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1 FOCUS LA CITADELLE Langres EXTRAIT

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Page 1: Service Patrimoine Focus La citadelle - Sites & Cités · 2018-03-06 · chantier de la citadelle et la rénovation des r emp a tsd lv i.I é b n «père » de cette forteresse unique

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FOCUSLA CITADELLE Langres

EXTRAIT

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sommaire

3 De Site en vOCAtiOn 3 Barrage et base de soutien3 Un ensemble à redécouvrir

4 Une Lente genèSe 4 De vaines recommandations4 La dure leçon de 18144 Un périmètre fortifié plus que doublé

6 Un ChAntier phArAOniqUe 6 Des travaux mouvementés6 L’avancée des travaux6 Un grand bouleversement7 Le colonel Chauchard

9 Un enSembLe COmpLet9 L’enceinte9 Les accès9 Les casernements9 Une stricte répartition

11 De mODerniSAtiOnS en trAnSFOrmAtiOnS 11 Une réalisation vite dépassée11 La création d’annexes12 Le désenclavement

13 epArgnée pAr L’hiStOire 13 L’échec de 187013 La citadelle en 1914-191814 1939-1945 : le baptême du feu

15 LA Fin D’Un CyCLe 15 Les unités successives15 Une lente désaffectation

16 Une néCeSSAire évOLUtiOn 16 La réhabilitation16 Une conquête progressive16 Un espace en devenir

18 Le prOjet « LUnette 10 » 18 Une lunette pour mieux voir…19 Un chantier d’insertion19 Etat des lieux19 Apporter sa pierre à l’édifice

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De site en vocation

bArrAge et bASe De SOUtienBâtie à 600 mètres au sud de l’enceinteurbaine, la citadelle fut conçue pourbarrer définitivement l’éperon deLangres. Elle devait donc pallier lescarences défensives de cette dernière,dont les remparts furent entièrementrepris et adapté dans le même temps(1843-1859).En cas de conflit, la place de Langres étaitdestinée à rassembler et soutenir unearmée manoeuvrant en profondeur entreVosges et Jura. Dans ce cas de figure, lesréserves et munitions accumulées àl’intérieur de la citadelle devaientravitailler 13 000 hommes et 1 000chevaux pendant six mois ! Dansl’éventualité d’un revers aux frontières,elle pouvait devenir l’ultime point fortifiécapable de ralentir la progression d’unearmée ennemie ayant percé à Belfort et sedirigeant sur Paris.

Un enSembLe à reDéCOUvrirDurant plus d’un siècle et demi, lestroupes logées à la citadelle ont constituéun élément essentiel de la vie langroise.Acquis par la Ville à partir de 1996, cetensemble est en cours de reconversion ; laqualité de ses bâtiments, l’intérêt de sesfortifications et sa position urbainedésormais centrale sont autant de

qualités qu’il s’agira de révéler et demettre en valeur afin de prouver« l’excellence patrimoniale » de cettecitadelle.

A Langres, aucun ensemble urbain n’est aussi cohérent que lacitadelle. Construite d’un seul jet à partir de 1842, cette placeforte est la «dernière et plus vaste citadelle française», l’ultimeexemplaire de ces forteresses bastionnées construites depuistrois siècles à proximité immédiate des villes pour les protégerou les contrôler. A elle seule, elle vient doubler le périmètrefortifié de la cité en le portant à plus de 8000 mètres et hissercelle-ci sur la plus haute marche du podium européen des plusgrandes enceintes complètes !Après elle, seuls les forts détachés permettront la protection deces dernières contre une artillerie devenue trop puissante etdestructrice.

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vue aérienne de la citadelle et de la ville (2010).www.leuropevueduciel.com

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De vAineSreCOmmAnDAtiOnSEn avril 1698 déjà, inspectant lesfortifications de Langres, Vaubanpréconisait la construction d’un « campretranché » au sud de l’enceinte urbaine,qui, « bâti en temps de paix, pourrait servirà y abriter huit ou dix mille hommes entemps de guerre ». Mais vingt ansauparavant, suite à l’annexion de laFranche-Comté, Langres a cessé d’êtreune place forte frontalière ; Vauban neconstruisit aucun ouvrage à Langres,attaché qu’il était à défendre Besançon etBelfort. Pour plus d’un siècle et demi, lamodernisation – voire même l’entretien –des fortifications devint une pré -occupation secondaire pour les autoritésmunicipales.

