textes spirituels d’ibn taymiyya. nouvelle série: iii. le jour de ‘Āshūrā’

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  • 8/4/2019 Textes spirituels dIbn Taymiyya. Nouvelle srie: III. Le jour de shr

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    Textes spirituels dIbn Taymiyya. Nouvelle srieIII. Le jour de shr

    Le dixime jour du premier mois de lanne hgirienne le 10Muarram, aussi appel shr1 tient une place particuliredans le calendrier musulman. Selon les communauts, il est cependantmarqu de manires totalement diffrentes. Pour beaucoup deSunnites, cest un jour traditionnellement jen, une sorte de mini-Raman facultatif clbr familialement, dans la joie2. Dans le

    Shisme, cest en revanche un jour de deuil collectif clturant les dixjours de commmoration annuelle de la passion dal-usayn, le petit-fils du Prophte massacr le 10 Muarram 61/10 octobre 680 avecplusieurs des siens Karbal. Il suffit de rechercher des images engooguelant Ashoura pour constater quels sanglants excs cer-tains zlotes se livrent alors en souvenir du Seigneur des martyrs .La mme recherche fournit par ailleurs des photos et recettes de platset desserts spcialement prpars pour loccasion dans les commu-nauts sunnites. Il y a sept sicles, les manifestations dmotionscontraires joie ou douleur accompagnant le jour de shrsuscitaient dj lincomprhension de certains. En tmoigne notam-ment une demande dclaircissements adresse Ibn Taymiyya et quilui fournit loccasion du fetwa dont on trouvera ici la premiretraduction intgrale en une langue europenne.

    Dans son Minh j al-Sunnat al-Nabawiyya La voie de la tradition

    prophtique, le Shaykh de lIslam dveloppe une rfutation magistraledu thologien shite al-Muahhar al-ill (m. 726/1325). Maints sontpar ailleurs les textes dans lesquels il attaque limmologie et dautresdoctrines fondamentales des Shites, leur historiographie mythologi-sante, certaines de leurs pratiques, leurs sectes Ismliens, Qarmaeset alii , leur collaboration avec divers envahisseurs du monde musul-man, anciennement et son poque3 Pour radicales que ces cri-

    1. Voir A. J. WENSINCK & Ph. MARAIS,EI2, art. shr.2. Les traditions de shr sont voques comme suit sur le blog

    tunisien Oasis: Chez nous, Gabs, la veille de lAchoura, lesenfants prparent des tas de bois quils allument, puis commencent sauter sur le feu tout en criant et chantant. Les femmes mouillent desfves puis les prparent en les faisant bouillir dans de leau. Elles fontaussi bouillir des ufs dans de leau colore (rouge, bleue, verte).

    Les filles et les femmes mettent du khl aux yeux, visitent les cime-tires. On prend les fves avec du cumin et du sel ! Le jour delAchoura, les petits enfants, la main un petit couffin achet spcia-lement pour lvnement et chantant Achoura ! Achoura!, vontdune maison lautre pour demander leur Achoura, qui consiste enune poigne de fves pour chacun deux (19 janvier 2008, http://mon-paradis-oasis.blogspot.com/2008/01/la-fte-de-lachoura.html).

    Pour un tableau dtaill des clbrations de shr au Caire audbut du XIXe sicle, voir E. W. LANE, An Account of the Mannersand Customs of the Modern Egyptians, Written in Egypt During theYears 1833-1835, La Haye - Londres, East-West Publications - LeCaire, Livres de France, 1978, p. 422-428.

    3. On peut lire plusieurs de ces textes dans mes diverses traductionsdcrits du Shaykh damascain. Certaines uvres dIbn Taymiyya sontaujourdhui utilises par des militants et des groupements extrmistes

    pour attaquer physiquement, tuer et massacrer des Musulmans shites.Personnellement, je ne puis concevoir que les textes superbes danslesquels le Shaykh de lIslam condamne les divisions sectaires, relati-vise les appartenances et appelle au respect de la diversit au sein de lacommunaut (umma), nincluent pas nos frres et surs shites, quelsque soient les dsaccords, doctrinaux et autres, que nous puissionsavoir avec eux. Relisons par exemple cette page: De Muwiya, filsdAb Sufyn, il nous a t rapport quil interrogea ainsi Abd Allhb. Abbs Dieu soit satisfait deux deux!: Es-tu de la confession(milla) de Alou de la confession de Uthmn? Je ne suis, dit-il,ni de la confession de Al, ni de la confession de Uthmn. Je suis dela confession de lEnvoy de Dieu que Dieu le bnisse et lui donnela paix! Ainsi tous les Anciens disaient-ils aussi: Toutes cespassions [se retrouveront] dans le Feu ! Je ne me soucie pas de

    tiques soient parfois, elles ne diminuent en rien la vnration que lui-mme, en tant que sunnite, a pour la Maison du Prophte. Dans leprsent fetwa, il na par exemple aucune difficult juger que,lorsquil accda au califat, Altait le plus minent des survivantsde la gnration du Prophte ou que, dans sa lutte contre les Khri- jites, il fut plus prs de la Vrit que lumayyade Muwiya. Ibn

    Taymiyya nest par ailleurs nullement indiffrent la fin atroce dal-usayn: il en fait une tragdie (muba) et dclare le petit-fils duMessager victime dinjustice et martyr . Resituant lvnementdans le contexte historique de la succession du Prophte et lenvisa -geant par ailleurs dans une perspective thologique, il en proposecependant une lecture moins motionnelle que raisonne et empreintede modration, loin de toute prise de position excessive pour ou contreAlet sa famille.

    Al-usayn Karbal, peu avant son martyre4

    Se rjouir comme se lamenter du drame de Karbal sont desdviances dont lorigine se rattache selon Ibn Taymiyya aux extr-mismes ayant dchir les croyants de Kfa sous le califat de Alet lespremiers Umayyades. Dans un cas comme dans lautre, les intentionspremires furent mauvaises et les manifestations dallgresse ou dedeuil qui en forment le prolongement sont des innovations condam-nes par la religion. Comme il en a lhabitude5, cest en commenantpar opposer deux extrmes que le shaykh damascain balise la viamedia de lIslam.

    Multiples sont les autres enseignements du prsent fetwa. Ils con-cernent notamment lhistoire des califes bien-guids, la spiritualit dela douleur, lorigine prislamique et la nature obligatoire ou non dujene de shr, le monopole divin sur la religion, limposteur de lafin des temps et les fondements de lIslam.

    [savoir], disait lun dentre eux, laquelle de ces deux grces est plusgrande: que Dieu mait guid vers lIslam, ou quIl mait vit cespassions. Et le Dieu Trs-Haut, dans le Coran, nous a nomms les

    Musulmans , les croyants, les serviteurs de Dieu. Ne nousdtournons donc pas des noms dont Dieu nous a nomms pour desnoms que des gens ont invents, quils ont donns, eux et leurs pres,et de par lesquels Dieu na point fait descendre de pouvoir (IBNTAYMIYYA,MF, trad. MICHOT, Textes spirituels VIII, p. 10); voir aussiles Pages spirituelles I: Lunit et le respect de la diversit au sein dela communaut. Dans la division de notre communaut en Sunnites etShites il y a un mystre divin que nous sommes incapables de pn-trer. Ce qui par contre est clair, cest que quiconque tue un croyantdlibrment, sa rtribution sera la Ghenne, o il sera ternel(Coran, al-Nis - IV, 93).

    4. Dtail dun chromo iranien (Thran, fin du XXe s. Coll. part.).5. Voir IBN TAYMIYYA, MF, trad. MICHOT, Pages spirituelles II: La

    religion du milieu.

