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mag sacem N° 91 LE MAGAZINE DES SOCIÉTAIRES SACEM NOVEMBRE 2014- JANVIER 2015 Étude La culture, une chance pour l’Europe ! DOSSIER > PAGE 06 11 > GRAND ENTRETIEN Fleur Pellerin : « La diversité de la création musicale dans les médias est une priorité. » 20 > COULISSES Humour Montreux, capitale européenne du rire

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magsacemN° 91LE MAGAZINEDES SOCIÉTAIRESSACEMNOVEMBRE 2014-JANVIER 2015

Étude

La culture, une chance pour l’Europe !

DOSSIER > PAGE 06

11 > GRAND ENTRETIENFleur Pellerin :« La diversité de la création musicale dans les médias est une priorité. »

20 > COULISSESHumourMontreux, capitale européenne du rire

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ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA ÉCHOS 02 03

MAGSACEM # 91 NOvEMbRE 2014-jANvIER 2015

magsacem | | Le magazine des sociétaires Sacem | Directeur de la publication : Jean-Noël Tronc | Directrice de la rédaction : Catherine Boissière | Comité de rédaction : François Besson, Olivia Brillaud, Louis Diringer, David El Sayegh, Jean Fauque, Claude Gaillard, Christian Gaubert, Claire Giraudin, Claude Lemesle, Blaise Mistler, Laurent Petitgirard, Cécile Rap Veber, David Séchan, Véronique Sinclair, Arlette Tabart, Stéphane Vasseur et Christophe Waignier | Signatures : Philippe Barbot, Romain Bigay, Éléonore Colin, Laurent Coulon, Éloïse Dufour et Rémy Louis | Ont collaboré à ce numéro : Lilian Goldstein, Roger-Pierre Hermont, Véronique Pourcel, Julie Poureau et Nicolas Pribile | Direction artistique : Quentin Derville et Marie-Christine Fhrepsiadis | Maquette et mise en pages : Agence 21 x 29,7 | Impression : Corlet Roto – BP 46 – 14110 Condé-sur-Noireau | Le magazine des sociétaires Sacem est publié tous les quatre mois | No ISSN 2108-8802 | Sacem – Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique | Société civile à capital variable immatriculée au registre du commerce et des sociétés de Nanterre sous le numéro D 775 675 739 | Siège social : Sacem – Direction de la Communication – 225, avenue Charles-de-Gaulle – 92528 Neuilly-sur-Seine Cedex | Tél. : 01 47 15 47 15 | Couverture : © VictorKap-Boarding1Now/ Thinkstock | ©

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Nombreux sont ceux qui se fé­licitent de la compo si tion de la nouvelle Commission euro­

péenne , gage, à les lire, d’une véri­table efficacité dans la gestion des affaires et d’une humilité nouvelle dans le dialogue.

Les créateurs et leurs éditeurs sont plus circonspects et plutôt inquiets de la prééminence, dans le discours du président Juncker, d’un numérique dégagé des « silos nationaux du droit d’auteur » ou de l’utilisation exclusive du mot « copyright » à la place de « author’s right » – qui est la traduction juste, en an­glais, de « droit d’auteur ».On ne peut que s’étonner de voir l’ancien Premier ministre du Luxembourg, qui n’a eu de cesse, lorsqu’il occupait ces émi­nentes fonctions, de maintenir dans son pays un statut fiscal déstabilisant pour toute la Communauté européenne, devenir le chantre d’une harmonisation au seul service des consom­mateurs dès qu’il s’agit de droit d’auteur.Quel paradoxe, que cette volonté d’affaiblir le droit d’auteur, alors qu’une étude toute récente, à laquelle est consacré le dos­sier de ce Magsacem, montre à quel point, avec leurs sept mil­lions d’emplois, les secteurs de la culture sont importants pour la croissance et l’emploi en Europe.Le rattachement du droit d’auteur au commissaire en charge de l’économie numérique est un signal très inquiétant.Sur un autre plan, le fait que le seul député européen français qui fasse partie de la commission Éducation et Culture soit un membre du Front National pose une vraie question quant à la motivation de nos parlementaires à défendre la création.Nous resterons donc avant tout une force de propositions visant à harmoniser au mieux l’idéal européen, le développement du numérique avec l’indispensable rémunération de la création, par le biais de sociétés de gestion collective, dont le respect de leur spécificité et de leur indépendance doit être garanti.

Notre nouvelle ministre de la Culture, Fleur Pellerin, que je remercie d’avoir accepté de nous accorder un entretien dans ces pages, est une spécialiste du numérique qui semble avoir compris que, quelle que soit la technologie employée pour dif­fuser la création, elle ne doit en aucun cas se développer aux dépens de la rémunération des créateurs, sous peine de ré­duire considérablement le nombre d’œuvres nouvelles créées et produites.Les propos de notre Premier ministre sur la culture affichent une volonté et un désir qui tranchent avec la sinistrose et les promesses déçues de ces dernières années. Nous avons noté avec plaisir ce qu’il a dit à propos du piratage, le 15 septembre, lors d’un discours remarqué au Grand Palais : « Nous avons sans doute sous-estimé l’impact du piratage de masse. Il est pour-tant une vraie source d’appauvrissement pour l’ensemble du secteur de la création ».Espérons que ce discours se concrétisera, dans les semaines à venir, par un renforcement des dispositifs permettant une juste rémunération des créateurs et de leurs éditeurs pour l’exploitation de leurs œuvres, que ce soit par un droit d’auteur sécurisé sur Internet, par le renforcement de la copie privée ou par la préservation du budget de la Hadopi, afin qu’elle pour­suive efficacement ses missions.Mon prédécesseur, Jean­Claude Petit, a mené avec le Conseil d’administration et les équipes de la Sacem une politique dé­terminée sur ces différents sujets.Nous allons, avec Jean­Noël Tronc, continuer et amplifier l’ac­tion de la Sacem pour que les musiques et tous nos répertoires puissent prospérer dans toute leur diversité. •

Laurent Petitgirard,compositeur, président du Conseil d’administration, membre de l’Institut

L’ ÉDITO

Changements LancementUn Prix pour le droit d’auteur

Sacem Université lance un Prix du droit d’auteur. Étudiants, à vos copies !

Quel avenir pour les droits des créateurs ? Si la Sacem est pleinement engagée pour défendre une conception

humaniste du droit d’auteur, ce sont les juristes et les acteurs du droit national, européen et international, qui la façonnent et en tracent les contours. Aussi, dans le cadre de sa plateforme pédagogique Sacem Université, la Sacem lance un concours destiné à sensibiliser les juristes de demain aux intérêts des auteurs, com-positeurs et éditeurs de musique.

Qui ?Cette première édition s’adresse aux étu-diants inscrits en master 2 de droit de la propriété intellectuelle ou des technologies de l’information et de la communication, pour l’année universitaire 2014-2015. Ce prix est organisé en partenariat avec la Revue internationale du droit d’auteur (Rida), revue trimestrielle consacrée au droit d’au-teur dans le monde.

Quand ?Les inscriptions sont ouvertes depuis le 15 octobre 2014. Les étudiants peuvent envoyer leur article via sacem.fr jusqu’au

30 janvier 2015. Le grand oral et l’annonce du lauréat du Prix du droit d’auteur Sacem se dérouleront courant mars-avril 2015.

Comment ?Les étudiants des universités partenaires sont invités à composer un article autour d’un sujet de réflexion sur le droit d’auteur, en lien avec un thème d’actualité juridique. Un formulaire d’inscription est en ligne sur sacem.fr. Les cinq finalistes sélection-nés par un comité rédactionnel, composé de professionnels du droit, viendront défendre leur composition devant un jury de personnalités, sous forme d’un grand oral, à l’issue duquel le meilleur se verra décerner le prix.

À la clé…Le candidat lauréat remportera la somme de 2 000 euros, la publication de son article dans la Rida, un stage conventionné au sein du département juridique de la Sacem pour une durée de six mois, un abonne-ment de deux ans à la Rida et des places pour assister à des événements culturels soutenus par la Sacem. •\ POUR EN SAVOIR PLUS : SACEM.FR.

RÉPARTITION DU 6 OCTOBRE 2014

TendancesLe montant global des droits mis en répartition le lundi 6 octobre s’élève à plus de 76 M€. Il est en baisse de 14,18 % par rapport à octobre 2013. Cette baisse s’explique, d’abord, par les résultats exceptionnels enregistrés lors de la répartition d’octobre 2013 (+ 16,54 %) grâce, notamment, à des régularisations dans le secteur de la copie privée (+ 4,7 M€) et celui de la musique en ligne, qui avait enregistré le montant record de 7,9 M€. • Dans le même temps, lors de la répartition d’octobre 2014, les droits en provenance de l’étranger ont baissé de 15,56 %. La baisse du yen par rapport à l’euro a eu un effet négatif sur les droits versés par le Japon ; les droits venant d’Italie retrouvent leur niveau habituel après les régularisations comptabilisées sur octobre 2013. Les difficultés économiques de l’Espagne et celles que connaît la société d’auteurs espagnole expliquent en grande partie la forte baisse des droits en provenance de ce pays. Enfin, des retards de règlement de plusieurs sociétés étrangères ont affecté de manière sensible la répartition des droits liés à la diffusion par câble des chaînes françaises à l’étranger. • Autre secteur qui enregistre une forte baisse (– 46,49 %), celui des droits vidéographiques, où des règlements tardifs de la part de producteurs ont conduit à reporter sur janvier 2015 la répartition des montants en cause. • Les sommes traitées au titre de l’écoute en ligne et du Web 2.0 sont en progression de 24,92 % et le téléchargement de sonneries de téléphone de 281,35 % (régularisation d’Orange pour la période 2010 à 2013). • Enfin, les droits en provenance d’Arte correspondent aux diffusions de novembre et décembre 2013 ; ils n’avaient pas pu être répartis en juillet dernier en raison de la remise tardive des programmes par la chaîne. •\PROCHAINES RÉPARTITIONS : MERCREDI 7 JANVIER 2015, MARDI 7 AVRIL 2015 (VOIR CE CALENDRIER EN TÉLEX, PAGE 4).\\INFORMATIONS SUR LES RÉPARTITIONS PRÉCÉDENTES : SACEM.FR > MON ESPACE > MA RÉPARTITION > DONNÉES DES RÉPARTITIONS.

