steiner_-_l'éducation_de_l'enfant

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    RUDOLF STEINER

    LDUCATIONDE LENFANT

    au point de vue de la

    Science Spirituelle

    TRADUIT DE LALLEMANDPAR E. L.

    DEUXIME DITION FRANAISE

    DITIONS ALICE SAUERWEIN

    Dpositaire gnral

    LES PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE49, boulevard Saint-Michel, 49

    PARIS 1922

    Version PDF du 06/10/2010

    http://anthroposophie.doc.pagesperso-orange.fr/http://anthroposophie.doc.pagesperso-orange.fr/http://anthroposophie.doc.pagesperso-orange.fr/http://anthroposophie.doc.pagesperso-orange.fr/
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    Cette cration est mise disposition selon

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    TABLE DES MATIRES

    __________

    Note de lditeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

    Lducation de lenfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

    Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

    Ouvrage de Rudolf Steiner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

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    NOTE DE LDITEUR

    La publication au format PDF, de ce livre, pass dans le domaine public (selon la lgislationfranaise en vigueur), permet de porter la connaissance des intresss, ce qui fut comme dition,ce qui fut comme traduction, au commencement de lanthroposophie en France.

    Livre tmoin de la manifestation de luvre crite de Rudolf Steiner traduite en franais etpublie aux ditions Alice Sauerwein au cours de lanne 1922.

    Lditeur de cette publication au format PDF sest engag respecter le livre original etcest une garantie quil destine au lecteur1.

    Enfin lditeur attire lattention du lecteur sur le fait quil y a eu depuis 1923 dautrespublications en langue franaise du livre Lducation de lenfant, et que la publication de 1922 est considrer comme une tape, et non comme la version de rfrence.

    Octobre 2010.

    1. Vous pouvez signaler des diffrences par rapport loriginal ou des fautes de frappes, en crivant [email protected]

    4

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    LDUCATION DE LENFANT

    AU POINT DE VUE DE LA SCIENCE SPIRITUELLE

    La vie moderne propose de nombreux problmes que nos aeux croyaient rsolus. Elle remet lordre du jour dinnombrables revendications. Quel bouillonnement de question diverses danslunivers lheure actuelle : la question sociale, le fminisme, les questions dducation et depdagogie, les questions de droit, dhygine, etc.. On a recours aux moyens les plus divers pour leslucider. Le nombre est infini de ceux qui, munis dune formule quelconque, surgissent pourrsoudre telle ou telle question, ou pour contribuer du moins sa solution. Toutes les nuances dutemprament humain saccusent tour tour : les radicaux, aux allures rvolutionnaires ; lesmodrs, respectueux de lordre tabli, aspirant le rgnrer par lvolution ; et les conservateurs,mus de la plus lgre atteinte porte aux institutions et aux traditions. Autour, de ces points

    cardinaux de lopinion se groupe le nombre infini des convictions intermdiaires.

    En apportant une certaine clairvoyance lexamen de la vie, nous ne pourrons, en prsencede semblables phnomnes, rprimer ce sentiment : lhomme contemporain ne dispose pas, le plussouvent, des ressources suffisantes pour laccomplissement de sa tche. Les tentatives abondent quivoudraient rformer la vie sans la connaissance relle de ses principes. Toutefois ceux qui projettentdinfluencer lavenir ne devront pas limiter leur tude la surface de la vie. Ils devront en explorerles rgions profondes.

    Toute la vie humaine ressemble une plante qui contient pas seulement ce quelle offre nos yeux, mais encore un tat futur quelle cache au trfonds de son tre. La contemplation dune

    plante, dployant ses premires feuilles, nous annonce lclosion proche de fleurs et de fruits. Et deces fleurs et de ces fruits, cette plante recle dj les germes. Mais comment lobservation rduiteau seul aspect de la plante saurait-elle dterminer la forme future de ces organes ? Ltude de lanature mme de la plante est la condition indispensable de cette enqute.

    De mme la vie humaine recle les germes de son avenir. Mais seule la connaissance de lanature cache de lhomme permet de concevoir cet avenir. Il est vrai que ce genre de recherchessourit peu nos contemporains. Ils sattachent la surface et croient perdre pied en pntrant dansles domaines inaccessibles lobservation extrieure. vrai dire, lobservation de la plante estincomparablement plus simple. Lhomme sait que telles plantes ont souvent port des fruits. Mais lavie humaine est un fait unique. Les fleurs qui pareront son avenir ne se sont jamais manifestes.

    Cependant dans lhomme ces fleurs sont en germe, comme celles dune plante ltape des feuilles.

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    Et pourtant cet avenir sclaire, lorsque, sans nous attarder la surface, nous pntronsjusquaux couches profondes de la nature humaine. Les multiples projets de rforme quiproccupent notre poque ne peuvent aboutir, sils ne sont issus dune connaissance parfaite desprofondeurs de la vie humaine.

    La tche de la science spirituelle est de nous donner une conception de lUnivers qui

    embrasse et pntre toutes les parties de la vie humaine. Peu importe si tous les systmes, qui, denos jours, sen rclament, ont le droit de prtendre un tel rle. Il sagit ici de lessence mme de lascience spirituelle et de ce quelle peut tre, si elle rpond cette essence. Elle ne sera ni unethorie terne pourvoyant lrudition des curieux, ni un instrument dgoste progrs au service deceux qui ambitionneraient, pour eux-mme, un degr de dveloppement plus lev. Elle est enmesure de collaborer aux problmes les plus graves de lhumanit contemporaine lavnement deson salut.

    La science spirituelle sexpose videmment bien des attaques et encourt bien dessuspicions en sattribuant une telle mission. Cette mfiance lui sera tmoigne la fois par lesradicaux, les modrs et les conservateurs de toutes espces, car elle ne pourra contenter aucun

    parti, ses hypothses tant situes bien au del de tout esprit de parti.

    En effet, ses hypothses ont, exclusivement, leurs racines dans la vritable connaissance dela vie. Et celui qui connat la vie ne se laissera dicter son but que par la vie elle-mme. Il ne dresserapas de programmes arbitraires. Il sait que les lois fondamentales de la vie demeureront dans lavenirles mmes quaujourdhui. La science spirituelle respectera donc, ncessairement, lordre actuel deschoses. Quelle que soit linsuffisance des conditions prsentes, elle ne manquera pas dy voir lesgermes de lavenir. Mais elle sait aussi que dans tout devenir il y a croissance et dveloppement.Cest ainsi quelle verra, dans le prsent, les germes dune extension et dune mtamorphose. Elleninvente pas de programmes. Elle les dchiffre dans la vie elle-mme. Mais cette page de lectureconstitue, pour ainsi dire, le programme lui-mme, puisque le ressort intime de lvolution est mis jour.

    Cette tude approfondie de la nature humaine, poursuivie par la science spirituelle, doitforcment atteindre les moyens les plus efficaces et les plus pratiques pour la solution des questionsles plus importantes de notre temps. Nous appliquerons aujourdhui ces principes lun de cesproblmes, la question de lducation. Il ne sagira pas de revendications et de programmes ; nousdcrirons, simplement, la nature de lenfant. Sans rclamer notre concours, la nature des phasessuccessives de ltre humain en formation suggrera les points de repre qui rgleront lducation.

    Pour percevoir les lois de la croissance humaine, il faut dabord tudier la constitution

    occulte de lhomme.Ce que nos cinq sens sont mme dobserver et ce quune conception matrialiste proclame

    lhomme intgral, nest, pour linvestigation occulte, quune partie, une fraction de la naturehumaine, son corps physique. Ce corps physique est soumis aux mmes lois que la vie physique, ilse compose des mmes matriaux et des mmes forces que le monde inanim tout entier. Aussi lascience spirituelle dit-elle que lhomme possde un corps physique au mme titre que tout le rgneminral. Et elle ne dsigne, chez lhomme, comme corps physique, que lensemble des lmentsobissant, pour se combiner ou se fondre, pour prendre forme ou se dsagrger, aux lois quirgissent les mmes matriaux dans le rgne minral.

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    En dehors de ce corps physique, la science spirituelle reconnat encore un second principeessentiel lhomme : le corps thrique ou corps dynamique. Que lhomme de science neseffarouche pas de lexpression : corps thrique . Le mot ther se rapporte ici autre chosequ lther hypothtique de la physique. La valeur de ce terme doit tre circonscrite au sens quenous lui attribuerons tout lheure

    On a commenc, il y a dj un certain temps, considrer comme un procd absolumentantiscientifique dadmettre un corps thrique . Cependant la fin du dix-huitime sicle etjusquau milieu du dix-neuvime sicle, cette ide ntait nullement antiscientifique . On pensaitalors que la matire et les forces qui constituent un minral ne peuvent pas, par elles-mmes,transformer ce minral en un tre vivant. Ce dernier devait possder, en plus, une force particulire que lon nommait force vitale . On se figurait une force de ce genre luvre dans laplante, dans lanimal, dans le corps humain. Elle produisait les phnomnes vitaux linstar de lapuissance magntique qui dtermine lattraction dans laimant.

    Lpoque de matrialisme qui suivit a cart cette thorie. On prtendit alors quellaboration dun tre vivant tait identique celle de la nature dite inanime ; quun organisme

    vivant ne renfermait pas dautres forces quun minral que seul leffet de ces forces tait pluscompliqu, quelles difiaient un tre plus complexe. Actuellement il ny a plus que lesmatrialistes les plus rcalcitrants pour nier cette force vitale . Au sein des sciences naturelles, unnombre de penseurs a t rduit, par les faits, la ncessit dadmettre une sorte de force vitale oude principe vital.

