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ECOLE NATIO LA FILIERE DU CA ROLE DANS LA PR HAUTE Présentée à l’UN et soute pour ob ONALE VETERINAIRE D Année 2009 - Thèse n° ANARD DE CHAIR AU VIETNA ROPAGATION DE L'INFLUENZ EMENT PATHOGENE A H5N1 THESE NIVERSITE CLAUDE-BERNARD - L (Médecine - Pharmacie) enue publiquement le 28Janvier 2009 btenir le grade de Docteur Vétérinaire par Elise SCHUFT Née le 27 Août 1983 à Epinal DE LYON AM ET SON ZA AVIAIRE LYON I

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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON

LA FILIERE DU CANARD DE CHAIR AU VIETNAM ET SON ROLE DANS LA PROPAGATION DE L'INFLUENZA AVIAIRE

HAUTEMENT PATHOGENE A H5N1

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE

et soutenue publiquement lepour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON

Année 2009 - Thèse n°

LA FILIERE DU CANARD DE CHAIR AU VIETNAM ET SON ROLE DANS LA PROPAGATION DE L'INFLUENZA AVIAIRE

HAUTEMENT PATHOGENE A H5N1

THESE

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I(Médecine - Pharmacie)

et soutenue publiquement le 28Janvier 2009 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

Elise SCHUFT Née le 27 Août 1983

à Epinal

ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON

LA FILIERE DU CANARD DE CHAIR AU VIETNAM ET SON ROLE DANS LA PROPAGATION DE L'INFLUENZA AVIAIRE

LYON I

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LA FILIERE DU C ANARD DE CHAIR AU VIETNAM ET SON ROLE DANS LA PROPAGATION DE L'INFLUENZA AVIAIRE

HAUTEMENT PATHOGENE A H5N1

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE

et soutenue publiquement lepour obtenir le gr

ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON

Année 2009 - Thèse n°

ANARD DE CHAIR AU VIETNAM ET SON ROLE DANS LA PROPAGATION DE L'INFLUENZA AVIAIRE

HAUTEMENT PATHOGENE A H5N1

THESE

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I(Médecine - Pharmacie)

et soutenue publiquement le 28 Janvier 2009 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

Elise SCHUFT Née le 27 Août 1983

A Epinal

ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON

ANARD DE CHAIR AU VIETNAM ET SON ROLE DANS LA PROPAGATION DE L'INFLUENZA AVIAIRE

LYON I

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 4

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Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 5

Remerciements

A Monsieur le Professeur Bruno LINA

De la Faculté de Médecine Claude Bernard de Lyon

Qui nous a fait l'honneur d'accepter la présidence de notre jury de thèse

Qu'il soit assuré de notre profond respect

A Madame le Docteur Karine CHALVET-MONFRAY

De l'Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon

Qui nous a fait l'honneur d'encadrer notre travail

Pour son aide et ses précieux conseils

Qu'elle trouve ici un témoignage de notre reconnaissance

A Monsieur le Professeur Théodore ALOGNINOUWA

De l'Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon

Qui nous a fait l'honneur et le plaisir de participer à notre jury de thèse

Pour nous avoir fait découvrir le Vietnam

Sincères remerciements

A Monsieur le Docteur Dominique BICOUT

De l'Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon

Qui nous a fait l'honneur de participer à notre jury de thèse

Pour son aide lors de la réalisation de ce travail

Sincères remerciements

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 6

A mes parents, pour m'avoir toujours soutenue et encouragée dans tous mes choix, même les

plus excentriques, pour votre aide et votre disponibilité…Un grand merci

A ma famille, pour votre gentillesse et votre soutien

A Audrey, pour ton amitié depuis toutes ces longues années

A Elodie, 10 ans déjà qu'on se connaît, 10 ans qu'on se suit…A quand l'association?

A Marilène, reste comme tu es!!

A Liza, ma coloc de Lyon, pour toutes ces bonnes années passées ensemble, depuis la prépa

jusqu'au Vietnam…

A Céline (tu vas y arriver!!), Aurélie (spécialiste des bouledogues) et Marie (très féline)

A Nugget's, pour ses 3 semaines géniales passées à découvrir les us et coutumes du Vietnam,

pour les PGD (plutôt nombreux) et tous ses souvenirs si lontains déjà…

A mes amis rencontrés en Espagne, con muchos recuerdos!!

A CEVEO et plus particulièrement à Marc Helffre, pour m’avoir permis de vivre une aventure

formidable au Vietnam

A tous mes amis du Vietnam (Hao, Nhan, Nhu Y, Tu, Vaness, Binh, Marc, Luc…) et au clan

des cambodgiens, pour votre aide et pour tous ces bons moments passés avec vous, si loin…

A Florian, pour son coaching efficace (la preuve…), ses chocolats trop vite mangés (hélas) et

sa grande patience lors de la relecture de ce travail

Au Docteur Stucky et au Docteur Launoy, pour m'avoir fait confiance et m'avoir guidée lors

de mes premiers pas en clinique et à Aude Pothier pour son aide et ses bons conseils

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 7

Table des matières

Remerciements ........................................................................................................................... 3

Index des figures ...................................................................................................................... 10

Index des tableaux .................................................................................................................... 11

Liste des acronymes et des abréviations .................................................................................. 12

Introduction .............................................................................................................................. 13

I. Présentation de l'élevage de canards de chair au Vietnam ............................................... 15

A. Présentation du Vietnam ............................................................................................ 15

1. Aspects géographiques ........................................................................................... 15

2. Aspects socio-économiques ................................................................................... 17

3. Importance de l'agriculture au Vietnam ................................................................. 18

4. Les différents agro-écosystèmes vietnamiens ........................................................ 18

B. L'élevage au Vietnam ................................................................................................ 20

1. Présentation générale ............................................................................................. 20

2. L'élevage de volailles ............................................................................................. 21

3. Particularités de l'élevage de canards de chair au Vietnam ................................... 27

II. L'Influenza aviaire hautement pathogène ......................................................................... 33

A. Historique .................................................................................................................. 33

B. Etiologie..................................................................................................................... 33

1. Classification .......................................................................................................... 33

2. Morphologie des Influenzavirus A ....................................................................... 33

3. Nomenclature ......................................................................................................... 36

4. Propriétés ............................................................................................................... 37

5. Cycle viral .............................................................................................................. 37

6. Variations génétiques des virus influenza A .......................................................... 39

C. Pathogénicité des Influenzavirus A ........................................................................... 42

D. Epidémiologie ............................................................................................................ 43

1. Hôtes réservoir/ Hôtes secondaires ........................................................................ 43

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 8

2. Facteurs environnementaux ................................................................................... 46

3. Source et transmission des germes ........................................................................ 47

E. Cliniques et lésions .................................................................................................... 49

1. Chez les oiseaux ..................................................................................................... 49

2. Chez l'Homme ........................................................................................................ 50

3. Chez les autres mammifères .................................................................................. 51

F. Diagnostic ...................................................................................................................... 51

1. Diagnostic différentiel ........................................................................................... 51

2. Diagnostic de laboratoire ....................................................................................... 52

G. Prophylaxie ................................................................................................................ 54

1. Prophylaxie nationale ............................................................................................. 55

2. Prophylaxie sanitaire .............................................................................................. 55

3. Prophylaxie médicale ............................................................................................. 56

H. Cas particuliers des canards ....................................................................................... 57

1. Le canard, un hôte réservoir des Influenzavirus A ................................................ 57

2. Persistance du VIAHP chez les canards ................................................................ 57

3. Particularités physiologiques des canards lors d'infection par les VIAHP ............ 58

4. Facteurs favorisant la transmission aux palmipèdes puis la dissémination des VIA

aux autres oiseaux ............................................................................................................ 59

I. L'épizootie d'Influenza hautement pathogène H5N1 au Vietnam ................................. 60

III. Rôle de la filière du canard de chair dans la propagation de l'influenza aviaire

hautement pathogène au Vietnam ............................................................................................ 63

A. Schéma général de la filière ....................................................................................... 63

1. Les reproducteurs et la production de jeunes canetons .......................................... 63

2. Les différents types d'élevages rencontrés ............................................................. 67

3. Les marchés ........................................................................................................... 68

4. Les intermédiaires .................................................................................................. 70

5. Les abattoirs et la transformation ........................................................................... 70

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 9

6. Les sous-produits ................................................................................................... 71

7. Résumé des différents flux d'animaux dans les secteurs 3 et 4.............................. 71

8. Autres intervenants ................................................................................................ 74

B. Points critiques de la filière ....................................................................................... 75

1. Les pratiques d'élevage .......................................................................................... 76

2. Production d'œufs et de canetons ........................................................................... 78

3. Les regroupements d'animaux (intermédiaires, marchés…) .................................. 79

4. L'eau et l'alimentation ............................................................................................ 80

5. Pratiques à risques en réaction à l'épizootie ........................................................... 80

6. Soins vétérinaires ................................................................................................... 81

7. Les sous-produits et les déchets ............................................................................. 81

8. Résumé des points critiques des secteurs 3 et 4 ..................................................... 82

C. Mesures de prévention ............................................................................................... 85

IV. Impacts de l'IAHP sur la filière du canard de chair au Vietnam ................................... 91

A. Chute de la production ............................................................................................... 91

B. Pertes économiques ................................................................................................... 92

1. Total des pertes ...................................................................................................... 92

2. Fluctuation du prix de la viande ............................................................................. 93

3. Secteurs de production les plus touchés ................................................................. 93

4. Conséquences en amont et en aval de la filière ..................................................... 94

C. Restructuration........................................................................................................... 96

1. Repeuplement ........................................................................................................ 96

2. Production de volailles certifiées ........................................................................... 96

3. Changement des sources de financement .............................................................. 97

D. Plan du gouvernement entre 2006 et 2010 ................................................................ 98

Bibliographie .......................................................................................................................... 101

Page 11: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 10

Index des figures

Figure 1 : Carte représentative du Vietnam ................................................................................................... 16

Figure 2 : Elevage de volailles familial dans le Delta du Mékong (photos de Liza Yamazaki) ............... 22

Figure 3 : Densité des fermes de volailles au Vietnam par province(Delquigny, Edan et al. 2004) ...... 25

Figure 4: Canes de Barbarie et leurs canetons en élevage familial dans le Delta du Mékong à gauche

(photo personnelle) et dans le district de Thu Duc à droite (photo de Liza Yamazaki) ........................... 29

Figure 5 : Troupeau de canard laissé en liberté sur une rivière dans le Delta du Mékong (photo

d'Antoine Rostang) ............................................................................................................................................. 31

Figure 6 : Morphologie des Influenzavirus A (Murphy, Gibbs et al. 1999) ................................................. 34

Figure 7 : Structure et cycle de réplication des Influenzavirus A ................................................................ 39

Figure 8 : Différentes étapes possibles de transmission d'un IA des oiseaux à l'Homme (Holder 2007)

.............................................................................................................................................................................. 44

Figure 9 : Schéma des voies de transmission du VIAHP H5N1 (Jestin 2008) ......................................... 45

Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)

.............................................................................................................................................................................. 54

Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant les premières vagues d'épizootie au Vietnam entre

2004 et début 2006 (Pfeiffer, Minh et al. 2007) ............................................................................................. 62

Figure 12: Vente d'oeufs et de canetons sur un marché dans le Mékong (photos de Liza Yamazaki) 65

Figure 13 : Schéma résumant les différents flux de canetons en amont des fermes d'élevage de

canard de chair (Desvaux 2008) ...................................................................................................................... 66

Figure 14: Transport de canards en bateau dans le Delta du Mékong (Desvaux 2008) ou en

motocyclette (To, Bui et al. 2007) .................................................................................................................... 70

Figure 15 : Schéma résumant les différents flux de canards dans le secteur 3 (Agrifood Consulting

International 2006) ............................................................................................................................................. 72

Figure 16 : Schéma résumant les différents flux de canards dans le secteur 4 (Agrifood Consulting

International 2006) ............................................................................................................................................. 73

Figure 17: Volailles vivantes sur le marché de Dalat en Février 2008 (photo d'Antoine Rostang) ........ 80

Figure 18 : Secteur 3 et points à risque d'introduction de l'IAHP (Agrifood Consulting International

2006) .................................................................................................................................................................... 83

Figure 19 : Secteur 4 et points à risque d'introduction de l'IAHP (Agrifood Consulting International

2006) .................................................................................................................................................................... 84

Figure 20 : Affiche parue lors de la campagne d'information sur les mesures de biosécurité à appliquer

dans les élevages (Bong 2005). ....................................................................................................................... 89

Figure 21: Evolution de la production de volailles entre 1990 et 2007 (Desvaux 2008) ......................... 92

Page 12: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 11

Index des tableaux

Tableau 1 : Répartition des fermes industrielles de volailles en fonction des espèces et des agro-

écosystèmes (Hong Hanh, Burgos et al. 2007) ............................................................................................. 26

Tableau 2 : Différences de rendement des races de canards locales et exotiques (Delquigny, Edan et

al. 2004) ............................................................................................................................................................... 28

Tableau 3: Présence des canetons et des canards (en bleu) en fonction des cycles de riziculture (en

vert) (Edan, Bourgeois Luthi et al.). ................................................................................................................. 30

Tableau 4 : Segments génomiques des virus Influenza A et rôles biologiques des protéines virales

(Jestin 2008) ....................................................................................................................................................... 36

Tableau 5: Caractéristiques des différents secteurs d'élevages de volailles selon la classification de la

FAO ...................................................................................................................................................................... 68

Tableau 6: Financements nécessaires et accès au crédit suivant le type d'élevage au Vietnam

(Dolberg and Mac Leod 2005) .......................................................................................................................... 97

Page 13: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 12

Liste des acronymes et des abréviations

Ac Neu : Acide N-acétyl neuraminique

ARN : Acide Ribonucléique

AVSF : Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières

ELISA : Enzym Linked Immuno Sorbent Assay

FAO : Food and Agriculture Organisation

GSO : General Statistics Office

HA : Hémagglutinine

HP : Hautement Pathogène

IA : Influenza Aviaire

IAFP : Influenza Aviaire Faiblement Pathogène

IAHP : Influenza Aviaire Hautement Pathogène

IDG : Immunodiffusion sur gélose

IPIV : Index de Pathogénicité Intra-Veineuse

MARD : Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural (Ministry of Agriculture and Rural Developpement)

NA : Neuraminidase

NIAH : National institute of Animal Husbandry

NSCAI : National Steering Comitee for H5N1 Avian Influenza

OIE : Organisation Internationale des Epizooties (Ancienne appellation de l'Organisation Mondiale de la Santé Aanimale)

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PCR : Polymerase Chain Reaction

PIB : Produit Intérieur Brut

RNP : Ribonucléoprotéique

SRAS : Syndrome respiratoire Aigü

VIA : Virus de l'Influenza Aviaire

VIAHP : Virus de l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 13

Introduction

Situé sur la côte orientale de l'Asie du Sud est, le Vietnam connaît un fort

développement économique depuis quelques années. Cependant, le pays reste encore

profondément rural. L'agriculture joue un rôle économique et social important, et plus de 80%

de la population vit à la campagne. La topographie et les caractéristiques climatiques du

Vietnam offrent de bonnes conditions de cultures (notamment celles du riz, de la canne à

sucre ou du café) et l'élevage est très présent dans les foyers ruraux.

L'élevage de volailles est, après celui des porcs, le plus développé au Vietnam, car il

demande en général peu d'installations et de faibles investissements. De plus, il constitue pour

les foyers ruraux une source de revenus et de protéines non négligeable. Même si la

production se fait essentiellement à petite échelle, de plus en plus de fermes industrielles se

développent pour répondre à la forte demande en viande de volailles. Les espèces les plus

souvent rencontrées sont les poulets et les canards (communs ou de Barbarie). Ces derniers

sont présents essentiellement dans les régions du Delta du Fleuve Rouge (au Nord) et dans le

Delta du Mékong (au Sud), deux zones où l'eau, indispensable en élevage de canards, abonde.

La production de canard de chair, même si elle est nettement inférieure à celle de poulet, reste

importante et permet au Vietnam d'être le deuxième producteur de canards en Asie après la

Chine (à eux deux, ils représentent 75% de la population mondiale de canards).

Fin 2003, une épizootie d'Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP) à virus

H5N1 est apparue en Asie du Sud Est, et plus particulièrement au Vietnam où la filière aviaire

a été fortement touchée. La propagation rapide de l'IAHP et le manque de moyens pour la

contrer furent à l'origine d'une forte mortalité dans les élevages de volailles et de pertes

économiques importantes pour toute la filière. Malgré les nombreuses mesures mises en

œuvre par le gouvernement pour éradiquer la maladie du territoire vietnamien, elle y est

devenue endémique et les canards semblent être les acteurs principaux de sa propagation.

L'IAHP à H5N1fut également à l'origine d'infections humaines souvent mortelles, ce

qui laisse craindre une possible pandémie si le virus s'adapte à l'Homme. En plus des lourdes

pertes économiques dues à la mortalité importante ou à l'abattage des volailles, l'IAHP

représente donc une menace pour la santé humaine. Il est donc nécessaire de bien étudier cette

épizootie afin de mettre en place des mesures de prophylaxie sanitaire et médicale efficaces et

adaptées au pays.

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 14

Nous intéresserons, dans un premier temps, aux particularités agro-économiques du

Vietnam et nous présenterons les différents types d'élevages de canards qui y sont rencontrés.

Nous étudierons ensuite les principales caractéristiques de l’IAHP et nous mettrons en

évidence les points critiques d’introduction et de propagation du virus H5N1 au travers de la

filière du canard de chair. Enfin, nous analyserons les conséquences de l’épizootie d’IAHP

sur cette filière et les mesures adoptées pour éradiquer cette maladie endémique au Vietnam.

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 15

I. Présentation de l'élevage de canards de chair au

Vietnam

Le Vietnam est un pays en voie de développement encore essentiellement rural, et

l'agriculture représente un secteur économique très important et prometteur. L'élevage de

volailles y est bien développé car c'est elles sont faciles à élever et sont une source de

protéines peu onéreuses. Après une présentation générale du pays, nous nous intéresserons

aux caractéristiques de l'élevage de volailles, et plus particulièrement à celles de l'élevage de

canards de chair.

A. Présentation du Vietnam

1. Aspects géographiques

Le Vietnam est une étroite bande de terre de 1700 km de long et d'une superficie de

332 278 km² qui s'étire sur la côte orientale de la péninsule Indochinoise. Le pays est situé

entre la latitude 23°N et la latitude 8°N ce qui a des répercussions sur son climat. Le Vietnam

est frontalier avec la Chine au Nord, le Laos à l'Ouest et le Cambodge au Sud Ouest et il est

bordé par le golfe du Tonkin au Nord, la mer de Chine Méridionale à l'Est et le Golfe du

Siam au Sud [Figure 1].

Le Vietnam est traversé par deux grands fleuves majeurs, le Fleuve Rouge au Nord et

le Mékong au Sud. Ils se jettent respectivement dans le Golfe du Tonkin et dans la mer de

Chine Méridionale en formant 2 Deltas et des paysages de plaines alluviales, de lagunes et de

canaux mis à profit pour l'agriculture et le transport [Figure 1] (Ministère des Affaires

Etrangères).

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 16

Figure 1 : Carte représentative du Vietnam

Le relief vietnamien est très varié avec d'importantes zones montagneuses couvrant les

2/3 du territoire (Kane 1994). La plus grande chaîne de montagne est le Trong Son, située

dans le Nord et dans la région des Hauts-Plateaux du Centre Ouest. Les deux grandes plaines

fertiles formées par le Delta du fleuve Rouge au Nord et le Delta du Mékong au Sud sont

Page 18: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 17

intensément cultivées et représentent environ 50% de la superficie agraire utilisée. Seulement

28,5% de la superficie totale est consacrée à l'agriculture et la forêt couvre environ 43,8% du

territoire vietnamien(General Statistics Office Of Vietnam 2008). Le pays est divisé en 8

régions et en 61 provinces, elles-mêmes constituées de différents districts (10 en moyenne),

chaque district étant formé par la réunion de plusieurs communes (Dal Fovo 2002).

Le climat est de type tropical avec un fort taux d'humidité (environ 80% à 90 %) mais

on observe d'importantes variations suivant les régions (General Statistics Office Of Vietnam

2007). Au Sud, l'amplitude thermique est faible et les températures sont généralement

comprises entre 28° C et 30°C. Cette partie du pays connait une saison sèche (d'octobre à

juin) qui alterne avec une saison humide ou mousson (de juin à septembre) pendant laquelle

les précipitations peuvent être très importantes. Le Nord quant à lui présente une alternance de

4 saisons (printemps, été, automne, hiver) avec des températures plus extrêmes pouvant aller

de 4°C à 35°C. Il existe également des microclimats propres à certaines régions dus à des

particularités géographiques.

2. Aspects socio-économiques

Le Vietnam est le troisième pays le plus peuplé d'Asie du Sud Est. En 2008, il compte

86 116 559 habitants dont 70% vivent en milieu rural et sa densité moyenne est de 261,9

habitants au km². Environ 80% de la population vit dans les régions des Deltas du Mékong et

du Fleuve Rouge (Statistiques mondiales ; Desvaux 2008).

La République Socialiste du Vietnam possède un parti unique représenté à différents

niveaux administratifs par des comités populaires. Depuis l'ouverture du pays au commerce

international en 1986 (politique du Doi Moi, ou "Renouveau"), le Vietnam connaît un essor

économique important : son produit intérieur brut (PIB) augmente fortement chaque année (+

8,2 % en 2006). De plus, ses exportations progressent régulièrement chaque année et les

investissements étrangers se maintiennent à un niveau élevé. La balance commerciale est

toutefois déficitaire et, malgré une amélioration du niveau de vie de la population, le Vietnam

reste un pays pauvre. Son PIB n'est que de 720 dollars par habitant et il doit faire face à une

inflation qui ne cesse de progresser chaque année (+ 7,8% en 2006) (Ministères des Affaires

Etrangères).

Page 19: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

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3. Importance de l'agriculture au Vietnam

Bien que le secteur agricole représente moins de 20% du PIB en 2007, il emploie les

2/3 de la population active (Ministères des Affaires Etrangères).

La production agricole vietnamienne est essentiellement rizicole. Dans les régions des

Deltas du fleuve Rouge et du Mékong, la riziculture y est très développée et permet au

Vietnam d'être le deuxième exportateur de riz au monde (35 566 800 tonnes de riz paddy

produit en 2007 ce qui représente 7 305 000 hectares de surface cultivée) (FAOSTAT 2008).

