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  • 7/26/2019 Science & Sant

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    Lemagazinede

    lInstitutnationaldelasantetdelarecherchemdicale

    CHANGEMENTCLIMATIQUE

    Menaces surnotre sant !

    VIH/Sida

    Miser sur la rserveScurit routire

    Peut-on mieux faire ?Microbiote

    Notre psychisme dans nos tripes ?

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    NOVEMBRE

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    The Conversation France est un nouveau mdiaen ligne dinformation et danalyse de lactualitindpendant, qui propose des articles grand publiccrits par les chercheurset les universitairesen troite collaboration avec notre quipe dejournalistes. Notre objectif est de permettreune meilleure comprhension des sujets les pluscomplexes dans lespoir denrichir le dbat public.

    Rejoignez la conversation !www.theconversation.com/fr

    Un nouveau mdia pour penser lactu

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    Climat et sant, le changement,cest maintenant !

    Le changement climatique adores et dj des effets nfastes

    sur la sant et, si des mesuresradicales ne sont pas prises, ceseffets iront en saggravant.

    Au-del de ces risques, la luttecontre le drglement du climat

    est aussi une opportunit saisir pour limiter lesconsquences sanitaires de facteurs de stressenvironnementaux et comportementaux. Laliste est bien longue, allant de laggravation desmaladies cardiovasculaires et respiratoires, auxallergies, aux infections de diffrentes natures,

    aux cancers cutans et aux stress psychologiqueset sociaux. Dans chaque cas, le drglementdu climat nagit pas seul et ne fait quaggraverou potentialiser dautres manifestationsdu changement global et des nouveauxcomportements, comme lintensification de lamobilit et du transport, lindustrialisation delagriculture, la multiplication des contaminantschimiques et des nuisances physiques oubiologiques.

    Ainsi, nous comprenons mieux les effets du

    changement climatique si on les replace dansun contexte global et intgr comme le conceptdexposome nous invite le faire. Cette visiona un intrt scientifique vident mais aussides implications trs pratiques. Elle rvle,par exemple, quen modifiant nos modes detransport au profit de la marche et du vlo, nousdiminuons les gaz effet de serre, mais aussi lesparticules atmosphriques tout en amliorantnotre condition physique. Nous pourrions dire lamme chose des avantages dune alimentation

    plus diversifie dont les effets vont au-del dunmeilleur quilibre nutritionnel.

    La sant est au cur de la problmatique duchangement climatique. Et certaines mesuresde sant publique simples et peu onreusessemblent tre porteuses de multiples bnfices,y compris pour le climat. Il y a parfois de lacohrence, nen dplaise aux esprits sceptiques.

    Robert BaroukiProfesseur la facult de mdecine Paris-Descartes, chef de service de

    biochimie mtabolomique et protomique l'hpital Necker-Enfants maladesDirecteur de l'unit 1124 Inserm

    Toxicologie, pharmacologie et signalisation cellulaire

    LA UNE4 VIH/Sida

    Miser sur la rserve

    DCOUVERTES 6 Diabte

    Nest pas antidiabtique qui veut ! 8 Biologie cellulaire

    De lart de la division

    10 Infections respiratoiresUne protine pour muscler limmunit

    12 PsychomicrobiotiqueNotre psychisme vient-il de nos tripes ?

    TTES CHERCHEUSES 14 Victor Demaria-PesceLes pieds sur terre et la tte dans les toiles

    REGARDS SUR LE MONDE 17 Orientation sexuelle

    Est-elle lie aux gnes ?

    CLINIQUEMENT VTRE 18 Vitamine D et cancer du sein

    Un effet protecteur ?

    GRAND ANGLE

    20 Changement climatiqueMenaces sur notre sant !

    MDECINE GNRALE 36 Polypathologies

    Pour une approche holistique du patient

    ENTREPRENDRE40 Pixyl

    Mieux faire parler les IRM

    OPINIONS44 Scurit routirePeut-on mieux faire ?

