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  • 8/7/2019 Tombeau%20d%27ibn%20arabi

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    L 'o uvertu re d u ch ampcollection dirigee parPatrick Hutchinson

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    \fombeaud 'Ibn A rab i

    .>

    SILLAGESNoel B land in editeur29, quai d'Anjou

    Paris 4

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    TOMBEAU

    D'IBI~ ARAB I

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    I

    Des ruines, souviens-toi, terres it l'abandon, pous-

    siere, refuge des errants, la voix se confond avecl'echo, regarde I'homme dans Ia caverne, le roc estun miroir, tout est desert, j'attends que les nuagesversent leurs pleurs, j'attends que les fleurs parlent,j'appelle, personne ne repond, Ia pierre ecoute mesfievres, que de Iunes jetees dans le puits, que desoleils sortis de l' oubli, l' arbre touche Ie ciel, et l' etin-celIe s'ecrit etoile, Ies eclairs tapis dans les tenebres,sur les promontoires du sud, les vents effleurent letonnerre, en chemin.j'egrene un chapelet de pedes,les noires chamelles doublent les monts et les colli-nes, Ie sable couvre mes traces sur les dunes, voyantserrants it I'ombre des jardins, la canicule est unsourire de femmes, qui exhument la coutume despoupees, tant de pistes vagues, 0 memoire, 0 mys-tere, la lumiere apparait fugace, au dedans du cceurgravit un sentiment ancien, qui separe,

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    II

    Par quels mots dire, en queUe brousse mettre pied,

    dans la paix, dans le peril, eperdu d'amour, sur sestraces courir.

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    IV

    Salut a toi Ie nostalgique, l'orphelin, l'ami enfoui

    dans la touffe de la douleur, retourne a la Iumieresonore qui, de la source, jaillit, toi, Ie reclus, quidedies ton jeune, ta penitence, ton exercice, tes sai-sons, main tenant tu quittes l' ermitage, tu sors del'hivernage, ne recule pas aujour de la rencontre, necontourne pas Ie lit a baldaquin, O Utombent mollesles tentures, autel qui sent les entrailles, pres du lacqui reflechit Ie bleu du ciel, ton cceur est une lampequi brule, tu jettes a pleine main la braise, ta gorge

    rythme les puisions de l' eau qui, hors la roche, surgit,et toi qui guides les dociles chamelles, baisse l'eten-dard pres de la stele, la-bas, au carrefour, halte auxplis du parcours, repose une heure et salue, avantd'aller vers les coupoies rouges, qui paraissent auloin, a l'horizon de Ia fievre, salut a toi le nostaI-gique, l'orphelin, l'eplore, si 1'0n repond a tonsalut, que ton don soit de beaute, si 1'0n ne dit mot,continue ta route, traverse Ie fleuve, ne parle pasa la troupe, ala tribu, passe entre les tentes blanches,qui etalent leurs ombres sur des levres salines, ethele les amantes toutes, Judith et Aya, Hind ou

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    Hera, demande-Ieur de te montrer Ie chemin,de l'eclatante blancheur qui scintille, entre lescimes.

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    v

    Accueille celIe qui, parmi vous, descend, et qu'aveu-

    gle la fine poudre d'or, qu'elle repand en passant,elle s'arrete, avant d'ouvrir la porte close, or la nuitlache ses voiles noirs, et tu lui dis, bienvenue a toi,l'elegante, l'etrangere, la subtile en amour, en tonnom, j' entre en jouissance, captif dans l' enceinte deton desir.je suis ta cible, tes fleches me perforent, surla pierre lisse, je lustre mes mains, elle montre sesbras nus, l' eclair fissure Ie plus profond de la nuit,elle dit, que veut-il de plus, ne suis-je pas l'icone, quine deserte point son cceur, ne lui suffit-il pas de mecontempler, en tout lieu, a toute heure?

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    ri

    VI

    Elle m'interpelle dans le nceud du desir, etm'aeeuse,

    vagabond, de desert en desert.je vais d'un extreme al'autre eontraire, disperse, Iambeaux epars, le tempsne me rassemble pas, que faire, sans I'harrnonie,montre la voie, toi qui m'aimantes, ne me sature pasde reproehes, les flammes tres haut s'elevent, Iespleurs sur les joues creusent, I'exile differe Ie retour,il a mal de marcher dans un labyrinthe vide, nulledemeure ne reste peuplee, quand elle est prise, dansIe roulis du den obseur.

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    V II

    Dans la nuit, tu vois poindre Ie deuil, qui habite au fin

    fond du cceur, je leur ai dit,O U

    retrouver ceux quisont partis, on me repondit, ils ont elu sejour, la O Ufleurent les effluves de l'infini, je dis au vent, va lesrejoindre la O Uils reposent, a l'ombre de l'arbre, quin'est ni d'orient, ni d'occident, apporte-Ieur la pen-seeri'un inconsole, portant la guenille de laseparation.

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    VII I

    Et je fus bouscule par des dames, venues de loin

    visiter les lieux, elles m'entourerent, elles m'abrite-rent du soleil, a l'ombre, elles me dirent, sois pret,dechausse-toi, apprends a vivre la seconde, O U ton'souffle quittera ton corps, combien d'hommesauraient-elles ainsi sanctifies, en leur suggerant decourir, sur un champ de braise, aceolant les roneesde la vallee, chancelant sous Ie vibrant midi, traver-sant la grande assemblee des insectes, qui couvrentles coteaux de leurs nuees, ne sais-tu pas, que la

    beaute ravit l'homme, et l'emporte dans la tomade,qui depouille, je vous retrouverais a l'heure promise,au dela de l'infernale vallee, la-bas, derriere le mau-solee, clont l'altiere coupole defie Ie chaos aride, laou veillent, ceux qui ont goute a l'extase, aupres defemmes, qui exhalent l'ambre et Ie muse, et qui,reservees, liberent leurs chevelures, draperies som-bres, ou elles cachent leurs visages.

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    IX

    Leur jeunesse n'est plus, leurs traces se sont effacees,

    leur site desole, mais leur passion, au dedans de leurcorps, demeure neuve a jamais, tels sont leurs vesti-ges, tels sont leurs regrets, a leur souvenir, les cceursfandent, je lui ai erie tant elle se pavanait, toi dont labeaute est l'unique bien, regarde comme je n'ai plusrien, j'ai macule mon visage de taches noires, del' amour ne desesperez point, quand ne respireraitplus, celui qui dans son verbese noie, et qui consumedans Ie feu de l'exil, toi qui attises les flammes, net'impatiente pas, nos corps apprendront a traverserIe brasier, qui devore.

