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UNIVERSITE PARIS XIII FACULTE DE MEDECINE DE BOBIGNY « Léonard de Vinci » ANNEE 2008 THESE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE (Diplôme d’état) Par Monsieur Mustapha YOUSSEF Né le 23 décembre 1978 à Villeneuve la Garenne _________________ Présentée et soutenue publiquement le 19 décembre 2008 _________________ EFFETS DE LA MANŒUVRE DE SELLICK SUR LA QUALITE DE L’INTUBATION TRACHEALE EN MEDECINE PREHOSPITALIERE ________________ Président de thèse: Professeur Gilles DHONNEUR, Directeur de thèse: Docteur Nicolas PICARD, Rapporteur de thèse: Professeur Christophe BAILLARD, Membres du jury: Professeur Frédéric ADNET, Docteur Xavier COMBES, Docteur Jean-Luc SEBBAH.

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UNIVERSITE PARIS XIII

FACULTE DE MEDECINE DE BOBIGNY « Léonard de Vinci »

ANNEE 2008 N°

THESE

POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE

(Diplôme d’état)

Par

Monsieur Mustapha YOUSSEF

Né le 23 décembre 1978 à Villeneuve la Garenne

_________________

Présentée et soutenue publiquement le 19 décembre 2008 _________________

EFFETS DE LA MANŒUVRE DE SELLICK

SUR LA QUALITE DE L’INTUBATION TRACHEALE EN MEDECINE PREHOSPITALIERE

________________

Président de thèse: Professeur Gilles DHONNEUR, Directeur de thèse: Docteur Nicolas PICARD, Rapporteur de thèse: Professeur Christophe BAILLARD, Membres du jury: Professeur Frédéric ADNET,

Docteur Xavier COMBES, Docteur Jean-Luc SEBBAH.

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A Monsieur le Professeur Agrégé Gilles DHONNEUR

Professeur Universitaire-Praticien Hospitalier Chef de service du Département d’Anesthésie et de Réanimation

Hôpital Jean Verdier

Pour m’avoir fait l’honneur d’accepter la présidence de cette thèse, Pour m’avoir confié ce travail, et pour m’avoir guidé dans son accomplissement.

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A Monsieur le Docteur Jean-Luc SEBBAH,

Praticien Hospitalier, Chef de service du SMUR de Gonesse,

Pour avoir accepté d’être membre du jury Pour son enseignement, sa disponibilité,

Et pour m’avoir fait partager son amour de la « médecine pour le malade ».

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A Monsieur le Docteur Nicolas PICARD,

Praticien Hospitalier, SMUR de l’hôpital de Gonesse,

Pour avoir accepté de diriger cette thèse, pour son amitié, sa confiance et sa patience.

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A Notre jury de Thèse

Que je remercie d’accepter et de juger ce travail.

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A mes parents

Pour toutes les valeurs humaines qu’ils m’ont transmis.

A ma sœur, mes frères,

A mes grands-parents.

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A tous mes collègues du SMUR de Gonesse

Médecins, étudiants, infirmiers, pompiers,

Que je remercie pour leur implication soutenue dans ce travail Mais également pour leur enseignement, Leur amitié et leur sens humain de la vie.

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ACR Arrêt cardio-respiratoire

ACS Activité cardiaque spontanée

BURP Back, up and right pressure

EVA Echelle visuelle analogique

ET Ecart type

FC Fréquence cardiaque

FR Fréquence respiratoire

cm Centimètre

c.min-1 Cycle par minute

cmH20 Centimètre d’eau

IC 95% Intervalle de confiance à 95 %

IDS Intubation Difficult Scale

IMC Index de masse corporel

IRM Imagerie par résonance magnétique

ISR Induction en séquence rapide

Kg Kilogramme

ml Millilitre

MLE Manipulation laryngée externe

mmHg Millimètre de mercure

N Newton

PAD Pression artérielle diastolique

PAM Pression artérielle moyenne

PAS Pression artérielle systolique

PC Pression cricoïdienne

POGO Pourcentage d’ouverture de l’orifice glottique

SMUR Service mobile d’urgence et de Réanimation

SNG Sonde naso-gastrique

SIO Sphincter inférieur de l’œsophage

SSO Sphincter supérieur de l’œsophage

TDM Tomodensitométrie

VAS Voies aériennes supérieures

UMH Unité Mobile Hospitalière

SCL Score de Cormack et Lehane

SpO2 Saturation pulsée en oxygène

ABREVIATIONS

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TABLE DES MATIERES

I. INTRODUCTION ........................................................................................ 1

II. INTUBATION ENDOTRACHEALE EN PREHOSPITALIER.................. 4

II.A GENERALITES.................................................................................................................4

II.B CONTRAINTES RENCONTREES .................................................................................4

??.C APPLICATION DES RECOMMANDATIONS DE L’INTUBATION TRACHEALE EN MEDECINE D’URGENCE EXTRAHOSPITALIERE.............5

III. INTUBATION ET PROTECTION DES VOIES AERIENNES................... 6

???.A RAPPELS ANATOMIQUES ..........................................................................................6

???.A.1 Anatomie laryngée ........................................................................................................6

???.A.2 Anatomie Oesophagienne ..........................................................................................12

???.B PHYSIOPATHOLOGIE DE LA PROTECTION DES VOIES AERIENNES ........14

???.B.1 Définitions ...................................................................................................................14

???.B.2 Les déterminants de l’inhalation .................................................................................14

???.B.2.1 Le contenu gastrique ..........................................................................................14

???.B.2.2 Le sphincter inférieur de l’œsophage ..................................................................14

???.B.2.3 L’oesophage ........................................................................................................15

???.B.2.4 Le sphincter supérieur de l’œsophage .................................................................15

???.B.2.5 Les réflexes laryngés ..........................................................................................15

???.C LA MANŒUVRE DE SELLICK .................................................................................18

???.C.1 Historique ....................................................................................................................18

???.C.2 Description originale ..................................................................................................18

???.C.3 Evolution de la pression cricoïdienne « de Sellick à nos jours » ................................19

???.C.3.1 Positionnement du patient ...................................................................................19

???.C.3.2 Manoeuvre de Sellick à une ou deux mains ........................................................20

???.C.3.3 Durée d’application.............................................................................................21

???.C.3.4 Pression d’application .........................................................................................21

???.C.3.5 Le joug cricoïdien................................................................................................22

???.C.3.6 Pratique et entraînement ......................................................................................23

???.C.3.7 Présence d’une sonde naso-gastrique .................................................................24

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???.C.4 Indications et contre- indications de la manoeuvre de Sellick ....................................25

III.C.5 Effets indésirables de la manoeuvre de Sellick ..........................................................25

???.D CONTROVERSES CONCERNANT LA MANŒUVRE DE SELLICK ..................26

???.D.1 Pression cricoïdienne et anatomie des voies aériennes supérieures...........................26

???.D.2 Pression cricoïdienne et protection des voies aériennes supérieures .........................27

???.D.2.1 L’effet protecteur de la pression cricoïdienne .....................................................27

???.D.2.2 L’inefficacité de la pression cricoïdienne ...........................................................27

???.D.2.3 Hypothèse physiopathologique de l’inefficacité de la pression cricoïdienne .....28

???.D.3 Pression cricoïdienne et diminution de la distension gastrique .................................28

???.D.4 Pression cricoïdienne et contrôle des voies aériennes supérieures ............................29

???.D.4.1 Pression cricoïdienne et ventilation au masque facial ........................................29

???.D.4.2 Pression cricoïdienne et vision laryngoscopique ................................................29

???.D.4.3 Pression cricoïdienne et mandrin long semi-rigide (type Eschmann) .................30

???.D.4.4 Pression cricoïdienne et masque laryngé ............................................................31

IV. BUT DE L’ETUDE..................................................................................... 32

V. MATERIELS ET METHODE ................................................................... 33

V.A MATERIELS ....................................................................................................................33

V.A.1 Conditions de réalisation de l’étude ............................................................................33

V.A.2 Matériels d’entraînement à la pression cricoïdienne...................................................33

V.A.3 Cahier de recueil de données.......................................................................................34

V.A.4 Ethique ........................................................................................................................34

V.B METHODE ......................................................................................................................35

V.B.1 Définition de la population étudiée .............................................................................35

V.B.1.1 Critères d’inclusion ..............................................................................................35

V.B.1.2 Critères d’exclusion..............................................................................................35

V.B.2 Définition des intervenants..........................................................................................35

V.B.3 Procédure d’intubation ................................................................................................36

V.B.4 Entraînement à la manœuvre de Sellick ......................................................................38

V.B.5 Définition des paramètres recueillis ............................................................................38

V.B.5.1 Donnés Démographiques .....................................................................................38

V.B.5.2 Indications de l’intubation trachéale ....................................................................38

V.B.5.3 Constantes vitales et environnement des patients ................................................39

V.B.5.4 Protocole de sédation............................................................................................39

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V.B.5.5 Complications de l’intubation trachéale ...............................................................39

V.B.5.6 Paramètres de l’intubation trachéale ....................................................................40

V.B.5.6.a Paramètres évalués : les scores de visualisation glottique ...........................40

V.B.5.6.b Paramètres mesurés .....................................................................................41

- Durée de l’intubation trachéale...................................................................................41

- Mesure par une échelle visuelle analogique de l’influence du relâchement de la pression cricoïdienne sur la qualité de la visualisation glottique ............................41

- Mesure de la difficulté d’intubation trachéale par une échelle visuelle analogique .42

V.B.5.6.c Paramètres calculés......................................................................................42

- La réalisation de la manœuvre de Sellick ...................................................................42

- Le Score IDS...............................................................................................................42

- Détails des paramètres du score IDS .........................................................................43

V.B.6 Conception de l’étude...................................................................................................44

V.B.6.1 Calcul du nombre de sujets nécessaires ...............................................................44

V.B.6.2 Statistiques............................................................................................................44

VI. RESULTATS.............................................................................................. 45

VI.A REPARTITION DE LA POPULATION ETUDIEE ..................................................45

VI.B DESCRIPTION DES POPULATIONS ETUDIEES ...................................................46

VI.B.1 Le Sexe ratio ...............................................................................................................46

VI.B.2 L’âge ...........................................................................................................................46

VI.B.3 L’index de masse corporelle .......................................................................................47

VI.C INDICATIONS DE L’INTUBATION TRACHEALE ...............................................48

VI.D CONSTANTES VITALES ET ENVIRONNEMENT DES PATIENTS ...................49

VI.D.1 Constantes vitales .......................................................................................................49

VI.D.2 Position des patients....................................................................................................49

VI.E PROTOCOLE DE SEDATION ....................................................................................50

VI.E.1 Score de Glasgow........................................................................................................50

VI.E.2 Posologies des hypnotiques et curares utilisés ............................................................50

VI.F COMPLICATIONS DE L’INTUBATION TRACHEALE PREHOSPITALIERE.51

VI.F.1 Contenu pharyngé lors de la première laryngoscopie ................................................51

VI.F.2 Effets indésirables........................................................................................................52

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VI.G PARAMETRES DE L’INTUBATION TRACHEALE ...............................................54

VI.G.1 Paramètres évalués.......................................................................................................54

VI.G.1.1 Le score de Cormack et Lehane (SCL)...............................................................54

VI.G.1.1.a Qualité de la visualisation selon la classification de Cormack et Lehane .54

VI.G.1.1.b Evolution des SCL après relâchement de la manoeuvre de Sellick...........54

VI.G.1.2 Le pourcentage de l’orifice glottique observable lors d’une laryngoscopie (Score POGO)..................................................................................................57

VI.G.1.2.a Qualité de la visualisation selon la classification POGO............................57

VI.G.1.2.b Evolution des Scores POGO après relâchement de la manoeuvre de Sellick.................................................................................................57

VI.G.1.2.c Valeur du pourcentage de l’ouverture de l’orifice glottique (score POGO) seuil associé à la levée de la manœuvre de Sellick .................................64

VI.G.2 Paramètres mesurés......................................................................................................65

VI.G.2.1 Durée de l’intubation trachéale ..........................................................................65

VI.G.2.1.a Durée d’intubation globale .........................................................................65

VI.G.2.1.b Durée de l’intubation et utilisation du mandrin de type Eschmann...........65

VI.G.2.2 Mesure par échelle visuelle analogique (EVA) de l’évolution..........................66

de la vision glottique ........................................................................................66

VI.G.2.3 Evaluation de la difficulté de l’intubation trachéale mesurée par échelle visuelle analogique ...........................................................................................66

VI.G.3 Paramètres calculés ......................................................................................................67

VI.G.3.1 Réalisation de la manœuvre de Sellick ..............................................................67

VI.G.3.2 Evaluation de la difficulté de l’intubation trachéale calculée par l’Intubation Difficulty Scale (IDS) ......................................................................................67

VI.G.3.3 Description des paramètres du score d’intubation difficile (IDS) .....................70

VI.G.3.3.a La force de laryngoscopie .........................................................................70

VI.G.3.3.b Nombre de tentatives ................................................................................72

VI.G.3.3.c Manipulations laryngées externes ............................................................73

VI.G.3.3.d Méthodes alternatives ...............................................................................73

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VII. DISCUSSION ............................................................................................ 75

VII.A LA NECESSITE DE LEVER LA MANŒUVRE DE SELLICK..............................75

VII.B LA LEVEE DE LA PRESSION CRICOIDIENNE AMELIORE L’EXPOSITION GLOTTIQUE ET FACILITE L’INTUBATION TRACHEALE ............................78

VII.C LA MANŒUVRE DE SELLICK ALLONGE LE DELAI DE SECURISATION

DES VOIES AERIENNES ...........................................................................................81

VII.D LE RELACHEMENT DE LA MANŒUVRE DE SELLICK N’ENTRAINE PAS DE REGURGITATION ...............................................................................................82

VII.E UN SEUIL QUANTITATIF DE VISION GLOTTIQUE JUSTIFIE DE

RELACHER LA MANŒUVRE DE SELLICK ........................................................85

VII.F LIMITES DE NOTRE TRAVAIL..............................................................................86

VII.F.1 Méthodologie ..............................................................................................................86

VII.F.2 Ecarts majeurs au protocole .......................................................................................86

VII.F.3 Ecarts mineurs à la procédure d’intubation difficile ..................................................87

VII.F.4 Mesure de la durée de sécurisation des VAS .............................................................88

VIII. CONCLUSION ........................................................................................ 89

IX. BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................... 90

X. RESUME.................................................................................................... 99

XI. ANNEXES................................................................................................. 100

XI.A ANNEXE 1 : RECOMMANDATIONS DE L’INTUBATION TRACHEALE SOUS ISR DE LA DIFFICULT AIRWAY SOCIETY ..........................................100

XI.B ANNEXE 2 : METHODE D’APPLICATION DE LA MANŒUVRE DE.................. SELLICK.....................................................................................................................103

XI.C ANNEXE 3 : CAHIER DE RECUEIL DE DONNEE.............................................103

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1

I. INTRODUCTION

L'intubation trachéale représente un geste thérapeutique fréquemment réalisé en médecine

préhospitalière [1, 2]. Contrairement à l’intubation trachéale pratiquée au bloc opératoire sous

anesthésie générale dans un environnement sécurisé, l' intubation trachéale en médecine d’urgence

représente un challenge pour le médecin urgentiste et un geste à haut risque pour les patients. En

effet, l'état clinique précaire des malades peut affecter la qualité de l’anesthésie. Les possibilités

d’évaluation du risque d'intubation difficile sont le plus souvent sommaires ce qui ne permet pas

d’anticiper une éventuelle difficulté [3, 4]. Enfin, un environnement hostile augmente

significativement la difficulté de réalisation du geste d’intubation [3]. Il semble que la difficulté du

contrôle des voies aériennes supérieures (VAS) soit multipliée par deux en médecine

préhospitalière. Il est démontré un taux d’intubation difficile plus élevé passant d’environ 5 % au

bloc opératoire à 10 % en médecine préhospitalière [2, 6, 7, 8].

Pour faciliter et sécuriser l’intubation trachéale ainsi que pour assurer le confort du patient,

l’induction en séquence rapide (ISR) est recommandée en médecine préhospitalière [9, 10]. L’ISR

consiste à plonger rapidement le patient dans un état d’anesthésie profonde. L’ISR est réalisée par

l’injection intraveineuse rapide et simultanée de deux agents anesthésiques, un hypnotique et un

curare, tous deux caractérisés par leur délai et durée d’action très courts. L’ISR permet de gommer

la réactivité du patient lors de l’intubation trachéale qui constitue un geste très agressif. L’ISR est

rapidement réversible, ce qui signifie que le réveil du patient et le retour d’une activité musculaire

surviennent dans les 5 à 10 minutes qui suivent l’injection initiale. La réversibilité de l’ISR permet

le retour rapide d’une activité des muscles ventilatoires, ce qui peut sauver le malade en cas de

difficulté de ventilation associée à une intubation impossible. Les agents hypnotiques utilisés lors

de l’ISR sont l’étomidate, le thiopental, le propofol et la kétamine. Le seul curare recommandé

pour l’ISR est la succinylcholine. Le geste d’intubation trachéale est débuté une minute après

l'injection du mélange hypnotique-curare sous couvert de la manoeuvre de Sellick. La manœuvre

de Sellick consiste à appliquer avec trois doigts une pression externe intense sur le chaton

cricoïdien de telle sorte que l’oesophage soit comprimé par l’anneau circonférentiel du cartilage

cricoïde sur le billot constitué par le corps des vertèbres cervicales [11]. La manoeuvre de Sellick,

appliquée avant la perte de connaissance puis intensifiée pendant la manœuvre d’intubation

trachéale, est censée protéger le pharynx contre l’éventuel reflux d’un contenu gastro-oesophagien.

Ce reflux liquidien, pouvant par la suite gêner la vision de la glotte et donc rendre l’intubation

trachéale plus difficile, risque de pénétrer dans les poumons pour réaliser une entité radio-clinique

appelée pneumopathie d’inhalation. Depuis sa description par B.Sellick en 1961, cette manœuvre

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2

s’est largement répandue dans les pratiques anesthésiques et selon de nombreux auteurs, elle reste

un élément sécuritaire indispensable pour l’intubation trachéale en médecine d’urgence [12, 13] où

les patients remplissent très rarement les critères très stricts du jeun préopératoire.

L’avènement de recommandations strictes pour la pratique de la médecine préhospitalière, a

permis une certaine homogénéisation des techniques de sédation pour l’intubation trachéale [9].

Une étude récente démontre que près de 100% des malades reçoivent une séquence d’injection

(hypnotique et curare d’action courte) appropriée [7]. Par contre, l’application de la manœuvre de

Sellick, elle aussi recommandée par les sociétés savantes d’Anesthésie-Réanimation ou de

Médecine d’Urgence [9, 10], est en réalité peu suivie en médecine préhospitalière lors de

l’intubation trachéale en situation d’urgence [14]. De plus, lorsqu’elle est effectuée, la qualité de la

manœuvre de Sellick semble aléatoire. En effet, nombreux sont les opérateurs, qui croyant

appliquer une manœuvre de Sellick réalisent finalement des manipulations laryngées qui diffèrent

de la manœuvre initialement décrite par Sellick.

Alors quelles sont les vraies raisons qui poussent les praticiens urgentistes à ne pas réaliser la

manœuvre de Sellick lors de l’intubation trachéale ? La première est certainement liée à la

difficulté de réaliser correctement la manœuvre de Sellick. Pour réaliser la manœuvre de Sellick

dans « les règles de l’art », il faut un apprentissage de la technique et un entraînement régulier à la

pratique de la pression cricoïdienne (PC) dont les caractéristiques (repérage du site d’appui,

intensité et direction de la force à appliquer) sont clairement définies [15-17]. Sans éducation

initiale et maintien de la compétence acquise, la PC n’est pas correctement réalisée [17]. La

seconde est probablement liée au fait que quelques travaux cliniques démontrent que la PC ne

permet pas de protéger à 100% contre le risque de régurgitation du contenu gastro-oesophagien

dans le pharynx [1, 18-20]. Enfin, la raison la plus importante est relative à la réputation colportée

par la PC qui pour rait altérer les conditions d’intubation trachéale et rendre le geste plus difficile

alors même que la manœuvre semble correctement réalisée [21-24]. Il est d’ailleurs fort probable

que toutes ces raisons participent au refus exprimé par certains praticiens à réaliser

systématiquement la manœuvre de Sellick lors de l’intubation trachéale en médecine d’urgence ou

en anesthésie-réanimation [25-27]. En effet, pourquoi réaliser une manœuvre complexe, dont

l’efficacité est discutée et qui de surcroît risque de rendre l’intubation trachéale plus difficile [28] ?

De nombreuses critiques ont été portées aux travaux de B.Sellick, notamment l’absence

d’études randomisées permettant d’affirmer l’efficacité protectrice de la PC contre l’inhalation

pulmonaire [25-28]. La manoeuvre de Sellick a été érigée en dogme par les sociétés savantes qui

se sont basées sur des études réalisées au bloc opératoire dans des situations de sérénité très

éloignées de celles l’ intubation trachéale en médecine préhospitalière. Dans la vraie vie de la

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3

médecine préhospitalière, la PC n’est pas simple à réaliser car la position du patient par rapport à

l’opérateur n’est pas idéale et les repères anatomiques classiques sont parfois difficiles à percevoir.

Le dogme est imposé sans démonstration de son efficacité et de son innocuité. Ces raisons ont

certainement poussé de nombreux praticiens à ne plus pratiquer la PC ou à l’abandonner très

rapidement en cas de difficultés d’intubation trachéale.

Les médecins urgentistes de notre service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) ont

des positions très contrastées sur l’intérêt de la manœuvre de Sellick. Un sondage réalisé lors d’un

staff médical démontre que 50% des praticiens ne réalisent plus la manœuvre de Sellick car ils

pensent que la PC, qu’ils estiment ne pas savoir faire correctement, altère les conditions

d’intubation trachéale ce qui a pour conséquences d’allonger la durée du geste et d’augmenter sa

difficulté.

Nous avons donc décidé d’entreprendre un programme d’éducation et d’entraînement à la PC

de tous les acteurs du SMUR impliqués dans la prise en charge de malades nécessitant une

intubation trachéale, puis d’évaluer les conséquences de la manœuvre de Sellick réalisée dans les

« règles de l’art » sur la qualité de l’intubation trachéale.

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4

II. INTUBATION ENDOTRACHEALE EN PREHOSPITALIER

II.A GENERALITES

L’intubation trachéale fait partie de l’arsenal thérapeutique indispensable en réanimation

préhospitalière [29, 30]. Son indication est portée dans de nombreuses circonstances: arrêt cardio-

respiratoire (ACR), détresse respiratoire, circulatoire, neurologique et dans le cadre de protection

des voies aériennes chez le patient à risque d’inhalation bronchique. L’efficacité de l’intubation

trachéale réalisée en phase préhospitalière est attestée dans certaines pathologies traceuses : études

de morbi-mortalité des polytraumatisés et traumatisés crâniens graves [31]. Dans une pratique en

anesthésie réglée, les risques liés au geste sont quantifiés [32, 33]. Le taux de complications de

l’intubation trachéale en médecine d’urgence est supérieur à celui retrouvé au bloc opératoire [1, 8,

18, 30, 34, 35]. Il est expliqué par les différentes contraintes de la pratique extra-hospitalière.

II.B CONTRAINTES RENCONTREES

Toute intubation trachéale en préhospitalier doit être considérée comme difficile :

L’intubation trachéale en situation d’urgence préhospitalière est un geste réalisé dans près de

11 % des interventions [1, 2]. Cette fréquence est similaire en réanimation mais très inférieure à la

pratique en anesthésie. L’ACR est le motif justifiant 34 à 44 % des intubations trachéales réalisées

en médecine préhospitalière [1, 7].

