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C e mois-ci, ce ne sont pas le soleil et la lune qui se sont donné rendez-vous, comme nous le chantions d’antan, mais la « crise » et le « carême ». Certains diront que cela fait beaucoup. Pour d’autres, un haussement d’épaule suffira car, de toute manière, le carême et rien, c’est pareil. Le « Mercredi des Cendres », nous avons entendu Jésus nous répéter par trois fois que « Le Père est là dans le secret ». Mais en même temps, il nous parlait du partage, de la prière et du jeûne. Par les temps qui courent, ces trois points pourraient bien reprendre beaucoup de force. Saint Basile ne nous disait-il pas au IV e siècle que « le manteau qui dort dans mon coffre appartient au pau- vre qui, dehors, n’a rien ». Nous saurons traduire cela en termes adaptés à notre époque. Les périodes de crise sont habitées par des tensions multiples. N’y a-t-il pas lieu de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour chercher et trouver des terrains d’entente, et en même temps de tout remettre dans les mains du Père, Lui seul qui est paix, amour et miséricorde ! Sous les tensions diverses, notre « moi » risque de prendre toute la place. Le jeûne, la privation corpo- relle de quelques biens, nous aident à retrouver notre place dans un rapport plus juste à Dieu, aux autres et à soi-même. Le carême ne résoudra pas la crise. Mais vivre le carême en ce temps difficile nous aidera à trouver une attitude plus humaine et spirituelle, chrétienne dans nos responsabilités, là où nous portent nos pas. Ce qui montrera à tous les hommes que vous ê tes mes disciples, c’ est l’ amour que vous aurez les uns pour les autres S t - G ermain - d es - P rés MARS 2009 n° 140 14 e année Lettre SGP, n° 140 – mars 2009 – p. 1 Père Bernard Bommelaer, curé de SGP En plein Carême La Grâce infinie de Notre Seigneur Jésus-Christ nous emplit de bonté, à Saint-Germain-des-Prés. Chaque messe, qu’elle soit ordinaire, en semaine, le dimanche, ou les jours de fêtes, est pleine. C’est un miracle recommencé chaque jour que de voir ainsi les fidèles venir aussi nombreux, conviés qu’ils sont au partage du pain et du vin, fruit de la vigne et du tra- vail des hommes. Il faut continuer de s’émerveiller, de se sourire, de s’ouvrir à son voisin, pas simplement lors du don de paix. C’est ainsi que la paroisse de Saint-Germain-des-Prés rayonne bien au-delà de son quartier d’origine. On vient souvent de loin pour écouter les homélies pleines de chaleur et d’amour délivrées dans la joie de l’Esprit saint qui vient nous toucher. N’oublions pas qu’à côté de nous, nombre d’églises ferment leurs portes, profitons de cette Grâce, en ce lieu que le Seigneur nous a confié. Qu’Il intercède pour que de nouvelles voca- tions naissent et fassent rouvrir d’autres portes et résonner d’autres cloches. Raphaël Ader LA LETTRE DE ÉDITORIAL A V O U S Q U I Ê T E S S I N O M B R E U X , M E R C I !

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Page 1: SGP mars6*.qxp:Mise en page 1 - Église Saint Germain des ... · Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’ est l’ amour que vous aurez les uns pour les

Ce mois-ci, ce ne sont pas le soleil et la lunequi se sont donné rendez-vous, comme nousle chantions d’antan, mais la « crise » et le

« carême ». Certains diront que cela fait beaucoup.Pour d’autres, un haussement d’épaule suffira car, detoute manière, le carême et rien, c’est pareil.

Le « Mercredi des Cendres », nous avons entenduJésus nous répéter par trois fois que « Le Père est làdans le secret ». Mais en même temps, il nous parlaitdu partage, de la prière et du jeûne. Par les temps quicourent, ces trois points pourraient bien reprendrebeaucoup de force.

Saint Basile ne nous disait-il pas au IVe siècle que« le manteau qui dort dans mon coffre appartient au pau-vre qui, dehors, n’a rien ». Nous saurons traduire celaen termes adaptés à notre époque.