Le riz est un aliment très important dans la ration quotidienne vietnamienne et ses sous-

produits sont valorisés dans l'alimentation animale (brisure, son, paille de riz…). De plus, sa

culture peut être associée à l'élevage du porc, des canards ou à la pisciculture sous forme de

systèmes de rotation de parcelles ou d'élevages intégrés.

Dans les régions peu propices à la culture du riz, la population privilégie d'autres

espèces de plantes. Le maïs, le manioc et la patate douce sont les autres cultures vivrières les

plus développées au Vietnam. L'hévéa, l'arachide, le café, le poivre et la canne à sucre

constituent les principales cultures industrielles (Carles 1997).

Ces différentes cultures ne sont pas uniformément développées sur le territoire

vietnamien, certaines régions sont plus ou moins spécialisées en fonction de leurs

caractéristiques climatiques et de leurs reliefs. On peut ainsi diviser le Vietnam en 8 régions

en fonction de critères écologiques, agronomiques et économiques.

4. Les différents agro-écosystèmes vietnamiens

a) Le Nord-Est

Composé essentiellement de collines peu boisées avec des petites parcelles agraires de

faible productivité, le Nord-Est une région très isolée et considérée comme peu développée, à

l'exception des provinces touristiques de Quang Ninh et de Thai Nguyen qui accueillent

également certaines industries métallurgiques. L'élevage dans cette région est essentiellement

traditionnel et de petite taille, les espèces majoritaires étant les buffles, les porcs et le poulet

(Nguyen Dang and Le Viet 2000).

b) Le Nord-Ouest

Le Nord-Ouest est caractérisé par d'importantes collines avec peu de végétation et des

hameaux dispersés. La population, dont le niveau d'éducation est faible, est assez pauvre.

Page 20: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 19

L'essor de l'agriculture est limité par une absence d'axes routiers importants et d'outils de

communication. Malgré tout, l'élevage de porcs locaux est important sa productivité reste

faible. Il en est de même pour l'élevage de volailles qui sont laissées en liberté autour des

habitations (Nguyen Dang and Le Viet 2000).

c) Le Delta du fleuve Rouge

Surnommé "le panier de riz du Vietnam", le Delta du fleuve Rouge est une région de

12 521 km² caractérisée par une forte densité de population et par l'existence d'un pôle urbain

très développé (Hanoï et sa périphérie, Ha Long). Malgré une urbanisation importante, 50, 9%

des terres sont cultivées et destinées essentiellement à la riziculture (General Statistics Office

Of Vietnam 2008). Pour répondre à la forte demande en produits d'origine animale, l'élevage

y est très présent: bovins, porcs de races exotiques, volailles de chair industrielles (Nguyen

Dang and Le Viet 2000).

d) La côte Nord du Centre

La Côte Nord est une étroite bande de terre bordée par des montages à l'Ouest et par la

mer de Chine à l'Est. Cette région, très pauvre, présente un déficit alimentaire et les marchés

sont très peu développés. L'agriculture est dominée par des cultures intensives de cacahuètes,

café et de caoutchouc. L'élevage de bovidés se fait en parallèle avec d'autres élevages comme

le porc (Nguyen Dang and Le Viet 2000).

e) La côte Sud du Centre

Dans cette région, la population citadine est très importante et le commerce est

beaucoup plus développé que dans la Côte Nord du centre. L''industrie piscicole y est très

développée. La durée de la saison sèche est un frein au développement d'autres types

d'élevages. Dans les zones les plus arides, les agriculteurs élèvent des chèvres et des moutons

(Nguyen Dang and Le Viet 2000).

f) Les Hauts-Plateaux

La région des Hauts-Plateaux est célèbre pour ses cultures intensives comme le café et

le caoutchouc. L'élevage y est assez bien développé (surtout celui du porc). Néanmoins, le

manque d'eau dû à une saison sèche très longue est un élément limitant pour le

développement de l'agriculture et nourrir les animaux devient alors problématique (Nguyen

Dang and Le Viet 2000).

Page 21: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 20

g) Le Nord-Est du Sud

C'est une région très urbanisée (Ho Chi Minh en fait partie) offrant de nombreuses

opportunités commerciales pour les producteurs. La culture industrielle est bien développée et

les éleveurs facilement accès aux sous-produits servant dans l'alimentation animale (drêches

de brasserie, déchets de fruits…). La plupart des animaux élevés sont issus de races

améliorées par des croisements. La production laitière y est aussi assez développée. Le niveau

d'éducation de la population est plutôt élevé (Nguyen Dang and Le Viet 2000).

h) Le Delta du Mékong

Région très agricole (62, 2% des terres sont cultivées), le Delta du Mékong est

surnommé le "grenier à riz" du Vietnam. La riziculture y est très développée et la population

utilise le réseau aquatique formé par les différents bras du Mékong pour se déplacer.

L'aquaculture bénéficie de ces caractéristiques halieutiques particulières. Néanmoins, la

pollution environnementale devient un problème très préoccupant pour cette région (Nguyen

Dang and Le Viet 2000).

B. L'élevage au Vietnam

1. Présentation générale

a) Importance de l'élevage

Le développement de l'élevage au Vietnam répond une forte demande en produits

d'origine animale et a permis à la population d'augmenter l'apport en protéines de sa ration

alimentaire quotidienne. Les animaux majoritairement élevés au Vietnam sont le porc et les

volailles puis viennent les buffles et les bovins au sens strict.

b) Les structures d'élevage

L'élevage au Vietnam est essentiellement traditionnel, constitué de petites fermes

familiales dans lesquelles sont valorisées les déchets alimentaires du foyer. La productivité est

donc encore assez faible, avec des animaux issus soit de races locales, soit de croisements

entre des races locales et exotiques. Les fermes industrialisées ou semi industrialisées se

multiplient néanmoins de plus en plus autour des grands pôles urbains dans les Deltas du

fleuve Rouge et du Mékong. Ce développement récent permet de subvenir aux besoins en

viande et autres produits d'origine animale comme les œufs des populations citadines. De

plus, on assiste à une diminution du nombre de fermes d'Etat au profit des fermes privées.

Page 22: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

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c) Elevage porcin

Le porc est une des composantes majeures de l'agriculture vietnamienne et reste, avec

le riz, l'un des ingrédients essentiels de la ration alimentaire quotidienne de la population. Les

Deltas du Mékong et du Fleuve Rouge et les montagnes du Nord regroupent les 2/3 du cheptel

porcin. Des disparités sont toutefois observées entre le Nord et le Sud : les petits élevages

familiaux jouent un rôle beaucoup plus important dans le Nord que dans le Sud, où les

élevages industriels sont plus nombreux. Bien que les races locales soient encore très

présentes (surtout dans le Nord), leurs croisements avec des races exotiques comme le

Landrace, le Large White, ou bien le Duroc donnent un cheptel porcin très hétérogène.

d) Elevage bovin

Les élevages familiaux de bovins au sens strict ou de buffles sont assez nombreux, les

foyers ruraux possédant souvent quelques animaux utilisés pour le travail au champ et dont la

viande sera valorisée plus tard. Les animaux sont laissés en liberté la journée, pâturant où ils

peuvent (champs après la récolte, bords de route…). Les buffles, dont la race la plus

représentée est le buffle des marais, sont surtout présents dans les montagnes du Nord (50%

du cheptel). La race Jaune du Vietnam, particulièrement bien adaptée aux conditions

climatiques et résistante aux maladies est le bovin de viande le plus prisé des populations

rurales.

L'élevage de bovin laitier est, quant à lui, assez récent. La consommation de produits

laitier ne fait pas partie des habitudes alimentaires vietnamiennes mais depuis quelques

années, elle semble augmenter. L'élevage laitier commence donc à se développer de plus en

plus, surtout dans le Sud du pays et plus particulièrement dans la périphérie d'Ho Chi Minh

(environ 50% du cheptel). Ce sont des élevages périurbains pour l'essentiel avec moins d'une

dizaine de vaches croisées Holstein et races locales. Les animaux restent toute la journée à

l'attache dans un abri sur une chape de béton, et l'éleveur leur amène le fourrage et les

concentrés.

2. L'élevage de volailles

L'élevage de volailles est la deuxième filière la plus développée après la filière

porcine. Très répandu au Vietnam, il est surtout concentré autour des grands centres urbains.

Les deux grands bassins d'élevage sont les Deltas du fleuve Rouge et du Mékong (Burgos

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2007). Environ 90% des foyers (soit environ 8 millions) ont une basse-cour qui représente une

source non négligeable de revenus (environ 19% du revenu familial) (Desvaux 2008).

a) Classification des élevages

Les différents types d'élevages de volailles peuvent être regroupés en trois catégories

en fonction de différents critères comme la taille des exploitations, les effectifs et les espèces

d'animaux élevés, la rentabilité, la destination des volailles et les mesures de biosécurité mises

en place.

(1) Les élevages de type familial

Aussi appelés élevages en divagation, ils existent depuis très longtemps au Vietnam.

Ce sont des petits élevages extensifs avec moins de 50 volailles (d'espèces souvent

différentes) qui sont laissées plus ou moins en liberté toute la journée et peuvent entrer en

contact avec d'autres animaux [Figure 2]. Les volailles mangent ce qu'elles trouvent par terre

(insectes, brisures de riz) et les déchets alimentaires familiaux. La productivité est donc faible

et les cycles d'élevage sont longs (les volailles sont abattues à l'âge de 6 mois). Les élevages

traditionnels demandent peu d'investissements et peu de matériels et les mesures de

biosécurité sont faibles (contacts possibles avec la faune sauvage, peu de contrôles

vétérinaires) ce qui explique la forte prévalence de maladies (Gumboro, parasites,

Newcastle…). Les volailles sont consommées localement (par les propriétaires ou vendues

vivantes dans les marchés) et les familles s'approvisionnent en poussins ou canetons auprès

des fermes voisines, des distributeurs ou bien encore des fermes d'Etat ou privées (Delquigny,

Edan et al. 2004).

Figure 2 : Elevage de volailles familial dans le Del ta du Mékong (photos de Liza Yamazaki)

Page 24: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

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Ces élevages permettent de valoriser les déchets alimentaires et représentent pour les

foyers une source de protéines et de revenus non négligeable. En moyenne, 65% des poulets

et 15 à 20% des canards produits au Vietnam proviennent de ce type d'élevages (Desvaux

2008).

(2) Les élevages semi-industriels

Ce sont des élevages regroupant 1 à 3 lots de 50 à 2000 volailles et dont les moyens

techniques et sanitaires sont plus importants que dans les élevages familiaux. Les animaux

sont gardés enfermés mais ils peuvent avoir accès à l'extérieur car les poulaillers sont souvent

dotés d'un parcours clôturé de 100 à 200 m². Les éleveurs peuvent également les emmener

pâturer après la récolte dans les rizières ou les champs. Même si les volailles se nourrissent

toutes seules avec ce qu'elles glânent (vers, insectes, herbes…) lorsqu'elles sont en extérieur,

les éleveurs les complémentent avec des aliments industriels ce qui permet d'augmenter la

productivité. Les investissements concernent surtout la construction du poulailler, des

mangeoires et des abreuvoirs ou bien encore d'une nurserie pour les jeunes volailles. Le plus

souvent, les cages et les clôtures sont faites en bambou ou avec de petites briques. Les

mesures de biosécurité sont un peu plus importantes que dans les élevages traditionnels

(meilleurs suivis des volailles, clôtures, peu de mélanges d'espèces…), néanmoins les contacts

avec les animaux extérieurs restent possibles. Les éleveurs s'approvisionnent en poussins d'un

jour auprès des grandes compagnies étrangères mais aussi auprès des fermes de reproducteurs

vietnamiennes. De 10 à 15% des volailles produites au Vietnam proviennent des élevages

semi-industriels. Ces volailles sont destinées à alimenter les marchés (Delquigny, Edan et al.

2004; Agrifood Consulting International 2006).

(3) Les élevages industriels intensifs

Jusque dans les années 80, les élevages industriels étaient surtout des fermes d'Etat.

Depuis, des fermes privées se sont développées et la plupart appartiennent à des compagnies

étrangères ou sont sous contrat avec elles. Les principales entreprises au Vietnam sont CP

Group (thaïlandais) qui produit annuellement 45 millions de poulets, suivi de Cargill (Etats-

Unis) avec 12 millions de poulets vendus par an et de JAPFA (Indonésie), avec 4 à 5 millions

de poulets (Agrifood Consulting International 2006). Les animaux sont suivis régulièrement

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par les services vétérinaires et les mesures de biosécurité appliquées sont très importantes

(animaux enfermés en permanence, conduites en bande, vide sanitaire…). Environ 20% des

volailles consommées au Vietnam proviennent de ce type d'élevage. La plupart des

installations sont situées à proximité des grands pôles urbains [Tableau 1].

Il existe environ 2000 fermes de plus de 2000 volailles par lot. Les cycles de

production sont courts et les animaux sont élevés en bande (ou all in/all out). Les élevages

industriels intégrés de 2000 à 30 000 volailles représentent seulement 0,1% des élevages au

Vietnam. Les fournisseurs d'aliments sont surtout les compagnies étrangères propriétaire sou

en contrat avec les grands élevages comme Cargill, CP Group, JAPFA, Proconco. Les

conditions d'élevage sont quasi-similaires à celles retrouvées dans les pays industrialisés

(Delquigny, Edan et al. 2004; Desvaux 2008).

Les animaux issus des élevages industriels ou semi-industriels sont destinés à la vente

sur les marchés, aux petits transformateurs ou aux restaurateurs (Agrifood Consulting

International 2006).

b) Répartition géographique des élevages de volaill es

L'élevage de volailles est présent sur tout le territoire vietnamien mais des différences

entre les régions existent [Figure 3]. Les provinces situées dans les Hauts-Plateaux au Nord, à

proximité des frontières laotiennes, cambodgiennes et en bord de mer sont celles dont la

densité des fermes de volailles est la plus faible (moins de 12 élevages au km²). A l'opposé,

les provinces situées dans le Delta du Fleuve Rouge sont celles pour lesquelles la densité est

la plus importante (plus de 100 fermes au km²) (Delquigny, Edan et al. 2004).

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Légende :

moins de 12 élevages / km² entre 12 et 20 élevages / km² entre 20 et 50 élevages / km² plus de 50 élevages / km²

Figure 3 : Densité des fermes de volailles au Vietna m par province(Delquigny, Edan et al. 2004)

Des différences majeures s'observent aussi entre le Nord et le Sud du pays [Tableau

1]. La proportion de fermes par habitant est plus élevée dans certaines régions du Nord où la

plupart des foyers élèvent des volailles. Dans le Sud, un foyer sur 3, voire sur 8 suivant les

régions, se livre à ce type d'élevage. Trois raisons peuvent expliquer cette situation : dans le

Sud, les élevages semi-industriels et industriels sont beaucoup plus nombreux, que

l'urbanisation y est plus importante et les élevages sont bien plus diversifiés.

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Régions

Nombre de fermes

de poulets

Nombre de fermes de

palmipèdes

Nombre de fermes de

reproducteurs

Nombre total de fermes

industrielles Nord 852 242 173 1274 Nord Est 72 2 2 76 Nord Ouest 42 0 1 43 Delta du fleuve Rouge

590 141 169 900

Côte Centrale du Nord

155 99 1 255

Sud 1091 426 46 1563 Côte Centrale du Sud

263 141 10 414

Hauts-Plateaux 99 29 0 128 Sud Est 479 18 25 522 Delta du Mékong 250 238 11 499 Vietnam 1950 668 219 2837

Tableau 1 : Répartition des fermes industrielles de volailles en fonction des espèces et des agro-écosystèmes (Hong Hanh, Burgos et al. 2007)

c) Type de productions

Les ateliers de production de volailles sont variés et sont plus ou moins liés entre eux

(Agrifood Consulting International 2006):

- Production de reproducteurs (élevage de grands-parentaux et de parentaux)

- Production de jeunes poussins ou de canetons (couvoirs)

- Production de volailles de chair

- Production d'œufs (embryonnés ou non) destinés à la consommation

- Coqs de combat

d) Espèces et races développées

Les espèces de volailles retrouvées au Vietnam sont nombreuses (poulets, canards,

cailles, dindes…), mais les plus représentées sont les poulets, les canards communs et les

canards de Barbarie. Les différentes races peuvent être classées en fonction de leur spécificité

de production (œuf, viande ou mixte) mais aussi en fonction de leurs origines (races locales,

exotiques ou croisées).

Les races locales sont de petits gabarits et sont bien adaptées aux conditions naturelles

du pays, mais leurs performances en terme de production sont faibles. On peut citer les races

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Ri, Mya, Dong Tao, Ho retrouvées dans le Nord du pays et la race Ta Vang au Sud. Elles ont

souvent les plumes jaune orangé et la peau foncée.

Les races exotiques ont été importées de Chine ou d'autres pays industrialisés (Europe,

Israël…). Ce sont des races plus spécialisées et leurs performances de productions sont

meilleures que celles des races locales. Néanmoins, les animaux sont moins bien adaptés aux

pays. Il s'agit des poulets de race Isa, Sasso, Babcock ou bien encore Kabir.

Le croisement entre une race locale et une race exotique permet d'obtenir des animaux

ayant de meilleures performances que les races locales et adaptés aux conditions d'élevage du

pays.

En général, les races locales sont surtout élevées dans le but d'avoir des animaux

mixtes et sont présentes dans les petits élevages familiaux. Les animaux de races exotiques ou

issues de leurs croisements avec des races locales sont élevés dans les fermes industrielles et

sont destinés à une seule production suivant leurs spécificités. Le consommateur vietnamien a

tendance à préférer la viande de volailles de races locales au détriment des autres, leur prix est

donc plus élevé sur les marchés (Delquigny, Edan et al. 2004; Burgos, Hinrichs et al. 2008).

3. Particularités de l'élevage de canards de chair au

Vietnam

a) Importance de l'élevage de canards au Vietnam

Les canards représentent environ 90% des palmipèdes élevés au Vietnam et ils sont

présents dans plus de 2 millions de foyers. L'élevage de canards de chair au Vietnam est

surtout développé dans les régions des deux Deltas, avec une proportion un peu plus

importante de canards dans le Nord que dans le Sud. En 2007, le Vietnam a produit 84 000

tonnes de viande de canard (FAOSTAT 2008).

b) Espèces et races de canards de chair

Seules 2 espèces de canards sont utilisées : le canard commun (Anas platyrinchos) qui

représente environ 80 % des canards élevés au Vietnam et le canard de Barbarie (Cairina

moschata). Ce dernier se retrouve essentiellement dans le Sud du pays. Comme pour les

volailles en général, les races de canards peuvent se classer en fonction des leurs spécificités

(production de viande ou d'œufs) et de leurs origines. Environ 60% des canards produits au

Vietnam en 2005 étaient de races locales.

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Les animaux de races locales et exotiques ont été beaucoup croisés, il est donc de plus en plus

difficile, tout du moins dans les régions des Deltas, de différencier les races retrouvées dans

les champs. Les races locales mixtes sont le Vit Co au Nord et le Vit Tau au Sud et celles

spécialisées dans la viande sont le Vit Ta ou Vit Bau et le canard de Barbarie local. La race

pékin est très représentée au Vietnam. Elle est originaire de Chine mais elle a subi

énormément de croisement et est maintenant considérée comme une race mixte alors qu'elle

est, théoriquement, une race à viande. Les races exotiques les plus représentées sont le Cherry

Valley, le Supermeat et le canard de Barbarie français. Les races locales de canard de chair

ont des performances assez mauvaises et le cycle d'élevage est beaucoup plus long [Tableau

2] mais leur viande est préférée par les consommateurs (Agrifood Consulting International

2006; Desvaux 2008)

Âge lors de l'abattage (en mois)

Poids vif à l'abattage (en kg )

Races locales 3,13 1,50 Races exotiques 2,96 1,93 Races issues de croisements 2,90 3,64

Tableau 2 : Différences de rendement des races de c anards locales et exotiques (Delquigny, Edan et al. 2004)

c) Les types d'élevages de canards de chair

L'élevage de canard de chair peut, comme pour l'élevage de volailles décrit plus haut,

être de 3 types (familial, semi-industriel et industriel) mais il présente certaines particularités.

Ainsi, la production de canards est saisonnée car elle est bien souvent étroitement liée à la

riziculture et les pics de production de viande de canards s'observent surtout lors des grandes

fêtes du pays (Nouvel An, Fête du Têt ou Nouvel An Chinois…). De plus, l'eau est

indispensable au développement physiologique des canards (sauf pour le canard de Barbarie

qui peut être élevé sans plan d'eau à proximité) (Jestin 2008).

(1) L'élevage familial

C'est certainement le type d'élevage de canards de chair le plus représenté au Vietnam.

Il peut être identique à celui décrit pour les volailles, c'est-à-dire constitué de quelques

canards qui côtoient d'autres volailles mais aussi des cochons, des chèvres ou bien des bovins.

Les animaux sont laissés en totale liberté, glanant ce qu'ils peuvent autour des habitations

(détritus, restes de graines, insectes...) [Figure 4] (Edan 2006).

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Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 29

Figure 4: Canes de Barbarie et leurs canetons en él evage familial dans le Delta du Mékong à gauche (photo personnelle) et dans le district de Thu Duc à droite (photo de Liza Yamazaki)

(2) Le système de pâturage

D'autres systèmes traditionnels basés sur la divagation des canards existent à des

échelles plus ou moins importantes. Lorsque les canards sont assez nombreux (une centaine

de têtes), ils sont placés sous la surveillance d'un "berger" qui les amènent dans les rizières la

journée et ils sont rentrés la nuit. Les animaux nettoient ainsi les rizières en mangeant

insectes, escargots et crustacés nuisibles. Ils sont ensuite rentrés le soir au poulailler. La mise

en place de ce système dépend des cycles de production du riz et se retrouve surtout dans les

régions des Deltas du fleuve Rouge et du Mékong. Les canetons sont présents dans les rizières

lorsque les pousses de riz sont jeunes (20 jours avant le repiquage et jusqu'à la fleuraison) et

les canards adultes après la récolte [Tableau 3]. La mise en place de ce système s'observe

surtout entre mars et juillet et de septembre à décembre (Edan 2006).

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Jan Fev Mar Avr Mai Jui Jui Aoû Sep Oct Nov Déc

Delta du Fleuve Rouge

Riziculture

Canetons

Canards

Nord Est

Riziculture

Canetons

Canards

Nord Ouest

Riziculture

Canetons

Canards

Côte Centrale Nord

Riziculture

Canetons

Canards

Côte Centrale Sud

Riziculture

Canetons

Canards

Sud Est

Riziculture

Canetons

Canards

Delta du Mékong

Riziculture

Canetons

Canards

Tableau 3: Présence des canetons et des canards (en bleu) en fonction des cycles de riziculture (en ver t) (Edan, Bourgeois Luthi et al.).

