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CONFÉRENCE D’ÉCONOMIE APPROFONDIE RAYAN NEZZAR L’Union économique et monétaire Séance 5

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Economy & Finance


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Page 1: Séance 5   l'union économique et monétaire

CONFÉRENCE D’ÉCONOMIE APPROFONDIE

RAYAN NEZZAR

L’Union économique et monétaire Séance 5

Page 2: Séance 5   l'union économique et monétaire

3. Les grands débats dans l’UEM

1. Point sur les notions fondamentales

2. Le fonctionnement de l’UEM

L’Union économique et monétaire Séance 5

Page 3: Séance 5   l'union économique et monétaire

Les notions fondamentales

Les différentes phases d’intégration économique (Balassa, 2012)

Zone de libre-échange (suppression des droits de douanes et des limitations quantitatives d’importations entre les pays membres, ex ALENA, 1994)

Union douanière (zone de libre-échange dotée d’un tarif extérieur commun, ex Zollverein, 1834)

Marché commun (union douanière où les facteurs de production peuvent circuler sans entraves d’un pays à l’autre, ex Marché commun et « quatre libertés »)

Union économique (marché commun marqué par l’harmonisation des politiques économiques des différents États-membres)

Union monétaire (union économique avec une monnaie unique => plus de dévaluation possible)

Qu’est-ce que l’UEM ?

Ensemble des politiques des EM de l’UE visant à rapprocher leurs économies

Idée d’une monnaie unique après la réunification allemande

Critères de convergence (art. 140 TFUE) : stabilité des prix (pas > 1,5pt des 3 meilleurs EM), des fipus (60% et 3%), du taux de change (pas de dévaluation depuis 2 ans) et spread taux d’intérêt pas > 2pts des 3 meilleurs EM

L’Euro n’est qu’une des politiques de l’UEM (PSC, surveillance multilatérale)

Page 4: Séance 5   l'union économique et monétaire

Les notions fondamentales

Page 5: Séance 5   l'union économique et monétaire

Les notions fondamentales

Les bénéfices micro-économiques de la monnaie unique

Disparition des risques de change : approfondit le commerce intra-zone (46% des exports FR)

Mussa (1986) : régime de changes flottants depuis 1973 => volatilité excessive des taux de changes et apparition de désajustements durables

Disparition des distorsions dans l’allocation de l’épargne (réduit l’incertitude dans la décision d’investissement), favorise l’intégration des marchés de capitaux

Disparition des coûts liés au changement de monnaie (commissions bancaires, etc)

Plus grande transparence sur les marchés : comparaison des prix par les consommateurs, favorise la concurrence et le pouvoir d’achat

Les bénéfices macro-économiques

Stabilité des prix, élimine les risques de politiques non coopératives et favorise une saine gestion des finances publiques (Emerson, 1991)

Monnaie de réserve internationale pour concurrencer le dollar

MAIS plus de politique monétaire indépendante, plus de monétisation des dettes

Page 6: Séance 5   l'union économique et monétaire

Les notions fondamentales

La théorie des zones monétaires optimales

R. Mundell (1961) : mobilité des facteur K et L, résilience aux chocs asymétriques

Ex. USA : pas réellement une ZMO, préconise deux zones côtes Est et Ouest

Critères de viabilité d’une zone monétaire selon Balassa (Z€) :

Mobilité des facteurs de production (non)

Taux d’ouverture (oui : AL 70%, FR/IT/ES 40% vs. US 13%, JA 10%)

Homogénéité des préférences (oui)

Diversification des productions (oui)

Transferts budgétaires (non)

Frankel & Rose (1998) : théorie de l’endogénéïté car l’union monétaire favorise l’intégration commerciale (*3 en Z€) => Relation positive entre bénéfices d’une monnaie unique et intégration économique

Fontagné & Freudenberg (1999) : intégration commerciale favorise la spécialisation intra-branche (ex. segmentation de la chaine de valeur de l’industrie auto)

MAIS Krugman (Lessons of Massachussets for EMU, 1993) : théorie de la spécialisation géographique (polarisation des activités industrielles en union monétaire et convergence trop rapide des W als que les productivités restent hétérogènes)

Hausse de la mobilité du K encourage l’endettement privé inconsidéré dans les zones périphériques en rattrapage (ex. bulle immo en Espagne).