Les périodes de crise sont habitées par des tensionsmultiples. N’y a-t-il pas lieu de faire tout ce qui esten notre pouvoir pour chercher et trouver des terrainsd’entente, et en même temps de tout remettre dansles mains du Père, Lui seul qui est paix, amour etmiséricorde !

Sous les tensions diverses, notre « moi » risque deprendre toute la place. Le jeûne, la privation corpo-relle de quelques biens, nous aident à retrouver notreplace dans un rapport plus juste à Dieu, aux autres età soi-même.

Le carême ne résoudra pas la crise. Mais vivre lecarême en ce temps difficile nous aidera à trouver uneattitude plus humaine et spirituelle, chrétienne dansnos responsabilités, là où nous portent nos pas.

Ce qui montrera à tous les hommes que vous ê tes mes disciples,c’ est l’ amour que vous aurez les uns pour les autres

St-Germain-des-PrésM A R S2 0 0 9

n° 1401 4 e a n n é e

Lettre SGP, n° 140 – mars 2009 – p. 1

Père Bernard Bommelaer, curé de SGP

En plein Carême

La Grâce infinie de Notre SeigneurJésus-Christ nous emplit de bonté, àSaint-Germain-des-Prés. Chaquemesse, qu’elle soit ordinaire, ensemaine, le dimanche, ou les jours defêtes, est pleine. C’est un miraclerecommencé chaque jour que de voirainsi les fidèles venir aussi nombreux,conviés qu’ils sont au partage du painet du vin, fruit de la vigne et du tra-vail des hommes. Il faut continuer des’émerveiller, de se sourire, de s’ouvrirà son voisin, pas simplement lors dudon de paix. C’est ainsi que la paroissede Saint-Germain-des-Prés rayonnebien au-delà de son quartier d’origine.On vient souvent de loin pour écouterles homélies pleines de chaleur etd’amour délivrées dans la joie del’Esprit saint qui vient nous toucher.N’oublions pas qu’à côté de nous,nombre d’églises ferment leurs portes,profitons de cette Grâce, en ce lieuque le Seigneur nous a confié. Qu’Ilintercède pour que de nouvelles voca-tions naissent et fassent rouvrird’autres portes et résonner d’autrescloches.

Raphaël Ader

L A L E T T R E D E

ÉDITORIAL

A VOUS QUI ÊTES SI NOMBREUX,MERCI !

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Lettre SGP, n° 140 – mars 2009 – p. 2

D I A L O G U E I N T E R - R E L I G I E U X ( S U I T E )

LES RELATIONS ENTRECHRÉTIENS ET MUSULMANS

La déclaration NOSTRA AETATE

s’attache à créer les conditions d’undialogue positif avec les musulmansen rappelant que ces derniers adorentle Dieu Un, vivant, subsistant, miséri-cordieux, tout-puissant, créateur duciel et de la terre et qui a parlé auxhommes ; le texte ajoute que lesmusulmans vénèrent Jésus comme unprophète et honorent sa mère Marie ;qu’ils attendent le jour du jugementen se préparant par une vie morale, leculte, la prière, l’aumône et le jeune.Après avoir ensuite rappelé les dissen-sions et les inimitiés entre chrétiens etmusulmans, la Déclaration exhorte àl’oubli du passé, à l’effort de compré-hension mutuelle, à la collaborationpour défendre et promouvoir ma jus-tice sociale, les valeurs morales, lapaix et la liberté.

En octobre 2007, à la suite du« discours de Ratisbonne », 138 intel-lectuels musulmans (qui sont devenusdepuis plus de 280) ont adressé unelettre ouverte appelée « A CommonWord » aux plus hauts représentantschrétiens du monde. En réponse, leVatican a organisé le premier Forumcatholico-musulman qui a eu lieu àRome du 4 au 6 novembre 2008.

