des saillies françaises des races pur-sang, selle et trotteur. Auparavant, le centre livrait ses images sur planche ou sur CD-Rom. Récemment, il a ache-té un système d’identification du patient, appelé Radiology Infec-tion System (RIS), permettant une mise en réseau Intranet des informations.

Le système Picture Archi-ving Communication System (Pacs) permet ensuite le stoc-kage de l’ensemble des images produites sur le Centre au stan-dard Dicom 3 (image associée à un fichier texte reprenant les données du dossier traité). Seul site en France à avoir adapté ce standard de la médecine hu-maine à la médecine équine, le Centre planche encore sur des améliorations. « Opérationnel, notre  système  RIS-Pacs  mérite tout de même des évolutions, note Fabrice Audigié, notamment sur l’intégration du nom du patient et 

de son propriétaire, sur la confi-dentialité des dossiers ou encore sur la consultation person nalisée à distance. »

En lien avec le pôle régional Filière équine, le Cirale travaille aussi sur un projet de plate-forme d’imagerie soumis au Grand Emprunt national. L’ou-til testera, entre autres, des trai-tements sur le cartilage trans-posables à l’homme. Verdict au printemps prochain. •

un saut numérique pour le cirale Les chevaux, comme les humains, bénéficieront bientôt d’un suivi médical informatisé.

incubateur d’originalitéNormandie Incubation accompagne des porteurs de projet numérique innovant.

numérique •

Le Ciraletransmettra le

dossier médical numérique

de l’animal auvétérinaire via

Internet.

région basse-normandie – La recherche/janvier 2011/n° 448 - 17

Quadraxis, société accompagnée par Normandie Incubation, développe des logiciels de création de packaging 3D.

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La Basse-Normandie, avec sa façade maritime sur la Manche, produit environ un quart de la production nationale d’huîtres, qui constitue

elle-même 95 % de la production européenne, soit 115 000 tonnes – aussitôt consommées par les Fran-çais. Malheureusement, la conchyli culture est de-puis peu durement touchée par un virus responsable d’une très forte mortalité. Il s’agit d’un variant de l’herpès- virus de l’huître, apparu en France en 2008, qui touche aussi l’Irlande, les Îles anglo- normandes et l’Angleterre. Sur certains sites, jusqu’à 90 % des juvéniles de moins de 18 mois meurent. Sachant

que le cycle de production dure trois ans et que l’épidémie est apparue tous les ans depuis 2008, les productions de 2011 à 2013 sont sinistrées et toute la filière économique est menacée.

Vers des solutions concrètesDepuis l’an dernier, en plus de soutiens financiers aux entreprises ostréicoles, un plan national vise à développer par sélection des huîtres plus résis-tantes. En Basse- Normandie, Michel Mathieu, du Laboratoire de physiologie et écophy siologie des mollusques marins (PE2M) de l’université de Caen

Inventer la pêche de demain

En Basse-Normandie, comme ailleurs, la filière de la mer rencontre des difficultés économiques. Mieux protéger les ressources marines

et les valoriser inversera peut-être la tendance.

À partir des restes de

crustacés et de poissons,

il est possible d’élaborer

de nouvelles matières.

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Basse- Normandie, l’un des seuls en France à s’être autant spécia lisé dans l’étude de l’huître et de son écosystème, s’est vu confié le pilotage du Centre de référence de l’huître.

Soutenu par la Région Basse-Normandie, les départements et les professionnels, le Centre regroupe différents acteurs (université, Institut français pour l’exploitation de la mer, Syndicat mixte pour l’équipement du littoral, laboratoires d’analyses départementaux, centres de forma-tion des ostréiculteurs, Comité régional de la conchyliculture). Tous travaillent en synergie sur cette problématique depuis plusieurs années. L’ouverture du Centre début 2011 formalise ce travail en réseau préexistant. « Face à l’urgence, tous  s’engagent à  accélérer les recherches et à appor-ter des solutions concrètes à la profession », déclare Michel Mathieu.

Pouponnière sous surveillance En plus des équipements de pointe dont il dispose déjà, grâce aux différents partenaires qui mettent à sa disposition leurs infrastructures, le Centre va se doter d’une microécloserie-nurserie. Elle per-mettra des expérimentations sur des populations de quelques milliers de larves en milieu contrôlé et confiné. Comment réagissent-elles au virus ? Quels sont les gènes impliqués dans leur crois-sance, leur reproduction, leur immunité ? Quelles sont les caractéristiques des individus et des po-pulations qui résistent à la maladie ? Voilà pour les principaux axes de recherche. Plus globalement, il s’agit également d’avancer sur la mortalité es-tivale, sur la qualité des eaux marines littorales et sur les effets du changement climatique. Pour pallier les pertes, les éleveurs concentrent par-fois plus d’huîtres dans leurs parcs marins, ce qui peut favoriser l’apparition du virus. Aussi, les pra-tiques ostréicoles doivent être améliorées pour une gestion plus responsable.