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    x

    L' eclair tranche Ie fil de la vision, la poitrine reper-

    cute la voix de la foudre, les nuees errent au dessusdes vergers, avant que l' ondee trempe les arbres,l' eau tombe dru, et devale les pentes, la terre exhalesa brise, melee a I'essence des leurs, et du bois, etdes feuilles, Ie corps s'impregne de telles fugitivesodeurs, et la main avec l' esprit, construit des verrie-res, qui laissent la lumiere choir rouge, comme pourrendre carmin, les noires viperes du desert, remuantau pied des dames blanches, assises, frontales, hie-ratiques, grands yeux prompts au devoilement,genereuses, tendres, humbles dans la grandeur.

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    XI

    Enfant, je me souviens, il y avait une femme, de rna

    fenetre, tous les jours,je la voyais, elle ne quittait passon jardin, elle ne cessait de contempler sa beaute,elle divaguait entre les parterres de tulipes et d'iris,de cela, je ne m'etonne pas, la femme que je voyaisautrefois, est un miroir qui portait l'image de monhotesse future.

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    XII

    Colombes cendrees des Comores, votre chant

    apporte Ies senteurs des tropiques, il purifie l'ha-leine, etmultiplie les peines, vosroucoulements disentles pleurs, voix funebres, cessezvos recitations melan-coliques, qui inspirent de l'aurore au coucher, etcomme en echo, I'expir du nostalgique et la suppli-que de l'esseule, en chceur nous avons psalmodie Iethrene, au pied d'un arbre sec, et Ie vent a diffuse uneautre plainte, qui eveilla en nous Ie desir, lumierenous parvenant ultramont, la nuit nous a couvert derosee, nous avons partage nos fruits, elle deambulaautour de moi, idole pai'enne, elle chanta, haute-centre, un episode de la Passion, elle dressa, encercle, des pierres droites et plates, elle me convia ales embrasser, a les toucher, a tels ex-voto, elleproclama sa profession de foi, levres contre levres,les feux de nos corps attirerent un bestiaire, Ia rousseantilope, Ia genisse pie, empreinte de henne, leurs

    yeux, de nuit, inventerent en plein desert, un pre oiielles garnbaderent, avant de retourner, luxuriantes,a l'enclos de notre jardin enchante, c'etait la nuitde la transformation, les formes bougeaient et

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    If,!

    transmuaient, et je metais senti capable de lesaccueillir toutes, je m'etais vu errant dans les pays,balbutiant tous les idiomes, touchant toutes lesecritures, entrant et sortant, au hasard des rencontres,d'une scene a l'autre, admirant la trace des peuples,voyageant dans le temps, erratique, mutant, chan-geant, dans Ie miroir des metamorphoses, au sortde Ia passion qui meut le monde.

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    " .~

    XIII

    Nus, couches par terre, obscurs et vides, apres Ie

    periple de Ia vision interieure, de retour au monde,present, sans agir, j'ai vu un cortege changeant, Iecheval, au ralenti, court derriere Ie cou evanescentdu bison, masque de buffle, puis taureau, l'imageresiste au nom, foisonnante autruche, tortue marinequi vole, Ie vautour corrompt Ia bosse du chameau,hasards Ients et bleus, qui s'allongent fumeurs, surl'ecran de mes yeux, Ie ciel est l'arriere-pays desombres, au fort du crepuscule, Ia caravane se leve, etentre, par Ie ba1con, dans Ie desert, a l'heure desprimes etoiles, traces que capturent les miroirs dufroid, derriere Ies vitres de la fenetre, ruisselle unelurniere d'hiver, sons fragiles, leurs qui percentla trame des bruits, voiles d'insomnie dans la ville.

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    XIV

    Je marchais dans Ie dedale du matin, berger d'hiver,guettant la ronde des loups, l'oiseau de jais chantaitsur l'obsidienne, noir sur noir, la nuit n'a pas quitte Iejour,je trompais le sous-sol, compagnon du metro, Ielion gardien de la place, sur son socle somnolait, lemanege des voitures, dragons crachant Ie feu desnarines, rna tete se devidait dans un bruit de mare-cage, les nerfs a vif, miroir du coeur, un archer visaitl'horloge, au front de la gare, m'apparut au square labelle nubile, drapee dans un chelled'or, sari ecarlate,caste d'amour, ses cheveux tresses frappaient seshanches, et sonnaient un midi, qui ressemblait aminuit, je l'invitai a boire un Yin leger de Loire,allegre et poivre, ses longues mains de fee, serties debagues, se refletaient sur la robe du vin rubis, l'odeurde' soufre nous convia, a visiter les chambres bleues,au palais des buIles, je vis une tache blanche, der-riere le voile vif-argent, O U I'ceil, vernis amer, pati-

    nait, cela reveilla, grouillante, la trace du desert,alchimie de poussiere, sur la page immaculee, lacaravane attendait man arrivee, pour mettre bas les

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    merveilles du monde, minerais d'Afrique, masquesandins, bustes de Chine, steles d'Arabie, aromatesdes iles, parchemins tartares, sous la pesee alanguiedes palmes, ouvrant les yeux, l'aeronef survolait laville, ombres immobiles, dans les airs laiteux, les .mouettes, sur les flats jaunes, derivaient loin desberges grises.

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    x v

    Escalade pas it pas les degres, de la-haut, observe les

    couvents abandonnes du desert, colonnes de mar-bre, en partie debout, frontons en debris, la paissentdes gazelles, graciles, fragiles, a l'affut, peureuses,veines tremblant sur la peau, toile de sueur, c'est unmatin de fievre, tu portes allegeance au ciel, dansl'eclat du jour, Ie mouvement des astres t'apparait, tues Ie gardien d'un jardin perenne, tu dejoues l'alter-nance des saisons, tu lis a l' ceil nu 1'invisible descieux, et tu sauves les gazelles, de la larme qui blesse,tu ne nierais pas la parole, que l'une d' elles adressa ases congeneres, la nuit, elle leur dit, nous sommes lesfaces effacees du soleil, notre blancheur cacheeeclaire, comme l'ecume, luciole insaisissable, quis'eteint sur Ie sein laiteux, a peine couvert, a l'ombredes branches, ajour tremble des frondaisons, quiprojettent leur clair-obscur, sur la couche du jardinillumine, par nos sourires furtifs, eclairs nocturnes.