    BLOC-NOTES 46 Francis Eustache

    Les troubles de la mmoire : prvenir,accompagner

    48 Gilles BotschSant et socits en Afrique de lOuest

    SOMMAIRE

    INSERM/FRANOISGUENET

    NOVEMBRE - DCEMBRE 2015

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    VIH/SIDA

    THIERRYLAZURE/CHUBICETRE

    Juillet 2015, 8econfrence de la Socit internatio-nale sur le sida. Asier Saez-Cirion, scientifique lInstitut Pasteur, fait une annonce porteuse despoir

    dans la lutte contre la maladie. Il prsente le cas dunejeune fille de 18 ans, infecte la naissance par le VIH etqui, malgr larrt des traitements depuis 12 ans, contrlesa charge virale. Autrement dit, le virus ne circule pas, ou

    peu, dans son sang. Cest une premire mondiale. Ds

    sa naissance, tant donn que sa mre tait infecte, ellea reu le traitement prophylactique standard de lpoquepour diminuer la probabilit de transmission. Aprs sixsemaines, malheureusement, les tests montrent que levirus est intgr dans ses cellules. La charge virale estdailleurs trs leve. Les mdecins lui prescrivent doncun traitement antirtroviral (ARV) combinant plusieurs

    molcules lpoque, cest le dbut de la trithrapie qui se rvle efficace puisquil diminue trs fortementle nombre de copies du virus circulant dans le sang.Pendant six ans, lenfant va tre suivie comme le sonttous ceux porteurs du VIH. Puis, elle est perdue de vuependant un an par les services hospitaliers. De nouveausuivie, sa charge virale se rvle toujours contrle, et lenombre de lymphocytes T CD4 (LTCD4), cellules du sys-tme immunitaire cibles prfrentiellement par le virus,est stable. Alors mme quelle ne prend plus dantirtro-viraux ! Il est alors dcid quelle ne recommence pas lestraitements, mais quelle soit suivie de faon rapproche.

    Comprendre la rmissionCest ainsi quaprs 12 ans sans ARV, la jeune fille est enrmission prolonge : Le virus est cependant toujoursprsent dans certaines cellules, et lorsquon les isole, onpeut provoquer sa rplication in vitro , prciseAsier Saez-Cirion. Comment est-ce possible ? Quellessont donc les caractristiques gntiques et immuno-logiques de cette jeune femme ? Car au-del de laspectpositif de la situation pour elle, la comprhension desmcanismes mis en jeu par son organisme pourrait of-frir des pistes thrapeutiques pour les autres. De faonparadoxale, son systme HLA, celui mis en jeu par les cel-lules pour prsenter des molcules trangres afin quelles

    XXXXXXXXXXXXX

    Miser sur larserveQuelques mois aprs lannonce de la rmissionprolonge dune jeune fille de 18 ans, une nouvelledcouverte bouscule le monde de la lutte contre lesida : le tissu adipeux serait, lui aussi, un rservoirdu virus. loccasion de la 29ejourne mondiale de

    lutte contre le sida, le 1er dcembre,S&Sse penchesur ces nouvelles donnes : en quoi changent-elles les perspectives dradication du VIH ?

    Qui sont les contrleurs du virus ?La presse fait rgulirement lcho de cas de personnes,rares, qui contrlent naturellement le virus ou prsentent unermission prolonge. Quelle est la diffrence entre ces deuxtypes de patients ? Les premiers les contrleurs naturels sont sropositifs depuis au moins 10 ans, nont jamais reu detraitement antirtroviral, et pourtant la quantit dARN viralcirculant dans leur sang reste infrieure 400 copies/mL. Leurslymphocytes T CD8 prsentent des caractristiques particuliresqui les rendent aptes tuer plus efficacement les LTCD4 infects.

    En France, ils seraient environ 500 dont 272 sont inclus dans lacohorte ANRS CODEX, dont Olivier Lambotte est, avec BrigitteAutran , lun des investigateurs principaux. Alors que lespatients en rmission prolonge ont, eux, dbut trs tt untraitement antirtroviral, lont interrompu pour diffrentes raisonset continuent contrler leur charge virale. En France, 21 dentreeux sont suivis au sein de la cohorte Visconti de lANRS. Dicideux-trois ans, nous pensons en runir une cinquantaine, prciseAsier Saez-Cirion, qui la coordonne avec Laurent Hocqueloux,mdecin lhpital dOrlans. Les mdecins rappellent dailleursquil nest pas recommand darrter son traitement en dehors ducadre trs suivi dune tude clinique car on ignore, ce jour, quipourra ou non contrler le virus.