    Cest ainsi que la science moderne se rapproche, certains points de vue, de ce que lascience spirituelle tablit au sujet du corps dynamique. Cependant il existe, entre ces deux thsesune diffrence considrable. La science actuelle, sinspirant de la perception des sens, arrive, aumoyen de raisonnements, admettre une sorte de force vitale. Mais ce nest pas l le procd de larecherche scientifique spirituelle qui est le point de dpart de la science spirituelle, et dont lesrsultats fournissent cette dernire lobjet de ses communications.

    On ne saurait trop insister sur la distinction fondamentale, ce point de vue, entre la sciencespirituelle et la science courante de notre poque. Celle-ci considre lexprience des sens comme lasource de tout savoir. Tout ce qui ne peut pas y tre rapport est du domaine de linconnaissable.Les impressions des sens lui inspirent ses conclusions et ses dductions, mais elle rejette leslments qui dpassent ces, impressions et les relgue au del des limites de la connaissancehumaine. Au point de vue de la science spirituelle une conception de ce genre ressemble celledun aveugle nadmettant que les expriences du toucher et les consquences logiques de cesexpriences, et rejetant les perceptions de la vue comme dpassant les facults de lesprit humain.

    Car la science spirituelle montre que lhomme est susceptible de dveloppement, quil peut arriver la connaissance de mondes nouveaux en voluant de nouveaux organes. Les couleurs et la lumireentourent de toutes parts laveugle qui ne les peroit pas, les organes ncessaires lui faisant dfaut.La science spirituelle dclare que des mondes nouveaux sont la porte de lhomme et quil peut ypntrer, condition de dvelopper les organes indispensables leur perception.

    laveugle lopration ouvre un monde nouveau. Par le dveloppement dorganessuprieurs, lhomme peut connatre des mondes tout fait diffrents de ceux dont les sens usuels luiassurent laccs. Quun aveugle puisse tre opr ou non, cela dpendra de la nature de ses organes.Mais les organes au moyen desquels lhomme peut pntrer dans les mondes hyperphysiquesexistent en chacun de nous ltat embryonnaire. Tout homme peut dvelopper ces organes ; il

    suffit davoir la patience, la persvrance et lnergie ncessaires pour se soumettre aux mthodes

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    qui acheminent vers ce rsultat et qui ont t dcrites dans mon livre lInitiation. La sciencespirituelle ne dit donc pas : Lhomme, en raison de son organisation, est dou de moyens deconnaissance limits ; mais elle dit : Lhomme connat les mondes que ses organes lui permettentdobserver. Elle se proccupe des moyens de reculer les limites de nos pouvoirs chaque tape dudveloppement humain.

    Et cest ce point de vue galement qui inspire ses recherches sur le corps dynamique outhrique et sur tous les principes suprieurs de la nature humaine, numrs dans la suite de cettetude. Elle reconnat que le corps physique, seul, est accessible linvestigation de nos sens, etquen les consultant on peut tout au plus conclure, par raisonnement, lexistence dun corpssuprieur. Mais elle enseigne les moyens de pntrer dans un monde o les principes suprieurs dela nature humaine surgissent devant lobservateur, comme apparaissent, aux yeux de laveugle-n,les couleurs et la lumire, aprs lopration. Pour les hommes ayant dvelopp les organes deperception suprieure, le corps thrique ou corps dynamique est un fait dobservation, et non passeulement une cration de nos facults raisonnantes.

    Le corps thrique ou dynamique est commun lhomme, aux animaux et aux plantes. Cest

    lui qui opre dans les matires et les forces du corps physique les phnomnes de la croissance, dela reproduction, de la circulation de la sve, etc.. Cest lui qui construit et modle le corps physique,dont il est la fois lhabitant et larchitecte. Et lon peut donc appeler le corps physique limage oulexpression de ce corps dynamique. Formes et dimensions de ces deux corps sont, chez lhomme, peu prs analogues, mais non pas absolument pareilles. Chez les animaux, et davantage encore dansles vgtaux, le corps thrique se distingue considrablement du corps physique par saconformation et ses proportions.

    Le troisime principe de la nature humaine est le corps astral ou animique. Cest lui quienregistre la douleur et la joie, qui manifeste linstinct, les dsirs, les passions, etc.. Tous cesattributs manqueront un tre compos uniquement dun corps physique et dun corps thrique.On peut rsumer ces proprits sous le nom de sensations. La plante nest pas doue de sensation.Du fait que certaines plantes ragissent une excitation par des mouvements ou de toute autrefaon, plus dun savant conclut, de nos jours, que les plantes possdent, jusqu un certain point, lafacult de sentir. Dans ces affirmations, le caractre essentiel de la sensation est perdu de vue.Celle-ci ne consiste pas en une rponse une excitation extrieure, mais tout au contraire en unphnomne intrieur, tel que la joie ou la douleur, une impulsion, un dsir, etc., provoqus par cetteexcitation. Si lon ngligeait ce point de vue, il serait justifi de prtendre que la teinture detournesol est doue de sensibilit lgard de certaines substances, parce quelle rougit leurcontact1.

    Seuls lhomme et lanimal possdent un corps astral. Il est lorgane de la vie sensationnelle.Il faut viter lerreur de certains milieux thosophiques simaginant le corps thrique et le

    corps astral composs simplement de substances plus fines que celles du corps physique. Ce seraitmatrialiser les principes suprieurs de la nature humaine. Le corps thrique est une nergiemodele en une certaine forme. Il se compose de forces agissantes et non pas de substance ; et lecorps astral ou animique est une forme constitue par des images colores, lumineuses, se modifiantavec une extrme mobilit2.

    1. Consulter la note (1)2. Consulter la note (2)

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    Le corps astral diffre du corps physique par sa forme et par ses dimensions. Chez lhomme,il affecte une forme ovode allonge, dans laquelle sont insrs le corps physique et le corpsthrique. Il les dpasse tous deux de tous cts en aurole lumineuse.

    Cependant lhomme se distingue des autres tres terrestres par un quatrime attribut : celuiqui exprime son Moi . Le petit mot Moi , tel quil est employ, par exemple, en allemand, est

    un nom trs diffrent de tous les autres. En rflchissant judicieusement aux proprits de ce nom,nous nous initions la connaissance de la nature humaine. Tout autre nom peut tre appliqu partous les hommes indiffremment lobjet qui lui correspond. Pour tous, la table sappellera table , la chaise sappellera chaise . Il nen est pas de mme lorsquil sagit du mot Moi .Personne ne peut lemployer pour dsigner un autre que soi-mme ; chacun de nous ne peutlattribuer qu soi. Jamais le nom Moi ne peut rsonner mon oreille comme dsignation pourmoi-mme. En se dsignant comme Moi , lhomme doit, en lui-mme, formuler son propre nom.Un tre qui peut se dire lui-mme Moi , est un monde pour soi. Les religions issues de lascience spirituelle ont toujours reconnu cette vrit. Aussi ont-elles dit : Le Dieu qui, pour lestres infrieurs, ne se manifeste que du dehors travers les phnomnes environnants, commence,lorsquapparat le Moi , parler lintrieur de ltre. Cette facult est lattribut du corps du

    Moi , quatrime principe de la nature humaine .

    Dans ce corps du Moi 1se manifeste lme humaine suprieure. Ladjonction de ce corpslve lhomme au sommet de la cration terrestre. Mais ce Moi chez lhomme actuel nestnullement une entit simple. On peut se rendre compte de sa nature en comparant entre eux des,hommes occupant des degrs dvolution diffrents.

    Examinez le sauvage inculte et leuropen de culture moyenne et comparez ensuite cedernier un idaliste aux aspirations trs leves. Tous ils ont la facult de se dire eux-mmes : Moi ; le corps du Moi existe chez chacun deux. Mais le sauvage inculte accoupl ce Moi obit ses passions, ses instincts et ses dsirs peu prs comme un animal2. Si lhommedune civilisation suprieure sabandonne certaines inclinations et certains dsirs, il en estdautres, par contre, quil dompte et quil supprime. Chez lidaliste enfin, des passions et destendances plus leves ont pouss sur le sol des instincts et des passions primitifs. Toutes cesmodifications rsultent de laction du Moi sur les autres principes, et cette activit prcismentconstitue la tche du Moi : ennoblir et purifier par son influence les corps infrieurs.

    Cest ainsi que chez lhomme ayant dpass le point de lvolution o il cesse dtre le jouetdes forces du monde extrieur, les principes infrieurs ont t plus ou moins transforms souslinfluence du Moi . Au moment o lhomme commence slever au-dessus de lanimal, parladjonction du Moi , il ressemble encore lanimal par sa nature infrieure. Son corps thrique

    ou dynamique est exclusivement organe des forces vitales dificatrices de la croissance et de lareproduction. Son corps astral ne manifeste que les instincts, les dsirs et les passions sollicits parla nature extrieure. Tandis que lhomme, travers les vies ou incarnations successives, volue dece degr de culture vers un dveloppement de plus en plus parfait, son Moi est occup transformer ses autres principes. Le corps astral devient ainsi le sige de sentiments purs deplaisir et de peine, dapptits et de dsirs affins.

    1. Consulter la note (3)2. Il est ncessaire aujourdhui de remettre ces propos dans le contexte de lpoque : 1922. Note de lditeur (10/2010).