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    TRADUCTION1Le Shaykh de lIslam fut interrog propos de ce que les

    gens font le jour de shr: se mettre du kohol [sur lespaupires], se baigner, se mettre du henn, serrer la main [desgens], cuisiner des crales (abb), manifester de lallgresse,etc., [en lattribuant] au Lgislateur (shri). Un adth authen-tique est-il ou non rapport du Prophte Dieu prie sur lui etlui donne la paix! ce sujet? Sil nest rapport de adth

    authentique propos de rien de cela, faire de telles choses est-ilou non une innovation (bida)? Quant ce que lautre faction2fait sendeuiller et sattrister, se laisser avoir soif, etc., dplo-rer le mort et se lamenter, rciter des histoires du massacred[al-usayn]3, dchirer lencolure de son vtement , cela

    a-t-il ou non un fondement?

    Dieu la louange, le Seigneur des mondes! rpondit-il. propos de rien de cela il nest rapport de adth authentique duProphte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! , non plusque de ses Compagnons. Aucun des imms des Musulmans netrouva prfrable d[agir] ainsi ni les quatre imms4, nidautres queux. Les auteurs des livres de rfrence ne relatentrien ce propos, ni du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne

    la paix! , ni des Compagnons, ni des suivants, rien dauthen-tique et rien de faible, ni dans les livres [intituls] al-a, [300]ni dans les Sunan, ni dans lesMusnads5.

    1. IBN TAYMIYYA,MF, d. IBN QSIM, t. XXV, p. 299-317. Les titreset les sous-titres sont des ajouts du traducteur.

    2. Cest--dire les Shites.3. qirat akhbr marai-hi: qirat al-mar F [des choses comme

    ] un pileptique. Le texte semble ici corrompu et la correctionpropose sinspire du passage suivant dIBN TAYMIYYA, Minh j al-sunna, d. M. R. SLIM, t. IV, p. 554 : Du fait du meurtre dal-usayn Dieu soit satisfait de lui! , Satan en vint produire deuxinnovations pour les gens. [Lune consiste se rjouir de ce meurtre ;lautre ] sattrister et se lamenter, le jour de shr, en se giflant,

    criant, pleurant, se laissant avoir soif et dclamant des thrnes. Celamne faire des choses comme insulter les anciens (salaf), lesmaudire, et inclure des gens nayant point de pch parmi ceux qui enont. Les Prcesseurs, les premiers [croyants] en arrivent alors treinsults et on rcite des histoires du massacre d[al-usayn] (wa-tuqrau akhbr marai-hi) dont beaucoup sont du mensonge.Lobjectif de ceux qui ont introduit de tels usages tait douvrir laporte de la dissension et de la division au sein de la communaut. Voir aussi infra, p. 309 du texte arabe.

    Sur la qirat al-mar, voir IBN QAYYIM AL-JAWZIYYA, Zd al-mad(d. M. AL-MASD, Le Caire, al-Bb l-alab, 1347/1928),t. III, p. 85, 84: Le shaykh [Ibn Taymiyya] soignait au moyen duverset du Trne et ordonnait de beaucoup le rciter (qira) lpilep-tique (mar) de mme qu dautres quil soignait ainsi et en rcitantles deux dernires sourates du Coran (al-madhatn) Nous avons

    vu notre shaykh envoyer quelquun sadresser lesprit se trouvantdans un pileptique et lui dire: Le shaykh te dit de sortir, car cecinest pas ta place! Et lpileptique de revenir lui-mme. Parfois, ilsadressait lui-mme [lesprit]. Parfois aussi, lesprit tait rebelle et ille faisait sortir en donnant des coups lpileptique. Celui-ci revenaitalors lui-mme et ne ressentait aucune douleur. Nous lavons vu,nous et dautres, agir ainsi plusieurs fois. Combien de fois il rcitadans loreille dun pileptique Pensez-vous que Nous vous avonscrs futilement, et que vers Nous vous ne serez pas ramens ?(Coran, al-Muminn - XXIII, 115)! Une fois, il rcita ce verset dansloreille dun pileptique et lesprit dit : Oui!

    4. Les ponymes des quatre principales coles de jurisprudencesunnite: Mlik, Abanfa, al-Shfi, Ibn anbal.

    5. Titres des divers recueils canoniques de adths.

    Abraham fut sauv du feu6

    Rien ntait connu de tels adths lpoque des [trois] gn-rations minentes. Certains auteurs tardifs relatent nanmoins ce propos de [tels] adths. Ils relatent par exemple quequelquun qui se met du kohol le jour de shr naura pasdophtalmie durant cette anne, que quelquun qui se baigne le jour de shr ne tombera pas malade durant cette anne, etchoses pareilles Ils parlent des [diverses] vertus attaches laprire le jour de shr. Ils relatent aussi que ce fut le jour deshr quAdam se repentit, que larche sinstalla sur le[mont] al-Jd7, que [la chemise de] Joseph fut rendue Jacob,quAbraham fut sauv du feu, quun bouc fut substitu [lenfant] destin tre immol, etc. Dans un adth invent,mensonger, concernant le Prophte Dieu prie sur lui et luidonne la paix! , ils rapportent que quelquun qui donne large-ment sa famille le jour de shr, Dieu lui donne largementle reste de lanne8. Rapporter tout cela propos du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix! , cest du mensonge. Ilest cependant bien connu que cest rapport par Sufyn b.Uyayna9, daprs Ibrhm b. Muammad b. al-Muntashir,daprs son pre. Il nous est parvenu, dit-il, que quelquun quidonne largement sa famille le jour de shr, Dieu luidonne largement le reste de son anne.

    Les extrmistes de Kfa

    Ibrhm b. Muammad b. al-Muntashir tait dentre les gensde Kfa; or, dans les gens de Kfa, il y avait deux factions [301]:

    - une faction rfractaire (rfi)10 faisant mine davoir de

    lamiti pour les Gens de la Maison [du Prophte] mais qui,

    6. Miniature de S. L. ASHR, Zubdat al-tawrkh, Turquie, 993/1583 (Istanbul, Muse des Arts Islamiques Turcs, MS. 1973) ; voirM. AND,Mitologyas, p. 141.

    7. Voir Coran,Hd- XI, 44.8. Sur les pseudo-adths concernant shr, voir IBN AL-JAWZ

    (m. 654/1256), al-Mawt (Mdine, al-Maktabat al-Salafiyya, 3 t.,1386/1966-1387/1968), t. II, p. 199-204.

    9. Sufyn b. Uyayna b. Maymn al-Hill (m. 196/811), tradition-niste; voir S. A. SPECTORSKY,EI2, art. Sufyn b. Uyayna.

    10. Dsignation pjorative des Shites qui refusent (rafaa) lestrois premiers califes.

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    intrieurement, taient soit des hrtiques (mulid) libre-pen-seurs (zindq), soit des ignorants et des gens de caprice (haw).

    - une faction ouvertement hostile (nib) hassant Al et sescompagnons quand, durant la guerre civile (fitna), se produi-sirent les combats qui se produisirent.

    Dans le a de Muslim, il est tabli propos du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix! quil a dit: Il y auradans [la tribu de] Thaqf un archimenteur et un massacreur(mub

    r)1.

    Al-Mukhtr se vengeant des meurtriers dal-usayn2

    Larchimenteur, ce fut al-Mukhtr b. AbUbayd al-Thaqaf3.Il fit mine davoir de lamiti pour les Gens de la Maison et deles aider vaincre et tua Ubayd Allh b. Ziyd4, lmir delIrak qui avait organis lescadron qui tua al-usayn b. AlDieu soit satisfait deux deux ! Ensuite, il profra publiquementdes mensonges et prtendit tre un prophte, [affirmant] queGabriel faisait descendre sur lui [la rvlation]. Ainsi en parla-

    t-on Ibn Umar5 et Ibn Abbs6. Al-Mukhtr b. AbUbayd, dit-on lun deux deux, soutient que [des choses]descendent sur lui. Il dit vrai, dit-il, le Dieu Trs-Haut aen effet dit: Vous informerai-je sur qui les diablesdescendent? Ils descendent sur tout imposteur, pcheur7. Al-Mukhtr, dit-on lautre, soutient quil lui est rvl[des choses] . Il dit vrai, dit-il, [car Dieu a dit]: Les

    1. Voir MUSLIM, a, Fail al-aba (Constantinople, t. VII,p. 190-191; trad. SIDDIQI,a, t. IV, p. 1351-1352, n 6176); IBNANBAL,Musnad(Boulaq, t. II, p. 26).