Malgré ces moyens techniques et la motiva-tion de tous, une lourde difficulté réside dans le fait qu’un seul problème, comme la mortalité, ne peut être abordé indépendamment de l’environne-ment marin, par nature plurifactoriel. En effet, « une population sélectionnée comme “résistante”  n’aura pas les mêmes performances en Normandie, dans le Bassin d’Arcachon ou dans l’Étang de Thau, zones également touchées par le virus, explique Michel Mathieu. Nos résultats seront dans tous les cas soumis à des limites 

et cela, les professionnels veulent et doivent le savoir. »Face à ces crises épidémiques difficilement prévisibles et à la pression économique qu’elles engendrent, les pêcheurs ont compris la nécessité de diversifier leurs activités. Dans ce sens, Estelle Le Bihan, directrice de recherche et développement à Ivamer, a eu l’idée de chercher des débouchés à partir de coproduits marins : « Je suis allée récu-pérer les viscères de seiche au fond des poubelles des pêcheurs, raconte la chercheuse, et, à l’issue de ma thèse au Laboratoire PE2M, j’avais mis au point un ingrédient alimentaire laissant présager de nombreuses applications. » Au-delà de sa simplicité de transfert au sein d’entreprises de transformation, il se révèle efficace en aquaculture puisque, avec un apport nutritionnel de 2 % à 10 %, la taille des poissons et des crevettes double. En outre, la croissance des juvéniles est accélérée et les animaux adultes sont plus vigoureux. En plus de ces avantages, l’originalité du composé, nommé LBBM A25 et breveté depuis, tient au fait que l’« on se sert des propres  enzymes du tissu organique, souligne Estelle Le Bihan. À partir de notre expertise scientifique, nous recherchons ce qu’il reste d’exploitable dans la matière première animale, afin de ne pas trop contraindre les professionnels ».

Débouchés économiques Plus largement, l’entreprise Ivamer poursuit ses recherches afin de mettre en place d’autres débouchés économiques. Pour cela, elle éla-bore de nouvelles matières à partir de restes de mollusques, mais aussi de poissons – qui représentent en Basse-Normandie autour de 25 % des prises – et de crustacés.

En plus des tests in vitro et in vivo, Ivamer ana-lyse tous les aspects de la faisabilité d’un projet, que ce soit par l’étude de la réglementation, la structuration de filières ou par la réalisation d’es-sais cliniques. La société s’adresse non seulement aux professionnels de la pêche, mais aussi aux éleveurs de poissons, aux industries de complé-ments alimentaires ou encore aux institutionnels. Avec comme objectif de toujours mieux contribuer au développement de filières économiques. En héritage de sa thèse, Estelle Le Bihan est en contrat de partenariat avec le Laboratoire PE2M. Comme quoi recherche publique et privée peuvent s’associer pour une cause environnementale commune. Andréa Haug

ressources natureLLes •ressources natureLLes •

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Recouvrant la moitié de la ré g ion, l ’herbe de Basse- Normandie est sujette à une exploitation toujours plus per-formante qui préserve égale-ment son caractère naturel. Le laboratoire de recherche en éco-physiologie végétale et agrono-mie (UMR université-Inra) se

penche sur la composition flo-ristique de la prairie normande et sur deux de ses services éco-logiques : la préservation de la biodiversité et le pâturage.

Depuis des années, les exploi-tants emploient des engrais sou-frés suite à la réduction des rejets industriels. « Un scénario alterna-tif  idéal, explique Frédérik Le Dily, directeur, consisterait en un système stable composé d’espèces végé-tales profitant de l’absence de soufre et d’espèces fixatrices d’azote, comme le trèfle. » Ce dernier restituant de l’azote aux graminées de bonne valeur nutritive pour le bétail. En parallèle, la station Inra du Pin (Orne), qui accueille 500 vaches sur 450 hectares d’exploitation, travaille sur la valorisation des fourrages de prairie pour la pro-duction de lait et de viande. Le mode de pâturage tournant sur des parcelles durant dix jours

est beaucoup plus facile à mettre en place que le mode rationné sur une même parcelle élargie au fil des jours. « Comme le pâtu-rage tournant simplifié n’a d’impact négatif  ni sur la quantité ni sur la qualité de la production laitière, nous le conseillons aux éleveurs », explique Ségolène Leurent, in-génieur à la station.

