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ODONTOLOGIE CONSERVATRICE
Étude in vitro de la fiabilitédu DIAGNOdent dans le diagnosticdes caries précoces des puitset des fissures
RÉSUMÉ
Nissrin BASSIMRésidente au service d’odontologieconservatrice,Centre de Consultationet de Traitements dentaires,Centre Hospitalier Universitaire IBN SINA,RabatB.P. 6527,Rue Lamfadel Cherkaoui Rabat-Instituts,Rabat, Maroc.
Hassan AFKIRChirurgien-dentiste.
Faïza ABDALLAOUIProfesseur d’Enseignement SupérieurChef de service d’odontologie conservatrice,Centre de Consultationet de Traitements dentaires,Centre Hospitalier Universitaire IBN SINA,Rabat.B.P. 6527,Rue Lamfadel Cherkaoui Rabat-Instituts,Rabat, Maroc.
Le diagnostic des lésions carieuses occlusales, par inspection visuelle
ou par la radiographie rétrocoronaire, est toujours difficile, surtout
pour les lésions à un stade précoce.
Le but de ce travail est d’étudier la fiabilité du DIAGNOdent dans la
détection des lésions initiales occlusales de l’émail.
Sur un échantillon de 83 dents extraites pour des raisons parodon-
tales ou orthodontiques, on réalise une inspection visuelle, un exa-
men radiographique et une exploration au DIAGNOdent. Les résul-
tats obtenus par ces trois moyens de détection de lésions carieuses
ont été comparés avec ceux du microscope électronique à balayage,
qui nous a servi de gold standard et de référence pour calculer la spé-
cificité et la sensibilité de chaque méthode.
L’étude montre que le DIAGNOdent augmente la fiabilité de détec-
tion des lésions initiales par rapport aux deux autres moyens conven-
tionnels (l’inspection visuelle et la radiographie). Il se révèle ainsi
d’une grande utilité dans une thérapeutique basée sur les procédures
de microdentisterie préservatrice.
>
l DIAGNOdent
l diagnostic
l carie précoce
l face occlusaleMots clés
AOS 2011;255:207-220DOI: 10.1051/aos/2011304© AEOS / EDP Sciences
Article publié par EDP Sciences et disponible sur le site http://www.aos-journal.org ou http://dx.doi.org/10.1051/aos/2011304
ODONTOLOGIE CONSERVATRICE N. Bassim, H. Afkir, F. Abdallaoui
Depuis longtemps, le miroir, la lumière
du scialytique et la sonde sont les ins-
truments les plus couramment utilisés pour
l’examen des dents. Le sens tactile et l’expé-
rience du praticien sont évidemment des
atouts importants dans la détection des
caries. Toutefois le diagnostic de la carie
occlusale non apparente est une tâche com-
plexe qui peut être hautement subjective, et
les incertitudes inhérentes qui y sont asso-
ciées peuvent donner lieu à des décisions très
différentes en matière de traitement [1].
Les lésions carieuses commencent toujours
par une déminéralisation de la surface de la
dent, déminéralisation d’abord infraclinique,
donc invisible à l’œil nu, puis aboutissant à
des altérations dans la structure minérale de
l’émail avec une image dite « crayeuse » de la
surface dentaire détectable à l’œil et enfin à
l’effondrement de la zone touchée par le pro-
cessus carieux et la formation d’une cavité
[2, 3].
Le diagnostic au stade initial de la lésion est
important et a beaucoup d’intérêt récem-
ment, car les mesures préventives primaires
peuvent favoriser la reminéralisation voire
stopper le processus carieux [4].
Les moyens de diagnostic usuels montrent un
certain nombre d’inconvénients. Par exemple,
l’exploration par la sonde entraîne le trans-
fert de micro-organismes cariogènes d’un site
carieux à un autre et endommage l’intégrité
de l’émail de la surface amélaire déminérali-
sée, ce qui favorise le développement de la
lésion carieuse [5, 6].
Les radiographies rétrocoronaires sont d’un
grand intérêt dans la détection des lésions
non cavitaires des surfaces proximales, mais le
diagnostic des lésions initiales des faces occlu-
sales reste limité à cause de la superposition
des structures amélaires plus radio-opaques
(cuspides) [7, 8].
