suivi des activités halieutiques dans le parc naturel...

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Par : Rébecca BAUCHET Soutenu à Rennes le 9 septembre 2015 Devant le jury composé de : Président : Olivier LE PAPE, Agrocampus-Ouest Rennes Maître de stage : Paul GIANNASI, Agence des aires marines protégées Enseignant référent : Olivier LE PAPE, Agrocampus-Ouest Rennes Autres membres du jury : Jean-Eudes BEURET, Agrocampus-Ouest Rennes Olivier ABELLARD, Agence des aires marines protégées Les analyses et les conclusions de ce travail d'étudiant n'engagent que la responsabilité de son auteur et non celle d’AGROCAMPUS OUEST Suivi des activités halieutiques dans le Parc Naturel Marin de Mayotte L’exemple de la pêche professionnelle palangrière et de la pêche traditionnelle au poulpe Mémoire de Fin d’Etudes Master Sciences Technologie Santé, mention Biodiversité Ecologie Environnement Année universitaire : 2014-2015 Spécialisation : Ressources Aquatiques et Exploitation Durable Dominante : Gestion des Pêches et des Ecosystèmes Côtiers et continentaux Pêcheuses traditionnelles de poulpe et palangrier au ponton de plaisance de Mamoudzou (R. Bauchet)

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Par : Rébecca BAUCHET

Soutenu à Rennes le 9 septembre 2015

Devant le jury composé de :

Président : Olivier LE PAPE, Agrocampus-Ouest Rennes

Maître de stage : Paul GIANNASI, Agence des aires marines protégées

Enseignant référent : Olivier LE PAPE, Agrocampus-Ouest Rennes

Autres membres du jury : Jean-Eudes BEURET, Agrocampus-Ouest Rennes

Olivier ABELLARD, Agence des aires marines protégées

Les analyses et les conclusions de ce travail d'étudiant n'engagent que la responsabilité de son auteur et non celle d’AGROCAMPUS OUEST

Suivi des activités halieutiques dans le Parc Naturel Marin de Mayotte

L’exemple de la pêche professionnelle palangrière et de la pêche traditionnelle au poulpe

Mémoire de Fin d’Etudes

Master Sciences Technologie Santé, mention Biodiversité Ecologie Environnement

Année universitaire : 2014-2015 Spécialisation : Ressources Aquatiques et Exploitation Durable Dominante : Gestion des Pêches et des Ecosystèmes Côtiers et continentaux

Pêcheuses traditionnelles de poulpe et palangrier au ponton de plaisance de Mamoudzou (R. Bauchet)

Remerciements

En premier je tiens à remercier Johanna Herfaut et mon maitre de stage Paul Giannasi

pour m’avoir donné l’opportunité de réaliser ce stage au Parc. Paul merci pour tes

recommandations et la relecture tardive du rapport. Merci aussi à Julie Molinier pour avoir

suivi l’avancée de mes travaux.

Mes remerciements vont à toute l’équipe du Parc pour votre accueil et vos conseils. Enfin

merci à tous les agents du service opération pour votre participation aux enquêtes de

pêche à pied et votre soutien dans mon projet de pots à poulpes. Un merci particulier à

Momo qui m’a appris à gâcher du mortier … Merci également à Christelle Guyon et Karani

Andaza pour la relecture de ce rapport.

Je remercie les pêcheurs du M’twaro II d’avoir accepté de participer à ce projet en cours de

route et sans qui je n’aurai pas pu avoir de données: Paco, Thierry et Mika. Merci de

m’avoir supportée à vos retours de marée au ponton.

Merci à Philippe Sabarros et Njara Raberisoa pour m’avoir formée sur ObserveLL et

accueillie à La Réunion lors de mon court séjour.

Enfin, merci à mes nombreux colocs de Mayotte pour votre soutien moral et pour m’avoir

fait découvrir l’île et son lagon.

Table des matières

Remerciements .................................................................................................................................

Liste des abréviations ......................................................................................................................

Liste des figures ...............................................................................................................................

Liste des tableaux .............................................................................................................................

Partie I : Le contexte de l’étude à Mayotte .................................................................................... 1

1. Présentation du 101eme département français ......................................................................... 1

1.1. Contexte géographique et historique ............................................................................... 1

1.2. Contexte socio-économique : un département en mutation ............................................. 2

1.3. Le Parc naturel marin de Mayotte ................................................................................... 2

2. La filière pêche à Mayotte ...................................................................................................... 2

2.1. Un secteur informel en cours de structuration ................................................................. 3

2.2. Typologie des pêches pratiquées à Mayotte ................................................................... 3

3. Les enjeux de la pêche à Mayotte .......................................................................................... 5

3.1. Un écosystème fragile et une ressource en diminution.................................................... 6

3.2. Des besoins halieutiques croissants ................................................................................ 6

3.3. Vers une pêche durable à Mayotte .................................................................................. 6

Partie II : Programme de soutient de la pêche palangrière .......................................................... 8

1. Méthode d’auto-échantillonnage ............................................................................................ 8

1.1. Configuration d’une palangre dérivante ........................................................................... 8

1.2. Analyse des données ...................................................................................................... 9

2. Résultats ................................................................................................................................ 9

2.1. Espèces capturées par la pêche à la palangre ................................................................ 9

2.2. Stratégie de pêche utilisée et données de température et profondeur ........................... 11

3. Discussion ............................................................................................................................ 11

3.1. Relations entre captures, stratégie de pêche et facteurs environnementaux ................. 11

3.2. Variations des rendements de pêche ............................................................................ 12

3.3. Difficultés de mise en œuvre du programme ................................................................. 12

3.4. Perspectives pour la pêche palangrière à Mayotte ........................................................ 13

Partie III : Bilan des méthodes de suivi de la pêche à pied ........................................................ 14

1. Méthodes de suivis de pêche à pied déployées ................................................................... 14

1.1. Zone d’étude ................................................................................................................. 14

1.2. Protocoles de suivis mis en places ................................................................................ 14

1.3. Analyse des données .................................................................................................... 16

2. Résultats .............................................................................................................................. 16

2.1. Fréquentation des sites de pêche à pied ....................................................................... 16

2.2. Résultats des enquêtes ................................................................................................. 19

2.3. Résultats des transects ................................................................................................. 26

3. Discussion ............................................................................................................................ 28

3.1. Particularités de la pêche à pied à Mayotte ................................................................... 28

3.2. Implications des résultats de l’étude pour la mise en réserve ........................................ 28

3.3. Bilan des suivis de pêche à pied ................................................................................... 30

3.4. Propositions de protocole pour l’évaluation de l’effet réserve ........................................ 32

Partie IV : Discussion et conclusion générale ............................................................................ 34

Bibliographie ................................................................................................................................. 36

Presse ............................................................................................................................................ 40

Annexes......................................................................................................................................... 42

Liste des abréviations

AAMP : Agence des Aires Marines Protégées

CAPAM : Chambre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Aquaculture à Mayotte

COPEMAY : Coopérative des pêcheurs de Mayotte

COVIPEM : Comité Villageois de Pêcheurs Mahorais

CPUE : Capture par Unité d’Effort

DAAF : Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt

DCP : Dispositifs de Concentration de Poissons

DMSOI – UTM : Direction de la Mer Sud Océan Indien – Unité Territoriale de Mayotte (ex

Affaires Maritimes)

DPMA : Direction des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture

ENIM : Etablissement National des Invalides de la Marine

IFREMER : Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer

INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

PCP : Politique Commune des Pêches

PIB : Produit Intérieur Brut

PNMM : Parc Naturel Marin de Mayotte

RUP : Région Ultra-Périphérique (de l’Union Européenne)

SIH : Système d’Informations Halieutiques

UE : Union Européenne

ZEE : Zone Economique Exclusive

Liste des figures

Figure 1: Situation géographique de Mayotte dans l'Océan Indien. La Zone Economique Exclusive correspond au périmètre du Parc Naturel Marin de Mayotte. ............................................................ 1

Figure 2: Nombre de navires de pêche à Mayotte répartis (a) par métier et (b) par flottille. ............. 3

Figure 3: Composition des débarquements des palangriers en tonnes de 2006 à 2014. L’année 2013 correspond à une absence de données (Source : bons d’achats COPEMAY) ......................... 5

Figure 4: Schéma d'une portion de palangre de surface instrumentée (adapté de Bach et al., 2012) 8

Figure 5: Composition des captures commercialisées (a) et rejetées (b) auto-échantillonnées à bord du palangrier. Les captures sont exprimées en CPUE (nombre d’individus pour 1000 hameçons) . 10

Figure 6 : Répartition des captures totales pour chaque opération de pêche. Les données du set n°1 n’ont pas pu être récoltées. Les poids entre parenthèse correspondent aux débarquements en fin de marée à la coopérative. ......................................................................................................... 10

Figure 7 : Schéma d'un belt transect réalisé lors de l'état initial (adapté de Belazis, 2011) ............. 15

Figure 8: Schéma de montage d’une ligne de pots à poulpe expérimentale .................................... 16

Figure 9 : Nombre moyens de pêcheurs adultes par marée et par sites sur la période 2013-2015. Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%. ........................................ 17

Figure 10: Résultats de la régression linéaire réalisée sur les données logtransformées du nombre de pêcheurs adultes dénombrés par comptages non nuls en fonction des coefficients de marée. Un test F a montré que la régression est significative (F = 14.3 ; p = 0.0003)....................................... 18

Figure 11: Nombre moyens de pêcheur adultes par site et par comptage en fonction du type de jour, du mois et de l’année. Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%. ............................................................................................................................................... 18

Figure 12: Répartition des pêcheurs enquêtés en fonction des différents milieux prospectés et par espèces cible .................................................................................................................................. 20

Figure 13 : Proportions de réponses citées par les enquêtés sur leurs critères de choix des sites de pêche à pied, leur raisons principales qui les pousse à aller pêcher et le devenir de leur récoltes. . 22

Figure 14: Perception de l’évolution de la ressource et de l’activité de pêche ces 10 à 20 dernières années par les pêcheurs enquêtés tous sites et années confondues. ............................................. 23

Figure 15 : Types de risques cités par les pêcheurs ayant identifiés des risques pour la ressource et/ ou leur activité de pêche lors des enquêtes de tous sites et années confondues ....................... 23

Figure 16: Sources d’informations citées par les pêcheurs ayant identifié au moins un règlement .. 23

Figure 17: Réglementations citées par les pêcheurs ayant identifié au moins un règlement ........... 23

Figure 18: CPUE numériques (ind/h/pêcheur) moyennes réparties sur les sites témoins de Mayotte de 2012 à 2015. Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%. ............. 25

Figure 19: CPUE pondérales (kg/h/pêcheur) moyennes réparties sur les sites témoins de Mayotte de 2012 à 2015. Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%. ............. 25

Figure 20 : Moyennes des indices de rugosité, densités d’abris, densités de poulpe et taux d’occupation lors de la première campagne (mars 2014). Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%. ...................................................................................................... 26

Figure 21 : Moyennes des indices de rugosité, densités d’abris, densités de poulpe et taux d’occupation lors de la deuxième campagne (octobre 2014). Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%. ................................................................................................ 26

Figure 22: Régression linéaire entre les densités moyennes de poulpes et les CPUE relevées par jour de campagne. Un test F confirme la significativité des paramètres (F = 7,8 ; p = 0.049) .......... 27

Liste des tableaux

Tableau 1: Captures totales des espèces lors des marées auto-échantillonnées. Les captures sont exprimées en nombre d'individus pour 1000 hameçons. Les espèces commercialisées sont signalées par une étoile. ................................................................................................................... 9

Tableau 2 : Caractéristiques moyennes ( IC95%) des opérations de pêche obtenues par l'analyse des données de température et profondeur enregistrées par les TDR. ........................................... 11

Tableau 3: Nombre de comptages réalisés depuis 2013 répartis par catégories de marée et par type de jour ..................................................................................................................................... 16

Tableau 4 : Nombre de comptages de pêche à pied réalisés par année et par sites ....................... 16

Tableau 5: Répartition du nombre de pêcheurs à pied comptés par technique de pêche identifiée à vue et par site témoins sur la période 2013-2015. ........................................................................... 17

Tableau 6 : Nombre d'enquêtes de pêche à pied réalisées par année et par sites. ......................... 19

Tableau 7: Nombre d'enquêtes réalisées depuis 2012 réparties par catégories de marée et par type de jour ............................................................................................................................................ 19

Tableau 8 : Répartition du nombre de pêcheurs à pied enquêtés par technique de pêche déclarée et par site témoins sur la période 2012-2015 .................................................................................. 19

Tableau 9: Profil moyen des pêcheurs enquêtés par technique de pêche. Statistiques descriptives réalisées sur le nombre de pêcheurs enquêtés déclarant pratiquer un ou plusieurs types de pêche par enquête, toutes années et sites de pêche confondus. .............................................................. 20

Tableau 10: Caractéristiques sociologiques du groupe de pêche. Statistiques descriptives réalisées sur le nombre de pêcheurs formant le groupe de pêche de l’enquêté déclarant pratiquer un ou plusieurs types de pêche, toutes années et sites de pêche confondus. .......................................... 21

Tableau 11 : Temps de pêche et rendements moyens (CPUE) observés dans les récoltes lors du suivi de pêche à pied de 2012 à 2015. Valeurs moyennes ± intervalles de confiances à 95% ........ 24

Tableau 12 : Variations annuelles du temps de pêche, des CPUE (en biomasse et en nombre), Poids et Taille individuelles de la pêche au poulpe. ........................................................................ 24

Tableau 13 : Nombre de Belt transects réalisés lors de l'état initial en 2014 pour évaluer les stocks de poulpes sur les sites pilotes et témoins ...................................................................................... 26

Tableau 14: Rendements de pêche moyens des pêcheurs de poulpe présents le jour des transects .

Tableau 15 : Calculs des stocks de poulpes, niveaux de prélèvements et nombre de jour de pêche restant ............................................................................................................................................ 28

Tableau 16 : Extrait du tableau de bord du Parc Naturel Marin de Mayotte et propositions d'indicateurs issus des méthodes de suivis des activités halieutiques étudiées dans ce mémoire .. 35

1

Partie I : Le contexte de l’étude à Mayotte

1. Présentation du 101eme département français

1.1. Contexte géographique et historique

L’île de Mayotte est un département d’Outre-Mer situé au Nord du Canal du Mozambique dans le Sud-Ouest de l’océan Indien (Figure 1). Elle fait historiquement partie de l’archipel des Comores (Grande Comore, Mohéli, Anjouan, Mayotte). Ancienne colonie française, elle devient Territoire d’Outre-Mer en 1946. Alors que les autres îles prennent leur indépendance en 1975 et forment aujourd’hui l’Union des Comores, Mayotte reste attachée à la France et devient finalement le 101eme

département français le 31 mars 2011 (Roinsard, 2012). L’île connait actuellement une phase de transition avec l’application progressive du droit commun et du droit européen depuis son accès au statut de Région Ultra-Périphérique (RUP) de l’Union Européenne au 1ier janvier 2014.

Figure 1: Situation géographique de Mayotte dans l'Océan Indien. La Zone Economique Exclusive correspond au périmètre du Parc Naturel Marin de Mayotte.

D’origine volcanique, le territoire de Mayotte a une superficie de 374km². Il est formé de deux îles principales, Petite Terre et Grande Terre, et d’une trentaine d’îlots. Mayotte possède l’un des plus grands lagons fermés (1 500 km²). Il est entouré d’une barrière récifale de 150 km² et inclut une des rares double barrière de corail ainsi qu’un récif frangeant longeant la majeure partie de la côte (Dinhut et al., 2008). L’île possède une diversité d’habitats marins à forts intérêts patrimoniaux et fonctionnels : herbiers à phanérogames, mangroves, récifs coralliens… Ainsi, elle est riche d’une biodiversité marine exceptionnelle : on dénombre plus de 2 300 espèces marines incluant 759 espèces de poissons dont 596 sont récifales et 175 présentent un intérêt commercial (AAMP, 2013; Wickel et al., 2014). Des espèces remarquables comme la tortue verte, le dugong ou encore la baleine à bosse sont également présentes (Rolland et al., 2005).

2

1.2. Contexte socio-économique : un département en mutation

De par son développement rapide et récent, Mayotte est une île en profonde mutation sur les plans économiques, sociaux et culturels. D’origine et de cultures africaines, comoriennes, malgaches et arabes, sa population est à 95% musulmane. Les langues parlées couramment sont le shimaoré et le shibushi, bien que le français soit la langue officielle enseignée à l’école.

Mayotte connait une croissance démographique importante ces dernières décennies. Sa population a augmenté de plus de 600% en 50 ans (Bini et al., 2012). Le dernier recensement de 2012 fait état de 212 600 habitants et d’une natalité moyenne de 4,1 enfants par femme, soit le plus fort taux de natalité pour un département français. Cette population est jeune avec en moyenne 60% de moins de 25 ans (Nauze-Fichet et al., 2014). A l’opposé de cette croissance démographique, le niveau de vie de la population mahoraise est précaire avec un PIB quatre fois plus bas qu’en métropole (Le Pabic & Monteil, 2014). Moins d’un adulte sur trois exerce un emploi, en raison de l’insularité et de la quasi absence d’économie locale (Nauze-Fichet et al., 2014). Mayotte est cependant un territoire attractif au regard de ses pays voisins considérés comme les plus pauvres du monde (Madagascar, Union des Comores). Elle attire ainsi des flux de migrants clandestins venant principalement des Comores (95%) et en particulier de l’île d’Anjouan située à 70km des côtes mahoraises. Ils réalisent la traversée entassés sur des kwassa-kwassa1, parfois au péril de leur vie. Le nombre d’immigrés clandestins estimé est d’environ 40% de la population mahoraise (Nauze-Fichet et al., 2014).