L’intubation trachéale est réalisée dans un contexte d’urgence, en milieu hostile, chez des

patients en grande précarité clinique et dont l’évaluation des facteurs de difficultés d’intubation se

révèle souvent impossible [3, 4, 5, 36].

L’intubation trachéale en préhospitalier doit être considérée comme étant réalisée chez un

patient ayant un «estomac plein». Les techniques utilisées pour l’intubation doivent minimiser le

risque d’inhalation bronchique dont l'incidence varie entre 2 et 15 % en milieu préhospitalier [1,

34, 35]. Son incidence est estimée à 1 pour 2000 à 3000 intubations au bloc opératoire [37]. La

durée, le nombre de tentatives et la difficulté de l’intubation trachéale sont cités comme étant les

principaux déterminants de la survenue de l’inhalation bronchique [38, 39].

Le geste d’intubation trachéale sous ISR est la règle de bonne pratique dans ce contexte [9,

10]. Plusieurs travaux français retrouvent un meilleur taux de succès d’intubations réalisées avec

une plus grande facilité, lorsque la séquence d’induction comprend le suxaméthonium (curare de

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délai d’action très rapide) [1, 7, 34, 40]. L’étude de Cantineau et al. a par ailleurs montré, que les

conditions d’intubation avec une induction utilisant le suxaméthonium, étaient comparables à celle

des patients en ACR, lors de 224 intubations réalisées en préhospitalier [1]. Grâce à sa curarisation

profonde et courte, l’ISR facilite l’intubation trachéale en la rendant le moins opérateur dépendant

possible. De ce fait, l’ISR minimise l’activité réflexe des voies aériennes supérieures, les épisodes

d’hypoxie et les modifications hémodynamiques ou de la pression intracrânienne.

Des techniques alternatives à la laryngoscopie standard, utilisables en cas de difficultés

d’intubation trachéale, doivent être envisagées systématiquement avant chaque induction en

séquence rapide. L’application d’algorithmes décisionnels, propre à chaque unité de soins, comme

le recommande les sociétés savantes, optimise le contrôle des VAS lors de l’intubation trachéale

préhospitalière [9,10].

??.C APPLICATION DES RECOMMANDATIONS DE L’INTUBATION

TRACHEALE EN MEDECINE D’URGENCE EXTRAHOSPITALIERE

En Françe, des taux croissants d'utilisation de l'ISR en situation extra-hospitalière sont

expliqués par l’application des recommandations de 1999 [9, 41]. Partant de taux de 47 à 82 %, au

début des années 2000 [14], un travail récent retrouve un taux d'ISR utilisé de 96 % sur un total de

802 patients [7]. Ce dernier article relate qu'au sein de leur SMUR, la procédure pharmacologique

de l'intubation trachéale a été standardisée afin de contrôler au mieux la qualité de la sédation. La

manoeuvre de Sellick qui fait partie intégrante de toute ISR a été réalisée à chaque intubation

trachéale. Elle a cependant été dénaturée dans 107 cas d'intubation de patients présentant des

traumatismes du rachis cervical sur les 170 rapportés. Il n’est, de plus, pas précisé d’uniformisation

de l'entraînement de la pression cricoïdienne. Deux études antérieures retrouvent un taux

d'utilisation de la manœuvre de Sellick dans 69 à 75 % des cas en préhospitalier [1,14].

Le recours à la pression cricoïdienne est beaucoup plus fréquent dans les milieux

anesthésiques anglo-saxons. Cependant, des évaluations des pratiques professionnelles retrouvent

une grande méconnaissance théorique et pratique de la PC pouvant conduire à des difficultés de

ventilation ou de contrôle des voies aériennes [17, 31, 32].

L’innocuité de la manœuvre de Sellick dans le contrôle des VAS est discutée depuis de

nombreuses années et son application systématique est désormais de plus en plus controversée en

anesthésie ou aux urgences [19, 24, 25, 26, 28].

Dans notre pratique quotidienne en médecine d’urgence, nous constatons une large

méconnaissance voire même un abandon de cette technique.

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III. INTUBATION ET PROTECTION DES VOIES AERIENNES

???.A RAPPELS ANATOMIQUES

???.A.1 Anatomie laryngée [38, 44]

Organe de la phonation, de la protection du poumon profond, le larynx est un conduit

cylindrique interposé entre le pharynx en arrière dans lequel il s'ouvre, la trachée en bas qui le

prolonge et la base de la langue en haut qui le surplombe (Figure 1, 2, 3). Il s’étend de la quatrième

à la sixième vertèbre cervicale.

Os hyoïde

Incisure thyroïdienne

Proéminence thyroïdienne

Ligament crico-thyroïdien

Arc du cricoïde

Figure 1. Coupe sagittale médiale des voies aériennes supérieures

Figure 2. Représentation schématique des voies

aériennes supérieures

Figure 3. Repères anatomiques

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Le squelette du larynx, composé d’éléments cartilagineux articulés entre eux, se situe entre

l’os hyoïde au-dessus et la trachée au-dessous (Figure 4). Les cartilages du larynx peuvent être

classés en:

-Cartilages de soutien : les cartilages cricoïde, thyroïde et épiglottique servent à maintenir

ouverte la filière laryngée, condition indispensable au passage de l'air inspiré et expiré. Ils

jouent un rôle essentiel dans la respiration.

-Cartilages mobiles : les cartilages aryténoïdes jouent un rôle capital dans la phonation mais

aussi dans la déglutition.

Le cartilage cricoïde localisé en regard de C6 est le cartilage laryngé le plus bas situé. Il a la

forme d'une bague chevalière constituée d'un arc antérieur peu élevé et d'une lame postérieure

quatre fois plus haute (Figure 5). Son orifice circulaire inférieur est horizontal tandis que son

orifice supérieur est ovalaire et regarde en avant et en haut. L’articulation crico-thyroïdienne unit

la corne inférieure du cartilage thyroïde à la face latérale du cartilage cricoïde. Les articulations

crico-thyroïdiennes sont des articulations synoviales maintenues en contact par des ligaments. Le

Figure 4. Anatomie laryngée (1)

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cartilage thyroïde peut effectuer des mouvements de rotation autour d'un axe transversal passant

par les deux articulations crico-thyroïdiennes, permettant une bascule plus ou moins importante du

cartilage thyroïde vers l'avant. Une telle bascule permet de mettre en tension les ligaments vocaux

par le muscle crico-thyroïdien. Les articulations crico-aryténoïdiennes, situées sur le bord

supérieur de la lame cricoïdienne, unissent la base du cartilage aryténoïde au bord supérieur du

cartilage cricoïde. Le rôle du cartilage cricoïde est essentiel dans la charpente du larynx en

supportant l’ensemble de la structure laryngée et il lui assure son calibre. En effet, étant le seul

cartilage circulaire du larynx, il a pour fonction de maintenir ouverte en permanence la filière

laryngée.

Le cartilage thyroïde a une forme de bouclier constitué d'un dièdre ouvert vers l'arrière avec

un angle de 90° chez l'homme, de 120° chez la femme. Ce dièdre est constitué de deux lames

quadrilatères, droite et gauche, réunies par un bord antérieur, plus ou moins saillant selon le sexe,

dénommé proéminence laryngée. Le bord supérieur du cartilage thyroïde est marqué par l'incisure

thyroïdienne supérieure que l'on palpe aisément. Le bord postérieur de chaque lame est vertical. Il

est prolongé par la corne supérieure en haut et la corne inférieure en bas. L'extrémité de la corne

inférieure s'articule avec le cartilage cricoïde.

Cartilages cunéiformes

Cartilages corniculés

Épiglotte

Cartilage thyroïde

Cartilages aryténoïdes

Cartilage cricoïde

Figure 5. Anatomie laryngée (2)

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Le cartilage épiglottique ou épiglotte est une lamelle de cartilage souple et mince, ayant la

forme d'une feuille et de son pétiole. Son extrémité inférieure, formant le pétiole, est rattachée par

le ligament thyro-épiglottique à l'angle rentrant du cartilage thyroïde, à la jonction tiers supérieur -

tiers moyen du dièdre thyroïdien. Le cartilage est oblique en haut et en arrière. Le bord supérieur

du cartilage est libre (Figure 5). Le cartilage épiglottique passe en arrière du corps de l'os hyoïde

auquel il est rattaché par le ligament hyo-épiglottique. La face postérieure du cartilage épiglottique

regarde le vestibule du larynx. Elle est tapissée de muqueuse laryngée. La face antérieure présente

deux parties. Son tiers supérieur, supra-hyoïdien, appartient à l'oropharynx et forme le versant

postérieur de la vallécule épiglottique. Ses deux tiers inférieurs, infra-hyoïdiens, sont en rapport

avec du tissu cellulo-graisseux contenu dans l'espace hyo-thyro-épiglottique.

Les cartilages aryténoïdes sont les seuls cartilages mobiles du larynx. Ils ont la forme de

pyramides triangulaires de quinze millimètres de haut, posées sur le bord postérieur du cartilage

cricoïde (Figures 4, 5). Ils se prolongent par un processus antérieur dénommé processus vocal et un

processus postéro- latéral dénommé processus musculaire. Au-dessus du cartilage aryténoïde se

trouvent des cartilages inconstants et accessoires dont le minuscule cartilage corniculé.

Les articulations crico-aryténoïdiennes sont des articulations trochoïdes, c'est-à-dire des

articulations synoviales dont les surfaces articulaires ont une forme de cylindre. La capsule

articulaire est mince et lâche, renforcée en arrière et en dedans par le ligament crico-aryténoïdien.

Cette surface articulaire joue un rôle fondamental dans la physiologie de la phonation grâce à des

mouvements complexes combinant bascule et glissement, et permettant les mouvements des plis

vocaux.

La membrane thyro-hyoïdienne est une lame fibro-élastique solide tendue du bord supérieur

du cartilage thyroïde au bord inférieur du corps et des grandes cornes de l'os hyoïde. Elle se

prolonge sur le bord postérieur du corps de l'os hyoïde (Figure 4). Cette membrane est renforcée

par un épaississement médian, le ligament thyro-hyoïdien médian, et par les ligaments thyro-

hyoïdiens latéraux correspondant à des épaississements latéraux tendus du sommet de la grande

corne de l'os hyoïde au sommet de la corne supérieure du cartilage thyroïde. En arrière de la

membrane thyro-hyoïdienne se situe l'espace hyo-thyro-épiglottique.

Muscles, ligaments, tissu conjonctif, membranes et muqueuses tapissent ce solide conduit

vertical cartilagineux qu’est le larynx et lui donne sa forme définitive en le divisant par des replis

membraneux. Trois étages sont ainsi délimités et constituent des repères anatomiques importants

pour la laryngoscopie.

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• L'étage sus-glottique est la partie du larynx située au-dessus du plan des plis vocaux. Il

comporte deux parties dénommées le vestibule laryngé en haut et le ventricule du larynx en bas.

Le vestibule du larynx dont la forme ressemble à un entonnoir est formé en avant par la face

laryngée de l’épiglotte, latéralement par la face médiale des plis ary-épiglottiques et la face

supérieure des plis vestibulaires. En arrière, le vestibule comporte les deux cartilages

aryténoïdiens reliés entre eux par l’incisure inter aryténoïdienne (Figure 6, 7).

Les plis vestibulaires également nommés fausses cordes vocales sont tendus entre le tiers

moyen de l’angle rentrant du cartilage thyroïde et les cartilages aryténoïdes.

Le ventricule du larynx est une profonde dépression comprise entre le pli vestibulaire en haut et

le pli vocal en bas. En dehors, le fond du ventricule répond au muscle thyro-aryténoïdien moyen

et se situe très près du périchondre de la face postérieure du cartilage thyroïdien.

Face médiale de l’épiglotte

Pli ary-épiglottiques

Incisure inter aryténoïdienne

Vallécules ( en avant de l’épiglotte )

Arc palatopharyngien

Récessus piriforme

Ouverture laryngée

Oesophage

Figure 6. Anatomie laryngée (3)

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• L'étage glottique définit l'espace des cordes vocales. En avant, les deux plis vocaux sont

contigus et leur union forme la commissure antérieure. La commissure postérieure est la région

située entre les deux processus vocaux et correspond au bord supérieur du muscle aryténoïdien

transverse. L'aspect endoscopique des plis vocaux est celui de deux rubans blancs nacrés

parcourus par de très fines stries vasculaires longitudinales (Figure 8).

Base de l a l angue

É piglot te

Repl i vest ibulaire

Repl i vocal

R e p l i a r y-épiglott ique

Cart i lage cun éi forme

Cart i lage corniculé

Fente g lot t ique

Figure 7. Anatomie laryngée (3)

Figure 8. Orifice glottique

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• L'étage sous-glottique correspond à l’espace délimité par les cordes vocales et le bord inférieur

du cartilage cricoïde. Il a la forme d'un cône à base inférieure qui se prolonge par la trachée

cervicale.

???.A.2 Anatomie Oesophagienne [44, 45]

L'oesophage est un conduit d'environ 25 cm permettant la traversée des aliments à travers le

thorax, du pharynx à l'estomac. Il descend en avant de la colonne vertébrale, traverse

successivement la partie inférieure du cou, le thorax, le diaphragme, pénètre dans l'abdomen et

s'ouvre dans l'estomac par le cardia. Dans le thorax, l’œsophage occupe le médiastin postérieur. Il

s'étend postérieurement de la sixième vertèbre cervicale jusqu'à environ 2 cm de l'orifice

diaphragmatique (dixième vertèbre dorsale). L’œsophage est un conduit musculeux fermé à ses

deux extrémités par les sphincters supérieur et inférieur.

Le sphincter supérieur de l’œsophage (SSO) est situé entre le pharynx et l'œsophage. Situé à

15 cm environ de l'arcade dentaire inférieure, le SSO se trouve en regard du corps des sixième et

septième vertèbres cervicales et s’étend sur une hauteur de 3 à 5 cm de hauteur. Il s’agit d’un

sphincter musculaire strié principalement constitué par le muscle crico-pharyngien. Ce muscle

entoure la partie supérieure de l’œsophage en s'insérant sur les bords latéraux du cartilage cricoïde.

En haut, le muscle crico-pharyngien est bordé par les fibres obliques du muscle constricteur

pharyngé inférieur, alors qu'en bas, il se mélange aux fibres musculaires longitudinales et

circulaires de l’œsophage. La fonction sphinctérienne est principalement assurée par le muscle

crico-pharyngien (Figure 9).

Le sphincter inférieur de l’oesophage (SIO) est une zone mixte oesophagienne et gastrique

mesurant environ 4 cm de long (Figure 10). Le SIO est composé de trois éléments musculaires

permettant d’assurer son rôle de barrière anti-reflux [46]. La portion oesophagienne du SIO

comporte un « sphincter intrinsèque » constitué d’une musculature lisse plus épaisse que celle de

l’oesophage. Un sphincter extrinsèque d’origine squelettique formé par la portion crurale du

diaphragme encercle cette portion intrinsèque et agit comme une pince sur l’œsophage. Le dernier

élément musculaire appartient à la paroi gastrique (fibres obliques ou en écharpe) jouant un rôle de

valve à clapet.

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1. Muscle constricteur moyen du pharynx

2. Epiglotte 3. Muscle constricteur inférieur du

pharynx 4. Cartilage cunéiforme 5. Cartilage corniculé 6. Muscle aryténoïde transverse et

oblique 7. Muscle cricoaryténoidien 8. Muscle cricopharyngien 9. Muscle longitudinal externe de

l’œsophage 10. Repli pharyngo-épiglottique 11. Repli ary-épiglottique 12. Corne supérieur du cartilage

thyroïde 13. Bord postérieur de la lame

thyroïdienne 14. Insertion cricoïdienne du muscle

longitudinal de l’œsophage 15. Muscle circulaire interne de

l’œsophage

1

2

3

4

5

6

7

8

9

1 0

1 1

1 2

8

1 3

1 4

1 5

Muscle circulaire

Muscle longitudinal

Fibres en écharpe

Jonction squamocylindrique

Estomac

Portion costale

Portion crurale

Externe Interne

Sphincter

oesophagien inférieur

Ligament

phréno-oesophagien

Diaphragme

Figure 9. Le sphincter supérieur de l’œsophage [45]

Figure 10. Le sphincter inférieur de l’oesophage [46]

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???.B PHYSIOPATHOLOGIE DE LA PROTECTION DES VOIES AERIENNES

Les moyens de protection de l'arbre trachéo-bronchique sont complexes. Ils impliquent le

système respiratoire et digestif qui sont sous la régulation des centres nerveux centraux mais

également médullaires. En présence de troubles de la conscience ou consécutivement à l’induction

d’une anesthésie générale, ces mécanismes protecteurs sont déprimés de sorte que les voies

aériennes supérieures sont particulièrement vulnérables vis-à-vis des régurgitations et des

vomissements [47].

???.B.1 Définitions [37]

- Reflux simple : passage du contenu gastrique dans l’œsophage.

- Régurgitation : mouvement passif du contenu gastrique dans l’oropharynx.

- Vomissement : passage du contenu gastrique dans l’oropharynx associé à un péristaltisme

oesophagien rétrograde et une contraction des muscles abdominaux.

- Inhalation : passage de matières dans l'arbre trachéo-bronchique du fait d'une régurgitation

passive ou d'un vomissement actif du contenu gastrique chez des patients ayant des réflexes

laryngés insuffisamment protecteurs.

???.B.2 Les déterminants de l’inhalation

???.B.2.1 Le contenu gastrique [48]

Par extrapolation des premières études sur les singes rhésus sur l’administration directe de

liquide dans les poumons, il est communément tenu que les malades sont à risque de pneumopathie

d'inhalation si un volume gastrique minimum de 0.4 ml/kg est présent. Le volume gastrique peut se

trouver majoré consécutivement à une diminution de la vidange gastrique ou par une

hypersécrétion de liquide gastrique. Ses deux phénomènes sont considérés comme présents chez

les patients pris en charge dans un contexte d’urgence avec comme principaux déterminants la

douleur et le stress. L’obésité et la gastroparésie du diabétique sont des facteurs de risque de

régurgitation discutés liés à un ralentissement de la vidange gastrique [37].

???.B.2.2 Le sphincter inférieur de l’œsophage

Le sphincter inférieur de l’œsophage comporte une structure musculaire mixte lisse et striée.

C’est une zone de haute pression s’étendant sur les 3-4 derniers centimètres de l’œsophage. Il est le

principal rempart contre la remontée des sécrétions gastriques, et donc, protège la muqueuse

oesophagienne. Physiologiquement, à l’état basal, ce sphincter est constamment contracté et il y

règne une pression de l’ordre de 15 à 35 mmHg [46]. Ce n’est qu’au cours de la phase

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oesophagienne de la déglutition, lorsqu’une onde péristaltique parcourt l’oesophage que le

sphincter se relâche. Le reflux survient lorsque la pression intra-gastrique devient supérieure à la

pression du sphincter inférieur de l'oesophage permettant ainsi la formation d'une cavité commune

entre l'estomac et le pharynx. La pression intra-gastrique est normalement de l’ordre de 5 mmHg

(1 à 11) et des valeurs légèrement plus élevées 11 mmHg (4-19) sont observées chez les femmes

enceintes [49]. La pression intra-gastrique maximale chez un patient à jeun et en position allongée

est de l’ordre de 25 mm Hg et augmente jusqu’à 35 mmHg lorsqu’il existe une distension gastrique

[50].

Les fasciculations générées par la Succinylcholine entraînent une majoration de la pression

intra-gastrique jusqu'à 35 mmHg mais augmente également le tonus du SIO permettant une

relative protection contre l’inhalation [37, 48, 51].

???.B.2.3 L’oesophage Dans les conditions physiologiques, la survenue d’un reflux d’origine gastrique entraîne une

mise en action réflexe du péristaltisme du muscle lisse de œsophage aboutissant à la vidange du

contenu oesophagien. L’anesthésie générale facilite la remontée des reflux vers l’hypopharynx en

inhibant ce réflexe de clairance oesophagienne [50].

???.B.2.4 Le sphincter supérieur de l’œsophage

Le sphincter supérieur de l’oesophage joue un rôle déterminant dans la protection contre les

régurgitations. La pression de ce sphincter augmente progressivement durant l'inspiration, évitant

ainsi l’entrée de l'air dans l'oesophage et les régurgitations du contenu gastrique dans le pharynx

chez le patient éveillé [52]. Au repos la pression basale du SSO est de l’ordre de 40 mmHg, se

majorant lors d’un état de stress et diminuant aux alentours de 8 mmHg lors d’un sommeil

profond. Des pressions du SSO inférieures à 25 mmHg autorisent des régurgitations passives chez

des personnes conscientes et allongées. Une sédation par du midazolam ou une anesthésie par du

thiopenthal associée à un curare sont toutes deux responsables d’une diminution du tonus SSO de

40 à 10 mmHg et pourrait favoriser la survenue de régurgitations passives. A la suite de l'injection

de thiopenthal, la relaxation du SSO débute avant la perte de connaissance [53].

???.B.2.5 Les réflexes laryngés [47]

Différents réflexes laryngés protègent les voies aériennes supérieures de l’inhalation. Le

réflexe de déglutition est le réflexe de protection du poumon profond le plus complexe, déclenché

par la stimulation des récepteurs pharyngés. Il met en jeu une séquence de programmation très

précise des muscles de la face, du pharynx, du larynx (fermeture laryngée réflexe), de l'œsophage

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(strié et lisse) ainsi que des muscles de la pompe respiratoire. L'étanchéité de la glotte est assurée

par l'adduction des cordes vocales, à laquelle se rajoute la fermeture des fausses cordes, la

couverture par les replis ary-épiglottiques jointifs et la bascule épiglottique. Il est démontré un

couplage temporel très fin entre la déglutition et la respiration. La déglutition réflexe survient le

plus souvent pendant l'expiration. Pendant la déglutition réflexe, l'activité inspiratoire cesse. Une

expiration fait suite à une déglutition réflexe.

Le réflexe d’apnée peut être déclenché à tous les niveaux des VAS mais le larynx constitue

une des zones les plus sensibles avec le naso-pharynx. Ce réflexe est caractérisé par un arrêt

respiratoire avec hypertonie des muscles expiratoires et une inhibition des muscles inspiratoires.

Le réflexe d’apnée est plus résistant à l’approfondissement de l’anesthésie que les réflexes

d’éternuement et de toux.

Le réflexe de fermeture laryngée fait partie intégrante des réflexes de déglutition et de toux.

Néanmoins, lorsque la stimulation de la muqueuse laryngée est insuffisante (ou déprimée) pour

initier un réflexe de toux ou une apnée, une fermeture laryngée est parfois déclenchée. Elle

consiste en une hypertonie brutale des muscles thyro-arythénoïdiens. L'expression clinique de ce

réflexe est celle du laryngospasme.

Le réflexe de toux est un effort expiratoire brutal précédé par une brève période d'inspiration.

Le larynx et la trachée sont des zones de stimulation privilégiées. Un grand nombre de muscles

respiratoires pariétaux thoraciques et des VAS sont impliqués dans la mise en jeu de ce réflexe.

Après stimulation laryngée, le volume d'air intrathoracique augmente par activation du diaphragme

et des muscles intercostaux. Lorsque la capacité pulmonaire totale est atteinte, une expiration

active à glotte fermée (réflexe de fermeture laryngée) est déclenchée. La pression mesurée dans la

région sous-glottique monte brutalement, parfois au-dessus de 100 cmH2O. L'ouverture brutale de

la glotte associée à la prolongation de l'expiration active, entraîne la propagation d'une onde de

pression qui permet l'expulsion des contenus trachéal et laryngé. La fermeture du larynx fait partie

intégrante du réflexe de toux, mais elle n'est pas toujours une condition nécessaire au

déclenchement d'un réflexe de toux.

L'expiration réflexe entraîne une expiration brève brutale (non précédée d'une inspiration)

déclenchée par une stimulation mécanique ou chimique des cordes vocales.