Page 7: Séance 5   l'union économique et monétaire

1. Point sur les notions fondamentales

3. Les grands débats dans l’UEM

2. Le fonctionnement de l’UEM

L’Union économique et monétaire Séance 5

Page 8: Séance 5   l'union économique et monétaire

Le fonctionnement de l’UEM

Une politique économique sous contraintes

Coordination des PB contre free rider (PSC, TSCG et Six-Pack) : déficits excessifs > 3% PIB ; déficit structurel > 0,5% PIB ; -3 > balance des paiements > 6% PIB

Objectifs Stratégie Europe 2020 : « croissance intelligente, durable et inclusive » : taux emploi 75%, R&D 3% PIB, « 3*20 » écologique

MAIS des sanctions jamais appliquées, de fortes disparités des BPC (AL +7% PIB, FR -2,5% PIB, IT et ES +1,5% PIB)

PM centralisée : clause de no bail out (art. 125 TFUE)

Le budget de l’Union européenne

145 Md€/an sur 2014-2020 (1% du RNB UE, l’équivalent des recettes de TVA en FR)

Eviter le risque d’une spécialisation excessive des économies nationales = fonds de cohésion et structurels financent notamment des projets d’infrastructures et environnementaux (1/3 du budget UE mais seulement 0,4% PIB)

Financé par des contributions nationales (75%) et par des impôts (TVA, etc)

Dimension redistributive : pays contributeurs nets (FR -9 Md€, AL -16 Md€) et bénéficiaires nets (PT +4Md€, PO +12 Md€, GR +5 Md€)

Page 9: Séance 5   l'union économique et monétaire

Le fonctionnement de l’UEM

L’UEM en crise : un révélateur de fragilités structurelles ?

Une crise externe à l’UEM (subprimes, Lehmann Brothers, etc)

MAIS des déséquilibres internes

Emergence de bulles des prix d’actifs immo en périphérique (prix +200% en Espagne sur 1997-2007) et expansion bilans bancaires (de 200 à 270% PIB entre 2002 et 2009 en Z€)

Déficits budgétaires structurels (ex. « paquet fiscal » en France : +0,4 pt déficit en 2007 et +1pt en 2008)

Déficits conjoncturels liés à la crise (13% du PIB de l’UE pour recapitaliser les banques en 2009 ; plan de relance = 34 Md€ en France sur 2008-2010 selon la Cour des comptes)

L’UEM en crise : des économies qui divergent ?

Déficits jumeaux en Z€ avant crise (Obstfeld & Rogoff, 2010) : IT/SP/GR/PO/FR déficitaires vs. AL/NL/FI/AT à l’équilibre ou excédentaires

Politiques de dévaluation interne : Croissance des dettes publiques (*2 en ES, *2,5 au PO) et des taux de financement (spread vs. AL : ES 2,5 pts, PT 5 pts) mais réduction des déficits commerciaux (ES et IT : excédent de 1,5% PIB).

MAIS très coûteuses en emploi (24% chômage en ES, 13% au PT), cf. CEPII, 2012 (« Peut-on dévaluer sans dévaluer ? »)

Page 10: Séance 5   l'union économique et monétaire

Le fonctionnement de l’UEM

Page 11: Séance 5   l'union économique et monétaire

Le fonctionnement de l’UEM

La zone Euro n’est toujours pas optimale

Comment assurer l’optimalité d’une zone monétaire ?

Convergence des revenus grâce aux gains de productivité (Barro & Sala i Martin, 1995 : rattrapage du niveau de vie du sud des USA vs. nord entre 1880 et 1980 par l’éducation) => Seules ES et PT connaissent un rattrapage depuis 2009

Des transferts budgétaires permanents (dépenses fédérales US = 22% PIB) => Le budget de l’UE ne représente que 1% du RNB => L’Euro reste une « monnaie incomplète » (Aglietta)

Critique de Walters (1990) : taux d’intérêt commun (BCE) sans convergence des taux réels (l’inflation reste nationale) => divergence économique et formation de bulles d’actifs dans les pays périphériques.

Le fort découplage des taux réels des prêts bancaires entre Nord et Sud de l’UEM (7% en GR / PT) rend la PolMon inopérante.

La mobilité du facteur travail reste également insuffisante (Feldstein, 1997) : facteurs économiques et culturels + disparités démographiques

Faible qualité des investissements et déformation de l’économie vers des secteurs à productivité faible (services aux ménages, distribution, désindustrialisation)

=> Gains de productivité faibles 0,5% en 2015 vs. 2% en 1995 et croissance potentielle quasi nulle 0,2% en 2015 vs. 2,4% en 1998 (Artus, 2015)

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Le fonctionnement de l’UEM

Page 13: Séance 5   l'union économique et monétaire

Le fonctionnement de l’UEM

La politique de change de la Banque centrale européenne

Objectif secondaire de la BCE dans les traités

Ciblage M. Draghi 1 € < 1.35 $ (pic à 1,6 $ en 2008, ajd 1,1 $)

Baisse de 10% du cours €/$ = +10% exports de la Z€ (+0,2% PIB en FR à n+2 selon OFCE)

Mais la dépréciation de l’€ profite surtout à l’Allemagne : pays qui exporte le plus hors Z€ (33% des machines et équipements électroniques produits en UE : spécialisation de gamme réussie). Renchérit le coût des MP importées.

Evolution du cours Euro/Dollar

Page 14: Séance 5   l'union économique et monétaire

1. Point sur les notions fondamentales

3. Les grands débats dans l’UEM

2. Le fonctionnement de l’UEM

L’Union économique et monétaire Séance 5

Page 15: Séance 5   l'union économique et monétaire

Les grands débats dans l’UEM

Faut-il sortir de la zone Euro ?