L’île présente une économie de subsistance, basée sur les produits de l’agriculture et de la pêche, et une économie de services, portée par l’emploi public (Le Pabic & Monteil, 2014). L’économie mahoraise est dépendante en majorité des apports venant de la métropole et de l’Etat : financement d’emplois publics, transferts de fonds (subventions, allocations sociales), importations (Roinsard, 2012). La totalité des produits de l’agriculture et de la pêche est consommée sur place. La balance commerciale de Mayotte est déficitaire et les importations ne cessent d’augmenter suite à l’explosion démographique et à l’élévation du niveau de vie (Rivière, 2010). Les produits d’importation sont chers et beaucoup de mahorais et de clandestins dépendent des cultures vivrières et de la pêche pour se nourrir. Cette économie de subsistance est souvent informelle, les produits étant autoconsommés ou vendus sans autorisations.

1.3. Le Parc naturel marin de Mayotte

Le Parc Naturel Marin de Mayotte (PNMM) a été créé le 18 janvier 2010 par décret présidentiel. Il s’étend sur l’intégralité de la Zone Economique Exclusive de Mayotte, soit 68 381km² (AAMP, 2013). Le parc inclut ainsi le lagon dans son périmètre (2% de la surface du parc) mais également les eaux communautaires et donc les zones de pêche hauturières (Figure 1). Créé en concertation avec les acteurs locaux, son rôle est de contribuer à la connaissance, la protection et au développement durable du milieu marin. Deux orientations de gestion du parc font l’objet de ce mémoire :

Développer une activité de pêche professionnelle hors du lagon, écologiquement exemplaire et pourvoyeuse d’emplois et de produits de la mer pour Mayotte

Pérenniser et valoriser les pratiques vivrières et les savoirs traditionnels dans le cadre d’une gestion précautionneuse du lagon

2. La filière pêche à Mayotte

Le lagon est considéré comme le « garde à manger » des mahorais, le poisson étant une ressource constituant une part importante de protéines dans l’alimentation de la population (Bensoussan, 2009; Guezel et al., 2013). La population clandestine qui dispose de peu de revenus est également dépendante des ressources naturelles de l’île et du lagon. On estime ainsi que 70% des pêcheurs embarqués sont des clandestins (Wickel, 2009). Ceux-ci sont employés illégalement sur les embarcations ou pratiquent une pêche de subsistance à pied ou embarquée.

1 Petits canots de pêche (inférieurs à 7m)

3

Figure 2: Nombre de navires de pêche à Mayotte répartis (a) par métier et (b) par flottille.

(b) (a)

2.1. Un secteur informel en cours de structuration

Le secteur de la pêche à Mayotte se sépare en deux types d’activités : d’un coté une pêche traditionnelle et vivrière, et d’un autre une pêche professionnelle à la fois artisanale et en phase de modernisation (Guezel et al. 2009a). Le statut de pêcheur professionnel reste flou à Mayotte. La plupart des pêcheurs pratiquent dans le cadre d’une pluriactivité où la pêche n’est pas l’unique source de revenu (agriculture, tourisme…). Mais les pêcheurs peuvent dépendre du revenu de la pêche pour vivre que ce soit sous forme financière ou alimentaire. La majorité d’entre eux ne disposent pas de formation diplômante dans le domaine maritime (DAAF, 2009) et le statut de marin pêcheur n’est pas encore en place à Mayotte (pas d’ENIM). De plus, la plupart des embarcations ne sont pas aux normes pour être enregistrées dans le registre national d’immatriculation des navires professionnels. Les pêcheurs sont alors enregistrés en plaisance ou pratiquent sans immatriculation.

La pêche à Mayotte souffre également du manque de structures adaptées à la pêche professionnelle. Les pêcheurs même professionnels débarquent leurs captures dans toute l’île en dehors des points de débarquements officiels définis par arrêté : sur les plages, les cales de mises à l’eau et les pontons de plaisance. En plus des difficultés logistiques, des problèmes sanitaires se posent sur le manque de moyens de conservation à bord et lors de la vente. Le ponton de Mamoudzou est le seul point de débarquement où se trouve la COPEMAY (Coopérative des Pêcheurs Mahorais) pouvant fournir de la glace et du matériel. Une dizaine d’associations de pêcheurs, les Comités Villageois de Pêche Mahoraise (COVIPEM), sont répartis dans l’île. Bien que leur rôle soit de représenter les pêcheurs et de servir de coopérative d’achat, leur activité reste limitée par le manque d’implication des pêcheurs et la concurrence de la vente informelle (Grollemund, 2010). Les COVIPEM de Mtsahara et de Mtsapéré permettent également de fournir du matériel et de la glace. La filière de commercialisation est disséminée entre la part d’autoconsommation, les ventes non déclarées et les ventes aux coopératives de pêche (Wickel, 2009). En 2003, 80% des captures de pêche artisanales sont destinées à l’autoconsommation. Le reste des débarquements étant vendus sur les plages et bords de route ou directement au marché. Les ventes aux coopératives, formées par la COPEMAY et cinq COVIPEMM, ne représentent que 5% des ventes totales (Huet et al., 2004).

2.2. Typologie des pêches pratiquées à Mayotte

En 2003, le nombre de pêcheurs à pied ou embarqués est estimé à 4 817 dont 1 348 sont propriétaires d’une embarcation (Huet et al., 2004). La flottille de pêche mahoraise est constituée en majorité de barques et de pirogues pratiquant une pêche artisanale (Figure 2). Elle pratique essentiellement la pêche à la palangrotte, formée d’une ligne à main avec un hameçon droit, lestée et appâtée. C’est une pêche multi-spécifique ciblant les ressources récifales dans le lagon ou sur les pentes externes. L’autre pratique la plus répandue est la pêche à la traine ciblant les pélagiques et exercée principalement sur la barrière externes, hors du lagon et sur les DCP (Biais et al., 1987; AAMP, 2013). La pêche au filet est plus faiblement représentée car elle est interdite sur les récifs depuis 2004. Toutefois de nombreuses infractions sont constatées (Pusineri & Caceres, 2012). D’autres navires ciblent les ressources pélagiques hors du lagon comme la pêche à la palangre ou la pêche industrielle à la senne dans le canal du Mozambique (Roussel, 2011).

4

2.2.1. Une pêche traditionnelle et vivrière

La pêche à Mayotte est une activité traditionnelle à caractère vivrier qui permet de nourrir une grande partie de la population. Ce secteur concerne principalement la pêche à pied et la pêche à bord de pirogues à balanciers traditionnelles.

Les dernières données SIH du PNMM (recensement 2012) dénombre environ 700 pirogues propulsées à la rame ou par des petits moteurs hors-bords. Les pirogues pêchent essentiellement dans le lagon, à la palangrotte ou au filet, et parfois sur la barrière externe pour les grandes pirogues plus fortement motorisées (Guezel, et al. 2009a; Guezel et al., 2013). La majorité de leurs prises concerne des espèces récifales (Carangidés, Serranidés, Lutjanidés) pêchées à la palangrotte (Roussel, 2011). Les captures sont majoritairement destinées à l’autoconsommation mais une partie peut-être revendue.

La pêche à pied concerne essentiellement la récolte de poulpe (puedza) et de coquillages à marée basse. La pêche au poulpe (Octopus cyanea) est pratiquée sur le platier et le front récifal. Les pratiquants pêchent à l’aide d’un pic en bois ou en métal dans les trous formés par le platier corallien où s’abrite le poulpe. Le corail est parfois cassé afin de plus facilement extraire l’animal. La pêche traditionnelle au djarifa est une pêche pratiquée à pied par les femmes mahoraises en sortie de mangrove, en fond de baie ou sur le platier. Elles utilisent un tissu pour rabattre et piéger les petits poissons à marée basse. D’autres pratiques à pied sont observées, comme la pêche à l’uruva2 (interdite depuis 1997), la récolte de coraux Porites, la pêche au filet (interdite dans les mangroves et sur les récifs depuis 2004) ou la pêche à la nasse (Aboutoihi et al., 2010). Aujourd’hui, la pêche à pied est une activité traditionnelle de loisir, qui peut amener un complément alimentaire aux ménages mahorais. Le poulpe est également vendu de manière informelle par les clandestins ou les plus démunis pour s’assurer un revenu.

2.2.2. Une pêche artisanale « professionnelle »

En plus de la pêche traditionnelle embarquée, on retrouve une pêche professionnelle artisanale constituée d’une flottille de barques motorisées et d’une petite flottille récente de palangriers.

a) Les barques polyester motorisées Les derniers suivis SIH du parc recensent environ 400 barques motorisées destinées exclusivement à la pêche, dont 140 environ sont reconnues en tant que navire de pêche professionnelle par la DMSOI-UTM (Données SIH 2012). Les barques restantes sont sans immatriculation ou immatriculées en tant que navires de plaisance mais pratiquent une pêche à vocation commerciale ou parfois vivrière mais non déclarée. Par la suite, les deux catégories sont considérées ensemble. La flottille de barques en polyester forme un groupe hétérogène à la fois en terme de pratiques de pêche et de finalités (Grollemund, 2010). Elle est constituée de barques Yamaha et d’une trentaine de barques aux normes françaises, produites localement. Importées dans les années 80, puis interdites en 2004 car ne répondant pas aux normes de sécurité, les barques « Yamaha » ont considérablement changé les pratiques de pêche des mahorais en remplaçant les grandes pirogues et en leur permettant de sortir du lagon avec la motorisation. Leur captures sont composées majoritairement d’espèces pélagiques pêchées à la traine au large et sur la barrière externe. D’autres pratiquent la palangrotte pour cibler les espèces récifales dans le lagon, sur le récif barrière ou sur les récifs éloignés comme les bancs la Zélée ou du Geyser (Roussel, 2011). Les conditions sanitaires et de sécurité à bord sont rudimentaires voir inexistantes, la plupart des barques ne disposant pas de moyens de conservation et déployant des engins de pêche très rustiques (lignes à main principalement).

Une trentaine de barques « améliorées » sont équipées avec des coffres isothermes, rehaussées et agrandies pour aller pêcher sur les bancs éloignés pour plusieurs jours (Geyser, Zélée, Castor). Ces sorties sont réalisées au détriment de la sécurité des pêcheurs car les barques ne sont ni autorisées ni équipées pour sortir au-delà des 5 miles nautiques. De plus, cette pêche est souvent

2 Plante toxique (Tephrosia sp.) utilisée pour asphyxier les poissons dans les trous d’eau du platier à marée

basse

5

illégale car réalisée dans les eaux malgaches ou alors dans des zones de réserves (Iles Glorieuses) et sans déclaration (Herfaut, 2005; Bensoussan, 2009).

b) Les palangriers La pêche palangrière est une activité récente sur l’île avec l’arrivée des premiers palangriers en 2001. Actuellement, cinq palangriers sont en activité sur Mayotte et débarquent toutes leurs captures à la COPEMAY (Figure 3). Les marins formés pêchent à bord de navires récents de moins de 10 mètres pour des sorties de 48h à 72h entre 15 et 50 miles de la côte. La technique de pêche utilisée est celle de la palangre pélagique dérivante qui cible les grands pélagiques, en particulier thons et espadons. Cette flottille permet une modernisation et professionnalisation des pratiques de pêche à Mayotte.

Le soutien au développement de cette flottille fait partie des objectifs du PNMM (AAMP, 2013). En effet, la pêche palangrière permet de développer une pêche au large à bord de navires adaptés, aux normes sanitaires et sécuritaires. De plus, le canal du Mozambique est une région particulièrement abondante en ressources pélagiques, en partie grâce à sa circulation océanique qui rend les eaux riches (Marsac et al., 2014). Le développement d’une pêcherie basée sur les ressources pélagiques permettrait de réduire la pression de pêche sur les ressources récifales (dans le lagon et sur les bancs éloignés) tout en permettant d’approvisionner l’île en ressources halieutiques (Herfaut, 2004a).

Figure 3: Composition des débarquements des palangriers en tonnes de 2006 à 2014. L’année 2013 correspond à une absence de données (Source : bons d’achats COPEMAY)

2.2.3. Une pêche industrielle hauturière détachée du territoire mahorais

La pêche professionnelle industrielle est formée par une flottille d’une vingtaine de thoniers senneurs, naviguant sous pavillon français, espagnols et seychellois, présente dans les eaux de Mayotte lors de la saison (mars-juin). Ces navires, dont cinq français sont immatriculés à Dzaoudzi, n’accostent pas à Mayotte et débarquent aux Seychelles, à Madagascar ou à l’île Maurice (Chavance et al., 2014; De la Brosse & Mostert, 2015). Les senneurs sont interdits de pêcher dans la zone des 24 miles marins depuis un arrêté ministériel du 2 décembre 2009. Néanmoins, ces navires n’apportent pas de retombées économiques pour l’île et sont accusés de piller les ressources par les pêcheurs locaux (Guezel et al., 2013).

3. Les enjeux de la pêche à Mayotte A Mayotte, les pratiques de pêches sont principalement basées sur les ressources récifales. Les trois quarts des sorties de pêches embarquées sont ainsi réalisées dans le lagon (Huet et al., 2004). Le lagon est ainsi soumis à des pressions liées à la fragilité du milieu et aux besoins croissants en ressources halieutiques.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

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Autres Coryphène

Voilier Marlin

Thon Espadon

43%51%

3%

1% 1%

1%

Détail des débarquements en 2014

6

3.1. Un écosystème fragile et une ressource en diminution

Le lagon est un milieu fragile et les ressources halieutiques récifales sont constituées d’espèces sensibles à la dégradation des habitats et aux pressions de pêche (Wilson et al., 2008; Graham et al., 2011). La perte d’habitat est notamment liée à l’anthropisation du littoral (envasement du lagon, rejets d’eaux usées, déchets) ou encore au réchauffement climatique. Le récif a ainsi connu deux phénomènes de blanchiment des coraux, en 1998 et en 2010, qui ont entrainé une régression de la biomasse des espèces commerciales (Quod & Bigot, 2000; Nicet et al., 2013). La pression de pêche s’exerce de manière indirecte par l’utilisation de techniques destructrices des habitats (filets, barres à mines) ou directement par prélèvement (surexploitation).

Plusieurs indicateurs révèlent que les ressources récifales de Mayotte subissent une pression de pêche importante. Des études ichtyologiques démontrent un changement de niveau trophique dans les populations récifales exploitées avec une diminution des espèces carnivores (Facon et al., 2015), une perte de diversité (Letourneur, 1996) et une pression de pêche qui s’exerce particulièrement au niveau des récifs frangeants (Wickel & Guillemot, 2012). De plus, on observe une part croissante d’espèces pélagiques dans les débarquements qui peut être expliquée à la fois par une baisse d’abondance des espèces récifales et par un décalage de l’effort de pêche vers des ressources pélagiques plus nombreuses. Ces changements dans les captures s’accompagnent d’un changement dans les pratiques de pêche avec des pêcheurs qui pratiquent de plus en plus la pêche à la traine et sur des zones plus au large (Herfaut, 2004b, 2006; Roussel, 2011). Depuis plusieurs années également, les pêcheurs locaux ont noté une diminution de la ressource qui les pousse à sortir du lagon vers des bancs plus éloignés comme celui du Geyser et de la Zélée pour pêcher des espèces récifales (Le Manach & Pauly, 2015). Ces bancs sont des réservoirs de biodiversité, riches en poissons mais où l’effort de pêche peut déstructurer les communautés (Chabanet et al., 2002). Les sorties sur ces zones sont de moins en moins rentables et leurs stocks semblent déjà surexploités (Herfaut, 2005).

3.2. Des besoins halieutiques croissants

La surexploitation des ressources du lagon est en partie liée à la croissance économique et démographique de l’île qui accroit la pression de pêche sur les ressources halieutiques. Les captures de pêche embarquée sont ainsi en nette augmentation depuis les années 80 (Doherty et al., 2015). Concernant la pêche à pied, de nombreux pêcheurs constatent une diminution en quantité et en taille de captures du poulpe qui semble liée à la forte fréquentation du platier à marée basse par des pêcheurs à pieds mais également par la pêche en chasse sous-marine, pourtant interdite dans le lagon (IODDE, 2014). Au-delà de l’effort de pêche croissant, la pratique de pêches non sélectives (pêche au filet) ou destructrices (piétinement des herbiers, cassage de coraux lors de la pêche au poulpe) constituent également une menace sur les ressources du lagon.

3.3. Vers une pêche durable à Mayotte

Les enjeux de la pêche sont multiples à Mayotte. Il s’agit de maintenir une activité traditionnelle et d’approvisionner la population en produits halieutiques à un prix abordable tout en préservant les ressources du lagon à un juste niveau d’exploitation. Face au constat de diminution des ressources récifales, il apparait nécessaire pour la pérennité des activités de pêche d’adopter des mesures de gestion pertinentes, basées sur des suivis fiables des activités halieutiques.

3.3.1. Un manque de données et de suivi

De par le manque de structuration, la part importante d’autoconsommation et les ventes non déclarées, peu de données sur la pêche à Mayotte sont disponibles. Les données de captures viennent en majorité d’enquêtes réalisées par le Service des Pêches de la DAF (suivi abandonné en 2007) ou des ventes à la COPEMAY (Busson, 2008). Un Système d’Information Halieutique SIH Mayotte se met en place depuis 2012 dans le cadre d’une convention entre le Parc, l’IRD, la DPMA et l’IFREMER. Le suivi des activités des palangriers est également prévu en intégrant un programme d’auto-échantillonnage déjà mis en place pour le SIH de La Réunion.

