the 80s magazine (n°2)

39

Upload: the-80s-magazine

Post on 29-Mar-2016

228 views

Category:

Documents


3 download

DESCRIPTION

Juillet 2013

TRANSCRIPT

Page 1: The 80s Magazine (n°2)
Page 2: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

LESOMMAIRE

03

15

07ZOOMO.G DJ SONAR07CHRONIQUEMAITRE GIMSn’est-il plus Hip-hop?11REPORTAGELES TOQUESen chine15FESTIVAL MASSIMADIMassimadi quoi? 27ENTREPRENARIATFRANK LUCKAZSelf made31MODEMelody et Huss t’habillent.35

11

ZOOMLADEAla rappeuse francaise3

01

Page 3: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

THE80SMAG

02

// EDITO

l’heure où la Belgique dit au revoir et bonjour à un roi, où le monde entier est au pied du lit (de mort ?) de Nelson Mandela, où la justice américaine est injustement juste, où des étudiants africains sont malmenés en Inde, où

Stromae fait un retour plus que mémorable, où Rohff a usé de la quenelle ‘incritiquable’ pour (encore) repousser la sortie de son album, où Jay-Z redéfinit les règles du rap, où Pop Star est un échec du même type que la qualité du premier single du Futur 2.0 d’un certain numéro 1, bref à l’heure où tout a l’air de ne pas trop aller: ben, y a nous. Et on revient soft mais avec une lourdeur unique. C’est ainsi qu’à travers ce numéro, vous pourrez découvrir notre nouvelle rubrique “Zoom” qui, comme son nom l’indique, se concentrera sur une personnalité tout en vous invitant à la découvrir de manière personnelle.Découvrez aussi, l’excellent reportage exclusif sur la culture Hip-Hop en Chine, fait par « Les Toqués ». Mais aussi l’énergie positive et l’intéressante personnalité qu’ont Frank Luckaz, Ladea etc. Les vacances ne nous feront pas oublier notre tâche qui est de vous divertir le temps d’une édition avec nos articles, critiques et avis pertinents … ou pas. Ainsi, je vous laisse et vous invite à découvrir le monde, les produits et le travail de chaque intervenant de ce magazine.

N’hésitez pas à soutenir les 80 %, les vôtres, les nôtres. Je m’appelle Kapesa Patrick, ils m’appellent Kidsy.

L’été est enfin arrivé et avec lui le début de la période des vacances scolaires.L’heure est maintenant au repos bien mérité et beaucoup d’entre vous ont pris le chemin des vacances. J’ai une pensée pour toutes celles et tous ceux, qui, touchés de plein fouet par la crise ou les nombreuses repêches scolaires, ne peuvent s’offrir le luxe des vacances.

A

« Est-ce que you know ngaï ? »

THE80SMAG

DIRECTEUR DE REDACTIONPatrick KapesaDIRECTEUR ARTISTIQUEMaxime Diana-MatoREDACTEUR EN CHEFPatrick KapesaPREMIER REDACTEURAlice CatherineREDACTEURSRaamata ThiamAlice CatherineNoelia MirandaBohoIlyas EssadekWEB EDITEURMaxime Diana-MatoPHOTOGRAPHESBohoIlyas EssadekSTYLISTESMelodyHuss

www.hellokidsy.com

Page 4: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

ZOOM

03

The 80’s : Quand et comment as-tu commencé à écrire?J’ai commencé à écrire vers 13,14ans pas vraiment pour rapper dans un premier temps, j’ai surtout écrit l’humeur du jour et ce qui me traquasse, pour ne pas le garder dans ma tête.

The 80’s : Pourquoi t’es-tu lancée dans le rap ?Je me suis lancée dans le rap seulement un an ou deux plus tard, quand j’ai compris que je pouvais lier mes écris à cette musique (rap) qui permet incontestablement de se livrer sans se poser de questions.

The 80’s : Qu’est-ce que tu écoutes comme musique ? Rap ou autre ? Français, U.S ?J’écoute du rap américain (Future, Mac Miller, Pusha-T etc.) ainsi que des artistes d’un autre genre (Ellie Goulding, Alex Clare, Gyptian, J MSN etc.). Mes goûts sont assez variés en terme de musique, j’ai pas pour habitude de me cloisonner au rap.

THE80SMAG

Page 5: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

ZOOM LADEAThe 80’s : Tu commences à faire ta place. Qu’est-ce que tu en penses et quelles sont tes ambitions ?Je suis assez contente de la visibilité et la place que j’ai réussi à prendre dans le paysage rap français mais je garde à l’esprit que tout ça n’est que le fruit de 3 ans de tra-vail acharné et de

“rap sans concession”. Durant ces trois ans, j’ai fourni un travail de studio quasi permanent tout en travaillant à coté pour subvenir à mes besoins et payer un loy-er. Rien ne se fait par le Saint Esprit. Je me doute donc que pour évoluer encore plus, il me faut redoubler d’effort et d’acharnement.

The 80’s : Ton duo de rêve serait avec qui? J’ai pas vraiment de duo rêvé, si ce n’est peut être “JAH Cure” qui est une voix magique jamaïcaine et qui n’a pas quit-té mon walkman depuis le lycée.

The 80’s : Dans ta mixtape, Milk-shake, on passe à des sujets plus perso et plus dans l’actualité, c’est ce que tu as envie de faire?