Entre les différentes périodes de pâturage dans les rizières, les animaux sont amenés

près des canaux, des rivières ou bien des étangs pour barboter dans la vase [Figure 5].

Page 32: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

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Figure 5 : Troupeau de canard laissé en liberté sur une rivière dans le Delta du Mékong (photo d'Antoi ne Rostang)

Dans le Mékong, une pratique assez fréquente consiste à acheter de jeunes canetons 3

à 4 semaines avant la récolte du riz. Puis, une fois celle-ci effectuée, les éleveurs les font

pâturer sur les rizières et les vendent ensuite pour la viande à l'âge de 2 ou 3 mois.

Néanmoins, ce sous-système est menacé par l'intensification de la riziculture avec

l'introduction de nouvelles variétés de riz dont le cycle est plus court, ce qui diminue les

périodes où les canards peuvent être présents dans les rizières (Desvaux 2008).

(3) Le système de transhumance saisonnière

Le système de transhumance est surtout utilisé pour les troupeaux les plus importants

dans le Delta du Mékong. Les déplacements de canards d'une province à l'autre sont, en effet,

interdits au Nord. Dans le Delta du Mékong, les périodes de récolte du riz varient suivant les

provinces et les éleveurs de canards mettent à profit cette particularité dans leurs pratiques

d'élevage. Le troupeau de canards compte en général 200 à 400 animaux mais cela peut aller

jusqu'à 3000. Ces derniers changent de place tous les jours en parcourant de longues distances

et peuvent même changer de province. Lorsque les troupeaux sont très importants, les canards

sont transportés d'une région à l'autre en camion ou en bateau Ce système comprend aussi les

troupeaux de canards amenés sur les rivières et qui changent de lieu en fonction du niveau de

l'eau. En 2003, avant l'épizootie d'IAHP, il y avait entre 50 000 et 75 000 troupeaux de

canards conduits de cette façon dans le Mékong. Les canards de chair ne représentent que

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20% des troupeaux élevés, la majorité étant constituée de troupeaux de canes pondeuses

(Edan 2006).

(4) Système Industriel

Le système industriel regroupe surtout les grandes fermes d'Etat ou celles appartenant

aux compagnies étrangères. Les animaux n'ont pas accès à l'extérieur et sont nourris

uniquement avec des aliments industriels. En 2006, il existait 668 fermes industrielles de

palmipèdes (Hong Hanh, Burgos et al. 2007).

(5) Systèmes intégrés

L'élevage de canards peut aussi être intégré à d'autres productions comme

l'aquaculture. Ces systèmes permettent de partager l'espace entre l'élevage des canards et celui

des poissons et mettre ainsi à profit les différents déchets produits par chaque élevage. En

effet, les canards sont élevés sur pilotis au dessus des étangs contenants les poissons et leurs

fèces et les restes de l'alimentation tombent dans l'eau ce qui constitue une source de

nutriments pour le plancton dont se nourrissent les poissons. Un autre système possible

intégrant la riziculture peut également être mis en place. Dans ce cas, les déchets alimentaires

et les fèces des poissons et de canards servent d'engrais pour le riz qui est replanté dans l'étang

lorsque celui-ci est vidé de ses poissons (Edan 2006).

Les particularités physiologiques du canard (besoin d'eau) ont donc été exploitées dans

différents systèmes d'élevage pour lesquels la présence d'eau tient une place primordiale

(rizières, étangs, canaux…). La filière du canard de chair, comme celle des volailles en

général reste essentiellement représentée par de petits élevages (familiaux ou semi-industriels

à petite échelle). Jusqu'au début du siècle, elle semblait néanmoins promise à un bel avenir

avec la multiplication des élevages industriels. Cependant, fin 2003, cette filière a été

ébranlée par une maladie, l'Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) due au virus H5N1

déjà responsable d'épizooties chez des oiseaux domestiques ou sauvages dans d'autres pays

d'Asie.

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II. L'Influenza aviaire hautement pathogène

Maladie dont les conséquences économiques et sanitaires, pour les élevages de

volailles, sont très importantes, l'Influenza aviaire hautement pathogène est apparue au

Vietnam fin 2003. Après une description de l'IAHP et de son virus, nous verrons que les

palmipèdes, et plus particulièrement le canard, sont des acteurs essentiels dans le cycle de

transmission de la maladie aux autres oiseaux.

A. Historique

L'influenza aviaire (IA) ou peste aviaire est une maladie infectieuse et très contagieuse

touchant essentiellement les oiseaux mais certaines espèces de mammifères peuvent se révéler

sensibles comme le porc, les équins, l'Homme ou bien encore les mammifères marins (Acha

2005). Le mot influenza, utilisé pour désigner la grippe, vient de l'ancien italien signifiant

influence. En effet, à cette époque et jusqu'au XIXème siècle l'origine de cette maladie, qui

apparaissait régulièrement, était inconnue et les gens pensaient qu'elle était dépendait du jeu

des astres ou du froid. L'étiologie infectieuse de la grippe ne sera établie qu'à partir de la fin

du XIXème siècle, et c'est seulement en 1955 que les chercheurs identifieront le virus

responsable de la peste aviaire et feront un lien entre la grippe humaine et la maladie observée

chez les oiseaux (Alexander 1993).

B. Etiologie

1. Classification

Les agents étiologiques de la grippe, qu'elle soit aviaire ou humaine, sont des virus à

acide ribonucléique (ARN)N enveloppés et à symétrie hélicoïdale appartenant à la famille des

Orthomyxoviridae et aux genres Influenzavirus A,B ou C. L'influenza aviaire est due à des

Influenzavirus de type A. Ces derniers infectent essentiellement les oiseaux, l'Homme, le

porc, les équins et les mammifères marins. Les virus de type B ne sont pathogènes que pour

l'Homme et ceux de type C ne touchent que l'Homme et le porc (Acha 2005).

2. Morphologie des Influenzavirus A

Les Influenzavirus sont des virions pléomorphes (ils peuvent être sphériques ou

filamenteux) de 80 à 120 nm de diamètre. Leur enveloppe est constituée d'une membrane

(double couche lipidique) d'origine cellulaire incorporant des glycoprotéines virales formant à

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l'extérieur des spicules de 10 à 14 nm : l'hémagglutinine (HA) et la neuraminidase (NA)

[Figure 6] (Murphy, Fauquet et al. 1995; Acha 2005).

Figure 6 : Morphologie des Influenzavirus A (Murphy , Gibbs et al. 1999)

PB2 : Sous-unité de la polymérase, PB1 : Sous-unité cat alytique de la polymérase, PA : Sous-unité de la polymérase active, HA : Hémagglutinine, NP : Nucléop rotéine, NA : Neuraminidase, M1 : Protéine de matrice 1, M2 : Protéine de matrice 2, NS1 : Protéine non structurale 1, NS2: Protéine non structurale 2

L'HA, protéine trimérique en forme de bâtonnet, est une des protéines les plus

importantes tant du point de vue immunologique que du point de vue pathogénique. En effet,

c'est un antigène majeur qui permet la production d'anticorps neutralisants par le système

immunitaire de l'organisme infecté mais il n'existe pas de protection croisée entre les

anticorps induits par les différentes HA. Lors de l'infection d'une cellule, l'HA permet la

reconnaissance et l'ancrage des virions au niveau des récepteurs contenant de l'acide sialique

ou acide N-acétyl neuraminique (Ac Neu) présents sur les membranes de la cellule hôte.

Lorsque son site de clivage est activé par des protéases de l'hôte, la fusion entre la membrane

du virion et celle de la vésicule d'endocytose devient possible. L'HA provoque l'agglutination

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des hématies de différentes espèces animales et cette propriété est utilisée pour le diagnostic

des infections à Orthomyxovirus.

La NA, protéine tétramérique en forme de champignon, permet quant à elle, de libérer

les virions des récepteurs de la cellule hôte en détruisant les récepteurs sialiques sur lesquels

s'étaient accrochées les HA et le transport de ces virions dans le mucus des voies respiratoires.

Contrairement à l'HA, la NA induit la production d'anticorps non protecteurs (Murphy, Gibbs

et al. 1999; Ganière 2006).

Il existe 16 types d'HA (de H1 à H16) et 9 types de NA (de N1 à N9). Chaque virus

possède un seul type d'HA et de NA ce qui permet de classer les différents sous-types

d'Influenzavirus en fonction de l'HA et de la NA qui les composent. Les oiseaux sont les

espèces pour lesquelles le plus grand nombre de sous-types d'Influenzavirus a été identifié

(Alexander 1993).

La matrice est une couche sous-jacente à la membrane lipidique composée de deux

protéines dont la plus importante est la protéine de matrice M1. La protéine de matrice M2

forme, quant à elle, un canal ionique au travers de l'enveloppe et correspond au site d'action

de l'amantidine, un principe actif utilisé lors d'infection chez l'Homme (Fenner, Gibbs et al.

1993). Le génome des Influenzavirus est constitué de 8 segments d'ARN monocaténaires

indépendants et dont la polarité est négative. Ils sont associés à la nucléoprotéine virale (NP)

qui détermine le type A ou B de l'Influenzavirus et à 3 protéines PB1, PB2 et PA constituant

l'ARN-polymérase. L'ensemble forme 8 complexes de ribonucléoprotéines (RNP) à symétrie

hélicoïdale [Figure 6] (Jestin 2008).

Les segments génomiques codent les 11 protéines virales [Tableau 4]. Cette

fragmentation permet d'obtenir des recombinaisons génétiques entre les différents sous-types

de virus lors d'infections concomitantes d'une cellule par 2 Influenzavirus différents. En effet,

plus de 100 combinaisons sont possibles avec les différentes HA et NA ce qui impliquent une

forte potentialité de variations antigéniques (Alexander 1993; Acha 2005).

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Segment

génomique Protéines virales Rôles biologiques

1 PB2 : Sous-unité de la polymérase Activité de fixation de la coiffe

2

PB1 : Sous-unité catalytique de la

polymérase

Activité endonucléase

PB1-F2 Apoptose de certains types de cellules

infectées

Comorbidité due à des infections

bactériennes secondaires

3 PA : Sous-unité de la polymérase active Synthèse de l'ARN viral

4 HA : Hémagglutinine Attachement au récepteur cellulaire et

fusion membranaire

5 NP : Nucléoprotéine Liaison à l'ARN viral pur constituer un

complexe RNP

6 NA : Neuraminidase Hydrolyse du récepteur lors du

bourgeonnement de la particule virale

7 M1 : Protéine de matrice 1 Assemblage des virions

M2 : Protéine de matrice 2 Canal ionique

8

NS1 : Protéine non structurale 1 Inhibitrice de la réponse en interféron

NS2 ou NEP : Protéine non structurale

2 (protéine d'export nucléaire)

Exportation extranucléaire des

complexes RNP

Tableau 4 : Segments génomiques des virus Influenza A et rôles biologiques des protéines virales (Jesti n 2008)

3. Nomenclature

Lorsqu'un Orthomyxovirus est mis en évidence chez un animal (virus

hémagglutinant), il est important de l'identifier et de le nommer pour pouvoir connaître l'agent

étiologique responsable d'une épizootie et suivre son évolution. Pour cela, il faut d'abord

identifier le genre du virus (type A, B ou C) qui se fait en fonction de la protéine M1 et de la

nucléocapside, chacune étant identique chez toutes les souches d'un même type. Chez les

oiseaux, seul le type A est retrouvé. Ensuite, il est nécessaire d'identifier le sous-type de la

souche en présence à l'aide des antigènes HA et NA situés à la surface de la membrane

lipidique. Enfin, il peut être utile de rechercher le génotype du virus en étudiant son génome

(Jestin 2008).

La nomenclature de souche utilise tout d'abord le type du virus puis l'hôte d'origine

(sauf lorsqu'il s'agit de l'espèce humaine), la localisation géographique de la première

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isolation du virus, le numéro de la souche (ordre d'identification) et l'année d'isolement. Enfin,

les types d' HA et de NA sont notés entre parenthèses. Il est possible également de citer le

génotype du virus qui peut permettre de caractériser l'origine des différents segments

génomiques. Ainsi, le virus A/dk/V/40D/04 (H5N1) est un Influenzavirus A isolé chez le

canard au Vietnam en 2004 de sous-type H5N1.

Pour mieux suivre l'évolution de la souche du virus H5N1 responsable de l'épizootie

en Asie du Sud Est et plus particulièrement au Vietnam, les chercheurs ont apporté un nouvel

élément à la nomenclature: le génotype du virus car des réassortiments génétiques ont fait

apparaître de nouveaux génotypes depuis l'apparition du virus H5N1 à Hong-Kong. Ainsi, au

Vietnam c'est le génotype Z qui est retrouvé.

4. Propriétés

Les Influenzavirus sont peu résistants à la chaleur (3 heures à 56°C ou 30 min à 60°C)

et aux milieux acides (ils sont détruits par un pH inférieur à 3). Comme ce sont des virus

enveloppés, ils sont inactivés par les solvants lipidiques et les détergents qui détruisent leur

membrane diminuant ainsi très fortement leur pouvoir infectieux. Ce dernier peut également

être supprimé par un traitement par le formol, la β-propiolactone et les rayons UV ou γ, sans

pour autant que l'antigénicité des virions ne soit affectée.

Dans les matières organiques comme les sécrétions nasales ou les fientes, les

Influenzavirus sont protégés des agents physiques ou chimiques et sont plus difficilement

inactivés. De même, ils sont très résistants au froid. Ainsi, le virus IAHP H5N1 peut survivre

30 à 35 jours à basse température (4°C) dans le lisier de volailles (Murphy, Gibbs et al. 1999;

Swayne 2008)

5. Cycle viral

L'infection d'une cellule hôte par un Influenzavirus se réalise en plusieurs étapes

[Figure 7] :

- Liaisons aux récepteurs cellulaires : L'HA du virion se lie aux récepteurs

sialiques situés à la surface de la membrane cytoplasmique de certaines cellules,

dites cellules permissives, en formant une liaison glycosidique.

- Pénétration du virion à l'intérieur des cellules par endocytose.

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- Fusion entre l'enveloppe virale et celle de la vésicule endoplasmique

provoquée par à un clivage de l'HA par des protéases de la cellule hôte. Cette étape

survient lorsque le pH endoplasmique est aux environs de 5.

- Libération des complexes de transcription dans le cytoplasme et migration dans

le noyau.

- Transcription de l'ARN génomique viral par l'ARN-polymérase virale en ARN

messager (ARNm) et en un ARN complémentaire. Ce dernier permet la réplication

de l'ARN génomique en servant de matrice de synthèse.

- Synthèse des protéines virales à partir de l'ARNm à l'aide du mécanisme de

traduction de la cellule hôte. Après une glycosylation effectuée dans le réticulum

endoplasmique et l'appareil de Golgi, les protéines néoformées présentes dans

l'enveloppe du virion (HA, NA et M2) sont transportées vers la membrane

cellulaire dans laquelle elles s'insèrent. Les autres protéines migrent vers le noyau

après leur synthèse et s'associent aux nouveaux segments d'ARN génomiques

produits. Ceci permet quelques heures plus tard leur exportation vers le cytoplasme

cellulaire.

- Formation de nouveaux virions par bourgeonnement en face apicale des

cellules à l'endroit où se sont insérées les protéines de surface virales par

incorporation des protéines et les fragments d'ARN génomique produits lors de

l'infection de la cellule hôte.

- Détachement des virions néoformés par destruction des récepteurs sialiques par

la NA. Les nouveaux virions ne peuvent donc plus se lier aux récepteurs de la

cellule déjà infectée.

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Figure 7 : Structure et cycle de réplication des Inf luenzavirus A

PB2 : Sous-unité de la polymérase, PB1 : Sous-unité cat alytique de la polymérase, PA : Sous-unité de la polymérase active, HA : Hémagglutinine, NP : Nucléop rotéine, NA : Neuraminidase, M1 : Protéine de matrice 1, M2 : Protéine de matrice 2, NS1 : Protéine non structurale 1, NS2: Protéine non structurale 2, RNP : Ribonucléoprotéine

6. Variations génétiques des virus influenza A

Différents mécanismes sont à l'origine de variations génétiques chez les Influenzavirus

A. Cela peut aller d'une petite erreur de réplication sans conséquence à l'apparition d'un

nouveau sous-type de virus plus virulent. Ces variations génétiques peuvent s'expliquer par

certaines caractéristiques des Influenzavirus :

- L'absence de mécanisme de correction des erreurs de réplication du

génome lors de la multiplication virale entraîne des mutations ponctuelles qui se

traduiront par des protéines légèrement différentes (changement d'un ou plusieurs

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acides aminés) pouvant éventuellement changer le pouvoir antigénique du virus et

le rendre plus virulent. Ce sont les glissements antigéniques ("antigenic drift").

- La fragmentation du génome du virus en 8 segments d'ARN permet

l'échange de matériel génétique entre 2 sous-types viraux infectant la même cellule

pouvant être ainsi à l'origine d'un nouveau sous-type ou d'une nouvelle souche de

virus (échange de HA ou NA entre les 2 virus par exemple). Ces réassortiments de

segments d'ARN sont dénommées "cassures antigéniques" ("antigenic shift").

a) Les glissements antigéniques

Les mutations ponctuelles dues aux erreurs de réplication de l'ARN-polymérase virale

ARN-dépendante (incorporation du mauvais nucléotide) ont une fréquence assez élevée (taux

d'évolution de l'HA: 7 à 10. 10-3 substitutions par site et par an). Les séquences d'acides

aminés obtenues par la suite pourront diverger légèrement des anciennes existantes ce qui

produira des protéines dont le site antigénique sera différent (Holder 2007).

Ces changements de conformation s'observent surtout au niveau des glycoprotéines de

surface, l'HA et de la NA. Lorsque des changements d'acides aminés ont lieu au niveau des

sites antigéniques des HA et des NA, le virus est moins bien reconnu par l'organisme qu'il

infecte ce qui lui permet de survivre plus facilement à court terme au système immunitaire.

Les virions mutants sont sélectionnés et deviennent dominants puis ils sont remplacés plus

tard par d'autres virions mutés inconnus jusqu'alors. Ainsi, chaque année on assiste à

l'apparition de nouveaux variants au sein d'un même sous-type. Lorsque le virus est présent

dans une population d'hôtes occasionnels, il évolue rapidement suite aux mutations et la

sélection qui s'opère donne des virus dont l'HA est moins spécifique du récepteur d'origine et

dont la capacité de la NA à détacher les néo-virions est moindre. Cela permet donc de

compenser la faible affinité du virus pour les récepteurs de son hôte occasionnel par un

attachement prolongé.

Mais la conséquence la plus importante des mutations est la modification de la

virulence du virion. En effet, l'insertion d'acides aminés basiques au niveau du site de clivage

de l'HA est un des mécanismes à l'origine d'une virulence plus importante des nouveaux

virions. Le fragment génomique correspondant à l'HA est très riche en bases de type purine au

niveau de la région codant pour son site de clivage ce qui augmenterait les erreurs de

transcription de l'ARN-polymérase, avec pour conséquence une fréquence de mutation plus

importante à ce niveau. De plus, lorsque les virus Influenza aviaire faiblement pathogènes

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(VIAFP) passent de leur hôte réservoir à un hôte plus sensible, la forte réplication qui se

produit est à l'origine d'un plus grand nombre d'erreur de réplication. Des modifications

répétées lors de la copie de l'ARN virale par l'ARN-polymérase (mécanisme dit de

"bégaiement") conduisent à l'insertion de nombreux acides aminés basiques au niveau du site

de clivage de l'HA, ce qui est le principal facteur d'acquisition de la virulence. Ce genre de

mutation peut s'observer rapidement ou alors se produire seulement après plusieurs mois de

circulation d'un VIAFP dans une population d'hôtes très sensibles (Brugère-Picoux and

Bureau 2005; OMS 2006; Jestin 2008).

Les glissements antigéniques peuvent aussi être à l'origine d'une modification du mode

de transmission des virus. Ainsi, certaines mutations apparues sur les gènes de l'HA sont

associées à la capacité du virus à se multiplier dans les cellules du tractus intestinal du canard

(Kwon, Joh et al. 2005).

b) Les cassures antigéniques

Ce sont des échanges de segments d'ARN génomiques de deux Influenzavirus A de

génotypes différents qui peuvent avoir lieu lorsque deux virus co-infectent une cellule. Ce

réassortiment viral peut être à l'origine du remplacement d'une ou plusieurs protéines d'un

virus donné par celles d'un autre virus. Comme le génome des Influenzavirus A est composé

de 8 segments d'ARN différents, si 2 virus différents sont présents dans la même cellule, il

peut se former 28 soit 256 combinaisons différentes par réassortiment génétique. Néanmoins,

la plupart n'aboutisse pas à des virus viables (Brugère-Picoux and Bureau 2005). Ces

réassortiments ont des conséquences importantes lorsqu'il s'agit d'un échange de segments

codant pour l'HA ou la NA car cela peut changer complètement une des glycoprotéines de

surface et créer ainsi un nouveau sous-type jusqu'alors inconnu.

Le porc, par la présence de deux types de récepteurs particuliers au niveau des cellules

épithéliales de sa trachée ([Neu5Ac(α2-6)Gal] récepteurs présents à la surface des cellules

humaines et [Neu5Ac(α2-3)Gal] récepteurs présents à la surface des cellules aviaires ),

jouerait un rôle essentiel dans ce phénomène. En effet, il peut être infecté par des

Influenzavirus A aviaires mais aussi humains. Les réassortiments seraient ainsi facilités et

donneraient de nouveaux sous-types capables d'infecter l'Homme mais dont une partie de leur

génome proviendrait d'un virus d'origine aviaire inconnu jusqu'alors pour lui. Le porc serait

un creuset génétique [Figure 8].

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Cette hypothèse a été retenue pour expliquer l'origine du virus H2N2 responsable de la

pandémie de grippe humaine en 1957 (appelée aussi "grippe asiatique"). Le virus aviaire

H2N2 aurait subi un réassortiment génétique avec un virus humain H1N1 concernant 3 gènes:

PB1, HA et NA. Puis ,un autre réassortiment aurait eu lieu entre le virus H2N2 et un virus

aviaire (gènes PB1 et HA) donnant le virus H3N2 à l'origine d'une autre pandémie en 1968

dite "grippe de Hong Kong" (Brugère-Picoux and Bureau 2005).

