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SÉMINAIRE INAUGURAL SUR LE THEME : « Le renouvellement des paradigmes du développement » RAPPORT Les 15 et 16 mai 2013 Sancta Maria, Lomé

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SÉMINAIRE INAUGURAL SUR LE THEME :

« Le renouvellement des paradigmes du

développement »

RAPPORT

Les 15 et 16 mai 2013

Sancta Maria, Lomé

 

 

INTRODUCTION  

Le développement économique d’un pays repose sur tout citoyen et donc la

création de richesse nationale exige l’intégration des différentes couches de la

population afin d’œuvrer à l’amélioration du bien-être.

L’initiative sans cesse des réflexions du Centre Autonome d’Etudes et de

Renforcement des Capacités pour le Développement au Togo (CADERDT),

fait preuve à nouveau d’un séminaire sur le thème « Le renouvellement des

paradigmes du développement » en prélude à l’inauguration officielle de ses

nouveaux locaux.

L’objectif de ce séminaire est la construction, la consolidation et la promotion

d’une analyse économique pluraliste dans ces problématiques, ses référentiels

théoriques et ses méthodologies c’est-à-dire une analyse économique à visé non

hégémonique et par là même ouverte à la collaboration interdisciplinaire avec

les autres sciences de l’homme et de la société.

Le séminaire inaugural a eu lieu à l’hôtel Sancta Maria et il a réuni les membres

du gouvernement, les agents politiques, les représentants des institutions

internationales, les universitaires (enseignants chercheurs), la société civile et les

étudiants de Master de l’Université de Lomé. Ensemble durant deux (2) jours,

les 15 et 16 mai 2013, une meilleur connaissance du Togo, son histoire

économique, ses capacités et moyens de développement ont été élucidés,

appréhendés à travers des communications et débats en vue de suggérer des

actions concrètes à mener pour améliorer le devenir du Togo.

Les manifestations ont commencé à 09h 30mn suivant le programme préétabli.

1. Cérémonie d’ouverture

 La cérémonie d’ouverture a été marquée par deux (2) allocutions couplées d’une

conférence inaugurale ; l’allocution du Ministre de l’Enseignement Supérieur

et de la Recherche, Monsieur Nicoué BROOHM, l’allocution du Ministre

auprès du Président de la République chargé de la Planification, du

Développement et de l’Aménagement du Territoire Monsieur SEMODJI et la

conférence inaugurale du Directeur exécutif de CADERDT en la personne du

Professeur Kako NUBUKPO.

Dans son mot de bienvenue, le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la

Recherche s’est réjoui de l’intérêt de ce séminaire de lancement officiel du

CADERDT. Selon le ministre, la rencontre de ce 15 Mai 2013 dénote d’une

grande ambition dont le thème : « le renouvellement des paradigmes du

développement » constitue un défi de taille lancé à la communauté des

chercheurs et scientifiques africains. Les modèles économiques qui ont fait leurs

preuves hier se révèlent impuissants aujourd’hui face aux défis de

développement de nos pays. Ainsi des questions se posent : quelles paradigmes

nous ont guidés jusque là sans réel succès ? Quelles leçons tirons-nous de la

confrontation des différents modèles économiques qui ont quasiment tous failli à

la réalisation des projets de développement ? Où en sommes-nous aujourd’hui

avec la crise économique mondiale et que peut faire l’Afrique ?

Pour finir, le Ministre BROOHM a affirmé que le CADERDT et les universités

du Togo constituent les locomotives pour mettre les forces académiques

nationales aux services de la croissance et du développement en misant sur le

renforcement des capacités et des progrès de la recherche. Ensuite, il a déclaré

ouvert le séminaire tout en souhaitant un fructueux travail aux participants.

Prenant ensuite la parole, le Ministre SEMODJI a éprouvé un réel plaisir de

procéder également à l'ouverture du séminaire. Il a témoigné l'attachement de

son Département et du Gouvernement au CADERDT qui a pour mission

d’accompagner le Togo, par des avis éclairés, dans l’élaboration, la mise en

œuvre et l’évaluation des politiques et programmes de développement.