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    XVI

    Jour noir, la pluie bat la vitre, viennent a toi les anges

    pleureurs, ils chantent la glaire de l'absente, vagueapres vague, l'inspiration au dedans me bouscule, etje ne peux repeter ce que j'entends, la voix jalouses'arrete au seuiI de la parole, les anges musicienssoufflent dans de longues trompes, et chassent lapluie, tu traverses les nuages, balles de coton, et turetrouves Ie soleil, au dessus de la chape de metal,terroir lunaire, au hasard de la pression, la carlinguevibre, et rectifie ses pennes et remiges, la musiquedes anges transperce l'acier des reacteurs, du hublot,me fixent des putti, boucles blondes, leurs larmesruissellent, l' esprit en elles perle, instable, en quais'incarne-t-il, il entrerait dans la pierre, inanime,innomme, je le reconnais a l'interieur du coeur,dansles pleurs de l'aimee, ne reste que Ie regret, d'elle,obscur, je m' etais approche, notre rencontre cele-braitla perte, et I'anxiete, entre nous deux, marchait,

    sentinelle qui tantot apparaissait, tantot disparais-sait, au fond de moi brillait une brulure, grain desable qui meurtrit l'ceil, la tribu nous convia a man-ger, mais la bnilure empechait, les tentes de biens

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    regorgeaient, la vision annulait l'appetit, la gazelleprefere mourir, qu'etre prise au guet, je cachais malarme,je marchais droit entre les hommes.j'ecoutaisen secret l'image contenue au cceur, Ie corbeau noussurvolait, il se posa sur l'antenne, il croassa et battitles ailes, voix noire que je ne pus abroger,je quittai ala hate les lieux, roulant au pied du soleil, au rythmede la rocaille, je disais, jamais, en tel desert, jene reviendrais, et me void revenant par les cieux,la separation n'interrompt pas l'amour, elle tue,chantent les anges, dans l'absence, la beautene temit

    pas, au qu' elle figure, elle demeure telle qu' elle est,inalterable dans la pensee.

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    XVII

    La lumiere irradie le levant, Ie jour apparait, c'estune revelation, l' occident reste obscur, a proximitede la lune pleine, pastille pale, dans la coulee de lanuit, les vapeurs de l'aube se dissipent, eclat qui tedetourne des edifices, qui perpetuent un souvenirde mort, sur tels symboIes, court le vent d' est,murmure d'etrange message, au-dela du tourment,au-dela de l'affliction, goftte a l'extase, qui advientapres le bouillonnement du dedans, I'ivresse enlevel'esprit, devant la Iune ronde, qui s'abime dans une

    trainee de sang, a I'oppose Ie solei! monte, tel accordconsume, contre ta poitrine Ie sein bat, les soufflesmeles, vous vous assoupissez, et le jour grandit, etIe vent d'est attise Ie feu des corps, ou I'eteint,dans l'union, habiter l'aimee, entre la survie dans Iatrace ignee, et l'aneantissement a l'instant, cendreque vent souleve, par rafales, au-dessus des eauxargentees du fleuve.

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    XVIII

    Elle traverse la place ovale, theatre en coquille,

    reflets d' or sur damas vert, les corps retrouvent leurnature, bain d'argile rouge, au bord de la fontaine,l'eau chaude brule, l'oratorio, a son dernier mouve-ment, rythme I'echange des elixirs, corps chus dansle Nom, moure ; avant de m ourir ,entrez a l'ombrede la 'Ioute- Puissance, puis revenez a la vie, visagesecarlates, Ie sang et le souffle tournent vite dans lecorps, a l'aube, le jouvenceau porte sa veture desoie, reliefs corindon, robe comme soir, a I'heuresaphir, les tentes levees, l' on s'apprete au depart,voyage nocturne, les etoiles tracent Ie chemin, aI'abri de la contree du jour, dans l'exces des sens, nepouvant bouger, bavant, les yeux exorbites, sorti demoi-rneme, me regardant autre, dans Ie spectacle.de la quiete douleur, personne n'ose approcher, au-dela du principe, qui commande de se contenir, levertige au coeur, comment la voir de face, ses yeux

    grondent une musique autoritaire, l'attrait sonoredes planetes broie les oreilles, je bois en elle, tantj'ai soif, vaisseau sans gouverne, que flots ballottent,redresse-toi, sois maitre du corps, couvre-toi de voiles,

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    parle-lui derriere les paravents, ne la contemplepas de face, entre en toi, dans la separation, attendsla visite des matinaux, et ceux de minuit, evente-toia l'abri de leurs ailes, aux mille touches, accueille lafurtive vision qui, apres l'instant de la cecite, ajouteacuite au regard, pour te reveiller aux cris descorneilles, caracteres noirs et bruyants, inscritsentre l'abime et les cieux, ban de jais survolant lesblanches chamelles, au bord du desert, espace vide,terre plate, rugueuse, steppe O U s'ecrivent les sonsnoirs,

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    XIX

    A palanquins automates, poupees de taille humaine,

    les mats chavirent, a la decouverte de la mer, surl'etendue du desert, champ de fossiles, alveoles etsillons de lune, lampes et sons, le pacte scelle lescceurs, Ie geste trompe, elle m'offre une grappe de,raisin noir, les Iarmes retenues excitent l' orage, Iesoleil interieur se couvre, la gorge apre, capitale dudon, aux abords d'une terre oxydee, O Uaffronter Iedanger, et deposer mes rentes,et voir son visage entoute chose, dans les tenebres, dans la lumiere,dans l'obstacle, dans la transparence, et porter lemasque et Ie voile, cela n'empeche pas de voir, deseparation en commencement, et circuler compli-que dans le monde, l' oiseau de proie survolela falaise, cela donne des ailes a l'arbre aromate,la gomme pique jusqu'au sang la gencive, a porteede parure, dans la nuit silencieuse, Ie reclus gemit,les cailloux desserrent la vaste place, les pas crissent

    dans la nuit jalouse, la langue se perd, familier de lanuit, ta forme se liquefie, incandescente lave, quifige au passage, temple obscur, O Unous entendonsles bribes rituelles, a l' envers des langues, apres

