Éternité...d’immortalité. que chacune de nous avait découvert son pouvoir élémental —...

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Traduit de l’anglais par Joanna Gruda

Éternité

Gillian Shields

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Copyright © 2011 Gillian ShieldsTitre original anglais : EternalCopyright © 2014 Éditions AdA Inc. pour la traduction françaiseCette publication est publiée en accord avec HarperCollins Publishers.Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

Éditeur : François DoucetTraduction : Joanna GrudaRévision linguistique : Féminin plurielCorrection d’épreuves : Nancy Coulombe, Catherine Vallée-DumasConception de la couverture : Mathieu C. DandurandPhoto de la couverture : © 2011 Jamie ChungMise en pages : Sébastien MichaudISBN papier 978-2-89733-575-5ISBN PDF numérique 978-2-89733-576-2ISBN ePub 978-2-89733-577-9Première impression : 2014Dépôt légal : 2014Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque Nationale du Canada

Éditions AdA Inc.1385, boul. Lionel-BouletVarennes, Québec, Canada, J3X 1P7Téléphone : 450-929-0296Télécopieur : [email protected]

DiffusionCanada : Éditions AdA Inc.France : D.G. Diffusion Z.I. des Bogues 31750 Escalquens — France Téléphone : 05.61.00.09.99Suisse : Transat — 23.42.77.40Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

Imprimé au Canada

Participation de la SODEC.Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Shields, Gillian

[Eternal. Français] Éternité (Un roman de la série Immortalité ; 3) Traduction de : Eternal. Pour les jeunes de 13 ans et plus. ISBN 978-2-89733-575-5I. Gruda, Joanna. II. Titre. III. Titre : Eternal. Français. IV. Collection : Shields, Gillian. Roman de la série Immortalité ; 3.

PZ23.S493Et 2014 j823’.92 C2013-942564-0

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À Sarah Massini

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« C’est le combat éternel entre ces deux prin-cipes — le bien et le mal. »

— Abraham Lincoln« Beaucoup de ceux qui dorment dans la

poussière de la terre se réveilleront… »— Daniel 12,2

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Prologue

Je ne suis pas comme Evie. Je ne suis pas de celles qui vivent une grande histoire d’amour. Je suis la meilleure

amie qui reste en arrière-plan. Toujours là, toujours fiable, toujours les pieds sur terre. Cette bonne vieille Sarah. C’est ainsi que les choses ont toujours été. Jusqu’à maintenant.

Maintenant, je dois prendre la décision la plus difficile de ma vie. Continuer ou revenir sur mes pas.

Je suis debout sur une colline qui domine Wyldcliffe. Je regarde le soleil se coucher sur la vaste étendue de terre sau-vage. J’adore ce lieu. J’adore le vent sur mon visage, le cri des oiseaux dans le ciel, la vie généreuse et l’histoire de ces vieilles collines. Les pierres, qui s’étendent tels des os sous la bruyère, et les ajoncs me parlent de pouvoir, de force et d’éternité.

Quand tout cela a commencé, je croyais pouvoir devenir comme ces pierres, l’épine dorsale qui donne de la force aux autres. « Cette bonne vieille Sarah, elle peut tout surmonter. »

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Mais j’ai découvert que j’étais faible. Il s’est avéré que je ne voulais pas uniquement m’occuper des autres et les soutenir. Que moi aussi, j’avais des sentiments… et des défauts. J’aime. Je déteste. J’ai de la colère. Et ce que je ressens me fait peur. Cela pourrait m’empêcher de faire ce que je dois faire.

Le soleil a presque disparu, maintenant. La nuit com-mence à s’étendre sur les landes. Là-bas, sur cette terre que j’adore, Evie est perdue. Elle a été prise par l’ennemi et est prisonnière de la terre secrète et immobile. Je suis la seule à pouvoir la sauver. Mon tour est venu de passer à l’action.

Où est passé mon courage ? Où est ma force ? Que dois-je faire ?

Il n’y a pas de réponses. La journée est terminée. Je dois choisir. Je commence à descendre la colline sous le ciel obscur, vers cet endroit qu’on appelle la Vallée de la mort.

