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Novembre 2013 MEDDTL Suivi des pesticides dans les eaux souterraines de Bourgogne Exploitation triennale (août 2008 à décembre 2011) Nombre de points de prélèvement (staons) 223 Origine des données ARS : 58 AERMC : 40 AESN : 69 AELB : 16 CG21 : 40 Nombre de prélèvements 2732 Nombre de molécules idenfiées 133 Nombre de prélèvements par staon 2 à 40 Moyenne à 12.25 Nombre de staons exemptes de contaminaon 37 Nombre de staons toujours contaminées 59 La synthèse triennale dresse, au terme du travail mené sur 3 campagnes, un état de la polluon des eaux par les pescides à l’échelle de la Bourgogne. La mise en évidence des évoluons sur trois périodes successives n’a pas été retenue en raison de chro- niques incomplètes pour de nombreuses staons dont certaines n’ont été prélevées que sur une seule période entre août 2008 et décembre 2011 ; les conclusions sont donc à modérer. Ce travail constue une première étape ; l’acquision de données devra être adaptée et poursuivie pour permere une exploitaon des résultats meant en lien la nature de la contaminaon avec les cycles hydrologiques, les régimes hydrogéologiques des aquifères et les acons conduites sur les territoires (notamment les mesures vo- lontaires dans le cadre des démarches sur les captages ou les références techniques acquises et développées dans les fermes DEPHY du plan ECOPHYTO). A parr des 32 masses d’eau souterraines auxquelles sont raachées les différentes staons suivies, 7 groupes ont été constués ; ceci est suffisant pour mere en évidence des caractérisques régionales proposant une analyse aachée à chaque formaon géo- logique. Le contexte structural spécifique des calcaires en bordure occidentale du fossé Bressan a jusfié la séparaon des calcaires de part et d’autre du seuil de Bourgogne (limite hydrographique entre les bassins Rhône Méditerranée et Seine Normandie). Les délimitaons cartographiées sont indicaves afin d’idenfier aisément le groupe auquel chaque staon est raachée. L’objecf est de mere en évidence des états différents de contaminaon selon les grandes formaons hydrogéologiques présentes. Celles-ci sont les suivantes : Formaons peu perméables Les formaons peu perméables rassemblent le socle et les terrains primaires (roches compactes ne comportant que de petes réserves en eau dans les zones alté- rées), les bassins permo-carbonifères (succession de terrains houillers et schisto-gréseux à faible potenel aquifère) et le Trias ou Jurassique inférieur (marnes peu perméables sans réserve aquifère). Calcaires jurassiques – 2 groupes Sur le bassin de la Saône et du Châllonnais, les calcaires jurassiques correspondent au Jurassique moyen (formaons généralement karsfiées). Depuis la côte du Châllonnais jusqu’au Nivernais, les calcaires jurassiques regroupent des formaons diverses, Lias, Dogger et Jurassique supérieur (calcaires marneux à karsfiés avec des réserves parfois importantes). Certaines staons raachées à ce groupe peuvent aussi capter les alluvions récentes (Armançon, Serein, Yonne ou Cure). Sables albiens Les sables de l’Albien, qui affleurent au centre de l'Yonne, constuent un important réservoir. Ils s’étendent au Nord-Ouest sous la formaon crayeuse du bassin parisien. Formaon crayeuse La Craie est une formaon plus ou moins karsfiée, à forte porosité, assurant une capacité de stockage importante ; elle est assez généralement recouverte de for- maons superficielles argileuses. Formaons du fossé Bressan Ce groupe rassemble les formaons sédimentaires de remplissage du fossé Bressan (alternance de marnes, de sables et graviers) avec un potenel hydrogéologique faible, sauf localement (nappes de Vignoles et du Meuzin, formaon du Saint-Cosme) et les alluvions de la Saône et de ses affluents (alluvions producves connectées au cours d’eau avec des échanges nappes-rivières importants). Formaons du fossé de Loire Ce groupe rassemble des ouvrages captant certaines formaons teraires (formaons dites du bassin roannais et plaine de Limagne, de producvité variable) et les alluvions de la Loire et de l’Allier (alluvions producves connectées au cours d’eau avec des échanges nappes-rivières importants). Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement BOURGOGNE www.bourgogne.developpement-durable.gouv.fr