La fluorescence laser semble prometteuse pour
la détection et la quantification des lésions
carieuses à un stade précoce. Le DIAGNOdent
est un laser solide à diode qui émet une lumière
d’une longueur d’onde de 655 Nm. La lumière
est transmise à travers une fibre optique des-
cendant vers une sonde avec embout biseauté.
Les molécules de la matière organique et inor-
ganique de la structure dentaire absorbent la
lumière et la fluorescence du spectre infrarouge
produit. Les tissus avec lésions carieuses provo-
quent une augmentation de la fluorescence par
excitation. La lumière fluorescente émise par les
tissus dentaires sera collectée par l’embout de
l’appareil et passée par une fibre ascendante
vers un détecteur photonique. Pour filtrer la
fluorescence dentaire de la lumière ambiante,
le signal fluorescent est modulé et amplifié.
Finalement le signal est traité et présenté à
l’écran par des valeurs comprises entre 0 et 99
[9, 10, 11].
Le but de cette étude est d’évaluer la fiabilité
du DIAGNOdent dans la détection des lésions
initiales et occlusales de l’émail en comparai-
son avec l’inspection visuelle, la radiographie
rétrocoronaire et la validation des résultats
des trois moyens de détection de la carie en
ayant comme référence (gold standard) le
microscope électronique à balayage.
208 Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
Introduction
>
ÉTUDE IN VITRO DE LA FIABILITÉ DU DIAGNODENT DANS LE DIAGNOSTIC DES CARIES PRÉCOCES DES PUITS ET DES FISSURES
Échantillon
Il comprend 83 dents extraites pour des raisons
parodontales ou orthodontiques (41 prémolaires
et 42 molaires), macroscopiquement saines ou
présentant une coloration de sillons. Elles ont été
détartrées afin d’éliminer tous débris organiques
(sang, plaque dentaire…) et tartre car ils aug-
mentent la fluorescence ; puis polies au moyen
d’une brossette montée sur contre-angle et de
la ponce [12, 13]. Les dents sont conservées dans
le sérum physiologique [14].
Les dents ont été mises dans des blocs en plâtre
sous forme de parallélépipède, par groupe de 2
à 3 dents, en essayant de restituer l’anatomie
(point de contact) et en veillant à ce que les faces
vestibulaires et linguales/palatines soient paral-
lèles aux faces correspondantes du bloc, dans le
but de faciliter le positionnement du bloc et
l’orientation du cône radiographique lors de la
prise de radiographie [8, 9].
Ensuite, elles ont été numérotées de 1 à 83 ainsi
que les blocs de 1 à 32 (fig. 1).
Une photographie a été prise pour chaque bloc
à l’aide d’un appareil numérique. L’ensemble des
photographies a été transmis à un ordinateur,
agrandi (× 6) et imprimé. À leur niveau sera mar-
quée, et à l’endroit exact, la valeur maximale
donnée par le DIAGNOdent afin de nous guider
lors de la réalisation des coupes pour l’observa-
tion au microscope électronique [6, 9, 12, 15].
Méthodes
> Inspection visuelle
Les dents étaient sèches lors de l’examen qui a
été réalisé à l’aide d’une loupe (agrandisse-
ment × 3), d’une sonde droite n° 6, et sous éclai-
rage par une lampe halogène. Pour chaque
dent a été attribué un score selon l’échelle défi-
nie par Ekstrand et al. [7] et Côrtes et al. [10]
(tableau I).
> Radiographie rétrocoronaire
Sur des films argentiques Ultra Speed® D Kodak
de taille 31 × 41 mm, ont été placés les blocs de
209Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
Matériels et méthodes
Fig. 1 Bloc de plâtre sous forme de parallélépipède compor-tant 3 dents numérotées.
ODONTOLOGIE CONSERVATRICE N. Bassim, H. Afkir, F. Abdallaoui
plâtres : un bloc pour chaque film. Un cône de
20 cm de longueur a été orienté de sorte que le
rayon incident soit perpendiculaire aux surfaces
vestibulaires et linguales, et au film pour éviter
les déformations de l’image. Le temps d’irra-
diation est de 0,25 seconde avec une intensité
de 8 mA et sous une tension de 70 kV [8, 16]. Ils
sont développés par un appareil semi-automa-
tique, le Periomat®, dont le cycle de traitement
est de 7 minutes à 20 °C ; les produits utilisés
sont : comme révélateur radiographique X-
Omat Ex II® Kodak et comme fixateur PR X-
Omat LO® Kodak. Les clichés ont été interprétés
grâce à un négatoscope à lumière blanche et
une loupe (× 3) en utilisant l’échelle émise par
Hintze et al. [17] (tableau I).
