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Moi, président anti-Hollande C ’est bien connu, on ne meurt que deux fois… de la main du même homme. Sept mois après avoir porté un premier coup contre François Hollande en quittant le gouvernement, Emmanuel Macron en donne un second, en faisant de l’actuel président son anti-modèle absolu. « Je ne prétends pas être un président normal. Je compte être un président qui préside, un président engagé sans jamais être un président de l’anecdote », dit-il, un peu cruel dans une interview au « Monde ». A trois semaines du premier tour, un seul objectif : décoller cette étiquette insistante du « Hollande bis », que lui appose François Fillon. Il n’est pas le dauphin que pousse un président empêché, signifie- t-il ainsi. Il n’est pas, surtout, l’héritier de sa méthode, devenue synonyme d’inertie. Ceux qui ont découvert Emmanuel Macron au premier débat télévisé ne le reconnaîtront sans doute pas au second. Fini le jeune homme souriant donnant son assentiment à l’un puis à l’autre. En quinze jours, le candidat a changé de stratégie. Costume noir plutôt que bleu, visage sérieux et ton impérieux, il faut faire président ! Le « bienveillant » répond désormais coup pour coup aux attaques de ses adversaires. Lui qui défendait l’idée d’un chef de l’Etat sur son Aventin, au dessus de la mêlée – « être président, ce n’est pas gouverner », insistait- il encore il y a peu –, revient à une conception plus impliquée, ou plus sarkozyenne. Le président doit pouvoir « prendre des décisions rapides », avec « un gouvernement qui gouverne », et sans peur du 49-3, dit-il. Enfin, s’il peine à obtenir autant de soutiens à droite qu’à gauche, Emmanuel Macron veut corriger le tir en redonnant de l’ambition à son programme. Que ce soit sur le droit du travail, l’école ou l’assurance-chômage, « je ne propose pas un ajustement à la marge mais une transformation en profondeur », martèle-t-il. « Garant du temps long », il entend aussi muscler son dispositif pour les cent premiers jours. Ses groupes de travail thématiques ont été réactivés récemment pour « retrouver la dynamique réformatrice du départ », dit un membre. Trois semaines, presque un stage accéléré, pour être vu comme un président crédible, est-ce possible ? @ccornudet A l’approche du scrutin, Emmanuel Macron tente de lever les doutes sur sa capacité à être président, en prenant Hollande comme anti-modèle absolu. Hôpitaux de jour : la FHF vent debout contre la récente réforme tarifaire SANTÉ La Fédération hospitalière de France, qui représente les établissements de santé publics, a réclamé lundi le retrait « immé- diat » d’une réforme tarifaire « absurde » qui risque d’entraîner selon elle la « disparition » des hôpitaux de jour. Appliquée depuis le 1 er mars, la réforme a durci les critères de financement de l’hospi- talisation de jour, « déclassifiant » des prestations pour les facturer comme des consultations externes, moins remboursées par l’assurance-maladie. La perte de recettes pourrait atteindre « au moins 500 millions d’euros » pour les établissements en année pleine, s’est inquiétée la FHF. en bref Discrimination à l’embauche : El Khomri réhabilite Courtepaille EMPLOI L’entreprise de restauration Courtepaille, épinglée en mars avec AccorHotels, par Myriam El Khomri après un « testing » contre les discriminations à l’embauche, a présenté un nouveau plan d’action jugé « concluant », a annoncé lundi la ministre du Travail. Courtepaille s’est « félicité » que le minis- tère réexamine ses mesures et bonnes pratiques et apprécie ses engagements pour renforcer durablement la prévention de la discrimination. AccorHotels va, de son côté, présenter un nou- veau plan, qui sera également évalué, selon le ministère. Dessins Fabien Clairefond pour « Les Echos » Ingrid Feuerstein @In_Feuerstein Cela sera-t-il l’une des surprises du débat télévisé de ce mardi soir ? Une proposition fiscale choc, à l’image de la taxe à 75 % de François Hollande, fera-t-elle son apparition, à trois semaines du scrutin ? Jus- qu’ici, la fiscalité s’est en tout cas faite plutôt discrète dans la campa- gne. Contrairement à 2012, où la gauche l’avait imposée dans le débat sur le terrain de la justice sociale. Le contexte était bien diffé- rent : en pleine crise des dettes sou- veraines, la question était de savoir qui allait le plus contribuer à la réduction des déficits. Le « ras-le-bol fiscal » est passé par là. Et les mesures les plus emblématiques proposées par François Hollande, comme la taxe à 75 % ou la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG, n’ont pu être menées à terme. Face à une pres- sion fiscale record, plus aucun can- didat, à l’exception notable de Jean- Luc Mélenchon, n’ose faire campagne sur des hausses d’impôt. Et ce, malgré le fait que le déficit de la France ne soit toujours pas repassé en dessous des 3 %. Si les propositions méritent d’être pas- sées au crible, c’est qu’elles sont révélatrices des clivages entre les candidats. Avec, d’un côté, la ligne pro-entrepreneurs défendue par François Fillon et Emmanuel Macron, plus marquée chez le pre- mier que chez le second. Tous deux promettent de revenir sur l’aligne- ment de la fiscalité du capital et du travail adopté durant le quinquen- nat Hollande. Ils s’engagent à faire tomber le « totem » de l’ISF, alors qu’aucun politique n’a osé s’y atta- quer depuis les années 1980. A une grosse nuance près : Emmanuel Macron souhaite le maintenir sur les actifs immobiliers. Sur le reste, leurs projets diver- gent dans leur philosophie. Pour François Fillon, la fiscalité est un moyen d’afficher une politique familiale volontariste, avec le relè- vement du plafond du quotient familial à 3.000 euros, un niveau encore plus élevé qu’en 2012 (2.300 euros). Des avantages rétablis Emmanuel Macron, lui, défend une option d’individualisation de l’impôt pour les couples, plutôt favorable aux classes moyennes. De même, l’exonération de taxe d’habi- tation pour 80 % des ménages vise les foyers dont le revenu par part est inférieur à 20.000 euros annuels. Quant au programme fiscal de Marine Le Pen, il est souvent éclipsé par sa promesse de sortie de l’euro. Mais la candidate du Front national propose bien 11 milliards d’euros de baisses d’impôt en révisant le barème et en rétablissant les avan- tages supprimés ou réduits ces der- nières années (quotient familial, défiscalisation des heures supplé- mentaires, etc.). Paradoxalement, ces allégements ne bénéficieraient pas aux classes populaires, qui constituent le cœur de son électo- rat, puisqu’ils portent essentielle- ment sur l’impôt sur le revenu, payé par seulement 45 % des foyers. Pour les bas salaires et les petites retraites, Marine Le Pen souhaite mettre en place une « prime de pou- voir d’achat », qui serait financée par une contribution à 3 % sur les importations. Dans sa logique, cette prime n’est finalement pas loin du revenu universel défendu par Benoît Hamon. Depuis la primaire, le candidat socialiste a revu son projet en faveur d’un renforcement du RSA et de la prime d’activité. Cette réforme serait financée en partie par un rapprochement de la taxe foncière et de l’ISF, avec des hausses d’impôt à la clef pour les plus aisés, mais qui n’ont jamais été précisées. En tout état de cause, la première décision que prendra le prochain président en matière de fiscalité portera sur la collecte de l’impôt. Il devra décider ou non d’appliquer le prélèvement à la source au 1 er jan- vier 2018. ( Lire l’éditorial de Dominique Seux Page 10 Les candidats veulent corriger le « choc fiscal » LES ENJEUX DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE l Face à une pression fiscale record, plus aucun candidat, à l’exception de Jean-Luc Mélenchon, n’ose faire campagne sur des hausses d’impôt. l ISF, revenu universel, impôts locaux : les promesses révèlent de forts clivages. Dans cette campagne électorale, il y a des promesses de baisses d’impôt, mais aussi des promesses… de ne pas toucher aux impôts. Emma- nuel Macron et François Fillon ont placé la stabilité fiscale au cœur de leur argumentaire, du moins lors- qu’ils s’adressent au monde des affaires, très sensible à ce sujet. Tous deux ont encore renouvelé cet engagement la semaine dernière lors de leur audition au Medef. « En matière fiscale, nous ferons voter une loi en début de quinquennat qui inclura la suppression de l’ISF, la nouvelle fiscalité du capital et les baisses de charges. Elle sera valable sur cinq ans », a promis aux patrons le candidat de la droite. Dans la même veine, Emmanuel Macron assure que, s’il est élu, on ne retou- chera plus un droit ou un impôt, une fois qu’il aura été modifié. « Il faut une loi organique pour lier les mains du législateur. Au-delà de la loi de finances, il y aura deux ou trois mois durant lesquels on légifère, le reste où l’on évalue », a prévenu l’ancien ministre de l’Economie. Quinze taxes nouvelles par an entre 2010 et 2013 Cet engagement répond à une inquiétude souvent relayée par les entreprises face au changement récurrent des règles fiscales. Elles ont été particulièrement servies ces dernières années. Entre 2010 et 2013, les lois de finances et les budgets rectificatifs de fin d’année ont pu comporter jusqu’à 500 arti- cles pour de 150 à 200 mesures fis- cales, relève l’observatoire EY des politiques budgétaires et fiscales. Une période durant laquelle on a pu créer une quinzaine de taxes nou- velles chaque année. Sur la fin du quinquennat, cette frénésie fiscale s’est apaisée. Avec de 100 à 150 mesures fiscales, les der- nières lois de finances pour 2016 et 2017 ont été un peu moins denses. Mais certains revirements ont par- ticulièrement marqué les esprits. C’est le cas de la réorientation du pacte de responsabilité, dont la troi- sième étape a été revue au profit d’une hausse du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, au lieu d’une suppression de C3S. Le débat sur la fiscalité des actions gratuites à l’automne der- nier a également laissé des traces. Après trois mois d’incertitude, le Parlement a fini par voter une révi- sion du régime pour les prochains plans de distribution, mais qui pourrait être remise en question si la prochaine majorité adopte un prélèvement forfaitaire sur les reve- nus du capital. Le bilan de la commission des Finances sur la législature est révé- lateur de cette agitation fiscale bien française. De 2012 à fin 2016, les députés ont examiné plus de 6.660 amendements, dont 1.840 environ ont été adoptés. Ils ont siégé près de 706 heures en commission. Et, encore, leur activité a plutôt diminué par rapport à la précédente législature, où ils s’étaient réunis près de 1.000 heures. Reste à voir si le prochain président parviendra à contenir la créativité parlemen- taire. Sachant que les premiers tex- tes budgétaires de la législature comprendront les mesures fiscales de leurs projets respectifs, et que les élus voudront y contribuer. — In. F. Promesses de stabilité fiscale pour les entreprises Emmanuel Macron et François Fillon ont placé la stabilité fiscale au cœur de leur argumentaire face aux entreprises. La date 2018 La date d’entrée en vigueur du prélèvement à la source. Une réforme que François Fillon, s’il est élu, promet de supprimer. L’ÉDITO ÉCO DE NICOLAS BARRÉ DULUNDIAUVENDREDIÀ7H10 DANS LA MATINALE DE THOMAS SOTTO LE DIRECTEUR DE LA RÉDACTION DES ÉCHOS #E1Matin LE FAIT DU JOUR POLITIQUE Cécile Cornudet 02 // Mardi 4 avril 2017 Les Echos FRANCE

