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UNIVERSITE PARIS 13
FACULTE DE MEDECINE DE BOBIGNY
« Léonard de Vinci »
ANNEE 2011 N°
THESE
Pour le
DOCTORAT en MEDECINE
(Diplôme d’Etat)
Par
M. Ahmed KARAMI
Né le 16 aout 1978 à Anamer Amsra
Présentée et soutenue publiquement le 21 octobre 2011
Evaluation de la validité et de l’utilité d’un appareil d’automesure
de l’INR capillaire en institution gériatrique
Président de thèse : Professeur Gilles DHONNEUR
Directeur de thèse : Docteur Guy CHATAP
Rapporteur de thèse : Docteur Cécile CHASSAIGNON,
Membres du jury : Professeur Fréderic ADNET,
Professeur Philippe CASASSUS
Remerciements
A monsieur le professeur Fréderic ADNET, merci pour l’honneur que vous me faites en
présidant le jury de cette thèse. Veuillez trouvez ici l’expression de mon profonde respect et
de ma reconnaissance.
A monsieur le professeur Gilles DHONNEUR qui a bien voulu présider ma thèse et qui a
toujours su se rendre disponible lors de ce travail et pendant le semestre d’internat où je suis
passé au sein de son service. Semestre particulièrement instructif et formateur, avec une
équipe dynamique. Veuillez trouvez ici l’expression de ma grande gratitude.
A Monsieur le Professeur Philippe CASASSUS, vous me faites l’honneur d’être membre de
mon jury. Recevez le témoignage de ma grande considération.
A Madame le Docteur Cécile CHASSAIGNON, vous m’avez fait l’honneur d’être mon
rapporteur de thèse. Veuillez trouver ici l’expression de ma gratitude.
A monsieur le docteur Guy CHATAP, mon directeur de thèse qui est à l’origine de ce travail.
Tu m’as fait l’honneur de diriger cette thèse et je t’en suis très reconnaissant. Merci d’avoir
guidé ma réflexion pendant ces mois de travail. Merci pour le temps que tu m’as consacré,
ainsi que pour tes précieux conseils et ton enthousiasme. J’ai eu beaucoup de plaisir à
travailler avec toi.
Aux docteurs Henri-Pierre CORNU, Georges SEBBANE et Isabelle PERILLIAT qui m’ont
permis de mener l’étude au sein de leurs services ainsi qu’aux pharmaciens Drs Robert
RATINEY et Thierry LANDRE ; pour leur participation active à la mise en place de la
réalisation de cette étude.
Au docteur Yves LAURIAN, chef de service du laboratoire d’Hématologie de Jean Verdier, pour
ses précieux conseils et sa gentillesse.
Et bien entendu à tous mes maitres de stages ainsi que les professeurs que j’ai pu rencontrer
depuis ces longues années de formation. J’ai appris énormément chaque jour à vos côtés,
vous avez participé à ce travail d’une façon ou d’une autre.
2
Remerciements personnels
Je remercie mes parents qui m’ont toujours soutenu et encouragé dans mes choix.
A mes sœurs et mon frère.
A mes oncles et tantes.
A mes nièces Yasmine, Safwa et Imane ainsi qu’à mon neveu Marouane.
Je remercie particulièrement mon ami, Mouloud pour ces précieux conseils. Son aide a été
précieuse pour mettre en ordre mon travail.
Un merci particulier à Franck et Stéphane pour ces longues années d’externat et d’internat
partagées ensembles.
Je remercie également tous mes amis avec qui j’ai partagé ces années d’études : Jalel,
Guillaume, Cécile, Nadia, Hassen, Najib, Samira, Mohammed, Antony…, leur amitié m’a
permis de surmonter les moments difficiles. Je leur souhaite tout le bonheur qu’ils méritent.
3
PLAN
1 INTRODUCTION 5
2 LES ANTIVITAMINES K 6
2.1 Pharmacologie 6 2.1.1 Définition, mode d'action, classification 6 2.1.2 Équilibre thérapeutique sous antivitamines K 10 2.1.3 Pharmacocinétique 11
2.2 Indications 13 2.2.1 L’hypersensibilité des sujets âgés aux anticoagulants 14
2.3 Interactions 17 2.3.1 Médicamenteuse 17 2.3.2 Alimentaire 19 2.3.3 Physiologique 20
2.4 Effets secondaires 21 2.4.1 Manifestations hémorragiques 21 2.4.2 Manifestations immuno-allergiques avec les Indanédione (Préviscan®) 22 2.4.3 Autres effets 23
2.5 Surveillance biologique du traitement par AVK 23 2.5.1 Historique du temps de QUICK 24 2.5.2 Le temps de QUICK: 25 2.5.3 INR : modalités laboratoire 25 2.5.4 INR capillaire par un moniteur portable (historique, validation et types d’appareils) 26
3 MATERIELS ET METHODES 30
3.1 Objectifs de l’étude 30
3.2 Matériels 30 3.2.1 Présentation de la structure 30 3.2.2 Présentation du laboratoire 31 3.2.3 Le CoaguChek®XS Pro 31 3.2.4 La ponction capillaire : 31
3.3 Méthodes 32 3.3.1 Critères d’inclusion 32 3.3.2 Critères d’exclusion 32
3.4 Outils d’observations et d’évaluation 32 3.4.1 Mesure de l’INR capillaire 32 3.4.2 Fiche d’évaluation 33
3.5 Analyse statistique 33
4 RESULTATS 34
4
4.1 Caractéristiques de la population étudiée 34 4.1.1 Analyse démographique 36 4.1.2 Analyse thérapeutique et indication 39 4.1.3 Analyse des comorbidités 41
4.2 Validité de l’INR capillaire 42 4.2.1 Etude de comparaison des 2 méthodes 42 4.2.1 Etude de la validité de l’INR capillaire mesuré par le CoaguChekXS®Pro 44 4.2.2 Validité en fonction des intervalles de l’INR 47 4.2.3 Qualité des prélèvements biologiques 48
5 DISCUSSION 49
5.1 Justification de l’étude 49 5.1.1 Les sujets âgés sont les plus affectés par les complications hémorragiques liées aux AVK. 49 5.1.2 Le suivi des traitements anticoagulants n’est pas optimum. 49 5.1.3 L’apport de la mesure de l’INR par un appareil portable au lit du malade 50 5.1.4 Les personnes très âgées sont exclues des études, et il n’y a aucune étude réalisée dans le cadre de
l’utilisation d’un appareil portable de mesure de l’INR en institution. 51
5.2 Validité et efficacité de l’INR capillaire 51 5.2.1 Validation 51 5.2.2 Efficacité qualitative de l’INR capillaire 53 5.2.3 Variation en unité d’INR 54
5.3 Utilité d’un appareil portable de mesure de l’INR capillaire en institution gériatrique 54 5.3.1 Avantages 54 5.3.2 Modalités possibles d’utilisation d’un analyseur portatif d’INR en institution gériatrique 56 5.3.3 Propositions pratiques 57
5.4 Intérêt de l’utilisation du coagulomètre par des professionnels de santé en pratique de ville 57
5.5 Évaluation médico-économique 58
5.6 Alternative aux AVK : les nouveaux anticoagulants oraux 60 5.6.1 Le dabigatran 60 5.6.2 Le rivaroxaban 60 5.6.3 Les limites de ces produits 61
5.7 Les limites de notre étude 62
6 CONCLUSION 63
7 BIBLIOGRAPHIE 64
8 ANNEXES 69
5
1 INTRODUCTION
Les indications aux Antagonistes de la vitamine K (AVK) sont majoritaires en médecine
gériatriques, et leurs prescriptions sont croissantes.
Les AVK sont la 1ère cause de iatrogénie médicamenteuse en France (600 000 à 800 000
patients sous AVK, 17 000 hospitalisations/an liées aux AVK).
Les sujets âgés (SA) sont particulièrement sensibles aux complications liées aux AVK, d’où une
sous-prescription par crainte d’effets indésirables, en particulier hémorragiques.
La diminution de la fréquence des événements indésirables liés aux AVK passe par une
surveillance plus étroite de la coagulation, ce qui peut justifier l’utilisation des appareils
d’automesure de l’INR en institution gériatrique : deux enquêtes menées par la HAS en 2000 et
2003(1,2) ont montré que pendant plus de 50% du temps, l’INR des patients n’était pas dans la
zone thérapeutique. Il a par ailleurs été démontré que le risque hémorragique lié aux AVK était
très nettement diminué lorsque le rythme de surveillance du traitement était rapproché.
En France, la commercialisation des dispositifs d’automesure de l’INR est autorisée
depuis Juillet 2008, longtemps après d’autres pays, et 2 appareils sont recommandés par la HAS :
le CoaguChek HS et l’INRatio.
Les appareils d’automesure de l’INR permettent une surveillance plus appliquée de l’intensité de
la coagulation, ce qui permet de diminuer la fréquence des événements indésirables, mais leur
validité scientifique n’a pas été démontrée en institution gériatrique.
L’objectif de notre étude est d’évaluer la corrélation entre l’INR capillaire mesuré au lit du
malade grâce à un dispositif portatif, et le résultat obtenu par le laboratoire d’hémostase
6
2 LES ANTIVITAMINES K
2.1 Pharmacologie
2.1.1 Définition, mode d'action, classification
Définition
Les AVK restent, à ce jour, les seuls anticoagulants administrables par voie orale en
traitement de longue durée. Ils agissent en inhibant certains facteurs ou certaines étapes de la
cascade de la coagulation sanguine, limitant ainsi la formation de la fibrine insoluble (Figure 1).
Mode d’action
Leur mode d’action repose sur le blocage de l’effet de la vitamine K, qui est nécessaire à
la synthèse de plusieurs facteurs de coagulation dits "vitamine-K-dépendants " (facteurs II, VII,
IX, X, protéine C et S). Il en résulte l’obtention de taux bas et stables des facteurs vitamine-K-
dépendants, impliqués normalement dans la survenue des thromboses (Figure 1).
Figure 1. Schéma de la coagulation.
7
Les AVK ont une structure chimique proche de la vitamine K, ce qui leur confère un
mode d’action commun.
La vitamine K est un dérivé de la naphtoquinone. Elle comporte une chaîne hydrophobe qui
diffère suivant l’origine végétale (Vitamine k1 ou phylloquinone, ou phytoménadione) ou
bactérienne (Vitamine k2 ou ménaquinone). C’est une vitamine liposoluble apportée par
l’alimentation (20%), ou synthétisée par la flore intestinale (80%) (Figure 2).
Son absorption est étroitement liée à la fonction biliaire. Une fois absorbée, la vitamine K se
retrouve dans l’hépatocyte dans un cycle métabolique, où elle constitue un cofacteur
enzymatique qui permet la gamma-carboxylation des résidus glutamates des facteurs de
coagulation vitamine-K-dépendants en anticorps gamma-carboxy-glutamiques. Les résidus
gamma-carboxy-glutamates permettent le changement de conformation des facteurs de
coagulation, nécessaire à l'acquisition de leur activité biologique.
Figure 2. Apports alimentaires en vitamine K (g/100 g)
8
Les AVK et la vitamine K entrent en compétition au niveau des sites d’activation de
l’époxyde réductase, bloquant alors le cycle de la vitamine K et la gamma-carboxylation,
empêchant la conversion de la forme époxyde de la vitamine K en sa forme hydroquinone
(vitamine K réduite), indispensable à la transformation, par les hépatocytes, des précurseurs
des facteurs vitamine-K- dépendants en facteurs biologiquement actifs. Les AVK inhibent
donc la réduction de la vitamine K, nécessaire à l’activité de la carboxylase qui active les
facteurs de coagulation (Figure 3).
Figure 3. Mécanisme d’action de la warfarine (3)
9
Classification des antivitamines K
Les AVK peuvent être distinguées :
Selon leur structure chimique
Les AVK appartiennent à plusieurs groupes de dérivés chimiques qui ont en commun
une parenté de structure avec la vitamine K. On commercialise, en France, les dérivés de
l'Indanedione (Préviscan®), et les dérivés de la coumarine (Sintrom®, Minisintrom®,
Coumadine®) (Figure 4).
Figure 4. Structure chimique des AVK (4)
10
Selon leur demi-vie plasmatique (Tableau 1)
Il s'agit du temps au bout duquel, administrés à posologie constante, les AVK
atteignent la moitié de leur concentration plasmatique de stabilité.
