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Sémaphore : 10ème édition ! Vous tenez dans vos mains la dixième édition de la sélection Sémaphore. 10 ans, est-ce un
âge de raison ? Peut-être ! En tout cas c’est une bonne raison de faire la fête et quoi de mieux
que la musique pour cela ? C’est pourquoi nous vous proposons cette année un dossier
« Musique et bande dessinée » et par ailleurs, même si le rapport n’apparait pas immédiate-
ment, nous avons choisi de vous présenter l’auteur Edmond Baudoin, lui qui envisage la con-
ception d’un album comme une partition (Cf. : La Musique du dessin .- Ed. de l’An 2, 2005).
Quant à l’éditeur qui a retenu notre attention, il s’agit cette année des éditions Akiléos.
Nous vous rappelons que cette sélection concerne des titres parus entre septembre 2012 et septembre
2013. Elle n’est ni exhaustive, ni objective et concerne tous les publics (en sont cependant exclus les
albums spécifiquement destinés à la jeunesse par leurs auteurs ou leurs éditeurs). Ce n’est pas une
sélection d’achat, ce sont avant tout des propositions de lectures tantôt graves et tantôt légères qui vous
permettront d’explorer tous les genres abordés par le Neuvième Art.
* Les titres sélectionnés et cités sont tous présents dans le fonds de la Médiathèque départementale.
Préam"bulles"
Les coup de cœurs des morbihannais p.4
Autobiographie/Biographie p.12
Tranche de vie p.14
Histoire p.18
Humour p.24
Roman graphique p.28
Chroniques sociales p.30
Policier p.34
Aventure p.38
Fantastique p.42
Science-Fiction p.48
Réédition p.50
Index des auteurs p.66
Index des titres p.67
SOMMAIRE :
Musique & BD p.52
Edmond BAUDOIN p.62
Les éditions Akiléos p.64
DOSSIERS :
Pour les 10 ans de la sélection Sémaphore,
nous avons collecté des coups de cœurs BD
dans tout le département. Malgré une parti-
cipation timide, vous avez été plusieurs, de
9 à 66 ans à avoir joué le jeu et nous vous
en remercions !
Ce numéro commence donc en quelques
pages, par les bandes dessinées parues ces
10 dernières années et qui ont particulière-
ment touchés les morbihannais.
Bride Stories
Kaoru Mori ; traduit du japonais par Yohan Leclerc.-
Ki-oon, 2011.- 186 p. : illustrations en noir et blanc ;
18 x 13 cm ; 4 tomes.
Un magnifique moment de lecture
avec Kaoru Mori. Je me suis immé-
diatement plongée dans le monde
d’Amir et Karluk, jeune couple vivant
en Asie centrale à la fin du 19ème
siècle. Les dessins reflètent avec justesse et humour, les émotions des
personnages alors qu’ils apprennent à se connaître, à vivre ensemble malgré leur différence. Le personnage
d’Amir, extrêmement attachant m’est allé droit au cœur : instinctive, courageuse mais vulnérable, elle est
décidée à prendre la vie du bon côté malgré quelques événements dramatiques auxquels elle doit faire face.
En plus de la profondeur des personnages et de l’intrigue pleine d’aventures, on en apprend beaucoup sur le
mode de vie des tribus d’Asie centrale et leurs coutumes. Le volume 2 s’arrête particulièrement sur les bro-
deries et leurs significations individuelles et collectives. C’était très touchant. Hypollène, 26 ans.
Château l’Attente
Linda Medley ; traduit de l'anglais par Fanny Soubiran.- Cà et là, 2007.- 464 p. : ill. en noir et blanc ; 22 cm.
Attirée par sa jolie forme de grimoire, je me suis plongée dans ce conte de
fée revisité, avec délectation. On y rencontre une foule de personnages
fantasques vivant dans un royaume oublié, au milieu de nulle part : une
princesse maman célibataire, une nonne à barbe harcelée pour un diablo-
tin, ou encore un chevalier misogyne ... Tout ce joli monde cohabite dans
la joie et la bonne humeur dans cet havre bucolique. Linda Medley aborde
des sujets sérieux comme les violences conjugales, l’acceptation des différences et la place de la femme
dans la société, dans un humour finaud et omniprésent. Hélène, 34 ans.
Love : 1.Le tigre 2.Le renard
Frédéric Brémaud, Federico Bertolucci.- Ankama, 2011.- 73 p. : ill. en couleur ; 30 cm.
Riens de moins qu’une œuvre d’art ! En suivant un tigre ou un
renard, on assiste à une sorte de documentaire animalier silen-
cieux. Sans texte ni dialogue, les illustrations se suffisent à elles
-mêmes et nous donne parfois l’illusion de photographies.
Marietta, 32 ans,.
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Cosmik Roger : 2.Une planète sinon rien
Julien, Mo Cdm – Fluide Glacial 2004
Il y neuf ans paraissait le 2ème
tome d’une série initiée en 2002 : Cosmik Roger. Les
auteurs, Julien et Mo Cdm, à la mystérieuse identité, scénarisaient de nouvelles
aventures comico-spaciales de Roger. Ce jeune homme à qui on a confié un vais-
seau spatial et surtout la mission de dégoter une nouvelle planète habitable pour les
terriens, est un héros de Fluide Glacial. Le périodique, puis la maison d’édition, fon-
dés par Gotlib et s’étant spécialisés dans la parodie et l’humour absurde, Cosmik
Roger ne peut donc pas être l’homme de la situation : il est un anti-superman, un
anti-héros. Et on rit donc beaucoup à la vue et à la lecture des péripéties de ce pilier
de comptoir, dès qu’il ose s’aventurer hors du Bar de l’Espace ou hors de son vaisseau spatial (ici, sorte
de studio pour célibataire mâle). Car c’est bien malgré lui qu’il doit affronter les créatures débridées des
auteurs. Dans la galerie des personnages abscons mais attachants qui ont fait la renommée de Fluide Gla-
cial (les Bidochons, Carmen Cru, Sœur Marie-Thérèse …), Cosmik Roger rejoint ici et dans les trois tomes
suivant, la postérité des grands clowns de la Bande Dessinée. Pierre-Antoine, 49 ans.
Phenomenum
Kaminka, Védrines.- Glénat, 2002.- 48 p. :
illustrations en couleur ; 32 cm.- (Grafica) 3
tomes.
Phenomenum raconte comment un
homme se découvre tout à coup le
pouvoir d’arrêter le temps. Il va donc
essayer de savoir d’où lui vient ce
don et se demander ce qu’il va en
faire : le bien ou le mal ? Tout au
long de cette quête, il sera poursuivi,
ce qui rajoutera plus d’action et de suspens. Avec des dialogues formant des rimes, tous les ingrédients
sont réunis pour en faire une BD extra ! Marietta, 32 ans.
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Dans l’atelier de Fournier
(Joub, Nicoby – Dupuis 2013)
Injustement oublié de la plupart des Spiroulogues, Jean-Claude Fournier en a pourtant
des choses à dire et même à redire ! D’abord il fut le premier breton adoubé par Fran-
quin (excusez du peu !) pour entrer dans la prestigieuse maison de Marcinelle, et
sans savoir qu’il lui faudrait succéder à son ami au dessin et au destin de Spirou. Et
puis pour reprendre un tel personnage, une institution, il ne fallait pas non plus être
manchot, ni dénué d’imagination ! Car sans Marsupilami, l’animal préféré des lec-
teurs, difficile de garder les ressorts comiques de la série. Mais le breton est têtu,
opiniâtre et bosseur ! Il mettra du cidre dans les étoiles, et fera bouffer des haricots à
l’Ankou, l’album qu’on préfère en Bretagne mais qui vaudra à son auteur les pires ennuis avec son éditeur
belge ! Alors quand un breton se fâche, il redevient Bizu, et forme à Rennes des jeunes qui défileront dans
son atelier pendant de longues années ! Ainsi Gégé, Malo Louarn, Plessix, Blesteau, et bien d’autres profite-
ront de son expérience avant d’être publié dans Spirou.
Joub et Nicoby ont tenu à fêter à leur manière les 75 ans du journal et de son personnage éponyme. En ren-
dant hommage à l’un des créateurs du festival de Saint Malo (deuxième de France après Angoulême), ils ont
eu la bonne idée de se mettre en scène, pour raconter, non sans humour et avec de bonnes astuces gra-
phiques et narratives, Jean-Claude Fournier. Un grand auteur, mais aussi un homme sensible et généreux,
joueur de cornemuse, bon-vivant, flatté et surtout ému qu’une nouvelle génération s’intéresse à son cas. Jean
-Marc Paous, 61 ans.
L'Etranger
Jacques Ferrandez ; d'après l'oeuvre d'Albert Camus.- Gallimard, 2013.- 134 p. : illustrations en couleur ; 29 cm.- (Fétiche).
À l’occasion du centenaire de la naissance d’Albert Camus, Jacques Ferrandez, né à
Alger, continue de nous parler de l’Algérie. Les 10 volumes des Carnets d’Orient re-
traçaient l’histoire de l’Algérie coloniale, puis avec l’Hôte, Ferrandez adaptait déjà une
nouvelle de Camus. Le roman phare de l’auteur : L’Etranger, est ici restitué en BD
avec respect et justesse. A travers le héros Meursault, l’auteur nous transmet et rend
compte d’un malentendu : Criminel par hasard, Meursault commet l’irréparable avec
calme et réserve et assiste indifférent à son procès et à sa condamnation à mort. Le
personnage, insaisissable, demeure étranger à lui-même et au monde. Son visage,
son regard dessinés par Ferrandez portent et affichent ses questionnements existentiels. La mort n’a pas
plus de sens que la naissance. Une force éblouissante et radieuse émane du trait qui restitue l’ambiance de
l’époque et l’esprit des lieux. Cette BD est une relecture passionnante sans détourner le mystère du roman.
Un dessin solaire au service de la littérature. Dominique, 48 ans.
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Elinor Jones
Scénario Algésiras, dessins et couleurs Aurore.-
Soleil, 2010.- 48 p. : illustrations en couleur ; 32
cm.- (Blackberry).
Cette série lance ni vu ni connu un
sujet délicat : l’anorexie. À travers
l’histoire familiale d’une maison de
couture du 19ème
siècle, on aborde ce
thème à travers une jeune coutière
travailleuse. Je ne me suis pas rendue
compte avant le 3ème
volume du vrai sujet abordé. Je n’avais que des soupçons. Je le trouve très bien cons-
truit au niveau du graphisme et du scénario. En effet, il amène le thème de façon fluide et permet de s’ouvrir
et de comprendre l’air de rien, les raisons possibles de cette maladie. Laëtitia, 34 ans.
La Petite fille Bois Caïman
Bourgeon.- 12bis, 2009.- 84 p. : illustrations en couleur ; 32 cm ; 2 tomes.
Surprise : 2 tomes des passagers du vent 25 ans après !
Alors j’ai relu la série avant d’ouvrir ces 2 tomes. Souvenirs,
souvenirs : une de mes premières BD, souvenirs person-
nels, souvenirs d’émotion à la lecture. Isa, une femme libre
et rebelle qu’on avait laissée sur une plage à 18 ans avec la
vie devant elle, revient ! Mère, grand-mère et toujours aussi
rebelle. J’aime ces flashbacks, ce scénario très documenté,
on prend le temps de lire, de faire connaissance avec les
personnages, on avance à la vitesse d’une barque dans ces bayous dans lesquels on voudrait entrer. Les
dessins sont magnifiques, la communion avec la nature magique. Isa essaye de communiquer sa philoso-
phie de vie à Zabo, dans une histoire émouvante et parfois triste, mais qui va vers l’avenir. Marie-Pierre, 56 ans.
Troll de Troy : 1.Histoires trolles
Arleston, Mourier.- Soleil, 1997.- 48 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.
Waha, fille adoptive du troll Tétram et de sa femme Puitepé, décide d’aller à la
chasse avec son père. Malheureusement ils croisent en chemin des humains dotés
de pouvoirs voulant les tuer. Ils finissent par s’échapper mais les mages tuent la
moitié du village troll et enchantent les survivants hormis Waha et Tétram. Les trolls
enchantés obéissent aux humains tandis que Waha et Tétram partent à l’aventure
pour sauver le village à leurs risques et périls. Sulivan, 14 ans,.
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Plogoff
scénario Delphine Le Lay ; dessin Alexis Horellou ; préface de Nicole et Félix Le Garrec.- Delcourt, 2013.- 189
p. : illustrations en noir et blanc ; 23 cm.- (Encrages).
Plogoff, commune finistérienne est retenue pour l’implantation d’une centrale nu-
cléaire à la fin des années 70. L’incompréhension des habitants fait naître la conster-
nation, suivie d’une résistance massive et collective. Ce n’est qu’en 1981 que le pro-
jet est interrompu par François Mitterrand, élu président, suite à une promesse pro-
noncée durant sa campagne électorale. Un livre et un film-documentaire ont déjà rela-
té ces faits. Ce roman graphique raconte précisément ce combat difficile mais victo-
rieux de la population locale. Delphine Le Lay, native de Quimper signe le texte et
Alexis Horellou dessine en noir et blanc rappelant le dessin de presse. Le récit est précis, documenté et servi
par un trait simple multipliant les portraits, les gros plans sur les personnes en colère, luttant avec courage
et persévérance. La détermination du groupe est rendue par un style clair et dépouillé. Véritable témoignage
réaliste et vibrant d’un peuple désirant par-dessus tout préserver son territoire et défendre ses idées. Domi-
nique, 48 ans.
Rides / La tête en l’air
Paco Roca.- Delcourt, 2007.- 104 p. : illustrations en couleur ; 27 cm.- (Mirages).
La BD et le cinéma d’animation ne sont pas réservés aux plus jeunes. La preuve
avec La tête en l’air qui est un drôle d'objet destiné aux adultes. Paco Roca, auteur
de l'album et coscénariste du film éponyme, aborde le délicat sujet de la dégénéres-
cence sénile et de la maladie d’Alzheimer. Après avoir fait le constat que ce ne sont
pas des thèmes porteurs, c'est la BD qu'il a choisi comme support. Pendant six
mois, il a mené un vrai travail d'enquête - qu'il explique en fin d'album -, visitant de
nombreuses maisons de retraite, écoutant ses amis et connaissances lui raconter
leurs histoires, sans jamais juger le choix des familles. Les couleurs automnales,
douces et chaudes du dessin, servi par un trait assez épais, rendent l’histoire feutrée, mélancolique sans
jamais tomber dans la mièvrerie. L'auteur évite le mélodrame et d'autres sujets difficiles comme l'euthanasie,
et choisit de conclure sur une note optimiste.
A l’instar de Jacques Brel, Paco Roca offre un très bel hommage aux « vieux », qui se lit de bout en bout
avec un sourire aux lèvres et une boule dans le ventre, tant l'histoire, menée de main de maître, est racontée
avec justesse, intelligence et humour. Sorti en 2007 sous le titre « Rides » (Arrugas en espagnol), l'album a
été vendu à plus de 30.000 exemplaires en Espagne, traduit en 10 langues et récompensé par les prix les
plus prestigieux en Europe et au Japon. Dénonciation du jeunisme de la société moderne, la BD et le film ont
suscité de vifs débats sur les maisons de retraite en Espagne. Et les associations de familles de malades
d’Alzheimer s’en servent comme matériel pédagogique pour sensibiliser les jeunes générations à ce terrible
mal. Régine, 61 ans.
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Le Retour à la terre
Jean-Yves Ferri, Manu Larcenet.- Dargaud, 2002.- 48 p. : illustrations en couleur ; 30cm.- (Poisson pilote) 5 tomes.
Avant, les BD ce n’était pas sérieux, c’était pour les enfants et les hommes, c’était Tintin et Largo Winch. Le
Retour à la terre m’a permis de découvrir le 9ème
art. Un ton léger, beaucoup d’humour, une histoire qui
ressemble à la nôtre, des personnages attachants … Un trait tout fin, de la couleur qui pétille, deux bandes
à trois cases avec un titre, un gag : un humour subtil et intelligent. C’est l’histoire d’un dessinateur de BD
qui s’installe à la campagne avec sa femme et il découvre un autre monde. C’est la rencontre d’un citadin
avec les ruraux : Monsieur Henri et son eau de vie, la mémé Mortemont … Il y fait sa vie, réfléchit à sa vie
d’adulte qu’il construit (dans les arbres avec un ermite !) et fait un bébé. Une histoire en cinq tomes qui fait
sourire et réfléchir au sens de la vie … Et qui m’a donné l’envie de lire des BD ! Aurélie, 36 ans.
Sambre
Yslaire, Balac.- Glénat, 1986.- 47 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Caractère) ; 6 tomes.
Je suis tombée sous le charme de cette série en 2005 et je le suis encore aujourd’hui. Le dessin tout
d’abord, en noir et blanc avec des aplats rouges m’a profondément marquée. Il participe beaucoup à la
force et à l’émotion que dégage l’histoire. L’histoire justement, que dire … Une magnifique fresque roman-
tique et baroque ! Emma, 35 ans.
Sasmira
Vicomte.- Humanoïdes associés.- 54 p ; : illustrations en couleur ; 32 cm ; 2 tomes parus.
Voyage entre passé et présent, Sasmira est une série de très bonne qualité graphique, à
conseiller à tout amateur du 9ème
art ! Yannick.
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Il était une fois en France
Fabien Nury, Sylvain Vallée.- Glénat, 2007.- 56 p. : ill. en coul. ; 32 cm.
L’intrigue est très bien menée : la mise en avant des interrogations et des actions du
personnage principal, le rôle important de son assistante participent activement aux
aspects ambigus de son histoire. Le dessin des personnages est bien et très typé.
Le rendu des ambiances, que ce soit dans les habitations ou les lieux publics est
très bon. Bref ! C’est une excellente série dans laquelle on est projeté, que l’on vit au
quotidien au rythme des différents protagonistes, de leurs histoire, leurs sentiments,
leur vécu. André, 62 ans
Une semaine sur deux
Pacco.- Fluide glacial-Audie, 2012.- 159 p. : illustrations en couleur ; 25 cm.
Un jeune papa illustre sa vie et sa relation avec sa fille Maé ; ce qui nous donnera
souvent l’occasion de pleurer de rire. Les illustrations, assez simples mais loin d’être
rebutantes, mettent en avant les perles de sa fille ainsi que les défauts du père qui se
dépeint avec beaucoup d’humour et d’autocritique. Après Les chroniques d’une
mère indigne, enfin un point de vue masculin sur les joies de l’éducation. Marietta, 3 ans
Le train des orphelins
cénario Philippe Charlot,dessin Xavier Fourquemin ; Scarlett Smulkowski ; couleurs Scarlett Smulkowski.-
Bamboo, 2012-.- 48 p. : illustrations en noir et en couleur ; 32 cm.- (Grand angle).
