test de vitesse de marche : intérêt et applicabilité en services hospitaliers gériatriques

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Sur le renforcement segmentaire décitaire (monter descendre sur caisse face à l'espalier sans toucher le sol ; Musculation du quadriceps en charge directe, pousser à la presse uniquement par le pied dé- citaire, six minutes au vélo) ; Répétitions de tâches orientées [2] sur les descentes et remontées du sol mains à l'espalier, puis mains au sol, amélioration de la durées de l'équilibre unipodal, sauts à pieds joints avant arrière et latéraux, voire pour les plus performants cloche-pieds ; Auto-posture d'appui sur membre supérieur coude en extension dans une attelle. auto-posture en charge unipodale avec une exion dorsale maximale au cabinet et en éducation thérapeutique. Étire- ments en contracté relâché des ischiojambiers et des adducteurs +. Résultats.Sur 65 patients hémiplégiques séquellaires mesurés, la médiane de marche est passée de 2,4 km/h (insufsant pour traverser la rue) à 4,2 km/h (tableau I). Tableau I. Évolution de la vitesse de marche au km de 65 hémiplégiques chroniques. 1 er quartile 2 e quartile Médiane 4 e quartile Bilan 1 0 0,6 2,4 4,6 Bilan 2 (en moyenne 6 mois plus tard) 0 1,2 4,2 5 Âge moyen (ans) 66 59 55 40 Discussion.Nous ne pensons pas qu'il existe deux phases de réédu- cation à la marche, une phase puriste où l'on corrige le patient, et une phase d'adaptation où on lui permet les compensations. Même pen- dant la phase de récupération le patient ne peut contrôler que ce qu'il a. L'attention sélective n'a jamais inventé un mouvement qui n'existe pas. De plus, elle ralentit la vitesse de marche et fausse la marge de progression. Si quelques hémiparétiques parviennent à corriger une dizaine de pas, ils n'ont pas l'attention soutenue sufsante pour corri- ger d'avantage. Le patient fait avec ce qu'il a, au jour le jour. Il améliore sa façon de marcher par auto-organisation. Le contrôle volontaire est une illusion [3]. Conclusion.L'amélioration de la façon de marcher est une vision subjective de la marche. La vitesse de marche est une mesure objec- tive. Soumettre les patients à un entraînement intensif à la marche améliore la vitesse de marche et donne donc plus d'autonomie au patient qui peut alors traverser la rue. Remerciements.À mes collègues exerçant conjointement dans notre cabinet. Références [1] WinterTS, Gage JR, Hicks R. Gait pattern in spastic hemiplegia in children and young adults. J Bone Joint Surg Am 1987;69:43741. [2] Carr J, Sheperd R. Movement Science A Motor Learning Model For Rehabilitation. An Aspen Publication; 2000. [3] Atlan H. Le vivant post génomique. Qu'est-ce que l'auto-organi- sation. Odile Jacob; 2011. p. 243. http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2012.11.016 P13 Test de vitesse de marche : intérêt et applicabilité en services hospitaliers gériatriques Adrien Boucot , Séverine Buatois, Pascal Gouilly Centre hospitalier régional Metz-Thionville, 1, allée du Château, CS 45001, 57085 Metz cedex 03, France Auteur correspondant. A Boucot Adresse e-mail : [email protected] Mots clés : Vitesse de marche ; Fragilité ; Personne âgée ; Gériatrie ; Autonomie Introduction.Face au vieillissement de la population, notre profession a un rôle important dans la conservation des fonctions motrices de la personne âgée pour favoriser son maintien à domicile. La vitesse de marche