En bout de chaîne, Adria Nor mandie accompagne les in-dustriels de l’agro alimentaire dans leur approche de la qua lité sensorielle (textures, arô mes, etc.) sur le beurre ou les nouveaux fro-mages pour anticiper les attentes des consommateurs. Le centre de conseil technique développe aussi des outils de recherche pour dé-tecter dans les produits crus la présence d’Escherichia coli produc-trice de shigatoxines, une bactérie susceptible d’être pathogène pour l’homme. •

Artengo adapte pour février sa gamme complète de raquettes de tennis à base de fibres de lin (photo ci-contre) reconnues pour leurs ca-pacités d’absorption des vibrations. Pour ce faire, la société a développé un procédé d’assemblage de pli de carbone et de lin, en partena-riat avec Lineo. Si les nouvelles raquettes ne sont pas vertes, car toujours composées de graphite

issu du pétrole, elles sont tout de même moins polluantes de 10 % en poids équivalent CO2. La so-ciété caennaise Adaptec Solutions a, elle, mis au point des procédés industriels transformant de la fi-lasse de lin en une nappe calibrée de fibres prête à l’emploi en moule. Le matériau composite produit possède des propriétés mécaniques au moins équivalentes à celles de

la fibre de verre, mais à un coût énergétique moindre. La société se concentre sur la fabrication de kitesurf bio, de renforts de lin en grande série et sur l’usinage de pale d’hydrolienne. Après la crise de la filière textile, c’est un nouveau souffle pour la France, premier producteur mondial de fibres longues de lin. •

la prairie normande, un patrimoine naturel valorisé

Biodiversité et élevage bovin ne sont pas antinomiques, mais au service l’un de l’autre.

le lin joue sur la fibre technique et écologique

Concurrent des matériaux dérivés du pétrole, il ouvre la voie des écomatériaux.

La race et l’alimentation

sont deux facteurs impliqués dans

la qualité du lait des vaches

normandes.

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Réunissant treize équipes pluridiscipli-naires en groupement d’intérêt scienti-fique, le projet interrégional Contrôle par laser aéroporté des risques envi-ronnementaux côtiers (Clarec) topo-graphie le littoral avec une finesse inégalée. Ces données servent d’outil à la décision pour prévenir l’impact des catastrophes naturelles.

en quoi le projet clarec est-il innovant ?Franck Levoy. Le projet Clarec s’ap-puie sur un équipement original : un laser aéroporté, appelé également li-dar topographique, installé dans un petit avion bimoteur. Nous volons en général à une altitude moyenne de 800 mètres et à une vitesse modérée de 50 mètres par seconde pour permettre le balayage d’une bande de territoire par des tirs lasers à une cadence pou-vant atteindre 200 000 mesures par seconde. Il est ainsi possible de scan-ner le territoire avec une précision de l’ordre de la dizaine de centimètres. Et, surtout, nous pouvons appliquer cette technique au littoral dont la topo-graphie exacte reste encore méconnue.

À quelle problématique cet outil aide-t-il à répondre ?F. L. Nos données topographiques alimentent des modèles numériques permettant de prévoir et de suivre le devenir d’une zone côtière. Par exemple, dans le cadre du vaste chantier de rétablissement du carac-tère maritime du Mont-Saint-Michel, nous survolons tous les six mois la zone concernée pour analyser com-ment l’effet chasse d’eau du nouveau barrage influe sur l’évolution des fonds sédimentaires. Les différentes simulations contribuent à déterminer l’impact de l’ouvrage sur l’environne-ment local.

Quelles sont les autres applications ?F. L. Cette technique innovante offre également de nombreuses perspec-tives dans l’étude des risques litto-raux de submersion, comme dans le cas de la tempête Xynthia en 2010. Nous avons pu finement modéliser la zone inondée et quantifier les niveaux d’eau à l’intérieur des habitations. Ces informations sont importantes en termes d’aménagement et de préven-tion des risques territoriaux.

clarec nécessite-t-il de lourds moyens financiers ?F. L. Oui. L’investissement dans le matériel s’élève à 1,3 million d’euros soutenu pour beaucoup par la Région Basse-Normandie. Trois autres ré-gions partenaires font partie du cœur du projet, à savoir la Haute- Normandie, le Nord - Pas-de-Calais et la Picardie. Cinquième partenaire à l’échelle nationale, le CNRS nous confie des missions spécifiques, ailleurs sur le littoral français, comme en Vendée pour le cas de la tempête Xynthia. Au total, notre budget an-nuel de fonctionnement s’élève à près de 150 000 euros.Propos recueillis par Andréa Haug

ressources natureLLes •

francK levoyest responsable du projet Clarec et professeur au sein

du Laboratoire morphodynamique continentale et côtière de l’université de Caen Basse-Normandie.