Le milieu du 19ème
siècle voit l’arrivée massive d’enfants émigrés sur les côtes est des Etats
Unis. Orphelins, délaissés, ces enfants mendient et volent… Pour remédier à cette situation,
et cela pendant près de 70 ans, ils seront déportés vers l’ouest et placés dans des familles.
Certains furent adoptés, d’autres considérés comme « marchandise bon marché ». Leurs
survivants dépossédés de leur identité partent à la recherche de leurs origines. C’est l’histoire
de quatre d’entre eux que l’on va vivre dans les deux tomes du cycles 1, suivi bientôt d’un
cycle 2. Un bel exemple des liens de la BD avec l’histoire. A lire sans modération. Alain, 66 ans
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Croisade
Simoun Dja / Dufaux, Xavier.- Lombard, 2007.- 56 p. : ill. en coul. ; 32 cm.
Il y a cette croisade que nul livre d’Histoire n’a voulu inscrire dans ses colonnes. Il
parait que la main du diable y est trop présente. Mais n’est-ce pas le diable qui
règne en maître sur les croisades ? Se cachant derrière la croix, ou à ses pieds.
Alors c’est l’ombre du Qua’dj qui se livre, cette ombre maléfique qui sait ce qui se
cache derrière les apparences, l’image reflétée par le miroir. Les vents du Simoun
Dja effacent toute ambition et les sables du désert ne recrachent que des os. On ne
revient jamais intact d’une croisade. Ewan, 16 ans.
Là où vont nos pères
Shaun Tan.- Dargaud, 2007.- non paginé : ill. en noir et blanc et sépia ; 32 cm.- (Long courrier).
Avant même de l’avoir entre les mains, j’avais une véritable attente pour cet album
qu’un journaliste de France Inter avait présenté un matin avec tellement d’enthou-
siasme. Quand j’ai pu enfin le compulser, je n’ai pas été déçue. Il allait bien au-delà
de mon attente et depuis chaque fois que je l’ouvre, il est source de nouvelles dé-
couvertes. Mais, au fait, de quoi est-ce que ça parle ? C’est une histoire d’émigrant,
une histoire universelle entièrement racontée sans paroles, tout en couleur sépia,
comme les images du passé et pourtant tellement actuelle. Mais pourquoi en dire
plus ? Courrez vous y plonger et surtout, quand vous l’aurez ouvert, prenez le
temps, avec la lenteur qui sied, afin d’en percevoir toutes les infinies subtilités.
Dominique, 58 ans
Seuls
Gazotti, Vehlmann.- Marcinelle (Belgique) : Dupuis, 2006-.- 56 p. : ill. en coul. ; 30 x 22 cm.
J’ai beaucoup aimé cette série ; il y a de l’action et du suspens. Ce que j’ai surtout
aimé, c’est qu’il n’y a pas du tout d’adultes. J’ai beaucoup aimé le scénario ; les des-
sins sont biens et beaux. J’ai aussi eu peur pour le coup des zombies et de
« l’horrible enfant ». La série est originale, il y a beaucoup de choses : les quinze fa-
milles, Alexandre et Célène, l’immeuble noir, … Il y en a un que je n’ai pas lu comme
la bibliothèque départementale ne l’avait pas … Bref ! J’ai beaucoup aimé cette série.
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Virus Tropical
Powerpaola ; traduit de l'espagnol (Colombie) par Chloé Marquaire.- Agrume, 2013.- 1 vol. : illustrations en noir
et blanc ; 22 x 16 cm.- (Littérature graphique).
Après une opération de ligature des trompes, la mère de Paola et les médecins écar-
tent d'emblée une éventuelle grossesse pour expliquer ce ventre qui gonfle. Il doit
s'agir d'air, d'eau, de stress ou d'un symptôme du virus tropical qui sévit actuellement
en Equateur, pays où réside la famille. Paola naîtra quelques mois plus tard, pas vrai-
ment désirée donc, dans une famille un peu déjantée qui compte déjà deux filles. Le
père est prêtre et organise des messes clandestines le dimanche à son domicile, la
mère, femme au foyer quelque peu mystique occupe son temps libre à lire l'avenir
dans des dominos. À travers des chapitres consacrés à la famille, la religion, l'argent, l'amour ... Paola nous
raconte avec sensibilité et humour sa vie d'enfant, puis d'adolescente dans les années 70-80 en Equateur
et en Colombie. Sous la forme d'une chronique sociale autobiographique, cet album nous présente la quête
d'une enfant s'émancipant peu à peu de sa famille, pour trouver son identité et assouvir sa passion pour le
dessin. Nadine Tarlet
La Tectonique des plaques
Margaux Motin.- Delcourt, 2013.- non paginé : illustrations en couleur ; 25 cm.- (Tapas).
Suite des deux précédents albums (J’aurais adoré être ethnologue et La théorie de la
contorsion) Margaux Motin revient avec de nouvelles aventures. Après un divorce
douloureux, elle illustre son nouveau quotidien de maman célibataire : entre change-
ment radical de garde-robe, moments entre copines, petits plaisirs du quotidien et
épisodes d'introspection, elle dépeint avec humour et sensibilité une période difficile
de sa vie. Ce nouvel album de Margaux Motin, à l’humour toujours aussi outrageant
et décalé, se distingue par une certaine nostalgie. Le dessin souple, coloré et éner-
gique met délicieusement en scène la folie douce et piquante qui imprègne chaque
page de cette bande dessinée. Une tranche de vie à la fois drôle et émouvante, dont on ressort le sourire aux
lèvres. Morgane Gourgand
Meilleurs vœux de Mostar
Frano Petrusa ; traduit du croate par Vanda Miksic.- Dargaud, 2012.- 71 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Long courrier).
Frano est un jeune yougoslave dont les parents sont morts. Il est placé dans sa fa-
mille, en Bosnie, à Mostar plus précisément. C'est une jeunesse insouciante qu'il vit
avec son ami serbe et une jeune bosniaque. Ils passent leur journée dehors à jouer
au basket lorsque la guerre de religions éclate. Ils vont être très vite séparés. Plus
tard, Frano retourne sur les lieux alors qu'il est adulte. BD autobiographique, Meil-
leurs vœux de Mostar est un album sur l'amitié et l'absurdité de la guerre qui sé-
pare trois enfants de nationalité différente mais qui avaient pourtant tout pour s'en-
tendre et grandir ensemble. Philippe Goutheraud
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Rimbaud l’indésirable
scénario, dessin et couleurs Xavier Coste.- Casterman, 2013.- 119 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.
L’album commence en 1891, à l’hôpital de la Conception à Marseille. L’homme
allongé sur un lit d’hôpital, vieilli et fatigué, c’est Arthur Rimbaud, le poète. Il a 37
ans et s’apprête à être amputé d’une jambe, une maladie contractée en Afrique
l’infecte du genou au pied gauche. Comment ce jeune homme de Charleville, dont le
talent n’égale que son impertinence, est passé d’homme de lettres génial dès son
plus jeune âge, amant de Paul Verlaine (qui quittera sa femme pour cet adolescent
dont il s’éprend à corps perdu) à vendeur d’armes en Afrique ?
L’histoire réelle de Rimbaud, et surtout les dernières années de sa vie, est mé-
connue du grand public. Il n’a jamais connu le succès, ses poèmes ne lui ont jamais rapporté le moindre
sou. Bien loin du portrait lisse d’une jeune auteur romantique, l’auteur (scénariste et illustrateur) lui donne
une autre dimension : celui d’un homme arriviste, en mal de reconnaissance, violent et provocant. Un ou-
vrage fascinant pour une personnalité et un destin hors du commun. Dorothée Le Corre
Zigeuner.1
scénario Nathaniel Legendre, dessin Jordi Planellas, couleurs Florence Fantini.- 12 bis, 2012.- 47 p. : illus-
trations en couleur ; 32 cm.
Johann Trollmann, jeune Tzigane en Allemagne dans la fin des années 1920, aime
les bagarres de rue. Provocateur, il se confronte à la petite bourgeoisie locale. Rapi-
dement, pour mieux se défendre il décide de pratiquer la boxe seul, puis avec un
entraineur qui découvrira chez lui un talent exceptionnel. Très vite il devient la star
du ring gagnant tous ses combats, et aussi beaucoup d’argent. Ce faisant appeler
« Zigeuner » (le Tzigane), il voit son destin basculer en 1933 suite à un combat qui
le consacre champion national des mi-lourds. Mais le pouvoir nazi voit d’un mau-
vais œil ce tzigane sacré champion face à la supériorité de la race aryenne.
Le premier tome de cette série aborde cette biographie sur l’ascension rapide d’un adolescent devenu
champion national. Cette gloire l’emmènera vers un destin tragique. Bel hommage pour un boxeur peu con-
nu dont les archives ont été détruites. Le dessin de Jordi Planellas apporte à cette histoire la puissance de
cette destinée tragique qui prendra fin dans le tome 2. Rémy Doublet
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Un printemps à Tchernobyl
Emmanuel Lepage.- Futuropolis, 2012.- 163 p. : illustrations en noir et en couleur ; 34 cm.
Tout le monde connaît l'accident nucléaire qui toucha Tchernobyl le 26 avril 1986. Un
cercle de 30 km autour de la centrale devient inhabitable. Pourtant au fil des années
des personnes reviennent y vivre, n'ayant d'autres choix. Emmanuel Lepage qui nous
avait émerveillé avec sa précédente production Voyage aux îles de la désolation, re-
prend le même type d'ouvrage avec le même format. Pourtant le voyage à Tchernobyl
est antérieur à celui au pôle. Il s'y est rendu en avril 2008 soit 22 ans après la catas-
trophe. Il accompagnait alors l'association Dessin’acteurs. Le dessin est tout simple-
ment sublime alternant différentes techniques. Emmanuel Lepage réussit le tour de
force de nous faire aimer Tchernobyl par l'intermédiaire des nombreuses personnes qui vivent autour du
monstre, toutes très touchantes. Philippe Goutheraud
Les Petites gens
scénario Vincent Zabus, Dessin et couleurs :Thomas Campi.- Paris : Lombard, (d.l) 2012.- 72 p. : ill. en coul., couv. ; 31 cm.
Louis ne communique plus avec son père muré dans le chagrin depuis que sa mère
est morte. Lucie fabrique des maquettes et est licenciée à cause de son âge. Paul
cauchemarde la nuit et s’agace le jour du sourire perpétuel d’un collègue. Monsieur
Armand prête ses livres à ses voisins et est amoureux d’Irina, ancienne danseuse.
Leur point commun est d’habiter le même quartier. Six petites gens en quête de
bonheur. Et si la solution de leur problème n’était pas loin ? Sympathique scénario
à rebondissements et couleurs chaudes pour ces récits plein de tendresse. Beau-
coup d’humanité sous une apparente banalité. Béatrice Le Sann
La ronde
Birgit Weyhe ; Elisabeth Willenz, trad .- Cambourakis, 2012.- 186 p. : ill. en noir et blanc
Dix chapitres, dix personnages et entre eux, un seul lien, une médaille. Elle va traver-
ser les époques et les continents au gré des dons, des vols et des pertes … Cette
médaille est le témoin muet de destins tragiques ou douloureux : un jeune
homme partant au combat, un autre tué sur le champ de bataille, une jeune fille de-
venue orpheline … Birgit Weyhe aborde avec subtilité des thèmes sensibles comme
la perte d’un être cher, la violence de la guerre et la survie. Bande dessinée très ori-
ginale dans sa construction, avec un traitement graphique en noir et blanc qui laisse
passer beaucoup d’émotions. Carole Le Cruguel
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Les pieds bandés
Li Kunwu ; traduit du chinois par An Ning.- Bruxelles : Kana, 2013.- 127 p. : illustrations en noir et blanc ; 24 x 17 cm.- (Made in).
Chine, début du 20ème
siècle, la petite Chunxiu se fait bander les pieds à l’âge de 6 ans
par une amie de sa mère (coutume qui consiste à briser et à retourner les orteils des
petites filles pour les plaquer contre leurs plantes de pieds). Désormais, elle est desti-
née à faire un beau mariage et à grimper dans l’échelle sociale. Mais la révolution et
l’avènement du communisme en 1949 vont bouleverser sa vie et son avenir. Très beau
témoignage qui nous montre l’horreur de certaines coutumes pour le paraître et qui
ne fait qu’entraver les mouvements de la femme. Celle-ci n’a plus le choix que de rester
cloîtrée chez elle et d’être soumise corps et âme à son mari. Bouleversant. Carole Le Cruguel
Mon ami Dahmer
Derf Backderf ; traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Fanny Soubiran ; préface de Stéphane Bourgoin.- Carhaix-
Plouguer : Cà et là, 2013.- 222 p. : illustrations en noir et blanc ; 25 cm.
Jeffrey Dahmer est l'un des pires serial killers des Etats-Unis. Mais avant de commettre
son premier meurtre à l'âge de 18 ans, il est un collégien, ami de Derf Backderf, l'auteur
de ce témoignage. Un ami un peu bizarre qui collectionne les cadavres d'animaux, se
montrant complètement asocial et exclu du système scolaire mais sans qu'aucun adulte
ne réagisse. Il ne sera jamais repéré malgré son comportement. Seuls ses camarades
de classe voient bien que cet ami est hors normes. Ils créent même un club de fans,
mimant les singeries et la démarche de leur « ami ».
Derf Backderf revient donc sur ces années durant lesquels il a grandi avec cet ami un
peu bizarre et se pose la question de savoir pourquoi jamais personne n'a aidé cet ado très mal dans
sa peau. Un témoignage précis et très bien construit. Jeffrey Dahmer après seize meurtres finira assassiné
dans sa cellule en 1994. Philippe Goutheraud
Les pieds dans le béton
scénario Nicolas Wouters ; dessins Mikaël Ross.- Sarbacane, 2013.- 104 p. : illustrations en couleur ; 31 cm.
Martin et Thomas étaient deux amis d'enfance. Martin à toujours fasciné Thomas
qui était plus timide et réservé. Martin a toujours été en confrontation avec le monde
adulte et le système. Alors que la vie de petit-bourgeois de Thomas par à vau-l'eau, il
rencontre par hasard son ami d'enfance, Martin, devenu punk. Quels seront ses
choix ?... Ce qui fait la force de cet album c'est sans aucun doute le graphisme qui
arrive à retranscrire aussi bien les moments de violence de Martin et des concerts
punk mais aussi les moments de déprime de Thomas. Une histoire d'amitié très forte.
Philippe Goutheraud
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Colo : Bray Dunes 1999
scénario Dav Guedin ; dessin Dav
Guedin & Craoman.- Delcourt, 2012.
- 112 p. : illustrations en couleur ;
23 x 17 cm.- (Shampooing).
Animateur en centre de va-
cances, David décide de
s’occuper de handicaps
physiques et mentaux pen-
dant l’été 1999 dans une
ville balnéaire du Nord de la
France. Foncièrement optimiste, il va vite être re-
froidi, tant à la rencontre des autres animateurs
qu’à la confrontation avec de très lourds handi-
caps. Il tente de trouver ses marques dans cet
environnement hostile… L’auteur Dav Guedin
nous livre ici un récit autobiographique puissant,
parfois choquant mais sans complaisance, ni
apitoiement pour ces « fous ». Il donne à montrer
la réalité du handicap, parfois dans ses détails les
plus crus, mais sans tomber dans le pathos ni
oublier les coups qu’il a pu recevoir et rendre.
Pour le dessin, Guedin se charge des portraits-
caricatures en pleine-page de certains des pen-
sionnaires, dont Craoman s’inspire pour livrer un
graphisme BD sale et brut de décoffrage, jouant
des déformations physiques pour révéler le caractère des différents protagonistes. Une claque graphique qui
ne fait que renforcer le choc de la lecture de ce rude mais nécessaire témoignage. Erwann Tanguy
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Une histoire d’hommes
Zep.- Paris : Rue de Sèvres, 2013.- 1 vol. (64 p.) : illustrations en couleur ; 33 x 25 cm.
Zep, on le connait surtout comme étant le créateur de la série BD jeunesse
« Titeuf » ! C'est avec un récit sur l'amitié masculine qu'il s'offre son passage en BD
adulte chez l'éditeur Rue de Sèvre ... Et c'est plutôt une belle réussite !
Quatre anciens membres d'un groupe de rock de la fin des années 70, les « Tricky
Fingers », vont se retrouver lors d'un week-end dans un manoir anglais. Ils sont invi-
tés par Sandro, l'ancien leader du groupe qui a réussi à vivre de sa passion en solo et
a fait une très belle carrière. Ce week-end va être l'occasion pour eux de se retrouver,
de revivre des moments passés, de faire le point sur leurs vies respectives … Un
week-end en huis clos qui ne manquera pas de révélations chocs chez ces quarantenaires et se révèlera
comme un véritable moment d'introspection pour chacun des membres de l'aventure !
C'est un très bel album aussi bien graphiquement que scénaristiquement, avec un trait plus réaliste, des am-
biances mélancoliques, bref des tranches de vies comme on les aime … Béatrice Dizes
Fenêtres sur rue : matinées-soirées
Pascal Rabaté.- Toulon : Soleil, 2013.- 1 vol. (56 p.) : illustrations en couleur ; 28 x 21 cm.- (Noctambule).
Fenêtres sur rue est un objet surprenant. C’est le premier opus d’un nouveau projet
éditorial du label Nocturne : la collection Yin Yang, des livres accordéons qui s’articu-
lent autour d’une dualité graphique.
Fenêtres sur rue est une pièce sans paroles en 10 soirées et 10 matinées mise en
scène par Pascal Rabaté dans un décor unique : quatre façades, une quinzaine de
fenêtres, animé par une vingtaine de personnages et deux chiens.
L’histoire, LES histoires : la vie qui va, qui vient devant et derrières ces façades avec
son lot d’amitiés, d’amour, d’infidélités, de solitude, de rencontres improbables et
bien plus encore. C’est un hommage à Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcok dont l’éternelle silhouette apparaît
aussi dans le décor, mais aussi à une autre figure emblématique du cinéma, Jacques Tati qui déambule de
ci de là, la pipe au bec. Comment décrire toute la richesse de cet « album », tant les lectures sont multiples
et nécessitent de nombreux allers retours. D’ailleurs, j’y retourne, j’ai encore sûrement raté un détail !
Dominique Bourdois
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Terra Australis
scénario Laurent-Frédéric Bollée ; dessin Philippe Nicloux.- Glénat, 2013.- 512 p. : illustrations en noir et
blanc ; 32 cm.- (1.000 feuilles).
e récit de la naissance de l'Australie en bande-dessinée. De la décision de la part du
gouvernement anglais de se débarrasser de 1 500 prisonniers à l'arrivée sur l'île en
passant par le montage de l'expédition et par le très long voyage sur onze navires
durant neuf mois. Tout y est !