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    quarante nuits, viens, frappe a la porte, traverse lepatio, entre les tombes, passe par la chambre oblon-gue, descends les sept marches, je t'attendrai aufond du jardin, dans la hutte, pres de la serre, neparle pas au vieux gardien, deshabille-toi, porte lepagne que l' OM pare, ne repete rien de memoire,humecte tes levres de paroles neuves, a.rticule Ie sonde l'inspiration, ne traduis pas le sens, que la scan-sion soit en toi soif, parcaurs les etapes du refus,lache ton cri a l' echo de la bete, berger des etoiles,echanson nocturne, entre nous deux la passion parle,

    le Yin coule, je veille avec celle, qui couche sousl' eclair, elle ferme l'ceil, et s' endort avec les morts,puis elle renait, sceur du vin, qui rafraichit la vision,a la rencontre du soleil, la tardive lune, aiguadedes sens.

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    xx

    Et toi qui erres, n'avance pas vite, courtise l'arret, Ie

    temps se fige dans la trace, halte-la, regarde de presles rides du relief, redresse les manches, ecoute Iecri aigu, malaxe le limon qui faconne les corps,comme je voudrais mettre le pas, dans ce qui advientala pensee, mais le pied ne suit pas, gronde la voix,la vocalise se corrompt, si elle n'inspire pas Ie chant,change d' orientation, tourne a droite, sur les rivesde la vallee, tu la retrouverais, dans le silence, dansIe dialogue, dans la rupture, dans le retour au silence,autour d'un peuple, qui n'attend rien, grave au coeurde la misere, serais-je etranger, parmi les goitreux,egare sur le sol rouge, de telle haute vallee, auruisselle l' eau, parmi les tignasses vertes, a lalimite des chateaux de terre, aux creneaux d'aigle,seul dans Ie pays des mules, a la recherche del'inconnue, qui epelle mon nom, au seuiI desdeparts?

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    T!!

    XXI

    Demeures vides, fenetres arrachees, gris du ciel,

    quartier devaste, dimanche de rien, tetes emigrees,entre les corridors mines, et les portes murees, idio-mes de Babel, qui coupent l' etre en deux, marchantit l'ombre de moi-rneme, a l'affut d'un mirage, al'horizon .d'une modestie noble, passant inapercuit travers les haies du crime, a l'affiche de l'hopital,aux briques rouges, a l'enseigne sermon, it l'etoffevapeur, couleur des maladies, que les chemineescrachent, absence a soi, sur la voie qui mene ou

    . boire, eau de vie, qui cicatrise les gerc;ures de lalevre, entre les enfants sales, et les valises en carton,lampes brisees, sur les trajets de la ville, Ie ventchaud defigure, flammeches de sable tranchant,energie de fission, la fonte des gares, rails deliques-cents, par-dessous ponts, hautes tours affaissees,l'air incandescent crame les visceres, la ville estprise, par des gueux indechiffrables, sulfureuse

    odeur, qui captive la gorge, la vision passe par labonde, par Ie chas de l' aiguille, mon visage, unetorche qui change d'allure, teint de montagne, quenuance le vent de mer, sous quelles decombres la

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    restituer, en quel oubli lui parler, de bois ou depierre, sur les chemins hors les murs, vers un desertqui m'accueille, a la cadence des chamelles, leschiens aboient dans le noir, le foyer appose le signede I'aimee, sur les parois de .la nuit, assisesans bouger, au CCEurdes ardentes cactees, ausortir de l'apocalypse, je me rechauffe a son feu, etje cajole les lionceaux mouchetes, qui l'entourent.

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    "'I" '"[

    XXII

    J'ecoute celIe, qui n'a pas de voix, en quete des

    restes, les saisons passent, les maisons se delabrent,j'etais dans Ie rire, avant d'etre renfrogne, la vasteplaine s'etrecit, entre les colonnes, les choses antgrandi, a mon insu, je n'en fus pas la sentinelle, je.Ies aurais traquees, entre la fete et Ie negoce, j'aicrache, je me suis assis sur les tapis, qui cachent lescraquelures du sol, nos ombres sont englouties, dansles demeures vides, les paons ouvrent Ie jour, lescorps voltigent, a cote des esprits, entre l'eclat et lanue, les voutes virevoltent, au cri des amants, Iedesir remue, entre les tombes blanches, bannierescouchees, sur la colIine.

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    XXIII

    Je vois man cceur battre, dans un bocal, mes jouessaignent, entre les deux mondes, l'arbre est uneminiature, qui reveille les ombres, dans le girond'une fille joueuse, a la ronde des robes imma-:culees, man corps, en chaque pore, creuse, je recoisla visite du soleil, un jardin pousse, dans man orteil,la beaute croit, au cube de la jeunesse, I'almee s'eleve, .dans la nuit, elle m'offre son corps, altiere, je lacouche sur le lit de rna rnaladie, au creux d'unecharnbre, haute et etroite, ala clameur des hierogly-phes, fourmis, coleopteres, rapaces, phallus, tiare,la maladie rn'a vetu, d'un blanc albatre, c'est unebalafre, qui a fait de rnoi un epouvantail sans fard,je palpe sa vulve ecarlate, l'or de son sautoir selove sur man pubis nair, c'est un feu qui eclaire, aufond de la tombe, Ie visage enduit de beurre, l'airreifie, dans Ie silence,j'entends le bruit des corps, lapaix eclat, elle hurne Ie sang coagule, qui capture

    rna maladie, la convalescence commence, dans Iedesordre des draps, site du secret, j'ecris sur Iesable, a l'orniere du sentiment, je dechire l'image,

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    portee au cceur,je defais Ie costume, qui emrnaillotteman torse, Ie soleil frappe, libre et contraint, j' excavel'argile molle, une chimie bleue colore mes voix,

    je transcris la lettre d'amour, j'invente une chaire,derriere Ie voile, cachant celle qui, dans rna maladie,s'egare, fille d'un TOl sanguinaire, j'eternue, et lesouffle bat la vertebre, qui brule, elle vient a moi,sure de sa beaute, d'un teint yin paille, elle petilled'un esprit fugueur, avine, je la deshabille, les etoiless'eteignent, entre la blessure et la caresse, je retournea la maladie, que ses levres aggravent.

