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Sur la piste du Lynx boréal en Wallonie Esquisse historique, situation actuelle et réflexions sur l’avenir de l’espèce dans nos contrées.

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Page 1: Sur la piste du Lynx boréal en Wallonie

Sur la piste du Lynx boréal

en Wallonie

Esquisse historique, situation actuelle et réflexions

sur l’avenir de l’espèce dans nos contrées.

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Réalisation

Education Environnement asbl Rue Fusch 3 B-4000 Liège 04 250 75 10 [email protected] www.education-environnement.be

Education-Environnement est une association qui vise à sensibiliser chacun à vivre une relation plus proche avec la nature et avec son environnement local, l’aider à comprendre la place de l’Homme – et la sienne en particulier - dans un monde complexe, avec tous ses enjeux et interactions ; l’accompagner dans un processus de découverte, de développement personnel et d’ouverture d’esprit sur le monde qui nous entoure et l’encourager à être acteur dans son milieu de vie.

Photo de couverture

Lynx boréal (Lynx lynx carpathicus) au piège photographique dans le massif du Jura. © Mahaux Y.

Document

Destinataire du document : publication libre Date de publication : 26 avril 2021 Rédaction : Mahaux Yvan Citation recommandée : EDUCATION ENVIRONNEMENT (2021) Sur la piste du lynx boréal en Wallonie. Rédaction : Mahaux Y., Avril 2021, 15 p.

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L’histoire du plus mystérieux des félins

Fréquemment surnommé « le fantôme de la forêt », le Lynx boréal (Lynx lynx) est un animal solitaire, particulièrement

discret, essentiellement nocturne et qui vit sur de vastes territoires. Pour ces différentes raisons, le Lynx boréal est

resté longtemps un animal méconnu des populations humaines. D’ailleurs, comparativement à d’autres grands

prédateurs tels que le Loup gris ou l’Ours brun, le lynx n’a laissé que peu de traces de ses interactions passées avec

Homo sapiens. A tel point, qu’aucune information relative à la présence de lynx au cours de la période historique n’est

disponible en ce qui concerne la Belgique (Libois, 2006).

D’après diverses recherches, il est cependant admis que le lynx présentait une aire de distribution continue dans toute

l’Europe jusqu’au milieu de l’Holocène environ (-6000 ans BP). La présence du lynx aux portes de la Wallonie durant

le paléolithique est d’ailleurs attestée sur le site archéologique Magdalenahöhle situé à Gerolstein dans l’Eifel

(Hutterer & Miebach, 2010). Dans le département français des Ardennes, l’art paléolithique renseigne possiblement

la présence du lynx sur le site magdalénien du Roc-la-Tour, à Monthermé,. Il s’agit d’une gravure sur plaquette de

schiste qui représente un félin pouvant être un lynx ou un chat forestier. (Rozoy, 2003 ; Drouilly, 2019).

Cette aire de distribution continue à travers l’Europe s’est relativement bien maintenue entre le Néolithique et le Moyen-Âge. D’ailleurs, à quelques encablures de la frontière belge, des restes de lynx sont attestés de l’époque romaine aux Pays-Bas, plus précisément dans le castellum romain de Valkenburg situé dans le sud de la province du Limbourg (Van Bree & Clason, 1996). Ces données laissent à penser que le lynx figurait aussi dans la faune qui fréquentait le territoire de l’actuelle Belgique à cette époque. D’ailleurs jusqu’au XVe siècle, le lynx était encore présent dans toute la France métropolitaine, en plaine comme en montagne (Drouilly, 2019).

Fig. 1. Vue latérale du crâne de lynx excavé dans le castellum romain de Valkenburg. © Instituut voor

Taxonomische Zoölogie (Zoölogisch Museum), Amsterdam.

La régression massive du lynx dans une bonne partie de l’Europe de l’Ouest s’est sans doute véritablement accélérée

à la fin du Moyen-Âge et s’est poursuivie durant l’époque moderne. Cette période de l’histoire correspond au

déboisement progressif des grands massifs forestiers de plaine. La chasse devient en outre plus performante avec le

développement des armes à feu. Depuis le Moyen-Âge, le Lynx a également le malheur d’être assimilé au Loup dans

l’imaginaire collectif. En prenant parfois le nom de « loup-cervier », ce qui signifie « le loup qui chasse le cerf », le

déclin du lynx ne pouvait que s’accélérer.