Retrouvez la composition du Conseil d’administration 2014-2015 sur

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MAGSACEM # 91 NOvEMbRE 2014-jANvIER 2015

Télex\ En 2015, les répartitions auront lieu le mercredi 7 janvier, le mardi 7 avril (en raison du lundi de Pâques, le 6 avril), le lundi 6 juillet et le lundi 5 octobre. Rappelons l’article 55 du règlement général, qui spécifie que « les sommes ré-parties sont payables le troisième jour d’ouverture de la Sacem au mois de janvier », ce qui explique la date du 7 janvier 2015, les bureaux de la société étant fermés le vendredi 2 janvier. \\ Le rapport d’activité 2013 est en ligne. Chiffres de la col­lecte et de la répartition, présentation des projets menés et des nouveaux enjeux… Il constitue un document de référence pour mieux connaître la Sacem et son activité sur une année. Pour le télécharger : sacem.fr > La Sacem > Espace presse > Publications > Rapports d’activité. \\\ Les programmes d’aide de l’action culturelle de la Sacem sont ac tuel­lement ouverts pour l’année 2015. Nous vous invitons à les consulter dès à présent sur sacem.fr > Actions culturelles > Financez vos projets > Demande en ligne. \\\\ Une commission technique dédiée à la formation profession­nelle des sociétaires a été créée au mois de juin. Présidée par Frédéric Kocourek, elle est composée de cinq auteurs, quatre compo si teurs et un éditeur désignés pour un an. Lors de sa première réunion, la commission a défini ses grands axes de travail pour l’année 2015 : communication sur le droit à la formation, identification des besoins des auteurs, analyse de l’offre de formations existante et élaboration d’une offre complémentaire. •

VISITES

Manuel Valls et Fleur Pellerin à la Sacem

Le 3 juillet dernier, Laurent Petitgirard et le bu-reau du Conseil d’administration ac cueillaient Manuel Valls dans les locaux de la Sacem. Un moment d’échange privilégié au cours duquel le Premier ministre s’est montré parti-culièrement attentif aux préoccupations des créateurs et éditeurs de musique, soulignant que « la culture doit redevenir une priorité » et

affirmant : « Vous pouvez compter sur mon engagement total pour la culture, la musique, les créateurs, les droits d’auteur ». Deux mois plus tard, lors du vernissage de la rétrospective consacrée à Niki de Saint Phalle au Grand Palais, Manuel Valls a confirmé cet engagement pour la défense du droit d’auteur lors d’un discours remarqué. À peine deux mois après sa nomination, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, s’est elle aussi rendue à la Sacem pour échanger avec certains de ses sociétaires. En marge de cette rencontre, elle a accepté de répondre aux questions du Magsacem (page 11). •

PRIX

Un sociétaire nobélisé La Sacem salue Patrick Modiano, prix Nobel de littérature. Membre de la Sacem depuis 1969, celui qui est l’un des plus grands romanciers de notre époque est aussi un auteur de chansons. Avec Hugues de Courson, Patrick Modiano a en effet signé l’album Fonds de tiroir. Il a écrit ou coécrit des chansons pour Françoise Hardy, dont Étonnez-moi, Benoît, éditée par Jean-Max Rivière (Tilt Music). Ce dernier est à l’origine de la rencontre entre le jeune auteur et la chanteuse. •

ILS ONT DIT

La culture doit devenir une compétence obligatoire des régions. » Jean-Jack Queyranne, président de la région Rhône-Alpes, dans Le Monde du 17 juillet 2014.

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C omme le souligne, dans son édito, notre président, Laurent Petitgirard, une

nouvelle Europe se met en place, où notre mobilisation est plus que jamais nécessaire. Face à sa pression croissante, nous avons les moyens d’agir, avec cette responsabilité sup­plémentaire que nous confère le fait d’être la première société d’auteurs

d’Europe, tant en termes de collectes que de nombre de membres. La Sacem collecte, en effet, un total de 1,3 milliard d’euros de droits (835 millions d’euros de droits d’auteur, auxquels s’ajoutent 460 millions d’euros de droits autres : droits voisins collectés pour l’Adami, la Spedidam, les sociétés de producteurs, ainsi que la copie privée pour l’ensemble des secteurs culturels, ou encore les mandats comme celui géré pour Universal Music Publishing International), et vous êtes aujourd’hui près de 153 000 auteurs, compositeurs et éditeurs à en être sociétaires, dont 3 870 nouveaux depuis le début de l’année.

Nos leviers d’action sont multiples.

Au niveau européen et mondial, il faut renforcer la coopération entre sociétés sœurs. C’est le sens du travail mené avec Armonia , le premier portail européen de licences multinatio­nales pour les services de musique sur Internet, créé par la Sacem (France et Luxembourg), la Sgae (Espagne), associée à la Spa (Portugal), la Siae (Italie) et rejoint, en septembre 2013, par les sociétés Artisjus (Hongrie) et Sabam (Belgique) et tout ré cemment, par la Suisa (Suisse). Au­delà des activités de li­cence, Armonia a mis en place un partenariat technologique avec la société espagnole BMat afin de traiter et d’enrichir les données de ventes en provenance des sites numériques (iTunes, Spotify, Youtube, etc.) en vue de faciliter leur facturation et leur répartition. Armonia a également engagé une collabora­tion, officialisée en juillet 2014, avec l’alliance MusicMark, qui regroupe les trois grandes sociétés nord­américaines Ascap, BMI et Socan.

Il faut aussi poursuivre notre politique proactive dans le numé­rique. C’est pourquoi la Sacem est la première en France à avoir signé, dès juillet 2014, un accord avec Netflix, plusieurs mois avant l’ouverture officielle de ce service de vidéos en ligne en France. Nous avons également renouvelé notre contrat avec Spotify, acteur principal du streaming dans le monde, jusqu’à fin 2015. Et nous avons rétabli le dialogue avec de nombreux éditeurs de jeux vidéo pour mettre des accords en place.

La poursuite de notre modernisation, tant dans notre réseau de collecte que dans les outils informatiques, et la maîtrise de nos coûts de gestion sont notre priorité pour préserver les

grands principes de la Sacem : assurer un niveau maximum de collecte des droits d’auteur et une répartition à la fois la plus importante et la plus juste possible à ses membres.

Nous devons aussi consolider notre dimension solidaire et les services que nous vous rendons. C’est dans cet esprit que vous trouverez dans ce Magsacem un supplément concernant vos retraites.

Parmi les nouveaux services développés pour vous, le dépôt en ligne des œuvres remporte un vif succès, avec 42 588 œuvres déclarées depuis son lancement, en février dernier, et vous êtes maintenant plus de 10 000 à être inscrits à Sacem PLUS. Continuez à vous inscrire et à utiliser tous ces outils et services en ligne !

La transparence est un objectif de toutes nos actions. Ainsi, des mesures annoncées lors de l’Assemblée générale de juin pour vous permettre de mieux identifier vos œuvres et faire baisser les sommes irrépartissables ont déjà pris effet, comme l’extension de trois à cinq ans des informations mises à votre disposition sur les œuvres en instance d’identification acces­sibles dans votre espace sécurisé, qui est donc passée de douze à vingt répartitions.

Cette extension est également appliquée progressivement à l’application Lidis (Liste des diffusions pour l’information du sociétaire), que la Sacem est la première société au monde à mettre à la disposition de ses membres, et qui vous donne accès à toutes les données de diffusion ayant servi de base à la répartition des droits provenant des télévisions, des radios, de la sonorisation musicale, des discothèques et de la musique sur Internet.

Pour conclure, je veux vous rappeler que, pour que votre so­ciété puisse mettre en place une répartition juste et perfor­mante, il est essentiel que vous déposiez vos œuvres, car la moitié des œuvres non identifiées sont des œuvres que des sociétaires ont oublié de déposer, ou qui sont déposées très tardivement. Avec votre participation, ces mesures de transparence et d’in­formation réduiront le taux d’œuvres non identifiées ou non répartissables, et augmenteront d’autant les droits versés sur vos feuillets. •

Jean-Noël Tronc,directeur général de la Sacem

LE MOT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL

Que nous prépare la nouvelle Europe ?

ACCORD

La Sacem, première à signer avec NetflixLa Sacem a conclu un accord avec Netflix en juillet. Les membres de la Sacem dont le répertoire est présent dans les œuvres audiovisuelles diffusées par Netflix ont ainsi la garantie de recevoir une juste rémunération, qu’ils soient auteurs de musique, de sketches, de doublage – sous-titrage, compositeurs, réalisateurs ou éditeurs. Cet accord, signé avant même le lancement de la plateforme en France, confirme la capacité de la Sacem à anticiper l’arrivée sur le marché de nouveaux acteurs numériques, mais aussi son efficacité dans un univers où l’offre légale de contenus culturels en ligne ne cesse de croître. •

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MAGSACEM # 91 NOvEMbRE 2014-jANvIER 2015

ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA À LA UNE 06 07

La culture européenne se conjugue au pluriel. Si chacun

s’accorde à dire que sa diversité est une des grandes

richesses de l’Europe, peu savent qu’elle représente é ga­

lement une réelle force économique. C’est ce que révèle une

étude EY sur la valeur des industries culturelles et créatives

en Europe. Édifiant.