    Les antirtroviraux peuvent-ils atteindre

    les petits LTCD4 (en brun) parmi les grosadipocytes (blanc) du tissu adipeux ?

    Brigitte Autran : unit 1135 Inserm Universit Pierre-et-Marie-Curie,Centre dimmunologie et de maladiesinfectieuses

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    LA UNE Dcouvertes ttes chercheuses regarDs sur le monDe cliniquement vtre granD angle mDecine gnrale entreprenDre opinions stratgies Bloc

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    Asier Saez-Cirion :unit HIV,inflammation et persistanceOlivier Lambotte : unit 1184 Inserm/CEA Universit Paris-Sud 11, Centre derecherche en immunologie des infectionsvirales et des maladies auto-immunes

    A. Damouche et al. Plos pathogens,24 septembre 2015 ; 11 (9) : e1005153doi: 10.1371/journal.ppat.1005153

    P. Frange et al. 8th IAS Conference on HIVPathogenesis, Treatment and Prevention,Vancouver 2015

    FRDRIQUEKOULIKOFF/INSERM

    Si plusieurs organes avaient dj t identifis commedes rservoirs : le cerveau, la muqueuse intestinale etles organes gnitaux, Olivier Lambotte , mdecinet immunologue lhpital Bictre (Universit Paris-Saclay) vient dapporter une information capitale : le tissu

    adipeux en constitue un lui aussi. En effet, nos bourre-lets nabritent pas seulement des cellulesgraisseuses, les adipocytes, mais aussi descellules du systme immunitaire, notam-ment les fameux lymphocytes T CD4. Ily a trois ans, le chercheur et son quipeont ainsi analys de faon approfondie

    le tissu adipeux de singes infects par le VIS, lquivalentsimien du VIH : Nous avons dcrit le systme immuni-taire prsent et mis en vidence que les LTCD4 contenaientle VIS.Des rsultats qui leur ont donn la preuve deconcept suffisante pour faire les mmes recherches sur letissu adipeux de patients sropositifs. Nous avons montr

    quil abrite bien le virus et que la ractivation de ce dernier estpossible in vitro, senthousiasme Olivier Lambotte. Pour-quoi un tel optimisme ? Parce que le tissu adipeux est facile prlever et donc plus ais surveiller. Reste une question :les antirtroviraux diffusent-ils de manire efficace jusquedans ce tissu ?Une chose est sre cependant : comme les rservoirs seconstituent trs tt au cours de linfection par le VIH, cesdeux rsultats arguent en faveur dune administration laplus prcoce possible des antirtroviraux afin den limiterla quantit. Ils rejoignent dailleurs les recommandationsofficielles mises par lOMS ce sujet en septembre.

    Julie Coquart

    soient dtruites par le systme immunitaire, est pluttdfavorable. En effet, les molcules considres commedangereuses, comme le virus par exemple, ne sont pasprsentes de faon optimale aux cellules charges de lesliminer. Ce nest donc pas limmunit acquise qui serait

    en jeu, mais peut-tre limmunit inne, celle relayeentre autres par des lymphocytes appe-ls Natural Killer. Ces cellules liminenttout ce qui est tranger lorganisme,sans quelles aient besoin dapprendre reconnatre les molcules prsentespar le HLA. Mais surtout, il existe unpoint commun entre cette jeune fille et dautres patients,ceux dune part qui, contamins lge adulte, contrlent,comme elle, le virus aprs arrt des ARV et ceux, dautrepart, qui contrlent le virus naturellement : cest leur faibletaux de rservoirs (voir encadr). Ces planques virus sont constitues de cellules qui abritent lARN viral trans-

    form en ADN dans leur gnome. labri du systmeimmunitaire, le VIH y reste, comme endormi. Jusqu cequil se rveille et ractive son cycle de rplication

    radiquer les rservoirsCest gnralement ce qui se produit lorsque des patientsarrtent leur traitement, permettant alors linfection destendre de nouvelles cellules.Les recherches actuelles pour la gurison de la maladiereposent en grande partie sur lradication de ces refuges.Une tche difficile, car les antirtroviraux sattaquent auvirus lorsquil est en phase de rplication, or le virus reste dormant , sous forme dADN viral, dans ces rservoirs.