En se fondant sur l’écrit de T. S. Eliot « Les paroles du passé appartiennent à

la langue du passé mais les paroles de l’avenir sont dans l’attente d’une

autre voix » le Ministre SEMODJI a exhorté que loin de céder à la fatalité, il est

impératif de renouer avec un discours positif sur la nécessité d’obtenir

durablement une croissance forte et partagée, gage de développement et de

progrès social pour le Togo. Notre pays a besoin, a affirmé le Ministre, d’une

confiance renouvelée dans la raison et dans le progrès, d’un effort commun de

construction d’outils consensuels, précéder l’élaboration de ces outils par une

réflexion méthodologique critique.

Le ministre a remercié les décideurs, les différents partenaires techniques et

financiers pour leur appui multiforme au CADERDT. Il a remercié de vive voix

les autres centres de l’ACBF venu du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du

Mali, du Niger pour leur soutien. Pour terminer son intervention, il a témoigné

de son optimisme à l’égard du séminaire qui se tiendra sur ces deux jours qui

permettra de déceler les éléments afin d’affiner la démarche méthodologique

pour juguler la pauvreté et améliorer la fiabilité des moyens à mettre en œuvre

pour une croissance accélérée et pourvoyeuse d’emplois au Togo. Sur ceux, il a

ouvert les travaux tout en souhaitant plein succès audit séminaire.

L’intervention des deux ministres a été suivit par celui du Directeur exécutif du

CADERDT, Pr Kako NUBUKPO, en termes d’une conférence inaugurale sous

le thème « la succession des paradigmes du développement: quand science et

politique se conjuguent ».

Pour planté le décor, le Directeur a structuré son intervention autour de la

citation de Paul VALERY, « Voici venu le temps du monde fini » ou les pays

en voie de développement doivent se poser des questions par rapport aux

différentes crises qu’ils connaissent : crise économique et sociale, crise

écologique. Ces dernières induisant donc des crises de société et de civilisation.

Selon le Directeur Exécutif, la périodisation de la pensée en économie du

développement permet de différencier trois temps : celui du volontarisme,

correspondant à un projet développementaliste privilégiant l’Etat; celui de la

gestion où dominent le libéralisme et le marché ; celui du pragmatisme où

domine le pluralisme des trajectoires et des politiques.

Au second volet de sa présentation, il a abordé la mesure et la pratique du

développement : quand science et politique se conjuguent. Des questions

pertinentes se posent :

-Que mesurent les statistiques sur l’Afrique?

-Sur quelles bases se reconstruit l’économie du développement

aujourd’hui?

-La « bonne gouvernance» est-elle une bonne stratégie de développement?

Sans faire preuve de langue de bois, le directeur a montré toute la difficulté

d’appréhension des performances des économies africaines, au-delà des

indicateurs statistiques publiés périodiquement par les agences onusiennes. Eu

égard aux statistiques des économies africaines qui sont loin de la réalité, la

question de la conception d’un appareil statistique à partir d’une méthodologie

africaniste se pose. Pour se faire le chercheur est donc confronter à un dilemme:

soit opter pour l’idéologie dominante soit se réfugier dans une critique externe a

priori stérile du consensus de Washington et des politiques économiques

libérales. Il nous semble qu’entre ces deux approches extrêmes, il y a de la place

pour une «troisième voie» qui incorpore explicitement les avancées récentes de

la science économique, à savoir notamment l’effort d’intégration de l’incertitude

et de la rationalité procédurale au sein des théories. Egalement, elle accorde une

place de choix à la critique interne.

Sur quelles bases se reconstruit l’économie du développement aujourd’hui

? Cette question est posée par un chercheur au-delà de la mesure statistique, en

quête de nouvelles alternatives.

Les réponses à cette question ont le mérite de structurer et d’orienter les

discussions et débats entre économistes du développement. En guise

d’illustration de ces débats, trois thèmes principaux peuvent être évoqués,

symptomatiques des préoccupations actuelles de l’économie du développement :

le court terme et le long terme, le marché et l’Etat, Les enjeux

environnementaux et le renforcement des capacités.