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Je ne m’attendais pas à cela. Dans tout le chaos et l’incerti-tude des derniers mois, j’avais appris à accepter beaucoup

de choses étranges, et j’imaginais que plus rien ne pouvait me surprendre.

Mais cette fois, c’était une tout autre chose.Velvet Romaine.J’avais évidemment déjà entendu parler d’elle. Tout le

monde a déjà entendu parler de Velvet Romaine. Les détails scabreux des 16 premières années de sa vie avaient été étalés dans la presse à sensation. Simplement, je ne pensais pas qu’elle allait se retrouver au pensionnat de Wyldcliffe pour jeunes filles. Wyldcliffe n’est pas le genre d’école qui attire les filles de vedettes rock. Les filles de duchesse, peut- être, mais pas une enfant terrible exubérante comme Velvet. Mais elle était bien là quand j’étais arrivée à l’école le pre-mier jour du trimestre d’été, et tout le monde l’avait remar-quée. Son immense limousine s’était arrêtée devant

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l’imposant immeuble gothique de l’école et, au moment d’en sortir, elle s’était retrouvée entourée d’une foule d’élèves excitées et d’un attroupement de paparazzis. Les photo-graphes faisaient crépiter leurs flashes avec enthousiasme, et Velvet restait là à absorber toute cette attention, vêtue comme si elle avait rendez-vous avec un beau mec dans une sordide boîte de nuit.

Mais je ne veux pas avoir l’air d’une fille qui porte des jugements. Hé ! il s’agit de moi, Sarah Fitzalan, la « mère nourricière », toujours prête à dire un bon mot à tout le monde, toujours à chercher ce qui est positif, toujours prête à défendre les opprimés. Du moins, c’est ce qu’on dit de moi.

J’avais tellement hâte de retourner à l’école. Pas que je sois un quelconque génie sur le plan pédagogique ni rien de ce genre. Ce n’était pas les études qui m’attiraient vers cette vallée isolée au creux de laquelle Wyldcliffe se cache. Ce n’était pas non plus le charme des landes sauvages, où les ajoncs et les primevères étaient en fleurs. La terre en éveil m’appelait, mais je tournais le dos aux collines et ne pensais qu’à retrouver Evie et Helen.

Vous savez comme on dit parfois que deux personnes sont si proches qu’elles sont comme des sœurs ? Eh bien, Evie, Helen et moi, nous sommes réellement des sœurs. Nous n’avons pas de lien de sang, mais nous avons des attaches beaucoup plus profondes. Des forces mystiques et élémentales nous relient, dans cette vie et dans la suivante. Cela peut sembler stupide, mais j’ai toujours cru qu’il y avait des choses que nous ne pouvons pas comprendre, que nous ne pouvons peut-être pas voir, mais qui existent néanmoins. L’énergie d’un lieu, une atmosphère, des prémonitions et des prophéties… Je crois que tout cela a une signification. Je crois

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que l’âme est éternelle et que les esprits des morts peuvent nous parler. Ainsi, le premier jour où Evie, cette petite bour-sière solitaire, est arrivée à Wyldcliffe et qu’elle s’est mise à avoir des visions d’une fille du passé, je n’ai pas pensé qu’elle était folle. Je l’ai crue. J’ai accepté ce qui se passait alors, et tout ce qui a suivi.

Que la fille des visions était Lady Agnes Templeton, une ancêtre éloignée d’Evie. Qu’Agnes, il y a plus de 100 ans de cela, avait découvert les secrets de la Voie mystique et qu’elle était devenue une servante du Feu sacré. Que l’ancien admi-rateur d’Agnes, Sebastian Fairfax, était la même personne que le mystérieux jeune homme qu’Evie voyait en cachette. Que Sebastian s’était retrouvé prisonnier d’une quête futile d’immortalité. Que chacune de nous avait découvert son pouvoir élémental — l’eau pour Evie, l’air pour Helen, la terre pour moi — et que nous les avions utilisés pour sauver l’âme de Sebastian. Et, finalement, que Sebastian avait quitté cette vie-ci et avait laissé Evie avec le deuil d’un impossible amour.

