Séance 1

Etude du pouvoir

Charles Louis de SecondatBaron de Montesquieu

«  C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites. Qui le dirait ! la vertu même a besoin de limites.Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. »

« De l’esprit des lois » (1748 )

Analyse sociologique du Pouvoir

II/ La légitimité, fondement du pouvoir

III/ Pouvoir individuel / pouvoir social

I/ Le pouvoir, un rapport social

1°) On n’a pas de pouvoir tout seul

Définition de Max Weber :

mais…

Individu AIndividu A

La relation de pouvoir s'observe quand un individu accomplit (ou s'abstient d'accomplir) une action qu'il n'aurait pas accomplie (ou aurait accomplie) sans l’intervention d’un autre individu

I/ Le pouvoir, un rapport social

Individu BIndividu B

= Autocontrôle

Pouvoir sur soi-même ?

Qui nous apprend à nous contrôler ?

Pouvoir unilatéral

Pouvoir bilatéral

C’est l’existence de B qui permet à A d’avoir du pouvoir

Le pouvoir vient de la vie socialeLe pouvoir vient de la vie sociale

En appliquant strictement la définition de Max Weber, dites quel pouvoir a chacun de ces individus sur les personnes citées au-dessous :

Mais on peut choisir de ne pas utiliser son pouvoir…Bilan : Avoir beaucoup de pouvoir, c’est avoir du

pouvoir sur beaucoup de gens.Bilan : Avoir beaucoup de pouvoir, c’est avoir du pouvoir sur beaucoup de gens.

I/ Le pouvoir, un rapport social

2°) Exercice d’application

Le personnel de l’Elysée

M. Latreille

Vous

Madame LatreilleLes députés de l’UMP

Nicolas Sarkozy

Madame Sarkozy

Vous

Ses parents

VousSes enfants

Ses collègues

Discours de la servitude volontaire (1549)

celui de donner du pouvoir à ceux auxquels ils obéissent…celui de donner du pouvoir à ceux auxquels ils obéissent…

« Pour le moment, je désirerais seulement qu’on me fit comprendre comment il se peut que tant

d’hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d’un Tyran seul, qui n’a de

puissance que celle qu’on lui donne, qui n’a de pouvoir de leur nuire, qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal,

s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui, que de le contredire. Chose vraiment surprenante (et

pourtant si commune, qu’il faut plutôt en gémir que s’en étonner) ! c’est de voir des millions de millions d’hommes, misérablement asservis, et soumis tête

baissée, à un joug déplorable, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le

seul nom d’un qu’ils ne devraient redouter, puisqu’il est seul, ni chérir puisqu’il est, envers eux tous,

inhumain et cruel. Telle est pourtant la faiblesse des hommes ! Contraints à l’obéissance, obligés de

temporiser, divisés entre eux, ils ne peuvent pas toujours être les plus forts. »

« Pour le moment, je désirerais seulement qu’on me fit comprendre comment il se peut que tant

d’hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d’un Tyran seul, qui n’a de

puissance que celle qu’on lui donne, qui n’a de pouvoir de leur nuire, qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal,

s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui, que de le contredire. Chose vraiment surprenante (et

pourtant si commune, qu’il faut plutôt en gémir que s’en étonner) ! c’est de voir des millions de millions d’hommes, misérablement asservis, et soumis tête

baissée, à un joug déplorable, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le

seul nom d’un qu’ils ne devraient redouter, puisqu’il est seul, ni chérir puisqu’il est, envers eux tous,

inhumain et cruel. Telle est pourtant la faiblesse des hommes ! Contraints à l’obéissance, obligés de

temporiser, divisés entre eux, ils ne peuvent pas toujours être les plus forts. » Les rois sont donc toujours

un peu esclaves de l’obéissance de leurs

sujets…

3°) Conséquences de cette définitionTout le monde peut avoir du pouvoir...

Etienne de La Boétie

Même les dominés ont du pouvoir

Même les dominés ont du pouvoir

…et de leur enlever…et de leur enlever

Le pouvoir vient :

D’une relation sociale établie entre un dominant et un dominé

D’une relation sociale établie entre un dominant et un dominé

De la légitimité de celui qui exerce ce pouvoir…

De la légitimité de celui qui exerce ce pouvoir…

II/ La légitimité, fondement du pouvoir 1°) Définitions

Définitions :La légitimité désigne ce qui est reconnu et accepté par tous (dans les limites d’un groupe). La légalité est ce qui est conforme à la loi.