Le Directeur Exécutif met en exergue au troisième volet le terme de

gouvernance en trouvant des réponses à la question la « bonne gouvernance »

est-elle une bonne stratégie de développement ?

Après trente années d’ajustement structurel, il est impératif de renouer avec une

réflexion sur la nécessité d’obtenir durablement une croissance forte et partagée.

Il n’y a aucune raison à ce que les solutions aux problèmes que vivent les

populations africaines soient corsetées par les recettes du prêt-à-penser

idéologique, qu’il provienne de Washington, de Londres, de Paris, de Pékin et

j’en oublie. Ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il faille réinventer la roue. Il

est important de connaître les expériences des autres, les façons dont ils sont

arrivés à sortir des problèmes qu’ils ont rencontrés ou continuent de rencontrer.

Il termine en ces mots : voici quelques prémisses d’une économie politique du

développement endogène, la tache est immense mais elle mérite d’être menée. Il

y va de l’avenir de millions de jeunes africains et notre utilité sociale de

chercheurs sera évaluée à l’aune de la qualité des réponses que nous saurons

donner aux attentes de cette Afrique des peuples qui nous regarde, nous qui

sommes sur le podium.

Aux alentours de 10h30min, la fin de la cérémonie d’ouverture fut marquée par

une pause café et le séminaire proprement-dit débuta.

2. Déroulement du séminaire

 Pour le déroulement du séminaire, a été choisit comme :

Modérateur : Monsieur Crédo TETEH, Consultant média & communication

1er rapporteur : Monsieur LAWSON Dzidzogbé Hechely

2ème rapporteur : Mademoiselle ALAPINI Rêmy S. Loriane

2.1 Les travaux du 1er jour : Mercredi 15 Mai 2013

 Les travaux du 1er jour se sont déroulés en deux sessions ; ces deux sessions ont regroupé chacune trois communications suivit de débat. La première session fut intitulée « Enjeux théoriques du développement » et

fut présidée par le Professeur Nadédjo BIGOU-LARE, Doyen de la faculté

des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG), Université de Lomé

(TOGO).

La première communication de cette session portant sur « l’idée de progrès et

de développement dans la pensée africaine face aux politiques de mise en

valeur coloniale » a été présentée par le Professeur N’Buéké GOEH AKUE,

Responsable des Formations Doctorales à la Faculté des Lettres et Sciences

Humaines de l’Université de Lomé. Sa présentation a tourné autour des points

suivant : conscience sur le développement, les grands chocs de l’histoire

africains, les efforts d’inventions et de réinvention, la décolonisation mentale.

Allant dans le même sens que son prédécesseur, le second conférencier

Monsieur William BOLOUVI, Enseignant chercheur à l’Université de Lomé a

éclaircit le thème « existe-t-il une pensée africaine du développement ?».

Après une revue théorique sur l’élaboration de la théorie du développement, il a

révélé les raisons qui sous-tendent l’absence de l’Afrique dans le débat de

théorisation de la notion d’économie de développement ; ces raisons sont

d’ordre historique et culturel. Tout en énonçant une présence discrète du Tiers

Monde dans cette dynamique, le conférencier a élucidé la théorie du socialisme

africain en se focalisant sur les rapports entre groupe et individu, famille et

communautés locales suivit des valeurs culturelles et spirituelles. Pour conclure,

le conférencier affirme que la cause de l’échec de l’Afrique face au

développement n’est pas dans son absence dans la théorisation de la pensée

économique mais cette cause est d’ailleurs.

Le thème de la troisième communication « Le rôle de la modélisation dans les

politiques de développement » a été présenté par le Professeur Akoété Ega

AGBODJI, Agrégé des Facultés de Sciences Economiques, Directeur du

CERFEG, Université de Lomé (Togo). Axé autour de deux sous-thèmes,

économie et modélisation: une nécessité suivit de celle d’une exigence de

prudence, le conférencier préconise que les africains soient en mesure d’établir

des modèles propres reflétant la réalité de leurs économies en s’inspirant de ceux

des occidentaux. Relevant les limites des modèles, il a parlé de l’existence des

erreurs d’omissions, les incertitudes et les risques du modèle.