Au vu de l’absence de données sur la présence historique du lynx en Wallonie, tournons-nous une nouvelle fois vers

les régions limitrophes pour esquisser quelques hypothèses sur la période qui a vu disparaitre le félin de nos régions.

En Allemagne, et plus précisément en Rhénanie du Nord-Wesphalie, l’un des deux Länder limitrophe avec la Wallonie,

le dernier lynx fut abattu en 1745 à Schmallenberg, dans le massif de moyenne montagne du Sauerland, à moins de

150 kilomètres de l’est de la Wallonie. En Rhénanie-Palatinat, second Länder jouxtant la Wallonie, les derniers lynx

abattus dans la forêt du Palatinat l’ont été durant la période allant de 1706 à 1710 d’après le Prince de Linange (Acken

& Grünwald, 1977). Cependant, une donnée tardive de tir de lynx est encore renseignée en 1769 près de Fischbach, à

moins de 150 kilomètres du sud de la Wallonie (Berthold, 1996 cité dans Trinzen, 2011).

En France, dans le quart nord-est du pays, le lynx a disparu du massif vosgien vers 1640-1650 (Drouilly, 2019). Dans le

nord du massif jurassien, le lynx a résisté plus longtemps à l’extermination. En effet, ce massif a abrité le félin jusqu’à

la seconde moitié du XIXe siècle comme en témoigne le tir des derniers individus en 1871 à Sarrageois dans le

département du Doubs et en 1885 à Salins-les-Bains dans le département du Jura (Michelat & al., 2005 ; Drouilly,

2019).

Sans pouvoir en avoir la certitude absolue, le recoupement de ces quelques données historiques dans des régions

relativement peu éloignées de la Wallonie laissent à penser que le lynx a probablement complètement disparu du

territoire de l’actuelle région wallonne au cours des XVI, XVII et peut-être XVIIIème siècle.

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Opérations de réintroduction et retour du félin

Après une disparition complète des populations de lynx en Europe de l’Ouest, le timide retour du félin dans nos régions

s’est opéré au cours des XX et XXIe siècle. Peu à peu, la conscientisation de la population européenne aux problèmes

environnementaux et la suppression de certaines des principales menaces ayant entraîné la disparition du lynx, font

naître l’idée de réintroduire le félin en Europe. Quatre opérations de réintroduction vont ainsi permettre de

reconstituer des populations de lynx à moins de 300 kilomètres des frontières wallonnes. Il s’agit des populations

jurassienne, vosgienne, du Harz et de la Forêt Palatine. Esquissons un bref état des lieux de ces populations.

Fig. 2. Carte localisant approximativement différentes régions naturelles évoquées dans cet article.

Dans l’ordre chronologique, le lynx commence par reconquérir naturellement le massif du Jura en France dès 1974 à

partir d’individus réintroduits dans le massif, côté suisse (Raydelet, 2006). La population jurassienne de lynx connaît

une dynamique très active sur les plans démographiques et spatiaux. L’aire de distribution régulière de l’espèce est

passée en 30 ans de moins de 1000 km² en 1987 à 6800 km² en 2017 côté français (ONCFS, 2018). Ce dynamisme

entraine la dispersion d’individus vers les Alpes (ONCFS, 2014), vers les Vosges (Hurstel & Laurent, 2016), vers la Forêt-

Noire (KORA, 2019), vers le Jura Souabe (KORA, 2020), vraisemblablement vers le Massif Central (ONCFS, 2011) et le

plateau de Langres (OFB, 2020 ; OFB, 2021). Au nord du massif jurassien, l’aire de présence régulière actuelle atteint

la région de Besançon qui est située à quelque 250 kilomètres du territoire wallon (ONCFS, 2018).