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Page 1: SIDENTIELLE Lescandidatsveulent Moi,pr corrigerle«chocfiscal€¦ · et 2013, leslois de finances et les budgets rectificatifs de fin d’année ont pu comporterjusqu’à 500arti-

Moi,présidentanti-Hollande

C ’est bien connu, on nemeurt que deux fois…de la main du même

homme. Sept mois après avoirporté un premier coup contreFrançois Hollande en quittantle gouvernement, EmmanuelMacron en donne un second,en faisant de l’actuel présidentson anti-modèle absolu.« Je ne prétends pas êtreun président normal. Je compteêtre un président qui préside,un président engagé sansjamais être un présidentde l’anecdote », dit-il, un peucruel dans une interview au« Monde ». A trois semainesdu premier tour, un seulobjectif : décoller cetteétiquette insistante du« Hollande bis », que luiappose François Fillon. Il n’estpas le dauphin que pousse unprésident empêché, signifie-t-il ainsi. Il n’est pas, surtout,l’héritier de sa méthode,devenue synonyme d’inertie.Ceux qui ont découvertEmmanuel Macronau premier débat télévisé nele reconnaîtront sans doutepas au second. Fini le jeunehomme souriant donnantson assentiment à l’un puisà l’autre. En quinze jours,

le candidat a changé destratégie. Costume noir plutôtque bleu, visage sérieuxet ton impérieux, il faut faireprésident ! Le « bienveillant »répond désormais couppour coup aux attaques de sesadversaires. Lui qui défendaitl’idée d’un chef de l’Etatsur son Aventin, au dessus dela mêlée – « être président, cen’est pas gouverner », insistait-il encore il y a peu –, revientà une conceptionplus impliquée, ou plussarkozyenne. Le présidentdoit pouvoir « prendre desdécisions rapides », avec « ungouvernement qui gouverne »,et sans peur du 49-3, dit-il.Enfin, s’il peine à obtenirautant de soutiens à droitequ’à gauche, EmmanuelMacron veut corriger le tir enredonnant de l’ambition à sonprogramme. Que ce soit surle droit du travail, l’école oul’assurance-chômage, « je nepropose pas un ajustement à lamarge mais une transformationen profondeur », martèle-t-il.« Garant du temps long »,il entend aussi musclerson dispositif pour les centpremiers jours. Ses groupesde travail thématiques ont étéréactivés récemment pour« retrouver la dynamiqueréformatrice du départ », ditun membre. Trois semaines,presque un stage accéléré,pour être vu commeun président crédible,est-ce possible ?

@ccornudet

A l’approche du scrutin, Emmanuel Macron tentede lever les doutes sur sa capacité à être président,en prenant Hollande comme anti-modèle absolu.

Hôpitaux de jour : la FHF vent deboutcontre la récente réforme tarifaireSANTÉ — LaFédérationhospitalièredeFrance,quireprésentelesétablissements de santé publics, a réclamé lundi le retrait « immé-diat » d’une réforme tarifaire « absurde » qui risque d’entraînerselon elle la « disparition » des hôpitaux de jour. Appliquée depuisle1er mars,laréformeadurcilescritèresdefinancementdel’hospi-talisation de jour, « déclassifiant » des prestations pour les facturercomme des consultations externes, moins remboursées parl’assurance-maladie. La perte de recettes pourrait atteindre « aumoins 500 millions d’euros » pour les établissements en annéepleine, s’est inquiétée la FHF.

en bref

Discrimination à l’embauche :El Khomri réhabilite CourtepailleEMPLOI — L’entreprise de restauration Courtepaille, épingléeen mars avec AccorHotels, par Myriam El Khomri après un« testing » contre les discriminations à l’embauche, a présentéun nouveau plan d’action jugé « concluant », a annoncé lundi laministre du Travail. Courtepaille s’est « félicité » que le minis-tère réexamine ses mesures et bonnes pratiques et apprécie sesengagements pour renforcer durablement la prévention de ladiscrimination. AccorHotels va, de son côté, présenter un nou-veau plan, qui sera également évalué, selon le ministère.

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Ingrid Feuerstein@In_Feuerstein

Cela sera-t-il l’une des surprises dudébat télévisé de ce mardi soir ?Une proposition fiscale choc, àl’imagedelataxeà75 %deFrançoisHollande,fera-t-ellesonapparition,à trois semaines du scrutin ? Jus-qu’ici, la fiscalité s’est en tout casfaite plutôt discrète dans la campa-gne. Contrairement à 2012, où lagauche l’avait imposée dans ledébat sur le terrain de la justicesociale. Le contexte était bien diffé-rent : en pleine crise des dettes sou-veraines, la question était de savoirqui allait le plus contribuer à laréduction des déficits.