est un indicateur pertinent dans le risque d'institutionnalisa- tion, de déclin fonctionnel et de prévention des chutes. Objectif.Le but de cette étude est de montrer qu'un test de vitesse de marche sur quatre mètres (TVM4) a sa place dans le bilan gériatrique du kinésithérapeute. Population.L'étude est réalisée sur 46 personnes âgées de 61 à 98 ans, prises en charge par des services hospitaliers gériatriques. Matériel et méthode.L'absence de consignes de déroulement du test et le manque de consensus sur les normes de vitesse de marche sont mis en évidence par une étude de la littérature. Pour démontrer la pertinence du TVM4, nous corrélons les résultats obtenus (TV) avec des tests validés et recommandés par la HAS : le Test Minimum Moteur (TMM) et le Test Timed Up and Go (TUG). Résultats.La moyenne obtenue au TV est de 0,52 m/s : elle révèle un niveau d'extrême fragilité. Des corrélations statistiquement signica- tives sont mises en évidence : TV/TUG (r = 0,89), TV/TMM (r = 0,79). Les résultats au TMM et au TUG montrent que la population étudiée a une capacité motrice altérée et un niveau de dépendance élevé. Les corrélations prouvent qu'il y a un lien direct entre le TV, le TUG et le TMM. Les résultats démontrent la pertinence du test de vitesse de marche comme indicateur du degré de fragilité de la personne âgée. Conclusion.La vitesse de marche semble être le reet des capacités motrices et du niveau de dépendance de la personne âgée. Le test de vitesse de marche pourrait s'ajouter aux moyens existants d'évaluation des actes kinésithérapiques et, à plus grande échelle, renforcer la place de notre profession dans l'évaluation de la personne âgée. Pour en savoir plus Haute Autorité de santé (HAS). Masso-kinésithérapie dans la conser- vation des capacités motrices de la personne âgée fragile à domicile. Texte de recommandations pour la pratique clinique; avril 2005. Haute Autorité de santé. Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée. Texte de recommandations pour la pratique cli- nique; novembre 2005. Abellan Van Kan G, Rolland Y, Andrieu S, Bauer J, Beauchet O, Bonnefoy M, et al. Gait speed at usual pace as a prédictor of adverse outcomes in community-dwelling older people an inter- national académy on nutrition and aging task force. J Nutr Health Aging 2009;13:8819. Studenski S, Perera S, Patel K, Rosano C, Faulkner K, Inzitari M, et al. Gait speed and survival in older adults. JAMA 2011;305:508. Bohannon RW, Williams Andrews A. Normal walking speed: a des- criptive meta-analysis. Physiotherapy 2011;97:1829. Kang HG, Dingwell JB. Separating the effects of age and walking speed on gait variability. Gait Posture 2008;27:5727. Espy DD, Yang F, Bhatt T, Pai YC. Independent inuence of gait speed and step length on tability and fall risk. Gait Posture 2010;32:37882. Graham JE, Ostir GV, Fisher SR, Ottenbacher KJ. Assessing walking speed in clinical research: a systematic review. J Eval Clin Pract 2008;14:55262. Graham JE, Ostir GV, Kuo YF, Fisher SR, Ottenbacher KJ. Relations- hip between test methodology and mean velocity in timed walk tests: a review. Arch Phys Med Rehabil 2008;89:86572. Hardy SE, Perera S, Roumani YF, Chandler JM, Studenski SA. Impro- vement in usual gait speed predicts better survival in older adults. J Am Geriatr Soc 2007;55:172734. http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2012.11.017 Kinesither Rev 2013;13(134):4659 JFK 2013 53