La population vosgienne est quant à elle issue de la seule réintroduction de lynx qui s’est déroulée en France. Celle-ci

fut menée dès 1983 et la nouvelle population de lynx connu une lente évolution positive jusqu’au début des années

2000. La population finit toutefois par stagner puis décliner pour frôler une seconde extinction durant la décennie

2011-2020. Trois facteurs principaux sont souvent évoqués pour expliquer le faible développement de la population

de lynx dans le massif vosgien. Le premier facteur limitant est la forte mortalité due au braconnage, avec comme

conséquence un nombre restreint d’animaux survivant et contribuant à l’établissement d’une population. Le deuxième

facteur est l’étalement trop long des lâchers par rapport au nombre d’individus réintroduits. Le troisième facteur est

l’isolation démographique de la population vosgienne par l’absence d’immigration depuis une population source

(Hurstel & Laurent, 2016). En 2020, seule une poignée d’individus sont présents dans ce massif situé à quelque 200

kilomètres du sud de la Wallonie. Cette présence actuelle s’explique en grande partie par les opérations de

réintroduction entamées dans le Palatinat en 2016 et à l’arrivée d’au moins un individu en dispersion depuis la

population jurassienne (CROC, 2020).

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Dans la partie ouest de l’Allemagne, le retour de l’espèce s’est effectué de manière plus tardive. Le lynx fut tout d’abord

réintroduit dans le massif du Harz entre 2000 et 2006. A l’instar de la population jurassienne, la population de lynx du

Harz se montre très dynamique sur les plans démographiques et spatiaux. Vingt ans après les premiers lâchers, le lynx

a colonisé l’intégralité du massif, soit environ 2200 km². L’espèce a essaimé dans diverses directions, notamment vers

le sud-ouest, constituant petit à petit des « sous-populations » plus ou moins connectées à la population mère. Le

massif du Solling et la région au sud de Cassel qui comprend notamment le massif du Hoher Meissner abritent chacune

plusieurs individus et la reproduction de l’espèce y est attestée. Ces « sous-populations », situées à quelque 250 km

de l’est de la Wallonie restent cependant encore fragiles car dépendant étroitement du flux d’arrivées d’individus en

provenance du massif du Harz (Mueller & al., 2020).

Enfin, la population de la forêt du Palatinat est issue d’une campagne de réintroduction menée entre 2016 et 2020. La

population semble se développer de manière dynamique avec des reproductions régulières mais il faudra plus de recul

pour évaluer la réussite ou non de cette opération à plus long terme. En 2020, quatre ans après les premières

réintroductions, des individus de cette population ont été signalés dans les Vosges du Nord, les Hautes Vosges

gréseuses, dans les Hautes Vosges cristallines (CROC, 2020). Il est également intéressant de relever que l’espèce fut

détectée en 2020 dans le massif du Hunsrück et dans le sud de l’Eifel, témoignant possiblement de l’expansion de

cette néo-population. Cette population est d’ailleurs la plus proche de Wallonie car située approximativement à 150

kilomètres du territoire wallon.

Fig. 3. Paysages du Jura (en haut), du Harz (en bas à gauche) et des Vosges (en bas à droite). © Yvan Mahaux

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Statut actuel du lynx en Wallonie et dans les régions limitrophes

Assez curieusement au regard de l’historique des réintroductions, le retour du lynx en Wallonie s’est possiblement

dessiné dès le milieu des années 1980. A cette époque, différents observateurs avaient déjà signalé la présence du

lynx en Belgique, essentiellement dans l’est du pays, près de la frontière allemande mais aussi dans le sud, dans les

immenses massifs boisés faisant frontière avec la France (Libois, 2006). Le constat est identique dans les régions

limitrophes avec les premières mentions de l’espèce en Champagne Ardenne dès les années 70-80 (LPO, 2012), dans

l’Eifel dès 1985 (Hucht-Ciorga, 2011) et en Lorraine, dans la région de Metz dès 1986 (Fève, 2006). Les années nonantes

apporteront de nouvelles mentions de l’espèce, essentiellement en Ardenne et dans l’Eifel (Thiry V. & al., 2008 ; Hucht-

Ciorga, 2011). Cependant, en l’absence de données dûment validées, il semble difficile de statuer sur la présence

sporadique de l’espèce dans ces régions durant les dernières décennies du XXe siècle.

La première décennie du XXe permettra d’avérer la présence de l’espèce dans l’est de la Wallonie et dans l’Eifel voisine.

Durant cette période, les preuves génétiques renseignent a priori au moins deux individus et des données de

reproduction sont notées en 2003 et en 2007 (Hucht-Ciorga, 2011). En 2003, un premier lynx sera également

photographié dans l’Eifel sur la commune de Dahlem, à moins de dix kilomètres de la Wallonie. Parmi les faits

marquants côté wallon, une femelle et deux jeunes sont observés en 2003 dans la région d’Elsenborn (Bronne, 2004 ;

Libois, 2006). Dans cette région frontalière, les données récoltées sont de divers types tels que des observations

visuelles, des traces et des carcasses consommées de manière typique (Thiry & al., 2011 ; Huckschlag, 2016). En France,

des indices de présence jugés « probables » sont également relevés dans la région de Metz en 2009 (ONCFS, 2016).