Le « ras-le-bol fiscal » est passépar là. Et les mesures les plusemblématiques proposées parFrançois Hollande, comme la taxeà 75 % ou la fusion de l’impôt sur lerevenu et de la CSG, n’ont pu êtremenées à terme. Face à une pres-sion fiscale record, plus aucun can-didat, à l’exception notable de Jean-L u c M é l e n c h o n , n’o s e f a i r ecampagne sur des hausses d’impôt.Et ce, malgré le fait que le déficitde la France ne soit toujours pas

repassé en dessous des 3 %. Si lespropositions méritent d’être pas-sées au crible, c’est qu’elles sontrévélatrices des clivages entre lescandidats. Avec, d’un côté, la lignepro-entrepreneurs défendue parFrançois Fillon et EmmanuelMacron, plus marquée chez le pre-mier que chez le second. Tous deuxpromettent de revenir sur l’aligne-ment de la fiscalité du capital et dutravail adopté durant le quinquen-nat Hollande. Ils s’engagent à fairetomber le « totem » de l’ISF, alorsqu’aucun politique n’a osé s’y atta-quer depuis les années 1980. A unegrosse nuance près : EmmanuelMacron souhaite le maintenir surles actifs immobiliers.

Sur le reste, leurs projets diver-

gent dans leur philosophie. PourFrançois Fillon, la fiscalité est unmoyen d’afficher une politiquefamiliale volontariste, avec le relè-vement du plafond du quotientfamilial à 3.000 euros, un niveauencore plus é levé qu’en 2012(2.300 euros).

Des avantages rétablisEmmanuelMacron,lui,défenduneoption d’individualisation del’impôt pour les couples, plutôtfavorableauxclassesmoyennes.Demême,l’exonérationdetaxed’habi-tation pour 80 % des ménages viselesfoyersdontlerevenuparpartestinférieur à 20.000 euros annuels.

Quant au programme fiscal deMarineLePen,ilestsouventéclipsépar sa promesse de sortie de l’euro.MaislacandidateduFrontnationalpropose bien 11 milliards d’euros debaisses d’impôt en révisant lebarème et en rétablissant les avan-tages supprimés ou réduits ces der-nières années (quotient familial,défiscalisation des heures supplé-mentaires, etc.). Paradoxalement,ces allégements ne bénéficieraientpas aux classes populaires, quiconstituent le cœur de son électo-

rat, puisqu’ils portent essentielle-mentsurl’impôtsurlerevenu,payépar seulement 45 % des foyers.

Pour les bas salaires et les petitesretraites, Marine Le Pen souhaitemettre en place une « prime de pou-voir d’achat », qui serait financéepar une contribution à 3 % sur lesimportations.Danssalogique,cetteprime n’est finalement pas loin durevenu universel défendu parBenoît Hamon. Depuis la primaire,le candidat socialiste a revu sonprojet en faveur d’un renforcementdu RSA et de la prime d’activité.Cette réforme serait financée enpartie par un rapprochement de lataxe foncière et de l’ISF, avec deshausses d’impôt à la clef pour lesplus aisés, mais qui n’ont jamais étéprécisées.

En tout état de cause, la premièredécision que prendra le prochainprésident en matière de fiscalitéportera sur la collecte de l’impôt.Il devra décider ou non d’appliquerle prélèvement à la source au 1er jan-vier 2018.

(Lire l’éditorialde Dominique SeuxPage 10

Les candidats veulentcorriger le « choc fiscal »

LES ENJEUX DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

l Face à une pression fiscale record, plus aucun candidat, à l’exceptionde Jean-Luc Mélenchon, n’ose faire campagne sur des hausses d’impôt.l ISF, revenu universel, impôts locaux : les promesses révèlent de forts clivages.

Danscettecampagneélectorale, ilyadespromessesdebaissesd’impôt,mais aussi des promesses… de nepas toucher aux impôts. Emma-nuel Macron et François Fillon ontplacé la stabilité fiscale au cœur deleur argumentaire, du moins lors-qu’ils s’adressent au monde desaffaires, très sensible à ce sujet.Tous deux ont encore renouvelé cetengagement la semaine dernièrelors de leur audition au Medef. « Enmatièrefiscale,nousferonsvoteruneloi en début de quinquennat quiinclura la suppression de l’ISF, lanouvelle fiscalité du capital et lesbaisses de charges. Elle sera valablesurcinqans »,apromisauxpatrons

le candidat de la droite. Dans lamême veine, Emmanuel Macronassure que, s’il est élu, on ne retou-chera plus un droit ou un impôt,une fois qu’il aura été modifié. « Ilfaut une loi organique pour lier lesmainsdulégislateur.Au-delàdelaloide finances, il y aura deux ou troismois durant lesquels on légifère, lereste où l’on évalue », a prévenul’ancien ministre de l’Economie.