7

Concernant la pêche à pied, il est difficile de distinguer la part d’autoconsommation et la part de vente, réalisée le plus souvent par des clandestins. De plus, le niveau d’exploitation des stocks de poulpes est actuellement inconnu. Une typologie des pêches à pied a été réalisée en 2012 et a montré la grande diversité des pratiques de pêche à pied (Fleury & Cadet, 2010; IODDE, 2014). Le Parc a ainsi mis en place un suivi annuel depuis 2012 pour mieux comprendre l’activité, l’évolution des ressources et établir des indicateurs de gestion.

Le suivi des activités halieutiques à Mayotte apparait essentiel afin d’améliorer les connaissances et donc de permettre une meilleure gestion des activités et de la ressource (Henocque, 2006). La mise en place de programmes de suivi des pêches se fait donc progressivement avec comme outil de gestion le Parc naturel marin de Mayotte. C’est pourquoi, l’un des objectifs de ce mémoire est d’établir un bilan des suivis de pêche à pied réalisés depuis 2012 et de la récente mise en place du programme d’auto-échantillonnage de la pêche palangrière.

3.3.2. Programme de soutien de la pêche palangrière

Apporter un soutien technique à la pêche professionnelle hors lagon fait partie d’un des principes d’action du Parc pour diminuer la pression sur les ressources récifales en transférant l’effort de pêche vers les ressources pélagiques et pour développer ainsi une pêche professionnelle plus durable (AAMP, 2013). De plus, ces dernières années une forte baisse des captures des palangriers est observée et remet en cause la rentabilité des navires : les captures pondérales par filage ont chutées de 20% en moyenne de 2011 à 2012 (données de la COPEMAY). Le Parc développe donc un programme de suivi de la pêche palangrière à l’aide d’auto-échantillonnage des captures et d’instrumentation des engins de pêche. L’objectif est ici d’acquérir des connaissances sur cette pêcherie (captures, rejets, déprédation) et d’apporter un appui technique par l’instrumentation afin de mieux comprendre le déploiement de l’engin de pêche et le processus de capture.

3.3.3. Programme de réserves temporaires pour la pêche à pied

Le poulpe est une espèce prisée par les pêcheurs à pied et son niveau d’exploitation est peu connu, bien que de nombreux pêcheurs et habitants de l’île ressentent une diminution de la ressource. Dans l’intérêt de maintenir les pratiques vivrières et traditionnelles de pêche à pied, un des objectifs de gestion du parc est d’adapter le niveau de prélèvement à la ressource disponible. Pour cela, le Parc prévoit de mettre en place des zones de fermeture temporaires sur deux sites pilotes pour permettre le repos biologique du poulpe en s’appuyant sur le modèle de Madagascar et Rodrigues. Dans ces deux pays, un système de réserves définies en concertation et gérées collectivement par les villageois a été mis en place depuis 2004. Les captures de poulpes sont plus importantes après la réouverture et ont permis des bénéfices socio-économiques à long-terme (Humber et al., 2006; Oliver et al., 2015).

Outre le bénéfice direct pour les populations de poulpes, et donc pour les pêcheurs, la mise en réserve temporaire de petites zones peut permettre une prise de conscience des communautés de leur rôle dans la gestion des ressources. Ce type de mesure de gestion peut donc être vu comme un premier pas vers une démarche de gestion raisonnée des ressources et faciliter la mise en place de mesures complémentaires : augmentation des surfaces de mise en réserve, instauration de « quotas » ou de tailles minimales de captures, fermetures annuelles… L’intérêt de cibler la pêche au poulpe est lié au cycle de vie court et rapide de cette espèce, qui permet d’obtenir des résultats visibles localement très rapidement (Benbow et al., 2014).

La connaissance des pratiques de pêche à pied, la détermination des périodes de fermetures de pêche favorables et l’évaluation de l’état des stocks des sites sont autant d’éléments essentiels pour établir une bonne gestion des réserves. Le deuxième but de ce mémoire est donc, à partir des connaissances actuelles tirées des suivis réalisés par le parc (enquêtes et évaluation de stocks) et des données bibliographiques, de fournir des informations pour aider à la mise en place du projet de mise en réserve et de proposer un protocole de suivi de l’effet réserve.

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Partie II : Programme de soutien de la pêche palangrière La mise en place de programmes d’instrumentation et d’auto-échantillonnage des palangriers poursuit le double objectif d’améliorer les connaissances du parc sur la flottille et de leur apporter un appui technique

1. Méthode d’auto-échantillonnage

1.1. Configuration d’une palangre dérivante

En 2015 quatre palangriers sont actifs, cependant suite à de mauvais rendements, un seul palangrier, le M’twaro II, est sorti en pêche suffisamment régulièrement sur la période de ce stage pour pouvoir réaliser l’auto-échantillonnage. Le programme d’instrumentation n’a pas pu être réalisé.

Les pêcheurs palangriers de Mayotte pêchent à la palangre dérivante. C’est un engin de pêche passif utilisant une ligne de nylon de plusieurs kilomètres de long sur laquelle sont disposés des hameçons appâtés et montés sur des avançons à intervalles réguliers. La ligne est déployée sous la surface à l’aide de bouées dont la longueur d’orin permet de déterminer la profondeur de pêche. Un panier est formé de plusieurs avançons regroupés entre deux bouées. La profondeur de pêche peut aussi être réglée en ajustant la longueur d’avançons et leurs nombre par panier. La ligne est mise à l’eau en fin de journée (filage) puis récupérée tôt le matin (virage) après avoir été repérée à l’aide de bouées radio. Deux à trois filages sont réalisés par marée. Le choix de la position de la ligne se fait selon l’expérience du capitaine et dépend de nombreux facteurs : position de la thermocline, cycle de la lune, température de surface, courants … (Sabarros et al., 2013b; Bach et al., 2014). Les captures dépendent de la stratégie de pêche du capitaine et des conditions environnementales (Guyomard, 2005).

Figure 4: Schéma d'une portion de palangre de surface instrumentée (adapté de (Bach et al., 2012)

Le programme d’auto-échantillonnage est similaire à celui mis en place à la Réunion par l’Observatoire thonier de l’IRD (Bach et al., 2013). Un livret d’auto-échantillonnage est remis au capitaine qui renseigne lors de la marée des informations sur son activité de pêche, sur ses captures commercialisées et accessoires, sur ses rejets et sur la déprédation (Livret en Annexe I). Dix sondes TDR (Temperature Depth Recorder) sont également prêtées pour déterminer la température et la profondeur en milieu de panier à différentes positions de la ligne mère à une fréquence de 1s. La saisie des données brutes est réalisée sur le logiciel ObserveLL, développé par l’IRD et dont le but est de mutualiser les données d’observateurs sur les palangriers.

//

Panier

Hameçon

Avançon

TDR

Bouée radio

Ligne mère

Orin

9

1.2. Analyse des données

Au total, 10 opérations de pêche (filages) ont pu être auto-échantillonnées sur la période de juin à août 2015. Les captures par unité d’effort (CPUE) sont reportées en nombre d’individus pour mille hameçons. Les données de poids sont celles des captures vidées (et étêtés pour les poissons à rostre). La pesée des captures est réalisée à la COPEMAY lors du débarquement. On dispose donc seulement des données de poids totaux au débarquement regroupées par catégorie d’espèce.

Les données de TDR ont été analysées avec le logiciel R. Pour chaque opération de pêche, soit un filage et un virage, les données de TDR permettent de déduire le temps moyen de pêche, la profondeur moyenne de pêche, la température moyenne de surface (température à moins de 2m) et la température moyenne lors de la pêche. La profondeur de thermocline est déterminée graphiquement, celle-ci correspond à une thermocline de surface avec une chute des températures de seulement quelques degrés (profils en Annexe III).

2. Résultats

2.1. Espèces capturées par la pêche à la palangre

Un total de 13 espèces a été recensé sur 129 individus capturés pour un effort de pêche de 5454 hameçons utilisés sur la totalité de la période auto-échantillonnée. Les CPUE globales pour 1000 hameçons par marée sont en moyenne de 24 individus et 353 kg. Les CPUE par espèce sont détaillées dans le Tableau 1. Les opérations de pêche sont réalisées au Sud-ouest de l’île à raison de deux filages par marée (cartes en Annexe II).

Tableau 1: Captures totales des espèces lors des marées auto-échantillonnées. Les captures sont exprimées en nombre d'individus pour 1000 hameçons. Les espèces commercialisées sont signalées par une étoile.

Les captures principales concernent les thonidés qui constituent 49% des captures totales et 71% des captures commercialisées (Figure 5). La deuxième espèce la plus capturée est la raie pastenague violette qui est une capture accessoire rejetée car sans valeur commerciale. L’espadon, qui est une espèce particulièrement ciblée par la pêche palangrière, ne représente que 17% des captures totales et 24% des captures commercialisées. Les captures accessoires de dorade coryphène, lancier ou thazard-batards sont commercialisées. En moyenne les espèces commercialisées représentent 68% des captures. Le taux de rejet moyen atteint 31% des captures totales. Les rejets incluent les espèces accessoires sans valeur commerciale ainsi que des espèces non commercialisables en raison de leur état. Il a ainsi été reporté de la déprédation par les requins sur deux thons soit 2% des captures totales. Les captures accidentelles de requins constituent 5% des captures totales et concernent le requin peau bleu (Prionace glauca), le requin soyeux (Carcharhinus falciformis), et le requin marteau (Sphyrnidae).

Nom commun Nom latin CPUE globale % CPUE

Thon obèse* Thunnus obesus 5.7 24.0

Pastenague violette Pteroplatytrygon violacea 4.6 19.4

Espadon* Xiphias gladius 4.0 17.1

Thon albacore* Thunnus albacores 3.3 14.0

Thon germon* Thunnus alalunga 2.6 10.9

Escolier serpent Gempylus serpens 0.9 3.9

Requin peau bleu Prionace glauca 0.9 3.9

Dorade Coryphène* Coryphaena hippurus 0.4 1.6

Thazard-bâtard* Acanthocybium solandri 0.4 1.6

Lancier long nez Alepisaurus ferox 0.4 1.6

Lancier* Thunnus augustirostris 0.2 0.8

Requin soyeux Carcharhinus falciformis 0.2 0.8

Requins marteaux Sphyrnidae 0.2 0.8

10

Globalement, les espèces capturées lors des opérations de pêche sont similaires pour une même sortie (Figure 6). En revanche, on remarque une relative variabilité dans la composition des captures entre différentes sorties de pêche. Ainsi, le set n°3 est caractérisé par des prises plus importantes de thons obèses ce qui permet de débarquer 701 kg de poisson en fin de marée. Lors de la sortie n°4, un plus grand nombre de thons germons et de raies violettes ont été capturées. Les captures des sets n°2 et n°5 sont caractérisés par de plus fortes captures d’espadon et par la quasi absence de prise de thons obèse.

Figure 5: Composition des captures commercialisées (a) et rejetées (b) auto-échantillonnées à bord du palangrier. Les captures sont exprimées en CPUE (nombre d’individus pour 1000 hameçons)

Figure 6 : Répartition des captures totales pour chaque opération de pêche. Les données du set n°1 n’ont pas pu être récoltées. Les poids entre parenthèse correspondent aux débarquements en fin de marée à la coopérative.

3% 3%

62%

13%

12%

2%5%

Rejets

Thon albacoreThon obèsePastenague violetteEscolier serpentRequin peau bleuRequin soyeuxLancier long nez

17%

18%

36%

1%

2%

2%

24%

Captures commercialisées

Thon germonThon albacoreThon obèseLancierDorade CoryphèneThazard-bâtardEspadon

(a) (b)

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

P2-1 P2-2 P3-1 P3-2 P4-1 P4-2 P5-1 P5-2

Set n° 2 (370 kg) Set n°3 (701 kg) Set n° 4 (371 kg) Set n° 5 (288 kg)

No

mb

re d

'ind

ivid

us/

1000

ham

eço

ns

Thon obèse

Thon germon

Thon albacore

Espadon

Autres espèces commercialisées

Requins

Pastenague violette

Autres espèces rejetées

11

2.2. Stratégie de pêche utilisée et données de température et profondeur

Tableau 2 : Caractéristiques moyennes ( IC95%) des opérations de pêche obtenues par l'analyse des données de température et profondeur enregistrées par les TDR.

En moyenne à chaque filage, le M’twaro II file entre 600 et 700 hameçons de type circulaire montés sur des avançons de 9 m et regroupés par paniers de neuf hameçons délimités par des orins de 6m et 36m. Les appâts utilisés sont des calmars décongelés. Des cyalumes, sortes de leurre lumineux, sont disposés entre les hameçons sur la base de trois par panier. Le filage a lieu entre 15h et 18h et le virage entre 01h et 08h le lendemain matin. Le temps de pêche moyen est de 11,6 heures, ce qui correspond au temps d’immersion de la ligne entre le début de la mise à l’eau du TDR et sa relève.

Les faibles variations de température entre la profondeur de pêche et la surface rendent difficile la définition d’une thermocline (Tableau 2). Celle-ci est située globalement à chaque filage entre 40 et 100 mètres de profondeur. Lors de l’opération 2-2, la profondeur à laquelle ont été déployés les TDR n’a pas permis de détecter une thermocline. La profondeur moyenne de pêche varie entre 30 et 76 mètres. La température de surface diminue au cours de l’étude, ce qui est lié au refroidissement des eaux de surface en cours de saison des alizées. La température de pêche semble également plus liée à la saisonnalité qu’à sa position dans la colonne d’eau puisque la ligne est généralement disposée au-dessus ou dans la thermocline.

3. Discussion Le programme d’auto-échantillonnage des palangriers de Mayotte n’en est qu’à ses débuts et un seul navire a pu transmettre ses données pour le moment. Le nombre de données récoltées est donc par conséquent faible et peu représentatif des captures globales sur l’année. Les observations de tendances dans la composition des captures et pour les enregistrements de température et profondeur sont donc à prendre avec précaution.

3.1. Relations entre captures, stratégie de pêche et facteurs environnementaux

La thermocline est un facteur de concentration des proies où les poissons pélagiques viennent chasser la nuit. C’est pourquoi les captures élevées de thons et espadons sont généralement observées autour des mêmes profondeur que la thermocline en subsurface (Bertrand et al., 2002; Guyomard, 2005). Les captures auto-échantillonnées ont toutes eu lieu avec une ligne mère déployée à des profondeurs moyennes proches de la thermocline voir au dessus pour les sets n°2 et n°4. Les variations de captures peuvent alors être expliquées par des différences de positionnement de la ligne au sein de sections d’un même filage. De plus, alors que les configurations de palangre sont identiques pour deux filages d’une même marée, la profondeur de pêche varie. La profondeur de pêche dépend donc d’autres facteurs comme la forme horizontale

Opération

de pêcheDate

Température de

profondeur de pêche

(°C)

Température

de surface

(°C)

Profondeur

moyenne de

pêche (m)

Profondeur

maximale de

pêche (m)

Profondeur de

thermocline

(m)

Temps moyen

d'immersion

de la ligne (h)

1-1 01/06/2015 27.3 ± 0.005 28.2 ± 0.048 63 ± 0.095 189 40 - 80 11.4 ± 1.4

1-2 02/06/2015 27.7 ± 0.003 28.4 ± 0.099 55 ± 0.076 100 50 - 80 9.2 ± 0.2

2-1 04/06/2015 27.1 ± 0.002 27.7 ± 0.063 62 ± 0.075 131 80 -100 11.7 ± 1.3

2-2 05/06/2015 27.2 ± 0.001 28.3 ± 0.069 49 ± 0.058 120 ND 10.7 ± 0.9

3-1 14/06/2015 26.5 ± 0.003 27.1 ± 0.031 61 ± 0.088 109 70 -100 10.9 ± 0.8

3-2 25/06/2015 25.9 ± 0.004 26.9 ± 0.041 76 ± 0.076 139 60 -100 11.2 ± 1.1

4-1 29/06/2015 26.7 ± 0.001 26.9 ± 0.044 47 ± 0.054 103 70 -100 13.6 ± 1

4-2 30/06/2015 26.8 ± 0.001 27.1 ± 0.025 47 ± 0.041 79 50 - 90 11.4 ± 0.6

5-1 20/08/2015 25.6 ± 0.001 26.2 ± 0.065 70 ± 0.067 202 70-100 13.5 ± 0.8

5-2 21/08/2015 25.8 ± 0 25.9 ± 0.025 30 ± 0.026 62 40-90 11.3 ± 1

12

de la ligne, la direction et l’intensité des courants ou encore des interactions avec les animaux (Rice et al., 2007; Bach et al., 2009).

Par ailleurs d’autres facteurs comme le cycle de la lune peut avoir une influence sur les captures de grands pélagiques ainsi que sur leur distribution en profondeur selon l’éclairage de la lune (Poisson et al., 2010). A la Réunion, les CPUE d’espadon et de thon obèse augmentent au premier et dernier quartier de la lune et les CPUE du thon albacore sont plus grandes lors de la pleine lune. Ces tendances ne sont pas observées sur les marées observées puisque les sets n°2 et n°5 où les captures d’espadon sont plus importantes ont été réalisés respectivement lors de la pleine lune et la nouvelle lune. Les captures sont généralement plus importantes à la tombée de la nuit, c’est pourquoi les filages ont lieu avant 18h (Havard Duclos, 1972).

