spécial odonates - nord nature · 2014. 2. 13. · (de 1 à 5 ans), la larve va émerger de...

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N°38 - Octobre 2013 CORRIDORINFO Spécial Odonates Zones humides et Odonates L e secteur du bas pays de Béthune a la particularité d’être formé d’un réseau dense de cours d’eau, de fossés et de rivières. Ce réseau constitue de véritables voies de circulation pour plusieurs espèces, animales comme végétales. Ces cours d’eau forment donc ce qu’on appelle des corridors biologiques. Ils permettent aux différentes espèces qui habitent le territoire, liées à ces zones hu- mides, de circuler, de se disperser… Ces corridors sont une des solutions pour palier à la fragmentation des espaces naturels et au déclin des espèces des zones humides. C’est notamment le cas des odonates (ou libellules au sens large) qui utilisent ces cours d’eau pour circuler entre les mares, étangs et autres habitats en zones humides qui composent le paysage. Avec près de 6000 espèces dans le monde, 90 en France et près de 45 dans le Nord-Pas-de-Calais, les libellules constituent un patrimoine biologique remarquable par leur histoire, leur biologie, leur morphologie si particulière, leur comportement et leur rôle au sein des zones humides. Ces insectes sont souvent utilisés dans le cadre d’études des zones humides, car leur suivi permet d’inclure d’autres espèces d’invertébrés aquatiques, voire même de végétations. A fin de permettre le maintien, et bien sûr le dévelop- pement de ces espèces, il est nécessaire d’entrete- nir, de restaurer des zones habitats (mares, étangs,…) mais aussi et surtout, d’améliorer les connexions entre ces zones d’où l’importance des corridors biologiques. Agrion élégant Sympétrum rouge-sang

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Page 1: Spécial Odonates - Nord Nature · 2014. 2. 13. · (de 1 à 5 ans), la larve va émerger de l’eau pour démarrer sa méta-morphose et s’extirper de sa der-nière mue (appelée

N°38 - Octobre 2013

CORRIDORINFOSpécial Odonates

Zones humides et Odonates

Le secteur du bas pays de Béthune a la particularité d’être formé d’un réseau dense de cours d’eau, de

fossés et de rivières. Ce réseau constitue de véritables voies de circulation pour plusieurs espèces, animales comme végétales. Ces cours d’eau forment donc ce qu’on appelle des corridors biologiques. Ils permettent aux différentes espèces qui habitent le territoire, liées à ces zones hu-mides, de circuler, de se disperser…Ces corridors sont une des solutions pour palier à la fragmentation des espaces naturels et au déclin des espèces des zones humides.

C’est notamment le cas des odonates (ou libellules au sens large) qui utilisent ces cours d’eau pour circuler entre les mares, étangs et autres habitats en zones humides qui composent le paysage.

Avec près de 6000 espèces dans le monde, 90 en France et près de 45 dans le Nord-Pas-de-Calais,

les libellules constituent un patrimoine biologique remarquable par leur histoire, leur biologie, leur morphologie si particulière, leur comportement et leur rôle au sein des zones humides. Ces insectes sont souvent utilisés dans le cadre d’études des zones humides, car leur suivi

permet d’inclure d’autres espèces d’invertébrés aquatiques, voire même de végétations.

Afin de permettre le maintien, et bien sûr le dévelop-pement de ces espèces, il est nécessaire d’entrete-

nir, de restaurer des zones habitats (mares, étangs,…) mais aussi et surtout, d’améliorer les connexions entre ces zones d’où l’importance des corridors biologiques.

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Sympétrum rouge-sang

Page 2: Spécial Odonates - Nord Nature · 2014. 2. 13. · (de 1 à 5 ans), la larve va émerger de l’eau pour démarrer sa méta-morphose et s’extirper de sa der-nière mue (appelée

Les observer ...Qui n’a pas déjà vu, au cours d’une promenade durant un bel après-midi d’été au bord de l’eau, ces acrobates aériens aux couleurs vives !

- Quand ?Dès le début du printemps jusqu’à l’automne (fin mars pour les plus précoces à fin octobre pour les plus tardives), durant les heures chaudes de journées ensoleillées.

- Où ?Avec sa grande affinité pour les zones humides et sa larve aquatique, la libellule s’observe près de tous les milieux aquatiques (stagnant ou eau courante) ; mares, étangs, rivières, ruisseaux, lacs, fleuves, tourbières, ... mais elle fréquente aussi régulièrement les jardins.

- Comment ?Les libellules ne sont pas craintives et elles peuvent s’observer facilement à vue ou à l’aide d’une paire de jumelles.

Le mot odonate, appellation scien-tifique de libellule, signifie « mâ-choire dentée » (en référence à l’appareil buccal si particulier de la larve) . Elles se divisent en 2 sous-ordres: les zygoptères et les ani-soptères. Les demoiselles (zygop-tères) ont un corps frêle et délicat et les ailes alignées le long du corps. Les libellules au sens strict (anisoptères) ont un corps trapu et les ailes déployées.

La larve se déve-loppe en milieu aqua-tique, souvent dans des zones peu profondes dont le niveau est suffi-samment stable. Dissi-mulée dans la végétation aquatique, elle se nourrie d’autres larves d’insectes aquatiques.