L'anesthésie générale déprime, de manière proportionnelle à la dose, la majorité des réflexes

de protection des VAS. Néanmoins, ces derniers n'ont pas tous la même sensibilité aux effets des

agents de l'anesthésie générale. Parmi les réflexes de protection résistants, celui de toux est

déprimé par l'approfondissement de l'anesthésie plus rapidement que ceux d'apnée ou d'expiration.

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À l'opposé, certains sont très sensibles à l'altération du niveau de conscience. La déglutition réflexe

est altérée lors de la sédation et pendant le sommeil. Les réponses neurovégétatives, adrénergiques

et respiratoires (apnée, laryngospasme) peuvent être intactes voire exagérées, alors que les réflexes

d'amont, plus sensibles, sont abolis. Le laryngospasme est une illustration typique du caractère

exagéré de la réponse à une stimulation minime du larynx. L'absence de déglutition réflexe,

observée sous sédation légère, expose le larynx à une stimulation par des sécrétions ou

régurgitations. Le réflexe de fermeture laryngée est alors brutal, intense et prolongé, c'est le

laryngospasme. La profondeur de l'anesthésie est donc susceptible d'influencer la qualité de la

réponse réflexe des VAS. Sous anesthésie générale, un patient non intubé est exposé à l'inhalation

d'un éventuel contenu gastrique régurgité.

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???.C LA MANŒUVRE DE SELLICK

???.C.1 Historique

La première description de la pression cricoïdienne revient à Monroe qui en 1770 l’utilisa

comme moyen pour prévenir la distension gastrique pendant la ventilation des personnes "noyées

et apparemment mortes" [54]. Une lettre de Dr W.Cullen datée de 1774 citait une manoeuvre

effectuée sur le cartilage cricoïde plutôt que sur l’ensemble du larynx pour une compression

adéquate de l’œsophage contre les vertèbres cervicales.

En 1946, Mendleson rend compte de 46 cas d’inhalation pulmonaire sur 44016 parturientes

qui ont eu une anesthésie inhalatoire administrée par le masque facial pour le travail obstétrical et

la délivrance [44]. Dans la continuité de ce travail, les enquêtes concernant la mortalité maternelle

au Royaume-uni au cours des années 50 et 60 identifièrent ce problème de santé publique, la

principale cause de morbidité et de mortalité maternelle étant l’inhalation pulmonaire [25]. Dans

ce contexte et à la suite des travaux de B. Sellick communiqués en 1961, la pression cricoïdienne

réapparaît comme un moyen de prévenir les conséquences des régurgitations ou des vomissements

survenant pendant l' induction anesthésique. Sellick suggéra également que l’utilisation de la

pression cricoïdienne préviendrait la distension gastrique durant la ventilation au masque facial

[11]. Ruben et al., au cours de la même année, ont décrit que l'application d'une force sur la face

antérieure du cartilage cricoïde permettait d’empêcher la distension gastrique lors de la ventilation

au masque facial [56]. Quelques années après la publication de B.Sellick, la pression cricoïdienne,

largement diffusée dans les pratiques anesthésiques, a été incorporée de manière empirique dans

une nouvelle technique anesthésique : « l'induction en séquence rapide » destinée aux patients dits

à estomac plein [57]. Un demi-siècle plus tard, cette manœuvre cricoïdienne dite de Sellick est

considérée comme un élément majeur de la protection contre l’inhalation pulmonaire au cours de

l’intubation trachéale réalisée en urgence bien qu’aucune étude randomisée prospective n’ait pu en

démontrer ses réels bénéfices [25, 28]. Son application est controversée depuis une décennie [13,

15, 16, 24].

???.C.2 Description originale [11]

Les observations de Sellick sur l’efficacité de la pression cricoïdienne pour le contrôle des

régurgitations en anesthésie sont basées sur des expérimentations réalisées sur un cadavre et

quelques patients dits à hauts risques de régurgitations. Ces travaux ont fait l’objet d’une simple

communication préliminaire. Depuis la description de la manœuvre en 1961, aucune étude

randomisée n’a été réalisée permettant de conforter la théorie de protection des voies aériennes par

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la pression cricoïdienne au cours de l’intubation trachéale [28]. La manœuvre décrite se base sur

les rapports de contiguïté de l’anneau cricoïdien, de la lumière œsophagienne, et du mur vertébral

en regard de la cinquième et sixième vertèbre cervicale. Ainsi, Sellick a rapporté qu’une

compression ferme du cartilage cricoïde contre les corps des vertèbres cervicales réalise une

occlusion oesophagienne. Elle est sensée empêcher la survenue d’inhalation pulmonaire sans

obstruction des voies aériennes. Cette manœuvre permettrait une ventilation au masque sans risque

de distension gastrique et faciliterait l’intubation trachéale par le déplacement du larynx en arrière

(Figure 11, 12).

Comme le préconise B.Sellick, la PC doit être exercée par les 3 premiers doigts de la main

dominante d’un opérateur, qui n’est pas celui qui intube le malade. Le positionnement des doigts

débute par le repérage du cartilage cricoïde situé sous le cartilage thyroïde (Figure 11). Le pouce et

le majeur placés sur les faces latérales du cartilage cricoïde empêchent les mouvements de

latéralité ce dernier. L’index positionné au milieu de l'anneau exerce une force perpendiculaire à

l’axe du rachis cervical [11, 15].

???.C.3 Evolution de la pression cricoïdienne « de Sellick à nos jours »

???.C.3.1 Positionnement du patient

Le positionnement optimal pour l’intubation trachéale et la ventilation a considérablement

évolué depuis 1961 [11]. Le rapport original de Sellick contient une photographie montrant une

extension atlanto-occipitale avec la tête abaissée par rapport à la poitrine (Figure12). Ainsi, le

patient est placé en décubitus dorsal avec la tête légèrement inclinée vers le bas. La tête et la nuque

sont en extension complète. Selon Sellick, cette position a pour but d’augmenter la convexité

antérieure du rachis cervical, d’allonger l’œsophage et de prévenir le déplacement latéralisé de

Figure 11. Représentation schématique de la manœuvre de Sellick

Figure 12. Image radiologique de l’occlusion oesophagienne par la pression cricoïdienne [11]

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l’œsophage lorsque la PC est appliquée. Cependant, ce positionnement, décrit comme responsable

d'une altération de la vision laryngoscopique, a été abandonné [15, 26]. La position optimale et

recommandée pour une laryngoscopie directe avec une lame de Macintosh nécessite une extension

de l’articulation atlanto-occipitale [58, 59]. Cette position peut être réalisée par une simple

extension de la tête contre une surface plane. Une utilisation systématique et de première intention

d’un coussin sous la nuque pour rechercher une flexion du cou (« Sniffing position ») ne semble

pas justifiée à l’exception des patients obèses ou atteints d’une limitation de l’amplitude des

mouvements du rachis cervical et probablement en cas d’antécédents de radiothérapie cervicale.

Malgré l'optimisation de la position de la tête pour améliorer la laryngoscopie, une

application incorrecte de la pression cricoïdienne avec une force augmentée pourrait mener à plus

de flexion de la nuque au niveau de l'articulation atlanto-occipitale rendant l'intubation trachéale

plus difficile.

En cas de suspicion de fracture du rachis cervical, il est conseillé de maintenir manuellement

le rachis supposé instable. Il faut relever la partie antérieure du collier cervical et maintenir l’axe

rachidien «tête-cou-tronc » [60]. La réalisation de la PC reste discutée en cas de traumatisme

cervical [61-64].

???.C.3.2 Manoeuvre de Sellick à une ou deux mains

La pression cricoïdienne comme décrite initialement par Sellick est effectuée à une seule

main avec une pression antéro-postérieure appliquée par l'index sur le cartilage cricoïde. Certains

auteurs conseillent de placer la deuxième main de façon à exercer une contre-pression sur le rachis

cervical [50]. Cette PC dite « bimanuelle » permettrait de prévenir une flexion de la tête et de

provoquer une intubation trachéale difficile. Des études comparant les deux méthodes ont montré

que la technique à deux mains maintenait les mêmes conditions d'intubation trachéale et qu’il n'y

avait aucun avantage clair d'une méthode sur l'autre [66, 67]. Par conséquent aucune technique

particulière ne peut être recommandée plus qu’une autre pour la réalisation d’une pression

cricoïdienne idéale.

D’autres modifications de la manœuvre de Sellick ont été suggérées. La PC est en général

réalisée par la main droite de l’opérateur [15]. Lorsqu’elle est appliquée avec la main gauche du

côté gauche du sujet anesthésié, les interférences avec l’insertion du laryngoscope sont évitées.

Une autre méthode à une seule main a été décrite par Cawling, la paume de la main est dans ce cas

placée sur le sternum du patient.

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???.C.3.3 Durée d’application

En 1961, Sellick a décrit la force cricoïdienne comme devant être faible initialement,

augmentée lors de la perte de conscience et finalement relâchée une fois le ballonnet de la sonde

d’intubation gonflé [11].

De nombreux effets indésirables ont été rapportés au cours de la phase consciente de

l’application de la manoeuvre de Sellick lors de l'intubation trachéale. Parmi ces effets, des

vomissements responsables de rupture oesophagienne ou d'inhalation massive ont été rapportés

[68-70]. En 1982, considérant ces effets indésirables, Sellick suggéra alors de débuter la pression

cricoïdienne non pas simultanément à l'administration des anesthésiques mais lors de la survenue

de la relaxation musculaire et de la perte de conscience [70]. Ceci est en contradiction avec les

travaux de Vanner qui retrouve une diminution de la pression du sphincter supérieur de

l’oesophage survenant avant la perte de conscience et rendant nécessaire la pratique de la PC avant

la sédation des patients [53, 71]. Ce dernier préconise une force initiale de 10 Newtons (N) chez

les sujets éveillés et devant être lentement augmentée à 30 N (9.81 N=1 kg) lorsque le malade

perd conscience [16].

La manoeuvre de Sellick doit être relâchée uniquement lorsque l’auscultation des champs

pulmonaires et l’analyse du capnogramme permettent d’affirmer que le patient est intubé dans la

trachée et que le ballonnet de la sonde d’intubation est gonflé. La PC est difficile à maintenir plus

de 2 à 4 min sans devenir fatigante et douloureuse au risque d’être moins efficace [72]. La pression

exercée est diminuée significativement après 5 min d’application de la manoeuvre chez plus de 50

% des anesthésistes étudiés [73].

???.C.3.4 Pression d’application

Pour prévenir des régurgitations, la force à appliquer doit prendre en compte deux éléments :

la pression oesophagienne et l’efficacité de la transmission de la force à la lumière oesophagienne.

Initialement, Sellick stipulait que le patient conscient pouvait tolérer une pression modérée sans

trop d’inconfort mais aussitôt qu’il perd conscience une ferme pression devait être appliquée [11].

Cette pression cricoïdienne bien que ferme ne devait pas pour autant entraîner une obstruction des

voies aériennes. Il faudra attendre 20 ans plus tard pour avoir une approche quant itative de la force

à appliquer [74].

Une force de 44 Newtons a été évaluée chez 24 patients anesthésiés dits à risque de

régurgitation. De là, il a été suggéré que cette force protégerait la majorité des malades nécessitant

une anesthésie en urgence [74]. En 1992, c'est ce même niveau de force qui est retenu par Vanner

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comme valeur de pression efficace [53]. Basée sur ces études, la force de 44 N a été acceptée

comme étant le « gold standard » pour la prévention des régurgitations [15]. Cependant, les

informations d’une étude réalisée sur dix cadavres tant à dire qu’une force de 30 N suffit à la

prévention des régurgitations provenant d’un œsophage avec une pression oesophagienne de 40

mmHg [75]. Au cours d’une anesthésie générale, la pression intragastrique est rarement supérieure

à 25 mmHg même lors des fasciculations consécutives à l’utilisation de succinylcholine ou lors de

césariennes réalisées en urgence [49].

Chez 22 volontaires non anesthésiés, une pression cricoïdienne exercée à 20 N a été qualifiée

de désagréable par 2/3 d’entre eux et a provoqué des nausées chez l’un d’entre eux. Une pression

supérieure à 40 N chez le malade inconscient peut provoquer une obstruction des voies aériennes

supérieures et des difficultés d’intubation trachéale [16].

Prenant en considération les effets indésirables causés par une force cricoïdienne élevée,

Vanner propose finalement en 1999, l'application d'une pression cricoïdienne qu'il considère

comme étant acceptable et sûre en l'absence d'étude randomisée contrôlée [16]. Il préconise alors

d'effectuer une force cricoïdienne initiale équivalente à 10 N chez le malade éveillé et d’augmenter

secondairement à 30 N lorsque l’anesthésie est assez profonde. La pression est maintenue jusqu'à

ce que l'intubation soit complétée avec le ballonnet de la sonde gonflé et la position de celle ci

confirmée. Si la vue laryngoscopique est altérée, entraînant alors une intubation difficile, la

pression pourrait être réduite jusqu'à ce que l'intubation soit complétée [16]. Ces mêmes

recommandations ont été adoptées par la Difficult Airway Society au Royaume-Uni [76]

(Annexe1). Ainsi une sensible diminution du niveau de force requis pour la manœuvre de Sellick a

été observée au cours de la dernière décennie et une réduction ou un relâchement de la PC permis

en cas de situation d’intubation trachéale jugée difficile.

???.C.3.5 Le joug cricoïdien

En 1986, Lawes met au point un outil dont le but est de quantifier et d’homogénéiser la force

à appliquer lors de la PC (Figure 13) [77]. Ce joug, d'utilisation simple, permet le maintien d'une

pression cricoïdienne constante mais également de garder les mains de l'assistant loin du champ du

laryngoscopiste.

Si l'utilisation du joug par des anesthésistes inexpérimentés permet d'obtenir des forces

cricoïdiennes similaires à celles effectuées traditionnellement par des opérateurs expérimentés

[78], les conditions d’intubation trachéale dites adéquates ou bonnes n’ont été obtenues que dans

93% des cas utilisant le joug versus les 100% des cas lors de l’application de la PC traditionnelle

[77]. En effet des déplacements latéraux et des compressions laryngées étaient associées à

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l'utilisation de cet appareil. Le joug comme la pression cricoïdienne manuelle ont été de plus

responsables de douleurs, et de toux chez les volontaires.

La disponibilité, le coût et l'interférence dans le contrôle des voies aériennes sont les raisons

pour lesquelles l'utilisation du joug cricoïdien ne s'est pas généralisée.

???.C.3.6 Pratique et entraînement

B.Sellick affirmait dans son article original qu’un aide opératoire pouvait en quelques

secondes être formé à la bonne application de la PC [11]. Il a depuis été démontré que la force

cricoïdienne supposée efficace devait approcher, chez le sujet éveillé et chez le sujet inconscient,

respectivement 20 N et 40 N, entre les années 1980 et 2000 [15]. Les recommandations actuelles

sont de 10 N et 30 N [16].

En fait, plusieurs études évaluant des professionnels de santé experts de l’ISR, rendent

compte d’une grande méconnaissance des niveaux de forces théoriques de la PC [42, 65-68].

De plus, l’évaluation d’une population de médecins anesthésistes suédois et de personnels de

blocs opératoires britanniques objective que la force cricoïdienne devant être appliquée était

erronée dans 67 % à 83 % des cas [42, 79]. Un nombre considérable de personnes ne pouvait

quantifier l’intensité de la force et utilisait des qualificatifs approximatifs comme "assez fort",

"force qui casserait un oeuf", "force du pouce", "une force qui varie".

En pratique, un constat similaire a été démontré par différentes études internationales. Une

majorité de médecins, infirmières, et autre personnel de bloc opératoire ou des urgences étaient

incapables d'appliquer correctement la PC [17, 42, 43, 79-86]. Dans ces études la gamme de forces

appliquées aux modèles tests était très large (0-120 N).

Figure 13 : Le joug cricoïd ien

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Appliquée incorrectement la pression cricoïdienne contribue à majorer la difficulté

d'intubation trachéale et peut rendre plus difficile une ventilation au masque [15, 25]. Un

entraînement régulier est nécessaire [50, 56].

Différents moyens d’entraînement sont décrits [17, 81, 82, 84, 86]. Le mannequin, la

balance de cuisine et la seringue de 50 ml ont prouvé leur efficacité [17, 42, 80, 81]. Il a été mis en

évidence qu’avec une dépression de 12, 17 et 20 ml sur le piston d’une seringue de 50 ml remplie

d’air, on obtenait respectivement un équivalent de pression de 20, 30 et 40 N [86]. Cette méthode

est reproductible quelle que soit la seringue utilisée [87]. Toutefois un apprentissage est nécessaire

pour reproduire les pressions de 10 N et 30 N. Selon les auteurs, la fréquence des entraînements

varie d'une semaine à 3 mois. Certains auteurs recommandent de s’entraîner juste avant de réaliser

une manoeuvre de Sellick grâce à un appareil présent dans chaque salle de bloc opératoire [17].

???.C.3.7 Présence d’une sonde naso-gastrique (SNG)

Dans son article original, Sellick en 1961 suggérait d’enlever la SNG avant l’induction d’une

anesthésie générale et l’application d’une pression cricoïdienne [11]. En effet, il était avancé

qu’une SNG empêchait d’occlure parfaitement l’œsophage lors de l’application de la PC et pouvait

majorer le risque de régurgitations en laissant en relation les sphincters oesophagiens supérieur et

inférieur.

Contrairement à Sellick, Vanner avança que l'efficacité de la pression cricoïdienne pouvait

être augmentée en présence d'une sonde naso-gastrique lorsque celle-ci occupe une partie de la

lumière oesophagienne non comprimée par le chaton cricoïdien [74, 88].

Des études expérimentales menées par Salem ont démontré qu’une sonde gastrique laissée en

place et ouverte à son extrémité distale permettait d’atténuer l’augmentation de la pression intra-

gastrique survenant lors de l’induction de l’anesthésie [89].

En anesthésie, une SNG posée chez un patient conscient et en l’absence de détresse vitale,

peut être laissée en place avant une ISR notamment dans le cadre de la prise en charge d’une

urgence chirurgicale digestive [65]. L’intubation trachéale sous ISR en médecine d’urgence exclue

la pose d’une SNG avant la sécurisation des voies aériennes du fait de la précarité clinique des

patients pouvant mener à des régurgitations et des vomissements.

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???.C.4 Indications et contre-indications de la manoeuvre de Sellick

Si la PC est indiquée dans toutes les situations où il existe un risque de régurgitation et

d’inhalation de liquide gastrique ou oesophagien dans le pharynx et l’arbre trachéobronchique au

cours de l’induction d’une anesthésie générale [15, 42, 65, 90], elle est également préconisée dans

la prise en charge de l’arrêt cardiorespiratoire [91].

Les vomissements actifs et les traumatismes laryngés sont les principales contre- indications

à la réalisation de la manœuvre de Sellick [15, 65, 90]. Les traumatismes laryngés mêmes anciens

peuvent être responsables d’obstruction des voies aériennes supérieures [92, 93]. Les

vomissements survenant lors de l’induction sont généralement liés à une sédation inadéquate

responsable de la persistance des réflexes de protection des VAS.

D’autres contre-indications sont citées dans la littérature: corps étranger intra-trachéal,

trachéostomie, diverticule pharyngé [65]. L’application de la pression cricoïdienne sur un rachis

cervical traumatique est discutée [61-64].

III.C.5 Effets indésirables de la manoeuvre de Sellick

La pression cricoïdienne appliquée trop tôt et de façon trop forte peut provoquer une toux ou

des nausées [94]. Des vomissements pendant l'induction anesthésique peuvent être responsables

d'une inhalation pulmonaire ou d’une rupture oesophagienne [68, 69]. D'après Sellick, la rupture

oesophagienne peut se produire lorsque la perte de conscience, la relaxation musculaire et la PC ne

sont pas synchrones [71].

L'application de la manoeuvre de Sellick a été responsable de fractures du cartilage cricoïde

ayant mené à des obstructions complètes des voies aériennes [92, 93]. Ces fractures sont survenues

dans un conteste de traumatisme laryngé récent ou ancien.

Il a par ailleurs été observée une obstruction complète des voies aériennes chez une personne

présentant une hypertrophie de la thyroïde linguale. Une hémorragie sévère d'un goitre est

survenue à la suite de l’application d’une PC [95].

L'effet de la pression cricoïdienne sur le système neurovégétatif est discuté [96, 97].

Parmi trois études ayant examiné les effets de la pression cricoïdienne sur les mouvements

du rachis cervical, deux rapportent l’existence de mouvements "considérables" tandis que la

dernière atteste qu'il existe uniquement un déplacement minime [61-63]. Une quatrième étude

rétrospective n’a pas retrouvé de séquelles neurologiques consécutives à l'intubation de traumatisés

du rachis cervical intubés dans un service d'urgence américain [64].

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???.D CONTROVERSES CONCERNANT LA MANŒUVRE DE SELLICK

???.D.1 Pression cricoïdienne et anatomie des voies aériennes supérieures

Des études radiologiques remettent en question la compression de l’œsophage entre le

cartilage et le rachis cervical lors de la PC. [11, 98, 99]. Il a été suggéré par Vanner, après analyse

d'une tomodensitométrie (TDM) cervicale sous PC, que les deux structures convexes du cartilage

cricoïde et du corps vertébral étaient effectivement bien comprimées [88]. Cependant, seule une

partie de la lumière oesophagienne était oblitérée. L’insertion d’une SNG était alors proposée pour

combler la partie de l'oesophage insuffisamment comprimée par la PC. Plus récemment, il a été

objectivé que la force appliquée sur le cartilage cricoïde agissait davantage sur le muscle crico-

pharyngien que sur l’œsophage comme précédemment cité [98].

Une évaluation rétrospective de 51 TDM cervicales et une analyse prospective de 21

imageries par résonance magnétique (IRM) ont montré que l'oesophage était déplacé latéralement

sur 49% des scanners et 53% des IRM [98, 99]. L'étude des images réalisées par IRM avait décelé

que l'application de la PC augmentait la fréquence et le degré du déplacement de l’œsophage dans

90% des cas. Avec une pression cricoïdienne de 20 à 30 N, l’oesophage était incomplètement

interposé entre le cartilage cricoïde et corps vertébral sur 71% des IRM (15/21). De fait, les

régurgitations du contenu gastrique peuvent survenir malgré l’application correcte de la PC (Figure

14).

Figure 14. IRM cervicale avant (A) et après (B) l’application d’une pression cricoïdienne [99]. Un déplacement de l’oesophage vers la gauche de 12,1 mm est mesuré.

C : cartilage cricoïde ; E : œsophage ; VB : corps vertébral.

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???.D.2 Pression cricoïdienne et protection des voies aériennes supérieures

???.D.2.1 L’effet protecteur de la pression cricoïdienne

L’effet protecteur de la pression cricoïdienne a été souligné lors de la publication princeps de

B.Sellick [11]. D'autres études, utilisant la même méthodologie, ont conforté cette hypothèse [75,

89, 100]. Ces travaux ont indiqué que la pression cricoïdienne empêchait le reflux dans le pharynx

de solution saline portée à une pression oesophagienne supérieure à 50 cmH2O et quelquefois

jusqu'à plus de 100 cmH2O.

Une seule observation clinique relate une régurgitation survenue suite au relâchement de la

PC après intubation trachéale programmée d’un patient aux antécédents de reconstruction

oesophagienne [101].