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    Le corps thrique ou dynamique se transforme son tour. Il devient le sige des habitudes,des inclinations permanentes, du temprament et de la mmoire. Un homme dont le Moi na pasencore modifi le corps thrique ne conserve pas le souvenir des vnements vcus. Il vit sa vietelle que la nature la lui a trace.

    Tous les progrs de la civilisation se traduisent pour lhomme par ce travail du Moi sur

    ses principes infrieurs. Ce travail descend jusquau corps physique. Sous linfluence du Moi laphysionomie, les gestes et lallure se modifient, tout laspect du corps physique se transforme. Lesdiffrents moyens de civilisation et dducation exercent une action distincte sur les diffrentsprincipes de lhomme. Les facteurs ordinaires de culture agissent sur le corps astral. Ilslimpressionnent par des plaisirs, des peines, des aspirations dun ordre trs diffrent de celui qui lesollicitait primitivement. La contemplation des uvres dart agit sur le corps thrique. Lhomme letransforme en pressentant, grce luvre dart, un monde plus lev et plus noble que le domainede la perception des sens. La religion favorise puissamment les progrs et la purification du corpsthrique. Les impulsions religieuses ont ainsi leur mission grandiose dans lvolution humaine.

    Ce quon appelle la conscience du bien et du mal nest quun progrs du corps thrique d

    aux efforts du Moi travers une srie dincarnations. Cette conscience prend naissance aumoment o lhomme, reconnaissant quil doit simposer une abstention, ressent une inhibitionintime assez forte pour se transmettre jusquau corps thrique.

    Or, ce travail du Moi , perfectionnant les principes infrieurs, peut rsulter, en quelquesorte, dun effort solidaire du genre humain tout entier, ou bien il peut tre leffet dun Moi particulier amendant ses propres corps. Dans le premier cas, le genre humain tout entier collaboredans une certaine mesure cette transformation de lhomme ; dans le second cas, elle manerauniquement de lactivit du Moi individuel. Quand le Moi devient assez puissant pourtransformer le corps astral par la seule force quil puise en lui-mme, on appelle Soi spirituel cecorps astral ainsi transform par le Moi . Cette transformation repose, dans ses traits essentiels,sur un acquit de connaissances, sur un enrichissement de notre tre intime par des ides et desconceptions suprieures.

    Mais le Moi peut parvenir exercer une influence individuelle plus haute encore sur lescorps quil habite. Ce rsultat est atteint non seulement lorsque le corps astral est enrichi, maislorsque le corps thrique ou dynamique est galement transform. Lhomme apprend bien deschoses au cours dune vie. Lorsqu un moment quelconque il jette un coup dil en arrire, il peutse dire : Jai beaucoup appris ; mais il constatera dans une mesure bien plus restreinte unemodification de son temprament, de son caractre, un accroissement ou une diminution de lammoire. Apprendre est une fonction du corps astral, tandis que ces attributs ont pour sige le corps

    thrique ou dynamique. En comparant les changements du corps astral, durant une vie, aumouvement de laiguille marquant les minutes sur le cadran dune horloge, et les modifications ducorps thrique lallure de laiguille indiquant lheure, nous ferions un rapprochement assez exact.

    Lentranement occulte, proscrivant tout concours extrieur, impose la spontanit centraledu Moi la transformation du corps thrique. Cest en pleine conscience et titre strictementindividuel que llve doit travailler la mtamorphose de ses habitudes, de son temprament, ducaractre, de la mmoire, etc.. mesure que le corps thrique aura t ainsi remani, il setransformera, daprs la science spirituelle, en esprit de vie.

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    un degr plus lev encore, lhomme parvient dvelopper des forces pouvant treemployes transformer son corps physique. Il pourra, par exemple, commander la circulation dusang, rgler le pouls. La partie du corps physique ainsi transforme est appele homme esprit .

    Les transformations que lhomme ralise en ses principes infrieurs en raison de saparticipation leffort collectif de lhumanit entire, ou dun peuple, dune race, dune famille, se

    distinguent daprs la science spirituelle par des noms particuliers. Ainsi transform par le Moi ,le corps astral prend le nom dme sensible, le corps thrique devient me rationnelle, et le corpsphysique lme-conscience. Cependant il ne faudrait pas croire que la transformation de ces troisprincipes ait lieu successivement. Elle se produit simultanment dans les trois corps, dslapparition du Moi . Remarquons mme que le travail du Moi ne peut tre peru nettementpar lhomme avant quune partie de lme-conscience ne se soit constitue.

    Nous relevons, ainsi, chez lhomme, quatre principes distincts : corps physique, corpsthrique ou dynamique, corps astral ou animique, et corps du Moi . Lme sensible, lmerationnelle et lme-conscience, et mme les principes suprieurs de la nature humaine : Soispirituel , esprit de vie et homme esprit, apparaissent comme le rsultat des transformations de ces

    quatre principes. Lorsquon recherche le sige des aptitudes humaines, on ne peut, de fait, tenircompte que de ce quaternaire. Il constitue le champ dactivit de lducateur.

    Pour faire uvre fconde, il faut explorer la nature de ces principes. Avant tout il importe denoter que ceux-ci nvoluent pas chez lhomme de faon prsenter, une poque quelconque desa vie, la naissance par exemple, un mme niveau de dveloppement. Celui-ci, au contraire, sepoursuit, pour chaque corps, de faon diffrente aux divers ges de la vie. La connaissance des loisqui rgissent le dveloppement successif de la nature humaine constitue les prliminairesindispensables de lducation et de la pdagogie.

    Avant la naissance physique, ltre humain en gestation est entour de toutes parts par uncorps physique tranger. Il nest pas en contact direct avec le monde matriel extrieur.

    Le corps physique de la mre constitue son entourage. Lui seul peut agir sur lenfant encroissance. La naissance physique consiste prcisment en ce fait que les influences physiquesextrieures pourront atteindre, directement, lenfant rejet par lenveloppe physique maternelle. Lessens souvrent au monde extrieur dont laction remplace, prsent, celle quexerait auparavantlenveloppe maternelle.

    Au point de vue de la conception spirituelle de lunivers propre linvestigation spirituelle,le corps physique est n ce moment-l, mais non pas encore le corps thrique ou dynamique. De

    mme que lhomme, jusqu linstant de sa naissance, est enclos dans lenveloppe physiquematernelle, de mme jusqu lpoque de la seconde dentition, cest--dire jusque vers la septimeanne, il demeure enferm dans une enveloppe thrique et dans une enveloppe astrale. Ce nestque pendant la seconde dentition que lenveloppe thrique se spare du corps thrique. Ensuiteune enveloppe astrale continue subsister jusqu lge de la pubert1.

    cette poque, le corps astral ou animique se dgage son tour ; le phnomne qui a eulieu, pour le corps physique, lors de la naissance physique, et pour le corps thrique lors de laseconde dentition se rpte alors pour le corps astral.

    1. Consulter la note (4)

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    Ainsi, la science spirituelle fait tat de trois naissances successives. Jusqu la secondedentition, certaines impressions destines au corps thrique peuvent tout aussi peu latteindre quela lumire et lair du monde physique natteignent le corps physique dans le sein de la mre.

    Avant la seconde dentition, ce nest pas un corps dynamique autonome qui exerce son actionsur lenfant.

    Le corps maternel a nourri le corps physique embryonnaire de forces qui ne sont pas sespropres forces, et a dvelopp celles-ci peu peu labri de lenveloppe protectrice. Il en sera demme des forces de la croissance jusqu la seconde dentition. Le corps thrique, pour laborer sespropres forces, emploie dabord le concours des forces trangres qui lui ont t transmises.Pendant cette priode qui prpare la libration du corps thrique, le corps physique est djindpendant. Le corps thrique, en mrissant, dveloppe les forces quil mettra au service du corpsphysique. Et le point final de ces processus se place au moment o lenfant substitue ses propresdents celles dont il a hrit. Elles constituent les matriaux les plus denses du corps physique, etnapparaissent par consquent qu lissue de cette priode.

    partir de cette poque, cest le corps thrique individuel qui seul prend soin de lacroissance. Mais ce corps thrique est encore, ce moment-l, sous linfluence dun corps astralrecouvert dune gaine isolatrice. linstant o le corps astral est, son tour, libr, le corpsthrique achve une nouvelle tape. La clture en est signale par la pubert. Les organesgnrateurs deviennent indpendants, car prsent le corps astral mancip nest plus livrexclusivement lui-mme ; dbarrass de ses entraves, il devient accessible au contact du mondeextrieur.

    Nous savons quavant de natre lenfant est labri des influences directes du mondeextrieur. De faon analogue devrait-on sinterdire dexposer le corps thrique, avant la secondedentition, aux forces qui reprsentent pour lui lquivalent des impressions de lentourage physiquesur le corps physique. Et le corps astral ne devrait pas subir ces influences correspondantes avant lemoment de la pubert.

    Ce ne sont pas des harangues sentencieuses telles que : dveloppement harmonieux detoutes les facults et nergies humaines ou dautres phrases semblables qui peuvent jeter les basesdun art de lducation au vritable sens du mot ; cet art ne peut tre fond que sur une connaissancepositive de la nature humaine. Cela ne signifie pas que ces locutions synthtiques soient inexactes,mais les employer est un procd aussi inefficace que de dclarer, en prsence dune machine, quilfaut faire fonctionner harmonieusement tous ses rouages. Pour manier la machine il faut senapprocher, non pas avec des affirmations gnrales, mais avec une relle connaissance de tous ses

    dtails. Et, de mme, dans lart de lducation, la connaissance de tous les principes de la naturehumaine et du dveloppement de chacun deux en particulier est indispensable... Il faut savoir surquelle partie de la nature humaine il est opportun dagir un ge dtermin, et par quels moyenscette action sexerce utilement.