• • •

Étude

La culture, une chance pour l’Europe !

« La culture européenne ? C’est une mosaïque ! Des fragments de toutes les couleurs, de toutes les formes, qui, à l’arrivée, créent une véritable harmonie ». Ancien manager de la librairie Rizzoli, à New York, avant de devenir admi­nistrateur général du Centre culturel américain de

Paris, Alexandre Mehdevi sait de quoi il parle. « Pour moi, l’Europe, c’est un choix », poursuit cet homme de culture qui, un jour, décide de tout quitter pour ouvrir une librairie internationale à Prague. Cette auberge espagnole que représente la culture européenne, l’étude sur « les secteurs culturels et créatifs européens, générateurs de croissance » en révèle toute la dimension. Avec plus de sept millions d’emplois, le secteur est comparable à celui de l’hôtellerie­restauration et dépasse largement l’automobile et la chimie (cf. graphique page suivante). Son chiffre d’affaires de 535,9 milliards d’euros représente 4,2 % du PIB européen. Une confirmation, donc ! L’étude réali­sée par le cabinet EY s’inscrit bien dans la continuité de France Créative, qui estimait, l’an dernier, la valeur des industries culturelles et créatives en

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ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA À LA UNE 08 09

• • • France à 74 milliards d’euros. Cette fois­ci, ce sont onze secteurs qui ont été passés au crible : arts graphiques et plastiques, cinéma, télévision, musique, spectacle vivant, publicité, architecture, jeux vidéo, livres, presse et radio. La culture foi­sonne de secteurs dynamiques, modernes, créa­teurs d’emplois et de croissance, avec nombre d’acteurs économiques qui comptent et rayonnent sur la planète Europe et au­delà.

L’atout diversitéBercé par la saudade portugaise, absorbé par un polar danois, hypnotisé par une peinture italienne, subjugué par les lignes architecturales d’un im­meuble en Toscane ou à Paris, électrisé par la musique électro d’un club de Berlin ou Barcelone… la culture européenne fait naître des émotions diverses mais nous renvoie à un socle commun.

Évoquer la culture européenne, c’est convoquer de multiples images, des spécificités artistiques et historiques, des stars de légende, des œuvres monumentales, des projets innovants. À lui seul, le secteur de la musique concentre 1,2 million d’emplois, dont la grande majorité – et c’est une des grandes forces de l’Europe – ne sont pas délo­calisables car intimement liés aux territoires sur lesquels sont organisés concerts, festivals et spec­tacles. « Les festivals de plein air sont des employeurs importants, au niveau local. Une petite équipe tra-vaille pour le Sziget tout au long de l’année, mais au moment du festival, ce sont 9 000 personnes qui sont employées ! », témoigne Károly Gerendai, fondateur et directeur général du Sziget, un festival qui, pendant une semaine en août, rassemble chaque jour plus de 65 000 spectateurs venant de toute l’Europe. En Grèce, berceau du théâtre occidental, Yorgos Loukos organise chaque année le festival Épidaure, à Athènes. « En plus des emplois directs créés par l’événement, ce sont plusieurs centaines de personnes qui, à chaque édition, travaillent pour le festival. Sans compter les retombées touristiques, de l’hôtellerie jusqu’à la vente de miel, d’huile d’olive ou de confiture d’orange… » Les festivals et le spectacle vivant en général jouent un rôle majeur dans l’économie. Ils ne cessent de se diversifier, attirent de plus en plus de monde et sont un élément clé de l’attractivité des territoires.Dans chacun des vingt­huit pays de l’Union euro­péenne, la culture sous toutes ses formes contribue aussi à renforcer la cohésion sociale. Les collec­tivités l’ont, d’ailleurs, bien compris et s’emparent de la culture pour se forger une identité et déve­lopper leur rayonnement. Christina, assistante commerciale, réside à Linz, dans le nord de

l’Autriche, une ville qui fut Capitale européenne de la culture en 2009 : « Notre ville a construit son identité autour de l’innovation avec, notamment, un grand musée du futur, des festivals de musique élec-tronique ou des spectacles pyrotechniques. Pour sa part, Salzbourg, la ville de Mozart, vit entièrement autour de la musique classique et accueille régulière-ment de grands artistes. »Se forger une identité, mais aussi changer son image : Bilbao, ville industrielle du Pays basque espagnol en déclin, revit désormais grâce au Musée Guggenheim, qui allie beauté architectu­rale et richesse des collections d’art.

Une Europe connectée Le dynamisme culturel tient aussi dans la capacité de ces industries à s’adapter continuellement à leur environnement. Malgré la crise économique et sociale, elles ont su relever les défis du numérique, des nouveaux supports et des nouveaux compor­tements. L’étude démontre à quel point ces indus­tries sont bel et bien des actrices à part entière de l’écosystème numérique et de ses transformations. Si les industries technologiques européennes ont presque toutes fermé boutique, si nos tablettes ou nos smartphones sont à présent inventés aux États­Unis et fabriqués en Asie, l’Europe reste l’un des plus grands lieux créateurs de contenus et d’œuvres protégés. Rédacteur d’une revue dédiée aux cultures numériques, Klaus Gropper, un ancien responsable

35 % des consommateurs en ligne

ont déjà acheté au moins

un livre sur Internet.

du salon musical Popkomm, à Berlin, en témoigne : « L’un des débats qui dominent, aujourd’hui, l’actua-lité culturelle en Allemagne porte sur la façon dont Amazon ruine la distribution classique du livre et lèse, ainsi, les auteurs ». Débat d’autant plus vif que le livre continue d’occuper une place de choix dans la culture allemande. Films, presse, livres, photos, documentaires, émis­sions de télévision, podcasts, musique en ligne : ce sont ces contenus qui forment la vraie richesse de nos matériels. Sans création, sans contenu, sans droits d’auteur, le smartphone ou la tablette perdraient d’un coup leur valeur et leur attrait. Le Panorama révèle ainsi que 70 % du temps moyen passé sur une tablette sont consacrés à la consom­mation de biens culturels. L’Europe est très connectée ! 73 % de la population utilisent Internet contre 61,8 % aux États­Unis. Aujourd’hui, 197 mil­lions d’Européens possèdent un smartphone. Radim, enseignant en République tchèque, le confirme : « Chez nous, pas de problème pour se connecter. Nous avons accès au réseau wifi dans les cafés, les restaurants, les trains… À Prague, il suffit de tapoter sur son smartphone pour acheter un ticket en entrant dans le bus ! » Même constat pour Nata­lia, jeune Polonaise, chargée de ressources hu­maines à Cracovie : « Maintenant, je lis la presse et je regarde les films sur mon ordinateur ! ». En Suède, Cécile, une jeune Française familière de ce pays, commente : « Même les écoles maternelles sont gagnées par le numérique. Cela fait partie du quotidien ! ». Le Panorama économique nous apprend que la télévision et Internet sont les deux médias les plus populaires, désormais au même niveau : les Européens leur consacrent en moyenne près de trente heures par semaine.

Les industries culturelles et créatives sont une réponse à la crise : elles offrent croissance, rayonnement, emplois, attractivité, compétitivité et perspectives à la jeunesse.

FinancementLa copie privée, pilier de la diversitéSi vingt-six pays sur les vingt-huit membres de l’Union européenne l’ont adoptée, c’est bien que l’exception au droit d’auteur pour copie privée a démontré sa pertinence et son efficacité. Créée en Allemagne en 1965, cette exception offre la possibilité aux individus de copier librement des œuvres acquises légalement, pour leur usage personnel. En France, c’est la loi Lang de 1985 qui l’a instaurée. Comme vingt-deux autres États de l’UE, la France prévoit une compensation aux créateurs dont les œuvres sont dupliquées : la rémunération pour copie privée. Prélevée sur le prix des supports d’enregistrement et de stockage (tablettes, smartphones, disques durs externes…), elle est une source de financement primordiale, pour la création, et la garantie d’une inaltérable vitalité culturelle. En France, cinq mille manifestations culturelles sont soutenues chaque année. D’une grande modernité, le système de la copie privée s’adapte à tous les usages et tous les supports, notamment numériques. Il a, d’ailleurs, dépassé les seules frontières européennes depuis longtemps, puisque ce sont aujourd’hui cinquante-deux pays du monde entier (États-Unis, Canada, Japon, Pérou, Équateur, Burkina Faso, Russie, Suisse…), qui ont un système de rémunération pour copie privée opérationnel. Régulièrement menacée de disparition par les fabricants et les importateurs de matériel, la copie privée est l’un des piliers de la diversité culturelle en Europe. ©

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Les emplois par secteur en Europe (en millions d’euros)

15,3 Bâtiments et travaux publics

Hôtellerie-restauration

Industries culturelles et créatives

Sidérurgie

Agroalimentaire

Automobile

Chimie

Télécoms

7,3

Source : Eurostat – EY, 2012.

7,1

5

4,7

3

1,3

1,2

En bas à droite :

le festival Sziget,

à Budapest, sur l’île

d’Óbuda, au bord

du Danube. Il est souvent

considéré comme

le Woodstock européen.

