synthèse des assises de l'éducation - 2009

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ASSISES DE L’ECOLE A CHAMPIGNY : Pour la réussite de tous ! Organisées par le comité local pour l’enseignement public et soutenues par la Municipalité de Champigny. Samedi 7 février 2009 Hôtel de Ville DOCUMENT DE SYNTHESE

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Champigny 2009

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ASSISES DE L’ECOLE

A CHAMPIGNY :

Pour la réussite de tous !

Organisées par le comité local pour l’enseignement public et soutenues par la

Municipalité de Champigny.

Samedi 7 février 2009 Hôtel de Ville

DOCUMENT DE SYNTHESE

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Qu’est ce que le comité local pour l’enseignement public? Créé le 12 juin 2008, il est une force de réflexions, de confrontations, de propositions et bien sûr d’actions. Il est composé de représentants de parents d’élèves FCPE et des syndicats d’enseignants SNUipp, Sud Education, SNES-FSU ainsi que des lycéens, des citoyens, des acteurs de l’éducation avec le soutien de la municipalité ; il est ouvert à toutes celles et ceux qui dans notre ville ont à cœur de défendre et de développer le service public de l’Education.

SOMMAIRE

1. Introduction de Dominique Adenot, Maire de Champigny sur Marne p.3 2. Introduction de membres du comité local pour l’enseignement public

a. Gilles Bailleux, Parent d’élève p.5 b. Brigit Cerveaux, Formatrice IUFM p.7 c. René Delalande, Enseignant lycée p.14

3. Paroles d’acteurs a. Catherine Cerveaux, enseignante maternelle p.16 b. Marc Alizon, enseignant spécialisé RASED p.17 c. René Delalande, enseignant lycée p.19 d. Gérard Oliver, parent d’élève p.21 e. Valérie Zélioli, Maire Adjointe en charge de l’Enseignement p.23

4. Intervention de Stéphane Bonnery, chercheur en Sciences de l’Education et Maître de conférences à l’Université Paris 8. p.24 5. Compte rendu de l’atelier « école maternelle » p.33

6. Compte rendu de l’atelier « aide et soutien » p.35

7. Compte rendu de l’atelier « collège unique » p.37

8. Compte rendu de l’atelier « les filières au lycée » p.39

9. Conclusion de Gilles Bailleux p.41

10. Conclusion de Valérie Zélioli p.43

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Dominique Adenot – Maire de Champigny sur Marne

Mesdames, Messieurs, C’est avec plaisir que j’accueille au nom de la Municipalité, aujourd’hui à l’Hôtel de Ville, les Assises de l’Ecole pour la réussite de tous. Bienvenue à toutes et à tous pour cette journée de réflexions et de débats. Je tiens à souligner que si la Municipalité soutient ces assises, elles sont organisées par le comité local pour l’enseignement public que vous avez créé le 12 juin 2008. Je sais que plusieurs dizaines de personnes du comité ont préparé ces Assises depuis plusieurs mois, et je crois que nous pouvons les remercier pour le travail bénévole accompli. D’autant que ces Assises arrivent à point nommé. Vous le savez le gouvernement s’est lancé dans de nombreuses réformes qui concernent l’ensemble du Service Public de l’Education Nationale de la maternelle à l’université. Sous couvert de lutter contre l’échec scolaire ou de vouloir mettre les universités à la hauteur des universités du monde, nous assistons à une profonde remise en cause du service public de l’Education Nationale, et donc des valeurs qui soutendaient les principes de l’école publique et laïque. D’autres solutions que celles qui sont avancées sont possibles : vous le savez, vous le dites et les idées que vous allez proposer aujourd’hui vont, je n’en doute pas, aller dans le sens de la réponse aux besoins et aux exigences de l’avenir de nos enfants et des jeunes, bien mieux que les réformes préparées sans avoir pris en compte l’avis du plus grand nombre de personnes intéressées et dont on sent que parmi les préoccupations principales, c’est l’objectif de supprimer 80000 postes dans l’Education Nationale en quatre ans qui prime. Vous allez proposer aussi des solutions qui touchent au contenu, aux objectifs mêmes du système éducatif moderne dont on a besoin. Par les dialogues d’aujourd’hui nous contribuons ensemble, collectivement, à inventer et à construire une forme plus évoluée de démocratie et de réel partage du pouvoir. Et nous serons plus forts pour résister aux dérives autoritaires qui frappent des villes ou des enseignants qui sont stigmatisés pour avoir osé résister à de mauvaises mesures. Bien sur Champigny, n’est pas la France ni l’Europe. Mais nous ne devons pas non plus sous estimer ce qui se passe dans tout le pays aujourd’hui au sujet de l’Ecole et des Universités. Le retrait de la Réforme Darcos et la grande unité qui anime les universitaires et les étudiants sont deux éléments importants qui, à mon avis, nous confortent dans notre démarche : quand nous nous occupons de réfléchir et d’agir pour défendre les intérêts et l’avenir de nos enfants et des jeunes, nous marquons des points, nous retrouvons de l’espoir et nous ouvrons des perspectives.

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Les échos que j’ai des collègues d’Ile de France et de Province m’indiquent d’ailleurs, qu’il y a, ces temps-ci, de plus en plus de villes où se type de recherche collective se met en place sous des formes diverses. Pourquoi ne pas fédérer les échanges entre les villes dans les prochaines semaines ? Sans attendre il faut aussi partager votre expérience et vos idées, et je vous propose que les réflexions des Assises, que vous aller éditer en livre blanc, soit mises sur le site Internet de la ville, ce qui permettra un accès démultiplié, un partage des idées exprimées. Les organisateurs vont vous expliquer le déroulement de la journée, mais avant de leur passer la parole, je vous rappelle que le Président du Conseil Général Christian Favier, nous a invité à l’inauguration du CDDP Aimé Césaire à 11h30, et au buffet qui suivra l’inauguration. Personnellement, je serai obligé de me rendre à partir de 10h15 pour participer à l’accueil du Président du Conseil Général de la Martinique, de Jean-Paul Césaire, fils d’Aimé Césaire et des personnalités qui sont conviées à cette initiative, mais je participerai cet après-midi à vos travaux. Alors bonne journée et plein succès à toutes et à tous pour ces Assises de l’école.

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Interventions des membres du comité local pour l’enseignement public.

Gilles Bailleux – Parent d’élèves Bonjour et bienvenue à tous au nom du comité local pour l’enseignement public. Pour ma part je remercie au nom du comité tous les participants à cette journée, toutes celles et ceux qui ont œuvré à l’organisation, et à la tenue de ces assises pour l’école de la réussite pour tous, et y compris la Municipalité de Champigny qui a soutenu et accueille cette initiative, ainsi que le Conseil Général qui va permettre aux participants sur le temps de midi de se restaurer. Le comité local pour l’enseignement public, organisateur de ces assises s’est constitué par la rencontre de tous ceux, acteurs de l’éducation à titre professionnel, de parents, mais aussi de citoyens, qui au titre de leur engagement au sein de leur organisation ou individuellement se sont retrouvés dans l’action, la lutte contre l’entreprise de démolition du service public d’éducation engagée par ce gouvernement au travers des mesures Darcos, ministre de l’éducation. Je ne développerai pas ici ces mesures, d’autres interviendront tout de suite après à ce sujet, mais notre conviction sur le fait que nous considérons assister à cette démolition, à une entreprise de démolition de l’école publique ne provient d’aucun a priori ou postulats de principe. Cela relève d’une analyse de ces mesures gouvernementales prises, de leurs conséquences de leur logique d’ensemble. Si ces réformes Darcos représentent une catastrophe pour l’école de la République, le fait que ce ministre ait pu aussi s’engager sur cette voie repose sur une autre réalité, sur laquelle il s’appuie : l’école publique ne va pas bien. Oui les professionnels de l’éducation, les parents sont inquiets, oui elle a besoin de réformes ! Mais il ne faut pas pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain. Le fait que cette école aille mal pour partie, et encore faut il analyser le vrai pourquoi de ce fait, permet au ministre de développer le pire des discours populiste et démagogique, pour essayer de faire accepter ses réformes et une nouvelle logique sociale en œuvre dès l’école : celle de la concurrence entre individus, celle de la réussite de quelques uns au détriment de tous les autres. Les difficultés de l’école, des élèves sont renvoyées à des causes individuelles en culpabilisant les familles et ne relèveraient pas de problèmes socio- économiques ou de société. C’est tout le sens de ce discours populiste réapparu sur le mérite, avec le fait que ceux qui veulent s’en sortir le peuvent. La référence à l’école d’âge d’or du passé où grâce à la discipline et au port de la blouse, tout marchait pour le mieux dans le meilleur des mondes scolaires. C’est ainsi que tous ceux qui par leur travail individuel se seront extraits de la fange des quartiers populaires auront le droit de quitter leur collège pourri du secteur pour aller dans le bon lycée, où l’Etat, Sciences Po et quelques grandes écoles donneront l’impression d’avoir fait leur bonne action puisqu’ils auront permis à quelques uns soi-disant les meilleurs de s’en sortir. Autrement dit aussi, ce discours signifie dans les faits qu’une large majorité des jeunes des beaux quartiers qui n’ont pas trop de problème de réussite scolaire seraient d’infatigables élèves travailleurs, tandis que la majorité des élèves des quartiers populaires seraient d’indécrottables fainéants. Leur non-réussite encore une fois, ne serait pas due à leur

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condition socio-économique et à celle de leurs familles mais à eux-mêmes et à la démission de leurs parents. D’ailleurs se seront les futurs pauvres de la société qui n’auront à s’en prendre qu’à eux-mêmes. Les futurs chômeurs fraudeurs, les futurs profiteurs des allocs, de la CMU… Quel est l’objectif de ce discours populiste sinon de diviser entre eux ceux qui ont déjà le moins ? Quelle victoire pour eux (le gouvernement) s’ils arrivent à détourner la colère du chômeur, du mal payé, du mal logé, du parent d’un élève en échec, sur son voisin d’à côté qui aurait prit sa place, sur l’enseignant incapable au lieu des vrais responsables d’une politique de l’école, mais aussi plus globalement d’une politique économique et sociale qui conduit à cette situation ? On pourrait certes considérer que je m’éloigne de l’école avec ces propos. Je dirais pour ma part que nous sommes au centre de la question car c’est bien le cœur d’un projet de société ultra-libéral pour lequel l’école est aujourd’hui modelée par ces réformes. Avec la destruction du sens même d’une véritable école de la république au service de la réussite de tous. C’est pour ça qu’on proteste et qu’on agit contre et c’est bien et il faut continuer. Et aujourd’hui même, la FCPE a appelé à un nouveau rassemblement départemental suite à une assemblée générale. Il commence d’ailleurs à y avoir quelques reculs : le report de la réforme des lycées, des EPEP, les modifications d’attributions gouvernementales qui sont pour une part significatives d’un certain échec du gouvernement à ne pouvoir faire passer certaines mesures sans réaction. Il ne s’agit bien entendu pas de crier victoire de façon inconsidérée, mais il faut quand même prendre la juste mesure du recul que cela signifie par rapport au rouleau compresseur gouvernemental qui est en marche et que rien n’est censé faire s’arrêter ou reculer. Mais pour mieux et plus faire reculer, pour imposer les bons choix que nous considérons devoir être pris pour notre part pour l’école, l’expérience croisée de notre engagement commun a aussi conduit à la conclusion de la nécessité de ne pas seulement se battre contre ces mesures, mais aussi d’élaborer, de construire, de proposer les mesures, les choix nécessaires à l’école que nous voulons, et c’est tout le sens de cette journée : expliquer, analyser, échanger, comprendre le pourquoi des mesures Darcos, mais aussi dire, proposer, élaborer, ce que l’on veut pour et de quelle école, de la maternelle au lycée, ont besoin nos enfants, nos jeunes. Et quelles mesures, quelles véritables réformes, quel service public de l’éducation est nécessaire et développé à cette fin ? Ces assises sont donc largement ouvertes comme vous le voyez, mais certes elles ne sont pas neutres, leur titre même d’ailleurs est significatif, il s’agit des assises de l’école de la réussite pour tous. Il s’agit donc d’une journée ouverte à tous les citoyens souhaitant s’inscrire dans une démarche de réflexion et d’élaboration de propositions, de revendications, pour cette école démocratique nécessaire de la réussite pour tous. Elles sont construites pour permettre des appropriations et des réflexions croisant l’apport de pratiquants, militants de l’école, de leur place d’enseignants, de parents, de chercheurs, d’institutions et d’autres intervenants dans le domaine de l’éducation. Après donc les interventions de Brigit Cerveaux et de René Delalande, nous continuerons dans le vif de ce sujet avec des interventions de paroles d’acteurs, ensuite il y aura un temps d’intervention de Stéphane Bonnery au titre de sa fonction de sociologue de l’éducation, mais aussi de chercheur, mais aussi d’un citoyen engagé dans le combat pour une véritable école de

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la réussite pour tous, et à partir de l’ensemble de ces premiers éléments il nous est apparu qu’il y avait déjà largement matière à un premier débat entre nous en cette fin de matinée. Je dirais que là-dessus n’hésitez pas. Il n’y a pas d’avis ou de questions tabous interdits, idiots. Il s’agit d’un échange avec la place et les compétences spécifiques de chacun, et il ne s’agit pas de poser des questions de la part de ceux qui ne sauraient pas et ceux qui sauraient répondent. Personne ne détient la vérité toute faite mais nous prétendons justement construire ensemble la voie nécessaire pour l’école que nous voulons en rassemblant et en échangeant nos compétences, du chercheur en sciences de l’éducation, au parent d’élève, en passant par l’enseignant. Justement aucun des acteurs que notre ministre à aucun moment de ces réformes n’a jugé bon de consulter ni d’écouter.