Il a expliqué pour conclure que bien que les modèles économiques sont aussi

compliquées, ils sont nécessaires car ils permettent d’obtenir des approximations

subjectives pour expliquer les phénomènes économiques des pays.

Après la présentation du Prof. AGBODJI, le Président de la session, le Prof.

Nadédjo BIGOU LARE a convié l’assistance à un débat fructueux et édificateur.

Aux alentours de 12h30min la séance question-débat fut amorcée.

Les participants, au préalable, se sont tous réjouit de la qualité des

communications de la première session et ont félicité le CADERDT pour les

efforts qu’il ne cesse de nouer à l’égard du Togo. En voici les questions et

préoccupations évoquées par le Professeur AGBOBLI, l’Ancien Ministre

AMOUZOU-GUEDOU, le Professeur DIASSO, le Professeur GOEH-

AKUE, le Docteur AMADOU, Monsieur MATABOU, Monsieur GNARO,

Monsieur VIGLO, Monsieur ASSIONGBO, Madame FIADJO, Monsieur

KERIM, Monsieur PAGNON, Madame JOHNSON:

-Qu’est-ce que Monsieur NUBUKPO pense de la stratégie de réduction du sous-

développement ? Quelle pourrait être la nouvelle forme à proposer ?

- Monsieur SAMIR AMIN étant égyptien et donc africain, pourquoi dire que les

africains n’ont pas participé au développement selon Monsieur BOLOUVI ?

- Qu’est-ce que CADERDT fera des propositions des éminents chercheurs

professeurs réunis en ce jour pour une première fois ?

- Il a été demandé à Monsieur BOLOUVI de faire une proposition d’une

définition économique de l’Afrique

- La prise en compte de la société civile dans le développement du pays a été

sollicitée.

- Clarification du terme « Gouvernance »

- Quelle réforme institutionnelle pourriez-vous proposer pour les universitaires ?

Dans l’intervention de Monsieur Edo Maurille AGBOGBLI, eu égard aux

préoccupations diverses des participants, déclare que le Togo est en retard sur le

développement car nos anciens militants ont été éliminés de la place politique ;

les autres raisons sont entre-autres, le manque de volonté politique, le manque

d’efforts édifiés (nous devons rester unis pour un meilleur développement). La

construction des éléments futurs en vue d’élaborer ou de recadrer une vision

2030 du Togo s’avère crucial ; au vu de cette vision des priorités doivent être

édifiées.

Après la pause déjeuner, la deuxième session des travaux du premier jour

intitulée « Partage d’expériences des Centres soutenus par l’African

Capacity Building Foundation (ACBF) en Afrique de l’Ouest » a été

présidée par Monsieur Pascal Firmin NDIMIRA, Conseiller Spécial du

Président de la République togolaise.

Monsieur MATABOU, représentant du CERPAP au Mali, a été le premier

communicateur. Il nous a enrichi sur les ruptures de l’humanité aussi grandes et

importantes soient-elles. Ce sont entre-autres :

- La révolution néolithique

- Les révolutions industrielles

- L’apparition de l’écriture ;

- La métallurgie du fer ;

- L’avènement de la monnaie

- Etc.

Selon lui, la combinaison des grandes ruptures et des ruptures importantes a

modifié fondamentalement la structure de l’humanité et Karl Polanyi parle de

Grandes Transformations qu’il définit comme ce système d’auto-régulation des

échanges de biens et de services à travers les marchés qui a pour conséquence

fondamentale le désencastrement des relations économiques des relations

sociales. Ainsi ces ruptures ont provoqué trois grandes révolutions industrielles:

La première révolution industrielle a eu lieu au XIXème siècle sous l’impulsion

britannique. Elle a contribué au développement de l’industrie du textile.