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Kinesither Rev 2013;13(134):46–59 JFK 2013

– Sur le renforcement segmentaire déficitaire (monter descendre surcaisse face à l'espalier sans toucher le sol ; Musculation du quadricepsen charge directe, pousser à la presse uniquement par le pied défi-citaire, six minutes au vélo) ;– Répétitions de tâches orientées [2] sur les descentes et remontéesdu sol mains à l'espalier, puis mains au sol, amélioration de la duréesde l'équilibre unipodal, sauts à pieds joints avant arrière et latéraux,voire pour les plus performants cloche-pieds ;– Auto-posture d'appui sur membre supérieur coude en extensiondans une attelle. auto-posture en charge unipodale avec une flexiondorsale maximale au cabinet et en éducation thérapeutique. Étire-ments en contracté relâché des ischiojambiers et des adducteurs +.Résultats.– Sur 65 patients hémiplégiques séquellaires mesurés, lamédiane de marche est passée de 2,4 km/h (insuffisant pour traverserla rue) à 4,2 km/h (tableau I).

Tableau I. Évolution de la vitesse de marche au km de65 hémiplégiques chroniques.

1er

quartile2e

quartileMédiane 4e

quartile

Bilan 1 0 0,6 2,4 4,6Bilan 2 (en moyenne6 mois plus tard)

0 1,2 4,2 5

Âge moyen (ans) 66 59 55 40

Discussion.– Nous ne pensons pas qu'il existe deux phases de réédu-cation à la marche, une phase puriste où l'on corrige le patient, et unephase d'adaptation où on lui permet les compensations. Même pen-dant la phase de récupération le patient ne peut contrôler que ce qu'il a.L'attention sélective n'a jamais inventé unmouvement qui n'existe pas.De plus, elle ralentit la vitesse de marche et fausse la marge deprogression. Si quelques hémiparétiques parviennent à corriger unedizaine de pas, ils n'ont pas l'attention soutenue suffisante pour corri-ger d'avantage. Le patient fait avec ce qu'il a, au jour le jour. Il amélioresa façon de marcher par auto-organisation. Le contrôle volontaire estune illusion [3].Conclusion.– L'amélioration de la façon de marcher est une visionsubjective de la marche. La vitesse de marche est une mesure objec-tive. Soumettre les patients à un entraînement intensif à la marcheaméliore la vitesse de marche et donne donc plus d'autonomie aupatient qui peut alors traverser la rue.Remerciements.– Àmes collègues exerçant conjointement dans notrecabinet.Références[1] WinterTS, Gage JR, Hicks R. Gait pattern in spastic hemiplegia in

children and young adults. J Bone Joint Surg Am 1987;69:437–41.[2] Carr J, Sheperd R. Movement Science A Motor Learning Model

For Rehabilitation. An Aspen Publication; 2000.[3] Atlan H. Le vivant post génomique. Qu'est-ce que l'auto-organi-

sation. Odile Jacob; 2011. p. 243.

http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2012.11.016

P13Test de vitesse de marche : intérêt et applicabilitéen services hospitaliers gériatriquesAdrien Boucot , Séverine Buatois, Pascal GouillyCentre hospitalier régional Metz-Thionville, 1, allée du Château,CS 45001, 57085 Metz cedex 03, FranceAuteur correspondant. A BoucotAdresse e-mail : [email protected]

Mots clés : Vitesse de marche ; Fragilité ; Personne âgée ; Gériatrie ;AutonomieIntroduction.– Face au vieillissement de la population, notre professiona un rôle important dans la conservation des fonctions motrices de lapersonne âgée pour favoriser son maintien à domicile. La vitesse demarche est un indicateur pertinent dans le risque d'institutionnalisa-tion, de déclin fonctionnel et de prévention des chutes.Objectif.– Le but de cette étude est de montrer qu'un test de vitesse demarche sur quatre mètres (TVM4) a sa place dans le bilan gériatriquedu kinésithérapeute.Population.– L'étude est réalisée sur 46 personnes âgées de 61 à98 ans, prises en charge par des services hospitaliers gériatriques.Matériel et méthode.– L'absence de consignes de déroulement du testet le manque de consensus sur les normes de vitesse de marche sontmis en évidence par une étude de la littérature. Pour démontrer lapertinence du TVM4, nous corrélons les résultats obtenus (TV) avecdes tests validés et recommandés par la HAS : le Test MinimumMoteur (TMM) et le Test Timed Up and Go (TUG).Résultats.– Lamoyenne obtenue au TVest de 0,52 m/s : elle révèle unniveau d'extrême fragilité. Des corrélations statistiquement significa-tives sont mises en évidence : TV/TUG (r = –0,89), TV/TMM(r = 0,79). Les résultats au TMMet au TUGmontrent que la populationétudiée a une capacité motrice altérée et un niveau de dépendanceélevé. Les corrélations prouvent qu'il y a un lien direct entre le TV, leTUG et le TMM. Les résultats démontrent la pertinence du test devitesse de marche comme indicateur du degré de fragilité de lapersonne âgée.Conclusion.– La vitesse de marche semble être le reflet des capacitésmotrices et du niveau de dépendance de la personne âgée. Le test devitesse demarche pourrait s'ajouter auxmoyens existants d'évaluationdes actes kinésithérapiques et, à plus grande échelle, renforcer laplace de notre profession dans l'évaluation de la personne âgée.Pour en savoir plusHaute Autorité de santé (HAS). Masso-kinésithérapie dans la conser-

vation des capacitésmotrices de lapersonneâgée fragile à domicile.Texte de recommandations pour la pratique clinique; avril 2005.

Haute Autorité de santé. Prévention des chutes accidentelles chez lapersonne âgée. Texte de recommandations pour la pratique cli-nique; novembre 2005.

Abellan Van Kan G, Rolland Y, Andrieu S, Bauer J, Beauchet O,Bonnefoy M, et al. Gait speed at usual pace as a prédictor ofadverse outcomes in community-dwelling older people an inter-national académy on nutrition and aging task force. J Nutr HealthAging 2009;13:881–9.

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Espy DD, Yang F, Bhatt T, Pai YC. Independent influence of gait speedand step length on tability and fall risk.Gait Posture 2010;32:378–82.

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http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2012.11.017

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