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Novembre 2013

MEDDTL

Suivi des pesticides dans les eaux souterraines

de Bourgogne

Exploitation triennale (août 2008 à décembre 2011)

Nombre de points de prélèvement (stations) 223

Origine des données ARS : 58

AERMC : 40

AESN : 69

AELB : 16

CG21 : 40

Nombre de prélèvements 2732

Nombre de molécules identifiées 133

Nombre de prélèvements par station 2 à 40 Moyenne à 12.25

Nombre de stations exemptes de contamination 37

Nombre de stations toujours contaminées 59

La synthèse triennale dresse, au terme du travail mené sur 3 campagnes, un état de la pollution des eaux par les pesticides à l’échelle de la Bourgogne. La mise en évidence des évolutions sur trois périodes successives n’a pas été retenue en raison de chro-niques incomplètes pour de nombreuses stations dont certaines n’ont été prélevées que sur une seule période entre août 2008 et décembre 2011 ; les conclusions sont donc à modérer. Ce travail constitue une première étape ; l’acquisition de données devra être adaptée et poursuivie pour permettre une exploitation des résultats mettant en lien la nature de la contamination avec les cycles hydrologiques, les régimes hydrogéologiques des aquifères et les actions conduites sur les territoires (notamment les mesures vo-lontaires dans le cadre des démarches sur les captages ou les références techniques acquises et développées dans les fermes DEPHY du plan ECOPHYTO). A partir des 32 masses d’eau souterraines auxquelles sont rattachées les différentes stations suivies, 7 groupes ont été constitués ; ceci est suffisant pour mettre en évidence des caractéristiques régionales proposant une analyse attachée à chaque formation géo-logique. Le contexte structural spécifique des calcaires en bordure occidentale du fossé Bressan a justifié la séparation des calcaires de part et d’autre du seuil de Bourgogne (limite hydrographique entre les bassins Rhône Méditerranée et Seine Normandie). Les délimitations cartographiées sont indicatives afin d’identifier aisément le groupe auquel chaque station est rattachée. L’objectif est de mettre en évidence des états différents de contamination selon les grandes formations hydrogéologiques présentes. Celles-ci sont les suivantes :

Formations peu perméables

Les formations peu perméables rassemblent le socle et les terrains primaires (roches compactes ne comportant que de petites réserves en eau dans les zones alté-rées), les bassins permo-carbonifères (succession de terrains houillers et schisto-gréseux à faible potentiel aquifère) et le Trias ou Jurassique inférieur (marnes peu perméables sans réserve aquifère).

Calcaires jurassiques – 2 groupes

Sur le bassin de la Saône et du Châtillonnais, les calcaires jurassiques correspondent au Jurassique moyen (formations généralement karstifiées). Depuis la côte du Châtillonnais jusqu’au Nivernais, les calcaires jurassiques regroupent des formations diverses, Lias, Dogger et Jurassique supérieur (calcaires marneux à karstifiés avec des réserves parfois importantes). Certaines stations rattachées à ce groupe peuvent aussi capter les alluvions récentes (Armançon, Serein, Yonne ou Cure).

Sables albiens

Les sables de l’Albien, qui affleurent au centre de l'Yonne, constituent un important réservoir. Ils s’étendent au Nord-Ouest sous la formation crayeuse du bassin parisien.

Formation crayeuse

La Craie est une formation plus ou moins karstifiée, à forte porosité, assurant une capacité de stockage importante ; elle est assez généralement recouverte de for-mations superficielles argileuses.