La deuxième révolution industrielle a été mise en œuvre sous l’impulsion

américaine, au début du XXème siècle et a permis de développer principalement

l’industrie chimique.

La troisième révolution industrielle a débuté en 1990 et a portée sur le

développement des TIC, l’ingénierie financière, l’économie du savoir, les

biotechnologies, etc.

Monsieur MATABOU nous a fait part des vagues technologiques ayant

engendré les grandes transformations et de la richesse des nations et ses

dimensions. Dans ces mêmes idées, il a expliqué la composition du "potentiel

naturel" dans les pays à faibles revenus et le développement. Egalement il a

présenté les pays riches et pauvres; selon la Banque mondiale (Whereis the

wealth of Nations, 2006) « Les pays dans lesquels les ressources terrestres

comptent pour plus du tiers des richesses totales, comme le Niger, le

Burundi et la Moldavie, appartiennent tous au groupe à faibles revenus ».

Pour finir il déclare que l’objectif de l’économie n’est pas seulement de produire

des richesses ; l’écologie ce n’est pas uniquement protéger la nature ; ce sont les

deux, ensemble, qui permettent d’améliorer le sort de l’humanité »

Au second volet, le partage d’expériences du Centre d’Analyse des Politiques

Economiques et Sociales (CAPES) du Burkina-faso, a été présenté par son

Directeur Exécutif Monsieur Daniel KABORE. Créé le 16 Mai 2000 et

opérationnel officiellement le 08 Avril 2002, le CAPES travaille directement

avec la Présidence dans l’élaboration de ses nombreuses études (22), notes de

conjonctures, de leurs documents de travail de type Workingpapers (60), de

leurs formations, ateliers et séminaires. Cette collaboration avec la Présidence

permet au CAPES d’être plus à l’écoute de la population burkinabè afin de

trouver des palliatifs aux différents problèmes du gouvernement, du secteur

privé et de la société civile.

Au troisième volet, Monsieur KIMOU Enseignant chercheur, nous a présenté

son Centre d’Analyses, de Politiques Economiques du CIRES (CAPEC)

abrité par la Côte d’Ivoire. Le CAPEC créé en 1992 et fonctionnel en 1993 est

composé de dix (10) membres (Présidence, Gouvernement, Université, société

civile, etc…) et contrairement au CAPES, le CAPEC travaille directement avec

les universités, preuve de l’insertion du CIRES qui est un centre de recherche de

l’Université de COCODI. Monsieur KIMOU affirme que le CAPEC a réussi

115 recherches et études, 39 formations avec 1250 cadres formés et continue

d’impacter la Côte d’Ivoire à travers ses œuvres.

Après la présentation des différents communicateurs, la parole a été donnée aux

participants pour un débat d’ordre général. Tout comme la première session, des

interventions très enrichissantes des élites et des participants ont marqué cette

séance de questions-réponses. Le Professeur Kako NUBUKPO, Directeur

Exécutif du CADERDT a ouvert le bal des questionnaires en se demandant

pourquoi qui parle de CAPES du Burkina Faso parle de la Présidence et qui

parle de CAPEC de la Côte d’Ivoire parle des Universités ? A tour de rôle

Monsieur SANOU de l’UEMOA, Monsieur AMAVI, Secrétaire Général de

la synergie du Togo, Monsieur VIGLO, Monsieur Thomas ATAKPAME et

le Professeur Maurice AGBOBLI ont évoqué les questionnaires et

préoccupations comme suit :

- Quelle alternative le CADERDT compte mettre en place pour pallier au

blocage de mise en application de leurs études et recherches qui

pourraient surgir au niveau de l’Etat ?

- Comment un leadership transformationnel pourrait-être développé ?

En général, les séance-débats ont suscité plus de suggestions et de

recommandations que de questions. Ainsi elles seront mises en relief dans la

rubrique recommandations dudit rapport.