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ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA GRAND ENTRETIEN10 11

• • •« Nous avons, en plus, la possibilité d’interagir avec nos émissions de télévision, via les réseaux sociaux », explique Lilia, 29 ans, responsable de communi­cation à Porto. Le cross média s’est beaucoup développé, enrichissant l’expérience du consom­mateur, qui a la possibilité d’approfondir, via le second écran, sa connaissance d’une émission de télévision, par exemple, de participer à des jeux en direct et même, parfois, d’intégrer une com­munauté. Ces dix dernières années, les revenus du numérique ont contribué au dynamisme du secteur créatif : 30 milliards d’euros issus du numérique entre 2001 et 2011. Si on prend le top sept des biens et services achetés en ligne par les Européens, deux sont des produits culturels : les livres et les billets de spectacle (concerts, festivals, théâtre…). Dans le secteur de la musique, le strea­ming ne cesse de croître, notamment grâce au succès des plateformes française et suédoise Dee­zer et Spotify. Jonathan Forster, directeur de Spo­tify, raconte : « Nous avons lancé Spotify en Suède, en 2008. Aujourd’hui, nous sommes présents dans presque tous les pays d’Europe et aux États-Unis. Nous sommes convaincus que le streaming est l’avenir de la musique. C’est un nouveau modèle d’écoute basé sur l’instant et sur l’accès illimité à la musique. »

Des champions européensÀ l’image de la réussite de Spotify, l’Europe dispose d’un faisceau d’entreprises culturelles et créatives. Reuters, Lagardère ou l’AFP pour la presse, Ende­mol pour la télévision, Publicis pour la publicité, Universal ou Europacorp pour le cinéma, Rovio ou Ubisoft pour les jeux vidéo, Pearson et Hachette pour l’édition et Sweco pour l’architecture sont

autant d’entreprises culturelles européennes répu­tées dans le monde entier… Mais en y regardant de plus près, derrière ces beaux succès, les indus­tries culturelles et créatives sont protéiformes et recouvrent différents modèles économiques allant de l’autoentrepreneur au grand groupe mondial, en passant par les intermittents du spectacle, les start­up ou les PME familiales. Des entreprises parfois fragiles, qui s’appuient sur des politiques publiques nécessaires à leur développement.Garantie de la vitalité artistique des industries culturelles et créatives, le cadre légal offert par les institutions nationales et européennes est, en effet, un précieux atout. 60 % des droits d’auteur dans le monde sont collectés en Europe, au sein desquels 80 % proviennent de la musique. Unique rémunération des créateurs, le droit d’auteur est primordial, pour ces métiers souvent précaires. Ce n’est pas un hasard si les créateurs sont tou­jours nombreux à se mobiliser pour défendre la propriété intellectuelle et le modèle européen du droit d’auteur lorsqu’il est menacé. Si cette mosaïque culturelle est au fondement même de la construction européenne, l’une de ses plus grandes richesses et une opportunité pour l’Europe, les responsables européens n’en ont pas tous conscience. Le nouveau président de la Commission européenne lui­même, Jean­Claude Juncker, suggérait récemment de « briser les barrières nationales en matière de réglementation du droit d’auteur ». En cette période de crise, espé­rons que cette étude détaillée permettra aux déci­deurs européens d’ouvrir les yeux sur le rôle central joué par les créateurs et la création pour le dynamisme de notre continent. •

FLEUR PELLERIN

« La diversité de la création musicale dans les médias est une priorité. » Droits d’auteur, copie privée, lutte contre le piratage, diversité musicale dans les médias… Peu après sa prise de fonction, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication du Gouvernement Valls 2, a accepté de répondre à la rédaction du Magsacem.

Cela fait presque deux ans que la Commission copie privée ne s’est pas réunie depuis la démission de la plupart des membres du collège importateurs. Comment comptez­vous réactiver cette Commission ?Dès mon arrivée, je me suis saisie de la question de la Commission copie privée et j’ai engagé, avec mes collaborateurs, un dialogue constructif avec les différentes parties prenantes, afin de sortir au plus vite de cette situation de blocage. L’important est que le travail de la Commission reprenne en répondant au mieux aux attentes de chacun dans une démarche de dialogue responsable.

Vous avez obtenu du Premier ministre une sanctuarisation du budget du ministère. Cependant, on annonce une baisse sensible du budget de la Hadopi. Qu’en est­il exactement ?Comme nous avons eu l’occasion de l’expliquer lors de la présentation de la loi de finances pour 2015, la Hadopi disposera d’une dotation reconduite par rapport à celle qui lui avait été allouée pour 2014, ce qui doit lui permettre de couvrir ses missions. Le Premier ministre a rappelé la nécessité de la défense du

droit d’auteur et de la réponse graduée, mais aussi qu’il fallait également mieux lutter contre les sites qui proposent massivement des œuvres, en violation du droit d’auteur. Le rapport de Mireille Imbert-Quaretta fournit, à ce titre, un certain nombre d’outils dont nous sommes en train d’examiner les moyens de mise en œuvre, ainsi que la manière de mieux coordonner les actions des services de l’État qui ont à traiter de ces sujets de défense des droits.

L’un des chantiers importants du ministère consistera à transposer

la directive sur la gestion collective. Quelles seront les grandes lignes qui gouverneront cette transposition ? Quel rôle, selon vous, doit jouer la gestion collective dans les années à venir ?Cette transposition, que la directive impose d’achever avant le printemps 2016, appelle l’adoption de nombreuses dispositions législatives, dont les services du ministère de la Culture et de la Communication mettent en place la concertation avec les principaux acteurs concernés. Ils feront ensuite valider le fruit de ce travail

au plan interministériel, de sorte qu’un premier projet de texte devrait être écrit pour le printemps prochain. Le travail de concertation a, notamment, débuté avec la Sacem.

Un dossier auquel est attachée la filière musicale : l’absence de diversité musicale à la radio et, d’une manière générale, la mauvaise exposition d’émissions dédiées à la musique à la télévision. Que comptez­vous faire pour pallier ces carences ?Favoriser la diffusion de la richesse et de la diversité de la création musicale dans les médias est une priorité. Éviter une trop forte concentration des titres diffusés en radio permettrait au public de découvrir plus d’artistes, tout comme favoriser la diffusion de concerts et, plus généralement, de musique sur les antennes de France Télévisions. Des propositions ont été faites en ce sens par Jean-Marc Bordes dans son rapport consacré à l’exposition de la musique dans les médias. Il faut maintenant passer à la phase de concertation et c’est ce à quoi travaillent les services de mon ministère avec les différents acteurs. • ©

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> ZOOMLa culture attire les jeunes ! Développer des jeux vidéo, animer une communauté de fans, inventer un concept de publicité, gérer la lumière d’une scène de spectacle… les industries culturelles et créatives offrent une belle palette de métiers. Très divers, qualifiés ou non, ces emplois ont en commun un environnement attrayant. C’est une des raisons qui expliquent sans doute la forte proportion de jeunes travaillant dans la culture en Europe : 19,1 % des employés ont moins de 30 ans. C’est dans les pays d’Europe centrale que ce pourcentage est le plus élevé. Michel Lambot,

fondateur et créateur du label Pias, le reconnaît : « Il y a très peu d’écoles qui préparent à une carrière dans la musique. Notre industrie forme elle-même ses compétences. Les jeunes sont très nombreux à vouloir travailler chez nous, et ils sont plus nombreux ici que dans d’autres industries en France ». Même constat pour Henrique Mota, PDG des Éditions Principia et vice-président de la Fédération européenne des éditeurs : « Nous embauchons de plus en plus de jeunes depuis que nos maisons d’édition sont entrées de plain-pied dans l’ère du digital. »

Sur les 10

plus gros éditeurs

au monde,

7 sont européens.

L’Europe compte

10 000 chaînes de télévision.

La télévision est le secteur

qui s’est le plus développé

pendant la crise.

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MAGSACEM # 91 NOvEMbRE 2014-jANvIER 2015

ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA DÉCRYPTAGE12 13

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Éditeurs

Préproduction : un programme sous le sceau de l’ambition Le programme d’aide à la préproduction fait peau neuve : il s’ouvre en grand ! Afin d’accompagner les évolutions du métier d’éditeur, et servir au mieux l’ensemble de ses sociétaires, la Sacem a largement renforcé ce programme. Détails et explications.

« L’aide à la pré-production en direction des éditeurs est

primordiale, pour la Sacem. Sa nou-velle version était attendue par nos 5 600 éditeurs membres », indique Lilian Goldstein, responsable des musiques actuelles et du jazz à la direction de l’action culturelle de la Sacem, à propos des nouvelles dispositions du programme. Créé il y a cinq ans, il a été entièrement refondu cet été : des critères as-souplis et élargis, un large éventail de dépenses éligibles, des béné-ficiaires potentiels plus nombreux, mais aussi une enveloppe multi-pliée par quatre, passant de 300 000 à 1,2 million d’euros.

Ouvert à tousDésormais, tous les éditeurs membres de la Sacem, quel que soit leur statut (adhérent, profes-sionnel ou définitif), peuvent sol-liciter ce programme pour des projets concernant des dévelop-pements pour tous les auteurs-compositeurs membres de la Sacem (tous statuts confondus : adhérent, professionnel et défi-nitif). Et ce, qu’il s’agisse du ré-pertoire des musiques actuelles, du jazz de création ou de celui des musiques contemporaines. Pour Caroline Molko, présidente de Warner Chappell et membre du Conseil d’administration de la Sacem, « c’est la réponse logique à la volonté de mieux soutenir les éditeurs, quelles que soient leur

taille et l’esthétique qu’ils tra-vaillent. Ils sont les premiers par-tenaires des auteurs et composi-teurs. C’est donc un moyen, pour la Sacem, d’aider l’ensemble de ses sociétaires ». Autre nouveauté, et non des moindres, le nombre de projets présentables chaque année n’est plus limité. Là aussi, c’est un moyen, pour la Sacem, de soute-nir le plus grand nombre de pro-jets possibles, les éditeurs étant, dans l’écosystème musical, les oubliés des guichets d’aide. « Ouvrir à tous les éditeurs va donner accès à nombre de jeunes structures qui font véritablement du développe-ment à une aide dédiée. Il existe très peu d’aides pour les éditeurs », ex-plique Julien Banes, cogérant des Éditions Levallois et d’Upton Park.