29 représentants de chaque reli-gion (dont faisaient partie quelquesfemmes) ont échangé leurs points devue sur deux thèmes choisis en com-mun : « Amour de Dieu et amour duprochain ». Il y eut ensuite un dia-logue cordial et particulièrementlong : le but étant la connaissancemutuelle. C’est un fait historique sansprécédents : « Il a fallu vingt sièclespour que l’Église définisse son iden-tité, ou plutôt son mystère, en rela-tion avec les autres religions. En rela-tion, et non plus dans l’ignorance,l’indifférence ou l’oppo sition » (P.Roger Michel). « Nostra Aetate » en atracé la voie. C’est aussi une idée chère

à Benoît XVI : la nécessité que lesmusulmans parcourent un cheminsemblable à celui qui, au cours desdeux derniers siècles, a amené l’Églisecatholique à « accueillir les vraiesconquêtes des Lumières, les droits del’homme et notamment la liberté dela foi et de sa pratique ».

Dans la progression vers le Forumromain, une étape importante a été laconférence qu’a donnée à Cambridge,le 14 octobre 2008, le jésuite islamo-logue Christian Troll (l’un des expertsen la matière les plus écoutés par lePape) dans sa réponse « A CommonWord for the Common Good » au coursde laquelle il a dit : « … ce n’est qu’ennous ouvrant à la transcendance, verslaquelle vous et nous regardons, quenous trouverons les ressources néces-saires aux besoins les plus profonds denotre commune humanité » (LaRepubblica, 21/11/08). On n’occulte nila contestation, ni la critique mais onmaintient une attitude d’écoute,d’équité, de respect, dans laconscience d’une responsabilité com-mune envers Dieu, le genre humain ettoute la création. Transcendanced’abord, donc, mais aussi responsabi-lité politique et sociale des chrétienset des musulmans.

Ces dialogues au sommet sont unincomparable soutien pour le grandnombre d’initiatives, rencontres,échanges, colloques qui se manifestentun peu partout en France et ailleurs,depuis des décennies. À titred’exemple, le colloque qui s’est tenu àSt. Jacut de la mer, du 9 au 11 janvierdernier, en présence de 6 éminentsreprésentants des trois religionsmonothéistes et dont le titre était« Partager l’Universel : les enjeux dudialogue ». La conclusion est revenueau P. Jean-Marc Aveline, qui avaitparticipé au Forum romain. Il aaffirmé, avec force, que la rencontre

LES ENFANTS D’ABRAHAM

(Association spécialisée dans le dialogueinter-religieux (B.231.08-75364- Paris)

Partant de cette affirmation que les troisreligions monothéistes : judaïsme, chris-tianisme et islam se réfèrent expressé-ment au même patriarche : Abraham,une association a été fondée en 1968 parle Père Michel Riquet, AndréChouraqui, Jacques Nantet et Si HanzaBoubakeur, pour réunir tous ceux qui, àdes titres divers, sont attachés auxvaleurs spirituelles, morales et cultu-relles issues de la tradition d’Abraham.Elle s’est donnée pour but de favoriser lacompréhension mutuelle entre les héri-tiers d’Abraham, Juifs, Chrétiens etMusulmans. Elle organise des rencontres,des cercles d’études, des congrès et dirigedes publications.« Le devenir du dialogue judéo-chré-tien » : 1er avril 2009 à 18h30« Le devenir du dialogue islamo-chré-tien » : 13 mai 2009 à 18h30 à l’EspaceBernanos, 4, rue du Havre – Paris 9e

avec l’autre oblige à approfondir sapropre identité. Après des annéesd’expérience, il constate les limites dudialogue dont le bilan reste contrastémais un chemin a été fait… Sansjamais se décourager devant les diffi-cultés qui restent grandes, il demeureconvaincu que Dieu parle à l’homme àtravers l’autre, que nos différencessont un don de Dieu : nous devonsfaire l’effort d’explorer la féconditéqui s’y trouve. Aucune religion n’estune île, nous devons respecter ce quel’autre a reçu en propre et faireconfiance à sa prière en approfondis-sant la nôtre. Ainsi, en dialoguant enchemin, nous faisons route ensemble.

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T É M O I G N A G E

p. 3 – Lettre SGP, n° 140 – mars 2009

« Il n’y a pas d’autres mains que les nôtres ! »Bernanos ou Madeleine Delbrel

Le partage de carême suppose que nousapportions une part à la communauté.