04

Dans « Milkshake », je traverse plusieurs thèmes et univers parce qu’ils sont tout simplement tous an-crés dans ma tête. Je porte mes problèmes personnels, et je porte donc les mêmes que tout le monde. Je suis une jeune femme lambda, qui a opté pour mettre ses senti-ments sur un instrumental plutôt que les laisser la ronger de l’intérieur.

L’étoile montante

Page 6: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

“Je pense que si clash il y a, il est préférable qu’il soit sincère et non Juste pour faire parler de soi. “

The 80’s : Tu prépares ton pre-mier album. Tu nous en parles? Je suis en plein enregistrement de mon premier album qui devrait voir le jour en janvier 2014. Je suis fière d’avoir la chance de réaliser ce rêve, cela fait longtemps que j’en ai l’ambition. Je suis d’autant plus fière de le pré-parer dans de telles conditions, après avoir monté ma propre struc-ture “BrainWashMusic” et décroché une signature en maison de disques.L’effort et les sacrifices payent, il ne me reste plus qu’à concrétiser tout ça en fournissant de la belle mu-sique et des lyrics taillés sur mesure.

The 80’s : Le titre d’un de tes morceaux est « Pour gagner faut tricher », est-ce vrai, finalement ?

J’espère de tout cœur que gag-ner sans tricher reste possible mais j’ai bien peur que la réussite des “honnêtes gens” ne se complique.Rares sont ceux qui réal-isent leurs rêves en restant dans les clous du système.

The 80’s : Les clashes pour faire parler de soi et se faire connaitre. Pour ou contre ?

Je pense que si clash il y a, il est préfé-rable qu’il soit sincère et non juste pour faire parler de soi. La haine, tout comme l’amour, ne se joue pas et ne se mime pas. La période de clashes qu’on vient de traverser nous aura au moins servi à se rendre compte que les plus grands média qui font sem-blant d’ignorer notre existence savent très bien tourner leurs caméras vers nous quand ils en éprouvent l’envie.

www.ladea-lesite.com

propos recueilli par Noella Miranda05

Page 7: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

Page 8: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

ZOOM

07

The 80’s : Pourquoi « DJ Sonar » ? 1987 Paris la nuit, virée avec un grapheur, j’ai trouvé le nom à ce moment-là pour marquer les murs...

The 80’s : Peux-tu nous résumer ton parcours ? 1996 Bienvenu-n-Sonar. 1989 achats de platines, 1991 H-Posse, 1992 Malfrats Linguistiques, 2002 à 2006 Orishas (2 tournées mondiales), 2007 à 2012 DJ pour Pablo Andres, Akro, Convok, Orcelo. 2008 à 2012 The New Planet Show sur Pure FM. 2012 création du concept “Escalators”(www.escalators.be), nouvelle radio “Hip-Hop Junkies” (www.radiorectangle.be). 2013 DJ pour Dynamic & Nina Miskina.

The 80’s : Ta première rencontre avec le Hip-Hop, comment fut-elle?Rock it en 1983, c’est ce jour-là où j’ai vu pour la première fois du scratch...

DJ SONAR

Page 9: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

“Les boites de nuit ont créé Les dJ ; Les dJ ont créé Les boites de nuit…”

08

DJ SONAR

The 80’s : Pour toi, qu’est-ce la culture Hip-Hop ?Pour moi c’est le Black CNN, la vérité qui vient de la rue...

The 80’s : Quelle est ta définition d’un (bon) DJ?C’est un DJ qui fait danser, découvrir, qui ne se répète pas, qui sait s’adapter à une situation...

The 80’s : Quelle est la particularité qui t’attire le plus dans le deejaying?Faire danser

The 80’s : Pour toi, quelle est l’importance d’un DJ en boite de nuit ? Dans le rap ?Les boites de nuit ont créé les DJ ; les DJ ont créé les boites de nuit…Dans le rap c’est pareil, la base du Hip-Hop c’est

planète. Il y a déjà 3 chapitres : #1 Belgique 135 MC#2 Montréal 38 MC#3 Madrid 45 MC

The 80’s : Pourquoi le Canada et l’Espagne? Quelles sont les futures destinations ?Pour le Canada c’est simple, c’est une des destinations où je bouge le plus souvent et où j’ai le plus de contacts. Madrid, c’est pareil, j’ai gardé des contacts suite à mes nombreux concerts que j’ai faits là-bas avec Orishas. La suite, c’est le chapitre#4 à Paris, et normalement le chapitre#5 c’est New York, que j’ai déjà commencé…

The 80’s : Comment sélectionnes-tu tes intervenants?Via le net ou via mes contacts sur place.

The 80’s : Te mettras-tu un jour à produire ? Des sons, des artistes, des reportages…Bien sûr, j’ai déjà produit un album en 2005, les reportages aussi. La suite arrive...

The 80’s : En tant que DJ, quel est ton avis sur l’évolution de la technologie et son impact sur la musique ?Le MP3 a tué l’industrie du disque, mais le net nous a sauvés.

The 80’s : Quelle est ta particularité, similarité et différence entre les DJ nouvelle/ancienne génération ?J’ai 20.000 disques dans ma cave, la nouvelle génération ne connaitra jamais ce que nous avons connu : parcourir le monde pour acheter des disques.

les DJ qui ont joué dans les parcs à NYC et tout a commencé comme ça...