LA DUre LeçOn De 1814 Le 17 janvier 1814, Langres capitule sanscombattre devant les troupes autri -chiennes. La « Pucelle » (autodénomination offi -cielle figurant sur les sceaux municipaux)perd sa virginité ! Tirant les leçons decette déconvenue, la Commission deDéfense déclare bientôt que « Langresdoit devenir une grande placefondamentale de la défense du royaume,tant pour les deux frontières du Rhin et duJura que pour l’intérieur ». Si 1821 marquele classement de la ville comme place

forte de deuxième catégorie, il fauttoutefois attendre 1832 pour que sesédiles en cèdent les remparts et lesterrains avoisinants au Génie militaire,condition préalable de la restauration del’enceinte urbaine.

Un périmètre FOrtiFiépLUS qUe DOUbLéEn janvier 1841, suite à de soudainestensions internationales avec l’Angle -

terre, la Russie, la Prusse et l’Autriche àpropos du Moyen-Orient, le Comité desFortifications vient clore plusieurs annéesde tergiversations en affirmant qu’« il y adonc maintenant unanimité pour faire deLangres la grande place de dépôt desfrontières du Nord-Est et de l’extrêmedroite de la défensive de l’intérieur ».Commencée en 1842, la construction dela citadelle sera l’application directe decette résolution. Plusieurs fois modifié, le

projet définitif lui assigna l’accueil d’unrégiment d’infanterie (soit environ 3 000hommes) et d’une place de dépôt pourune armée créée à Langres lors de lamobilisation.Langres devint dès lors une forteresse à laconception totalement unique : uneénorme place forte à « double tête ».L'enceinte urbaine et la citadelle, bienque reliées entre elles par deux courtinesdélimitant un camp retranché (actuels

quartiers Ouches-Turenne), sont deuxentités fermées et autonomes conçues« bastion contre bastion » et s'épaulant

l'une l'autre en cas d'attaque ouprolongeant la résistance en cas de prised’une des deux forteresses.

Une lente genèse

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1. matrice de sceau municipal : allégorie de la ville casquée et arméeaccompagnée de l’inscription « Langres la pucel » (Xviie siècle).Coll. Musées de Langres

2. porte de l’hôtel de ville en 1847. Avant l’intervention de l’Arméesur les fortifications, le pied du rempart était loti.Carte postale. Coll. particulière.

3. vue aérienne de la citadelle vers 1900.Carte postale. Coll. particulière.

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DeS trAvAUX mOUvementéSPour mener à bien une construction d’unetelle ampleur, l’armée fait appel à dessoldats en renfort des ouvriers quitravaillent aux fortifications. Les troupesdu Génie forment et encadrent leshommes qui interviennent sur le chantier. La presse contemporaine relate lesaccidents qui se produisent malheu -reusement sur le chantier. Les plusdramatiques sont causés par lamanipulation des charges explosivesutilisées pour creuser les fossés. « A cepénible et dangereux travail plusieurs ontperdu la vie. […] La mine n’a peut être pasencore fait toutes ses victimes » (LeLangrois du 23 mai 1844). En effet, ontrouve encore la mention de ce type deblessures, parfois mortelles, dans LeMessager de la Haute-Marne de 1847. Les conditions de vie sont également trèsdifficiles pour les ouvriers : au mois d’avril1847, la chute mortelle d’un cheval dans lesfossés s’achève en quelques heures par ladépouille complète de sa carcasse, « la chairavait été emportée par un grand nombred’ouvriers, et elle a servi à graisser leursoupe. »… (Le Messager de la Haute-Marne). De même, lorsqu’en hiver le chantiertourne au ralenti, il n’est pas rare de voirles ouvriers privés de travail et deressources demander la charité, avec plusou moins d’insistance, dans les com -munes voisines.

Ces situations désastreuses sont àl’origine de tensions et de bagarres qui seterminent parfois par des blessures àl’arme blanche (Le Messager de la Haute-Marne 1er avril 1847).