Formations du fossé Bressan

Ce groupe rassemble les formations sédimentaires de remplissage du fossé Bressan (alternance de marnes, de sables et graviers) avec un potentiel hydrogéologique faible, sauf localement (nappes de Vignoles et du Meuzin, formation du Saint-Cosme) et les alluvions de la Saône et de ses affluents (alluvions productives connectées au cours d’eau avec des échanges nappes-rivières importants).

Formations du fossé de Loire

Ce groupe rassemble des ouvrages captant certaines formations tertiaires (formations dites du bassin roannais et plaine de Limagne, de productivité variable) et les alluvions de la Loire et de l’Allier (alluvions productives connectées au cours d’eau avec des échanges nappes-rivières importants).

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Présentation des cartes : afin de caractériser la contamination, différents indicateurs ont été établis et cartographiés ; seuls certains, parmi les plus pertinents, sont présentés et utilisés dans cette synthèse. La première carte représente la distribution des concentrations en pesticides totaux des prélèvements par station ; elle permet de pointer les niveaux de dépassement des critères de qualité et d’apprécier la fréquence des contaminations. La seconde carte fait apparaître le nombre de molécules autorisées ou interdites quantifiées sur chaque station; cet indicateur re-flète ainsi la diversité de contamination par station.

A l’échelle de la Bourgogne, l’état de contamination des stations est très contrasté en termes de fréquence et de niveau de contamination. Parmi les 223 stations en eaux souterraines pour lesquelles des données ont été exploitées entre août 2008 et décembre 2011, seules 37 (17%) sont toujours exemptes de contamination, alors que 59 (26%) sont systématiquement contaminées. Ces der-nières sont présentes sur l’Est, le long du Pied de Côte Dijonnaise et du Val de Saône. On en retrouve également sur la Côte du Châtillonnais, assez largement sur le département de l’Yonne, – au centre et nord – et enfin localement dans le Morvan et le Nivernais. Ces éléments pointent la fréquence de l’impact en pesticides de ces stations. Comme sur les stations en eaux superfi-cielles, les secteurs les plus fréquemment pollués sont donc situés sur le bassin Rhône Méditerranée et le bassin Seine Norman-die. Parmi les stations concernées par des prélèvements contaminés mais en deça de 100%, 59 (26%) présentent moins de 50 % de prélèvements contaminés alors que 68 (30 %) ont des quantifications dans plus de la moitié des prélèvements. Un constat s’impose : les pesticides affectent tous les regroupements de masses d’eau souterraines de Bourgogne quels que soient les territoires.

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Répartition des stations Eaux souterraines par classe de pesticides totaux