Une fois sa croissance achevée (de 1 à 5 ans), la larve va émerger de l’eau pour démarrer sa méta-morphose et s’extirper de sa der-nière mue (appelée exuvie). Une fois sèche, la libellule va s’en-voler afin de se nourrir (insectes,..). L’adulte, une fois mature, va re-joindre un milieu aquatique afin de

trouver un partenaire et de se reproduire.Les mâles vont défendre un territoire qu’ils par-courent à la recherche d’une femelle. L’accouplement terminé, la femelle va pondre dans la végétation aquatique sous la protection du mâle.Pour la plupart des es-pèces, les adultes meurent avant l’hiver.

Qui sont-elles ?

Quel rôle ? L’adulte de la libellule, tout comme la larve, est un excellent prédateur et

participe activement à l’équilibre des populations d’insectes présentes en zones humides (limitations des populations de moustiques et de mîtes) En outre, leur présence (et surtout leur installation) peut être un indicateur de richesse biologique du milieu, concernant la faune comme la flore.

Libellule déprimée

Sympétrum rouge-sang

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L’Étude :Une étude a été réalisée au cours de l’été 2013, (dans la continuité des inven-

taires effectués depuis 2010), dans le but de connaître la répartition des odonates sur le secteur et essayer de déterminer leurs préférences écolo-giques sur le réseau de cours d’eau (profondeur en eau, végétation,...)L’objectif est de réaliser une gestion et des aménagements adaptés aux odo-nates, en tenant compte de la gestion déjà en place et du reste de la faune et de la flore présente.

Bilan : Malgré un printemps tardif, les odonates étaient au rendez-vous. Il a été montré que le réseau de fossés et de courants est utilisé en grande partie comme voie de circulation et de nourrissage. Cependant, la faible profondeur, le manque de végétation aquatique et par endroit un ombrage trop présent, ne permettent pas aux odonates de venir s’y installer, de pondre, ...Ces cours d’eau fournissent néanmoins de bonnes connexions entre plans d’eau (mares, étangs,..), plus propices à une installation durable des libellules.

1 nouvelle méthode

C’est un total de 40 sites prospeCtés de juin à août 2013, visités 3 fois pendant 40 min

Chaque site représente 25 m de longueur, pour une largeur moyenne de 4 m

aveC 18 cm de profondeur moyenne en eau des fossés prospeCtés.

un total de 12 espèces observées sur les 40 sites pour 315 individus observés

14 individus max renContréssimultanément sur un site

et un max de 5 espèces différentes au même moment sur un même site

au moins 6 sites aveC présenCe de larves et 3 sites aveC présenCe d’exuvie

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Imprimé sur papier recyclé1 tonne de papier recyclé économise 17 arbres, 1 m3 d’espace en décharge, 30 kg de polluants atmosphériques et consomme 6 fois moins d’énergie et 9 fois moins d’eau pure.

Rédaction : Etienne Kieffer et Jean-Louis WattezPhotos : Arnaud Deflorenne, Etienne Kieffer et Jean-Louis WattezDessin : Etienne Kieffer

1. La mare doit être ensoleillée une partie de la journée.

2. Présence de zones profondes et peu pro-fondes :Pensez à aménager une zone profonde d’au moins 70 cm, pour qu’en période de gel, la faune puisse s’y réfugier. Il est possible de créer diffé-rents paliers sur plusieurs niveaux.

3. Diversifier la végétation :Jonc, Reine-des-prés et Iris sur le bord de la mare, et des potamot, des nénuphar avec leurs feuilles flottant à la surface de l’eau. Cette vé-gétation servira aussi bien aux larves qu’aux adultes de libellules (refuge, ponte et accouple-ment, support pour la métamorphose).

4. Présence de pentes douces et abruptes.

A savoir :Il est interdit d’introduire des amphibiens dans votre mare, patientez, ils viendront par eux même !

Évitez d’introduire des poissons; très voraces, ils ne laisseront plus rien de vivant dans votre mare et empêcheront son équilibre naturel.

Entretien de la mare : Attention, une fois la mare créée, elle évoluera au fil du temps et va donc nécessiter un entre-tien régulier. Cela permet de maintenir la mare en bon état de fonctionnement et éviter, par exemple, un envasement trop important ou un envahissement de la végétation…

Une mare pour les libellules :

Créer une mare permettra non seulement à de nombreuses espèces de libellules de s’y instal-ler, mais elle profitera aussi à d’autres espèces : amphibiens (grenouilles, crapauds, tritons),

insectes, oiseaux, ...!

- Creuser sur terrain plat en reti-rant les cailloux et éléments pointus sur le fond- Recouvrir le fond d’une couche de sable- Placer la bâche- Recouvrir de substrat (mélange terre et de sable)- Remplir la mare- Recouvrir les bords de la mare afin de cacher la bâche- Disposer la végétation

Une mare accueillante pour les libellules ne doit pas être uniforme mais doit comporter plusieurs milieux différents ! Une bonne hétérogénéité permettra une meilleure richesse !

Lestrem NatureAssociation loi 1901 agréée par le Ministère de l’Écologie et du Développement Durable pour le Nord et le Pas de Calais.117 rue de la Croix Marmuse 62136 LestremTel: 03 21 26 14 69 Messagerie: [email protected] : www.lestrem-nature.org SIRET: 433 925 039 00011