The 80’s : Que peux-tu nous dire sur le concept ‘Escalator’ ?C’est un concept mondial créé pour promouvoir les artistes urbains, connus ou pas connus, sur cette

Page 10: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG 09

The 80’s : Quels sont tes conseils pour devenir un bon DJ aujourd’hui? Faire les bons choix, ne pas devenir DJ parce que c’est la mode.

The 80’s : Que retiens-tu de ta carrière de DJ, à ce jour?Depuis 1989, et à chaque fois que je mixe ou fait un concert, cela reste un challenge et un plaisir...

The 80’s : Quel est la récompense d’un artiste, selon toi ?Vivre de sa passion.

The 80’s : Le mot de la fin?Vinyl is gonna kill back the MP3...

propos recueilli par Patrick Kapesa

Page 11: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG 10

Page 12: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

La question peut paraître provocatrice… comme un artiste qui n’enlèverait jamais ses lunettes, ou alors de dos,

dans les quatre premières secondes de tous ses clips, juste pour nous prouver qu’il sait le faire, mais qu’en fait, non, il ne le fera jamais de face.En même temps, comme nous l’apprenait un récent article du R.A.P., la dernière fois qu’il les a enlevées volontairement, il s’est retrouvé sur le plateau de tournage de « Meurtre par Strangulation » face à un lion prêt à le charger. Ok, nous le pardonnerons donc sur ce point!

Mais pas pour le reste, tout du moins, pas pour certains d’entre nous, car, oui, il se chuchote que Maitre Gim’s n’est plus Hip-Hop.

11

CHRONIQUEPourquoi Maitre Gim’s n’est plus Hip-Hop ?

Page 13: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

Evidemment, la réussite dans le milieu ça gène. N’oublions pas que nous ne sommes pas au pays de l’oncle Sam. Ici, au pays de l’oncle Raymond, nous pouvons compter sur les doigts d’une main ceux qui ont réussi à vivre de leur musique, dans le genre Hip-Hop. Et encore, ces doigts se retrouvent surtout à Miami aujourd’hui.Donc, au pays de l’oncle Raymond, nous aimons le Hip-Hop, surtout quand l’artiste frôle le parfait quidam pour le non-averti, qu’il vit en bas de sa tour, qu’il met en valeur ses chaînes, ses guns, ses pits, des filles qui se veulent sexy quand elles dansent, mais surtout, surtout, qu’il ne gagne pas d’argent. Le succès commercial et le Hip-Hop chez nous, c’est comme l’eau et l’huile, nous aurons beau faire, elles ne se mélangeront jamais. Ou alors, vite fait, en secouant très fort, mais elles finiront toujours par se séparer à nouveau. Une vraie valorisation de l’Underground, comme le rappaient Iam.

Souvent le combat dans le Hip-Hop c’est de rester un vrai, un pur, un gars en galère, qui souffre à cause de la société, qui a fait la queue à l’ANPE, qui déteste le système, et qui arrive à dire tout ça avec des vraies punchlines. Pas question de jouer le tendre ou le lover, ou d’afficher clairement ses ambitions commerciales. Non, nous aimons le rappeur pauvre qui se contentera toute sa vie des contests organisés par la maison de jeunes de son quartier, où il rappera qu’un jour il fera le Stade de France, mais qu’il ne le fera jamais. Lui, c’est un vrai gars du double H chez nous. Pas une baltringue, pas un Américain. Pas un businessman, même pas un business, man…

Alors, oui, Maitre Gim’s n’est pas Hip-Hop.

Il fait des morceaux faits tip-top pour passer à la radio. Tout est là : déjà le

12 THE80SMAG

Page 14: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG 13

refrain est souvent compréhensible et se retient facilement, en même temps avec un refrain toutes les huit rimes, nous ne risquons pas de passer à côté. Et même quand la musique est dark, enfin, plus deep, enfin, moins fun, elle reste entrainante et entêtante. Quand nous entendons un morceau de Megui, il reste bien collé dans nos synapses.

En plus, Maitre Gims, il touche tout le monde : il ne fait pas que des freestyles sur Sky, il est sur Nrj, sur Fun, sur Chérie Fm, sur Contact ; il va dans les écoles, à Taratata, aux fêtes de la musique, il se déplace dans toute la France, il va même au Luxembourg. Quand il ne rappe pas, il chante. Il sait mettre toutes les musiques à son service, il est à l’aise sur

des samples, des boucles, des reprises. Maitre Gim’s, c’est le couteau suisse de la musique d’aujourd’hui. Maitre Gims, il est connu, et il veut que nous ne l’oubliions pas.

Quand nous voyons un Jay-Z réussir, un Kanye, un Lil Wayne, nous crions au miracle et au rêve américain, nous crions aux Illuminatis, mais jamais nous ne crions qu’ils ne sont plus Hip-Hop…

Alors, peut-être que la raison est encore ailleurs ?

Pour cela, nous devons retourner à la

Page 15: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

base. Pas à la base de Maitre Gim’s, un article Wikipédia existe déjà à ce sujet, non, à la base du Hip-Hop.

Retournons donc dans le Bronx, aux Etats-Unis, fin des années ’70. Rien ne va vraiment. Carter succède à Ford, et prépare le siège du bureau ovale à Reagan. Il y a du crack dans la rue et dans les veines, de la violence, des banlieues et des jeunes délaissés, le sol est sale, il y a du verre cassé partout par terre, et un jeune black qui demande de ne pas le pousser car il essaie de ne pas perdre la tête, hmm hmm hmm… C’est parfois un peu la jungle et c’est l’éclosion du Hip-Hop.