Regardons le geste formidable et totalement« gratuit » du panier qui circule, grâce àquelques mains pendant la célébration eucharis-tique d’un rang à l’autre, puis est confié àd’autres mains tout au long du rang ! Chacunporte un instant ce qui vient des autres, et cegeste est volontaire, et peu importe s’il ne peutou ne veut y peser à cet instant. Dans notreAssemblée solidaire, chacun y contribue certai-nement.

Osons dire que nous chrétiens, gardons lemot « dons » pour ceux de Dieu, et précisons enquoi notre action volontaire devient partage. Eneffet, si en décembre dernier nous gardions« présent à l’esprit l’origine et la finalité des biens »,il est bon de rappeler « leur origine, un don deDieu, et leur finalité, donner à chaque homme la pos-sibilité de vivre dignement sa condition d’enfant deDieu en respectant le système de valeurs de chaquesociété. »

Saint-Germain-des-Prés, notre paroisse nes’est-elle pas engagée formellement et récipro-quement avec Tokombéré, une petite ville duNord du Cameroun sur le long terme? Neserait-ce que par fidélité à ce bel engagement, lapremière part leur revient.

Ensuite, je me souviens des vingt-huit mou-vements et services d’Église qui participent auComité Catholique contre la Faim et pour leDéveloppement. Notre Foi se forge souvent aucœur de notre jeunesse. Les cinq cents projetsactuels du CCFD dont le Président est GuyAurenche (et à Tokombéré c’est son frèreChristian), font réfléchir pour une terre soli-daire. Je suggère de retenir ainsi la deuxièmepart.

Je ne m’en tiendrai point là, car les solidaritéssont multiples, mais comme l’option pour lespauvres est préférentielle en notre Église, j’yconsacrerais la troisième part.

Dans l’esprit de l’an passé, il existe près dechez nous « les petites sœurs des pauvres, uneœuvre fondée un soir de l’hiver 1839, par JeanneJugan une simple servante, fille d’un marinpêcheur de Cancale (Ille-et-Vilaine), béatifiée en1982. Celle-ci ouvrit sa porte à une vieille femmeaveugle et à moitié paralysée, porte restée ouvertedepuis. »

Notre partage volontaire s’exprime globale-ment et en euros. Une fois cette valeur détermi-née par chacun, son paiement effectif devraittenir compte des éventuelles ristournes fiscales,et donc bénéficier d’un facteur multiplicatif de 1(pas d’avantage fiscal), ou assez courammentd’environ 3 (dus aux fameux 66 % déductibles),ou autre.

Aussi chacun de nous qui lit ces lignes a peut-être à faire part d’une solidarité particulière pouraujourd’hui ou pour demain. Dites-le, mettez unpetit mot à la paroisse, sur papier ou sur courriel,car en relisant avec vous lentement le titre, nousregardons nos mains qui ont des doigts différentset nous restons humbles car avons-nous utilisétous les doigts ?

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p. 4 – Lettre SGP, n° 140 – mars 2009

L A P A R O I S S E E N M O U V E M E N T

La Halte spirituelle, c’est un moment de prière etde rencontre. Voici le point sur lequel insistentFrancis Cabannes et sa femme, couple alerte etaccueillant. Tous les troisièmes mercredis du mois ensoirée, on prie et on partage dans la Chapelle Saint-Symporien. Rencontre.

1997, les JMJ à Paris. Un groupe de prière seforme à Saint-Germain pour perpétuer l’esprit quianimait ce gigantesque rassemblement. Une ving-taine de participants forme le groupe Inter -Générations. Pendant six années, avec un thèmedéfini, un jeune et un aîné préparent la réflexion. En2003, des jeunes issus du groupe de Taizé se réunis-sant à Saint-Germain ont eu envie de continuer deprier. Ainsi est née la Halte spirituelle, le pèreRibadeau-Dumas unissant InterGénérations et cesjeunes de Taizé. Le père Arnaud Mansuy en estl’aumônier, qui prépare activement la recollection du10 mars prochain à Montmartre. Les Cabannes ontsouhaité que ce groupe accueille tout le monde. Leprincipe : on vient comme on est. On ne demanderien de plus que la présence. Beaucoup de céliba-taires dans l’assistance qui varie de 25 à 30 per-sonnes. Le temps est partagé entre la prière et la ren-contre, avec le souci de la bienveillance et du respect.Déjà six ans d’existence qui ont apportés moult joiesà ceux qui y ont assisté. Venez nombreux !