Un travail phénoménal mis en case sur pas loin de 512 pages ! Il fallait bien ça
pour que le récit soit le plus lisible possible et pas trop résumé hâtivement. Laurent-
Frédéric Bollée signe une des meilleures BD de l'année avec un travail de documen-
tation extraordinaire. Le dessin de Philippe Nicloux n'est pas en reste. On ne peut que rester sans voix de-
vant cette œuvre. Embarquement immédiat ! Philippe Goutheraud
Sang noir
1906, la catastrophe de Courrières : complété par quelques documents d'époque et d'un lexique / un récit de
Jean-Luc Loyer d'après les évènements du 10 mars 1906.- Futuropolis, 2013.- 127 p. : illustrations en noir et
blanc ; 28 cm.
En 1906, un des nombreux puits de charbon du Pas-de-Calais explose suite à un
coup de grisou, causant la mort de 1099 mineurs ; une des catastrophes mi-
nières les plus meurtrières. Jean-Luc Loyer revient sur ce fait en nous proposant
une immersion complète dans la vie des mineurs. On y suit plusieurs personnages,
ce qui permet de restituer le contexte économique de l'époque, les conditions de
travail des mineurs ainsi que celle des enfants qui descendaient dès quatorze ans.
Les survivant vécurent les jours qui suivirent le drame, dans la tristesse et la désola-
tion. Les exploitants sont pressés de redémarrer l'extraction alors que certains mineurs continuent de re-
monter des entrailles de la terre et que d’autres survivent encore dans le labyrinthe des galeries effondrées
20 jours après la catastrophe. Les gueules-noires avaient leur roman hommage et son adaptation cinéma
avec « Germinal », ils ont maintenant aussi leur hommage en bande-dessinée. Philippe Goutheraud
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Svoboda : carnet de guerre imaginaire d'un combattant de la Légion tchèque
Kris, Jean-Denis Pendanx.- Futuropolis , 2011.- 43 p. : illustrations en couleur, cartes ; 34 cm.
Jaroslav Chveïk, légionnaire austro-hongrois d’origine tchèque, poète, écrivain et
trublion, traverse la Russie à bord du train qui ramène son armée vers une autre ba-
taille : celle qui apportera l’indépendance à la Tchécoslovaquie. Mais arrivé à Tchélia-
binsk le 13 mai 1918, leur convoi est immobilisé par les troupes russes. Dans la
gare, Jaroslav retrouve son ami Josej Cerny, dit Pepa, jeune peintre idéaliste d’ori-
gine slovaque rencontré à Prague en 1914, enrôlé lui aussi dans l’armée russe dès
1915. En quête d’une mère patrie, les deux hommes vont devoir cohabiter avec
les Russes en attendant de pouvoir rentrer. Mais les tensions entre les deux peuples
vont peu à peu se détériorer, car les Tchèques sont seulement tolérés sur le territoire
des soviets…
Avec cette série prévue en 9 tomes, le scénariste Kris se lance dans une aventure
ambitieuse relatant un épisode peu traité en BD. Svoboda nous parle de la Tchéco-
slovaquie mais aussi de la naissance des sentiments d’appartenance à un pays en
formation, des tensions entre les peuples, autant d’émotions parfois nées de ran-
cœurs ancestrales difficiles à appréhender. Pour alléger le propos, Kris prend le parti
de retracer la grande Histoire à travers la petite : celle des destinées de quelques
individus vibrants et touchants. Le dessin de Pendanx renforce lui aussi la place faite
aux hommes en privilégiant les expressions et les corps pour ne traiter que de loin
les décors. Les planches lumineuses et le trait vivant de Pendanx sont en parfais accord avec le thème du
carnet de voyage et font de Svoboda une belle bande dessinée qui demande cependant un peu de temps
avant de dévoiler son ampleur. Nathalie Le Goff
Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II B
Jacques Tardi ; couleurs Rachel Tardi ; préface Dominique Grange.- Casterman, 2012.- 188 p. : illustrations
en noir et en couleur ; 32 cm.
Jacques Tardi a récupéré les carnets de son père. Avec, il va reconstituer l’histoire
de ce père engagé en 1939. Il sera fait prisonnier et envoyé en captivité en Poméra-
nie au nord de l’Allemagne. Il y vivra l’enfer au quotidien, tenaillé par la faim, soumis
à la brutalité, rongé par la solitude et l’ennui loin des siens. Il reviendra cinq ans plus
tard marqué et aigri à jamais par ce qu’il considérera comme un abandon de la part
de l’armée et de ses généraux pour ces combattants de la première heure.
Jacques Tardi, pour dialoguer avec son père s’introduit dans l’histoire sous les
traits d’un enfant en culotte courte instaurant un échange avec ce père qui ne
s’est jamais raconté. Un récit intense et bouleversant. Un album « familial » dans lequel les enfants de
l’auteur ont participé pour les recherches documentaires, iconographiques, et la mise en couleur.
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scénario Michaël Le Galli ; dessin et couleur Arnaud Bétend.- Delcourt, 2012.- 80 p. : illustrations en couleur ;
32 cm.- (Histoire & histoires).
Ce récit commence en 1939, en Tchéquie. Dans un village, deux enfants on disparu,
dont Roman le fils de Josef. Les soupçons se portent immédiatement sur la commu-
nauté Tzigane installée aux abords du village ; hors il se trouve qu’une dizaine de leurs
enfants ont eux même disparu. Marqué par l’intolérance des villageois, Josef part
avec les Rom sur la trace des enfants kidnappés en fait par les nazis. Bien que tou-
jours considéré comme un gadjo, il s’intègre peu à peu à la communauté dont il ap-
prend la langue et les techniques de travail. L’histoire se déroule sur plusieurs années
et nous permet de découvrir l’horreur du génocide perpétré par les nazis à l’encontre du peuple tzigane.
Parfaitement documenté sur ce pan encore méconnu de l’histoire, (le génocide tzigane n’a été reconnu
par le Parlement européen qu’en 2011) Michaël Le Galli produit dans cet album un beau travail de mémoire
complété par un dossier documentaire et soutenu par le dessin réaliste d’Arnaud Bétend. Par ailleurs, le
choix des tons sépia contribue à restituer l’atmosphère et la patine de l’époque. Dominique Bourdois
Les Folies Bergère
scénario Zidrou ; dessin Francis Porcel,.- Dargaud, 2012.- 96 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.
14-18 : au milieu des tranchées, les hommes de la 17ème
compagnie se sont promis
d’aller au cabaret des Folies Bergère quand tout sera terminé. En attendant, la guerre
est bien là, atroce et absurde, hachant menu les soldats, tant physiquement que psy-
chologiquement. Loin de leurs proches, certains sont en proie à d’effrayantes hallu-
cinations, avant que leurs âmes se perdent dans la folie. Dans cette boucherie à ciel
ouvert où la mort s’infiltre partout, arrivent pourtant des miracles : un soldat, con-
damné à être fusillé pour avoir mutilé le gradé qui lui a refusé une permission, survit
à deux pelotons d’exécution …
La guerre 14-18 n’a eu de cesse d’inspirer nombre d’auteurs de BD (Tardi, Comès, Kris & Maël, …). L’hy-
peractif et toujours surprenant Zidrou (L’élève Ducobu, Le Beau voyage, Lydie, …) sort ici des sentiers bat-
tus en ne se cantonnant pas à un récit réaliste à fleur de boue. Il introduit une dimension intimiste et
fantastique qui lui permet de surligner la gravité et l’absurdité de la situation de ces hommes broyés par la
Grande Guerre. Il est admirablement épaulé par le dessin crépusculaire de Porcel, tout en traits charbon-
neux, rehaussé de touches de couleur lors des rêveries surréalistes de ces hommes sacrifiés. Erwann Tanguy
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Espana la vida
scénario Maximilien Le Roy ; dessin Eddy Vaccaro ; couleurs Anne-Claire Thibaut-Jouvray.- Casterman, 2013.
- 119 p. : illustrations en couleur ; 29 cm.
1937, une partie de l’Espagne lutte pour la république, Picasso peint Guernica. A
Paris le jeune Léo issu de famille bourgeoise milite dans un petit groupe d’obédience
anarchiste. Il y fait la rencontre de l’écrivain militant Victor Serge qui l’encourage à
rejoindre la lutte armée en Espagne. Léo plaque sa famille et sa copine pour re-
joindre Saragosse où se trouve une brigade internationale composée de combattants
venus de tous pays. Après multiples péripéties, il arrive enfin et se trouve confronté
aux combats, aux difficultés du quotidien face à l’armée de Franco.
Maximilien Le Roy auteur engagé nous donne à voir la lecture d’un conflit dont les secousses se sont fait
ressentir jusqu’en France. Le dessin Eddy Vaccaro avec un crayonné soigné rehaussé par les belles cou-
leurs d’Anne-Claire Jouvray rend la lecture de cette BD émouvante, et aussi permet de garder en mémoire
l’histoire d’une période sombre de l’Espagne. Rémy Doublet
L’Ecureuil du Vel d’Hiv
un récit de Christian Lax.- Futuropolis, 2012.- 67 p. : illustrations en couleur ; 31 cm.
Un petit tour et puis s'en va, Lax nous offre, en clôture de sa trilogie consacrée à la
petite reine, un one shot très réussi sur une période très trouble de notre histoire.
L'écureuil du Vel d'Hiv nous raconte l'histoire d'une famille parisienne ordinaire
sous l'occupation allemande. On y suit le quotidien de chacun de ses membres :
Le père le docteur Anselin homme narcissique et joueur invétéré pris dans les
cercles de jeux des nazis, la mère qui aide comme elle peut les enfants des familles
juives et leurs deux fils Sam et Eddie qui chacun à leur manière essayent de préser-
ver l'honneur de la France ! Sam, champion cycliste sur piste, ne cesse de briller par
ses victoires sur le bois du vélodrome du Vel d'Hiv et se fait surnommer « l'écureuil » pour son agilité. Pour
son frère Eddie pas de gloire sportive, infirme de naissance il occupe un tout autre terrain : celui de la résis-
tance à l'occupant et devient le journaliste signataire de nombreux brulots antinazis : « L'écureuil » ...
Au cœur de ces différents destins liés il y a un lieu : le vélodrome du Vel d'hiv, temple du sport parisien qui
devient un véritable objet de convoitise pour l'occupant et qui basculera du côté de l'horreur un matin de
juillet 42 … Le style classique de Lax colle parfaitement au propos, le dessin et les couleurs rendent tout en
finesse cette époque pas si lointaine. Béatrice Dizes
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Kongo : le ténébreux voyage de Jozef Teodor Konrad Korzeniowski
un récit de Christian Perrissin ; dessin de Tom Tirabosco ; d'après Joseph Conrad.- Futuropolis, 2013.- 167
p. : illustrations en noir et blanc ; 28 cm.
En 1890, un jeune capitaine de la marine, Josef Konrad Korzeniowski, polonais na-
turalisé britannique, est embauché par une compagnie belge pour prendre le com-
mandement d’un bateau à vapeur et remonter le fleuve jusqu’au Haut-Congo, région
peu connue du monde civilisé. Au nom du Roi des Belges, cette traversée a pour but
le développement du territoire et l’émancipation des populations … Mais la réalité
est toute autre, il s’agit de pourvoir aux intérêts commerciaux de la compagnie via
le trafic d’ivoire et la découverte des richesses du pays. Celui qui n’est pas encore
l’un des écrivains majeurs du 20ème
siècle va vite s’en rendre compte.
Au cœur des ténèbres, la nouvelle la plus célèbre de Joseph Conrad, retrace, en gommant toute référence à
des lieux géographiques ou à des personnages réels, afin de donner à son récit une portée universelle,
cette aventure au Congo. Et c’est sur ce qui s’est réellement passé durant ce voyage qu’est axée la biogra-
phie de cet illustre auteur. Le dessin, d’encre et de pastel, représente parfaitement une ambiance moite,
étouffante et claustrophobique, voulue par Conrad. Dorothée Le Corre
Les Cosaques d’Hitler : 1.Macha
scénario Valérie Lemaire ; dessin Olivier Neuray ; couleur Ruby.- Casterman, 2013.- 48 p. : illustrations en couleur ; 33 cm.
Ce dyptique nous révèle un drame méconnu de la seconde guerre mondiale. Une
grande partie des cosaques, qu'on appellera les cosaques de Pannwitz, préférera
rejoindre les forces de Hitler afin de se venger des persécutions communistes, en
espérant retrouver après le conflit leur liberté.
L’histoire débute en Mai 1945, alors que la seconde guerre mondiale touche à sa
fin, deux jeunes officiers de l’armée britannique sont affectés dans un camp de pri-
sonniers situé à Lienz en Autriche. Ils sont étonnés d’y découvrir des prisonniers
cosaques, opposants de Staline. Parallèlement on suit sans déplaisir, l’histoire sen-
timentale entre Nicolas, un des officier anglais et Macha, petite fille d’un général
cosaque. Malheureusement pour des raisons politiques l’armée anglaise décide de rapatrier les cosaques
en URSS où un sort peu enviable les attend sûrement.
Valérie Lemaire décrit très bien l’absurdité de cet épisode de la seconde guerre mondiale sur fond d’histoire
d’amour. Le dessin d’Olivier Neuray donne sa cohérence à l’ensemble, ces personnages sont attachants et
les reconstitutions de décors assez intéressantes. Une belle réalisation de la part des auteurs. Viviane Coulon
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La Guerre des Lulus
scénario Régis Hautière ; dessin Hardoc ; couleurs David François, Hardoc.- Casterman, 2013.- 56 p. : illus-
trations en couleur ; 32 cm.
1914. Orphelins, Lucas, Lucien, Luigi et Ludwig forment le clan des Lulus. En-
semble, ils font les quatre cent coups et leur pensionnat devient leur terrain de jeu
préféré. Mais le jour où les Allemands envahissent leur petite ville de Picardie, les
Lulus manquent à l’appel et n’évacuent pas avec le reste de l’orphelinat. Livrés à
eux-mêmes derrière la ligne de front, les Lulus vont devoir apprendre à se dé-
brouiller, notamment pour trouver de la nourriture, et surtout sans se faire repérer
par les soldats allemands. Au fil de leurs péripéties, les Lulus vont prendre sous leur
aile une petite fille, une Lulu elle aussi, qui a perdu la trace de ses parents lors de l’évacuation…
Avec La Guerre des Lulus, Hautière et Hardoc nous offrent une bande dessinée « qui fait du bien ». On se
laisse facilement entrainer dans les aventures de ces jeunes rebelles dont les disputes se transforment vite
en débats passionnés, mais surtout absurdes sur la guerre ou la religion. Le dessin plutôt classique de
Hardoc accompagne parfaitement les dialogues pimentés de Hautière. Le tout donne un album à l’humour
décalé qui laisse le lecteur impatient de lire la suite ! Emeline Vigneux
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Les indégivrables.5
Xavier Gorce.- Inzemoon, 2013.- 190 p. : illustrations en couleur ; 24 cm.- (Les indégivrables) (Seize).
Attention : ce livre n'est pas un manuel de maths (voir sa couverture pas très at-
trayante !) Gorce, dessinateur de presse depuis les années 1986, a trouvé sa place
sur le site « lemonde.fr » depuis 2002. Ses premiers pingouins apparaissent en
2004. Depuis ils ont fait du chemin et nous en sommes déjà au cinquième tome.
« Les indégivrables » est une série de dessins de presse humoristique animalière qui
suit l'actualité pour nous montrer l'absurdité du monde dans lequel nous vivons.
Monde de la finance, décisions politique qui touchent notre vie, tout y passe. Petites
scénettes de quatre à cinq dessins, Gorce fait mouche à chaque fois. On se prend
vite à son humour plein de réflexion. On en redemande ! Philippe Goutheraud
Impostures
Romain Dutreix.- Fluide glacial-Audie, 2013.- 52 p. : illustrations en couleur ; 29 cm.
Dans cet album délirant, Romain Dutreix s'adonne pour notre plus grand plaisir à
détourner les classiques de la bande dessinée franco-belge en parodiant et malme-
nant les personnages les plus emblématiques.
Sous le crayon de Dutreix, Boule et Bill ont grandi et sont devenus Leubou et Leu-
bill, deux cailleras de cité. Les Schtroumpfs passent au noir et blanc et s’interro-
gent, tel un film d'art et essai, sur la difficulté de communiquer au sein du couple.
Spirou et Fantasio, dont le dessinateur est en vacances se trouvent relooké en ani-
maux, en Rambo, en personnages de mangas … Par différents illustrateurs au gré
de lignes éditoriales fluctuantes. Titeuf parcourt les continents et nous délivre des messages à l'humour
très noir sur l'Inde, l'Afrique, la Corée ou les USA. Quant à Lucky Luke, on le retrouve interné en hôpital psy-
chiatrique, suite à un complot des Dalton. Le ton est irrévérencieux à souhait, mais jamais insultant ni
pour les héros de BD, ni pour leurs auteurs. C'est drôle, subversif, très inventif … et jubilatoire !!! Nadine Tarlet
Mélo Pop
Lucie Durbiano.- Gallimard, 2013.- 108 p. : illustrations en couleur ; 25 cm.- (Bayou).
The Funny Pills est un groupe de rock en manque de succès. Dave, leur manager
leur trouve un plan d’enfer : embarquer à bord d’un bateau de croisière, Le Cindy
Boat et en assurer la programmation musicale tout au long du voyage !
Parodie de la croisière s’amuse, les personnages de Melo Pop ont tous un p’tit
grain de folie sympathique et irrésistible ! D’histoires de cœur en règlements de
compte, cet album nous permet de passer un léger et agréable moment de divertis-
sement. Helène Laurent
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L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu
1.Chili Con Carnage, 2.Sur la piste de Madison
scénario Wilfrid Lupano, illustrations Paul Salomone ; Lorenzo Pieri ; mise en couleurs Lorenzo Pieri.- Del-
court, 2011.- 48 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Conquistador).
Arizona, début du XXème
siècle. Byron Peck, avocat d’affaire britannique, sillonne les
vastes paysages du grand canyon américain à la recherche de sa douce épouse qui
l’a laissé pour mort dans une fosse après lui avoir fait ses plus tendres adieux. Asso-
cié à Monsieur Hoggart, lui aussi dindon de la farce orchestrée par l’appétissante
mais néanmoins dangereuse Margot de Garine, ils tentent d’arracher à la demoiselle
en plus d’une vengeance, un mystérieux papier susceptible de changer le cours de
l’histoire.