Quinze taxes nouvellespar an entre 2010 et 2013Cet engagement répond à uneinquiétude souvent relayée par lesentreprises face au changementrécurrent des règles fiscales. Ellesont été particulièrement servies cesdernières années. Entre 2010et 2013, les lois de finances et lesbudgets rectificatifs de fin d’annéeont pu comporter jusqu’à 500 arti-cles pour de 150 à 200 mesures fis-

cales, relève l’observatoire EY despolitiques budgétaires et fiscales.Unepériodedurantlaquelleonapucréer une quinzaine de taxes nou-velles chaque année.

Sur la fin du quinquennat, cettefrénésiefiscales’estapaisée.Avecde100 à 150 mesures fiscales, les der-nières lois de finances pour 2016et2017ontétéunpeumoinsdenses.Mais certains revirements ont par-ticulièrement marqué les esprits.C’est le cas de la réorientation dupacte de responsabilité, dont la troi-sième étape a été revue au profitd’unehausseducréditd’impôtpourla compétitivité et l’emploi, au lieud’une suppression de C3S.

Le débat sur la fiscalité desactions gratuites à l’automne der-nier a également laissé des traces.Après trois mois d’incertitude, leParlement a fini par voter une révi-sion du régime pour les prochains

plans de distribution, mais quipourrait être remise en question sila prochaine majorité adopte unprélèvement forfaitaire sur les reve-nus du capital.

Le bilan de la commission desFinances sur la législature est révé-lateur de cette agitation fiscale bienfrançaise. De 2012 à fin 2016, les députés ont examiné plus de6.660 amendements, dont 1.840 environontétéadoptés. Ilsontsiégéprès de 706 heures en commission.Et, encore, leur activité a plutôt diminuéparrapportàlaprécédentelégislature, où ils s’étaient réunis près de 1.000 heures. Reste à voir sile prochain président parviendra à contenir la créativité parlemen-taire. Sachant que les premiers tex-tes budgétaires de la législature comprendront les mesures fiscales de leurs projets respectifs, et que lesélus voudront y contribuer. — In. F.

Promessesdestabilité fiscalepourlesentreprisesEmmanuel Macronet François Fillon ont placéla stabilité fiscale au cœurde leur argumentaireface aux entreprises.

La date

2018La date d’entrée en vigueurdu prélèvement à la source.Une réforme que François Fillon,s’il est élu, promet de supprimer.

L’ÉDITOÉCODENICOLASBARRÉDULUNDIAUVENDREDIÀ7H10

DANSLAMATINALEDETHOMASSOTTO

LEDIRECTEURDELARÉDACTIONDESÉCHOSLE DIRECTEUR DE LA RÉDACTION DES ÉCHOS

#E1Matin

LE FAITDU JOURPOLITIQUE

CécileCornudet

02 // Mardi 4 avril 2017 Les Echos

FRANCE

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Les Echos Mardi 4 avril 2017 FRANCE // 03

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Jean-Luc Mélenchon n’y va pas parquatre chemins : il veut une « révolu-tion fiscale ». « De l’argent, il y en a.Mais il est capté par les uns au lieu d’êtremis au service de l’intérêt général parl’impôt », explique le candidat deLa France insoumise sur son siteInternet. Suivant cette logique, sonprogramme en matière de fiscalité desménages tend donc à prendre l’argentlà où il est, chez les riches. Il proposeune taxation renforcée des revenuset des patrimoines les plus élevés.Le candidat propose trois mesureschocs : renforcer l’impôt sur la fortune(sans préciser dans quelle mesure) ;créer un « revenu maximum » de400.000 euros annuels, au-delà duquelles revenus seraient taxés à 100 % ;et renforcer la fiscalité des successions.Les plus importantes successionsseraient ainsi taxées davantage etun « héritage maximal » de 33 millionsd’euros serait créé. Enfin, Jean-LucMélenchon veut réinstaurer une TVAsur les produits de luxe.