Médicaments Nom commercial ½ vie plasmatique
(heures)
Délai équilibre
(heures)
Demi-vie courte ou intermédiaire
Acénocoumarol Sintrom®,
Minisintrom®
8 - 9 32 - 48
Demi-vie longue
Fluindione Préviscan® 30 120 -150
Warfarine Coumadine® 35 - 45 140 - 225
Tableau 1. Les antivitamines K disponibles en France en 2011 (Vidal 2011)
2.1.2 Équilibre thérapeutique sous antivitamines K
L'objectif d'un traitement par AVK est d’obtenir des taux bas et stables des facteurs
vitamine-K-dépendants. Les taux plasmatiques des facteurs de coagulation dépendent de leurs
vitesses de synthèse et de dégradation, qui sont en équilibre dans des conditions
thérapeutiques stables. Quand la synthèse est bloquée (après administration d’AVK), seule
l’élimination persiste, et les facteurs atteignent de façon mono-exponentielle un nouveau
niveau plus bas et stable.
L’équilibre sous traitement anticoagulant oral est estimé atteint lorsque tous les facteurs
vitamine-K-dépendants se retrouvent approximativement au même niveau, à posologie
constante. Ce niveau est atteint selon une vitesse dépendant de la demi-vie d’élimination de
chacun des facteurs, celle du facteur VII étant la plus rapide à décroître, et celle du facteur II
la plus lente (Tableau 2).
On estime qu’après une période de 4 à 5 demi-vies (soit une à deux semaines pour la
warfarine) qui suit une modification posologique, une situation stable est de nouveau atteinte.
11
Facteurs Demi-vie (h)
II
42-72
VII
4-6
IX
21-30
X
27-48
Protéine C
9
Protéine S
60
Tableau 2. Demi-vie des facteurs de coagulation vitamine-K-dépendants
2.1.3 Pharmacocinétique
La résorption des AVK par le tractus digestif après une dose orale est presque
intégrale. La concentration maximale dans le plasma est trouvée 2 à 6 heures après
l’ingestion. Les anticoagulants oraux se lient à l’albumine du plasma si fortement que moins
de 2% sont retrouvés sous forme libre. Seule la fraction libre est active sur le plan
pharmacologique. Lorsque le niveau plasmatique de l’albumine est abaissé (notamment lors
de la prise d’un médicament se liant à l’albumine plasmatique), la quantité de fraction libre de
l’AVK augmente et la quantité d’AVK nécessaire s’amoindrit.
L’élimination des AVK passe essentiellement par des biotransformations exécutées
par les mono-oxydases et les conjugases du réticulum sarcoplasmique du foie. Les AVK sont
métabolisés au niveau hépatique par le système des cytochromes P450. Ce système comprend
plusieurs iso-enzymes, et notamment : CYP3A4, CYP1A2 et CYP2C9.
12
Les dérivés coumariniques, et notamment la warfarine, sont des mélanges racémiques
de 2 isomères, -R et -S. Ceux-ci ne sont pas métabolisés de façon identique par les iso-
enzymes du cytochrome P450. Le métabolisme de l’isomère -S est deux fois plus intense que
celui de l’isomère -R. Par contre, l’isomère -R a une activité inhibitrice sur l’époxyde
réductase trois à cinq fois supérieure à celle de l’isomère -S. Dans le sang, 60 à 70% de
l’activité anticoagulante de la warfarine est portée par l’isomère -S, contre seulement 30 à
40% pour l’isomère-R (4) (Figure 5).
La S-warfarine, tout comme le S-acénocoumarol, est principalement métabolisée par
le CYP2C9. D’autres voies métaboliques ont été identifiées pour les formes -R, faisant
intervenir les CYP2C9, CYP1A2, CYP3A4 et CYP2C19. La fluindione est aussi métabolisée
au niveau hépatique mais ses voies métaboliques spécifiques ne sont pas étudiées. Les
substances, modifiées ou non, peuvent être réabsorbées dans la voie digestive (cycle entéro-
hépatique) ou excrétées par les reins et les voies biliaires.
Figure 5. Métabolisme des isomères de la warfarine par les iso-enzymes du cytochrome P450 (4)
13
2.2 Indications
Les principales indications gériatriques des antivitamines K sont représentées sur le
tableau suivant (Tableau 3, résumé d’après www. affsaps.sante.fr)
Indications Observations Durée du traitement
Prévention primaire de la
MTEV* Souvent après une héparinothérapie de 10 jours Fonction de la persistance du RTE*
Prévention secondaire de la
MTEV En relais de l’héparine
3 à 6 mois dans la majorité des cas
> 6 mois si récidive ou persistance du RTE
Prothèse valvulaire Élément fondamental du traitement
3 mois si bioprothèse, en l’absence de
facteur de risque surajouté
A vie si bioprothèse avec facteur de risque
surajouté (FA*)
A vie si prothèse mécanique
Rétrécissement mitral
(RM)
Patient soit en FA, soit en rythme sinusal avec
RTE* (dilatation de l’oreillette gauche, thrombus
intracavitaire, ou contraste spontané, RM serré,
ATCD d’ATE*)
A vie, ou tant que le rapport bénéfice/risque
parait favorable
Insuffisance mitrale ou
valvulopathie aortique
Uniquement si FA ou RTE (dysfonction
ventriculaire gauche, …)
A vie, ou tant que le rapport bénéfice/risque
parait favorable
Fibrillation Auriculaire
(FA)
Si facteur de risque thromboembolique artériel
surajouté (Antécédent d’AIT, d’AVC ischémique,
Insuffisance coronaire, Insuffisance cardiaque,
HTA, Diabète, Rétrécissement mitral,
Myocardiopathie dilatée)
A vie, ou tant que le rapport bénéfice/risque
parait favorable
Suites d’Infarctus du
Myocarde (IDM)
Indication devenue rare
Si IDM compliqué (anévrisme ventriculaire gauche,
thrombus intracavitaire, dysfonction ventriculaire
gauche sévère)
Si association à une FA ou à un antécédent
thromboembolique artériel
Si IDM non compliqué, chez les intolérants à
l’acide acétylsalicique ou au clopidogrel
1 à 3 mois, ou tant que le risque
thromboembolique persiste
A vie, ou tant que le rapport bénéfice/risque
parait favorable
A vie, ou tant que le rapport bénéfice/risque
parait favorable
Prévention des thromboses
sur cathéter A très faible posologie, ne modifiant pas l’INR Tant que le cathéter est en place
MTVE = maladie thromboembolique veineuse, RTE = risque thromboembolique, FA = fibrillation auriculaire permanente ou paroxystique,
ATE = accidents thromboemboliques, FdR TE = facteur de risque thromboembolique.
Tableau 3. Principales indications gériatriques des antivitamines K
14
Dans la majorité des indications précédemment citées, l’INR doit être compris entre 2
et 3. Dans le cas des prothèses mécaniques en position mitrale (quelque soit le type), de
rétrécissement mitral avec indication à une anticoagulation, des prothèses multiples, des
prothèses aortiques de première génération et en cas d’antécédents d’accidents
thromboemboliques ou de facteurs de risque surajoutés (FA, dysfonction ventriculaire gauche
sévère, dilatation cavitaire marquée) l’INR attendu doit être entre 3 et 4,5.
2.2.1 L’hypersensibilité des sujets âgés aux anticoagulants
Les AVK restent « sous-prescrites » en gériatrie par crainte du risque hémorragique qui
leur est fréquemment associé. Plusieurs facteurs expliquent l’hypersensibilité des sujets âgés
aux AVK et à la warfarine en particulier.
2.2.1.1 Facteurs pharmacocinétiques
Modification de la distribution et du transport
Le vieillissement modifie la composition du corps humain, avec notamment
l’apparition d’une diminution du taux d’albumine plasmatique et la réduction du nombre de
ses sites de fixation (augmentation de la fraction libre active et risque de toxicité au pic).
Modification de l’élimination métabolique
Le métabolisme des anticoagulants oraux est principalement hépatique et le CYP2C9
est l'iso-enzyme majoritairement responsable de leur élimination, en particulier pour les
dérivés coumariniques (warfarine ou Coumadine®, acénocoumarol ou Sintrom®).
Concernant la fluindione (Préviscan®), son analogie structurale avec les
coumariniques et certaines interactions médicamenteuses laissent penser que cette molécule
pourrait également être métabolisée, au moins partiellement, par le CYP2C9 (5).
Mungall, qui a prospectivement étudié le métabolisme de la warfarine chez 163
patients âgés de 18 à 77 ans, a montré que la clairance de la warfarine (et donc son
métabolisme) diminuait de 1% par année d'âge (6).
15
Shepherd, lui, indiquait également qu'à concentration plasmatique équivalente, la
warfarine déprimait de façon plus importante les facteurs de coagulation vitamine-K-
dépendants chez les sujets âgés (7).
Cette diminution du métabolisme des anticoagulants chez les sujets âgés est souvent attribuée
à une baisse, avec l'âge, de la quantité et de la qualité du CYP2C9.
L’âge induit également une diminution de la filtration glomérulaire, qui engendre une
augmentation de la demi-vie plasmatique et une diminution de la clairance plasmatique des
médicaments à élimination rénale comme le sont partiellement les AVK.
Il faut toutefois souligner qu’il existe de nombreuses variations interindividuelles.
2.2.1.2 Facteurs pharmacodynamiques
Wynne a, en 1995, observé une corrélation significative entre l'âge, le volume du foie
et la dose d'anticoagulant oral nécessaire pour obtenir l'équilibre thérapeutique (8).
Bien qu'aucune étude spécifique n'en n'ait, à l'heure actuelle, fait la démonstration formelle,
beaucoup de spécialistes s'accordent sur le fait qu'avec le vieillissement hépatique, la cible des
antivitamines K (la vitamine K époxyde- réductase) connaît des modifications :
Une affinité accrue pour la warfarine
Une affinité diminuée pour la vitamine K
Une diminution quantitative
Par ailleurs, le vieillissement hépatique s'accompagnerait également :
D'une augmentation du catabolisme des facteurs de coagulation
D'une diminution de la synthèse de facteurs de coagulation
L'ensemble augmentant la sensibilité des sujets âgés aux AVK
16
2.2.1.3 Autres facteurs
La polymédication
La polyprescription est fréquente chez les patients de plus de 70 ans, qui prennent en
moyenne 4 à 5 médicaments par jour, qu’ils soient au domicile ou en institution (9).
Cette polymédication est favorisée par de nombreuses situations (polypathologies,
polymorbidités, nomadisme médical, automédication, superposition de traitements
symptomatiques, demande insistante de médications pour des raisons physiques, psychiques
et sociales …) ; elle majore le risque de mauvaise observance et favorise le risque d’erreur
dans la prise des médicaments. Elle favorise également les interactions médicamenteuses.
Plus de 30% des patients sous anticoagulants oraux, tous âges confondus, absorbent au moins
un médicament interagissant avec le traitement.
La polypathologie
De nombreuses comorbidités majorent le risque hémorragique lié aux AVK, et c’est
notamment le cas :
des pathologies à l’origine d’une perturbation du métabolisme comme
l’insuffisance rénale ou hépatique, l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque,
l’anémie …
des pathologies susceptibles d’être révélées ou aggravées par les AVK comme
les lésions gastro-intestinales ou uro-génitales
des troubles cognitifs, à l’origine de problèmes de compliance, de surveillance
(erreurs de posologies, automédication, surveillance inappropriée, ...).
Les chutes à répétition.
Les chutes, outre les pathologies traumatiques qu’elles peuvent provoquer (fractures
essentiellement), sont redoutées chez la personne âgée sous anticoagulant, en raison du risque
potentiel de traumatisme crânien et de constitution d’hémorragie intracrânienne (hématome
sous-dural surtout).
17
2.3 Interactions
2.3.1 Médicamenteuse
Une multitude de médicaments peuvent interférer avec la pharmacocinétique ou la
pharmacodynamique des antivitamines K, ayant comme effet une augmentation ou une
diminution de l’effet anticoagulant.
Il convient d’insister sur certains médicaments car leur utilisation est fréquente en médecine
générale : les antibiotiques, dont quasiment toutes les classes ont un effet potentialisateur du
traitement AVK, et les inhibiteurs de la pompe à protons, tel l’oméprazole, le paracétamol
médicaments fréquemment prescrit, notamment chez les personnes âgées.
