synthèse de la note d'intention du colloque de villejuif du 28 mai 2016

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« Milieux alternatif, intermédiaires, tiers lieux : leur rôle dans les politiques publiques culturelles et l'accès à la culture » Colloque organisé le samedi 28 mai 2016 au Centre de Création Alternatif, le Chêne 131 avenue de Paris 94800 Villejuif 1/ 12

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Page 1: Synthèse de la note d'intention du colloque de Villejuif du 28 mai 2016

« Milieux alternatif, intermédiaires, tiers lieux : leur rôle dans

les politiques publiques culturelles et l'accès à la culture »

Colloque organisé le samedi 28 mai 2016

au Centre de Création Alternatif, le Chêne

131 avenue de Paris

94800 Villejuif

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Le prochain colloque, organisé par l'équipe du Chêne le 28 mai prochain, se donne pour

objectifs de réfléchir, d'échanger et d'ouvrir le débat sur les articulations multiples, déjà opérantes

et celles à venir, entre milieu artistique dit intermédiaire, politiques culturelles et accès à la culture.

Lorsqu'on évoque la culture, le territoire et la politique, il n'est pas rare de voir omises les

interventions du milieu intermédiaire dans le paysage socio-culturel visible par les institutions et/ou

les conventions d'art. Pourtant, ce milieu est un réel levier à la mise en œuvre de différentes

dispositions publiques en matière culturel. Pour cela, il convient de clarifier ce qu'on entend par

culture et de brosser les contours des actions artistiques menées par ce milieu, de visiter leur rôle

dans l'articulation entre population et territoire à l'aune des principes structurant les politiques dès

lors qu'elles sont territorialisées (plans locaux d'urbanisme, schéma d'aménagement, etc...), et enfin,

de (re)dessiner les contours du milieu artistique intermédiaire.

Il sera également l'occasion d'échanger sur le droit à la culture, en rappelant les obligations

rattachées à l'individu bénéficiaire de ce droit-créance, pour redéfinir, peut-être, le contour d'une

nouvelle citoyenneté à travers ce droit fondamental.

Enfin, il permettra de requalifier l'art issu de ce milieu, imbriqué avec des principes non

spécifiquement esthétiques comme le développement durable ou le territoire. La rencontre de ces

mondes fait naître une figure de l'artiste alchimiste qui, par l'art du réemploi et la contrainte de

l'environnement, s'inscrit dans un art de la survie.

Ce colloque est marqué par un contexte plus large de réformes de la nouvelle République

avec la loi NOTRe qui stipule, en son article 103, que « la responsabilité en matière culturelle est

exercée conjointement par les collectivités territoriales et l'État dans le respect des droits culturels

énoncés par la convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions

culturelles du 20 octobre 2005 ». Si cette nouvelle loi est une avancée pour le droit fondamental à

la culture, elle n'indique aucune marche à suivre sur le plan technique. Aussi, un champ de

perspectives s'offre au milieu alternatif pour faire valoir son rôle en tant qu' « artiste de la

Cité », démarche qui a déjà porté ses fruits.

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Argumentaire

Le Centre de Création Alternatif le Chêne, porté par les Tailleurs d'Envies, LRDS et les

Clefs du Feu, organise le 28 mai prochain un colloque sur le thème du milieu intermédiaire, des

politiques culturelles et du droit à la culture.

Cette journée rassemblera professionnels des arts et de l'action socioculturelle, chercheurs,

élus et associations autour de 3 tables rondes précédées d'une balade urbaine, en partenariat avec le

Comité du Tourisme du Val de Marne. Les tables rondes traiteront tour à tour de la relation entre

milieu intermédiaire et droit à la culture, qualification des formes d'art de ce milieu, relations entre

milieu alternatif et pouvoirs publics.