Evitons un parcours historique point par point, artiste par artiste, date par date, mais s’il ne devait rester qu’un trait commun à ces quelques trente années dans le rétroviseur, ça serait quand même un parfum de contestation. Pas toujours polie, pas toujours méchante, pas toujours intelligente ou bien ciblée, mais une contestation de quelques chose. Tel le Gospel qui gardait haut le moral des esclaves dans les champs de coton, tel le jazz qui embrumait les esprits à l’époque de la prohibition, le Hip-Hop est indissociable de l’idée de contestation.

Avec le temps, évidemment, cette idée s’édulcore, ou bien à force de grossir le trait on finit par noircir inutilement tout le propos. D’autant que le rap est devenu plus technique, il faut être précis et percutant, toujours plus que son voisin, quitte à partir en clash dans une escalade lexicale. Bref, chaque mot devient un coup d’affutage de plus sur la lame aiguisée que voudra tout bon rappeur.

Ce qui nous oblige à nous pencher très sérieusement sur la profondeur des paroles de Maitre Gim’s.

Nous avions déjà eu un aperçu troublant dans « Africain », morceau de la Sexion, d’accord, mais où le beau Djuna est comme d’habitude au refrain. Il nous fallut du temps

14

pour comprendre « Je veux marcher sur la lune, mais l’avouer c’est m’humilier », pour finir par ne pas saisir du tout le propos. Et les exemples s’enchainent « à la pelle (personne manque à l’appel) », sur son premier opus solo, que ce soit sur « One Shot », ou sur « Ça décoiffe » où on est heureux d’apprendre qu’il n’a pas de problèmes intestinaux (Whaaat ??!!) Mais bon, nous pouvons encore pinailler longtemps sur les nombreuses répétitions de phrases, qui évidemment riment toujours, mais surtout nous pouvons être consternés par le vide laissé derrière des propos qui auraient pu pourtant paraitre revendicatifs et contestataires.

Alors, c’est certain, Maitre Gim’s n’est pas le premier à ne pas donner un sens profond à chacune de ses phrases : nous pouvons nous rappeler de « Il me manque une phrase en –eul » de Doc Gynéco sur un morceau d’Arsenik ou de « Fixe ou je te mystifie comme un Twix » de Freeman ou même de la pertinence exacte de « Mais vous êtes fous ? Oh oui » de Benny B. Mais toutefois, nous ne pouvons confondre un certain second degré dans les lyrics, et l’absence cruel de sens des morceaux de « Subliminal ».

Et si, finalement, c’était sur ce point que Maitre Gim’s avait vraiment perdu son côté Hip-Hop ?

propos recueilli par Alice Catherine

Page 16: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG 15

lES TOQUES© EN CHINELa Chine est en pleine mutation et les nouvelles générations font face à un changement constant. Beaucoup de jeunes ont opté pour le hip-hop afin d’exprimer leur vécu dans cet empire en pleine mutation. Le moment opportun pour Ilyas et Boho d’aller découvrir la culture urbaine dans l’Empire du Milieu où censure et révolte se disputent.

REPORTAGE

Page 17: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG 16

La Chine est en pleine mutation et les nouvelles générations font face à un changement constant. Beaucoup de jeunes ont opté pour le hip-hop afin d’exprimer leur vécu dans cet empire en pleine mutation. Le moment opportun pour Ilyas et Boho d’aller découvrir la culture urbaine dans l’Empire du Milieu où censure et révolte se disputent.

Les aventures d’Ilyas et Boho, deux jeunes bruxellois passionnés par le voyage, la photo et les arts urbains.

Page 18: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

La Chine d’aujourd’hui est ouverte à la culture hip-hop qui, récemment encore, aurait été considérée comme contre-révolutionnaire. Le hip-hop y a fait son apparition dans les années 1990 alors que les matchs de la NBA étaient diffusés pour la première fois à la télévision. C’est seulement dans les années 2000 que les premiers groupes locaux ont vu le jour.Malgré tout, le gouvernement garde une main mise sur les médias et l’accès à la culture. Le rap, par exemple, est toléré tant que les artistes adaptent leur expression aux rigueurs gouvernementales. Cette censure mène à des thématiques similaires retrouvées dans la plupart des textes : Paix, Honneur et Respect. Oublions l’esprit de révolte, officiellement en tout cas.

La culture urbaine en Chine

THE80SMAG 17

Page 19: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

de cette culture dont ils s’approprient le style vestimentaire.

Les artistes n’ont pas ce luxe d’exprimer leur pensée de manière publique. On se demande alors si les graffeurs se permettent d’exprimer des messages politiques et sociaux via leur travail. Sans grande surprise, nous avons constaté que les rues de la ville sont vierges de

Nous nous sommes rendu à Shanghai, la ville la plus peuplée de Chine. Sa mutation cosmopolite et son essor culturel l’appellent à devenir une métropole mondiale. Nous y avons rencontré Lee Lam, manager de CityMoments, agence d’évènements hip-hop. D’après Lee, le hip-hop est en plein essor dans la région. C’est une certitude. Les jeunes sont friands des nouvelles tendances et de ce qui est à la mode en Occident.