Vengeance, dentelles et Smith et Wesson : voici une charmante bande dessinée,
de celles qui vous laissent un bon souvenir et le sourire aux lèvres. Une fois de plus,
Lupano nous a ficelé un scénario aux petits oignons agrémenté de personnages haut
en couleurs : dandy naïf (plus pour très longtemps), brute épaisse transformée en
major-d’homme et demoiselle piquante à souhait. On ne saurait en laisser tant le tout
est savoureux, décalé et jubilatoire. N’oublions pas non plus les dessins de Salo-
mone qui, bien que classiques, donnent aux personnages (s’il était besoin) des ex-
pressions des plus comiques. Ajouté à cela une belle lumière, de magnifiques pay-
sages et vous obtenez une belle et grande aventure. Nathalie Le Goff
Texas cowboys : the best wild west stories published
Bonhomme, Trondheim.- Dupuis, 2012.- non paginé : illustrations en couleur ; 25 cm.
USA. Harvey Drinkwater, journaliste de son état, est envoyé sur le terrain pour réali-
ser un article à sensation sur les mœurs et coutumes de Fortwort, un petit territoire
pittoresque « grand comme le cul d’une mouche où se rassemble le pire de la ra-
caille de tout l’ouest ». A peine descendu du train il rencontre « Yvi », un ex bra-
queur qui pour quelques dollars par jour accepte de lui servir de guide
« touristique ». Rapidement Drinkwater se prend au jeu de l’aventure.
Malfrats charismatiques et poupée venimeuse, tout le panthéon du Farwest est
réuni dans cet ouvrage qui sent la poudre, la sueur et la poussière du grand ouest.
Trondheim détourne les standards du genre et propose des personnages en demies teintes aux facettes
multiples et inattendues. Bref, on y est et on s’y sent bien. Le tout est servi sur un plateau par le très beau
travail de Matthieu Bonhomme dont le trait simple, vivant et dynamique est rehaussé par une palette de
couleurs chaudes imitant les effets d’ombrage de la quadrichromie. Une très belle réussite dans un style
comics « old school » très savoureux. Nathalie Le Goff
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Les voleurs de Carthage : 1.Le serment du Tophet
scénario Appollo ; dessins Tanquerelle ; couleurs Isabelle Merlet.- Dargaud, 2013.- 56 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.
Horodamus le Gaulois et Berkan le Numide sont deux mercenaires pas très futés. Ils
assistent à une attaque de convoi et capturent, par le plus grand des hasards, une
jeune femme. Elle fait parti d'une des plus grande guilde de voleurs. Elle leur propose
de s'associer avec elle et de partir réaliser le casse du siècle. Malgré un côté assez
cruel, cette bd est pleine d'humour. Appolo réussit encore une fois à nous emporter
dans une aventure pleine de promesses. Hervé Tanquerelle, quant à lui, nous pro-
pose une palette très chaude qui correspond parfaitement au climat de Carthage en
Tunisie. Moitié récit historique, moitié récit humoristique, nul doute que le duo
va en surprendre plus d'un avec cette nouvelle série bien prometteuse. Philippe Goutheraud
Le Temps est proche
Christopher Hittinger.– The Hoochie Coochie, 2012.-160p. : illustrations en noir et blanc ; 21cm.
Nous sommes au 14ème
siècle. L’histoire défile, petite et grande, en 100 saynètes
chronologiques. L’auteur s’appuyant sur des données historiques sérieuses décrit
avec humour et ironie : guerres, maladies, famines, vie culturelle et artistique (Dante,
Giotto, Marco Polo…). Le dessin est très noir et l’illustration présente une grande
diversité, tant dans la mise en scène des cases que dans leur alternance for-
melle. C’est ainsi que cohabitent et se succèdent dans un large exercice de style
des strips de 3 cases, des gravures qu’on dirait extraites de manuscrits de moines
copistes, des planches de bande dessinée traditionnelle, des vignettes uniques, des
caricatures proches du dessin de presse … La palette est large pour illustrer cette sombre période de l’His-
toire, notamment dans la galerie de personnages qui enrichit le récit lui donnant relief et authenticité. Ainsi
s’écoule ce siècle violent et riche qui marque la fin du Moyen Age et le début de la Renaissance. Marie-Hélène
Pini
Saveur Coco
Scénario, dessin, couleur Dillies.-Dargaud, 2013.– p. : illustrations en couleur ; 32 cm.
Avec un titre qui nous met directement l’eau à la bouche, Dillies propose un nouvel
album en solo et qui (comme à son habitude) fait l’unanimité ! L’aventure se dé-
roule en plein désert où se sont perdus deux amis : Pôlka et Jiri. Au bord de la dés-
hydratation, ils cherchent en vain un moyen de se rafraîchir. Leur errance sera par-
semée d’écueils qu’il leur faudra surmonter pour ne pas perdre espoir ... Mais nos
deux amis téméraires sont pleins d’enthousiasme et d’esprit.
C’est un album tout en finesse autant dans le dessin que dans le propos. Philoso-
phie, poésie et humour se côtoient tout au long des pages. Les illustrations faus-
sement naïves, riches en couleurs et en motifs, nous offrent des doubles planches superbes, avec une
mise en pages remarquable ! Une BD magnifique pour tout public ! Hélène Laurent
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Le Journal de Frankie Pratt
Caroline Preston ; trad. l'américain Katel Le Fur.- NIL, 2012.- 240 p. ; 23 x 16 cm.
Ce roman graphique au style rétro nous plonge dans l’Amérique des années 20. On y
retrouve Frankie Pratt, jeune fille modèle et élève studieuse. Naïve et pleine de rêves,
Frankie espère devenir un jour un grand écrivain. On la suit au fil des années grâce à
son journal intime illustré de divers objets de son quotidien, tels des tickets de métro
et de théâtre, photos, affiches, lettres …
Caroline Preston nous livre un album d’une originalité rare. Son travail sur le gra-
phisme est très recherché et donne un résultat épatant. L’histoire n’est pas en reste ;
on suit avec plaisir les aventures de cette jeune fille des années 20, dont les doutes et
les espoirs se retrouvent chez les jeunes filles d’aujourd’hui. Un roman graphique contemporain avec une
(généreuse) touche vintage ! Emeline Vigneux
Tout sera oublié
Mathias Enard ; illustrations Pierre Marquès.- Actes Sud, 2013.- 144 p. : illustrations en couleur ; 26 cm.- (Actes Sud BD).
Eté 1992, Croates, Serbes, Bosniaques se lancent dans la guerre, le génocide, et la des-
truction. Il n’y aura aucun vainqueur. 20 ans plus tard, une commande est faite à l’artiste
peintre Pierre Marquès de dessiner un monument, quelque chose qui ne soit pas parti-
san, mais qui prenne en compte la souffrance de tous les camps. Il part donc sur les
lieux et les traces indélébiles de la guerre, accompagné par une responsable d’une ONG
en poste. Au fur et à mesure, il découvre, dessine et transforme les lieux et les visages
qui sont la mémoire de ce conflit douloureux, en utilisant différentes techniques, photos
retravaillées au fusain, à la gouache et à l’aquarelle. Mathias Enard par son texte émou-
vant, poétique, et aussi dramatique nous émeut. La symbiose est parfaite avec le des-
sin pour nous transmettre la douleur qui suinte encore dans tous ces lieux et ces visages marqués à ja-
mais. Rémy Doublet
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Au vent mauvais
un récit de Rascal ; dessin de Thierry Murat.- Futuropolis, 2013.- 109 p. : illustrations en couleur ; 27 cm.
Après quelques années passées en prison, Abel veut retrouver son magot planqué
et recommencer sereinement sa vie. Mais la ville a changé, les lignes ont bougé et
ce magot se retrouve bien à l'abri, inaccessible sous un centre d'Art contemporain
flambant neuf ! Las, il déambule dans ce centre d'Art contemporain, s'arrête devant
une œuvre tout en songeant à son avenir et se retrouve tiré de sa torpeur par la son-
nerie d'un portable visiblement égaré. Au bout du fil une voix de femme et
l'aventure qui commence...
Sous le format roman graphique ce road-movie nous emporte dès les premières
pages. Le style narratif, son accompagnement graphique, une police de caractère très sobre (style vieille
machine à écrire), tout y est pour qu'on s'y sente bien. C'est réussi on embarque immédiatement !
Béatrice Dizes
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BD présentée sous forme d'un BD-Concert aux Arc de Quéven le 12 avril 2014 à 20h30
pour les 10 ans de la médiathèque de Quéven. Ce spectacle est le fruit d'une collaboration
entre Thierry Murat et Denis Barthe, batteur-compositeur de Noir Désir. « La simple idée de donner
une vie musicale à cette aventure nous transporte déjà vers un ailleurs. » dixit Denis Barthe. Un
ailleurs où pendant 60 mn, les cases de la bande dessinée défilent sur le grand écran de cinéma
pendant que les musiciens jouent en direct au rythme de ce road-movie émouvant et désabusé. Le
spectateur devient lecteur, emporté par des émotions visuelles, musicales et littéraires ! Vite à la
billeterie !
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Dessous
Leela Corman ; traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean-Paul Jennequin.- Cà et là, 2012.- 203 p. : illustra-
tions en noir et blanc ; 23cm.
C'est l'histoire d'une famille de migrants russes les « Feinberg » dans le New York
du début du 20ème
siècle. On y suit deux sœurs Esther et et Fanya qui vont essayer
de tout faire pour s'extirper de leur condition sociale et familiale en excluant toutes
possibilités de reprendre le magasin de confection de leur mère dans le quartier
populaire et crasseux de Lower East Side. Les destins de ces deux sœurs vont se
séparer à l'entrée de l'âge adulte. Fanya optera pour une vie assez austère et dé-
pouillée en devenant l'assistante d'une avorteuse et se politisera au contact de
cette féministe des plus extrémistes. Esther choisira une vie beaucoup plus frivole, elle deviendra danseuse
dans un cabaret burlesque et tombera dans la prostitution.
Ces deux sœurs battantes et orgueilleuses s'accompliront chacune dans leur vie respective ! On se
laisse emporter par cet album et malgré la rudesse du propos et l'âpreté du dessin il en ressort une certaine
poésie, on est à la fois touché et fasciné par ces parcours de vie ...Dessous est le premier roman gra-
phique de Leela Corman, jeune auteur américaine et c'est vraiment très prometteur, affaire à suivre …
Béatrice Dizes
Les filles de Montparnasse :
1.Un Grand Ecrivain, 2.Le Nom du
Père, 3.Les jupes noires
Nadja.- l'Olivier : Cornélius, 2012.- non paginé :
illustrations en couleur ; 24 cm.
Nous sommes dans les années 1870 à
Paris dans le quartier Montparnasse.
Nous suivons quatre jeunes filles qui
sont installées ensemble. Elles rêvent
toutes de percer dans le monde artis-
tique. Elise est la chanteuse du groupe, Garance la peintre, Amélie l'écrivaine tandis que Rose-Aymée est
modèle pour les nombreux peintres qui transitent sous leurs fenêtres. Chacune a son caractère mais elles
se serrent les coudes pour avancer.
On connait Nadja pour ses albums jeunesse. Elle a déjà fait une incursion dans la bande dessinée avec sa
trilogie La forêt de l'oubli. Elle utilise toujours la même technique, celle de la peinture. Chaque planche étant
découpée en deux cases, véritables petits tableaux. La Série Les filles de Montparnasse prévue en 4 vo-
lumes commence de manière magistrale. Laissez-vous emporter par un style complétement différent
des autres. Philippe Goutheraud
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Le beau voyage
Springer & Zidrou.- Dargaud, 2013.- 54 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Long courrier).
L’album démarre sur les chapeaux de roues : Léa est présentatrice en bikini de clips
à la télé, elle est provocante dans la vie de tous les jours. La mort de son père nous
dévoile son vrai visage, ses vraies émotions, ses souffrances. Au fil de l’histoire
entrecoupée de flashback sur ses souvenirs d’enfance, on rentre dans l’histoire
familiale et ses secrets. Zidrou et le dessin très fin de Springer abordent le sujet
du décès d’un enfant et le fait que les parents en fasse un autre tout de suite pour le
remplacer. Cet album confirme le talent de scénariste de Zidrou, sa justesse dans
les émotions, dans la psychologie des personnages. On ferme la BD tout doucement
avec une boule dans la gorge : c’est touchant, sensible, poignant. Aurélie Le Pen
K.O à Tel-Aviv
textes et dessins Asaf Hanuka ; traduit de l'anglais par Fanny Soubiran.- Steinkis éditions, 2012.- 1 vol. (98
p.) : illustrations en couleur ; 33 x 24 cm.
Cet album est composé de planches qui ont d’abord été publiées dans un mensuel
israélien, puis sur le blog de l’auteur (une planche par semaine). Il y a donc un
rythme dans la création. D’ailleurs, rythmé est bien le mot qui caractérise cet album,
le dessin explose, il y a beaucoup de rouge, de jaune, de bleu … Cà va un peu
dans tous les sens, on est un peu sonné, K.O comme le titre. Il reprend dans ses
dessins les codes des super-héros des comics comme « Les 4 fantastiques », il y a
du sang et du feu. Mais ce n’est pas seulement un roman graphique, l’auteur nous
livre son quotidien d’israélien, on le voit comme père, comme époux, comme auteur de bd fan de super-
héros et comme homme vivant à Tel-Aviv. Un album original, déroutant, drôle mais aussi cynique et poé-
tique. K.O. Aurélie Le Pen
Crève Saucisse
Pascal Rabaté, Simon Hureau - Futuropolis, 2013. - 79 p. : Illustrations en couleurs; 30cm
Crève Saucisse ou la vengeance d’un charcutier cocufié ! Une histoire somme
toute banale, Didier, paisible charcutier et bédéphile passionné a tout pour être heu-
reux jusqu’au jour où il découvre la relation adultère de sa femme avec son ami d’en-
fance. Du défouloir dans la chambre froide au plan machiavélique, ce boucher fan de
BD va élaborer, à partir d’un album issu de ses propres collections, une vengeance
minutieuse et implacable. L’addition, salée, offre un album au vaudeville truculent et
à l’humour vache. Pascal Rabaté renoue avec sa veine acide et nous entraîne dans
une comédie noire, grinçante et jubilatoire. Simon Hureau s’associe à lui pour re-
transcrire ce portrait social, avec son dessin aux détails réalistes qui sert bien le pro-
pos. Détresse, duplicité de l’amant, rage … Les émotions et les réactions des protagonistes sont finement
rendues et rendraient presque ce pauvre boucher sympathique. Un album croustillant à lire ! Fanny Poussier
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Canicule
Baru d'après le roman de Jean Vautrin.- Casterman, 2013.- 109 p. : illustrations en couleur ; 29 cm.- (Rivages)
Ou comment adapter de manière magistrale un roman noir de Jean Vautrin !
C'est l'été il fait chaud, très chaud ... Un gangster essaye de planquer son magot au
milieu d'un champs dans la Beauce, avec la police à ses trousses. On sent la pres-
sion qui monte, l'hélicoptère de la gendarmerie n'est pas loin ! Il coure se planquer
dans une ferme au milieu de nulle part, une ferme habitée par une communauté très
limitée : une nympho en chaleur, un beau père libidineux et ultra violent, un gamin
qui observe tout, bref une vraie galerie de losers, des ploucs aux trognes impro-
bables ! Evidemment tout ça se terminera très mal et bien sûr dans un bain de sang
… Baru n'a pas son pareil pour mettre en scène ces petites frappes, ces gangsters ridicules ; son trait est
vif et tranchant. Après Pauvres Z'héros de Pierre Pelot, Baru nous offre une fois de plus une adaptation litté-
raire très réussie. Béatrice Dizes
Un léger bruit dans le moteur
scénario de Gaet's, dessins de Jonathan Munoz ; d'après le roman de Jean Luc Luciani.- Physalis, 2012.- 112
p. : illustrations en couleur ; 32 cm.
Adaptation d’un roman de Jean-Luc Luciani, Un léger bruit dans le moteur relate la
vie d'un jeune garçon vivant dans un village coupé de tout, entouré par des habitants
plus glauques les uns que les autres. N'ayant aucune accointance avec eux, il entre-
prend de les supprimer un à un en commençant par son demi-frère. Seule une jeune
fille de son âge trouve grâce.
Ames sensibles s'abstenir ! Il n'y a, dans ces cases en bichromie, aucune conces-
sion, aucun état d'âme. Pour autant on prendrait presque en pitié le jeune tueur telle-
ment les personnages sont tous répugnants. Malgré le paroxysme de la cruauté que
l'on croise dans cette histoire, on se prête (presque) à sourire de tant de haine. Philippe Goutheraud
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Le Train des Orphelins :
1. Jim, 2.Harvey, 3.Lisa
scénario Philippe Charlot, dessin Xavier Fourque-
min ; couleurs Scarlett Smulkowski.- Bamboo,
2012.- 48 p. : illustrations en noir et en couleur ; 32
cm.- (Grand angle).
Le Train des orphelins évoque un
épisode méconnu de l’histoire des
Etats-Unis : le déplacement d’en-
fants des rues new yorkaises vers
les campagnes du Middle West fin
du 19ème
siècle, début 20ème
: « Les Orphan Train Rider ». L’Histoire débute en 1990 à New York où Har-
vey est venu rendre visite à Jim. Ils se sont rencontrés 70 ans plus tôt à bord d’un de ces fameux trains
dans lequel Jim et son frère Joey s’étaient retrouvés après avoir été abandonnés par leur père. Avec une
dizaine d’autres gosses, ils partent vers l’ouest et seront dispersés dans des familles au fil des étapes du
train. Fratries disloquées la plupart du temps, ces enfants devenus adultes auront beaucoup de mal par la
suite à retrouver leurs racines.
Le premier dyptique s’attache principalement à l’histoire de Jim et Harvey et le second à celle de Lisa et
Joey qui avaient quitté le train à la fin du tome 1. Philippe Charlot fait preuve dans cette nouvelle série d’un
talent narratif aguerri pour un récit tout empreint de sensibilité rehaussé par le dessin semi réaliste et les
couleurs lumineuses de Xavier Fourquemin. Dominique Bourdois (Pour en savoir plus sur les Orphan Train Rider, vous pouvez consulter
le dossier de 8 pages qui complète le 1er tome, ainsi que le site suivant : http://www.cuckoografik.org/trained_tales/includes/OrphanTrain_Synopsis_FR.pdf )
Fragments histoires vécues par des héros ordinaires
Stefano Casini ; traduction Michel Jans.- Mosquito, 2013.- 114 p. : illustrations en noir et en couleur ; 31 x 23 cm.