Associations contre indiquées :
Acide acétylsalicylique : pour des doses anti-inflammatoire d’acide
acétylsalicylique (≥1gramme par prise et/ou ≥3gramme par jour) : pour des
doses antalgiques ou antipyrétiques (≥500mg par prise et/ou <3gramme par
jour) et en cas d’antécédents d’ulcère gastroduodénal. Majoration du risque
hémorragique. Notamment en cas d’antécédents d’ulcère gastroduodénal.
AINS pyrazolés : (phénylbutazone : pour toutes les formes de phénylbutazone,
y compris locales) : augmentation du risque hémorragique de l’anticoagulant
oral (agression de la muqueuse gastroduodénal par les AINS)
Miconazole (voie générale et gel buccal) : hémorragies imprévisibles qui
peuvent éventuellement être graves
Millepertuis : diminution des concentrations plasmatique de l’anticoagulant
oral en raison de son effet inducteur enzymatique, avec risque de baisse
d’efficacité, voire annulation, dont les conséquences peuvent être graves
18
Associations déconseillées :
Acide acétylsalicylique : Pour des doses antalgiques ou antipyrétiques
(≥500mg par prise et /ou < 3 grammes par jour) en l’absence d’antécédents
d’ulcère gastroduodénal : majoration du risque hémorragique Pour des doses
antiagrégantes (de 50mg à 375mg par jour) et en cas d’antécédents d’ulcère
gastroduodénal : majoration du risque hémorragique.
AINS (sauf AINS pyrazolés, cf. supra Association contre-indiquées) :
augmentation du risque hémorragique de l’anticoagulant oral (agression de la
muqueuse gastroduodénal par les AINS)
Associations nécessitant des précautions d’emploi :
Amiodarone : augmentation de l’effet anticoagulant et du risque hémorragique
Allopurinol : augmentation de l’effet de l’anticoagulant et di risque
hémorragique (diminution de son métabolisme hépatique)
Anticonvulsivant inducteur enzymatique : (carbamazépine, fosphénytoïne,
phénobarbital) : diminution de l’effet anticoagulant.
Antidépresseur inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine
(citalopram, fluoxétine, paroxétine, sertraline) : augmentation de l’effet
anticoagulant.
Azathioprine : diminution de l’effet de l’anticoagulation oral
Le plus simple est de retenir que toute modification d’un traitement médicamenteux
chez un patient sous AVK doit faire évoquer une interaction possible et faire rapprocher
transitoirement les INR (10)
19
2.3.2 Alimentaire
Le traitement par AVK ne justifie pas de suivre un régime particulier. Un régime
alimentaire équilibré doit être respecté. Ce n’est qu’en cas d’anticoagulation chroniquement
mal équilibrée qu’il convient de faire une enquête alimentaire détaillée pour préciser les écarts
à éviter (11).
Le bénéfice d’un régime équilibré, avec consommation sans restriction d’aliments
contenant de la vitamine K, est un point particulièrement important à expliquer aux patients
âgés chez lesquels les déséquilibres alimentaires sont fréquents. Il est maintenant démontrer
qu’un patient dont les apports sont pauvres en vitamine K1 à une sensibilité accrue aux AVK ,
une tendance à l’instabilité de son traitement avec un risque hémorragique majoré , et qu’à
l’inverse chez un patient dont les apports sont réguliers , une surcharge en vitamine K1 de
plusieurs centaines de microgramme pendant plusieurs jours ne fait que très peu varier l’INR .
Deux équipes ont même récemment montré qu’une supplémentation quotidienne en vitamine
K1 à petite dose (100à 150µg) améliore la stabilité de l’INR chez des patients ayant
habituellement un traitement par Warfarine difficile à équilibrer (12).
Le tableau 4 résume les principaux aliments ayant une interaction avec les AVK,
tableau basé sur la revue systématique de Holbrook et al (13).
Inhibition
Très probable Abats, avocats, brocolis, carottes, choucroute,
Choux, choux fleurs/ choux de Bruxelles
Epinards, fenouil, foie, laitue, tomates
probable Lait de soja
possible Sushi contenant des algues
Tableau 4. Principaux aliments ayant une interaction avec les AVK
Potentialisation
Très probable Alcool, huile de poisson, mangue
probable Pamplemousse
possible
20
2.3.3 Physiologique
L’âge :
L’âge doit être considéré comme un facteur de risque hémorragique accru et ce même
si certaines études n’observent pas de relation direct entre l’âge et le risque hémorragique
(14).
Cependant une étude chez des patients « ambulatoire » a montré une augmentation
significative des hémorragies selon l’âge chez les patients anticoagulés pour une fibrillation
auriculaire, passant de 0.5% par an chez les patients de moins de 60 ans à 4.5% par an chez
les patients de 80 ans (15)
Toutes fois l’âge avancé ne représente pas une contre indication à l’anticoagulation
orale. Au vu de leur risque d’infarctus cérébral élevé, le bénéfice d’une anticoagulation chez
les patients âgés avec une fibrillation auriculaire dépasse le risque hémorragique dans la
majorité des cas. Dans des populations de patients non sélectionnés d’âge moyen de 80 ans, il
suffit de traiter 11 patients pour éviter 1 infarctus cérébral (16)
Le sexe :
Des données controversées concernent l’influence de sexe sur la survenue de
complications hémorragique majeures, certaines études montrant une fréquence élevée de
saignements chez des femmes, d’autres pas (14)
Une étude prospective récente montre un risque quatre fois plus élevé de complication
hémorragique chez les femmes et que ce risque augmenté ne s’explique pas par les
caractéristiques des patients, l’intensité d’anticoagulation ou les processus de soins reçus (17).
Les comorbidités :
Le risque hémorragique lié à l’anticoagulation orale est également associé à plusieurs
comorbidités comme l’hypertension artérielle, le diabète, la maladie cérébrovasculaire, la
cardiopathie sévère, l’insuffisance rénale, le cancer, l’anémie et les antécédents d’une
21
hémorragie majeure. Contrairement aux croyances répondues l’antécédent d’ulcère peptique
sans hémorragie précédente ne semble pas être associé à un risque de saignement accru (14).
Le polymorphisme génétique
La littérature suggère que certains polymorphismes dans le cytochrome CYP2C9
diminuent le métabolisme des antivitamines K et augmentent le risque hémorragique (18).
Cependant, la signification clinique de ces polymorphismes n'a pas encore été clarifiée.
2.4 Effets secondaires
2.4.1 Manifestations hémorragiques
Les manifestations hémorragiques sont les complications les plus fréquentes et les plus
graves générées par les AVK. Elles sont responsables de plus de 17 000 hospitalisations et
4000 décès chaque année (19).
L’hémorragie majeure est définie par une hémorragie fatale, intracrânienne, retro
péritonéale ou nécessitant des transfusions ou une hospitalisation dans la majorité des études
(20).
La HAS en 2008 définit les hémorragies graves si d’un des critères suivants est
présent :
1. Abondance du saignement et retentissement hémodynamique
2. Localisation pouvant engager le pronostic vital ou fonctionnel (intracrânienne
oculaire, digestive, hémothorax, hémarthrose….)
3. Non contrôlable par les moyens usuels
4. Nécessité de transfuser ou de pratiquer un geste hémostatique en milieu
hospitalier
L’hémorragie cérébrale est la plus grave et à l’origine du plus grand nombre de décès.
Le risque d’hémorragie intracrânienne est multiplié par 10 sous AVK en dehors d’un épisode
de surdosage (21).
Les principaux facteurs qui induisent un risque de saignement chez les patients traités par
AVK sont, l’intensité de l’anticoagulation (22,23), les fluctuations de l’INR (24), les
22
caractéristiques des patients (âge (25), comorbidités (26, 27, 28,29), polymorphisme
génétique (30)).
Le risque hémorragique est également augmenté en cas d’utilisation concomitante de
médicaments qui interfèrent avec l’hémostase et la durée du traitement (31,32).
Ce risque est maximal en phase d’initiation du traitement, lors des 3 premiers mois et plus
particulièrement pendant le premier mois (22,33).
Le HAS BLED, est un score recommandé par la société européenne de cardiologie
(34) afin d’aider le clinicien à évaluer le risque de saignement lors de l’anticoagulation d’une
FA (Tableau 5).
Un score ≥3 indique une augmentation du risque de saignement dans l’année, et doit faire
appel à une grande prudence et à une surveillance très rapprochée.
Lettre Caractéristique clinique points
H Hypertension artérielle systolique ≥160mmHG 1
A Anomalie de la fonction hépatique ou rénale 1 ou 2
S AVC 1
B Hémorragie 1
L INR instable 1
E âge>65 ans 1
D Médicaments (aspirine , AINS) ou alcool 1 ou 2
Score maximum : 9
Tableau 5. Score HAS BLED
2.4.2 Manifestations immuno-allergiques avec les Indanédiones (Préviscan®)
Les manifestations immuno-allergiques ne dépendent pas de la dose et sont beaucoup
plus rares que les complications hémorragiques. Chez certains sujets, l’indanédione induit une
hypersensibilité humorale ou cellulaire (Vidal 2011).
23
Le tableau peut se présenter sous la forme de différents symptômes tels que :
œdème de Quincke, œdème, prurit, urticaire
cytopénie par atteinte périphérique ou médullaire
insuffisance rénale
modification du bilan hépatique
dyspnée
vascularite cutanée, stomatite
lésion dermatologique : eczéma, éruption maculo-papuleuse, désquamante,
vésiculo-bulleuse, pustuleuse
hyperthermie
hyperéosinophilie
L’arrêt définitif du traitement s’impose. En général, il y a une guérison sans séquelle
2.4.3 Autres effets
diarrhées
arthralgies
alopécie
nécrose cutanée allergique
éruption cutanée allergique
atteinte hépatique
vascularite
2.5 Surveillance biologique du traitement par AVK
A cause d’une grande variabilité interindividuelle de la réponse aux AVK, la dose
administrée est strictement personnelle et seule la réalisation régulière de tests biologique
permet une meilleure sécurité lors de l’utilisation des AVK. Cette surveillance est
indispensable car la fenêtre thérapeutique est étroite
24
2.5.1 Historique du temps de QUICK
Lorsqu’Armand Quick a proposé le temps de Quick (TQ) en 1935, il préparait le
réactif thromboplastine nécessaire à cette mesure à partir de la substance grise du cerveau
humain. Il fallait éviter toute contamination avec du sang qui contient les facteurs coagulants
(35).
On le trouve également sous la dénomination « temps de prothrombine » (TP) car à
l’époque de sa création par Quick, celui-ci pensait que seule la prothrombine et le fibrinogène
intervenaient dans le test (les facteurs V, VII et X furent identifiés plus tard).
Dans les premières études cliniques de l’American Heart Association, divers origines
tissulaires étaient utilisées pour l’extraction de la thromboplastine. Cette substance était
obtenue par chaque laboratoire à partir de cerveaux de cadavres humains ou d’animaux et
préparée quotidiennement. Le processus était fastidieux et difficile à standardiser. En
conséquence, lorsque des sources commerciales de thromboplastine deviennent disponibles
dans les années 1950, cela sembla très avantageux et une possibilité de standardisation
apparut. Malheureusement, le résultat fut l’opposé d’une standardisation car les origines
tissulaires étaient très variées et l’élimination de sang contaminant était imparfaite (35).
Avec l’utilisation des diverses préparations commerciales de thromboplastine, un
accord entre les laboratoires nationaux fut mis en place quant aux résultats de leur TP en
créant un ratio entre le TP du patient et le TP témoin. Une zone thérapeutique était alors
définie pour le traitement anticoagulant : le TP du patient devait être 2 à 2.5 fois celui du
témoin. Néanmoins, ce rapport était évidemment différent selon le réactif utilisé, les Etats
Unis utilisant les réactifs commerciaux (en général de lapin) alors que la Grande-Bretagne
utilisant un réactif d’origine humaine (35)
Il devint nécessaire de créer une vraie standardisation du test. Les différents réactifs
furent alors comparés entre eux : le rapport de 2 à 2.5 obtenu avec de la thromboplastine
d’origine humaine était équivalent au rapport 1.5 à 2 pour le réactif de lapin. Cette
constatation a entrainé la préparation de 3 thromboplastine de référence : humaine, lapine et
bovine. L’indice de sensibilité international (ISI) spécifique du réactif thromboplastine utilisé
et alors crée. Il suffisait aux fabricants de thromboplastine de déterminer l’ISI de leur
thromboplastine comparativement à la préparation de référence internationale en respectant
l’espèce (lapin, bovin, humain). L’International Normalized Ratio (INR) était né (36).
