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Sordide complot

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Sordide complot

LUCIA CAVEZZALI

Un course de vélo de montagne tourne au cauchemar à Sugarloaf

ROMAN

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Cavezzali, Lucia Sordide complot : une course à vélo de montagne tourne au cauchemar à Sugarloaf (Caméra danger ; 9) Pour les jeunes de 10 ans et plus. ISBN 978-2-89726-087-3 PDF 978-2-89726-088-0 EPUB 978-2-89726-145-0 I. Titre. II. Collection : Caméra danger ; 9.

PS8555.A877S67 2014 jC843’.6 C2014-942227-XPS9555.A877S67 2014

Marcel Broquet Éditeur 351 Chemin du Lac Millette, Saint-Sauveur (Québec) Canada J0R 1R6 Téléphone : 450 744-1236 [email protected] • www.marcelbroquet.com

Conception graphique et illustration de la couverture : Alejandro Natan Mise en page : Alejandro Natan

Distribution : Messageries ADP2315, rue de la Province Longueuil (Québec) J4G 1G4, CanadaTéléphone : 450 640-1234 • www.messageries-adp.com

Distribution pour l’Europe francophone : DNM Distribution du Nouveau Monde 30, rue Gay-Lussac, 75005, Paris Tél. : 01 42 54 50 24 • Fax : 01 43 54 39 15Librairie du Québec 30, rue Gay-Lussac, 75005, Paris Tél. : 01 43 54 49 02 www.librairieduquebec.fr

Diffusion – Promotion : [email protected]]

Dépôt légal : 1e trimestre 2015 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque nationale de France

© Marcel Broquet Éditeur, 2015 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction interdits sans l’accord de l’auteure et de l’éditeur.

Pour l’aide à la réalisation de son programme éditorial, l’éditeur remercie la Société de Développement des Entreprises Culturelles (SODEC), le Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – gestion SODEC . L’éditeur remercie également le Gouvernement du Canada pour son aide dans le cadre du programme du Fonds du livre du Canada

DU MÊME AUTEUR

Le mystère du moulin, Collection Caméléon, Éditions Hurtubise HMH, Montréal 2001

Opération Juliette, Collection Caméléon, Éditions Hurtubise HMH, Montréal 2002(Gagnant du prix littéraire Hackmatack, choix des jeunes en 2004)

L’énigme du sommet noir, Collection Caméléon, Éditions Hurtubise HMH, Montréal 2003

Mission Cachalot, Collection Caméléon, Éditions Hurtubise HMH, Montréal 2005

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Personnages principaux de Camera Danger :

Alex : 16 ans, fils unique d’une famille riche. C’est un beau garçon, verbomoteur, fonceur et dynamique. Il est passionné de photographie et désire devenir journaliste.

Ariane : 16 ans, c’est une belle fille à la chevelure abondante d’un brun roux. C’est une «risque-tout» très déterminée. D’une grande souplesse, elle pratique le yoga et le contorsionnisme. Elle est passionnée d’histoire et d’archéologie.

Ying : 15 ans, de stature délicate mais débordant de santé. Sa joie de vivre fait de lui un jeune homme enthousiaste, positif et toujours enclin à blaguer. Il est passionné par le cinéma et rêve de faire carrière dans le reportage.

Fernand : Chauffeur d’Alex, il est très attaché à son protégé qu’il a vu grandir. Il accompagne avec plaisir Alex, Ariane et Ying dans plusieurs de leurs aventures.

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À FélixEt un gros merci à Carmelle

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-  Qu’est-ce que vous diriez d’un séjour au Nouveau-Brunswick ? demande Alex en rejoignant Ariane et

Ying sur la terrasse d’un café du Vieux-Montréal.

— En quel honneur ? s’informe Ying en reluquant l’appétissant panini grillé que le serveur vient de déposer devant lui.

— Julien Lessault, un ami avec qui je corresponds parfois sur Facebook, s’entraîne en vélo de montagne au parc provincial de Sugarloaf, à Atholville, au Nouveau-Brunswick. Le week-end du 12 juillet prochain, il va participer à un championnat national, le Canadian Rallye One. C’est un grand événement et Julien est parmi les favoris. Le gagnant de cette course fera partie de l’équipe canadienne aux prochains Jeux olympiques. Il ne reste qu’une place et Julien compte bien se l’approprier. C’est la chance de sa vie.

— Si je comprends bien, tu veux assister à la compétition et tu aimerais qu’on t’accompagne ? fait Ariane. Moi, le vélo de montagne, tu sais…

— Attends, l’interrompt Alex, c’est ce que je me disais moi aussi mais regardez ça, fait-il, en sortant sa tablette électronique. C’est vraiment fou.