R. A.

Loin de l’agitation, voici un lieu d’accueil et deprière, le Cep des Grands Moulins. La volonté duCardinal Lustiger, lorsqu’il fonda le CentreRichelieu, c’était de recevoir des étudiants à proxi-mité de leur lieu d’études.

Plus tard est né le Cep, ce sarment de vigne quigrandit et produit le vin, le Sang du Christ. Ainsi,à Assas, à la Sorbonne, à Dauphine, dans les uni-versités parisiennes, sont nés ces lieux de rencon-tres, en dehors de la faculté, pour éviter le mélangedes genres, avec le souci de la proximité. InèsAzaïs, une laïque formée à l’École cathédrale pouranimer cet espace, a eu le souci de créer une atmo-sphère sereine où la liberté d’aller et de venir esttotale. On vient pour réfléchir, se parler, éventuel-lement manger et boire entre étudiants, catholiquesou non, dans l’optique de mieux connaîtrel’Évangile. L’inauguration par le Cardinal AndréVingt-Trois le 8 janvier dernier, fut un événement,auquel la paroisse était associée, par l’inter -médiaire du père Bernard Maès qui célébrera dés-ormais une messe chaque mercredi en milieu dejournée. Non seulement Paris VII est concernée,mais également l’Inalco qui installe ses locauxdans le cadre du projet Paris Rive Gauche,l’Université dans la Ville, l’école d’architectureParis Val de Seine. Les locaux, 115 m2, sontmitoyens avec l’Éthique protestante, un autreespace religieux. Des liens se sont déjà créés et desprojets d’actions communes. Inès Azaïs insiste surla communauté, le vivre ensemble. Elle souhaiteque la convivialité y soit la marque principale, lamarque de l’Église vivante au cœur des projetsnouveaux. Elle met en œuvre la possibilité dedéjeuner pour pas cher, ce que son époux apprécie,précise-t-elle avec humour, car elle se mettra elle-même aux fourneaux. L’enjeu est d’importancepour le diocèse de Paris. L’endroit est neuf, lestrottoirs sont encore pointus de n’avoir jamais étéfoulés par de nombreux pieds. Voilà ce qu’est lamission de l’Église, aller au-devant, en sachantrespecter et aimer. Raphaël Ader

Contact: Inès Azaïs [email protected],http://www.meci.org/cepgrandsmoulins/evenements.php

Le Cep Grands Moulins ouvredans le XIIIe arrondissement

La Halte spirituelle, pour souffler, se rencontrer et se ressourcer

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Lettre SGP, n° 140 – mars 2009 – p. 5

THÉOLOGIE

De nombreux historiens et théolo-giens travaillent à l’heure actuellesur les choix opérés par l’Église

antique dans l’observance – ou non – de laLoi juive. Citons (parmi bien d’autres) C.-S.Mimouni (Ecole pratique des hautes études),le père Antoine Guggenheim (dont on peutécouter les cours sur le site du Collège desBernardins), Béatrice Caseau (Sorbonne,ICP)… Leurs travaux tendent à dépasserl’opposition traditionnelle selon laquellel’Église, « Verus Israël » pour les uns, auraittrahi pour les autres la pensée libératrice d’unChrist « Roi des Juifs » pour devenir à partirdu IVe siècle une sorte de rouleau compres-seur anti-judaïque : la religion de l’Empire.Cette dernière thèse, réchauffée pour la série(par ailleurs fort bien documentée) présentéesur Arte cet hiver, a conduit les réalisateurs àdécouper de manière pour le moins partialeles interventions (souvent remarquables) desmultiples spécialistes questionnés, quitte à en