    2. Dtail dun chromo iranien (Thran, fin du XXe s. Coll. part.).3

    .Leader proto-shite aux ides suspectes qui se rvolta contre le

    pouvoir umayyade et se rendit matre de Kfa de 66/685 sa mort en67/687; voir G. R. HAWTING,EI2, art. al-Mukhtr b. AbUbayd.

    4. Nomm gouverneur de Bara, de Kfa et de lIran par le premiercalife umayyade, Muwiya, Ubayd Allh, fils de Ziyd b. Abhi, estclbre pour avoir massacr des milliers de Khrijites et mat larbellion dal-usayn en 61/680. Il fut vaincu et tu par larme dal-Mukhtr lors de la bataille de Khzir en 67/686; voir C. F. ROBINSON,EI2, art. Ubayd Allh b. Ziyd.

    5. Fils du second calife (m. 73/693) ; voir L. VECCIA VAGLIERI,EI2,art. Abd Allh b. Umar b. al-Khab.

    6. Grand savant de la premire gnration (m. 68/686-8) ; voirL. VECCIA VAGLIERI,EI2, art. Abd Allh b. al-Abbs.

    7. Coran, al-Shuar - XXVI, 221-222.

    diables rvlent assurment [des choses] leurs amis, afinquils disputent avec vous8.

    Le massacreur, ce fut al-ajj j b. Ysuf al-Thaqaf9, quistait dtourn de Alet de ses compagnons.

    Cet [al-ajj j] fut dentre les [gens] ouvertement hostiles(nib) tandis que le premier, [al-Mukhtr], fut dentre lesrfractaires (rfi). Ce [302] Rfiite mentit, inventa et, en ma-tire de religion, hrtisa le plus gravement. Il prtendit en effettre un prophte. Quant cet [al-ajj j], il punit le plusgravement quiconque sopposa son pouvoir et se vengea leplus gravement de ceux quil accusa de dsobir son mir,Abd al-Malik b. Marwn10.

    Les gens les plus prouvs

    Il y eut Kfa, entre ceux-ci et ceux-l, des dissensions(fitna) et des combats. Quand al-usayn b. Al Dieu soitsatisfait deux deux! fut tu, le jour de shr, il fut tu parla faction injuste (lim), excessive (bghin), et Dieu luiaccorda lhonneur de mourir martyr, tout comme Il avaitaccord cet honneur ceux des gens de sa Maison qui Illavait accord. Il avait accord cet honneur amza11, Jafar12, son pre Al13 et dautres. Le martyre dal-usayn fut dentre les choses par lesquelles Dieu leva saposition et haussa son degr : lui et son frre al-asan sont lesdeux seigneurs de la jeunesse des gens du Jardin. Les hautespositions ne sobtiennent en effet que par lpreuve (bal),ainsi que le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! la dit quand il lui fut demand: Quels gens sont les plusprouvs? Les Prophtes, dit-il, ensuite les vertueux,ensuite ceux qui leur sont les plus semblables. Un homme estmis lpreuve en fonction de sa religion. Sil y a de la rudessedans sa religion, son preuve saccrot ; tandis que sil y a de ladlicatesse dans sa religion, elle sallge. Lpreuve ne cesse de[frapper] le croyant jusqu ce quil marche sur la terre sans

    avoir de faute

    14

    .

    Cette [tradition] est rapporte par al-Tirmidhet dautres. al-asan et al-usayn avait auparavant t donn par le

    Dieu Trs-Haut, comme haute position, ce qui leur avait alorst donn. Il ne leur tait par ailleurs point arriv commepreuve ce qui tait arriv leurs prdcesseurs. Tous deux

    8. Coran, al-Anm - VI, 121.9. Le plus clbre des gouverneurs umayyades, aussi efficace que

    loyal (al-if, c. 41/661 - Wsi, 95/714). Aprs avoir vaincu lanti-calife du Hedjaz, Ibn al-Zubayr, en bombardant la Kaba en 73/692, ilfut mut en Irak o il imposa un ordre trs strict ; voir A. DIETRICH,EI2, art. al-adjdjdjb. Ysuf.

    10. Cinquime calife umayyade (r. 65/685-86/705) ; voir H. A. R.GIBB,EI2, art. Abd al-Malik b. Marwn.

    11.amza b. Abd al-Mualib, oncle paternel du Prophte et un deschampions de lIslam aprs sa conversion, tomb au combat Uud(3/625); voir G. M. MEREDITH-OWENS, EI2, art. amza b. Abd al-Mualib.

    12. Jafar b. Ablib, cousin du Prophte et frre an de Al, ttconverti lIslam et tomb au combat lors de lexpdition de Muta(8/629); voir L. VECCIA VAGLIERI,EI2, art.Djafar b. Ablib.

    13. Al fut assassin Kfa en 40/661, par le Khrijite Abd al-Ramn b. Muljam al-Murd.

    14. Voir notamment AL-TIRMIDH, Sunan, Zuhd (d. A. R. M.UTHMN, t. IV, p. 28, n 2509); IBN MJA, Sunan, Fitan (d. M. F.ABD AL-BQ, t. II, p. 1334-1335, n 4023-4024); IBN ANBAL,Musnad(Boulaq, t. I, p. 172).

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    taient ns alors que lIslam tait puissant et avaient t levsdans la puissance et les honneurs, les Musulmans les rvrant etles honorant tous deux. Le Prophte Dieu prie sur lui et luidonne la paix! mourut alors quils navaient pas encorecompltement atteint lge de la pubert. [303] La grce queDieu leur accorda tous deux fut de les prouver dune manirequi leur fit rejoindre les gens de leur Maison. Ainsi aussi avait-Il prouv des [personnes] plus minentes queux deux. Alb.Ablib tait en effet plus minent queux deux; or il avait ttu en martyr.

    Le meurtre dal-usayn fut dentre les choses du fait des-quelles les dissensions se dchanrent entre les gens, toutcomme le meurtre de Uthmn Dieu soit satisfait de lui!avait t dentre les plus importantes des causes ayant nces-sairement provoqu des dissensions entre les gens. Cest eneffet cause de ce [meurtre] que la communaut sest divisejusqu ce jour. Voil pourquoi il est dit dans un adth: Il yaura trois [conjonctures telles que] celui qui sen tirera sauf sesera [effectivement] sauv: ma mort, le meurtre dun califebrutalis, [lapparition de] limposteur (al-dajjl)1.

    Les califes bien-guids

    Ab Bakr. La mort du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la

    paix! fut dentre les plus impor-tantes des causes du fait des-quelles beaucoup de gens furentprouvs et apostasirent lIslam.Le Dieu Trs-Haut fit se dresser

    [Ab Bakr] le vridique Dieu soitsatisfait de lui! , de par qui Il

    rtablit alors la foi et ramena laffaire ce quelle avait t2. Il fit rentrer les apostats par la porte parlaquelle ils taient sortis et confirma les croyants dans la

    religion en laquelle ils staient engags. Dieu avait mis en luiforce,jihdet rigueur vis--vis de Ses ennemis, ainsi que de ladouceur lgard de Ses amis. Grce cela et dautreschoses, il avait donc mrit dtre le calife du Messager deDieu Dieu prie sur lui et lui donne la paix!