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    XXIV

    Taffetas, le bruit de la mer, Ie cypres est une chan-

    delle, ou brulent Ies cheveux verts, le mont est unchameau, qui decharge son fardeau, Ies pas reson-nent sur Ies dalles, et percutent sur Ies nuages, jel'invite au voyage, a l'ombre du figuier, face al'isthme, qui est une barriere, O U I'esprit s'enlise,a l'avance de Iajetee, dans l'attente du paquebot, tapiau large, au bord de l'orage, Ia mer rentre ses vagues,Ies etoiles s'attardent a fixer l' aube, Ia mouette estune ile qui approche, Ie mat est un arbre qui geint,elle se leve, avec le jour, elle regarde par le hubIot,elle se lave dans I'ecume, elle se couvre d'azur, quirallume sa blancheur.

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    r),

    x x v

    Les rescapes de la nuit blanche, ramassent des cail-

    loux et des pedes, a la levee de l' aube, la bannierede la nuit s'envole, Ie peuple nyctalope quitte Iejour, le matin est un aigle, decore de lettres, elo-quentes personnes, scribes du desir, l'etranger porteIe signe du poisson, dans les plis de Ia brulure,"Ia-haut, il attend de mourir, dans un paysage desole,l' eau coule sur un lit de couteaux, l' odeur fetideassaille le visiteur, qui frequente la nuit noire, Iesinsomniaques publient un musc matinier, ivres,les branches ploient sous Ie souffie des noctam-bules, maudits, etourdis, aimant sans objet, naufragesdans Ie cri.

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    XXVII

    Sur la page de la bete immolee, Ie mihrab chante

    dans les entrailles, le feu, qui en mon sein consume,est un crepuscule, quenourrit Ie muse du soir, lalune bouscule la branche, Ie grain fissure le visage,le fruit s'ecrase, l'etoile creuse une tombe, la dou-leur est un livre, qui serre mon crane, le soleil sortde mon ventre, le del rend roses les ombres, lascene est vide, la couronne casse, les angles mur-murent, sur un parterre de cristal, le vent frise l'arti-san, qui amasse une poignee de sable, ses mainss'effritent, la pierre tourne, dans le siecle jaune, Iedesir est une coupole, qui s'effondre, dans la brumede la fievre, mon corps moite, de retour au desert,convoite la solitude des deux sceurs, que mes sens,de blanc, habillent.

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    XXVIII

    Je prends le chemin, qui mene aujardin de l'erreur,

    je joue avec les noms, derriere Ie bosquet de laverite, je bois la O U l'enfant ramasse ses des, je mecache dans Ie hallier, O U tremble la gazelle, le loupcouvre Ie chant du berger, une brise epoussettemon corps, dans Ie jour nair, l'averse remplit Ie lac,qui separe les deux pays, je bois dans une coupe deSumer un vin conserve, dans une amphore d'argile,enfouie sous terre, depuis des millenaires, la vieillecoupe, fossile du paradis, exhale une haleine, que jeflaire mortelle.

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    - II

    XXIX

    J'ai erre, perdu, gagne, je ris, je pleure, seul, dans la

    voie, jubilant, dans l'exercice, veillant, le matin, aurepos, apres le mouvement, je lache bride, je deterreles racines, exsangue, je traverse le doute, les yeuxouverts, je tresse le cauchemar, de rna bave, je tire lefil, qui defait mon corps, rna forme disparait, monesprit demeure, hors de sa carcasse, dans la prisonde la cause, qui abroge la vision, je marche surl'ordure, palpable dans mon neant,

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    : il!!I

    La vision apporte des odeurs blanches, qui ren-

    voient les formes, et les enveloppent d'alfa, au piedd'un arbre, dont je cueille les fruits, sans les manger,je vois le cheveu argent de la naissante lune, j'aipeur d' etre aneanti, je touche la pierre lisse, gisantpar terre, etoile, voisine du jour, que rna prunelle nesoit arrachee, que je lise le revers de mes visceres,les flammes me devorent, le sable attaque mes yeux,et s'arrete dans man gosier, je ne puis respirer, niparler, je suis brule, je retoume a man palais, hebete,sur les chemins de lune, je voyage, d'un pas blanc,qui affaiblit le sol, je suffoque dans une armure,d'un autre age.

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    rencontre, assoiffee, elle efface Ie signe du jour, etm'enfonce dans Ia nuit, elle rit, avec fracas, elle melaisse perplexe, spectre hagard, jouant au bord du

    , . .preCIpIce.

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    I!

    XXXII

    Elle a Ie dos cambre, elle marche sur des ombres,

    qui dansent, oisive, elle s'epouille, recluse dans labrume, elle regarde passer un essaim d'oiseauxmigrateurs, sur la rive du fleuve, au flanc de lamontagne, il y a une ville detruite, entouree degrottes, salons pour djinns, mon corps est une sail-lante pierre, je visite la fievre, le jour du repos, elleest partie, sans que je sache, je vois dans Ie lac un lit,ou se mire son visage, je m'abime dans son image, ala recherche de son peuple, serne aux vents, moncorps est coupe, d'aval en amont, je me laisse gui-der, par le jujubier de la fin, je rencontre des idoles,a la halte de l'armoise, O U j'embaume mes mala-dies, les saints marchent sur leurs plaies, la douleurest un trou, qui noircit mes images, je suffoque, je laretrouve, dans la realite, de sa dentelle brodee,j'ouvre sa chemise, je bois en son nombril, j'entredans l'absence, je lui porte allegeance, je signe son

    .poignet, d'un metal aux lueurs nocturnes, qui bruleles fleurs, hormis Ie narcisse et la tulipe, elle m'offreune bure, qui a l'ernbleme du scorpion, la lainebrute electrise mon corps, touffu dans la nuit, friable

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    comme charbon, sa chevelure est une ruche, quibourdonne autour d'une reine captive, arabe et blan-che, elle parle franc, avec une latine saveur, ellecache son corps, et Ie decouvre, elle lache ses che-veux, et les ramasse, les choses du jour prennentforme, dans l'argile inachevee, aux mains du sculp-teur, je touche la pierre noire, la trace s'ouvre,comme une fenetre, la nuit scintille, la Iune est uneassiette, que je brise, et que j'enfouis, sous Ie cerclede l'incendie.