Alex montre le site web de Sugarloaf à ses deux amis. Ce parc de vélo de montagne avec service de télésiège est le seul du genre

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au Canada atlantique. On y promet, aux débutants comme aux experts, des moments palpitants dans des sentiers parsemés de sauts, d’obstacles et de virages inclinés.

— Julien dit qu’il peut m’initier si ça me tente. Vous pourriez essayer vous aussi, je me charge de l’équipement, ajoute Alex.

— Et quel est l’intérêt pour notre agence de reportage ? demande Ying.

— Voilà j’y arrive, réplique Alex avec enthousiasme. Durant le week-end de la course, de nombreuses activités sont organisées et plusieurs concours sont proposés par les commanditaires. En collaboration avec Les Productions VM, la compagnie Photo-Top offre de généreux prix en argent aux trois meilleurs reportages qui traiteront de l’événement. Si on gagnait, Caméra Danger bénéficierait de fonds supplémentaires.

— Ça devient intéressant ! fait Ying.

— On pourrait faire un reportage sur l’entraînement des athlètes et le rêve olympique, suggère Alex.

— Oui, et imagine les prises de vue qu’on pourrait capter en se mêlant aux coureurs, dit Ying, qui commence à s’exciter lui aussi. Je pourrais installer une caméra GoPro sur le casque de ton ami Julien et filmer des images en plein cœur de l’action.

Ariane sirote sa limonade en silence.

— Mais ce n’est pas tout, fait Alex en se tournant vers elle. En fouillant un peu, j’ai aussi découvert un site d’intérêt culturel qui devrait te plaire Ariane. Près d’Atholville se trouve le lieu historique de la Bataille-de-la-Ristigouche. C’est la dernière bataille navale qui a eu lieu entre la France et l’Angleterre pour prendre possession de l’Amérique du Nord. C’est à cet endroit

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dans la baie des Chaleurs que le sort de la Nouvelle-France a été scellé en 1760. Il y a un musée où se trouve l’épave du Machault, ce grand navire qui a été sabordé. J’ai lu un peu sur cette histoire et ça me paraît fort intéressant, mais je te laisse le plaisir de le découvrir toi-même et de nous en faire un bon résumé. On pourrait intégrer une partie historique à notre reportage. C’est à voir.

— Je dois avouer que tu es plutôt convaincant quand tu as une idée en tête, conclut Ariane en riant. D’accord, j’embarque et je me charge de cette partie.

— Super ! se réjouit Alex, je vais pouvoir confirmer notre arrivée à Julien. L’événement a lieu du 11 au 14 juillet. Je suggère qu’on parte lundi le 8, si ça vous convient. Julien nous conseille de camper là-bas et je crois que c’est une bonne idée.

La discussion s’anime entre les trois amis qui n’ont que quelques jours pour se préparer. Ils concluent qu’il sera plus facile d’apporter tout leur matériel de camping et de photo en voiture plutôt qu’en avion et ce sera aussi beaucoup moins cher.

— Ça prend combien de temps pour se rendre là-bas ? s’informe Ying.

— J’ai vérifié, le trajet en auto dure environ sept heures et demie, répond Alex. J’ai demandé à Fernand de nous accompagner et de m’aider à trouver un véhicule convenable pour notre aventure. Ne vous en faites pas, je m’y connais en camping, nous aurons tout ce qu’il faut.

— Bon, je dois y aller, fait Ariane en se levant, j’ai un cours de yoga. Je vous reparle plus tard.

Ying savoure l’énorme morceau de gâteau au fromage et caramel qu’il s’est commandé pour dessert. La bouche trop

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pleine pour parler, il se contente de lever la main pour la saluer. En poussant sa chaise, Ariane soupire en l’observant.

— Veux-tu me dire comment tu fais pour engloutir autant de bouffe et rester mince comme un fil de fer ?

Ying hausse les épaules avec un air faussement coupable.

— C’est dans mes gènes, je suppose, parvient-il à dire.