Sur le dock de la ville, une soirée s’organise sur un bateau de plaisance. Lee Lin nous y invite. L’opportunité pour nous de rencontrer Jaeson «Selector Tsunano» Liu, un DJ en vogue dans la mégapole chinoise. Il nous a parlé d’un hip-hop vécu avec passion par certaines personnes mais d’après lui il s’agit malheureusement d’une tendance qui pourrait être remplacée du jour au lendemain en fonction de la demande du public. Il ajoute également que la plupart des jeunes qui sont habillés hip-hop ne sont pas spécialement conscient

graffitis et de tags. Pas un seul slogan revendicateur. On décide alors de nous rendre à 50 Moganshan Lu. M50 est à l’image de la ville : moderne, authentique et ouverte à la créativité. C’est la partie de la ville où se réunissent les artistes. Un mur de 600 mètres a été mis à disposition des artistes graffeurs pour qu’ils puissent y exprimer leur art. Dans la limite du politiquement correct tout

18

Les artistes engagés, qui oseraient s’exprimer sur le gouvernement, sont censurés par les autorités, leur album interdit et il arrive qu’ils soient arrêtés. A titre d’exemple, Mc Hotdog, considéré comme un pionnier du hip-hop en Chine, est classé sur la liste noire des autorités chinoises en raison des paroles de ses chansons à caractère provocant ou osé dans la critique.

Un réel moyen d’expression ou un phénomène de mode ?

Page 20: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

de même. Tout semble contrôlé. En observant les signatures, communément appelée «blaze», on se rend compte qu’étrangers et chinois se partagent cet espace : Dezio, Popil, Sail ou encore Ting Ting, membre du «Oops graffiti crew».D’après un artiste local, bien que le graffiti soit illégal, les autorités ont plus peur de voir apparaître sur les murs de la ville des slogans anti-gouvernementaux

que la dégradation d’un bien public. Le propriétaire, Shanghai Kaixuanmen Corporate Development Ltd., a confié à la presse locale la destruction de ce mur dans les années à venir.

Tout semble propre et contrôlé à Shanghai. Un de nos contacts nous a parlé d’un bar hip-hop réunissant des passionnés dans la capitale chinoise, Pékin : Le Back Yard.

Lei Yin et ses «B-boy» nous accueillent dans cet endroit particulièrement insolite. Une grande pièce, sombre et peu aérée fait office de bar. Les murs sont ornés de vynils de classiques du rap américain et de photos de danseurs locaux. Deux jeunes pékinois, tous les deux chaussés de Nike Air Force, se disputent une partie de Tekken sur Xbox sur un écran de marque chinoise. De l’autre côté

19

La plus grande école de danse de Shanghai, le Dragon Dance Studio

Page 21: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

de la pièce, trois autres personnes, un peu plus âgées, tuent le temps silencieusement dans une partie de billard. Une des portes de la salle mène vers une coure éclairée par le clair de lune et quelques spots lumineux.Changement d’ambiance : des breakeurs, formant un cercle, bougent la tête sur «Rappers Delight» de Sugar Hill Gang. Un danseur s’avance au centre du cercle et effectue des mouvements de jambes rapides. Il enchaine, ensuite, des figures acrobatiques sur la rythmique de la chanson. Un autre danseur prend place au centre, une fille cette fois-ci. Elle fait une démonstration de Popping (danse dont le principe de base est la contraction et décontraction des muscles en rythme) tout en fixant du regard son adversaire du soir.

«C’est la base même du hip-hop que de vouloir constamment aller plus loin vers la perfection, repousser ses limites pour que le temps d’un instant au vu des autres et de soi-même on soit quelqu’un.»-Dee Nasty, The Zulu’s Letter. 1987

20

«Nous sommes obligé de contourner la loi pour faire parler de nos actualités. Nous postons toutes nos vidéos sur Youtube. Nous utilisons des proxy situés à l’étranger pour accéder aux contenus censurés en Chine.» nous confie Lei Yin. Ces jeunes, qui n’ont visiblement pas froid aux yeux, vivent pour la danse et pour le hip-hop. Dans ce bar, nous avons rencontré une demi-douzaine de danseurs. La plupart d’entre eux gagnent leurs pains en enseignant le breakdance à des plus jeunes. C’est une passion qu’ils vivent depuis leur plus jeune âge. D’un air nostalgique, Lei Yin nous raconte : «Quand j’étais plus jeune, je vivais dans une ferme, avec ma famille, dans le sud-ouest du pays. Le matin je m’occupais des poules et des porcs et l’après-midi je rejoignais mes potes pour danser ! C’était ma motivation quotidienne.»

Vocabulaire La langue chinoise possède son propre mot pour hip-hop :

Xi Ha

Lee Lam accompagné d’artistes venus tenté leur chance en Chine

Page 22: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

de danse de Shanghai, le Dragon Dance Studio, nous parle d’une nouvelle génération de danseurs qui s’exporte plus facilement : «Notre pays est immense et malheureusement ce n’est pas toujours à notre avantage. Il est par exemple difficile de créer des connections hip-hop entre les grandes villes car les distances entre celles-ci sont très longues (1318 km entre Beijing et Shanghai). La plupart des danseurs n’ont pas les moyens de voyager et donc participer aux compétitions nationales et internationales. Certains, comme Super Dino, Aka

Que vaut réellement le hip-hop chinois sur la scène internationale ? Beaucoup pourraient penser qu’il s’agit d’une pâle imitation de celui qu’on connait mais en y prêtant un peu plus d’attention, on découvre une culture à part entière et en pleine expansion.Les chinois ont, au fil des années, développé leur propre style en intégrant des arts traditionnels et c’est ce qui fait leur particularité.