modifier le sens, et à publier ensuite unouvrage tout aussi discutable : Jésus sansJésus. J.-M. Salamito (professeur duChristianisme antique à la Sorbonne) leurrépond aujourd’hui dans son petit livre polé-mique Les Chevaliers de l’Apocalyse. Ilremet en particulier dans son contexte laphrase « Le Christ annonçait le Royaume, etc’est l’Église qui est venue », énoncée àcontre sens dans trois des épisodes télévisés ;laissons donc au prêtre Alfred Loisy uneconclusion toujours d’actualité : « Elle estvenue en élargissant la forme de l’Évangile,qui était impossible à garder telle quelle dèsque le ministère de Jésus eût été clos par laPassion. Il n’est aucune institution […] donton ne puisse contester la légitimité et lavaleur, si l’on pose en principe que rien n’adroit d’être que dans son état original. »

Catherine Axelrad

Catherine Axelrad revient sur la série controversée diffusée au début de l’hiver par la chaîne franco-allemande Arte.

Elle regrette la vision partiale des auteurs, Jérôme Prieur et Gérard Mordillat.

UNE « APOCALYPSE » DISCUTABLE ET DISCUTÉE

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p. 6 – Lettre SGP, n° 140 – mars 2009

V I E C O N S A C R É E

Parmi les baptisés de l’an dernier, nous avons rencontré Nathalie (40 ans, mère de famille), et Sylvain (50 ans, célibataire). Ils nous expliquent leur parcours et son aboutissement.

Qu’est-ce qui vous a amenés àdemander le baptême?

Sylvain : « J’ai toujours eu une foisyncrétique, il m’arrivait de priermais je menais une vie très libresans penser particulièrement à lareligion. Il y avait un hiatus entremon mode de vie et mes aspirationsprofondes, mais je ne m’en rendaispas compte. J’avais quand même lafoi, et j’étais attiré par le catholi-cisme mais sans vraiment savoirpourquoi. En 2005, une amie m’aemmené à la messe de minuit dansun petit monastère bénédictin duLoir et Cher et c’est là que j’ai prisconscience de ce que je cherchaisvraiment. Comme dit Saint-Augustin, je cherchais Dieu parcequ’en un sens je l’avais déjà trouvé.J’ai commencé par fréquenter cemonastère tous les dimanches, enme posant la question du baptême.Au bout d’un an, j’ai eu le senti-ment d’être prêt et je leur en aiparlé. Je croyais qu’ils allaient dire« Bien sûr, viens ! » mais ils m’ontdit qu’il fallait que je m’adresse àma paroisse pour demanderl’entrée en catéchuménat et faire lapréparation. Finalement, je merends compte que c’est très bien deprendre le temps, j’ai vul’évolution des autres catéchu-mènes et la mienne. Le baptême estvenu au terme de cette lente matu-ration. »

Nathalie : Je n’ai eu aucune édu-cation religieuse mais dès l’enfanceune aspiration à la prière. Il y a eudans ma vie, outre les événementsdifficiles de mon histoire familiale

personnelle, des étapes importantesau point de vue religieux : on m’ademandé deux fois d’être marrained’un enfant, dans l’Église protestanteet dans l’Église catholique. Le prêtresavait que je n’étais pas baptisée et lefait qu’il n’a cependant expriméaucune opposition m’a beaucoup tou-chée. Mon mari est d’origine catho-lique mais c’est moi qui ai souhaitéque nous nous marions à l’Église. La

préparation aussi a été une étapeimportante, ainsi que le baptême denos deux enfants. À la suite d’un évé-nement important dans ma vie, pourlequel j’avais beaucoup prié, je pas-sais devant SGP quand la certitudes’est imposée : « Dieu existe ! ». C’està ce moment-là que j’ai décidé dedemander le baptême.

Le catéchuménat, c’est comme sion passait à la machine à laver telle-ment on est secoué pendant deux ans.Mais le Christ soigne. Comme Lui,on descend aux Enfers, et on enremonte avec Lui. Le baptême, c’étaitcomme un remerciement à Dieu dem’avoir reconnue.

Qu’est-ce que le baptême a changédans votre vie?