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    XXXIII

    Tous les quartiers en parlent, j'invoque son secours,

    et je tremble, elle dit, descends chez qui est fier, dete recevoir, et te place haut, restes-y longtemps, neprodigue pas lecon.ia qui ne peut entendre, l'injus-tice est de donner, a qui ne sait prendre, pleine etdouce, elle enflamme mes sens, sa parole est uneodeur, qui empourpre, au qu'elle siege, sur les cimes,ou -au plus bas, elle m'eleve, si je la reclame, elleexcave Ie tresor; qui dormait en moi, sa presencepeuple les ruines, comme un mirage, je goute latrace de son esprit, sa lumiere irradie Ia chambregrise de mon corps, ses traits visitent d'autres for-mes, elle concasse Ia graine du cceur, odeur amere,paysages abrupts, acre fumee, la ville se fige, de Iafenetre, je scrute Ie siecle, qui tue.

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    XXXIV

    A petites enjambees, le pas accelere, ancienne, elle

    profane sa jeunesse, le desir en elle surgit, elle bruleles soixante-dix voiles, elle hume la fleur de l'age,elle monte les trois degres, elle disparait dansles cieux, elle descend, je me cloitre avec elle,son corps est une lampe, qui eclaire quarante nuits.

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    x x x v

    La huppe balance, sur l'arbre d'outre-monde, la

    voix soupire, et pleure, les esprits se separent descorps, le souffle eteint, je bois dans la jouissance,rna passion est dans Ie devoilement, je quitte latenebre, O Uj' etais prisonnier, je temoigne, me pros-terne, la voix est un bruit, dans la ville, la vitrevibre, l'automne arde, Ie feu devore.

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    XXXVI

    Noir, dans les yeux nairs, les nues couvrent lescimes, la grotte est un dragon qui dort, les secondessont des ombres, qui palpitent, dans les yeux noirs,fils de l'epopee, je devale les sentes, ala vitesse del'eclair, je traverse le domaine garde, je profane levillage, j'enleve I'aimee, j'entre dans le noir, de sesyeux nons.

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    XXXVII

    Trois ombres passent, elles eblouissent dans la nuit,elles assassinent, elles attirent, comme la flammeIe phalene, elles voilent leurs faces, pour epargnerIe faible, elles ont la main Iente, elles jettent deschattes noires, dans des toiles d'araignees, ellesparient a voix haute, elles sont en visite, dans unpays, ou elles fondent une maison, pour accueillirles errants, qui celebrent la beaute, parmi un peupledestitue, n'y entre que Ie pauvre, qui deroule l'ironiede l'instant. .

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    XXXVIII

    Je voyage dans Ie monde, qui est une nuit obscure,

    je rends visite aux cinquante villes, a u commence,a u finit la solitude, cites fantomes, quartiers demo-lis, places neuves, dans les cieux, avec les anges,je vibre a l'eclair, j'ai le vertige, dans les trous d'air,la fievre est une machine, qui n'arrete pas, dans lanuit noire, je vais au pas, d'un esprit vide, qui, dansla tenebre, voit et ne pense pas.

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    XXXIX

    Elle m'ouvre les yeux, les oreilles, elle me touche

    les narines, elle m'immerge dans l'eau, a l'ombre dela tente, elle dit, ne sois pas enchaine, regarde-moien face, je suis dans ta perplexite, ne t'assieds pas,ou fleurit la braise, les noms sont les traces de nospartages, ne ramasse pas les rouges brindilles, neles j ette pas, O U font halte, ceux qui sont proches,apporte le salut des amants, transis, au bout d'eux-memes, delicats, dans l' epreuve, qui les ernpechede tater les vases d'or, les etoffes de soie, le crime, lapenitence, sur la route menant au bois, de leur reve.

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    XL

    Comme des conquerants, incapables de revenir,

    dans un pays autre, je me vois en toute chose, IeCCEurvaste, comme le pays tiers, inaccessible, j e mecontracte, je me dilate, un pas dans la mort, etretour, j'accepte, je decline, elle me confie des signes,que j'interprete, quand battent les cils, amante, dontle regard tue, exilee, sa parole a le secret du feu,dans la solitude, apres l'obstacle, murs en terre,sepulcre pour le vieux monde, que le soleil emaille,Ie musicien change la clef, les migrants dansent,oiseaux du matin, dans un printemps chetif, poi-gnees d'insectes, dans la volupte du pays lointain.

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    XLI

    Les blanches viperes du desert, jouent dans les

    angles et les pierres, elles laissent des traces, dans Ielabyrinthe, que l' egare sur la piste repere, dans lanuit, qui abolit les doigts et les orteils, les etoilesrassemblent leurs etincelles, dans un foyer solaire,qui eclaire l'abime interieur, de toutes, j'ai aimecelle, qui. trone, parfaite et cachee, je traverse lesvoiles, qui la parent, mes yeux s'aveuglent, pas unepoussiere ne la temit, elle dechire l'obscurite, commeun papier, elle erie dans la nuit, sa chevelure est unrideau, qui tombe sur le crime, en plein midi.

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    XLII

    Tard elle se leve, dans son lit, elle paresse, elle

    entend l' olivier chanter, elle fete l'homme, frele etsouple, elle a l'age de la lune, elle est pleine commeun roseau, elle ne pese pas les jours, elle ne sejoumepas dans les loges, O U l' etre grandit et decline, sadroite aisselle est une aurore, qui luit, son pubisavale Ie soleil saignant, elle est nue, ses doigts fleu-rent l' eau, sa peau est un frisson, elle oint son corpsd'huile, elle colporte Ie sel de la mer, ses yeuxmouilles sont des sauterelles, qui bondissent vers Iedesert, que je lui ouvre d'apres un luxe, qui de fiel'apparente penurie,

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    XLIV

    Je heurte un passant, je suis dans les nuages, j'ai la

    tete coupee, j'erre entre Ie haut et le bas, je marchedans Ie soleil, sans voir Ie soleil, j'avance au pas dutroupeau, je mets, entre leurs mains, rna tete auturban, rna lumiere coule, avec man sang, pauvreparmi eux, depouille, je n'ai plus que Ie souffle aucorps, je suis pret a mourir, debout, devant la belleArabe, dont la voix latine, met au galop, le reliefaride, rocaille blanche et poreuse, figee en bestiaire,je m'arrete, au les chases d'en haut, s'incarnentdans une presence, qui est une image, jalouse deman ignorance, elle se couvre Ie visage, et ajoute arna passion, je meurs deux fois, aux autres, a moi-meme, pour n'etre que par elle, une promesse nousunit, au coucher du soleil, l'ennemi m'apporte d'elle,un double tres ressemblant, je suis dans la fievre, jem'abrite dans les pavillons de l'absence, les angesde la nuit descendent, dans mon cceur, et tournentdans mes veines, au rythme lent, de mes voyantespulsions.