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Nombre de stations

Pourcentage de stations non contaminées

Pourcentage de stations toujours contaminées

Formations peu perméables 37 32 % 13 %

Calcaires Bassin Saône 42 21 % 21 %

Calcaires Bassins Loire et Seine 56 16 % 16 %

Sables albiens 7 29 % 29 %

Formations crayeuses 20 0% 35 %

Formations du fossé de Loire 10 20 % 0 %

Formations du fossé Bressan 51 6 % 53 %

Examen de l’état de contamination par groupes de formations hydrogéologiques

Au Nord-Ouest, les formations crayeuses sont marquées par une contamination affectant toutes les stations, indiquant une généralisation de l’impact en pesticides. La contamination est aussi quasi-systématique pour une majorité de stations (sur 20 stations, 18 indiquent la quantification d’au moins une molécule sur plus de 75 % des prélèvements). Le niveau de contamina-tion reste cependant modéré, les concentrations en pesticides totaux sont majoritairement inférieures à 0,5 µg/l (93 % des pré-lèvements). A l’Est, les formations du fossé Bressan, avec seulement 6% de stations non contaminées, sont également marquées par une contamination quasi-généralisée. Les concentrations en pesticides totaux y sont importantes, dépassant 0,5 µg/l pour 30% des prélèvements. Ces dépassements sont particulièrement fréquents en Pied de Côte Dijonnaise, franchissant de façon systéma-tique 2 µg/l sur certaines stations. Dans l’ensemble, 45 % des stations contaminées révèlent des quantifications à chaque cam-pagne. La forte contamination locale évoquée ci-dessus concerne également les stations de la Côte Dijonnaise implantées dans les cal-caires du bassin de la Saône, avec des dépassements fréquents de 0,5 voire 2 µg/l. À l’origine des impacts sur ce secteur, il faut souligner l’activité viticole dominante. Pour ce groupe de formations hydrogéologiques, les résultats indiquent des proportions égales de stations toujours ou jamais contaminées (21%), les niveaux de contamination étant par ailleurs inférieurs à ceux cons-tatés dans les formations du fossé Bressan. Les calcaires des bassins Loire et Seine ont des proportions égales de stations toujours ou jamais contaminées. La distribution n’est pourtant pas homogène au sein de ces formations : les stations les plus impactées se situent essentiellement des Côtes du Châtillonnais au Nivernais, les plateaux du Châtillonnais ainsi que la bordure du Morvan sont davantage épargnés. Les formations des sables albiens ont un niveau de contamination contrasté : un tiers des stations est toujours contaminé, un tiers de façon variable, et un dernier jamais contaminé. Les dépassements du seuil de 0,5 µg/l concernent 2 stations sur 7, sans aucun résultat au-delà de 2 µg/l. A l’opposé, les formations peu perméables présentent le plus fort taux de stations jamais contaminées (32%). Cette impression de bonne qualité générale doit cependant être modulée : au cœur du Morvan, on trouve quelques stations (13%) toujours con-taminées, avec des niveaux de concentrations dépassant ponctuellement 0,5 µg/l. Enfin, les formations du fossé de Loire ont la particularité de ne comporter aucune station qui soit toujours impactée. La conta-mination est cependant assez généralisée : seules 2 stations sur 10 ne présentent aucune quantification sur l’ensemble des trois périodes. Les stations fréquemment impactées sont localisées essentiellement sur la partie Nord de la formation. A l’échelle de la Bourgogne, la répartition des concentrations en pesticides totaux fait apparaître une bande centrale relative-ment peu impactée, des bords de Loire jusqu’au plateau du Châtillonnais en passant par le Morvan. De part et d’autres, les sec-teurs NW et SE sont marqués au contraire par des impacts plus importants. Le facteur hydrogéologique est essentiel pour éclai-rer les mécanismes de contamination : les impacts au centre de la Bourgogne restent localisés, en lien avec des petits aquifères ; à l’inverse, au sein des formations hydrogéologiques d’importance régionale, ces impacts se cumulent. Ceci s’observe notam-ment au niveau des calcaires et des formations du Pied de Côte sur le bassin de la Saône.

Le long de la Côte viticole, tant dans les calcaires que dans les formations du fossé Bressan, on observe une contamination à large spectre, atteignant 25 substances quantifiées sur certaines stations, dont une majorité de substances interdites. En s’éloignant, dans le Val de Saône et sur l’Arrière Côte, on retrouve un nombre de molécules plus réduit, de l’ordre de la dizaine au plus ; par contre, les for-mations du fossé Bressan sont davantage marquées par les substances interdites que les calcaires de l’Arrière Côte. Les stations en bordure occidentale des formations calcaires du bassin de Loire et Seine révèlent un nombre similaire de molécules – de 10 à 25 –, avec une part importante de substances interdites. A l’inverse, au plus proche du Morvan, la diversité des substances rencon-trées est réduite, avec essentiellement des substances autorisées. Sur l’ensemble des stations des formations calcaires, on recense finalement un total de 70 à 80 substances différentes, dont une majo-rité de substances interdites (65 % pour le bassin de Saône et 80 % pour le bassin de Loire et Seine).