Nathalie : Tout. Je lis le Magnificattous les jours, je suis soutenue. Lacolère existe toujours mais elle estde moins en moins là, il est plusfacile de pardonner. Je me sensreconnue par Dieu et davantage encohérence avec moi-même.

Sylvain : C’est un grand change-ment ; même si je n’avais pas deproblème particulier dont je sou-haitais me libérer, j’ai eu le senti-ment d’être lavé. Cela a modifié mavie, elle est maintenant plus chré-tienne dans la mesure où j’essaied’être plus à l’écoute des autres, deles voir sans les juger – en lesaimant, même si c’est difficile àdire. J’ai le sens de mon apparte-nance à l’Église, et j’espère êtrecapable d’accompagner d’autrescatéchumènes dans leur formation.J’espère aussi que, tout en conti-nuant à exprimer l’éthique chré-tienne, l’Église saura être ouvertesur les réalités du monde présent.

Propos recueillis par C. Axelrad

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Lettre SGP, n° 140 – mars 2009 – p. 7

H I S T O I R E

Dans la partie gauche del’abside, les chapelles sont moinsattrayantes qu’en face car ellesn’ont pas d’ouverture surl’extérieur et manquent delumière ; elles n’ont en pas moinsd’intérêt. Alors que chaque cha-pelle a son style propre, donnantmême à l’ensemble l’impression demanquer de cohérence artistique,il y a au moins deux chapelles quiéchappent à cette critique : la cha-pelle Saint-Pierre et Saint-Paul estsymétrique de la chapelle SaintBenoît non seulement par sonemplacement mais aussi par soncontenu : en effet, on y remarquede prime abord les mêmes troispierres tombales noires dressées enson fond, mais – et c’est unegrande différence – seule celle dumilieu comporte un nom, et nondes moindres puisqu’il s’agit deNicolas Boileau (1636-1711),illustre auteur des Satires quil’érigèrent en censeur des écrivainsà la mode au profit de Molière, LaFontaine et Racine avant qu’ilétende ses critiques acérées à lamorale avec les Épîtres. Sa célébritéchez les jeunes des générationsultérieures provient surtout duLutrin, poème héroï-comique dontle sujet mesquin dérida d’innom -brables lycéens, sans l’empêcher,au contraire même, de démontrerla puissance de la forme dans la cri-tique sociale.

Boileau, dont le corps futinhumé à sa mort dans la Sainte-Chapelle, puis transporté àl’ancien couvent des Petits-Augustins, transformé par laRévolution en musée des monu-ments français, doit son transfert àSaint-Germain-des-Prés en 1819,dans le cadre de la restaurationintérieure de notre chère églisemise à mal pendant la Révolution,

Après la chapelle Saint-Benoît (cf. n° 139, janvier 2009), La Lettre vous présente la chapelle

qui lui fait face, dédiée à Saint Pierre et Saint Paul, souvent associés

dans l’égide des lieux de culte parce que considérés comme co-fondateurs de l’Église.

à la position du mari de l’une de sesdescendantes, alors préfet de Paris, quiavait le souci de donner à son lointainparent une sépulture digne de sa noto-riété.

Les murs de la chapelle ne sontguère décorés, à part les couronnes depierre qui ornent leur sommet, àgauche et à droite, et qui entourentchacune un S et un P, sans doute l’unepour Saint Pierre et l’autre pour SaintPaul. L’autel est des plus classiquesdans sa forme galbée comme dans sesincrustations dorées de feuillages et detêtes d’angelots. Seul ornement, letableau qui le surplombe, signé dupeintre Jeaurat en 1763 (Inventaire deséglises de Paris, 1876), représente Lamission de Saint Pierre. Le Christdonne à Saint Pierre, agenouillé, lesclefs illustrant sa mission (Matt.16,19). Du groupe d’apôtres àl’arrière-plan, se détache Saint Jean.Un autre tableau lui faisant face figu-rait à l’inventaire de 1876. Peint par LeMazurier en 1772, il représentait LaDélivrance de Saint Pierre. Mais il adisparu sans laisser de trace.