25
Néanmoins, une nouvelle source de complications apparut: les différences dans les
appareils de mesure, optique ou mécanique. L’idéal serait alors de pouvoir corriger l’ISI, si,
nécessaire, en fonction de l’appareil utilisé (36).
Pour résoudre ce problème, il a fallut créer une méthode avec l’utilisation de référence
lyophilisé à L’INR préétabli. C’est une équipe française, Goguet, Houbouyan et Coll, qui
modernisa cette méthode. Cette méthode qui a aboutit à la préparation commerciale de réactif
à l’INR préétabli connait néanmoins des limites dans son utilisation, même si elle apporte un
progrès indiscutable à la qualité de l’INR. En effet, les plasmas titrés en INR le sont pour un
réactif donné (36).
2.5.2 Le temps de QUICK:
Le temps de Quick ou temps de prothrombine explore 4 facteurs de coagulation
(facteurs II, V, VII, X), dont l’un (le facteur V) n’est pas vitamine k dépendant. Le TQ ignore
certains facteurs de coagulations vitamine K dépendants, et notamment, il n’inclut pas le
facteur XII et les protéines C et S.
Le temps de Quick est le temps de coagulation d'un plasma sanguin citraté en présence de
thromboplastine calcique (contenant du facteur tissulaire et des phospholipides en large
excès). Ce temps est exprimé en secondes par rapport au temps obtenu pour un plasma témoin
(moyenne d'une cinquantaine de patients normaux).
2.5.3 INR : modalités laboratoire
L’INR a été mis en place en 1982 et adopté par l’ensemble des pays améliorant la
sécurité et l’efficacité des traitements anticoagulants oraux par les AVK. Il permet une
standardisation des tests en autorisant la comparaison des mesures malgré les différences de
thromboplastines.
L’INR se calcule a partir des temps de Quick du patient et du témoin et de la sensibilité de la
thromboplastine utilisé pour la réaction, de la manière suivante :
26
2.5.4 INR capillaire par un moniteur portable (historique, validation et types
d’appareils)
La prise de traitement anticoagulant impose une surveillance rigoureuse et régulière de
L’INR par ponction veineuse au laboratoire. Cette surveillance est d’autant plus importante
qu’elle peut augmenter le temps passé dans l’INR cible quand elle est faite de façon
rapprochée. Cela suppose d’aller régulièrement au laboratoire ou les horaires ne sont pas
forcement compatible avec les contraintes professionnelles. La prise de sang peut être difficile
en cas de capital veineux pauvres comme chez les sujets âgés ou redoutée plus
particulièrement par les plus jeunes. Ces appareils d’automesure permettent de réaliser la
mesure de L’INR au domicile.
De cette façon ils augmentent la qualité de vie des patients et améliorent leurs compliances.
2.5.4.1 Historique
Depuis des années, de nombreux patients diabétiques adaptent la posologie de leur
insulinothérapie après mesure de la glycémie capillaire. Cet examen contribue aussi au
diagnostic et suivi de certaines situations aigues (acidocétose, hypoglycémie..).
Des dispositifs similaires existent pour la mesure de l’INR à partir de sang prélevé au bout du
doigt, appliqué sur une bandelette puis inséré dans un lecteur.
Cette méthode est utilisée depuis une dizaine d'années dans divers pays d'Europe
(Suisse, Italie, Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne, Suède, Danemark), aux États-Unis et
en Australie, et elle permet d'augmenter le temps passé dans la fourchette d'INR prédéfinie et
de réduire les complications thrombotiques et hémorragiques (37). Ces éléments ont été
notamment confirmés, en France, par une étude contrôlée dans le cadre d’un Programme
Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC) conduite au CHU de Clermont-Ferrand : elle a
inclus 200 patients après une chirurgie de remplacement valvulaire avec une prothèse
mécanique, et répartis dans 2 groupes : 102 dans le groupe contrôle et 90 en automesure.
Les principaux résultats (Tableau 6) sont les suivants : avec une corrélation entre l'INR
automesure et l’INR laboratoire à 0, 73, une amélioration significative du temps passé dans
la zone cible grâce à l'automesure et par conséquent une diminution significative des
hémorragies sévères et d'accidents thromboemboliques (38).
27
Autocontrôle
Suivi
classique p
% de temps pendant lequel l'INR est resté dans la
zone cible 61 % 55 % 0,046
Sortie de la zone thérapeutique 47,4 60,1 0,0007
Hémorragies et événements thromboemboliques
sévères 0 % 6,86 % 0,01
Tableau 6. Résultats du PHRC autocontrôle de l’anticoagulation
L’utilisation des dispositifs permet de développer différentes stratégies de surveillance
de l’INR :
- Dans le cadre d’une surveillance en « automesure », le patient réalise lui-même le
test à l’aide du dispositif et l’ajustement thérapeutique est réalisé par le
professionnel de santé.
- Dans le cadre d’une surveillance en « autocontrôle » ou en « autogestion », le
patient ajuste en plus la posologie de son traitement en fonction du résultat du test.
Depuis les premiers appareils apparus en 1987, plusieurs générations de dispositifs
d’auto mesure de l’INR se sont succédées, avec un gain croissant en fiabilité.
28
2.5.4.2 Types d’appareils
Il existe plusieurs appareils mesurant l’INR capillaire, dont certains qui apprécient en
plus d’autres paramètres sanguins (Tableau 7).
Appareils
Firme Technique Analyse Illustrations
CoaguChek XS
Roche
Détection
électrochimique
Thromboplastine
recombinante
humaine
ISI = 1 ,0
TP/INR
INRatio2
HemoSense Détection
électrochimique
Thromboplastine
recombinante
humaine
ISI = 1 ,0
TP/INR
Pro Time
System
ITC
Détection optique
Thromboplastine
de lapin
ISI= 1,0
TP/INR
Hemocron
Signature Plus
ITC Détection optique
Thromboplastine
de lapin
ISI = 1,0
INR capillaire
INR citrate
TCA capillaire
TCA
i-stat
Abbott Détection
électrochimique
Thromboplastine
recombinante
humaine
ISI=1 ,0
TP/INR
TCA
Na, K,
créatininémie
Glucose, Hb, Ht
Gaz du sang
Troponine
CK-MB, BNP
Tableau 7. Types d’appareils mesurant l’INR capillaire
29
En France, La commercialisation des appareils d’automesure d’INR est possible
depuis l’arrêté paru au Journal Officiel du 24 Juin 2008 ; le Coaguchek XS commercialisé
par Roche Diagnostic, et l’INRatio, commercialisé par AAZ peuvent être remboursés par
l’Assurance Maladie, mais uniquement pour des enfants de moins de 18 ans, et cela dans des
conditions très encadrées :
- Prescription par un service spécialisé de cardiologie ou de pédiatrie
- Education aux anticoagulants oraux
- Formation à la technique d’automesure
- Suivi régulier des enfants
- Astreinte 24 heures sur 24
Toutefois, jusqu’à présent, ces dispositifs portables de mesure de l’INR sont destinés à
un usage individuel, chez des patients éduqués, formés, réalisant eux-mêmes, au domicile,
leur prélèvement capillaire, l’analyse de son résultat et l’interprétation pratique de leur INR.
A notre connaissance, aucune étude n’a proposé d’apprécier, après validation scientifique,
d’étendre leur utilisation dans un cadre institutionnel gériatrique au sein duquel les
prélèvements et les mesures seraient réalisés directement par des professionnels de santé, et
non par les patients.
C’est ce qui a motivé la réalisation de notre travail
30
3 MATERIELS ET METHODES
Il s’agit d’une étude longitudinale monocentrique réalisée au sein d’un hôpital
gériatrique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP)
3.1 Objectifs de l’étude
L’objectif principal était de vérifier, chez le sujet très âgé, polypathologique et vivant
en institution, la validité de l’INR capillaire réalisé par un professionnel de santé et mesuré
grâce à un dispositif portable, par comparaison avec une mesure classique par ponction
veineuse.
Les objectifs secondaires étaient d’apprécier l’utilité de l’usage d’un tel dispositif en
institution, son acceptabilité par les patients et le personnel infirmier, de mesurer son impact
économique, et de réfléchir à son intérêt dans le cadre d’une utilisation par des professionnels
en pratique de ville.
3.2 Matériels
3.2.1 Présentation de la structure
Cette étude s’est déroulée au sein de L’hôpital René Muret. Il s’agit d’un
établissement de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris destiné à l’accueil et à la prise en
charge des personnes âgées, qui est à cheval entre les communes de Sevran (47 000
habitants) et d’Aulnay-sous-Bois (80 000 habitants). Il est rattaché à l’université Paris-Nord
Bobigny, et fait partie du Groupe Hospitalier Universitaire Nord (GHU Nord).
L’hôpital René Muret, qui a une structure pavillonnaire, comporte 553 lits répartis en unités
de gériatrie aigue (31 lits), de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR, 303 lits), de Soins de
Longue Durée (SLD, 219lits) et 8 places en hôpital de jour. Notre travail s’est déroulé au
sein des 3 pavillons qui le composent, avec l’accord des 3 chefs de service de l’établissement
et du responsable du laboratoire d’hémostase.
31
3.2.2 Présentation du laboratoire
L’hôpital René Muret ne dispose pas de laboratoire de biologie. Dans le cadre de notre
étude, tous les prélèvements biologiques ont été analysés dans le laboratoire d’hémostase de
l’hôpital Jean Verdier (service du docteur Yves Laurian), situé dans la commune de Bondy,
qui fait partie du même groupe hospitalier universitaire.
Les prélèvements veineux étaient analysés à l’aide de l’automate STAR™ fabriqué par la
société STAGO, réactif Néoplastine CI
3.2.3 Le CoaguChek®XS Pro
L’appareil nous a été prêté par le laboratoire Roche Diagnostic et les bandelettes
fournies par la pharmacie de l’hôpital.
Le système CoaguChek® SX Pro comprend les composants suivants :
Lecteur CoaguChek XS Pro
Bandelettes-test CoaguChek XS PT et puce d'étalonnage correspondante
Un appareil de ponction Softclix pour le prélèvement de sang capillaire, qui ne nous a
pas été livré, et que nous avons remplacé par des lancettes de type Sterilance BA®.
Les modalités d’utilisation du CoaguChek® XS Pro respectaient les préconisations du
fabricant, à savoir :
allumage l'appareil
insertion la bande test
Application d’une goutte de sang capillaire
Lecture du résultat dans les 60 secondes suivantes
Les caractéristiques détaillées de l’appareil sont détaillées en annexe 2.
3.2.4 La ponction capillaire :
Nous avons utilisé des lancettes type Sterilance BA®.
32
Le bout de doigt était ponctionné par une lancette et une goutte de sang capillaire (environ 8
microlitres) était appliquée directement du doigt sur la zone de dépôt transparente semi-
circulaire de la bandelette-test.
Le résultat lu était directement exprimé en INR, avec possibilité d’enregistrement
automatique du résultat.
3.3 Méthodes
3.3.1 Critères d’inclusion
Tous les patients âgés d’au moins 65 ans, sous AVK, présents au sein de l’Hôpital
René Muret durant l’étude, avec leur consentement éclairé. Pour les sujets incapables
de donner leur consentement, une lettre informative était adressée à leur entourage
proche, leur offrant la possibilité de s’opposer à l’inclusion de leur parent dans l’étude.
3.3.2 Critères d’exclusion
Les patients incapables de donner leur consentement éclairé et ceux refusant le
prélèvement capillaire.
3.4 Outils d’observations et d’évaluation
3.4.1 Mesure de l’INR capillaire
Tous les patients hospitalisés, et prenant un traitement par une AVK, étaient
susceptibles d’être inclus dans l’étude.
Le jour prévu par leur médecin habituel pour une surveillance biologique de leur INR par
ponction veineuse, un des médecins formés à l’utilisation de l’appareil, prévenu par
l’infirmière habituelle du malade, réalisait parallèlement une mesure de leur INR capillaire
grâce au dispositif portable CoaguChek XS Pro.
Il n’était donc pas réalisé de prélèvement biologique spécifique pour cette étude.
Il était également réalisé un contrôle qualité hebdomadaire de l’appareil : bien
qu’optionnel, il permet d'assurer sa conformité avec la réglementation propre à chaque
établissement (par ailleurs, les bandelettes possèdent un contrôle intégré de la qualité : à
33
chaque test, le bon état de la bandelette est contrôlé : vérification des composantes et des
fonctions électroniques, de la température de la bandelette, de la date de péremption et des
informations relatives à la bandelette-test du lot en fonction des données de la puce
d'étalonnage).