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Répartition du nombre de molécules autorisées ou interdites quantifiées par station ESO

En termes de diversité des substances, 133 molécules participent à la contamination des eaux souterraines en Bourgogne, avec une forte variabilité selon les secteurs et les formations hydrogéologiques. La répartition géographique des stations en fonction du nombre de molécules quantifiées est analogue à la répartition des impacts en pesticide décrite précédemment. Le nombre de molé-cules ou métabolites différents quantifiés est ainsi plus important sur les Côtes Dijonnaise et Mâconnaise d’une part et de la Côte Châtillonnaise jusqu’aux plateaux du Nivernais d’autre part.

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Pour les autres entités hydrogéologiques, sables albiens, formations du fossé de Loire, formations crayeuses et formations peu perméables, le nombre de substances est plus faible entre 10 et 40 en cumulé par groupe de formations. Cependant, il s’agit là aussi, majoritairement de quantifications liées à des substances interdites pour 60 à près de 90 % des prélèvements. A l’échelle de la Bourgogne, l’un des principaux déterminants de l’état de la contamination est évidemment la nature de l’activité agricole. Seules les eaux souterraines en zones d’élevage sont relativement préservées. La nature des formations hydrogéologiques captées par les stations semble également participer à la distribution de la contamina-tion. La diversité des substances est en effet moindre dans les formations peu perméables et dans certaines formations calcaires. Les contaminations sont finalement plus marquées dans les aquifères d’importance régionale, au NW et SE de la région. On peut ainsi s’interroger sur un facteur d’accumulation des impacts, d’amont en aval et dans le temps. La forte proportion de substances interdites détectées, constat qui concerne toutes formations hydrogéologiques, interpelle forte-ment ; l’argument d’une rémanence de substances interdites liée à l’inertie des formations hydrogéologiques et à la persistance de ces composés nécessite d’être confirmé.

Si toutes les stations sont concernées par des herbicides, en revanche, les fongicides ne sont retrouvés en proportion significative que sur la Côte Dijonnaise, dans le Val de Saône et sur la Côte du Châtillonnais ; le lien avec la viticulture, l’horticulture et l’arbori-culture est manifeste.

L’examen des molécules selon leur usage montre que la conta-mination des eaux souterraines résulte pour une majeure partie de l’utilisation d’herbicides (56%) et de fongicides (28%), puis d’insecticides (6%) et autres (rodonticides, molluscicides…). L'im-pact des herbicides reste prépondérant aussi bien en nombre de molécules retrouvées (75 molécules ou métabolites) qu’en pro-portion dans la contamination (89% des quantifications leur sont imputables). Si les molécules autorisées n’occasionnent que 17 % des quantifications, on constate pour autant, qu’elles sont au nombre de 80, signe qu’une amélioration des pratiques par une utilisation plus raisonnée des pesticides est impérative. La conta-mination chronique par des polluants historiques reste donc d’ac-tualité pour les eaux souterraines, mais elle ne doit pas occulter l’impact des contaminations liées aux pratiques actuelles. 0

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herbicides fongicides insecticides autres

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autorisé

interdit

133 molécules quantifiéesdont 53 interdites

Répartition du nombre de molécules quantifiées

Focus sur les contaminants...