Mélenchon :taxerleshautsrevenus

C’est sa proposition clef pour « réussirla transition économique ». Sa mesuremajeure pour redonner du pouvoird’achat « à 19 millions de Français ».Et sa principale réforme en matièrede fiscalité des ménages. Symbole de ce« futur désirable » dont il fait son éten-dard, le revenu universel d’existenceprend la forme d’un crédit d’impôt ets’appuie sur le prélèvement à la source.Dans sa première mouture, le coût dela mesure était évalué, à terme, à350 milliards par an. Raboté, il n’estplus que de 35 milliards. Ce qui ne rendplus nécessaire, aux yeux du candidat,la « révolution fiscale » qu’il promettait,avec notamment la fusion de l’impôtsur le revenu et de la CSG, et la nais-sance d’un grand impôt progressifsur 10 tranches. Cette grande réformea disparu de son programme, encoreflou sur les questions fiscales. MaisBenoît Hamon a donné, ce lundi,le coup d’envoi d’une « caravane » pourpromouvoir le revenu universel dans100 villes, avec un simulateur à la clef.

Hamon :instaurerlerevenuuniversel

Emmanuel Macron est le seul à porterune proposition sur la taxe d’habita-tion, souvent jugée inéquitable. Lecandidat d’En marche souhaite exoné-rer 80 % des ménages, ce qui représen-terait une perte de recettes de 10 mil-liards d’euros. Avantage : cette mesurebénéficierait aux classes moyennes.La compensation aux collectivitéspose néanmoins question : la créationd’une nouvelle dotation semble excluepour éviter d’inciter les communesà augmenter les impôts aux frais del’Etat. « L’Etat paiera les avis d’imposi-tion pour 80 % des Français sur la basedes taux actuels », explique le fiscalisteDominique Villemot, membredu comité politique d’En marche.Si les élus locaux augmentent les taux,certains contribuables devrontde nouveau payer la taxe d’habitation.Emmanuel Macron prend donc unrisque : qu’il y ait moins de contribua-bles exonérés que prévu,et que les 20 % d’assujettis restantss’exaspèrent encore plus de cet impôt.

Macron :raboterlesimpôtslocaux

LaréformeclefpromiseauxFrançaisparlesprincipauxcandidatsA

FP

AFP

AFP

Il n’est pas un discours de FrançoisFillon qui ne défende le « pilier de notresociété » qu’est, selon lui, la famille.Aussi le candidat de la droite a-t-ildécidé de frapper fort à l’attention deson électorat, très réceptif et sensiblesur le sujet, qui a entendu pendant toutle quinquennat de François Hollandela droite crier au « matraquagefiscal des familles ». Il propose donc derelever le plafond du quotient familialà 3.000 euros par demi-part. Et si dansson équipe, des lieutenants ont envi-sagé que ce plafond puisse être relevéde façon très étalée, François Fillona assuré dans « Les Echos » quele plafond serait « relevé dès l’annéeprochaine ». De même, l’ancienPremier ministre de Nicolas Sarkozyveut revenir sur une des mesures duquinquennat de François Hollandeen rétablissant « immédiatement »l’universalité des allocations familiales,soit leur distribution sans conditionde ressources. Des mesures évaluéesà environ 2,8 milliards d’euros.

Fillon :releverlequotientfamilial

La politique fiscale du FN vis-à-visdes ménages passe d’abord par unebaisse de 10 % pour les trois premièrestranches du barème de l’IR.Marine Le Pen prévoit aussi d’augmen-ter le plafond du quotient familial(le parti est très favorable à une politi-que nataliste), de défiscaliser la majo-ration des pensions pour les parentsde familles nombreuses et de rétablirla demi-part fiscale pour les veufset veuves. Le parti d’extrême droitepromet aussi de défiscaliser les heuressupplémentaires. Il a chiffréses propositions en matière fiscaleà 11 milliards par an. Alorsque Marine le Pen se présentecomme la « candidate du peuple »,il faut noter que la moitié la pluspauvre des Français ne paie pas l’IRet ne profiterait donc pas de cesmesures. Le projet FN est cependantriche également en dépenses socialesnouvelles : prime de pouvoird’achat, hausse du minimumvieillesse, etc.

LePen :baisserl’impôtsurlerevenu

AFP

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