Les travaux du 1er jour ont pris fin par les mots de clôture du Directeur exécutif

de CADERDT qui a adressé ses chaleureux remerciements aux différents

ministres, aux représentants des différents « Policy Thinks Thanks » qui ont fait

le déplacement du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire et qui ont mis à

la disposition du CADERDT leurs documents pour qu’il s’en inspire, aux

éminents chercheurs, aux présidents des deux première sessions du séminaire et

aux communicateurs pour leur mobilisation et leur participation active au

premier jour de ce séminaire inaugural. Il a également remercié les autres

participants (la société civile, les étudiants, etc.) pour leur considération

dévouée. Il a souhaité, pour une meilleur redéfinition du développement du

Togo, que les élites et participants ont le courage de dire haut et fort ce qui ne va

pas et ce qui doit être fait pour en remédier. Pour finir il a convié l’assistance au

second et dernier jour du séminaire le lendemain.

Cette première journée a pris fin aux alentours de 17h 45 min.

2.2 Les travaux du 2ème jour : Jeudi 16 Mai 2013  

En ce deuxième jour la seule session qui y est consacrée a débuté à 8h45

toujours dans les locaux de l’Hôtel Santa Maria. Cette session fut la troisième

session du séminaire intitulée, « Acteurs, décideurs et chercheurs africains

dans un contexte géoéconomique et politique en mutation-Croissance,

emplois et développement ». Elle a été présidée par Monsieur Badawasso

GNARO, Président du Comité National de Politique Economique du Togo

(CNPE), Secrétaire Général du Ministre de l’Economie et des Finances.

Le Professeur Edo Kodjo Maurille AGBOBLI, Maître de Conférences des

sciences économiques des universités (FASEG-UL Lomé (Togo) amorça son

thème sur « les principales étapes de l’évolution de l’économie togolaise ».

les éléments enrichissants de cette communication a permis aux participants de

mieux cerner l’histoire de l’économie togolaise et ses réalités d’aujourd’hui.

Le Docteur Akilou AMADOU, Enseignant Chercheur à la FASEG/UL, Expert

Croissance-Développement du CADERDT a présenté son thème sur « la

stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE) à

l’aune de l’économie du développement ». Il l’a libellé en trois points :

• Bref aperçu des principaux modèles de développement où il a en premier lieu

essayé de définir le développement bien étant difficile à définir ; en second

lieu, il a énuméré et expliqué les théories du développement (théorie du

rattrapage, les théories du développement par le bas, les ajustements

structurels, les théories du développement humain, les théories du

développement durable, les théories du post-développement, les théories de

l'alter-mondialisme).

• Evolution des stratégies de développement dans les Pays Sous Développés

(P.S.D)

• La SCAPE: défis et enjeux ; la SCAPE, la Stratégie de Croissance Accéléré

et de Promotion de l’Emploi définit cinq défis majeurs qui doivent être

relevés pour assurer le décollage de l’économie togolaise. Il s’agit de :

- accélération de la croissance économique, création d’emplois et meilleure

insertion régionale et internationale de l’économie togolaise,

- amélioration de la gouvernance,

- réduction des inégalités,

- problèmes sociodémographiques,

- développement urbain, aménagement du territoire et protection de

l’environnement.

Il finit en ces termes : même si la SCAPE peut contribuer à réduire l’incidence

de la pauvreté et à créer des emplois, ce n’est pas suffisant ; il est nécessaire de

préparer, sur une base scientifique, une vision de long terme du développement

du Togo en identifiant ses forces et faiblesses, les barrières qu’il faudra

surmonter, et les opportunités qui devront être saisies, pour sortir notre pays du

sous-développement.

Suite à ces deux premières communications, la séance de débat fut débutée à

9h40min. Une liste de personnes composée de Monsieur GABA Mawussé,

Monsieur TAKOUDA, Monsieur AMAVI, etc. a été retenu dans le but de

recueillir leurs différentes inquiétudes par rapport aux communications

susmentionnées :

-en quoi-ce que le CADERDT pourrait aider le Togo à résoudre ses

manquements économiques ?

