séance 4 la politique monétaire

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CONFÉRENCE D’ÉCONOMIE APPROFONDIE RAYAN NEZZAR La politique monétaire Séance 4

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Economy & Finance


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Page 1: Séance 4   la politique monétaire

CONFÉRENCE D’ÉCONOMIE APPROFONDIE

RAYAN NEZZAR

La politique monétaire Séance 4

Page 2: Séance 4   la politique monétaire

3. Les grands débats de la politique monétaire

1. Point sur les notions fondamentales

2. Les outils de la politique monétaire

La politique monétaire Séance 4

Page 3: Séance 4   la politique monétaire

Les notions fondamentales

Qu’est-ce que l’inflation ?

Hausse continue et durable du niveau général des prix

Inflation sous-jacente : exclut les MP volatiles (pétrole, alimentaire, etc)

Quel est le bon niveau d’inflation ?

Bullard & Keating (1995) : Impact positif sur Y à faible niveau (< 4%). Permet de prendre en compte les gains de qualité dans le prix des produits ou services. Marge de sécurité pour se prémunir d’une déflation.

Barro (1997) : Mais son évolution devient imprévisible au-delà d’un certain seuil (~10%). Impact négatif sur la croissance et sur l’investissement (resp. 0,5 et 1,5 pt).

Courbe de Phillips (1958) : relation positive entre inflation et croissance

Lucas (1972) : Effets négatifs sur la PGF des hausses d’inflation non anticipées car elles faussent les signaux-prix. Incertitudes sur la rentabilité des investissements.

Cagan (1956) : Boucles prix - salaires. A justifié le blocage des prix et la désindexation des salaires en 1982 (J. Delors).

Un taux d’inflation modéré prémunit contre les « coûts de menu » (changement des prix par les producteurs) et « l’usure des semelles » (perte de pouvoir d’achat de la monnaie thésaurisée)

=> Le bon niveau d’inflation se situerait entre 1,5 et 4% (Akerlof, 2000)

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Les notions fondamentales

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Les notions fondamentales

Hyperinflation sous Weimar

Page 6: Séance 4   la politique monétaire

Les notions fondamentales

Qu’est-ce que la déflation ?

Phénomène auto-entretenu de baisse simultanée du niveau général des prix et de la production ≠ Désinflation (ralentissement de l’inflation)

Spirale dont il est difficile de sortir. Augmente les taux d’intérêt réels (nominal - inflation) => reporte les décisions d’investissement et de consommation, augmente le ratio dette/PIB

Des exemples historiques de déflation

Crise de 1929 : -50% production industrielle et -30% prix aux USA (Fisher, 1933)

Japon : Sous-estimation des risques bancaires début 1990s => faillites et rationnement de l’offre de crédit (credit crunch). Réaction tardive de la BoJ => 7 années de déflation (« décennie perdue »).

Zone Euro : « La déflation frappe à nos portes » (Artus, 2013). IPCH novembre 2015 : 0,15%. DG TRESOR (nouvelle prev 2016) : 0%. Taux directeurs de la BCE au niveau plancher (zero lower bound).

Ajd, risque de trappe à liquidités : la liquidité injectée par la BC dans l’économie ne soutient plus la consommation => conduit à abandonner le taux d’intérêt comme canal de la PolMon

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Les notions fondamentales

Les anticipations rationnelles

Comportements des agents sur les marchés financiers difficiles à prévoir (« animal spirit » chez Keynes) : euphorie et « concours de beauté » accentuent les cycles

Théories des anticipations adaptatives (Friedman, 1968) : lents et progressifs, inflation future perçue comme la moyenne des inflations passées

Théorie des anticipations rationnelles : prévision optimale (Lucas, 1976). Une PolMon non anticipée serait par conséquent plus efficace pour changer les comportements des agents.

Autres points de vocabulaire

Policy mix : consolidation budgétaire et PolMon accommodante

Monétiser la dette publique : rachat par la BC de titres obligataires souverains pour réduire le coût du refinancement de la dette et réduire le ratio dette/PIB.