    Umar. Ensuite, [Ab Bakr] dsignaUmar pour lui succder (istakh-

    lafa). Celui-ci vaincut les mcr-ants les Mages et les gens duLivre3 , rendit lIslam puissant,fonda des cits, dfinit la solde[des soldats], mit en place ladmi-

    nistration (dwn), rpandit la jus-

    tice et fit rgner la Sunna. LIslamconnut son poque un triomphe grce

    auquel se confirma de manire manifeste la vridicit de cesdires du Trs-Haut: Cest Lui Qui a envoy Son Messager

    1. Voir IBN ANBAL,Musnad(Boulaq, t. IV, p. 105-106).2. Allusion aux guerres de ridda ayant suivi la mort du Prophte;

    voirmes Textes spirituels XIII, p. 29.3. Lempire sassanide dIran, annihil lors de la bataille dal-

    Qdisiyya en 16/637; lempire byzantin, vaincu lors de la bataille duYarmk en 15/636 mais qui survivra jusqu la prise de Constan-tinople par les Ottomans en 857/1453.

    avec la guidance et la religion du Rel pour la faire triomphersur [304] toute la religion, et Dieu suffit comme tmoin4. LeTrs-Haut de dire aussi: Dieu a promis ceux dentre vousqui croient et accomplissent les actions vertueuses quIl feraitdeux Ses lieutenants (istakhlafa) sur la terre comme Il la fait

    Chosros II (r. 590-628) Heraclius (r. 610-641)

    de ceux qui vinrent avant eux, quIl consolidera pour eux leurreligion, quIl a agre pour eux, et qu leur peur Il substituerala scurit pourvu quils Madorent et ne Massocient rien5.Et le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! dedire: Quand Chosros prira, il ny aura plus de Chosros

    aprs lui. Quand Csar prira, il ny aura plus de Csar aprslui. Par celui en la main de Qui mon me se trouve, leurs trsors tous deux seront dpenss sur le chemin de Dieu6! Umar Dieu soit satisfait de lui! fut celui qui dpensa leurs trsors tous deux. On le sait, il les dpensa sur le chemin de Dieu et ilfut un calife bien dirig et guid.

    La prise de Jrusalem par Umar7

    Uthmn. [Umar] fit ensuite, de sa succession, une affairede consultation entre six [personnes]. Les migrs et lesAuxiliaires saccordrent pour mettre en avant Uthmn b.Affn, sans quil leur ait rien offert quils dsiraient et sansquil les ait en rien effrays. Ils lui prtrent allgeance en leur

    4. Coran, al-Fat - XLVIII, 28.5. Coran, al-Nr - XXIV, 55.6. Voir notamment AL-BUKHR, a,Jihd(Boulaq, t. IV, p. 63-

    64; trad. HOUDAS, Traditions, t. III, p. 356); MUSLIM, a, Fitan(Constantinople, t. VIII, p. 186-187 ; trad. SIDDIQI, a, t. IV,p. 1509, n 6973); IBN ANBAL, Musnad (Boulaq, t. II, p. 233).Chosros dsigne le shh sassanide; Csar, lempereur byzantin.

    7. Chromo tunisien (Tunis, Matbaat al-Manr, c. 1980. Coll. part.).

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    ensemble, volontairement, sans y tre contraints. la fin de sesjours, des vnements (sabab) se produisirent au cours desquelsles gens de lignorance et de lhostilit triomphrent par le maldes gens du savoir. Ils ne cessrent pas de sactiver semer lesdissensions (fitna), tant et si bien que le calife fut tu, victimedinjustice, en martyr et sans quil y ait eu de raison autorisantde le tuer, patient, rsign (mutasib)1, et sans avoir combattude Musulman.

    Uthmn Al2

    Al. Quand [Uthmn] Dieu soit satisfait de lui! futtu, les curs se divisrent et les troubles furent graves, les

    mauvais triomphrent et les bons furent avilis. Des genssactivrent semer la dissension (fitna) qui taient incapablesde la [grer]. Des gens qui auraient aimer faire rgner le bien etla probit (al) furent aussi incapables de le faire. Ilsprtrent allgeance au commandeur des croyants, Al b. Ablib Dieu soit satisfait de lui ! Ctait alors lhomme quimritait le plus dtre calife [305] et le plus minent de ceux [dela gnration du Prophte] qui vivaient encore. Les curstaient cependant diviss et le feu de la dissension allum. Laparole [des Musulmans] ne saccorda pas et leur communion(jama) ne sorganisa pas. Le calife et les meilleurs [membres]de la communaut ne furent pas capables d[accomplir] tout lebien quils voulaient. [Divers] groupements sengagrent dans

    ces mouvements sectaires (firqa) et ces dissensions, et ce quiadvint advint. Les arrites3 apparurent alors, qui sexcommu-nirent (mriq) alors mme quils priaient abondamment, je-naient et rcitaient [le Coran]. Ils combattirent le commandeurdes croyants, Al, et ceux qui taient avec lui. Al les tuadonc, en vertu de lordre de Dieu et de Son Messager, parobissance aux paroles du Prophte Dieu prie sur lui et luidonne la paix! quand il les avait dcrits en disant : Chacunde vous trouvera ddaignables sa prire en comparaison de leurprire, son jene en comparaison de leur jene et sa rcitationdu Coran en comparaison de leur rcitation. Ils le rcitentcependant sans quil dpasse leur gorge ! Ils sortent (maraqa)de lIslam comme une flche sort dune proie. O que vous lesrencontriez, tuez-les! Les tuer entrane en effet une rcompenseauprs de Dieu, pour celui qui les tue, le Jour de la Rsurrec-

    1. Cest--dire en laissant Dieu le soin de comptabiliser (itisb) ce

    malheur son profit et de len ddommager (awwaa) en le rcom-pensant; voir IBN MJA, Sunan,Janiz (d. M. F. ABD AL-BQ, t. I,p. 509, n 1598).

    2. Calligraphies ottomanes (XIXe s.).3. Sur les arrites, ou Khrijites, dissidents opposs larbitrage

    propos par Muwiya lors de la bataille de iffn et combattus parAl, voir L. VECCIA VAGLIERI,EI2, art.arr. Leur nom drive dearr, village irakien proche de Kfa.

    tion4. Il a aussi dit: Un groupe sexcommuniera (maraqa) aumoment o les Musulmans se diviseront. Celle des deuxfactions qui est le plus prs de la Vrit les tuera. Cette [tradi-tion] est mentionne dans les deux as5.

    Al6

    Ce sont ces arrites qui sexcommunirent alors que ladivision rgnait entre les croyants. Quil y ait combat entre lescroyants ne les fait pas sortir de la foi, ainsi que le Dieu Trs-Haut la dit: Si deux factions de croyants se combattent,rconciliez-les. Si lune des deux se fait excessive au dtrimentde lautre, combattez lexcessive jusqu ce quelle revienne lordre de Dieu. Si elle revient, rconciliez-les dans la justice.Soyez quitables! Dieu en effet aime ceux qui sont quitables.

    4. Voir notamment AL-BUKHR, a, Fail al-Qurn (Boulaq,

    t. VI, p. 197; trad. HOUDAS, Traditions, t. III, p. 542) ; MUSLIM, a,Zakt(Constantinople, t. III, p. 112 ; trad. SIDDIQI,a, t. II, p. 512,n 2323); IBN ANBAL,Musnad(Boulaq, t. I, p. 131). Sur les diversesversions de ce adth, voir A. J. WENSINCK, Concordance, t. III, p. 7 ;IBN TAYMIYYA,MF, trad. MICHOT,Musique, p. 130; Textes spirituelsXI, p. 30. Jai mal compris et rendu erronment le dbut de cette tradi-tion dans les traductions que jen ai publies jusquici. Elles doiventtre remplaces par la prsente traduction. Dieu me pardonne etpuissent mes lecteurs se montrer indulgents!

    5. Voir notamment AL-BUKHR, a, Murtaddn (Boulaq, t. IX,p. 17; trad. HOUDAS, Traditions, t. IV, p. 429); MUSLIM, a,Zakt(Constantinople, t. III, p. 113 ; trad. SIDDIQI, a, t. II, p. 513,n 2325); IBN ANBAL,Musnad(Boulaq, t. III, p. 32).

    6. Chromo gyptien (XXe s. Coll. part.).

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    Les croyants ne devraient tre que des frres. Rconciliez doncvos frres1. Il la donc rendu clair Lou et Exalt est-Il ! ,alors mme quils se combattaient et que les uns commettaientdes excs [306] au dtriment des autres, ctaient des croyants,des frres, et Il ordonna de les rconcilier. Si, par aprs, une desdeux factions se faisait encore excessive, elle serait combattue.Il na pas ordonn de se combattre ds le dpart.