    Il est hors de doute que des procds sappuyant vraiment sur la ralit, tels quils sontindiqus ici, ne russissent que lentement simposer dans lducation. Cela tient aux conceptionsde notre poque ; longtemps encore elle considrera les faits du monde spirituel comme lessoubresauts dune folle imagination, tandis que de vagues affirmations, trangres toute ralit, luisembleront le rsultat dune pense rigoureusement positive. Indiquons cependant sans hsitationcette mthode qui ne manquera pas, actuellement, dtre considre comme une pure fantaisie ;

    dans lavenir, en revanche, elle ne rencontrera plus aucune objection.

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    La naissance physique expose le corps physique de lhomme lentourage physique dumonde extrieur, alors quauparavant il tait isol par lenveloppe maternelle protectrice. Lactionexerce prcdemment par les forces et les tissus de cette enveloppe est reporte prsent sur lesforces et les lments du monde physique extrieur. Jusqu la seconde dentition, le corps delhomme doit accomplir sur lui-mme une tche trs distincte de celles qui surgiront aux autrespoques de la vie. Les organes physiques doivent, cette poque, se mouler en certaines formes ; ils

    doivent sdifier daprs un plan dtermin qui rgle les proportions mutuelles de leur structure.Plus tard soprera la croissance, mais en tous temps elle sera limite aux formes qui se serontaffirmes jusqu la septime anne. Si les formes qui se sont dveloppes sont normales, ce serontdes formes normales qui grandiront ; si ce sont des formes anormales, ces formes anormalesgrandiront. Les fautes dune ducation nglige pendant cette premire priode ne pourront pas trerpares ultrieurement. De mme que la nature pourvoit avant la naissance lentourage ncessaireau corps physique, de mme il incombe lducateur, aprs la naissance, dorganiser le milieuphysique dsirable. Seul un dcor physique bien compris impose aux organes physiques de lenfantlempreinte des formes requises.

    Deux mots magiques indiquent la nature des rapports de lenfant avec son entourage

    physique. Ces mots sont : imitation et modle. Aristote a dit de lhomme quil tait, de tous lesanimaux, le plus enclin limitation ; il nest pas dge de la vie auquel ce mot sapplique mieuxqu lenfance jusqu la seconde dentition. Lenfant imite les faits et gestes matriels de sonentourage et, imiter ainsi, ses organes physiques adopteront des formes qui leur resteront par lasuite. Le terme entourage physique sentend dans le sens le plus tendu. Il implique nonseulement les incidents matriels qui surviennent en prsence de lenfant, mais tout ce qui sedroule dans son entourage, ce qui peut tre peru par ses sens et ce qui, dun point quelconque delespace physique, peut agir sur les forces de son esprit. Dans cet ordre de faits se classentgalement toutes les actions morales et immorales, senses ou insenses dont lenfant est tmoin.

    Ce ne sont pas des aphorismes moraux, ce ne sont pas des exhortations raisonnes quiassurent lorientation de lenfant dans le sens indiqu, mais ce sont les actes des grandes personnesqui se droulent visiblement sous ses yeux. Des enseignements nagissent pas, pour le modelage desformes, sur le corps physique, mais sur le corps thrique, et celui-ci, jusqu la septime anne, estpourvu dune gaine thrique maternelle le protgeant, tout comme le corps physique est enclos,jusqu la naissance physique, dans le corps physique de la mre. Tout ce qui, dans le corpsthrique, doit se dvelopper avant la septime anne en fait dides, dhabitudes, de mmoire, etc.,se dveloppera spontanment, linstar des yeux et des oreilles se dveloppant lintrieur du corpsmaternel sans le concours de la lumire extrieure...

    Dans un excellent trait de pdagogie, dans Levana ou Doctrine de lducation, de Jean

    Paul, il est trs judicieusement observ quun voyageur, ayant parcouru lunivers, aura davantageappris de sa nourrice dans les premires annes de sa vie quau cours de tous ses voyages ultrieurs.Seulement, lenfant napprend pas par des enseignements, mais par imitation, et ses organesphysiques puisent leurs formes dans linfluence de lentourage physique. Lil sera dou dune vuenormale lorsque, dans lentourage de lenfant, les couleurs et la lumire seront disposes en desrapports convenables ; et dans le cerveau et la circulation du sang simplantent les aptitudesphysiques pour un sens moral sain, lorsque les activits dont lenfant est tmoin sont empreintes demoralit. Si, avant la septime anne, lenfant nassiste qu des actions sottes, le cerveau prend desformes telles que dans la suite de la vie il nest propre qu des sottises.

    Les muscles de la main dveloppent leur vigueur en accomplissant un travail conforme

    leur fonction. De mme, le cerveau et les autres organes du corps physique de lhomme sont

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    aiguills dans les voies opportunes, lorsquils reoivent de leur entourage les impressionsdterminantes. Un exemple mettra en relief ce point important. On peut confectionner une poupeen roulant une vieille serviette, en fabriquant avec deux bouts de cette serviette des jambes, des brasavec deux autres bouts, la tte avec un nud et en figurant, avec des taches dencre, les yeux, le nezet la bouche. On peut aussi acheter ce quon appelle une belle poupe avec de vrais cheveux etdes joues peintes, et la donner lenfant. Cette belle poupe, naturellement, nen est pas moins

    horriblement laide et bien propre corrompre le sens esthtique pour la vie entire. Mais nousninsisterons pas sur ce point, car la question capitale de lducation est dun tout autre ordre.Lenfant, ayant devant lui la serviette enroule, devra complter ce tableau dans son imaginationpour transformer cet objet en un tre humain. Ce travail de limagination active et dirigellaboration des formes du cerveau. Celui-ci spanouit et se dveloppe, comme se tendent etcroissent les muscles de la main qui sexerce. Si lenfant reoit une belle poupe , lactivit ducerveau sassoupit. Il se dessche et dprit au lieu de se dployer.

    Si les hommes pouvaient, comme le peut loccultiste, contempler un instant le cerveau envoie de formation, ils ne donneraient plus leurs enfants que des jouets propres entretenir et stimuler lactivit qui faonne le cerveau. Tous les jouets qui consistent en des constructions

    mathmatiques inertes ont une action dprimante et pernicieuse sur les forces formatrices delenfant ; au contraire, tout ce qui introduit la vie dans les reprsentations agit de faon bienfaisante.Notre poque matrialiste ne produit que peu de bons jouets. Quel jouet sain, par exemple, que cesdeux forgerons placs face face qui, au moyen de deux morceaux de bois mobiles, forgentalternativement un objet grands coups ! On peut encore rencontrer ces jouets dans les campagnes.Les livres dimages, dont les sujets peuvent tre mus par des fils, sont aussi excellents, car ilspermettent linitiative de lenfant de transformer limage morte en une scne anime. Tous cesobjets crent une activit intrieure des organes. Cette activit leur confre la forme la plusopportune.

    Il est vident que cette bauche rapide effleure peine le sujet ; mais la science spirituellesera appele dans lavenir prciser les dtails ncessaires. Elle sera en tat de le faire, car elle nestpas une vaine abstraction. Elle est un ensemble vivant de faits, propres nous guider dans la ralit.

    Citons encore quelques exemples. Il faut, dans lesprit de la science spirituelle, traiterdiffremment, au point de vue de lentourage, un enfant nerveux, turbulent, et un enfant lourd etendormi. Tous les dtails doivent tre pris en considration, depuis les couleurs de la chambre et desautres objets dont lenfant est dhabitude entour, jusquaux nuances des vtements quil porte.

    ceux qui ne se laissent pas guider par la science spirituelle, il arrivera souvent de fairefausse route. Lesprit matrialiste prendra frquemment des mesures opposes celles qui

    simposeraient. Un enfant trop turbulent doit tre entour de couleurs rouges ou jaunes-rouges ettre vtu de mme ; tandis quon choisira, pour un enfant temprament lthargique, les tonalitsbleues ou vert et bleu. Ce qui importe, cest la couleur complmentaire qui est veille lintrieur.Le rouge produit la couleur verte, le bleu la couleur jaune-orang, fait quon constate facilement enportant rapidement les yeux sur une surface blanche, aprs avoir fix, pendant un certain temps,chacune de ces deux couleurs. Ces couleurs complmentaires produites par les organes physiquesde lenfant, engendrent des structures dorganes correspondantes et ncessaires lenfant. Silenfant plein de vivacit voit autour de lui du rouge, il se produit, lintrieur, limagecomplmentaire verte. Lactivit qui cre la couleur verte agit dune faon calmante. Les organessimprgnent de cette tendance au calme.

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    Un fait capital domine cet ge : mesure que saffirme lorientation des dsirs, le corpsphysique se cre en lui-mme la pierre de touche qui dterminera ses compatibilits. Le corpsphysique sain manifeste en gnral des dsirs salutaires. Et tant que la croissance met en vedette lecorps physique, il faut sappliquer satisfaire les apptits naturels et les appels ingnus vers la joieet le bien-tre. La joie est une nergie qui provoque lpanouissement le plus heureux de la formephysique des organes.