0%2%4%6%8%10%12%14%16%18%20%22%24%26%28%30%32%34%36%

Dimétachlore

AMPA

Hexazinone ▲

Métolachlore ▲

Diméthomorphe

Isoproturon

Bromacil ▲

Hydroxyterbuthylazine ▲

Chlortoluron

Terbuméton ▲

Ethidimuron ▲

Bentazone

Déisopropyl-déséthyl-atrazine ▲

Métazachlore

2-hydroxy atrazine ▲

Diuron ▲

Terbuthylazine ▲

Simazine ▲

2 6 Dichlorobenzamide ▲

Oxadixyl ▲

Atrazine déisopropyl ▲

Terbuthylazine désethyl ▲

Déséthyl-terbuméton ▲

Atrazine ▲

Atrazine déséthyl ▲

Listes des 25 molécules les plus quantifiées

< 0,1 µg/L

entre 0,1 et 0,5 µg/L

entre 0,5 et 1 µg/L

> 1 µg/L

▲ molécules interdites et leurs métabolites de dégradation

0 20 40 60 80 100

Nombre de stations où la molécule est quantifiée

Nbre total de stations : 223

Molécules autorisées

les plus retrouvées

Sur les 133 molécules retrouvées en eaux souterraines en Bourgogne entre août 2008 et décembre 2011, le graphique précédent présente les fréquences de quantification des 25 molécules les plus quantifiées. Celles-ci sont mises en parallèle avec le nombre de stations où la molécule a été retrouvée (exemple : l’atrazine déséthyl est quantifiée dans 93 stations et dans plus de 33% des prélèvements). Sur ces 25 molécules, 18 sont des molécules interdites à ce jour (ou un de leur métabolite) et 11 font partie de la famille des triazines. Le poids des contaminations par les triazines demeure bien une problématique forte en eaux souterraines. Les formations peu perméables font cependant exception, les triazines n’occasionnent ici « que » 24% des quantifications. Ce constat est à mettre en relation avec l’occupation du sol caractérisé par un usage limité de cette famille de substances. Dans les autres regroupements, les triazines représentent toujours plus de la moitié des quantifications. En l’occurrence, on note un maximum à 84% dans les formations crayeuses du Nord de l’Yonne. Si on exclut l’atrazine et l’atrazine déséthyl, les molécules retrouvées dans le plus grand nombre de stations sont des herbicides autorisés ; il s’agit du métazachlore (désherbage colza et tournesol), du chlortoluron (désherbage céréales) et de la bentazone (désherbage céréales, maïs, pois, soja) qui sont trouvés dans 36 à 42 stations. Afin de permettre de dégager ultérieurement des pistes d’actions vis-à-vis des contaminations actuelles, le graphique ci-dessous représente le pourcentage de quantification des molécules autorisées par groupe de formations hydrogéologiques. Les urées substituées (chortoluron et isoproturon – en violet) sont présentes dans 5 regroupements sur 7. Ils sont absents des quantifications des sables albiens et des formations du fossé de Loire. La problématique glyphosate et son métabolite l’AMPA (en turquoise) est très minoritaire en eaux souterraines, alors qu’elle est très marquée en eaux superficielles. Le glyphosate est même complètement absent des prélèvements faits dans les stations des sables albiens. La principale problématique des stations des sables albiens est par contre la bentazone. Celle-ci et le métazachlore (en vert) sont par ailleurs fréquemment quantifiées dans les formations du fossé Bressan. La catégorie des « Autres » molécules représente de 30 à 90 % des détections en dehors des sables albiens ; à défaut de famille aisément identifiable, l’analyse n’est pas détaillée pour les 74 substances différentes de ce groupe. En conclusion pour les eaux souterraines, la prééminence des contaminations dites historiques causées par des substances interdites (dans certains cas, depuis plus de 10 ans) confirme, si il en était besoin, les risques à long terme provoqués par des substances actives aux effets toxicologiques et écotoxicologiques divers mais non neutres. Les résultats développés dans ce travail de synthèse servent à dresser un état des lieux sans doute incomplet mais qui confirme amplement la nécessité de faire évoluer les pratiques afin de réduire au maximum les conséquences futures pour le milieu. La situation constatée pour les eaux des aquifères de la région est le reflet des applications des décennies passées mais les utilisations plus récentes entrent également en ligne de compte. Il est difficile de tirer des conclusions sur les mécanismes de transfert des pesticides dans les eaux. Les fonctionnements des différents systèmes hydrogéologiques associés à la multiplicité des substances et aux pratiques rendent la compréhension de ce sujet très difficile. Il n'en demeure pas moins qu'il est urgent d'intervenir pour limiter au maximum les doses de produits appliqués et surtout développer les techniques alternatives pour le désherbage et la lutte contre les maladies et ravageurs : travail mécanique, réflexion sur les assolements, lutte biologique, … En effet, les atteintes à la santé humaine et à l'environnement vont bien au delà de la seule ressource en eau. Les limites de la lutte chimique sont maintenant mesurées alors que des pistes nouvelles s'offrent aussi bien en agriculture que pour les autres utilisateurs de produits phytosanitaires. Il faut se les approprier et les démultiplier.