Mais le porc n'est pas l'unique creuset génétique, en effet, les cailles possèdent aussi

les deux types de récepteurs sur lesquels peuvent se fixer les virus aviaires ou humains et

depuis l'épizootie d'IAHP H5N1, l'Homme semble pouvoir être infecté directement par un IA

sans adaptation au préalable chez le porc [Figure 8 et Figure 9] (Jestin 2008).

C. Pathogénicité des Influenzavirus A

C'est la capacité d'un organisme à provoquer une maladie chez l'hôte qu'il infecte. Les

virus influenza aviaires sont classés en deux catégories en fonction de leur pathogénicité: les

virus hautement pathogènes (HP) et faiblement pathogènes (FP). Un des tests permettant de

faire la distinction consiste à injecter le virus en intra-veineux à 10 jeunes poulets. Un

Influenzavirus A sera dit hautement pathogène lorsqu'une forte mortalité est observée dès les

premiers jours et que l'index de pathogénicité intra-veineuse (ou IPIV) calculé est supérieur

ou égal à 1,2 (le maximum possible étant de 3).

L'HA est, pour les virus Influenza aviaire hautement pathogène (VIAHP), le principal

caractère de pathogénicité. En effet, à ce jour, les VIAHP appartiennent tous aux sous-types

de virus à H5 ou H7. Ces derniers ne sont pas tous HP mais sont susceptibles de le devenir par

mutation (mécanisme de "bégaiement"). En effet, les virus pathogènes et non pathogènes se

différencient essentiellement par la présence ou non de plusieurs résidus basiques d'arginine et

de lysine au niveau du site de clivage de l'HA. Ainsi, certains virus aviaires possèdent une

séquence multi-basique, alors que les autres virus aviaires et ceux infectant les mammifères

n'ont qu'un résidu arginine à ce niveau. L'activation de la HA ne sera donc pas la même, car la

sensibilité des sites de clivage est différente. Les HA avec une seule arginine ne peuvent être

clivées que par des protéases cellulaires de type trypsine, présentes seulement sur certaines

cellules respiratoires et digestives de l'hôte. L'infection qui en découle est uniquement locale

et souvent peu pathogène. A l'opposé, les HA, dont le site de clivage est multibasique, sont

activées par des protéases de type furine ubiquitaires chez l'hôte. Cette caractéristique est à

Page 44: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

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l'origine d'une infection systémique de l'hôte provoquant une septicémie. Ces virus sont donc

dits "HP" (Brugère-Picoux and Bureau 2005).

La NA est aussi une protéine importante influençant la pathogénicité des VIA car elle

permet la fusion des membranes lors de l'endocytose. Cependant, son mécanisme d'action

n'est pas connu. Elle libère également les virions néoformés, détruit les récepteurs à acide

sialique et participe au transport des virions dans le mucus du tractus respiratoire.

D'autres protéines jouent un rôle dans l'expression de la pathogénicité du virus. La

protéine NS1 possède la capacité d'antagoniser la réponse immunitaire de l'hôte en empêchant

la production d'interféron cellulaire de type 1. La protéine PB1-F2 s'insère dans la membrane

des mitochondries et les perfore, induisant ainsi l'apoptose cellulaire (Jestin 2008).

D. Epidémiologie

1. Hôtes réservoir/ Hôtes secondaires

a) Espèces sensibles

Toutes les espèces d'oiseaux et de nombreux mammifères sont sensibles aux

Influenzavirus A mais leur réceptivité n'est pas la même et dépend de la spécificité d'hôtes des

souches de virus. En général, les Mammifères sont beaucoup moins sensibles que les oiseaux.

En ce qui concerne le VIAHP H5N1, outre les oiseaux, l'infection a été décrite chez le porc,

l'homme, les félidés, le furet et certains mammifères marins.

La spécificité d'hôtes s'explique par la présence ou non du récepteur cellulaire reconnu

par l'HA du virus. Les récepteurs aviaires sont différents des récepteurs humains. En effet, les

Influenzavirus A se lient préférentiellement avec les récepteurs sialylés de type

[NeuAcα2,3Gal] présents à la surface des cellules épithéliales de la trachée et du tractus

digestif des oiseaux alors que les Influenzavirus humains auront tendance à se lier au

récepteur sialylés de type [NeuAcα2,6Gal] prépondérant à la surface des cellules humaines.

Le porc et la caille ont la particularité de présenter les 2 types de récepteurs ce qui fait d'eux

des hôtes potentiellement sensibles aux Influenzavirus A aviaires et humains, et ils

permettraient un réassortiment viral à l'origine du passage d'un Influenzavirus A aviaire à

l'Homme. Cependant, des récepteurs sialylés de type [NeuAcα2,3Gal] sont aussi présents

chez l'Homme à la surface des cellules de la conjonctive et des cellules alvéolaires

pulmonaires. Il peut donc être infecté par un Influenzavirus A aviaire sans passage ni

adaptation au préalable dans un autre hôte comme le porc ou la caille [Figure 8] (Jestin 2008).

Page 45: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

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Figure 8 : Différentes étapes possibles de transmis sion d'un IA des oiseaux à l'Homme (Holder 2007)

Chez les oiseaux, la sensibilité face aux influenzavirus A est différente suivant les

familles. Les oiseaux sauvages, et plus particulièrement les oiseaux aquatiques comme les

ansériformes (canards, oies, cygnes…), les passériformes (hirondelles, corbeaux…) et les

charadréiiformes (goélands, mouettes…) sont considérés comme réservoirs naturels des

Influenzavirus A. Ces animaux présentent une prévalence de l'infection plus importante que

dans les autres populations d'oiseaux (autour de 15% chez les ansériformes contre moins de

2% chez les autres oiseaux) (Brugère-Picoux and Bureau 2005). Quasi toutes les HA et toutes

les NA ont été mises en évidence chez les ansériformes et les sous-types isolés sont

Page 46: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

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essentiellement faiblement pathogènes. Les anatidés sauvages sont des porteurs

asymptomatiques, ils peuvent excréter le virus pendant de longues périodes (jusqu'à 17 jours)

(Hulse-Post D. J., Sturm-ramirez et al. 2005). Au sein d'une population réservoir donnée, les

VIA évoluent très peu (Sharp, Kawaoka et al. 1997).

Les oiseaux domestiques comme les gallinacés sont quant à eux beaucoup plus

sensibles à l'infection par des Influenzavirus A et développeront plus souvent la maladie sous

une forme clinique plus ou moins grave. Ce sont des hôtes occasionnels ou secondaires. Les

VIA chez ce type d'hôte se répliquent beaucoup plus rapidement et plus intensément que chez

leur hôte réservoir. Ils subissent une évolution génétique plus ou moins rapide qui peut être à

l'origine d'un changement de leur pathogénicité [Figure 9] (Jestin 2008).

1. Transmission du VIAFP des oiseaux aquatiques sauvages aux anatidés domestiques

2. Transmission du VIAFP des anatidés domestiques aux gallinacés domestiques

3. Mutation du VIAFP en VIAHP chez les gallinacés domestiques puis transmission du VIAHP

aux anatidés domestiques ou aux oiseaux sauvages

4. Transmission du VIAHP à partir des gallinacés ou des anatidés domestiques à l'Homme

5. Transmission d'un VIA au porc à partir des oiseaux sauvages ou des anatidés et des

gallinacés domestiques

6. Réassortiment ou adaptation du VIA chez le porc puis transmission à l'Homme

Figure 9 : Schéma des voies de transmission du VIAHP H 5N1 (Jestin 2008)

Page 47: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

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Les Mammifères, quant à eux, sont généralement des hôtes erratiques pour les VIA.

L'Homme est considéré pour le moment comme un hôte accidentel et son rôle dans la

transmission des VIA est celui d'un cul-de-sac épidémiologique. Le porc, par contre, peut se

comporter comme un réservoir secondaire car il arrive que certaines souches de VIA

continuent à circuler dans la population porcine (Jestin 2008).

b) L'âge et l'immunité

Les juvéniles sont beaucoup plus sensibles à l'infection que les adultes car leur

système immunitaire est encore naïf. Les oiseaux plus âgés ont pu développer leur immunité

face aux VIA ce qui les rend plus résistants. Ainsi, la prévalence des VIA peut aller jusqu'à

plus de 20% chez les canards juvéniles (Jestin 2008).

2. Facteurs environnementaux

La survie du virus à l'extérieur de son hôte va dépendre de différents facteurs

environnementaux: qualité de l'eau, température, présence de matières organiques… Lorsque

les conditions environnementales sont favorables (froid, présence de matières organiques), le

virus peut présenter une durée de survie à l'extérieur de son hôte particulièrement longue.

Cependant, peu de données sont disponibles sur la résistance du VIAHP H5N1 dans le milieu

extérieur.

a) Température

Les Influenzavirus sont très résistants lorsque la température est basse. Il semblerait

que les souches récentes de VIAHP H5N1 soient plus résistantes aux températures élevées (5

jours à 37°C dans des fécès humides) que les souches plus anciennes (3 jours à 29°C) (OMS

2006).

b) Milieu aquatique

L'eau est un des éléments clés permettant la survie des VIAHP dans le milieu extérieur

et sa transmission entre hôtes partageant le même habitat aquatique (voie féco-orale). La

survie des VIA dans l'eau va dépendre de la température, du pH ou bien encore de la salinité

et décroît lorsque ces derniers augmentent (Brown, Swayne et al. 2007).

La glace quant à elle est un bon milieu de conservation des VIA et pourrait jouer le

rôle de réservoir abiotique lorsqu'aucun hôte n'est présent car la durée de survie des virus peut

y être très longue (quelques mois voire des années) (Jestin 2008).

Page 48: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

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c) Milieu terrestre

En l'absence d'eau et de matières organiques, le virus a une durée de survie très courte

dans le milieu extérieur. Cependant, celle–ci peut être suffisante pour entraîner une

contamination indirecte à l'aide de vecteurs passifs ou de supports inertes contaminés, surtout

si le virus est présent dans de la matière organique. Ainsi, dans le fumier de poulet, les virus

sont inactivés seulement au bout de 6 jours à température ambiante. Ils peuvent aussi être

détectés dans des échantillons prélevés dans les cages de volailles une à deux semaines après

l'arrêt de l'excrétion du virus. Enfin, sur les plumes sa durée de survie est de 6 jours ce qui

n'est pas négligeable quant aux possibilités de transmission du virus entre oiseaux (Jestin

2008).

3. Source et transmission des germes

a) Chez les oiseaux

La voie de pénétration du virus est digestive ou respiratoire (aérosols).Les oiseaux

malades et porteurs asymptomatiques sont la principale source du virus IAHP. Il peut être

excrété au niveau des cavités nasales et buccales, de la conjonctive et du cloaque des volailles.

Les fientes (les fèces peuvent contenir jusqu'à 100 millions de particules infectieuses par

gramme) et les sécrétions respiratoires (aérosols) représentent les matières virulentes les plus

importantes. Il est important de noter que les volailles guéries peuvent excréter le virus

pendant plusieurs mois après l'infection. Les plumes ou la poussière souillée par les fientes

sont également une source de contamination. Lors d'une infection par un virus IAHP, tous les

tissus de l'animal sont virulents. La carcasse doit donc être entièrement détruite.

Les plans d'eau contaminés par les fientes des oiseaux malades ou porteurs

asymptomatiques représentent une source secondaire dont le rôle épidémiologique n'est pas à

négliger. En effet, le virus peut survivre pendant plusieurs jours dans les fientes (7 jours à

21°C et jusqu'à 35 jours à 4°C) et se conserver plusieurs semaines dans les étangs (Brugère-

Picoux and Bureau 2005).

La transmission du virus est horizontale et de type féco-orale ou oro-orale et laa voie

de pénétration du virus est digestive ou respiratoire (aérosols).La transmission peut être

directe (lors de contact aves des animaux malades) ou indirecte, et s'effectue alors par le biais

de différents vecteurs: ingestion d'eaux et d'aliments contaminés par des fientes,contact avec

des vêtements ou des outils souillés (OMS 2006). La transmission indirecte est habituellement

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à l'origine d'une contamination de fermes en fermes (mouvements des personnes ou des

véhicules contaminés) alors que la transmission directe est générallement observée à

l'intérieur d'une bande de volailles (Jestin 2008).

A ce jour, aucune preuve d'une éventuelle transmission verticale du virus n'a été mise

en évidence même si le virus a déjà été détecté sur la coquille ou dans l'œuf. En effet, même si

le VIAHP a pu être détecté dans le vitellus ou l'albumen de l'œuf, l'embryon n'est pas viable.

De même, bien qu'il soit admis que des coquilles souillées par des fèces ou des œufs

contaminés cassés puissent être à l'origine d'une contamination des poussins dans un couvoir

(Brugère-Picoux and Bureau 2005; Jestin 2008), cela semble peu probable compte tenu des

conditions d'incubation. Pour les canards par exemple, la durée d'incubation est de 27 à 28

jours et la température idéale est aux alentours de 37°C. Les virus éventuellement présents sur

les coquilles ne pourraient donc pas survivre suffisamment longtemps pour infecter les

canetons à la naissance.

b) Chez l'Homme

Concernant l'infection chez l'Homme, il semble qu'elle ne puisse avoir lieu qu'après

avoir été en contact étroit avec des volailles malades ou porteuses asymptomatiques, comme

c'est souvent le cas dans les foyers ruraux au Vietnam. L'ingestion de viande contaminée cuite

convenablement ne constitue pas une source de transmission. Une transmission inter-humaine

a été décrite mais elle semble très peu fréquente.

c) Risque pandémique

Une pandémie est une épidémie due à une maladie provoquant une morbidité et une

mortalité importante chez l'Homme, touchant un grand nombre d'individus en peu de temps et

sur plusieurs continents.

L'épidémie de "grippe aviaire" due au VIAHP H5N1 observée en Asie du Sud Est, et

plus particulièrement au Vietnam, a défrayé la chronique et a fait craindre l'apparition d'une

nouvelle pandémie. En effet, les caractéristiques des VIA et plus particulièrement celles du

virus HP H5N1 (évolution rapide par réassortiments ou mutations, adaptation à l'Homme)

font de lui un bon candidat pour être à l'origine d'un grand nombre d'infections humaines. De

plus, le porc, dont l'élevage est très important en Asie du Sud Est, est rarement isolés des

volailles. Son rôle de creuset génétique fait donc craindre de possibles réassortiments

génétiques entre des souches d'Influenzavirus aviaires et humaines [Figure 8 et Figure 9].

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Les virus responsables de pandémies présentent certaines caractéristiques chez

l'Homme:

- Absence d'anticorps spécifiques

- Réplication efficace

- Transmission inter-humaine

Actuellement, la transmission inter-humaine a déjà été observée mais elle est

anecdotique et le virus n'est pas encore complètement adapté chez l'Homme. Cependant, la

situation pourrait évoluer rapidement si des réassortiments entre le VIAHP H5N1 et un autre

virus influenza humain chez l'Homme ou chez le porc donnent naissance à un nouveau sous-

type mieux adapté à l'Homme. Des mutations adaptatives de l'Influenzavirus H5N1 chez

l'Homme pourraient également constituer un processus d'adaptation plus lent.

E. Cliniques et lésions

L'incubation lors d'une infection par un VIAHP est assez rapide. En fonction des

espèces, les symptômes seront différents.

1. Chez les oiseaux

Les formes aiguës et suraiguës touchent surtout les animaux les plus sensibles au

VIAHP. Chez les oiseaux domestiques, surtout les galliformes (poules, dindes…), le premier

signe d'alerte d'IAHP est un taux de morbidité et de mortalité proche de 100% en à peine 24 à

48 heures. Les animaux meurent subitement d'une septicémie sans présenter de symptômes au

préalable. Lorsque l'évolution de la maladie est moins rapide, les oiseaux présenteront

pendant 3 à 7 jours une atteinte importante de l'Etat général avec des symptômes nerveux

(ataxie, tremblements de la tête et du cou, opisthotonos…), une apathie (diminution des

vocalises et de l'activité), une anorexie et une baisse du taux de ponte plus ou moins associés.

Les symptômes respiratoires (toux, jetage, difficultés respiratoires) sont moins constants. Les

VIAHP ont une activité pantrope ce qui peut également provoquer des signes cutanés

(œdème, congestion, hémorragies et nécrose de la crête, des barbillons et des pattes)

(Brugère-Picoux and Bureau 2005; Ganière 2006; Holder 2007).

Les formes subaiguës s'observent chez les espèces peu sensibles au VIAHP comme les

canards. Les animaux présentent alors une baisse de l'Etat général, des symptômes

respiratoires (gonflement des sinus, dyspnée, toux), une conjonctivite mais la mortalité est

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faible. Il existe également des formes asymptomatiques, surtout chez les espèces jouant le rôle

de réservoir (anatidés sauvages par exemple) (Ganière 2006; Holder 2007).

Les lésions congestives et hémorragiques prédominent lors des formes aiguës et

suraiguës observées surtout chez les espèces très sensibles. La carcasse et les viscères des

animaux morts d'IAHP sont généralement congestionnés. Une inflammation et des

hémorragies sont présentes sur de nombreux organes: trachée, pancréas, duodénum, follicules

ovariens…Mais il est possible en cas de mort brutale qu'aucune lésion ne soit observée.

Dans le cas de la forme subaiguë, les principales lésions si situent au niveau de

l'appareil respiratoire, les oiseaux présentent alors une sinusite infra-orbitaire et une aéro-

sacculite (Brugère-Picoux and Bureau 2005).

2. Chez l'Homme

En général, les Influenzavirus A sont à l'origine chez l'Homme d'un syndrome grippal

bénin ou d'une conjonctivite dont la guérison survient en sept jours environ si aucune

complication n'apparait. Chez les personnes âgées ou immunodéprimées, la convalescence est

plus longue et il est fréquent d'observer des complications bactériennes à l'origine de

bronchites ou de pneumonies sévères (Jestin 2008).

Cependant, l'infection chez l'Homme par le VIAHP H5N1 apparu en 1997 peut être

très grave et conduire à la mort en cas de complications. Tout d'abord, le bas appareil

respiratoire est touché en premier avec comme symptômes une difficulté respiratoire, une

extinction de voix et une crépitation inspiratoire dans les cinq premiers jours de l'infection.

Les sécrétions produites peuvent être teintées de sang. Une diarrhée aqueuse peut s'observer et

même précéder les symptômes respiratoires d'une semaine. Presque tous présentent une

pneumonie virale primitive sans surinfection bactérienne. Les patients infectés par le virus

H5N1 ont une détérioration rapide de leur clinique, une défaillance multiviscérale est assez

fréquente (Beigel, Farrar et al. 2005; OMS 2006). Au Vietnam, entre fin 2003 et Septembre

2008, 106 cas d'infection par le virus de l'IAHP H5N1 ont été confirmés et 52 patients sont

décédés des suites de la maladie (OMS 2008).

L'utilisation d'oseltamivir (Tamiflu®), qui réduit la durée de réplication du virus et

augmente la probabilité de survie des patients, pourrait permettre le traitement des malades. Il

doit être administré dans les 48 heures après le début des symptômes mais il peut aussi être

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prescrit chez des patients soignés tardivement. Néanmoins, il existe actuellement peu de

données disponibles sur ce produit.

3. Chez les autres mammifères

Le VIAHP H5N1 a été isolé chez le porc en Chine mais aucun signe de maladie n'a été

observé. Des grands félins d'un zoo thaïlandais et au Cambodge sont morts après avoir mangé

des carcasses de volailles contaminées crues. Le chat semble lui aussi sensible à l'infection

(Morris and Jackson 2005).

F. Diagnostic

1. Diagnostic différentiel

Chez les oiseaux domestiques, le diagnostic différentiel de l'IAHP doit être fait avec

d'autres maladies dont la contagion est rapide et l'évolution brutale, qui provoquent une

mortalité importante dans les élevages et qui s'expriment par des symptômes nerveux,

respiratoires ou digestifs graves:

- La maladie de Newcastle: sous sa forme vélogène, elle est difficilement

différenciable de l'IAHP, c'est pourquoi elle est aussi dénommée pseudo-peste

aviaire. Elle est à l'origine d'une forte mortalité en peu de temps. Chez des

animaux non vaccinées contre la maladie de Newcastle, seul un diagnostic en

laboratoire permettra de savoir quel germe est responsable de la mortalité observée

dans l'élevage.

- La laryngotrachéite infectieuse aviaire: cette maladie peut, dans sa

forme suraiguë, entraîner une mortalité importante et rapide. Contrairement à

l'IAHP qui provoque en général une atteinte multi-organique, les animaux infectés

présenteront uniquement des symptômes respiratoires (toux, expectorations) et des

lésions spécifiques seront retrouvées dans la trachée (encombrement trachéal,

trachéite avec inclusion éosinophiles dans les cellules épithéliales).

- Le choléra des poules: dénommé aussi pasteurellose aiguë, il est dû à

Pasteurella multocida. Les lésions septicémiques et la forte mortalité qui peut

s'observer dans un élevage peuvent faire penser à l'IAHP.

- La salmonellose (ou pullorose): elle est due à Salmonella Pullorum

gallinarum et peut être très meurtrière chez les jeunes poussins (dans leur

deuxième semaine de vie) provoquant jusqu'à 100% de mortalité.

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- D'autres maladies comme l'encéphalomyélite infectieuse aviaire

(maladie du tremblement épidémique) ou l'encéphalomalacie de nutrition (carence

en vitamine E et sélénium) peuvent éventuellement faire penser à l'IAHP par la

présence des signes nerveux. En général, un examen histologique permet de

trouver l'étiologie de l'affection rencontrée.

Chez les oiseaux sauvages, la question du diagnostic différentiel de l'IAHP se pose

lorsqu'une forte mortalité est observée dans un groupe d'oiseaux. Il faudra donc

essentiellement faire la différence entre l'IAHP et le botulisme (paralysie flasque) ou les

intoxications comme le saturnisme observé chez les canards sur les étangs destinés à la chasse

(dans les pays occidentaux où la chasse est une pratique fréquente) (Brugère-Picoux and

Bureau 2005).

Au Vietnam, le diagnostic différentiel principal se fera avec la maladie de

Newcastle, très répandue.

2. Diagnostic de laboratoire

De nombreuses maladies peuvent évoquer l'IAHP, le diagnostic de laboratoire est donc

indispensable pour identifier avec certitude l'agent pathologique en présence. Il doit être

réalisé le plus tôt possible, dès que les premiers signes d'une maladie similaire à l'IAHP sont

observés dans un élevage ou un groupe d'oiseaux sauvages. Des écouvillonnages cloacaux et

trachéaux sont prélevés ainsi que du sang et des échantillons de la trachée, de la rate, du rein

ou bien encore du foie ou du cœur.