Accompagner les éditeursLe métier d’éditeur est multiple. Assumer par tous les moyens l’exploitation et la diffusion per-manente et suivi d’une œuvre auprès du public et de la filière professionnelle est un travail qui nécessite, au quotidien, créativité, réactivité ainsi qu’une forte capa-cité d’adaptation. S’il s’agit depuis toujours de mettre en place les conditions propices à la création, rechercher des partenaires, conseiller et orienter, est aussi un métier en perpétuelle évolution : « Dans une industrie en mutation, l’éditeur prend des risques artis-tiques et financiers importants. C’est pour cela que ce programme

existe. Quand il n’y a pas de label phonographique ni de producteur scénique derrière l’artiste en dé-veloppement, c’est très souvent l’éditeur qui prend le risque de faire la promotion au sein de la fi-lière professionnelle afin d’assurer une diffusion auprès du public. Il se retrouve au centre du 360° », détaille ainsi Lilian Goldstein.

Dépenses éligiblesPour être au plus proche des be-soins des professionnels, le pro-gramme couvre un large éventail de dépenses éligibles. Deux orien-tations sont proposées : première-ment, le développement d’auteurs et/ou compositeurs au travers de la création de répertoires nou-veaux ; deuxièmement, la valorisa-tion et le rayonnement d’œuvres du répertoire de la Sacem par le biais des opérations événemen-

tielles et à caractère ponctuel (anniversaires, anthologies, célé-brations…). Comme l’explique Jean-Marie Salhani, éditeur his-torique de jazz, président des Édi-tions Le Sphinx et secrétaire adjoint au sein du Conseil d’administration de la Sacem : « Si les dépenses éli-gibles sont très larges, offrant ainsi de nombreuses possibilités aux édi-teurs pour investir et soutenir les auteurs-compositeurs, c’est pour une raison simple : cela recouvre la réalité de notre profession. C’est la force de ce programme ». Pour le volet développement, cinq grands axes ont été définis : l’aide à l’écriture (achat de matériel) et à la maquette phonographique, la production de contenus audiovi-suels (sites Web, clips, dossiers de presse électroniques…), la for-mation et la professionnalisation (formations professionnelles, mas-terclasses, coa ching…), la mise en réseau professionnel et la promo-tion (stages d’écriture, attachés de presse…) et enfin les show-

cases et le développement scénique.Répondre aux exigences des pro-fessionnels, c’est aussi être le plus réactif possible. Le pro-gramme est donc ouvert tout au long de l’année et le délai de trai-tement des demandes est de deux mois à compter de l’accusé de réception du dossier. « Les ser-vices de l’action culturelle de la Sacem ont démontré leur capacité à répondre très vite aux demandes, selon une temporalité qui corres-pond à la réalité et aux besoins des éditeurs », souligne Jean-Marie Salhani . Pour faciliter en-core plus le travail des éditeurs, tout le processus se fait en ligne, via une interface très intuitive, ce qui fait réellement gagner du temps aux professionnels.

Créer une dynamiqueL’aide au développement va de 2 500 à 10 000 euros maximum, dans la limite de 50 % du budget total du projet. Pour Myriam Kanou, présidente

des Éditions Jules, ce programme offre un axe professionnalisant. Les auteurs et compositeurs peuvent bénéficier de coaching, de masterclasses, de stages d’écri-ture… Pour exemple, Myriam Ka-nou a sollicité un accompagne-ment de coaching scène pour le groupe Orfaz. « Ce sont des pro-ducteurs de son, plus habitués à être en studio que sur scène. Tra-vailler leur jeu de scène et leur scénographie va leur faire passer un cap dans leur carrière », ex-plique-t-elle. Jean-Marie Salhani a, quant à lui, sollicité le volet pro-motion de ce programme pour le saxophoniste Stéphane Guil-laume, dont l’album paraît sur le label Gemini Records en no-vembre 2014, et pour la pianiste Raphaële Atlan. Cette aide lui a permis d’obtenir les services d’une attachée de presse et de pouvoir se développer sur le plan national et international.

Des critères assouplis et élargis, un large éventail de dépenses éligibles, des bénéficiaires potentiels plus nombreux et une enveloppe passée de 300 000 à 1,2 million d’euros.

La pianiste

Raphaële Atlan

a été soutenue

par la Sacem.

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HOMMAGE

Ils nous ont quittésHervé Cristiani, Antoine Duhamel, Lorin Maazel, Nicolas Skorsky, Pierre Vassiliu, Jacques Wolfsohn… La Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique rend hommage à ses sociétaires disparus au cours de ces derniers mois. Créateur de la célèbre chanson Il est libre, Max, Hervé Cristiani avait les talents d’un poète, mêlés à la passion de celles et ceux qui font de la musique l’histoire d’une vie. Musicien pluriel, compositeur prolifique, Antoine Duhamel a écrit et composé pour une diversité d’esthétiques musicales. Nouant de belles complicités artistiques avec des réalisateurs de renom, il a signé de nombreuses partitions pour le septième art.Lorin Maazel a offert son talent, sa virtuosité, son raffinement et sa technicité aux plus grands orchestres du monde. Tel un magicien des sons, il a marqué à jamais la création contemporaine.Auteur et cocompositeur de Chanson populaire, interprétée par Claude François, Nicolas Skorsky était un parolier de talent et un pionnier du disco.Adaptateur et interprète de la célèbre chanson Qui c’est, celui-là, Pierre Vassiliu était l’auteur-compositeur de plus de cent soixante-dix œuvres aux multiples influences et un grand voyageur. Découvreur de talents, Jacques Wolfsohn est l’homme sans qui Johnny Hallyday n’aurait peut-être jamais été remarqué. Il a, ainsi, lancé la carrière de nombreux talents de la chanson française.La Sacem honore la mémoire de ces grands hommes, dont les noms resteront à jamais liés à la création musicale. •\ RETROUVEZ TOUS LES HOMMAGES RENDUS PAR LA SACEM À SES SOCIÉTAIRES : SACEM.FR > LA SACEM > ESPACE PRESSE > COMMUNIQUÉS.

RÉCOMPENSE

Marc Marder, Prix France Musique­SacemLe compositeur Marc Marder a reçu le 8e Prix France Musique-Sacem de la musique de film pour la bande originale du film L’image manquante, de Rithy Panh. Remis lors d’une soirée à la salle Pleyel, le 10 octobre dernier, ce prix récompense une œuvre sélectionnée parmi des films sortis l’année précédente, toutes esthétiques confondues. Le lauréat Marc Marder a reçu une commande de Radio France pour une œuvre originale,

qui sera créée et interprétée par l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Originaire de New York, Marc Marder a notamment composé la musique de Sidewalk Stories, film muet de Charles Lane, qui avait gagné, en 1989, le Deutscher Schallplattenpreis, l’équivalent allemand des Victoires de la musique. •

Les coups de cœur de… Philippe Ochem, directeur de Jazzdor, Smac Jazz à Strasbourg.

AlbumTower-Bridge Marc DucretAyler recordsMarc Ducret, inspiré par le jeu permanent de miroirs du « Ada » de Vladimir Nabokov, distille ici une musique complexe mais fluide et toujours passionnante. Sommet des précédents opus « Tower » 1, 2, 3 et 4 puisqu’il rassemble les douze musiciens des différentes formules, Tower-Bridge est le projet le plus excitant que j’aie entendu ces dernières années : un monument du jazz d’aujourd’hui !

ConcertCan you hear me Tentet, de Joëlle Léandre Créé le 30 septembre au festival Musica dans le cadre de la saison de Jazzdor.Joëlle Léandre passe de l’écrit à l’improvisé avec fluidité au point qu’il est difficile, parfois, de discerner l’un de l’autre. Ce programme, conçu comme une suite, touche par son engagement, son refus d’appartenir à une catégorie plutôt qu’à une autre ou plutôt son vœu d’appartenir à toutes. Musique savante et populaire à la fois au bon sens du terme, elle réconcilie tous les publics aux lisières de la musique dite « contemporaine » et du jazz.

DécouverteCarrousel Théo Ceccaldi TrioAyler recordsTrio à cordes atypique rassemblant violon, violoncelle et guitare électrique, ce jeune groupe déjà passionnant se fait entendre un peu partout. Lauréat du dispositif Jazzmigration, porté par AJC (Association Jazzé Croisé), le trio joue une musique intense et véloce, originale et risquée : vivante !WWW.JAZZDOR.COM

Pour Julien Banes, cette refonte du programme pourra créer une dyna-mique « en permettant à des éditeurs qui faisaient jusqu’alors plus de la gestion de catalogue de pouvoir in-vestir dans le développement de nouveaux auteurs-compositeurs ».

Valorisation et rayonnement du répertoireLe volet dédié à la valorisation et au rayonnement d’œuvres du répertoire de la Sacem par le biais d’opéra-tions événementielles (impliquant, par exemple, spectacle vivant et/ou CD, livre, programme audiovisuel…) et à caractère ponctuel (anniversaire, anthologie, célébration…) n’est pas en reste. Ces projets étant générale-ment plus coûteux, le plafond de l’aide accordée est de 20 000 euros, dans la limite de 50 % du budget to-tal du projet.

De nouvelles dispositions qui ra-vissent Jean-Paul Secher, fonda-teur des Éditions Musicales Artchipel , qui bénéficie de l’ouver-ture à la musique contemporaine. Il a pu, pour la première fois, sollici-ter le programme pour un projet autour du compositeur Philippe Schœller : une partition de 2 h 45 pour accompagner le film restauré J’accuse, d’Abel Gance, dans le cadre des commémorations de la guerre 14-18, jouée le 8 novembre

par l’Orchestre Philharmonique de Radio France, à la Salle Pleyel. Le concert sera retransmis sur Arte et France Musique. Pour Jean-Paul Secher, « l’ouverture de ce pro-gramme tombe à pic. Cela repré-sente quelque chose de formidable, surtout pour de petites structures comme la mienne. Cette création a demandé un travail éditorial colossal, avec des coûts très importants. Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu, en France, de projet d’une telle ampleur en musique contemporaine. Il serait très difficile, pour une structure comme la mienne, de financer cela sans cette aide, compte tenu de l’in-vestissement nécessaire ».