Pourcentage de quantification

des molécules autorisées par regroupement

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Autres

AMPA etglyphosate

bentazone etmétazachlore

isoproturon etchlortoluron

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Formations peu perméables – 37 stations Ces formations sont caractérisées par une contamination non généralisée, peu diversifiée, mais pouvant être localement systématique, de forte intensité et avec une majorité de substances interdites. Molécules autorisées les plus quantifiées : chlortoluron, métazachlore, dimétachlore. Le métazachlore et le dimétachlore sont des herbicides utilisés sur colza, qui est la tête de rotation pour les plateaux de Bourgogne où la terre est relativement superficielle. Stations présentant les plus forts pics de concentration :

. 1,87 µg/l en chlortoluron à Mont Saint Jean le 20/12/10, suite aux périodes de désherbage céréales qui ont lieu classi-quement en octobre. Toutefois le type de formation (peu perméable) en place n’est pas propice aux transferts.

. 1,74 µg/l de métazachlore à Mont Saint Jean le 24/09/10, potentiellement suite aux désherbages en pré-semis des colzas qui ont plutôt lieu la première quinzaine de septembre dans le secteur

Calcaires jurassiques, Bassin Loire et Seine – 56 stations Ces formations sont caractérisées par une contamination non généralisée et non systématique des stations impactées. En bordure Nord et Ouest, les concentrations maximales sont plus importantes pour un spectre de substances plus large, les proportions de substances autorisées ou interdites restant variables. Molécules autorisées les plus quantifiées : métazachlore, bentazone, chlortoluron Stations présentant les plus forts pics de concentration :

. 3,4 µg/l en métazachlore à Tonnerre (le 18/11/09), la quantification de cette molécule à cette période n’est pas en lien direct avec son usage de désherbage colza. Toutefois, compte-tenu de la présence de fissures/failles, on ne peut pas exclure le transfert massif de la molécule suite à une forte pluie.

. 3,24 µg/l en chlortoluron à Giry (captage n°1) le 02/12/09, aux périodes de désherbage céréales qui ont lieu classique-ment en octobre et aux potentiels transferts de la molécule suite à une forte pluie via les fissures/failles présentes dans les formations calcaires.

Calcaires jurassiques, Bassin Saône – 42 stations Les caractéristiques générales de la contamination sont similaires à celles des calcaires Bassins Loire et Seine. Molécules autorisées les plus quantifiées : dimétomorphe, métazachlore, boscalid Les concentrations maximales sont localement importantes (Côtes Dijonnaise et Mâconnaise). Les captages situés en pied de Côte viticole sont majoritairement contaminés par du dimétomorphe et du boscalid qui sont des fongicides utilisés en vigne. Le boscalid est également utilisé pour lutter contre les maladies du feuillage en céréales et le métazachlore est un herbicide colza/tournesol. Stations présentant les plus forts pics de concentration :

. 4,7 µg/l en glyphosate à Cortevaix le 16/08/10 potentiellement en période de nettoyage des repousses avant semis de colza (transfert rapide facilité par le milieu karstique).

. 2,1 µg/l en glyphosate à Etaules le 04/10/11 potentiellement en période de nettoyage des repousses avant semis de céréales (facilité par la présence de karst).