3.2. Variations des rendements de pêche

On observe globalement une diminution des captures et un changement dans les proportions d’espèces ciblées. Ainsi les captures totales ont diminuées de 58 individus/1000 hameçons en 2003 et 44,7 individus/1000 hameçons en 2010 à 24 individus/1000 hameçons en 2015 (Herfaut & Abellard, 2004; Kiszka et al., 2010).Les captures passent d’une composition majoritaire en espadon (33%) et en thon albacore (39%) en 2003 (Herfaut & Abellard, 2004) à des captures dominées par le thon obèse (24%) et l’espadon (17%) pour les marées échantillonnées. Alors que en 2010 les captures de thons étaient déjà majoritairement du thon obèse, l’espadon était encore observé en forte proportions (Bein et al., 2011). La diminution des rendements observée à Mayotte concerne donc principalement le thon albacore qui est passé de 31 à 3 individus pour 1000 hameçons entre 2003 et 2015 (Herfaut & Abellard, 2004). Les résultats supportent donc l’hypothèse de (Bein et al., 2011)) qui suppose que le thon albacore soit en surexploitation. Les diminutions de captures d’espadon sont observées seulement par cette étude à Mayotte et peuvent signifier une surexploitation du stock ou dépendre juste d’une tendance saisonnière puisque les marées échantillonnées ne concernent que les mois de juin et aout. Toutefois à La Réunion, les CPUE d’espadon dépassent rarement les 5 individus pour 1000 hameçons (Sabarros et al., 2013b)

Alors que les thons obèses et espadons sont les premières espèces commercialisées, les captures de raies pastenagues violette sont relativement nombreuses par rapport à celles observées à La Réunion (Poisson et al., 2010) ou lors des précédents suivis à Mayotte (Kiszka et al., 2010).

3.3. Difficultés de mise en œuvre du programme

Les marées échantillonnées ont donc montré de faibles rendements en nombre d’individus capturés et en poids débarqués. En 2015, les niveaux de captures ont emmené les armateurs palangriers à la limite de la rentabilité. C’est pourquoi le programme d’auto-échantillonnage a été restreint à un navire car c’était le seul sur la période à encore sortir en mer. De plus la période avril-octobre correspond à la saison des alizées où les conditions de mer sont peu favorables à la pêche.

La mise en place de l’instrumentation n’a ainsi pas pu se faire. Pourtant, l’utilisation de hook-timer permettrait de connaitre précisément l’heure de capture. De plus le programme nécessite l’embarquement d’un observateur qui peut alors reporter en détail l’état des captures et leur position sur la ligne. Ces résultats peuvent avoir des implications sur la stratégie de pêche : le même programme à La Réunion a montré que les captures ont lieu seulement quelques heures après le filage. Ainsi une réduction du temps d’immersion permettrait de diminuer la probabilité d’échappement ou de déprédation des captures et d’augmenter la qualité de la chair (Poisson et al., 2010).

La poursuite du programme d’auto-échantillonnage et d’instrumentation pourra permettre de mieux caractériser les captures et de comprendre les interactions entre la palangre, les conditions environnementales et les espèces cibles. Pour cela, il convient d’étendre le programme à d’autres navires afin de disposer d’une variété de stratégies de pêche.

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3.4. Perspectives pour la pêche palangrière à Mayotte

Alors que la pêche à la palangre est vue comme un potentiel de développement de l’effort de pêche sur les ressources pélagiques pour diminuer la pression sur les ressources du lagon, les faibles rendements observés compromettent le développement de la flottille et posent question sur la rentabilité de la filière.

Ainsi à Mayotte, les pêcheurs reprochent aux thoniers senneurs de piller leur ressource car les navires européens sont autorisés à pêcher dans la ZEE (au-delà des 24 miles) sans verser de fonds de compensation depuis l’intégration de Mayotte dans l’UE. Or les pêcheurs réclament l’application pour Mayotte d’une mesure de la PCP autorisant l’exclusion des navires industriels à 100 miles nautiques des côtes pour les régions ultra périphériques de l’Europe (Boscher, 2015). Cette mesure permettrait de réserver une partie des zones de pêche aux palangriers. Cependant, la diminution des rendements est récente et il est possible que d’autres facteurs puissent expliquer ces diminutions brutales : faible concentration de grands pélagiques liée à des facteurs environnementaux (Guyomard et al., 2006) ou encore une surexploitation à l’échelle globale (Le Couls & Bourjea, 2010).

A défaut de pouvoir fournir le marché local en quantité, les prises pourraient être valorisées pour augmenter la rentabilité de la flottille par la mise en place d’une filière de transformation type conserverie et fumoir. Mais Mayotte souffre du manque d’infrastructures pour valoriser les produits de sa pêche (Rene et al., 1996). Les coûts de fonctionnement peuvent également être réduits sous réserve qu’ils n’affectent pas les rendements : les calmars peuvent être remplacés par des maquereaux comme appâts moins cher. L’utilisation de cyalumes peut être réduite car leur efficacité est limitée et ils peuvent accroitre les captures accidentelles (Poisson et al., 2010)

14

Partie III : Bilan des méthodes de suivi de la pêche à pied

1. Méthodes de suivis de pêche à pied déployées

1.1. Zone d’étude

La pêche à pied sur le littoral mahorais est suivie régulièrement depuis 2012 par le PNMM. Un programme d’étude intègre des données d’enquêtes et de fréquentation de la pêche à pied sur une dizaine de sites de l’île répartis sur cinq secteurs (Cartes en Annexe IV). De plus, dans le cadre du projet de mise en place de zones de fermetures temporaires pour le poulpe, trois sites font l’objet d’un suivi plus complet pour évaluer la ressource disponible. Deux sites pilotes, les plages de Mtsahara et Mbouanatsa, ont été sélectionnés pour mettre en place les zones de repos. Un site témoin, la plage de Bandrélé, permettra de les comparer.

1.2. Protocoles de suivis mis en places

1.2.1. L’évaluation de la fréquentation des sites

L’évaluation de la fréquentation des sites est une approche quantitative qui permet de connaitre comment se répartit la fréquentation dans l’espace et dans le temps et de qualifier les usages (Le Corre et al., 2012). Les méthodes utilisées à Mayotte sont des comptages directs depuis 2013. Des comptages par survols en ULM ont été réalisés lors de missions en 2008 et 2012 afin d’évaluer la fréquentation de la pêche à pied sur tout le littoral mahorais et ont fait l’objet de rapports distincts (Guezel, et al. 2009b; IODDE, 2014). Des comptages à vue sont réalisés tous les mois en routine depuis 2013 sur dix sites témoins répartis dans cinq secteurs (Cartes en Annexe IV). Le nombre de pêcheurs répartis par techniques de pêche sont recensés chaque mois sur les sites selon un plan d’échantillonnage stratifié : sur une période de cinq mois, chaque site doit être suivi au une fois dans chaque catégorie de coefficient de marée (moins de 70, de 70 à 79, de 80 à 89, de 90 à 99, plus de 100) et au moins une fois un jour de week-end ou congé.

1.2.2. Les enquêtes de terrain

La réalisation d’enquêtes permet d’apporter une approche qualitative au suivi de la pêche à pied en caractérisant la fréquentation des sites, le profil des pêcheurs et leurs pratiques. Le Parc naturel marin de Mayotte a initié cette méthode de suivi depuis 2012 sur le littoral mahorais. Les enquêtes sont réalisées sur les dix sites témoins de pêche à pied en même temps que les comptages à vue, pour des coefficients supérieurs à 89 lorsque les pêcheurs à pied sont plus nombreux. La première partie de l’enquête est constituée d’un questionnaire qui permet de mieux connaitre les types de pêche à pied et leurs pratiquants : espèces ciblées, technique utilisées, expérience, motivations à pêcher, perception de l’environnement, sentiment vis-à-vis de l’évolution de la ressource … (Fiche d’enquête disponible en Annexe V). La deuxième partie de l’enquête permet, en mesurant les récoltes, d’estimer les rendements de pêche à pied et d’évaluer l’effort de pêche exercé à l’échelle individuelle. Cette partie s’intègre également dans l’étude de l’exploitation des ressources.

1.2.3. L’évaluation des ressources

a) La méthode des Belts transects La méthode des Belt transect permet de réaliser une estimation quantitative directe d’un stock de poulpe en appliquant un protocole d’échantillonnage du milieu par couloir d’observation (Belazis, 2011). Cette méthode permet une évaluation quantitative de la ressource et s’affranchit de l’évaluation de l’effort de pêche. En prospectant sur de petites surfaces, on peut extrapoler le nombre d’individus et la biomasse totale sur les sites.

Ce suivi a été réalisé en 2014 sur les trois sites impliqués dans le projet de fermetures temporaires pour le poulpe : Mtsahara, Mbouanatsa et Bandrélé. Le protocole est celui proposé par le bureau d’étude PARETO (Tollis et al., 2014). Deux campagnes d’évaluation de stock de poulpes ont été réalisées lors des grandes marées (coefficient de plus de 90) en saison des pluies et en saison sèche. L’effort d’échantillonnage est réparti sur cinq stations par sites préalablement délimitées

15

comme les zones de réserve temporaires. Les poulpes et leurs habitats potentiels (trous à poulpes) sont recensés sur une surface de 250m² (Figure 7). Le nombre de Belt transects répétés par station dépend de la surface disponible mais également du temps et du nombre d’agents disponible le jour du suivi. Les caractéristiques biotiques et abiotiques du substrat sont caractérisées par la méthode du Point Intercept Transect (Obura, 2014) où elles sont relevées tous les 50 centimètres sur 20 mètres minimum. La rugosité est calculée en mesurant la longueur d’une chaine qui épouse les formes du platier le long de 10 mètres d’un PIT Transect. Plusieurs PIT sont réalisés parallèles au Belt transect.

b) La méthode des récoltes et des rendements de pêche La méthode d’analyse des récoltes permet une évaluation quantitative de la ressource basée sur l’effort réel de pêche. L’étude des récoltes de pêche permet ainsi de connaitre l’espèce, la taille, parfois le sexe mais surtout le nombre et le poids des captures. On peut ainsi déterminer des rendements de pêche représentés en captures par unité d’effort (CPUE). Les CPUE étant proportionnelles à l’abondance du stock pour une même capturabilité, on obtient une mesure indirecte de l’abondance (Maunder et al., 2006). Dans les conditions, où la connaissance totale des captures par site ne peut être connue de manière exhaustive, le suivi des CPUE permet de disposer d’un indicateur révélateur de l’abondance de poulpes disponibles en rapportant les captures à un effort de pêche. De plus, en connaissant le nombre de pêcheurs présents sur le site, il est possible de connaitre les quantités de poulpes capturés sur le site par marée et d’établir ainsi le niveau d’exploitation du site.

L’étude des récoltes est en général réalisée en même temps que les enquêtes de pêche à pied ou lors des transects. Afin de déterminer les CPUE, l’effort de pêche doit être précisément évalué et les captures exprimées en nombre ou en biomasse. Le temps de pêche passé est une donnée indispensable à récupérer lors de la mesure des récoltes. L’effort de pêche peut ainsi être exprimé par heure de pêche, par pêcheur et par marée. En effet, les rendements observés par pêcheur peuvent varier selon le temps de prospection. L’évaluation des captures peut se faire lors de l’action de pêche (méthode retenue avec les questionnaires) ou en fin de session de pêche (méthode retenue avec les Belt transects).

c) La méthode des pièges artisanaux La méthode d’échantillonnage par capture à l’aide de pièges artisanaux est envisagée comme une alternative aux Belt transects pour évaluer la ressource en poulpe par une méthode de suivi plus standardisée en fixant un effort de pêche, i.e. le nombre de pots à poulpes. Sur le platier, les poulpes se réfugient dans des cavités qui peuvent être recréés artificiellement à l’aide de pot à poulpes similaires à ceux utilisés dans les pêcheries artisanales en Méditerranée, au Sénégal, en Mauritanie ou au Maroc (Caverivière et al., 2002). L’hypothèse émise est que le nombre de poulpes capturés par ligne de pot est relié à la densité de poulpe dans le milieu. L’utilisation de pots à poulpe permettrait alors d’obtenir un indicateur d’état de la ressource.

Un protocole expérimental a été testé en s’inspirant des méthodes utilisées pour le suivi des pêches au poulpe sur des fonds plus profonds (Whitaker et al., 1991; Rudershausen, 2013). Il consiste à déposer des lignes de pots, fabriqués à partir de tubes PVC, à plat sur le platier (Figure 8). Deux lignes de dix pots chacune ont ainsi été déposées à Mbouanatsa. Les pots sont posés à marée montante dans un à deux mètres de hauteur d’eau à l’aide d’une embarcation et relevés à pied ou en palmes, masque et tuba après une période de 1 à 2 semaines.

Figure 7 : Schéma d'un belt transect réalisé lors de l'état initial (adapté de Belazis, 2011)

16

Figure 8: Schéma de montage d’une ligne de pots à poulpe expérimentale

1.3. Analyse des données

Dans le cas des enquêtes, les données recueillies sont souvent qualitatives ou les questionnaires incomplets. C’est pourquoi l’analyse des résultats des enquêtes est faite par une approche descriptive. Pour le calcul des rendements de pêche lors des enquêtes, seules les récoltes non nulles ont été prises en compte puisque une récolte nulle peut-être due à un refus du pêcheur de montrer sa récolte. De plus, il peut s’agir d’un pêcheur enquêté trop tôt dans la marée ou n’ayant pas recherché l’espèce annoncée dans le cas où plusieurs techniques de pêche sont déclarées.

Les données de suivi par transect ayant déjà fait l’objet d’un rapport complet (Tollis et al., 2014), seules les données utiles à la compréhension des sites et au bilan des méthodes sont reportées dans ce mémoire pour permettre une meilleure compréhension de l’étude et de ses intérêts en matière de gestion.

Les données quantitatives sont analysées par modèles linéaires, avec transformation logarithmique lorsque les données ne suivent pas une loi normale. Dans ce cas, les données nulles ont été supprimées du jeu de données. Si les données ne peuvent être normalisées, des tests non paramétriques de comparaison de rangs sont utilisés.

2. Résultats

2.1. Fréquentation des sites de pêche à pied

2.1.1. Effort d’échantillonnage

La fréquentation des sites de pêche à pied est obtenue à l’aide des données de comptages à vue réalisés de juillet 2013 à aout 2015 tous les mois sur les estrans témoins de Mayotte. En réalité, par manque de moyens humains, les sites ont été suivis moins régulièrement et souvent un seul site par secteur est compté (Tableau 3 et Tableau 4). Les grandes marées sont sous-échantillonées en raison de leur fréquence plus faible. Les sites de Mtsahara, Mtzamboro, Mzouzia et Petite Terre n’ont ainsi jamais été suivi pour les coefficients de marée de plus de 100.

Secteur Site 2013 2014 2015 Total

Sada et îlot de Sada 5 3 4 12

Sohoa 5 2 4 11

Bandrélé 4 1 3 8

Nyambadao 4 2 3 9

Hamjago 3 2 3 8

Mtsahara 3 4 2 9

Mtzamboro 3 3 3 9

Petite-Terre Petite Terre (nord) 4 4 1 9

Mbouanatsa 3 2 2 7

Mzouazia 1 3 4 8

Autre sites 3 10 4 17

Total 38 36 33 107

Centre-Ouest

Est

Nord-Ouest

Sud

Semaine Week-end

Moins de 70 18 8

De 70 à 79 9 12

De 80 à 89 16 2

De 89 à 99 17 15

Plus de 100 8 2

Total général 68 39

Tableau 4: Nombre de comptages réalisés depuis 2013 répartis par catégories de marée et par type de jour

Tableau 3 : Nombre de comptages de pêche à pied

réalisés par année et par sites

17

2.1.2. Fréquentation des sites témoins

En moyenne, 72 (1,8) pêcheurs adultes et 14 (0,6) enfants fréquentent les estrans témoins de Mayotte à chaque marée. Les niveaux de fréquentations de pêche à pied se répartissent équitablement entre les sites témoins (Figure 9). Le site de Petite-Terre est le plus fréquenté par les pêcheurs à pied, en particulier pour la pêche aux poulpes et aux coquillages, avec une moyenne de 14 pêcheurs adultes par marée. Le deuxième site le plus fréquenté est celui de Sada avec 11 pêcheurs adultes en moyenne par marée. Les sites de Nyambadao et de Mzouazia sont les moins fréquentés, ce qui peut-être expliqué par le caractère envasé de ces baies. Toutefois, un test statistique non paramétrique n’a pas détecté de différence significative du nombre de pêcheurs adultes entre les sites (Test de Kruskal Wallis ; p = 0,10).

A chaque marée, parmi les 72 pêcheurs identifiés sur les sites témoins, ce sont 58 pêcheurs de poulpes et coquillages, 3 pêcheurs au filet et 4 pêcheurs au djarifa qui pêchent. En moyenne sur le littoral mahorais, la pêche au poulpe et au coquillage est pratiquée par 80 % des pêcheurs adultes à pied observés (Tableau 5). La pêche au djarifa est la deuxième activité pratiquée avec la pêche au filet. La pêche des poissons à la ligne est vue plus rarement lors des comptages tout comme les pratiques de pêche interdites comme la chasse sous marine ou la pêche à l’uruva. Certaines techniques de pêche semblent plus occasionnellement observées à des sites particuliers. La pêche au djarifa est répartie sur les sites du Nord-Ouest et du Sud. Bien que la pêche à l’uruva soit interdite, elle a été observée sur les sites de Sohoa et de Mtsahara. Des pêcheurs en chasse sous marine ont également été vus sur Petite-Terre, Sada et Bandrélé.

Tableau 5: Répartition du nombre de pêcheurs à pied comptés par technique de pêche identifiée à vue et par site témoins sur la période 2013-2015.