Julien Lessault, qui est à Sugarloaf, a reçu le message d’Alex. Ce dernier lui confirme leur date d’arrivée ainsi que leur désir de participer au concours de courts-métrages. Julien se réjouit de leur venue et l’idée de faire parler de lui dans un reportage de Caméra Danger lui plaît. Il espère s’y voir tenant fièrement la médaille d’or qui lui ouvrira la porte des prochains Jeux olympiques. Il vient d’avoir dix-huit ans. Passionné par son sport et très tenace, il envisage l’avenir avec optimisme. C’est un beau garçon dont les yeux bleus contrastent avec ses cheveux bruns. Son physique musclé témoigne des heures d’entraînement auquel il se soumet chaque jour. Julien est natif de Moncton, au Nouveau-Brunswick. À la suite du divorce de ses parents, alors qu’il avait onze ans, il a dû déménager à Québec avec sa mère. Il est heureux de passer du temps cet été dans sa province natale. Pendant son séjour à Sugarloaf, il loge dans un modeste appartement près des pentes. Il partage le loyer avec ses bons amis, William et Thomas, tous deux également passionnés que lui pour le vélo de montagne. Ils participeront eux aussi à la compétition.

À la veille de l’arrivée d’Alex et ses amis, Julien est plus confiant que jamais. Ce matin, il a participé à des qualifications préliminaires non officielles où il a réussi à dépasser le grand favori de la course, l’Ontarien Peter Walch, et à maintenir son avance jusqu’à la fin. Julien a mis en pratique quelques trucs que

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l’Albertain Michael Bond lui a conseillés la veille et cela semble avoir porté ses fruits. Ce dernier, arrivé depuis peu à Sugarloaf, s’est entraîné avec eux hier. Malgré sa barbe en broussaille et ses cheveux ébouriffés qui lui donnent un air négligé, il semble très sûr de lui. Un peu plus âgé que Julien et ses amis, les années d’expérience de Michael Bond et sa jovialité font de lui un redoutable, mais sympathique adversaire.

Pendant que Julien se réjouit de sa performance, Peter Walch attache son vélo à un support et lance violemment son casque par terre. Ce Julien Lessault lui en a fait baver aujourd’hui. Il sait qu’il va se faire passer un savon par son commanditaire pour ses minables résultats de ce matin. Il n’aurait pas dû sortir si tard la veille et faire la fête. L’air boudeur, il se dirige vers le stand de promotion des boissons énergisantes Freeway, où il aperçoit sa propre image sur un panneau publicitaire. Il y apparaît tout souriant, une bouteille de boisson aux cerises à la main. Un mètre quatre-vingt-huit, teint basané et yeux noirs, c’est un bel athlète de vingt ans au sourire charmeur et au caractère fougueux. Il est commandité de la tête aux pieds par Dan Freeman, propriétaire des produits Freeway et des boutiques Sport+.

Ce dernier sirote un café à l’extérieur du kiosque. Il a assisté à la piètre performance de son protégé et il est de fort mauvaise humeur.

— Tu as intérêt à être en meilleure forme samedi, fulmine-t-il, avant même que Peter n’ouvre la bouche.

— Mais…

— Il n’y a pas de mais, l’interrompt l’homme d’affaires, sur un ton catégorique. Ton contrat est clair et tu dois le respecter. Pas de sorties, pas de filles et tout le tralala jusqu’à la course. Le but de cette compétition est de nous… heu ! de te mener aux

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Olympiques. Tu sais combien d’argent ça va rapporter ? Après, tu feras ce que tu voudras. D’ici là, c’est moi qui décide.

— Et si malgré tout je ne gagne pas samedi ? Il y a d’autres bons coureurs…

— Tu vas gagner, compris ? réplique Freeman en pesant ses mots. Alors, concentre-toi là-dessus et va t’entraîner. Tu dois être au sommet de ta forme. Allez, oust ! Fin de la discussion, termine-t-il en faisant signe à Peter de partir.

Celui-ci ne trouvant rien à rajouter, soupire et s’éloigne en se traînant les pieds.

— Petit con, marmonne Dan Freeman. Compte sur moi, tu vas gagner, affirme-t-il en composant un numéro sur son téléphone cellulaire. Passe me voir, ordonne-t-il à son interlocuteur sans aucune introduction, j’ai du boulot pour toi. Et amène M. J. avec toi.

De fort mauvaise humeur, Peter Walch retourne s’entraîner en se défoulant avec arrogance sur quiconque ose lui adresser la parole. Il commence à en avoir marre de tout ce cirque. Pourtant, ça ne fait que commencer. Une fois aux Olympiques, Dan Freeman n’acceptera rien de moins qu’une médaille d’or et sera prêt à écraser tous ceux qui voudront contrecarrer ses plans. Peter se demande s’il sera capable de supporter toute la pression qu’on lui fera subir. Mais d’un autre côté, l’enjeu en vaut la peine. Il adore jouer la star et, une fois champion, son rêve d’être animateur télé pourra certainement se réaliser. Aussi bien faire ce qu’on lui demande sans trop se préoccuper de savoir s’il y a de la triche en sa faveur. Il n’est qu’un pion pour Freeman, mais Peter considère que ça va certainement lui rapporter à lui aussi et il retrouve peu à peu sa bonne humeur.