Qu'entend-on d'ailleurs par milieu alternatif ou intermédiaire ? Requalifier ces milieux

depuis le rapport « Les Territoires de l'art » sera, en partie, l'objet de ce colloque, mais nous

pouvons préciser ce que n'est pas le milieu intermédiaire : des actions en marge de l'institution ! Ces

pratiques artistiques « ne sont pas à prendre comme un simple complément au système artistique

professionnel institutionnalisé » rappelle Philippe Henry, « un ailleurs innovant qui aurait comme

fonction de régénérer le domaine institué. Les pratiques artistiques dont nous parlons se définissent

désormais bien moins comme marges alternatives et radicales à un système artistique institué que

comme processus et projet revendiquant leurs propres natures artistiques et professionnelles. Ce

qui est en cause c’est la redéfinition du périmètre d’intérêt public de la notion de champ artistique,

comme du paradigme qui serait adapté à la pluralité et l’interactionnisme contemporain ».

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Le contexte

De nos jours, et appuyés par des documents-cadre de planification, les pôles urbains tentent

de renforcer leur centralité qui se traduit, dans son versant négatif, par un accroissement de

l'interdépendance de la population au mode d'accès aux biens et services marchands. Est-ce une

réponse à apporter quand un enjeu d''autonomisation de la population se joue dans le panel de

dispositifs offerts pour pallier aux inégalités socioculturelles des territoires où sont implantés tiers

lieux, friches culturelles ou artistiques ?

En parallèle, le Chêne et d'autres lieux dits intermédiaires, observent des demandes de plus

en plus croissantes en matière de circuits de proximité ou de nouveaux modes de coopération.

Tout d'abord, les « professionnels » transitant dans ces milieux font de plus en plus appel

aux matériaux issus du réemploi et, s'appuient sur la valeur ajoutée artistique pour construire leurs

activités culturelles et « commerciales ».

Ensuite, parmi la population, des signes révèlent une tension interne à l'Homme entre besoin

d'épanouissement et besoin de subsistance et qui n'est pas toujours nécessairement entendue ou

accompagnée, aujourd'hui, par les pouvoirs publics. Cette tranche de la population « consomme »

des activités artistiques et culturelles de type « publiques » situées « dans-les-murs », l'espace

public s'invitant dans ces zones de production artistique intermédiaire, une tendance inverse à

l'exportation des dispositifs « hors-les-murs » observée depuis une dizaine d'année, comme réponse

à l'accès à l'art et la culture.

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État des lieux et problématiques

Quelle fenêtre d'observation du processus des métamorphoses individuelles ou collectives

dispose-t-on aujourd'hui pour favoriser l'accès à l'art et la culture ? A priori, peu d'éléments mais les

études montrent que la structure socio-économique de la population fréquentant ces lieux est

similaire à celle fréquentant des espaces artistiques institutionnels (musées) ou conventionnels

(galeries).

Pour autant, ce constat ne doit pas freiner les acteurs du milieu culturel dans leur démarche,

mais au contraire, invitent à construire et partager des méthodologies d'observations et d'actions

originales et robustes autour du droit à la culture.

Une premier tour d'horizon, de non spécialiste, au niveau juridique montre que la culture est

un droit-créance depuis 1972 (date à laquelle le Conseil Constitutionnel reconnaissait la valeur

juridique des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et le Préambule de la Constitution de 1946,

dont l'alinéa 13 disposant que « la Nation garantie l'égal accès de l'enfant et de l'adulte, à

l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture »). Un droit-créance dans ce cas

correspondrait au droit d'exiger un accès à la culture ce qui reviendrait à admettre corrélativement

une obligation de fournir cet accès ; obligation pesant sur les organes créateurs de normes,

considérés comme débiteur de cette obligation.

Cette notion de culture reste trop générique pour en saisir sa traduction possible en

dispositifs publics ; aucune jurisprudence n'ayant été enregistrée concernant cet alinéa. . Aussi, à

l’instar de la conférence mondiale sur les politiques culturelles de Mexico, 1982, nous adopterons

une autre définition permettant de disposer d'un référentiel pour apprécier « le processus »

d'émancipation possibles par la culture (variant d'ailleurs selon le média utilisé) : « l'ensemble des

traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un

groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de

l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ». La culture participe à l’auto-

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détermination des peuples puisqu’elle donne à l’homme la capacité de réflexion sur lui-même et lui

permet d'élargir ses choix des possibles. La culture serait donc un droit fondamental et en

France.