Différentes méthodes de diagnostic existent [Figure 6], chacune permettant d'identifier

tout d'abord un Influenzavirus, puis son type et son sous-type, et enfin son niveau de

pathogénicité. Il peut également être utile de connaître la souche (génotype) du virus en

présence pour essayer de connaître son origine.

- Virologie: une inoculation d'un virus hautement pathogène à des œufs

embryonnés de poule de 9 à 11 jours par voie allantoïdienne provoque en général

une mortalité embryonnaire en moins de 6 jours. Cependant, 3 passages successifs

de 3 jours sur des œufs embryonnés doivent être réalisés avant de pouvoir conclure

à un résultat négatif si aucune mortalité n'est observée lors de la première

inoculation. Il faut ensuite vérifier l'activité hémagglutinante du virus, ce qui

permet en cas de résultat positif de suspecter soit un Orthomyxovirus soit un

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Paramyxovirus( responsable de la maladie de Newcastle), chacun pouvant

provoquer une hémagglutination. La différenciation entre ces 2 virus se fait par un

test d'inhibition de l'hémagglutination (IHA) à l'aide d'anticorps spécifique de

chaque ordre. Puis l'identification du type et du sous-type viral en présence se fait

à l'aide d'une batterie d'anticorps spécifiques pour chaque sous-type. L'indice de

pathogénicité est ensuite recherché en inoculant le virus isolé par voie intra-

veineuse à des jeunes poulets (âgés de 4 à 8 semaines), le virus sera considéré

comme HP si cet indice après calcul est supérieur à 1,2.

- RT-PCR (Reverse Transcriptase Polymerase Chain Reaction): cette technique

permet de mettre en évidence rapidement la présence d'ARN viral dans les

échantillons testés. Grâce à différentes amorces, la protéine de matrice M1 est

détectée en premier ce qui permet de confirmer la présence d'un Influenzavirus de

type A. D'autres amorces sont utilisées pour identifier H5 ou H7 si une souche

hautement pathogène est suspectée. Puis il est possible, en utilisant la PCR sur la

séquence spécifique de H5 de déterminer l'origine du virus ou sa pathogénicité

(présence d'acides aminés basiques au niveau du site de clivage de l'HA).

- Sérologie : les anticorps spécifiques dirigés contre un sous-type

d'Influenzavirus A sont mis en évidence soit par un test IHA ou ELISA (Enzym

Linked Immuno Sorbent Assay). Il existe des kits ELISA permettant la détection

rapide (en quelques minutes) de l'antigène viral. L'IDG (Immuno-Diffusion sur

Gélose) peut aussi être utilisée avec un extrait antigénique riche en antigène

nucléocapsidique ce qui est intéressant lorsque le sous-type du virus n'est pas

connu. Cependant, la production d'anticorps précipitants peut être plus ou moins

faible voire nulle chez certains oiseaux, et il est nécessaire d'attendre la mise en

place de l'immunité pour mettre en évidence les anticorps spécifiques. Il est donc

possible d'obtenir de nombreux faux négatifs. Cette méthode est donc moins

précise et réservée à l'étude de la prévalence du virus dans une population

réservoir.

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Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la c onfirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)

Une fois l'agent étiologique diagnostiqué, toute infection chez les oiseaux causée par

des souches de virus IAHP ou IAFP à H5 ou H7 doit faire l'objet d'une déclaration à l'OIE, et

d'importantes mesures de prophylaxie doivent être mise en place pour enrayer la propagation

de la maladie à d'autres élevages de volailles (Brugère-Picoux and Bureau 2005; Jestin 2008).

G. Prophylaxie

La prophylaxie générale à mettre en place lors d'une épizootie d'IAHP suit les

recommandations expliquées par l'OIE. Cette dernière joue un rôle important au niveau

Voie classique Voie moléculaire

FP

Détection d'un virus Influenza

de type A

Identification spécifique d'un VIA

Pathotypage

Isolement viralsur oeuf de poule

embryonné(2 à 12j)

RT-PCR(temps réel)gène M

(1/2j)

PositiveNégative

Si H5/H7,N1

HP

Caractérisationsérologique

H (1/2j) N (1 j)

RT-PCR(temps réel)gène H5 (1/2j)

et N1(1/2j + transport)ou H7 (1/2j + transport)

Expérimentation sur l'animal (IPIV)

(1 à 10j)

Si H5 ou H7,séquençage du site de clivage de l'HA

(2j)

Etape 1

Etape 2

Etape 3

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mondial dans la lutte contre l'IAHP car les normes, les grandes lignes directrices et les

recommandations qu'elle diffuse sont considérées comme des références internationales. Elle

coopère également avec l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la Food and

Agriculture Organisation (FAO) pour aider les pays touchés par l'IA à contrôler et éradiquer

la maladie (OIE 2008). Ainsi, la FAO et l'OIE ont élaboré conjointement une stratégie

mondiale de lutte contre l'IAHP misent à jour régulièrement en fonction de l'évolution de la

maladie dans le monde (Honhold, Mac Leod et al. 2008). La prévention de l'introduction de

l'IA repose sur des mesures de prophylaxie préventive et son éradication passe par la mise en

place de mesures de prophylaxie sanitaire et médicale lorsque des foyers infectieux sont

détectés.

1. Prophylaxie nationale

Le Code Sanitaire Pour les Animaux Terrestres (OIE 2008) décrit les mesures de

prophylaxie préventive à appliquer dans les différents échanges commerciaux internationaux.

Les animaux et les produits d'origine animale importés dans un pays indemne d'IAHP doivent

faire l'objet d'un contrôle vétérinaire et obtenir un certificat attestant qu'ils proviennent d'un

pays, d'une zone ou d'un compartiment indemne d'IAHP, que les animaux ont été tués dans un

abattoir agréé et que les produits ont été correctement traités de façon à détruire le virus (OIE

2008)(OIE 2008). De même, l'OIE explique les mesures de surveillance active et passive

nécessaires pour détecter la présence du virus sur un territoire donnée. La surveillance active

repose sur des prélèvements aléatoires dans des populations sensibles avec détection du virus

ou de trace de l'infection grâce aux techniques virologiques, moléculaires ou sérologiques. La

surveillance passive utilise un réseau d'alerte pour détecter rapidement la présence du virus en

cas de suspicion clinique dans des élevages de volailles ou chez les oiseaux sauvages. Elle fait

appel aux services vétérinaires du pays et nécessite une bonne coordination entre eux et les

vétérinaires privés, les éleveurs et autres personnes en contact avec les oiseaux (OIE 2008).

La vaccination des volailles d'un pays indemne en tant que mesure de prophylaxie

préventive n'est pas conseillée.

2. Prophylaxie sanitaire

Lorsque des foyers infectieux sont détectés dans des élevages, des mesures de

prophylaxie sanitaire sont mises en place dans la zone infectée et sur tout le territoire.

Page 57: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

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L'abattage total des volailles de l'élevage infecté est la première mesure de prophylaxie

sanitaire à faire appliquer. Il est possible d'y associer l'abattage de l'ensemble des volailles

sensibles présentes dans une aire de 3 km autour du foyer détecté. Les autres élevages situés

dans un rayon de 10 km autour du premier élevage infecté peuvent faire l'objet d'une

surveillance et d'une restriction de mouvements des oiseaux, ce qui permet de contrôler

efficacement la maladie et limiter sa propagation.

Le cloisonnement des volailles est une autre mesure de prophylaxie sanitaire adaptée

aux zones à risques (passage important d'oiseaux migrateurs par exemple).

Une surveillance accrue des élevages avec l'utilisation d'oiseaux sentinelles dans des

endroits stratégiques doit également être mise en place, les éleveurs doivent accroître les

mesures de biosécurité de leur élevage et rester très vigilants. Les 3 principales mesures à

appliquer sont :

- la ségrégation des animaux (interdiction d'introduire des animaux infectés dans un

élevage sain). C'est la méthode la plus efficace pour prévenir l'introduction de la

maladie dans un élevage.

- le nettoyage et la désinfection de tous les outils, vêtements, véhicules en contact

avec les animaux infectés, et qui auraient pu être souillés par leurs fientes

(Honhold, Mac Leod et al. 2008).

3. Prophylaxie médicale

La seule mesure de prophylaxie médicale autorisée dans le cadre de la lutte contre

l'Influenza aviaire est la vaccination. Elle est appliquée par les autorités lorsque les premières

mesures de prophylaxie sanitaire ne suffisent pas à endiguer la propagation de l'IAHP. Le

recours à la vaccination peut permettre de maîtriser un foyer, mais il reste indispensable de

procéder à l'abattage massif des volailles infectées et de restreindre les mouvements des

animaux.

La composition du vaccin doit être adaptée à la souche virale identifiée car il n'existe

pas de protection croisée entre les différents anticorps induits par les HA. Seuls sont utilisés

des vaccins inactivés ou recombinants exprimant l'antigène HA ciblé sans possibilité de

réplication virale. L'idéal est d'utiliser un vaccin permettant de différencier les animaux

vaccinés des animaux infectés, ce qui est possible en utilisant des vaccins hétérologues (même

HA mais NA différente de la souche causant l'épizootie) ou en recherchant les anticorps

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 57

dirigés contre la protéine non structurale NS1 qui n'existent pas chez les oiseaux vaccinés. De

même, en utilisant les vaccins recombinés n'exprimant que l'HA, il est facile de différencier

les animaux infectés des vaccinés qui ne développent pas d'anticorps anti-NA.

Le vaccin utilisé au Vietnam est un vaccin chinois à virus inactivé H5N1 issu des

techniques de génétique inverse (Jestin 2008).

Les principes fondamentaux pour prévenir et contrôler l'IAHP sont donc la détection

rapide des animaux infectés, leur abattage immédiat et l'arrêt de la propagation du virus par la

mise en place de mesures de biosécurité et de la vaccination (Honhold, Mac Leod et al. 2008).

Ces mesures doivent être adaptées aux différents pays touchés par l'IAHP car ils n'ont pas

tous les mêmes moyens financiers, techniques et vétérinaires permettant de les appliquer à la

lettre (OIE 2008).

H. Cas particuliers des canards

1. Le canard, un hôte réservoir des Influenzavirus A

La prévalence des infections par les VIA chez les canards est variable et dépend de

plusieurs facteurs comme l'espèce, l'âge et la saison. Les palmipèdes sauvages constituent

avec les Charadriiformes le réservoir principal de tous les VIA pour les autres espèces

d'oiseaux et les mammifères. En effet, toutes les HA (sauf H13) et les NA ont été mises en

évidence chez les palmipèdes sauvages. Les canards sauvages partagent leur rôle de réservoir

avec les limicoles, ils ne constitueraient donc pas le réservoir primaire de tous les virus

influenza A (Webster, Sharp et al. 1992; Webster, Bean et al. Mars 1992).

Le taux d'isolement des VIA chez les ansériformes (canards, oies, cygnes) peut

atteindre 15% et même monter jusqu'à 60% en ce qui concerne les juvéniles lors des

rassemblements prémigratoires alors que chez les autres oiseaux il n'est que de 2% (Brugère-

Picoux and Bureau 2005).

2. Persistance du VIAHP chez les canards

Les VIA sont maintenus dans les populations de canards tout au long de l'année. Les

hypothèses élaborées pour expliquer ce phénomène sont les suivantes:

- En ce qui concerne les populations de canard sauvage, les animaux

contaminés éliminent les Influenzavirus dans leurs fientes pendant une période

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assez longue, qui peut dépasser les 30 jours (Hinshaw, Webster et al. 1980). De

grands groupes de canards restent pendant la belle saison au niveau des plans d'eau

de reproduction et lorsque l'hiver arrive, ils migrent plus au sud. Les fientes

contenues dans l'eau sont alors congelées ce qui permet la survie des virus

Influenza (ils sont très résistants au froid). Lorsque cette même population de

canards revient au printemps, beaucoup de plans d'eau sont encore gelés et elle

s'infecte de nouveau au contact des fientes contaminées déposée avant la migration

(Sharp, Kawaoka et al. 1993).

- Dans les élevages, les populations de canards d'âges et d'origine

différents sont souvent élevées sur le même site et partagent les points d'eau. Cela

représente donc un facteur de maintien d'un large réservoir de VIA dans la

population de canards en général. C'est le cas par exemple en Asie du Sud Est et au

Vietnam en particulier (Markwell and Shortridge 1982).

3. Particularités physiologiques des canards lors

d'infection par les VIAHP

Les VIA, autres que les virus H5N1 HP asiatiques apparus après 2002, se répliquent

préférentiellement dans le tractus intestinal des canards mais n'induisent aucun signe clinique.

Les canards sont porteurs asymptomatiques car les cellules cibles pour les VIA sont

uniquement la première colonne de cellules épithéliales, qui forment les cryptes du gros

intestin (colon essentiellement) (Hiroshi, Ryo et al. 1980). Les canards excrètent donc les VIA

en quantité importante dans leurs fèces et peuvent ainsi contaminer par leurs fientes l'eau bue

par d'autres oiseaux qui vont s'infecter de cette façon (voie de transmission féco-orale)

(Webster, Sharp et al. 1992).

La particularité la plus remarquable du virus IAHP H5N1 de 2002 est de pouvoir

provoquer une maladie chez les canards et les autres oiseaux aquatiques. Ce caractère HP

pour les palmipèdes est apparu à la suite de remaniements génétiques, les souches de ce virus

isolées de 1997 à 2001 n'ayant pas cette particularité (Lipatov, Govorkova et al. Septembre

2004).

De plus, ce virus ne se réplique plus uniquement au niveau de l'intestin des canards

mais aussi et essentiellement au niveau des cellules épithéliales de la trachée. La voie de

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

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transmission de la maladie n'est donc plus seulement féco-orale mais devient également oro-

orale. Néanmoins, les propriétés biologiques du virus ont depuis évolué et il est devenu moins

pathogène pour les canards mais ceux-ci l'excrètent sur de plus longues périodes (Brugère-

Picoux and Bureau 2005; Hulse-Post D. J., Sturm-ramirez et al. 2005).

Cette particularité risque de modifier considérablement le rôle de réservoir du canard.

En effet, d'après les observations effectuées, les canards pourraient avoir acquis un rôle

important dans la transmission du virus IAHP H5N1 aux autres volailles, à l'Homme et aux

autres espèces de mammifères. Par rapport aux données relevées en 2003, les canards

domestiques excréteraient plus de virus et pendant de plus longues périodes et ce, dans la

majorité des cas, sans symptômes. Ainsi, certains canards asymptomatiques élimineraient

autant de virions néoformés que les poulets infectés qui développent la maladie. De plus, le

nouveau VIAHP H5N1 aurait une survie plus longue dans le milieu extérieur. Les canards

domestiques joueraient donc le rôle de réservoir silencieux ("cheval de Troie" de l'infection)

du virus IAHP H5N1. Au début de l'épizootie, l'infection chez les canards s'exprimait par une

mortalité assez importante et des symptômes divers. Les éleveurs, alertés par ces

manifestations anormales, donnaient l'alarme ce qui ne peut plus être tout à fait le cas depuis

que le virus a évolué (Hulse-Post D. J., Sturm-ramirez et al. 2005).

4. Facteurs favorisant la transmission aux palmipèd es

puis la dissémination des VIA aux autres oiseaux

La transmission des VIA entre les palmipèdes est plus importante lorsque la

population est composée d'un grand nombre de juvéniles. Les jeunes canards sont plus

sensibles à l'infection que les adultes (prévalence plus élevée chez les juvéniles). Quand la

population de juvénile est très importante, la prévalence du VIA dans toute la population

augmente. Les adultes vont s'infecter à leur contact (augmentation des concentrations en virus

dans les mares, étangs,…) ce qui accroît les risques de persistance du virus dans les élevages

de canards possiblement infectés où les animaux ne sont pas regroupés par classes d'âge

(Sharp, Kawaoka et al. 1993). Des facteurs environnementaux tiennent également un rôle

important dans la transmission des VIA entre palmipèdes en jouant sur la durée de persistance

des virus dans l'environnement et les possibilités d'infecter d'autres oiseaux : la saison, la

température, les caractéristiques de l'eau, la densité des rivières et rizières (point de rencontres

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entre les migrateurs et les animaux élevés en liberté comme c'est souvent le cas pour les

canards de novembre à février au Vietnam).

En connaissant les trajectoires des oiseaux migrateurs, il est également possible de

déterminer les lieux où pourraient s'observer des foyers infectieux. En effet, les oiseaux

migrateurs (surtout les palmipèdes) peuvent infecter directement par contact ou par

transmission indirecte l'avifaune locale et/ou les oiseaux domestiques en partageant les points

d'eaux ou de nourriture. Les palmipèdes excrètent les VIA sur de longues périodes et le stress

de la migration entraîne souvent une baisse de l'immunité ce qui peut être à l'origine d'une

reprise ou d'une augmentation de l'excrétion des virus augmentant ainsi les risques de

contamination des autres animaux. Les oiseaux migrateurs peuvent aussi être infectés à leur

tour s'ils approchent des volailles malades ou porteuses asymptomatiques de VIA. C'est une

des hypothèses retenues pour expliquer la forte mortalité observée en 2005 dans un troupeau

d'oies sauvages sur le lac Quinghai en Chine.

Certaine pratiques d'élevage (élevage en liberté, mélange d'animaux d'espèces et

d'âges différents) représentent aussi des facteurs de risque puisqu'elles permettent

généralement le contact entre des oiseaux sauvages infectés, les canards et les autres oiseaux

domestiques comme les poulets.

Enfin, les diverses interventions humaines (introduction d'outils ou de véhicules

contaminés…) dans un élevage peuvent être à l'origine d'une transmission de VIA à d'autres

oiseaux.

I. L'épizootie d'Influenza hautement pathogène

H5N1 au Vietnam

Les premiers signes d'une infection d'IAHP H5N1 sont observés en 1996 en Chine

dans la province de Guangdong chez des oies qui présentaient une mortalité élevée. Le virus

identifié est dénommé A/Goose/Guangdong/1/96 (H5N1) (Gs/Gd) et il est possible qu'il ait

circulé silencieusement auparavant dans la région. Ce virus est maintenant considéré comme

l'ancêtre des différents VIAHP H5N1 sévissant en Asie du Sud Est. En effet, les gènes codant

pour l'HA et la NA dérivés de cette souche (Gs/Gd) n'ont cessé d'évoluer par mutation. Les

gènes codant pour les autres protéines (ARN-polymérase, nucléoprotéine, matrice) ont subi

d'importants remaniements du fait de réassortiments avec d'autres souches de VIA. Ces

mécanismes sont à l'origine des différents génotypes de VIAHP H5N1retrouvés en Asie du

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Sud Est. En 1997 à Hong Kong, une souche de VIAHP H5N1 provoque plusieurs foyers

d'influenza aviaire chez des poulets et infecte 18 personnes (dont 6 sont décédées des suites

de la maladie). Le virus en cause serait issu de divers réassortiment entre le virus isolé en

Chine et d'autres Influenzavirus aviaires. Entre 1998 et 2003, de nombreux foyers d'IAHP à

H5N1 sont détectés à Hong Kong. En 2001, une étude menée sur un marché de Hanoï met en

évidence un portage asymptomatique de VIAHP H5N1 chez des canards et des oies.

Cependant, la souche isolée est différente de celle qui sera à l'origine des nombreux foyers

d'IAHP observés au Vietnam (Morris and Jackson 2005).

Fin 2003, de nombreux pays d'Asie du Sud Est déclarent des foyers d'IAHP (Corée,

Thaïlande, Japon…). Au Vietnam, les premiers foyers d'IAHP non officiels auraient été

observés en juin 2003 dans les provinces de Vinh Phuc et de Hanoi (dans le Nord du pays)

mais ils n'ont pas fait l'objet de déclaration. En novembre 2003, les fermiers ont rapporté

plusieurs cas de problèmes respiratoires chez leurs volailles suivis d'une mortalité importante

et rapide ce qui a alerté les autorités. Après analyse, un VIAHPest identifié, il s'agit d'une

souche H5N1 de génotype Z pour lequel les gènes codants pour la NA et la protéine NS1

présentent une délétion (Jestin 2008).

Le pays a ainsi connu 3 grandes vagues épidémiques de fin 2003 à 2005 [Figure 11]

suivies de deux autrers de moindre ampleurs en 2006 et 2007. La première vague a eu lieu

entre décembre 2003 et mars 2004 pendant laquelle 58 des 64 provinces furent touchées et

58,66 millions de volailles (dont 23% de palmipèdes) ont été abattues pour endiguer le fléau.

La deuxième vague épidémique est observée entre avril et novembre 2004 et est

surtout confinée au Sud du pays. Au total 80 080 volailles (dont 10% de palmipèdes) ont été

sacrifiées (soit seulement 1% du nombre total de volailles abattues lors de la première vague

épidémique).

La troisième vague épidémique est observée entre décembre 2004 et septembre 2005.

Sur les 36 provinces concernées par la maladie, plus de 2 millions de volailles (2 158 526

dont 38% de palmipèdes) ont été abattues.

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

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Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant les premières vagues d'épizootie au Vietnam entre 2004 et début 2006 (Pfeiffer, Minh et al. 2007)

La quatrième vague a eu lieu entre octobre 2005 et janvier 2006 touchant

essentiellement le nord du pays. Plus de 3 millions de volailles (dont 54% de canards) ont été

sacrifiées dans 25 provinces (Edan 2006). Depuis, des foyers sont encore observés

régulièrement mais à le nombre d'animaux atteints et abattues est beaucoup plus faible. Ainsi

en 2008, 27 provinces ont déclaré un épisode d'IAHP à H5N1, le dernier ayant eu lieu le 25

Décembre 2008 (FAO 2009). L'épizootie semble donc plus ou moins endiguée grâce aux

mesures drastiques prises par le gouvernement telles que l'abattage massifs des volailles et la

vaccination.

Cependant, il est fort probable que l'IAHP soit devenue endémique en Asie du Sud-Est

et plus particulièrement au Vietnam où un portage asymptomatique chez le canard domestique

est fréquemment observé. Il semble jouer un rôle important dans la persistance du virus sur le

territoire vietnamien. Il est donc nécessaire de bien étudier les filières d'élevage et de vente de

canards, afin de mettre en évidence les points critiques permettant l'introduction et la

propagation de l'IAHP tout au long de la chaîne de production et d'y appliquer des mesures

adéquates pour lutter contre le virus.