    Nous avons montrque le tissus adipeuxabrite le virus

    tapes du cycle de rplication du VIH

    Actions des antirtroviraux

    Reconnaissance de la cellule infecter viale rcepteur CD4 et le corcepteur CCR5Inhibition du corcepteur

    Fusion de lenveloppe du virusavec la membrane de la celluleInhibition de la fusion

    Transcription inverse de lARN du virus :le matriel gntique du virus est copien ADN grce une enzyme virale,la transcriptase inverseInhibition de la rtrotranscription

    Intgration de lADN viral dans le gnomede la cellule grce une enzyme virale,lintgraseInhibition de lintgration

    Transcription de lADN viral : synthse demolcules dARN viral

    Synthse des protines virales

    Formation de virions, maturation des protinevirales (grce une enzyme virale, la protaset bourgeonnementInhibition de la maturation

    Libration de nouveaux virus

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    Le cycle de rplication du VIHet le mode daction des antirtroviraux

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    LA UNE

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    Le diabte de type 2 se dfinit, entre autres, par uneproduction dinsuline insuffisante et par une sensibi-lit amoindrie des cellules laction de cette hormone.

    Rsultat : un taux de glucose une glycmie dans le

    sang lev avec des consquences dltres pour tout lorga-nisme. Linsulin-degrading enzyme(IDE), la principale pro-tine qui dgrade linsuline, est donc une cible privilgiedans llaboration dun traitement antidiabtique. Pourmieux connatre son rle dans la rgulation de la glycmieet valuer son potentiel comme cible dantidiabtiques, ilest indispensable de tester des molcules qui se lient avecelle et bloquent son activit.Problme : Les produits actuellement notre dispositionne peuvent agir quau niveau in vitro ou cellulaire, expliqueRebecca Deprez-Poulain , de lunit Mdicamentset molcules pour les systmes vivants, dirige parBenot Deprez , Lille.

    Cest pourquoi ds 2010, la chercheuse et son quipe lil-loise se sont fixes lobjectif de concevoir un nouveau typedinhibiteur de lIDE fonctionnant in vivo. La force du pro-jet repose sur une collaboration internationale impliquantle professeur Wei-Jen Tang de lUniversit de Chicagoet les quipes Inserm de recherche de Bart Staels ,Guy Lippens et Peter Van Endert . Cest linter-disciplinarit qui a permis ces travaux datteindre un telniveau, ajoute Rebecca Deprez-Poulain. Outre la mise encommun des comptences diffrentes, une mthode ori-ginale lin situ click chemistry a t utilise pour trouverun compos qui soit la fois un bon ligand (L)et un boninhibiteur de lIDE. Habituellement, les molcules dintrt

    slectionner sont dj prformes. Il est alors possible de lestester directement sur la cible. Ici, deux prcurseurs vont selier selon leurs affinits aux rcepteurs prsents sur la cible,lIDE. Sils sont suffisamment proches, bien placs et bien lis cette enzyme, ils pourront ragir ensemble pour former le

    compos final, explique Rebecca Deprez-Poulain. Grce cette technique, 12 composs ont t slectionns puisresynthtiss pour identifier celui qui possde la meilleureactivit inhibitrice, selon lendroit o il se lie sur lenzyme.Cette tape doptimisation pharmacologique a rvl unepetite molcule fortement inhibitrice appele BDM44768.Ltude cristallographique a montr quelle est capable derelier les extrmits du site o se droule habituellement ladgradation de linsuline, bloquant ainsi lIDE en positionferme et inactive.quips de cette molcule, les chercheurs ont pu tudierles effets pharmacologiques du blocage total de lIDEchez des rongeurs. Les rsultats montrent une augmen-tation de la quantit en insuline et une intolrance au