Mais il faudra attendre la Déclaration de Fribourg pour disposer d'une approche plus large et

humaniste de la culture. Elle stipule que « toute personne, aussi bien seule qu'en commun, a le

droit de choisir et de voir respecter son identité culturelle dans la diversité de ses modes

d'expression (…), de connaître et de voir respecter sa propre culture ainsi que les cultures qui, dans

leurs diversités, constituent le patrimoine commun de l'humanité ; (…) d'accéder (…) aux

patrimoines culturels qui constituent des expressions des différentes cultures ainsi que des

ressources pour les générations présentes et futures. »

Dorénavant, les collectivités ont la responsabilité de vérifier que les projets culturels

financés par des institutions publiques sont conformes aux droits culturels. Ces acteurs doivent

reconnaître le bien-fondé de toutes les actions qui favorisent la reconnaissance mutuelle des

identités culturelles sur leur territoire, et donc parmi elles les projets culturels participatifs co-

construits.

Aussi, deux mondes rendent l'inscription du droit à la culture dans un cadre législatif

opérant :

– celui de l'aménagement du territoire avec l'article 103 de la loi NOTRe, stipulant que « la

responsabilité en matière culturelle est exercée conjointement par les collectivités

territoriales et l’État dans le respect des droits culturels énoncés par la Convention sur la

protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles du 20 octobre 2005. ».

– celui de l'action sociale avec l'article 140 de la loi n°98-657 du 29 juillet 1998 dite « loi

d'orientation relative à la lutte contre les exclusions », stipulant que « l'égal accès à tous,

tout au long de la vie, à la culture, à la pratique sportive, aux vacances et aux loisirs

constitue un objectif national. Il permet de garantir l'exercice effectif de la citoyenneté. »

Par la suite, il est précisé que « la réalisation de cet objectif passe notamment par le

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développement en priorité dans les zones défavorisées, des activités artistiques, culturelles

et sportives (...) ».

Certains réfractaires à la notion de droits culturels soulignent l'absence d'obligations à

l'égard de cette permission d'agir qu'est l'accès à la culture, permission qui, juridiquement, est

considérée comme droit fondamental. L'ensemble des permissions d'agir constitue le socle des

droits fondamentaux en France dédiés à une catégorie générale de personnes, garantis

constitutionnellement et conventionnellement, prévoyant corrélativement des obligations à une

autre catégorie de personnes dont le législateur, et sanctionnables par un organe juridictionnel, dont

la saisine serait ouverte aux bénéficiaires de ces permissions.

Même si cette critique mérite d'être soulevée, elle ne dit rien de ce qui pourrait configurer

des obligations des personnes. Pour cela, il est nécessaire d'enclencher un pas supplémentaire vers

une structuration juridico-sociale de l'accès à la culture et considérer ces obligations à l'aune de la

notion de citoyenneté. En effet, le droit à la culture prendrait-il une orientation plus pragmatique si

nous l’envisagions comme droit fondamental à la citoyenneté nécessitant une structuration des

devoirs de la population. Ce que nous pouvons, pour l'heure, avancer est que l'accomplissement de

ces devoirs permet de passer à un système de droits, nécessaire à la construction de l'autonomie des

personnes (Paul Ricoeur).

Cet accès à la culture est d'autant plus important que le milieu artistique intermédiaire est

souvent logé dans des friches culturelles ; issues du processus de réhabilitation des friches

industrielles initiées depuis quelques décennies, dans des zones défavorisées sur le plan socio-

économique. Les artistes initient souvent des activités directement dédiées à la population du lieu

d'implantation et concourent à faire appliquer le droit à la culture.