    Le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! [nous]a informs que la faction qui sexcommunierait serait tue parcelle des deux [autres] factions qui serait le plus prs de laVrit. Ce sont Alb. Ablib et ceux qui taient avec lui quiles combattirent2. Les paroles du Prophte Dieu prie sur lui etlui donne la paix! prouvent donc quils furent plus prs de laVrit que Muwiya et ceux qui taient avec lui, alors mmeque leurs deux factions avaient la foi.

    Du meurtre de Al celui dal-usayn

    Al-asan. Abd al-Ramn b. Muljam3 tait dentre cesgens qui staient excommunis. Il tua le commandeur descroyants, Al, et celui-ci sen alla donc en martyr vers la gn-rosit de Dieu et Son agrment. Les Compagnons prtrentallgeance son fils al-asan. Lminence de celui-ci apparut

    alors, dont le Messager de Dieu Dieu prie sur lui et lui donnela paix! avait parl dans un adth authentique, l o il dit:Mon fils que voici est un seigneur et, par son biais, Dieurconciliera deux groupes importants de Musulmans4. Ilrenona exercer lautorit (walya) et, par son biais, Dieurconcilia les deux factions. Ctait une des choses pour les-quelles le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! lavait clbr et avait fait son loge, et cela prouve que leurrconciliation tait dentre les choses que Dieu et Son Messageraiment et que Dieu et Son Messager louent.Al-usayn. [Al-asan] mourut ensuite et sen alla vers la

    gnrosit de Dieu et Son agrment. Des factions se formrent

    qui correspondirent avec al-usayn et lui promirent soutien etaide sil se soulevait. Ces gens nen taient cependant pasdignes [307]: quand il leur envoya son cousin paternel5, ils trahi-rent la promesse quils lui avaient faite, rompirent le pactequils avaient nou avec lui et aidrent, contre lui, celui contrequi ils lui avaient promis de le dfendre et de combattre aveclui. Les gens qui conseillaient al-usayn et avaient de lamourpour lui, tels Ibn Abbs, Ibn Umar et dautres, lui suggrrentde ne pas aller vers eux et de ne pas leur cder. Ils furent davisque, pour al-usayn, sen aller vers eux naurait pas dintrt et

    1. Coran, al-ujurt- XLIX, 9.2. Alvaincut les Khrijites et en massacra un grand nombre lors de

    la bataille dal-Nahrawn, en 38/658.3. Khrijite qui, par dsir de venger les morts dal-Nahrawn, tuaAl en 40/661. Il fut condamn mort et son cadavre fut brl ; voirL. VECCIA VAGLIERI,EI2, art. Ibn Muldjam.

    4. Voir notamment AL-BUKHR, a, ul (Boulaq, t. III, p. 186 ;trad. HOUDAS, Traditions, t. II, p. 239); AL-TIRMIDH, Sunan,Manqib(d. A. R. M. UTHMN, t. V, p. 323, n 3862).

    5. Invit par les Kfiens prendre la tte dun soulvement contre ledeuxime calife umayyade, Yazd b. Muwiya, al-usayn leurenvoya son cousin paternel Muslim b. Aql b. Ablib puis dcidade se rendre lui-mme de la Mecque Kfa. Le gouverneur umayyadede Bara, Ubayd Allh b. Ziyd, avait entretemps repris le contrle dela ville et tu Muslim b. Aql (60/680). Al-usayn fut massacr avecsa famille sans pouvoir entrer dans Kfa.

    quil nen rsulterait pas quelque chose dinsignifiant. Laffairese passa comme ils lavaient dit. Lordre de Dieu est un dcretinluctable6.

    Alet ses deux fils al-asan et al-usayn7

    Quand al-usayn Dieu soit satisfait de lui! se mit en routeet vit que les choses avaient chang, il leur demanda de le

    laisser retourner [chez lui], ou de rejoindre quelque forteressefrontalire8, ou de rejoindre son cousin paternel Yazd9. Ils luiinterdirent et ceci et cela, de manire ce quil se rende. Ils lecombattirent, il les combattit et ils le turent, ainsi quungroupe de ceux qui taient avec lui, victime dinjustice et enmartyr, dun martyre par lequel Dieu lennoblit, lui fit rejoindreles gens excellents et purs de sa Maison, et humilia ceux quiavaient t injustes envers lui et avaient t ses ennemis.

    gars et fanatiques pour et contre al-usayn

    Ceci entrana ncessairement du mal entre les gens. Unefaction ignorante et injuste, soit hrtique et hypocrite, soitgare et fourvoye, se mit faire mine davoir de lamiti pour

    6. Coran, al-Azb - XXXIII, 38.7. Chromo nord-africain (XXe s. Coll. part.).8. Pour y combattre les infidles.9. Il sagit de Yazd b. Muwiya, le nouveau calife, pour lui prter

    directement allgeance, Damas. Al-usayn, fils de Al, fils dAblib, fils de Abd al-Mualib, fils de Hshim, fils de Abd Manf, etYazd, fils de Muwiya, fils dAb Sufyn, fils de arb, filsdUmayya, fils de Abd Shams, fils de Abd Manf, sont donc cousinspaternels un degr relativement loign. Sur ces trois propositionsdal-usayn, telles que rapportes par les historiens al-Baldhur(m. 278/892?) et al-abar (m. 310/923), voir L. VECCIA VAGLIERI,EI2, art. (al-)usayn b. Alb. Ablib, p. 630.

    Ce que plus dun auteur rapportent, cest que Yazd navait pasordonn de tuer al-usayn et quil ne poursuivait par l aucun objectif.

    Il avait au contraire choisi de lui tmoigner honneur et importanceainsi que Muwiya Dieu soit satisfait de lui! le lui avait ordonn,pourvu quil choisisse de renoncer exercer lautorit et se soulevercontre lui. Quand al-usayn savana [vers Kfa] et apprit que lesgens de lIrak labandonneraient et le livreraient, il demanda de [pou-voir] retourner chez Yazd, ou retourner chez lui, ou aller vers uneforteresse frontalire. Ils le lui interdirent, de manire ce quil serende. Ils le combattirent alors, si bien quil fut tu, victime dinjusticeet en martyr Dieu soit satisfait de lui ! Quand lannonce quil avaitt tu parvint Yazd et ses gens, cela les affligea et ils pleurrentson meurtre. Yazd dit: Dieu maudisse Ibn Murjna (cest--direUbayd Allh b. Ziyd)! Par Dieu, sil y avait eu un lien de sang entrelui et al-usayn, il ne laurait pas tu! (IBN TAYMIYYA,Minhj, t. IV,p. 557-558).

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    [al-usayn] et pour les gens de sa Maison. Ils firent du jour deshr un jour de deuil, de tristesse, de lamentation, et sylivrrent publiquement des rituels de lge de lignorance(jhiliyya): se gifler les joues, dchirer lencolure de son vte-ment, se consoler en des crmonies funbres de lge delignorance. [308]

    Al-usayn pleurant son fils Alal-Akbar, premire victimedu massacre de Karbal1

    Ce que Dieu et Son Messager ont ordonn en cas de tragdie(muba) quand celle-ci est rcente , cest seulement dtrepatient, de se rsigner (itisb) et de demander de retourner[vers Lui] (istirj). Ainsi le Dieu Trs-Haut dit-il: Annoncela bonne nouvelle aux patients, ceux qui disent, lorsquunetragdie les touche: Dieu nous appartenons et vers Lui nousretournons!: sur ceux-l descendent des prires de leurSeigneur et une misricorde. Ce sont eux qui bien se guident2.Dans le a, il est rapport propos du Prophte Dieu priesur lui et lui donne la paix ! quil a dit: Des ntres nest

    point celui qui se gifle les joues, dchire lencolure de son vte-ment et profre des invocations de lge de lignorance3. Il aaussi dit: Je dsavoue celle qui hurle, se rase les cheveux etdchire ses vtements [en cas de malheur]4. Et encore: Si lapleureuse ne se repent pas avant de mourir, elle sera ressus-cite, le Jour de la rsurrection, avec sur elle un large pantalonde poix et un chemisier de gale5. Dans le Musnad6, [il estaussi rapport] daprs Fima, la fille dal-usayn, daprs sonpre al-usayn, propos du Prophte Dieu prie sur lui et luidonne la paix! que celui-ci a dit : Il nest pas dhommetouch par une tragdie, qui sen souvient ft-elle ancienne et qui, de son fait, profre une demande de retour [ Dieu], sans

    1. Dtail dun chromo iranien (Thran, fin du XXe s. Coll. part.).2. Coran, al-Baqara - II, 156.3. Voir AL-BUKHR, a, Janiz (Boulaq, t. II, p. 82; trad.