Encastré dans la grille de la portedu confessionnal qui fait face à l’autel,un agréable petit bas-relief ovale enmarbre (XVIIIe siècle) représente Jésus-Christ portant l’Agneau pascal.

François Gentile

Traduction de la plaque funé-

raire de Nicolas Boileau

Despréaux dont les lettres d’or

sont bien noircies.

Sous cette plaque, ballottées

par des destins divers, enfin ense-

velies pour l’éternité, gisent les

cendres de Nicolas Boileau

Despréaux, citoyen de Paris, qui

en des vers très purs a flétri les

vices des hommes et des écri-

vains, a posé les lois de l’Art poé-

tique, rival d’Horace et son égal,

et même en certains textes supé-

rieur à tous. Il mourut le 13 mars

1771. Des funérailles solennelles

lui furent faites le 14 juillet 1819

par les soins du préfet de la ville,

tandis que rendaient hommage à

celui qui fut jadis des leurs, les

deux Académies Royales : l’Aca -

démie Française et l’Aca démie des

Inscriptions et Belles Lettres.

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Directeur de la publication: Père Bernard BOMMELAER

Directeur de la rédaction: Raphaël AderDirecteur artistique: Thibault de la Croix/Les 3TStudiO Impression: TRÈFLE COMMUNICATION

La Lettre de SGP3, place Saint-Germain-des-Prés75006 Paris – 0155428133www.eglise-sgp.org

Comité de rédaction: Le Père-Curé Bernard Bommelaer, Yves Carrière, FrançoisGentile, Itala Ménard, Philippe Waquet.

p. 8 — Lettre SGP, n° 140 – mars 2009

P A R C O U R S

OBSÈQUES

Gérard LAUZIERDominique MARTIN du GARDOdile GENINMathilde GRENETMuriel PULITZERYves ALMESJeanine COUTERaymonde LESAULNIERMarie Pierre GANDIBLEUFrançois AUBRUNGraziella MANZIMarie Jeanne PERUGNEAU

BAPTÊMES

Ombeline BRIOLETTéo HARVEYLouis DAUDETEAUJean LAGLIA

f é v r i e r

L’affaiblissement du Corps de l’Église enFrance est un fait. Faut-il, pour autant, s’yrésigner ? Mon sei gneur Claude Dagens, avecforce et toute sa passion d’apôtre, s’insurge,d’abord, contre le diktat du quantitatif. Nenous laissons pas impressionner par des sta-tistiques : relevons les défis posés par unesociété en transformation ! Sommes-nousprêts, nous tous les baptisés, à mettre enœuvre, dans les conditions actuelles, uneévangélisation « ordinaire » basée surl’exemple et sur l’ouverture au monde pour

que le monde s’ouvre à Dieu? Nous faisons partie d’un Corps, peut-êtreusé et même blessé, mais vivant de la vie du Christ.

À travers une analyse fouillée et lucide, mais pleine d’espérance,l’auteur nous lance un appel insistant : les temps des épreuves peuvent êtreaussi des temps de renaissance et de renouvellement. I.M.

éd. L’histoire à vif

Horaires des messes

Dimanche des RAMEAUXMesses à 9h, 11h, 17h (enespagnol), 19h (messe anti-

cipé e le samedi à 19h) Mercredi Saint :

18h30 messe chrismale àNotre Dame de Paris

Jeudi Saint :7h30 Office des Té nè bres,20h00, Cé lé bration de la

Cè ne du SeigneurVeillé e au Reposoir à Saint-Symphorien jusqu’à minuit

Vendredi Saint :7h30 Office des Té nè bres;12h30 Chemin de Croix**dans les rues du quartieravec les enfants du caté -

chisme 15h00Lecture de la Passion dans

l’é glise 20h00Cé lé bration de la Passion

du SeigneurSamedi Saint :

8h00 Office des Té nè bres,21h00 Vigile Pascale

avec 7 baptê mes d’adultesDimanche de PÂQUES :

Messes à 11h,17h en espagnol,

19h.

MÉDITATION SUR L’ÉGLISE CATHOLIQUE EN FRANCE :LIBRE ET PRÉSENTE Mgr Claude Dagens