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

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III. Rôle de la filière du canard de chair dans la

propagation de l'influenza aviaire hautement pathog ène au

Vietnam

Pour arriver au schéma général de la filière, il faut s'intéresser à tous les acteurs

présents autour des élevages de canards de chair, depuis l'élevage de reproducteurs en amont à

la consommation finale de la viande et des sous-produits en aval, en passant par les

fournisseurs d'aliments, les commerçants ou les transporteurs d'animaux.

A. Schéma général de la filière

1. Les reproducteurs et la production de jeunes

canetons

Il s'agit d'élevages chargés de multiplier des canards grands-parentaux ou parentaux en

vue de vendre soit des parentaux de bonne lignée soit des œufs ou des jeunes canetons pour

approvisionner les élevages de canards de chair. Les fermes peuvent appartenir à l'Etat ou être

privées (comme cela s'observe de plus en plus).

a) Les fermes d'Etat

En général, les fermes d'Etat élèvent essentiellement des canards de races exotiques

importés de Chine ou d'autres pays industrialisés et peuvent être chargées de sélectionner des

animaux issus de croisements entre différentes races. Il existe 4 grandes fermes d'Etat

uniquement destinées, en théorie, à l'élevage des canards arrières grands-parentaux et des

grands-parentaux. Des fermes d'Etat provinciales sont quant à elles destinées à la

multiplication des parentaux et à la production de cannetons. Cette structure pyramidale est

censée ainsi de maintenir un stock d'animaux à haute valeur génétique. Mais, en pratique, la

plupart d'entre elles sont obligées de vendre des canetons d'un jour pour subvenir à leurs

besoins et la qualité génétique des animaux a fortement diminué depuis quelques années

[Figure 13] (Edan 2006).

b) Les fermes privées industrielles

Le nombre de fermes privées élevant des reproducteurs est en progression. Elles

appartiennent pour la plupart à 4 compagnies étrangères (CP, Cargill, Japfa, Proconco). Elles

importent des grands-parentaux de races exotiques qui sont utilisés pour produire des

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parentaux puis approvisionner en canetons les fermes industrielles sous contrat en aval

[Figure 13] (Agrifood Consulting International 2006).

c) Petites fermes privées

Les petits élevages de canes pondeuses ont souvent deux types de production en

fonction de la demande. En effet, à certaines périodes de l'année, le prix des canetons peut

être très élevé car il devient possible de nourrir les animaux facilement (juste après la récolte

du riz par exemple). Les éleveurs de canes pondeuses produiront alors des œufs destinés à

être couvés pour vendre des canetons. En ce qui concerne le canard de Barbarie et certaines

races de canards communs, les petits élevages de reproducteurs sont beaucoup plus

spécialisés et n'ont pas d'autres activités annexes.

Les fermes familiales produisent également des canetons de races locales qu'elles

gardent pour renouveler leurs animaux ou qu'elles vendent localement [Figure 13] (Edan

2006).

d) Couvoirs

Les grandes fermes industrialisées ainsi que les fermes d'Etat ont leurs propres

couvoirs, qui leur permettent de produire des canetons destinés à la vente ou au

renouvellement des stocks. La majorité des couvoirs sont situés dans les provinces de Ha Tay

(Delta du Fleuve Rouge) et de Long An (Delta du Mékong). Il existe également un nombre

important de couvoirs privés, généralement situés près des marchés, qui s'approvisionnent en

œufs embryonnés auprès de fermes dites "satellites" avec lesquelles ils ont un contrat. Les

petits élevages familiaux peuvent également utiliser des couvoirs locaux pour faire incuber

leurs œufs puis vendre les canetons obtenus sur les marchés alentours [Figure 13] (Delquigny,

Edan et al. 2004; Desvaux 2008).

e) Fermes d'élevage de canetons

Certains éleveurs achètent des canetons de un jour et les élèvent pour les vendre un

mois plus tard [Figure 13] Ce système est surtout utilisé pour le canard de Barbarie destiné

aux élevages familiaux ou semi-industriels de petite taille. Le prix de vente des canetons âgé

d'un mois est beaucoup plus élevé que celui de canetons juste nés et les éleveurs acceptent de

payer le prix fort car cela leur permet de minimiser leurs pertes qui peuvent être très

importantes en début de cycle (Edan 2006).

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f) Vente des œufs fécondés et des canetons

La vente des œufs fécondés ou des jeunes canetons peut se faire directement au niveau

des fermes productrices, les éleveurs viennent les chercher eux-mêmes et les ramènent dans

leur ferme. Mais la majeure partie du temps, l'approvisionnement en canetons passent par des

intermédiaires qui vont collecter les jeunes animaux auprès des différents couvoirs et les

vendre de fermes en fermes ou sur les marchés [Figure 12]. Les canetons de différentes

fermes sont mélangés entre eux. L'origine des animaux et le contrôle des maladies ne sont

donc pas garantis [Figure 13]. Dans la plupart des cas, les mouvements des animaux se fait en

motocyclette sur des distances peu importantes (Desvaux 2008).

Figure 12: Vente d'oeufs et de canetons sur un march é dans le Mékong (photos de Liza Yamazaki)

Page 67: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

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Légende:

Ventes d'oeufsVentes de jeunes canetonsVentes de canetons de 4 semainesAuto-renouvellement Ventes de reproducteurs

Figure 13 : Schéma résumant les différents flux de c anetons en amont des fermes d'élevage de canard de chair (Desvaux 2008)

Fermes privées industrielles

dereproducteurs

Petites fermesprivées de

reproducteurs

Fermes d'étatde reproducteurs

Couvoirsintégrés

Couvoirs

Couvoirsintégrés

Couvoirsintégrés

Fermesindustrielles

Fermessemi-industrielles

Fermesfamiliales

Intermédiaires:Collecteurs, grossistes, détaillants

Elevages de jeunes canetons

Collecteurs

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2. Les différents types d'élevages rencontrés

Nous les avons déjà expliqués dans notre première partie, il s'agit des élevages

industriels, semi-industriels et familiaux. Suivant la classification de la FAO [Tableau 5], on

peut faire une distinction entre les élevages semi-industriels ayant des troupeaux de canards

importants (plus de 500 têtes) menés en bandes et respectant des mesures de biosécurité et les

élevages semi-industriels plus petits dont les animaux ont accès à l'extérieur ou sont élevés en

semi-liberté. On obtient ainsi 4 secteurs différents :

- Secteur 1 : il regroupe les grands élevages industriels appartenant généralement

à des compagnies étrangères ou sous contrat avec elles et pour lesquels les

animaux n'ont aucun accès à l'extérieur. Ces élevages sont intégrés avec d'autres

entreprises appartenant au même groupe comme celle produisant des aliments ou

des jeunes canetons. Les animaux sont nourris uniquement avec des aliments

industriels et les mesures de biosécurité dans ce type d'élevage sont très

importantes et bien respectées.

- Secteur 2 : ce sont les fermes semi-industrielles avec des effectifs importants

(entre 500 et 2000 animaux). Les animaux restent généralement enfermés durant

toute la durée de l'engraissement. Des mesures de biosécurité efficaces sont mises

en place. Les fermes peuvent aussi être sous contrat avec les grands groupes

producteurs de volailles.

- Secteur 3 : ce sont les fermes semi-industrielles à petite échelle (entre 50 et 500

canards). Les animaux ont souvent accès à l'extérieur et les mesures de biosécurité

sont peu présentes et/ou pas toujours respectées

- Secteur 4 : il regroupe les fermes familiales pour lesquelles aucune mesure de

biosécurité n'est mise en place et où les animaux de différentes espèces sont

mélangés et laissés plus ou moins en liberté pour glaner leur nourriture [Figure

16].

Page 69: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 68

Classification de la FAO

Secteur 1 Secteur 2 Secteur 3 Secteur 4

Systèmes Industriel intégré

Semi-industriel de grandes

échelles

Semi-industriel de petites échelles

Familial

Biosécurité Elevée Elevée Faible Faible voire inexistante

Pratiques d'élevage

Animaux enfermés, pas d'accès à l'extérieur

Animaux enfermés, pas d'accès à l'extérieur

Animaux à l'extérieur le jour et gardés enfermés la nuit

Animaux laissés en liberté

Contacts avec d'autres oiseaux (domestiques/ sauvages)

Nuls Nuls Importants Importants

Alimentation industrielle industrielle Industrielle/ pâturage

Déchets du foyer, glanage

Races Races exotiques

Races exotiques

Races exotiques/locales

Races locales

Localisation Près des grands centres urbains

Près des grands centres urbains

Petites villes et milieux ruraux

Omniprésents, dominants dans les milieux isolés

Suivis vétérinaires

Importants réalisés par le vétérinaire de l'élevage

Assez importants, vétérinaires privés

Faibles, vétérinaires privés

Irréguliers voire inexistants, dépendants des services vétérinaires

Destination des animaux produits

Export, marchés urbains, supermarchés

Marchés urbains et ruraux

Marchés urbains et ruraux

Marchés locaux, autoconsommation

Tableau 5: Caractéristiques des différents secteurs d'élevages de volailles selon la classification de la FAO

Dans la suite de notre étude, nous regrouperons dans la catégorie des élevages de type

semi-industriels de secteur 3 les différents systèmes d'élevage de canards intégrés et pâturant

décrits dans notre première partie.

3. Les marchés

Les marchés sont des lieux de vie très importants pour la population vietnamienne et

ils peuvent être regroupés en trois catégories en fonction de leur taille, de leurs infrastructures

et des marchandises vendues :

Page 70: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 69

- Type 1 : ce sont des marchés construits en dur, donc permanents et qui

comptent plus de 400 marchands. Ils sont essentiellement situés près des grands

centres commerciaux des villes et des provinces.

- Type 2: ces marchés regroupent entre 200 et 400 marchands. Ils peuvent être

couverts totalement ou semi-couverts, et se retrouvent dans les grands centres

d'échanges.

- Type 3: ces marchés ne sont pas couverts et permettent surtout de répondre à la

demande locale de la population. Il y a en général moins de 200 étalages. Ils sont

également nommés marchés humides. Avec les petites boutiques et les vendeurs

ambulants, ce type de marchés représentaient, il y a encore peu de temps, la grande

majorité des fournisseurs de viande rencontrés au Vietnam. Encore très présents

dans tout le pays, les marchés humides sont le premier lieu de commerce des

produits agricoles. Leur fréquence dépend de la demande, ils peuvent avoir lieu

quotidiennement, comme c'est le cas dans le Delta du Mékong, ou seulement une

fois par semaine dans les zones rurales peu peuplées. Les volailles sont vendues en

général vivantes, surtout dans les régions reculées où les conditions de

conservation des produits carnés ne sont pas optimales.

Les différents types de marchés peuvent aussi être classés en fonction de leur rôle dans

la filière aviaire. Ainsi, il existe des marchés de gros, surtout situés en périphérie, où tous les

produits sont vendus ce qui permet d'approvisionner les intermédiaires (détaillants,

fournisseurs, revendeurs…) et les restaurants en animaux vivants ou en viande. A l'opposé,

dans les zones rurales ou en centre-ville, les marchés vendent directement aux consommateurs

des animaux vivants ou de la viande (Delquigny, Edan et al. 2004).

Dans les grands marchés situés en périphérie des centres urbains, le taux de rotation

des animaux est très élevé. Ainsi, sur le marché d'Ha Vi près de Hanoï, il se vend jusqu'à 10

000 oiseaux par jour et cela peut même atteindre 20 000 volailles les jours de grandes

affluences parmi lesquelles les canards communs et de Barbarie représentent respectivement

30% et 10% des transactions. Le pic de ventes de volailles se situent avant et pendant le Têt

(Nouvel An chinois) avec un commerce important de jeunes canards à finir un ou deux mois

avant cette période (Burgos, Hinrichs et al. 2008).

Page 71: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 70

Les supermarchés sont, depuis les années 90, de plus en plus nombreux au Vietnam.

Même si peu de données sont disponibles, la proportion de viande de canards vendue à leur

niveau peut être considérée comme négligeable.

4. Les intermédiaires

Le terme d'intermédiaire regroupe les collecteurs, les grossistes, les détaillants et les

transporteurs. Ils sont retrouvés tout le long de la filière et interviennent essentiellement dans

le transport et la vente des canetons et des canards adultes. Les animaux proviennent de

différentes fermes et sont regroupés indépendamment de leurs origines et de leur statut

sanitaire. La plupart du temps, les mouvements d'animaux se font en motocyclette et sur de

courtes distances [Figure 14]. Selon la production, l'achat et la vente des animaux peuvent se

faire de fermes en fermes ou sur les marchés suivant la production. Lorsque la vente a lieu

dans les marchés, les canards qui n'ont pas été vendus sont ramenés chez le collecteur, qui

essaiera de les revendre le lendemain. Dans le cas des canards élevés suivant le système de

transhumance, le transport des animaux se fait à pied ou éventuellement par bateau (Agrifood

Consulting International 2006; Desvaux 2008).

Figure 14: Transport de canards en bateau dans le D elta du Mékong (Desvaux 2008) ou en motocyclette (To, Bui et al. 2007)

5. Les abattoirs et la transformation

Ils sont encore peu développés et peu industrialisés. Jusqu'en 2004, il n'y avait qu'un

seul abattoir de volailles à Hanoi et dans le Sud du Vietnam. Peu de grandes compagnies

utilisaient alors leurs services pour abattre et empaqueter les animaux. Ils n'étaient d'ailleurs

pas rentables car le coût de l'abattage était élevé et la qualité sanitaire de la viande ne

Page 72: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 71

permettait pas son exportation. Les canards sont donc essentiellement vendus vivants et tués

soit sur les marchés, soit à la maison, soit éventuellement dans des petits abattoirs plus ou

moins illégaux et dans des conditions peu hygiéniques. Depuis l'épizootie d'IAHP, le secteur

est en cours de mutation (Agrifood Consulting International 2006).

6. Les sous-produits

Les sous-produits de la filière aviaire sont les plumes et les fientes d'oiseaux. Dans le

cas du canard, leur commercialisation, bien que peu étudiée, n'est pas un secteur négligeable,

tant du point de vue économique que sanitaire. En effet, les fientes sont largement utilisées

comme engrais dans les rizières ou les champs. Les plumes, quant à elles, sont surtout

destinées à l'export. Elles sont séchées puis vendues (50 000 VND/kg) à des intermédiaires en

vue d'être exportées, notamment vers la Chine. Le marché est important car les plumes

représentent le quatrième produit le plus exporté du Vietnam (Burgos, Hinrichs et al. 2008).

7. Résumé des différents flux d'animaux dans les

secteurs 3 et 4

Les secteurs 3 et 4 sont les secteurs les plus intéressants à étudier en détail. En effet, ce

sont les types d'élevage les plus fréquemment rencontrés au Vietnam, et ils engendrent

d'importants flux d'animaux et de personnes entre les différents élevages et les marchés

[Figure 15 et Figure 16].

Page 73: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

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Figure 15 : Schéma résumant les différents flux de c anards dans le secteur 3 (Agrifood Consulting International 2006)

Elevages semi-industriels :- Canards en liberté dans les rizières- Systèmes intégrés- Trans-humance

Couvoirsintégrés

Couvoirslocaux

Couvoirsintégrés

Collecteurs

Collecteursde fermes en

fermes

Marchés locaux

Marchésde grosDétaillants

Marchés

Abattoirs

SupermarchésConsommateurs

finaux

Couvoirsintégrés

Elevages de jeunes canetons

Petites fermesde

reproducteurs

Elevagesindustriels de

reproducteurs (grandes

compagnies)

Fermes d'Etat dereproducteurs Petite ferme

privée dereproducteurs

Consommateurs finaux

Consommateurs finaux

(ventes à la ferme)

Légende:

Ventes d'oeufsVentes de canetons de un jourVentes de canetons de 4 semainesVentes de canards de chair

Légende:

Ventes d'oeufsVentes de canetons de un jourVentes de canetons de 4 semainesVentes de canards de chair

Page 74: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 73

Figure 16 : Schéma résumant les différents flux de c anards dans le secteur 4 (Agrifood Consulting International 2006)

Fermes semi-industrielles de reproducteursCouvoirs locaux

Marchés locaux

Elevage familial

Elevagefamilial

Elevage familial

Elevagefamilial

Village(Volailles laissées

en liberté)

Collecteurs

Marchés locaux

Consommateursfinaux

(Abattage des volailles)

GrossistesDétaillants

Collecteurs de fermes en fermes

Légende:

Ventes de jeunes canetons

Auto-consommation et auto- renouvellement du cheptel

Ventes de canards de chair

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8. Autres intervenants

a) Les soins vétérinaires

La profession vétérinaire comprend un secteur privé, en progression depuis quelques

années, et un secteur public encore très présent au niveau des districts.

(1) Les para-vétérinaires

Le secteur privé regroupe les para-vétérinaires (plus de 50 000 personnes) qui sont des

techniciens vétérinaires à mi-chemin entre les auxiliaires de santé animale (éleveurs formés

aux soins de base) et les docteurs vétérinaires (diplômés en 4 ou 5 ans d'une université ou

d'une école). Les para-vétérinaires sont formés pendant 2 ans dans un lycée agricole

provincial et pour exercer, ils doivent être recensés auprès des stations vétérinaires de district

qui leur octroient une licence. Ce sont eux qui apportent la majorité des soins aux animaux

(essentiellement des buffles et des cochons). Les éleveurs font rarement appel à eux pour

soigner les volailles, car le coût de la visite est trop élevé par rapport à la valeur marchande

des animaux. Les para-vétérinaires sont théoriquement reliés aux services vétérinaires pour

lesquels ils accomplissent des campagnes de vaccination, des visites de marchés, la rédaction

des rapports sur la situation zoo-sanitaire d'une commun. En pratique, il existe toujours peu de

liens entre eux. Ils délivrent également les produits pharmaceutiques aux éleveurs (Delquigny,

Edan et al. 2004).

(2) Les docteurs vétérinaires

Les docteurs vétérinaires sont peu nombreux à exercer la médecine vétérinaire dans le

privé. La majorité d'entre eux part travailler dans les entreprises de fabrication d'aliments pour

animaux ou comme employé technico-commercial pour des firmes agro-alimentaires.

Cependant, ils sont de plus en plus recrutés par des petites entreprises vietnamiennes

spécialisées dans la production porcine ou aviaire. Ils y apportent conseils et soins aux

animaux (Delquigny, Edan et al. 2004).

(3) Les services vétérinaires publics

Ils sont tous sous la direction du MARD (Ministère de l'Agriculture et du

Développement Rural) et incluent un Département Vétérinaire National, 6 centres vétérinaires

régionaux, des sous-départements vétérinaires provinciaux et enfin des stations vétérinaires de

district (plus de 600). Aucun lien n'existe vraiment entre ces différents échelons et d'une

Page 76: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 75

province à l'autre, les nombre de fonctionnaires ainsi que les budgets et l'application des

décrets nationaux sont très variables (Ninio 2006).

b) Les fournisseurs d'aliments

Les fournisseurs d'aliments pour volailles les plus importants sont les entreprises

appartenant aux grandes compagnies étrangères déjà citées plus haut mais il existe également

certaines entreprises d'Etat ou locales qui produisent des aliments d'assez mauvaise qualité.

Les aliments sont surtout destinés aux animaux élevés de façon industrielle ou semi-

industrielle de grandes échelles (secteur 1 et 2). Le régime alimentaire des volailles est alors

composé de tout ou partie des ces aliments industriels, complémentés avec d'autres sources

d'aliments moins onéreux. Dans les élevages familiaux, il est assez rare que les canards soient

complémentés avec des concentrés, ils se nourrissent de détritus, restes de la cuisine ou

d'insectes. Dans les élevages semi-industriels de petites échelles, les animaux reçoivent

surtout des sous-produits de l'industrie agro-alimentaire (tourteaux de soja, drêches de

brasserie, déchets issus de la transformation du poisson) en complément de ce qu'ils peuvent

glaner lorsqu'ils sont laissés plus ou moins en liberté (Agrifood Consulting International 2006;

Edan 2006).

La filière du canard de chair au Vietnam est donc très complexe à étudier et différents

schémas existent suivant les types d'élevage. Les acteurs qui y participent, nombreux et aux

rôles variés, sont à l'origine d'un flux important de canards d'une ferme à l'autre ou sur les

marchés. Lors des différentes épizooties d'IAHP à H5N1, tous les secteurs de production ont

été touchés car il existe de nombreux points critiques dans cette filière, qui permettent

l'introduction et la propagation du virus.

B. Points critiques de la filière

Le canard étant un porteur asymptomatique de virus IAHP, son élevage augmente le

risque d'introduction et la propagation de l'IAHP. D'après une étude réalisée en 2004, les

canards seraient à l'origine de foyers infectieux chez les poulets, ces derniers n'étant pas en

cause dans l'apparition de la maladie chez les canards (Dolberg and Mac Leod 2005). En

utilisant les données répertoriées pendant les premières vagues de l'épizootie d'IAHP, il a été

démontré que la densité de poulet ne peut pas être utilisée pour prédire les foyers potentiels

d'IAHP à H5N1 sur le territoire. La densité de canards peut, quant à elle, servir d'indice de

présence du virus (Gilbert, Xiao et al. 2008).

Page 77: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 76

En analysant les différentes pratiques d'élevage, les flux d'animaux entre les ateliers de

la filière du canard de chair et nos connaissances sur l'épidémiologie de l'IAHP, il est possible

de mettre en évidence les différents points critiques de la filière.

1. Les pratiques d'élevage

a) Les élevages industriels (secteurs 1et 2)

Ces élevages mettent en place des mesures importantes de biosécurité et sont en

majorité intégrés à une chaîne de production. Seulement 30% des volailles produites sont

vendues en dehors de la province d'origine, et les achats de jeunes animaux et leurs origines

sont connues et certifiées (fermes appartenant à la même compagnie ou sous contrat). La

quasi-totalité de ces élevages utilise des aliments industriels pour nourrir les volailles et font

fréquemment appel aux services vétérinaires pour le suivi de leur troupeau. Les facteurs de

risques d'introduction de l'IAHP sont donc peu importants. Cependant, les effectifs élevés de

volailles et la localisation des fermes peuvent être considérés comme des facteurs de risques.

En effet, la plupart de ces élevages est située dans les provinces de Ha Tay et de Hanoï au

Nord et dans les provinces de Long Anh, Ho Chi Minh et Dong Nai au le Sud. Les densités de

volailles (surtout de canards), de rizières et de population y sont très élevées, et il a été

démontré par un modèle de prédiction qu'un tel environnement augmente le risque

d'apparition et de propagation de la maladie (Gilbert, Xiao et al. 2008).