    HOUDAS, Traditions, t. I, p. 419); MUSLIM, a, mn (Constan-tinople, t. I, p. 70 ; trad. SIDDIQI,a, t. I, p. 59, n 184).

    4. Voir AL-BUKHR, a, Janiz (Boulaq, t. II, p. 82; trad.HOUDAS, Traditions, t. I, p. 419); MUSLIM, a, mn (Constan-tinople, t. I, p. 70 ; trad. SIDDIQI,a, t. I, p. 59, n 186).

    5. Voir MUSLIM, a, Janiz (Constantinople, t. III, p. 45 ; trad.SIDDIQI,a, t. II, p. 444, n 2033); IBN ANBAL,Musnad(Boulaq,t. V, p. 342-343).

    6. Voir IBN ANBAL, Musnad (Boulaq, t. I, p. 201); IBN MJA,Sunan,Janiz (d. M. F. ABD AL-BQ, t. I, p. 510, n 1600).

    que Dieu lui donne une rcompense semblable celle quIl luidonna le jour o il en fut atteint. Ceci est d la gnrosit deDieu lgard des croyants. Quand on se souvient de la trag -die dal-usayn et dautres, longtemps aprs, il convient que lecroyant profre ce propos une demande de retour [ Dieu]ainsi que Dieu et Son Messager lont ordonn, de manire cequil lui soit donn une rcompense semblable celle de celuiqui fut touch par cette tragdie, le jour o il fut touch par elle.Si donc le Dieu Trs-Haut a ordonn la patience et la rsigna-tion en cas de tragdie de date rcente, [309] comment [en ira-t-il, a fortiori], pour [une tragdie] dil y a longtemps?

    Ce que Satan a par [de qualits] pour les gens de lgarementet du fourvoiement faire du jour de shr un jour dedeuil et ce quils fabriquent ce jour-l dplorer le mort et selamenter, dclamer des odes attristantes, raconter des histoiresdans lesquelles il y a beaucoup de mensonge et peu7 deveracit napporte rien dautre quun renouvellement de latristesse et du fanatisme, provoque la rancur et la guerre etsuscite les dissensions entre les gens de lIslam. On en arrivepar l insulter les Prcesseurs, les premiers [croyants], et lemensonge et les dissensions abondent8 en ce bas monde.

    Commmorations modernes de shr9

    Les [diverses] factions de lIslam nont pas connu plus demensonge, de [sources de] dissensions et daide [apporte] auxmcrants contre les gens de lIslam qu[en] cette factiongare et fourvoye. Ils sont en effet pires que les Khrijites,qui [pourtant] sexcommunient! Ces derniers, le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix! a dit leur sujet : Ilstuent les gens de lIslam et laissent l les idoltres 10. Quant

    7. qall +: f-hF

    8. kathura: kathra F9. gauche, poster du blog Daffodil 82 (http://daffodil82.webs.com/

    apps/photos/album?albumid=6160607) . Linscription se traduit: Ohmon Dieu, lexil dal-usayn! Oh mon Dieu, la solitude dal-usayn!Oh mon Dieu, la soif dal-usayn! Oh mon Dieu, la tragdie dal-usayn! Toi Qui as rendu Joseph Jacob, rends-moi mon enfantAl! droite, commmoration du 10 Muarram par des Hazaras deKaboul en 2009; voir http://hazaristantimes.wordpress.com/2009/01/05/muharram-processions-amid-tight-security-and-chilly-weather/. Detels excs sont interdits par plusieurs autorits shites.

    10. Voir AL-BUKHR, a, Anbiy (Boulaq, t. IV, p. 137; trad.HOUDAS, Traditions, t. II, p. 471) ; MUSLIM, a, Zakt (Constan-tinople, t. III, p. 110; trad. SIDDIQI,a, t. II, p. 510, n 2318) ; IBNANBAL,Musnad(Boulaq, t. III, p. 68).

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    ceux-l, ils aident les Juifs, les Nazarens et les associateurscontre les gens de la Maison du Prophte Dieu prie sur lui etlui donne la paix! ainsi que contre sa communaut lescroyants. Ainsi aidrent-ils les associateurs les Turcs et lesTatars dans ce quils firent Baghdd et ailleurs aux gens dela Maison du Prophtat et de la source du Message les Abb-sides et dautres dentre les gens de la Maison [prophtique]et les croyants, quil sagisse de tuer, de faire des captifs et dedtruire les habitations1. Le mal [commis par] ces gens et le tort[quils ont fait] aux gens de lIslam, pas mme un hommeparlant loquemment ne [pourrait] en rendre compte!

    La conqute mongole de Baghdd (656/1258)2

    ces gens sopposa un groupe constitu soit de gensouvertement et fanatiquement hostiles al-usayn et aux gens[310] de sa Maison, soit dignorants qui contrrent le corruptifpar le corruptif et le mensonge par le mensonge, le mal par lemal et linnovation par linnovation. Ils inventrent donc destraditions (athar) concernant des manifestations de joie et

    1. Allusion la collaboration de diverses personnalits et sectesshites avec des envahisseurs du monde musulman, principalement lesMongols lors de la destruction de Baghdd en 656/1258, laquellemarqua la fin de la dynastie abbside se rclamant dal-Abbs b.Abd al-Mualib, oncle du Prophte mort vers 32/653. Voir IBNTAYMIYYA, MF, trad. MICHOT, Textes spirituels XIII, p. 25; Vizirhrtique mais philosophe dentre les plus minents : al-svu parIbn Taymiyya, in Farhang, vol. 15-16, n 44-45, Thran, Institute forHumanities and Cultural Studies, hiver - printemps 2003, p. 195-227 ;p. 204-209 (aussi lisible en PDF sur muslimphilosophy.com).

    2. Miniature des Albums Diez, Iran, VIIIe/XIVe s. (Berlin, Staats-bibliothek, Diez A fol. 70, S. 4).

    dallgresse le jour de shr, telles se mettre du kohol [surles paupires], se teindre [avec du henn], dpenser plus large-ment sur ses enfants, cuisiner des aliments sortant de lordi-naire, et choses pareilles que lon fait pour les ftes et les jourssolennels (mawsim). Ces gens-ci se mirent donc faire du jourde shr un jour solennel linstar de ceux de ftes et derjouissances, tandis que ceux-l en font un jour de deuil durantlequel ils donnent libre cours la tristesse et au chagrin.Chacun de ces deux groupes fait erreur et sort de la Sunna.Ceux-l poursuivent nanmoins un objectif plus mauvais, sontdune ignorance plus grave et sont dune injustice plus mani-feste. Dieu a ordonn la justice, le bel agir (isn), et leProphte Dieu prie sur lui et lui donne la paix! a dit: Ceuxdentre vous qui vivront aprs moi verront [apparatre] maintesdivergences. Il vous incombe [de suivre] ma voie (sunna) et lavoie (sunna) des califes bien-guids aprs moi. Attachez-vous yet tenez-vous y avec les molaires ! Prenez garde aux nou-veauts! Toute innovation est en effet garement3.