Évolution permanenteJusqu’à maintenant, le pro-gramme d’aide à la préproduc-

> FOCUSDemandez le programme !Le programme d’aide à la préproduction vise à soutenir tous les éditeurs membres de la Sacem pour le monde, quel que soit leur statut et toutes esthétiques confondues, selon deux axes : • le développement d’auteurs et/ou

compositeurs membres de la Sacem pour le monde et la création de nouveaux répertoires ;

• la valorisation et le rayonnement d’œuvres du répertoire de la Sacem au travers d’opérations événementielles (impliquant, par exemple, spectacle vivant et/ou CD,

livre, programme audiovisuel…) et à caractère ponctuel (anniversaire, anthologie, célébration…).

L’éventail des dépenses éligibles est large. Le programme est ouvert tout au long de l’année et le délai de traitement est de deux mois.Seules restrictions, les éditeurs associés à un groupe de télédiffuseurs ne sont pas éligibles. Et, en cas de coédition, l’aide ne peut être attribuée qu’à un seul des coéditeurs.

\ RETROUVEZ TOUTES CES INFORMATIONS SUR SACEM.FR > ACTIONS CULTURELLES > SOCIÉTAIRES > PRÉ­PRODUCTION

tion soutenait entre trente et qua-rante projets par an. Un volume qui devrait être beaucoup plus consé-quent, à l’avenir. « Il est évident que nous aurons, désormais, beaucoup plus de demandes. Il est difficile d’évaluer en amont, mais nous de-vrions être sur un volume de plus de trois cents projets aidés par an », estime Lilian Goldstein. En un mois, fin septembre, plus de soixante demandes étaient déjà parvenues. Un bilan de ce programme sera réalisé dans un an, pour envisager les futures évolutions. Pour Caroline Molko, l’ambition est claire : « Il faut que ce programme rencontre un grand succès, que les éditeurs l’utilisent au maximum pour dé-montrer son utilité pour la profes-sion, et qu’il soit, à l’avenir, encore amélioré et augmenté. » •

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Le groupe Orfaz

a sollicité un

accompagnement

de coaching

scénique.

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Guillaume Connesson compte aujourd’hui au nombre des compositeurs français majeurs de la scène internationale. Il a élaboré, en deux décennies, un catalogue d’une singulière diversité : œuvres orches-trales, partitions pour chœur, pièces vocales, musique de chambre…

GUILLAUME CONNESSON

Bio

 La première rencontre avec son art est restée vive dans notre esprit : invité par le festival Ciné­Mémoire , il avait composé en 1995, pour Les rapaces, le

chef­d’œuvre muet d’Erich von Stroheim , une partition de deux heures et demie ! Un défi que ce créateur de 25 ans avait relevé avec un sens aigu de la dramatur­gie cinématographique. Révélation d’un ton, d’un style, marqué par l’élégance so­nore et la finesse de combinaisons ins­trumentales bien sonnantes. Cette maîtrise précoce reposait sur une formation musicale complète : Guillaume Connesson a étudié le piano, l’histoire de la musique, l’analyse, la direction de chœur, la direction d’orchestre (avec Dominique Rouits), l’orchestration (avec Alain Louvier), mais aussi la composition auprès de Marcel Landowski, auquel il rendit un hommage subtil dans les co­lonnes du mensuel Diapason. Aujourd’hui professeur d’orchestration au Conserva­toire national de région d’Aubervilliers, Guillaume Connesson est un composi­teur prolifique et épanoui, éloigné de l’image du créateur isolé composant pour un futur incertain : « J’écris exclusivement sur commande. C’est une sécurité et un privi-lège, d’autant que je suis aujourd’hui en me-sure de choisir ce que j’ai envie de faire. Si contrainte il y a, elle naît des délais, non du mode propre de la commande ». La Sacem a reconnu cette maturité de la quarantaine en lui décernant son Grand prix de la mu­sique symphonique dès 2011. Guillaume Connesson a pris part aux débats esthétiques qui ont agité le monde musical contemporain français – et continuent de le faire… – depuis

LA QUÊTE ÉPERDUE D’UN IDÉAL

plus de cinquante ans. Ils opposent les tenants d’une orthodoxie moderniste ato­nale en rupture avec le passé (une tabula rasa radicale générée dans bien des champs de l’art – arts plastiques, littéra­ture, théâtre, cinéma… – par la catas­trophe de la Seconde Guerre mondiale) à ceux qui prétendent s’inscrire à leur ma­nière, et dans leur temps, dans une conti­nuité historique. Notre compositeur se reconnaît dans les seconds, selon une perspective infiniment moins simpliste que celle que prétendent dénoncer leurs détracteurs : « J’ai beaucoup étudié les mu-siques d’avant-garde, et nombre d’entre elles m’ont, d’une certaine façon, passionné. Mais je n’ai jamais senti que je pouvais m’y exprimer de façon satisfaisante. J’ai besoin de la mélodie, de la sensualité harmonique, sans lesquels mon rapport à la musique me paraît vide et insatisfaisant. Cela n’a rien à voir avec une volonté banale de plaire. Je crois simplement avoir su très vite ce que je voulais faire, et aussi ne pas faire : je n’avais simplement pas envie de passer ma vie à composer de la musique atonale ». Si la ba­taille est gagnée, à ses yeux, côté inter­prètes, elle ne l’est pas côté institution et festivals « contemporains » de référence.

Des références : Debussy, Ravel, John Adams…Guillaume Connesson confesse naturel­lement des admirations, des modèles, des références : Debussy, Ravel (« L’En­fant et les sortilèges est un chef-d’œuvre total, de la première à la dernière note »), Prokofiev, Chostakovitch, plus près de nous Jean­Louis Florentz, John Adams et les minimalistes américains, voire Esa­Pekka Salonen, chef d’orchestre compo­

1987 Première rencontre avec Marcel Landowski, Montségur, à l’Opéra de Paris.

1997Supernova, par l’Orchestre national de Montpellier.

2009Cosmic Trilogy, dirigé par Stéphane Denève.

2014Sortie de l’album Lucifer, chez Deutsche Grammophon, avec le soutien de MFA.

« J’AI BESOIN DE LA MÉLODIE, DE LA SENSUALITÉ HARMONIQUE, SANS LESQUELS MON RAPPORT À LA MUSIQUE ME PARAÎT VIDE ET INSATISFAISANT. »

siteur avec lequel il partage un goût pro­noncé pour l’écriture orchestrale : « L’orchestre est sans aucune discussion mon instrument préféré, depuis l’enfance. Il exige science et intuition, et j’aime l’explorer selon des formes libres, parfois narratives ». On touche là un autre point important, déce­lable dans son sens inné des titres et images (comme avec Supernova, Techno-parade, Jurassic Trip, que l’on mémorise d’emblée) : « Je m’inspire volontiers des autres formes d’art, sans jamais tenter la transposition linéaire d’un art à un autre. Le ressenti face à un texte, une peinture, une sculpture, une photographie, suscite souvent très vite en moi un univers sonore qui obéit à ses règles propres ».

Un nouveau défi Un compositeur a besoin d’excitation et de nouveauté, « parce qu’il est toujours en quête de lui-même au sein de son langage, à la recherche de l’œuvre idéale qu’il pressent, et dont, bien sûr, il n’accouche jamais ». Voilà pourquoi Guillaume Connesson compte se tourner, à l’avenir, vers l’opéra, tant chant et théâtre sont pour lui des pas­sions anciennes : le rideau se lèvera en novembre 2016, à Bordeaux, sur un opé­ra­bouffe écrit sur un livret original d’Olivier Bleys. Une commande de Thierry Fouquet, le directeur du Grand Théâtre, et un nouveau défi : « Celui de la vivacité, de la légèreté, de la drôlerie, si peu traitées dans l’opéra contemporain actuel. Qui soulèvent la question si complexe de l’inspiration et de l’identification mélo-diques. C’est l’alpha et l’oméga de la mu-sique, l’élément via lequel elle communique le plus fortement ». N’est­ce pas là une authentique profession de foi ? •

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RENCONTRE18 19ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA

Rain and Tears

« On m’a enfermé dans un bureau… »

Téo Saavedra, homme libre d’un festival sans frontièresDepuis près de quinze ans Téo Saavedra préside aux destinées du festival Les Nuits du Sud. L’aboutissement d’un parcours mouvementé qui l’a conduit des prisons de la dictature chilienne à un exil en France, désormais sa seconde patrie. Portrait d’un passionné… de musique et de vie.