Les avantages d’une sortie de la Z€ (art. 50 TFUE ?)

Retrouve flexibilité de la PolMon : idée d’une Z€ Nord et Sud (C. Saint-Etienne, 2012)

Gain de compétitivité-prix : ex. -75% peso ARG en 2002, -50% couronne ISL en 2008. OK quand éco spécialisée (ARG = agro-alim) => BCP s’améliore (+17 pts PIB ISL entre 2008 et 2011)

Les risques d’une sortie

Alourdissement du poids de la dette libellée en ancienne monnaie après dévaluation

Représailles douanières des anciens pays de la zone => diminution du commerce international

Les scénarios de sortie

« Grexit » : nécessite limitation retraits bancaires, contrôle des capitaux (Krugman : ex scission CZ/SL)

Sortie de l’Allemagne : appréciation du Dmark de 25% => entrée de capitaux mais aussi appauvrissement des épargnants qui ont investi dans les pays périphériques + crise bancaire

Sortie des « PIIGS » = -10% exports AL => -5% PIB

=> Arbitrage économique entre les coûts d’un maintien de la Z€ et les coûts de sa sortie (ex. engagements dans le FESF 190 Mds > 125 Mds dépenses sociales AL).

Page 16: Séance 5   l'union économique et monétaire

Les grands débats dans l’UEM

Faut-il une intégration économique de style fédéral ?

Un « cœur de la zone Euro » plus homogène ? (Europe des Six) Critères : niveaux de revenus, de coûts salariaux unitaires, spécialisations productive, choix de fiscalité et de protection sociale (cf. « Est-ce qu’une zone euro réduite à un coeur de pays

fonctionnerait mieux que la zone euro actuelle ? », Natixis, 17 juin 2015) :

L’Italie a un revenu par habitant plus faible

Coûts salariaux unitaires et salaires minimums voisins

Plus faibles gains de productivité en Allemagne et en France

La France et l’Italie se désindustrialisent (déficit BPC) et connaissent des chocs cycliques différents

La pression fiscale et l’emploi public sont plus élevés en France et en Belgique

Les cotisations et prestations sociales sont très basses aux Pays-Bas

De forts écarts sur les performances des systèmes éducatifs (AL, AT, NL, BE vs. FR, IT)

=> Une zone Euro réduite à un cœur de six pays ne serait toujours pas optimale

De Grauwe (2011) : c’est la gouvernance de la Z€ qui pose problème (pas de prêteur en dernier ressort, pas de monétisation des dettes, pas de budget fédéral) et la rend vulnérable à la volatilité des marchés financiers.

Page 17: Séance 5   l'union économique et monétaire

Les grands débats dans l’UEM

Faut-il monétiser les dettes publiques ?

Delpla & Von Weizsäcker (2010) : Création d’Eurobonds pour mutualiser la « dette bleue » (60% PIB). Placés dans un fonds de rédemption avec taxes affectées pour un amortissement sur 25 ans

Bénassy-Quéré (2011) : Actif de réserve alternatif au dollar, marché liquide attractif pour les investisseurs (liquidity premium : réduit le taux d’emprunt moyen)

MAIS impliquerait une hausse des taux pour les pays du Nord

Solution alternative (Berglof, 2013) : Eurobills mutualisation d’emprunts de CT en cas de panique pour lutter contre les phénomènes de flight to quality

Solution de compromis : restructuration des dettes des pays éligibles au MES sans Eurobonds (avec éventuel mécanisme de sortie temporaire de la Z€, ex. Grèce)

Page 18: Séance 5   l'union économique et monétaire

Les grands débats dans l’UEM

*2012

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Les grands débats dans l’UEM

Faut-il un budget de la zone Euro ?

Rapport Von Rompuy (2012) : une capacité budgétaire contra-cyclique pour amortir les chocs asymétriques au sein de la Z€

Note CAE #29 « Quelle union budgétaire pour la zone Euro ? » (2016) : fonction de stabilisation macroéconomique pour améliorer la résilience de la zone (stabilisateurs auto). Mais ni fonction redistributive ni financement de biens publics.

Note CAE #3 « Compléter l’euro » (2013) : Pour une assurance-chômage européenne (1% PIB Z€) :

Taux de remplacement à 20%

Transfert permanent vers les pays dont le chômage est supérieur à son taux naturel

Dans le cadre d’une contractualisation : mécanismes de solidarité contre réformes structurelles pour éviter le risque d’aléa moral

Solution plus ambitieuse : financement de biens publics à l’échelle de la Z€ (infrastructures, éducation, innovation). Volet recettes = pourcentage plancher d’IS, TTF ou fiscalité sur le carbone.

Page 20: Séance 5   l'union économique et monétaire

FIN DE LA SÉANCE

L’Union économique et monétaire Séance 5