    Le jene de shrNi le Messager de Dieu Dieu prie sur lui et lui donne la

    paix! , ni ses califes bien-guids nont prescrit (sanna) aucune

    de ces affaires le jour de shr: ni les manifestations detristesse et de chagrin, ni les manifestations dallgresse et dejoie. Quand il arriva Mdine Dieu prie sur lui et lui donne lapaix! , il constata cependant que les Juifs jenaient le jour deshr. Quen est-il ? dit-il. Cest en ce jour, dirent-ils, que Dieu sauva Mose de la noyade et nous le jenons. Et [le Prophte] de dire : Nous sommes plus dignes [311] deMose que vous4. Il jena donc [le jour de shr] etordonna de le jener. Quraysh clbrait aussi ce [jour] durantlge de lignorance. Le jour de [shr] quil avait ordonnaux gens de jener ne fut [de jene obligatoire] quune seulefois. [Le Messager] arriva en effet Medine le mois de Rab I;lanne suivante, il jena le jour de shr et ordonna de le

    jener; par la suite, durant cette mme anne5, le [jene du]mois de Raman fut institu et le jene de shr futabrog.

    Il y a eu controverse des ulmas sur ce point : jener ce jour-l fut-il obligatoire (wjib) ou [seulement] prfrable (musta-abb) ? Deux choses bien connues ont t dites, dont la pluscorrecte est que ctait obligatoire. Ensuite, par aprs, il fut jen par des gens jugeant prfrable de le jener, mais sansque le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! aitordonn au commun (mma) [des croyants] de le jener. Ildisait au contraire: Voici le jour de shr. Moi, je jene ence jour. Que celui qui veut jene [aussi]6. Il dit par ailleurs :

    Jener le jour de shr expie une anne. Jener le jour de3. Voir AB DD, Sunan, Sunna (d. M. M. D ABD AL-AMD,

    t. IV, p. 200-201, n 4607); AL-TIRMIDH, Sunan,Zuhd(d. A. R. M.UTHMN, t. IV, p. 150, n 2816).

    4. Voir MUSLIM, a, iym (Constantinople, t. III, p. 150 ; trad.SIDDIQI,a, t. II, p. 551, n 2520); IBN ANBAL,Musnad(Boulaq,t. II, p. 359-360).

    5. Le Prophte arriva Mdine en septembre 622 et y jena le jourde shr en Muarram 2/juillet 623. Jener le Raman futordonn plus tard en 2/624 ; voir Coran, al-Baqara, II - 183-185.

    6. Voir AL-BUKHR, a, awm (Boulaq, t. III, p. 24 ; trad.HOUDAS, Traditions, t. I, p. 607); MUSLIM, a, iym (Cons-tantinople, t. III, p. 146; trad. SIDDIQI,a, t. II, p. 548, n 2499).

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    Arafat expie deux annes1. la fin de sa vie Dieu prie surlui et lui donne la paix! , quand il fut inform que les Juifsfaisaient de ce jour une fte, il dit : Si je vis jusqu lanprochain, je jenerai assurment le neuf [de Muarram]2 , demanire aller lencontre des Juifs et ne pas leur ressembleren faisant une fte de [shr].

    Il y a des Compagnons et des ulmas qui ne jenaient pas [lejour de shr], ni ne trouvaient prfrable de le jener mais,bien au contraire, dtestaient den faire un jour singulier en lejenant, ainsi quon le rapporte dun groupe de Kfiens. Il estpar ailleurs des ulmas qui trouvent prfrable de le jener. [312]Ce qui est correct, cest que, pour celui qui le jene, il estprfrable de jener aussi le neuf [de Muarram], tant donnque cest l le dernier ordre du Prophte Dieu prie sur lui etlui donne la paix! Il dit en effet : Si je vis jusqu lanprochain, je jenerai assurment le neuf [de Muarram] avec ledix , ainsi quinterprt dans certaines versions (arqa) duadth. Voil ce que le Messager de Dieu Dieu prie sur lui etlui donne la paix! a tabli comme usage (sanna) [pour le jourde shr].

    Quant au reste des affaires, comme prendre des aliments

    sortant de lordinaire, quil sagisse ou non de crales (abb)3

    ,renouveler ses vtements ou dpenser plus largement, acheteren ce jour les choses dont on aura besoin pour lanne ouaccomplir des actes dadoration appropris, telle une prireapproprie ce jour, projeter dgorger [une bte de sacrifice]ou faire provision de viandes de btes sacrifies pour cuisineravec elles des crales, se mettre du kohol [sur les paupires],se teindre [avec du henn] ou se baigner, serrer la main [desgens], se rendre des visites les uns aux autres ou visiter (ziyra)les mosques et les martyriums (mashhad), etc., ceci est dentreles innovations rprouver (munkar), que ni le Messager deDieu Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! ni ses califesbien-guids nont prescrites (sanna) et quaucun des imms des

    Musulmans nont juges prfrables ni Mlik [b. Anas], ni al-Thawr4, ni al-Layth b. Sad5, ni Abanfa, ni al-Awz6, ni

    1. Voir MUSLIM, a, iym (Constantinople, t. III, p. 168 ; trad.SIDDIQI,a, t. II, p. 568, n 2603); AL-TIRMIDH, Sunan, awm (d.A. R. M. UTHMN, t. II, p. 125-126, n 746, 749); IBN ANBAL,Musnad(Boulaq, t. V, p. 296).

    2. Voir MUSLIM, a, iym (Constantinople, t. III, p. 151 ; trad.SIDDIQI,a, t. II, p. 552, n 2529); ABDD, Sunan, awm (d.ABD AL-AMD, t. II, p. 327, n 2445).

    3. A dish, which it is the custom of the people of Cairo to prepareon the day of Ashoora, was set before me. It is called hoboob, andis prepared with wheat steeped in water for two or three days, then

    freed from the husks, boiled, and sweetened over the fire with honeyor treacle; or it is composed of rice instead of wheat : generally nuts,almonds, raisins, etc., are added to it. In most houses this dish isprepared, or sweetmeats of various kinds are procured or made, inaccordance with one of the traditions of the Prophet, which is, Whosogiveth plenty to his household on the day of Ashoora, God willbestow plenty upon him throughout the remainder of the year(E. W. LANE,Manners, p. 423).

    4. Sufyn b. Sad al-Thawr, Ab Abd Allh, traditionniste, juristeet ascte (m. Bara, 161/778); voir M. PLESSNER, EI2, art. Sufyn al-Thawr.

    5. Al-Layth b. Sad b. Abd al-Ramn al-Fahm, Ab l-rith(m. Mir, 175/791), traditionniste et juriste ; voir A. MERAD, EI2, art.al-Layth b. Sad.

    al-Shfi, ni Amad b. anbal, ni Isq b. Rhwayh7, ni leurssemblables parmi les imms des Musulmans et les ulmas desMusulmans.

    Desserts de shr8

    Tout au plus certains [auteurs] tardifs, parmi les suivants desimms, ont-ils ordonn certaines de ces choses, rapport cepropos des adths et des traditions (athar), et dit: Certainesde ces choses sont correctes. Pour les gens [possdant] laconnaissance [313] des realits des choses, ils font cependanterreur et se trompent, indubitablement. Dans ses Questions,arb al-Kirmn9 a dit: Amad b. anbal fut interrog propos de ce adth Celui qui donne largement sa famille le

    jour de shr et ne lui donna pas dimportance.La plus haute [source] que ces [auteurs puissent invoquer] est

    une tradition (athar) rapporte daprs Ibrhm b. Muammadb. al-Muntashir, daprs son pre, selon laquelle celui-ci dit: Ilnous est parvenu que quelquun qui donne largement safamille le jour de shr, Dieu lui donne largement le restede son anne. Et Sufyn b. Uyayna de dire: Nous testonscette [tradition] depuis soixante ans et nous en constatons lavrit. Ibrhm b. Muammad [b. al-Muntashir] tait dentreles gens de Kfa et il na pas mentionn de qui il avait entenducette [tradition], ni daprs qui elle lui tait parvenue. Peut-trecelui qui a dit cela tait-il dentre les innovateurs qui hassentAl et ses compagnons et veulent contrer les Rfiites par lemensonge, en contrant le corruptif par le corruptif et linno-vation par linnovation. Quant ce quIbn Uyayna a dit, il nya pas l dargument. Dieu Glorifi est-Il ! lui a fait la grcede le pourvoir [de de quoi vivre]. Dans le fait que Dieu lui a faitla grce dainsi [le pourvoir], il ny a cependant rien qui prouveque la raison en fut quil avait t large le jour de shr.Dieu a en effet aussi donn largement des gens qui taient lesplus minentes des cratures les migrs et les Auxiliaires alors quils navaient pas projet de donner largement leurfamille le jour de shr en particulier.