Brigit Cerveaux – Formatrice IUFM Il m’a été confié le difficile exercice, au nom du comité, de présenter de façon synthétique les réformes engagées à l’école primaire. Par avance, je vous prie de m’excuser pour la longueur de mon propos, il était en effet difficile de faire plus concis sans risquer d’être réducteur. Avant toute chose, il convient de rappeler que les réformes Darcos trouvent leur origine dans la Loi d’Orientation de 2005, appelée Loi Fillon. Il ne s’agit pas de simples mesures d’ajustement dans une volonté de « lutte contre l’injustice sociale » comme l’a déclaré X. Darcos, le 22 janvier dernier. Présentant chaque mesure en dehors de toute logique sans lien apparent, le gouvernement tente en fait de masquer l’ampleur des remises en cause de fond et leur réelle cohérence. C’est l’identité même de l’école qui est attaquée. On assiste là, à une refondation totale de l’école. La démarche employée s’appuie sur une disqualification du système éducatif en instrumentalisant les difficultés des élèves en échec scolaire tout en occultant les progrès réalisés depuis plus d’une vingtaine d’années. Ainsi, les dernières statistiques (Etat de l’Ecole 2008 publié hier) font apparaître que le nombre de jeunes ne maîtrisant pas parfaitement la lecture serait, non pas de 15% comme ne cesse de le clamer le Ministre dans un discours repris et amplifié par les médias, mais de 4,9%. La stratégie à l’œuvre pour justifier la politique éducative, dans tous les domaines, et l’école n’est pas épargnée, est, tout en cherchant à recueillir les faveurs de l’opinion publique par des mesures qui peuvent paraître séduisantes, d’afficher un traitement individuel, et donc une responsabilité de l’individu, en réfutant des réponses et un traitement collectif. L’école a-t-elle failli dans son objectif de démocratisation ? Quel bilan justifierait un retour à une époque qualifiée de façon mythique « d’âge d’or de l’école » ? Pour mesurer l’ampleur des transformations, rappelons le taux d’accès aux différents bacs ces 50 dernières années.

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A la fin des années 50, moins de 10% d’une classe d’âge, début des années 80, 30%, aujourd’hui ils sont entre 63 et 65%.

En deux générations, le pourcentage de bacheliers a plus que doublé. Celui des sans diplôme a été divisé par 4.

On a bien là une élévation considérable, y compris chez les élèves des classes populaires, même si depuis le début des années 90 on assiste à une stagnation. Pour autant, ces quelques chiffres ne doivent pas nous faire oublier les jeunes qui sortent sans qualification reconnue et les insuffisances du système éducatif français qu’il faut transformer pour permettre la réussite de tous.

Source : Insee, enquêtes Emploi du 1er au 4ème trimestre 2003 publiée en décembre 2008. Il était impossible de développer l’intégralité des multiples réformes engagées, nous avons choisi de ne retenir celles qui nous semblaient essentielles, mais bien évidemment le débat permettra de compléter ce tableau. Seront donc traités :

1. La réorganisation de la semaine scolaire et la suppression du samedi matin 2. L’inflation des dispositifs d’aide : l’aide personnalisée, la fin des RASED, les stages

de remise à niveau. 3. Les nouveaux programmes 2008 4. Evaluations et mise en concurrence des élèves et des écoles 5. L’école maternelle 6. Budget 2009 qui se caractérise par moins d’enseignants 7. La formation professionnelle des enseignants 8. Base élèves ou le fichage des enfants dès l’école 9. Pour conclure …provisoirement

La réorganisation de la semaine scolaire et la suppression du samedi matin. Sans aucune concertation, ni avec les enseignants, ni avec les parents d’élèves, ni avec les élus locaux, le Ministre annonce en 2008, à l’attention des familles, la suppression du samedi matin dont l’effet immédiat est la perte sèche de 2 heures hebdomadaire pour tous les élèves, alors que dans le même temps les programmes sont modifiés dans le sens d’un alourdissement des savoirs. Il indique que ces heures seront redéployées afin d’instituer « une aide personnalisée pour chaque élève en difficulté sur 2 heures hebdomadaires ».

• Pour ces élèves qui éprouvent déjà des difficultés, la journée va se trouver rallongée, alors que nous détenons déjà le record de la journée la plus longue.

• L’aide personnalisée n’est pas destinée aux élèves en grande difficulté. • Pour eux, il existe un dispositif d’aides spécialisées appelé le RASED, constitué de

personnels spécialisés (formés et diplômés) dont les finalités sont rappelées par un BO de 2002 : « Le RASED contribue à assurer, avec les équipes pédagogiques, d’une part, la prévention des difficultés préjudiciables à la progression dans le cursus

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scolaire (…) et, d’autre part, la remédiation quand les difficultés s’avèrent durables (…). »

• Or, le Ministre annonce officiellement dans le cadre du budget 2009 la suppression de 3000 postes de RASED (alors que leur nombre est actuellement insuffisant). Il justifie cette suppression par le recours désormais à l’ensemble des enseignants dans le cadre de l’aide personnalisée. Ce qui se traduit concrètement dans le département par 99 suppressions de postes sur les 246 postes des RASED. Sur Champigny, cela représente plus de la moitié des postes.

• Qui peut croire que l’aide personnalisée peut remplacer l’aide spécialisée ? • Par qui ces élèves qui ont des besoins particuliers seront-ils dorénavant pris en

charge si ils ne le sont plus dans le temps scolaire ? Les familles n’auront-elles comme seul recours que de faire appel à des structures privées?

• On assiste bien à une externalisation du traitement de la difficulté scolaire, remettant ainsi en cause un des fondements de l’école publique : l’égalité de traitement.

En outre, le dispositif d’aide personnalisée, mis en place depuis octobre 2008, donne lieu à des mises en œuvre très différentes selon les départements et au sein même du Val de Marne, selon les communes, selon les écoles. Il est l’objet d’une critique et d’une opposition déterminée des enseignants (et aussi de parents) qui a pris la forme de différents types de luttes qui va jusqu’à refuser sa mise en oeuvre car il est considéré comme inefficace sur le plan pédagogique et désastreux pour l’avenir de l’école. Cette désobéissance de mise en œuvre vient de sanctionner durement un enseignant, Alain Refalo par un retrait de salaire et la privation de son avancement. Du jamais vu !

- Au-delà de l’aide personnalisée, Il convient de rappeler que l’on assiste à une inflation et un empilement de dispositifs spéciaux d’accompagnement hors de l’école, l’accompagnement éducatif, « cette école après l’école » pour ceux que le Président de la République a appelé, les « orphelins de 16 heures » à quoi s’ajoutent, « l’école ouverte » et les « stages de Remise à niveau » pendant les vacances et les différents dispositifs de type « coup de pouce » qui seront évoqués de façon plus détaillée dans le cadre de l’atelier spécifique de cet AM.

- Tous, renvoient à cette orientation très contestable qui voudrait que désormais il faudrait plus de « hors de l’école » pour accéder aux savoirs de l’école.

Toutes ces aides qui semblent si bienveillantes, dans un élan compassionnel d’empathie à l’égard des moins chanceux (le Ministre se flatte de pouvoir offrir des cours gratuits aux familles des milieux défavorisés) ne peut masquer que cela justifie pour le gouvernement la suppression des postes de RASED au motif que désormais, le soutien sera apporté aux élèves dans le cadre de l’aide personnalisée. Cette question de l’aide personnalisée et des RASED sera l’objet d’interventions et développée lors d’un atelier spécifique cet après-midi. Les nouveaux programmes de 2008 que l’on pourrait qualifier de « nouveaux vieux programmes », on y retrouve de nombreux éléments des programmes de 1923 :

20 février 2008 : Comme pour la réorganisation de la semaine scolaire, le ministre annonce la mise en œuvre de nouveaux programmes pour la rentrée 2008 sans aucune consultation des enseignants ni des chercheurs spécialistes des disciplines.

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Comme si on imposait aux médecins de nouveaux outils sans recueillir leur avis, leur expertise.

Il ira même jusqu’à interdire les documents d’accompagnement des programmes de 2002, outils élaborés antérieurement par le Ministère pour les enseignants dans le repérage des difficultés des élèves, des troubles du langage, de l’apprentissage de la lecture ou de l’enseignement scientifique. Ces nouveaux programmes sont en rupture avec les programmes précédents de 2002 (qui avaient fait consensus et qui avaient obtenu l’aval de Mr Darcos lui-même) dans l’équilibre des matières. On assiste à un recentrage sur le français et les mathématiques. Ils sont élaborés dans une conception mécaniste de l’apprentissage (notions abordées beaucoup plus tôt, apprentissages recentrés sur les techniques opératoires et les répétitions systématiques) qui privilégient l’apprentissage par cœur à l’intelligence. Comme si il suffisait de répéter et apprendre par cœur pour mettre un terme à l’échec ! Condamnation largement partagée par la communauté éducative puisqu’elle a donné lieu en mars 2008 à un appel de 19 organisations (regroupant enseignants, parents d'élèves, associations péri éducatives et mouvements pédagogiques, avec l’appui de l’ensemble des chercheurs dans les différentes disciplines) dénonçant le caractère «rétrograde» de ces programmes et le risque de mise en difficulté accrue des enfants les plus fragiles. Les évaluations CE1- CM2

• Les précédentes évaluations nationales concernaient les élèves de CE2 et de 6ème

• Elles avaient pour objectif de mesurer les acquis des élèves et de permettre de repérer et de remédier aux difficultés rencontrées par les élèves.

• Ces nouvelles évaluations posent de multiples problèmes : • Elles évaluent des compétences qui n'auront pas encore été étudiées à cette période de

l'année ! (maîtrise des fractions, des calculs d'aires ou du plus-que-parfait). Evaluer des connaissances non encore étudiées en classe est un non sens pédagogique. En fait, ces évaluations ne permettent que de mesurer le niveau culturel de la famille puisque les notions ne sont pas encore enseignées à l’école

• En outre, le mode de correction retenu qui est binaire (réussite ou échec) n’opère pas

de distinction selon que l’élève aura commis 1 erreur ou 7 erreurs sur 8, dans les 2 cas, une seule évaluation : nul.

Cela ne prend pas en compte les réussites partielles et dénature ainsi les résultats des élèves et plus globalement de l’école avec le risque d’un « bachotage » pour réussir le test. • Alors, si ces évaluations ne permettent pas d’effectuer un bilan objectif des savoirs

maîtrisés, on peut se demander : à quoi servent-elles, quel est l’enjeu réel ? • S'agirait-il pour le ministère de prouver que « les résultats de l’école primaire ne

cessent de se dégrader », ce qui permettrait ensuite de justifier et développer la sélection et l’orientation précoce ?

• On sait que dans de nombreux pays ce pilotage par les performances s’accompagne d’une mise en concurrence des établissements.

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• On peut penser que X. Darcos qui avait aussi prévu la publication des résultats école par école, ira dans le même sens. Il est donc à craindre que l’objectif poursuivi ne soit pas du tout de nature pédagogique pour favoriser la réussite de tous les élèves.

• On voit combien ces évaluations servent moins au progrès et à l'acquisition des savoirs du programme par tous les élèves, qu’à classer les élèves, ce qui ne manque pas d’ interroger sur le sens que la société veut donner à l'école...

Dernière nouvelle ! Evaluations CM2 …en totale illégalité ! Une mère d’élève a interrogé la CNIL sur la légitimité de la saisie des résultats des évaluations. La CNIL a répondu que le dossier a été déposé par le Ministère de l’Education Nationale le 13 janvier et n’a pas encore été traité par la CNIL. Aussi, en l’absence d’enregistrement auprès de la CNIL, la saisie des résultats dans ce fichier n’est pas légale. Les enseignants ne sont donc pas tenus d’obéir à cette injonction ! S’agissant de l’école maternelle, On peut s’interroger sur son avenir. Je me limiterai à quelques indications puisque l’Ecole Maternelle sera le thème d’un atelier spécifique cet après-midi. Dès la rentrée scolaire, le ton était donné par le Ministre de l’Education lors de son audition au Sénat, en déclarant : “Tout le monde sait très bien qu’en France, si nous scolarisons si tôt des tout petits enfants, à 2 ans ou 2 ans et demi, ce ne sont pas pour des raisons scolaires, mais parce que ça arrange les communes, les maires, parce que ça empêche de fermer des classes... » , « Est-il vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits de l’État, que nous fassions passer des concours à bac + 5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur faire changer les couches ?” Depuis, devant la légitime colère des enseignants, il s’est employé à tenter d’affirmer son attachement à l’Ecole Maternelle dont le rôle éducatif, en particulier en matière d’apprentissage du langage, est essentiel. Les recherches ont systématiquement relevé que la fréquentation de l’école maternelle procure un avantage pour la suite de la scolarité, tant sur le plan des acquisitions, qu’en terme de carrière scolaire en réduisant la probabilité de redoubler une classe, et notamment le cours préparatoire. Les effets étant d’autant plus positifs que la scolarisation en maternelle a été longue. Autrement dit, a débuté tôt. Alors on peut s’interroger sur la teneur de ses propos et le sens de certaines propositions ou dispositions déja en oeuvre :

• L’annonce, dans un rapport du député Tabarot, en juillet 2008, de la création de

jardins d’éveil pour les enfants de 2-3 ans au sein des écoles maternelles qui fonctionneront par transfert de compétence aux municipalités. Ce mode d’accueil inclurait une participation financière des familles.

• En parallèle, depuis plusieurs années, on assiste à la suppression progressive de l’accueil des enfants de 2 ans dans les écoles maternelles, même dans les écoles

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situées en ZEP, ce qui contredit les textes officiels qui indiquent (BO de Sur les « Principes et modalités de la politique de l’Education Prioritaire » ) que la « priorité soit donnée à l’accueil des 2 ans » (leur taux de scolarisation est inférieur à 10%)

Il sera ensuite aisé de se servir de la scolarisation en maternelle comme une variable d’ajustement, en réfutant que cela aura pour effet de renforcer les inégalités sociales face à l’Education. Cela sera particulièrement vrai pour les enfants des familles les plus éloignées de la culture de l’école et pour lesquels la scolarisation précoce constitue un atout important pour la suite de leur scolarité. Budget 2009 : 13 500 postes d’enseignants supprimés Cela se décline :

• Pour les écoles maternelles et élémentaires : par 16 000 élèves de plus attendus mais 6 000 postes en moins la suppression de

• 3000 personnels de RASED • 3000 postes de PE2 (stagiaires IUFM)

Pour le département du Val de Marne, cela correspond à 20 postes pour une prévision de 850 élèves en plus, soit 1 pour 42,5 élèves. Sans compter la suppression des postes des RASED Une dégradation sans précédent depuis 1996 !

A quoi, il convient d’ajouter, • Le remplacement des enseignants assuré par des vacataires

Récemment, Xavier Darcos a confirmé la mise en place dès 2009 de la création de l’Agence nationale du remplacement, qui pourra employer des maîtres non formés et précarisés. Ce qui va déboucher sur le recrutement de personnel à statut précaire et sans formation pour assurer la classe.