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Le milieu artistique intermédiaire, organisateur d'actions publiques au sens philosophique du

terme (par des actions offrant un signal fort de reconnaissance de la dignité humaine) est connu

pour le caractère politisé de ses orientations artistiques (type de programmation, type de projets

accompagnés, etc.), mais beaucoup moins pour sa capacité de structuration sociale et sociétale

de type coopérative et favorable à l'expression de l'identité culturelle.

Tout un travail sur le relogement des associations portant le Chêne et de l'état de l'art en matière de

lieux culturels alternatifs a permis de brosser les contours d'une chaîne de valeur ajoutée artistique

permettant d'avoir une clef de lecture de ces lieux autre que pour leur dimension politique.

Schéma 1 : Structuration de la chaîne de valeur ajoutée artistique au sein d'un milieu intermédiaire comme le Chêne

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Bois

Forge

Métal

Cuir

Arts plastiques

Arts vivants

Résidencesartistiques

Ingénierie de projet

Accompagnement des pratiques amateurs

Ateliers pédagogiquesAccompagnement

de projets

Filière du réemploiet du recyclage

Expositions

Manifestations

Ateliers ouverts au public

Mutualisation des espaces et des moyens

Ingénierie pédagogique créative / Mutualisation des risques

Transmission des savoirs / Partage de notoriété des projets

Représentations

Coopération Artistes / Artisans

Coopération Artistes / Publics

Coopération Artistes / Acteurs de la diffusion

Son

Lumière

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Le Chêne est organisé dans un niveau supérieur de mutualisation décrit par P. Henry comme

la juxtaposition de 3 types de mutualisation : dépenses et résultats des événements, espaces et

moyens, et enfin, risques et notoriété des événements.

Nous identifierons cette forme de mutualisation comme une innovation sociale issue

directement de la rencontre de formes variées de « mondes » professionnels (auto-entrepreneurs,

personnes rattachées à la maison des artistes, intermittents du spectacle, artisans, etc.). Ces formes

d'innovations sont possibles par la présence de plusieurs cadres d'appui au développement de leur

modèle d'activité qu'il convient d'accompagner :

– des principes issus du monde artistique, par l'art du recyclage et du réemploi permettant de

centrer l'activité sur une visée esthétique territoriale et originale,

– des principes issus directement issus du monde marchand, par la commercialisation de leurs

biens et services (œuvres d'art, matériaux réemployés, incubateur etc.) permettant de centrer

l'activité sur les ressources monétaires et la pérennisation du modèle économique,

– des principes d'actions civiques issus des politiques redistributives (subventions) et du

bénévolat permettant de centrer l'activité sur l'humain.

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Les enjeux

L'appui à l'innovation pour ce type d'organisation technico-sociale est complexe. Relevant

de plusieurs principes d'action (marchand, civique, artistique), cet appui doit prendre la forme d'un

accompagnement de type « incubation » sur les maillons clefs du processus de développement

économique de ces lieux intermédiaires.

Dans les faits, la proximité des acteurs de ces lieux intermédiaires crée une hybridation dans

les pratiques artistiques (entre médiums) et entre professionnels (artistes/artisans), et leur mise en

synergie est un facteur de renforcement du maillage territorial. Ils proposent souvent des modèles

d'activité viable, durable pour les générations futures et soutenable pour les générations présentes.

Mais qu'est-ce qui relie ce constat au cycle de vie de l'action publique et au processus

d'émancipation des personnes par la culture ? L'observation des processus de changements sociaux.

L'esthétique des lieux est un marqueur de processus de transformation des espaces publics, espaces,

dans notre cas, qui se développent à l'intérieur d'espaces souvent initialement privés. Plus encore,

ces espaces sont des zones d'observation de signaux de changement que nos contemporains

n'auraient pas encore à l'esprit.

Cette approche par le processus pour tenter de qualifier le milieu artistique intermédiaire

invite à se pencher sur les phases « amont » de la création artistique, et un peu moins sur les formes

définitives que prend cet art que nous qualifierons de la survie et que nous développons plus loin.