    On peut, dans cet ordre dides, commettre de lourdes fautes, en ntablissant pas lesrapports convenables entre lenfant et son milieu. Linstinct de lalimentation en particulier expose des erreurs faciles. On peut, par un gavage maladroit de lenfant, fausser compltement son gotsain et naturel, tandis quau moyen dune nourriture approprie, on pourra prserver ses instinctsnaturels de telle sorte quil demandera lui-mme exactement, un verre deau prs, les alimentssalutaires dans des conditions donnes, et quil refusera toute chose nuisible. Appele dresser unplan de lducation, la science spirituelle saura tendre les indications opportunes jusquaux dtailsde lalimentation. Car cette science est un lment positif visant influencer la vie. Elle nest pasune ple thorie. Il est vrai que les carts de certains thosophes semblent encore justifier parfoiscette interprtation.

    Parmi les nergies qui dterminent une action cratrice sur les formes des organesphysiques, il faut donc compter la joie inspire par un entourage qui fait cho cette joie : srnitsouriante des visages, et surtout affection loyale et spontane, sans nulle contrainte. Le courantdune semblable tendresse rchauffe, pour ainsi dire, lentourage physique, et couve, si lon peutsexprimer ainsi, les formes des organes physiques.

    Si dans une telle atmosphre daffection des modles sains se trouvent la porte delenfant, celui-ci est plac dans son vritable lment. Il faut donc veiller strictement ce que danslentourage de lenfant rien ne survienne quil ne puisse et ne doive imiter. Quil ne voie nulle chosedont on soit oblig de dire : tu ne dois pas faire cela !... On peut sans peine se convaincre jusququel point lenfant est imitateur, en observant ses efforts pour reproduire les signes de lcriturelongtemps avant quil ne les ait compris. Il est mme trs bon pour lenfant de reproduire dabordces signes et de napprendre que plus tard leur signification. Limitation relve de la priode dedveloppement du corps physique, tandis que le sens des lettres se rapporte au corps thrique. Onne devrait agir sur ce dernier quaprs la seconde dentition, lorsque son enveloppe thriqueextrieure se sera dtache. Il faudrait notamment, pendant ces annes, nenseigner aux enfants parler quen utilisant leur instinct dimitation. Cest par loreille quils sinstruisent le mieux.Toutes les rgles et mthodes artificielles ne valent pas grand chose.

    Pendant le cours des premires annes, il est dimportance primordiale que des moyens

    dducation tels que les chansons enfantines fassent, sur les sens de lenfant, une belle impressionrythmique. Il faut attacher moins de valeur au sens des paroles quau charme de la mlodie. Plusune impression produite sur lil ou sur loreille aura de grce et de fracheur, mieux elle agira. Ilne faut pas mconnatre, par exemple, la puissance cratrice quexercent sur les organes des pas dedanse scands selon un rythme musical.

    Lors de la seconde dentition le corps thrique dpouille son enveloppe thrique etinaugure ainsi la priode accessible lducation extrieure. Il faut, ce moment, recourir auxforces qui, du dehors, peuvent agir sur le corps thrique. Son dification et sa croissancesignifient : dveloppement et volution des inclinations, des habitudes, de la conscience morale, ducaractre, de la mmoire, du temprament. Le corps thrique est impressionn par des images, par

    des exemples, par la discipline de limagination. De mme quil faut fournir lenfant, jusqu sa

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    septime anne, un modle physique quil puisse imiter, il faut, entre la seconde dentition et lapubert, entourer ladolescent dlments dont le sens profond et la porte intime puissent guiderson me. prsent surgira lopportunit de limage et du symbole.

    Les nergies du corps thrique se dploient lorsquune imagination docile peut, en toutescurit, puiser linspiration de sa conduite dans les symboles qui limpressionnent ou dans les

    spectacles de la vie. Ce ne sont pas les conceptions abstraites qui affectent le plus utilement le corpsthrique en croissance, mais les impressions massives directes ; et non pas encore celles quisadressent aux sens physiques, mais celles qui frappent lesprit. Parler la sensibilit de lme est,pendant ces annes, le vritable moyen dducation. Aussi importe-t-il avant tout que le jeunehomme, pendant cette priode, ait sa porte, en la personne mme de ses ducateurs, desindividualits dont la contemplation veille en lui les forces morales et intellectuelles quil doitacqurir.

    Pour les premires annes de lenfance, les verbes magiques sont : imitation et modle ; pour les annes dont nous nous occupons prsent, soumission et autorit leursuccdent. Lautorit immdiate et spontanment reconnue doit tre la reprsentation intrieure

    directe qui forme les lments de la conscience morale du jeune homme, de ses habitudes, de sesinclinations ; cest cette autorit qui discipline son temprament, qui colore sa perception des chosesdu monde. cet ge de la vie sapplique, tout particulirement cette pense du pote :

    Sur les pas du hros que tu choisis toi-mme,Monte, sans te lasser, vers la cime suprme.

    La vnration et le respect sont des forces grce auxquelles corps thrique se dveloppe dela faon la plus heureuse ; le jeune homme de cet ge qui naura pu offrir personne un tribut devnration infinie, en ptira toute sa vie durant. Labsence de cette vnration fait dprir les forcesvivantes du corps thrique. Considrons lpisode suivant dans son effet sur un cur juvnile. On

    entretient un jeune garon de huit ans dune personnalit tout particulirement vnrable. Tout cequil en entend dire lui inspire un, respect sacr. Le jour approche o il verra pour la premire foiscette personnalit quil place si haut. Sur le point douvrir la porte derrire laquelle apparatralhomme vnr, une motion respectueuse fait trembler cet enfant... Les beaux sentiments inspirspar un tel vnement comptent parmi les conqutes durables de la vie. Heureux le jeune homme qui,non seulement en des instants solennels, mais travers la vie quotidienne pourra lever ainsi lesyeux vers ses matres et ses ducateurs comme vers ses autorits naturelles.

    ct de ces autorits vivantes, de ces incarnations de la force morale et intellectuelle,doivent se ranger les autorits du domaine de lesprit. Les hros de lhistoire, les rcits tirs de lavie des grands hommes et de femmes dignes de servir de modles doivent dterminer la conscience,la direction de lesprit. Plus tard seulement les principes moraux abstraits pourront jouer leurvritable rle, lorsque le corps astral, la pubert venue, aura merg de lenveloppe maternelleastrale.

    Il importe tout particulirement de diriger lenseignement de lhistoire dans un sensconforme ces points de vue. Avant la seconde dentition, les anecdotes, les contes, etc. quisadressent lenfant ne pourront avoir dautre but que de rpandre de la joie, de la fracheur, de lagat.

    Aprs cette priode il faudra, par le choix des rcits, sefforcer, en outre, de prsenter

    lme du jeune homme des images de la vie qui lincitent lmulation. Il ne faudra pas davantage

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    perdre de vue quune mauvaise habitude peut tre dracine par des images propres en inspirerlaversion. Des avertissements serviront, dans la plupart des cas, peu de chose ; maisimpressionnez limagination en voquant un homme afflig de ces habitudes et offrant le spectacledes consquences quelles entranent dans la vie, et vous aurez ht la suppression de ces dfauts.

    Toujours il faudra se souvenir que ce ne sont pas des ides abstraites qui agissent sur le

    corps thrique en formation, mais des reprsentations vivantes, faisant appel limagination.Lusage de semblables procds exige, il est vrai, le plus grand tact, sinon leffet contraire peut enrsulter. Tout dpend ici de la manire de conter, et lon ne peut donc, sans inconvnient, remplacerle rcit oral par la lecture.

    Les reprsentations images, les vocations symboliques, remplissent encore un autre rledurant la priode comprise entre la seconde dentition et la pubert. Il est ncessaire que le jeunehomme sassimile les mystres de la nature, les lois de la vie, sous forme de symboles plutt qulaide des conceptions arides du raisonnement. Des expressions images de rapports spirituelsdoivent tre prsentes lme de telle faon que les lois qui les rglent soient plutt devines etsenties, que saisies par leur ct logique. Le vers de Gthe : Lphmre nest que symbole doit

    tre la formule inspiratrice de lducation pendant cette priode. Il est dune immense importancepour lhomme de recevoir les mystres de la vie sous le voile dimages symboliques, avant de lesaccueillir sous forme de lois naturelles, etc.. En voici un exemple. Supposons quon veuilleintresser un jeune homme limmortalit de lme, sa sparation davec le corps. On aurarecours la comparaison du papillon slanant de la chrysalide. De mme que le papillonabandonne la chrysalide, ainsi lme, aprs la mort, quitte lenveloppe corporelle. Pour quelintelligence puisse ultrieurement saisir de faon exacte et complte le fait prcis, il estindispensable que lme en ait auparavant reu limpression au moyen dune image de ce genre.Une telle allgorie, en effet, ne sadresse pas seulement lintelligence, mais au sentiment, lasensibilit, lme tout entire. Un jeune homme qui aura travers toutes ces impressionsmanifestera une disposition desprit toute diffrente lorsque, plus tard, son intelligence se trouveraen prsence de ces questions. Il est funeste pour lhomme dtre hors dtat daborder par lesentiment, tout dabord, les nigmes de la vie. Il faut que lducateur sinspire de la ncessit detrouver des symboles pour toutes les lois naturelles, pour tous les mystres de lunivers.