Cependant, si l'IAHP réussit à s'introduire dans un de ces élevages, sa présence est

rapidement détectée car les volailles ont un meilleur suivi sanitaire et le moindre signe

suspect, comme l'augmentation de mortalité, alerte les éleveurs. Les mesures de prophylaxie

sont immédiatement adoptées et permettent de limiter la propagation du virus à travers la

chaîne de production (Agrifood Consulting International 2006).

b) Les élevages semi-industriels de petite échelle

(secteur3)

Les canards sont en général laissés à l'extérieur durant la journée, soit dans des enclos

soit dans les rizières, les mares ou les rivières. Les jeunes animaux proviennent pour 60% de

détaillants ce qui est un facteur de risque important concernant l'introduction d'animaux

porteurs asymptomatiques ou malades dans l'élevage [Figure 18]. La vente des canards se fait

essentiellement à la ferme (plus de 80% de la production) et le reste de la production est

vendue à 90% sur les marchés du même district.

Page 78: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 77

Les points critiques les plus importants concernent les élevages dans lesquels les

canards ont accès aux plans d'eau. Les élevages de canards intégrés avec l'aquaculture

présentent moins de risques si les animaux sont bien enfermés dans des enclos. En effet, les

plans d'eau ne communiquent généralement pas entre eux ou alors seulement pour la mise en

eau des bassins après un nettoyage annuel. Par contre l'utilisation de la vase pour amender les

rizières est une pratique à risque car les VIA peuvent y survivre quelques jours (jusqu'à 4

jours dans les fèces ou dans l'eau des rizières à 25°C). Les autres élevages qui utilisent les

rizières amendées pour faire pâturer les canards peuvent être contaminés par ce biais.

Les rizières ont souvent été pointées du doigt, et jouent un rôle majeur dans l'épizootie

d'IAHP observée en Asie du Sud Est puisqu'elles servent de points de rassemblements et de

pâtures aux troupeaux de canards. En général, les animaux restent près de leurs fermes

d'origine, ou sont placés sous la surveillance d'un berger qui les empêche d'entrer en contact

avec d'autres troupeaux. Le problème vient surtout de l'excrétion des virus IAHP dans les

fèces des canards qui contaminent les rizières, et de leur bonne résistance dans l'eau, facilitant

ainsi la contamination indirecte des autres oiseaux. La densité de rizière peut permettre de

déterminer avec une assez bonne précision les foyers potentiels d'IAHP. La densité de canards

peut aussi être utilisée mais elle est beaucoup moins précise. En effet, lors des recensements,

les animaux sont répertoriés par village, alors qu'ils passent l'essentiel de leur temps dans les

rizières. Cette situation peut engendrer un biais statistique (Gilbert, Xiao et al. 2008).

Les élevages, qui laissent les canards en liberté sur les rivières ou les canaux,

présentent le plus grand facteur de risque d'introduction ou de propagation de l'IAHP. L'eau

courante peut être contaminée par des canards ou par des oiseaux sauvages et d'autres oiseaux

d'élevage peuvent s'infecter. De plus, les mouvements des canards sont beaucoup plus

difficiles à surveiller et ils peuvent facilement entrer en contact avec d'autres volailles

(oiseaux migrateurs, poulets…) (Edan, Bourgeois Luthi et al. ; Edan 2006; Gilbert, Xiao et al.

2008).

c) Les élevages familiaux (secteur 4)

Aucune mesure de biosécurité n'est appliquée dans les élevages familiaux. Les

canards sont laissés en liberté toute la journée et sont souvent en contact avec d'autres

animaux (poulets, porcs, oiseaux sauvages…) ce qui représente un facteur de risque

important. Néanmoins, dans les zones isolées comme les hauts-plateaux ou les régions

montagneuses du Nord, si on considère non pas la famille mais le village comme unité de

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 78

production, peu d'échanges d'animaux ont lieu avec l'extérieur et les mouvements de volailles

se font en circuit fermé : la majorité des canetons destinés au renouvellement de la population

est produite par les familles (seul 1/5 des élevages achètent des canetons en dehors du village)

et les animaux sont, pour la plupart, consommés sur place. Dans ce cas, le village peut être

considéré comme une barrière efficace dans la prévention de l'introduction d'un virus IAHP

au sein des élevages familiaux et entre les différentes localités alentours. Le seul point critique

serait donc l'introduction de jeunes canetons d'origine inconnue par des revendeurs (Figure

19) (Delquigny, Edan et al. 2004).

Les villages situés dans les autres régions sont plus ouverts aux échanges extérieurs.

Les facteurs de risques d'introduction et de propagation d'un virus IAHP sont donc plus

importants. La promiscuité entre les volailles et la famille (les enfants jouent là où les

animaux vivent) représente le problème le plus inquiétant dans ce genre d'élevages car ils

peuvent être une source d'infection pour l'Homme. De nombreux cas de contamination

humaine trouvent leur origine dans ce mode de vie. De plus, les canards et autres volailles

sont en contact avec des porcs, ce qui peut aussi entraîner leur infection par le VIAHP H5N1

et augmenter les probabilités de réassortiment génétique si les porcs sont porteurs d'autres

Influenzavirus (Edan 2006).

2. Production d'œufs et de canetons

Certaines fermes spécialisées dans l'élevage de reproducteurs importent illégalement

des animaux, dont le statut sanitaire n'est pas connu. Dans le Nord du pays, ces pratiques sont

suspectée d'être à l'origine de la résurgence des foyers d'IAHP. De plus, la plupart de ces

fermes vendent aussi des œufs prêts à couver ou bien de jeunes canetons sur le lieu même de

l'élevage, ce qui entraîne de nombreux allers et venues d'éleveurs ou de collecteurs [Figure 18

et Figure 19]. Ces derniers peuvent contaminer les animaux si leurs chaussures ou leurs

vêtements sont porteuses du virus. Les canards reproducteur sont des cycle de production plus

longs que dans les autres élevages. Leur longévité est un autre point critique de ce type

d'élevage. En effet, plus un canard porteur du virus vivra longtemps, plus il pourra excréter de

virus. La probabilité que le virus sera également plus élevée (Desvaux 2008).

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 79

3. Les regroupements d'animaux (intermédiaires,

marchés…)

Tout au long de la filière du canard de chair, des canards d'origines diverses sont

regroupés entre eux et avec d'autres volailles aussi bien au niveau des intermédiaires

(grossistes, détaillants) que dans les marchés de volailles [Figure 18 et Figure 19]. L'absence

de traçabilité lors des regroupements et de la vente des animaux ne permet pas de connaitre le

statut sanitaire des canards achetés (animaux vaccinés, porteurs asymptomatiques…) et

représente un facteur de risque très important. En effet, des canards porteurs asymptomatiques

ou en incubation peuvent contaminer les volailles avec lesquelles ils ont été en contact lors de

ces échanges, ou introduire le virus dans leur nouvel élevage. Ceci est d'autant plus vrai

lorsqu'il s'agit de canetons qui sont beaucoup plus sensibles à la maladie et qui excrètent

davantage de particules virales. En cas d'épizootie, il sera alors difficile, voire impossible,

d'établir des liens entre les producteurs et les acheteurs, et de remonter à l'origine de la

contamination. Le stress que représentent les rassemblements et la vente sur les marchés est

très important, et peut conduire à une baisse de l'immunité des animaux. Les canards

deviennent alors plus sensibles à l'infection et l'excrétion du virus est augmentée chez les

porteurs asymptomatiques.

De plus, les intermédiaires vont souvent de fermes en fermes avec les animaux qu'ils

achètent [Figure 18 et Figure 19]. Ils peuvent ainsi introduire facilement des virions dans les

élevages visités, si ces derniers sont présents sur les pneus de leur motocyclette, leurs

vêtements ou bien sur leurs chaussures. Les volailles sont transportées dans des cages en

bambou ou en bois et les fientes peuvent donc tomber n'importe où lors des trajets. Si les

animaux excrètent des virus, cela peut constituer une source de contamination pour les autres

élevages situés à proximité.

Sur les marchés, les volailles sont vendues vivantes ou tuées sur place en fonction de

la demande. Les différents détaillants sont très proches les uns des autres et les volailles

peuvent facilement entrer en contact entre elles [Figure 17]. D'un jour à l'autre, les lieux ne

sont pas désinfectés. Les marchés réunissent des conditions extrêmement favorables à la

transmission des virus IAHP (proximité entre volailles, stress, peu de nettoyage et de

désinfection). De plus, lorsque des lots de volailles ne sont pas complètement vendus, ils sont

replacés chez le collecteur en vue d'être ramenés le lendemain sur le marché [Figure 18]. Ces

Page 81: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 80

flux d'animaux se font en grande majorité sur d'assez courtes distances, en motocyclette, et

sans qu'aucune mesure de biosécurité ne soit appliquée. Ce système est donc une des failles

les plus importantes de la filière du canard de chair au Vietnam (Delquigny, Edan et al. 2004;

Agrifood Consulting International 2006).

Figure 17: Volailles vivantes sur le marché de Dalat en Février 2008 (photo d'Antoine Rostang)

4. L'eau et l'alimentation

Les mangeoires et les abreuvoirs retrouvés dans les élevages familiaux et semi-

industriels de petite échelle (secteurs 3 et 4) peuvent être facilement contaminés par des

fientes de volailles ou d'oiseaux sauvages. L'eau peut jouer un rôle majeur dans la propagation

du virus, rôle d'autant plus important dans les élevages de canards qui comptent presque

systématiquement un ou plusieurs points d'eau. Ainsi, 70% des canards dans le Delta du

Mékong sont porteurs du virus IAHP H5N1 (Mabbett T. 2008).

5. Pratiques à risques en réaction à l'épizootie

Lors de la première vague d'épizootie en 2004, les subventions pour dédommager les

éleveurs étaient très faibles, voire inexistantes pour les fermes de secteur 3 et 4, et variaient

d'une province à l'autre. Cette situation fut à l'origine de comportements à risques chez les

éleveurs. D'après certaines études, il n'était pas rare que des éleveurs vendent rapidement les

volailles malades pour diminuer les pertes économiques dues à la mortalité importante des

animaux malades (Dolberg and Mac Leod 2005; Morris and Jackson 2005). Dans certaines

régions, les éleveurs n'ont pas hésité à changer leur troupeau de province pour bénéficier de

subventions plus importantes, et ce malgré les interdictions de mouvements de volailles. Ces

pratiques ont facilité la propagation de la maladie (Agrifood Consulting International 2006).

Page 82: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

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6. Soins vétérinaires

Dans les élevages de secteur 3 et 4, les volailles ne reçoivent que peu de soins et sont

rarement vaccinées pour des raisons de rentabilité. En général, les animaux présentent un fort

taux de mortalité (jusqu'à 50%). Les éleveurs ont l'habitude de subir de telles pertes. Les petits

élevages font donc moins attention à la mortalité des volailles que les grands élevages et

lorsque celle-ci est due à l'IAHP, ils ne pensent pas tout de suite à en faire la déclaration

auprès des services vétérinaires (Agrifood Consulting International 2006).

Cette situation est due à une mauvaise connaissance de la maladie chez la plupart des

éleveurs et des para-vétérinaires. Pendant la première vague de l'épizootie, ils ignoraient les

voies de transmission, les principaux symptômes de l'IAHP et n'ont pas été bien informés des

mesures de biosécurité à mettre en place pour éviter la contamination ou la propagation de la

maladie.

De même, le réseau d'épidémiosurveilance n'était pas très développé au Vietnam et le

secteur vétérinaire n'avait pas été suffisamment formé pour faire face à une épizootie de cette

ampleur et prendre des mesures adéquates pour protéger les élevages. La hiérarchisation des

Services Vétérinaires rendait les démarches de déclaration très longues et difficiles, et comme

aucune coordination efficace n'a été mise en place entre les services vétérinaires provinciaux

et nationaux, les mesures appliquées par la suite ont varié suivant les régions.

7. Les sous-produits et les déchets

Les fientes sont souvent utilisées comme engrais pour amender les rizières ou les

cultures sans traitement préalable, ce qui peut être une source de contamination pour les

canards ou les oiseaux sauvages qui y pâturent. Les VIAHP peuvent être détectées dans les

plumes (Yamamoto, Nakamura et al. 2008) et elles peuvent faire l'objet d'une contamination

par les fientes des canards infectés. Elles sont donc des vecteurs potentiels de la maladie et

pourraient jouer un rôle important dans la propagation du virus à l'extérieur du pays si les

traitements ne sont pas correctement réalisés (Edan 2006).

Dans les fermes familiales, les cadavres de volailles ne sont généralement pas

incinérés ni enterrés, mais abandonnées à l'extérieur. Les animaux en liberté peuvent y avoir

facilement accès. Les volailles adoptent souvent un comportement de charognard et peuvent

alors s'infecter en les mangeant. Ce problème est surtout rencontré dans les élevages familiaux

(Agrifood Consulting International 2006).

Page 83: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 82

8. Résumé des points critiques des secteurs 3 et 4

Les secteurs 3 et 4 sont donc les secteurs d'élevages les plus à risques [Figure 18 et

Figure 19]. Les points critiques sont dus aux nombreux flux d'animaux ou de personnes

permettant l'introduction et/ou la propagation du VIAHP H5N1 dans les élevages ou sur les

marchés. Les mesures de lutte contre la maladie doivent donc cibler en priorité ces secteurs.

Page 84: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

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Figure 18 : Secteur 3 et points à risque d'introduct ion de l'IAHP (Agrifood Consulting International 20 06)

Elevages semi-industriel:- Canards en liberté dans les rizières- Systèmes intégrés- Trans-humance

Couvoirsintégrés

Couvoirslocaux

Couvoirintégrés

Collecteurs

Collecteursde fermes en

fermes

Marchés locaux

Marchésde grosDétaillants

Marchés

Abattoirs

SupermarchésConsommateurs

finaux

Couvoirsintégrés

Elevages de jeunes canetons

Fermes dereproducteurs

Elevage industriels de reproducteurs

(grandescompagnies)

Fermes d'Etat dereproducteurs Petites fermes

privées dereproducteurs

Consommateurs finaux

Consommateurs finaux

(ventes à la ferme)

Légende :

Ventes d'oeufsVentes de canetons de un jourVentes de canetons de 4 semainesVentes de canards de chair

Points à risque d'introduction de l'IAHP aviaire

Page 85: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 84

Figure 19 : Secteur 4 et points à risque d'introduct ion de l'IAHP (Agrifood Consulting International 20 06)

Fermes semi-industrielles de reproducteursCouvoirs locaux

Marchés locaux

Elevage familial

Elevagefamilial

Elevage familial

Elevagefamilial

Village(Volailles laissées

en liberté)

Collecteurs

Marchés locaux

Consommateursfinaux

GrossistesDétaillants

Collecteurs de fermes en fermes

Légende:

Ventes de jeunes canetons

Auto-consommation et auto-renouvellementdu cheptel

Ventes de canards de chair

Nombreux mouvements de personnes (collecteurs)

Points à risque d'introduction de l'IAHP dans la filière

Page 86: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 85

C. Mesures de prévention

a) Les organismes participants

Des organismes internationaux (FAO, OMS, OIE) ont établis une liste de mesures à

adopter pour limiter l'introduction et la propagation de la maladie et différentes Organisations

Non Gouvernementales (ONG) ont enquêté sur la filière aviaire pour leurs comptes.

Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) a ainsi produits de nombreux rapports sur

la filière aviaire dans le Nord du Vietnam.

Le gouvernement vietnamien a, quant à lui, créé, en janvier, 2004 le Comité National

pour le Contrôle et la Prévention de l'Influenza Aviaire pour superviser l'épizootie et planifier

les actions mises en place contre la maladie. Cet organisme est dirigé par le MARD en

partenariat avec d'autres ministères comme celui de la Santé, de la Sécurité Publique, du

Commerce ou des Affaires Etrangères. Les réunions au sein de ce comité sont hebdomadaires

et permettent d'informer le gouvernement sur l'évolution de l'épizootie et de mettre en place

des mesures de contrôle appropriées.

Un autre comité, dirigé par le Ministère de la Santé, a vu le jour, le National Steering

Commitee for H5N1 Avian Influenza (NSCAI) calqué sur celui créé lors de l'épizootie de

syndrome respiratoire aigu (SRAS) en 2003, qui cible surtout la santé humaine. En septembre

2005, le NSCAI a proposé un plan de préparation en réponse à l'épizootie d'IAHP H5N1 et à

la pandémie d'influenza humaine. Approuvé en Novembre de la même année, ce plan reprend

les mesures de contrôle dictées par l'OMS concernant une éventuelle pandémie humaine à

influenza et les différents scénarios envisageables. Il explique ainsi les responsabilités et

possibilité d'action des ministères, du Comité du Peuple et des autres organisations du pays.

Les services de santé vétérinaire sont chargés, quant à eux, de l'application des

différentes mesures de luttes contre l'IAHP retenues par le gouvernement.

b) Mesures appliquées

Les mesures appliquées varient suivant la situation épidémiologique du moment et

tiennent compte des recommandations de l'OIE, de la FAO et de l'OMS mais elles sont

adaptées au pays.

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(1) Abattage massif des volailles

L'abattage massif des volailles est l'une des premières et des principales mesures mises

en œuvre pour endiguer la propagation de l'épizootie. D'après la FAO, il s'agit de la mesure la

plus efficace au début de l'épizootie (FAO, OIE et al. 2005). Lors de la première vague

d'IAHP début 2004, toutes les volailles situées dans un rayon de un kilomètre d'un foyer

d'IAHP sont sacrifiées. Ainsi 44 millions d'oiseaux furent sacrifiés. Après la première vague

d'IAHP, les mesures d'abattage massif des volailles ont été revues et diminuées, car cette

mesure était onéreuse et difficile à faire appliquer aux éleveurs, dont les volailles paraissent

saines. Ces derniers réclamaient une compensation à la perte de leurs animaux ce qui

représentait un coût supplémentaire pour l'Etat.

Durant les autres vagues d'IAHP, un abattage plus ciblé des animaux fut mis en place,

seuls furent sacrifiés les populations d'oiseaux à risques les plus proches des fermes

contaminées. Cette mesure a ainsi réduit considérablement le nombre de volailles abattues. De

plus, en 2005, des compensations supplémentaires sont distribuées aux éleveurs qui ont

volontairement sacrifié leurs volailles lorsqu'un foyer d'IAHP était déclaré dans les alentours.

(2) Interdiction et/ou limitation des mouvements

des volailles/ volailles enfermées

Depuis Avril 2004, les mouvements massifs de volailles ou de produits d'origine

aviaire en dehors des districts doivent être déclarés aux Services Vétérinaires. En Mars de

l'année suivante,les autorités ont interdits l'introduction et la sortie d'animaux, d'aliments ou

de déchets d'origine animale hors des régions touchées par l'IAHP. Un peu plus tard, la vente

de produits d'origine animale ne présentant pas de sceaux d'inspection vétérinaire a également

été prohibée, tout comme la vente de volailles vivantes dans15 grandes villes vietnamiennes.

Les élevages du secteur 3 ne peuvent plus vendre leurs produits sur les grands marchés

urbains.

Seules les volailles tuées dans les abattoirs sont autorisées sur les marchés, leur

abattage sur les lieux de vente étant interdit. De plus, un certificat de santé doit être établi au

préalable par les services vétérinaires. Enfin, canards et poulets doivent être élevés et tués

séparément (To, Bui et al. 2007).

Page 88: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 87

(3) Vaccination

Les campagnes de vaccination ont commencé en août 2005. Le protocole a tout

d'abord été testé dans certaines régions ciblées (Tien Giang et Nam Dinh), les campagnes de

vaccination ont été menées sur tout le territoire entre septembre et novembre 2005, et plus

particulièrement dans les régions des Deltas du fleuve Rouge et du Mékong. Près de 85

millions de poulets et 39 millions de canards ont ainsi été vaccinés fin 2005. Une deuxième

campagne de vaccination est mise en place en 2006 avec plus 180 millions de doses

administrées. Enfin, une troisième campagne fut instaurée en septembre 2007 permet de

protéger 165 millions de volailles dans 63 provinces.

La majorité des vaccins utilisés provient de Chine et les doses sont vendues environ

1,6 centimes de dollars. Le Vietnam pensait pouvoir mettre en place sa propre unité de

fabrication courant 2008 (Burgos, Hinrichs et al. 2008). Le vaccin utilisé pour les canards

communs contient les antigènes de la souche GS/GD/96 H5N1 et celui pour les canards de

Barbarie est produit par Mérial à partir des antigènes H5N9. En ce qui concerne les poulets,

les vaccins disponibles utilisent les antigènes H5N2 et sont produits par une firme

pharmaceutique chinoise ou par Intervet (To, Bui et al. 2007). Il est nécessaire de réaliser 2

injections à un mois d'intervalle. Contrairement aux poulets, il n'existe pas de vaccins pour les

canetons d'un jour, la première injection vaccinale se fait à 14 jours mais les jeunes animaux

sont bien souvent déjà vendus avant (Mason 2007).

Les campagnes de vaccination sont réalisées par les acteurs de la santé vétérinaire

(para-vétérinaire et docteurs vétérinaires). Les volailles sont vaccinées dans leur élevage

lorsqu'il s'agit de fermes industrielles ou semi-industrielles. Pour les animaux élevés en liberté

(élevage familial ou canards qui pâturent) les vaccinations peuvent se faire sur le terrain. Les

volailles peuvent être également conduites par leurs propriétaires dans les points de

vaccination mis en place. Cette pratique a pu être à l'origine de la résurgence de certains

foyers d'IAHP (To, Bui et al. 2007).

Les campagnes de vaccination ont permis de réduire considérablement le nombre de

foyers d'IAHP et de personnes contaminées [Figure 11]. Cependant, d'après la FAO, le

Vietnam devrait continuer à vacciner massivement ses volailles pendant les 3 à 5 prochaines

années sinon il pourrait connaître de nouvelles vagues d'épizootie identiques à celles de 2004

et 2005 (FAO 2008).

Page 89: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 88

Malgré d'importants moyens mis en œuvre pour mener à bien les différentes

campagnes de vaccination, les services vétérinaires se sont heurtés à quelques problèmes.

Ainsi, certaines régions n'ont pas correctement suivis les recommandations et présentent donc

un taux de couverture vaccinale plus faible. Il est très difficile, voire impossible, de vacciner

toutes les volailles élevées en liberté et surtout les canards pâturants, de nouveaux foyers

d'IAHP peuvent donc apparaître, comme ce fut le cas dans le Delta du Mékong. Enfin, les

communes manquent de main-d'œuvre compétente pour réaliser les campagnes de

vaccination. En conséquence, le taux de couverture vaccinale, variable d'une région et d'un

type d'élevage à l'autre, constitue un frein à l'éradication de l'IAHP au Vietnam, et de

nouveaux foyers peuvent resurgir (To, Bui et al. 2007).