C'est par la pluralité d'acteurs et d'espaces d'intervention (avec l'appareil technico-social associé) qui

permet de légitimer le caractère innovant des actions ; par le constat pluriel et partagé de résultats

atteints.

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Pour élargir le débat: l'artiste alchimiste ou l'art de la survie

Si nous retournons à la qualification de l'art dans ce milieu, nous observons que la survie

émerge à plusieurs niveaux.

Dans un premier temps, nous observons une singularisation et la recherche d'une esthétique

des outils de production chez les artistes (à partir de la forge, du métal, du bois, etc...), redynamisant

l'interaction entre artisanat et art qui s'était perdue avec l'industrialisation des économies

occidentales.

Dans un deuxième temps, la survie émerge dans les choix de vie des artistes, revendiquant

une autonomie face à la structuration de l'accès aux biens de consommation, et intégrant la

récupération dans leur manière de vivre et leur art.

Dans un troisième temps, la récupération fait figure d'art de l'équilibrage entre besoins

fondamentaux (notamment la fameuse soif d'expression de l'artiste) et les possibilités offertes par le

réemploi (ou l'art d'offrir un autre avenir à un objet physique ou symbolique lorsque l'artiste le

découvre).

Enfin, la survie s'exprime dans la nécessité de maintenir un cadre de travail, aussi précaire

soit-il, stable et porteur des élans qui animent l'artiste.

La notion de survie se compose éminemment avec l'environnement et donc le territoire.

L'artiste s'inscrit dans un processus de destruction-création qui le dépasse et qui organise les

relations sociales. Le liant dans ce processus ? La mémoire, et c'est en partie dans ce champ

symbolique que l'artiste de la survie, à la fois, y puise sa source d'inspiration (cf. les œuvres

composées avec l'environnement sonore d'un site) et produit son expression (en rendant visible

l'invisible comme on le lit souvent). Quel rôle cette approche donne-t-il au milieu intermédiaire ou

aux tiers lieux dans la relation qui se noue entre la population et territoire, et en quoi la culture

participe-t-elle à façonner une identité mémorielle commune à des communautés variées ?

Autrement dit, de quelle façon ce milieu contribue-t-il à un mieux vivre-ensemble ? Ce que

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l'artiste peut faire à l'échelle d'une pièce de théâtre ou d'une œuvre, en mêlant intentions des publics

et orientations artistiques, se transmet à des cercles plus larges pour atteindre les relations sociales

du territoire concerné. Se joue, semble-t-il, une recomposition, au premier abord anarchique, des

relations sociales du territoire lorsque l'artiste investit ces tiers lieux avec la dynamique que l'on a

décrit. Outre une modification de la place de l'artiste dans la cité, cette notion de processus suppose

une refonte des valeurs des œuvres d’art mobilisant, pendant l'élaboration, la population locale. En

effet, le marché de l'art et les principaux indicateurs d’évaluation d’impacts de politiques culturelles

s’intéressent à l’aval de la création (diffusion, fréquentation des lieux), là où les tiers-lieu ou les

milieux intermédiaires et alternatifs œuvrent à l'élaboration des œuvres et leur impact dans

l'expression de la dignité humaine.

Comment qualifier, et légitimer, les initiatives menées par ces artistes associant le territoire

pour mieux ancrer la dimension humaine de leur création, et nourrir le regard de nos

contemporains ? Cet exercice est complexe d'autant plus que se côtoient différents mondes

professionnels compte tenu du statut hétérogène dans ce milieu (allant des maîtres d'ouvrages entre

artistes eux-mêmes, brouillant les codes du marché de l'art et le rôle des intermédiaires tels que les

galeries ou marchands d'art, au statut d'auto-entrepreneur, intermittent du spectacle, artisan, etc). De

nouvelles professions et mode d'intermédiation émergent, en lien avec les métamorphoses en cours

lorsque que ce côtoient des « mondes » dilués sous le dénominateur «intermédiaire».

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