3.4.2 Fiche d’évaluation
Une fiche de suivi et d’évaluation, spécifiquement conçue pour cette étude, était
renseignée au fur et à mesure des inclusions. Elle comprenait les principales informations
médico-administratives des patients inclus :
Etat civil (sexe, âge)
Unité d’hospitalisation
Traitement par antivitamine K et son indication
Antécédents médicaux principaux
Evaluation de la qualité du prélèvement veineux (difficulté technique et nombre de
tentatives de prélèvements réalisés)
Heure des prélèvements veineux et capillaire ainsi que les valeurs INR associées
3.5 Analyse statistique
Les différentes analyses ont été réalisées par le biais du logiciel XLSTAT 2011 :
test de Student qui nous permet de faire la comparaison des deux moyennes des
deux échantillons appariés (INR capillaire et INR laboratoire).
Le coefficient de corrélation de Pearson (r) a été calculé afin d’évaluer
l’intensité du lien qui peut exister entre les deux méthodes.
Le test de Bland et Altman a été utilisé pour comparer les différences entre les
deux méthodes
34
4 RESULTATS
Durant le mois d’Août 2011, 53 patients âgés et hospitalisés à l’hôpital René Muret ont
été inclus dans notre étude. Le suivi classique de leur INR a nécessité l’acheminement au
laboratoire d’hémostase de l’hôpital Jean Verdier de 168 prélèvements veineux, dont seuls
161 ont été analysés (7 autres ont été jugés non conformes car hémolysés ou en quantité
insuffisante pour en permettre l’analyse).
Parallèlement, nous avons réalisé, pour comparaison des résultats, 168 prélèvements de
sang capillaire pour mesure de l’INR avec le CoaguChek®XS Pro.
4.1 Caractéristiques de la population étudiée
Les caractéristiques générales sont représentées dans le tableau 8
35
Tableau 8. Caractéristiques générales
Caractéristiques n = 53 (%)
Sexe
F
H
37 (70)
16 (30)
Âge, (années)
Moyenne +/- écart type (min, max)
83 +/- 8 (64 – 102)
Indication aux AVK
-Fibrillation auriculaire
-Thrombophlébite
-Valvulopathie mécanique
37 (70)
13 (24)
3 (6)
Type d’AVK
-Coumadine
-Préviscan
22 (42)
31 (58)
Comorbidités
-HTA
-Diabète
-AVC
-Démence
38 (72)
17 (32)
19 (36)
20 (38)
Unité d’hospitalisation
-UGA
-SSR
-SLD
9 (17)
29 (55)
15 (28)
36
4.1.1 Analyse démographique
Il existe une prédominance féminine avec 37 femmes (70 %) et 17 hommes (30 %).
Le sex-ratio est de 2,3 en faveur des femmes (Graphique 1).
Répartition de la population en fonction du
sexe
30%
70%
Homme
Femme
Graphique 1. Répartition de la population en fonction du sexe
37
L’âge moyen est de 83 ans (64 à 102 ans). Les plus de 85 ans représentent 45 % de la
population (Graphique 2). Nous avons finalement intégré 2 patients de 64 ans car ils ne
modifiaient pas les caractéristiques de notre population gériatrique.
Graphique 2. Répartition de la population par tranche d’âge
38
La majorité de la population étudiée est hospitalisée en unité de soins de suite et de
réadaptation soit 55% (Graphique 3). Plusieurs explications peuvent être avancées, il existe un
turn over beaucoup plus important en SSR qu’en SLD et les effectifs sont réduits en UGA.
Par ailleurs on note une sous prescription des AVK et moins de suivi en SLD (risque de chute,
démence évoluée …).
Graphique 3. Répartition de la population par Unité d’hospitalisation
39
4.1.2 Analyse thérapeutique et indication
Une particularité française est une large diffusion de la fluindione alors que la majorité
des études sur les AVK sont construites autour de la warfarine. Notre groupe n’échappe pas à
cette constatation puisque 58 % des patients de l’étude étaient traités par la fluindione et 42 %
par la warfarine (aucun traitement par Sintrom®) mais notre prescription de warfarine reste
plus importante que dans la population générale (Graphique 4). En effet la tendance en
gériatrie tend vers la prescription de la warfarine qui est un gold standard (nombreuses études,
adaptation posologique et maniement…)
Graphique 4. Répartition de la population en fonction du traitement par AVK
40
L’AC/FA, représente la première indication du traitement par AVK avec 70 % des cas,
suivi des maladies thromboemboliques veineuses profondes avec 24 % puis viennent les cas
de valvulopathie pour 6 %(Graphique 5).
Graphique 5. Répartition de la population en fonction de l’indication du traitement par AVK
41
4.1.3 Analyse des comorbidités
En termes de comorbidités on observe une prédominance de l’HTA (72%) suivi de la
démence (38%) puis de l’AVC (36%) et du diabète (32%). Nous n’avons pas recherché les
associations de comorbidités car on a considéré qu’il n’y avait pas d’influence sur l’étude
mais elles ont été recensées (Graphique 6).
Graphique 6. Principales comorbidités
42
4.2 Validité de l’INR capillaire
4.2.1 Etude de comparaison des 2 méthodes
Nous avons comparé les résultats des 161 INR obtenus par la méthode classique aux
161 INR obtenus par la méthode capillaire : la valeur moyenne des résultats est représentée
sur le tableau 9 (l’ensemble des valeurs recueillies est mis en annexe). (Annexe n°1).
Variable Observations Minimum Maximum Moyenne Ecart-type
INR LABO 161 1,030 10,000 2,687 1,445
INR CAP 161 1,000 8,000 2,680 1,331
Tableau 9 Caractéristique des tests INR veineux et capillaires
Sur les 2 graphiques suivants on retrouve la distribution des valeurs en nuage de points
selon une droite de régression (Graphique 7) et selon leur différence (intervalles de l’INR) sur
le graphique de Bland et Altman (Graphique 8). Il existe une très forte corrélation entre les 2
types de mesures (r=0,97).
Nuage de points
0
2
4
6
8
10
12
0 2 4 6 8 10 12
INR labo
INR
cap
Graphique 7. Distribution des valeurs en nuage de points
r = 0,97
43
Graphique de Bland et Altman
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
1,5
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Moyenne (INR labo + INR cap)/2
Dif
fére
nc
e (
INR
ca
p -
IN
R l
ab
o)
Biais IC Biais (95%) IC (95%)
Graphique 8. Graphique de Bland et Altman
Pour les 2 échantillons, la distribution des valeurs suivait la loi normale, ce qui nous a
autorisé d’utiliser le test t de Student, qui nous permet de déterminer qu’il n’existe pas de
différence significative entre les 2 méthodes de mesure de l’INR (Tableau 10).
Tableau 10. Résultats du test t de Student entre l’INR veineux et l’INR capillaire
Test t de Student
n
D (≠)
t (valeur
observé)
t (valeur
critique)
P value
α
Tous les tests 161 0,007 0,246 2,607 0,806 0,01
44
4.2.1 Etude de la validité de l’INR capillaire mesuré par le CoaguChekXS®Pro
Nous avons fait une étude de la corrélation entre l’INR capillaire et l’INR laboratoire
selon plusieurs variables.
Validité pour l’ensemble des tests (Tableau 11)
Tableau 11. Corrélation INR veineux et INR capillaire pour l’ensemble des tests
La corrélation pour l’ensemble des tests est excellente.
Validité selon l’intervalle de l’INR (Tabeau12)
Tableau 12. Corrélation INR veineux et INR capillaire en fonction de l’intervalle de l’INR
Pour les INR compris entre 4,5 et 6 le résultat n’est pas significatif, ceci peut s’expliquer
par des variations sur un échantillon qui est faible. Par ailleurs on note des différences dans
les sous groupes en termes de corrélation alors que la comparaison des résultats d’INR moyen
sont très proches surtout pour les valeurs inférieures à 4,5.
N test
INR Labo
Moy
INR Cap
Moy
Corrélation INR cap
R (α=0,05)
P value
Tous les tests 161 2,69 2,68 0.974 <0.0001
N test
INR Labo
Moy
INR Cap
Moy
Corrélation INR cap
R (α=0,05)
P value
INR <2
2 ≤ INR ≤3
INR >3
3 ≤ INR < 4,5
4,5 ≤ NR <6
INR ≥6
59
51
51
39
6
6
1,56
2,43
4,24
3,54
5,29
7,79
1,59
2,43
4,18
3,61
4,92
7,18
0.900
0,709
0,945
0.722
0,694
0,885
<0.0001
<0.0001
<0.0001
<0.0001
0.126
<0.019
45
Validité selon l’âge (Tableau 13)
Tableau 13. Corrélation INR veineux et INR capillaire en fonction de l’âge
On note une excellente corrélation mais on constate que plus l’âge est élevé, plus l’INR
moyen est élevé.
Validité selon l’indication aux AVK (Tableau 14)
Tableau 14. Corrélation INR veineux et INR capillaire en fonction de l’indication du traitement par AVK
La répartition des résultats est très homogène avec une excellente corrélation.
N test
INR Labo
Moy
INR Cap
Moy
Corrélation INR cap
R (α=0,05)
P value
< 75 ans
75 -85 ans
> 85 ans
22
68
71
2,43
2,50
2,94
2,45
2,51
2,92
0,985
0,968
0,974
<0.0001
<0.0001
<0.0001
N test
INR Labo
Moy
INR Cap
Moy
Corrélation INR cap
R (α=0,05)
P value
AC/FA
TVP
Valvulopathie
118
37
6
2,71
2,70
2,71
2,69
2,73
2,60
0,973
0,981
0,986
<0.0001
<0.0001
<0.0001
46
Validité selon le type d’AVK prescrit (Tableau 15)
Tableau 15. Corrélation INR veineux et INR capillaire en fonction du traitement par AVK
Dans notre étude nous avons inclus les patients sous Préviscan® alors que dans la
littérature on étudie principalement les patients sous warfarine. Les résultats sont homogènes
entre les 2 groupes.
Validité selon l’unité d’hospitalisation (Tableau 16)
Tableau 16. Corrélation INR veineux et INR capillaire en fonction de l’unité d’hospitalisation
La corrélation des sous groupes est excellente mais on retrouve un INR moyen plus
bas en SSR mais qui est le plus proche de la valeur cible moyenne (2,5). Cela serait lié à un
meilleur suivi en SSR qu’en SLD et le fait qu’en UGA, le patient arrive en hospitalisation
après un évènement aigu.
N test
INR Labo
Moy
INR Cap
Moy
Corrélation INR cap
R (α=0,05)
P value
Coumadine
Préviscan
64
97
2,75
2,65
2,73
2,65
0,977
0,972
<0.0001
<0.0001
N test
INR Labo
Moy
INR Cap
Moy
Corrélation INR cap
R (α=0,05)
P value
UGA
SSR
SLD
35
92
34
2,95
2,55
2,78
2,88
2,56
2,79
0,960
0,976
0,980
<0.0001
<0.0001
<0.0001
47
4.2.2 Validité en fonction des intervalles de l’INR
Sur le tableau 17, nous avons représenté les variations de l’INR capillaire en fonction
de divers intervalles.
Pour l’ensemble des INR, 88 % des valeurs mesurées par CoaguChekXS® en comparaison
avec INR labo sont en accord à ± 0,4 unité INR.
On s’aperçoit sur le tableau ci-dessous que la concordance entre les deux méthodes de mesure
diminue lorsque l’INR augmente.
Variation de l’INR
N test
+/- 0,2 unité
+/- 0,4 unité
≥ 1 unité
Tous les tests, n(%)
161
103 (64)
142 (88)
2 (1)
Intervalle INR, n(%)
INR < 2
2 ≤ INR ≤3
3 ≤ INR < 4,5
4,5 ≤ NR <6
INR ≥6
59
51
39
6
6
49 (83)
32 (63)
19 (49)
2 (33)
2 (33)
59 (100)
48 (94)
26 (67)
4 (67)
4 (67)
0 (0)
0 (0)
0 (0)
0 (0)
2 (33)
Tableau 17. Variations de l’INR capillaire en fonction de leurs valeurs
Sur le graphique 9, on retrouve la moyenne des différences et on note une dispersion
pour les INR supérieurs à 3
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4
Tous les INR
INR < 2
2 ≤ INR ≤ 3
INR > 3
Tous les INR INR < 2 2 ≤ INR ≤ 3 INR > 3
Moyenne des différences 0,21 0,11 0,16 0,36
Moyenne des différences
Graphique 9. Moyenne des différences
48
4.2.3 Qualité des prélèvements biologiques
Dans notre recueil de données, nous avons interrogé systématiquement les infirmières
sur les difficultés rencontrées lors de la réalisation du prélèvement veineux (patient agité,
capital veineux pauvre, refus, nombre de prélèvements réalisés).