Les danseurs, pour ne citer qu’eux, font bonne figure sur la scène internationale.Timus, professeur de danse de la plus grande école

Ya et Aka Bing Bing, ont percé et peuvent donc se permettre de faire appel à des sponsors pour les soutenir mais ils sont rares à avoir cette chance.» Il ajoute ensuite que : «nonante pourcent des danseurs de la première génération ont arrêté leurs activités dans ce milieu car ils n’avaient aucune perspective d’avenir dans la danse.» Il reste cependant optimiste pour la nouvelle génération car les investisseurs s’intéressent de plus en plus à ce marché et les jeunes ne passent pas à coté de cette opportunité pour dévoiler leur talent

4 TIPS HEADLINE

21

HIp-HOp «MADE IN CHINA»

Page 23: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

La chaine met en avant des clips, des publicités et des campagnes événementielles. Zhong tv. a produit différents événements urbains et compte plus de 60 millions de vues sur Youku, la version chinoise de Youtube.Stanley nous parle de cet engouement : «Nous sommes à la deuxième génération d’amateurs de hip-hop ici. Celle-ci est beaucoup plus consommatrice et moins revendicatrice. Les artistes ne parlent pas des problèmes de société, ici nous avons une autre approche du hip-hop.

sur la scène internationale.

1,3 milliard de chinois et un pouvoir d’achat en constante évolution : un marché commercial à exploiter

La Chine est un marché immense et la parité du pouvoir d’achat a quintuplé en l’espace de dix ans. Ces chiffres ne laissent pas indifférents les investisseurs locaux et étrangers, à l’affut des nouvelles tendances.Nous avons rencontré un de ces investisseurs,Stanley Yeng, fondateur de Zhong tv., la première plateforme hip-hop / r&b en Chine.

Beaucoup d’entre eux veulent porter les Tshirts et baskets qu’ils voient dans les clips vidéos. Avec le nouveau pouvoir d’achat des chinois, c’est clairement un marché à saisir.» Depuis quelques années, ce ne sont pas seulement les investisseurs qui envahissent le marché chinois. En effet, des artistes des quatre coins du Monde débarquent en Chine avec un objectif : réussir à faire de leur passion un métier.

22

Le saviez-vous ?Il existait un art traditionnel nommé le kuaiban qui utilisait les mêmes formes de jeu de mots qui font toute la magie du rap. Les récitations sont accompagnées par des

claquettes en bambou.

Page 24: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

La Chine, le nouvel Eldorado pour les artistes à la recherche de reconnaissance

Tout au long de ce voyage, nous avons rencontré plusieurs expatriés vivant en Chine, ayant comme objectif commun la soif de percer. Deux de ces artistes ont attiré notre attention et témoignent de leur quotidien en Chine :

«J’ai étudié la musique à Bruxelles. Après mes études, j’ai travaillé durant deux années dans différents jobs pour gagner ma vie. La musique ne me permettait pas de payer mon loyer. J’avais l’impression que ma carrière tournait en rond. Le milieu culturel est une «mafia» dans laquelle le talent ne suffit pas et ce système a saturé le réseau. D’ailleurs, si tu n’as pas le bon réseau, tu ne perces pas c’est une évidence ! Aujourd’hui je joue trois fois par semaine à Shanghai et j’ai différentes opportunités intéressantes. Je ne regrette pas d’être parti.»- Guillaume. Belge, musicien

«Je me produis à Hong Kong trois soirs par semaine, dans le quartier «Mong Kok» dans une rue piétonne très fréquentée. Entre l’atmosphère déshumanisée des magasins et la frénésie des chinois qui viennent profiter de la valeur du Yuan, c’est un divertissement alternatif que je propose qui tranche avec l’hyper consommation qui règnent en maître à hong-kong. La foule est curieuse et me rend une bonne énergie.» - Mattias. Français. breakeur

THE80SMAG 23

Page 25: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG 24

Page 26: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

Entre frustra-

tion et espoir

Le hip-hop est une culture à part entière car elle touche plusieurs branches artistiques

25

Page 27: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

financières et sociétales. Elles ont développé leur propre style, et sans complexe, elles le dévoilent désormais sur la scène internationale. Malheureusement, elles ne peuvent exprimer librement leur opinion sur la société dans laquelle ils vivent. Le rap et le graffiti ont de faibles chances de progresser car la censure limite la liberté d’expression des artistes. La danse, par contre,

est la discipline qui a certainement la plus grosse marge de progression. Les investisseurs ont flairé le bon plan et profitent de l’émergence chinoise pour en faire un réel business. « Le hip-hop ne se laisse pas comprendre de l’extérieur. Il s’agit d’entamer un voyage «intérieur» par la rencontre de parcours singuliers.» Tout au long de notre

De plus en plus d’artistes étrangers tentent leur chance en Chine car les opportunités y sont nombreuses. Dans les rues de Pékin, sur la Nanjing Road, la fameuse rue commerçante de Shanghai, ou encore dans les casinos de Macao, nombreux sont les étrangers à vouloir se faire une place et ainsi dévoiler leur talent au grand public. Nul n’est prophète en son pays et ce ne sont certainement pas ces artistes qui contrediront ce proverbe.