• Ce sont sans doute toutes ces suppressions de postes qui permettent le recrutement, sur des emplois aidés, accentuant encore la précarité, de 5 000 médiateurs pour lutter contre l’absentéisme…

• D’évidence, au cœur de tout ce bouleversement du système éducatif, c’est la question des choix budgétaires traduction d’ orientations fondamentales. Or, cette question n’est jamais évoquée frontalement : serait-ce qu’économie et pédagogie ne feraient pas bon ménage ? Depuis des années les enseignants, souvent aux côtés des parents demandent un autre investissement éducatif. Ils soulignent que l’Ecole ne répond pas au niveau de formation attendu dans notre pays pour tous les salariés, donc pour tous les enfants. Un réel débat national doit être engagé sur cette question, avec le souci de réellement écouter ses acteurs et ses usagers, et d’en déduire les moyens que la nation veut consacrer à l’éducation des ses enfants et les choix à opérer en terme économiques pour y parvenir.

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Du côté de la formation des enseignants : On peut s’interroger si pour le Ministère, enseigner est-ce encore un métier qui s’apprend ?

Septembre 2008 : le ministère lance la réforme de la formation des enseignants. Dispositif actuel : recrutement à bac + 3, suivi d’une année de formation professionnelle rémunérée dans les IUFM, comprenant alternance de cours théorique et stages en responsabilité suivi d’un stage de 3 semaines lors de leur première année d’exercice Dispositif futur : Concours à bac + 5. Première conséquence : éloigner plus encore de l’accès au métier de l’enseignement, les jeunes issus des classes sociales qui ne peuvent offrir 5 ans d’étude non rémunérée à leur enfant. Après la réussite du concours, affectation à plein temps dans une classe. L’aide et le suivi seront assurés par des enseignants référents (qualification non précisée si ce n’est une expérience professionnelle exigée de 10 ans), sans doute les collègues de l’école. Sur quel temps dégagé ?, sur le temps personnel, après les heures d’aide et de soutien pour les élèves.

Alors que, pour former un enseignant, il faut une formation initiale et continue longue et approfondie, combinant apports de la recherche, approches théoriques et pratiques professionnelles avec les élèves. Le projet ministériel constitue un recul majeur dans la formation des enseignants et ainsi, ne permettra pas l’émancipation intellectuelle de tous les élèves. Nul doute qu’il s’inscrit pleinement dans la cohérence des mesures éducatives.

Base élèves

En 2004, le Ministère de l'Éducation nationale a décidé de mettre en place un fichier informatisé centralisé nommé Base-élèves dont les données peuvent être accessibles à d'autres secteurs que l'Éducation nationale.

Des fichiers informatiques existent déjà, un peu partout pour la gestion des élèves, dans les mairies et dans les écoles. Mais il s'agit de fichiers dont les données ne sortent pas des écoles ou des mairies

Avec Base élèves, le projet initial incluait pour chaque élève l’inscription de données personnelles : informations sur la situation sociale et professionnelle des parents, la nationalité, la date d’arrivée en France, l’absentéisme, les besoins éducatifs particuliers, la langue parlée à la maison, les aides du RASED auprès de l’élève, les modalités et le temps de scolarisation, …

De plus, d’autres institutions (police, justice, …) pourraient y accéder dans le cadre de la loi de prévention de la délinquance de mars 2007 et du décret d’application de février 2008, il peut être un instrument de contrôle social et de répression. L’école ne serait donc plus un lieu de neutralité et de protection des enfants …

« Base-élèves » a été mis en place sans que les premiers concernés, les parents en soient informés. Il n’a fait l’objet d’aucun débat parlementaire (cf fichier Edvige).

Ce fichier pose des problèmes éthiques majeurs.

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Il représente une atteinte grave à la vie privée des enfants et de leurs parents (analyse partagée par les fédérations de parents FCPE, les syndicats d’enseignants mais aussi des municipalités),

Il s’inscrit dans une logique de surveillance de la jeunesse alors que dans le même temps le gouvernement supprime les dispositifs de préventions.

Il constitue un outil pour justifier les restrictions budgétaires (fermetures de classes, baisse de moyens).

La mobilisation engagée l’an passé, en particulier à Champigny a permis de très légers reculs, mais on est loin du retrait du fichier qui était revendiqué. Il convient donc de rester mobilisés.

Pour conclure...provisoirement Parce que l’Education est …… l’avenir Qui peut croire Qu’avec des programmes plus lourds … Moins d’heures de classe … Des enseignants moins nombreux … Moins formés … Des inégalités accrues entre élèves et entre écoles … Il sera possible De mieux faire réussir tous les élèves ? Et donc, la question qui se pose à nous est : Quel projet pour une école démocratique oeuvrant réellement à la réussite de tous ?

René DELALANDE – Enseignant lycée Les reformes Darcos dans le second degré ont pris le problème du lycée dans le mauvais sens. Au lieu de commencer par réfléchir à la mission du lycée dans sa globalité, son but, ses finalités, c'est à dire par le cycle 1ère /terminal qui détermine les contenus d'enseignements, il a commencé par la seconde en prenant en préalable encore une fois non les contenus de ce que l'on devrait y enseigner et comment y faire réussir les élèves mais la baisse horaire et comment faire que le enseignement tiennent dans les horaires impartis. Cela conduit à l'appauvrissement des contenus de formation la suppression d'options, la semestrialisation .La grande idée est la modularisation du lycée. La mise en place a marche forcée à la rentrée 2009, sans réflexion , était inacceptable. Nous demandons avant toute reforme un débat sur les finalités du lycée. Nous voulons un lycée qui permette aux élèves de seconde un véritable choix d'orientation. Le cycle terminal doit offrir une plus grande diversité de parcours cohérent que les series actuelles ne le permettent. Un meilleur encadrement du temps de l'élève dans les domaines de l'aide, du soutien et du travail personnel. La semestrialisation n'est pas une solution miracle en soi, la diminution de l'horaire élève un principe acceptable. L'effacement des voies et des séries actuelles est une fausse piste même si l'architecture actuelle doit être revue pour augmenter les possibilités de choix des élèves.

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La reforme entérine également la généralisation des bacs pro 3ans et conduit à la mise à mal de la voie technologique facteur essentiel de diversification et de démocratisation du lycée comme nous le verrons dans l'atelier.

C'est ce qui nous a conduit a refuser et à nous battre contre cette reforme.

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Paroles d’acteurs

Catherine Cerveaux – Enseignante maternelle Catherine Cerveaux, je suis enseignante en maternelle à Champigny Lorsque j'ai commencé à participer à la préparation des Assises, des menaces pesaient sur l'Education Nationale. Il se trouve que les attaques sont maintenant réelles (les enseignants spécialisés ont été informés précisément des conditions de démantèlement des réseaux d'aide) En ce qui concerne l'Ecole Maternelle, en même temps que M. Darcos évoque une surqualification des enseignants, on entend parler de la création de Jardins d'éveil en remplacement des classes des plus petits Il existe une expression qui dit "quand on veut noyer son chien on dit qu'il a la rage" Est-ce que M. Darcos serait en train de dire que la maternelle a la rage? Je participe à ces Assises :

• pour préciser quelles mesures vont réellement être prises prochainement, c’est à dire quelles classes vont réellement disparaître de l'Education Nationale, avec les conséquences que cela aura.

• quel danger il y aurait à ce que ces mesures s'étendent aux autres sections de maternelle, parce que ce danger me semble tout à fait réel

J'enseigne en maternelle depuis maintenant presque 20 ans, dans une école qui se préoccupe de la réussite et du bien-être de ses élèves, considérant l'enfant dans sa globalité -tenant compte de facteurs sociaux, familiaux, psychologiques... et élargissant sa mission d'enseignement à des actions culturelles (théâtre, arts plastiques..) et citoyennes (c'est à la maternelle qu'on met en place les règles de la collectivité) J'ai vu bien des enfants s'épanouir et reprendre le cours de leur scolarité grâce à l'intervention des réseaux J'ai pu bénéficier d'une formation continue me mettant en relation avec les domaines juridiques, médicaux, sociaux, relatifs à l'enfance J'ai pu assister ou mener à bien des actions culturelles de grande qualité, grâce à des partenariats avec des associations à vocation artistique ou scientifique- et en bénéficiant de l'aide éclairée de conseillers pédagogiques spécialisés C'est peu dire également que d'un point de vue purement scolaire, la maternelle est "chevillée" à l'école élémentaire, ses programmes ayant jusqu'ici été proposés en continuité avec l'élémentaire, les enseignants ayant une formation et une qualification commune. (Mes collègues et moi-même sommes formés pour enseigner jusqu'au CM2) Et quant à une surqualification des enseignants justement, c'est à l'infini qu'il faudrait être diplômé pour s'occuper d'une classe d'âge qui doit aborder les notions fondamentales des apprentissages, requérant en même temps tout l'attention et le professionnalisme que nécessitent de très jeunes personnalités en construction

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J'espère ici, rencontrer des usagers et des partenaires,pour reposer la question de ce qu'on peut souhaiter comme accueil de la petite enfance dans un pays comme la France, quand on sait que notre maternelle actuelle fait des envieux ailleurs, de ce qu'on risque très réellement et prochainement de perdre si l'école maternelle disparaît avec quelles conséquences :

• pour les familles : conséquences financières, conséquences sur les chances de réussite de leur enfant

• pour la société : les valeurs véhiculées actuellement par l'école, citoyenneté, respect de tous, n'étant certainement pas celles qui sous-tendent les projets de réforme!

• pour également imaginer des progrès à effectuer, des moyens à obtenir pour que cette école soit à la hauteur de ses ambitions.

Marc Alizon – Enseignant spécialisé RASED

« La machinerie de la réussite scolaire est bien trop grippée pour que l’on puisse encore croire que l’ajustement d’un seul rouage mettra en branle un moteur plus que jamais… à explosion » Sylvain Grandserre,

Maître d’école Boycotteur des évaluations de CM2 En matière d’éducation, les situations concrètes permettent de poser les bases d’une réflexion. Pour parler des RASED, je vous propose donc de partir d’un cas particulier d’enfant. Appelons cet enfant Dominique pour rendre évident que nous ne sommes pas là en présence d’une problématique de « genre ». Dominique a 7 ans et manifeste des difficultés persistantes à compter. Quand Dominique compte, Dominique dit : 1, 2, 3, 6, 11… ou encore 1, 2, 3, 5, 8, 12…ou toute autre séquence apparemment aléatoire de comptage. On pourrait se satisfaire d’affirmer que Dominique présente des troubles très importants de l’apprentissage numérique ou que Dominique a « des limites sur le plan intellectuel ». On peut s’enfermer dans le pathologique, confondre symptôme et maladie, s’inscrire dans une prétendue « théorie du manque », censée nous faire admettre que des élèves ont des « insuffisances » sur le plan des compétences cognitives et/ou des bases scolaires. On peut aussi noter que :

1. Le début de la suite numérique est stable : 1, 2, 3 2. La suite numérique est conventionnelle : l’ordre croissant est respecté 3. La suite numérique est sécable : les nombres sont individualisés, l’oralisation n’est pas

une litanie. Ce sont des conditions, certes insuffisantes, mais néanmoins nécessaires pour accéder au comptage puis au calcul pensé. Ce cas d’enfant nous aura permis d’illustrer une des dimensions de l’approche des RASED dans l’accompagnement des élèves en difficulté. Plus précisément, celle qui incombe aux enseignants spécialisés qui exercent en regroupement d’adaptation, et dont les missions reposent sur des projets d’aides à dominante pédagogique. Il s’agit tout particulièrement d’explorer les manifestations de réussite partielles et/ou provisoires de l’enfant pour :

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• aider l’enseignant de la classe à investir les potentialités scolaires et intellectuelles de l’enfant,

• aider l’élève à s’exercer en vivant des expériences de réussite.

Nous ne pouvons agir que si un postulat d’éducabilité est reconnu par l’école et la famille. Alors, il devient possible de centrer l’accompagnement de l’enfant sur ses propres besoins cognitifs à travers un projet individuel, mais aussi un projet de groupe, parce que, apprendre, c’est se construire avec ses pairs. Comprendre et aider : deux mots pour résumer une démarche complexe… En ce sens, nous nous inscrivons plus dans la question du « comment faire ? » que dans celle du « pourquoi ? ». On pourrait qualifier cette démarche d’approche de type clinique, non pas au sens contemporain mais historique du terme : le klinikos désignait celui qui exerçait au chevet du malade par observation directe. La comparaison s’arrête là : nous ne sommes pas des professionnels de santé, mais des enseignants qui ont renoncé, par identité professionnelle, à faire la classe. Une question majeure taraude l’école depuis quelques années. Qu’en est-il de la très grande difficulté et de l’échec scolaire ? Cette question reste ouverte, mais il nous faut rappeler que les RASED ont été pensés, à leur origine, comme des structures de prévention. Les RASED sont attaqués parce qu’ils occupent une position très fragile dans l’institution. Ils sont l’expression de la reconnaissance par l’école que tout enfant en difficulté doit être aidé. Les RASED sont attaqués parce qu’ils incarnent une certaine identité de l’Ecole Primaire. Il est normal d’éprouver de la difficulté quand on construit de nouvelles notions, de nouveaux savoirs. C’est l’ordinaire de l’école. Etre en difficulté scolaire, c’est autre chose. La première condition pour favoriser la réussite de tous, c’est de ne mettre aucun élève en difficulté. En ce sens il faut distinguer la mise en confrontation des élèves avec la difficulté d’apprendre et le fait de mettre les élèves en difficulté dans leurs apprentissages. Un élève difficile, c’est toujours un élève en difficulté. Un élève en échec, c’est d’abord un enfant ou un adolescent en souffrance, dans « l’évitement de la frustration et de l’inquiétude que provoquent les contraintes de la situation d’apprentissage » 1. Les RASED sont en cours de liquidation à l’école primaire alors que le dispositif aurait dû être étendu depuis longtemps au collège. C’est un terrible gâchis. Je terminerai par une illustration d’un autre gâchis qui interroge tout autant la réalité des finalités institutionnelles de notre système scolaire. Les chiffres que je vous communique sont extraits des statistiques officielles de la DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du Ministère de l’Education Nationale)2.

• 611000 lycéens inscrits en terminale, • 524000 bacheliers, • 76100 étudiants en classes préparatoires aux grandes écoles, • 10000 étudiants des classes préparatoires scientifiques candidats à l’X

(Polytechnique), • 400 reçus, • Les 11 premiers du classement de sortie à la fin des 3 années de formation intègrent

l’Ecole des Mines, voie impériale pour accéder aux postes de pouvoir.