« Clarec scanne le littoral à très haute définition »

entretien

Reconstitution en 3D du littoral du cap de Carteret (Manche) et de sa plage à partir d’une numérisation du sol par tir laser.

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Comme il existe peu de données précises et fiables sur le processus d’innovation, notam-ment au niveau régional, le projet interdisci-

plinaire sur le développement des entreprises, de l’in-novation et la stratégie (Ideis) a été créé dans le cadre de la Stratégie régionale d’innovation. Soutenu par des fonds régionaux, nationaux et européens à hau-teur de 150 000 euros par an, Ideis vise à rendre plus visibles les acteurs d’accompagnement et de soutien de l’innovation, comme les pôles de compétitivité, auprès des petites et moyennes entreprises. Et pour inciter ces dernières à plus de recherche collaborative et de développement, un échantillon représentatif des 800 petites et moyennes industries (PMI) de Basse-Normandie est actuellement auditionné.

Première constatation : contrairement aux appa-rences, 85 % des PMI de la Région pratiquent l’in-novation (1). Historiquement, suite à la disparition de nombreuses entreprises, les structures restantes, très dynamiques, ont récupéré les marchés et s’y sont naturellement adaptées. Au niveau des coopérations, un nombre non négligeable de PMI, mais encore trop rares, innovent avec l’université de Caen Basse- Normandie ou le CNRS. La majorité (70 %) travaillent avec leurs fournisseurs ou leurs clients rendant l’as-pect technologique prédominant sur l’innovation à fort contenu scientifique. D’où la nécessité d’un pi-lotage régional pour encourager les structures. Afin d’être qualitatifs, les questionnaires sont réalisés en

face à face avec les entrepreneurs, qui fréquemment n’ont pas conscience d’innover. « Les chefs d’entreprise limitent souvent le terme à une rupture technologique, sous forme de nouveau produit ou procédé, rapporte Olivier Gaussens, porteur du projet à la Maison de la recherche en sciences humaines (lire « La MRSH, coagulatrice des savoirs », p. 23). Or l’innovation, c’est aussi améliorer significativement des processus de commercialisa-tion ou de gestion pour optimiser la compétitivité. » L’audit vise aussi à identifier les besoins des entrepreneurs. Environ 80 % d’entre eux veulent réduire les coûts associés à l’innovation. D’autres freins concernent le recrutement ou la veille scientifique et réglementaire.

Un outil interactifDès cet été, les résultats seront capitalisés dans une plate-forme de connaissances. Cet outil interactif re-cevra les questions des chefs d’entreprise et les ex-plicitera, « car derrière un problème d’informatique peut se cacher une politique commerciale inadaptée », pointe Olivier Gaussens. En retour, la plate-forme propo-sera des conseils, des ressources et des mises en re-lation avec un laboratoire, un centre de formation ou d’accompagnement. Car l’innovation reste avant tout un processus de valorisation d’une recherche impulsé par le marché. Andréa Haug(1) Dans cette étude, le terme innovation est pris au sens de la défini-tion du Manuel d’Oslo de l’OCDE élargi aux activités innovantes en cours ou échouées.

Impulser de la valeur ajoutée par la demande

Changer les esprits face à l’innovation en plaçant l’entrepreneur au centre du processus de conception. C’est une initiative régionale que traduit le projet Ideis.

Innover, c’est aussi améliorer

un processusde commer-

cialisation ou de gestion

d’entreprise.

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À partir du célèbre Plan de Rome, une maquette de 70 mètres car-rés fabriquée par un architecte au début du siècle dernier et classée monument historique, le Centre interdisciplinaire de réa-lité virtuelle (Cireve) a reconsti-tué la ville en trois dimensions à l’époque de Constantin (ive siècle après Jésus-Christ). L’un des ob-jectifs est la mise à jour continue des données scientifiques.