(4) Mesures sanitaires dans les élevages

Une quarantaine est appliquée dans les élevages atteints d'IAHP. Tous les vêtements,

outils, véhicules ayant pu être en contact avec des oiseaux atteints d'IAHP doivent être

méticuleusement désinfectés.

En Octobre 2005, la couvaison des œufs de volailles est suspendue pendant 3 mois et à

partir de Février 2006, seule celle pratiquée par les grandes fermes industrielles est autorisée.

La couvaison des œufs de palmipèdes est complètement interdite pendant un an. L'interdiction

sera levée en Février 2007, mais les couvoirs commerciaux d'œufs de canards et d'oies ainsi

que l'élevage de reproducteurs ne peuvent pas être situées dans les centres urbains. Les

volailles élevées dans les élevages familiaux doivent être laissées dans des enclos. Fin 2007,

l'élevage de palmipèdes est autorisé uniquement pour les animaux vaccinés mais les élevages

de type transhumance sont toujours interdits. Cependant, il n'est pas rare de croiser des

groupes de canards non vaccinés, dits "clandestins", circulant d'une province à l'autre (Mason

2007).

(5) Campagne d'information et de prévention de

la population

L'Etat a mis en place une campagne d'information de la population utilisant tous les

médias possibles (télévision, journaux, affiches…) pour éduquer le public (Bong 2005). Les

slogans utilisés sont simples et beaucoup ont été traduits dans les différentes langues des

minorités [Figure 20].

Page 90: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 89

"Nous nourrisons les volailles dans un enclos" Les volailles doivent toujours être gardés dans des enclos

Figure 20 : Affiche parue lors de la campagne d'inf ormation sur les mesures de biosécurité à appliquer dans les élevages (Bong 2005).

Des guides pratiques à l'usage des paravétérinaires ont été édités. Ils récapitulent les

principaux symptômes de la maladie et les mesures à respecter pour limiter sa propagation.

c) Compensations

A partir de mars 2004, le gouvernement alloue des compensations aux éleveurs dont

l'élevage a été victime de l'IAHP. Pour chaque oiseau adulte victime de l'IAHP, une prime de

5000 VND est versée et 2 000VND supplémentaires sont donnés pour faciliter le

repeuplement à partir de jeunes poussins ou de canetons d'un jour. Mais ces subventions ne

couvrent que 10 à 15% de la valeur marchande des volailles, elles sont donc largement

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 90

insuffisantes. En Juin 2005, le gouvernement décide d'augmenter les compensations : 15 000

VND par volaille tuée auxquels s'ajoutent 3000VND pour favoriser le repeuplement de

l'élevage. A la fin de l'année 2005, une autre prime est allouée aux éleveurs qui abattent

volontairement leurs volailles à proximité d'un foyer infectieux. De plus, l'Etat propose

également des facilités de paiements des crédits en cours en augmentant par exemple la durée

possible de remboursement des prêts contractés par les éleveurs. Le plafond des emprunts

possibles sans demande de garantie est aussi revu à la hausse et passe de 1 900 Dollars à 3

170 dollars afin de faciliter la reprise de l'élevage de volailles (Burgos, Hinrichs et al. 2008).

La filière du canard de chair joue donc un rôle important dans l'introduction et la

propagation de l'IAHP au Vietnam au travers de ses différents échelons. Le grand nombre

d'intermédiaire, les marchés et les élevages associés aux plans d'eau, sont les principaux

points faibles de cette filière. Même si les différentes campagnes de vaccination ont permis de

réduire le nombre de foyer d'IAHP H5N1 et de cas humains [Figure 11], des modifications de

la filière aviaire et plus particulièrement de celle du canard de chair, doivent être envisagées

pour espérer pouvoir éradiquer la maladie. Cette restructuration a déjà été entamée en réponse

à l'épizootie, mais elle n'est pas sans conséquence pour les différents acteurs de la filière du

canard de chair.

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 91

IV. Impacts de l'IAHP sur la filière du canard de c hair au

Vietnam

L'épizootie d'IAHP a eu un impact considérable sur l'économie vietnamienne. Les

filières de production de volailles ont dû être restructurées afin d'obtenir des animaux sains et

d'éradiquer la maladie.

A. Chute de la production

La production de volailles a considérablement chuté entre 2003 et 2005 (- 6,7%) et la

population de palmipèdes est passée de 68 millions à 58 millions de têtes, soit une diminution

de 6, 6% pendant cette même période, à cause des différentes mesures prises pour limiter la

propagation de l'IAHP et d'un désintérêt du consommateur pour cette filière [Figure 21].

Plus de 14 millions de palmipèdes sont morts, soit sacrifiés, soit victimes de l'IAHP pendant

les 3 grands pics d'épizootie qu'a connus le Vietnam. Il est à noter que la population de

canards a surtout été touchée par ces mesures lors de la troisième vague alors que les poulets

et les cailles furent les principales victimes des deux premières vagues. Les différentes

régions du Vietnam n'ont pas été affectées de la même façon, et les régions des deux Deltas

sont celles qui ont compté le plus de pertes. Au total, de fin 2003 à mars 2008, 59,3 millions

de volailles sont mortes (Burgos, Hinrichs et al. 2008).

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Figure 21: Evolution de la production de volailles e ntre 1990 et 2007 (Desvaux 2008)

En plus de ces pertes directes, la filière aviaire a dû faire face à une baisse importante

de la consommation de viande de volailles. D'après un sondage réalisé à Hanoï durant la

première vague d'IAHP, 94% de la population a arrêté de consommer de la volaille, en grande

partie par crainte de la maladie. Ce changement d'habitudes alimentaires s'observe surtout

chez les populations aisées. Après 2005, les pertes directes dues aux sacrifices des animaux

sont beaucoup plus faibles, mais la filière aviaire reste fragile et la production peine à

reprendre. Les consommateurs veulent acheter de la viande provenant de volailles certifiées

dont la production est encore faible.

B. Pertes économiques

1. Total des pertes

En additionnant les pertes directes dues à la mortalité et aux abattages massifs de

volailles (environ 75 millions de dollars) et les pertes indirectes causées par l'inactivité des

producteurs, la chute du prix des volailles et la baisse de la consommation (112,5 millions de

dollars), les pertes totales générées par la première vague d'IAHP se chiffraient à plus de 200

millions de dollars américains en 2004. Les campagnes de vaccination ont, quant à elles,

coûté 20 millions de dollars par an à l'Etat (pour 2 campagnes annuelles) (Burgos, Hinrichs et

al. 2008).

0

50

100

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200

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300

*1 0

00 0

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Volailles

poulets

palmipèdes

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Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 93

2. Fluctuation du prix de la viande

Pendant les différentes vagues de l'épizootie d'IAHP, le prix de la viande de volailles a

chuté considérablement (jusqu'à 50 ou 60% en dessous de sa valeur habituelle en 2005), et les

ventes de volailles ont diminué de moitié. Les prix et la production de volailles ont depuis

augmenté, mais ils sont encore loin des valeurs qu'ils avaient avant l'épizootie et les prix ont

tendance à fluctuer. Les volailles certifiées des grands groupes industrielles sont vendues

jusqu'à 4 ou 5 fois plus chères que les volailles non certifiées (volailles CP vendues à 25 000

VND/kg, volailles exotiques 6000 VND/kg, volailles locales 10 000VND/KG dans la même

province de Ha Tay) (Hong Hanh, Burgos et al. 2007).

3. Secteurs de production les plus touchés

Sur le court-terme, les éleveurs les plus touchés par l'épizootie d'IAHP sont les gros

producteurs industriels de volailles des secteurs 1 et 2, car ils ont perdu beaucoup d'animaux

et avaient investi énormément dans leurs installations. Néanmoins, sur le long terme, ces

derniers ont pu profiter de la forte demande en volailles certifiées saines et ainsi devenir les

seuls fournisseurs autorisés pour les centres urbains. Ils ont donc, pour la plupart, gagné plus

qu'ils n'ont perdu pendant les différentes vagues d'épizootie d'IAHP (Agrifood Consulting

International 2006).

Les plus grandes pertes concernent surtout les producteurs qui avaient beaucoup

investi dans leurs élevages et dont les volailles représentaient l'unique production. Les

éleveurs du secteur 3, c'est-à-dire ceux qui n'appliquaient pas des mesures de biosécurité

importantes, sont les plus touchés. Leurs élevages ont, en effet, été les plus décimés par

l'IAHP, soit directement à cause du virus, soit par un abattage sanitaire, et les compensations

perçues n'étaient généralement pas suffisantes pour couvrir les frais engendrés par la perte de

leur cheptel. De plus, l'interdiction de la vente de volailles sur les marchés a réduit

considérablement leurs débouchés car ils étaient d'importants fournisseurs de volailles

vivantes. Certains ont même tué volontairement leurs animaux pour toucher les

compensations proposées par le gouvernement et limiter ainsi le manque à gagner dû à la non

commercialisation de leur production. Enfin, la méfiance des consommateurs vis-à-vis de

l'innocuité de leurs produits ne leur a pas permis de retrouver un niveau de ventes identique

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Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 94

après l'épizootie. Leurs débouchés sont désormais réduits car ils ne peuvent plus vendre les

animaux sur les grands marchés urbains. Ils doivent donc se restreindre aux seuls marchés

locaux, sur lesquels les tarifs en vigueur sont plus bas. Certains des producteurs de volailles

du secteur 3 n'ont pas hésité à changer complètement de production et à se tourner vers

l'élevage de porc, profitant ainsi de l'augmentation de la demande et du prix de cette viande.

Ceux qui ont réussi à se reconvertir ou qui ont su profiter du marché (lorsque la demande en

volailles augmentait ou en produisant des volailles certifiées) ont pu limiter les pertes voire

même faire des bénéfices importants (Agrifood Consulting International 2006).

La crise d'IAHP est également à l'origine d'un manque à gagner relativement important

pour les petits producteurs du secteur 4. En effet, d'après une étude réalisée en 2004 par

AVSF dans le Nord du Vietnam, les petits éleveurs ont pu perdre entre 69 et 108 USD. Si on

considère que presque 2/3 des foyers ruraux économisent moins de 2 USD par jour, il est

facile de comprendre l'importance de la perte de revenus engendrée par l'IAHP. Cependant,

ces données doivent être relativisées en fonction des régions et des foyers (Delquigny, Edan et

al. 2004).

4. Conséquences en amont et en aval de la filière

a) Sur les intermédiaires

D'autres acteurs de la filière aviaire ont été touchés par l'épizootie d'IAHP. Les

nombreux intermédiaires (vendeurs d'aliments, de jeunes volailles, grossistes…) ont subi de

lourdes pertes en raison de la baisse des ventes et de l'interdiction de transporter des volailles

vivantes. De plus, les différents détaillants d'aliments ou de jeunes oiseaux qui avaient fait

crédits aux éleveurs n'ont pas pu recouvrir leurs biens. Selon certaines enquêtes, 50% des

détaillants ont changé de produits et se sont tournés vers la vente de porcs ou de lapins. Cette

dernière était encouragée par l'Etat mais les consommateurs n'ont pas suivi la tendance.

L'interdiction de l'abattage des volailles sur les marchés a fait perdre leur emploi aux tueurs

qui étaient en relation avec les petits commerçants. En tout, les premières vagues d'épizootie

d'IAHP ont supprimé plus de 13 500 emplois dans la filière aviaire (essentiellement des postes

d'intermédiaires ou de personnes chargées de tuer les volailles sur les marchés) (Agrifood

Consulting International 2006).

Page 96: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 95

b) Sur la production d'œufs ou de jeunes volailles

La demande et le prix des jeunes volailles ont fortement chuté et la compagnie

américaine Cargill a dû fermer sa ferme de reproducteur en 2005 (Burgos, Hinrichs et al.

2008). Cependant, après un retour plus ou moins à la normale, les producteurs de jeunes

volailles,dont les origines sont rigoureusement contrôlées, ont pu prendre le quasi monopole

des ventes (Agrifood Consulting International 2006).

c) Sur les producteurs d'aliments

Les producteurs d'aliments ont également enregistré une baisse importante de leurs

ventes (jusqu'à - 90% pour certaines entreprises). La construction de la quatrième fabrique

d'aliments pour volailles de la compagnie thaïlandaise CP a ainsi dû être retardée de 2 ans

(Burgos, Hinrichs et al. 2008). Les producteurs qui fournissaient des aliments aux élevages

semi-industriels du secteur 3 ont été les plus touchés. En effet, en cas de baisse du revenu, les

éleveurs réduisent les frais dus à l'alimentation des animaux en les nourrissant au minimum.

Ces pratiques ont pour conséquences un affaiblissement des oiseaux ce qui augmente leur

sensibilité face aux maladies et diminue encore leur prix de vente. Certaines volailles sont

d'ailleurs mortes de faim. Cependant, après les premières vagues d'IAHP, les producteurs

d'aliments ont enregistré une augmentation des ventes due au développement des élevages

industriels de volailles (leurs principaux clients) et à une augmentation des petits élevages

attentifs au respect des mesures de biosécurité (animaux enfermés en permanence et nourris

avec des aliments industriels) (Agrifood Consulting International 2006).

d) Conséquences indirectes sur d'autres filières

(1) Filière porcine

Pendant la crise due à l'IAHP, les consommateurs ont délaissé la viande de volailles

par crainte d'une contamination et se sont tournés vers la viande de porc. Les prix du porc ont

donc fortement augmenté avec la demande ce qui a profité aux éleveurs porcins et aux

intermédiaires travaillant dans cette filière. De nombreux éleveurs de volailles se sont

également reconvertis afin d'augmenter leurs revenus en profitant de l'augmentation de la

demande en porc (Dolberg and Mac Leod 2005).

(2) Production de riz

L'interdiction de laisser pâturer les canards en liberté a permis le développement des

nuisibles dans les rizières, comme les insectes ou l'escargot doré. Les dégâts infligés aux

Page 97: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 96

plantes par ces parasites ont favorisé les maladies virales, à l'origine d'une diminution du

rendement des rizières et donc d'une baisse de la production (Burgos, Hinrichs et al. 2008).

C. Restructuration

L'épizootie d'IAHP a agi comme un tremblement de terre. Elle est à l'origine d'une

restructuration de la filière aviaire en vue de produire des volailles plus saines et de limiter

ainsi les possibilités d'introduction et de propagation de la maladie le long de la chaîne de

production. Ces changements exigés par l'Etat permettent de rassurer les consommateurs et de

rétablir la consommation de viande de volailles.

1. Repeuplement

Après chaque grande vague d'épizootie d'IAHP, la question du repeuplement des

élevages s'est posée. Il a été mené de différentes façons suivant les types d'élevages. Dans les

élevages familiaux, le repeuplement en volailles s'est généralement fait à partir des animaux

de races locales survivants dans les villages.

D'après les conseils de la FAO, le repeuplement des volailles ne doit se faire qu'au

minimum 3 semaines après un nettoyage et une désinfection minutieuse des locaux. Pour les

élevages semi-industriels et industriels, le restockage s'est fait très lentement car les fermes

rencontraient des problèmes de financement, et il était alors difficile de se procurer de jeunes

volailles (Dolberg and Mac Leod 2005).

2. Production de volailles certifiées

L'IAHP a rendu les consommateurs vietnamiens à la fois méfiants vis-à-vis de la

viande de volailles, et beaucoup plus exigeant sur les normes de production. Ce changement

dans les habitudes de consommation bénéficie surtout aux producteurs des secteurs 1 et 2, car

ce sont les seuls qui ont pu investir suffisamment pour produire des volailles saines et

certifiées. Cela passe par la mise en place de mesures de biosécurité et l'intégration d'abattoirs

à la chaîne de production. Alors que les producteurs appartenant au secteur 3 pouvaient avant

l'épizootie d'IAHP vendre leurs volailles aux supermarchés et sur les grands marchés urbains,

il n'en est plus de même maintenant. Cette "niche" commerciale est maintenant occupée par

les producteurs des secteurs 1 et 2. Avant l'épizootie d'IAHP, les grands élevages industriels

vendaient leur production aux restaurants ou aux grossistes sous contrat, et le surplus de

marchandises était vendu sur les marchés par des détaillants. Depuis l'épizootie, beaucoup

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 97

d'éleveurs ont voulu investir dans la production de viandes de volailles sous vides à

destination des supermarchés, mais cela ne fut réellement possible que pour les entreprises

situées à proximité des grands centres urbains à cause de l'interdiction de transport de viande

de volailles entre différentes provinces. De nouveaux points de vente sont apparus fin

décembre 2005 créés en grande partie par les producteurs industriels et situés dans la même

province que leurs élevages. Les consommateurs peuvent y acheter des volailles congelées

certifiées et ce système est devenu très populaires. Le prix de la viande de volailles dans les

supermarchés et les différents points de vente est d'ailleurs beaucoup plus élevé ce qui laisse à

penser que seule la population aisée y a. D'après une enquête réalisée en 2005, plus de 60% de

la population interrogée à Hanoï et 33% à Ho Chi Minh Ville n'avait jamais réalisé ses achats

dans une grande surface (Agrifood Consulting International 2006).

Des abattoirs agréés ont été construits autour des grands pôles urbains pour continuer à

approvisionner la population en volailles de bonne qualité. Ainsi, dès la fin 2005, Ho Chi

Minh Ville possédait déjà 3 abattoirs agréés.

3. Changement des sources de financement

Malgré les actions proposées par le gouvernement et la Banque Vietnamienne pour

l'Agriculture et le Développement Rural comme une augmentation de la durée de

remboursement des prêts, les fermes rencontrent d'importants problèmes de liquidités. De

plus, les vendeurs de jeunes volailles ou d'aliments n'acceptent plus de proposer des crédits

aux éleveurs ce qui conduit à un changement d'habitudes dans la filière. Les élevages les plus

importants sont ceux qui bénéficient le plus facilement d'un prêt. L'accès à de nouveaux

crédit reste toutefois limitée pour tous les types d'élevages (à des degrés différents) ce qui

conduit les éleveurs à recourir à des sources de financement non officielles [Tableau 6]

(Dolberg and Mac Leod 2005; Burgos, Hinrichs et al. 2008).

Types d'élevage Moyenne des prêts

nécessaires

Pourcentage de

fermes ayant eu accès au

crédit

Secteur 1 41,3 millions VND 38%

Secteur 2 11,9 millions VND 31%

Secteur 3 2,9 millions VND 12%

Secteur 4 4,2 millions VND Non déterminé

Tableau 6: Financements nécessaires et accès au cré dit suivant le type d'élevage au Vietnam (Dolberg and Mac Leod 2005)

Page 99: THESE - VetAgro Sup Figure 10: Schéma des étapes diagnostiques pour la confirmation de l'Influenza aviaire (Jestin 2008)..... 54 Figure 11: Evolution du nombre de foyers pendant

La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 98

L'épizootie d'IAHP a donc creusé le fossé qui existait entre les producteurs de volailles

industriels et les semi-industriels de petites échelles.

D. Plan du gouvernement entre 2006 et 2010

Le gouvernement veut encourager les productions industrielle et semi-industrielle de

volailles et diminuer la proportion de canards élevés dans les fermes familiales ou laissés en

liberté dans les champs et les rizières. Il espère ainsi que la proportion d'élevages de canards

clôturés passera de 20% à 33% d'ici à 2010, le but final étant de s'approcher des 60% en 2020.

Pour cela, les éleveurs qui veulent enfermer leurs animaux recevront une subvention de l'Etat

pour investir dans le matériel et la construction des locaux, ainsi que d'autres avantages

comme des réductions de la valeur du bail pour les terres louées (Hong Hanh, Burgos et al.

2007; Mabbett T. 2008).

Une restructuration dans la filière du canard de chair a donc été amorcée en réponse à

l'épizootie d'IAHP. Cette dernière profite surtout aux élevages des secteurs 1 et 2 qui ont misé

sur la production de volailles certifiées. De nombreuses mesures (subventions, accès au crédit

facilité) ont été prises par le gouvernement pour encourager les éleveurs à suivre cette voie.

Les secteurs 3 et 4, dont le rôle dans la production de viande de canards n'est pas négligeable,

sont délaissés par les autorités, qui aimeraient voir leur nombre diminuer au profit de celui des

élevages industriels. Il semble pourtant primordial, compte tenu de leur importance

quantitative et du risque potentiel qu'ils représentent, de les intégrer au programme de

modernisation de l'élevage aviaire afin de lutter efficacement contre l'IAHP à H5N1.

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La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans la propagation l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 2009

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Schuft Elise Thèse de Doctorat Vétérinaire - Lyon 100

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SCHUFT ELISE : La filière du canard de chair au Vietnam et son rôle dans l'introduction et la propagation de l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1 Thèse Vétérinaire : Lyon ,28 janvier 2009 RESUME : La filière du canard de chair est bien développée au Vietnam et ses élevages sont essentiellement localisés dans les Deltas du Fleuve Rouge et du Mékong. Bien que les élevages industriels soient de plus en plus nombreux, la production du canard de chair se fait encore essentiellement à petite échelle, les élevages traditionnels et semi-industriels (pâturage dans les rizières, transhumance) sont les plus importants quantitativement. Depuis fin 2003, le Vietnam connaît plusieurs épizooties d'Influenza aviaire hautement pathogène à H5N1 et la filière aviaire a été fortement touchée. Le canard, porteur asymptomatique des Influenzavirus, semble jouer un rôle important dans la transmission de la maladie aux autres volailles. Sa filière de production présente également de nombreux points critiques permettant l'introduction et la propagation du virus dans les différents élevages. D'importantes mesures de prophylaxie sont donc appliquées pour lutter contre l'Influenza aviaire hautement pathogène qui pourrait représenter une menace pour l'Homme. Le gouvernement vietnamien espère, à termes, restructurer complètement la filière du canard de chair. MOTS CLES :

- Canard de chair - Vietnam - Propagation - Influenza Aviaire Hautement Pathogène à H5N1

JURY :

Président : Monsieur le Professeur Bruno LINA 1er Assesseur : Madame le Docteur Karine CHALVET-MONFRAY 2ème Assesseur : Monsieur le Professeur Théodore ALOGNINOUWA Membre invité: Monsieur le Docteur Dominique BICOUT

DATE DE SOUTENANCE : 28 janvier 2009 ADRESSE DE L’AUTEUR :

8, Chemin du Haut du May 88410 CLAUDON