La deuxième décennie du XXe siècle verra une diminution marquante des données de lynx dans l’Eifel. D’après le

service public de Wallonie, les données de lynx se sont également étiolées dans l’est du territoire wallon durant cette

période (DGARNE, 2021). Contre toute attente, l’année 2020 sera toutefois marquée par le premier cliché de lynx

authentifié en Wallonie, à l’autre bout du massif ardennais, dans la vallée de la Semois. Ce cliché réalisé au mois d’août

corrobore des indices récoltés depuis février dans cette partie de la région wallonne (SPW, 2020). Un lynx fut encore

photographié à plusieurs reprises par la suite en 2020 dans la vallée de la Semois. En 2020 toujours, une nouvelle

preuve photographique de la présence du lynx dans l’Eifel provient cette fois de l’extrémité sud du massif, dans

l’arrondissement de Bernkastel-Wittlich (Bents & Moeris, 2021).

Fig. 4. Esquisse des zones de présence du lynx pour la période 2001-2020 en Ardenne – Eifel. L’espèce fut détectée de manière

certaine dans les zones colorées en jaune. La présence de l’espèce fut suspectée dans les zones délimitées par des pointillés.

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La présence sporadique du lynx, sur une période de plus de 20 ans en Wallonie et dans les régions limitrophes n’a pour

l’heure pas permis l’installation d’une population. Durant ce laps de temps, les données fiables se sont essentiellement

concentrées dans l’est de la Wallonie, dans l’Eifel et en 2020 dans la vallée de la Semois. Notons toutefois que la

présence de lynx fut rapportée dans d’autres secteurs du massif ardennais, notamment au plateau des Tailles, dans

les massifs forestiers de Libin, Saint-Hubert ou encore de la région de Gedinne sans toutefois que la moindre preuve

irréfutable puisse être enregistrée (De wetter, 2009). Ce constat est également valable pour la région englobant les

Fourons et le Limbourg hollandais où des mentions sporadiques du félin sont rapportées (Verkem & al., 2003 ; De

wetter, 2009).

Fig. 4. Le lynx boréal n’a été photographié qu’à quelques reprises sur l’ensemble géographique comprenant l’Ardenne et l’Eifel.

En haut, la première preuve « irréfutable » de la présence d’un lynx en Wallonie. Ce lynx fut « capturé » par un piège

photographique dans la vallée de la Semois en 2020. A gauche, le premier lynx photographié dans l’Eifel en 2003. A droite, un

lynx pris au piège-photographique en 2020 dans l’Eifel.

Photo du haut © Maarten Cuvelier - Photo de gauche © Erich Klein - Photo de droite © Landesforsten Rheinland-Pfalz

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Comment interpréter la présence sporadique de lynx en Wallonie ?

Afin de répondre à cette question, intéressons-nous tout d’abord à la biologie et en particulier à la capacité de

dispersion de cette espèce. A l’âge de 10 mois environ, les jeunes lynx commencent à disperser, c’est-à-dire à quitter

le territoire maternel à la recherche d’un nouveau territoire pour s’établir. En Europe de l’Ouest, les jeunes lynx

dispersent habituellement sur des distances de 5 et 100 km avant de s'établir (Raydelet, 2006). Une étude réalisée

dans les Alpes suisses révèle même que 68% des lynx subadultes dispersent à moins de 50 kilomètres de leur territoire

de naissance et que les femelles dispersent en général sur de plus courtes distances que les mâles et s’installent

généralement près du domaine vital de leur mère (Von Arx et al., 2004). Habituellement, les jeunes lynx s'établissent

de proche en proche au-delà de la zone occupée par l'ensemble de la population résidente. Chaque individu à la

recherche d'un territoire s'établira donc sur un nouveau domaine qui ne sera pas distant du reste de l'espace colonisé

par l'espèce (Raydelet, 2006).

Il est toutefois intéressant de noter que des cas de dispersion sur de grandes distances (> 200 km) ont été notés en

Suède, en Allemagne, dans les Alpes et lors de programmes de réintroduction (Drouilly, 2019 ; Mueller & al., 2020).