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Qu’est-ce qu’une oligarchie ? Un régime politique dans lequel le pouvoir est aux mains d’un petit nombre. Qu’est-ce que la réussite scolaire ? Qu’est-ce que la démocratie scolaire ? L’école doit-elle s’inscrire dans une logique de performance ou réhabiliter une logique de maîtrise ? Quelle est sa finalité ? Etre meilleur que son voisin au point d’en devenir infréquentable ou apprendre à augmenter ses connaissances ? Il nous faudrait admettre la nécessité de trouver des réponses à ces quelques questions pour pouvoir espérer poser un jour les termes d’une réforme égalitaire et démocratique de l’Ecole en France.

1- Serge Boimare, psychopédagogue et psychologue-clinicien. 2- Chiffres 2006.

René Delalande – Enseignant lycée Ces assises sur l'Ecole doivent être un moment important qui nous permettra d'avancer ensemble pour une Ecole de la réussite pour tous. Enfants, jeunes, parents, enseignants, élus, devons réfléchir à ce que nous attendons de l'Ecole, quels espoirs nous y mettons, afin d'être clairs sur nos attentes et exigences et de nous battre ensemble pour les obtenir. Il est essentiel de savoir ce que nous voulons construire pour faire face à un ministère et un gouvernement qui ne pensent qu'à casser.. Je suis impliqué professionnellement ( prof au lycée Langevin Wallon) et syndicalement ( au SNES syndicat FSU du second degré) par ce qui concerne le second degré, les collèges , les lycées et plus particulièrement la voie technologique. Nous devons nous poser un certain nombre de questions d'ordre plus général: Quel rôle pour l'Ecole, le collège, le lycée aujourd'hui? Qu'est-ce que réussir ? Pourquoi suivre des études ? Aller à l'Ecole jusqu'à l'age de 16 ans semble aller de soi, malgré les décrochages . Le collège est plus ou moins calé sur cette limite de la scolarité obligatoire, sa vocation est donc d'accueillir tous les jeunes. Répond-il pour autant au collège unique tel qu'on le conçoit? Si sa mission est d'ouvrir à une culture commune, tout le monde doit-il l'acquérir de la même façon? Comment éviter les décrochages et permettre à tout le monde d'arriver positivement jusqu'en troisième sans que pour certains cela ne relève de la torture? Une fois arrivé à ce palier on peut considérer que les difficultés ne font que commencer. L'intérêt d'un jeune aujourd'hui, particulièrement avec la crise, est de poursuivre ses études et d'acquérir le diplôme le plus haut possible. C'est le gage de l'insertion durable dans l'emploi et de pouvoir y évoluer. Ce sont d'ailleurs les emplois sans qualification ou les moins qualifiés qui sont le plus durement touchés. Pour le moins, l'Ecole ne doit pas laisser le jeune sans un premier diplôme professionnel type CAP ou BEP. Tout le système scolaire devrait donc tendre à donner l'envie au jeune de suivre des études et d'acquérir une formation professionnelle. L'orientation est un moment crucial .Elle ne peut pas être basée sur les seuls besoins de l'emploi et des entreprises, l'information aux métiers, comme cela semble devenir la règle. Même si on ne peut ignorer l'environnement social, économique et de l’emploi, le facteur

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primordial doit être le jeune. Seuls des professionnels, conseillers psychologues, peuvent les aider à trouver leur voie et faire leur choix. Au niveau du lycée, je ne pense pas qu'il y ait une réponse unique mais au contraire cela passe par la diversification des voies de formations, pour permettre au jeune de progresser à son rythme et selon ses goûts. Pour certains, des paliers sont nécessaires et c'est la raison pour laquelle nous condamnons la généralisation du Bac pro 3 ans qui supprime le palier du BEP. Des passerelles devraient exister pour passer d'une voie à l'autre avec des perspectives de réussites. Dans les faits, suite à la généralisation des bac pro 3ans, toutes les classes d'adaptation sont supprimées par le rectorat dans les structures des établissements. C'est inacceptable. A tous les niveaux le jeune doit pouvoir trouver l'aide et le soutien nécessaires pour suivre et réussir mais il ne s'agit pas de supprimer des connaissances pour tous pour assurer cette aide à quelques uns. Deux facteurs nous paraissent également essentiels pour qu'un jeune ait envie de suivre des études. La proximité de la formation, et l'attractivité de la formation. Le jeune doit pouvoir trouver à proximité de chez lui une formation qui l'intéresse, qui lui donne l'envie commencer des études, d'aller jusqu'au Bac , puis de continuer . Nous pensons que sur une ville comme Champigny l'offre de formation devrait être la plus large possible. Dans les faits la voie générale est en train de disparaître , la voie technologique particulièrement pour l'industrielle exsangue . Sommes nous voués au tertiaire et au sanitaire et social ? Nous vous proposons de comparer l'offre de formation sur Champigny et celle offerte à St-Maur lors de l'atelier lycée de cet après-midi. La réalité est édifiante. Les dotations horaires pour la rentrée prochaine ne font que renforcer notre inquiétude. Les reformes Darcos ont pourtant été repoussées à l'an prochain, mais les fermetures de postes sont actées dans le budget indépendamment de la réforme. La démagogie qui consiste à supprimer des heures et des cours aux élèves pour leur faire plaisir, est-elle réellement la réponse que les jeunes attendent ? réussiront - ils mieux, avec moins ? Dans nos classes un certain nombre d'élèves ont des difficultés et en souffrent. Le remède peut-il passer par la suppression d'heures et des contenus de formation. Même si dans un premier temps il peut paraître attirant pour les jeunes d'avoir moins de cours, sont-ils vraiment dupes ? Plutôt que leur demander moins pour résoudre les problèmes, réfléchissons de quelles aides, ils ont besoin. Un diplôme ou une qualification n'ont de valeur que par le niveau et le contenu de formation qu'ils représentent. C'est ce qui permet à terme une insertion dans l'emploi de manière durable. Ce sont les raisons pour lesquelles nous vous proposons l'atelier sur les filières à Champigny. Quelles filières, quelles options développer dans nos lycées pour donner l'envie aux jeunes de se lancer dans des études, d'y réussir et de s'insérer professionnellement et socialement? Ne laissons pas les autres choisir pour nous. C’est l’avenir des jeunes campinois qui est en jeu

Gérard Oliver – Parent d’élèves

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Bonjour, je m’appelle Gérard OLIVER, je ne suis ni enseignant, ni membre de syndicat ou d’association, je suis juste père de deux enfants scolarisés à Champigny en maternelle et primaire et qui donne un peu de son temps comme élu de parent d’élèves. Si je devais résumer mon intervention, je dirais « INQUIETUDE ET PERPLEXITE ». Tout d’abord je voudrais vous parler du samedi matin... bien sûr, j’ai trouvé l’idée de ne plus me lever pour amener mon enfant à l’école séduisante... maintenant on a deux jours pleins à partager. Mais personnellement en tant qu’enfant je me souviens du samedi matin comme d’un moment particulier, sans stress, une demi-journée à l’ambiance différente ou nous prenions le temps de revenir sur les éléments vus en semaine. Plus tard en tant que parent, le samedi matin était une opportunité d’échanges avec les enseignants et le lieu de vie de mon enfant... je travaille en semaine et n’ai de contact avec l’école que le samedi. On a longtemps reproché aux parents d’avoir désinvesti l’école... maintenant c’est plus simple on les en a éloigné... éloigné pour semble-t-il y faire n’importe quoi. Je n’ai jamais vu autant de réformes de l’éducation où l’on parle aussi peu de l’enfant. On a changé la semaine scolaire sans un mot au sujet du rythme de l’enfant. On parle de la réussite soit, mais jamais de ses conditions... Personnellement, j’ai découvert le RASED il y a un an, je ne comprends pas comment on peut nous faire croire que le soutien sera plus efficace (même si le RASED n’était pas parfait). Cela n’est pas la même chose, cela ne s’adresse pas aux mêmes enfants, cela ne résoud pas les mêmes problèmes. Cependant, comprenez la stupeur d’un parent quand les enseignants nous disent qu’ils vont geler les heures de soutien, c’est difficile à avaler... c’est comme si un médecin refusait de vous soigner... Mais, en même temps, comment nous faire croire qu’on va sauver un enfant de l’échec scolaire en lui rabachant ce qu’il n’a pas compris jusqu’à ce que cela rentre, jusqu’à ce qu’il abdique. Qui plus est, en le gardant en classe pendant le midi ou après l’école pendant que ses copains jouent dans la cour ou sont rentrés chez eux. Je ne peux pas imaginer que le soutien ne soit pas vécu comme une punition, une exclusion, on le prépare peut-être ainsi mieux à son avenir. Et je ne parle pas de l’aide personnalisée (ah si c’est pareil que le soutien), de l’accompagnement éducatif, des ateliers de réussites scolaires... Comment peut on nous faire croire en augmentant la durée de la journée d’un enfant de 8 ans qu’on va résoudre ses difficultés... Je ne pense pas que le « TRAVAILLER PLUS POUR REUSSIR PLUS » s’applique aux enfants (en tout cas certainement pas dans la même journée). D’ailleurs la diminution du nombre d’heures d’enseignement s’est accompagné d’un programme plus conséquent... il faut qu’on m’explique. Je n’ai pas de solution miracle à proposer, je me retourne alors vers les hommes et les femmes de l’art, les « sachant » ou tout du moins les « faisant »... et ce que j’apprends ne me rassure pas. Comment expliquer une évaluation sur des nouveaux programmes passée en cours d’année sur des éléments que l’enfant n’abordera qu’en fin d’année... l’école n’est pas un jouet, c’est le lieu de vie, d’apprentissage et de socialisation des gens qui feront le monde de demain... Nous parents, nous ne pouvons pas laisser faire sans rien dire... nous devons réinvestir l’école et profiter des opportunités d’échanges et de dialogue. Ces assises en sont une.

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Je pense que M. Darcos à des comptes à régler avec le corps enseignant. Il ne faut pas qu’il oublie qu’il a avant tout des comptes à rendre à nos enfants... Peut être tout cela n’est qu’une mauvaise communication, un manque d’explication, de pédagogie. Alors si vous aussi comme moi, vous avez besoin de soutien ou d’aide personnalisée pour comprendre ce qui se passe dans l’école de vos enfants, venez en discuter avec nous cet après-midi lors de l’atelier d’échanges, de réflexions et de propositions sur l’aide et le soutien, Merci.

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Valérie Zélioli – Maire Adjointe en charge de l’enseignement Nous sommes dans une période essentielle pour l’avenir de notre système de formation qui malgré de nombreuses attaques ces dernières années reste de bon niveau dans une vision de réussite de tous. L’éducation est au cœur des préoccupations des familles comme le montre un récent sondage indiquant que 69% des français considèrent que l’école joue un rôle important pour favoriser l’égalité des chances. C’est de loin la première institution à remplir ce rôle. Au lieu de conforter les efforts nécessaires, l’Etat se désengage de plus en plus. Les mesures gouvernementales s’inscrivent dans un projet cohérent qui en réalité vise la destruction pure et simple de l’école de la République. C’est le choix d’une école inégalitaire plutôt que démocratique. Le service public de l’éducation se transforme en une individualisation des parcours en laissant de côté la majorité d’un objectif de réussite. C’est un système qui renforcera le tri social par la mise en concurrence de tous. Ce désengagement s’accompagne d’une aggravation des inégalités territoriales. Les mesures actuelles se font sans aucune concertation avec les enseignants, les parents ou les communes. Elles s’inscrivent dans une volonté de réduction des dépenses publiques, de renforcer le privé, de désengagement de l’Etat sur les collectivités locales. Elles participent d’une conception : former à moindre coût des individus « rentables », instaurer un système inégal. Cette réorganisation touche l’ensemble du système éducatif. Il y a une cohérence du projet de la maternelle à l’enseignement supérieur; ce n’est pas seulement une accumulation de mesures. La suppression du nombre de poste est au cœur de ces enjeux. On supprime depuis des années des postes en s’appuyant sur la baisse des élèves. Mais en 2009, c’est 5500 postes supprimés dans l’élémentaire avec une augmentation de 20000 élèves. Au total, si les projets vont au bout, c’est 140000 postes qui auront été supprimés entre 2002 et 2012. Alors que l’école publique en France depuis sa création est fondée sur une double direction, celle de l’Etat et des communes, depuis des années, les villes ont été évincées et elles sont simplement utilisées pour payer, pour réparer, pour faire face et même avec le service minimum d’accueil pour être impliquées dans des conflits dont elles ne sont pas les partenaires. En effet, les collectivités financent 23% des dépenses d’éducation contre 18% il y a quinze ans. Dans le premier degré, la participation des collectivités montent à 40% des dépenses (52% pour l’Etat). Cela rend encore plus inadmissible une évolution qui souhaite faire des collectivités des relais de la politique de l’Etat et une variable d’ajustement de la faiblesse des moyens de l’Etat. Tout cela va à l’inverse des efforts de la municipalité : projet éducatif local, centres de loisirs, accueil périscolaire, études dirigées, projets immobiliers et de rénovation des locaux… Tout cela est profondément modifié si l’ensemble des mesures gouvernementales se mettent en place. Les rencontres citoyennes que viennent de se tenir ont particulièrement mis en avant l’exigence de « la réussite pour tous ». Mais cela demande d’autres moyens et décisions, en particulier dans l’organisation du territoire. Pour ne prendre qu’un exemple, comment justifier que Champigny ne possède pas de classe prépa ou de BTS. La municipalité est mobilisée aux côtés des enseignants, des parents, des personnels, des jeunes, pour rétablir les moyens nécessaires pour l’école, repenser les contenus et les rythmes scolaires et rétablir l’égalité dans ce sens de la réussite de tous. En effet, il ne s’agit pas de rester au statu quo. Il y a besoin de faire évoluer notre système éducatif pour répondre aux enjeux actuels et lutter efficacement contre l’inégalité et l’échec

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scolaire. L’école doit se moderniser pour répondre toujours mieux à ses missions de services publics de qualité pour tous, créant les conditions d’une réussite de chacun. Je suis sure que nos échanges permettront d’avancer dans ce sens. Ces questions demandent l’engagement de tous, d’échanger, de confronter les avis et de faire des propositions et de notre point de vue des mobilisations nécessaires. C’est le sens de la mise en place du collectif école le 12 juin dernier pour l’avenir de l’école car dans notre ville, le dialogue et la concertation sont la règle. Et je crois que la tenue de cette rencontre justifie pleinement ce choix. Pour aujourd’hui, notre ambition est de mieux faire connaître l’ensemble des mesures et de permettre un débat plus large ; mais aussi de confronter les avis, de dégager des pistes de mobilisations, d’actions.

Stéphane Bonnery – Chercheur en Sciences de l’Education et Maître de conférence à l’Université Paris 8.