> DIAGNOdent
Après la mise en marche de l’appareil et l’enre-
gistrement de la valeur de référence qui est de
68 (selon les recommandations du fabriquant),
le calibrage de l’appareil est réalisé par un stan-
dard en céramique, et on règle la constante
dentaire pour que la sonde soit adaptée indivi-
duellement à chaque dent (fig. 2).
Pour l’examen des sillons occlusaux, on utilise
l’embout A auquel on attribue un mouvement
de balayage afin d’analyser les parois, là ou
s’initie généralement le processus carieux
[8, 18]. On travaille jusqu’à trouver la valeur
maximale qui sera reportée au même endroit
sur les macrographies correspondantes (fig. 3).
En ce qui concerne notre étude, nous avons
adopté les intervalles (cut-offs) déterminés par
le fabricant [8] (tableau I).
> Microscope électronique à balayage
44 dents ont été sélectionnées de manière à
avoir un échantillon représentatif de chaque
intervalle de lecture du DIAGNOdent : 12 pour
l’intervalle (0-14), 11 pour l’intervalle (15-20) et
21 pour l’intervalle (21-99).
210 Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
Inspection visuelle
V0 : Absence ou léger changementde la translucidité de l’émailaprès séchage prolongé > 5s
V1 : Opacité ou discolorationdifficilement visible au niveaud’une surface humide,mais distinguée visiblementaprès séchage
V2 : Opacitéou discoloration nettementvisible sans séchage
V3 : Présence d’une cavité amélaireau niveau d’un émailopaque coloréet/ou discoloration grisâtrede la dentine sous-jacente
V4 : Cavité au niveaud’un émail opaqueou décoloréexposant la dentine
Radiographie
R0 : Tissu sain(pas deradioclarté)
R1 : Radioclartétouchant la moitiéexterne de l’émail
R2 : Radioclartés’étendantà la moitié internede l’émail
R3 : Radioclartéatteignantle tiers externede la dentine
R4 : Radioclartés’étendantaux deux tiersinternesde la dentine
DIAGNOdent
[0-14] : Saine ouatteinte de lamoitié externede l’émail
[15-20] : Atteinte de lamoitié internede l’émail
> 21 : Atteintedentinaire
MEB
D0 : Tissus sains
D1 : Atteintede la moitié externede l’émail
D2 : Atteintede la moitié internede l’émail
D3 : Atteintede la moitié externede la dentine
D4 : Atteintede la moitié internede la dentine
Tableau I Critères d’évaluation des lésions carieuses : inspection visuelle [10], radiographie [15],DIAGNOdent [8] et microscope électronique à balayage (MEB) [19].
ÉTUDE IN VITRO DE LA FIABILITÉ DU DIAGNODENT DANS LE DIAGNOSTIC DES CARIES PRÉCOCES DES PUITS ET DES FISSURES
Des tranches d’une épaisseur de 2 mm ont été
réalisées par usure des faces proximales de
chaque dent, selon deux plans parallèles dans
le sens axial vestibulo-lingual. L’une des faces
passe par le point carieux dont la surface est
de 1 mm de diamètre, celui-ci correspond au
diamètre de l’extrémité de la sonde explora-
trice du DIAGNOdent, au niveau de ce point a
été trouvée la valeur maximale (en se référant
aux macrophotographies).
L’autre face est marquée par un stylo indélé-
bile, elle sera fixée sur le support du micro-
scope électronique à balayage. Puis les prépa-
rations ont été polies à l’aide d’une cupule en
caoutchouc et mises dans un sachet transpa-
rent sur lequel a été marqué le numéro de cha-
cune de 1 à 44 (fig. 4).
Les observations au microscope électronique
vont :
– infirmer ou confirmer la présence de la lésion
211Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
Fig. 2 Enregistrement de la référence dentairesur une surface saine.
Fig. 3 Exploration des sillons et de leurs parois.
Fig. 4 a et b Tranche (2 mm) d’une dent usée selon deux plans parallèles dans le sens axial vestibulo-lingual.
a b
ODONTOLOGIE CONSERVATRICE N. Bassim, H. Afkir, F. Abdallaoui
carieuse, à l’aide d’un agrandissement de 40×,
70×, 300× et 600× en topographie ;
– permettre de déterminer la profondeur de la
lésion en se basant sur l’échelle utilisée par Shi
et al. [19] ;
– permettre de calculer la profondeur de la
lésion carieuse en millimètres (tableau I).