0

5

10

15

20

25

SAD SOH HAMJ MTS MTZ BND NYA MBS MZZ PTRN

Centre-Ouest Nord-Ouest Est Sud Petite-Terre

No

mb

re d

e p

êch

eu

rs p

ar m

aré

e

Figure 9 : Nombre moyens de pêcheurs adultes par marée et par sites sur la période 2013-2015. Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%.

Chasse sous-

marine

Pêche à

l'uruva

Pêche au

Djarifa

Pêche à la

lignePêche au filet

Pêche aux

poulpes et

aux

coquillages

Pêche non

identifiée

SAD 5% - - 2% 6% 77% 9%

SOH - 10% - 5% 4% 71% 9%

HAMJ - - 21% - - 73% 5%

MTS - 3% - - - 94% 3%

MTZ - - 16% 2% 7% 60% 15%

BND 10% - - 7% - 81% 1%

NYA - - - 4% 8% 88% -

MBS - - 17% - 15% 67% -

MZZ - - - - 9% 91% -

Petite-Terre PTRN 3% - - - 2% 92% 3%

Total Mayotte 3% 2% 4% 2% 4% 80% 6%

Centre-Ouest

Nord-Ouest

Est

Sud

18

60 70 80 90 100 110

0

1

2

3

Coefficient de marée

log

(no

mb

re d

e p

êch

eu

rs)

y 0.03x 0.25R² 0.18

2.1.3. Variations temporelles

Les sorties de pêche à pied sont liées à la disponibilité des pêcheurs mais aussi aux conditions de marée. Un modèle linéaire a été ajusté sur les données lognormées du nombre de pêcheurs adultes par comptage non nul en fonction des coefficients de marée, du jour de la semaine, du mois et de l’année. Les résultats ont montrés que le nombre de pêcheurs observés par site est positivement lié à l’augmentation des coefficients de marée (Figure 10). L’ajout de la variable week-end au modèle linéaire n’est pas significatif (F = 0,4 ; p = 0,51), tout comme l’effet année (F = 1,2 ; p = 0,3), et un effet du mois a été detecté (F = 2,5 ; p = 0,013).

Figure 10: Résultats de la régression linéaire réalisée sur les données logtransformées du nombre de pêcheurs adultes dénombrés par comptages non nuls en fonction des coefficients de marée. Un test F a montré que la régression est significative (F = 14.3 ; p = 0.0003).

Ainsi, on observe une augmentation de la fréquentation des estrans lors des grandes marées, lorsque le platier se découvre bien pour les ramasseurs de poulpes et coquillages. Le nombre de pêcheurs ne varie pas entre la semaine et le week-end, ce qui peut-être expliqué par le fait que la majorité des pêcheurs à pieds sont sans emploi et pêchent donc quelque soit le jour de la semaine. Cependant, on observe une augmentation de la fréquentation des sites sur les mois de juin et juillet (Figure 11). Une explication possible est que cette période coîncide avec les mois de ramadan ces trois dernières années, période où les mahorais cherchent à s’occuper pour oublier le jeûne et préparent le repas du soir. Globalement, les pêcheurs semblent aussi plus nombreux durant la saison sèche. La fréquentation entre les années de suivis est stable et varie entre 4,8 et 9,4 pêcheurs par site et par marée.

Figure 11: Nombre moyens de pêcheur adultes par site et par comptage en fonction du type de jour, du mois et de l’année. Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%.

0

2

4

6

8

10

12

Semaine Week-end

No

mb

re d

e p

êch

eu

rs p

ar m

aré

e

0

4

8

12

16

20

24

28

J F M A M J J A S O N D

No

mb

re d

e p

êch

eu

rs p

ar m

aré

e

0

2

4

6

8

10

12

14

2013 2014 2015

No

mb

re d

e p

êch

eu

rs p

ar m

aré

e

19

Chasse sous-

marine

Pêche à

l'uruva

Pêche au

Djarifa

Pêche à la

lignePêche au filet

Pêche aux

poulpes et

aux

coquillages

Pêche aux

coquillages

Pêche au

poulpe

Pêche non

identifiée

SAD - 1% - 12% 2% 38% 15% 30% 1%

SOH - 12% - 15% - 28% 16% 28% 1%

HAMJ - 8% 8% 11% 3% 30% 8% 30% 3%

MTS 1% 3% - 7% 1% 47% 4% 36% 1%

MTZ - - - - - 33% - 67% -

BND 1% - - 5% 1% 34% 6% 51% 2%

NYA - - - - - 43% - 57% -

MBS 1% - 1% 7% 8% 38% 10% 34% -

MZZ - - 6% 6% 12% 41% 6% 29% -

Petite-Terre PTRN - - - 10% 2% 15% - 68% 5%

Total Mayotte 1% 2% 1% 8% 2% 33% 7% 43% 3%

Centre-Ouest

Est

Sud

Nord-Ouest

2.2. Résultats des enquêtes

2.2.1. Effort d’échantillonnage

Ce sont 597 enquêtes qui ont pu être réalisées entre avril 2012 et août 2015. L’année 2012 représente 69% des données disponibles car elle constitue la phase d’état initial et de calage du protocole (IODDE, 2014). Les années suivantes correspondent à un suivi de routine avec un effort d’échantillonnage moins élevé. Les enquêtes sont alors réalisées lors des suivis de fréquentation sur les sites témoins pour les marées d’un coefficient supérieur à 89. Chaque site témoin est enquêté une fois tous les cinq mois. Le plan d’échantillonnage est déséquilibré, en effet par manque de temps et de personnel, seul un site par secteur est parfois enquêté (Tableau 6 et Tableau 7). Depuis mai 2015, les enquêtes ont été simplifiées dans le but de réduire le temps d’enquête, maintenir l’attention des pêcheurs et collecter des données plus pertinentes (Enquête en Annexe V).

2.2.2. Répartition spatiale des pêcheurs

a) Répartition des types de pêche par sites Les différents types de pêcheurs enquêtés correspondent aux proportions observées lors des comptages à vue par sites et sont donc bien représentées dans l’échantillonnage (Tableau 8). De plus les données d’enquêtes permettent de mieux distinguer les techniques pratiquées par le pêcheur que lors des comptages à vue en l’interrogeant sur sa technique, les espèces qu’il recherche et les outils qu’il utilise. Par exemple, les ramasseurs de coquillages et de poulpes sont différenciés si le pêcheur ne déclare pêcher que l’un des deux. On remarque alors que les pêcheurs recherchant uniquement les coquillages sont plus fréquemment enquêtés sur le secteur Centre –Ouest et que le site de Petite-Terre est plus prisé pour la recherche de poulpe seule. Les pêcheurs utilisant l’uruva semblent se regrouper à l’Ouest de l’île et la pêche au filet au Sud. Globalement la répartition des techniques de pêche par site est homogène sauf pour certains secteurs sous-échantillonnés comme Mtzamboro ou Nyambadao. Afin de dresser un profil type de pêche à pied, tous les sites seront traités ensemble dans l’analyse des réponses aux enquêtes.

Tableau 8 : Répartition du nombre de pêcheurs à pied enquêtés par technique de pêche déclarée et par site témoins sur la période 2012-2015

Secteur Site 2012 2013 2014 2015 Total

Centre-Ouest Sada et îlot de Sada 60 12 3 12 87

Sohoa 39 9 4 9 61

Est Bandrélé 51 8 15 9 83

Nyambadao 3 6 0 5 14

Nord-Ouest Hamjago 18 4 7 3 32

Mtsahara 59 7 5 2 73

Mtzamboro 1 2 0 0 3

Petite-Terre Petite Terre (nord) 86 7 13 5 111

Sud Mbouanatsa 50 10 0 5 65

Mzouazia 5 0 5 5 15

Autre sites 40 0 12 1 53

Total 412 65 64 56 597

Semaine Week-end Total

De 89 à 99 191 120 311

Plus de 100 240 46 286

Total 431 166 597

Tableau 7: Nombre d'enquêtes réalisées depuis 2012 réparties par catégories de marée et par type de jour

Tableau 6 : Nombre d'enquêtes de pêche à pied réalisées par année et par sites.

20

b) Répartition des espèces recherchées par milieu Au sein d’un même site, les pêcheurs recherchent différentes espèces selon la technique utilisée et le milieu prospecté (Figure 12). Les poulpes sont recherchés de préférence sur le platier et sur le front récifal car ce sont des milieux où la densité d’abris est la plus élevée. Les pêcheurs recherchent les poissons dans la mangrove pour la pêche au djarifa et au filet mais aussi sur le front récifal dans le cas des ligneurs ou des chasseurs. La pêche aux bigorneaux (Nérites) se pratique quasi exclusivement sur la plage rocheuse, tout comme la pêche aux chitons. Les bénitiers, sept-doigts (lambis) et oursins sont eux recherchés sur le platier. Le platier et le front récifal sont les plus prospectés puisque 89% des pêcheurs à pieds déclarent pêcher sur ces milieux dont 24% sur le front récifal. Par conséquence, ce milieu riche en coraux vivants subit potentiellement une pression de piétinement importante et peut être impacté par des pratiques non respectueuses.

2.2.3. Portraits des pêcheurs à pieds

Des profils types de pêcheurs à pied ont pu être dressés à partir des réponses aux questionnaires

données par le pêcheur enquêté (Tableau 9) mais aussi par les caractéristiques de son groupe de

pêche relevées lors de l’enquête (Tableau 10).

Tableau 9: Profil moyen des pêcheurs enquêtés par technique de pêche. Statistiques descriptives réalisées sur le nombre de pêcheurs enquêtés déclarant pratiquer un ou plusieurs types de pêche par enquête, toutes années et sites de pêche confondus.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Coquillages bigorneaux

Coquillages Sept-doigts

Coquillages Benitier Oursins Chitons Poissons Poulpe

% d

e p

êch

eu

rs e

nq

tés

Platier

Front récifal

Plage rocheuse

Mangrove

65%

24%

1%10%

Répartition globale des pêcheurs enquêtés par milieu

prospecté

Figure 12: Répartition des pêcheurs enquêtés en fonction des différents milieux prospectés et par espèces cible

Variable étudiée (unité)

Chasse

sous-

marine

Pêche à

l'uruva

Pêche au

Djarifa

Pêche du

bord

(Ligne)

Pêche du

bord (Filet)

Pêche au

poulpe et

coquillage

Pêche au

poulpe

Pêche aux

coquillage

s

Total

N 4 14 5 52 16 212 278 48 646

Années d'expérience 20 ± 12 29 ± 7 41 ± 21 16 ± 4 15 ± 8 19 ± 3 15 ± 2 17 ± 4 17 ± 1

Moins de 5 67% 0% 0% 13% 18% 14% 12% 37% 15%

De 5 à 20 0% 25% 0% 13% 0% 22% 23% 37% 22%

De 20 à 50 33% 75% 100% 56% 27% 46% 43% 16% 43%

De 50 à 70 0% 0% 0% 9% 9% 5% 7% 5% 6%

Plus de 70 0% 0% 0% 9% 45% 13% 15% 5% 14%

Temps de pêche 2.3 ± 0.5 2 ± 0.9 2.2 ± 1.8 2.5 ± 0.4 2 ± 0.8 2.4 ± 0.2 2.3 ± 0.2 1.8 ± 0.4 2.3 ± 0.1

Seul 75% 57% 0% 55% 38% 55% 74% 31% 61%

Amis 25% 14% 60% 19% 13% 11% 11% 10% 12%

Famille 0% 29% 20% 21% 44% 33% 12% 56% 23%

Autre 0% 0% 20% 6% 6% 1% 4% 2% 3%

Type de groupe

moyenne ± IC95%

% de

pêcheurs

par

catégorie

Nombre de sorties de

pêche par an

% de

pêcheurs

par

catégorie

heure moyenne ± IC95%

21

Tableau 10: Caractéristiques sociologiques du groupe de pêche. Statistiques descriptives réalisées sur le nombre de pêcheurs formant le groupe de pêche de l’enquêté déclarant pratiquer un ou plusieurs types de pêche, toutes années et sites de pêche confondus.

En moyenne, un pêcheur à pied possède 17 années d’expérience pour un âge de 33 ans et sort régulièrement à raison de 20 à 50 sorties de pêche par an pour une durée de 2,3 heures. Les pêcheurs interrogés sont en majorité sans emploi (85%), d’origine mahoraise et comorienne (75% et 24%). La pêche à pied est une activité pratiquée aussi bien par les femmes que par les hommes, seule (61%) ou en famille (23%). Ce profil type varie cependant selon les techniques de pêche pratiquées.

Ainsi, la pêche traditionnelle au djarifa est une activité pratiquée uniquement par des groupes de pêcheuses mahoraises, souvent entre amies (60%), plus expérimentées (38 années) et avec un âge moyen plus élevé (43 ans).

La pêche du bord, ciblant les poissons au filet ou à la ligne, est essentiellement masculine (95% des pêcheurs enquêtés). Les pêcheurs au filet réalisent le plus grand nombre de sorties par an, au contraire des pêcheurs à la ligne qui sortent moins souvent mais pour un temps de pêche moyen plus long de 42 minutes. Le pêcheur à la ligne, de par la technique, pratique le plus souvent seul et est parfois accompagné de ses enfants ou d’amis. La pêche au filet se pratique à plusieurs ou seul s’il s’agit de pêche à l’épervier.

Les pêcheurs observés en action de nage sont classés dans la catégorie chasse sous marine. Globalement, il s’agit d’hommes, seuls et déclarant pêcher moins de cinq fois par an. Cependant, la chasse sous-marine étant illégale à l’intérieur du lagon, il est difficile d’obtenir des enquêtes et des réponses fiables car cette activité est pratiquée en cachette, sur des zones éloignées et quelque soit la marée.

La pêche au poulpe et le ramassage de coquillages est une activité répandue à Mayotte et a été observée pratiquée par des pêcheurs malgaches, réunionnais et métropolitains. Le plus souvent, la pêche aux poulpes et aux coquillages est réalisée simultanément. Les pêcheurs recherchant seulement des poulpes sont principalement des hommes pêchant seuls et qui sortent à des fréquences plus élevées. La pêche aux coquillages seuls est plus rare et est pratiquée quasi exclusivement par des mahorais et des femmes, souvent à la recherche de bigorneaux ou de lambis. Les pêcheurs de coquillages sortent également moins souvent (74% font moins de 20 sorties par an), pour des durées plus courtes (moins de 2 heures) et plutôt en famille, ce qui explique l’âge plus bas des pratiquants. De plus, cette pêche ne demande pas de technique particulière et peu donc être pratiquée par des jeunes moins expérimentés.

2.2.4. Motivations

Les pêcheurs choisissent leurs sites de pêche en fonction de la proximité de leur lieu de résidence et par habitude (Figure 13). En effet, la plupart des pêcheurs n’ont pas de moyen de déplacement et sortent pêcher face au village lorsqu’ils voient le platier se découvrir. Ainsi, parmi les 74% de pêcheurs enquêtés face à leur village de résidence, 76% déclarent pêcher toujours sur le même site. Les pêcheurs ne pêchant pas face à leur village de résidence, sont également fidèles à leur zones de pêche (69% des enquêtés), souvent proches de leur village sauf dans le cas de certains pêcheurs de Grande-Terre qui se déplacent en Petite Terre pour pêcher le poulpe (3 pêcheurs enquêtés).

Variable étudiée (unité)

Chasse

sous-

marine

Pêche à

l'uruva

Pêche au

Djarifa

Pêche du

bord

(Ligne)

Pêche du

bord (Filet)

Pêche au

poulpe et

coquillage

Pêche au

poulpe

Pêche aux

coquillage

s

Total

N 6 17 17 81 26 330 334 100 930

Sexe ratio 0% 71% 100% 0% 16% 65% 23% 85% 44%

Comores 60% 12% 0% 31% 35% 11% 39% 1% 24%

La Réunion 0% 0% 0% 0% 0% 0.3% 0% 0% 0%

Madagascar 0% 0% 0% 0% 0% 1% 1% 0% 1%

Mayotte 40% 88% 100% 69% 65% 87% 59% 99% 75%

France métropolitaine 0% 0% 0% 0% 0% 1% 1% 0% 1%

Age moyen 33 ± 7 31 ± 10 44 ± 5 32 ± 4 31 ± 6 34 ± 2 35 ± 2 26 ± 3 33 ± 1

Travail - - - - - - - - 85%% de pêcheurs sans emplois

% de

pêcheurs

Origine

moyenne ± IC95%

% de femmes

22

La majorité des pêcheurs déclarent pêcher pour le plaisir et pour se nourrir. Dans les enquêtes les raison de pêcher pour le plus alimentaire ne distinguent pas la part alimentaire de « nécessité » de celle du « plaisir » alimentaire. Cependant, 237 enquêtés (46%) évoquent la raison du plus alimentaire sans citer le plaisir de pêcher. La pêche dans le but de vendre semble être une raison secondaire. Les autres raisons citées sont pour l’occupation ou encore par tradition. La plupart des pêcheurs partagent leur récolte seulement avec leur famille et amis (77%). Cependant, on observe que 22% des pêcheurs déclarent vendre parfois une partie ou toute leur récolte. Les pêcheurs vendant leurs captures sont en majorité des pêcheurs de poulpes (82%) et parfois de poissons (15%). Les principaux sites de pêche à pied où les pêcheurs déclarent vendre leurs captures sont Petite Terre (23%), Bandrélé (21%), Sada (18%) et Sohoa (13%).