En mai 1968, un petit orchestre grec enregistre à Paris la chanson Rain and Tears, qui mêle musique classique et romance pop. Le tube des Aphrodite’s Child va submerger la planète. Boris Bergman, l’auteur des paroles, se souvient : ni pluie, ni larmes, que du bonheur…

militant révolutionnaire, il a assisté au coup d’État qui renversa le président Allende et transforma son pays en dic­tature militaire, en 1973. Arrêté, tortu­ré et emprisonné, Téo ne sera libéré qu’après trois années passées dans les camps de concentration de la junte. Exilé en France en 1977, il exercera tous les métiers, chauffeur, livreur, magasi­nier, ouvrier du bâtiment, avant de dé­couvrir la ville de Vence grâce à son épouse. Un soir où il faisait la fête avec des amis musiciens, le maire en per­sonne lui proposa d’organiser une ma­nifestation musicale, officielle, cette fois. Les Nuits du Sud étaient nées. Un festival éclectique et universel.« Je n’aime pas le concept de “world music”, se défend pourtant Téo. Ça ne correspond

à rien, ni musicalement, ni so cio lo gi-quement ; c’est une vision du centre vers la périphérie, créée par des musiciens euro-péens. Notre travail, c’est de faire découvrir des artistes au public, pas de faire du mar-keting, même si on a besoin de têtes d’af-fiche. Je m’intéresse aux musiciens qui ont permis à la musique d’évoluer. »Avec un budget modeste, quasiment bouclé grâce à une billetterie bon mar­ché, les Nuits du Sud connaissent un succès croissant. Ce qui ravit Téo, l’exi­lé en terre de France devenu écrivain (il a publié Les évadés de Santiago et pré­pare un autre ouvrage) et Chevalier des arts et des lettres, mais ne lui fait pas perdre la tête : « Garder les pieds sur terre, rester lucide, c’est ce que j’ai essayé de faire toute ma vie. » •

« Je m’intéresse aux musiciens qui ont permis à la musique d’évoluer. » Téo Saavedra

Magsacem : Vous, auteur français, comment avez-vous été amené à travailler pour un groupe grec comme les Aphrodite’s Child ?Boris Bergman : Un jour d’avril 1968, Frédéric Leibovitz, qui diri-geait Jenner Music, le département éditorial des disques Philips, m’ap-pelle en me disant : « Tu es bien anglophone ? Alors passe demain matin à mon bureau ». J’ignorais tout du groupe, et je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre.

La légende prétend que c’est en raison des grèves de mai 1968 que le groupe est resté bloqué à Paris…Ce n’est pas tout à fait exact. Nous n’étions qu’en avril, et les musiciens attendaient un visa pour l’Angle-terre. Le marché commun n’existait pas encore et il était difficile d’obte-nir un permis de travail.

Comment s’est déroulée l’écriture de la chanson ?J’ai débarqué dans les bureaux de la rue Jenner, dans le 13e arrondis-sement. On m’a présenté à Vange-lis, le compositeur du groupe, qui m’a joué le thème au piano. Comme chacun sait, la mélodie était inspirée du Canon de Pachelbel. Puis, on m’a enfermé dans un minuscule bureau, une sorte de placard aux fenêtres opaques, en me disant : « tu ne sor-tiras de là que lorsque tu auras ter-miné… » Comme je suis claustro-phobe, j’ai écrit mon texte à toute allure. Ensuite, je l’ai glissé sous la porte et on ne m’a libéré qu’après avoir vérifié que ça convenait.

Comment l’idée du thème vous est-elle venue ? En arrivant, dans le métro, j’avais remarqué une très jolie femme qui était en train de lire une lettre, avec une larme au coin de l’œil. Dans la

lumière du métro aérien, on aurait dit un tableau de Hopper. Je ne saurai jamais si elle était émue ou triste, si c’était une lettre d’amour ou de rupture, mais cette image m’a inspiré le texte. Elle a d’ailleurs res-surgi douze ans plus tard, lorsque j’écrivais Gaby pour Bashung.

Le disque a été réalisé l’après-midi même…Nous avons enregistré dans les studios Blanqui, qui étaient en cours de rénovation. Il fallait escalader les gravats et avant d’enregistrer, on demandait aux ouvriers d’arrêter les marteaux-piqueurs. Il n’y avait que Vangelis derrière ses claviers, le bat-teur Lucas Sideras et Demis Rous-sos, au chant et à la basse. Les grèves de mai commençaient et fi-nalement, le disque a été lancé avec les pavés : il est sorti le 13 mai 1968.

Qu’est-ce que ce succès vous a apporté ?J’étais débutant, je travaillais peu, pour des artistes pas très connus. La chanson a été un tube interna-tional, jusqu’en Chine. Six mois après, on a commencé à me de-mander des textes. Mais c’est beau-coup plus tard que j’ai réalisé la chance que j’avais eue. Rain and Tears est devenu un standard qui a passé le temps et qui continue de générer des droits. Je ne serais pas là, aujourd’hui, si je n’avais pas fait cette chanson. •1 Regenzeit traenenleid (Allemagne),

Lacrime e pioggia (Italie),

Lluvia y lagrimas (Espagne)

et Rakkaus kaunistaa (Pays­Bas).

1 648 œuvres. C’est le répertoire de Boris Bergman à la Sacem (arrangements et adaptations compris).

4 reprises de Rain and Tears en Europe 1.

1version dance sous le titre Tears of love, enregistrée par Demis Roussos et la chanteuse italienne Spagna dans les années 2000. ©

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 « Ma double culture est une richesse… » S’il a gardé de ses origines chi­liennes un accent

qui fleure bon le soleil d’Amérique latine, Téo Saavedra manie aussi bien la langue française que la guitare acous­tique. Dans les geôles de Pinochet, c’est lui qui saluait en chanson le départ de ses camarades prisonniers. Aujourd’hui, il lui arrive de se produire sur la scène du festival qu’il a lui­même créé à Vence, dans les Alpes­Maritimes. Un événement festif et musical qui a fêté sa quatorzième édition l’été dernier, avec quarante mille spectateurs pour trente­cinq concerts, et dont les maîtres mots sont partage, convivialité et qualité.Ce festival pas vraiment comme les autres, réunit toutes les musiques du monde, africaines, latines, européennes ou américaines, avec le seul souci de faire découvrir à un public toujours croissant des artistes de tous rythmes et de tous les continents. Rubén Blades, le Buena Vista Social Club, Kassav, Johnny Clegg, Nile Rodgers ou Bernard Lavilliers se sont ainsi succédé, au fil du temps, sur la scène dressée au milieu de la place du Grand Jardin de Vence.

Du Chili à Vence…Avant d’en arriver là, Téo Saavedra a vécu bien d’autres aventures. Né dans l’extrême nord du Chili, au pied de la Cordillère des Andes, fils de mineur et

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MAGSACEM # 91 NOvEMbRE 2014-jANvIER 2015

ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA COULISSES 20 21

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sant par Alice Sapritch et Louis-Ferdinand Céline », s’amuse ce fan de François Rollin, qui a lui­même coécrit le spectacle. « Je rêve depuis toujours d’un seul-en-scène. Aujourd’hui, j’ai l’impression de récompen-ser l’enfant que j’étais. Je ne touche plus trop terre, depuis Montreux. » Il n’est pas le seul comblé.

Révolution numérique — « Vincent Dedienne est un extraordinaire exemple de l’aura du Montreux Comedy », se réjouit Grégoire Furrer. Le festival a pourtant vu le jour de bric et de broc, en 1990. À l’époque étudiant en économie, son fondateur considérait déjà l’humour « comme un art majeur ». Mais le jeune homme avait une petite longueur d’avance sur son temps… D’année en année, à force de dévotion, son bébé va grandir pour devenir LA référence euro­péenne de l’humour. Budget annuel : 12,8 millions d’euros. Depuis l’explosion du Web et des réseaux sociaux, ce genre autrefois marginal s’est largement démo­

cratisé. « Quand j’avais 20 ans, les jeunes qui voulaient rentrer dans le show-business pensaient à la musique et non à l’humour », se souvient Grégoire Furrer. « Aujourd’hui, il est plus facile de poster sa vidéo sur le Web que de monter un groupe rock et passer des semaines à répéter en studio. » D’ailleurs, au même titre que les musiciens, les humoristes bénéficient du statut d’auteur. Ils sont actuellement plus de trois cents à confier la gestion de leurs droits à la Sacem, qui soutient en parallèle, via son action culturelle, le Montreux Comedy Festival. Si le spectacle vivant, la radio et la télévision lui reversent chaque année près de 6 millions d’euros, elle a mis en place un dispositif de répartition flexible qui fait bénéficier les auteurs humoristes de taux de collecte adaptés. Quelle que soit leur notoriété. Le rire, un métier d’avenir… •

— D’une saison à l’autre, Montreux passe du rire au jazz, de l’ombre à la lumière. Lovée contre les rives alanguies du lac Léman, l’élégante station balnéaire suisse tire son épingle du jeu en conviant chaque année la crème des musiques actuelles et de l’humour. Cet été encore, le my­thique Montreux Jazz Festival célébrait de concert Herbie Hancock, Stevie Wonder , Massive Attack, Pharrell Williams et Agnès Obel. Cinq mois plus tard, chan­gement de registre, mais même volonté d’éclectisme. L’ambitieux Montreux Comedy Festival soufflera ses vingt­cinq bougies en grande pompe début dé­cembre. À l’affiche ? Des grosses poin­tures (Laurent Gerra, Anne Roumanoff, Stéphane Guillon et Pascal Légitimus), quelques valeurs sûres (François­Xavier Demaison, Jean­Luc Lemoine et Jérémy Ferrari), une pluie d’étoiles (Nawell Madani , Baptiste Lecaplain et Olivier De Benoist) et de jeunes pousses (Constance, Bun Hay Mean et Artus). Comme autant de miroirs de nos sociétés modernes.

Retour vers le futur— « Je voulais que cette édition soit le point de départ des vingt-cinq prochaines années plutôt qu’une rétrospective des vingt-cinq dernières. Elle mettra l’humour à l’honneur sous toutes ses formes », promet son pré­sident, Grégoire Furrer. « Les artistes d’au-jourd’hui s’expriment à la fois sur scène, sur le Web, à la télévision ou au cinéma. Ils ne sont plus attachés à un seul support, mais à un contenu déclinable à l’infini. » En marge des trois grands galas télévisés à l’Audi­torium Stravinski, plus de soixante­dix comiques émergents se produiront au Comedy Club. « Dénicher des talents que personne ne connaît est inscrit dans l’ADN du festival depuis sa création. Anthony Kava-nagh, Shirley et Dino ou Jonathan Lambert

Humour. Le Montreux Comedy Festival a 25 ans. Du 4 au 8 décembre, stars et jeunes talents du rire se donnent rendez-vous au bord du lac Léman. Toujours en phase avec son époque, le sanctuaire de l’humour francophone joue plus que jamais la carte de la découverte, de l’innovation numérique et de l’ouverture au monde.