Fragments, ou une véritable petite madeleine de Proust italienne. Fragments, ce sont
les souvenirs d’enfance de Stefano Casini, dans le petit village de Querciolo. Nous
sommes en Italie, dans les années soixante, en pleine époque industrielle. En famille,
on évoque des souvenirs, la guerre…
À travers le prisme de ses yeux d’enfant, Stefano Casini nous livre son vécu, retrace
son histoire familiale et dresse le portrait de tout un village marqué par les années
de guerre. « Tous les noms des personnages, tous les faits rapportés sont réels
même s'ils ont été tamisés par le filtre de la mémoire » nous déclare-t-on au début
de l’album ; et en effet, c’est avec une nostalgie chargée d’émotions que l’auteur dépeint ses souvenirs,
entre différentes époques. La force du trait, le travail sur la lumière et la couleur, d’où se dégage une véri-
table douceur, font de cet album un véritable voyage dans une histoire intime, sous le soleil d’Italie.
Morgane Gougand
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Papeete 1914 : 1.Rouge Tahiti, 2.Bleu Horizon
scénario Didier Quella-Guyot, dessins et couleur Sébastien Morice.- EP Em-
manuel Proust éditions, 2011.- 56 p. : illustrations en noir et en couleur ; 32
cm.- (Atmosphères).
Papeete c'est loin ! Plus précisément à Tahiti. On pourrait
donc penser que les événements de la guerre 14-18 ne tou-
chent pas cette commune française. Pourtant des navires
de guerre allemands s'installent dans le port. De quoi boule-
verser les habitants surtout qu'au même moment des
meurtres touchant de jeunes vahinés sont perpétués sur l'île.
Simon, détective, arrive de Paris pour élucider un autre meurtre. Déjà très remarqué dans sa précédente
BD, « Le café des colonies », Sébastien Morice nous étonne encore une fois avec des couleurs éblouis-
santes reflétant parfaitement le climat d'insouciance qui règne sur l'île. Insouciance bien vite oubliée durant
cet épisode invasif allemand qui s'est réellement déroulé. Philippe Goutheraud
Pigalle 62.27
Loustal, Götting.- Casterman, 2012.- 68 p. : illustrations en couleur ; 31 cm.
Antoine, jeune auxerrois, va s’installer à Paris pour se venger. Il va très vite pister
Robert Mondcamp, le responsable du suicide de son père et le suivre dans le Pigalle
des années 50 entre bars louches, prostituées, macs et trafics. Partagé entre sa
haine et sa fascination pour lui, Antoine va devoir choisir son camp et agir rapide-
ment … Bande dessinée efficace et sans longueur, portée par une illustration entre
noir et couleurs, qui retranscrit parfaitement l’ambiance de l’époque avec une in-
trigue digne des polars à la « Simenon », subtile et captivante dans le Pigalle des
petits escrocs. Carole Le Cruguel
Fatman
scénario David Chauvel ; dessins Denys ; couleurs Hubert.- Delcourt, 2012.- 72 p. : illustrations en noir et
blanc ; 32 cm.- (Conquistador) (La grande évasion ; 4).
Il est anglais, obèse, chauve, tatoué et promène chaque jour le petit chien de sa voi-
sine, mais c’est le « roi de l’évasion ». C’est à ce titre que ce jour-là, débarquent
chez lui deux malabars qui lui imposent un voyage à New York qu’il ne saurait refu-
ser. Le but : soustraire à la justice Angelo Di Mauro, ancien parrain de la pègre lo-
cale, devenu Alzheimer et à ce titre gênant pour ses comparses. Carl Douglas se
lance donc sur l’affaire avec un flegme tout britannique et des méthodes pour le
moins surprenantes.
Mettez dans un shaker ce personnage improbable, quelques gros bras, un ancien
parrain malade, une quarantenaire hystérique et hallucinée, secouez bien, et vous obtenez un album diver-
tissant aux dialogues savoureux servi par un graphisme relativement classique mais tout à fait maîtrisé.
Dominique Bourdois
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La Main de Dieu : L'Histoire secrète du FBI. 1. La peur rouge
Marc Védrines.- Glénat, 2012.- 56 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Grafica).
Depuis 50 ans Edgar Hoover fondateur du Fédéral Bureau of Investigation (FBI)
règne sur cet empire, résistant à tout changement de gouvernement. Cela n’est pas
sans créer des ennemis de tous bords. Une mystérieuse organisation décide de le
supprimer, mais au dernier moment elle y renonce préférant une autre solution. Pour
l’obliger à démissionner, elle kidnappe son meilleur ami et collaborateur pour le faire
parler et ainsi trouver les failles de cet homme secret porté par une haine des com-
munistes, « les rouges » et des syndicats. Edgar Hoover mettra en place des straté-
gies pour les discréditer au yeux de l’opinion publique (exemple : les accuser de
l’assassinat du Ministre de la justice Mitchell Palmer.) Marc Védrine dans le 1er tome de la série prévue en
5 tomes s’attarde plus particulièrement sur la psychologie de cet homme sombre, secret et manipula-
teur. La narration d’un point de vue chronologique, entrecoupée de flashbacks, nous fait passer d’une
époque à l’autre, soutenue par un traitement graphique qui accentue le coté mystérieux de cet homme.
Rémy Doublet
The Homeland directive : la menace intérieure
scénario Venditti ; dessin Huddleston.- Urban comics, 2013.- 160 p. : illustrations en couleur ; 29 cm.- (Urban
indies).
Laura Regan, chercheuse au Centre National des Maladies Infectieuses des Etats-Unis
se retrouve inculpée du meurtre d'un de ses collègues. Au même moment de nom-
breuses personnes sont atteintes d'une maladie virale qui à l'air de se propager par l'ar-
gent liquide. Laura se retrouve enlevé par trois agents fédéraux convaincus que ce virus
et l'accusation de meurtre est une conspiration gouvernementale. Le petit groupe, pour-
suivi par des tueurs et une équipe de cyber-détectives se cache tout en essayant de
résoudre l'affaire.
Un thriller très efficace. L'ambiance fait tout de suite penser à un après 11 sep-
tembre 2001 où les agences de renseignement ont tous les pouvoirs. Plongé en pleine paranoïa, le lecteur
suit avec anxiété le déroulement de l'histoire. C'est aussi une réussite côté graphique, le dessinateur alter-
nant différentes techniques. Philippe Goutheraud
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Silas Corey. Le réseau Aquila
scénario Fabien Nury ; dessins Pierre Alary ; couleurs Nob.- Glénat, 2013.- 64 p. : illustrations en couleur ;
32 cm.- (Caractère).
Avril 1917. La guerre fait rage en Europe et les armées s’enlisent dans les tran-
chées. En France, Clémenceau soupçonne le chef du gouvernement, Joseph Cail-
laux, d’avoir fait alliance avec l’ennemi par le biais de Mme Zarkoff, industrielle de
l’armement. Cassela, un homme de Clémenceau, parvient à intercepter un docu-
ment compromettant dans la boite aux lettres d’un redoutable agent allemand du
réseau Aquila. Malheureusement Il disparait en ne laissant d’autre alternative à Clé-
menceau pour le retrouver que de faire appel au très compétent mais sulfureux Silas
Corey …
L’espionnage vous aimez ? Et bien voici Silas Corey, ancien reporter, détective, es-
pion, tueur (ça dépend du client). Aussi roublard que fin analyste, le Monsieur a de
la valeur et le sait. Agent double ? Que nenni ! Monsieur n’a pas froid aux yeux et sa
bourse n’est jamais assez pleine alors pourquoi pas agent triple ! Vous l’aurez
compris ce diptyque est un vrai régal. De l’aventure, de la trahison, de l’hu-
mour, de l’amour : tout, vous aurez tout grâce à ce dandy désabusé qui a du
chien, du charme et de la classe. Le scénario est solide, fluide et rythmé. Le dessin
de Pierre Alary est quant à lui très agréable et le dynamisme de son trait sert parfai-
tement le récit. Ce savant mélange d’Arsène Lupin, de Vidocq et de Sherlock
Holmes est incontestablement une belle réussite. Nathalie Le Goff
Zone Blanche
un récit écrit et dessiné par Jean-C. Denis.- Futuropolis, 2012.- 67 p. : illustrations en couleur ; 30 cm.
L'histoire démarre par un meurtre. De jeunes amoureux découvrent un homme abat-
tu d'une balle au pied d'un arbre. A Paris, un homme, Serge Guérin vit seul. Il souffre
de troubles et de mots de tête dus aux champs électromagnétiques. Durant une
panne d'électricité qui bloque le quartier ainsi que son digicode, il va faire la ren-
contre d'une femme. Pour tuer le temps ils vont s'installer dans un café. La femme
va alors lui proposer un deal qui va radicalement changer sa vie ...
Jean-Claude Denis nous offre encore une fois un scénario qui sort de l'ordinaire.
Pourtant ses protagonistes sont des gens ordinaires. C'est peut-être ça, sa touche,
qui fait que l'on a envie à chaque nouvelle sortie, de se plonger dans la lecture et de partir à la découverte.
Philippe Goutheraud
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Abymes
scénario Valérie Mangin ; dessins Griffo.-
Dupuis, 2013.- 56 p. : illustrations en cou-
leur ; 31 cm.- (Aire libre).
Comme son nom l’indique, cette
trilogie est bâtie sur le prin-
cipe de la mise en abyme qui
est un procédé consistant à repré-
senter une œuvre dans une du
même type (procédé très courant
au théâtre notamment). Le premier volet met en scène Honoré de Balzac, en 1831, alors qu’il peine sur la
rédaction de son feuilleton « La Peau de chagrin ». Il constate, au fil des jours que ce dernier est remplacé
par les écrits d’un auteur anonyme qui dépeint des scènes qu’il est justement en train d’écrire et, plus trou-
blant encore, dévoile des éléments fort embarrassants de sa vie privée. Le second tome a pour personnage
principal le cinéaste Henri Georges Clouzot, à la veille de l’avant première de son film « Le mystère Bal-
zac » en 1946. Là, ce sont des scènes inédites qui apparaissent lors du visionnage des rushes et notam-
ment des séquences qui mettent à mal l’image du metteur en scène. Le dernier opus enchevêtre les deux
premières histoires avec celle de la scénariste Valérie Mangin et de son compagnon Denis Bajram, dessi-
nateur de cet album.
Si la trilogie est entièrement scénarisée par Valérie Mangin, en revanche, chaque tome est l’œuvre d’un
dessinateur différent, ce qui ne nuit cependant pas à la lisibilité de l’ensemble. L’exercice était audacieux et
le premier volume, qui peut se lire comme un one-shot, est une belle réussite ; les deux suivants sont
beaucoup moins convaincants. Dominique Bourdois
Tyler Cross
Fabien Nury ; Brüno, Laurence Croix, ill.- Dargaud, 2013 ; Paris.- 91 p. : ill. en coul.
Texas, années 50. Après un braquage qui a mal tourné, Tyler Cross se retrouve
seul, sans voiture, avec 21 dollars et 80 cents en poche, et 17 kg d’héroïne pure
sur le dos ! La petite ville la plus proche est gérée par le patriarche Pragg dont les
trois fils sont respectivement banquier, shérif et maire. Tyler devrait se méfier des
apparences, ces péquenauds sont loin d’être des anges !
On retrouve tous les ingrédients d’un bon polar : gangster impitoyable, shérif
véreux, puissant patriarche, jeune mariée sexy … Et on se régale ! Après « Atar
Gull », Nury et Brüno nous offrent cette fois-ci, un polar très noir avec des person-
nages charismatiques et au décor proche d’un western qui ne nous laisse aucun répit de la première à la
dernière page … Carole Le Cruguel
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La Grande odalisque
Bastien Vivès, Florent Ruppert, Jérôme Mulot.- Paris : Dupuis, cop. 2012.- 122 p. : illustrations en couleur ; 31cm.-
(Aire libre).
Alex et Carole sont deux cambrioleuses de haut-vol, séduisantes et sans com-
plexes, capables d’aller décrocher n’importe quel tableau dans n’importe quel
musée. Face à la difficulté de leur prochaine mission qui les emmène au Louvre
pour y dérober « La grande odalisque », elles s’allient avec Sam, championne
de moto aux multiples talents. Beaucoup de légèreté pour ces trois héroïnes,
inspiré du manga des Cat’s Eyes, qui ne se prennent pas au sérieux et nous
amusent. Course poursuite, dialogues percutants, et humour pour une aventure
trépidante réalisée par un trio d’auteurs. Béatrice Le Sann
Jim Curious : voyage au cœur de l'océan
Matthias Picard.- 2024, 2012.- non paginé : illustrations en couleur ; 34 x 25 cm+2 paires de lunettes 3D.
Nous avions découvert Matthias Picard en 2011 avec un témoignage touchant
consacré à Jeanine. Nous le retrouvons cette année dans un tout autre registre,
avec un album très grand public et en 3D s’il vous plaît ! Cette BD dépour-
vue de texte, nous invite à suivre les aventures de Jim Curious, petit scaphandrier
qui entreprend une immersion au cœur de l’océan. Illustré à la carte à gratter,
l’effet 3D apparaît dès lors que Jim Curious plonge. Il faut alors se munir des lu-
nettes prévues à cet effet. Cette fantaisie est très adaptée au milieu sous-marin et
c’est avec émerveillement que nous suivons le périple de Jim dans ces profon-
deurs pleines de surprises. Hélène Laurent
Le Loup des mers
Riff Reb's ; librement adapté du roman de Jack London.- Soleil, 2012.- 136 p. : illustrations en couleur ;
29 x 21 cm.- (Noctambule).
Humphrey Van Weyden, jeune gentleman gringalet victime d’un naufrage, est
recueilli sur la goélette de Loup Larsen, capitaine charismatique, sociopathe et
tyrannique qui l’enrôle de force comme mousse. Ces deux hommes que tout op-
pose, vont apprendre à se connaître, en se livrant quotidiennement à des duels
idéologiques. Mais l’arrivée d’une jeune femme va semer le trouble entre eux ...
Après À bord de l’étoile matutine, Riff Reb’s revisite un personnage mythique de
Jack London. Les échanges entre les deux protagonistes sont très riches, pleins
d’humour et d’esprit. L’album nous embarque dans une belle et forte aventure
humaine sur fond d’histoire maritime. Toutes les ambiances sont magnifiquement illustrées à tra-
vers un graphisme fort, où Riff Reb’s emploi la bichromie à la perfection. Hélène Laurent ©
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Le Révérend 1.Les Diables déchus du Névada
Scénario Lylian, dessin Augustin Lebon.- Emmanuel Proust éditions, 2012.- 55 p : illustrations en couleur ;
32 cm.- (Atmosphère)
19ème
siècle, quelque part dans le Névada, une diligence est attaquée. La plupart des
occupants sont tués, une femme est sur le point d’être violée lorsque son jeune fils
Angus, récupère des pistolets et fait feu ... 15 ans plus tard Angus Whitecross dit le
Révérend est devenu chasseur de primes. Vraie légende de l’ouest américain, il
est bien décidé à se venger ...
La narration est classique mais cette bd est un petit chef d’œuvre. Ce tome d’intro-
duction nous laisse sur notre faim. Il faudra cependant patienter pour connaître la
suite qui se terminera dans le tome 2. Pour un premier essai, le dessin est élégant et bien maîtrisé. Le style
réaliste est plein de qualités, claire, lisible et bien adapté à un western en BD. Une belle découverte !
Viviane Coulon
Jim Henson's Tale of sand
écrit par Jim Henson et Jerry Juhl ; mis en image par Ramon K. Pérez ; couleur de Ian Herring et Ramon K. Pérez ; traduction de
Patrick Marcel ; préface Karen Falk.- Paquet, 2012.- non paginé : illustrations en couleur ; 29 cm.
Cet album est la réincarnation d’un scénario de Jim Henson, datant des années 60 et
qui était destiné à la réalisation d’un long métrage. À l’époque l’auteur, trop accaparé
par son travail pour la télévision américaine (Muppet Show, ...) n’a pu concrétiser ce
projet. Et c’est aujourd’hui, presque sans texte, mais avec les fabuleux dessins et les
chatoyantes couleurs de Pérez que se réanime cette histoire folle et totalement
onirique, cette course délirante en plein désert ! 3, 2, 1, go ! Hélène Laurent
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Skraeling 1.Les chiens du Weltraum, 2.Enragé
Lamy ; Venzi.- Ankama, 2011.- 110 p. : illustrations en couleur ; 28 cm.- (Kraken).
Nous sommes dans une société totalitaire inspirée du 3ème
reich allemand. Le soldat Köstler, né de souche laeten, une
sous-race, ne peut réussir à s'en sortir qu'en intégrant l'unité
d'élite des Skraelings. Il découvre le mensonge et la propa-
gande honteuse mise en place par le régime. Il se met à douter
de l'histoire officielle.
L'univers développé dans cette série est très noir. On pense
évidement au roman « 1984 » de Orwell qui partait du postu-
lat : si les allemands avaient gagné la guerre. On retrouve ici la notion de race supérieure, de propagande
cinématographique et de manipulation des foules. Le style graphique assez froid colle parfaitement à
l'ambiance. Une série très intéressante par le thème abordé et très bien traité. Philippe Goutheraud
Dent d’ours 1.Max
scénario Yann ; dessin Alain Henriet ; couleurs Usagi.- Dupuis, 2013.- 56 p. : illustrations en noir et en cou-
leur ; 32 cm.
Années 30, en Silésie, Werner, Max et Hanna sont trois amis passionnés d’aviation.
Pour apprendre à piloter, Werner et Hanna se sont engagés dans les Jeunesses
hitlériennes ; Max, lui est juif polonais et lorsque les persécutions juives commen-
cent, sa famille émigre aux Etats Unis. Dix ans plus tard, il est devenu pilote émérite
dans l’armée américaine. Un jour, au retour d’une mission, il est mis aux arrêts,
soupçonné d’espionnage au profit des nazis,…
Yann nous propose un récit classique mais brillant qui mêle avec bonheur, ac-
tion, intrigue et émotion. Henriet, quant à lui, nous gratifie d’un dessin dynamique et
semi réaliste qui fait merveille dans les combats aériens et se décline avec une belle fluidité dans les
scènes de flash back. La fin de l’album nous laisse sur un suspense insoutenable ; vivement le tome2 !
Dominique Bourdois
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Ardalén : Vent de mémoires
Miguel-Angel Prado ; traduit de l'espagnol par Andrea Beyhaut.- Casterman, 2013.- 256 p. : illustrations
en couleur ; 27 cm.
Une jeune femme, Sabela, arrive dans un village pour tenter de retrouver une
personne qui aurait connu son grand-père. Parti en bateau pour l'Amérique du
Sud, celui-ci aurait disparu, alors qu'elle était très jeune. Elle rencontre Fidel qui
aurait navigué avec son grand-père. Mais Fidel n'a pas l'air d'avoir toute sa mé-
moire. Quelle part faire entre ce qu'il invente et ce qu'il croit être réel. La
recherche de Sabela ne va pas être simple surtout que certaines personnes du
village se montrent assez réticentes ...
