stand up juillet 2015 marty boru

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 ! "#$%&''&() '& *+ ,$-''&. */01 L’agenda migratoire de la Commission est plus complet qu’on ne le croit Le Conseil des ministres de l’Intérieur du 20 juillet aura finalement avalisé le plan élaboré par la Commission pour relocaliser les demandeurs d’asile échoués en Grèce et en Italie, et réinstaller ceux qui se situent dans les camps de réfugiés au Proche-Orient. Cette issue positive, si curieusement à contre-courant des cris d’orfraie de plusieurs États membres qui refusaient initialement de se voir imposer des « quotas », est le fruit d’un travail particulièrement constructif de la présidence luxembourgeoise. Il est désormais utile de réfléchir à ce qui peut être une approche cohérente de la migration en Europe, comme la Commission nous y invite dans son agenda publié en mai. Le premier volet de ce texte portait précisément sur la relocalisation (des demandeurs d’asile) et la réinstallation (des réfugiés des camps). Avec lui, l’Union peut exprimer ses valeurs d’humanisme, soulager des États débordés par le problème et répartir assez équitablement entre les capitales la charge d’accueil de 60.000 personnes, un nombre somme toute très relatif. La contrainte voulue par la Commission est certes difficile à faire accepter à des opinions publiques anxiogènes. Mais elle l’est encore plus quand on leur fait croire au résultat inverse de celui sur lequel on s’accorde ! La Commission souhaite, en deuxième lieu, avancer sur des pans de législations existants qui renforcent notamment la sécurité de l’Union. Ainsi, elle a déjà accepté une augmentation substantielle des moyens de l’agence Frontex pour œuvrer à la surveillance des côtes et au sauvetage en mer. Elle a émis l’idée de mener une opération militaire européenne contre les passeurs au large de la Libye, qui reste en attente d’un feu vert des Nations Unies. Mais l’exécutif communautaire va plus loin, en voulant améliorer les dispositifs existants de lutte contre l’immigration illégale et de coordination en matière d’immigration économique et d’asile. Elle invite les États à traiter la migration autrement que dans l’urgence dans un souci d’efficacité. Comme l’indiquent Yves Pascouau et Antonio Vitorino dans un texte publié par l’Institut Delors, cet aspect de l’agenda migratoire de la Commission peut donner l’impression de manquer d’ambition. Mais si la marge de manœuvre de l’exécutif est très étroite, c’est qu’il est difficile, dans les circonstances politiques nationales et européennes actuelles, de créer un véritable espace de dialogue entre les États pour avancer sur ces questions très sensibles. Organiser ce débat est donc propice au dépassement des initiatives nationales qui se révèlent inefficaces.

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Carte Blanche sur “l’agenda migratoire de la Commission” d'Olivier Boruchowitch et Olivier Marty, sorti dans La Libre Belgique le 08/08/2015

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L’agenda migratoire de la Commission est plus complet qu’on ne le croit

Le Conseil des ministres de l’Intérieur du 20 juillet aura finalement avalisé le plan élaboré par laCommission pour relocaliser les demandeurs d’asile échoués en Grèce et en Italie, et réinstallerceux qui se situent dans les camps de réfugiés au Proche-Orient. Cette issue positive, sicurieusement à contre-courant des cris d’orfraie de plusieurs États membres qui refusaientinitialement de se voir imposer des « quotas », est le fruit d’un travail particulièrement constructifde la présidence luxembourgeoise. Il est désormais utile de réfléchir à ce qui peut être uneapproche cohérente de la migration en Europe, comme la Commission nous y invite dans sonagenda publié en mai.

Le premier volet de ce texte portait précisément sur la relocalisation (des demandeurs d’asile) etla réinstallation (des réfugiés des camps). Avec lui, l’Union peut exprimer ses valeurs

d’humanisme, soulager des États débordés par le problème et répartir assez équitablement entreles capitales la charge d’accueil de 60.000 personnes, un nombre somme toute très relatif. Lacontrainte voulue par la Commission est certes difficile à faire accepter à des opinions publiquesanxiogènes. Mais elle l’est encore plus quand on leur fait croire au résultat inverse de celui surlequel on s’accorde !