Les records en la matière proviennent de Scandinavie qui fait office d’exception puisque les records de dispersion

atteignent 215 km et 428 km respectivement pour les femelles et les mâles (Samelius & al., 2012). Plus proche de

nous, des distances de dispersion de lynx mâles atteignant 280 km ont été mis en évidence dans le massif du Harz. Ces

données documentent aussi la faculté du lynx à disperser à travers des paysages anthropisés et fragmentés d’Europe

centrale (Graber & al., 2018 ; Mueller & al., 2020). Certains de ces individus « disperseurs » se retrouvent d’ailleurs

parfois bien loin des populations établies (Molinari-Jobin, 2010 ; Graber & al., 2018 ; Denk, 2019).

Fig. 5. Lors de la phase de dispersion, certains individus parcourent des distances importantes avant de s’établir. Le lynx est

également capable de grands déplacements au sein de son vaste territoire. Ici, un individu de le sous espèce dinniki qui opère un

déplacement de plusieurs kilomètres en haute montagne. © Yvan Mahaux

Au regard des capacités de dispersion de l’espèce et de l’absence de population de lynx en Allemagne de l’Ouest dans

les années 1990, le retour du lynx en Wallonie après plusieurs siècles d'absence peut paraitre étonnant. D’ailleurs,

l’origine des lynx présents dans l’est de la Wallonie et dans l’Eifel depuis probablement les années 90 n’est pas connue

avec certitude mais ne semble toutefois pas due à une recolonisation naturelle (DGARNE, 2021). D’après plusieurs

sources, l’hypothèse retenue serait qu'il s'agisse d'animaux échappés de parcs animaliers ou réintroduits de manière

officieuse (Backbier & Gubbels, 1996 ; Bronne, 2004 ; Trinzen, 2011). A cette époque, seule la population vosgienne

était reconstituée mais située à plus de 200 km de ces régions. A la lumière des connaissances sur l’espèce en termes

d’utilisation de l’espace et de dispersion mais aussi au vu de la faible dynamique démographique et spatiale de l’espèce

dans le massif vosgien à cette époque, il semble en effet hautement improbable que plusieurs lynx, dont au moins une

femelle, aient dispersé vers cette région éloignée.

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A l’heure d’écrire ces lignes, l’origine du lynx détecté dans la vallée de la Semois n’est pas connue mais des

investigations du service public de Wallonie sont menées pour tenter d’en savoir davantage à ce sujet (SPW, 2020).

Pour ce faire, les autorités compétentes mettent en place différents dispositifs de terrain tels que les pièges

photographiques et les pièges à poils. Ce dernier dispositif a pour but de tenter de collecter du matériel génétique.

(Fichefet & al.,2020).

L’hypothèse d’un lynx relâché de manière officieuse ou d’un lynx échappé de captivité ne peut être exclue. Des lâchers

clandestins ayant déjà eu cours en Allemagne et possiblement en Suisse par exemples (Mueller & al., 2020 ; Raydelet,

2006). Un retour naturel du lynx, bien qu’inattendu, semble également possible dans ce cas-ci au vu notamment du

développement de la population de la forêt du Palatinat sise à 200 km de la moyenne Semois. Cette distance bien que

très importante ne serait, au regard de la littérature, pas totalement impossible à franchir pour un lynx mâle en

dispersion. Qu’il s’agisse d’un lynx « disperseur » depuis la population jurassienne semble hypothétique également

car cette population, bien que dynamique, reste éloignée de près de 300 km de la moyenne Semois. Il est toutefois

intéressant de noter que l’espèce fut détectée ces dernières années en Côte-d’Or, en Haute-Marne et possiblement

dans l’Aube. Ces détections témoignent très certainement de la dispersion de l’espèce vers le nord-ouest à partir du

noyau jurassien (OFB, 2021). Toutefois, aucun cas de dispersion d’un lynx sur une distance euclidienne de près de 300

kilomètres n’a pour l’heure été mise en évidence à partir du massif jurassien. La population vosgienne quant à elle,

aux effectifs très faibles ne semble pas en mesure d’avoir envoyé un « éclaireur » vers ces contrées. En effet, dans ce

massif situé à plus de 200 km, la reproduction de l’espèce n’est plus avérée depuis plus d’une décennie. Affaire à

suivre…

De manière plus générale, un retour naturel du lynx en Wallonie à partir des différents noyaux de population qui se

développent en Europe de l’Ouest ne pourra s’effectuer que si ces différentes populations continuent leur

développement. Par sa plus grande proximité géographique, la population du Palatinat offre sans doute les meilleures

chances d’envoyer les premiers « éclaireurs » vers nos contrées, du moins si elle maintient son dynamisme

démographique actuel.