…légitime mais pas légal

…légitime mais pas légal

…légal mais pas légitime

…légal mais pas légitime

…légal et légitime…légal et légitime

Pouvoir ni légal ni légitime

Pouvoir ni légal ni légitime

Pouvoir du pédophile sur ses victimes

Pouvoir du pédophile sur ses victimes

Pouvoir du Président de la République qui vient d’être élu

Pouvoir du Président de la République qui vient d’être élu

Pouvoir du professeur

chahuté par tous ses élèves

Pouvoir du professeur

chahuté par tous ses élèves

Pouvoir du Pape sur les catholiques

Pouvoir du Pape sur les catholiques

II/ La légitimité, fondement du pouvoir 2°) Conséquences sur l’exercice du pouvoir :

Si un pouvoir est parfaitement

légitime (y.c. légal)

Si un pouvoir est parfaitement

légitime (y.c. légal)

Les individus s’y soumettent

« librement »

Les individus s’y soumettent

« librement »

La contrainte est intériorisée

La contrainte est intériorisée

Nul besoin de faire preuve de sa puissance

Nul besoin de faire preuve de sa puissance

Paradoxe :Plus le pouvoir d’un individu est

légitime, moins il a besoin de faire preuve d’autorité

Donc…Ceux qui font le plus preuve de leur

autorité par la force (= puissance) sont ceux dont le pouvoir est le moins

respecté

II/ La légitimité, fondement du pouvoir 3°) Le pouvoir, une relation sociale qui se construit…

Le pouvoir n’est pas un attribut individuel

définitif

Le pouvoir n’est pas un attribut individuel

définitif

Il dépend de la relation qui lie le

dominant aux dominés

Il dépend de la relation qui lie le

dominant aux dominés

Un individu peut « travailler » sur les signes qui accentuent la légitimité de son pouvoir

Un individu peut « travailler » sur les signes qui accentuent la légitimité de son pouvoir

Cependant…

Signes physiques :Barbe, costume,

talonnettes, sceptre…

Mesures de sa popularité :Sondages,

référendum, meeting, etc.

Mémoire de ses succès passés :Portraits écrits ou audiovisuels,

anniversaires, etc.

Soutien de personnalités elles-mêmes respectées :Rencontre avec des chefs

d’Etat, des vedettes, mariage avec une

chanteuse-mannequin

1°) Les différents types de relations : Individu seulIndividu seul Individu seulIndividu seul

Existe dans toutes les relations interindividuelles, ce pouvoir peut être légitimé par un groupe (entreprise, état, association, groupe d’amis…)

III/ Pouvoir individuel / pouvoir social

Individu seulIndividu seul GroupeGroupe

GroupeGroupe

GroupeGroupe

Individu seulIndividu seul

GroupeGroupe

Existe dans tous les groupes qui laissent émerger un « leader », reconnu explicitement ou non.

Existe dans tous les groupes où s’exerce une pression sociale

Peut passer par la conquête des postes de pouvoir par une partie de la société : partis politiques, classes sociales, énarques…

III/ Pouvoir individuel / pouvoir social 2°) La nature de ces relations :

Max Weber :Il distingue trois formes d’autorité

(ou de domination) qui sont les sources de l’exercice du pouvoir

Domination traditionnelleDomination

traditionnelle

En allemand, Weber parle de « herrshaft », qui contient la racine

« herr », l’homme, le maître, « dominus » en latin qui donne… domination.

Domination charismatique

Domination charismatique

Domination rationnelle-légale

Domination rationnelle-légale

« …repose sur la croyance en la légalité des règlements arrêtés et du droit de donner des

directives qu'ont ceux qui sont appelés à exercer la domination par ces moyens »

«  …repose sur la croyance quotidienne en la sainteté de traditions valables de tout temps et en

la légitimité de ceux qui sont appelés à exercer l'autorité par ces moyens  »

«  …repose sur la soumission extraordinaire au caractère sacré, à la vertu héroïque ou à la valeur

exemplaire d'une personne »

Conclusion

Le pouvoir est donc le fruit d’une relation sociale, dont l’existence repose sur la légitimité de l’action d’un individu/groupe d’individus

sur un autre individu/groupe d’individu.

Questions en suspensQuestions en suspens

Quelle est la nature particulière du pouvoir de l’Etat ?

Quelle est la nature particulière du pouvoir de l’Etat ?

Comment le pouvoir peut-il s’exercer ?Comment le pouvoir peut-il s’exercer ?

L’individu est-il libre de refuser de se soumettre à un abus de pouvoir ?

L’individu est-il libre de refuser de se soumettre à un abus de pouvoir ?