Entre frustration et espoir

Le hip-hop est une culture à part entière car elle touche plusieurs branches artistiques telles que la danse, la musique, le chant ou encore le dessin. Mais elle touche également des codes, des valeurs, un style vestimentaire. En Chine, certaines personnes ont choisi cette culture comme mode de vie, et ce malgré les contraintes gouvernementales,

26

voyage, nous avons cherché à comprendre cette culture au travers différentes personnes aux parcours différents mais à la passion commune : le hip-hop.

Peace akhi.

#LesToqués ©

Interviews et article : Ilyas EssadekPhotos : Mohamed Boho et Ilyas Essadek

Quelques artistes chinois à découvrir :

Rap : MC Hotdog, Prosa Crew, Yints’ang, Big ZooGrafitti: Popil, Sail, Ting Ting,DJ : DJ Selector, DJ V-Nutz (Gary Wang)Danse : Timus, Super Dino, Aka Ya et Aka Bing Bing

Page 28: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG THE80SMAG 27

Page 29: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

Trois jours de festival. Trois jours surtout de rencontres, de fous rires, de danses endiablées. 3 jours de repos et de vacances. De tolérance, d’ouverture d’esprit. Trois jours pendant lesquels, même si le soleil n’était pas vraiment dans le ciel, il était dans nos cœurs, dans nos yeux, dans nos têtes, dans notre Coupé-décalé, notre Zouk, notre Azonto, notre Mbalax. Massimadi donc, c’est-quoi-ce-truc ? Un festival, 12 films, un brunch associatif, des rencontres & débats, 2 expositions et un Wall of Fame, une soirée de clôture avec spectacles de danse et musique à faire faiblir les plus vaillants danseurs. Un festival autour de plusieurs thèmes et questions qui, au final, se rejoignent : « les questions d’identité, de genre, de classe et d’orientation sexuelle dans les communautés noires ». En bref, il est juste question de faire tomber ses œillères et d’oser parler, écouter, rencontrer : un(e) Noir(e) peut-être homosexuel(le). Si, si… Si !Massimadi est LE festival des films et documentaires LGBT d’Afrique et de ses diasporas. LGBT comme Lesbienne, Gay, Bi, et

Trans. Tant qu’à bousculer ses préjugés, n’y allons pas à moitié ! L’idée originale a été empruntée à « Arc-en-ciel d’Afrique », association de Montréal, qui organisera l’an prochain sa 6ème édition du Festival. Comme quoi, offrir des vacances aux tabous et aux préjugés, ça marche plutôt bien ! Qu’à cela ne tienne, le concept est importé à Bruxelles par « Les Identités

du Baobab », association créée en 2008 par 5 femmes qui ont un objectif (et là, je les cite simplement, car elles le disent bien mieux que moi) : « travailler, à travers la création et la diffusion d’œuvres artistiques, sur la question des identités culturelles, sociales et sexuelles qui traversent les individus, leur inscription et leur visibilité dans les sociétés où ils/elles vivent ». Et du coup, en lisant cette

Massimadi-quoi ?

28

Trois jours de…comment dire… De choc. C’est le mot (presque) parfait : Choc. Presque car il a bien trop souvent un côté péjoratif. Quand on se dit « choqué », c’est rarement dans le bon sens du terme. Il n’y a pourtant absolument rien de négatif dans l’expérience Massimadi ! Moi qui cherchais quelque chose qui pourrait secouer un peu mon quotidien d’étudiante, quotidien rythmé par les festivités de fin d’année inhérentes à ma condition, j’ai été servie.

Page 30: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

phrase sur le site du festival, quelque chose m’a quand même directement sauté à l’esprit : n’importe quel(le) artiste, n’importe lequel/laquelle de ceux (celles) que nous considérons comme une inspiration œuvre, ou a œuvré, pour faire passer ce message. Nelson Mandela a dédié sa vie à lutter contre les discriminations, Angela Davis se bat depuis des décennies pour faire tomber les barreaux séparant ceux qui « ont » de ceux qui « n’ont pas », Thomas Sankara est mort en se battant pour l’Afrique, Malcom X et Martin Luther King resteront toujours pour la communauté Noire du monde entier des symboles de lutte pour l’égalité. Si on peut se battre pour l’égalité de genre, de classe sociale, de « race » ; si nous pouvons lutter pour ses droits et un accès égal à l’éducation, la nourriture, le logement...La dignité, c’est que nous portons à l’autre et à nous même quelque chose de fondamental : le respect.

Merci donc à l’équipe du Festival, et aux créatrices des identités du Baobab… Je ne pourrais pas tous et toutes les citer, mais le groupe qu’ils forment est absolument incroyable. Ils sont Blancs,

Noirs, Métis, Quarterons, Homos, Hétéros, Bisexuels, Trans. Pendant trois jours, ils ont été stressés, drôles, sobres puis saouls, timides puis plus du tout. Et même si elle déteste qu’on la mette à l’honneur, merci à Marthe Djilo Kamga, coordinatrice du festival. Il est difficile de mettre des mots sur tout ce qu’elle apporte dans la vie de ceux qu’elle rencontre. Elle a différentes casquettes, qui lui vont toutes à merveille : maman, travailleuse, impliquée dans la vie citoyenne, organisatrice de festival, chef-cuistot incroyable, et « Docteur-Honoris-Bibitif-Du-Planteur-et-Punch-qui-vous-retournent-le-cerveau-et-danser-sur-tables ».Voilà donc. Juste mon avis. Il ne s’agit pas de mettre une femme en avant. Il ne s’agit pas de promouvoir un seul festival. Il bien question par contre, et je signe sans aucune honte, de mettre l’accent sur une chose : hors de question d’avoir honte de qui Nous sommes. Ni de qui Vous êtes. Chaque Homme, chaque Société, chaque Peuple, doit avoir une conscience. Il serait tout aussi stupide de ne pas la partager que de s’en cacher.