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    XLVI

    Je n'oublierai pas Ie jour, ou je ne pus etre a lahauteur de la grandeur, qui s'est presentee amoi, cefut un jour, au j'ai admire, ceux qui sont parvenus,les voir fut un remede, man esprit s'est eleve a leurdesir, man sejour, parmi eux, fut long, depuis lejour, ou l' oiseau vola a destre, leur maison etaitprospere, malgre les annees maigres, Ie chemin dela montagne, a leurs pieds s'est aplati, et les desertsarides ant jete dans leurs oreilles, les echos de l' eau,ce sont des idoles, qui m'aiderent a approcher, etqui ne daignaient pas garder, ceux qui leur offraient,sur un plateau, leurs cceurs epris,

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    Un paquet de eire, au fil de la nuit, ses alveoles sont

    des lettres, qui trouent Ie livre, Ie miel, qui endegoutte, est une parole inspiree, que balbutie celle,qui a la levre brune, et la jambe pleine, qui, achaque pas fremit, son absence empourpre le visage,la clarte de ses dents est une page blanche, legere,entre la vie et la mort, elle penetre dans la demeuredes loisirs, elle foule le jardin des cceurs pleins, elleecoute les ondes des fleurs, j'appelle les vents, quiportent le soleil, sur les joues de l'amie, la reponseest breve, comme la marque que le vent efface, desqu' elle est imprimee, sur le sable froid, de la nuitblanche.

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    XLVIII

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    XLIX

    La lune, devant moi, se prosteme, Ie corbeau sur-vole de nuit, les chemins de l' exil, qui menent versles pays d'occident, je marche, sur Ie linceul blanc,qui couvre Ie sol, les images interieures sechent auvent, j'efface les lettres, que j'ai ecrites, sur descahiers caches, au plus intime du cceur,

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    L

    Le temps est etroit, mon corps est vide, je voyage,dans Ie clair de Iune, je porte le pacte de 1'homme,j'ai Ie gout amer du remede, j'attends de guerir, ellepasse devant rna porte, cornrne une fugitive, c'estun eclair, qui Iancine, et qui signale son ironie,par-dessus l' epaule de rna douleur, c' est un voile,que j'enleve, pour m'elever a Ia pitie, qui m'etaitinconnue,j'apprivoise Ie fauve, qui est en moi, pourne pas perir, face a l' esclave recluse, dans sa blan-che fievre, fille de Ia lampe, qui eclaire le visage

    de l'hote, qui frappe de nuit, et reclame Ie repos,c' est une perle qui dort, au creux de sa coquille, etqui attend Ie plongeur, qui la revelerait a Ia lumiere.

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    TI

    L I

    Comme de loin, un mirage dans Ie desert, commeIe soleil, qui benit Ie matin d'une grande maison,elle apparaissait, le visage decouvert, je l'avais appe-lee, derriere le voile de la fievre, quand j'etais perdu,dans une steppe hostile, ivre, dans un ocean sansrive, quand j'etais revenu, chevalier a la face brulee,je la voyais passer, entre ses sourcils, une flammebourgeonnait, par la fente qui separe ses dents,j' entrais dans la vision, elle vivait dans un vergerisole, avec une colombe, qui volait, et qui revenait,

    sans autre associe, depuis que j'ai traverse Ia mer, jel'invite en pensee, et me frotte it son intacte solitude.

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    LII

    Comme une vipere, surgie de sous Ies cailloux, queIe pied deplace, elle mord, sans attendre, et parsurprise, elle met Ie masque du mystere, et t'enve-Ioppe en douceur, entre ses bras, tu te dissous, et tutombes dans Ia maladie, d' O U qu' elle te prenne, tues un etre fini.

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    LIII

    Je retrouve la paix, que rencontrent, ceux qui s'ele-vent dans les cieux, je traverse la grande ruse,qui sevoile de felicite, les fenetres de l'ambre, et du muse,apposent leurs cachets, sur nos cceurs tyranniques,qui proposent des pactes encombrants, difficiles ahonorer, malgre la jouissance egale, que nous avonspartagee, dans la distinction.

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    .'

    LIV

    Je me suis adapte a un climat, qui n'est pas le mien,j'y respire l'air humide de l'ocean, j'y ai construitune maison carree, de verre, ouverte sur un pays deroc, coupe par le fil electrique, tendu entre deuxpoteaux en bois, sur quai, j'ai accroche man cceur,phare qui signale la route, a ceux qui partent, et aceux qui les pleurent, je repose dans rna demeure,apres les annees de voyage.

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    LV

    Elle s'est incarnee, entre les deux sexes, tantot fille,tant6t garc;on, nous nous serrions, l'un contre l'au-tre, comme les deux lettres, qui dans man nom sededoublent, nous n'etions plus qu'un, nous qui sorn-mes deux, elle n'aurait pas reconnu, qui elle etait, sije n'avais pas repandu, sur son visage, Ie souffle derna parole.

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    LVI

    Mon corps change de peau, devant l' ange, qui me

    prete de sa lumiere, et prend l'aspect d'un esclave,qui m'indique le chemin de l'ascension, nous tour-nons dans les demeures du cosmos, autour du soleil,monarque d'orient, assis, les jambes croisees, surson trone, puis, nous revenons sur terre, l'ange sedeguise en maitre, que je guide, par temps nuageux,sur une plage au sable blanc, parseme de galets,d'algues seches, de goudron, quand nous appro-chons du couvent, O U chantent les orantes, il dispa-rait, sans laisser la trace, qui m'aurait evite Ietourment.