Montreux, capitale européenne du rire

Entre 120 et 150artistes invités.

11 000spectateurs attendus.

40 millions de vues sur Internet.

Il suffit d’être drôle et de savoir poster une vidéo en ligne… « Ce contest offre à tout un chacun la possibilité d’exprimer son potentiel comique. Nul besoin d’avoir écumé les festivals ou les scènes ouvertes pour y accéder », confirme Grégoire Furrer. En décembre 2013, le lauréat de la grande finale était un jeune inconnu – pas pour longtemps – du nom de Vincent De­dienne. Trois mois plus tard, ce comédien issu du théâtre classique débarquait chez Laurent Ruquier, dans l’émission On va s’gêner ! (Europe 1). Pour ne rien gâcher, il remplace désormais l’excellent Stéphane de Groodt comme chroniqueur au Sup-plément de Maïtena Biraben (Canal+). Un pari risqué, mais gagné haut­la­main… Gentiment décalée, sa Bio interdite prend un malin plaisir à titiller les politiques. En outre, Vincent Dedienne joue S’il se passe quelque chose au Théâtre du Petit Hébertot, jusqu’en janvier 2015. « C’est un autoportrait biographique interrompu par des trucs qui n’ont rien à voir. Ça va de Marguerite Duras à Muriel Robin, en pas-

ont été découverts ici. Éric et Ramzy y ont fait leur première grande scène, tout comme Laurent Ruquier… » Innovante et défri­cheuse, l’édition 2014 prend l’allure d’une bouillonnante pépinière d’artistes. Au programme : un best of des vidéos co­miques qui ont « buzzé » sur le Net en 2014 (le Montreux Comedy @You), une scène ouverte à toutes les générations (le Lab by Montreux), ainsi qu’un grand concours international de jeunes talents sur le Web (le Montreux Comedy Contest) accessible en français et en anglais, aux continents européen, africain et nord­américain.

Tremplin de rêve— Pour participer, rien de bien sorcier.

« DÉNICHER DES TALENTS QUE PERSONNE NE CONNAÎT EST INSCRIT DANS L’ADN DU FESTIVAL DEPUIS SA CRÉATION. »

— GRÉGOIRE FURRER, PRÉSIDENT DU MONTREUX COMEDY FESTIVAL

Page de gauche, au centre : Grégoire Furrer, fondateur du Montreux Comedy Festival. Ci-dessus, au centre : l’humoriste Vincent Dedienne.

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MAGSACEM # 91 NOvEMbRE 2014-jANvIER 2015

ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | AGENDA AGENDA 22 23

ÉVÉNEMENT >

Merci, Monsieur Ibáñez, et bravo ! Grande figure de la chanson espagnole, compositeur de renom, ambas-sadeur de la poésie castillane, artiste engagé et humaniste, citoyen du monde, Paco Ibáñez fête ses 80 ans en novembre. Véritable cadeau offert à son public, il crée l’événement en proposant un projet artistique d’envergure, intitulé Vivencias.C’est au théâtre des Champs-Élysées, que Paco Ibáñez a inauguré ce projet de dimension internationale. Pendant près de deux heures, il a proposé un concert exceptionnel invitant au voyage à travers son histoire personnelle, à la découverte de nouvelles œuvres et convoquant des artistes du monde entier avec lesquels il partage des complicités musicales. Ce concert est le tout premier d’une longue tournée qui fait escale au Pays basque, en Catalogne, en Andalousie mais aussi sur des scènes notoires d’Europe et d’Amérique latine. Il y a cinquante ans, Paco Ibáñez publiait son premier disque, Paco Ibáñez chante Lorca et Góngora, illustré par Salvador DalÍ. Depuis, ce chantre de la liberté n’a jamais cessé d’exercer son art. Pour célébrer cet anniversaire, A Flor de Tiempo réédite toute la discographie de l’artiste. Plusieurs disques sortiront, ainsi, tout au long de la saison 2014-2015, parallèlement à sa tournée.

Retrouvez une vidéo interview exclusive de Paco Ibáñez sur

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Les manifestations culturelles soutenues par la Sacem sont réalisées, notamment, grâce au financement issu des ressources de la copie privée. Consultez toutes les informations dans l’espace Actions culturelles sur sacem.fr.

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FESTIVALS>

Création musicale \Manca

Les studios du Centre national de création musicale (Cirm) accueillent des compositeurs en résidence pour leurs projets de création d’œuvres nouvelles utilisant des supports technologiques. Le festival Manca, dont la Sacem est un partenaire de longue date, est la vitrine de ces réalisations musicales. Thématique bien nommée de l’édition 2014 : « Le futur antérieur ».> Nice et Grasse, 17-30 novembre

cirm-manca.org/manca2014

Cinéma \Restauration d’œuvresLa troisième édition du Festival international du film restauré « Toute la mémoire du monde » se tiendra du 28 janvier au 1er février 2015. Le Fonds culturel franco-américain (DGA, MPA, Sacem et WGAW) est partenaire de cette nouvelle édition, dont l’invité d’honneur est Francis Ford Coppola, et présentera les restaurations de monuments du cinéma français – le Napoléon, d’Abel Gance – et américain – Les contes d’Hoffmann, de Michael Powell et Emeric Pressburger.> 28 janvier-1er février, Cinémathèque

française, Paris

cinematheque.fr

AUDIOVISUEL>Courts Devant \Charlot hier et demain À l’occasion du centenaire de la naissance de Charlot, le Festival Courts Devant propose un ciné-concert inédit autour de l’œuvre de Charlie Chaplin. Un piano, un écran de cinéma… le dispositif choisi, comme aux origines de la musique au cinéma, est simplissime. Les compositeurs, Serge Bromberg, Alex Beaupain, Laurent de Wilde et Thierry Escaich, proposent chacun leur écriture musicale du mythe Charlot le temps d’un court-métrage.

Dans le cadre de cette dixième édition du festival, la Maison du film court organise une projection des courts-métrages ayant bénéficié de son soutien à la création de musique originale en partenariat avec la Sacem.> Cinéma des Cinéastes, Paris,

30 novembre

Les Arcs \ Festival européen La musique est au cœur de cette sixième édition du festival européen des Arcs, qui crée pour la première fois un « village musique ». La musique pour l’image sera également à l’honneur au « village des coproductions » et lors de masterclasses pour les étudiants. Un « pack pro » est proposé aux sociétaires adhérents à

Sacem PLUS qui souhaiteraient assister à l’événement.Les Arcs, 13-20 décembre

JEUNES TALENTS>Tournée \Chantier des FrancosForte du succès de ses quatre premières éditions, la tournée du Chantier des Francos reprend la route ! Chaque escale est l’occasion de programmer des artistes locaux, les « talents d’ici », en première partie des artistes soutenus par le Chantier. Le lendemain des concerts, les équipes pédagogiques proposent des conseils individualisés : un regard professionnel et extérieur très précieux dans la construction d’une prestation scénique. > Prochaines dates :

20-21 novembre, Train-Théâtre

de Portes-lès-Valence

16-17 janvier, théâtre de Coutances

francofolies.fr

Scènes Sacem \Trois BaudetsDispositif innovant au service de la création, les Scènes Sacem sont ouvertes à tous et dédiées aux talents émergents de tous les répertoires. Le 10 décembre, ce sont les auteurs et compositeurs Vincha et Yépa qui se produiront. Tous deux bénéficient d’une aide à l’accompagnement de carrière de la Sacem.10 décembre, Trois Baudets, Paris

Spectacles pour le jeune public \Fraîchement créé, le pôle éducation artistique de la Sacem a tenu sa première commission d’aide à la création et à la diffusion de spectacles musicaux pour le jeune public. Dans toutes les esthétiques, ces créations s’accompagnent d’actions pédagogiques. Zoom.

Jazz : Chut, Oscar !Mêlant vidéo interactive et musique vivante – quatre musiciens multi-instrumentistes –, ce spectacle musical conte l’épopée du jazz en lien avec les mouvements socioéconomiques de 1920 à nos jours. Bourg-en-Bresse, 15 novembre

Musiques du monde : KpalumInterprété par trois artistes d’horizons divers avec une quarantaine d’instruments d’Afrique et du Brésil (Cie Kesansé) sur scène, le spectacle Kpalum aborde le sujet de la raréfaction de l’eau à travers l’histoire de deux villages. Étampes, 22 novembre

Chanson : Quand je serai petit Ce spectacle présente deux trentenaires qui font le point sur leur vie en se remémorant leurs rêves d’enfance. C’est une rencontre musicale entre Tony Melvil et Usmar, deux auteurs-compositeurs-interprètes aux inspirations radicalement différentes. Comines, 3 décembre

Musique contemporaine : TitU ou le fils de la lune Conte musical écrit par José Luis Campana qui met en scène deux percussionnistes et mêle théâtre d’ombres, narration, dialogues, chansons, musique jouée en direct, musique électroacoustique et musique générée « comme par magie » par les mouvements des musiciens grâce à un dispositif interactif (caméra kinet, capteurs embarqués)… Oullins, 29 janvier 2015

Chut, Oscar ! TitU.

ÉDUCATION ARTISTIQUE>

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La Sacem est fière de vous présenter les

— RETROUVEZ LA SOIRÉE DES GRANDS PRIX SACEM À L’OLYMPIA EN MUSIQUE ET EN IMAGES SUR SACEM.FR —

PHOTOS © : KATE BARRY, PHILIPPE STIRNWEISS, THOMAS BARTEL, JÉRÔME DOMINÉ, JULIEN DAJEZ, CLAUDE GASSIAN, DENIS ROUVRE, DANNY CLINCH, DOMINIQUE GAU, FRANCK SOCHA, DR