Au total il y a eu 193 essais de prélèvements sanguins, pour 168 réussis et adressés au
laboratoire d’hémostase (Tableau 18). Pour un même patient, il a été noté jusqu'à 6 tentatives
de prélèvements pour obtenir un envoi au laboratoire de Jean verdier. 7 prélèvements veineux
sont revenus non conformes (problème d’étiquette, prélèvent insuffisant ou hémolysé).
Effectif
Personnes
difficile à
prélever n (%)
n
prélèvements
totaux
n INR
labo
Prélèvements
difficiles (INR
labo) n(%)
Tranche d’âge
< 75 ans
75 -85 ans
> 85 ans
8
21
24
3 (37)
13 (62)
11 (46)
30
80
83
22
68
71
4 (18)
20 (29)
21 (29)
Total:
53
27 (51)
193
161
45 (28)
Tableau 18. Evaluation qualitative des prélèvements veineux
Notre étude montre que 45 prélèvements sur les 193 réalisés étaient considérés
"difficiles ", ceci concerne 37 % des patients de moins de 75 ans et 53 % de la tranche d’âge
supérieure au même âge. Cela représente une différence significative mais certaines limites
doivent être prises en compte comme le caractère subjectif ressenti et l’éventuelle dextérité
inter-individuelle à prélever les malades.
A noter que pour la mesure de l’INR capillaire, nous n’avons pas constaté de
difficultés, ni d’effet indésirable.
49
5 DISCUSSION
5.1 Justification de l’étude
5.1.1 Les sujets âgés sont les plus affectés par les complications hémorragiques liées
aux AVK.
La population âgée, dont plus de 8% est sous anticoagulation prolongée (39) est
particulièrement exposée aux accidents liés aux AVK, en particulier à leurs complications
hémorragiques souvent traduites par un INR excessif. En France, 1% de la population est
traitée de manière continue par AVK, dont 60% âgés de 70 ans et plus. L’étude prospective
nationale conduite par le réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance auprès
de 40 services de neurochirurgie indique que près de 8% des admissions pour hémorragie du
système nerveux central concernent des patients traités par AVK, la plupart étant âgés de plus
de 65 ans (40).
5.1.2 Le suivi des traitements anticoagulants n’est pas optimum.
Les enquêtes menées en 2000 et 2003 par l’Agence française de sécurité sanitaire des
produits de santé (AFSSAPS) auprès d’un échantillon de 450 laboratoires d’analyses
médicales indiquait que 54% des patients sous AVK avaient un INR hors zone thérapeutique,
et qu’en phase d’équilibre, plus de 25% n’avaient pas eu de suivi biologique de leur INR
depuis plus d’un mois(1,2).
Le critère le plus pertinent pour apprécier la qualité du suivi d’un traitement par AVK
est le temps passé dans l’intervalle thérapeutique ; de très nombreux facteurs, fréquemment
rencontrés par les patients institutionnalisés, sont susceptibles d’influencer le niveau de l’INR
(compliance et observance thérapeutique, interactions médicamenteuses et alimentaires,
modifications de l’état physiologique), et il est important de limiter le temps passé hors de
l’intervalle thérapeutique : cela passe idéalement par un monitoring régulier et fréquent de
l’INR. En effet, il est bien démontré que des contrôles fréquents permettent d’avoir un INR
plus souvent dans la zone thérapeutique, ce qui limite aussi bien le risque hémorragique que le
risque de récidive de thrombose (41).
50
5.1.3 L’apport de la mesure de l’INR par un appareil portable au lit du malade
C’est dans ce contexte que se sont développés, depuis une douzaine d’années, dans
plusieurs pays, des moniteurs portables permettant de déterminer l’INR au plus près du
patient, par méthode capillaire, après une première publication en 1987 relatant l’histoire
d’une femme en Allemagne qui, non satisfaite du suivi de son traitement anticoagulant par
son médecin, s’était acheté un coagulomètre personnel lui permettant une surveillance plus
fréquente de son taux de prothrombine (42).
Depuis, plusieurs générations d’appareils portables de mesure de l’INR se sont
succédé, devenant de plus en plus fiables et sûrs. Ils sont actuellement proposés pour 2 types
d’utilisation :
L’auto-contrôle (self-control), qui implique que le patient communique son INR qu’il
aura mesuré, à son domicile, à son médecin ou à son centre d’anticoagulation, qui déterminera
l’attitude thérapeutique à adopter.
L’auto-gestion (self-management), qui implique que le patient effectue lui-même la
mesure de son INR et adapte, seul, éventuellement, son traitement AVK
De très nombreuses études ont confirmé la faisabilité et la sécurité de la méthode, mais
ont également démontré que l’INR capillaire favorisait un meilleur contrôle du traitement,
une meilleure qualité de vie des patients, et une diminution des complications hémorragiques.
Une méta-analyse portant sur 14 essais cliniques randomisés et contrôlés, incluant plus de
3000 patients sous AVK a montré que le temps passé dans l’intervalle thérapeutique était plus
important en cas de surveillance du traitement par INR capillaire que lors du contrôle
classique (43).
Une autre méta-analyse a inclus 67 essais cliniques randomisés portant au total sur
plus de 50 000 patients sous AVK, et indique que l’automesure permet un meilleur contrôle
de la coagulation que la méthode classique (72% contre 63% en zone thérapeutique (44).
51
5.1.4 Les personnes très âgées sont exclues des études, et il n’y a aucune étude réalisée
dans le cadre de l’utilisation d’un appareil portable de mesure de l’INR en
institution.
La quasi-totalité des études portant sur l’INR capillaire a concerné des patients
ambulatoires, souvent sous AVK car porteurs d’une valve cardiaque artificielle, et mesurant
eux-mêmes leur INR avant d’adapter directement leur traitement ou de le faire via le médecin
traitant ou un centre d’anticoagulation : cela suppose de s’adresser à une population bien
sélectionnée, bien informée et apte sur les plans physique et intellectuel à recevoir une
formation préalable et adéquate, et cela dans le cadre d’une utilisation individuelle de
l’appareil.
Ces études et essais cliniques ont rarement inclus les patients de plus de 60 ans, âge auquel
l’incidence de la fibrillation auriculaire est encore faible, alors que dans le grand âge, elle
devient, comme il est décrit dans notre population, la principale indication du traitement par
antivitamines K (75%).
Il n’y a pas, à notre connaissance, d’étude de validité et de sécurité de mesure de l’INR par la
méthode capillaire dans un cadre institutionnel.
Notre étude a concerné des patients très âgés, polypathologiques, avec une pharmacologie des
AVK très modifiée, et parfois atteints de démence, pour lesquels l’INR capillaire était mesuré
par un professionnel de santé et non par le malade lui-même.
5.2 Validité et efficacité de l’INR capillaire
5.2.1 Validation
La validité de la mesure de l’INR par la méthode capillaire a été largement démontrée
ces dernières années par de nombreux essais cliniques chez des sujets ambulatoires sous
AVK. Mais les études publiées jusqu’ici se sont intéressées à des populations différentes de
celles présentes dans les instituions gériatriques.
Dans son étude comparative qui retrouve une corrélation forte entre l’INR capillaire
mesuré par le Coagucheck®
et l’INR obtenu par ponction veineuse classique (r=0,89)
Cromheecke et coll. Inclut 50 patients ambulatoires et éduqués âgés en moyenne de 42 ans,
alors que nos patients sont âgés de 83 ans. De plus, l’indication aux AVK qui prédomine très
largement dans son étude est l’existence d’une valve mécanique (46% des sujets), loin devant
la maladie thromboembolique veineuse (30%) et la thrombose artérielle (24%). En milieu
52
gériatrique, la principale indication aux AVK est la fibrillation auriculaire (70% dans notre
étude), alors que l’existence d’une valve cardiaque mécanique ne représente que 6% de notre
population.(37).
Kortke et Korfer, dans leur étude monocentrique, randomisée et prospective qui a
inclus 1200 patients ambulatoires âgés de 62,5 ans en moyenne, et suivis pendant 3 ans, a
confirmé également la validité de l’INR capillaire, mais leur population ne comprenait que
des patients sous AVK pour une prothèse valvulaire. (45).
La puissante méta-analyse de Heneghan et coll., basée sur quatorze études
internationales randomisées incluant un total de 3049 patients ambulatoires sous AVK pour
toutes indications aux AVK, souligne que l’utilisation de ces appareils améliore la qualité de
l’anticoagulation en termes de proportion de l’INR dans la zone thérapeutique, d’amélioration
de la sécurité thérapeutique : diminution des événements thromboemboliques de 55%, des
hémorragies de 33% et des décès. Mais les études prises en compte avaient inclus très peu de
personnes âgées, et l’âge moyen des patients, selon les essais considérés, allait de 46 à 75
ans, nettement en dessous de ceux de notre étude. (43).
La méta-analyse de Christensen et coll., qui confirme la diminution des décès et des
accidents graves aux anticoagulants par la mesure de l’INR capillaire par moniteur portable, a
inclus 2724 patients âgés de plus de 18 ans, toutes indications aux AVK confondues. Mais ces
sujets bénéficiaient de conditions optimum pour le suivi de leur traitement (patients
ambulatoires bien éduqués, centres d’anticoagulation. (46).
L’étude THIRNS (The Home INR Study) a été présentée au congrès de
l’American Heart Association en 2008. Elle a étudié l'apport de l'automesure sur une large
cohorte de 2 922 patients vétérans américains (âge moyen 67 ans, 98 %
d’hommes) comparativement à une surveillance en clinique des anticoagulants (47).
La plupart (80%) avait une fibrillation auriculaire, et près de 15% une prothèse valvulaire
mécanique. Au terme d'un suivi moyen de 3 ans, il n'a pas été mis en évidence de diminution
significative d'événements chez les patients en automesure par rapport au groupe contrôle. De
plus, le maintien de l'INR dans la fourchette cible était amélioré et le coefficient de
satisfaction des usagers était élevé. Cette étude a donc confirmé, sur une très grande échelle,
la fiabilité et la faisabilité de cette technique d'automesure.
53
5.2.2 Efficacité qualitative de l’INR capillaire
Un nombre infime d’études ont concerné exclusivement une population âgée. C’est le
cas de celle menée par Siebenhofer et coll: il s’agit d’une étude prospective randomisée qui a
comparé 2 groupes de près de 90 patients âgés de plus de 60 ans (âge moyen 69 ans dans
chaque groupe), sous AVK, dont l’un bénéficiait d’un suivi de l’INR par autogestion, et
l’autre par méthode traditionnelle, les 2 groupes étant suivis pendant un an. Toutes les
indications aux AVK étaient retenues (Fibrillation auriculaire, Maladie thromboembolique
veineuse, valve cardiaque mécanique notamment). Les anticoagulants surveillés étaient
l’acénocoumarol pour 10% des patients et le phenprocoumone pour 90% des sujets.(48)
Ce travail montre clairement qu’au bout d’un an, le groupe en autogestion a passé plus
de temps dans l’intervalle thérapeutique que celui suivi par la méthode classique (75,4% du
temps contre 66,5% , p=0,02) ; la différence n’est pas significative pour le temps passé au-
dessus de la zone thérapeutique (5,8% du temps contre 9,1%, p=0,1), ni pour le temps au-
dessous de cette zone (12,6% du temps contre 11,9%, p=0,39) (49)
En France, le programme hospitalier de recherche clinique conduit récemment au
centre universitaire de Clermont-Ferrand était une étude prospective randomisée ; cet essai a
été conduit chez près de 67 patients âgés de 56,6±9,6 ans comparables venant de subir une
chirurgie de remplacement valvulaire avec prothèse mécanique, et dont plus de 97% étaient
traités par du Préviscan®. 34 de ces patients faisaient suivre leur INR par un prélèvement
veineux classique, alors que 33 autres réalisaient, en plus du même suivi veineux, un
autocontrôle hebdomadaire. Au bout d’un an de suivi, ce travail démontre que les patients du
groupe autocontrôle ont passé plus de temps dans l’intervalle thérapeutique (61% contre 55%,
p=0,046), et n’ont pas présenté d’événements hémorragiques ou thromboemboliques sévères
(0% contre 6,86%, p=0,01) (50)
Toutefois, si les comorbidités des patients retenus pour cette étude se rapprochaient de
ceux de notre travail (diabète, hypertension artérielle, cancer, polymédication), elle excluait
explicitement les patients atteints de démence ou présentant une inaptitude physique à
manipuler le moniteur portatif, et les patients retenus, vivant au domicile, bénéficiaient au
préalable de plusieurs séances hebdomadaires de formation aux anticoagulants et à la
technique de mesure de l’INR capillaire. Cette étude démontre également que l’autogestion de
54
l’INR par des patients âgés réduisait significativement les complications hémorragiques et les
événements thromboemboliques (5 événements chez 89 patients dans le groupe autogestion
contre 17 chez les 94 sujets du groupe classique, p=0,006).