Tout bien considéré, nous avions beaucoup de sujets de conversation. Nous avions affronté la mort ensemble. Evie avait perdu son premier amour, et Helen avait perdu sa mère. Et moi, j’avais ressenti une immense tristesse pour elles. Comme toujours, j’avais mis toute mon énergie à tenter de comprendre mes amies, de compatir avec elles et de prendre soin d’elles, mais je dois avouer que lorsque est venu le temps, à la fin du trimestre, de leur dire au revoir et de rentrer chez moi pour les vacances, je me sentais perdue et déracinée sans elles. J’avais l’impression de ne pas exister sans Evie, Helen et leurs problèmes, comme si je ne faisais qu’errer en périphérie de ma vie. Sarah, la gentille, celle qui

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soutient… mais s’il n’y avait plus personne à soutenir, que me restait-il à faire ?

C’est alors que les rêves avaient commencé.C’était la même chose, nuit après nuit. J’étais dans une

cave souterraine. Des torches brûlaient dans l’obscurité. Il y avait quelqu’un près de moi. Son regard croisait le mien. C’était quelqu’un qui me connaissait, d’un bout à l’autre. Quelqu’un pour qui je n’avais pas de secrets. Quelqu’un qui m’aimait. Pas parce que j’étais bonne ou forte, mais parce que j’étais moi, pour tout ce que j’étais, à la fois bonne et méchante. Je m’étirais pour l’embrasser, le cœur et les lèvres remplis de désir. Et j’étais frappée par un indescriptible sen-timent d’horreur. Le visage se transformait en un masque ratatiné. Il y avait un couteau. J’avais mal. Une épaisse fumée s’élevait autour de moi. J’entendais des psalmodies, des chants et des roulements de tambours ; dans ma tête, ça tam-bourinait, tambourinait, tambourinait, jusqu’à ce que je pense en devenir folle.

Peut-être n’était-ce qu’une réaction à tout ce que j’avais vécu avec Evie et Helen, mais je pensais que c’était un pré-sage, un signe que d’autres dangers nous attendaient. Quelle que soit la vérité, les rêves et l’obscurité m’attiraient vers Wyldcliffe, et j’avais très hâte de retrouver mes amies. Et quand tout le cirque entourant Velvet Romaine s’était mis en place et avait mis Wyldcliffe en arrêt, cela ne m’avait pas plu.

Elle était là, prenant une pose à côté de sa voiture totale-ment insensée pendant que les photographes criaient : « Velvet ! Par ici ! Un petit sourire ! » Mais elle ne souriait pas. Elle semblait furieuse. Ses cheveux étaient noirs comme du jais, coupés à la Louise Brooks, et elle adoptait le même genre de poses, d’un érotisme menaçant, que toutes les

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starlettes de l’écran. Sa jupe courte laissait voir de longues jambes, des bas résille déchirés et des bottes noires à lacet, qui devaient avoir coûté une fortune. Toutes les autres filles de Wyldcliffe qui la regardaient, ébahies, portaient l’uni-forme rouge et gris démodé de l’école. Je me suis demandé de quoi Velvet aurait l’air quand les professeures, qu’on appelait maîtresses, lui demanderaient de se débarrasser de ses vêtements griffés, de son ligneur pour les yeux et de son rouge à lèvres noir. Mais, pour l’instant, elle profitait au maximum de son entrée grandiose en faisant la moue devant les photographes, arborant un air sensuel et rebelle. Quels qu’aient été les secrets passés de Wyldcliffe, on n’y avait encore rien vu de tel. J’observais Velvet, et elle me faisait penser à un animal pris au piège, opposant une dernière résistance, prêt à se déchaîner contre quiconque oserait lui entraver le passage.

— Est-ce que c’est vraiment elle ? me chuchota avec exci-tation Camilla Willoughby-Stuart, une fille de ma classe. Velvet Romaine ?