???.D.2.2 L’inefficacité de la pression cricoïdienne

Dans le cadre de l’anesthésie, la survenue de régurgitations en dépit de l’application de la

pression cricoïdienne a été rapportée dans différentes observations cliniques [68, 82, 102, 103]. Un

registre médico- légal nord américain colligeant les plaintes, sur 30 ans, a mentionné 67 cas

d’inhalations. Dix sept de ces patients avaient bénéficié de l'application de la manoeuvre de Sellick

[104]. Une revue australienne concernant l'inhalation au bloc opératoire retrouvait 133 cas dont 4

survenus malgré la manoeuvre de Sellick [105]. Les enquêtes sur la mortalité maternelle au

Royaume-Uni retrouvent également des cas d'échec de la manoeuvre de Sellick chez des

parturientes. Le rapport Morgan concernant la mortalité maternelle de 1979 à 1981 montre que

l'inhalation s'était produite chez huit patientes, dont six sur lesquelles la manoeuvre de Sellick était

appliquée [26].

Dans le cadre de la médecine d’urgence, Schwartz et al. ont publié des données relatives à

297 intubations trachéales et ont retrouvé 12 cas d'inhalation pulmonaire [18]. Parmi ces cas, 9

intubations trachéales ont été réalisées en présence d’une manoeuvre de Sellick. La revue de

Thibodeau et al. concernant 133 intubations trachéales aux urgences objectivait 3 malades ayant

inhalé en dépit de l'application de la manoeuvre de Sellick [20].

Dans le cadre de la médecine préhospitalière française, Cantineau et al. relatent 3 cas de

régurgitations lors d’intubation dont une survenue alors que la manoeuvre de Sellick était réalisée

[1].

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???.D.2.3 Hypothèse physiopathologique de l’inefficacité de la pression

cricoïdienne

Il est impossible de déterminer la cause exacte de ces échecs de la protection des VAS par la

manoeuvre de Sellick.

Si les régurgitations du contenu gastrique et oesophagien sont empêchées par les sphincters

oesophagiens supérieur et inférieur, l'anesthésie effondre le tonus du sphincter supérieur de

l’œsophage. Théoriquement, l'application de la PC permet de suppléer au rôle du SSO en évitant

les éventuels reflux gastro-oesophagien [53].

Des variations anatomiques interindividuelles, une application incorrecte de la force, des

modifications des rapports anatomiques voire une facilitation des régurgitations induites par la

manoeuvre de Sellick, peuvent être des élément s favorisant ces échecs.

De nombreuses études ont suggéré que la pression cricoïdienne présente des effets nuisibles

sur le sphincter oesophagien inférieur [106-108]. L'efficacité du SIO dépend de la différence entre

la pression de ce sphincter et la pression intra-gastrique connue sous le nom de pression de barrière

[46]. Il a été montré que la PC réduit la pression du SIO ainsi que la pression de barrière, chez des

patients sains non anesthésiés, sans toutefois entraîner de régurgitations gastro-oesophagiennes

[107, 109]. Un travail récent, sur des patients anesthésiés, confirme que la manœuvre de Sellick

entraîne une baisse considérable (29%) de la pression du sphincter inférieur de l’oesophage

associée à une baisse de 44% de la pression de barrière [108]. De telles réductions de pression du

sphincter oesophagien inférieure chez un patient anesthésié et considéré à estomac plein pourraient

favoriser un reflux, voire une régurgitation pharyngée en cas d’application incorrecte, ou

inexistante, de la manœuvre de Sellick.

???.D.3 Pression cricoïdienne et diminution de la distension gastrique

La distension gastrique provoquée par une ventilation en pression positive au masque facial

majore le risque de régurgitation pharyngée [25]. La réduction de la distension gastrique par la PC

avancée par Sellick a été vérifiée par plusieurs études [11, 110-113]. Des volumes courants et des

pressions d’insufflation moins importants que ceux utilisés dans ces études sont actuellement

recommandés [114]. Le bénéfice de la manoeuvre de Sellick décrit par ces travaux pourraient

finalement être moindres.

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???.D.4 Pression cricoïdienne et contrôle des voies aériennes supérieures

???.D.4.1 Pression cricoïdienne et ventilation au masque facial

Une pression cricoïdienne appliquée au cours de la ventilation manuelle par masque facial,

entraîne des réductions des volumes courants, des augmentations des pressions de pic inspiratoire

ainsi que des ventilations jugées difficiles voire impossibles [111, 112, 115-117].

L’application de la pression cricoïdienne chez des patients conscients volontaires entraîne

des difficultés de ventilation dans plus de la moitié des cas pour une force de plus de 35 N.

L’obstruction complète des voies aériennes pour une force de 45 N a été observée [94]. La

difficulté ou l’impossibilité de la ventilation au masque sous PC a été rapportée au cours de 23

échecs d'intubation trachéale, dans respectivement 7 cas (30%) et 2 cas (9%) [118]. Une autre

étude montre que des forces cricoïdiennes supérieures à 44 N entraînent des difficultés de

ventilation chez 80 % des patients anesthésiés (24/30) [119]. L'échec de la ventilation était

diminué lors de l’application d’une force de 20 N.

De considérables distorsions de l'anatomie des voies aériennes supérieures, consécutives à

l’application de PC sont décrites et expliquent cette gêne à la ventilation au masque facial [119].

Les modifications des structures du larynx pendant l'application de la PC ont été évaluées à

différents niveaux de force (20, 30 et 44 N) chez 30 patients anesthésiés [119]. Quatre vingt dix

pourcents des malades avaient une déformation du cartilage cricoïde lors de l’application d’une

force de 44 N. Une occlusion du cartilage s'est produite chez 50, 43 et 23 % des malades à des

niveaux de force respectifs de 44, 30 et 20 N. La fermeture des cordes vocales a été observée à 30

N chez 50 % et à 20 N chez 40 % des 30 malades.

???.D.4.2 Pression cricoïdienne et vision laryngoscopique

Des résultats contradictoires ressortent des études évaluant les conséquences de la pression

cricoïdienne sur la vision laryngoscopique en anesthésie.

Turgeon et al. ont mené une large étude, randomisée, contrôlée, en double aveugle en

anesthésie programmée. Dans cette étude, une PC à 30 N était réalisée juste après un

échantillonnage de la force sur un simulateur. Il n'était pas objectivé d’effets adverses de la PC sur

le succès de l'intubation trachéale, la vue laryngée ou le temps d'intubation trachéale [13].

Une étude récente a enquêté sur l'effet de la PC en photographiant la vue laryngée grâce à un

endoscope rigide placé le long de la ligne de vision du laryngoscopiste [21]. La PC a entraîné

autant d’amélioration que de dégradation de la vue laryngoscopique. Toutefois, la PC a nécessité

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une nette majoration de la force de traction sur le laryngoscope pour restaurer partiellement ou

complètement la vue laryngoscopique optimale.

Une étude prospective, incluant 181 patients, a été menée dans le but d’identifier la

manipulation laryngée externe offrant la meilleure vision glottique [22]. La pression sur le

cartilage cricoïde a amélioré la visualisation glottique chez seulement 11% des patients alors que la

pression exercée sur le cartilage thyroïde a optimisé la visualisation dans 88% de cas.

Une large étude comptant 1530 laryngoscopies réalisées sur 106 cadavres a comparé les

effets de la manoeuvre de Sellick, de la manœuvre BURP (Back, Up, Right Pressure) et de la

laryngoscopie bimanuelle sur la visualisation glottique [24]. Lors de la laryngoscopie bimanuelle,

l’opérateur réalisant la laryngoscopie directe optimise l’exposition laryngée par des manipulations

externes et demande à un aide de fixer cette position ce qui lui permet de saisir la sonde

d’intubation trachéale pour finaliser le geste. La manœuvre BURP consiste à réaliser sur le

cartilage thyroïde une pression selon 3 directions successives : postérieure, céphalique et vers la

droite du patient. Cette étude a principalement inclus des médecins urgentistes et l’application de

la PC n'était pas standardisée. La manipulation bimanuelle était considérablement plus efficace

pour améliorer la vision glottique que la pression cricoïdienne ou la manœuvre BURP. La

manoeuvre de Sellick a causé une détérioration de la vue laryngée dans 29% de cas. Une autre

étude réalisée en anesthésie réglée rapporte les mêmes effets de la pression cricoïdienne sur la

vision laryngée [23].

???.D.4.3 Pression cricoïdienne et mandrin long semi-rigide (type Eschmann)

Le guide de type Eschmann, aussi appelé mandrin long semi-rigide béquillé est une aide

importante au contrôle des voies aériennes dites difficiles [9, 10, 120, 121]. Il est utilisé pour des

patients présentant des scores de visualisation glottique II et III de la classification de Cormack et

Lehane [122].

En présence de la pression cricoïdienne, le mandrin de type Eschmann facilite davantage

l’intubation trachéale qu’un mandrin semi-rigide [23]. Cependant, avec la PC, il est observé une

fréquence plus importante de gêne à la cathéterisation de la glotte avec le mandrin de type

Eschmann en place [123]. Cette difficulté n’est que partiellement levée par l’application d’une

rotation de la sonde d’intubation sur le mandrin.

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???.D.4.4 Pression cricoïdienne et masque laryngé

Le masque laryngé se positionne au niveau de la bouche oesophagienne, en regard des

sixième et septième vertèbres cervicales, juste en arrière du cartilage cricoïde. Ainsi, l’application

d’une force sur ce dernier entraîne une compression de l'espace hypopharyngé source de "conflit

anatomique" [124-128]. L’étude menée par Aoyama et al. rend compte d’un positionnement trop

proximal du masque laryngé en regard des 4ème ou 5ème vertèbres cervicales en présence d’une

PC [125]. Ce positionnement était responsable d’une obstruction partielle ou complète des VAS

par compression de l’orifice glottique lors du gonflement du masque laryngé.

Plusieurs études ont aussi montré que la pression cricoïdienne gênait la ventilation avec le

masque laryngé [125,126]. La ventilation était difficile chez 50% et 73% des malades avec des PC

appliquées à 20 et 30 N respectivement [119]. De plus, l’intubation trachéale à travers un masque

laryngé était plus souvent compromise en présence de la manœuvre de Sellick [127,128].

En cas de ventilation difficile au masque facial et d’échec d’insertion du masque laryngé,

certains auteurs recommandent de relâcher la pression cricoïdienne. [16, 76, 128].

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IV. BUT DE L’ETUDE

Le dogme, imposé par les sociétés savantes, recommande de réaliser la manœuvre de Sellick

pour toute intubation trachéale en médecine d’urgence. Pour augmenter l’observance des praticiens

à pratiquer la manœuvre de Sellick, des modifications ont été proposées ces dix dernières années

pour réduire la gêne occasionnée par la PC sur le contrôle des voies aériennes lors de l’ intubation

trachéale ou lors de la ventilation au masque facial. La principale modification de la PC a porté sur

un abaissement significatif de l’intensité de la force exercée sur le chaton cricoïdien. Les règles de

l’apprentissage de la PC ont été également mieux définies [57]. Cependant, malgré ces efforts

d’éducation réalisés par les sociétés savantes, l’application de la manœuvre de Sellick est loin

d’être systématique en médecine préhospitalière. Les médecins urgentistes constatent des

inhalations pulmonaires bien que la manœuvre de Sellick soit appliquée. Ils estiment que la

ventilation au masque facial est plus difficile si l’on maintient la PC. Ils observent souvent que les

conditions d’intubation s’améliorent quand la PC est relâchée. Enfin, ils doutent de leur capacité à

réaliser correctement la PC.

Nous avons décidé de former l’ensemble du personnel médical et paramédical de notre

SMUR à la réalisation de la PC telle que recommandée dans les manuels d’anesthésie et de

réanimation. Après cet apprentissage et en se conformant aux recommandations émises par les

sociétés savantes pour le contrôle des VAS en médecine préhospitalière, nous avons évalué, en

présence de la pression cricoïdienne, la fréquence de survenue de difficultés d'intubation trachéale.

Une intubation trachéale jugée difficile autorisant une levée de la PC, nous avons secondairement

analysé l'impact de cette interruption de la manoeuvre sur les conditions d'intubation trachéale..

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V. MATERIELS ET METHODE

V.A MATERIELS V.A.1 Conditions de réalisation de l’étude

Cette étude prospective, descriptive, monocentrique, s’est déroulée au SMUR du centre

hospitalier de Gonesse sur une période de 9 mois d’octobre 2007 à juin 2008.

Le SMUR de Gonesse comprend 2 Unités Mobiles Hospitalières (UMH) pouvant assurer la

prise en charge de patient durant la journée, et d’une UMH disponible la nuit. Chaque UMH

comprend une équipe formée de 3 à 4 intervenants au minimum avec un médecin transporteur, un

infirmier et un ou deux sapeurs pompiers. Un interne ou un externe est présent dans chaque UMH

mais pas systématiquement sur chaque intervention.

Tous les médecins participant à cette étude ont suivi au cours de leur cursus médical une

formation spécifique à l’intubation trachéale urgente (Diplôme universitaire: Contrôle des voies

aériennes supérieures. Université Paris XIII).

V.A.2 Matériels d’entraînement à la pression cricoïdienne

Un document rappelant les bases anatomiques et les éléments essentiels à la pratique correcte

de la pression cricoïdienne a été mis à la disposition de l’ensemble du personnel (Annexe 2). Une seringue de 50 ml montée sur un support a été choisie dans le cadre de la simulation de

la force nécessaire à la bonne réalisation de la manœuvre de Sellick. L’utilisation d’une balance de

cuisine était quand à elle plus occasionnelle (Figure15).

Figure 15. Seringue et balance d’entraînement à la pression cricoïdienne

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V.A.3 Cahier de recueil de données

Un cahier de recueil de données a été conçu pour permettre d’enregistrer les caractéristiques

des patients ainsi que les paramètres de l’intubation. Des rappels concernant les scores de

visualisation glottique étaient par ailleurs consignés dans ce livret. Les cahiers étaient remplis par

le médecin ayant réalisé l’intubation une fois l’intervention terminée (Annexe 3).

V.A.4 Ethique

Ce travail a été réalisé en regard des recommandations des sociétés savantes concernant

l’intubation trachéale en médecine préhospitalière [9, 10].

Nous avons imposé à l’équipe du SMUR de Gonesse acceptant de participer à ce travail de

se remettre en question. Tous les intervenants du SMUR se sont formés à la réalisation pratique de

la manœuvre de Sellick. Puis l’ensemble des médecins seniors a accepté d’intuber les patients alors

que la manoeuvre de Sellick était appliquée sans réserve par un opérateur indépendant entraîné.

Ce n’est qu’en cas d’intubation difficile malgré l’application d’une procédure standardisée

d’intubation difficile, que la manœuvre de Sellick était abandonnée. Après l’abandon de la

manœuvre de Sellick, la procédure d’intubation trachéale reprenait selon un algorithme prédéfini et

validé par la littérature.

Dans la mesure où ce travail calquait la pratique de l’intubation trachéale en médecine

préhospitalière sur les recommandations des sociétés savantes, nous n’avons pas jugé nécessaire de

solliciter l’avis d’un comité d’éthique pour réaliser cette première étude qui nous l’espérons

permettra d’avoir un avis favorable d’un comité de protection des personnes pour évaluer de

manière randomisée l’intérêt de la manœuvre de Sellick lors de l’intubation trachéale en médecine

préhospitalière.

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V.B METHODE

V.B.1 Définition de la population étudiée

V.B.1.1 Critères d’inclusion Tous les patients de plus de 18 ans nécessitant une intubation trachéale, y compris les

personnes en arrêt cardio-respiratoire, ont été inclus.

V.B.1.2 Critères d’exclusion Les patients âgés de moins de 18 ans ou présentant une contre indication à l’injection de

succinylcholine (Tableau 38) ou une contre-indication à la réalisation de la manœuvre de

Sellick (traumatisme laryngé) ont été exclus de l’étude.

V.B.2 Définition des intervenants

Les médecins et les internes formés au contrôle des voies aériennes ont été les seules

personnes autorisées à réaliser l’intubation trachéale. Après formation, l’ensemble du personnel

médical : médecins, internes et externes ainsi que le personnel infirmier pouvait être amené à

pratiquer la manœuvre de Sellick.

Au SMUR de Gonesse, l’équipe médicale comporte au minimum trois personnes. Un

opérateur réalise la laryngoscopie directe assisté par un aide responsable de la gestion de

l’ensemble du matériel d’intubation (aspiration mécanique et assistance permanente de l’opérateur

dans la préparation des différents matériels nécessaires au contrôle des VAS tel que mandrin de

type Eschmann, pince de Magill et Fastrach®). Un infirmier administre les drogues anesthésiques

et pratique la manœuvre de Sellick. Plus généralement, l’équipe comporte quatre personnes

• Antécédents personnels ou familiaux d'hyperthermie maligne,

• Allergie au Suxaméthonium,

• Atteinte du motoneurone étendue (hémiplégie, paraplégie,

tétraplégie ou lésion plexique)>72 H

• Maladie responsable d’une fragilité musculaire (myopathie)

• Brûlure grave et étendue en dehors de la phase initiale

• Déficit en pseudocholinestérases plasmatiques

Tableau 1. Contre-indications au Suxaméthonium [38]

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(présence d’un externe ou d’un interne) permettant à un des intervenants d’être entièrement dédié à

la réalisation de la manœuvre de Sellick et au chronométrage de la durée de l’intubation trachéale.

V.B.3 Procédure d’intubation

En dehors de l’arrêt cardio-respiratoire, l’intubation trachéale a été réalisée sous ISR selon le

protocole du service et conformément aux recommandations récentes concernant le contrôle des

voies aériennes en médecine préhospitalière [9,10].

L’algorithme de l’intubation trachéale de notre étude s’est articulé autour du score de

visualisation glottique (Score de Cormack et Lehane) observé lors de la première laryngoscopie et

de l’échec du contrôle des VAS en présence de la pression cricoïdienne (Figure 16).

La pression cricoïdienne devait être systématiquement réalisée à tout patient nécessitant une

intubation trachéale et ne présentant pas les critères d’exclusion à l’étude. Dans les situations où le

repérage anatomique était difficile (patient obèse), l’opérateur pratiquant la PC pouvait solliciter

l’aide du médecin pour identifier le cartilage cricoïde avant le début de la procédure d’intubation

trachéale. La qualité de la PC devait correspondre aux normes définies pendant la formation

pratique avant le début de l’étude. Aucune diminution de la force de la pression cricoïdienne ou de

modification de la direction de cette dernière n’était permise. La PC n’était relâchée qu’après

gonflement du ballonnet de la sonde d’intubation.

Si lors de la première laryngoscopie réalisée avec une lame métallique à usage unique ou ré-

utilisable, avec exécution de la PC, le score de Cormack et Lehane était inférieur à IV, la

procédure d’intubation trachéale était poursuivie selon les recommandations des sociétés savantes.

Un maximum de deux tentatives d’intubation sous laryngoscopie directe était autorisé. Au cours de

ces deux tentatives, il était recommandé d’utiliser le mandrin de type Eschmann en cas de

difficulté d’accès à la trachée. En cas d’échec d’accès trachéal sous laryngoscopie directe avec ou

sans le mandrin type Eschmann, et en présence d’un matériel d’aspiration vérifié et fonctionnel, la

PC était relâchée. De là, un maximum de deux autres tentatives devenait possible. Le relâchement

de la PC autorisait l’application de manipulations laryngées externes.

Si lors de la première laryngoscopie, le larynx n’était pas visible ce qui correspondait à un

score de Cormack et Lehane égal à IV, alors la PC était relâchée. La procédure d’intubation

trachéale était poursuivie selon les recommandations des sociétés savantes.

En cas d’échec d’intubation trachéale sous laryngoscopie directe malgré l’assistance du

mandrin d’Eschmann alors que la PC était relâchée, il était recommandé de tenter une intubation

trachéale à l’aveugle avec le masque laryngé Fastrach®.

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Les patients intubés avec une PC maintenue étaient inclus dans le Groupe A.

Les patients dont l’intubation trachéale nécessitait le relâchement de la PC étaient inclus

dans le Groupe B.

Les patients dont l’intubation trachéale nécessitait le relâchement de la PC étaient inclus

dans le Groupe B. Les caractéristiques des patients en présence et en l’absence de la PC sont

rapportées respectivement au sein des Groupes B1 et B2.

Les patients intubés sans que la PC ne soit appliquée d’emblée constituaient un écart au

protocole, ils étaient inclus dans le Groupe C.

Toute désaturation en oxygène, survenant lors du geste d’intubation des patients ayant une

ACS, définie par une diminution de la saturation pulsée en oxygène (SpO2) au delà de la valeur

seuil de 90 % ou une baisse d’au moins 5 % par rapport à la valeur initiale de SpO2 [39], rendait

obligatoire une rapide ventilation au masque facial. En cas de ventilation au masque facial très

difficile ou impossible, il était alors recommandé de ventiler les patients au travers du masque

laryngé Fastrach®.

Figure 16. Algorithme d’intubation trachéale

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V.B.4 Entraînement à la manœuvre de Sellick

Une formation théorique et pratique à la réalisation de la manœuvre de Sellick a été réalisée

au début de l’étude. Tous les deux mois, des rappels théoriques et des réentraînements collectifs

ont été réalisés à l’occasion de réunions de service.

Un système d’entraînement comprenant une seringue de 50 ml montée sur un support a servi

de moyen de référence à la simulation de la force à appliquer pour effectuer correctement la

manœuvre de Sellick. Il était demandé aux différents intervenants de s’entraîner régulièrement sur

la seringue et idéalement avant les prises de garde. La mesure de la force appliquée pouvait

également être évaluée de façon autonome par les intervenants au moyen d’une balance de cuisine

(Figure 15).

V.B.5 Définition des paramètres recueillis

En dehors du relevé des constantes vitales et du chronométrage de la manœuvre d’intubation

trachéale, toutes les autres données étaient recueillies une fois l’intervention terminée.

V.B.5.1 Donnés Démographiques L’âge, le sexe, la taille et le poids ont été colligés précisément ou évalués par le médecin.

L’index de masse corporel (IMC) a été calculé à partir des chiffres de poids et de taille, réels ou

estimés.

V.B.5.2 Indications de l’intubation trachéale Les patients ont été regroupés selon sept cadres diagnostiques initiaux qui étaient le reflet des

motifs d’intubation trachéale les plus couramment rencontrés.

• ACR : il s’agit des patients en arrêt cardiorespiratoire à l’arrivée de l’équipe du SMUR.

• Détresse respiratoire : il s’agit des patients ayant une fréquence respiratoire inférieure à 10

c.min-1 ou supérieure à 29 c.min-1 mesurée lors de l’examen clinique initial.

• Détresse hémodynamique : il s’agit des patients ayant un état de choc septique, hémorragique

non traumatique ou cardiogénique.

• Détresse neurologique : il s’agit des patients ayant un coma avec un score de Glasgow inférieur

ou égal à 8 d’origine métabolique, neurologique (accident vasculaire cérébral ou épilepsie) ou

inconnu.

• Intoxication médicamenteuse : il s’agit de patients ayant un état clinique en rapport à la prise

de toxiques ou de médicaments

• Traumatisme grave : il s’agit de tous les patients traumatisés incluant les traumatismes

crâniens, les polytraumatisés.

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• Brûlures, inhalation de fumées

• Autres : ont été classés dans cette catégorie les patients qui ne correspondaient pas aux autres

cadres diagnostiques.

V.B.5.3 Constantes vitales et environnement des patients La fréquence respiratoire (FR), la saturation pulsée en oxygène et les paramètres

hémodynamiques ont été notés systématiquement lors de l’examen initial du patient puis au cours

de la manoeuvre d’intubation trachéale (à l’induction et lors de l’intubation).

Du fait des conditions environnementales rencontrées en médecine préhospitalière, la

position des patients au moment de l’intubation trachéale était consignée.

V.B.5.4 Protocole de sédation

Le score de Glasgow recueilli correspond au score calculé lors de la prise en charge initiale.

L’analyse de la distribution du score de Glasgow au sein de la population étudiée a été réalisée

après fractionnement en 3 classes de score: de 3 à 7, de 8 à 11 et de 12 à 15.