2.2.5. Niveaux de sensibilisation à la ressource et à la réglementation

À propos du niveau de sensibilisation des pêcheurs, les enquêtes prennent en considération la perception des pêcheurs sur l’évolution et les risques sur leur activité, ainsi que leur niveau de connaissance de la réglementation.

Concernant l’évolution de l’activité de pêche à pied ces 10 à 20 dernières années, 73% des pêcheurs enquêtés ressentent une diminution des ressources sur le platier que ce soit en termes de quantité que de taille des captures (Figure 14). Ce constat est plus nuancé sur l’évolution du nombre de pêcheurs avec 41% des pêcheurs estimant qu’il a augmenté. En conséquence, parmi les pêcheurs ayant identifiés des risques pesant sur la ressource et/ou l’activité, la surexploitation des ressources du platier et l’augmentation du nombre de pêcheurs sont les éléments les plus cités (Figure 15). De plus, l’augmentation du nombre de pêcheurs est souvent évoquée par l’augmentation de la population générale de l’île. Ces deux catégories ont donc été regroupées. La dégradation du corail et des habitats lors de la pêche sont également identifiées comme une menace pour la ressource par 21% des pêcheurs. De plus, 21% des pêcheurs évoquent un risque pour la ressource lié à la dégradation globale du milieu (urbanisation, envasement, pollution, déchets). D’autres pratiques interdites comme la pêche à l’uruva, au filet ou la chasse sous marine sont signalées par une minorité de pêcheurs.

77%

21%

1% 1%

Devenir du produit de la pêcheN = 423

Partage avec la famille ou des amis

Partage et vente

Consommation personelle uniquement

Vente

25%

60%

9%5%

1% <1%

Critères de choix du siteN = 463

Par habitude Proximité du site

Qualité du site (ressource ou paysage) Autre

Test du site Site recommandé par un tiers

48%

48%

2% 2%

Raison principale de pêcherN = 516

Pour le plaisir

Pour le plus alimentaire

Pour la vente

Autres

Figure 13 : Proportions de réponses citées par les enquêtés sur leurs critères de choix des sites de pêche à

pied, leur raisons principales qui les pousse à aller pêcher et le devenir de leur récoltes.

23

En moyenne, 35% des pêcheurs déclarent connaitre au moins un élément de réglementation. Les réglementations concernant la pêche à l’uruva et l’interdiction de dégrader les coraux sont les plus connues et sont citées de manière ouverte par respectivement 54 % et 60% des pêcheurs déclarant connaitre la réglementation (Figure 16). La réglementation de la pêche au filet n’est citée que par 7 % des pêcheurs et celle aux coquillages par 12%. Par ailleurs, 29 % citent d’autres réglementations comme la chasse sous marine, le braconnage de tortues ou la pêche d’holothuries. Les renseignements sur la réglementation sont en majorité obtenus des médias (Télévision, radio et journaux) mais aussi des services de l’Etat, ce qui prouve une volonté de s’informer. De plus, les actions de sensibilisations sur le terrain mises en œuvre par divers organismes (DAF, Parc naturel marin, associations) ont permis de sensibiliser 13% de pêcheurs (Figure 17).

Alors que la pêche au filet concerne un faible nombre de pratiquants à pied, la récolte de coquillages concerne une grande partie des pêcheurs à pied. Par conséquence, les enquêtes mettent en évidence un manque d’information sur les espèces interdites au ramassage en pêche à pied (Triton conque, casque rouge, fer à repasser mais également holothuries). Celui-ci s’ajoute à un manque de connaissance général des réglementations de pêche. On peut cependant remarquer la bonne connaissance de l’interdiction de pratiques destructrices impactant directement la ressource comme le cassage de coraux et l’utilisation d’uruva pour les personnes sensibilisées.

Surexploitation et surpêche

Augmentation du nombre de pêcheurs

Degradation du corail et des habitats

Degradation du milieu

Chasse sous marine

Pêche d'individus trop petits

Clandestins

Uruva

Dieu/Baisse du Mariziki

Pêche au filet

Autre

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%

Nombre de pêcheurs

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Nombre de pêcheurs

Nombre de ressource

Taille des prises

No

mb

re d

e p

êch

eu

rs

Ne sait pas

Est identique

Baisse

Augmente

Figure 14 : Perception de l’évolution de la ressource et de l’activité de pêche ces 10 à 20 dernières années par les pêcheurs enquêtés tous sites et années confondues.

Figure 15 : Types de risques cités par les pêcheurs ayant identifiés des risques pour la ressource et/ ou leur activité de pêche lors des enquêtes de tous sites et années confondues.

Figure 17: Sources d’informations citées par les pêcheurs ayant identifié au moins un règlement

Destruction de coraux

Interdiction de l'uruva

Autres reglements

Coquillages interdits

Réglementation des filets

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%

Nombre de pêcheurs

Médias

DAFF/Affaires maritimes

Sensibilisation sur le platier

Bouche à oreille

Etudes

Opérations de controles

Bon sens

Affichages

COVIPEM

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Nombre de pêcheurs

Figure 16: Réglementations citées par les pêcheurs ayant identifié au moins un règlement

24

2.2.6. Analyse des récoltes

a) Répartition de l’effort de pêche et calcul des rendements de pêche Entre 2012 et 2015, 261 récoltes ont été observées lors des suivis de pêche à pied et 179 concernent des captures de poulpes. Le poulpe est ainsi la première espèce récoltée en pêche à pied (52% des récoltes en contiennent) avant les coquillages (31%) et les poissons en pêche de bord (16%). La majorité des coquillages n’ont pas été identifiés (42% des récoltes) mais les groupes d’espèces principalement retrouvés sont les Lambis (44%), Cônes Conidae (10%) et Bénitiers Tridacna maxima (4%). Les poissons pêchés ne sont pas identifiés à l’espèce. Les autres mollusques (oursins, chitons) ne représentent que 1% des récoltes étudiées.

Les données moyennes d’effort de pêche et de rendement ont été résumées par type dans le (Tableau 11). Seules les données de biométries sur le poulpe ont été récoltées en nombre suffisant pour permettre d’observer des variations annuelles (Tableau 12). En moyenne, l’effort de pêche est de 1,6 (± 0,15) pêcheurs par récolte pour un temps de pêche de 2,64 (± 0,11) heures. Ce temps est plus long pour la pêche aux poissons (ligne, filet) car les pratiquants restent pêcher après que le platier soit recouvert à marée montante. Le calcul des rendements de pêche permet d’obtenir des CPUE en biomasse et en nombre d’individus par heure de pêche et par pêcheur. Seules les données de récoltes non nulles ont été prises en compte. Les rendements de pêche au poulpe sont similaires entre années et sont en moyenne de 1,69 individu pour un poids de 1,26 kg par heure de pêche par pêcheur. Considérant un temps de pêche de 2,6 heures, les rendements de pêche au poulpe sont de 4,4 individus en moyenne par pêcheur et par marée. Les poulpes pêchés sont relativement petits quelque soit l’année avec un poids moyen de 680g et une taille moyenne de 67cm.

Tableau 11 : Temps de pêche et rendements moyens (CPUE) observés dans les récoltes lors du suivi de pêche à pied de 2012 à 2015. Valeurs moyennes ± intervalles de confiances à 95%

Tableau 12 : Variations annuelles du temps de pêche, des CPUE (en biomasse et en nombre), Poids et Taille individuelles de la pêche au poulpe.

Coquillages Poissons Poulpes Autre mollusques

N 74 31 172 3

Temps moyen de pêche (h) 2.6 ± 0.19 3.1 ± 0.39 2.6 ± 0.14 1.78 ± 2.1

CPUE (ind/h/pêcheur) 5.7 ± 3.25 2.81 ± 3.64 1.69 ± 0.25 4.8 ± 15.6

CPUE (kg/h/pêcheur) 1.00 ± 0.31 0.43 ± 0.16 1.26 ± 0.22 0.33

Poids individuel moyen (kg) - - 0.68 ± 0.06 -

Taille individuelle moyenne (cm) - - 66.9 ± 4.27 -

2012 2013 2014 2015

N 69 43 41 19

Temps moyen de pêche (h) 2.6 ± 0.20 2.4 ± 0.28 2.9 ± 0.30 2.1 ± 0. 40

CPUE (ind/h/pêcheur) 1.56 ± 0.42 1.79 ± 0.57 1.92 ± 0.48 1.45 ± 0.59

CPUE (kg/h/pêcheur) 1.10 ± 0.33 1.41 ± 0.45 1.38 ± 0.61 1.18 ± 0.58

Poids individuel moyen (kg) 0.67 ± 0.13 0.59 ± 0.11 0.70 ± 0.08 0.85 ± 0.16

Taille individuelle moyenne (cm) - 83 ± 11 59 ± 5.5 70 ± 6.6

Taille min - Taille max (cm) - 23 - 121 19 - 190 30 - 106

25

b) Variations spatiales

La répartition des rendements selon les sites témoins montre une grande variabilité des données, liées à un plan d’échantillonnage déséquilibré dans le temps mais aussi sur certains sites qui sont sous-échantillonnés (Figure 18 et Figure 19). Les plus fortes captures de poulpes sont relevées sur Petite-Terre et sur les sites du Sud. Les plus faibles captures ont lieu au Nord-Ouest, notamment sur Hamjago. Une analyse de variance réalisée sur les données de CPUE numériques lognormées a montré que l’effet site était significatif pour le site de Petite Terre (F = 2,2 ; p = 0,03). Cet effet site n’est cependant pas détecté avec les CPUE pondérales (F = 1,5 ; p = 0,15). Les rendements sont donc plus importants sur Petite-Terre, ce qui pourrait expliquer sa plus forte fréquentation. Cependant alors que les pêcheurs capturent un plus grand nombre d’individus par unité d’effort, les poids des captures ne sont pas plus importants ce qui peut montrer que les poids individuels sont plus faibles et donc être un signe de surexploitation.

0

0.5

1

1.5

2

2.5

3

3.5

4

SAD SOH HAMJ MTS MTZ BND NYA MBS MZZ PTRN

Centre-Ouest Nord-Ouest Est Sud Petite-Terre

NP

UE

(in

d/h

/pê

che

ur)

0

0.5

1

1.5

2

2.5

3

3.5

4

SAD SOH HAMJ MTS MTZ BND NYA MBS MZZ PTRN

Centre-Ouest Nord-Ouest Est Sud Petite-Terre

CP

UE

(Kg/

h/p

êch

eu

r)

0

0.5

1

1.5

2

2.5

3

3.5

4

SAD SOH HAMJ MTS MTZ BND NYA MBS MZZ PTRN

Centre-Ouest Nord-Ouest Est Sud Petite-Terre

NP

UE

(in

d/h

/pê

che

ur)

0

0.5

1

1.5

2

2.5

3

3.5

4

SAD SOH HAMJ MTS MTZ BND NYA MBS MZZ PTRN

Centre-Ouest Nord-Ouest Est Sud Petite-Terre

CP

UE

(Kg/

h/p

êch

eu

r)

Figure 18: CPUE numériques (ind/h/pêcheur) moyennes réparties sur les sites témoins de Mayotte de 2012 à 2015. Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%.

Figure 19: CPUE pondérales (kg/h/pêcheur) moyennes réparties sur les sites témoins de Mayotte de 2012 à 2015. Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%.

26

0

5

10

15

20

25

30

35

Taux d'occupation (%)

Bandrélé

Mbouanatsa

Mtsahara

0.0

1.0

2.0

3.0

4.0

5.0

6.0

Densité de poulpe sur 1000m²

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

Densité d'abris sur 1000m²

0.0

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1.0

Indice de rugosité

2.3. Résultats des transects

2.3.1. Effort d’échantillonnage

Au total, 303 Belt transects et 204 Point Intercept Transect ont été réalisés en 2014 sur les sites sélectionnés pour la mise en réserve (Tableau 13). L’effort d’échantillonnage n’est pas équilibré car le site de Bandrélé a été moins suivi lors de la première campagne en fin de saison des pluies (mars). Au contraire, le nombre de transects réalisés sur Mtsahara et Mbouanatsa est plus important lors de la première campagne que la deuxième en fin de saison sèche (octobre).

Tableau 13 : Nombre de Belt transects réalisés lors de l'état initial en 2014 pour évaluer les stocks de poulpes sur les sites pilotes et témoins

2.3.2. Variations entre sites

Pour les trois sites, les données moyennes de densité de poulpes, densité d’abris, taux d’occupation et rugosité ont été calculés à partir des transects réalisés pour chaque campagne (Figure 20 et Figure 21). Les densités de poulpes regroupent les poulpes observés dans les abris et ceux en action de nage. Les intervalles de confiances calculés montrent qu’il existe une forte variabilité au sein des mêmes sites pour les densités de poulpe, les densités d’abris et les taux d’occupations relevées. A l’inverse, la rugosité varie peu.

Figure 20 : Moyennes des indices de rugosité, densités d’abris, densités de poulpe et taux d’occupation lors de la première campagne (mars 2014). Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%.

Figure 21 : Moyennes des indices de rugosité, densités d’abris, densités de poulpe et taux d’occupation lors de la deuxième campagne (octobre 2014). Les barres d’erreurs correspondent aux intervalles de confiance à 95%.

Stations Campagne 1 Campagne 2 Total 2014

BND 41 47 88

MBS 60 47 107

MTS 74 34 108

Total 175 128 303

0

5

10

15

20

25

30

35

Taux d'occupation (%)

Bandrélé

Mbouanatsa

Mtsahara

0.0

1.0

2.0

3.0

4.0

5.0

6.0

Densité de poulpe sur 1000m²

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

Densité d'abris sur 1000m²

0.0

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1.0

Indice de rugosité

27

0.0 0.5 1.0 1.5 2.0

1

2

3

4

De

nsité

(in

d/1

00

0m

²)

CPUE (ind/h/pêcheur)

y 1.76x 0.27

R² 0.62

Les sites semblent avoir des caractéristiques similaires en termes de rugosité et de densités d’abris de poulpe. Ces indices sont liés car une surface plus rugueuse a plus d’anfractuosités et donc plus d’abris potentiels pour le poulpe. La densité d’abris est cependant légèrement inférieure à Mbouanatsa.

On remarque que les stations de Bandrélé ont les plus faibles taux d’occupation et de densités de poulpes. Pourtant, le nombre d’abris potentiel est équivalent aux deux autres sites. La faible densité de poulpe ne dépend donc pas d’un manque d’habitat pour le poulpe mais d’autres facteurs pourraient influencer sa distribution (abondance de proies, conditions hydrologiques, pêche …). Ce faible taux d’occupation peut aussi être expliqué par le fait qu’un plus petit nombre de transects ont été réalisés sur Bandrélé, à la fin des campagnes, après plusieurs jours de grandes marées et pour des coefficients plus faibles. Il est donc possible que la majorité des poulpes aient été capturés les marées précédentes. Une autre hypothèse est que la ressource en poulpe soit plus exploitée à long terme que sur les autres sites. Un échantillonnage simultané des sites pour obtenir les mêmes densités et niveau de capture lors d’une même marée permettrait de tester ces hypothèses. Si l’effet « fin de grande marée » est avéré, cela montre que la pêche au poulpe a un effet direct sur la disponibilité de la ressource et que le choix du jour du suivi est important pour évaluer les stocks de poulpe.

Lors de la réalisation des transects, les rendements de pêches ont été déterminés pour les pêcheurs présents sur le site (Tableau 14). On remarque que les rendements de pêche de Mtsahara sont plus élevés lors de la deuxième campagne, tout comme les densités de poulpes observées. De même les rendements de pêches plus faibles à Mbouanatsa semblent être corrélés à la densité observée sur le platier en octobre. La corrélation entre les densités de poulpes observées par transects et les rendements de pêches observés le même jour est confirmée par une régression linéaire (Figure 22).

mars octobre mars octobre

N 6 11 17 4

CPUE (ind/h/pêcheur) 0.27 2.09 0.82 0.60

CPUE (kg/h/pêcheur) 0.14 0.97 0.79 0.61

Mtsahara Mbouanatsa

Tableau 14: Rendements de pêche moyens des pêcheurs de poulpe présents le jour des transects

Figure 22: Régression linéaire entre les densités moyennes de poulpes et les CPUE relevées par jour de campagne. Un test F confirme la significativité des paramètres (F = 7,8 ; p = 0,049)

28

3. Discussion

3.1. Particularités de la pêche à pied à Mayotte

La pêche à pied à Mayotte est considérée comme une activité traditionnelle (Aboutoihi et al., 2010). Celle-ci est pratiquée par des pêcheurs expérimentés qui sortent de manière régulière plus d’une fois par mois. Les enquêtes réalisées par le parc depuis 2012 montrent que cette activité est surtout pratiquée pour le plaisir de pêcher et pour manger les produits de la pêche. La majorité des pêcheurs étant sans emploi, cette part alimentaire n’est pas à négliger. D’autre part, la vente des produits de la pêche est fréquente et pose un problème réglementaire car les pêcheurs de loisirs ne sont pas autorisés à revendre leur capture, même si cette activité est considérée comme vivrière (Guezel et al., 2013).

3.2. Implications des résultats de l’étude pour la mise en fermeture temporaire

3.2.1. Pression de pêche

La pression de pêche est globalement élevée sur les estrans de Mayotte avec une moyenne de 72 pêcheurs à pieds dont 58 pêcheurs de poulpes et coquillages par marée qui fréquentent les sites témoins. Ce nombre peut doubler lors des grandes marées aux coefficients de plus de 100. La pression est également élevée sur Petite-Terre où les pêcheurs sont les plus nombreux, en particulier pour le poulpe.