Bonjour à tous, Nous venons d’entendre des témoignages d’enseignants, de parents, d’acteurs du système scolaire, sur les conséquences pratiques des réformes. Je voudrais en complément partir d’abord de la difficulté que le système scolaire doit résoudre et du contexte dans lequel surviennent ces réformes. Bien sûr, je partage l’idée selon laquelle ces réformes vont considérablement empirer les choses, elles participent à casser l’école publique. Mais si la droite essaie d’avancer aussi fort dans son projet, c’est pour différentes raisons que je vais énoncer, et notamment parce que l’état de l’école jusqu’à présent était bouteille à moitié pleine, bouteille à moitié vide. Il faut comprendre pourquoi. Jusqu’à la fin des années 50, au début des années 60, (il faut le rappeler aux plus jeunes qui sont présents et qui n’ont pas connu cette période s’ils n’ont pas étudié l’histoire du système scolaire), autrefois donc les enfants de familles populaires (90% de la population) arrêtaient la scolarité à la fin de l’école élémentaire. Quand on a permis aux enfants de familles populaires d’aller plus loin, cela a eu plusieurs conséquences. L’école élémentaire et l’école maternelle ont changé de missions, elles doivent préparer pour des études longues. Autre conséquence, il fallait donner toutes les conditions, pour que l’autorisation de continuer se transforme en la réussite de tous dans les études. Or les choix qui ont été fait par les gouvernements de l’époque, ont été des choix d’entre deux : oui on autorise tout le monde à poursuivre en droit, mais on ne crée pas toutes les conditions pour que tout le monde puisse réussir. Il va falloir expliquer le pourquoi du comment mais dans un second temps. Regardons d’abord dans les classes comment cela se traduit au quotidien. Les difficultés dans les classes, des difficultés que doit résoudre le système scolaire… alors que les réformes en cours vont les accroître. Je vais vous parler de l’exemple d’un élève, Amidou1. Qu’il n’y ait pas de malentendu il pourrait s’appeler Christophe ou Jérémy, ça serait pareil. Ce qu’il faut retenir c’est qu’Amidou vient d’une famille très populaire qui n’a pas eu la chance de faire des études longues et donc qu’il arrive à l’école sans être dans la connivence avec le monde scolaire, il

1 Cet exemple et les conclusions qu’il permet d’illustrer sont tirés de l’ouvrage de recherche suivant où plusieurs autres cas sont illustrés : Stéphane Bonnéry, Comprendre l’échec scolaire, Paris, La Dispute, 2007.

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n’a que l’école pour apprendre l’école. Les enfants d’ambassadeurs des mêmes pays n’ont pas d’incompréhensions : il s’agit bien d’inégalités sociales et pas d’une fatalité selon l’origine ethnique. Donc rentrons dans la classe, parce que je crois que c’est utile pour les nombreux parents présents aujourd’hui de voir ce qu’est l’école aujourd’hui qui n’est pas l’école qu’ils ont connue : quand la société change, l’école change. Donc avec Amidou, nous sommes fin septembre début octobre en cours de géographie en 6ème. La prof de géographie veut leur enseigner deux choses pendant cette séance : apprendre la notion de relief en géographie et apprendre à faire une carte selon les principes cartographiques (les plaines en vert, les montagnes en marron de plus en plus foncées au fur et à mesure que cela s’élève, etc.). Voilà comment elle procède : elle distribue à tous les élèves, ce qu’on appelle un fond de carte, c'est-à-dire une photocopie de la carte de France avec des zones sur lesquelles il y a écrit +100 / +200 / +1000m mètres d’altitude… Et voilà comment elle va procéder, elle désigne la feuille, elle dit « vous voyez la petite zone où il y a écrit +2000? Alors pour colorier cette zone vous prenez dans votre trousse de crayons de couleurs, le marron le plus foncé dont vous disposez, vous coloriez cette zone de cette couleur là, ainsi que le petit rectangle où il y a écrit +2000 là en bas, parce que blablabla… ». Elle elle explique la fonction de la légende, tandis qu’Amidou, ayant entendu « cette zone là vous la coloriez en marron avec ce crayon là », prend le crayon adapté et colorie sans écouter davantage. Il croit faire ce qu’il faut en exécutant des consignes de réalisation. Mais pendant ce temps là l’enseignante explique… les notions qu’il faut apprendre en théorie grâce aux tâches proposées. Et puis il colorie le petit rectangle en bas, et il lève la tête il regarde où les copains en sont : « la prof elle a dit l’autre zone il faut la colorier », et hop… « Après elle a dit quoi du vert, pour quoi ? Pour cette patate ? allez c’est parti » et ainsi de suite, et de bout de tache, de bout de coloriages en bout de coloriages, il colorie bien toute la carte sans rien avoir compris à la tache, aux savoirs qui étaient articulés avec la tâche. C'est-à-dire à la notion de relief. Le soir, je le suis à l’accompagnement scolaire, et le pauvre animateur BAFA qui lui fait faire les devoirs (il faut regarder dans quelles difficultés on met les gens en transférant hors de l’école un certain nombre de missions), le pauvre animateur BAFA avec Amidou, ils ont dans le cahier de texte où est écrit « réviser la carte de géographie ». Donc qu’est ce qu’il va faire ? Il va avoir à sa disposition, les seuls outils qu’il a compris c'est-à-dire un produit fini colorié, et donc il va mémoriser. Il va mémoriser les emplacements par cœur. Et la fois suivante, il sait qu’il va y avoir un contrôle de connaissances. On distribue le contrôle photocopié, c’est un autre fond de carte, c’est la carte de l’Espagne sur laquelle il y a les mêmes codes, +100 / +200 / +1000, et on lui demande d’appliquer le savoir qu’il a appris. Cela provoque un scandale dans la classe « c’est déguelasse c’est pas ce qu’on a appris »… je vous passe les détails. Ce que cela témoigne, au-delà de l’anecdote qui peut prêter à sourire, ce sur quoi je veux attirer votre attention, c’est que personne n’est coupable individuellement dans cette affaire. Amidou entend 3 choses le matin à la maison avant de partir à l’école, trois choses de bon sens : tais toi (il se tait à peu près), écoute (il écoute mais on ne peut pas écouter toute la journée avec la même attention vous le savez, or justement le problème d’une partie des élèves c’est que comme ils ne connaissent pas les évidences du monde scolaires, ils ne savent pas ce qui est important et ce qui est accessoire. Il écoute pour réussir, pour avoir des bonnes notes, c’est de la bonne volonté). Et la 3ème chose qu’on lui dit c’est « fais ce qu’on te dit de

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faire ». Or il fait ce qu’on lui dit de faire sans imaginer qu’on fait pour apprendre, ce qui n’est pas si évident. La famille n’est pas coupable, la difficulté que rencontre Amidou, n’est pas une difficulté pathologique, c’est même une difficulté normale dans un processus d’apprentissage. Amidou n’est pas coupable, il n’est pas condamné à l’échec. Et j’insiste lourdement sur le fait qu’également l’enseignante n’est pas coupable, elle applique les programmes de 2002, au moment où je l’ai observé. Les programmes de 2002 disent la chose suivante (je cite de mémoire) « la carte n’est pas un exercice de pure mémorisation, la carte démontre, illustre, symbolise un concept », ça c’est dans les programmes. C'est-à-dire que l’enseignante a passé une énergie considérable pendant la séance à faire ce geste là d’aller-et-retour avec le doigt entre la carte et la légende « regardez cette tache on la colorie de la même couleur que la légende qu’il y a là », et elle montre le lien. Je vais employer un peu de jargon enseignant mais je le traduis, ce qui est attendu de l’élève ce n’est pas qu’il mémorise et qu’il récite seulement, c’est qu’il arrive à partir de l’exercice conceptualisé, du cas appliqué « relief de la France » à repérer la notion « décontextualisée », « le relief », symbolisée par le « code de couleur ». Il faut savoir « transférer » cette notion sur une autre carte, sur une autre situation. Là dessus, regardons ce qui a bougé en quelques décennies, il y a 30 ou 40 ans certains d’entre nous l’ont connu. Dans l’école élémentaire d’autrefois, qu’est ce qu’on demandait avant d’autoriser les élèves à poursuivre au collège ? Il y a avait deux façons d’enseigner le relief :

Première façon : on apprenait les cartes par cœur. Amidou aurait été un bon élève de la 3ème et de la 4ème République, et même il n’y a pas si longtemps que cela.

Deuxième façon : apprendre par cœur des textes dans un manuel, textes qui disaient à peu près la chose suivante « la Bretagne est rivée de criques escarpées… » c'est-à-dire des textes qui conceptualisent la notion de relief.

Le pari à l’époque c’était que lorsqu’on apprenait par cœur la carte ou le texte, peut être que les meilleurs comprendraient (et passeraient le concours des bourses) et les autres s’arrêteraient. Oui mais aujourd’hui le pari est que tout le monde continue donc il faut que tout le monde comprenne, et ce n’est pas si simple de l’enseigner. Ce n’est pas moi qui ai choisi la couverture du livre qui fait état de cette recherche (cf. ci-contre), c’est l’éditeur, et je vous la montre deux minutes (et ce n’est pas que pour faire de la pub…) car je trouve qu’elle illustre mon propos : c’est le penseur de Rodin affublé d’un bonnet d’âne. Ce n’est pas un enfant qui a un bonnet d’âne, ce n’est pas un enseignant, c’est le penseur de Rodin qui symbolise le monde intello… Quand on est familier de la culture scolaire, on a bien du mal à comprendre ce que les élèves ne comprennent pas, or les savoirs sont de plus en plus complexes dans notre société. Même dans les métiers qui autrefois requerraient peu de formation, aujourd’hui on demande d’analyser des situations, d’intervenir, de savoir réguler et pas seulement comme Charlot dans les Temps Modernes de savoir visser un boulon, même s’il y a encore des métiers où le poste de travail ne fait pas appel à l’intelligence des salariés. Mais même sur ces postes là le niveau de réflexion demandé est plus complexe qu’auparavant. Donc il est normal que si l’économie demande des travailleurs plus formés, on va y revenir, si la vie citoyenne (parce qu’il n’y a pas que le travail dans la vie), pour ne pas se laisser envahir par des informations si nombreuses qu’il est difficile de faire le tri pour ne pas se laisser manipuler, pour classer, pour comparer, pour se faire sa propre opinion aujourd’hui… même

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si l’on peut intervenir quand on n’est pas instruit, on a quand même d’autant plus d’outils pour intervenir qu’on maîtrise des savoirs complexes. La société pousse à cela. Donc il faut que l’école n’en reste pas à faire mémoriser par cœur (des cartes ou d’autres savoirs). Donc il faut que l’école amène les élèves à comprendre et certes une fois que c’est compris à retenir, parce qu’il ne faut pas opposer les deux. Mais le problème c’est qu’il ne suffit pas de le dire. Comment on fait si on supprime deux heures d’enseignement par semaine en élémentaire ? Le temps d’enseignement c’est très important, bien sûr cela a été dit tout à l’heure, les élèves les plus fragiles sont les plus fatigués, à la fin de la journée. Mais attention : la capacité de concentration c’est comme un muscle, plus on bosse plus on a la capacité de concentration. Et l’argument « journée trop chargée » est ambivalent, parce que le ministre l’utilise lui aussi en disant « semaine trop chargée » pour faire sauter le samedi matin, ça veut dire quoi ? Que plus les élèves ont du mal à se concentrer moins il faut les entraîner à se concentrer ? Où on va comme ça ? Parce qu’on voudrait nous faire croire que les élèves comme Amidou sont des élèves « en difficulté ». Les mots ont un sens sur ce qu’on nous impose comme façon de penser. « En difficulté » ça veut dire que c’est « en eux » cela fait partie d’eux, on n’y est pour rien c’est fichu d’avance. Dans cette perspective, ce ne serait pas la peine de donner à l’école d’autres moyens parce que de toutes façon on n’y arrivera pas. Pour ces élèves là on va juste récupérer les deux heures juste pour faire semblant de s’occuper d’eux, un peu de charité. On nous fait croire qu’il y aurait des élèves « en difficulté » d’un côté et de l’autres des élèves « brillants ». Mais ça veut dire quoi « brillant » ? Ça veut dire que ça brille « en eux » l’école ne serait qu’un abat-jour qui canalise ce qui brille chez les uns et chez les autres c’est noir tant pis on n’y peut rien on n’est pas là pour allumer la lumière. Vous voyez ce que l’on nous impose comme façon de penser ? Sauf que je vais vous donner une statistique du ministère de l’éducation nationale qui est très peu connue. Au niveau collège, avant que l’on ait fait le tri social, 54% des collégiens ont le parent déclaré comme étant le référent, qui est ouvrier, employé ou sans activité (ouvrier 27%, employés 17%, sans activité 10%). Attention ces parents là font leur boulot comme les parents d’Amidou, mais ça n’est pas vrai que le soir en révisant la carte de géographie on va pouvoir leur expliquer « attention tu t’es entraîné sur un exercice mais ce qui t’est demandé c’est pas de réciter cet exercice c’est de savoir appliquer la notion qu’il y avait dans cet exercice sur un autre exercice ». Ce n’est pas vrai qu’on va pouvoir faire ça à la maison, et il n’y a pas à culpabiliser les familles. 54% c’est la majorité, donc ce ne sont pas des élèves en difficultés, ce sont des élèves normaux. La minorité c’est ceux qui savent avant de venir à l’école, qu’à l’école quand on fait un exercice, le vrai but du jeu ce n’est pas de faire un exercice, c’est d’identifier dans l’exercice ce que l’enseignant veut transmettre. Cette minorité sait qu’un élève doit être un enquêteur permanent pour découvrir ce qu’il y a à apprendre, pour découvrir le sens scolaire des situations proposées à l’école. C’est ça la spécificité de l’école, ce sont des savoirs qui ne s’acquièrent uniquement par l’étude. Ça veut dire qu’il faut se poser et se dire à soi-même « attend, de quoi il s’agit là ? ». Les autres savoirs, ceux qu’on peut apprendre par l’expérience, on les apprend bien dans la vie de tous les jours, et ce n’est pas la peine d’aller à l’école pour les apprendre, parce que si à