Analyse des donnéesLa spécificité et la sensibilité de chacune des
méthodes ont été évaluées.
La sensibilité d’un signe pour un diagnostic est
la probabilité que le signe soit présent chez les
individus atteints par la maladie recherchée,
alors que la spécificité d’un signe pour le dia-
gnostic est la probabilité que le signe soit
absent chez les individus non atteints par la
maladie recherchée.
Sensibilité = vrais pos itifs /(vrais pos itifs
+ faux négatifs )
Spécificité = vrais négatifs /(vrais négatifs
+ faux positifs ).
212 Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
À l’inspection visuelle 21,70 % des dents parais-
sent saines, 15,66 % des dents présentent une
discoloration difficilement visible, 44,57 % pré-
sentent une opacité ou discoloration nettement
visible, 12,05 % montrent la présence d’une
cavité amélaire alors que 6,02 % ont cavité
exposant la dentine.
Suite à l’interprétation radiographique, 65,06 %
des dents paraissent saines, 8,43 % présentent
une atteinte de la moitié externe de l’émail,
4,82 % avec une atteinte de la moitié interne
de celui-ci et 21,69 % ayant une radioclarté
atteignant le tiers externe de la dentine.
Pour l’examen au DIAGNOdent 20,48 % des
dents ont une valeur comprise entre 0-14 c’est-
à-dire qu’elles sont saines ou ont une atteinte
de la moitié externe de l’émail, 13,25 % des
dents appartiennent à l’intervalle [15-20] c’est-
à-dire présentent une atteinte de la moitié
interne de l’émail, tandis que 66,27 % présen-
tent une valeur supérieure à 21 c’est-à-dire avec
une atteinte dentinaire.
Pour les données au microscope électronique
9,10 % des dents sont saines, 20,45 % des dents
présentent une atteinte de la moitié externe de
l’émail, 20,45 % présentent une atteinte de la
moitié interne de celui-ci alors que 50 % des
dents présentent une atteinte dentinaire.
L’ensemble des résultats recueillis après inspec-
tion visuelle, examen radiographique, examen
au DIAGNOdent et observation au microscope
électronique à balayage figurent dans le
tableau II, en pourcentage par rapport à
l’échantillon.
La spécificité et la sensibilité de l’inspection
visuelle, de la radiographie et du DIAGNOdent
ont été calculées en prenant comme référence
les résultats obtenus par le microscope électro-
nique à balayage (tableau III).
Concernant la profondeur de la lésion carieuse
en millimètre, nous avons calculé le coefficient
de corrélation « r » entre les valeurs données
par le DIAGNOdent et la profondeur des lésions
carieuses, nous avons trouvé que r ≈ 0,27. La
figure 5 représente un graphique sous forme
d’un nuage de points, la corrélation entre la
profondeur des lésions carieuses et les valeurs
données par l’appareil.
Résultats
ÉTUDE IN VITRO DE LA FIABILITÉ DU DIAGNODENT DANS LE DIAGNOSTIC DES CARIES PRÉCOCES DES PUITS ET DES FISSURES
Plusieurs facteurs peuvent influencer les résul-
tats et donner des faux positifs et des faux
négatifs. Le choix de la solution de conservation
des dents est important. Pour cela, les dents ont
été conservées dans du sérum physiologique
[14], afin qu’elles ne se déshydratent pas car,
selon Mendes et al. [20], les valeurs obtenues
par le DIAGNOdent sur les dents déshydratées
sont élevées, la spécificité est diminuée et la
sensibilité est augmentée (pour D2 et D3). Ils
ont expliqué ces variations par le fait que la
perte d’eau provoquerait une plus grande
213Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
Inspection visuelle
V0 : 21,70 %
V1 : 15,66 %
V2 : 44,57 %
V3 : 12,05 %
V4 : 6,02 %
Radiographie
R0 : 65,06 %
R1 : 8,43 %
R2 : 4,82 %
R3 : 21,96 %
R4 : 0,00 %
DIAGNOdent
[0-14] : 20,48 %
[15-20] : 13,25 %
> 21 : 6,27 %
MEB
D0 : 9,10 %
D1 : 20,45 %
D2 : 20,45 %
D3 : 50,00 %
Tableau II Résultats des examens des dents.