Cette pression est à la fois exercée sur la ressource mais également sur le milieu où les pratiques de pêches peuvent abimer le platier (piétinement, destruction des abris de poulpes). Avec des niveaux de captures moyennes de 4 poulpes par marée et par pêcheur, la pression de pêche sur la ressource en poulpe est non négligeable. La pêche à pied s’inscrit ainsi comme une activité à part entière sur le territoire dont l’état des ressources nécessite d’être surveillée.

3.2.2. Etat des stocks et niveaux d’exploitation actuels

En reportant les densités de poulpes obtenues par la méthode des Belts transects à la taille des sites échantillonnés, on peut déduire les stocks théoriques moyens de poulpes disponibles (Tableau 15). Ainsi, les densités de poulpes relevées lors du suivi de 2014 sur les sites de Mtsahara et Mbouanatsa sont autour de 1500 individus par km² et 360 individus par km² pour le site de Bandrélé.

Connaissant les niveaux de prélèvement par marée et les stocks disponibles sur chaque site, un calcul peut-être réalisé afin de connaitre le nombre fictif de jour de pêche restant avant la disparition de la ressource. Ce nombre est obtenu en divisant la quantité de poulpes disponibles par le nombre moyen de poulpes prélevé par site et par marée (Tableau 15). Les hypothèses posées sont que la population ne se renouvelle pas, par recrutement ou migration, et que les rendements de pêches restent constants quelque soit la disponibilité de la ressource. Ce calcul n’a pas de valeur scientifique mais permet de se rendre compte du niveau d’exploitation des sites par rapport à la ressource disponible. Ainsi, les stocks de poulpes des sites seraient vidés en 6 à 83 jours de pêche. Ces temps sont inférieurs à la vitesse de renouvellement des ressources puisque le poulpe a un cycle de vie de 1 à 2 ans (Van Heukelem, 1973). Par conséquence, les stocks de poulpes ne paraissent pas être exploités durablement sur ces sites. Toutefois, la variabilité des données disponibles dans les suivis et les biais d’échantillonnage amènent de nombreuses incertitudes concernant la taille des stocks de poulpes et les niveaux réels de prélèvements.

Tableau 15 : Calculs des stocks de poulpes, niveaux de prélèvements et nombre de jour de pêche restant

Taille du

site

Densité moyenne

par km²

Taille du stock

(nombre de poulpes)

Fréquentation du site

(pêcheurs de poulpe /marée)

CPUE

(ind/marée/pêcheur)

Taux de prélèvement du site

(ind/marée)

Nombre de jour de pêche

(marée)

Mbouanatsa 0.974 1495 1456 4 17.6 83

Mstahara 0.583 1519 885 6 26.4 34

Bandrélé 0.534 364 194 7 30.8 6

4.4

29

Le poids moyen d’un poulpe pêché à Mayotte est de 0,68 kg soit un poids inférieur aux seuils de maturité des femelles déterminés pour des poulpes pêchés au Sud-Ouest de Madagascar (plus de 2kg pour les femelles ; 0,6kg pour les mâles ; (Raberinary & Benbow, 2012). La majorité des poulpes sont donc pêchés avant leur maturité, ce qui peut indiquer que les adultes sont plus répartis en zone subtidale plus profondes. Ce stock de reproducteurs, hors des zones de pêche à pied, permettrait d’approvisionner le platier en nouvelles recrues et d’expliquer la résilience de la population. La mise en réserve des sites lors des périodes de recrutement pourrai alors avoir un impact positif sur les tailles de poulpes pêchées et sur les rendements de pêche (Raberinary & Benbow, 2012).

3.2.3. Période et durée de mise en repos biologique

Une fermeture de pêche au poulpe lors des périodes de pontes ne semble pas pertinente puisque le stock de reproducteurs n’est pas ciblé par la pêche à pied et que l’approvisionnement en larves ne semble pas limité. Une fermeture lors de la période de recrutement permettrait de laisser grandir les juvéniles et donc d’augmenter les poids moyen de captures à la réouverture. L’établissement de la période de recrutement se fait généralement en identifiant les individus de moins de 200g, rarement capturés à Mayotte. De plus, afin d’obtenir une évaluation de l’âge et de la taille de maturité, il faudrait réaliser une analyse des stylets et des gonades pour établir le cycle de vie d’Octopus cyanea à Mayotte qui peut-être très variable selon la région (Herwig et al., 2012).

La ponte et le recrutement des poulpes est généralement étalée tout au long de l’année (Van Heukelem, 1973). Ainsi, une fermeture quelque soit la période peut-être bénéfique. Au sud-ouest de Madagascar, le recrutement est étalé mais de légers pics suggèrent que la période de fermeture idéale se situe entre juin et aout ou entre septembre et octobre (Raberinary & Benbow, 2012). Puisque la période de recrutement ne peut être déterminée précisément, une période de fermeture aurait plus d’impacts les mois de forte fréquentation, c'est-à-dire en saison sèche à Mayotte. Le cycle de vie court du poulpe et la dispersion de ses larves pélagiques à partir d’un stock de reproducteurs présent en zone subtidale permet à la population de se renouveler rapidement et de coloniser des zones adjacentes. Par conséquence, la mise en place de fermetures temporaires sur des périodes courtes de 2 à 3 mois, permettrait de reconstituer rapidement une partie du stock en soutenant la croissance des juvéniles et l’installation de nouvelles recrues (Guard, 2009). De plus, les niveaux d’exploitations actuels montrent que même une courte période de fermeture a le potentiel de préserver une partie du stock. De manière générale, une période de fermeture de moins de quatre mois permet un résultat significatif sur les pêcheries (Benbow et al., 2014).

3.2.4. Modalités de gestion de la réserve : concertation & informations

Les pêcheurs sont attachés à pêcher sur les estrans de leur village soit par raison de proximité ou par habitude. Dans tous les cas, cet attachement doit être pris en considération lors de l’implantation des zones de fermeture temporaires pour le poulpe car les pêcheurs dont les réserves seront face à leur village seront directement concernés. Cet attachement est un atout car dans le but de mettre en place des réserves participatives et sans statut réglementaire, les villageois sont le premier public concerné et pourront eux-mêmes veiller au respect de la période de fermeture. De plus, le ressenti général de diminution des ressources laisse à penser que les pêcheurs seront prêt à adhérer au projet si cela peut leur apporter de meilleures pêches. C’est pourquoi le Parc a initié des réunions d’information et de concertation avec les villageois des communes concernées afin d’obtenir l’adhésion des pêcheurs au projet et de discuter des modalités de mises en place de la réserve (périmètre, périodes de fermetures, moyens de surveillance). Dans le cas où les pêcheurs observent une surexploitation des sites de pêche à pied, la création de zones de fermetures temporaires apparait comme la bienvenue lors des réunions de concertation. Cependant un système de surveillance devra être mis en place pour assurer le respect de la zone car les villageois observent de nombreux clandestins braconner en palmes, masque et tuba.

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Le manque de connaissance de la réglementation par les pêcheurs à pied suscite des préoccupations quant au respect des réserves lorsqu’elles seront mises en place. Les zones de réserve ont donc la vocation à être gérées de manière participative et non réglementaire. Un effort de communication et de sensibilisation devra être réalisé en amont du projet et lors de la mise en place des réserves pour que la connaissance soit claire à la fois pour les villageois et les autres usagers des zones de pêche. Cette information pourra passer par les réunions de concertation pour les villageois mais aussi par des actions de sensibilisation de terrain (lors de suivis de l’effet réserve par exemple), par des affichages sur panneaux d’informations et par un balisage des zones de réserves. Ces actions devraient permettre à la fois de sensibiliser sur la réglementation déjà mise en place et d’inciter les pêcheurs au respect volontaire de la zone de réserve.

3.3. Bilan des suivis de pêche à pied

Le bilan des différents suivis est ici réalisé dans une perspective de développer un protocole de suivi permettant de suivre l’impact de la pression de pêche sur la ressource et d’évaluer l’effet des réserves temporaires de poulpe. Un tableau résumé est disponible en Annexe 6.

3.3.1. Les données de comptages

La méthode de comptages à vue semble adaptée à l’évaluation de la fréquentation des récifs frangeants de Mayotte. Le nombre de pêcheurs par marée sur les sites témoins ont été évalués à 58 ramasseurs, 3 pêcheurs au djarifa et 4 au filet, ce qui représente environ un tiers des pêcheurs à pied fréquentant la totalité des récifs frangeants de Mayotte estimés par comptages aériens (Guezel, et al. 2009b). Certaines pratiques plus occasionnelles et spécifiques à certains sites peuvent être manquées. Les comptages en ULM ne peuvent être réalisés régulièrement pour des raisons de coût et de conditions météorologiques contraignantes. C’est pourquoi les données de comptages à vue pourraient être calibrées par données de comptages en ULM à des fréquences de 2 à 3 ans pour permettre une extrapolation des fréquentations à tout Mayotte.

Il a été montré que le nombre de pêcheurs à pied dépend des coefficients de marée. En effet lors des grandes marées le platier est mieux découvert pour le ramassage de poulpes et coquillages. Or, vu le nombre plus faible de gros coefficients, certains sites ont été sous-échantillonnés ce qui rend la comparaison inter-site difficile. Ainsi, le site de Petite Terre qui comprend déjà le maximum de fréquentation pourrait en réalité être plus élevé si des comptages étaient réalisés pour des coefficients supérieurs à 100. Le facteur week-end ne rentrant pas en compte, les jours pourraient être choisis aléatoirement pour faciliter le travail de terrain. De plus, une variabilité saisonnière ou du moins mensuelle a été établie. Le plan d’échantillonnage doit donc rester maintenu stratifié par catégorie de marée et par mois. La fréquentation n’évoluant pas sur les trois années de suivi, il peut être envisagé de réduire la fréquence de suivi à une année sur deux.

3.3.2. Les enquêtes de terrain

Les enquêtes ont permis globalement une meilleure compréhension du profil des pêcheurs à pied de Mayotte et apportent des éléments en termes de gestion pour la mise en place des réserves (connaissance de la réglementation, zones de pêche, fréquence de sortie, motivations). De plus, le contact direct avec les pêcheurs est l’occasion de les sensibiliser sur les bonnes pratiques de pêche et de leur présenter le projet de réserves pour le poulpe. Cependant, la réalisation de questionnaires est coûteuse en temps et ne permet pas d’évaluer l’état de la ressource lorsque l’enquête n’est pas associée à une analyse des récoltes. Actuellement, le nombre d’enquête élevé permet de dresser un profil fiable des pêcheurs à pied de poulpes et coquillages. La fréquence de réalisation des enquêtes peut être ainsi réduite et se concentrer sur les analyses de récoltes et de rendements de pêche pour mieux connaitre l’état de la ressource en poulpe. Elles peuvent toutefois être maintenues pour les techniques moins fréquentes dont le nombre d’enquêtés reste faible pour dresser un profil fiable (chasse sous marine, pêche du bord, coquillages seuls …).

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3.3.3. La méthode des transects

L’avantage de la méthode des Belts transect est d’évaluer la ressource disponible en termes de densité et de nombre d’individus totaux par site. Les densités peuvent également être déterminées plus précisément à l’échelle de stations, ce qui peut être utile pour comparer les quantités de poulpes disponibles sur un même site entre la zone de réserve et en dehors. De plus, les pêcheurs peuvent être impliqués dans le projet en participant au suivi. Cette méthode permet également de recenser toutes les espèces présentes sur le platier, même celles non pêchées et de mettre en relation leur présence avec d’autres caractéristiques du milieu (substrat, rugosité, corail). Cette méthode ne permet cependant pas d’évaluer la pression de pêche exercée sur la ressource (pas d’évaluation de l’effort de pêche, ni du niveau de prélèvement). De plus, les individus n’étant pas capturés, les données de poids et taille ne sont pas disponibles.

Avec le protocole appliqué, un biais d’observateurs a été principalement remonté par les agents de terrain. L’effort d’échantillonnage est ainsi grandement accru lors de la présence de pêcheurs locaux expérimentés. Mais l’expérience de repérage des trous à poulpe diffère également entre pêcheurs et le nombre d’observateur varie pour un même transect ce qui modifie l’effort de prospection. Ce biais pourrait être en partie corrigé en assignant constamment un observateur du parc et un pêcheur par transect. La densité des poulpes est également dépendante des sessions de pêche des marées précédentes comme l’a montré le site de Bandrélé.

Au vu de cet effet, il parait essentiel de devoir réaliser les transects de manière simultanée pour permettre une comparaison inter-sites, ce qui demanderait un temps et des moyens humains considérables. D’autant plus qu’au regard des faibles densités observées et de la variabilité des données, le nombre de transects par site peut difficilement être réduit. Une alternative est de réaliser des transects sous l’eau à marée haute lorsque les poulpes sont plus visibles soit en palmes, masque et tuba ou en plongée ce qui permet de couvrir une plus grande surface (Leite et al., 2009). Cette méthode réduirai le biais observateur et permettrai de réaliser les suivis en dehors des périodes de pêche.

3.3.4. L’analyse des récoltes et des rendements de pêche

Le suivi des rendements de CPUE semble être un indicateur fiable pour l’évaluation de l’effet réserve. La comparaison entre transects et rendements de pêche le même jour a en effet révélé une corrélation entre la densité de poulpes et les CPUE avec seulement deux jours de suivis par site. De plus, à Madagascar, le suivi des captures trente jours avant la fermeture et trente jours après l’ouverture a permis de mettre en évidence l’effet réserve avec une augmentation des captures perceptibles jusqu’à un mois après la réouverture (Oliver et al., 2015). Toutefois cette méthode ne permet pas d’évaluer la ressource disponible sur les sites, les CPUE sont seulement un indicateur de son évolution, une baisse des captures pour un même niveau d’effort signifiant une raréfaction des ressources.

D’un point de vue pratique, le suivi sur le terrain peut-être réalisé rapidement car il consiste à noter le nombre, le poids des captures, éventuellement la taille individuelle, et le temps de pêche de chaque pêcheur. La détermination de l’effort de pêche est parfois problématique car les pêcheurs n’ont souvent pas la notion du temps. Une solution serait d’évaluer les captures à la marée et non à l’heure de pêche (Benbow et al., 2014), mais cela impliquerait de réaliser les suivis de récoltes à la fin de la marée, période où les pêcheurs sont moins disponibles car pressés de rentrer chez eux.

L’obtention de données de récoltes est dépendante de la présence de pêcheurs les jours de suivis qui peut-être très variable selon la météo, les coefficients de marée ou encore un évènement réunissant le village. Le protocole actuel ne permet pas non plus d’évaluer les variations de captures ou de taille à l’échelle mensuelle car moins de 30 individus ont été récoltés et mesurés par mois. Afin de diminuer la variabilité des rendements, un grand nombre de récoltes par site doit donc être obtenu soit en augmentant le nombre de jours de suivis ou en enquêtant un plus grand nombre de pêcheurs par jour. Ainsi, l’échantillonnage doit se concentrer sur les grandes marées (> 90) afin d’atteindre un maximum de récoltes. Vu la baisse de fréquentation et l’épuisement des ressources à la fin des grandes marées observées sur Bandrélé, les suivis nécessiteraient de se concentrer sur les premiers jours de grande marée. Dans le cas où les rendements ne sont pas

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obtenus pour tous les pêcheurs présents sur le site, les données de CPUE peuvent être combinées à des suivis de fréquentation par comptage à vue afin d’extrapoler les captures à l’ensemble du site.

3.3.5. Les pots à poulpes

Cette méthode d’évaluation des ressources par pêche expérimentale a l’avantage de pouvoir standardiser l’effort d’échantillonnage en ne dépendant plus d’un biais observateur ou du nombre de pêcheurs présents. De plus, les poulpes peuvent être capturés vivants et sans avoir à détruire leur habitat. Ces captures peuvent par la suite permettre d’obtenir des données de taille, poids et sexe. Cependant cette méthode a certains inconvénients. La taille des pots est susceptibles d’exercer une sélectivité sur la taille, rendant l’étude de cohortes ou d’individus juvéniles difficile (Jouffre et al., 2002). Elle est aussi spécifique à l’étude des poulpes et ne permet pas l’étude de la répartition d’autres mollusques, coquillages et crustacés comme peuvent le faire les transects.

Le protocole test ne s’est pas montré concluant, après 2 semaines aucun poulpe n’a été retrouvé dans les pots. L’emplacement de la ligne de pots, à la limite du récif frangeant et du platier, n’est peut-être pas le plus propice à leur colonisation. En effet, les études réalisées à ce jour à l’aide de pots à poulpes se font sur des profondeurs de 10 à 50m hors des zones de pêche à pied et qui permettent de pêcher les individus reproducteurs (Whitaker et al., 1991; Rudershausen, 2013). De plus cet habitat artificiel n’est probablement pas préféré aux abris naturels du substrat. Une autre hypothèse est que les poulpes viennent dans les pots mais sont récoltés par des pêcheurs de passage. Un pêcheur a été vu en chasse sur le site, pouvant pêcher les poulpes même lorsque les pots ne sont pas découverts.

Dans tout les cas, la méthode des pots à poulpes est dépendante de nombreux facteurs (braconnage, hauteur d’eau, temps de pose) et est contraignante en terme de moyens matériels (besoin d’une embarcation, montage des pots). De plus, l’introduction d’une telle technique de pêche pourrait avoir des conséquences néfastes sur la ressource si elle est reprise abusivement par les pêcheurs munis d’embarcations car elle reporterait l’effort de pêche vers les zones subtidales où se trouvent le stock de reproducteurs (Raberinary & Benbow, 2012).