Fig. 6. Piégeage photographique, recherche d’indices de présence et plus rarement collecte de matériel génétique à partir de

pièges à poils sont des méthodes utilisées pour suivre et étudier cette espèce discrète qui évolue sur de vastes territoires. Ces

dispositifs mis en place par les autorités compétentes contribueront peut-être à lever le voile sur la provenance de certains

individus qui fréquentent l’Ardenne & l’Eifel. © Yvan Mahaux

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Quel avenir pour le lynx en Wallonie ?

En Europe de l’Ouest, le lynx est un mammifère inféodé aux milieux forestiers et qui vit sur de vastes territoires. Sa

densité est généralement faible, même dans les zones occupées en permanence par l’espèce. Les valeurs renseignées

dans la littérature sont en général situées entre 0,5 et plus de 3 lynx au 100 km² en Europe occidentale (ONCFS, 2016).

Nous sommes dès lors en droit de nous demander si la Wallonie et les régions limitrophes offrent suffisamment

d’espace pour l’établissement d’une population de lynx. Il est admis que pour qu’une population de lynx puisse se

développer et devenir pérenne dans une région, il faut que celle-ci dispose de vastes massifs forestiers interconnectés

et giboyeux, notamment en chevreuil. Comme pour bon nombre d’espèces sauvages, des zones de tranquillité sur ces

vastes territoires sont indispensables pour le repos et la reproduction de l’espèce.

Dans une Europe occidentale très anthropisée, c’est essentiellement le manque de vastes massifs forestiers et la

fragmentation des écosystèmes forestiers qui sont préjudiciables à l’espèce. Le lynx a toutefois été réintroduit dans

diverses régions forestières d’Europe Centrale et d’Europe de l’Ouest présentant des habitats jugés satisfaisants sur

plusieurs milliers de kilomètres carrés. Il apparait toutefois de plus en plus que la survie de l’espèce à long terme,

même dans ces isolats de plusieurs milliers de kilomètres carrés, ne pourra s’effectuer qu’à la faveur de connexions

entre ses diverses populations pour former une métapopulation (Mueller & al., 2020 ; KORA, 2020).

En Wallonie et dans les régions limitrophes, l’ensemble géographique formé par l’Ardenne et l’Eifel est probablement

le plus susceptible d’accueillir un jour ce félin de manière durable. En effet, cet ensemble géographique qui s’étend

sur quatre pays présente les forêts les plus vastes et les mieux connectées de nos régions. Les effectifs d’ongulés

sauvages y sont en outre importants (SPW, 2018). Cependant, des études approfondies doivent encore être menées

concernant les potentialités d’accueil de cette région pour le lynx.

Actuellement, les premières études réalisées en Allemagne suggèrent que l’Eifel est une zone à potentiel modéré pour

l’établissement d’une population de lynx mais que cette région représente un corridor écologique intéressant pour

l’espèce en vue de recréer une métapopulation en Europe occidentale (Trinzen, 2011 ; Thiel-Bender & Heider, 2017).

En Wallonie, une pré-étude du WWF suggère qu’il y aurait entre 3000 et 4000 km² d’habitat favorable au lynx en

Wallonie (Gross & al., 2020). Enfin, signalons que plusieurs travaux récents sur le chat forestier ont permis d’identifier

de manière fort précise le réseau écologique wallon pour cette espèce. Ces études ont entre autres permis d’identifier

les corridors importants à prendre en compte pour améliorer la connectivité générale du paysage wallon ainsi que les

obstacles majeurs à la dispersion de cette espèce forestière (Bourdouxhe & al., 2020).