Inspection visuelle
Spécificité
73,10 %
81,82 %
69,23 %
Sensibilité
33,33 %
44,44 %
95,10 %
Radiographie
Spécificité
88,89 %
94,11 %
100 %
Sensibilité
33,33 %
33,33 %
45,45 %
DIAGNOdent
Spécificité
91,17 %
93,10 %
85,71 %
Sensibilité
55,56 %
100 %
81,82 %
D1
D2
D3
Tableau III La sensibilité et la spécificité des moyens de diagnostic utilisés pour l’étude.
Fig. 5 Corrélation entre les valeurs données par le DIAGNOdent et la profon-deur des lésions carieuses (en mm).
Discussion
ODONTOLOGIE CONSERVATRICE N. Bassim, H. Afkir, F. Abdallaoui
concentration de la substance organique au
niveau de la lésion carieuse. Francescut et al.
2000 [11] ont montré que la solution de conser-
vation avait une influence sur les mesures du
DIAGNOdent. Ils ont trouvé une baisse de la
fluorescence qui est de 40 % pour le formol et
de 38 % pour la chloramine. Ces résultats rejoi-
gnent ceux obtenus pas Shi et al. [16, 19] et
Lussi et al. [15] qui ont conservé les dents
d’étude au congélateur à – 20 °C. Elles ont été
décongelées et nettoyées avec le bicarbonate
de sodium et une pâte prophylactique avant de
commencer.
Un détartrage prudent des dents [5] est fait
dans le but d’éliminer toutes traces de tartre,
sang, débris organique, qui augmentent la fluo-
rescence, et donnent en conséquence des faux
positifs [8, 15, 21].
Pour le polissage, la ponce est utilisée par plu-
sieurs auteurs [1, 12], car elle n’altère pas la lec-
ture du DIAGNOdent. Ce polissage permet d’éli-
miner les colorations qui peuvent être source
de faux positifs. Certaines poudres ou pâtes
prophylactiques possèdent une fluorescence
[23] qui peut entraîner une modification des
valeurs données par l’appareil, et doivent être
signalées par le fabriquant.
Pour le sondage, il a été effectué sans pression
uniquement sur les dents pour lesquelles nous
suspections une cavitation sous une légère pres-
sion. En effet, il doit être proscrit pour la détec-
tion des lésions initiales en raison de l’effet
néfaste qu’il peut entraîner, à savoir l’effon-
drement de la couche de surface soutenue par
l’émail poreux sous-jacent, et créer une cavita-
tion iatrogène [2] (fig. 6).
Suite aux résultats obtenus, le DIAGNOdent
présente une sensibilité qui varie entre 55,56 %
et 100 % et une spécificité comprise entre
85,71 % et 93,1 %.
214 Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
Fig. 6 Observation au microscope électronique à balayage d’un trajet d’une sonde allant de l’émailà la dentine.
ÉTUDE IN VITRO DE LA FIABILITÉ DU DIAGNODENT DANS LE DIAGNOSTIC DES CARIES PRÉCOCES DES PUITS ET DES FISSURES
Pour l’inspection visuelle, la sensibilité fluctue
entre 33,33 % et 95,1 % et la spécificité varie
entre 69,23 et 81,82 %.
Quant à l’examen radiographique, la sensibilité
varie entre 33,33 % et 45,45 % et la spécificité
entre 88,89 % et 100 %.
Nos résultats rejoignent ceux de plusieurs études,
en l’occurrence ceux de Attril et al. [12], Valera et
al. [6], et Sridhar et al. [8], qui ont comparé le
DIAGNOdent aux moyens conventionnels de
détection des lésions carieuses : l’inspection
visuelle et la radiographie.
Le DIAGNOdent présenterait une meilleure sen-
sibilité donc un meilleur taux de détection des
lésions carieuses par rapport aux deux autres
moyens de diagnostic (inspection visuelle et exa-
men radiographique), pour lesquels nous avons
une différence statistiquement significative (p
= 0,001) aussi bien à D1, D2 et D3 par rapport au
microscope électronique à balayage.
Le système de fluorescence laser a une bonne
sensibilité surtout pour les atteintes de la moitié
interne de l’émail (100 % de sensibilité) et les
atteintes dentinaires (81,82 %).