Entre une jeune femme qui recherche son passé et un vieil homme qui perd la mémoire, Miguel-Angel
Prado nous offre une très belle œuvre. Esthétiquement d'abord, avec ses dessins et ses couleurs aux-
quels il nous avait déjà habitué dans Traie de craie, mais aussi narrativement, avec une histoire entre-
coupée d'articles, de schémas, qui nous expliquent ce qu'est la mémoire et bien d'autres choses qu'on
vous laisse découvrir … Philippe Goutheraud
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Asgard
scénario Xavier Dorison, ; dessins et couleurs Ralph Meyer.- Dargaud, 2012.
- 55 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.
Un village viking est victime d'un monstre marin qui interdit
toute sortie aux pêcheurs. Le village se meurt mais un
homme, un seul homme se portera volontaire, moyennant
quelques bourses bien remplies pour partir à la chasse au
monstre. Il s'agit d'Asgard, un skraëling, infirme de nais-
sance mais qui a su surmonter sa malformation pour de-
venir un grand chasseur. Une jeune femme, Sieglind,
s'invite dans sa barque pour partir à l'aventure.
Aventure nordique sous la forme d'un dyptique, Asgard, rempli très bien son rôle. Celui de nous faire
voyager dans les fjords en suivant une grande aventure épique. Les dessins et les couleurs sont de plus de
très bonne facture. Ralph Meyer monte en puissance à chaque nouvelle parution. Philippe Goutheraud
Elric, Cycle 1: Melniboné, Le trône de rubis
scénario Julien Blondel ; d'après l'oeuvre de Michael Moorcock ; dessin Didier Poli, Robin Recht, Jean Bas-
tide ; couleurs Jean Bastide.- Glénat, 2013.- 64 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Grafica).
Elric de Melniboé, empereur de l'antique île, est de santé fragile. Son cousin, Yyr-
koon, lui reproche sa léthargie et son manque d'ambition. Une attaque de pirates
surprend Elric. Il n'a d'autres choix que de partir les affronter. Son cousin en profite
pour se débarrasser de lui. Mais Elric, aidé par la magie, est d'une constitution plus
solide qu'il n'en laisse paraître.
Qui ne connait pas encore Elric le nécromancien ? héros des romans fantasy
de Michael Moorcock ? Il est aujourd'hui adapté en bande dessinée par une équipe
de jeunes auteurs français. Ceux qui ne connaissent pas pourront découvrir cette
série alors que les fans ne seront pas déçus, cette adaptation s'annonce des plus fidèles. Le premier tome
est déjà une réussite, saluée par Moorcock lui-même. Les planches sont toutes magnifiques.
Philippe Goutheraud
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scénario Yann ; dessin Virginie Augustin ; couleurs Fabien Alquier et Virginie Augustin.- Casterman, 2013.-
47 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.
L’histoire se déroule au début du 20ème siècle dans une étrange atmosphère, un
village perdu et escarpé au fin fond de l’ Ecosse. Deux aristocrates paumés, un écri-
vain déchu, accompagné de sa muse toxicomane sur le déclin, y font un détour for-
cé. A l’accueil rustre et sans ambages, dans une ambiance villageoise où seul le
combat de coqs semble en être la singularité, s’ajoute progressivement non-dits,
dissimulations et une apparition fantomatique. En mal d’inspiration, de cupidité ou
de reconnaissance sociale, l’un comme l’autre vont soudainement trouver un intérêt
à rester en de tels lieux, pourtant bien inhospitaliers au premier abord.
Une mise en place envoûtante et bien ressentie, on se laisse embarquer par cette histoire nimbée de
mystère dans une ambiance typiquement écossaise. Même si on retrouve une thématique fantastique
propre à Yann, l’auteur a soigné les dialogues et la psychologie des personnages qui ne manquent pas de
trempe. Le dessin d’Augustin, fin, apporte une belle dynamique. Fanny Poussier
Sailor Twain ou la sirène dans l’Hudson
Mark Siegel.- Gallimard, 2013.- 399 p. : illustrations en noir et blanc ; 24 cm.
Etats-Unis, 1887. Le capitaine Elijah Twain dirige le Lorelei, un gros vapeur qui na-
vigue sur le fleuve Hudson. Un soir, Twain trouve sur le pont une sirène blessée,
qu’il va soigner et cacher dans sa cabine. Il va très vite se rendre compte qu’il est
dangereux de côtoyer cette étrange créature à la voix envoûtante et à la nudité trou-
blante… On se fait littéralement harponner par ce conte pour adultes, écrit à la
mode des romans des feuilletonistes du 19ème
siècle et mélangeant drames, pas-
sions, littérature et mythologie propre à l’Hudson River. L’ambiance mystérieuse,
soulignée par un magnifique dessin à la mine de plomb, est totalement envoûtante.
On se laisse littéralement porter par les évènements, parfaitement rythmés par la structure en chapitres
(Mark Siegel, éditeur états-unien de bandes dessinées et dont c’est la première œuvre traduite en France,
l’a d’abord publié sur son blog). Un auteur et une œuvre à découvrir, de toute urgence ! Erwann Tanguy
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The cape
Adaptation d’une nouvelle de Joe Hill par Ciaramella, Howard – Editions Milady Graphics, 160 p. : Illustrations en couleur.
S’élancer dans les airs, posséder des super pouvoirs, le rêve ! The cape, c’est l’his-
toire de deux frères qui jouent aux super héros, un jeu qui tourne mal. L’un des deux,
Eric, une fois adulte, remet la main sur la fameuse cape, véritable refuge contre le
monde extérieur. Rivalités, frustrations … Eric a un passif traumatique et basculera
dans un comportement psychopathe, perdant le sens des réalités. Doté de capacités
surhumaines, ses intentions sont cependant peu louables et vont entraîner ses
proches dans une spirale sanglante. Une montée au ciel pour une descente aux
enfers qui lui permet d’exercer sa vengeance.
Troublant, déroutant, le récit exploite avec subtilité les incohérences et l’ambivalence du personnage ver-
sion sérial killer - Des scènes dures, assez crues - Sombre récit où finalement le jeu des apparences revêt
un tour sordide, prenant à contre-pied le mythe et les valeurs des super-héros. Une relecture du genre par
Joe Hill, connu pour ses romans et ses qualités de conteur, et une adaptation par Ciaramella, qui offrent
une lecture vraiment prenante. Une belle pépite des éditions Milady Graphics où le fantastique, l’horreur,
rentrent dans le jeu. Qualité du scénario, composition par chapitres, dessin expressif, l’album se lit d’une
traite. Fanny poussier
La Voie du Sabre : 1. Les cendres de l’enfance
scénario Mathieu Mariolle ; dessin Federico Carlo Ferniani ; d'après le roman de Thomas Day ; couleur Jean-
Paul Fernandez.- Glénat, 2013.- 56 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Grafica).
L’existence du jeune Mikédi, fils du chef de guerre Nakamura, est bouleversée lors-
que débarque dans la forteresse où il vit, un samouraï de légende, Iyamoto Musashi.
Cet homme, puissant et repoussant, est pourtant le plus grand maître de sabre de
l’empire. Nakamura souhaite en faire son premier samouraï, mais Musashi préfère
reprendre la route en prenant Mikédi comme élève. La voie du sabre nécessite un
long apprentissage et Mikédi découvrira également la face obscure de son maître.
Une remarquable et spectaculaire adaptation du roman de Thomas Day : La
Voie du Sabre par Mathieu Mariolle et Federico Ferniani ! Cette plongée à la fois vio-
lente et spirituelle dans un Japon médiéval et fantastique, où se croisent héros et créatures mythiques,
nous émerveille avec des planches d’une grande beauté surtout pendant les scènes de combats. Un grand
coup de cœur ! Sarath San
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Dossier A
scénario Garaku Toshusai ; dessin Osamu Uoto ; traduit du japonais par Takuya Matsumoto ; adaptation Marie-
Saskia Raynal.- Delcourt-Akata, 2009.- 214 p. : illustrations en noir et blanc ; 18 x 13 cm.- (Ginkgo).
L’Atlantide attire et fascine depuis l’antiquité. Whuilhem Endre, homme d’affaire autri-
chien, n’échappe pas à cette règle. Pour trouver des preuves de l’existence du
continent perdu il crée un cercle secret composé de personnages riches et in-
fluents. Il confie l’investigation à Shizo Iriya, un jeune archéologue prometteur recon-
verti dans la brocante suite au scandale qui a brisé sa carrière. Alors qu’Iriya com-
mence ses recherches, Endre est assassiné devant les yeux de sa fille Yuri. Tout
laisse penser qu’un traitre est caché au sein des commanditaires de l’enquête.
Réaliste, efficace et soigné, le dessin d’Uoto Osamu est le premier point fort de cette bande dessinée. Mais
c’est surtout le scénario de Toshusai Garaku qui fait la différence. Pouvait-on en attendre moins du co-
scénariste de 20th Century Boy’s de Urasawa Naoki (Monster, Billy Bat) ? Et bien nous voilà servis puisque
Dossier A sait mener son lecteur durant 15 volumes (série terminée) sans jamais le lasser. L’alternance
savamment dosée d’action, de références historiques, de portraits psychologiques, sert l’intrigue où le sus-
pens est omniprésent. Un manga passerelle, distrayant et instructif qui ravira les amateurs , les historiens
et tous les autres lecteurs de bande dessinée. Nathalie Le Goff
Severed : destins mutilés
scénario Scott Snyder, Scott Tuft ; dessin Attila Futaki ; préface Jeff Lemire ; traduit de l'anglais (Etats-Unis) par
Jérôme Wicky.- Urban comics, 2013.- 181 p. : illustrations en couleur ; 29 cm.- (Urban indies).
Le mal rode dans une Amérique profonde du début du 20ème
siècle. Il prend la forme
d’un homme quelconque qui cherche de jeunes âmes égarées à se mettre sous la
dent ... Ce récit narre l’errance d’un ogre des temps moderne, jouant de la faiblesse de
jeunes enfants orphelins pour assouvir sa folie. Un scénario de film d’horreur efficace
pour les amateurs du genre avec un graphisme particulièrement effrayant ! À ne pas
mettre entre toutes les mains … Hélène Laurent
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Vito : 1. L’autre côté, 2.Le Trimangre
Eric Stalner.- Glénat, 2013.- 48 p. : illustrations en couleur ; 32 cm.- (Grafica).
Giuseppe, projectionniste itinérant, sillonne les routes de
Sicile. Le récit débute en 1947 quand un vieil homme lui
donne la bobine d’un petit film amateur. Ce film très étrange
montre avec un grand réalisme un minotaure et un faune.
Intrigué, Giuseppe décide de le diffuser largement jusqu’à sa
rencontre avec un jeune homme, Vito, qui croit y reconnaitre
son père. Tous deux partent sur les lieux du tournage et se
trouvent entraînés dans une aventure fantastique. De très
beaux dessins aux couleurs chaudes et douces et une histoire captivante font de ce premier tome une réus-
site. Marie-Hélène Pini
Temudjin
Antoine Ozanam ; illustrations Antoine Carrion.- Daniel Maghen, 2013.- 82 p. : illustrations en couleur ; 33 cm.
Sur les traces du jeune Gengis Khan : Dans la steppe mongole, une femme, sur le
point d’accoucher, reçoit la visite d’un chaman. Son clan pense que l’enfant qu’elle
porte est le fruit d’une union avec un démon. Les esprits ont pourtant révélé au cha-
man que l’enfant est promis à un grand avenir. Devenu son père adoptif, il élève
l’enfant avec amour, lui enseignant le respect des esprits, la magie et la sagesse
jusqu’au jour où Temudjin choisira sa propre voie : Il sera le nouveau Gengis Khan,
celui qui, une nouvelle fois, unira les clans et ramènera la paix en Mongolie.
Entre conte et récit initiatique, voici une très belle œuvre, élégante et remplie de
poésie. Un vrai bijou avec un magnifique carnet graphique à la fin de l’album. Sarath San
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scénario et dialogues Leo et Corine Jamar ; dessin Fred Simon ; couleurs
Jean-Luc Simon.- Dargaud, 2012.- 47 p : illustrations en couleur ; 32 cm.
Paris, milieu du 21ème
siècle. Le monde a subi de pro-
fonds bouleversements climatiques et économiques, où
les pays émergents sont devenus les nations fortes, le
rapport des classes se retrouve inversé, et les modes de
vie considérablement modifiés. Dans cette capitale dé-
vastée, la jeune Romane Pennac, inspecteur de police,
doit enquêter sur une disparition. Et ce qui apparaissait
comme une banale enquête va la mener au cœur d’une affaire autrement plus sombre : elle entame
alors une dangereuse mission au siège de la société Algapower, à New-York, dans les secrets des
manipulations génétiques …
Un récit policier dense et captivant, servi par un dessin efficace, qui prend les enjeux économiques,
écologiques et politiques actuelles pour en proposer une intéressante vision d’anticipation. Morgane Gourgand
Oms en série, 1. Terr, sauvage
scénario Jean-David Morvan ; dessin et couleur Mike Hawthorne ; d'après le roman de Stefan Wul.-
Ankama, 2012.- 48 p. : illustrations en couleur ; 32 cm
Sur la planète Ygam, les Oms sont des animaux de compagnie pour les Draags,
les habitants de la planète. Pour les Draags, les Oms n’ont pas de sentiments ni
d’intelligence. Terr est un Om et en conséquence est enlevé à sa mère à sa nais-
sance, séparé de son frère jumeau et adopté par une petite Draag nommée Tiwa.
Terr est à priori un Om ordinaire, mais son destin va changer lorsqu’il se
branche par hasard au casque pédagogique de sa jeune maîtresse et reçoit ainsi
le savoir des Draags. Tentant de reprendre sa vie en main, Terr s’échappe et fait
la connaissance d’un groupe d’Oms indépendantistes qui se sont organisés et
se battent pour s’affranchir de l’oppression des Draags.
Cette BD d’anticipation aborde des sujets de société et explore la question de l’existence. Hawthorne
crée un monde imaginaire haut en couleurs qui s’obscurcit au fur et à mesure de l’émancipation de
Terr. Cela laisse présager un 2ème
tome beaucoup plus sombre. Un bel album de mise en place.
Emeline Vigneux
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Lorna, heaven is here
Brüno ; préface Jean-Pierre Dionnet.- Treize étrange, 2012.- 160 p. : illustrations en couleur ; 25 cm.- (Treize étrange).
Brüno, jeune auteur nantais est fan de cinéma de série Z. Adepte de « cinéma de
quartier » présenté par Jean-Pierre Dionnet, la fin de l'émission le pousse à se lancer
dans une BD hommage à ce genre.
On retrouve donc tous les codes de la série Z : expériences scientifiques qui tour-
nent mal, extraterrestres, road-movie, stars du porno, etc ... Difficile donc de faire ici
un résumé clair et précis. Mais il n'est nul besoin d'être un esthète du genre pour se
lancer dans ce récit. L'histoire est bien pensée et très bien menée, à la différence de
certains films dont elle tire son influence ! Un très bon moment de lecture à réserver
toutefois à un lectorat averti. Philippe Goutheraud
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Rork
Réédition ; Andreas.- Lombard, 2012.- 256 p. : illustrations en noir et en couleur ; 31 cm.
Le personnage de Rork est né en 1978 dans les pages du journal Tintin dans le
cadre d’histoires courtes. Séduit par son univers, l’éditeur (Lombard) demande à
Andréas de produire un album de 44 pages. Ce sera « Fragments » le tome1 de la
série. Il sera suivi de six autres titres dont le dernier « Retour » paraît en 1993.
Entre temps, Andréas se consacre à d’autres œuvres, notamment « Capricorne »
autour du personnage de l’astrologue évoqué dans le tome 5 de la série Rork et
parallèlement « Arq », série plus ample aux univers assez complexes. Vingt ans
plus tard, il nous gratifie d’un dernier tome de Rork : « Fantômes » qui constitue
une préquelle à la série et donne de nouvelles clés de décryptage. La parution de cet album constitue une
belle occasion d’éditer une intégrale de la série.
Difficile de résumer « Rork ». Disons que Rork, le personnage éponyme est un homme non violent et ob-
servateur auquel on fait appel dans le cas d’évènements extraordinaires car il a la faculté de passer d’un
monde parallèle à un autre. De plus, toujours en recherche d’identité, il s’intéresse au paranormal et aux
légendes et il est toujours partant pour résoudre des énigmes.
Même si la fluidité du récit n’est pas toujours évidente, plongez vous dans l’univers graphique d’Andréas ;
inspiré des comics mais aussi du travail d’architectes tels que Frank Lloyd Wrigh, il est immédiatement
indentifiable grâce à une sorte d’élégance particulièrement appréciée des initiés. Il est hélas peu connu du
grand public qui a pu cependant découvrir l’an passé à Saint-Malo une très belle exposition de planches
originales. Dominique Bourdois
Le Transperceneige intégrale
Jacques Lob, Jean-Marc Rochette, Benjamin Legrand ; préface Jean-Pierre Dionnet.- Casterman, 2013.-
252 p. : illustrations en noir et blanc ; 30 cm.
L’adaptation au cinéma de « Transperceneige », saga mythique de science-
fiction post apocalyptique des années 8o nous vaut une belle réédition chez
Casterman.
Petit rappel pour ceux qui ne la connaitraient pas : La terre vient de subir un cata-
clysme climatique et les survivants de l’espèce humaine sont enfermés dans un
train de 1001 wagons qui roule sans fin à travers les étendues glacées. Les wa-
gons sont hiérarchisés à l’image de la société : en tête l’aristocratie, en queue de
train, les pauvres, des wagons militaires pour la sécurité, des wagons potagers
pour l’alimentation, … Proloff, le héros, issu des wagons de queue décide de remonter le train jusqu’à la
locomotive, …
Un univers pessimiste traité magistralement en noir et blanc par le crayon glacé de Rochette au service de
cette intrigue politique et sociétale qui malheureusement n’a guère vieilli. Dominique Bourdois
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Disponible auprès de la M
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Une trentaine d’auteurs de bande dessinée nous
présentent leurs albums de ro
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et, en vis
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ande dessinée qui en est la plus im
pré-
gnée. De Zep à Frank M
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et les grandes pério
des du rock.
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Musique et Bande Dessinée :
La Castafiore avait chanté Faust et Gaston nous
avait gratifié d’expériences musicales parfois dé-
routantes mais à quel moment le 9ème
art, s’est-il
vraiment acoquiné à la musique ?
Très vraisemblablement dans les années 70 avec le ma-
gazine Métal hurlant et principalement dans le domaine
du rock et du jazz dont la pratique instrumentale était fré-
quente chez bon nombre d’auteurs. Pendant une vingtaine
d’années, ce sont presque essentiellement ces théma-
tiques qui sont présentes dans les BD qui abordent le
genre musical, mais depuis environ quinze ans, on cons-
tate une nette diversification des genres abordés.