Ont été collectées la nature et la dose totale des produits utilisés lors de l’induction de

l’anesthésie des patients présentant une activité cardiaque spontanée (ACS). La dose rapportée au

poids du patient (mg/Kg) a été calculée.

V.B.5.5 Complications de l’intubation trachéale

La présence d’un contenu pharyngé lors de la première laryngoscopie était recherchée.

Celui-ci correspondait à tout liquide régurgité et/ou localisé dans l’hypopharynx nécessitant ou pas

une aspiration mécanique.

Toutes les complications ou événements indésirables contemporains de l’intubation trachéale

ont été colligés. Ces complications ava ient un rapport direct avec la qualité de la sédation et/ou le

geste d’intubation trachéale.

Les éléments recueillis étaient :

• Les régurgitations, les efforts de vomissement et l’inhalation.

• La toux, les efforts ventilatoires, le laryngospasme et le bronchospasme

• Les troubles du rythme survenant lors de la manoeuvre d’intubation ou lors de l’administration

de médicaments anesthésiques.

• La bradycardie extrême (FC < 40 min-1) et l’arrêt cardiorespiratoire.

• L’intubation oesophagienne.

• Les traumatismes dentaires.

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D’après les constantes recueillies, étaient déterminés :

• La survenue d’un collapsus défini par une pression artérielle systolique (PAS) inférieure à 90

mmHg chez les patients qui n’étaient pas en état de choc avant l’intubation. Si la PAS était

inférieure à 90 mmHg avant l’intubation, toute diminution de la PAS en dessous de la valeur de

référence était considérée comme un collapsus [39].

• La survenue d’une désaturation en oxygène [39].

V.B.5.6 Paramètres de l’intubation trachéale

V.B.5.6.a Paramètres évalués : les scores de visualisation glottique

Deux scores de visualisation glottique obtenus par laryngoscopie directe ont été utilisés dans ce

travail :

• Le score de Cormack et Lehane comportant quatre grades de visualisation glottique. Grade

I, glotte entièrement vue ; Grade II, cordes vocales partiellement vues ou visualisation des

aryténoïdes ; Grade III, épiglotte uniquement vue ; Grade IV, aucune structure laryngée vue

(Figure 17) [122].

• Le score POGO défini par le pourcentage d’ouverture de l’orifice glottique visible par

l’opérateur réalisant la laryngoscopie (Figure 18). L’ouverture de l’orifice glottique est définie

comme la distance séparant les commissures antérieure et postérieure de la glotte. Un score POGO

égal à 0 % signifie que l’ouverture glottique n’est pas visible. Un score POGO à 100% signifie que

la totalité de la fente glottique est visualisée. Un score POGO de 0 % correspond aux scores de

visualisation III ou IV de la classification de Cormack et Lehane. Un score POGO de 100 %

correspond au score de visualisation I de la classification de Cormack et Lehane. Comparé au

score de Cormack et Lehane, une plus grande fiabilité intra- et inter-observateur a été attribuée au

score POGO [129-130]

Figure 17. Représentation schématique du score de Cormack et Lehane [122]

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Ces deux classifications ont fait l’objet de rappels auprès du personnel impliqué au moyen

d’images laryngoscopiques vidéo-projetées lors de la présentation de l’étude. Le cahier de recueil

de données comportait par ailleurs une section spécifique au rappel de ces scores.

Le scores de Cormack et Lehane et le score POGO étaient systématiquement évalués

pendant la laryngoscopie initiale et lors des laryngoscopies ultérieures si la PC était abandonnée.

Pour l’analyse des scores POGO, sept classes ont été individualisées. Les deux scores de POGO

extrêmes (0 et 100 %) formaient chacun une classe, les scores compris entre 1 et 99 % étaient

subdivisés en 5 classes par tranche de 20 % chacune (POGO 1-20%, POGO 21-40%, POGO 41-

60%, POGO 61-80%, POGO 81-99%).

V.B.5.6.b Paramètres mesurés

- La durée de l’intubation trachéale La durée de l’intubation, exprimée en secondes (s) correspondait au temps compris entre le

moment du passage de la pointe de lame du laryngoscope au travers des arcades dentaires jusqu’au

gonflement du ballonnet de la sonde d’intubation trachéale.

- Mesure par une échelle visuelle analogique (EVA) de l’influence du relâchement de la pression

cricoïdienne sur la qualité de la visualisation glottique

Une échelle visuelle analogique (EVA : -100% à 100 %) a été utilisée pour mesurer

l’influence du relâchement de la PC sur la qualité de la visualisation glottique qui pouvait

s’améliorer ou se dégrader (Figure 19).

Figure 18. Pourcentage d’ouverture de l’orifice glottique (POGO) observable lors d’une laryngoscopie. [129]

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- Mesure de la difficulté d’intubation trachéale par une échelle visuelle analogique (EVA)

La difficulté globale du geste d’intubation trachéale a été mesurée au moyen d’une échelle

visuelle analogique. La limite gauche de l’échelle, notée zéro, reflète une intubation trachéale très

facile, à l’inverse la limite droite de l’échelle notée cent, une intubation impossible (Figure 20).

V.B.5.6.c Paramètres calculés

- La réalisation de la manœuvre de Sellick

Nous avons compté le nombre de manoeuvre de Sellick et son taux d’interruption pour

finaliser l’intubation trachéale.

- Le Score IDS

La difficulté d’intubation trachéale a été quantifiée par le score IDS (Intubation Difficulty

Scale (Tableau 2) [6]. L’IDS est la somme de 7 valeurs numériques attribuées à 7 items présentés

dans le Tableau 2. Un score égal à 0 signifie l’absence de difficultés tandis qu’un score compris

entre 1 et 5 indique une difficulté modérée. Un IDS > 5 définit une intubation trachéale difficile.

Figure 19. Echelle visuelle analogique permettant de mesurer l’influence du relâchement de la pression cricoïdienne sur la qualité de la vision glottique

Figure 20. Echelle visuelle analogique permettant la mesure de la difficulté de l’ intubation trachéale

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Paramètres Score Nombre de tentatives > 1 N1 Nombre d’opérateurs > 1 N2 Nombre de techniques alternatives N3 Score de Cormack – 1 N4 Force de laryngoscopie Normale Augmentée

N5 = 0 N5 = 1

Manipulation laryngée externe Non appliquée Appliquée

N6 = 0 N6 = 1

Position des cordes vocales Abduction ou non vues Adduction

N7 = 0 N7 = 1

IDS = Somme des scores N1 - N7

Pour les patients intubés après relâchement de la manœuvre de Sellick, deux scores IDS ont

été calculés. Ces scores dits «IDS B1» et «IDS B2» différaient de par la qualité de la laryngoscopie

(visualisation, force appliquée) et le nombre de tentatives d’intubation avant et après relâchement

de la PC.

La réalisation de manipulations laryngées externes ne pouvant être effective en présence de

la manœuvre de Sellick, cet item n’était pas coté pour le score IDS B1. Cependant, nous avons

considéré que la levée de la PC était équivalente à l’adjonction d’une manœuvre alternative

menant à l’addition d’un point supplémentaire pour le score IDS B1. Un score IDS B1’ ne prenant

pas en compte le point supplémentaire relatif à l’arrêt de la PC a toutefois été calculé.

- Détails des paramètres du score IDS

En plus des scores de Cormack et Lehane, la position ouverte ou fermée des cordes vocales

était colligée. Le nombre de tentatives d’intubation trachéale et la force de la laryngoscopie ont été

relevés lors de la réalisation de la manœuvre de Sellick, mais également en l’absence de celle-ci.

En accord avec les définitions des items du score IDS, nous avons considéré qu’une tentative

d’intubation correspondait à tout essai d’accès à la trachée par une sonde et/ou un mandrin [6].

Le nombre d’opérateurs, les méthodes alternatives utilisées et l’utilisation de manipulations

laryngées externes étaient recueillis. Parmi les méthodes alternatives, une attention particulière a

été portée au mandrin de type Eschmann. Il était précisé si l’utilisation de celui-ci était effective

Tableau 2.

Score d’intubation difficile IDS (Intubation Difficulty Scale)[6]

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lors de la séquence d’intubation trachéale avec ou sans la manoeuvre de Sellick. Les difficultés de

passage de la sonde d’intubation placée sur la bougie étaient par ailleurs relevées.

V.B.6 Conception de l’étude

V.B.6.1 Calcul du nombre de sujets nécessaires

Un sondage réalisé auprès de médecins urgentistes seniors travaillant dans différents SMUR,

démontrait que 40 à 60% des praticiens interrogés déclaraient ne pas faire systématiquement la PC.

De plus, dans environ la moitié des cas, ils relâchaient la manoeuvre pour finaliser l’ intubation

trachéale. Nous avons émis l’hypothèse que lors de l’intubation trachéale en médecine

préhospitalière, la manœuvre de Sellick appliquée systématiquement par des opérateurs formés et

entraînés, empêcherait l’intubation trachéale réalisée par des médecins seniors dans près 50 % des

cas. Notre étude a été dimensionnée pour démontrer que la manœuvre de Sellick rendrait

l’intubation trachéale difficile dans 50% des cas avec un intervalle de confiance de 10%. Notre

feuille de calcul automatisée du nombre de sujets nécessaire suggérait d’inclure de manière

prospective plus de 100 malades.

V.B.6.2 Statistiques

Les données recueillies ont été saisies sur un tableur Excel 2003. L’analyse des données a été

réalisée grâce au logiciel XLSTAT 2008®. Des statistiques descriptives ont été utilisées pour

détailler la population de chaque Groupe : A, B, C. Les variables quantitatives des groupes ayant

une distribution normale ont été comparées par un test t non pairé de Student. En cas de

distribution inconnue ou non normale, les variables quantitatives des groupes étaient comparées

avec le test de Mann et Whitney pour les comparaisons entre les Groupes A et B et un test de

Wilcoxon pour comparer les Groupes B1 et B2. Les variables qualitatives des groupes ont été

comparées par un test du X². Nous avons défini un P < 0,05 comme seuil de significativité. Une

courbe ROC a été construite dans le but de déterminer un niveau seuil de score POGO justifiant le

relâchement de la PC. Les valeurs sont exprimées sous forme de moyenne +/- d’écart type et de

pourcentage.

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VI. RESULTATS

VI.A REPARTITION DE LA POPULATION ETUDIEE Cent trente six patients ont été inclus dans l’étude sur une durée de 9 mois d’octobre 2007 à

Juin 2008. Cent vingt six soit 93% des intubations trachéales ont été réalisée en présence de la

manoeuvre de Sellick. Cependant, il est constaté une interruption de cette dernière chez 48% des

patients. La répartition des patients selon les groupes est résumée dans la Figure 22.

Figure 22. Répartition de la population étud iée

n: nombre de patients.

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VI.B DESCRIPTION DES POPULATIONS ETUDIEES

VI.B.1 Le Sexe ratio

Un sexe ratio H/F de 1,09 a été retrouvé. Il n’existe pas de différence significative entre les

Groupes A, B, C concernant le genre (Tableau 3).

Tableau 3. Sexe

Groupe A Groupe B Groupe C Total

Homme n (%) 32 (48) 33 (55) 6 (60) 71 (52)

Femme n (%) 34 (52) 27 (45) 4 (40) 65 (48)

n : nombre de patients.

VI.B.2 L’âge

L’âge des personnes inclues varie de 20 à 100 ans avec une moyenne générale de 62 +/-20

ans (Tableau 4, Figure 23). Il n’est pas retrouvé de différence significative entre les Groupes A, B

et C. La répartition des patients selon des tranches de 10 années est présentée dans la Figure 23.

Tableau 4. Âge des patients

Groupe A Groupe B Groupe C

Moyenne +/- ET 62 +/- 23 63 +/-16 58 +/- 22

ET : Ecart Type.

Figure 23. Répartition par tranches d’âges de l’ensemble des patients

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VI.B.3 L’index de masse corporelle (IMC)

Mesuré à partir des données de poids et de taille, estimés pour la plupart, l’IMC ne diffère pas

entre les 3 groupes de patients (Tableau 5, Figure 24). L’IMC moyen de l’ensemble de la population

est de 26 +/- 6 kg/m².

Tableau 5. Index de masse corporel

Groupe A Groupe B Groupe C

Moyenne +/- ET (kg/m²) 27 +/- 5 26 +/- 6 25 +/- 5

ET : Ecart Type.

Figure 24.Répartition de l’index de masse corporelle (IMC) pour l’ensemble des patients

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VI.C INDICATIONS DE L’INTUBATION TRACHEALE

61 patients en arrêt cardio-respiratoire et 75 patients présentant une activité cardiaque

spontanée ont été inclus.

Les pathologies ayant justifiées l’intubation trachéale des patients présentant une ACS ont

été quantifiées et réparties en sept catégories dans le Tableau 6. Il n’est pas objectivé de différence

significative entre les groupes de patients (Tableau 7).

Tableau 6.Cadres nosologiques motivant l’intubation trachéale

Motifs d’intubation Trachéale Nombre de patients %

ACS 75 55 Détresse respiratoire 19 14,0 Détresse hémodynamique 7 5,1 Détresse neurologique 24 17,6 Intoxication médicamenteuse 13 9,6 Traumatisme grave 10 7,3 Brûlure, inhalation de fumée 1 0,7 Autres 1 0,7 ACR 61 45

ACS : Activité cardiaque spontanée. ACR : Arrêt cardiorespiratoire. Tableau 7.Cadres nosologiques selon les Groupes A, B et C

Groupe A Groupe B Groupe C n % IC 95 % n % IC 95 % n % IC 95 %

ACS 37 56 43-68 31 52 38-65 7 70 35-93 Détresse Respiratoire

7 11 4-21 9 15 7-27 3 30 7 -65

Détresse hémodynamique

3 4 1-13 4 7 2-16 1 10 0-44

Détresse neurologique 13 20 11-31 10 17 8-28 1 10 0-44

Intoxication médicamenteuse 8 12 5-22 5 8 3-18 0

Traumatisme Grave 4 6 2-15 3 5 1-9 2 20 2-56

Brûlure, inhalation de fumée, Autres 2 3 0-10 0 0

ACR 29 44 32-57 29 48 35-62 3 30 7-65 ACS : Activité cardiaque spontanée. ACR : Arrêt cardiorespiratoire. n : nombre de patients. IC 95% : intervalle de confiance à 95 %.

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VI.D CONSTANTES VITALES ET ENVIRONNEMENT DES PATIENTS

VI.D.1 Constantes vitales

Il n’existe pas de différence significative entre les Groupes A et B. Le Groupe C présente

cependant une SpO2 significativement infé rieure aux deux autres groupes (Tableau 8).

Tableau 8. Constantes initiales

ET : Ecart Type IC 95% : intervalle de confiance à 95. * P< 0.05.

VI.D.2 Position des patients La position au sol prédomine au sein des 3 groupes de patients (69% des patients). Il n’est

pas observé de différence significative de posit ionnement entre les groupes (Tableau 9).

Tableau 9. Position des patients

n : nombre de patients. IC 95% : intervalle de confiance à 95 %.

Groupe A Groupe B Groupe C

Moyenne +/- ET IC 95 %

Moyenne +/- ET IC 95 %

Moyenne +/- ET IC 95 %

FC (min-1) 99 +/- 28 92-106 102 +/- 29 94-109 107 +/- 26 90-123

PAS (mmHg) 126 +/- 41 117-136 128 +/- 35 120-137 138 +/- 78 90-186

PAD (mmHg) 76 +/- 20 71-81 77 +/- 20 72-82 90 +/- 22 76-103

PAM (mmHg) 88 +/- 35 80-97 89 +/- 32 81-97 120 +/- 44 93-147

SpO2 (%) 96 +/- 5 95-97 96 +/- 9 93-98 78 +/- 24 * 63-93

FR (min-1) 22 +/- 10 20-25 23 +/- 10 20-25 21 +/-12 13-28

Groupe A Groupe B Groupe C n % IC 95 % n % IC 95 % n % IC 95 %

Sol 40 61 48-72 43 72 59-82 8 80 44-98

Lit 13 20 11-31 9 15 7-27 0

Canapé 1 1 10-28 2 3 8-29 0

Brancard 12 18 0-8 5 8 3-18 1 10 0-44

½ assis 0 0 1 10 0-44

Non renseigné 0 1 2 0-9 0

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VI.E PROTOCOLE DE SEDATION

VI.E.1 Score de Glasgow

Le score de Glasgow moyen est de 8 +/- 5. Le pourcentage de patients par classe de Glasgow

est représenté dans la Figure 25. Il n’existe pas de différence significative entre les classes de

Glasgow des différents groupes de patients.

Figure 25.Répartition des patients selon les classes de score de Glasgow

95 % des patients en ACS à l’arrivée de l’équipe du SMUR ont eu une ISR. Parmi les quatre

patients non anesthésiés, trois d’entre eux ont présenté un ACR juste avant l’induction. Le

quatrième patient non anesthésié avait des troubles de la conscience secondaires à la survenue d’un

arrêt respiratoire récupéré par les premiers secours.

VI.E.2 Posologies des hypnotiques et curares utilisés

Pour les patients ayant bénéficié d’une induction à séquence rapide lors de la prise en charge

(71 / 75 patients en ACS), le pourcentage d’utilisation de chacun des hypnotiques et curare ainsi

que leurs posologies respectives sont rapportés dans le Tableau 10. Il n’existe pas de différence

significative de posologie des molécules utilisées entre les Groupes A, B et C.

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Tableau 10.Médicaments utilisés pour l’induction en séquence rapide

Médicaments utilisés pour l’ISR

Molécules Utilisées

n (%) Dose moyenne mg/kg +/- Ecart type

Hypnotiques Curare

Etomidate Thiopental Kétamine Succinylcholine

66 (93) 4 (6) 1 (1) 71 (100)

0,4 ± 0,2 3,8 ± 0,8

3,0

1,0 ± 0,1

n : nombre de patients.

VI.F COMPLICATIONS DE L’INTUBATION TRACHEALE

PREHOSPITALIERE

VI.F.1 Contenu pharyngé lors de la première laryngoscopie Un patient appartenant au Groupe C présentait un contenu pharyngé liquidien lors de la

première laryngoscopie. Parmi les 126 patients des Groupes A et B, il était constaté la présence

d’un contenu pharyngé chez 38 d’entre eux. Ainsi dans 30 % des cas, il existait un contenu

pharyngé alors que la manœuvre de Sellick était réalisée.

Parmi les 38 patients ayant un contenu pharyngé, il est dénombré 66% d’ACR et 34 % de

patients ayant une ACS. Les cadres nosologiques des patients présentant une ACS sont détaillés

dans le Tableau 11.

Sur l’ensemble de la population étudiée, 41 % des patients en ACR (25/61) présentaient un

contenu pharyngé alors que 17 % des patients avec une ACS (13/75) présentaient un contenu

pharyngé avant la première laryngoscopie.

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Tableau 11. Nombre de patients présentant un contenu pharyngé lors de la première laryngoscopie

Groupe A Groupe B Groupe C Total

ACR 12 13 0 25

ACS 7 6 1 14

Détresse respiratoire 2 1 1 4

Détresse neurologique 1 3 0 4

Intoxication Médicamenteuse 3 1 0 4

Traumatisme grave 1 1 0 2

ACR : arrêt cardiorespiratoire. ACS : activité cardiaque spontanée.

VI.F.2 Effets indésirables

11 % soit 4 patients parmi 37 avec une ACS appartenant Groupe A ont eu un effet

indésirable isolé. Il s’agissait soit d’une désaturation artérielle en oxygène, soit d’un collapsus

survenu au cours de la prise en charge des VAS.

Trois patients du Groupe C ont eu des effets indésirables rapportés. Un patient a présenté une

désaturation artérielle en oxygène isolée. Deux arrêts cardiaques sont produits pendant la gestion

des voies aériennes, dont un, après l’induction en séquence rapide. Ces arrêts cardiaques

surviennent dans les deux cas à la suite d’une détresse respiratoire aiguë sévère. Il est noté

l’apparition d’une régurgitation lors de l’intubation trachéale d’un des deux patients du Groupe C

passant en arrêt cardiaque.

32 % soit 10 patients parmi 31 ayant une ACS et appartenant au Groupe B ont eu des effets

indésirables: 7 patients ont présenté une seule complication tandis que les 3 restants ont eu 2

complications associées. Deux intubations oesophagiennes, confirmées par l’analyse des

capnogrammes et par la réalisation d’un test à la seringue, sont survenues lors de l’intubation de

deux patients en ACR.

Les Groupes B et C présentent des taux de complication significativement supérieurs au

Groupe A (Tableau 12).

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Tableau 12.Effets indésirables associés à l’intubation trachéale

Nombre d’évènements ACS /ACR Groupe A Groupe B Groupe C

Toux 1 1 / - 0 1 0

Effort ventilatoire 1 1 / - 0 1 0

Laryngospasme / Bronchospasme 0 0 0 0 0

Régurgitation 1 1 / - 0 0 1

Efforts de vomissement 0 0 0 0 0

Inhalation 1 1 / - 0 0 1

Bradycardie extrême

3 3 / - 0 1 2

ACR 2 2 / - 0 0 2

Désaturation O2 7 7 / - 2 4 1

Collapsus 5 5 / - 2 3 0

Intubation oesophagienne 4 2 / 2 0 4 0

Traumatisme dentaire

1 1 / - 0 1 0

Total 25 23 / 2 4 15* 6*

ACS : activité cardiaque spontanée. ACR : arrêt cardiorespiratoire. * P< 0,05.

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VI.G PARAMETRES DE L’INTUBATION TRACHEALE

VI.G.1 Paramètres évalués

VI.G.1.1 Le score de Cormack et Lehane (SCL) VI.G.1.1.a Qualité de la visualisation selon la classification de Cormack et Lehane

Les scores de visualisation selon la classification de Cormack et Lehane (SCL) sont

rapportés dans le Tableau 13.Le Groupe B1 présente la plus grande proportion de SCL égal à IV et

aucun SCL égal à I par rapport aux autres groupes. Des différences significatives entre les Groupes

A et B1 intéressant les SCL égal à I, II et IV sont retrouvées (P < 0,001).

De même, des différences significatives sont observées entre les Groupes B1 et B2 (SCL égal

à I : P < 0,0001; SCL égal à II : P = 0,03 ; SCL égal à IV : P < 0,001).

VI.G.1.1.b Evolution des SCL après relâchement de la manoeuvre de Sellick

Après relâchement de la manœuvre de Sellick, 73 % soit 44 patients du Groupe B ont

présenté une amélioration de leur SCL. 16 patients ont gardé la même classe de SCL.

Parmi les patients présentant un SCL égal à IV, 3 patients ont conservé ce score tandis que

les 29 autres patients ont abaissé leur score de une, deux ou trois classes. Tous les patients ayant un

SCL égal à III ont vu leur score diminuer après le relâchement de la manoeuvre de Sellick. Seuls 9

patients ayant un SCL égal à II sur 22 ont évolué vers un SCL égal à I (Tableau 14; Figure 26).

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Tableau 13. Score de Cormack et Lehane (SCL)

Pression cricoïdienne Réalisée

Pression cricoïdienne Relâchée Absente

Groupe A Groupe B1 Groupe B2 Groupe C n % IC 95 % n % IC 95 % n % IC 95 % n % IC 95 %

SCL égal à I 18 27 17-40 0 * 18** 30 19-43 2 20 2-56

SCL égal à II 45 68 56-79 22* 37 25-50 34** 57 43-69 5 50 19-81

SCL égal à III 3 5 1-13 6 10 4-21 5 8 3-18 0

SCL égal à IV 0 32* 53 40-66 3** 5 1-9 3 30 7-65

Total 66 100 60 100 60 100 10 100

n : nombre de patients. IC 95% : intervalle de confiance à 95 %. * P< 0,05 entre les Groupe A et B1. ** P<0,05 entre les Groupe B1 et B2.