    Ces considrations permettent dapprcier linfluence fconde que la science spirituelle estappele exercer sur la vie pratique. Essayez de proposer aux jeunes gens des analogies inspirespar le raisonnement matrialiste ; gnralement vous ne les impressionnerez gure ; ces symboleseux-mmes ne seront alors que les subtiles dductions dune imagination asservie la raison.Laborieusement combins et ajusts, ils nentranent pas linterlocuteur. En effet, une mtaphoreagit non seulement par les paroles et les images, mais par un courant spirituel subtil qui relie

    pendant un instant celui qui parle celui qui coute. Sans une loi intime en son symbole, lorateurne produira aucune impression. Pour exercer une action efficace, il faut soi-mme croire sonsymbole comme une ralit.

    Seule la science spirituelle donne cette certitude et fournit en mme temps les symboleseux-mmes. Loccultiste na pas besoin de se torturer lesprit pour construire limage de lmequittant le corps. Pour lui, ce symbole est la vrit mme. ses yeux, le papillon schappant de lachrysalide constitue rellement, un degr infrieur de lexistence naturelle, un phnomne qui serpte de faon identique dans un domaine suprieur, lorsque lme quitte le corps. Il y croitlui-mme de toutes ses forces. Et le courant mystrieux de cette foi, rpandu vers celui qui coute,dtermine sa conviction. Une onde de vie runit alors le prcepteur et llve et les fait communier.

    Mais pour la produire, lducateur doit puiser la source vive de la science spirituelle. Une

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    sensibilit, une chaleur rayonnantes animeront alors sa parole et tout ce qui mane de lui.

    Une glorieuse perspective souvre ainsi lducation. Quand elle accueillera les lments devie que dispense la science spirituelle, elle sera pntre elle-mme de vie fconde et organisatrice.Ce sera le terme des ttonnements qui, dans ce domaine, constituent le systme courant. Toutes lesmthodes dducation et de pdagogie prives de lafflux de sve intarissable jaillissant dune

    semblable racine, sont exemptes de vie et voues la strilit. La science spirituelle possde pourtous les mystres de lunivers les symboles qui conviennent, des images associes lessence deschoses. Lhomme na pas besoin de les construire. Les forces cratrices de lunivers les ontimprims leurs uvres. Cest en raison de ces faits que la science spirituelle doit tre le pivotmme de lducation.

    La mmoire est une facult de lme digne dune attention toute particulire pendant cettepriode. Son dveloppement est prcisment li la transformation du corps thrique. Comme lacroissance de ce dernier a lieu de faon supprimer ses entraves entre la seconde dentition et lapubert, cette poque sollicitera galement nos efforts conscients lgard du dveloppementprogressif de la mmoire. La mmoire aura, dans la suite, et dune faon durable, une valeur

    infrieure celle quauraient pu lui confrer des soins appropris ; ils seront inefficaces sils sontretards.

    Des fautes nombreuses peuvent rsulter ici des conceptions rationalistes et matrialistes. Unsystme dducation sy rattachant incline facilement des prjugs contre les connaissances que lammoire sest assimiles sans le concours de lintelligence. Il ne cessera de slever avec nergiecontre lentranement exclusif de la mmoire, et les mthodes les plus ingnieuses serontprconises afin dviter que la mmoire du jeune homme ne dispose de quelques matriaux que cesoit, chappant peut-tre son entendement.

    Et quelle importance nattache-t-on pas ce terme : comprendre ! Une doctrine matrialiste,ne sappuyant que sur la raison, se persuade facilement quil est impossible de pntrer les choseselles-mmes, si ce nest par des ides abstraites ; elle admettra difficilement que, pour lintelligencedes choses, les autres facults de lme sont non moins indispensables que la raison. Ce nest pas aufigur seulement quil est exact de dire quil est tout aussi possible de comprendre par le sentimentet par le cur que par la raison. La pense nest que lun des moyens pour comprendre les choses dece monde. Et la doctrine matrialiste, seule, la considre comme le moyen unique. Bien des gens nese croyant pas matrialistes estimeront cependant que lunique manire de comprendre est de saisirpar la raison. Ces hommes professent peut-tre une foi idaliste ou spiritualiste. Ils ont, sans sendouter, introduit le matrialisme dans leurs propres conceptions, car lintelligence estincontestablement linstrument de lme affect la comprhension du monde matriel.

    Au sujet des racines plus profondes des connaissances humaines, il faut citer ici un passagede lexcellent livre de Jean Paul, mentionn tout lheure. Dune manire gnrale, dailleurs, cetteuvre renferme des aperus de la plus haute valeur sur lducation, et mriterait une lecture et unetude beaucoup plus approfondie. Son importance pour lducateur est bien plus considrable quecelle de certains ouvrages les plus apprcis dans ce domaine. Voici les passages se rapportant notre question :

    Ne redoutez pas lobscurit, mme de phrases entires ; le jeu de votre physionomie etvotre accent, llan intuitif de llve vers lexploration des nigmes rpandront la lumire sur unemoiti, et celle-ci, le temps aidant, clairera le reste.

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    Laccent constitue chez les enfants, comme chez les Chinois et les gens du monde, lamoiti de la langue.

    Songez quils apprennent plus tt comprendre la langue qu la parler, comme il nousarrive nous-mmes pour le grec ou pour toute autre langue trangre.

    Comptez sur luvre du temps et sur les rapports rvlateurs des choses.

    Un enfant de cinq ans comprend les mots pourtant , eh bien , si , au contraire , certes ; mais essayer donc de donner une explication de ces mots, non pas lenfant, mais aupre ! Dans le seul mot certes , il y a place pour un cours de philosophie.

    Si le langage plus avanc dun enfant de huit ans est compris par lenfant de trois ans,pourquoi voulez-vous limiter le vtre son balbutiement ? Que vos paroles soient de quelquesannes en avance (les gnies dans leurs uvres ne nous prcdent-ils pas de plusieurs sicles ?)Avec lenfant de deux ans, comme sil en avait six, car les diffrences entre les ges sattnuent enproportion inverse des annes.

    Que lducateur, qui en gnral, attribue trop aux professeurs le progrs de lenfant,rflchisse bien que lenfant porte dj en lui-mme, toute prte et tout apprise, la moiti de sonunivers, son monde spirituel, ses conceptions morales et mtaphysiques par exemple, et quenraison prcisment de ce fait, la langue, pourvue uniquement de symboles matriels, ne peuquclairer les images spirituelles, quelle est impuissante lui donner.

    La joie aussi bien que la conviction devraient animer les paroles que nous adressons auxenfants ; leur propre joie et leur propre assurance devraient nous en inspirer le devoir. Ils peuventnous enseigner la langue pendant que nous lemployons les instruire ; ils nous surprennent par desformations de mots hardies et cependant exactes, comme, par exemple, celles que jai entendu dire des enfants de trois quatre ans : Le bouteilleur (le fabriquant de bouteilles) ; la souris-dair, pluspittoresque certainement que notre chauve-souris : tondre la lumire ( cause des mouchettes),etc.. 1

    Il est vrai que cette facult dassimilation antrieure la comprhension raisonne estemprunte un autre domaine ; mais ce que Jean Paul dit de la langue sapplique galement lammoire. De mme que lorganisme psychique de lenfant assimile la structure de la langue sans ytre aid par la connaissance raisonne des lois de ltymologie et de la grammaire, ainsi le jeunehomme cultivera sa mmoire au moyen de choses dont il ne pntrera que plus tard le sensintelligible. On apprend mme, dans la suite, saisir plus aisment par la pense logique les

    conceptions qui, dabord, ont t retenues uniquement laide de la mmoire, de mme quonsapproprie mieux les rgles de la grammaire dune langue quon parle dj. Les matriauxincompris de la mmoire ne sont quun prjug matrialiste.

    Procdant toujours du mme principe, le jeune homme napprendra que les rgles les plusindispensables de la multiplication. Il se servira de quelques exemples, pour lesquels on peut trsbien se passer de machine calculer. Les doigts remplissent mieux cet office. Puis il sassimilera latable de multiplication au moyen de la seule mmoire.

    Ce procd tient compte des lois du dveloppement de la nature humaine. On la mconnatau contraire, en mettant trop contribution lintelligence une poque o la formation de la

    1. Consulter la note (5)

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    mmoire est la tche essentielle. Lintelligence est une facult de lme qui ne nat la vieextrieure quavec la pubert. Il faudrait, par consquent, avant cet ge, la prserver de touteinfluence. Le jeune homme doit donc commencer par sassimiler par la mmoire les trsors quarunis la pense humaine ; ensuite viendra lpoque o lintelligence semparera des matriaux ainsiaccumuls. Ainsi lhomme ne doit pas seulement noter ce quil a compris, mais il doit comprendreles choses quil sait, cest--dire les choses dont il a pris possession par la mmoire comme lenfant

    la fait du langage.

    Et cela est vrai pour tous les domaines. Lassimilation, par la seule mmoire, dvnementshistoriques, doit prcder la comprhension de ceux-ci laide de la pense. Dabord inculquez bien la mmoire les ralits gographiques. Ensuite examinez-en les rapports gnraux, etc. . Dans uncertain sens, toute conqute intellectuelle devrait tre tire du trsor amass par la mmoire. Plus lesmatriaux assembls par le jeune homme seront abondants au moment o sen emparera sa raison,et mieux cela vaudra.

    Il nest certes pas ncessaire de dclarer que toutes ces rflexions sappliquentexclusivement lge dont il est question ici, et non pas un ge plus avanc. Si plus tard une chose

    est apprise pour rattraper un retard ou pour toute autre raison, il pourrait se faire que le procdinverse soit prfrable et doive tre choisi ; toutefois la ligne de conduite dpendra toujourslargement de la constitution spirituelle de ltudiant. lge qui nous occupe, cependant, il ne fautpas desscher lesprit par un appel excessif la raison.