3.4. Propositions de protocole pour l’évaluation de l’effet réserve

La méthode mise en œuvre est celle du BACI (Before After Control Impact) préconisée pour évaluer l’effet réserve (Hilborn et al., 2004; Sale et al., 2005). L’effet de la réserve sur l’état de la ressource en poulpe pourra être évalué en regardant l’évolution des rendements de pêche avant la fermeture (Before) et après la réouverture (After) du site mis en réserve tout en comparant cette évolution à un site témoin non mis en réserve (Control).

3.4.1. Plan d’échantillonnage

Idéalement, les suivis de rendements sont réalisés tous les trente jours avant et tous les trente jours après (Oliver et al., 2015). Cependant, à Mayotte les pêcheurs sortent principalement les jours de grandes marées (plus de 90) disponibles quelques jours par mois. De plus, les plus grandes variations sont observées sur les rendements et les poids individuels des récoltes entre la dernière grande marée avant mise en réserve et la marée le jour de la réouverture (Benbow et al., 2014). Considérant le nombre variable de pêcheurs présents par grande marée, il est préférable de collecter les données de rendements sur deux jours afin de récolter suffisamment de données. Les rendements de pêches sur le site de réserve et le site témoin devront donc être suivis simultanément les deux premiers jours de grande marée avant la fermeture et les deux premiers jours de grande marée suivant la réouverture. Sachant qu’une seule partie du site réserve est fermé à la pêche, un suivi supplémentaire pourra être réalisé pendant la période de fermeture pour évaluer l’impact de la zone de réserve sur les rendements des zones de pêche adjacentes du même site (Oliver et al., 2015).

33

3.4.2. Données à collecter

La collecte des données pourra débuter à marée basse et les récoltes seront mesurées au retour de pêche sur la plage. Durant cette phase de collecte, les agents de terrain pourront sensibiliser les pêcheurs à la réglementation de pêche à pied et à la réserve.

Le nombre de pêcheurs présents : Contrairement à Madagascar, les pêcheurs ne débarquent pas leur prise à un même endroit et il est donc peu probable que toutes les captures d’un même site soient échantillonnées. Il conviendra donc de réaliser un comptage du nombre de pêcheurs de poulpe à l’heure de marée basse les jours de collectes pour extrapoler les prélèvements à l’ensemble des pêcheurs présents.

L’effort de pêche : L’effort de pêche par récolte devra être relevé en notant le nombre de pêcheurs ayant participé à la récolte, le temps de pêche estimé et l’heure de réalisation de l’enquête pour comparer le temps de pêche déclaré à l’heure de marée.

Les captures : Seules les captures de poulpes devront être relevées, contrairement aux suivis réalisés auparavant. Les données de captures incluront le nombre d’individus et leurs poids individuels.

La zone de pêche : si possible, le pêcheur identifiera sur une carte sa zone de pêche pour connaitre si sa récolte a été pêchée dans la zone de réserve ou non.

3.4.3. Protocole amélioré

Ce protocole de suivi pourrait éventuellement être complété par d’autres méthodes :

Carnets de pêche : La collecte de données pourrait être facilitée par la mise en place de carnets de pêche (électronique ou non) avec sélection d’un panel de villageois pour suivre plus régulièrement les récoltes. Par exemple un référent dans chaque village, identifié lors des réunions de concertation ou lors de sensibilisation, peut recueillir les données simples de captures (nombre, poids total) des pêcheurs et les transmettre au parc. Ce système pourrait fonctionner mais dépend de la bonne volonté des pêcheurs.

Analyse des gonades et stylets : Pour permettre d’identifier le moment optimal de fermeture, la période de recrutement de la région pourrait être déterminée en établissant des courbes de croissance et en déterminant les stades de maturation des gonades. Pour cela, des prélèvements biologiques de stylets et de gonades pourraient être réalisés en demandant aux pêcheurs de ne pas vider les poulpes dès la capture (Benbow et al., 2014).

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Partie III : Discussion et conclusion générale

Les deux précédentes parties de ce mémoire ont permis de se rendre compte de la diversité des méthodologies disponibles pour suivre les activités de pêche dans le Parc Naturel Marin de Mayotte. Il ressort que les pratiques de pêche observées ont chacune leur particularités, entre pratiques traditionnelles et modernes.

1. Intérêts pour le SIH à Mayotte Face à une intensification des activités anthropiques en raison de la croissance démographique et économique de l’île, il s’avère nécessaire de disposer de programmes de suivis des activités halieutiques pour surveiller l’évolution de l’exploitation des ressources. De plus depuis le 1ier janvier 2014, Mayotte est intégrée en tant que RUP de l’UE et entre donc dans le cadre du règlement de la Data Collection Framework du conseil de l’UE (AAMP, 2013). Mayotte doit alors se constituer d’un système de collecte de données de données biologiques et économiques de ses pêcheries type SIH (Leblond et al., 2008) La pêche informelle est une pratique courante et répandue sur Mayotte. Pour une gestion durable et intégrée, l’objectif du Parc est d’étendre l’acquisition de données pour toutes les activités de pêche à Mayotte, officielles ou non, en dehors de la pêche de loisir. Cela implique donc l’intégration de suivis de la pêche traditionnelle, de la pêche artisanale et de la pêche palangrière.

Les programmes de surveillance mis en place par le Parc permettent ici de faire ressortir des données utiles à l’intégration dans le SIH. Ils permettent de connaitre la fréquentation globale des pêcheurs à pied par comptage à vue tandis que l’analyse des récoltes permet de caractériser leurs captures. Le programme d’auto-échantillonnage des palangriers est le premier système de suivi de cette pêcherie. De plus, les données de livrets d’auto-échantillonnage contribuent à la connaissance des zones de pêche, des captures et de l’effort de pêche des palangriers qui sont autant de données suivies dans le SIH. Ce programme fait l’objet d’une convention entre le Parc, l’IRD, la DPMA et l’Ifremer afin de valoriser les données collectées. Les premières données collectées à Mayotte sur les palangriers pourraient alors être incluses dans un système de suivi régional puisqu’un programme d’auto-échantillonnage similaire a lieu à La Réunion.

2. Pertinence des suivis de pêche pour la création d’indicateurs et l’évaluation des objectifs de gestion du PNMM

La collecte de données est un principe d’action indispensable pour améliorer les connaissances des espèces, des milieux et des activités afin de pouvoir suivre les objectifs de gestion du Parc et définir des indicateurs de suivis (AAMP, 2013). Les orientations de gestion du Parc sont à la fois de faire perdurer les pratiques de pêche traditionnelles mais aussi de préserver les ressources et de développer une pêche écologiquement exemplaire pour Mayotte. Actuellement les connaissances sur les disponibilités en ressources halieutiques sont peu connues Les suivis des activités de pêche à pied et de pêche palangrière fournissent ici des données indispensables à la définition d’indicateurs pour l’état initial et le tableau de bord du Parc Naturel Marin de Mayotte (Tableau 16).

Ainsi pour soutenir une pêche durable en dehors du lagon, les rendements des palangriers, leur taux de rejets, les prises accidentelles (requins, tortues, oiseaux marins) sont des données essentielles à acquérir et à suivre à long terme. En effet, le report de l’effort de pêche sur les ressources pélagiques ne doit pas se faire au détriment de l’environnement.

Dans le cadre de la pêche à pied, les prélèvements doivent s’adapter aux niveaux de ressources disponibles. Les méthodes de suivis actuelles permettent d’établir un état des lieux des pratiques de pêche à pied, de connaitre de manière globale les niveaux de fréquentation des sites et de déterminer les niveaux de prélèvements. Les enquêtes mises en place permettront de compléter les indicateurs de gestion tels que l’indicateur « niveau de connaissance de la réglementation » de la population résidente et de passage avec l’intégration des pêcheurs à pied traditionnels.

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Tableau 16 : Extrait du tableau de bord du Parc Naturel Marin de Mayotte et propositions d'indicateurs issus des méthodes de suivis des activités halieutiques étudiées dans ce mémoire

Objectif de gestion FinalitéObjectif de

gestionSous-objectifs Indicateurs proposés Méthode

5.2.2.1. Transférer l’effort de pêche

des navires professionnels vers les

ressources pélagiques,

principalement hors lagon

Nombre de filage et

d'hamecons par marée

Auto-

échantillonage

5.2.2.2. Augmenter la part des

poissons pélagiques dans le total des

captures des pêcheries

professionnelles locales

Suivi CPUE des poissons

pélagiques pêchés à la

palangre

Auto-

échantillonage

Pourcentage de captures

rejetées par les

palangriers

Auto-

échantillonage

Pourcentage de captures

accidentelles des

palangriers

Auto-

échantillonage

Nombre de pratiques de

pêche à pied interdites

(uruva, filets sur récifs,

chasse sous marine,

coquillages

interdits)observées

pratiquées par an sur le

littoral

Comptage à

vue des

pêcheurs à pied

Taux de conaissance de

la réglementation par les

pêcheurs à pied

Enquêtes de

pêche à pied

CPUE par espèces et par

technique de pêche

Analyse des

récoltes de

pêche à pied

Nombre moyen de

pêcheurs présents à

chaque marée par site

Comptage à

vue des

pêcheurs à pied

Poids moyen individuels

des poulpes par sites

Analyse des

récoltes de

pêche à pied

8.3. Perenniser

les pratiques et

les savoirs

8.3.2. Maintenir des

savoirs et des

pratiques

traditionnelles

« vivantes »

8.3.2.1. Augmenter le nombre de

jeunes pratiquants

Distribution en âge des

pêcheurs enquetés par

type de pêche

Enquêtes de

pêche à pied

Pérenniser et valoriser les

pratiques vivrières et les

savoirs traditionnels dans le

cadre d’une gestion

précautionneuse du lagon

Développer une activité de

pêche professionnelle hors

du lagon, écologiquement

exemplaire et pourvoyeuse

d'emplois et de produits de

la mer pour Mayotte

5.2. Développer

une activité de

pêche

professionnelle

durable

respectueuse de

l'environnement

8.2. Assurer des

pratiques

vivrières et

traditionnelles

respectueuses

du lagon et des

ressources

5.2.2. Favoriser la

pêche ciblant les

ressources

pélagiques,

préférentiellement

hors lagon

8.2.1. Assurer des

pratiques vivrières

et traditionnelles

respectueuses du

lagon

8.2.2. Assurer des

pratiques de pêche

vivrières et

traditionnelles

respectueuses des

ressources

8.2.1.1. Réduire les comportements

non respectueux des pratiquants sur

les habitats du lagon (platier,

mangrove, coraux, estuaires, côtes

rocheuses)

8.2.2.1. Adapter le niveau de

prélèvement des pêcheurs vivriers et

traditionnels à la ressource disponible

5.2.2.3. Opérer des techniques de

pêche, ciblant les espèces

pélagiques, éco-responsables (limiter

les captures accessoires et

accidentelles, les captures de

juvéniles…)

36

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41

42

Annexes

1

Annexe I : Livret d’auto-échantillonnage des captures à la palangre dérivante à Mayotte

2

3

Annexe II : Cartographie des positions de filages et virages lors des

opérations de pêche échantillonnées

4

Annexe III : Profils de température et profondeur enregistrés par les sondes TDR lors des opérations de pêche échantillonnées

Set n°1 du 01 juin au 03 juin 2015

5

6

7

Set n°2 du 04 juin au 06 juin 2015

8

9

10

11

12

Set n°3 du 24 juin au 26 juin 2015

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14

15

16

17

Set n°4 du 29 juin au 01 juillet 2015

18

19

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Set n°5 du 20 août au 22 août 2015

22

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24

25

26

Annexe IV : Cartes des différents sites enquêtés en pêche à pied par secteur

27

28

29

Annexe V : Modèle de Questionnaire et de fiche récolte utilisés lors des enquêtes pêche à pied

30

Annexe VI : Tableau résumé des méthodes de suivis de pêche à pied

Méthode Type Avantages Inconvénients Proposition

Comptages sur sites

Evaluation quantitative de la fréquentation des sites

Permet de distinguer les types de pêche à pied (vérité terrain)

Contraignant en temps et en moyens humains

Suivre un plan d’échantillonnage stratifié par coefficients de marée et par mois

Survols ULM

Evaluation quantitative de la fréquentation des sites

Evaluation exhaustive du récif frangeant et du platier

Chers

Conditions météorologiques contraignantes

Comptage ponctuel

A réaliser tous les 2-3 ans pour réaliser une évaluation complète de la fréquentation sur le littoral.

Enquêtes Evaluation qualitative de la pêche à pied

Approche participative

Connaissance des pratiques

Permet une sensibilisation

Demande du temps

Difficultés sur le terrain d’accrocher les pêcheurs

Augmenter l’effort d’échantillonnage sur les techniques moins courantes

Suivi des captures par unité d’effort (CPUE)

Evaluation quantitative de la pêche à pied et de la ressource

Evaluation de l’effort de pêche et de la ressource (taille, poids)

Toutes les espèces ciblées par la pêche à pied peuvent être suivies

Grande variabilité spatio-temporelle

Dépend de la présence de pêcheurs le jour du suivi

Pas d’évaluation de stock

Utiliser seule comme indicateur d’état d’exploitation des stocks

Augmenter l’effort d’échantillonage

Belt-transect

Evaluation quantitative de la ressource

Evaluation de la densité de poulpe et d’autre espèce benthiques

Extrapolation du stock sur tout le site

Biais observateur

Pas d’évaluation de la pression de pêche

Contraignant en temps et moyens humains

Méthode potentiellement destructrice si besoin d’attraper les individus

Suivis sous l’eau en palmes masques tubas ou plongée bouteille.

Pots à poulpe

Evaluation quantitative de la ressource

Protocole standardisé

Collecte aisée de spécimen pour analyses (stade de maturité, age …)

Expérimental

Sélectivité sur la taille

Risque de braconnage

Contraignante (moyens nautiques)

31

32

Diplôme : Master Sciences Technologie Santé, mention Biodiversité Ecologie Environnement

Master co-habilité Agrocampus-Ouest, Université de Rennes 1

Spécialité : Ressources Aquatiques et Exploitation Durable

Dominante : Gestion des pêches et des écosystèmes côtiers et continentaux

Enseignant référent : Jean-Eudes BEURET

Auteur(s) : Rébecca BAUCHET

Date de naissance : 22/10/1992

Organisme d'accueil : Parc Naturel Marin de Mayotte / Agence des aires marines protégées

Adresse : 14, lot. Darine Montjoli

97600 ILONI - DEMBENI

Maître de stage : Paul GIANNASI Nb pages : 34 Annexe(s) : 30

Année de soutenance : 2015

Titre français : Suivi des activités halieutiques dans le Parc Naturel Marin de Mayotte : L’exemple de la pêche professionnelle palangrière et de la pêche traditionnelle au poulpe

Titre anglais : Monitoring systems of fisheries activities in Mayotte Marine Nature Park : Example of professional longline fishing and traditional octopus fishing

Résumé

Département depuis 2011, Mayotte possède une filière pêche peu structurée entre pêche traditionnelle à caractère vivrier et pêche professionnelle. Le Parc Naturel Marin de Mayotte (PNMM) a mis en place des suivis afin d’acquérir de la connaissance sur les pratiques de pêche et sur l’état des ressources de l’île. Ce mémoire prend l’exemple de deux activités halieutiques aux problématiques distinctes pour lesquels l’objectif commun est une gestion durable des ressources. D’un coté, la pêche à la palangre pélagique est une flottille moderne récente dont le développement pourrait aider à diminuer la pression sur les ressources récifales du lagon. La mise en place d’un programme d’auto-échantillonnage et d’instrumentation a été réalisée dans le but d’acquérir des données sur la pêcherie et d’apporter un soutien technique aux palangriers qui connaissent actuellement une diminution de rendements. Les premières données des mois de juin et aout 2015 ont permis de montrer une faible proportion d’espadon dans les captures et des rendements de pêche de 24 individus pour mille hameçons. D’un autre coté, la pêche à pied traditionnelle fait face potentiellement à une pression importante sur les ressources en poulpe. Les données acquises sur la pêche à pied ont permis d’établir une typologie des pêcheurs et d’évaluer les niveaux de prélèvements et de fréquentation des sites de pêche. Dans le cadre d’un projet de création de réserves temporaires pour le poulpe, un bilan des méthodes de suivis a apporté des éléments de réflexion sur les modalités de gestion dont l’établissement d’un protocole d’évaluation de l’effet réserve basé sur l’évolution des captures de poulpe.

Abstract

French Department since 2011, Mayotte fishery sector is poorly structured between traditional fishing with a subsistence trait and professional fishing. Mayotte Marine Nature Park has set up monitoring programs in order to acquire knowledge on fisheries practices and status of islands resources. This report takes example of two fishing activities with distinctive issues but with the shared objective of a sustainable management of resources. On one hand, longline fishing is a recent modern fleet whose development might help to release fishning pressure on reef resources in the lagoon. Implementation of a self reporting and instrumentation program was set up in order to collect data on fishery and to bring technical support to longliners who are currently experiencing catch diminution. First data of june and august 2015 have shown low swordfish proportion in catches et fishing yield of about 24 individuals per thousand hook. On the other hand, traditional fishing on foot is facing a potentially high pressure on octopus resources. Data collected allows us to establish fishers typology, to evaluate exploitation levels and frequentation rate on fishing sites. As part of a project on temporary octopus reserves, an overview of monitoring methods brought considerations over management arrangements including a monitoring protocol for assessing reserve effect based on octopus catches.

Mots-clés : Pêche à pied / Poulpe / Palangre / Pélagique/ Programme d’auto-échantillonnage

Key Words: Fishing on foot / Octopus / Longline / Pelagic / Self Reporting Program