Tableau 14. Evolution du score de Cormack et Lehane (SCL) au sein du Groupe B

Groupe B1 SCL égal à IV SCL égal à III SCL égal à II n 32 6 22

SCL égal à IV 3 0 0

SCL égal à III 5 0 0

SCL égal à II 17 4 13

Gro

upe

B2

n

SCL égal à I 7 2 9

n : nombre de patients. SCL inchangé

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Figure 26.Evolution des scores de Cormack et Lehane (SCL) au sein du Groupe B

n : nombre de patients

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VI.G.1.2 Le pourcentage de l’orifice glottique observable lors d’une laryngoscopie (Score POGO)

VI.G.1.2.a Qualité de la visualisation selon la classification POGO

Les scores de visualisation POGO sont rapportés dans le Tableau 15. Le Groupe B1 présente

les plus mauvais scores de visualisation. Des différences significatives entre les Groupes A et B1

intéressant différentes catégories de scores POGO sont retrouvées (POGO 0%; POGO 61-80% et

POGO 100% : P < 0,0001; POGO 41-60%: P = 0,006; POGO 81-99% : P =0,03).

De même, des différences significatives sont observées entre les Groupes B1 et B2. (POGO

0% et POGO 100%: P < 0,0001 ; POGO 61-80%: P < 0,007). Par rapport au Groupe B2, le Groupe

C présente une différence significative de patients présentant des scores POGO 81-99% (P=

0,036).

VI.G.1.2.b Evolution des Scores POGO après relâchement de la manoeuvre de

Sellick

Selon la classification des scores POGO, 82 % des patients du Groupe B ont amélioré leur

score de vision glottique après levée de la manoeuvre de Sellick (49/60). La différence moyenne

des scores POGO entre les Groupes B1 et B2 s’élève à 47 %. Une détérioration de la vision a été

notée chez un patient ayant un score POGO passant de 60% à 30 % après relâchement de la

manoeuvre de Sellick. Chez 10 patients le score de visualisation est resté inchangé. Il s’agit de 8

patients présentant des scores POGO 0 %, et de 2 autres présentant un score POGO 30 % et 80 %

(Tableau 16, Figure 27).

Une amélioration de plus de 40 % du score POGO initial (31/60 patients) est objectivée chez

plus de 50 % des patients ayant bénéficié du relâchement de la PC (Tableau 28).

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Tableau 15. Pourcentage de l’orifice glottique observable lors d’une laryngoscopie (Score POGO)

n : nombre de patients. IC 95% : intervalle de confiance à 95 %. * P < 0,05 entre les Groupes A et B1. ** P < 0,05 entre les Groupes B1 et B2. † P < 0,05 entre les Groupes B2 et C.

Pression cricoïdienne Réalisée

Pression cricoïdienne Relâchée Absente

Groupe A Groupe B1 Groupe B2 Groupe C Score POGO

% n % IC 95 % n % IC 95 % n % IC 95 % n % IC 95 %

0 3 4,5 1-13 38 63,0* 50-75 8 13,3** 6-25 3 30 7-65

1-20 3 4,5 1-13 8 13,0 6-25 5 8,0 3-18 0

21-40 4 6,0 2-15 8 13,0 6-25 6 10,0 4-48 0

41-60 10 15,0 7-26 3 5,0* 1-9 9 15,0 7-27 1 10 0-44

61-80 23 35,0 24-48 3 5,0 * 1-9 13 22,0** 12-34 2 20 2-56

81-99 5 8,0 2-17 0 0* 2 3,3 0-9 2 20† 2-56

100 18 27,0 17-40 0 0 * 17 28,3** 17-41 2 20 2-56

Total 66 100 60 100 60 100 10 100

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Tableau 16. Evolution du pourcentage de l’orifice glottique observable lors d’une

laryngoscopie (Score POGO) au sein du Groupe B

n : nombre de patients.

Score POGO % Groupe B1 0 1-20 21-40 41-60 61-80

n 38 8 8 3 3

0 8 0 0 0 0

1-20 5 0 0 0 0

21-40 4 0 1 1 0

41-60 3 3 3 0 0

61-80 7 3 1 1 1

81-99 2 0 0 0 0 Scor

e P

OG

O %

G

roup

e B

2

n

100 9 2 3 1 2

Score POGO inchangé

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Tableau 17.Quantification de l’amélioration du pourcentage de l’orifice glottique observable lors d’une laryngoscopie (Score POGO) au sein du Groupe B ? POGO: Score POGO B2 – Score POGO B1.

Score POGO Nombre de patients %

Détérioration 1 1,7

Inchangé 10 16,7

Amélioration 49 81,6

=10 % 1 1,7

11-20% 5 8,3

21-30% 9 5,0

31-40% 3 5,0

41-50% 5 8,3

Amélioration : ? POGO

> 50% 26 43

Total 60 100

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n : nombre de patients

Figure 27.Evolution du pourcentage de l’orifice glottique observable lors d’une laryngoscopie (Score POGO) au sein du Groupe B

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n : nombre de patients

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63

n : nombre de patients

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VI.G.1.2.c Valeur du pourcentage de l’ouverture de l’orifice glottique (score POGO) seuil

associé à la levée de la manœuvre de Sellick

L’analyse de la courbe ROC a permis d’identifier une valeur de score POGO seuil de 30 %

nécessitant de relâcher la PC pour réaliser l’intubation trachéale. Un score POGO = 30 % permet

de prédire la levée de la PC avec une sensibilité et une spécificité égales à 88% (Figure 28).

Figure 28. Courbe ROC : Pourcentage de l’orifice glottique observable lors d’une laryngoscopie (Score POGO) et levée de la manœuvre de Sellick

Courbe ROC / POGO / AUC=0,922

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1

Fraction de faux positifs (1 - Spécificité)

Fra

ctio

n d

e vr

ais

posi

tifs

(Sen

sibilité

)

Sensibilité et spécificité / POGO

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

0 20 40 60 80 100 120

POGO

Sen

sibilité

/ Spéc

ifici

Sensibilité Spécificité

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VI.G.2 Paramètres mesurés

VI.G.2.1 Durée de l’intubation trachéale

VI.G.2.1.a Durée d’intubation globale

Le temps moyen d’intubation du Groupe A est inférieur à celui du Groupe B et C. Il existe

une différence significative entre les Groupes A et B (P< 0,0001) (Tableau 18).

Tableau 18. Durée de l’intubation trachéale selon les Groupes

ET : Ecart Type. IC 95% : intervalle de confiance à 95 % * P < 0,05 entre les Groupes A et B.

VI.G.2.1.b Durée de l’intubation trachéale et utilisation du mandrin de type Eschmann

Une durée d’intubation significativement plus importante est objectivée lors de l’utilisation du

mandrin de type Eschmann chez les patients du Groupe B (P =0,001) (Tableau 19).

Tableau 19.Groupe B : Durée de l’intubation trachéale en présence ou en l’absence du mandrin de type Eschmann

ET : Ecart Type. IC 95% : intervalle de confiance à 95%. * P< 0.05.

Groupe A Groupe B Groupe C

Moyenne +/-ET 25 +/-14 62 +/-50* 34 +/-23

IC 95% 21 - 28 49 - 74 19 - 48

Médiane 21 44 26

Minimum 8 10 15

Maximum 82 225 90

Mandrin + Mandrin -

Moyenne +/- ET 100 +/- 56 * 46 +/- 38

IC 95 % 73 -127 34-57

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VI.G.2.2 Mesure par échelle visuelle analogique (EVA) de l’évolution

de la vision glottique

Chez 85 % des patients du Groupe B, l’évaluation des modifications de la vision glottique

par EVA objective une amélioration moyenne de 59 %. Le détail des taux d’amélioration de la

vision glottique issus des mesures par EVA est rapporté dans le Tableau 20. Une amélioration de

plus de 40 % de la vision est ressentie chez 72 % des patients.

Tableau 20. Modifications de la vision glottique mesurées par échelle visuelle analogique

Vison glottique Nombre de patients %

Détérioration 1 1,7

Inchangée 8 13,3

Amélioration 51 85,0

=10 % 2 3,3

11-20% 3 5,0

21--30% 1 1,7

31-40% 2 3,3

41-50% 6 10,0 Am

élio

ratio

n

> 50% 37 61,7

Total 60 100

VI.G.2.3 Evaluation de la difficulté de l’intubation trachéale mesurée par échelle visuelle analogique

Le Groupe B présente une difficulté d’intubation ressentie par les opérateurs

significativement supérieure au Groupe A (P <0,001) et au Groupe C (P = 0,004) (Tableau21).

Tableau 21.Difficulté d’intubation mesurée par échelle visuelle analogique

ET : Ecart Type. IC 95% : intervalle de confiance à 95.

Groupe A Groupe B Groupe C

Moyenne +/-ET 28 +/- 23 53 +/- 28* 32 +/- 27

IC 95% 22 - 33 45 - 60 15 - 48

Médiane 23 57 21

Minimum 0 3 5

Maximum 80 100 79

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* P< 0,05 entre les Groupes A et B et les Groupes B et C.

VI.G.3 Paramètres calculés

VI.G.3.1 Réalisation de la manœuvre de Sellick La manoeuvre de Sellick a été appliquée chez 93 % des patients. Elle était majoritairement

effectuée par les infirmiers et les étudiants avec respectivement 72 % et 23 % des réalisations. Il

n’est pas retrouvé de différence significative entre les Groupes A et B concernant les opérateurs de

la PC (Tableau 22).

Tableau 22.Opérateurs de la manoeuvre de Sellick

Groupe A n % IC 95 %

Groupe B n % IC 95 %

Infirmier 44 67 54-78 47 78 60-84

Interne / Externe 18 27 17-40 11 18 9-30

Médecin 3 4 1-13 2 3 8-28

Ambulancier 1 2 0-8 0 8 3-18

n : nombre de patients. IC 95% : intervalle de confiance à 95 %.

VI.G.3.2 Evaluation de la difficulté de l’intubation trachéale calculée par l’Intubation Difficulty Scale (IDS)

Le Groupe B1 présente un score IDS moyen significativement supérieur aux Groupes A et

B2 (P< 0,0001) (Tableau 23). De même, une difficulté significativement plus importante est

observée entre les Groupes B1 et C (P= 0,013). Le score IDS B1’ (score IDS ne comptabilisant pas l’arrêt de la manœuvre de Sellick) est

significativement supérieure à celui du Groupe A et B2 (P< 0,0001).

Le Groupe C présente une difficulté d’intubation quantitativement plus importante que le

Groupe A, il n’est cependant pas objectivé de significativité entre ces deux groupes.

Le détail des scores IDS des différents groupes est rapporté dans le Tableau 24. La Figure 29

représente l’évolution des scores IDS des patients du Groupe B avant et après la levée de la PC.

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Tableau 23. Scores d’intubation difficile (IDS)

ET : Ecart Type. IC 95% : intervalle de confiance à 95 %. * P< 0,05 entre les Groupes A et B1 et entre les Groupes A et B1’. ** P< 0,05 entre les Groupes B1 et B2 et entre les Groupes B1’ et B2. † P< 0,05 entre les Groupes B1 et C.

Pression cricoïdienne Réalisée

Pression cricoïdienne Relâchée Absente

IDS Groupe A

IDS Groupe B1

IDS Groupe B1’

IDS Groupe B2

IDS Groupe C

Moyenne +/-ET 1,1 +/- 0,8* 4,6 +/- 1,5 3,8 +/- 1,6 2,4 +/- 2,3** 3,1 +/- 3,7†

IC 1-2 4 -5 3-4 2-3 2-4

Médiane 1 5 4 2 1,5

Minimum 0 2 1 0 0

Maximum 4 8 7 9 12

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Tableau 24. Valeurs numériques des scores d’intubation difficile calculés (IDS)

Pression cricoïdienne Réalisée

Pression cricoïdienne Relâchée Absente

Score IDS

Groupe A n %

Groupe B1 n %

Groupe B1’ n %

Groupe B2 n %

Groupe C n %

0 15 23 0 * 0 0 ** 11 18+£ 1 10

1 29 44 0 * 5 8** 18 30+ 4 40

2 20 30 6 10* 8 13** 7 12£ 2 20

3 1 1,5 7 12* 10 17** 10 17 0 0

4 1 1,5 11 18* 20 33** 4 7£ 0 0

5 0 21 35* 10 17** 3 5+£ 1 10++

6 0 9 15* 3 5 2 3 1 10++

7 0 5 8* 4 7** 2 3 0

8 0 1 2 0 2 3 0

9 0 0 0 1 2 0

10 0 0 0 0 0

>10 0 0 0 0 1 10

n : nombre de patients. * P< 0,05 entre les Groupes A et B1. + P < 0,05 entre les Groupes B1 et B2. £ P < 0,05 entre les Groupes B1’ et B2. ** P< 0,05 entre les Groupes A et B1’. + + P < 0,05 entre les Groupes A et C.

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Figure 29.Evolution des scores d’intubation difficile (IDS) au sein du Groupe B

VI.G.3.3 Description des paramètres du score d’intubation difficile (IDS) VI.G.3.3.a La force de laryngoscopie

Sur l’ensemble de la population étudiée, la force de la laryngoscopie est augmentée dans 57

% des cas. Concernant les patients ayant eu une manœuvre de Sellick, la force est majorée chez 49

% des patients (62/126 patients).

L’arrêt de la PC a mené à la normalisation de la force exercée chez 44 % des patients du

Groupe B1 (18/41 patients). La force de laryngoscopie du Groupe B1 est significativement

supérieure à celle exercée aux patients du Groupe A (P <0,0001) et à celle exercée aux patients du

Groupe B2 (P=0,001) (Tableau 25; Figure 30).

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Tableau 25.Force de laryngoscopie

n : nombre de patients. IC 95% : intervalle de confiance à 95 † une donnée est manquante. * p< 0,05 entre les groupes A / B1 et entre les Groupes B1 / B2 (Calcul réalisé sur la base de 59 paires de patients).

Pression cricoïdienne

Réalisée Pression cricoïdienne

Relâchée Absente

Groupe A Groupe B1 † Groupe B2 Groupe C Force de Laryngoscopie n % IC 95 % n % IC 95 % n % IC 95 % n % IC 95 %

Normale 45 68 56-79 18 * 31 19-44 36 * 60 47-72 6 60 26-88

Augmentée 21 32 21-44 41 69 56-81 24 40 28-53 4 40 12-74

Total 66 100 59 100 60 100 10 100

Figure 30. Evolution de la force de laryngoscopie au sein du Groupe B

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VI.G.3.3.b Nombre de tentatives

Toutes les intubations trachéales du Groupe A ont été réalisées en une seule tentative. Un

patient du Groupe C a nécessité plusieurs tentatives en raison de scores de visualisation glottique

défavorables (SCL égal à IV, score POGO égal à 0%).

Le nombre de tentatives du Groupe B est décomposé en deux sous groupes. Les tentatives du

Groupe B1 correspondent aux essais d’intubation trachéale survenant avant l’arrêt de la PC. Les

tentatives du Groupe B2 représentent le nombre de tentatives couronnées de succès quand la PC est

relâchée (Tableau 26).

Tableau 26. Nombres de tentatives d’intubation trachéale du Groupe B

n : nombre de patients

Aucune intubation trachéale n’a été tentée chez 38 personnes du Groupe B1. Parmi ces 38

patients, il était retrouvé 30 patients avec un SCL égal à IV et 5 avec un SCL égal à III. Les 3

patients restants avaient lors de la première laryngoscopie un SCL égal à II avec un score POGO

compris entre 10 à 20 %.

Chez 12 patients du Groupe B1, une tentative d’intubation trachéale a été réalisée avant

d’abandonner la manœuvre de Sellick (Tableau 27). Il est dénombré deux patients ayant un SCL

égal à IV, un patient présentant un SCL égal à III et 9 autres caractérisés par des SCL égal à II.

Dans ce groupe de patient s ayant eu une tentative d’intubation trachéale, il est précisé que deux

patients avec des scores POGO de 20 %, un patient avec un score POGO de 75% et deux autres

avec des scores POGO de 80 % ont présenté des difficultés de passage de la sonde d’intubation

menant à la levée de la manœuvre de Sellick. Il est à noter l’utilisation du mandrin de type

Eschmann lors de la première tentative d’intubation trachéale de deux patients (SCL égal à IV, et

SCL égal à II avec un score POGO égal à 10 %).

Tentatives Groupe B1

n (%)

Groupe B2

n (%)

0 38 (63) 0

1 12 (20) 53 (88)

2 10 (17) 7 (12)

Total 60 (100) 60 (100)

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Tableau 27. Pourcentage de l’orifice glottique observable lors d’une laryngoscopie (Score POGO) des patients du Groupe B1 n’ayant eu qu’une seule tentative d’intubation trachéale

Dix patients présentant un SCL égal à II (Score POGO compris entre 20 et 60 %) ont eu deux

essais d’intubation trachéale avant de relâcher la PC. Le mandrin de type Eschmann a été utilisé

chez six patients de ce sous groupe de patient B1 mais des difficultés d’accès trachéal et/ou de

passage de la sonde d’intubation sur le mandrin ont été rencontrées menant à la levée de la

manoeuvre de Sellick.

88 % des patients du Groupe B2 ont été intubés après une unique tentative alors que le reste

du groupe a nécessité au maximum deux tentatives. La levée de la manœuvre Sellick a permis à

elle seule l’intubation trachéale de 57 % des patients (34/60patients). Des manipulations laryngées

ou l’emploi de méthode alternative ont été nécessaires chez 26 patients pour la réussite de

l’intubation trachéale après l’arrêt de la PC

VI.G.3.3.c Manipulations laryngées externes (MLE)

Aucune MLE n’a été réalisée simultanément à la manœuvre de Sellick. Dans le Groupe C,

les manipulations laryngées externes ont été utilisées pour les 3 patients présentant un SCL

initialement égal à IV.

Dans le Groupe B2, dans 5 cas, l’arrêt de la manœuvre de Sellick et la réalisation d’une MLE

ont permis la réussite de l’intubation trachéale. Dans 10 cas, une manipulation laryngée externe a

été associée à une ou plusieurs méthodes alternatives pour la réussite de l’intubation trachéale.

VI.G.3.3.d Méthodes alternatives

Aucune méthode alternative n’a été pratiquée dans le Groupe A. Trois patients ayant un SCL

égal à IV du Groupe C ont nécessité l’utilisation du mandrin de type Eschmann.

Au sein du Groupe B1, la cathéterisation de la trachée par le mandrin de type Eschmann a

échoué chez 2 patients et a été réussie chez 6 autres. Chez ces derniers, une difficulté de passage de

la sonde d’intubation vers la trachée a mené à suspendre l’application de la PC.

Scores POGO

Nombre de patients

0 3 10 1 20 3 25 2 75 1 80 2

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25 patients du Groupe B2 (42 %) ont nécessité l’emploi de méthodes alternatives. Le mandrin

seul ou associé à d’autres moyens accessoires a été utilisé 21 fois dans le Groupe B2. (Tableau 28)

Tableau 28.Méthodes alternatives utilisées dans le Groupe B2

Mandrin*: mandrin de type Eschmann

L’intubation trachéale avec mandrin de type Eschmann a été possible après une tentative

pour 17 patients et après 2 tentatives chez 4 patients. Il était ressenti 7 difficultés d’insertion de la

sonde dans la trachée sur les 21 utilisations du mandrin.

Les scores POGO moyens des patients du Groupe B2 intubés avec et sans mandrin de type

Eschmann étaient respectivement 36% et 70 % (P< 0.0001) (Tableau 29).

Tableau 29. Pourcentage moyen de l’orifice glottique observable lors d’une laryngoscopie (Score POGO moyen) des patients du Groupe B2

associé à l’utilisation du mandrin de type Eschmann

ET : Ecart Type IC 95% : intervalle de confiance à 95. * P< 0.05.

Méthodes alternatives Nombre de patients

1 Méthode 17

Mandrin* seul 13

Changement de lame 1

Repositionnement 3

2 Méthodes 8

Mandrin* + changement lame

5

Mandrin* + repositionnement

3

Mandrin + Mandrin -

Moyenne +/- ET 36+/- 37 * 70 +/-32

IC 95 % 18-53 60-79

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VII. DISCUSSION

Nous avons analysé de manière prospective l’influence de la manœuvre de Sellick sur les

conditions d’intubation trachéale en médecine préhospitalière. Nous avons respecté les

recommandations sur l’intubation trachéale et appliqué un algorithme validé en cas de difficulté de

laryngoscopie [9, 10, 59, 76]. Nous avons systématiquement réalisé la manoeuvre de Sellick en

appliquant une pression cricoïdienne standardisée, exécutée par des opérateurs entraînés. Les

médecins pratiquant la laryngoscopie étaient exclusivement des seniors entraînés ayant validé un

diplôme spécialisé sur le contrôle des voies aériennes. Nous avons démontré, sur un échantillon de

patient prédéfini, que l’intubation trachéale en médecine préhospitalière nécessitait le relâchement

de la PC dans 48% des cas. Nous avons mis en évidence que le relâchement de la PC améliorait la

qualité d’exposition laryngée et glottique et diminuait objectivement la difficulté d’intubation.

Nous avons aussi prouvé que la manœuvre de Sellick, appliquée systématiquement, allongeait le

délai de sécurisation des voies aériennes. Dans les conditions de notre étude, nous avons identifié

un contenu pharyngé présent chez environ 30% des patients dès la laryngoscopie initiale et que le

relâchement de la PC n’entraînait aucune régurgitation supplémentaire. Nous avons pu identifier

un seuil quantitatif de visualisation glottique en laryngoscopie directe justifiant le relâchement de

la PC. Enfin, nous sommes conscients des limites de notre travail, nous en discuterons dans le

dernier paragraphe de ce chapitre.

VII.A LA NECESSITE DE LEVER LA MANŒUVRE DE SELLICK

De nombreux travaux anglo-saxons réalisés au bloc opératoire se sont intéressés à l’impact

des manipulations laryngées externes sur le contrôle des voies aériennes [13, 21-24, 66, 74, 77, 94,

115, 119, 123]. Ces études randomisées réalisées au bloc opératoire comparaient les conditions

d’intubation trachéale en présence et en l’absence de la manœuvre de Sellick. Certains de ces

travaux démontraient que la manœuvre de Sellick affectait peu la qualité de l’exposition glottique

et donc les conditions d’intubation [13, 21-24]. Ces travaux ont alimenté la réflexion des sociétés

savantes et servi de support aux recommandations sur l’intubation trachéale en médecine d’urgence

[9, 10]. Cependant, les conditions de réalisation de ces études menées au bloc opératoire sont très

éloignées de celles de la médecine préhospitalière. Il est difficile de comparer la situation du

malade allongé sur la table de bloc, anesthésié profondément et curarisé qui va être intubé avec ou

sans application d’une PC, réalisée dans des conditions d’aveugle possiblement discutables, avec

celles du malade en détresse, allongé le plus souvent au sol dans une ambiance qualifiée d’hostile,

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qui vient de recevoir une induction en séquence rapide. L’étude de Turgeon et al. est un exemple

intéressant démontrant des différences majeures dans les conditions d’intubation entre l’anesthésie

réglée et la médecine préhospitalière [13]. Ce travail, mené au bloc opératoire, sur une population

sélectionnée de patients programmés, concluait à une absence d’altération de la vision glottique par

la PC. Malgré l’utilisation d’un outil identique de mesure de l’exposition laryngée sous

laryngoscopie directe, il existe une discordance majeure entre les scores de Cormack et Lehane

observés de cette étude et les nôtres. Ainsi, au bloc opératoire près de 68 % des patients

présentaient un SCL égal I alors que la PC était appliquée. Dans notre travail les patients ayant un

SCL égal à I ne représente que 14 % (18/126) de l’ensemble de l’effectif inclus. De manière

similaire, il était noté dans l’étude de Turgeon et al. que 3 % des patients présentaient un SCL égal

à III et aucun patient n’avait un SCL égal à IV bien que la PC était appliquée. Nous avons observé

que l’application systématique de la PC était responsable d’une incidence relativement importante

de patients ayant un SCL égal à III et IV soit 7 % (9/126) et 25 % (32/126), respectivement

(Tableau 13). Un précédent travail réalisé au SMUR de Gonesse à une période où la manœuvre de

Sellick n’était pas standardisée et donc moins souvent appliquée, retrouvait respectivement 20 % et

10 % des patients présentant un SCL égal à III et IV, sur une cohorte de 256 patients [3]. Une autre

étude évaluant l’intérêt du mandrin de type Eschmann au cours de l’intubation trachéale avec

réalisation de la PC au bloc opératoire indiquait une incidence de SCL élevée, comparable à celle

de notre travail [123]. Les scores de visualisation glottique obtenus après arrêt de la manœuvre de

Sellick tendent à se rapprocher des scores obtenus sans PC au bloc opératoire [39] avec une

moindre proportion de SCL égal à I au profit de SCL égal à II (Tableau 30).