« Be yourself, everyone else is taken » - Oscar Wilde.

propos recueilli par Raamata Thiam

29

Page 31: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

Page 32: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

“Il y a énormément de bons acteurs en Belgique et de réalisateurs aussi, et je pense que ça ira de mieux en mieux.”

Frank luckazThe 80’s : Pourrais-tu te présenter en quelques mots?

Je suis réalisateur depuis presque 5ans. J’ai fait mes débuts dans la vidéo avec des clips de rap d’artistes belges... Étant autodidacte dans le monde de la réalisation, j’ai appris sur le tas et je continue à apprendre tous les jours sur le tas. On peut dire que je me suis épris de passion pour le visuel en général.

The 80’s : Pourquoi ‘Frank Luckaz’ ?

En fait, on va dire que la vidéo est arrivée dans ma vie à un moment très important, ou on va dire où je devais faire un choix de vie. Le FRANK c’est parce que je m’appelle Franck fout simplement et LUCKAZ vient comme un clin d’œil à deux mondes et personnages GEORGE LUCAS pour sa saga STAR WARS qui est un chef-d’œuvre sur beaucoup de points de vue et FRANK LUCAS un Afro-américain qui était l’un des plus puissants gangsters des États-Unis. Je trouvais que l’idée de confronter ces deux univers dans un NOM était intéressante.

The 80’s : Comment t’est venue cette passion pour le visuel ?

Je travaille souvent seul ou avec mon collègue, ça dépend le style de production que ça va être. En fait, j’ai monté une structure de production GOOD PICTURES ça fait un an maintenant, j’y travaille d’autres projets que le rap. The 80’s : Travailles-tu seul ou en équipe ?

Je pense que pour les jeunes réalisateurs

31

SElF MADE

Page 33: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG

qui, comme moi, sont autodidactes, ça peut être un moyen de pouvoir toucher le monde du film, ce qui reste un rêve, je pense, pour toute personne qui réalise des clips.

The 80’s : Y a-t-il une différence entre être un réalisateur de clip vidéo et de film ?

En fait, c’était une époque où je pense que le visuel de rap belge manquait peut-être de quelque chose, j’ai alors proposé ce format qui était street, instinctif et très américain dans l’état d’esprit, et avec le recul ça m’a appris et apporté beaucoup de choses.

The 80’s : Tu aimes aussi la photographie, pour toi, qu’est-ce qu’une bonne image?

Une bonne image c’est un instant clef, je peux dire magique : l’instant où le sujet est parfaitement saisi, et généralement c’est toujours les images flash que les gens retiennent dans un clip ou un film, c’est un peu le bon cliché du photographe où il réussit à prendre le bon cliché.

The 80’s : Quel type d’appareil préfères-tu utiliser ?

Je suis fan de la marque RED comme beaucoup de réalisateurs vidéo, je pense.

The 80’s : Quelles sont tes influences en tant que réalisateur?

J’ai commencé par être bercé par HYPE WILLIAMS comme beaucoup, Colin Tyley, Tony Truand, Whaib, Romain Gaveras.

The 80’s : Quelle est ta particularité?

Je dois encore la découvrir.

The 80’s : Quelles sont tes références

cinématographiques?

Sergio Leone, Francis Ford Coppola, Martin Scorcese, Guy Ritchies, Spike lee, David Lynch et beaucoup d’autres.

The 80’s : Quel est le dernier film que tu as vu qui t’a le plus marqué?

J’ai revu « Elephant Man » de David Lynch, avec Anthony Hopkins.

The 80’s : Avec qui aimerais-tu collaborer?

Il y en a trop pour les citer.

The 80’s : Que peux-tu nous dire sur le milieu du cinéma, de l’audiovisuel en Belgique?

Du cinéma, je ne sais pas vraiment. Je ne suis encore

que spectateur, mais je pense qu’il se porte bien. Il y a

énormément de bons acteurs en Belgique et de réalisateurs aussi,

et je pense que ça ira de mieux en mieux. Pour le monde du vidéoclip je pense

qu’il est en train de se développer petit à petit, mais ce qui fait défaut ce sont les budgets mis dans les productions de clips vidéo.

The 80’s : As-tu une anecdote à raconter à propos d’un tournage ‘pas comme les autres’?

Sur tous les tournages, il y a chaque fois quelque chose qui reste en tête après coup.

The 80’s : Quels sont tes prochains projets ?

Du clip de tout genre musical, du documentaire aussi, et peut-être un court métrage.

The 80’s : Le mot de la fin ?Merci The 80’s !

propos recueilli par Patrick Kapesa

SElF MADE

Page 34: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG 33

Page 35: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG 34

Page 36: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG 35

Page 37: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG 36

Page 38: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG THE80SMAG 37

Page 39: The 80s Magazine (n°2)

THE80SMAG 38