Fig. 7. Paysage ardennais. © Yvan Mahaux

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A côté des paramètres écologiques se pose également la question de la coexistence avec les activités humaines. Il

existe une multitude de visions, de représentations de la nature au sein des populations humaines qui font évoluer

l’acceptabilité du lynx. Face à ce constat, il est donc primordial de ne pas simplement prendre en compte les

dimensions écologiques du lynx, mais aussi ses dimensions humaines, sociales, économiques et politiques, pour

permettre de construire une coexistence avec les différents acteurs du territoire (Drouilly, 2019). Diverses études ont

déjà montré que l’acceptation du lynx par les populations humaines locales était un facteur clé pour la survie de

l’espèce. Le lynx est en effet particulièrement sensible au braconnage qui peut compromettre son installation dans

une nouvelle région colonisée ou freiner fortement l’expansion d’une population bien installée. L’échec de la

réintroduction du lynx dans les Vosges est d’ailleurs en partie imputée au braconnage. En outre, le braconnage reste

encore bien présent et documenté dans de nombreuses régions d’Europe telles que le Jura, les Alpes ou la forêt de

Bavière par exemples. Au contraire, dans le massif du Harz, un cas de braconnage seulement a été recensé à ce jour

(Mueller & al., 2020).

Il est indéniable que le lynx, carnivore et prédateur d’ongulés interfère avec certaines activités de notre société,

notamment la chasse et l’élevage ovin. Le lynx est un prédateur qui joue un rôle dans les réseaux trophiques et peut

sous certaines conditions, limiter l’abondance des populations de ces proies, notamment celle de sa proie principale,

le chevreuil. D’après plusieurs études au niveau européen, les chasseurs craignent de voir le gibier disparaître en

présence du lynx. Pour cette raison et d’une manière générale, le lynx est perçu de manière plutôt négative par une

majorité de chasseurs (Drouilly, 2019).

En ce qui concerne les déprédations du lynx sur le cheptel domestique, elles sont comparativement au loup, bien

moindres. Pour la France par exemple, ce sont une centaine d’ovins en moyenne qui sont prélevés par an. De plus, la

répartition spatiale des déprédations met en évidence des foyers d’attaque qui sont liés d’une part au contexte de

gestion du cheptel, à l’environnement immédiat des lots attaqués ainsi qu’au comportement particulier de certains

lynx qui se « spécialisent » sur le cheptel domestique (ONCFS, 2016). De manière générale, le faible attrait du lynx

pour les animaux de rente combiné à un élevage ovin/caprin peu étendu en Wallonie laissent à penser que cette

problématique restera assez marginale et solutionnable si le lynx devait se réinstaller plus durablement dans nos

contrées.

Par ailleurs, la présence du lynx dans une région offre également des opportunités pour nos sociétés. L’image du félin

en fait un atout pour l’industrie du tourisme, notamment du tourisme « nature » qui est en pleine expansion (Drouilly,

2019). Le lynx offre également toute une série d’avantages écosystémiques par son rôle de prédateur au sommet de

la chaine trophique. Par effets directs ou effets en cascades, le lynx permet par exemple de diminuer certains coûts

liés à la surabondance des cervidés. En impactant les populations de méso-prédateurs et notamment de renard, le

lynx pourrait diminuer l’impact de ces espèces sur les animaux de rente ou encore limiter l’émergence et la prévalence

de zoonoses (Drouilly, 2019).

Enfin, le retour de cette espèce emblématique protégée représente un enrichissement de notre faune, de la

biodiversité et de notre patrimoine. Le retour du lynx dans nos régions, qu’il s’avère temporaire ou durable, pose déjà

des questions très concrètes sur l’aménagement du territoire et en particulier sur la trame verte et les corridors

écologiques. Plus philosophiquement et à l’instar des réflexions menées au sujet du retour du loup, ce retour nous

renvoie à notre rapport à la « nature » et à la place que nos sociétés veulent laisser au « sauvage ».

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Citations partagées

« L'homme a assez de raisons objectives pour s'attacher à la sauvegarde du monde sauvage. Mais la nature ne sera

en définitive sauvée que par notre cœur. Elle ne sera préservée que si l'homme lui manifeste un peu d'amour. »

Jean Dorst

« Il faut sauver les espèces animales en danger non pas parce que nous en avons besoin, mais parce que nous avons

besoin de développer les qualités humaines nécessaires pour les sauver, et ce seront celles-là dont nous aurons besoin

pour nous sauver nous-mêmes. »

Robert Hainard

« La nature est, pour celui qui sait la regarder, une source inépuisable d'émerveillement. »

Thomas Traherne

Merci pour cette lecture

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