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l’école on apprend, on enseigne ce que l’on peut apprendre dans la vie de tous les jours, ce n’est pas la peine d’enfermer les mômes 6 heures par jour, ils sont mieux ailleurs. Or la majorité des mômes n’ont que l’école pour apprendre les savoirs qui méritent l’étude. Pour apprendre en quoi ça peut être passionnant comme jeu intellectuel de faire des mathématiques, en quoi pour les lycéens ça peut être passionnant de comprendre par exemple dans la situation actuelle la différence entre différents économistes pour comprendre la crise. Les difficultés que rencontre Amidou ne sont pas des difficultés de nature particulière, ce sont des petites difficultés d’apprentissage, au début. Sauf qu’à force de ratés, les difficultés prennent de l’ampleur, les élèves se découragent, et là on rentre dans d’autres difficultés, d’ordre relationnel… Mais ce n’était pas joué d’avance. En cinq minutes parce que j’ai déjà été trop long. Je voudrais insister sur un point : méfions nous de l’idée d’aide. L’idée d’aide ça veut dire que c’est une béquille, et tant que le système boite et produit de l’échec et de l’inégalité il y a besoin d’une béquille d’accord. Mais ne nous installons pas dans l’idée que tous les élèves boiteront à vie. En amont de la difficulté on peut apprendre à tous à marcher, scolairement parlant. Pour ça il faut combattre les inégalités sociales de réussite scolaire, il faut des moyens pour la formation d’enseignants, il faut des moyens pour que les enseignants aient du temps dégagé pour échanger sur leurs pratiques, il faut des moyens pour la recherche en éducation qu’ils sont en train de liquider, des moyens pour faire le lien entre la formation, la recherche, le retour des pratiques, les enseignants qui disent « Ah oui ça on peut l’utiliser comme ça »… Pour tout ça il faut de l’argent, et pas de l’argent pour de l’argent, de l’argent pour améliorer l’école. Parce qu’il y a besoin de la changer. Les réformes actuelles dans leur contexte : l’éducation et la formation traversées par des choix de société opposés Deuxième point beaucoup plus rapide, les intervenants précédents ont expliqué en quoi les différentes réformes vont casser l’école, et j’ai essayé de vous expliquer en quoi dans l’école d’aujourd’hui déjà il y a des problèmes à résoudre, et en quoi évidemment les réformes actuelles vont empirer les choses. Il a été dit à juste titre que ces différentes réformes vont casser l’école publique, c’est vrai. Mais je dois la vérité à tout le monde de mon point de vue c’est incomplet. Si on croit que les autres là haut, ils ne sont là que pour massacrer le service public, je crois qu’on est à côté de la plaque. Ils ne passent pas leur énergie qu’à casser, ils veulent faire quelque chose. Ils veulent construire quelque chose. Mais quelque chose qu’il faut dénoncer. Ils veulent construire une autre école, une autre société. L’école d’aujourd’hui est à mi-chemin de la démocratisation scolaire, ils veulent casser la partie qui fonctionne, mais ils ne veulent pas que la casser, ils veulent produire autre chose. Et pour comprendre ce qui se cache derrière les réformes, on va faire un petit tour parce qui se passe juste après l’école et la formation dans les études supérieures. Faisons un petit détour par la formation continue des salariés. Parce que quand même quand on sait ce que les patrons ont dans la tête on arrive à mieux comprendre les ordres qu’ils donnent à notre gouvernement. Parce que c’est quand même ça le fond de l’affaire.

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Et bien, sur la formation continue des salariés2, sur les trente dernières années, voilà ce que l’on sait : je commence par la bonne nouvelle, le nombre de salariés qui a bénéficié d’une formation payée par l’employeur a été multiplié par deux. Aussi surprenant que cela puisse paraître. Alors de suite ça pose une question : pourquoi les patrons passent leur temps à dire « la formation ça ne sert à rien, ne faites pas de diplômes, venez travailler dès le plus jeune age… » Pourquoi les patrons paient une formation à leurs salariés ? Bien sûr on leur a imposé par des droits, mais pas seulement. On va avoir une réponse à cette question dans un instant. Regardons les mauvaises nouvelles dans les trente dernières années, dans la même période. La dépense des patrons pour payer ces mêmes formations a été divisée par deux, donc ils veulent bien envoyer des gens en formation mais pour pas cher. Mais ça c’est que le premier aspect des choses, passons au plus essentiel. Le contenu des formations pendant ces trente années a été de moins en moins des formations qui permettaient d’ouvrir l’esprit, de comprendre l’évolution du métier… et de plus en plus des formations administrées à l’interne de l’entreprise, hyper précises, pour améliorer les gens sur le poste de travail donc sur la rentabilité. Et pas des formations externes ni sur des contenus plus larges permettant le développement personnel et la réflexion au-delà d’une conception étroite du poste de travail. Troisième et dernier élément sur cet aspect : pendant ces mêmes trente années (entre 1975 et 2005), le plus important c’est que le nombre de formations qui a débouché sur une qualification reconnue sur le monde du travail et par l’employeur a été divisé par deux. Donc les patrons sont prêts à envoyer leurs salariés en formation, mais pas pour que ça permette aux salariés d’avancer dans le plan de carrière, pas pour une revalorisation du salaire grâce à une qualification ou un diplôme (qui constitue de fait l’objet de revendication collective), et pas pour que les savoirs qu’ils apprennent leur permette de cogiter en vrai au-delà de la productivité, de la rentabilité. Et bien je crois que là, on touche du doigt la logique profonde, c’est que contrairement à ce qu’ils racontent, l’économie capitaliste a besoin d’une part de travailleurs mieux formés. Et ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’OCDE, les pays européens… On va voter bientôt mais il faudrait réfléchir à ce qu’ils nous cachent comme carte truquée pour savoir un peu sur quoi on va intervenir… Voilà il y a tout un tas d’organismes internationaux et européens qui ont dit en substance qu’aujourd’hui le savoir est de plus en plus important (ça c’est vrai) donc il faut que ça serve à l’économie et à la rentabilité au profit , ils ont besoin d’une partie de travailleurs aptes à développer en produits marchandisables les inventions de la recherche, et ils estiment ce taux à 50% d’une génération, la moitié des jeunes, qui sont formés à Bac +3 pour transformer les inventions en marchandises rentables, les téléphones portables… Tout ce que l’on va vendre. Parce que pour que les patrons fassent du bénéfice il faut qu’il y ait des choses qui se vendent et pour qu’il y ait des choses qui se vendent il faut bien qu’il y ait des gens qui les inventent, qui les commercialisent, donc il faut des travailleurs qualifiés. Non, pardon, de travailleurs formés. C’est là qu’est l’astuce, parce que leur objectif s’est traduit pour la première fois dans la réforme universitaire. En gros ils ont fait sauter le Bac +2, en on passant à Bac +3… car ils estiment avoir besoin de « 50% d’une génération au niveau Bac +3 ». Oui, mais pas « au diplôme » Bac +3, ce qu’ils veulent c’est en gros la chose suivante : c’est ce qu’ils appellent « modularisation et individualisation ». Ce sont des mots qui font peur,

2 Source de ces chiffres et des graphiques qui suivent : Cereq-bref, n°235, novembre 2006. (Le Cereq est menacé de disparition dans les suites des réformes de la recherche…). Note accessible en suivant le lien : http://www.cereq.fr/pdf/b235.pdf

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mais je les explique et vous verrez pourquoi ils emploient des mots qui font peur, parce que quand on regarde derrière on comprend mieux, ils ne veulent pas qu’on regarde derrière. « Modularisation » ça veut dire que les savoirs au lieu de les comprendre grâce à la maîtrise de la discipline qui les a inventés en lien avec les questions qui les ont fait naître, on va les découvrir morcelés, appliqués à une question étroite. Cela menace la possibilité d’émancipation par les savoirs. Par exemple, quand on fait des études d’économie par exemple, avoir de moins en moins la possibilité de comprendre en quoi le crack boursier aujourd’hui la crise économique et financière, quels sont les rouages principaux de l’économie capitaliste qui nous amène fatalement à ça un jour ou l’autre… il faudra juste comprendre comment bien placer son argent sur des stock-options ou autres. Comment en maths ne pas maîtriser les savoirs complexes mais simplement faire mathématiques appliquées à ceci, mathématiques appliquées pour calculer cela. Donc découper le savoir en petits bouts utiles pour l’employeur mais pas la cohérence générale qui permet aux salariés et aux citoyens de bien maîtriser le contenu, de pouvoir mesurer les théories qui l’ont créé comme son domaine d’application et ses limites, donc de le critiquer. C’est cela, la « modularisation ». Deuxième axe de la réforme l’« individualisation ». Et c’est presque le plus important. Individualisation, bien sur parce que cela permet de faire croire que l’échec est individuel donc on se culpabilise. Mais surtout, leur projet, c’est qu’on n’ait pas une licence de maths, une licence d’anglais, ou une licence de quoi que ce soit. En France on a encore gardé le diplôme parce qu’on s’est battu. Mais à terme ce qu’ils veulent dans les pays européens c’est qu’on ait un Bac+3 qui ne soit pas un diplôme, mais plutôt que chacun ait une feuille (qui remplace le diplôme) qu’ils appellent « référentiel de compétences », où en gros ils disent « monsieur untel alors vous vous avez compétence en anglais commercial sur la restauration, compétence en anglais pour les échanges internationaux avec les pays qui eux-mêmes ne parlent pas l’anglais comme langue première, compétence en ceci, compétence en cela. Mais monsieur, vous n’avez pas les compétences en ceci et en cela que Madame unetelle possède dans son référentiel. Inversement, Madame unetelle, si vous avez ces deux compétences qu’il n’a pas, vous n’avez pas quatre autres qu’il a ». L’employeur lui il a la garantie que ce sont deux personnes à Bac +3, que ce sont deux personnes compétentes, mais voilà la conclusion de l’affaire, « tous les deux vous avez des compétences différentes, ça m’intéresse mais quelles sont prétentions salariales à tous les deux ? ». C’est ça l’individualisation, c’est mettre les individus en concurrence les uns avec les autres. Une fois qu’on a compris que c’était un jeu dans la formation des salariés, que c’était un jeu dans la réforme des universités qui est passée, et bien on gagne du temps car c’est la réforme des lycées qu’ils veulent mettre en place et qui a conduit les lycéens dans la rue il y a quelques semaines. C’est exactement la même réforme. Et quand on a compris ça, pourquoi ils se casseraient la tête au collège et en élémentaire pour que ce qu’on enseigne ce soit la même chose à tous puisqu’ils ne veulent que 50% niveau licence ? Pourquoi ils mettraient des moyens équivalents et de rattrapage dans les zones sensibles, si le but du jeu ce n’est pas que tout le monde ait la même culture à la sortie, le même niveau, s’il s’agit juste de dégager les 50% de travailleurs exploités au niveau licence, et de fabriquer 20 ou 30% de travailleurs exploitables au niveau Bac, et ainsi de suite et qu’il y ait 1 ou 2% tout là haut dans la stratosphère des école d’élites qui tirent les ficelles et engrange l’argent de

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l’exploitation. Inutile pour eux de financer des écoles élémentaires et des collèges du même niveau partout. A fortiori pour l’école maternelle qui a comme fonction principale de bien préparer tous les enfants à comprendre les codes scolaires. Un projet alternatif et des convergences à faire grandir. Voilà le plan auquel on à faire, mais son identification ne doit pas nous conduire à déprimer. Au contraire, parce que quand même il va falloir qu’ils expliquent aux citoyens de ce pays, aux enseignants, aux parents, et à la jeunesse de ce pays qui a refusé le CPE, qu’il va falloir étudier plus longtemps pour être exploités encore plus à Bac +3, avec un salaire qui n’ira pas avec. Surtout que, même s’ils veulent détourner la formation dans l’intérêt particulier de la rentabilité financière qui est contraire à l’intérêt de la société et des hommes, il reste qu’ils ont besoin d’une main d’œuvre plus formée. Il y a là une contradiction qui traverse leur logique, et sur laquelle il faut s’appuyer. L’affaire elle n’est pas gagnée pour eux, et je pense qu’on peut renverser la tendance à condition qu’on porte une alternative. Cette initiative, je la résumerai en 5 grands axes3.

1) une culture ambitieuse pour tous les futurs adultes Dans une société de plus en plus structurée par des inventions complexes, il faut des salariés et des citoyens plus et mieux formés. La formation doit permettre de transmettre des outils intellectuels permettant d’avoir prise sur le monde grâce à la compréhension de celui-ci. Cela implique de ne rien lâcher sur la nécessité d’une scolarité unique, avec les mêmes objectifs pour tous jusqu’au collège, où les programmes soient établis pour savoir ce qu’il est nécessaire de connaître pour chacun (à l’inverse du socle commun minimal, qui distingue le minimum pour tous et le supplément pour quelques uns). Les contenus sont à revoir, mais il faut arrêter d’opposer compréhension et mémorisation : les deux doivent se compléter, dans les mêmes objectifs pour tous les élèves. > Redynamisons la maternelle et tous les niveaux, allongeons la scolarité jusqu’à 18 ans, redéfinissons les programmes scolaires pour former des esprits critiques, curieux d’apprendre des connaissances diverses.

2) La lutte contre les inégalités

Il ne suffit pas de décréter une culture commune ambitieuse, il faut réussir à ce que chaque élève l’acquière ! Trop longtemps, les politiques éducatives de gauche dans ce pays se sont contentées de proclamer des objectifs ambitieux sans créer les réelles conditions de leur réalisation : la droite s’en saisit pour dire que l’ambition ne soit plus la même pour tous ! Il est donc indispensable de mettre en place un plan de lutte contre les inégalités : > Maintien dans la compétence de l’école du traitement de la difficulté scolaire > Sur dix ans, finançons un programme de recherche pour comprendre l’échec scolaire, pour aider les professeurs et améliorer leur formation. > En 5 ans pré-recrutons chez les étudiants 150.000 enseignants et 45.000 personnels comme fonctionnaires d’État assurant le même objectif dans toutes les villes et formons les pour relever le défi de la réussite scolaire de tous les élèves.

3) Le pouvoir de décision collective

Les choix pour l’école ne sont pas une affaire d’experts. Cela concerne tous les citoyens, tous les enseignants, tous les lycéens et étudiants, tous les parents.

3 Il s’agit de la formulation en cinq axes à partir de propositions qui sont contenues dans le livre : Réseau école du PCF / Bernard Calabuig & José Tovar (coor.), L’école en quête d’avenir, Syllepse, 2007

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> Les décisions doivent s’appliquer équitablement dans tous les établissements. > Création d’un réel statut de délégué parent d’élève. > Création d’une salle de rencontres enseignants / parents dans tous les établissements. > Meilleure prise en compte des syndicats enseignants, étudiants et lycéens.