- comment le Togo en est arrivé à cette période de silence économique ?

- etc.

La séance de débat a été interrompue en raison de l’arrivée surprise de la

Secrétaire Exécutif de l’ACBF, Frannie LEAUTIER. Cette dernière a salué les

œuvres du CADERDT de part les efforts qu’il ne cesse de déployer pour assurer

le développement harmonieux et durable du Togo bien qu’étant le plus jeune

centre de la sous région. Madame Frannie LEAUTIER a mis fin à sa visite

matinale au séminaire par des mots d’encouragement à l’égard du CADERDT et

du gouvernement, étant toujours à l’écoute des inquiétudes de sa population.

La reprise de la séance amena les participants à une pause café aux alentours de

11h30min.

La deuxième partie de la session de la journée s’est poursuivie à partir de 12h

avec les communications successives : « Rôle du secteur privé dans la

promotion de la croissance et du développement » présentée par Monsieur

Benoît Yaovi DOVI, Expert en Secteur Privé du CADERDT ; « Enjeux du

suivi-évaluation des politiques, programmes et projets dans le processus de

développement » par Madame Véronique Akom DOSSOU, Expert en Suivi-

Evaluation du CADERDT ; « Emergence du concept de la société civile dans

les politiques de développement : limites et ambigüités » par Monsieur

Christophe COURTIN, Coordonnateur du Projet d’Appui à la Société Civile et

à la Réconciliation Nationale du Togo (PASCRENA) ; « quel espace sous-

régional à l’horizon 2020 ? Restitution des travaux du Panel de Haut

Niveau de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) »

présentée brièvement par Monsieur SANOU, Directeur du Centre de

Programmation Stratégique, de Recherche et de Veille de la Commission de

l’UEMOA et de façon plus détaillée par Monsieur Kako NUBUKPO,

Directeur Exécutif du CADERDT.

Monsieur Benoît Yaovi DOVI a expliqué au mieux la contribution du secteur

privé dans la formation du produit intérieur brut (PIB) du Togo. En effet, à

l’instar des proportions des salariés, le secteur privé regorge près de 75% des

salariés au total. Les agents privés interviennent massivement dans la

mobilisation des ressources et la mise en œuvre des politiques de

développement. Il finit en déclarant que la plupart des projets menés par le privé

facilite une libre circulation des biens et services, une amélioration des secteurs

en difficulté et une amélioration partielle du bien-être de la population sur le

territoire.

Aux alentours de 12h20 min, suite à la communication de Monsieur Benoît

Yaovi DOVI, ce fut le tour de Madame Véronique Akom DOSSOU. Après

avoir définit le suivi, l’évaluation et le système même de suivi-évaluation des

politiques sectorielles, ensuite décrit les outils y afférant, elle a souligné

l’importance capitale que revêt ce système : l’assurance d’un processus de

décision rapide et effective, des projets exécutés avec des résultats tangibles et

durables, d’une confiance sereine des bailleurs de fonds favorisant un retour

d’investissement particulier sur les projets, etc. Sur ce, prend fin la

communication.

Débutée à 12h58 min, la présentation de Monsieur Christophe COURTIN a

enrichi les participants sur la notion de la société civile comme étant un groupe

de citoyens organisé collectivement, vivant du développement des autres ; la

société civile regroupe le secteur privé et informel, les syndicats, etc.

Ses rôles à l’égard du développement d’un pays reposent sur les droits de

revendiquer, de plaider l’espace public, politique et privé qui lui est du. La

société civile étant également auteur de la mise en œuvre des politiques de

développement, est souvent confrontée aux problèmes financiers qui l’obligent

parfois à exécuter à la lettre les désirs et les lignes de routes tracés par ses

partenaires de développement. Dans son développement, Monsieur Christophe

COURTIN s’est penché en partie sur les idées de Monsieur KOLA, enseignant

chercheur en France ; selon ce dernier, la société civile est la vie sociale

organisée selon ses propres logiques.