L’originalité du modèle permet d’expérimenter de fa-çon dynamique des hypothèses architecturales et mécaniques. « Grâce à la réalité virtuelle, ra-conte Philippe Fleury, directeur du Cireve, nous avons mis au point un  système  de  déploiement  d’un vélum, sorte de bâche en toile pour 

protéger du soleil les spectateurs du Colisée. » Pour tester l’hypothèse, différents paramètres, comme le déplacement journalier et saison-nier du soleil, ont été intégrés et l’essai s’est révélé concluant : des mâts, dont il reste des traces sur site, étaient dressés autour de

la corniche du Colisée et un anneau de cordes était tendu au-dessus du pourtour de l’arène. Par un système de poulies, des toiles étaient dé-roulées sur un réseau de câbles entre les mâts et l’anneau central.

Un autre intérêt de la modélisation virtuelle de la Rome antique ré-side dans l’attrait cultu-

rel et scientifique qu’un tel outil et un tel sujet véhiculent. À l’université de Caen Basse- Normandie, des conférences nocturnes interactives avec le public rencontrent un vif suc-cès, en plus des 5 000 visites an-nuelles du Plan de Rome. •

la rome antique en 3d La réalité virtuelle permet de remonter le temps et de valider des hypothèses.

La MRSH, coagulatrice des savoirs

Sa forte logique pluridisciplinaire fait son originalité. La Maison régionale des sciences humaines (MRSH), sous tutelle du CNRS et de l’université de Caen

Basse-Normandie, où elle est basée, accueille un patrimoine écrit inestimable. Dépositaire de la bibliothèque historique du ministère de l’Agriculture, unique en Europe, elle conserve 25 000 ouvrages allant du xviie siècle à nos jours. Un panel de documents sur la cartographie du Royaume de France, sur le milieu maritime côtier ou encore sur la filière équine française y est rassemblé. La diversité au sein de la MRSH s’exprime également dans les travaux de la trentaine d’équipes de recherche articulés avec ceux d’entreprises innovantes, comme Scan-File. Les 500 enseignants chercheurs portent ainsi des programmes sur les risques, sur le développement durable ou encore sur le document numérique. Porté par la MRSH, Numérique Normandie, déposé au Grand Emprunt national, est un vaste projet de numérisation intelligente des patrimoines écrits associé à de l’édition structurée : numérisés massivement, les documents rares ou anciens sont enrichis d’informations tout en étant garantis pour la protection des données. À terme, ce projet permettra au grand public d’accéder de manière ludique, sur tout type de support de communication, à des trésors de la pensée européenne éclairés de commentaires instructifs.

La modélisation 3D a percé à jour

le système de protection solaire

du Colisée.

Des ouvrages du xviie siècle à nos jours, conservés à la Maison régionale des sciences humaines, seront bientôt accessibles à tous.

sciences humaines •

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établissements de recherche

> Université de Caen Basse-Normandie (UCBN) : www.unicaen.fr

> Ensi de Caen, école d’ingénieurs : www.ensicaen.fr

> Grand accélérateur national d’ions lourds (Ganil) : www.ganil-spiral2.eu

> Cyceron, Plate-forme d’imagerie biomédicale : www.cyceron.fr

> Centre hospitalier universitaire : www.chu-caen.fr

> Centre François-Baclesse : www.baclesse.fr

> Institut de pathologie du cheval : http://cirale.vet-alfort.fr

> ESITC, école d’ingénieurs : www.esitc-caen.fr

> École de management de Normandie : www.ecole-management-normandie.fr

> Délégation régionale du CNRS :www.dr19.cnrs.fr

centres d’innovation

> Miriade, agence régionale de l’innovation : www.miriade-innovation.fr

> Normandie Incubation : www.normandie-incubation.com

> Synergia, développement économique de Caen la Mer :www.synergia.fr

> Technopole Cherbourg Normandie, développement économique de la Communauté urbaine de Cherbourg : www.technopole-cherbourg-normandie.com

> Pôle Aten, innovation pour les petites entreprises : www.pole-aten.fr

centre régional d’innovation et de transfert de technologies > Corrodys, biocorrosion :

www.corrodys.com> Adria, agroalimentaire :

www.adria-normandie.com> CNRT matériaux :

www.cnrt.ensicaen.fr> Ispa, plasturgie :

www.ispa.asso.fr

pÔles de compétitivité

pôles régionaux> Filière équine : www.pole-filiere-equine.com> Transactions électroniques

sécurisées : www.pole-tes.compôles interrégionaux> Mov’eo : www.pole-moveo.org> Valorial : www.valorial.fr> Mer Bretagne : www.pole-mer-bretagne.com

basse-normandie :un rayonnement international

DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES OUVERTES SUR LE MONDE

PAYS AVEC LESQUELS LES ÉTABLISSEMENTS BAS-NORMANDS ONT DES ACCORDS DE COOPÉRATION SCIENTIFIQUE.

•cooPération

basse-normandie

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