4) Diplôme = qualification = salaires augmentés. Sécurisons les parcours d’emploi et formation La formation générale, technique ou professionnelle ne doit pas seulement former au poste de travail, mais aussi à une réflexion plus large pour des changements de postes futurs comme pour la formation de l’esprit. Chaque formation doit donner lieu à une qualification reconnue et égale entre les personnes. > Assurons et développons la reconnaissance des qualifications qu’apportent les formations scolaires et professionnelles (donc leur traduction en salaires revalorisés) dans des conventions collectives et des grilles salariales du public maintenues et revalorisées.

5) Des conditions matérielles et financières pour transformer l’école et la formation A l’inverse des projets de la droite, les 4 premiers axes de ce projet impliquent de changer l’école non pas pour la réduire, mais pour la relancer, pour lui faire passer un nouveau cap de démocratisation scolaire. Pour mettre en œuvre les propositions qui précèdent, il faut des moyens. > Doublons le budget du ministère de l’Éducation Nationale (de 63 Milliards d’euros aujourd'hui) pour éviter les inégalités de traitement entre les villes et les familles lors de la formation initiale. Avec quel argent ? On nous a longtemps raconté qu’il n’y avait pas d’argent et que les services publics en France et en Europe devaient être réduits. Mais aux dernières nouvelles, Sarkozy lâche 360 Milliards d’euros pour protéger les spéculateurs de la crise qu’ils ont provoquée. Alors qu’en imposant (par exemple dès les prochaines élections européennes) à la banque centrale européenne de financer des prêts à taux faibles pour les services publics, ceux-ci pourraient être développés. Dans les ateliers on peut revenir sur les propositions alternatives que je vous ai livrées pour alimenter le débat. En parallèle de cette élaboration d’une alternative, il faut aussi faire converger les forces qui s’expriment pour un avenir de l’école publique. Dans initiatives comme à Champigny aujourd’hui, il s’en tient beaucoup, j’étais l’autre jour à Mantes la Jolie, et la veille à Vitry et la semaine précédente à Valenciennes… Des collectifs comme ça il s’en crée partout, les salles sont pleines partout car la préoccupation pour l’école grandit. Il faut faire converger tout cela. Ces rassemblements locaux sont indispensables. Mais c’est tout aussi indispensable de les faire converger pour que la réponse à un besoin national, soit portée nationalement en lien avec les réalités des différents territoires. Par conséquent, je vous donne rendez-vous le 14 mars, c’est un samedi, on met en place les états généraux des villes en lutte pour défendre et transformer l’école publique. Où des gens des différentes villes de France viendront échanger sur les pratiques des collectifs comme celui là. C’est sur la circonscription scolaire de Bonneuil/Valenton, c’est symboliquement un territoire où il y a l’IUFM qu’ils veulent fermer, dans notre département qui sert si souvent de terrain d’expérimentation de leurs réformes pour tester nos capacités de mobilisation qui restent importantes.

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ATELIER ECOLE MATERNELLE Déroulement de l’atelier :

- des interventions documentées :

sur la démarche du gouvernement avec le sens des mesures actuelles concernant l’école maternelle, mais aussi les différents rapports qui ont pu être support où contre support des mesures du gouvernement.

Sur des éléments de comparaison entre le système français et des systèmes européens, voir ceux des Etats-Unis sur ce que proposent les Etats-Unis en matière de scolarisation avant cinq ans ou six ans, mais également les interventions de deux enseignants en maternelle nous apportant des éléments concrets de ce qu’était aujourd’hui le contenu de l’enseignement et des conditions d’accueil de nos enfants dans les écoles maternelles.

- un débat

Ce qui ressort des débats et des pistes de travail :

volonté de confirmer la nécessité de défendre l’école maternelle comme premier espace d’accueil collectif de socialisation pour l’ensemble des enfants dans leur diversité et quelques soient leurs origines. La nécessité dans la mesure où les éléments apportés démontrent le lien entre le taux de scolarisation dès 3 ans dans une école publique, gratuite, laïque dans le meilleur des cas, avec des enseignants formés spécifiquement à l’enseignement en maternelle, mais aussi une communauté éducative comprenant les efforts des collectivités locales notamment. Donc tous ces éléments là qui aujourd’hui donnent des résultats en terme d’offrir à l’ensemble des enfants la possibilité d’être capables dans l’acquisition des connaissances et de l’apprentissage tout au long de la scolarité. Ce lien entre la scolarisation des plus jeunes mais ce que cela permet concernant le rôle donné aux femmes dans la société, la possibilité que l’on donne aux femmes de revenir sur le marché du travail. Le fait qu’aujourd’hui l’école maternelle est le lien d’apprentissage pour les enfants, et pour devenir à terme élève mais aussi au niveau macro socio-économique, au-delà le meilleur positionnement des uns et des autres y compris des femmes.

Défendre la spécificité de l’école maternelle avec les quelques éléments débattus : le fait qu’en France cela signifie une école de la République, avec des enseignants formés au niveau de l’école maternelle, que l’on peut appeler « école préélémentaire » et qui sont tout fait en mesure d’enseigner en école élémentaire. Une formation spécifique, avec des programmes nationaux pour pouvoir lutter contre les inégalités sociales ou culturelles qui peuvent être existantes parmi nos enfants, mais aussi avec des modalités d’apprentissage plus scolaires mais aussi ludiques. L’idée étant d’abord d’adapter un système aux besoins des enfants et pas seulement adapter un système de scolarisation à des besoins économiques ou socio-économiques.

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Quelques pistes : Qu’elle est l’école maternelle de demain avec l’idée de la recentrer sur les besoins de l’enfant et d’en faire un sujet à part entière…

Conditions d’accueil des petits : o Les effectifs : le nombre idéal d’enfants par classe pour permettre à

l’enseignant de pouvoir suivre individuellement mais aussi de faire valoir l’apprentissage collectif

o La place, la formation et le nombre d’enseignants : continuer à créer des postes d’enseignants à l’école maternelle

o La place et la formation des ATSEM qui font partie de l’enseignement au sein de l’école maternelle

Conditions des espaces, avec notamment l’espace sommeil qui doit être sauvegardé y

compris pour les enfants de 4 ou 5 ans s’ils en ont besoin. Les cours : pour avoir la possibilité au développement et à l’enseignement de la

motricité.

Problème de rupture (volonté du gouvernement de créer la confusion entre le mode de garde et l’école)

o Entre une crèche et l’arrivée à l’école maternelle ou entre un enfant resté dans le domaine familial et l’entrée à l’école.

o Entre le changement de niveau de classe Nécessité de passerelles entre les structures et l’école, entre petites et moyennes section. La question du calendrier a été posée (pour notamment les enfants ayant trois ans en cours d’année), possibilité d’accueil en cours d’année ?

Restauration d’une formation spécifique des maîtres Nécessité de travailler avec les familles : ouverture d’écoles, collaboration avec les

familles pour tenir compte des diversités existantes.

Quelle pédagogie : individuelle ? collective ? ludique ? avec des modalités d’apprentissage correspondant à l’âge de l’enfant.

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ATELIER AIDE ET SOUTIEN Philippe Barre présente une synthèse concernant la différence entre soutien et le RASED : Le soutien est une réponse ponctuelle à une notion non comprise par un élève. Il se fait par petits groupes pour des difficultés qui ne se cumulent pas. Il peut avoir lieu pendant la classe. Aujourd’hui, c’est devenu ce que l’on appelle l’aide personnalisée. Le RASED concerne d’autres élèves qui présentent des difficultés plurielles. Les difficultés scolaires sont le symptôme d’autres difficultés. Les rééducateurs travaillent sur les notions à acquérir et sur les difficultés transversales. Cela dure plus longtemps pendant l’année scolaire. Les membres des RASED sont des enseignants spécialisés qui ont fait une formation complète. L’aide personnalisée en dehors du temps scolaire n’est pas la bonne solution pour ces élèves et risque d’accroître encore leurs difficultés. Nous abordons ensuite les stages de remise à niveau qu’il ne faut confondre avec l’école ouverte où des activités ludiques existent. Les stages de remise à niveau concernent uniquement la reprise, hors temps scolaire, des difficultés en français ou maths. Ces stages ayant lieu pendant les vacances scolaires remettent en cause le rythme des enfants. L’accompagnement éducatif après l’école est également abordé. Il concerne tous les enfants volontaires et a lieu après la classe pendant 1 heure 30 ou deux heures. Il aborde 4 thèmes, l’aide aux devoirs, le sport, les arts et les langues étrangères. Il est gratuit pour les familles. Mais cela pose une contradiction puisque tous les enfants ne pourront pas en profiter. Qui choisira les enfants ? sur quels critères ? LA DISCUSSION : Concernant les RASED : il s’avère que le RASED est bénéfique pour les enfants qui en sont bénéficiaires car les enseignants spécialisés traitent et de la difficulté scolaire et de la posture en classe, c'est-à-dire aident individuellement les enfants à devenir des élèves. Le RASED est utile pour les enseignants quand ils se questionnent sur un enfant. Ils participent à des réunions où plusieurs personnes ont rencontré l’enfant avec un regard différent. Un autre éclairage peut apporter énormément. Les parents trouvent angoissant cette disparition des rased car les difficultés des enfants ne sont pas aisées à définir, qu’il faut mettre des mots sur les soucis et que sans rased quel avenir pour certains enfants. Les parents représentent une force plus grande que les enseignants auprès de l’Inspecteur d’Académie. Ils ne sont pas soumis au devoir de réserve. Il faut faire des actions. Il faut aussi trouver le moyen de faire participer bien plus les parents des cités populaires peut-être en s’appuyant sur les associations de quartiers.

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Il est proposé que le comité local demande un rendez vous avec les IEN et UNE audience à l’Inspecteur d’Académie le 12 mars, jour du groupe de travail préparatoire au CTP du 23 mars. Concernant l’aide individualisée : Il s’avère que les enfants y prennent plaisir puisqu’il s’agit d’un moment privilégié où l’enseignant est avec un tout petit groupe d’élèves, mais il s’adresse à des enfants qui ont une petite difficulté (ou pas) à un moment donné. Rajouter de l’école à l’école pour les enfants vraiment en difficulté provoque un sentiment de saturation voire de punition. Après, comment aimer l’école. Le soutien peut très bien avoir lieu sur le temps scolaire avec des maîtres supplémentaires. Concernant l’accompagnement éducatif, le groupe réuni s’est accordé pour dire qu’il s’agit là d’une mesure parfaitement inégalitaire, puisque tous les enfants ne pourront pas y participer. Cette mesure mise en place dans la 18e circonscription, sans l’accord de la Ville, concerne 150 enfants. Le nombre d’élèves en élémentaire s’élève à 5500. Il pose par ailleurs le problème des horaires du personnel communal qui fait le ménage dans les écoles. Devront-ils travailler encore plus tard ? Il est proposé que le comité local fasse connaître son refus de la mise en place de l’accompagnement éducatif dans les écoles de Champigny en raison de son aspect inégalitaire. SYNTHESE DES PROPOSITIONS :

- Demander une audience aux inspecteurs de l’Education Nationale pour exprimer notre refus de la suppression des rased et demander leur renforcement.

- Demander une audience à l’Inspecteur d’Académie le 12 mars pour la même raison - Travailler à faire participer les parents des quartiers en difficulté avec l’aide des

associations de quartier - Refuser la mise en place de l’accompagnement éducatif dans les écoles de Champigny

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ATELIER LE COLLEGE UNIQUE La mise en place du collège unique en 1975 a pour but d’offrir aux élèves un enseignement identique et d’élargir les connaissances de tous les élèves de France afin d’obtenir un « socle commun ». Ce socle commun définit les compétences que les élèves doivent maîtriser à la fin de leur scolarité. La perspective de ce socle commun apparaît différente d’un collège à l’autre. La gestion de l’hétérogénéité des classes, des sureffectifs et des problèmes sociaux entraîne des difficultés pour l’enseignement de ces compétences. Aussi, il apparaît que ce socle commun n’est pas enseigné de la même façon dans tous les collèges, les approfondissements ne sont pas les mêmes d’un collège à l’autre. Les conditions d’enseignement de certains collèges puis, la disparition de la carte scolaire entraînent la fuite de certains élèves. On peut craindre, tout comme pour les lycées, l’apparition de la stigmatisation des établissements en fonction du public accueilli et du niveau d’approfondissement de l’enseignement. Le groupe de travail a défini les valeurs à défendre au sein du collège unique :

- Egalité des droits, - Réussite de tous, - Autonomie progressive des élèves - Formation commune à la citoyenneté (prise de décision, vote).

Thèmes développés pendant l’atelier :

1 / Soutien des élèves en difficulté :

La solution proposée pour le collège est l’accompagnement éducatif. Ces aides sont placées sur le volontariat des élèves donc ce ne sont pas forcément ceux qui en ont le plus besoin qui en bénéficient. Les heures de « soutien » sont souvent en fin de journée donc cela allonge la journée scolaire de l’élève. L’accompagnement éducatif permet aussi à l’élève de participer à des activités culturelles ou sportives gratuitement. La mise en place d’atelier « sportif » peut engendrer la disparition d’associations sportives déjà existantes et payantes sur le collège. Proposition : Instaurer l’équivalent du RASED au niveau du Collège et maintenir le soutien sur le temps scolaire.

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2 / La formation des enseignants : Pour être efficace les enseignants doivent avoir des connaissances sur le système scolaire et la pédagogie. La formation à l’IUFM reste donc très importante, les stages pratiques en établissements scolaires permettent d’avoir en charge une classe. La disparition des IUFM serait très préjudiciable à la profession car, les nouveaux enseignants seraient nommés à leurs nouvelles fonctions sans savoir réellement en quoi elles consisteraient. De plus, la pédagogie nécessite des contenus de formation adaptés. Proposition : Maintenir les IUFM et les stages pratiques.

3/ Les programmes scolaires : Le socle commun n’est pas abordé de façon similaire dans tous les collèges. Certains collèges ont la possibilité de faire des heures d’enseignements supplémentaires et donc permettent aux élèves d’approfondir le programme scolaire. Il y a alors apparition du collège à 2 vitesses. Proposition : Elargir le socle commun au programme complet et permettre les interactions entre les différentes matières. SYNTHESE DES PROPOSITIONS :

● Faire une synthèse des matières du programme scolaire afin de mettre en évidence les interactions possibles, et permettre ainsi un véritable « socle commun ».

● Refus de la mise en concurrence des établissements et éviter ainsi les collèges à 2 vitesses.