— On dirait bien.— Mais qu’est-ce qu’elle fait ici ? Ne vit-elle pas à

Los Angeles ou quelque chose comme ça ? Elle va mourir d’ennui à Wyldcliffe. Je veux dire, elle est habituée d’aller à des fêtes avec des acteurs, des musiciens et des vedettes rock. J’ai lu des trucs sur elle dans tous les magazines. Je pense qu’elle est allée en désintoxication quand elle avait à peine 13 ans, non ? Et l’an dernier, elle s’est enfuie avec un gars qui avait deux fois son âge…

D’autres anecdotes en lien avec Velvet me revinrent en tête. Malgré tout son argent et son prestige, elle avait déjà connu des tragédies dans sa jeune vie. Je me souvins qu’elle

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avait eu un accident de voiture dans lequel sa jeune sœur était morte, puis il y avait eu une histoire d’incendie dans le pensionnat qu’elle avait fréquenté… Mais je ne me rappelais pas bien ce qui s’était passé. Je suis plus du genre à lire des magazines sur l’équitation que ceux qui offrent des ragots sur les vedettes. Mais Camilla semblait tout savoir à son sujet.

— Oh ! ça a dû être horrible pour Velvet à l’École des Montagnes1, continua-t-elle. C’est une super école dans les Alpes suisses — toutes les familles royales européennes y envoient leurs enfants —, mais sa meilleure amie a été mar-quée à vie par l’incendie. On peut comprendre qu’elle n’ait pas eu envie d’y rester. Mais pourquoi Wyldcliffe ? C’est beaucoup trop calme pour quelqu’un comme Velvet Romaine !

— Peut-être que c’est justement pour ça que ses parents ont voulu l’envoyer ici, dis-je. Tu sais… l’ordre, la détermination, la discipline, et tout ça. Des valeurs à l’ancienne.

Camilla grimaça.— Elle va détester ça. As-tu vu ses vêtements ? Elle est

superbe. J’aimerais que ma mère me permette de porter des bottes comme ça…

Pendant que Camilla continuait son bavardage, une femme au visage quelconque et aux cheveux tirés vers l’ar-rière ouvrit la porte de chêne massif de l’école et sortit pour se placer sur la marche, juste à côté de Velvet. C’était made-moiselle Scratton, notre professeure d’histoire. Elle s’adressa aux photographes avec froideur.

— C’est une propriété privée, ici. Si vous ne partez pas immédiatement, je vais devoir appeler la police. Je vous

1. N.d.T. : En français dans le texte original.

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demande de respecter le fait que c’est une école, un lieu d’enseignement.

Elle se tourna vers Velvet.— Je suis mademoiselle Scratton, la nouvelle directrice

de Wyldcliffe. J’aimerais vous accueillir à l’école, mais allons d’abord dans un lieu à l’abri des regards. Les filles, que faites-vous toutes à rester à côté d’elle la bouche ouverte comme des poissons rouges ? Ça manque de dignité. Vous devriez être occupées ; vous avez vos valises à défaire et vous devez vous installer avant que les classes recommencent.

Les élèves bouche bée s’éloignèrent à contrecœur, et mademoiselle Scratton me fit signe d’approcher.

— Sarah, pourriez-vous rester un instant ? dit-elle en esquissant un sourire. Je vous cherchais, justement. Vous pourriez faire visiter les lieux à Velvet.

Velvet me regarda d’un air prétentieux, comme si j’étais une sorte de servante. Mon cœur se serra. Normalement, j’étais ravie d’aider de nouvelles élèves, mais elle se montrait tellement hostile, comme si elle pouvait lire dans mes pen-sées et qu’elle n’avait pas une haute opinion de celles-ci. Si mademoiselle Scratton me demandait d’être aimable avec Velvet Romaine, j’allais faire de mon mieux, mais j’avais très hâte de retrouver mes vraies amies. Je regardai autour de moi, mal à l’aise.

— Euh… je cherchais…— Evie et Helen ?De nouveau, je sentis une vague lueur de sympathie

dans les yeux noirs et vifs de mademoiselle Scratton.— Elles ne sont pas encore arrivées. Je crois qu’elles font

le voyage ensemble, par train. Vous les verrez bien assez vite. Allez, toutes les deux, suivez-moi !