Sables albiens (Crétacé) – 7 stations Cette formation est caractérisée par une contamination non généralisée et non systématique des stations impactées. Les concentrations maximales sont ponctuellement importantes, avec une majorité de substances interdites, et un spectre de substances assez réduit. Molécules autorisées les plus quantifiées : bentazone, clopyralid, aminotriazole Bentazone et clopyralid sont utilisés en désherbage céréales et maïs, l’aminotriazole est utilisé en désherbage vigne et col-lectivités, mais le vignoble n’étant pas situé dans ce secteur, sa quantification serait plutôt à relier à l’entretien des collecti-vités. Station présentant le plus fort pic de concentration :

. 1 µg/l en bentazone à Villemer le 26/10/11, la quantification de cette molécule n’est pas réalisée en période d’applica-tion.

Lien entre milieu et contamination...

Fournisseurs de données :

Formations crayeuses – 20 stations Ces formations sont caractérisées par une contamination généralisée et quasi-systématique de toutes les stations. Les con-centrations maximales sont cependant rarement importantes, avec un spectre de substances assez limité mais très majori-tairement constitué de substances interdites. Molécules autorisées les plus quantifiées : chlortoluron, isoproturon, bentazone. Les urées substituées sont des herbicides céréales, tout comme la bentazone. Les formations crayeuses sont situées en plein dans le bassin céréalier du nord de l’Yonne. Stations présentant les plus forts pics de concentration :

. 10,9 µg/l en chlortoluron à La Celle Saint Cyr le 09/12/10, suite aux périodes de désherbage céréales qui ont lieu classi-quement en octobre et aux potentiels transferts de la molécule suite à une forte pluie via les fissures/failles pré-sentes dans les formations crayeuses.

. 1,1 µg/l en chlortoluron à Champignelles le 11/12/08, suite aux périodes de désherbage céréales comme préce-demment.

Formations du fossé Bressan – 51 stations Ces formations sont caractérisées par une contamination assez systématique de la plupart des stations et donc assez géné-ralisée. Les concentrations maximales sont localement très importantes, notamment en Pied de Côte où le spectre de subs-tances peut être très large, avec dans l’ensemble une majorité de substances interdites. Molécules autorisées les plus quantifiées : bentazone, métazachlore, chlortoluron. Ces herbicides sont typiques des rotations colza/blé/orge du secteur. Stations présentant les plus forts pics de concentration :

. 4,24 µg/l de déisopropyl déséthyl atrazine à Chenôve le 24/02/10, sous produit de dégradation d’une molécule inter-dite.

. 3,4 µg/l de chlortoluron à St Symphorien sur Saône le 25/11/11, suite aux périodes de désherbage céréales qui ont lieu classiquement en octobre

Formations du fossé de Loire – 10 stations Ces formations sont caractérisées par une contamination non généralisée et non systématique des stations, de faible inten-sité et avec un spectre de substances assez restreint, sauf en aval de la Charité sur Loire. Les substances détectées sont tou-jours majoritairement interdites. Molécules autorisées les plus quantifiées : dimétomorphe, myclobutanil, mecoprop. Les molécules autorisées les plus quantifiées dans ces formations ne sont pas typiques d’un système de culture en particu-lier ; le dimétomorphe et le myclobutabil sont des fongicides vigne (culture présente seulement sur la frange ouest de la Nièvre), le myclobutanil est également utilisable en verger. Le mécoprop est un désherbant spécifique des gazons de grami-nées anciennement utilisé en association avec d’autres molécules en désherbage céréales. Compte tenu de l’occupation du sol, c’est plutôt son utilisation historique qui expliquerait la contamination par le mécoprop. Stations présentant les plus forts pics de concentration :

. 0,89 µg/l en diuron à Vitry sur Loire (le 15/04/09) - molécule interdite d’utilisation au 13/12/08 en collectivité

. 0,86 µg/l en hydroxyterbuthylazine à Tracy sur Loire (le 17/05/11), sous produit de dégradation de la terbuthylazine interdite (la présence d’un sous produit atteste que le processus de dégradation de cette triazine a bien lieu, même s’il est très long).

Lien entre milieu et contamination...