La Commission souhaite, en deuxième lieu, avancer sur des pans de législations existants quirenforcent notamment la sécurité de l’Union. Ainsi, elle a déjà accepté une augmentationsubstantielle des moyens de l’agence Frontex pour œuvrer à la surveillance des côtes et ausauvetage en mer. Elle a émis l’idée de mener une opération militaire européenne contre lespasseurs au large de la Libye, qui reste en attente d’un feu vert des Nations Unies. Mais l’exécutifcommunautaire va plus loin, en voulant améliorer les dispositifs existants de lutte contre

l’immigration illégale et de coordination en matière d’immigration économique et d’asile. Elleinvite les États à traiter la migration autrement que dans l’urgence dans un souci d’efficacité.

Comme l’indiquent Yves Pascouau et Antonio Vitorino dans un texte publié par l’Institut Delors,cet aspect de l’agenda migratoire de la Commission peut donner l’impression de manquerd’ambition. Mais si la marge de manœuvre de l’exécutif est très étroite, c’est qu’il est difficile,dans les circonstances politiques nationales et européennes actuelles, de créer un véritableespace de dialogue entre les États pour avancer sur ces questions très sensibles. Organiser cedébat est donc propice au dépassement des initiatives nationales qui se révèlent inefficaces.

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C’est aussi une façon de dessiner une politique de migration économique commune que Standup for Europe et le Parti Fédéraliste Européen appellent de leurs vœux dans leur initiativecitoyenne (*).

 A long terme, enfin, la Commission fait des propositions ambitieuses afin d’harmoniser le droit etles pratiques nationales en matière d’asile, d’améliorer encore la gestion des frontières (avec, à

terme, la création d’un corps de garde-côtes européen), et de faciliter l’embauche de travailleursmigrants. Il faut voir dans cet aspect de l’agenda une volonté d’avancer vers la mise en placed’une politique migratoire exhaustive conjuguant la mobilité des migrants, vers et dans l’Union, etla protection du territoire européen. Une politique efficace, juste et ferme conduite par uneautorité qui en assume au mieux la gestion et la responsabilité.

Il incombe à présent aux États de s’approprier l’agenda exhaustif que présente la Commissioneuropéenne et de le relayer régulièrement à leurs Parlements et à la société civile pourdépassionner des débats par nature trop sensibles.

Olivier Marty est Maître de conférences à SciencesPo Paris. Olivier Boruchowitch est philosophe.

Ils sont membres de Stand up for Europe. 

(*) L’initiative est consultable sur le site www.commonborders.eu/fr  

Stand Up for Europe  est un mouvement citoyen fédéraliste qui s’engage pour une

autre Europe, véritablement démocratique. Conscient des défis que doit relever l’Europe

dans un monde complexe et globalisé, Stand Up soutient l’idée selon laquelle il est né-

cessaire de construire un réel espace européen fédéral, doté d’un président, d’un gou-

vernement et d’un budget mutualisé. Stand Up for Europe s’est présenté pour la pre-

mière fois aux élections européennes en mai 2014. Fort du retour des électeurs et de

ses 10.000 membres, Stand Up for Europe entend mener le combat d’une Europe fédé-

rale démocratique et démontrer qu’un autre rapport à la politique et à l’Europe est pos-

sible, réalisable et plus que jamais nécessaire.

Nos objectifs

1. Fédérer les fédéralistes : il s’agit maintenant pour Stand Up de devenir une plate-

forme de regroupement des fédéralistes.

2. Créer des antennes locales dans l’ensemble de la Belgique et étendre notre

couverture géographique dans d’autres pays européens, en développant notre

 partenariat avec le European Federalist Party (EFP), déjà présent dans 16 pays

de l’Union,

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3. Développer davantage notre programme sur le sujet du « Coût de la non-

Europe », c’est-à-dire le gain socio-économique et qualitatif que nous apporterait

la création de politiques communes européennes

4. Engagés sur le plan politique, économique et sociétal, Stand Up et EFP lancent

une première initiative commune et préparent le dépôt au Parlement Européen

d’une initiative citoyenne sur le thème de l’immigration. www.commonborders.eu 

Plus d’informations sur le site : http://www.standupforuseurope.eu/

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