Tableau 30.Scores de Cormack du Groupe B2 comparé aux données de bloc opératoire

Groupe B2 % Adnet et al [39] %

SCL égal à I 30 52 à 59

SCL égal à II 57 30 à 37

SCL égal à III 8 10 à 11

SCL égal à IV 5 1

Une différence dans la qualité des opérateurs réalisant l’intubation trachéale pourrait

expliquer les différences dans l’épidémiologie de la qualité d’exposition laryngée décrites entre les

études intra-hospitalières (où l’intubation est réalisée par des anesthésistes réanimateurs) et les

études extra-hospitalières (où l’intubation trachéale est pratiquée par des médecins urgentistes

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moins expérimentés). Si cet argument était recevable dans les années 90, il ne l’est plus

actuellement et surtout il ne peut pas s’appliquer à ce travail. En effet, les médecins urgentistes,

impliqués dans cette étude, étaient tous aguerris à la pratique de l’intubation trachéale. Ils étaient

tous titulaires d’un diplôme universitaire attestant de leurs connaissances théoriques et pratiques

sur le contrôle des voies aériennes. Enfin, ils travaillent tous dans une équipe (SMUR de Gonesse)

qui a démontré de par ses travaux cliniques produits, l’investissement des praticiens dans la

recherche sur le domaine de l’intubation trachéale en médecine préhospitalière [3, 4, 8, 41, 131,

132, 133]. Il existe donc maintenant des preuves qui démontrent que les conditions d’intubation

trachéale en médecine préhospitalière sont difficilement simulables au bloc opératoire. Les travaux

réalisés au bloc opératoire ne peuvent pas servir de support unique aux recommandations pour les

pratiques de l’intubation trachéale en médecine préhospitalière. Tous les médecins urgentistes

reconnaissent l’intérêt des règles de sédation pour l’intubation trachéale. L’induction en séquence

rapide doit être pratiquée pour réduire le délai de sécurisation des voies aériennes. Le cocktail

anesthésique permet d’intuber une minute après son injection. Pourquoi imposer systématiquement

une manœuvre (de Sellick) qui induit à elle seule une difficulté d’intubation supplémentaire et

allonge la durée d’exposition critique des voies aériennes pour un bénéfice attendu (protection

contre le reflux œsophagien) vraiment discutable ? Et pourtant, il est recommandé de réaliser la

manœuvre de Sellick pour l’intubation en médecine préhospitalière, et l’application de la PC prime

sur toutes autres considérations malgré les effets indésirables qui lui sont imputés [9,10]. Il en

résulte que toute étude clinique qui randomiserait les malades sur l’application de la manœuvre de

Sellick serait de fait non éthique. De manière intéressante, les recommandations anglo-saxonnes

récentes autorisent maintenant le relâchement de la PC, mais uniquement lorsque la ventilation de

sauvetage est jugée difficile [76] (Annexe 1). Dans notre travail, l’intubation trachéale a nécessité

de relâcher la PC dans près de la moitié des cas, ce qui revient à dire que la manœuvre de Sellick a

gêné l’intubation trachéale de près de la moitié des patients (Figure 22). Néanmoins l’autre moitié

des patients a été intubée malgré la manœuvre de Sellick. Ce résultat contraste avec les conclusions

des travaux réalisés au bloc opératoire sur le même thème [13, 24], mais confirme notre hypothèse

de travail. L’impression des médecins de différents SMUR d’île de France et plus particulièrement

des médecins du SMUR de Gonesse, exprimée dans l’enquête qui nous a permis de dimensionner

l’étude, se trouve confortée par notre travail. Toutefois, tous les patients inclus dans notre étude

n’ont pas bénéficié d’une amélioration de la vision glottique lors du relâchement de la PC (Tableau

14, 16).

En se référant au score POGO, 80% des patients ont vu leur vision glottique s’améliorer lors

du relâchement de la PC. Le taux moyen d’augmentation du score POGO s’élève à 47 % et une

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amélioration de plus de 40 % du score POGO est retrouvée chez 50% des patients (Tableau 17). Si

on utilise le score de Cormack et Lehane pour quantifier l’effet du relâchement de la PC sur la

vision laryngée, alors l’amélioration de l’exposition n’est identifiable que chez 73 % des patients

(44/ 60 patients) (Tableau 14). De manière surprenante, 1 patient minore son score POGO tout en

gardant un SCL égal à II lors du relâchement de la PC. L’étude de Levitan et al. a déjà démontré

que l’application d’une PC pouvait améliorer la vision glottique si aucune autre manipulation

laryngée externe était entreprise [24]. Ainsi, il est tout à fait possible de penser que la manœuvre de

Sellick ait pu améliorer le score de visualisation laryngée ou glottique chez quelques patients du

Groupe A. Cependant, nous ne pouvons conclure à un tel bénéfice du fait de l’absence

d’observation sous laryngoscopie directe des patients du Groupe A sans application de la PC. Une

étude randomisée comparant des patients avec et sans réalisation de la PC pourrait apporter une

réponse fiable à cette question.

Même si nous avions une hypothèse de travail, notre étude avait pour vocation de généraliser

la pratique systématique de la PC au sein d’une équipe d’un SMUR, et de promouvoir le recours au

mandrin de type Eschmann en cas de difficultés d’accès trachéal. Le fait d’autoriser la levée de la

PC en cas d’impossibilité d’intubation trachéale nous permettait d’analyser l’influence de la

manoeuvre de Sellick sur les conditions d’intubation tout en respectant les recommandations des

sociétés savantes. Notre travail confirme l’impression clinique de nombreux médecins urgentistes

qui intubent les patients en médecine préhospitalière. La manœuvre de Sellick semble altérer les

conditions d’intubation. Notre travail ne démontre pas qu’il faut abandonner la manœuvre de

Sellick mais propose plutôt une stratégie d’intubation permettant de pallier aux effets de la

manœuvre de Sellick sur les conditions d’accès aux voies aériennes en urgence.

VII.B LA LEVEE DE LA PRESSION CRICOIDIENNE AMELIORE L’EX-

POSITION GLOTTIQUE ET FACILITE L’INTUBATION TRACHEALE

Nous avons démontré grâce à des outils validés par la littérature que l’arrêt de la manœuvre

de Sellick facilitait l’intubation trachéale [6]. En effet, nous avons observé qu’après le relâchement

de la PC l’intubation trachéale était réussie dans 88% des cas en une seule tentative alors qu’une ou

plusieurs tentatives ont été ou auraient été nécessaires en présence de la manoeuvre de Sellick

(Tableau 26).

La difficulté d’intubation avec le laryngoscope de Macintosh est étroitement liée à la qualité

de l’exposition laryngée mesurée par le SCL. Les patients ayant un SCL égal à I sont facilement

intubés, alors que les SCL > à III sont pratiquement impossibles à intuber sans manipulations des

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voies aériennes ou méthodes alternatives. Finalement, les patients avec un SCL égal à II qui

constituent la cohorte la plus importante dans notre travail présentent une difficulté d’accès

trachéal variable en fonction de la qualité de l’exposition glottique (Tableau 13). C’est l’intérêt du

score POGO qui mesure la fraction visible de la fente glottique, il permet donc d’affiner la qualité

de l’exposition laryngée pour le SCL égal à II [129, 130]. En combinant le SCL et le score POGO

nous nous sommes donnés les moyens de quantifier précisément l’effet de la PC sur la vision

laryngée. Les valeurs individuelles décrivant l’évolution du SCL et du score POGO avant et après

la levée de la PC, sont édifiantes avec par exemple une diminution des SCL égaux à IV de 53 % à

seulement 5% (Tableau 13, 14, 15, 16; Figures 26, 27). Elles démontrent que le relâchement de la

PC améliore dans une majorité des cas la qualité de l’exposition laryngée et glottique. La mesure

moyenne des scores POGO présentée dans nos résultats démontre que le relâchement de la PC

améliore de 47 % la qualité de l’exposition laryngée. Une amélioration moyenne, de la vision

laryngée mesurée par EVA, de près de 60% est ressentie par les médecins.

Nous avons mesuré la difficulté d’intubation trachéale en utilisant une mesure objective de

difficulté d’intubation avec le score IDS [6]. Nous avons aussi réalisé une mesure subjective de la

difficulté perçue par le médecin urgentiste réalisant le geste. Les résultats des deux mesures,

objective et subjective, sont strictement concordants, ils démontrent que l’intubation est plus

simple et plus donc plus facile quand la PC est relâchée (Tableau 21, 23, 24 ; Figure 29).

Dans notre analyse, nous avons envisagé deux stratégies de calcul de l’IDS. Dans la

première, nous avons considéré que la levée de la PC constituait une manipulation à part entière

des voies aériennes supérieures. Notre analyse statistique démontre que le relâchement de la PC

réduit très significativement l’IDS. Par souci d’exactitude, nous avons appliqué une seconde

stratégie de calcul de l’IDS ne considérant pas le relâchement de la PC comme une manipulation

des voies aériennes supérieures. Même en soustrayant systématiquement 1 point à l’IDS calculé

(IDS Groupe B1’), les statistiques persistent à démontrer que le relâchement de la PC réduit la

difficulté d’intubation trachéale (Tableau 23). Dans notre travail, l’incidence de l’intubation

trachéale difficile mesurée par l’IDS > 5 varie de 7 à 12 % en fonction de la stratégie de calcul de

l’IDS. Ces résultats concernant l’incidence de l’intubation difficile en médecine préhospitalière

sont tout à fait comparables à ceux mesurés dans d’autres études comparables [2, 6, 7, 8].

Les raisons de la plus grande facilité d’intubation mesurée après le relâchement de la PC sont

explicites. Dans notre travail, nous avons mis en évidence que l’intensité de la traction exercée par

l’intermédiaire du manche et de la lame du laryngoscope sur la paroi antérieure du pharynx

semblait moins importante après relâchement de la PC (Tableau 25 ; Figure 30). Avec la PC

appliquée, une traction anormalement forte est nécessaire chez de 50% des patients (62/126) afin

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d’obtenir une exposition optimale du larynx. Après relâchement de la PC, cette force de traction

augmentée n’est plus requise que pour près de 35 % d’entre eux. L’intubation trachéale après

relâchement de la PC permet moins de traction sur le laryngoscope tout en offrant une vision

laryngée de meilleure qualité. Nos résultats confortent nos choix méthodologiques. En effet, si

nous analysons l’effet du relâchement de la PC sur le SCL, nous mettons en évidence que dans 73

% des cas, le SCL s’améliore (Tableau 14). Par contre, si nous considérons le score POGO, nous

constatons une amélioration du score POGO dans 82% des cas (Tableau 17). Le score POGO

pourrait être plus sensible que le SCL pour mesurer l’influence de la PC sur la qualité de la vision

laryngée sous laryngoscopie directe réalisée avec le laryngoscope de Macintosh. L’influence de la

PC sur le score POGO a déjà été étudiée. Dans leur travail réalisé sur des cadavres frais, passant

d’une laryngoscopie sans manipulations laryngées externes à une application d’une PC, Levitan et

al. [24] retrouvent une dégradation du score POGO dans 48 % des cas avec diminution moyenne

du score de 17%. Les auteurs démontrent que sous l’effet de la PC, 3% des patients présentant un

score POGO > 0% donc un SCL égal à II, passent à un score nul de POGO soit un SCL > 3.

L’étude de Turgeon et al. dans laquelle la PC était standardisée, retrouve une latéralisation

significative de l’orifice glottique [13]. Haslam et al. ont évalué sous laryngoscopie et endoscopie

l’effet d’une PC de force croissante sur les structures glottiques [21]. Ils observent une

détérioration de la vision glottique lors de l’application de la PC, mais surtout décrivent

l’importance des modifications de l’anatomie laryngée. Des chutes de l’épiglotte associées à une

distorsion de sa surface ventrale, une adduction des plis vestibulaires et un déplacement des tissus

mous pharyngés en direction de l’axe de visualisation glottique sont décrits dans ce travail. Par

ailleurs, sont remarqués des déplacements et des distorsions du larynx liés à l’intensification de la

PC. Le maintien d’une vision glottique initiale optimale n’était possible qu’au prix d’une

augmentation importante de la force de traction exercée sur la lame du laryngoscope.

Contrairement à l’étude de MacG et al., nous n’avons pas observé de fermeture des cordes vocales

en présence de la PC [119]. Démontrer que l’application de la PC entraîne une fermeture des

cordes vocales implique que les patients aient un SCL égal à I ou II. Or dans notre travail, la

majorité des patients ayant nécessité le relâchement de la PC présentaient un SCL > 3 (Tableau 13)

ne permettant pas l’évaluation de la position des cordes vocales alors que la PC était appliquée.

Nous avons démontré que le relâchement de la PC simplifiait et facilitait l’intubation

trachéale en SMUR. Bien que notre travail ne soit pas dimensionné pour démontrer une différence

dans le nombre de complications survenant au cours de l’intubation trachéale en médecine

hospitalière, les Groupes A et B diffèrent significativement quant à l’incidence des complications.

Nous mettons en évidence un taux significativement plus important de complications au sein du

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Groupe B par rapport au Groupe A (Tableau 12) avec en particulier cinq complications mécaniques

(4 intubations oesophagiennes et 1 traumatisme dentaire) au sein du Groupe B alors qu’aucune

n’est rapportée au sein du Groupe A. L’incidence majorée des complications mécaniques

observées chez les patients intubés après relâchement de la PC pourrait être directement

proportionnelle au nombre de tentatives d’accès trachéal infructueux, entrepris avant l’abandon de

la PC. De manière similaire, Mort et al. retrouvent un taux de complications mécaniques égal à 5

% si le nombre de tentatives d’intubation est = 2, alors qu’il passe à 51 % si le nombre de

laryngoscopies devient supérieur à 3 [39].

VII.C LA MANŒUVRE DE SELLICK ALLONGE LE DELAI DE

SECURISATION DES VOIES AERIENNES

Nous avons mesuré la durée de l’intubation trachéale. Un des intervenants de l’équipe du

SMUR avait comme mission de mesurer le délai de sécurisation des voies aériennes. Ce délai est

fondamental pour la sécurité du patient, non seulement pour le risque d’inhalation pulmonaire d’un

éventuel contenu gastrique régurgité dans l’œsophage, mais aussi pour la ventilation et

l’oxygénation. En effet, l’étanchéité du système ventilatoire procurée par la sonde d’intubation

avec son ballonnet gonflé permet d’appliquer une ventilation mécanique. Bien que notre travail ne

démontre pas que la manœuvre de Sellick prolonge la durée d’intubation trachéale, nos résultats

suggèrent que le relâchement de la PC, appliquée systématiquement, entraîne un retard de

sécurisation des voies aériennes. Quand il est nécessaire de relâcher la PC pour intuber, la durée

d’intubation est multipliée par 3 environ par rapport aux patients intubés sans relâcher la PC

(Tableau 18). Cette observation est corroborée par les résultats du Groupe C. En effet, dans ce

groupe de patients qui n’ont pas eu la PC systématiquement appliquée avant la laryngoscopie

initiale, la durée d’intubation trachéale est divisée par 2 par rapport à celle des patients du Groupe

B (Tableau 18). Nous ne pouvons considérer le Groupe C comme un groupe contrôle, car il

représente les écarts au protocole, néanmoins la comparaison des différences intergroupes mérite

réflexion et discussion.

Les raisons qui expliquent l’allongement de la durée d’intubation trachéale après relâchement

de la PC sont multiples. La première, la plus évidente, est liée à l’échec de l’intubation trachéale

lorsque la PC est appliquée systématiquement. Le protocole d’intubation imposait de tenter

l’intubation trachéale selon les recommandations actuelles avant de décider de relâcher la PC. Les

échecs d’intubation trachéale sous PC sont responsables de l’allongement de la durée d’intubation.

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Cependant, nous avons observé que les médecins réalisant l’intubation sous PC avaient parfois

raccourci la procédure recommandée en cas d’échec de l’accès trachéal sous laryngoscopie directe

(Tableau 26). En effet, certains médecins ont préféré ne pas tenter la procédure complète de

l’intubation trachéale, ne pas recourir systématiquement à 2 tentatives d’accès trachéal avec le

mandrin de type Eschmann ou décider de relâcher plus rapidement la PC après une unique

tentative chez quelques patients démontrant un SCL égal à III. Cette stratégie qui constitue un écart

au protocole n’est pas illogique en médecine d’urgence, elle constitue certainement un moyen pour

sécuriser plus rapidement les voies aériennes. Il est en effet classique de dire qu’en cas de SCL

égal à IV, le taux de succès du mandrin d’Eschmann est faible [60, 120, 121]. Dans notre travail, 9

patients du Groupe B1 sur les 12 qui n’ont eu qu’une seule tentative d’intubation trachéale avaient

tous des scores POGO inférieurs à 25 % (Tableau 27). Il est aisé de penser que ce nombre de

tentative aurait été largement supérieur au sein du Groupe B1 si le protocole de prise en charge des

VAS proposé avait été suivi plus rigoureusement. Néanmoins, sans cet écart au protocole, la

différence de durée d’intubation trachéale entre le Groupe A et le Groupe B aurait été encore plus

importante.

La réalisation de manipulations laryngées externes (MLE) pour optimiser la vue de la glotte

était possible après relâchement de la PC. Les opérateurs ont par conséquent réalisé des MLE pour

améliorer l’exposition glottique. Même si elles concernent un petit nombre de patient, les MLE ont

participé à l’allongement du délai de sécurisation des voies aériennes.

L’amélioration de la qualité de la vision glottique a permis l’utilisation de méthodes

alternatives chez 42 % des patients du Groupe B2. Le mandrin de type Eschmann était le seul

instrument utilisé (Tableau 28). Un score POGO moyen de l’ordre de 36 % était associé à

l’utilisation du mandrin de type Eschmann. Une durée d’intubation trachéale moyenne

significativement supérieure est retrouvée chez les patients ayant bénéficié du mandrin (Tableau

19).

VII.D LE RELACHEMENT DE LA MANŒUVRE DE SELLICK N’ENTRAINE

PAS DE REGURGITATION

Notre travail démontre que le relâchement de la pression cricoïdienne motivé par des

difficultés d’intubation n’a pas entraîné de régurgitation. Les opérateurs réalisant l’intubation

trachéale étaient en situation idéale pour identifier une régurgitation d’origine gastrique ou

duodénale. En effet, la PC était relâchée alors que le médecin maintenait la laryngoscopie. Il est

donc peu probable qu’une régurgitation soit survenue pendant les manœuvres d’intubation

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trachéale. Nous n’avons pas analysé les conditions de jeun des patients en détresse ou en ACR qui

ont tous été considérés comme des « estomac plein ». Ce n’est pas parce que nous n’avons

objectivé aucune régurgitation lors du relâchement de la PC chez 60 patients intubés en

préhospitalier que cela nous autorise à remettre en cause l’intérêt de la manœuvre de Sellick pour

l’intubation trachéale en médecine d’urgence. Néanmoins, nos résultats suggèrent que l’application

dogmatique de la manœuvre de Sellick en médecine préhospitalière est discutable. L’analyse de la

littérature nous apprend que l’inhalation du contenu gastrique reste une des principales causes de

mortalité en anesthésie [134]. Les facteurs de risque de régurgitation et d’inhalation pulmonaire

sont connus [27]. Il s’agit bien sur des patients ayant une pathologie abdominale aiguë, les patients

anesthésiés dans les heures qui suivent un repas, et les patients présentant un ralentissement

fonctionnel ou organique de la vidange gastrique. Il est clair que pour ces types de patients à risque

de régurgitation intubés au bloc opératoire, où l’application de la PC semble moins affecter les

conditions d’intubation, la manœuvre de Sellick paraît indiscutable. Par contre, recommander

systématiquement la manœuvre de Sellick pour l’intubation trachéale des patients en arrêt

cardiaque, des malades en détresse cardiaque ou en défaillance respiratoire pourrait sembler

excessif au vu de nos résultats. Nous pensons que l’application de la PC pourrait être discutée en

médecine préhospitalière en fonction du contexte clinique et de la présence ou non de facteurs

prédictifs d’intubation ou de ventilation au masque facial difficile. Il faudrait envisager une balance

bénéfice/risque avant d’appliquer la manœuvre de Sellick en médecine préhospitalière. Le risque

lié à la manœuvre de Sellick réside principalement dans les difficultés d’intubation qu’elle

entraîne. Le bénéfice de la manoeuvre de Sellick est lié à la protection qu’elle semble conférer

contre les pneumopathies d’inhalation secondaires à une régurgitation. L’efficacité de la manœuvre

de Sellick pour la prévention des régurgitations au cours de l’induction en séquence rapide se base

sur des données d’études sur cadavres, réalisées notamment par Sellick, Salem et Vanner [11, 75,

88, 100]. Aucune étude prospective n’a été effectuée depuis ces publications. Récemment,

l’occlusion de l’œsophage crée par l’application de la PC a été remise en question par des études

basées sur des imageries cervicales [98-99]. Par ailleurs des cas suspects d’inhalation pulmonaire

ont été décrits malgré l’application rigoureuse de la manœuvre de Sellick [1, 18, 68, 82, 102-105].

Toutes ces notions laissent planer un doute sur la réelle protection conférée par la manœuvre de

Sellick et nous questionnent sur l’histoire naturelle de la pneumopathie d’inhalation. Il paraît

plausible que les inhalations surviennent avant le contrôle des voies aériennes réalisé par l’équipe

médicale. Dans notre travail, nous avons recherché la présence d’un contenu pharyngé lors de la

première laryngoscopie alors que la PC était appliquée. Nous avons observé que 30 % des patients

présentaient un contenu pharyngé. Ce contenu pharyngé était présent chez 41% des patients en

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arrêt cardio-respiratoire, chez 17 % des patients présentant une activité cardiaque spontanée et

intubés une minute après l’induction en séquence rapide (Tableau 11). En considérant que la PC

réalisée était efficace pour empêcher la survenue d’une régurgitation pendant la laryngoscopie, le

reflux vers le pharynx du contenu gastrique s’est probablement produit avant d’entreprendre les

manœuvres d’intubation trachéale. Nos résultats concordent avec les observations d’échec de la

manœuvre de Sellick à prévenir les régurgitations mais aussi les pneumopathies d’inhalation. Dans

une étude préhospitalière, Cantineau et al. rapportent la survenue d’une régurgitation malgré la PC

[1]. En médecine d’urgence, Schwartz et al. décrivent également un échec de la manœuvre de

Sellick chez 9 patients sur 12 ayant eu une pneumopathie d’inhalation [18]. Près de 10 % des 139

anesthésistes, interrogés au cours d’une évaluation des pratiques, relataient la survenue de

régurgitations en dépit de la présence d’une manœuvre de Sellick [82].