La dernière communication de Monsieur Kako NUBUKPO et de Monsieur

SANOU, après avoir fait l’analyse SWOT (Force-Faiblesse-Opportunités-

Menaces) de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), a

présenté le rapport du Panel de Haut Niveau (PHN) explicitant la vision que les

pays membres de l’UEMOA doivent atteindre d’ici 2020. Cette vision exhorte

les pays membres à mieux s’intégrer dans l’union, à approfondir l’analyse du

financement des occidentaux, à déterminer les secteurs prioritaires afin de les

promouvoir, etc.

Dans les débats, les questions et préoccupations essentielles suivantes ont été

évoqués par les participants tels que Madame QUENUM, Madame

KPETAMI, Ancien Ministre AMOUZOU-GUEDOU, Monsieur

FANTCHAO, Monsieur ATAKPAME, Monsieur GABA, Monsieur

MAKANOU.

- Quel projet le CADERDT propose au secteur privé et la société civile en

générale ?

- Quelle démarche a été adoptée pour concevoir le rapport du PHN ?

- Rôle du secteur bancaire

- Quelles solutions nos élites proposent face aux crises togolaises actuelles

(la destruction du grand marché, la grève des travailleurs et des

étudiants) ?

- Quelles sanctions affligées aux différentes sectorielles en cas de non

application des politiques proposées et recommandations du CADERDT ?

Sur ce, la séance débat a pris fin à 14h30, après que le Directeur Exécutif du

CADERDT a invité toute l’assistance à un déjeuner de clôture et à la cérémonie

d’inauguration officielle du CADERDT le lendemain, le vendredi 17 mai 2013 à

8h45. Ainsi la fin de cette deuxième journée clôture le séminaire inaugural.

3. Recommandations

Le Professeur Edo Maurille AGBOBLI a exhorté le CADERDT à tirer profit des

expériences des autres centres, Policy Think Thanks de la sous région.

Le renouvellement des paradigmes du développement, exige de cadrer une

vision 2030 propre au Togo en développant les secteurs prioritaires.

Il a été demandé au CADERDT de se pencher plus vers les femmes en

investissant dans le secteur marchand, secteur dans lequel elles sont le plus

actives.

La vision 2020 établit par l’UEMOA devrait incorporer la base (la société

civile, etc ; comme secteur : éducation, industrie, etc.) dans sa mise en œuvre.

Les participants exigent du CADERDT, une médiatisation plus ouverte en vue

de mettre à la disposition de la population, leurs recherches et études.

C’est bien beau de définir de nouvelles feuilles de routes, mais le Togo

continuera de tourner en rond si les réelles contraintes ne sont pas levées ; à

l’instar de la racine de colonisation des occidentaux qui se formalise par une

exploitation indirecte de nos ressources et une distorsion au sein de nos organes,

à l’instar de certains accords et politiques signés qui ne font que diviser le pays

et le faire recouler.

Par rapport aux préoccupations et recommandations de ce séminaire, le

gouvernement à qui revient le mérite dudit séminaire, doit faire part d’une

volonté politique plus accrue ; aussi les élites doivent rendre compte de leurs

actions concrètes.

Pour que ce séminaire n’aurait pas été une perte de temps, il faudrait que le

CADERDT tienne compte des recommandations énumérées afin que le Togo

puisse changer de logique de développement, une nécessité pour le devenir sa

population.

CONCLUSION

Le développement du Togo ne doit pas être synonyme d’une improvisation mais

plutôt d’une planification parfaite ; d’où la raison de ce séminaire faisant foi de

séminaire inaugural du Centre Autonome d’Etudes et de Renforcement des

Capacités pour le Développement au Togo (CADERDT), un centre dont sa

dénomination met en exergue ses objectifs et actions.

Confiant que la majorité des participants ont été satisfaits des communications et

des débats y afférant, et ne se sont pas restés sous leur soif, les élites et éminents

chercheurs, avec l’appui du gouvernement et des acteurs politiques, sont tenus

de prendre en compte les préoccupations et agir par des actes concrètes

Fait à Lomé les 15 et 16 Mai 2013