    6. Abd al-Ramn b. Amr al-Awz, Ab Amr (m. Beyrouth,

    157/774), juriste

    ; voir J. SCHACHT

    , EI2, art. al-Awz.7. Isq b. Ibrhm b. Makhlad al-Marwaz, Ab Yaqb b.Rhwayh (m. Nsbr, 238/853), traditionniste et juriste ; voirJ. SCHACHT, EI2, art.Ibn Rhwayh.

    8. gauche, Ashoura de Jordanie; voir www.medinaportal.net/jordan/pages/poc.php?ID_POC=709&ID_Lang=1 . droite, dessertdit Pudding de No; voir www.sufizikrmeditation.com/2009/01/day-of-ashura-blessings-and-practices.html. Les deux sites donnent lesrecettes.

    9.arb b. Isml b. Khalaf al-anal l-Kirmn, Ab Abd Allh(m. 280/893), disciple dIbn anbal, qui recueillit ses rponses dinnombrables questions; voir IBN AL-IMD, Ab l-Fal (m. 1089/1679), Shadhart al-dhahab f akhbr man dhahaba (Beyrouth, Dral-fikr, 8 t., n. d.), t. II, p. 176.

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    Imposteurs sataniques et Amis de DieuDune manire semblable, beaucoup de gens offrent un vu1

    du fait dun besoin, de quelque chose quils cherchent obtenir.Dieu satisfait leur besoin et ils pensent que leur vu en est lacause (sabab). Il est pourtant tabli [314] dans le a2, propos du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix! ,quil a prohib doffrir des vux et a dit : Ils napportent pasde bien et, par eux, on cherche seulement soutirer [de lar-gent] lavare. Celui qui pense que son besoin est seulementsatisfait du fait (bi-) de son vu, commet un mensonge lencontre de Dieu et de Son Messager. Aux gens, il est seule-ment ordonn dobir Dieu et Son Messager, dembrasserSa religion et Son chemin, et de suivre sa guidance et sadirection. Il leur incombe de remercier Dieu pour ce quIl leur aaccord comme grce majeure : faire surgir parmi eux unMessager pris parmi eux, qui leur psalmodie Ses versets, lespurifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse3. Et le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! de dire dans ce adthauthentique: La meilleure parole est la parole de Dieu et lameilleure guidance est la guidance de Muammad. Les piresaffaires sont les nouveauts et toute innovation est gare-

    ment4

    .Il y a sur ceci accord des gens possdant la connaissance etqui ralisent les choses (ahl al-marifa wa l-taqq): mme siun individu volait dans latmosphre ou marchait sur leau, il neserait suivi qu [la condition] que cela corresponde un ordrede Dieu et de Son Messager. Quelquun qui, chez un individu,observe un dcouvrement [mystique] (mukshafa) ou lexercicedune influence [psychique] (tathr) et le suit tout en allant lencontre du Livre et de la Sunna est du genre des suivants delimposteur (dajjl). Limposteur dira en effet au ciel Pleus!et il pleuvra. Il dira la terre Germe! et elle germera. Il dira la ruine Expulse tes trsors! et elle expulsera alors destrsors dor et dargent. Il tuera un homme puis lui ordonnera

    de se relever et il se relvera5. Malgr ceci, [limposteur] seraun incroyant, maudit, ennemi de Dieu. Le Prophte Dieu priesur lui et lui donne la paix! a dit: Il nest pas de Prophtequi nait mis sa communaut en garde contre limposteur etmoi, je vous mets en garde contre lui : il sera borgne [315] alorsque Dieu nest pas borgne ; il aura kfir k f r , infidle,crit entre les deux yeux, [dune faon] lisible pour tout croyantsachant lire et ne sachant pas lire ; sachez-le, aucun de vous neverra son Seigneur jusqu ce quil meure6.

    1.Vu est ici comprendre en son sens doffrande votive promiseou dpose, de prsent consacr ou vou. Le verbe nadhara signifie la fois vouer, offrir quelque chose et sengager , promettrede.

    2. Voir AL-BUKHR, a, Qadar (Boulaq, t. VIII, p. 125; trad.HOUDAS, Traditions, t. IV, p. 323); MUSLIM, a, Nadhr (Cons-tantinople, t. V, p. 77; trad. SIDDIQI, a, t. III, p. 871, n 4021).Voir aussi IBN TAYMIYYA,MF, trad. MICHOT,Intermdiaires, p. 13.

    3. Coran,l Imrn - III, 164.4. Voir MUSLIM, a, Juma (Constantinople, t. III, p. 11; trad.

    SIDDIQI,a, t. II, p. 410, n 1885); IBN ANBAL,Musnad(Boulaq,t. III, p. 310).

    5. Voir MUSLIM, a, Fitan (Constantinople, t. VIII, p. 197-198 ;trad. SIDDIQI,a, t. IV, p. 1517, n 7015); IBN ANBAL, Musnad(Boulaq, t. IV, p. 181-182).

    6. Voir AL-BUKHR, a, Fitan (Boulaq, t. IX, p. 60; trad.HOUDAS, Traditions, t. IV, p. 494) ; MUSLIM, a, Fitan (Cons-

    Jsus tuant limposteur7

    Dans le a, il est aussi tabli au sujet du [Prophte] quil adit: Lorsque lun de vous sassied durant la prire, quilprenne refuge auprs de Dieu contre quatre choses en disant :

    Mon Dieu, je me rfugie en Toi contre le tourment de laGhenne, contre le tourment de la tombe, contre le flau de lavie et de la mort, et contre le flau du messie imposteur8. Il aaussi dit Dieu prie sur lui et lui donne la paix !: LHeure nese lvera point jusqu ce que trente imposteurs (dajjl)archimenteurs sortent [au grand jour], dont chacun prtendratre le Messager de Dieu9. Et aussi Dieu prie sur lui et luidonne la paix!: Il y aura, avant lHeure, des imposteursarchimenteurs qui vous parleront de choses que ni vous ni vospres naurez entendues. Prenez garde eux10! Ces [impos-teurs], les dmons descendront sur eux et leur rvleront deschoses ainsi que le Trs-Haut la dit: Vous informerai-Je sur

    tantinople, t. VIII, p. 193 ; trad. SIDDIQI, a, t. IV, p. 1514,n 7000); IBN ANBAL,Musnad(Boulaq, t. I, p. 176).

    7. Miniature (digitalement restaure) dun manuscrit du Awl-eqiymat, Turquie, Xe/XVIIe sicle (Berlin, Staatsbibliothek, MS. Or.Oct. 1596); voir M. AND,Mitologyas, p. 235.

    8. Voir MUSLIM, a, Masjid (Constantinople, t. II, p. 93 ; trad.SIDDIQI,a, t. I, p. 291, n 1217) ; IBN ANBAL, Musnad (Boulaq,t. II, p. 185).

    9. Voir AL-BUKHR, a, Fitan (Boulaq, t. IX, p. 59; trad.HOUDAS, Traditions, t. IV, p. 493); ABDD, Sunan,Malim (d.ABD AL-AMD, t. IV, p. 121, n 4333); IBN ANBAL, Musnad(Boulaq, t. II, p. 450).

    10. Voir MUSLIM, a,Muqaddima (Constantinople, t. I, p. 9); IBNANBAL,Musnad(Boulaq, t. II, p. 118).

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