    Un enseignement bas uniquement sur lobservation matrielle exprimentale, sil estpouss trop loin, relve galement dune conception matrialiste. Toute reprsentation doit tre,pour cet ge, ramene lesprit. Il ne faut, pas, par exemple, se contenter de prsenter etdexaminer, une plante, une graine, une fleur au seul point de vue matriel. Tout doit servir desymbole lesprit. En effet, une graine nest pas seulement ce que nos yeux peroivent. En elle setrouve renferme, invisible, toute la plante future. Quun objet semblable dpasse effectivement ceque peroivent les sens : cest l ce quil sagit de saisir, de faon vivante, par le sentiment, parlimagination, par lmotion. Il faut faire prouver le pressentiment des mystres de la vie.

    Il ne faudrait pas objecter quun tel procd trouble lexactitude de lobservation matrielle.Cest au contraire lorsquon sen tient rigoureusement ce mode dobservation que la vrit esttronque. Car la ralit intgrale dun objet se compose desprit et de matire, et lon chercheraitvainement en quoi la fidlit de lobservation se trouverait compromise, lorsquau fonctionnementde nos sens physiques sajoute lactivit totale des nergies de notre me.

    Si les hommes, linstar de loccultiste, pouvaient observer linfluence dvastatrice exerce

    sur lme et le corps par un enseignement bas sur lobservation matrielle exclusive, ilspersisteraient moins dans cette voie. quelle fin, au sens le plus lev du mot, familiariser lesjeunes gens avec linfinit des minraux, des plantes et des animaux, avec tout le renfort desexpriences de physique, si ces symboles matriels ne servent pas en mme temps faire natre lepressentiment des secrets spirituels ?

    De tout cela, certes, un esprit matrialiste naura cure. Loccultiste est loin den tre surpris.Mais il comprend tout aussi bien quune conception rellement pratique de lducation ne sauraitjamais procder du point de vue matrialiste. Quel que soit lesprit pratique dont se targue cettedoctrine, cest le contraire qui saffirme dans la ralit, lorsquil sagit daller au-devant de la vieavec un sentiment capable daccueillir tous les lments quelle renferme. En prsence de la

    vritable ralit, le matrialisme est une illusion, et le matrialiste doit ncessairement dclarer

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    fantastiques les exposs de la science spirituelle, conformes aux faits. Sans doute bien des obstaclesse dresseront encore avant que les principes de cette science, issus pourtant de la vie elle-mme,soient admis collaborer lducation ; mais cela est trs naturel. Pour le moment ces vritsparatront fatalement tranges beaucoup desprits. Mais elles pntreront la culture de lavenir sielles sont rellement la vrit.

    Il est indispensable que lducateur ait trs nettement conscience de leffet produit sur unenfant par les mthodes employes. Il puisera dans cette conscience un tact subtil qui lui inspirera,pour chaque cas particulier, des moyens en rapport avec le but atteindre. Cest ainsi quil fautsavoir quelles influences devront obir les trois facults de lme : pense, sentiment et volont. Ilimporte que leur dveloppement agisse son tour sur le corps thrique, mesure que celui-ci,entre la seconde dentition et la pubert, sachemine, grce aux concours extrieurs, vers une formede plus en plus parfaite.

    Le dveloppement dune volont saine et forte dpend en premier lieu de lapplicationjudicieuse, pendant les sept premires annes, des principes dducation noncs plus haut ; unetelle volont doit trouver son appui dans le plein panouissement des formes du corps physique.

    partir de la seconde dentition, il importe que le corps thrique en croissance transmette au corpsphysique des nergies dun ordre tout particulier, grce auxquelles celui-ci pourra douer ses formesde solidit, de fermet, de rsistance.

    Les impressions les plus fortes que puisse prouver le corps thrique contribueront aussi leplus nergiquement affermir le corps physique. Et les impulsions les plus profondes dont soitsusceptible le corps thrique sont provoques par les sentiments et les reprsentations qui rendentlme consciente de ses rapports avec les assises indestructibles de lUnivers ; cest le rle desexpriences religieuses.

    Jamais la volont dun homme ni son caractre ne spanouiront harmonieusement, si, danscette priode de la vie, des motions religieuses profondes ne sont mises sa porte. Lorganisationquilibre de la volont tmoigne de la manire dont nous percevons notre place individuelle danslensemble de lunivers. Lorsquun homme ne se sent pas rattach par des liens immuables unlment spirituel divin, sa volont et son caractre manqueront de force sre, de stabilit et dunit.

    La vie sentimentale se dveloppe souhait sous linfluence des images et des symboles dontil a t question. Les rcits emprunts lhistoire ou dautres sources, et se rapportant lvocation de personnalits caractristiques, prsenteront un intrt particulier. Une tude quiessaie dapprofondir les mystres et les beauts de la nature est galement importante pourlducation du sentiment. La culture du sens esthtique, et lveil de lintrt pour les productions

    de lart, joueront un rle essentiel. La musique doit apporter au corps thrique ce rythme qui, dansla suite, le rendra sensible au rythme prsent sans cesse en toutes choses. La vie tout entire dunjeune homme sera considrablement appauvrie, si la culture du sens musical na pas t favorise cette poque. Si ce sens lui faisait totalement dfaut, certains aspects de lUnivers ne se rvleraientjamais lui. Cette proccupation stendra aux autres arts, puisera toutes leurs ressources. Unprogramme complet de lducation ne ngligera ni le got pour larchitecture ni le sens delharmonie des couleurs. Il fera une place la ligne et au dessin, ltude des formes plastiques.

    Les circonstances rduiront souvent cet enseignement, une extrme simplicit ; mais enaucun cas elles ne pourront justifier sa suppression totale. Les moyens les plus simples serontpuissants, si lducateur possde le discernement qui sait percevoir le but. La joie de vivre, lnergie

    au travail enrichissent lexistence entire de ceux qui ont cultiv les arts et le sens du beau. Et les

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    rapports entre ces hommes saurolent de beaut et de grandeur.

    Cest au cours des mmes annes que se forme le sentiment moral en simprgnant desimages de la vie, en se modelant sur les autorits quil sagit dgaler. Il saffirmera dans toute saplnitude si, grce au sens esthtique, le bien reflte la beaut et que la laideur rponde lide dumal.

    La pense, sous sa forme propre de vie intrieure maniant des ides abstraites, doit encorerester larrire-plan pendant cette priode de la vie. Elle doit se dvelopper spontanment enquelque sorte, labri de toute influence trangre, tandis que les symboles et les images de la vie etdes mystres de la nature sont prsents lme. Cest ainsi quentre la septime anne et lge dela pubert, doit grandir la pense, enfouie au sein des autres expriences de lme. Ainsi devramrir la raison de lenfant, afin que, par la suite, ayant dpass ce stage, il soit en mesure de seformer un jugement indpendant en face des choses de la vie, en prsence des connaissanceshumaines. Les moindres efforts apports au dveloppement direct du jugement, et les soins les plushabiles visant limpressionner au moyen des autres nergies de lme, seront les auspices les plusfavorables pour le cours ultrieur dune vie humaine.

    Mais la science spirituelle fournit une base solide lducation physique aussi bien qulducation de lme. La gymnastique et les jeux en fourniront une dmonstration caractristique.De mme que lamour et la joie doivent baigner latmosphre de la plus tendre enfance, ainsi lecorps thrique en croissance doit, au moyen dexercices corporels, prouver rellement enlui-mme la sensation de son dveloppement, de sa force sans cesse grandissante. Les exercices degymnastique, par exemple, doivent tre rgls de telle faon qu chaque mouvement, chaque pas,ce sentiment simpose lme du jeune homme : Je sens en moi une force croissante. Et cesentiment doit panouir, largir lme en une expansion salutaire, il doit tre ressenti comme unbien-tre.

    Il est vrai que, pour imaginer des exercices de gymnastique rpondant ce but, il faut plusquune connaissance anatomique et physiologique du corps humain. Il faut pour cela uneconnaissance intime, intuitive et toute sympathique des sentiments de joie et daise quiaccompagnent les attitudes et les mouvements du corps humains. Lorganisateur de ces exercicesdoit ressentir en lui-mme les sentiments de force, de joie, dexpansion produits par tel mouvementou telle position, ou la perte de force quentrane tel autre mouvement.

    Afin que la gymnastique et les exercices corporels puissent tre pratiqus dans cet esprit, ilfaut lducateur certaines connaissances que prodigue la science spirituelle et surtout un tatdesprit quelle seule sait provoquer. La connaissance directe des mondes spirituels nest nullement

    requise ; il suffit de vouloir appliquer la vie les faits tablis par la science spirituelle. Si, toutparticulirement dans des domaines pratiques tels que lducation, les connaissances occultestaient mises en valeur, nous verrions bientt spuiser toutes les vaines discussions sur la ncessitpralable dapporter la preuve de ces affirmations. Leur emploi judicieux fournira ces preuves, enrendant saines et vigoureuses les manifestations de la vie elle-mme. Et lorsquune ide a triomphde la sorte dans les preuves pratiques et nous oblige reconnatre sa valeur, cette confirmationna-t-elle pas plus de poids que toutes les raisons logiques ou pithte scientifique ? Cest leurs fruits que lon reconnat le plus aisment les vrits spirituelles. Une dmonstration, quelquen soit le caractre scientifique , ne saurait tre malgr tout quun puril jeu de logique.

    lge de la pubert nat le corps astral. Sa priphrie prsent accessible pourra accueillir

    les lments extrieurs propres dvelopper les reprsentations abstraites, le jugement et la libre

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    intelligence. Jusqu ce moment, nous lavons dit, ces facults de lme doivent se dvelopper labri de toute influence, tandis que lducation accomplit une autre tche. De mme, danslorganisme maternel, se dveloppent spontanment les yeux et les oreilles.