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Alain Fortier, ancien médaillé d’or olympique, attrape un muffin et un café en passant à la cafétéria et se dirige vers le deuxième étage du restaurant. Quelques bureaux, dont le sien et celui de Dan Freeman, y ont été aménagés pour toute la durée de la préparation des événements. Début trentaine, de forte stature, l’homme aux cheveux déjà grisonnants paraît plus vieux que son âge. Conscient de son image, il s’entraîne régulièrement pour garder la forme et éviter l’embonpoint, surtout qu’il adore manger. Il est le principal organisateur de la course et se multiplie partout pour s’assurer du bon déroulement de ce week-end qui, jusqu’à présent, s’annonce une réussite. Différentes épreuves pour amateurs et de nombreuses activités pour tous les âges sont organisées et réparties sur trois jours. Le Canadian Rallye One, avec à l’enjeu la dernière place disponible pour les Jeux olympiques, est presque entièrement financé par Dan Freeman, puissant homme d’affaires. Au début, Alain Fortier était un peu réticent face à cette entente, mais il se réjouit maintenant de l’engouement provoqué par cette grande course qui attire des participants de partout au Canada, en plus des spectateurs et des médias. Il sait que Dan Freeman avait besoin d’une combine pour faire accepter son protégé, Peter Walch, au sein de l’équipe canadienne et que ce dernier sera fort probablement le vainqueur de la course Canadian Rallye One. Mais Alain ne veut surtout pas savoir comment Freeman va s’y prendre ni avec qui il s’est entendu. Il fait comme s’il ignorait tout et se contente de faire son travail d’organisateur du mieux qu’il peut et de s’assurer que tout se passe bien afin d’offrir à la foule un bon spectacle.

Non loin de là, Julien se dirige vers la tente des médias. Il a promis à Alex de faire mettre de côté trois laissez-passer pour les reporters de Caméra Danger. Il trouve un prétexte pour s’arrêter au kiosque des inscriptions où travaille Dina, une

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jolie blonde aux yeux verts, qu’il a rencontrée quelques jours auparavant. Celle-ci, ravie de le voir, interrompt son travail et prend une pause le temps de boire un jus en sa compagnie, tout en faisant plus ample connaissance. Dina a grandi dans la région et pratique le vélo de montagne par plaisir. Quinze minutes se sont déjà écoulées et c’est avec regret qu’ils doivent mettre fin à leur conversation. Avant de regagner son kiosque, Dina promet à Julien d’aller faire une randonnée avec lui dès que possible. Les yeux brillants et le sourire fendu jusqu’aux oreilles, ce dernier retourne à l’entraînement, le cœur heureux. Décidément, cette fille lui plaît beaucoup.

Quelques heures plus tard, en rentrant chez lui, Julien trouve une note épinglée sur la porte de son appartement. Michael Bond lui demande de passer le voir. Il a besoin d’un coup de main pour régler un problème de freins sur son vélo. Julien regarde sa montre. Il est à peine 17 h 30, William et Thomas ne sont pas encore rentrés, aussi bien y aller maintenant. Il attrape son petit sac d’outils et, sans se rendre compte qu’il est suivi, il se dirige à pied vers le stationnement adjacent au camping où Michael Bond a installé son logement. L’endroit est tranquille pour l’instant mais devrait se remplir dans les prochains jours. Julien repère rapidement la fourgonnette bleue et blanche stationnée en retrait au fond du terrain. Deux vélos sont enchaînés dans une remorque accrochée à l’arrière du véhicule de l’Albertain. Julien frappe à la porte ; pas de réponse. Il jette un coup d’œil aux alentours en espérant apercevoir Michael. Il inspecte les vélos et tente de trouver le problème en examinant les freins. Le câble ne présente aucune défectuosité. Il dévisse et revisse, tout semble en parfait état.

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— Il a dû réussir à résoudre son problème lui-même finalement, se dit Julien, avant de s’éloigner. Il aurait au moins pu m’attendre ici pour m’avertir.

Aussitôt Julien parti, quelqu’un d’autre s’approche discrètement des vélos de Michael…

Cet ouvrage, composé en Adobe Garamond Pro, a été achevé d’imprimer au Canada

en janvier deux mille quinze pour le compte

de Marcel Broquet Éditeur