La prévalence élevée d’un contenu pharyngé chez les patients en arrêt cardio-respiratoire

pourrait être favorisée par l’effondrement du tonus du SIO objectivé en cas de survenue d’un ACR

[135] mais aussi par les manœuvres de réanimation initiées par les premiers secours. En effet, la

ventilation au masque facial par les secouristes est parfois difficile. L’utilisation de pressions

d’insufflation trop importantes peut être à l’origine d’une distension gastrique et favorisent la

survenue de régurgitations [114]. L’application d’une PC efficace est préconisée par les

recommandations internationales de prise en charge de l’ACR [91]. En France, l’application de la

PC au cours de l’arrêt cardio-respiratoire se limite à la réanimation de la femme enceinte [136]. Il

est à noter qu’aucune formation théorique ou pratique de la PC n’est délivrée aux secouristes en

France. Un meilleur apprentissage de la technique de ventilation au masque facial et une formation

des effecteurs des premiers secours à la réalisation correcte de la manœuvre de Sellick serait

souhaitable pour prévenir les régurgitations gastriques et l’inhalation bronchique survenant avant

l’arrivée de l’équipe médicale. Une alternative à la ventilation au masque facial pratiquée par les

secouristes serait de leur enseigner la technique de pose d’un masque laryngé permettant

l’utilisation de faible volume d’insufflation [137].

Notre étude nuance nos croyances sur la manœuvre de Sellick. La manœuvre de Sellick avait

pour vocation principale de protéger les voies aériennes contre l’inhalation pulmonaire d’un

contenu gastrique régurgité lors de l’intubation trachéale après induction anesthésique en séquence

rapide. Nous remarquons que 30 % des patients présentent un contenu pharyngé lors de la première

laryngoscopie et qu’aucune régurgitation ne survient à la suite du relâchement de la PC.

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VII.E UN SEUIL QUANTITATIF DE VISION GLOTTIQUE JUSTIFIE DE

RELACHER LA MANŒUVRE DE SELLICK

Notre analyse statistique nous a permis de construire la courbe ROC reliant la pertinence

(sensibilité et spécificité) de la levée de la PC pour réussir l’intubation trachéale en fonction du

score POGO (Figure 28). L’analyse de cette courbe ROC est édifiante car elle identifie une valeur

seuil du score POGO égale à 30% en deçà de laquelle la levée de la PC devient légitime pour

réussir l’intubation trachéale (une sensibilité et une spécificité à 88%). Nous démontrons que le

score POGO inférieur ou égal à 30% est fortement corrélé au relâchement de la PC pour réussir

l’intubation à la première tentative dans près de 90% des cas (Tableau 26). En d’autres termes, si

l’opérateur à l’impression que seul le tiers inférieur de la fente glottique est visible en

laryngoscopie directe, alors l’intubation trachéale est plus simple si l’on relâche la manœuvre de

Sellick. Ce résultat nous paraît fondamental, car il offre une réelle légitimité à la réalisation

systématique de la manœuvre de Sellick. Le score POGO seuil que nous avons identifié réconcilie

d’une part les partisans de l’application dogmatique de la PC pour l’intubation trachéale en

médecine préhospitalière et d’autre part, les sceptiques qui considèrent, à juste titre, que la

manœuvre de Sellick rend l’intubation trachéale beaucoup plus difficile. En effet, si nos résultats

étaient confirmés, nous pourrions imaginer un algorithme d’intubation trachéale en médecine

d’urgence et préhospitalière basé sur le score POGO. La manœuvre de Sellick serait appliquée « de

principe » systématiquement mais la PC serait relâchée pour les scores POGO inférieurs à 30%.

Malheureusement, contrairement au score de Cormack et Lehane qui est familier pour tous les

personnels médicaux et paramédicaux pratiquant l’intubation trachéale, le score POGO décrit par

R.Levitan reste peu connu des anesthésistes réanimateurs ou des médecins urgentistes. Pourtant, le

score POGO est plus simple d’apprentissage que le score de Cormack et Lehane et des travaux

démontrent une plus grande fiabilité des scores POGO observés par différents praticiens [129-130].

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VII.F LIMITES DE NOTRE TRAVAIL

VII.F.1 Méthodologie

Contrairement aux travaux anglo-saxons réalisés au bloc opératoire [13, 21-24, 66, 74, 77,

94, 115, 119, 123], notre travail accompli en préhospitalier chez des patients dits à « estomac

plein » ne pouvait pas, pour des raisons d’éthique, comparer de façon randomisée les conditions

d’intubation trachéale en présence et en l’absence de manœuvre de Sellick. Une étude descriptive

évaluant les conditions d’intubation avant et après l’arrêt de la manœuvre Sellick, dans un contexte

d’accès aux voies aériennes jugé difficile, était permise selon des recommandations récentes des

sociétés savantes notamment anglo-saxonnes [76] (Annexe 1).

A l’opposé, des études menées sur la manœuvre de Sellick réalisées au bloc opératoire, il

était inconcevable en médecine préhospitalière de s’étalonner sur un simulateur immédiatement

avant l’intubation [13,17]. Nous avons ainsi opté pour une formation théorique et pratique initiale,

suivie de séances d’entraînements régulières, pour maintenir la compétence à réaliser la pression

cricoïdienne. En dehors des entraînements collectifs qui avaient lieu à l’occasion de réunions de

service, le simulateur était continuellement mis à disposition des équipes de garde. Cette stratégie

nous permet de limiter le risque qu’une disparité dans l’application de la PC affecte nos résultats.

De plus, concernant le positionnement des doigts sur le cartilage cricoïde, il était demandé aux

opérateurs réalisant la manoeuvre de Sellick d’identifier les repères anatomiques avant le début de

l’intubation. L’aide du médecin était possible en cas de difficultés d’identification du cartilage

cricoïde. Nous avons émis l’hypothèse que cette stratégie permettrait un positionnement optimal

des doigts pour réaliser la PC, mais le cas échéant il correspondrait à la « vraie vie » de la pratique

préhospitalière de la manœuvre de Sellick. Cette réalité correspondait à la réalisation de la PC sur

un patient au sol ou à hauteur d’un lit et plus rarement à une hauteur d’homme sur un brancard.

Cette réalité intégrait également une notion de stress important face à des patients présentant un

état de détresse chez qui il fallait débuter la PC avant la perte de connaissance.

VII.F.2 Ecarts majeurs au protocole

Le Groupe C est constitué des écarts au protocole dans la mesure où la manœuvre de Sellick

n’a pas été appliquée d’emblée avant la première laryngoscopie. Ces écarts au protocole

représentent 7 % des inclusions dans notre étude soit 10 malades sur 136. Les raisons qui sont à

l’origine du non-respect du protocole que nous avions proposé sont diverses. Après discussion avec

les médecins responsables des interventions, il semble que dans un certain nombre de cas, le

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protocole n’a pas été respecté du fait de l’imminence pressentie de l’arrêt cardiorespiratoire. Le

médecin ayant décidé d’intuber le plus vite possible sans se soucier de la réalisation ou non de la

manœuvre de Sellick. En effet, l’analyse des situations où la PC n’a pas été appliquée avant la

première laryngoscopie est intéressante. Tout d’abord, les écarts au protocole sont des patients qui

avaient une activité cardiaque spontanée à l’arrivée de l’équipe du SMUR, mais ils présentent des

critères de gravité notamment une oxygénation périphérique plus altérée que celle des patients des

autres groupes (Tableau 8). Deux de ces patients vont présenter un arrêt cardiorespiratoire juste

avant l’induction de la sédation. De manière intéressante, la durée de l’intubation dans le Groupe C

est plus courte que celle du Groupe B, mais non différente du groupe A, malgré les conditions

périlleuses engendrées par l’intubation en position assise d’un polytraumatisé incarcéré par

exemple. Ce résultat illustre bien le fait que l’application systématique de la PC avant la première

laryngoscopie ralentit le processus de protection des voies aériennes.

VII.F.3 Ecarts mineurs à la procédure d’intubation difficile

Une des principales critiques de notre travail réside dans le fait que les médecins réalisant

l’intubation trachéale n’ont pas effectué toutes les étapes de la procédure d’intubation difficile alors

que la PC était appliquée. En effet, 28 patients démontrant un score de Cormack et Lehane < 3

(Tableau 13) auraient du avoir une procédure complète d’intubation incluant 2 tentatives

d’intubation sous laryngoscopie directe avec l’utilisation de la bougie d’Eschmann toujours sous

laryngoscopie. En fait, seuls 10 d’entre eux ont eu les 2 tentatives d’intubation trachéale, 10 autres

ont eu une tentative et les 8 derniers, aucun essai en présence de la PC. La majorité des tentatives

uniques d’accès trachéal avec ou sans le mandrin d’Eschmann ont échoué justifiant le relâchement

de la PC. Pour 6 malades du groupe B1, l’accès trachéal avec la bougie d’Eschmann était un succès

(butée distale entre 25 et 35 cm), mais la mise en place définitive de la sonde d’intubation trachéale

n’était possible qu’après un relâchement de la PC. Malgré les recommandations, les médecins

réalisant l’intubation n’ont pas hésité à raccourcir la procédure, probablement préoccupés par

l’échec des techniques et le temps qui s’écoulait. En ne s’acharnant pas à placer la sonde ou le

mandrin dans une trachée inaccessible, ils raccourcissaient le délai de sécurisation des voies

aériennes chez des patients présentant un score POGO bas alors que la PC était appliquée. Bien

que ces écarts mineurs au protocole affectent la qualité méthodologique de notre travail, ils

démontrent néanmoins la difficulté d’accès trachéal avec le mandrin de type Eschmann alors que la

PC est appliquée. Cette constatation corrobore les travaux réalisés par Haslam et al. qui décrivaient

une distorsion des structures anatomiques lors de l’application rigoureuse de la PC [21]. Par contre,

après relâchement de la PC, alors que persistait un échec de l’accès trachéal sous laryngoscopie

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directe, la performance du mandrin de type Eschmann est maximale avec 100 % de succès, comme

seul élément additionnel à la laryngoscopie directe chez 13 patients et en association avec une

modification de la position de la tête ou un changement de lame du laryngoscope chez 8 autres

patients (Tableau 8). Parmi les patients du Groupe B2, 7 gênes d’introduction de la sonde

d’intubation trachéale placée sur le mandrin ont été retrouvées mais ont également été surmontées

avec succès. Les études réalisées au bloc opératoire sur l’intérêt du mandrin de type Eschmann en

cas de laryngoscopie directe difficile [120] sont confirmées par nos observations d’intubation

préhospitalières et confortent l’hypothèse que la PC affecte sérieusement l’anatomie laryngée.

VII.F.4 Mesure de la durée de sécurisation des VAS

L’analyse du temps d’intubation nous paraissait être une information importante pour évaluer

la difficulté d’intubation associée à l’application systématique de la manœuvre de Sellick en

préhospitalier. Nous avons démontré une différence significative dans les délais globaux de

sécurisation des VAS entre les Groupes A et B avec respectivement 24,5 +/- 14 s pour le premier et

61,5 +/-50 s pour le second groupe. Cependant, notre méthode ne nous permettait pas de dissocier

la part respective de la difficulté réelle d’intubation, de celle induite par la PC sur la prolongation

du délai de sécurisation des voies aériennes. Il nous aurait fallu un double chronométrage et surtout

un retrait de la lame du laryngoscope après la levée de la PC irréalisable dans les conditions de

notre étude. Cependant, le fait que l’intubation devienne possible à la levée de la PC suggère

fortement que cette dernière allonge la durée de sécurisation des voies aériennes et ce pour une

majorité des patients.

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VIII. CONCLUSION

Conformément aux recommandations de prises en charge des voies aériennes supérieures en

médecine préhospitalière, l’application systématique de la manœuvre de Sellick s’est révélée

possible dans une grande majorité des situations, mais à quel prix pour le malade et le médecin

réalisant le geste d’intubation ? Notre travail a tenté de répondre à cette question. Quand la

manoeuvre de Sellick est appliquée avec une PC standardisée, réalisée par des opérateurs entraînés,

l’intubation trachéale n’est possible que chez la moitié des patients car l’exposition glottique est

moins bonne et l’outil d’assistance recommandé par les sociétés savantes, le mandrin type

Eschmann est moins efficace. Lorsque la PC est relâchée, les scores de visualisation glottique

s’améliorent et l’efficacité du mandrin de type Eschman est retrouvée, ce qui facilite grandement

l’intubation trachéale des patients. L’application systématique de la PC prolonge le délai de

sécurisation des voies aériennes sans bénéfice évident pour le malade car le relâchement de la PC

n’est pas associé à une augmentation du risque de régurgitation. Notre travail propose une attitude

pragmatique basée sur le score de visualisation glottique (score POGO). Si la manœuvre de Sellick

est réalisée systématiquement pour l’intubation trachéale en médecine préhospitalière, un score

POGO = 30% révélé lors de la laryngoscopie directe impose de relâcher immédiatement la PC pour

permettre la sécurisation des voies aériennes dans les plus brefs délais.

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X. RESUME

Des difficultés d’intubation trachéale ou de ventilation au masque facial sont rapportées lors de l’intubation trachéale en médecine d’urgence et mènent parfois à une interruption de la manoeuvre de Sellick, qui reste pourtant considérée comme un élément sécuritaire indispensable. Nous avons évalué les effets de la pression cricoïdienne, réalisée selon les règles de bonnes pratiques, sur la qualité de l’intubation trachéale en médecine préhospitalière.

Matériel et méthode :

Cette étude prospective, monocentrique, observationnelle, a été réalisée chez des patients nécessitant une intubation trachéale en préhospitalier. Après une formation initiale, la pression cricoïdienne, était appliquée systématiquement lors de la procédure d’intubation trachéale. Des conditions d’intubation jugée impossible avec un score de Cormack et Lehane égal à IV, ou une difficulté d’accès à la trachée définie par au mo ins 2 échecs d’intubation en cas de score de Cormack et Lehane < IV, autorisaient la levée de la PC. Les caractéristiques d’intubation trachéale: analyse des scores de visualisation laryngée (Cormack et Lehane) et glottique (pourcentage visible de la fente glottique), de la difficulté d’intubation (score d’intubation difficile et échelle visuelle analogique), et durée de l’intubation trachéale ont été étudiées avant et après levée de la pression cricoïdienne. Les complications associées à l’intubation trachéale ont par ailleurs été colligées.

Résultats :

Sur une durée de 9 mois, 136 patients ont été inclus parmi lesquels 126 ont bénéficié de l’application de la pression cricoïdienne. Un relâchement de la pression cricoïdienne a été nécessaire chez 48% des patients permettant une amélioration de la qualité des expositions laryngée et glottique dans respectivement 73 % et 80 % des cas. Un contenu pharyngé était présent chez environ 30% des patients dès la laryngoscopie initiale et le relâchement de la pression cricoïdienne n’a entraîné aucune régurgitation supplémentaire. Le relâchement de la pression cricoïdienne accélérait le processus de sécurisation des voies aériennes et facilitait l’intubation trachéale. Notre analyse statistique a démontré qu’un pourcentage visible de la fente glottique inférieur ou égal à 30% lors de la laryngoscopie était fortement corrélé au relâchement de la pression cricoïdienne pour réussir l’intubation à la première tentative dans près de 90% des cas.

Conclusion :

Lorsque la pression cricoïdienne est réalisée systématiquement en médecine préhospitalière par des opérateurs entraînés, elle est doit être relâchée chez près de 50 % des patients pour faciliter et accélérer le processus de sécurisation des voies aériennes sans majorer le risque de régurgitation. Lorsque la vue de fente glottique est partielle en laryngoscopie directe, lever la manœuvre de Sellick permet d’intuber rapidement dans 90% des cas.

Mots clefs:

Manoeuvre de Sellick,

Pression cricoïdienne,

Induction séquence rapide,

Score POGO,

Intubation difficile,

Préhospitalier.

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XI. ANNEXES

XI.A ANNEXE 1 : RECOMMANDATIONS DE L’INTUBATION TRACHEALE SOUS ISR DE LA DIFFICULT AIRWAY SOCIETY

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XI.B ANNEXE 2 : METHODE D’APPLICATION DE LA MANŒUVRE DE SELLICK

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RAPPELS ET MOYENS D’ENTRAINEMENT A LA CORRECTE APPLICATION DE LA MANŒUVRE DE SELLICK.

ANATOMIE: Le cartilage cricoïde [1] est situé entre le

cartilage thyroïde [2] et le premier anneau

trachéal [3]

Le cartilage cricoïde (CC) est en forme de bague

à chaton, horizontal à sa portion postérieure

(chaton [4]), avec en avant la partie étroite de la

bague (voûte [5]). La surface supérieure de la

lame du cricoïde est surmontée par les deux

cartilages aryténoïdes [6], un sur chaque coté de

la partie inférieure de l'orifice laryngé.

Le cartilage cricoïde se trouve en regard du

niveau vertébral C5 et C6 chez les adultes.

L'oesophage se trouve en arrière et en rapport

direct avec le cartilage cricoïde.

La pression cricoïdienne (PC) ou manœuvre de

Sellick repose sur la compression directe de la

lumière oesophagienne par une force appliquée

sur le cartilage cricoïde. Le cricoïde étant une

bague complète, une pression exercée sur lui

comprimerait et occlurait l'oesophage contre le

corps vertébral de C5 ou C6 et préviendrait de

cette façon le passage de contenu gastrique

régurgité dans l'oropharynx.

La pression cricoïde est une force généralement

mesurée en Newtons (9.81 N = 1 kg).

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Description de la Manœuvre Sellick : - Pression antéro-postérieure stricte appliquée sur le cartilage cricoïde par l'index. - Pouce et majeur sur l'une et l'autre partie latérale du cartilage prévenant ainsi le mouvement latéral du cricoide

PRESSIONS APPLIQUEES : Patient Eveillé 10 N = 1kg Patient Anesthésié 30 N = 3 kg

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PRESSIONS APPLIQUEES : Patient Eveillé 10 N = 1kg Patient Anesthésié 30 N = 3 kg

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PROCEDURE D’ENTRAINEMENT - Fréquence : Entraînement régulier: à chaque garde si possible. - Moyens de référence Seringue de 50 cc - Méthode 1/ Piston positionné à 50 cc. 2/ Appliquer une force principalement exercée par l’index permettant

d’abaisser le piston à la hauteur du niveau 33 cc. (Pouce et majeur étant positionnés sur les cotés)

Cette force est équivalente à 30 N (soit à 3 Kg) - Autres moyens Simulation de la force sur balance de cuisine (avec ou sans le système seringue) Appliquer une pression cricoïde permettant d’atteindre un poids de 3

Kg environs

Merci pour votre participation.

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XI.C ANNEXE 3 : CAHIER DE RECUEIL DE DONNEES

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N° INTERVENTION _ _ _ _ _ _ _ _ _ SMUR GONESSE 25 rue Pierre de Theilley N ° _ _ _ 95500 GONESSE

I S GUID

CAHIER DE RECUEIL DE DONNEES

Dr Jean Luc SEBBAH, Dr Nicolas PICARD, Mustapha YOUSSEF : SMUR CH Gonesse

Pr Gilles DHONNEUR : DAR CHU Jean Verdier (Bondy)

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Date d’inclusion : _ _ / _ _ / 200 _ Patient Nom (3ères lettres) : _ _ _ Prénom : _ _ _ Sexe : M c F c Date de naissance : _ _ / _ _ / _ _ _ _ Age : _ _ _ ans Poids : _ _ _ kg Taille : _ _ _ cm Evalué : oui c non c

Critères d’exclusion

- Age < 18 ans

- Contre-indications à l’ISR :

Antécédents personnels ou familiaux d'hyperthermie maligne, Allergie à la succinylcholine,

Atteinte du motoneurone étendue (hémiplégie, paraplégie, tétraplégie ou lésion plexique)>72 H Maladie responsable d’une fragilité musculaire (myopathie) Brûlure grave et étendue en dehors de la phase initiale

- Contre-indication à la réalisation de la manœuvre de Sellick :

Traumatisme laryngé

Motif nécessitant l’intubation du patient :

Arrêt cardio-respiratoire : oui c non c

Détresse Respiratoire : oui c non c

Détresse Hémodynamique : oui c non c

Détresse neurologique : oui c non c

Intoxication médicamenteuse : oui c non c

Traumatisme grave : oui c non c

Brûlure, inhalation de fumées : oui c non c

Autre : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

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Manœuvre d’IOT : Présence d’un contenu pharyngé régurgité lors de la première laryngoscopie : oui c non c Pendant la manœuvre :

Régurgitation oui c non c Effort de vomissement oui c non c Inhalation oui c non c Toux oui c non c Efforts ventilatoires oui c non c Laryngospasme oui c non c Bronchospasme oui c non c Troubles du rythme oui c non c Bradycardie extrême oui c non c ACR oui c non c Intubation Oesophagienne oui c non c

Examen clinique initial

Score de Glasgow : _ _ / 15

FC : _ _ _ /mn

PAS : _ _ _ mmHg PAD : _ _ _ mmHg PAM : _ _ _ mmHg FR : _ _ /mn Sp O2 : _ _ _ %

Anesthésie

Induction en séquence rapide : oui c non c

Produit : _______________ Dose : ________________ Produit : _______________ Dose : ________________ Produit : _______________ Dose : ________________

Autres types d'anesthésies : oui c non c Si oui, laquelle ?:_______________________________ Produit : _______ Dose : ________________ Produit : _______ Dose : ________________

Constantes durant l’intubation INDUCTION INTUBATION FC : _ _ _ / min FC : _ _ _ / min PAS : _ _ _ mmHg PAS : _ _ _ mmHg PAD : _ _ _ mmHg PAD : _ _ _ mmHg PAM : _ _ _ mmHg PAM :_ _ _ mmHg

Sp O2 la plus basse : _ _ _ %

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MANŒUVRE de SELLICK

Réalisation ( « phase I du protocole » ) oui c non c Si non, justification : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Opérateur Infirmier(e) oui c non c NOM de l’opérateur de la sellick : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Interne oui c non c Médecin oui c non c EVA modification de la visualisation glottique après relâchement de la manœuvre de

Sellick

Dégradation Amélioration -100 % 0 + 100 %

UTILISATION MANDRIN TYPE ESCHMAN

Phase AVEC Sellick

Utilisation lors de la première tentative d’IOT oui c non c Utilisation lors de la deuxième tentative d’IOT oui c non c

Difficultés de passage de la sonde d’intubation oui c non c

Phase SANS Sellick

Utilisation lors de la première tentative d’IOT oui c non c

Utilisation lors de la deuxième tentative d’IOT oui c non c

Difficultés de passage de la sonde d’intubation oui c non c

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CARACTERISTIQUES DE L’IOT

Durée de la manœuvre d'intubation : _ _ min _ _ sec [T fin – T début ]

T début = début de laryngoscopie = contact avec le malade T fin = ballonnet gonflé

EVA de difficulté de l’intubation trachéale (0 à 100) 0 100 Très facile Impossible Commentaires : facteurs de difficulté d’intubation (anatomiques, environnementaux…) ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ POSITION du Patient : sol lit brancard autre :

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Annexes : Score de CORMACK et LEHANE :

Score POGO :

CORMACK GRADE 1 : Glotte entièrement vue (cordes vocales entièrement vues)

CORMACK GRADE 2 : Cordes vocales partiellement vues / aryténoïdes vues

CORMACK GRADE 3 : Epiglotte uniquement vue

CORMACK GRADE 4 : Aucune structure vue ( ni glotte, ni épiglotte)

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SERMENT D'HIPPOCRATE

Au moment d’être admis (e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle

aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou

de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et

sociaux.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune

discrimination selon leur état ou leur convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles

sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité.

Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de

l’humanité. J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs

conséquences.

Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des

circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque

me le demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la

gloire.

Admis (e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés.

Reçu (e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite

ne servira pas à corrompre les mœurs.

Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je

n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai

pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.

J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.

Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes

promesses ; que je sois déshonoré (e) et méprisé (e) si j’y manque.