Par ailleurs, on s’aperçoit également que, si la musique n’est pas le cœur du sujet de l’album, certains au-
teurs baignent littéralement leur œuvre dans une atmosphère musicale, voire proposent des choix musicaux
précis pour en accompagner la lecture. D’autre part, si l’on sort du domaine de l’album BD, on remarquera
que nombre de musiciens ou de producteurs font également appel aux auteurs de BD pour la réalisation de
pochettes, mais aussi de clips ; et on peut constater aujourd’hui qu’ils sont nombreux à concilier ces deux
arts sous les formes les plus diverses. Comme on l’a dit précédemment, la musique est entrée en BD par
les portes du rock et du jazz parce que de nombreux dessinateurs sont eux-mêmes musiciens, il n'est donc
pas étonnant de retrouver ce thème développé dans leurs histoires.
Le Rock : Margerin avec Ricky banlieue en 1980 est dans doute le précurseur de la BD rock. Deux ans
plus tard, il crée son héros à la banane Lucien avec les albums Bananes métalliques et Radio Lucien.
Serge Clerc, illustrateur vedette des revues Métal Hurlant et Rock'n Folk, crée, quant à lui, un esthétisme
très ligne claire ; son héros Phil Perfect aura deux aventures très rock puisqu'en 1981 sort le tome 3 de la
série : Rocker ! et l’année suivante, La légende du rock'n'roll. La même année, Baru entame sa série Qué-
quette blues : chronique sociale encrée dans son époque. Elle reçoit en 1984 le prix
Alfred du meilleur Premier album. En 1981, Ben Radis et sa comparse Dodo dé-
marrent les Closh : série qui suit l'évolution d'un groupe de rock jusqu’au début des
années 90. Plus récemment de nombreux collectifs sont sortis avec comme thème
central un chanteur ou un groupe mythique. On peut noter : Rolling Stones en
bandes dessinées, Les Clash en bandes dessinées, la série The beatles, Jimi Hen-
drix La légende du Voodoo Child, etc… Hervé Bourhis dans Le petit livre rock dé-
veloppe en cases l'histoire du rock de 1951 à nos jours.
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Côté manga, on peut citer : Beck de Harold Sakuishi, série pleine de dérision qui permet de découvrir la
scène rock japonaise à travers les aventures d’un groupe pas toujours très chanceux. Nana de Aï Yazawa,
série qui tourne autour des deux groupes de rock « rivaux » Blast et Trapnest, menés par leurs chanteuses :
Nana pour Blast et Layla pour Trapnest.
Comme, il serait trop long d’évoquer intégralement les rapports du rock et de la BD,
nous vous conseillons vivement le très bon livre documentaire sur le sujet : Le rock
dans la BD de Bruno Rival aux éditions La part du beau. D’autre part, l’association
On a marché sur la bulle* a réalisé tout récemment une exposition intitulée Les BD
sont l’autre nom du rock dans laquelle une trentaine d’auteurs présentent leurs al-
bums de rock favoris et en vis-à-vis leur BD qui en est la plus imprégnée ce qui nous
permet de découvrir les principaux courants et les grandes périodes du rock.
Woodstock
scénario et dessin Y. Asada ; traduit du japonais par David Leleule.- Grenoble : Glénat, 2013.- 190 p. : illustrations
en noir et blanc ; 18 x 13 cm.- (Seinen manga). Série en cours.
Gaku est un jeune livreur d'une vingtaine d'années passionné de musique
rock. Il est tellement timide qu'il créé un groupe fictif sur internet. Ses mor-
ceaux font très vite le buzz. Va-t-il sortir de sa timidité maladive pour créer un
véritable groupe ? La tenancière d'un bar concert dans lequel il livre souvent
va peut-être l'aider à sortir de son monde … Malgré le titre de ce manga :
Woodstock, période hippie de la musique américaine, les deux premiers
tomes de cette série sont très tournés vers le punk-rock. C'est très intéres-
sant car au-delà de l'histoire de Gaku et de son groupe, l'auteur présente à chaque tête de chapitre un
album révélateur de ce style musical qu'est le punk-rock. Un manga qui donne envie d'écouter les titres
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Le Jazz et le blues : Robert Crumb est sans doute celui auquel on pense en premier, même si la mu-
sique n’apparait pas forcément comme thème principal dans ses albums ; il est lui même musicien et col-
lectionneur de 78 tours, et a créé de nombreuses illustrations pour ce domaine, pochettes de disques de
jazz, blues, country, etc…
On retrouve à nouveau, Serge Clerc avec Nightclubbing Desperados. Son dessin
ligne claire convient parfaitement à l'ambiance jazz ; thème pour lequel il a, par ail-
leurs, réalisé de nombreuses illustrations. En 1987, le tandem Philippe Paringaux
et Loustal publie Barney et la note bleue inspiré de la vie de Barney Wilen. Ce der-
nier convaincu par la BD enregistrera même un disque au même titre fortement ins-
piré par l’album. L'argentin Munoz dont le style graphique traduit merveilleusement
les ambiances jazz nous gratifie en 1991 d’un bel album sur Billie Holliday. Chauzy
quant à lui, s’intéresse particulièrement au blues à travers des BD comme Bayou Joey en 1990, Peine per-
due en 1993 puis La guitare de Bo Diddley en 2009.
Ces dix dernières années, de nouveaux auteurs ont été également inspirés par la veine du jazz : En 2003,
Dillies produit Betty Blues, puis Mélodie au crépuscule en 2006 ainsi que Bulles & Nacelle qui rendent
tous deux hommage à Django Reinhardt. En 2007 paraît Jazz Maynard des espagnols Raule et Roger
ainsi que Jazz Club d'Alexandre Clérisse. En 2011 c'est la série Bourbon Street qui voit le jour avec Phi-
lippe Charlot au scénario et Alexis Chabert au dessin. Et tout récemment, Sfar rend lui aussi hommage à
Django Reinhardt avec le premier tome de Jeangot dont Clément Oubrerie signe le dessin.
©Loustal/Paringaux/Casterman ©Munoz/Sampayo/
Casterman
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©Raule/Roger/Dargaud
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Franz Duchazeau, autre amoureux de la musique noire américaine se spécialise depuis quelques albums
sur la recherche de styles musicaux aux Etats-Unis au début du siècle dernier. Son premier opus s'intitule
Le rêve de Météor Slim sur le blues (il existe un tirage limité de cette BD avec un disque vinyle). Suivra Les
jumeaux de Conoco Station sur la musique country, puis Lomax sur le collectage des trésors du folklore
américain. Le dernier titre, paru cette année Blackface Banjo traite des spectacles itinérants à la fin du
19ème
siècle, plus particulièrement celui d'un joueur de Banjo…
Comme on peut le voir, cette veine est loin d’être épuisée, mais ces dernières années de nombreux albums
on exploré d’autres genres … Une diversification et une approche de la musique, à ses instruments, à ses
auteurs, qui correspondent à des coups de cœur de dessinateurs et de scénaristes, souvent musiciens eux
-mêmes ou mélomanes passionnés.
Blackface Banjo
Frantz Duchazeau.- Sarbacane, 2013.- 140 p. : illustrations en noir et blanc ; 29 cm.
A la fin du 19ème
siècle aux Etats Unis, les « Minstrel’s show » sont des
spectacles itinérants dans lesquels des blancs se griment en noirs et carica-
turent les afro américains avec toute la palette des clichés racistes. Un jour,
l’une de ces troupes intègre, tout à fait par hasard, un jeune vagabond noir
unijambiste, danseur burlesque et joueur de banjo. Rapidement, ses presta-
tions renflouent les caisses de la troupe qui compte par ailleurs en son sein
un vendeur d’élixir miraculeux soi disant préparé par un véritable chef indien.
À travers cette nouvelle incursion dans le folklore américain, Frantz Du-
chazeau nous propose un héros attachant qui lui permet d’aborder de manière humoristique la problé-
matique raciste d’une Amérique qui oscille encore entre le western et le capitalisme. La dramaturgie et
le burlesque du récit nous rapproche de l’univers de Charlie Chaplin. Par ailleurs, l’utilisation du noir et
blanc, l’économie de textes, le traitement quasi muet de certaines séquences y contribuent fortement.
Dominique Bourdois
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©Duchazeau/Sarbacane
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Coups de cœur, la chanson française en fait partie. De Brel, Boris Vian, Brassens à Léo Férré,
en passant par des chanteurs plus contemporains comme Renaud ou Raphael, on assiste a un renouvelle-
ment de la biographie à différents niveaux de lecture et d’interprétation pour certains : J’aurai ta peau Do-
minique A d’Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Balez.
Des nouvelles d’en bas retrace la vie de Brel. Une vingtaine de
textes du « Grand Jacques » sont illustrés par des auteurs BD
reconnus (Rabaté, Prugne …). Quand à Georges Brassens, il a
particulièrement inspiré les scénaristes et dessinateurs avec
quatre albums parus : Un p’tit coin de Paradis, Les copains
d’abord, Chansons de Brassens illustrées par Sfar. Avec George
et la mort, roman graphique mêlant humour et poésie, Guinin
s’inspire de la vie réelle de Brassens, un hommage émouvant à
ce célèbre chanteur français autodidacte. Une belle manière de
retrouver ou de rénover la chanson française.
Certains éditeurs en ont fait le thème de collections : une véritable marque de fabrique pour les Editions
Petit à Petit avec la collection Chansons en bande dessinée dans laquelle les albums sur les auteurs ou
groupes phares se succèdent (Nougaro, Louise Attaque, Gainsbourg...).
J’aurai ta peau Dominique A
scénario Arnaud Le Gouëfflec ; dessins Olivier Balez.- Glénat, 2013.- 56 p. : illustrations en couleur ;
32 cm.- (1.000 feuilles).
« Dominique c’est génial ! Ta première menace de mort en vingt ans de car-
rière, ça n’arrive qu’aux stars ! ». Dominique A, chanteur-compositeur heureux,
entame sa nouvelle tournée avec sérénité. Lui parvient une lettre anonyme dont
la menace est claire : « J’aurai ta peau, Dominique A ». La question se pose
donc : pourquoi lui en voudrait-on à LUI ?Alors qu’il n’est même pas si célèbre
que ça … Personnage de fiction, le Dominique A créé par le duo d’auteurs de
Un Chanteur sans nom (Glénat, 2011) et Topless (Glénat 2009), possède un
côté sombre, torturé, inquiet, en proie à une peur qui l’oblige à se saouler et, de
rage, à détriure sur scène un ampli … ajoutez à l’histoire un sosie du chanteur qui le suit partout, un
Philippe Katerine savoureux et un destin destins haut en couleurs, vous obtiendrez une bande dessinée
qui permet d’aborder avec humour les tourments existentiels (et imaginaires) de l’un des plus grands
artistes indépendants de la chanson française. Dorothée Le Corre
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Musiques, traditions et saveurs du monde, ont également la part belle dans le paysage de la BD
contemporaine, et tout particulièrement le tango abordé dans de nombreux albums.
Située en Argentine, la 27ème
aventure du célèbre Corto Maltese d’Hugo Pratt aborde avec l’album Tango le
contexte de la ville de Buenos Aires, en 1923, avec ses réseaux organisés. A son tour, Jorge Gonzales
avec Bandonéon nous entraîne dans l’ambiance des cafés argentins, un récit nostalgique à l’image de cet
instrument typique du tango. Hommage retentissant à leur patrie d’origine, la biographie Carlos Gardel, la
voix de l’Argentine de Munoz et Sampayo sur ce grand chanteur compositeur de tango populaire, sert de
prétexte pour mettre en valeur l’histoire de l’Argentine, pays qu’ils ont fui pour raison politique dans les an-
nées 1970. Comme on vient de la voir, les musiques du monde sont souvent le reflet de l’âme d’un pays ;
Benjamin Flao et Christophe Dabitch l’ont bien illustré avec Mauvais Garçons ; l’histoire se passe en An-
dalousie et l’art du Flamenco en est le thème principal à travers les péripéties et l’amitié indéfectible de
deux amis, Manuel et Benito. De cette ouverture au monde sur les traditions musicales, on retiendra égale-
ment Rébétiko (la mauvaise herbe). David Prudhomme y restitue l’ambiance historique et politique des
années 1930 en Grèce. Moteur essentiel du récit, Rébétiko, la musique populaire grecque est omniprésente
tout au long de l’album.
La vie d’artiste, l’aventure musicale n’a de cesse d’inspirer les auteurs : musique afro-cubaine avec le ro-
man graphique langoureux Chico & Rita de Mariscal et Trueba, ou encore, dans un autre registre Marjane
Satrapi avec Poulet aux prunes, chronique familiale sur fond d’histoire iranienne contant le déclin d’un mu-
sicien déchu, Ali Khan et son târ. Avec Klezmer, Sfar propose un roman graphique sur la constitution
d’une troupe de musiciens, nomades, manouche et juifs dans l’Ukraine des années 1930. La mise en place
des personnages est à l’image de la musique, une partition organisée telle une conquête de l’est pour les
mélomanes.
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©Munoz/Sampayo/Futuropolis ©Dabitch/Flao/Futuropolis
©Prudhomme/Futuropolis
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D’autres genres musicaux apparaissent par touches, plus dilués, comme la musique classique avec
Bas de gamme de Binet, le manga Nodame cantabile de Tomoko Ninomiya. Moins présents certes, de
nombreux albums dégagent les tendances et les influences d’aujourd’hui : Accros de Techno de Ptiluc
pour les adeptes. Le Heavy Métal se fait la malle avec la série manga Detroit Metal City. Le Hip Hop entre
dans la danse avec Sentences, la vie de M.F. Grimm de Carey et Wimberly, le reggae pointe le bout du
nez avec Francis Blatte dans Le Chant du Rastaman qui offre une galerie de personnages, parmi lesquels,
l’auteur lui-même en héros trentenaire pathétique.
Véritable intérêt culturel ou support d’une situation historique, la musique dans la bande dessinée est la
base d’une créativité renouvelée. A l’avenir, on peut espérer un développement des productions dessinées
sur l’actualité musicale et les tendances actuelles. Car il existe bien d’autres manières d’aborder la mu-
sique et ses créateurs.
Effectivement, la musique signale sa présence dans l’univers de la bande dessinée par bien d’autres arti-
fices : les ambiances musicales, les bandes originales de BD, la création de pochettes de disque … On l’a
vu notamment avec le rock qui imprègne très fortement l’univers de bon nombre de dessinateurs en appa-
raissant régulièrement comme sujet d’albums mais aussi au fil des cases de leur production générale :
C’est très souvent le cas dans les albums de Zep, Margerin, Bourhis, … C’est aussi vrai pour le jazz dans
les albums de Loustal et Paringaux, de Munoz et Sampayo …
©Binet/Dargaud ©Ninomiya/Pika
©Wazasugi/12 Bis ©Carey/Wimberly/Dargaud
©Blatte/Le Poisson Pilote
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Pour d’autres, elle apparait plus comme une douce accompagnatrice qui rythme les mouvements du
crayon et de la gomme : c’est le cas de Cosey qui nous propose, au dos de chaque Jonathan, une liste de
quelques titres pour emporter le lecteur dans son univers, une sorte de bande originale de l’album. D’ail-
leurs, l’exercice semble plaire, puisqu’on voit fleurir sur le net depuis quelques temps des blogs proposant
des BO de BD : tout l’enjeu est de trouver le disque idéal qui accompagnera la lecture d’un livre et lui sera
lié dans nos souvenirs. Voici quelques sites particulièrement actifs en ce domaine :
http://bobd.over-blog.com
http://bandesoriginalesdelivres.over-blog.com/categorie-11729639.html
http://lecomptoirdelabd.blog.lemonde.fre:2012/04/02/quellesmusiques-pour-quelles-bd
Cette idée de BO de BD fait son chemin, puisque des al-
bums paraissent désormais accompagné du CD de leur
musique : c’est le cas de La Fille de Christophe Blain mise
en musique et en chansons par Barbara Carlotti, ou en-
core de La maison de pain d’épices de Cleet Boris alias
Hubert Mounier qui signe un journal graphique autobiogra-
phique en marge de l’album musical éponyme.
On a déjà abondamment évoqué le rock, il convient toutefois de présenter ici deux auteurs fans, moins con-
nus du grand public, mais qui font une belle carrière dans la BD underground.
Guillaume Bouzard : grand fan de Motorhead, son royaume, ce sont les histoires décalées dans lesquelles
il glisse souvent des ingrédients très rock’n roll, comme par exemple The autobiography of me too. Ce qu’il
dit de la musique : « C’est une source d’inspiration et aussi en quelque sorte un art de vivre puisque
j’écoute de la musique et notamment du Rock tout au long de la journée … Quel que soit son époque et
son style, il est toujours possible de brailler comme un âne sur un bon disque »
Luz : passionné autant de musique, que de dessin, ce reporter-chroniqueur-dessinateur musical, comme il
se qualifie lui-même, occupe vraiment une place à part. Entré à Charlie Hebdo en 1992, il démarre sa car-
rière comme dessinateur de presse, puis collabore rapidement aux Inrockuptibles, chronique en dessins
dans Magic ses aventures musicales, fait le Dictionnaire de la Hype pour Fluide glacial et dans la logique
de ces activités, crée le fanzine Claudiquant sur le dancefloor en 2002, diffusé également sur www.homme
-moderne.org. Son objectif : « balancer du jus, des impressions, être irresponsable, ne pas se préoccuper
de construire un « projet ». Musique, ma narine droite. Dessin, ma narine gauche. Avec ce fanzine, je peux
enfin respirer pleinement ».
©Boris/Dupuis
©Blain/Carlotti/Gallimard
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Si, comme il a été dit plus haut, les amours de la musique et de
la bande dessinée débutent aux environs des années 70, on
notera cependant que, dès les années 60, dans le milieu under-
ground des Etats-Unis, les illustrateurs s’allient à celui de la
musique psychédélique en composant affiches de concerts et
pochettes de vinyles.
Le plus connu d’entre eux reste sans conteste Robert Crumb ;
il dessine de nombreuses pochettes de disques dont la plus
célèbre est Cheap Thrills de Big Brother and the Holding Com-
pany avec Joplin. Installé depuis 1995 dans le sud de la
France, il collectionne les 78 tours et se passionne particulière-
ment pour le bues, le jazz, la country ainsi que pour le bal mu-
sette parisien des années 1920 et 1930, dont il est l'un des
plus fins connaisseurs. Il réalise la pochette de nombreux
disques, notamment ceux des Primitifs du futur, dans lequel il joue occasionnellement du banjo et de la
mandoline, et avec qui il enregistrera quatre disques. En 2009, il crée l'habillage graphique du coffret de 10
CD France, une anthologie des musiques traditionnelles, produit par Guillaume Veillet et sorti chez Fré-
meaux & Associés .