● Davantage d’adultes référents afin de régler les problèmes rencontrés autrement que par la répression,

● Dispositif de soutien type RASED mais au collège, ● Intégrer les moyens mis en place pour l’accompagnement éducatif sur le temps

scolaire afin de permettre de travailler en demi groupe, ● Rétablir la diversité des choix des langues vivantes,

● Hétérogénéité des classes, ● Actions communes entre les parents et les enseignants

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ATELIER LES FILIERES AU LYCEE

Un Power Point est projeté, présentant une comparaison entre deux villes voisines avec un nombre de population quasi-identique, et également une comparaison entre le lycée actuel et le projet ministériel :

• Démocratisation :

o A Champigny : -50% des élèves suivent la filière générale o A Saint- Maur : +75% des élèves suivent la filière générale o A Champigny : on compte 741 classes dans les lycées o A Saint- Maur : on compte 1000 classes dans les lycées

On peut donc constater une ségrégation socio spatiale de l’offre de formation.

• Comparaison entre le lycée actuel et le projet ministériel :

o Le lycée actuel ne fonctionne pas bien, le taux de redoublement en classe de seconde notamment, est trop important.

o Certaines séries recrutent de moins en moins d’élèves, en particulier la série Littéraire, et la filière STI.

o Avec le Bac pro en 3 ans, le gouvernement escamote l’année de Terminale BEP.

Le bac professionnel entrera en concurrence avec le bac technologique Le rectorat ouvre de nouveau les CAP, car beaucoup d’élèves veulent

une formation à court terme et pas une formation en 3 ans. o Le rectorat supprime toutes les passerelles, il n’y aura plus de 1ère d’adaptation

qui ont aidé beaucoup de lycéens à se réorienter. o Dans la réforme proposée l’année de seconde serait une année zéro.

Disparition des séries : on parlait de « coloration des parcours ». Disparition du groupe classe Atomisation des savoirs Absence de continuité de certains enseignements Complexification des parcours

• Quelles filières et quelles offres de formation pour la réussite de tous les jeunes campinois ? :

o A la rentrée 2007/2008, il y avait au lycée Louise Michel 8 classes de Seconde

générale à 35 élèves, il y en a cette année 6. Et le rectorat prévoit 137 élèves en moins sur le bassin de formation, d’où vient ce chiffre ? Combien d’élèves seraient vraiment intéressés ?

o Est-ce que l’on veut ou non maintenir une voie générale attractive à Champigny ?

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o Besoin d’un différentiel d’options artistiques et culturelles. Si la musique est mise à disposition de la lutte contre l’échec scolaire, pourquoi pas même avoir une école de musique ?

Avec la décentralisation il faut se faire entendre du rectorat et de la Région. Ces actions sur la carte de formation ont deux effets. Par faute de choix :

Les élèves vont loin pour étudier Les élèves ne font pas ce qu’ils voulaient faire

Il y a un problème économique dans la délocalisation :

Un coût humain Un coût technologique Un coût économique

Monsieur le Maire se porte témoin d’une discussion qu’il a pu avoir avec l’Inspecteur d’Académie, concernant les filières de formations à Champigny. Ce dernier lui a répondu « on ne discutera pas des filières tant que la Réforme ne sera pas passée. » Ce sont des choix politiques forts qui ne dépendent pas de la ville ni des chefs d’établissements… Synthèse des propositions :

Maintenir et diversifier les filières générales Développer les filières technologiques Maintenir les passerelles Maintenir le Baccalauréat Le Comité Local pour l’Enseignement Public se reverra et rédigera un courrier à la

Région et au rectorat pour toutes ces revendications pour les lycées campinois. Imposons une autre réforme :

Pour les jeunes ! Pour le personnel ! Pour la réussite de tous !

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Conclusion Gilles Bailleux J’ai été chargé d’ouvrir les assises et du coup, on m’a donné la lourde tache de les clore. Alors les clore sans les conclure bien sûr sur des questions et des réponses fermées, mais je crois que ce que l’on peut dire c’est que ces premières assises campinoises pour l’école auront fait la démonstration qu’il existe encore et toujours un intérêt profond et authentique à échanger sur la question scolaire et sur l’actualité du service public d’éducation. Nous avons collectivement fait la démonstration qu’il était possible et même nécessaire de faire se rencontrer durablement tous les acteurs de l’école. Et avec le fait qu’aujourd’hui on peut collectivement s’en féliciter, dans le cadre des échanges que j’ai pu avoir avec les uns et les autres notamment au moment du repas, le fait que tous ces échanges indiquaient que cette journée, avait donné à un débat de haut niveau et des contenus de fond. Et donc cette expérience est à méditer, nous en ferons bien sur très prochainement le bilan complet, pour envisager de nouvelles et féconde perspectives pour notre commune, autant en terme d’actions que de réflexions et de perspectives. Nous renouvelons, le comité, nos remerciements à la municipalité de Champigny, aux élus de la ville et aussi du Conseil Général, qui ont accompagné ce projet et rendu possible la tenue matérielle de ces assises. Cette initiative, n’aurait également assurément pas eu lieu bien sur sans l’engagement déterminé des membres du comité pour l’école, collectif crée en juin 2008 et qui regroupe et associe dans la diversité organisations et acteurs individuels. L’expérience acquise et les réseaux de ces organisations auront été déterminants pour que cette journée décidée en décembre dernier se finalise en des temps raisonnables, surtout compte tenu de l’actualité par ailleurs qui nous mobilise beaucoup. Nous tenons donc à saluer l’implication de chacun et l’engagement franc et sincère de la FCPE pour les parents d’élèves, du SNES, du SNUIPP et de SUD Education pour les organisations syndicales, et les personnes qui se sont engagées à titre individuel. Sachant par ailleurs bien entendu que ce comité reste ouvert à toute organisation ou personne qui souhaite s’y impliquer dans le cadre des objectifs généraux qui sont les siens. Cette journée aura été le temps de l’information, de la documentation, de l’analyse et de la réflexion, ce fut un temps de rencontre nous permettant de nous poser pour mettre à plat ce qui trop souvent s’énonce dans l’urgence de l’actualité sociale. En tentant d’interroger collectivement nos représentations de l’école, à distance des idées reçues et des lieux communs, nous nous sommes efforcés d’ouvrir ou de poursuivre le débat en développant l’idée qu’il et nécessaire de changer l’école. Parce que le système scolaire français est sélectif et très inégalitaire, ce que confirment les différentes recherches. On a de bonnes raisons de s’opposer voir de se révolter face aux réformes du ministère. Mais sur les bases de quel projet d’avenir ? Nous sommes confrontés à un flot d’interrogations. Qu’entendons nous par « école égalitaire ? » par « école démocratique, droit à l’éducation, école de la réussite pour tous… » ? Qu’est ce que cela implique pour les professionnels ? Pour les familles ? Pour notre société ? Comment articuler droits, devoirs des enseignants, droits et devoirs des élèves ? Comment prend t’on en compte les inégalités entre établissements, entre territoires ? L’inégalité de réussite des filles et des garçons ? Et la différentiation des parcours scolaires qu’elle engendre ? Mixité ou pas ? Coopération ou compétition ? Obligation scolaire jusqu’à 16 voir 18 ans ? Quelle place pour les différentes voies de formations du lycée général,

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technologique, professionnelle ? Quel collège unique ? Quel projet politique, notre projet éducatif implique t’il ? Que pouvons nous améliorer ici et maintenant ? le débat parait complexe et il l’est assurément parce qu’il nous faudrait pouvoir tirer toutes les ficelles d’une question tissée de mises en jeu contradictoires et qu’il n’existe pas de réponses standardisées et univoques. Il nous faut oser affronter et faire avec cette complexité à défaut d’autres continueront à penser et à décider de notre avenir et de celui de nos enfants à notre place. On assiste aujourd’hui toujours plus à toutes sortes de demandes contradictoires à l’égard de l’école, phénomène social qui nous écartèle dans nos analyses et dans nos revendications, et qui rend difficile un état des lieux qui ne soit pas simpliste. Des choses évoluent mais restent opaques malgré des réformes qui prônent la démocratisation, les enfants des classes dominantes sont les seuls à se sortir systématiquement des labyrinthes de l’institution. Les choses ne changent pas mais se révèlent de plus en plus conflictuelles, par exemple dans la relation école familles qui produit toujours autant voir plus de tensions dans le contexte de l’école actuelle. Le ministre de l’Education Nationale en imposant ces réformes refuse de s’engager dans cette voie et poser la question fondamentale du moment : « Comment faire réussir tous les élèves ? C’est-à-dire chaque élève et tout particulièrement chaque élève d’origine populaire ? Derrière toutes les réformes, derrière toutes les mutations opérées par l’institution se pose une question fondamentale « À qui profite ce changement scolaire prôné par le gouvernement ? ». Nous pensons à l’opposé des valeurs réactionnaires de l’époque, pouvoir construire et développer un projet alternatif qui se situe entre le « vous ne pouvez rien faire » du déterminisme de la reproduction sociale, et le « vous pouvez tout faire » des tenants d’une école qui devrait être son propre recours. Des pistes pour une école égalitaire et démocratique ont été explorées depuis plus d’un siècle. Les modèles pédagogiques, institutionnels favorisant l’épanouissement de l’enfant, l’égalité de réussite, et les intelligences multiples, tout autant que le travail en équipe, la collégialité et le fonctionnement coopératif des établissements, restent aujourd’hui encore d’actualité et trop souvent sous-exploités. Le choix pourrait paraître manichéen mais finalement en matière de politique éducative il nous semble qu’il n’y ait que deux choix possibles : il nous faut choisir entre une école qui sélectionne et oriente tout au long du cursus à partir du niveau de performance des élèves, c'est-à-dire d’une école où la scolarité obligatoire serait de moins en moins commune, et d’une école unique jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire et qui investirait massivement dans la compensation des inégalités de réussite. Il nous faut choisir et c’est un choix politique, un choix de société. Entre une école de l’exclusion et une école qui apprenne à conjuguer massification et démocratisation. Ce qui se joue pour l’école aujourd’hui comme hier, c’est donc encore et toujours la question de l’égalité. Donc les moyens humains, bien sur en enseignants, mais aussi en personnel adulte référant pour les élèves, en surveillants, en infirmières, en assistantes sociales. Je ne prétendrais bien entendu pas résumer ici toute la richesse des débats d’aujourd’hui et dans le travail qui nous attend, il y a notamment la question d’un travail de restitution et de diffusion de travaux de ces assises auprès d’un maximum de familles et effectivement comme cela a été soulevé des familles qui y compris sont les plus éloignées de l’école et donc qui y compris sont éloignées de cette rencontre aujourd’hui, avec peut être des outils qui seront à travailler à ce sujet. Dans les quelques autres propositions concrètes qui ont donc émergé c’est qu’à la suite de ces assises il y aura dans un avenir très immédiat, une demande de prise de rendez-vous aux inspecteurs de l’éducation nationale qui couvrent Champigny, avant le prochain comité

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technique paritaire où doivent être décidés notamment la décision en matière de dotation et de répartition en matière de moyens. C’est par exemple sur la maternelle la volonté de poursuivre la réflexion, le débat la construction de propositions, entre enseignants, parents mais aussi professionnels de la petite enfance. C’est aussi la proposition qui était en l’air mais qui s’est confirmée au cours de ces assises d’un rendez-vous très prochain à une prochaine nuit des écoles qui se tiendra à l’école Henri Bassis le 2ème vendredi de la rentrée scolaire, je n’ai pas le jour et la date. Avec l’idée d’en faire un moment de poursuite de débat sur deux, trois questions, pour ceux qui sont venus à la nuit des écoles à Cachin, et qui ont participé au débat notamment sur les évaluations, je crois que cela a été extrêmement éclairant et productif, et donc l’idée c’est que sur deux, trois thèmes qui sont à définir on puisse continuer ce travail çà la fois d’informations et d’explications, mais aussi de débats. Et également pour finir, bien sur un prochain rendez-vous sera fixé à une prochaine réunion plénière du comité, on n’a pas calé la date aujourd’hui. En tout état de cause, tous les participants qui ont laissé leurs coordonnées, si vous n’avez pas de mail, laissez votre adresse, pour qu’après vous puissiez disposer de l’ensemble de ces informations et après être acteurs de ce comité. Encore une fois merci en espérant pour tous mais je n’en doute pas que cette journée soit extrêmement productive

Conclusion Valérie Zélioli Je souhaite dire juste quelques mots après cette journée particulièrement riche et dont les suites sont à construire ensemble. La première chose que je retiens cette journée, c’est l’intérêt de poursuivre et d’amplifier la démarche engagée avec la création du collectif local pour l’école le 12 juin dernier. Elle conforte ce que j’ai pu exprimer ce matin sur les attentes, la vision de la municipalité pour cette journée. En effet, quand on permet à chacun de s’engager, de s’exprimer, on perçoit mieux les réalités des questions, les vécus au quotidien mais aussi les pistes, les réflexions pour répondre aux enjeux. Les choix du dialogue et de la concertation permettent d’enrichir la réflexion de chacun et aussi de dégager des propositions, des pistes d’actions Notre journée a permis de mettre en évidence en quoi les mesures actuelles vont à l’inverse de cette ambition et les mesures annoncées pour la prochaine période ne semblent pas inverser la tendance : poursuite de la suppression du nombre de poste, annonce de l’autonomie de l’école primaire avec les Etablissements Publics d’Enseignement Public, la réforme de la formation des maîtres, la suppression des classes de Segpa… Je retiens plusieurs propositions, idées pour faire autrement que se sont exprimées cette journée. C’est par exemple :

Le besoin de poursuivre les mobilisations et de mettre en cohérence, en dynamique

les actions quelquefois morcelées de chacun. Il y a besoin de confronter les analyses, les expériences, les prises de positions. Cela passe déjà par trouver les formes à faire connaitre très largement ce que nous nous sommes dits aujourd’hui.

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La nécessité de ne pas rester au statu quo pour répondre aux enjeux actuels et lutter

efficacement contre l’inégalité et l’échec scolaire. C’est, à notre échelle, l’ambition de faire des propositions pour notre ville ; c’est l’objectif d’un des ateliers du collectif local d’écrire un livre blanc de l’éducation auquel je vous invite à prendre part.

C’est bien dans ce sens que la municipalité souhaite poursuivre et amplifier ses efforts en restant mobilisée aux côtés de l’ensemble des acteurs de l’enseignement pour rétablir les moyens nécessaires pour l’école pour construire l’école de la réussite de tous. Enfin, et cela aurait pu aussi être mon propos liminaire, mais je tenais pour finir vous remercier de nouveau de votre participation et de votre apport à cette journée avec l’assurance que cette construction va se poursuivre et s’amplifier dans la prochaine période.