Notre travail a inclus des patients très âgés, polypathologiques et polymédicamentés ; la
réalisation de l’INR capillaire étant faite par un professionnel de santé formé, les différentes
inaptitudes mentales et physiques des patients n’étaient pas des critères d’exclusion.
5.2.3 Variation en unité d’INR
Dans notre étude, les concordances de l’ensemble des tests INR capillaire réalisés
étaient de 64% en cas de variation de plus ou moins 0.2 unité d’INR, et de 88% pour une
différence de +/- 0.4 unité d’INR. Ces données sont meilleures que ceux de l’étude de
McBane et al (51). En effet les résultats retrouvent une concordance respective pour les
mêmes variables de 53% et 82%. Par ailleurs nous avons retrouvé deux valeurs sur les 161,
soit 1%, (3% pour l’étude citée ci-dessus) ayant une discordance ≥1 unité d’INR (INR labo
>10 et INR capillaire >8). Ceci s’explique en partie par les maximales mesurées par le
moniteur ne pouvant afficher un résultat supérieur à 8 (plage de mesure de l’INR allant de 0.8
à 8)
5.3 Utilité d’un appareil portable de mesure de l’INR capillaire en
institution gériatrique
L’objective de l’étude était de démontrer la reproductibilité du CoaguChek® XS Pro
et sa bonne concordance avec la technique traditionnelle de laboratoire dans un but d’étendre
cet appareil en institution et dans un deuxième temps élargir son utilisation par les
professionnels en médecine de ville
5.3.1 Avantages
La validité des mesures de l’INR capillaire par un dispositif portable chez les sujets
très âgés hospitalisés étant démontrée par notre étude, nous estimons que cette méthode de
surveillance de la coagulation sous AVK pourrait être diffusée dans ce cadre. En effet, nous y
voyons plusieurs avantages :
55
●Pour un nombre croissant d’établissements, les examens biologiques sont réalisés
« hors des murs », et c’est le cas de l’hôpital René Muret : les prélèvements biologiques sont
collectés à des heures fixes et suivent un trajet qui peut être complexe : transport par un
coursier jusqu’au centre de tri, enregistrement, traitement de l’échantillon (centrifugation),
réalisation de l’analyse, validation analytique, validation biologique, et enfin mise à
disposition des résultats. S’agissant d’un traitement anticoagulant, un délai trop important
pour obtenir le résultat de l’INR peut retentir sur la prise en charge du patient, et disposer
dans une unité de soin d’un analyseur portable donnant un résultat d’INR en moins de 2
minutes est incontestablement un atout. Pendant notre étude, nous avons, à plusieurs reprises,
déterminé des INR au-dessus de l’intervalle thérapeutique plusieurs heures avant la
communication du résultat venant du laboratoire d’hémostase, ce qui a permis au médecin
traitant de mettre rapidement en place les mesures correctives pour le patient.
●La présence dans un service de soins d’un dispositif de mesure de l’INR est utile
dans les situations d’urgence (signes hémorragiques), et en cas de difficulté ou impossibilité
à joindre un coursier (nuits, jours fériés, week-end).
●Lors des ponctions veineuses, il n’est pas rare que les infirmiers soient confrontés à
des problèmes rendant utile l’utilisation d’un analyseur d’INR au lit du malade :
Impossibilité à prélever un patient opposant ou agité (plusieurs infirmiers nous
ont signalé, au cours de l’étude, des patients refusant catégoriquement toute
ponction veineuse)
Difficultés à ponctionner des patients au capital veineux pauvre : au cours de
notre travail, 51% des patients (27 sur 53) ont été considérés comme
« difficiles à prélever » par l’infirmier. Un patient a même subi jusqu’à 6
tentatives de ponctions. Ces ponctions difficiles deviennent plus fréquentes
avec l’avancée en âge, ce qui peut retentir sur la qualité et le résultat des
prélèvements d’hémostase : en effet, anticipant un éventuel échec du
prélèvement, l’infirmier aura facilement tendance à remplir avant les autres, le
tube d’hémostase, ce qui n’est pas recommandé par les biologistes.
56
●Les prélèvements rejetés par le laboratoire d’hémostase car jugés « non conformes »
ne sont pas rares, y compris dans notre étude. Les causes en sont généralement : un tube mal
rempli, un prélèvement hémolysé, un oubli ou une erreur d’étiquetage, voire un délai trop
long entre la ponction veineuse et le dosage au laboratoire. L’existence d’un coagulomètre
portable local permet d’éviter de reprélever le patient.
Toutes les études ont souligné, pour les patients utilisant au domicile un dispositif
d’autocontrôle de l’INR, l’amélioration de leur confort de vie, liée notamment à l’espacement
des prélèvements veineux, à la disparition de l’appréhension et de la douleur liée aux
ponctions veineuses. Dans le programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) conduit à
Clermont-Ferrand, tous les patients du groupe autocontrôle ont souhaité poursuivre
l’utilisation du dispositif en raison de l’amélioration du confort de vie qu’ils ont ressenti.
Dans notre étude, l’acceptabilité de la méthode par les patients a été excellente également.
5.3.2 Modalités possibles d’utilisation d’un analyseur portatif d’INR en institution
gériatrique
Selon nous, la mise en place, dans un cadre institutionnel, d’un dispositif de mesure de
l’INR capillaire devrait se faire en étroite collaboration avec le laboratoire de biologie, voire
même sous son contrôle, car son implication permettra de limiter les erreurs rencontrées
habituellement en biologie délocalisée :
La manipulation de l’appareil par un personnel non formé
Le non-respect des instructions des fabricants
L’absence d’identification du manipulateur
Les résultats non reportés dans le dossier du patient
Les contrôles de qualités non systématiques
L’utilisation de réactifs périmés ou mal conservés
Le mauvais entretien de l’appareil
57
5.3.3 Propositions pratiques
Les spécialistes de l’hémostase des Hôpitaux universitaires de Genève proposent un
guide pour l’utilisation optimisée de l’INR capillaire, qui pourrait nous inspirer dans un cadre
institutionnel (52) :
- Réalisation du premier INR capillaire sur prescription médicale
- Ne pas réaliser lors de l’introduction du traitement anticoagulant, mais suivre la
coagulation par l’INR veineux jusqu’à l’obtention de l’équilibre thérapeutique.
- Associer le premier INR capillaire à un INR veineux, puis 2 fois par trimestre, en
tolérant une différence inférieure ou égale à ± 0,3. Si cette différence est
supérieure à ± 0,3, prendre en compte l’INR veineux pour le suivi du malade et
répéter le double contrôle une semaine plus tard.
- Chaque INR capillaire > 4,0 doit être contrôlé par une ponction veineuse (l'INR
veineux étant la valeur de référence)
- En phase d’équilibre, il faudrait réaliser un INR capillaire hebdomadaire, associé
à un INR veineux mensuel
5.4 Intérêt de l’utilisation du coagulomètre par des professionnels de santé
en pratique de ville
Une étude épidémiologique descriptive de prévalence réalisée récemment par un
questionnaire de 25 items auprès d’infirmiers libéraux, de médecins généralistes et de
biologistes exerçant en Bretagne met en évidence les grandes lacunes de la surveillance de
l’INR en pratique de ville, en France. Elle a cherché à évaluer la qualité des prélèvements
d’INR pratiqués au domicile des patients, ainsi que l’influence potentielle des résultats auprès
des médecins. Cette étude a montré que les prélèvements étaient effectués dans des tubes
inadaptés dans 5,5% des cas et acheminés au froid (et non à température ambiante) dans 9%
des cas. De plus elle indique qu’en secteur urbain, 50% des tubes mettaient plus de 2 heures
pour arriver au laboratoire, voire même 71% des tubes en secteur rural, alors qu’un délai idéal
d’une heure est recommandé. Elle détermine également que les réactifs utilisés par les
laboratoires de ville sont souvent de qualité insuffisante, avec des ISI moyennes à 1,62, et que
l’INR rendu par les laboratoires n’est pas analysable dans 64,7% des cas pour les
prélèvements réalisés à domicile. De manière étonnante, il apparait que 100% des laboratoires
58
affirment téléphoner au médecin traitant les résultats hors zone thérapeutique, mais que seuls
37% des médecins confirment être prévenus dans le même laps de temps. Il en ressort, au
total, que plus de la moitié (65%) des analyses réalisées en ville ne répondent pas aux
recommandations (53)
Bien que cette enquête comporte, selon nous, des biais (biais de sélection, population non
représentative, critères de délai d’acheminement des résultats trop stricts), elle est importante
à prendre en compte, dans le contexte français, dans lequel les accidents iatrogènes liés aux
AVK constituent un problème de santé publique. Nous pensons que l’une des solutions serait
de promouvoir les appareils d’automesure de l’INR, et en doter les infirmiers libéraux et les
médecins généralistes (selon les enquêtes, un médecin généraliste suivrait au long cours au
moins 5 patients sous AVK). Ils seraient, de plus, particulièrement utiles chez les patients
géographiquement éloignés d’un laboratoire et les sédentaires. Il s’agit appareils
ergonomiques, avec une alimentation autonome, d’utilisation rapide et fiable, dont les
résultats sont immédiats et valides, et qui offrent de plus en plus la possibilité de stocker les
résultats, voire de les transférer via un logiciel dans un système informatique.
5.5 Évaluation médico-économique
Actuellement, la Haute Autorité de Santé ne recommande pas le remboursement de
l’usage des dispositifs d’automesure de l’INR, dont la prise en charge par l’Assurance
Maladie reste cantonnée à la surveillance des indications suivantes chez l’enfant de moins de
18 ans, soit moins de 500 patients en France :
Port de prothèses valvulaires mécaniques,
Dérivations cavo-pulmonaires,
Anévrisme artériel de la maladie de Kawasaki,
Hypertension artérielle pulmonaire,
Prévention des thromboses intracavitaires dans les cardiomyopathies,
Thromboses veineuses ou artérielle
Selon ses auteurs, l’autocontrôle, dans le cadre du PHRC de Clermont-Ferrand aurait
permis, compte-tenu des examens et hospitalisations nécessités par les événements cliniques
relevés sous AVK, une économie de 32575 euros, sans compter le coût de la prise en charge
liée à d’éventuelles séquelles cliniques, par exemple un accident vasculaire cérébral. Ils
59
évaluent que le coût du suivi par autotest et au laboratoire est similaire (respectivement 130 et
132 euros par an), mais que l’autocontrôle devient financièrement plus intéressant si l’on
intègre certains frais dans le suivi classique comme le transport des patients vers le laboratoire
de prélèvement et d’analyse, les déplacements des infirmiers au domicile des patients, ainsi
que des frais en rapport avec les ajustements thérapeutiques qui sont plus nombreux sous suivi
classique (38)
Pour notre étude, nous avons utilisé le dispositif d’automesure Coagucheck XS®
(prêté par Roche Diagnostic), mais dont le prix de vente normal est de 1136,00 euros (vendu à
l’APHP à 900 euros). La boite de 24 bandelettes est vendue à 120 euros (tarif réduit à 90
euros à l’APHP) Cela met le prix de revient d’une mesure d’INR capillaire à 5 euros (3,75
euros à l’APHP), légèrement inférieur au prix de revient d’un INR réalisé au laboratoire sur
ponction veineuse (B20, soit 5,40 euros). Mais l’INR capillaire en institution serait
financièrement encore plus économique si nous prenions en compte pour l’INR veineux :
certains prélèvements réalisés en urgence (transports facturés 100 euros l’après-midi, la nuit et
les fériés et week-ends), les renvois des prélèvements jugés non conformes au laboratoire, le
temps infirmier (préparation du prélèvement et du malade), la douleur du patient
éventuellement difficile à ponctionner.