En France, on note de multiples collaborations dans ce domaine et dans les genres les plus divers. Par ail-
leurs, il est important de s’arrêter un peu plus longuement sur le magnifique travail du label BDMusic
(anciennement Nocturne), maison d'édition de bande dessinée dirigée par Bruno Théol et spécialisée dans
le lien entre musique et BD. La maison d'édition se structure en plusieurs collections correspondant à des
styles musicaux dont les titres sont majoritairement tombés dans le domaine public. En ce qui concerne
l’illustration, la politique de l'éditeur est d'accueillir autant des jeunes auteurs que des grands auteurs instal-
lés. José Correa, Cabu, Joe G. Pinelli ou Louis Joos sont des auteurs réguliers mais l'éditeur a également
publié des dessinateurs comme Robert Crumb, Jean-Michel Nicollet, Jean-Claude Denis, Pascal Raba-
té, Jean-Christophe Chauzy, Emmanuel Reuzé, Annie Goetzinger, Jacques de Loustal, Alain Goutal,
Jacques Ferrandez, Jean-Claude Götting, Charles Berbérian, etc ... A tout ces noms connus s'ajoutent
de nombreux auteurs qui réalisaient là leur premier album. Le catalogue compte à ce jour plus de 160
titres, tous conçus de la même manière : chaque album contient une bande dessinée de 22 pages, une
biographie textuelle, une discographie et 2CD dans un format 26x15 cm. Pour en savoir plus, vous pouvez
écouter l’interview de Bruno Théol : http://www.expressbd.com/crbst_114.html.
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Comme vous avez pu le constater, le couple BD et Musique mène décidément une vie très riche et pleine
d’aventures qui sont loin d’être terminées puisqu’on les voit désormais à la scène à travers les concepts de
Concerts dessinés et BD-concerts, qu’il fait l’objet de festivals spécifiquement dédiés et dont les plus con-
nus sont Bulles Zik à Paris http://www.bulleszik.com et Bédécibels à Antibes http://www.bedecibels.com
et, cerise sur le gâteau, il a même droit à un prix, décerné lors du festival Bulles Zik, et récompensant une
BD parmi une sélection de 10 titres sortis dans l’année autour du thème de la musique.
Dominique Bourdois, Philippe Goutheraud, Fanny Poussier.
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Edmond Baudoin, né à Nice en 1943 est de ces auteurs dis-
crets qui compte cependant à son actif plus de cinquante « livres de bandes
dessinées ». En 1968, il abandonne un poste de chef comptable pour accom-
plir son rêve d’enfant : faire de l’illustration et depuis ne s’est plus arrêté ...
Ses premières BD paraissent en 1974 dans Le Canard sauvage, puis dans les
années suivantes, il collabore à Circus, Pilote et l’Echo des savanes. Son premier album parait en 1981
chez Glénat : il s’agit de Civilisation. Dans les années 1980-90, il publie plusieurs albums indépendants
chez Futuropolis, notamment Couma Aco qui reçoit le prix du meilleur album en 1992 à Angoulême et Le
portrait, meilleur scénario en 1995 en ce même lieu.
Très rapidement, il prend l’habitude de travailler avec plusieurs éditeurs. Dans les années
90, il se tourne notamment vers les petits éditeurs alternatifs tels que l’Association, Z’Edi-
tions, 6 pieds sous terre … Parallèlement, il travaille aussi avec des éditeurs tels que Galli-
mard pour des romans illustrés : Le procès verbal de Le Clézio, Harrouda de Tahar Ben
Jelloun. Il dessine pour Le Seuil plusieurs titres remarqués : Piero, Mat, le Chemin des
oiseaux (sur un scénario de Nadine Brun Cosme). En 2003, paraît son premier album en
couleurs : Les yeux dans le mur, album à quatre mains avec Céline Wagner, chez Dupuis.
Deux autres titres dans la même veine paraitront chez cet éditeur : Le Chant des baleines
et Les Essuie-glace en 2005 et 2006. Il continue aussi à créer ou rééditer en noir et blanc divers albums
qui paraissent tantôt chez l’Association, tantôt chez 6 Pieds sous terre : Crazyman, Le Chemin de Saint
Jean, Chronique de l’éphémère, la Mort du peintre, Le Parfum des olives. Il publie également chez Galli-
mard : l’Arléri en 2008 et un magnifique Peau
d’âne en 2010. Il a également collaboré à
plusieurs ouvrages collectifs tels que : Pa-
roles de taulards sur un scénario de Cor-
beyran, Argent roi pour les éditions Autre-
ment.
Si vous êtes un fan inconditionnel de la ligne claire, pas-
sez votre chemin ! Baudoin est un conteur intimiste qui
privilégie les émotions, suggère plus qu’il ne décrit. Ses
récits sont très souvent empreints de poésie. Son dessin
s’apparente à de la peinture ; en effet, Edmond Baudoin
se réfère graphiquement plus aux peintres des 19 et
20ème
siècles qu'aux références BD. Travaillant presque
exclusivement en noir et blanc, il travaille sans crayonné
préalable. Il s’interroge régulièrement sur la relation
qu'entretient un artiste avec son œuvre.
Pour justifier son refus de lui accorder un prix prestigieux, un
éditeur lui confia un jour : « Si vous aviez été récompensé, cela
aurait tué la bande dessinée telle qu’on la connaît aujourd’hui.
Vous, Baudoin, vous ne faites pas de la bande-dessinée, vous
faites de l’art, de la poésie. Ça ne nous intéresse pas ».
« La main d’Edmond Baudoin n’hésite pas. Les
gestes s’enchaînent. Edmond est complètement
dans le mouvement de sa main, dans celui du
pinceau. Son regard ne se détache pas de la
feuille. Le bras proche du corps, tout son être suit
le geste pour donner plus d’ampleur au mouve-
ment, pour s’accommoder de la tension. Derrière
ses lunettes, ses yeux clignent et la main se sus-
pend. Debout devant sa table à dessin, Edmond
s’imprègne de son personnage. »
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Baudoin n’est pas musicien, il a cependant une conscience profonde de la musique qui
pour lui régit toute chose, les êtres comme la nature. C’est pourquoi, il conçoit ses
livres comme le musicien sa partition, ce qu’il explique parfaitement dans le petit opus
« La Musique du dessin » paru aux éditions de l’An 2 en 2005. Alors laissons-lui la
Dali
Baudoin.- Dupuis : Ed. du Centre Pompidou, 2012.- non paginé : ill. en noir et en couleur ; 25 cm.- (Aire libre).
La rétrospective Dali au centre Pompidou a permis à Edmond Baudoin de
nous proposer sa vision du grand peintre surréaliste. N’attendez pas de sa part
une biographie classique, non, c’est une plongée graphique au cœur de
l’œuvre du peintre, une sorte de balade entre rêve et réalité, qui alterne les vi-
sions pleine page de fragments de tableaux avec des tranches de narration
plus classique qui nous donne à voir parfois un Dali émouvant. Baudouin est
un maître du noir et blanc, ne vous attendez pas à trouver dans ces pages des
explosions de couleur, mais quelques touches judicieusement disséminées çà
et là, sont la plus belle de incitations à (re)découvrir les tableaux de Dali. Pour aller plus loin, vous
trouverez également en fin d’opus, une chronologie détaillée et une bibliographie sélective. Alors
soyez fou ! Laissez vous embarquer dans cette œuvre géniale ! Dominique Bourdois
« Avec le dessin et, bien sûr, la bande dessinée, je travaille presque toujours debout pour sentir la totalité de mon corps,
même si, seuls le bras et le poignet bougent lorsque je dessine. L’engagement, qu’il soit physique ou intellectuel, est beau-
coup plus long qu’en peinture et s’étale sur plusieurs mois. C’est beaucoup plus réfléchi que la peinture, et je peux aussi
m’en libérer quelques temps pour m’oxygéner, aller me promener, me reposer, lire, faire ce que tout le monde fait dans
une journée. En écriture, c’est encore différent. Là, plus rien ne bouge si ce n’est les doigts qui tapent sur un clavier, et les
sourcils que tu fronces. Il n’y a pas de sortie, plus aucune liberté. Qu’on soit au restaurant, au cinéma, en avion ou aux to i-
lettes, l’écriture monopolise l’esprit. On vit avec. »
« Moi qui ne suis pas musicien, j’emploie beaucoup le mot musique pour exprimer le rythme. Il
m’arrive de parler de la musique de Fellini ou de la musique de Pasolini. Pour moi, c’est extrê-
mement important que les êtres aillent dans leur musique. La musique pour certains, c’est peut-
être de regarder les arbres vivre, les oiseaux voler… Pourquoi pas ? Mais quoi qu’il en soit, il
faut que chacun trouve sa musique, et aille dans sa musique. Pour moi, c’est cela l’essentiel. »
Pour en savoir plus sur cet artiste attachant, n’hésitez pas à consulter son site : http://www.edmondbaudoin.com/edmond_baudoin.html
Retrouvez le également dans le remarquable entretien recueilli par Bruno Canard & Franck Aveline, publié dans L’Indispensable n°2 en Octobre 1999 :
http://www.du9.org/entretien/edmond-baudoin-l-emotion-du-geste/
Et sur le site http://fr.ulule.com/baudoin/ pour une interview de Laetitia Cartron qui réalise un long-métrage sur Baudouin : Eloge de l’impuissance, un portrait de Baudoin
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S Les deux créateurs de cette jeune maison d'édition qui fête ces 10
ans cette année : Richard Saint Martin et Emmanuel Bouteille, se
sont rencontrés lors d'un stage chez Delcourt qui fêtait également
ses 10 ans ! Après de nombreuses expériences chacun de leur
côté, ils se trouvent licenciés en même temps et décident de ce
lancer dans l'édition avec leurs économies en créant la structure éditoriale Akiléos (Achille en Grec) en
2003 et dont le logo est inspiré de la couverture de 300 de Frank Miller.
Le premier album édité s'intitule The Cool Bros de Boris Kiselichi suivi de Whiteout de Greg Rucka et
Steve Lieber, un polar en Antarctique en deux volumes. Ces deux ouvrages sont des traductions d'œuvres
américaines, moins chères à produire. Le deuxième permettra de poursuivre l'aventure.
L'année suivante sortira Milmo, une création cette fois-ci, dans le genre Fantasy. Cette série se déroulera
sur trois tomes, le dernier étant sorti en 2007. Puis suivront trois nouvelles traductions : Courtney Crumrin,
une série fantastique de Ted Naifeh, L'âge de bronze d'Eric Shanower, récompensée deux fois par le Eis-
ner Award du meilleur scénariste/dessinateur et Queen & Country série d'espionnage en sept volumes. Les
ventes de ces ouvrages tournent autour de 5000 exemplaires, ce qui n’est déjà pas si mal pour du noir et
blanc.
Les années 2007-2008 verront la production augmenter en volume avec une tentative dans le manwha
(manga coréen). C'est aussi à ce moment là que sort le western fantastique Billy Wild de Céka et Guil-
laume Griffon, un beau succès en librairie. Suivi par d'autres : Clues de Mara, une série d'enquêtes poli-
cières dans le Londres de la fin du 19ème
siècle et Fera agent, une série SF du scénariste Rick Remeder
avec des dessinateurs différents sur chaque opus.
©Shanower/Akileos ©Rucka/Lieber//Akileos
©Naifeh/Akileos ©Céka/Griffon/Akileos
©Céka/Griffon/Akileos
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Les édition
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Le véritable best-seller sort en 2010 : Block 109, une uchronie qui voit une Angleterre et ses alliés anéantis
par le feu nucléaire d'un IIIème
Reich tout puissant. Les ventes se montent à plus de 25 000 exemplaires
depuis la parution.
L'année 2012 a été l'année de la consécration pour cette petite maison d'édition de quatre personnes avec
le prix spécial du jury pour l'album Le Nao de Brown de l'anglais Glyn Dillon, histoire d'amour entre une
jeune femme timide souffrant de tocs, et un homme bourru mais cultivé.
A noter aussi la collection d'art books commencé en 2007 avec un premier recueil d'illustrations de Dean
Yeagle et sa pin-up Mandy, suivi par Peter De Sève. Ainsi que des recueils d'auteurs BD comme Luguy
ou Cromwell. Cette collection d'art book se tourne actuellement vers le cinéma avec le making of de Pro-
metheus ou celui de Elysium : l'univers du film.
Akileos est un éditeur très intéressant à suivre, en particulier pour son travail de traduction de titres améri-
cains ou anglais. Mais aussi avec des créations franco-belge, le travail de Guillaume Griffon notamment,
le tome 4 de la série Apocalypse sur Carson city devrait sortir ces jours-ci.
Vous pourrez trouver plus amples informations sur leurs site et blog:
www.akileos.com et http://akileos-editions.blogspot.fr
©Monnin/Akileos ©Deveney/Akileos
©Toulhoat/Akileos ©Dillon/Akileos
©Griffon/Akileos
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Alary p.36
Alquier p.43
Andreas p.50
Appollo p.26
Augustin p.43
Backderf p.15
Baru p.32
Bastide p.42
Bétand p.20
Blondel p.42
Bollée p.18
Bonhomme p.25
Brüno p.37, 49
Campi p.14
Carrion p.46
Casini p.33
Charlot p.33
Chauvel p.34
Ciaramella p.44
Coste p.13
Craoman p.16
Corman p.30
Day p.44
Denis p.36
Denys p.34
Dillies p.26
Dorison p.42
Durbiano p.24
Dutreix p.24
Enard p.28
Fantini p.13
Fernandez p.44
Ferniani p.44
Fourquemin p.33
François p.23
Futaki p.45
Gaet’s p.32
Gorce p.24
Götting p.34
Griffo p.37
Guedin p.16
Hanuka p.31
Hardoc p.23
Hautière p.23
Hawthorne p.48
Henriet p.40
Henson p.39
Herring p.39
Hill p.44
Hittinger p.26
Howard p.44
Hubert p.34
Huddleston p.35
Hureau p.31
Jamar p.48
Juhl p.39
Kris p.19
Kunwu p.15
Lamy p.40
Lax p. 21
Lebon p.39
Le Galli p.20
Legendre p.13
Legrand p.50
Lemaire p.22
Leo p.48
Lepage p.14
Le Roy p.21
Lob p.50
London p.38
Loustal p.34
Loyer p.18
Lupano p.25
Lylian p.39
Manginp .37
Mariolle p.44
Marquès p.28
Merlet p.26
Meyer p.42
Morice p.34
Morvan p.48
Motin p.12
Mulot p.38
Munoz p.32
Murat p.29
Nadja p.30
Neuray p.22
Nicloux p.18
Nob p.36
Nury p.36, 37
Ozaman p.46
Pendanx p.19
Pérez p.39
Perrissin p.22
Petrusa p.12
Picard p.38
Pieri p.25
Planellas p.13
Poli p.42
Porcel p.20
Powerpaola p.12
Prado p.41
Preston p.28
Quella-Guyot p.34
Rabaté p.17,31
Rascal p.29
Reb’s p.38
Recht p.42
Rochette p.50
Ross p.15
Ruby p.22
Ruppert p.38
Salomone p.25
Siegel p.43
Simon p.48
Smulkowski p.33
Snyder p.45
Springer p.31
Stalner p.46
Tanquerelle p.26
Tardi p.19
Thibaut-Jouvray p.21
Toshusai p.45
Tirabosco p.22
Trondheim p.25
Tuft p.45
Uoto p.45
Usagi p.40
Vaccaro p.21
Védrines p.35
Venditti p.35
Venzi p.40
Vivès p.38
Weyhe p.14
Willenz p.14
Wouters p.15
Wul p. 48
Yann p.40, 43
Zabus p.14
Zep p.17
Zidrou p.20, 31
INDEX DES AUTEURS :
66
INDEX DES TITRES DE LA SELECTION 2012/2013 :
Abymes p.37
Ardelen p.41
Asgard p.42
Au vent Mauvais p.29
Batchalo p.20
Le Beau voyage p.31
Blackface Banjo p.55
Canicule p.32
The Cape p.44
Colo : Bray Dunes 1999 p.16
Les Cosaques d’Hitler p.22
Crève Saucisse p.31
Dali p.63
Dent d’ours p.40
Dessous p.30
Dossier A p.45
L’Ecureuil du Vel d’Hiv
Elric p.42
Espana la vida p.21
Fatman p.34
Fenêtres sur rue p.17
Les Filles de Montparnasse p.30
Les Folies bergères p.20
Fragments p.33
La Grande odalisque p.38
La Guerre des Lulus p.23
Une Histoire d’hommes p.17
The Homeland Directive p.35
L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu p.25
Impostures p.24
Les Indégivrables p.24
J’aurai ta peau Dominique A p.56
Jim Curious p.38
Jim Henson’s Tale of sand p.39
Le Journal de Frankie Pratt p.28
K.O à Tel Aviv p.31
Kongo p.22
Un Léger bruit dans le moteur p.32
Lorna p.49
Le Loup des mers p.38
La Main de Dieu p.35
Meilleurs Vœux de Mostar p.12
Mélo Pop p.24
Mermaid Project p.48
Moi René Tardi … p.19
Mon ami Dahmer p.15
Oms en série p.48
Papeete 1914 p.34
Les Petites Gens p.14
Les Pieds bandés p.15
Les Pieds dans le béton p.15
Pigalle 62.27 p.34
Un Printemps à Tchernobyl p.14
Le Révérend p.39
Rimbaud l’indésirable p.13
La Ronde p.14
Rork p.50
Sailor Twain p.43
Sang Noir p.18
Saveur Coco p.26
Severed p.45
Silas Corey p.36
Skraeling p.40
Svoboda p.19
La Tectonique des plaques p.12
Le Temps est proche p.26
Temudjin p.46
Terra Australis p.18
Texas Cowboys p.25
Le Train des orphelins p.33
Le Transperceneige p.50
Tout sera oublié p.28
Tyler Cross p.37
Virus Tropical p.12
Vito p.46
La Voie du sabre p.44
Les Voleurs de Carthage p. 26
Whaligoë p.43
Woodstock p.53
Zigeuner p.13
67
CAUDAN rue Pierre Loti 02 97 80 50 50
NOYAL-PONTIVY Avenue de la Libération
02 97 38 31 03
CARO Rue St Nicolas 02 97 74 67 40
VANNES Rue Montaigne 02 97 63 39 30
Retrouvez les documents des sélections de la Médiathèque Départementale du Morbihan
(Cinédoc, Colibri, Galettes de Son et Sémaphore) dans vos médiathèques grâce à ce macaron :