En revanche, Fung et al. [1] ont trouvé que le
DIAGNOdent avait une sensibilité qui variait
entre 19 et 77 % et, pour l’inspection visuelle,
elle variait entre 53 et 86 %. Ils ont conclu que
l’inspection visuelle avait une bonne sensibilité
par rapport à l’appareil à fluorescence laser.
Or, Sridhar et al. 2009 [8] ont montré que l’ins-
pection visuelle et le DIAGNOdent montrent plus
de fiabilité concernant la détection des lésions
amélaires occlusales par rapport à la radiogra-
phie, sachant que pour que la lésion soit radio-
logiquement visible, il faut que 40 % de la sub-
stance minérale de la dent soit perdue.
Tandis que Angnes et al. [13] ont conclu qu’une
inspection visuelle bien faite, selon les critères
d’Ekstrand, permet de diagnostiquer les lésions
carieuses à un stade précoce, que le DIAGNOdent
n’est qu’un adjuvant pour le diagnostic et que
l’utilisation de l’appareil seul peut fausser le plan
de traitement par une surévaluation de la lésion.
Selon Bader et al. [22] et Valera et al. [6], l’ins-
pection visuelle est avantageuse dans le dia-
gnostic des lésions carieuses car, en plus de leur
détection à un stade précoce, elle renseigne sur
l’activité carieuse et par conséquent le plan de
traitement sera mieux adapté au patient (pré-
vention, monitoring ou traitement restaurateur).
La combinaison des trois moyens de diagnostic
– inspection visuelle, radiographie et DIAGNO-
dent – permet de mieux diagnostiquer les
lésions, et l’utilisation de la radiographie ou de la
fluorescence laser seule ne permet pas de poser
un plan de traitement adéquat.
Concernant la spécificité, une différence stati-
quement significative a été mise en évidence
entre le DIAGNOdent et l’inspection visuelle
(p < 0,05) à D1, D2 et D3, en faveur de l’appareil
à fluorescence laser. Or il n’y pas eu de différence
significative entre le DIAGNOdent et l’examen
radiographique à D1 et D2 (p = 0,25). Il faut pré-
ciser que ce n’était pas le cas pour les atteintes
dentinaires D3 (p = 0,001) avec une bonne spéci-
ficité de l’examen radiographique de 100 %. Il
apparaît que le DIAGNOdent présente une
bonne précision diagnostique à partir des
seuils D2 et D3, c’est-à-dire pour les lésions amé-
laires à des stades relativement avancés avec ou
sans atteinte dentinaire sous-jacente, cela coïn-
cide avec l’étude de Sridhar et al. [8]. On a
constaté également que le DIAGNOdent ne dif-
férencie pas les dents saines D0 de celles présen-
tant une déminéralisation de la moitié externe
de l’émail.
Pour Bader et al. [22], le DIAGNOdent a une plus
grande sensibilité que l’inspection visuelle dans
la détection d’une grande proportion de vrais
positifs mais il présente une faible spécificité
pour le diagnostic des lésions amélaires de la
moitié externe et montre une large portion de
dents saines comme étant cariées (faux positifs).
215Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
ODONTOLOGIE CONSERVATRICE N. Bassim, H. Afkir, F. Abdallaoui
216 Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
Fig. 8 Dent expérimentale n° 45, qui a donné une valeur de 11 au DIAGNOdent et présentant une lésion carieuse de ~0,5 mm deprofondeur (x 300).
Fig. 7 Dent expérimentale n° 24, qui a donné une valeur de 12 auDIAGNOdent et présentant une déminéralisation de 0,23mm de profondeur (x 70)..
ÉTUDE IN VITRO DE LA FIABILITÉ DU DIAGNODENT DANS LE DIAGNOSTIC DES CARIES PRÉCOCES DES PUITS ET DES FISSURES
L’association du sondage et de l’inspection
visuelle n’améliore pas la qualité du diagnostic.
La radiographie se révèle insuffisante étant
donné la superposition d’importantes épais-
seurs de tissus minéralisés. La radiographie est
un outil fiable et sensible pour les lésions évo-
luées, alors que la détection radiologique des
lésions occlusales précoces reste délicate.
217Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
De ce fait, cet appareil ne peut être utilisé
comme moyen de diagnostic de première inten-
tion. Il est un examen complémentaire et l’ins-
pection visuelle est primordiale du moment
qu’elle renseigne aussi sur l’activité carieuse.