    La pubert inaugure lpoque o lhomme, suffisamment mri, est en mesure de juger parlui-mme les choses quil a pralablement, apprises. On ne saurait infliger de prjudice plus

    considrable un jeune homme quen veillant trop tt son propre jugement. On ne peut juger avantdavoir runi les matriaux qui se combinent, en comparaisons , en conclusions.

    Des jugements indpendants, formuls avant ce moment, manqueront forcment de base. Cesont de semblables erreurs dans lducation qui suscitent ces aperus incomplets sur la vie, toutesces creuses profession de foi fondes sur quelques bribes de savoir, et qui, sans autreinformation, prtendent juger des expriences intrieures de lme humaine, qui ont su rsister despreuves sculaires. Pour acqurir le droit de penser, il faut avoir appris respecter les penses deceux qui nous ont prcds. Nulle pense nest saine, si son champ dactivit na t prpar par lafacult de sentir directement la vrit, facult insparable de la foi en une autorit vidente etincontestable. Si ce principe dducation tait en vigueur, nous ne serions pas rduits voir des

    hommes trop jeunes sestimer mrs pour juger, et se drober ainsi aux multiples influences desmanifestations de vie, dont le rayonnement affecterait tout esprit non prvenu.

    Toute opinion qui nest pas justifie par un acquit psychique correspondant embarrassedune entrave la carrire du jeune homme. Car un jugement une fois formul con serve soninfluence sur son auteur ; un vnement impressionne de faon diffrente lorsquil rencontre cheznous une opinion antrieure qui sy rapporte. Le jeune homme doit tre pntr du dsirdapprendre dabord et de ne juger quaprs. La raison ne doit se prononcer que lorsque toutes lesautres facults de lme ont parl ; avant ce moment-l, elle doit se limiter un rle mdiateur. Ellene devrait servir qu apprhender les objets de nos sensations et de nos impressions, les recueillirintacts, sans permettre au jugement de sen emparer avant quil ait atteint sa maturit.

    Aussi faudrait-il prserver les jeunes gens de cet ge de toutes espces de thories etprovoquer une attitude de lme qui, en prsence des expriences de la vie, sefforce surtout de senimprgner. Certes on peut renseigner un jeune homme sur ce que dautres ont pens tel ou telpropos ; mais il faut viter quune conclusion prmature ne lui fasse prendre un parti. Mme lesopinions doivent agir sur son sentiment ; il faut quil puisse entendre noncer deux aperus opposssans se prononcer instantanment, sans senrler pour ou contre.

    Une semblable orientation de la jeunesse exige certes des professeurs et des ducateurs duntact infini. Mais ceux qui sinspireront sincrement de la science spirituelle constateront quelle leur

    confre prcisment la souple adaptation que rclament ses mthodes.Quelques points de vue seulement de lducation au sens spirituel ont pu tre esquisss

    aujourdhui. Ils suffiront pour indiquer la tche sociale que cette mthode se propose daccomplir.La ralisation de cette tche est subordonne une diffusion de plus en plus large des conceptionsde la science spirituelle. Mais pour atteindre ce rsultat, deux conditions doivent tre remplies.

    En premier lieu, il faut que disparaissent les prjugs que rencontre la science spirituelle.Ceux qui ltudieront srieusement reconnatront quelle nest pas cet entassement dextravagancesquils supposaient. Ceci nest pas un reproche. Tous les systmes denseignement et dducation quiont cours notre poque favorisent, au premier abord, cette impression que ceux qui soccupent de

    science spirituelle sont des rveurs, pourchassant des chimres. Un examen superficiel carte toute

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    apprciation diffrente, car un dsaccord irrconciliable semble surgir entre lanthroposophiesarrogeant le titre de science spirituelle, et toutes les conqutes modernes qui sont le fondementdune saine conception de la vie. Cependant un examen plus approfondi rvle la contradictioninhrente aux conceptions mmes de notre poque, tant que leur fait dfaut la base fournie par lascience spirituelle ; leur propre orientation les achemine vers cet appui, sans lequel elles-mmes nepourront durer.

    La deuxime obligation rside en un dveloppement harmonieux de la science spirituelleelle-mme. Lorsque de toutes parts les milieux anthroposophiques auront reconnu quil sagit, entoute premire ligne, de tirer de nos enseignements un parti pratique au point de vue des multiplessituations de la vie, et non pas seulement de disserter complaisamment sur un systme, alors onverra la vie elle-mme soffrir en un lan de sympathie la pntration de la science spirituelle.Sinon, on continuera considrer lanthroposophie comme la bannire dune secte religieusecompose de quelques visionnaires isols, pris de fantastiques fictions. Mais si elle se consacre une uvre spirituelle positive et utile, alors les annes ne scouleront pas sans voir grandir autourdelle des sentiments dintelligente approbation.

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    NOTES

    (1) Cette distinction est importante, car les ides contemporaines manquent de prcision cet gard. La diffrence sestompe entre les vgtaux et ltre dou de fonctions sensorielles, silattribut dominant de la sensibilit nest pas nettement dfini. Lorsquun tre (ou un objet) rpond une impression extrieure par la manifestation dun effet quelconque, il nest pas exact den dduireque cette impression a t ressentie. Pour le soutenir, il faut que cette impression soit vcueintrieurement, que lexcitation extrieure produise une sorte de rflexion intrieure. Les grandsprogrs de nos sciences naturelles, quun vritable occultiste admirera sincrement, ont port laconfusion dans le vocabulaire abstrait. Certains biologues ignorent les caractristiques de lasensibilit, et la prtent des tres qui en sont dpourvus. La sensibilit vise par ces savants peut,il est vrai, tre attribue aux organismes qui en sont dnus. Mais ce que la science spirituelleentend par sensibilit est une qualit toute diffrente.

    (2) Il faut distinguer entre la vie intrieure consciente du corps astral et la perception de cettevie par lobservation clairvoyante trangre. Cest de cette perception quil sagit ici.

    (3) Il ne faudrait pas se formaliser du terme corps du Moi . Il ne dsigne certainementaucune matire grossire. Mais la science spirituelle est rduite employer le vocabulaire dulangage courant ; et les mots dont elle se sert doivent donc au pralable tre compris au sensspirituel.

    (4) Si ces affirmations sont mal interprtes, on pourra objecter que lenfant nest cependantpas dpourvu de mmoire avant la seconde dentition, et quil possde avant la pubert les facultsinhrentes au corps astral. Il ne faut pas perdre de vue que les corps dynamique et animique existentds la naissance physique, entours toutefois de la gaine protectrice spcifie. Cest prcismentcette enveloppe, protgeant le corps dynamique, qui favorise une manifestation trs prononce de lammoire avant la seconde dentition. Lexistence des yeux physiques chez lembryon abrit dans lesein de la mre est un fait analogue. Et de mme que ces yeux prservs de toute influence externene devront pas leur dveloppement au soleil physique, de mme lducation extrieure ne doit pasintervenir avant la seconde dentition dans le dveloppement de la mmoire. Bien au contraire, on

    pourra remarquer le libre essor spontan de la mmoire, pourvu quelle ait un aliment sa porte etquon ne tente point de la dvelopper au moyen de procds extrieurs.Cette observation peut se rpter lorsquil sagira des facults lies au corps animique. Il

    faut pourvoir leur conservation, mais sans perdre de vue que ce corps est encore entour dunecoque isolatrice. La dmarcation est trs nette : Il y a des soins donner aux germes qui slaborent lintrieur du corps animique avant la pubert. Une lois ce corps affranchi de son voilepriphrique, il faut crer un rapprochement dlibr entre lui et les lments extrieurs quil estsusceptible dassimiler ltat autonome.

    Cette distinction est assurment trs subtile ; mais elle seule claire la porte intgrale delducation.

    (5) Dautres mots denfants cits par lauteur sont intraduisibles.

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    OUVRAGES DE RUDOLF STEINER

    Traduits en franais

    Le Mystre Chrtien et les Mystres antiques.Traduit de lallemand et prcd dune introduction ddouard SHUR,4e dition chez Perrin et Cie.

    La Science Occulte.Traduit de lallemand par Jules SAUERWEIN,3e dition chez Perrin et Cie.

    Le Triple Aspect de la Question Social,chez Fishbacher.

    Aux DITIONS DE LAUBE

    Nol, Confrence faite le 13 dcembre 1907.

    Les Guides Spirituels de lHomme et de lHumanit.Rsultats de recherches occultes sur lvolution humaine.Traduit de lallemand par Jules SAUERWEIN.

    Aux DITIONS ALICE SAUERWEIN

    Lducation de lEnfant, au point de vue de la science spirituelle.Traduit de lallemand par E. L..., 2e dition.

    LInitiation ou la Connaissance des Mondes suprieurs.Traduit de lallemand par Jules SAUERWEIN, 3e dition.

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    EN PRPARATION

    Du Sens de la Vie.

    Notre Pre qui tes aux Cieux ...

    La Philosophie de la Libert.

    La Culture pratique de la Pense.

    Thosophie.

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    Imp. des Presses Universitaires de France, Paris. 30.786.

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