Crise de liquidités : Ex. en 2007-08 pertes des banques américaines sur des titres immobiliers, faillite de Lehmann Brothers => difficultés en chaine, les banques cherchent à rétablir leur bilan en coupant le crédit. L’économie n’est plus financée.

Page 8: Séance 4   la politique monétaire

1. Point sur les notions fondamentales

3. Les grands débats de la politique monétaire

2. Les outils de la politique monétaire

La politique monétaire Séance 4

Page 9: Séance 4   la politique monétaire

Les outils de la politique monétaire

Un objectif principal de stabilité des prix

Un équilibre ténu : ni trop d’inflation ni déflation. Ajd, plus de risque d’inflation mais plutôt de déflation (nouvelle prév DG TRESOR : 0% en 2016)

D’autres objectifs possibles : activité, emploi, taux de change. Ex : mandat dual de la FED (prix et activité). BCE : fixation d’une cible ex ante (~2% vs. 3% BoC).

Règle de Tinbergen (1952) : 1 instrument par objectif de PolMon. Règle de Mundell (1962) : l’instrument choisi doit être le plus efficace.

Les instruments de politique monétaire conventionnels

Le taux de refinancement (ou repo) : refinancement en liquidités à court terme par les banques de 2nd rang => joue sur la masse monétaire. Canal traditionnellement le plus efficace (Bernanke & Gertler, 1995) mais grippé en 2008.

Le taux de rémunération des dépôts : rémunère les dépôts des banques de 2nd rang. Taux négatifs (-0,3 % BCE ; -0,1% BoJ) pour stimuler l’offre de crédit. Mais effets négatifs sur le bilan des banques, donc surcoût du crédit (Svensson, 2001).

Le taux de réserves obligatoires : abaissé par la BCE de 2% à 1% en 2012 pour stimuler l’offre de crédit (effet multiplicateur). PBOC : hausse de ce taux pour maîtriser l’inflation en 2007.

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Les outils de la politique monétaire

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Les outils de la politique monétaire

Les instruments de politique monétaire non conventionnels

En période de crise, contourner le canal bancaire pour transmettre la PolMon

Le Quantitative Easing : injection rapide de liquidités mais risquée (hausse du bilan des BC qu’elles devront réduire graduellement)

QE & QE 2 (FED) = 2300 Md$ (2x la MM créée depuis 1913) => a fait baisser les TB à 2% et les Corporate Bonds à 6%.

BoE : 200 Md£ en 2009-2010 notamment sur le marché immo => -1 pt taux de long terme

BCE : plus récemment, a tardé (v. exposé séance 5)

Le Qualitative Easing : à bilan inchangé, changement de sa composition. Ex. twist FED en 2011 : cède 700 Md$ de TB à CT vs. TB à LT

Le Credit Easing : élargissement de la gamme des collatéraux autorisés en garantie (ex. BCE sur la notation des obligations souveraines)

Les politiques monétaires non conventionnelles ont vocation à être offensives mais brèves

Question ajd de leur poursuite dans le tps avec effets secondaires : excès de liquidités non transmis, instabilité financière, enjeu de coordination pour la sortie de ces politiques (ex. FED craint une appréciation de l’USD)

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Les outils de la politique monétaire

Un nouvel instrument de PolMon : la communication des BC

Notion de Forward Guidance : se lier les mains en annonçant le maintien de taux bas pour une longue période afin d’accroître le niveau de confiance des investisseurs et diminuer les taux à long terme

Permet d’ancrer les anticipations des agents économiques

Mario Draghi : « Within our mandate, the ECB is ready to do whatever it takes to preserve the Euro. And believe me, it will be enough. » (juillet 2012) => Annonce le programme OMT début septembre

Règle de Evans (2012) : La FED a annoncé qu’elle poursuivrait son programme de rachat de titres immobiliers jusqu’à ce que le chômage soit < 6,5% ou l’inflation > 4%. La nouvelle présidente de la FED a engagé le repli de son bilan.