Par ailleurs, cette étude montre qu’il n’existait
pas de corrélation entre les mesures du DIA-
GNOdent et la profondeur de la lésion carieuse
r ≈ 0,27. Astvaldsdottir et al. [24] ont trouvé
dans leur étude un coefficient de corrélation de
r ≈ 0,28 (fig. 7 et 8).
Le DIAGNOdent ne permet pas de déterminer
le degré d’extension des lésions carieuses. En
effet, il ne quantifie pas la perte minérale mais
plutôt la matière organique [20], la protopor-
phyrine qui est un métabolite bactérien semble
jouer le rôle essentiel dans l’émission de la fluo-
rescence [4, 14].
La corrélation entre valeurs numériques du
DIAGNOdent et profondeur des lésions
carieuses semble être meilleure quand il s’agit
des atteintes dentinaires.
Une atteinte dentinaire n’était observée, dans
la majorité des cas, que pour des valeurs > 30
rejoignant ainsi l’observation d’Anttonen et al.
[25], et Sridhar et al. [8] (fig. 9).
Fig. 9 Dent expérimentale n° 44, qui a donné une valeur de 44 au DIAGNOdent et présentant une lésioncarieuse atteignant la dentine.
Conclusion
ODONTOLOGIE CONSERVATRICE N. Bassim, H. Afkir, F. Abdallaoui
Le DIAGNOdent se révèle d’une grande utilité
dans une thérapeutique à pénétration mini-
male. Il permet de constater différentes
modifications, même infimes dans la sub-
stance dentaire et de les traiter en consé-
quence en montrant les écarts entre la sub-
stance dentaire saine et cariée sur le plan
pathologique.
Le DIAGNOdent, associé à l’inspection
visuelle, augmente la fiabilité de la détection,
étayant ou augmentant la fiabilité du dia-
gnostic. En plus, il ne présente aucun risque
pour la santé du patient.
Le diagnostic précoce, la réversion des
lésions, les procédures de microdentisterie
préservatrices devraient être enseignés et
promus auprès des praticiens, pour encoura-
ger les traitements préventifs et conserva-
teurs.
La difficulté n’est pas dans le diagnostic de la
lésion avérée, mais dans celui des lésions non
cavitaires, approche nouvelle pour le prati-
cien tant au niveau du diagnostic qu’au
niveau du traitement.
Le DIAGNOdent, détecteur de carie à fluores-
cence, devrait devenir une méthode de détec-
tion courante dans notre arsenal thérapeutique
en complétant les techniques conventionnelles
de diagnostic dans des secteurs où leurs limites
de détection sont atteintes. Il élargira notre
panoplie thérapeutique en permettant un
suivi longitudinal des lésions et il apporte une
alternative au pilotage radiographique des
lésions carieuses. n
218 Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
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ÉTUDE IN VITRO DE LA FIABILITÉ DU DIAGNODENT DANS LE DIAGNOSTIC DES CARIES PRÉCOCES DES PUITS ET DES FISSURES
219Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
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ODONTOLOGIE CONSERVATRICE N. Bassim, H. Afkir, F. Abdallaoui
220 Actualités Odonto-Stomatologiques - n° 255 - septembre 2011
SUMMARY
In vitro study of the reliability of DIAGNOdentin the diagnosis of early caries of pits and fissures
Nissrin BASSIM,
Hassan AFKIR,
Faïza ABDALLAOUI
The diagnosis of occlusal caries, by visual inspection or by bitewing radiogra-
phy, is always difficult, especially for lesions at an early stage.
The aim of this work is to study the reliability of DIAGNOdent to detect initial
occlusal caries.
In a sample of 83 teeth extracted for periodontal or orthodontic reasons, we
realized a visual inspection, a radiographic examination and an exploration by
DIAGNOdent. The results obtained by these three means of caries detection
were compared with those of the scanning electron microscopy, which was
the gold standard and the reference for us to calculate the sensitivity and the
specificity of each method.
The study shows that DIAGNOdent increases the reliability of initial occlusal
caries detection compared with the two other conventional methods (visual
inspection and radiography). Thus DIAGNOdent appears of a great utility in
therapeutic based on the procedures of preservative microdentistry.
Keywords
l DIAGNOdent
l diagnosis
l early caries
l pits and fissures
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