De plus, lorsque l’on souhaite un INR veineux en urgence, la tendance est forte de
demander en plus d’autres examens biologiques sans qu’il y ait une justification pertinente,
entrainant ainsi un coût supplémentaire.
Les résultats de l’étude 4A, conduite par le CHU de Bordeaux (« Apport d’un
Appareil d’Automesure de l’Anticoagulation ») sont attendus : il s’agit de la première grande
étude multicentrique nationale française (24 centres participants) sur l’autocontrôle de l’INR.
Elle est soutenue par le ministère de la santé, et doit évaluer l’impact médico-économique de
l’autocontrôle de l’INR chez les patients ayant récemment bénéficié d'une valve mécanique
avec une comparaison vis-à-vis du suivi standard en laboratoire. 890 patients ont participé à
l’étude, et ont été randomisés en 2 groupes (groupe 1 : suivi mensuel de l’INR au laboratoire,
groupe 2 : autocontrôle hebdomadaire avec INR standard mensuel) (54)
60
5.6 Alternative aux AVK : les nouveaux anticoagulants oraux
En France depuis respectivement juillet 2008 et janvier 2009, deux nouvelles molécules
anticoagulantes ont obtenu une autorisation de mise sur le marché, le dabigatran et le
rivaroxaban. Elles permettent :
une inhibition spécifique et réversible de facteur de la coagulation
une administration orale à dose fixe
avec une moins grande variabilité d’effet que les AVK
Leurs avantages sont essentiellement : leur stabilité et leur efficacité pour une
posologie fixe dans certaines limites de poids ou de clairance de la créatinine ; les interactions
médicamenteuses sont peu nombreuses. Ils sont dénués d’interactions alimentaires. Ils ne
nécessitent ni monitorage de la coagulation, ni surveillance de la numération plaquettaire.
5.6.1 Le dabigatran
C’est un inhibiteur direct de la thrombine (anti-IIa). Il est commercialisé sous le nom
de Pradaxa® et son indication thérapeutique en France est la prévention primaire de la
maladie thromboembolique veineuse chez l’adulte après chirurgie pour prothèse totale de la
hanche ou du genou. (Vidal 2011)
L’étude RE –LY (Randomized Evaluation of Long term Anticoagulant Therapy), menée chez
18 113 patients recrutés dans 44 pays a également montré l’efficacité du dabigatran versus
warfarine dans le traitement de la fibrillation auriculaire sans valvulopathie (55)
5.6.2 Le rivaroxaban
C’est un inhibiteur sélectif direct du facteur Xa. En France, le rivaroxaban (Xarelto®)
a obtenu l’autorisation de mise sur le marché dans la prophylaxie des thromboses veineuses
profondes en cas d’intervention orthopédique majeure des membres inferieurs chez l’adulte
(prothèse totale de hanche et de genou) (Vidal 2011)
Le rivaroxaban a également montré son efficacité dans la prévention thromboembolique liée à
la fibrillation auriculaire dans l’étude ROCKET-AF (Rivaroxaban Once daily direct Factor
Xa inhibition Compared with vitamin K antagonism for prevention of stroke and embolism
Trial in Atrial Fibrillation). (56)
61
5.6.3 Les limites de ces produits
S’il est légitime de penser que ces nouveaux anticoagulants pourraient, à terme,
prendre la place des AVK dans leurs indications, il est utile d’avancer plusieurs
observations incitant à la prudence :
Les personnes âgées étant systématiquement exclues des essais cliniques, il est
actuellement difficile de savoir si la pharmacologie de ces produits est la même
chez le vieillard que chez les sujets ayant participé aux études de validation.
Leur pharmacovigilance reste à construire : le Ximegalatran (Exanta®), le
premier inhibiteur oral direct de la thrombine, a été commercialisé en 2004
dans plusieurs pays européens, puis retiré du marché 2 ans plus tard pour
toxicité hépatique inexpliquée, après plusieurs cas mortels.
Aucune surveillance biologique de leur effet n’étant proposée, il est
impossible, en cas d’hémorragie, de savoir si le saignement leur est attribuable
ou non.
À la différence des AVK, aucun antidote n’est actuellement proposé en cas de
saignements majeurs.
Leur élimination préférentiellement urinaire limite leur utilisation chez les
personnes ayant une clairance de la créatinine <30ml/min), problème qui ne se
pose pas avec les AVK (34,57)
Enfin le cout de la spécialité est 10 à 20 fois supérieur à celui des AVK
Ils ne prennent pas (encore) en compte toutes les indications (34,57)
habituellement reconnues aux AVK, qui restent l’anticoagulant de référence
Les essais cliniques ayant conduit à la commercialisation de ces produits ont
démontré qu’ils n’étaient pas inférieurs aux AVK, mais pas non plus qu’ils leur
étaient supérieurs pour la prévention des maladies thromboemboliques.
62
5.7 Les limites de notre étude
Notre travail s’est déroulé pendant un mois, dans un hôpital gériatrique de
l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, et a validé l’INR capillaire réalisé par des
professionnels de santé, sur 53 patients âgés et polypathologiques. Toutefois, on peut estimer
qu’elle manque de puissance, et une étude pluricentrique, sur une plus grande durée, pourrait
être utile pour en confirmer les résultats.
Par ailleurs, les patients inclus étaient traités essentiellement par la warfarine, alors que cette
molécule reste encore peu prescrite en France, où prédomine nettement le fluindione
(Préviscan®) comme AVK.
63
6 CONCLUSION
Les études cliniques réalisées à l’étranger montrent que l’utilisation d’un dispositif
d’automesure de l’INR permet d’améliorer le suivi du traitement par rapport à la surveillance
habituelle, à la condition d’être associée à l’éducation thérapeutique des patients. En France,
plusieurs enquêtes, dont celles menées de manière récurrente par insuffisante des traitements
résultent de plusieurs facteurs tels que le manque d’information et d’éducation des patients,
l’absence de communication entre les professionnels de santé.
Notre étude a, pour la première fois à notre connaissance, montré la validité de l’INR
capillaire mesuré par professionnel de santé grâce à un dispositif portable chez des patients
très âgés, vivant en institution, et cela quelques soient leurs comorbidités, leurs handicaps
physiques ou mentaux. La mesure de l’INR capillaire a permis de détecter100% des situations
d’anticoagulation excessive, favorisant une prise en charge médicale rapide des patients.
Les lecteurs portables de glycémie sont maintenant bien implantés en milieu
institutionnel. Nous pensons que la mise à disposition, dans les unités de soin ou chez les
professionnels de santé travaillant en secteur libéral, d’analyseurs de la coagulation, sera une
avancée utile, sans surcout économique si elle est bien menée.
64
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69
8 ANNEXES
Annexe 1 : Ensemble des valeurs de l’INR laboratoire et de l’INR capillaire
Prélèvement INR labo INR cap
1 2,21 2,7
2 1,05 1
3 2,52 2,3
4 3,5 3,6
5 3,25 3,1
6 2,5 2,2
7 2,38 2,3
8 3,34 3
9 2,29 2,4
10 1,65 1,6
11 1,59 1,7
12 1,79 1,8
13 2,83 2,9
14 6,01 6,1
15 2,67 3
16 3,23 3,2
17 4,49 4,6
18 2,17 2
19 1,84 2
20 2,06 2
21 10 8
22 1,26 1,3
23 1,27 1,3
24 1,67 1,9
25 2,56 2,3
26 1,59 1,5
27 1,91 1,8
28 6,01 6,2
29 2,38 2,4
30 5,37 4,4
31 3,01 2,5
32 3,71 3,2
33 3,36 3,3
34 2,59 2,7
70
35 2,1 2,2
36 1,9 1,8
37 1,15 1,2
38 1,08 1,1
39 1,13 1,2
40 5,89 5,7
41 3,55 4
42 3,14 3,4
43 3,71 3,8
44 2,69 2,6
45 3,86 3,8
46 4,13 4
47 2,54 2,2
48 1,93 1,8
49 1,36 1,3
50 2,21 2,4
51 1,84 1,8
52 2,04 2,2
53 7,04 6,8
54 2,44 2,9
55 10 8
56 4,13 4,3
57 1,81 1,7
58 2,33 2,2
59 2,44 2,2
60 1,7 1,8
61 1,99 2,1
62 1,7 1,7
63 1,74 1,9
64 2,54 3
65 3,76 4,1
66 3,57 3,7
67 1,83 1,6
68 1,15 1,3
69 1,44 1,6
70 3,53 3,7
71 3,93 4,8
72 3,21 3,1
73 3,34 3,2
74 1,95 1,7
75 3,5 3,5
76 2,81 2,8
77 3,55 3,6
78 1,21 1,3
71
79 1,59 1,7
80 1,93 1,7
81 1,83 1,6
82 2,27 2
83 3,14 2,9
84 2,63 2,4
85 7,68 8
86 1,43 1,4
87 1,18 1,2
88 1,52 1,8
89 1,43 1,5
90 1,95 2,2
91 3,62 4,3
92 1,99 2
93 2,33 2,5
94 2,33 2,6
95 2,42 2,4
96 5,52 4,9
97 5,54 5,2
98 3,64 3,2
99 2,38 2,3
100 3,18 3,5
101 2,61 2,8
102 4,06 4,5
103 1,7 1,8
104 2,25 2,3
105 1,23 1,3
106 2,02 2
107 1,81 1,8
108 2,46 2,5
109 2,44 2,2
110 1,84 1,9
111 2,48 2,6
112 2,54 2,5
113 2,23 2,5
114 2,54 2,7
115 3,67 4,2
116 1,33 1,3
117 3,41 3,9
118 1,74 1,6
119 1,7 1,6
120 1,91 1,7
121 1,18 1,3
122 1,26 1,5
72
123 1,13 1,2
124 2,67 2,8
125 1,64 1,7
126 1,3 1,4
127 2,02 2,3
128 3,18 3,2
129 1,62 1,7
130 4,38 3,7
131 4,72 4,5
132 2,12 2
133 2,02 1,8
134 2,86 2,5
135 1,18 1,3
136 1,72 1,8
137 3,36 3,5
138 1,93 2,3
139 1,24 1,4
140 3,3 3,1
141 3,36 3,1
142 2,38 2
143 1,88 1,8
144 1,62 1,7
145 1,17 1,3
146 3,67 4,1
147 3,07 3,1
148 2,83 3,1
149 2,54 2,5
150 4,69 4,8
151 2,48 2,5
152 3,41 4,3
153 2,99 2,8
154 2,56 2,5
155 1,51 1,6
156 3,01 3,3
157 2,77 2,6
158 3,71 3,4
159 2,56 2,5
160 2,04 2
161 1,03 1,1
73
Annexe 2 : Spécifications générales du CoaguChek XS pro
RESUME
Evaluation de la validité et de l’utilité d’un appareil d’automesure de l’INR
capillaire en institution gériatrique
Objectif : vérifier, chez le sujet très âgé polypathologique et vivant en institution, la validité
et l’utilité de l’INR capillaire. Méthode : étude monocentrique longitudinale visant à
comparer la corrélation des résultats obtenus, mesurés par un professionnel de santé avec ceux
du laboratoire d’hémostase chez des patients ayant un traitement par Antagoniste de la
Vitamine K. Résultats : 161 prélèvements ont été réalisés chez 53 patients âgés de 83 ans
(moyenne ± 8). La comparaison des deux valeurs (INR capillaire au moyen du CoaguChek®
XS PRO et le test au laboratoire) a montré une forte corrélation (r = 0.97). 64% des INR
capillaires correspondent aux INR veineux à ± 0.2 unité d’INR et 88% à ± 0.4 unité d’INR.
Une dispersion des résultats pour les INR supérieurs à 3 à été observée. 100% des excès
d’anticoagulation ont été détectés par l’INR capillaire. Conclusion : notre étude a montré la
validité de l’INR capillaire dans un cadre institutionnel. Les avantages de cette technique sont
sa facilité d’exécution, sa rapidité, sa détection précoce des anticoagulations excessives et son
caractère non invasif.
Mots clés : Antagoniste de la Vitamine K, INR capillaire, CoaguChekXS®, institution,
gériatrie