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    LVII

    Tant6t presente, tantot absente, d'extase, de nostal-

    gie, je ne gueris pas, je la rencontre, je m'en separe,quand je suis loin, j'ai espoir de la voir, quand je laretrouve, j'ai Ie vertige, la vision se repete, chaquefois, plus grande, et Ie mal ne baisse pas.

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    L\T!!I

    Je marche a travers les restes d'un palais noble, enallant vers Ie fleuve sableux, je longe un fil de fer,est-ce un camp, est-ce une frontiere, je suis commeun agglomere de feuilles mortes, que la pluie amol-lit, les gouttes d'eau fixent la poussiere, et le jourdevient plus clair, et moi, je garde les yeux ouverts,apres la halte dans la maladie.

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    LX

    Pres du thuya, elle me disait, marche, tu arriveras,

    ne te fie pas a la vision, elle est provisoire, telle estla loi, quand l'arbre bouge, l'ombre bouge,j'ai sentil'odeur de la gazelle, qui haletait et suait, j'ai hate Iepas, pour rejoindre la nuit, qui nous a reunis, etsepares, notre salut etait notre adieu, je fus eclaire,par le feu de la dame, qui me montrait la lune enfleurs, avant de jeter des pierres, dans l'enclos inter-dit, eIle rn' est apparue, dans sa plus belle forme,puis elle revint sur ses pas, et etouffa les flammes,

    qui avaient devore le lion de rna banniere, elle semit sous la protection de la fievre, elle s'enveloppade mes 1ambeaux calcines, elle raccommoda sonaile cassee, et se deroba aux serres du Pelerin, quivoulait l'emporter vers son royaume, la-bas, chez1es derviches aux manches noires, qui broient lapierre d' azur.

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    LXI

    Au bord du fleuve, a l'ombre du saule, j'entends Ia

    melodie du bois d'aigle,je respire le vent, qui balaieIe corridor, encornbre d'objets vetustes, j'allongerna main, de Ia table au livre, je touche l'arbre delumiere, je tisse de mon sang l' etoffe noire, quicouvre Ie cube, je repands Ie chant de l'absinthe,sur l' odeur du mazout, mes poumons sont deuxlampions, qui brillent dans l'air assourdi de IaMecque.

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    Ces LXI stances ont eliec r i t e sentre Paris et Tunis, duprintemps11l 'automne1984, dans l ' e ne rg i ede lapassion,en ce temps0 1 2les manifesta tio ns, ja dis a ttrib uees a uxd ieu x viva nts, ch ang ent en ep ip ha nies sa ns a tta ch es,Aya inscrit son nom surle scahie rs d es amantes qui

    dictent le ch ant, en son actu alite, elle ranim e lamed i e o a l eNidam, la jeunep er s a ne , a in eedeBeatr ic e, dont s 'ip rit Ibn Arab i,11la Mecque ,en l 'an 598 de I 'hegire, et qui Jutl ' inspiratrice de son Tarjomanal-Achwaq, "L'Interprite desardentsde s i r s "d ivan dont cer ta insmotifs voyagent d 'une rive1 1l 'a utre, tra ve rsant le s siec leset les la ngues, comme pou rag r e e rla celebration del'amour, source dumouoem ent, sansquoi I 'universserait neant.

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    . Table

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    I. Des ruines, souviens-toi 11II. Par quels mots dire 12III. Elle s'est retiree des qu'elle a paru 13IV. Salut it toi le nostalgique 14V Accueille celle qui, parmi vous, descend 16VI. Elle m'interpelle dans Ie noeud du desir 17VII. Dans la nuit, tu vois poindre Ie deuil 18VIII. Et je fus bouscule par des dames 19IX. Leur jeunesse n'est plus 20X. L'eclair tranche Ie fil de la vision 21XI. Enfant, je me souviens 22XII. Colombes cendrees des Comores 23XIII. Nus, couches par terre 25XIV J e marchais dans le dedale du matin 26XV Escalade pas it pas les degres 28XVI. Jour noir 29XVII. La lumiere irradie le levant 31

    - XVIII. Elle traverse la place ovale 32

    XIX. A palanquins automates 34XX. Et toi qui erres 36XXI. Demeures vides 37XXII. J'ecoute celle, qui n'a pas de voix 39

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    XXIII. J e vois mon cceur battre, dans un bocal 40XXIV. Taffetas, le bruit de la mer 42XXV. Les rescapes de la nuit blanche 43

    XXVI. Sur des traces oubliees 44XXVII. Sur la page de la bete immolee 45XXVIII. J e prends le chemin, qui mene au jardin 46XXIX. J'ai erre 47XXX. La vision apporte des odeurs blanches 48XXXI. Etrangere dans sa patrie 49XXXII. Elle a Ie dos cambre 51XXXIII. Tous les quartiers en parlent 53XXXIV. A petites enjambees 54XXXV. La huppe balance 55XXXVI. Noir, dans les yeux noirs 56XXXVII. Trois ombres passent 57XXXVIII. Je voyage dans le monde 58XXXIX. Elle m'ouvre les yeux 59

    XL. Comme des conquerants 60XLI. Les blanches viperes du desert 61XLII. Tard elle se leve 62

    XLIII. Loisean blanc du Yemen 63XLIV. J e heurte un passant 64XLV. 11etre ne serait den 65XLVI. J e n' oublierai pas Ie jour 66XLVII. Je mords dans la coloquinte 67XLVIII. Un paquet de eire 68XLIX. La lune 69

    L. Le temps est etroit 70

    LI. Comme de loin, un mirage 71LIL Comme une vipere 72LIII. Je retrouve la paix 73LIV. Je me suis adapte a un climat 74

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    LV. Elle s'est incarneeLVI. Man corps change de peauLVII. Tant6t presente, tant6t absente

    LVII I . Je marche a travers les restesLIX. Dans la fievreLX. Pres du thuyaLXI. Au bord du fleuve

    Ces LX I stances

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    -- F -W '( .0 . :

    DU MEMEAUTEUR

    A ux ed itio ns S ind ba d

    TALISMANO,roman.

    PHANTASIA,roman.

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    Ce t ouvrage,c omp o s een Bask erville co rp s 1 2,

    acheoe d 'imprimerIe 28 octob re 1987 ,

    sur les p resses de Tardy Querry,il Cahors,

    pour le com pte deseditionsSillages,a ili tiri ii mille d eux c ent trente-tro is

    exemplaires.

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