Le DérOULement DU ChAntierLes travaux commencent en 1842 sur lefront sud de la citadelle avec laconstruction du bastion sud-ouest. Ils seconcentrent ensuite sur les quatregrandes casernes autour de la placed’Armes : celle au sud-est est la premièreérigée (1843-1844), puis celle du nord-est(1845-1846), celle du sud-ouest (1846-1847) et enfin celle du nord-ouest (1847-1848). Dans le même temps, les fortificationsprogressent autour de la citadelle jusqu’àleur achèvement en 1849-1850. La portesud tournée vers Dijon est achevée en1844, celle du nord en 1846. Despoudrières sont installées sur les bastionsest (1846), nord-ouest (1846-1847) etnord-est (1847). Le bâtiment principal de la manutention,commencé en 1848, est prolongé avecdeux ailes en retour (1849-1850).L’ensemble est complété à l’est par lebâtiment des lits militaires (1851-1852). Les courtines de liaison entre la villeancienne et la citadelle, commencées en1849, sont achevées vers 1854. Les déblaisde construction représentant plusieurs

tonnes de terre sont utilisés pour éleverun grand cavalier à l’ouest des casernes,destiné à protéger les bâtiments du feuennemi. Commencé en 1844, il seraterminé après 1854.

Un grAnD bOULeverSementLa presse contemporaine suit avecattention l’évolution du chantier. Ainsi LeLangrois du 23 mai 1844 signale laconstruction de la première caserne et« les travaux d’aplanissement de terrainqui présente dans le rayon desfortifications d’assez grandes difficultés ». Le Messager de la Haute-Marne du 10 juin1847 livre quant à lui un compte rendu duchantier à cette date : « L’enceinte desfossés est creusée dans toute son étendueet les revêtements de maçonnerie sontpresque partout terminés. La quatrièmecaserne est à peu près faite et bientôt ons’occupera du nivellement de l’immenseplace de manœuvre, dont les casernesforment les limites. D’autres bâtimentsmilitaires sont aussi achevés, et d’autresenfin sont en cours d’exécution ou enprojet. On sait que depuis longtemps déjàla citadelle est traversée par la routeroyale et que la porte de Langres, ladernière construite, est achevée. De ce côtéon termine les terrassements de l’entrée.Ces constructions grandioses forment unensemble qui doit singulièrement sur -prendre les Langrois qui revenant dans nos

murs après une absence de plusieursannées, n’ont pas vu, comme nous, donnerle premier coup de pioche dans deschamps si subitement transformés, et n’ontpas suivi de l’œil la marche de ces travaux,qui ne seront certainement pas le moinsbeau des titres dont M. le colonelChauchard pourra s’enorgueillir. »

Le COLOneL ChAUChArDAuguste Adolphe Napoléon Chauchard estné à Belfort le 21 avril 1801. En 1819, il entreà l’Ecole Polytechnique puis à l’Ecoled’application du Génie de Metz deux ansplus tard. Affecté au 2e Régiment du Génie àsa sortie le 31 décembre 1823, il y apprendson métier de sapeur à Montpellier. Il estensuite nommé à Grenoble, en mars 1829,où le général Haxo en fait son aide de camppendant la campagne de Belgique. En 1838,il commande le Génie de l’expédition duMexique et revient en France en août 1839. Lorsque le Ministre de la Guerre prend ladécision d’aménager un camp retranché àLangres en 1841, cette mission lui estconfiée. Il s’installe dans la cité d’où il gèreégalement les travaux de Chaumont etBourbonne. Inlassablement et avec uneefficacité remarquable, il mène de front lechantier de la citadelle et la rénovation desremparts de la ville. Il est véritablement le« père » de cette forteresse unique.Nommé colonel le 29 décembre 1847, il doitquitter Langres pour Toulon alors que lestravaux de la citadelle de sont pas encoreterminés. A son retour de l’expédition deKabylie en 1850, il est affecté au poste deDirecteur des fortifications de Lyon etCommandant des troupes du Génie de laRégion. Il termine sa carrière dans l’arméeactive en 1866 comme Général de Division etassiste impuissant et accablé à la défaite de1870. Il décède à son domicile parisien le 16octobre 1880.

Un chantier pharaonique

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1. etat des lieux de la citadelle. projets pour 1847.Génie, Direction de Besançon.Service Historique de la Défense.

2. Le général Chauchard. bulletin de la sociétébelfortaine d’émulation du 1er janvier 1913.© Bibliothèque Municipale de Besançon.

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