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Il y eut encore un peu de clameurs et d’agitation du côté des photographes pendant que nous franchissions la lourde porte à la suite de mademoiselle Scratton. Elle la referma sans hésitation derrière nous, et je me retrouvai dans le hall d’entrée que je connaissais si bien. Les mornes carreaux blancs et noirs, le grand escalier de marbre et le foyer de pierre n’avaient pas changé, mais, soudain, je me figeai de surprise. Pendant un instant, je crus qu’Evie m’obser- vait de l’autre côté du couloir, comme un fantôme. Le visage d’une fille avec des yeux gris émerveillés et de longs che-veux roux semblait flotter devant mes yeux dans la lumière lugubre.

— Je vois que tu admires le portrait de Lady Agnes, Sarah, dit mademoiselle Scratton. J’ai demandé qu’on le change de place pendant les vacances. Il est très beau, dans le hall d’entrée, ne trouves-tu pas ?

Pendant un instant, je me sentis incapable de dire un mot, mais Velvet jeta un œil au tableau et dit avec insolence :

— Elle a l’air aussi débile que tout le reste ici. Qui c’est, cette fille ?

— Lady Agnes était la fille de Lord Charles Templeton, qui a fait construire cet immeuble au XIXe siècle, répondit mademoiselle Scratton d’un ton calme et mesuré. C’était une fille incroyablement douée, qui est malheureusement morte jeune. Je considère qu’il est normal de ne pas l’oublier.

Puis elle traversa le vestibule et avança dans un couloir sans fenêtres, dont les murs étaient recouverts de lambris de bois foncé. Nous marchions à sa suite, faisant résonner nos pas sur le sol ciré. Velvet se traînait les pieds derrière made-moiselle Scratton et, moi, j’essayais d’avoir l’air d’une fille

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UN ROMAN DE LA SÉRIE

Immortalité

3Je ne suis pas comme Evie. Je ne suis pas de celles qui vivent une grande histoire d’amour. Je suis la meilleure amie qui reste en arrière-plan.

Toujours là, toujours fiable, toujours les pieds sur terre. Cette bonne vieille Sarah. C’est ainsi que les choses ont toujours été. Jusqu’à maintenant.

À l’école de l’Abbaye de Wyldcliffe, Sarah est la fidèle amie d’Evie et d’Helen, ses sœurs de la Voie mystique. Mais ce trimestre-ci, Sarah trouve que leur amitié traverse des moments difficiles :

Evie tourne le dos à la Voie mystique après avoir fait ses adieux à l’âme de son amoureux, Sebastian, et Helen est préoccupée par sa relation complexe avec sa mère. Sarah lutte donc pour garder leur amitié intacte pendant que la menace d’une attaque des Sœurs des ténèbres et des Insoumis plane sur elles.

Pour continuer, Sarah s’appuie sur son lien avec les pouvoirs de la terre et sur une promesse qu’elle ne peut rompre. Quand elle devra sortir de l’ombre pour lutter contre l’obscurité éternelle, ses sœurs se joindront-elles à elle ? Ou est-ce que l’aide viendra de sources inatten-dues, comme de ses ancêtres tziganes et d’un amour auquel elle osait à peine rêver ?

Dans cette suite à l’éblouissant Immortalité et à l’inquiétant Trahison, le suspense et la magie sont aussi forts que la pierre et aussi profonds que la terre.

TOME 2TOME 1

GILLIAN SHIELDS est l ’auteure d ’Immortalité et de Trahison, les deux premiers livres sur les sœurs unies dans la Voie mystique, ainsi que de nombreux autres livres pour jeunes lecteurs. Elle a passé son enfance à errer dans les landes du Yorkshire et à rêver aux sœurs Brontë. Après des études à Cambridge, à Londres et à Paris, elle est devenue professeure. Elle a enseigné dans un pensionnat pour jeunes filles ainsi que dans une école de théâtre située dans un orphelinat v ictorien où l ’on raconte que, la nuit , les pleurs du fantôme d’une jeune fil le se font entendre. Gillian a écrit cette série avec le désir de célébrer la force du premier amour, la puissance de l ’amitié entre filles et l ’envoûtant mystère que représente le passé.

ISBN 978-2-89733-575-5

[email protected]

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