Enjeux de transparence vàv des marchés : publication des minutes de la BCE depuis 2015 (comme la FED) mais décevante car les débats se sont déplacés en-dehors du Conseil des gouverneurs

Page 13: Séance 4   la politique monétaire

1. Point sur les notions fondamentales

3. Les grands débats de la politique monétaire

2. Les outils de la politique monétaire

La politique monétaire Séance 4

Page 14: Séance 4   la politique monétaire

Les grands débats de la politique monétaire

Les banques centrales doivent-elles se préoccuper de la stabilité financière ?

CAS « La politique macroprudentielle contre l'instabilité financière », 2013 : Attribuer la PolMacPrud à la BC (surveillance des bulles d’actifs, stabilité financière, surveillance prudentielle des banques) ou maintenir une séparation avec la PolMon et attribuer la PolMacPrud à une autorité indépendante ? Bernanke vs. Greenspan.

Interactions entre PolMon et PolMacPrud mais la stabilité monétaire ne garantit pas la stabilité financière => Ce sont deux objectifs différents

Argument pour : permet de préserver l’efficacité des canaux de transmission de la PolMon en accentuant la mission de prévention des BC

Arguments contre :

Difficile d’anticiper les bulles et d’agir sur les taux long (Reinhart : ce sont plutôt les flux internationaux de capitaux qui les influencent) => Plutôt établir des règles prudentielles contrôlées par des superviseurs indépendants (ex. ratios de fonds propres contra-cycliques)

La concentration des politiques entraine un risque de pouvoir excessif des BC et une moindre efficacité (masse d’informations) => Plutôt favoriser les liens entre BC et superviseurs

Cette intégration pourrait enfin se faire aux dépens d’autres objectifs de la PolMon

Ajd, l’Union bancaire a confié un pouvoir de surveillance à la BCE. Paradoxe : elle contribue aussi à l’instabilité financière par son QE...

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Les grands débats de la politique monétaire

Les banques centrales doivent-elles être indépendantes ?

Nordhaus (1998) : incohérence temporelle et électoralisme (Business-Political Cycle). => Préférence pour le présent des politiques économiques

Barro & Gordon (1983) : biais inflationniste des politiques discrétionnaires. Ex. Stop and Go en UK 1960s = poussées inflationnistes

Rogoff (1985) : règles de comportement pour la crédibilité d’une BC (« douche froide » : nommer un conservateur et cibler un change fixe pour importer la crédibilité d’une monnaie, ex. SME/Mark)

Règle de Taylor (1993) : calcul du taux directeur en fonction de l’écart entre l’inflation et sa cible et entre le PIB et son potentiel

MAIS : Sargent & Wallace (1981) (Some Unpleasant Monetarist Arithmetic) : une dérive de l’endettement public contraint la BC à monétiser les dettes et à perdre le contrôle de son objectif d’inflation.

Borio & Shim (2007) : paradoxe de la crédibilité des BC qui abaisse l’aversion risque + déréglementation financière + désinflation importée de Chine dans la décennie 2000) => a réduit la discipline de marché et n’a pas permis de prévenir le risque systémique

Ajd, les effets de la PolMon vont bien au-delà de l’inflation (≠ modèle monétariste)

Enfin, question du contrôle démocratique de la PolMon

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Les grands débats de la politique monétaire

La politique monétaire ne peut pas tout !

« La fascination pour la BCE prospère dans le vide politique » (Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE)

Les grands problèmes économiques actuels nécessitent d’activer la politique budgétaire et fiscale :

Au Japon, malgré les Abenomics : -0,1 Y et 0% inflation. Depuis 20 ans, baisse des salaires et profits des entreprises pas réinvestis

Aux USA, montée des inégalités, perte de pouvoir d’achat de la classe moyenne, instabilité financière, insuffisant accès à la santé et à l’éducation

Dans l’UE, pas de gains de productivité, manque de coordination des politiques macro-économiques, fortes divergences de compétitivité

V. le podcast L’Economie en questions - « Les banques centrales face aux crises présentes et à venir » (le 6 février 2016)

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FIN DE LA SÉANCE

La politique monétaire Séance 4