    glucose (L): deux facteurs lorigine du diabte detype 2. Les prcdentes tudes reliaient lapparition delintolrance au glucose au cours du temps des taux levsdinsuline. Alors que nos rsultats montrent quavec unepetite molcule, on obtient la mme chose, mais imm-diatement. Cest donc plus compliqu que ce qui est critdans la littrature , confie-t-elle. Ces donnes viennentaussi nuancer de faon importante une rcente tudeo lIDE avait t inhibe par une autre molcule, quise lie diffremment que BDM44768, rvlant un poten-tiel effet antidiabtique. Cela montre donc que la faonde moduler lactivit de lenzyme joue sur leffet rsultant,insiste Rebecca Deprez-Poulain.Ainsi, linhibition dIDE

    ne conduit pas forcment un effet antidiabtique puisque,dans notre tude, linhibi-tion aigu au niveau du sitede dgradation de linsulinene savre pas tre une stra-tgie pour traiter le diabtede type 2. Avant quIDEpuisse devenir la cible denouveaux antidiabtiques,il faut donc encore appro-fondir les mcanismes quisous-tendent son action.

    Jean Fauquet

    DIABETE

    N'est pas antidiabtique qui veut !La protine de dgradation de linsuline est une candidate potentiellepour llaboration dun nouvel antidiabtique. Pour mieux comprendreson rle, une quipe lilloise a russi inhiber in vivo laction de cette enzymegrce une petite molcule. Les rsultats nuancent cette ventuelle utilisation.

    Rebecca Deprez-Poulain, BenotDeprez : unit 1177 Inserm/InstitutPasteur de Lille Universit Lille 2Droit et sant, M2SV Institut Fdratifde Recherche 142, Ple de rechercheinterdisciplinaire pour le mdicament

    Bart Staels : unit 1011 Inserm/InstitutPasteur de Lille Universit Lille 2 Droit

    et sant, Rcepteurs nuclaires, maladiescardiovasculaires et diabteGuy Lippens : CNRS UMR 8576 Universit Lille 1 Sciences etTechnologies, Glycobiologie structurale etfonctionnellePeter Van Endert :unit 1151 Inserm/CNRS Universit Paris-Descartes,Institut Necker-Enfants malades - Centrede mdecine molculaire

    R. Deprez-Poulain et al. Naturecommunications,23 septembre 2015(en ligne)doi: 10.1038/ncomms9250

    LLigandMolcule qui se liespcifiquement uneautre.

    LIntolrance auglucoseStade intermdiairede la glycmie entrelhyperglycmiemodre jeun et lediabte

    Reprsentation 3Dde l'IDE. En gris,BDM44768 qui induitune intolrance au

    glucose.

    REBECCADEPREZ-POULAIN

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    la uneDCOUVERTES TTes chercheuses regards sur le monde cliniquemenT vTre grand angle mdecine gnrale enTreprendre opinions sTraTgies Bloc

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    Du grec zon, animal et nosos, maladie ,les zoonoses sont des maladies ou infectionsdont les agents sont transmissibles de lanimal lhomme et vice versa. Lexemple le plus connu ?Celui de la rage, dont le virus peut passer durenard, du loup ou du chien lhomme. Ouencore la toxoplasmose, tant redoute desfemmes enceintes : le parasite, prsent danslintestin des chats infests, peut tre transmispar les selles, et provoquer des malformationsdu ftus. De fait, les parasites sont souventles vecteurs de zoonoses et de la plupart desmaladies mergentes. Le centre dinvestigationclinique (CIC) Antilles-Guyane tudie

    particulirement cette problmatique. En effet,de par leur diversit gntique des populations,la prsence dagents pathognes tropicaux, et demigrations intenses, ces rgions sont exposes des problmes de sant publique originauxet propices aux zoonoses. En particulier, le CICsintresse lhistoplasmose, une infectionpulmonaire cause par un champignon,transmis lhomme par inhalation des sporescontenues dans les fientes de certains oiseaux etdes chauves-souris. J. C.

    CIC 1024 : Inserm/CHU de Fort-de-France/CHU de Pointe--Pitre/CH de Cayenne,Maladies infectieuses, gntiques et mergentes

    QUESACO ?ZcommeZoonose

    PHILIPPEBERTOLINO/INSERM

    CHRISTINESCHMITT/INSTITUTPASTEUR

    Diabte de type 1Dficience en protine protectrice

    Ana Hennino : unit 1052 Inserm/CNRS/CLCC UniversitClaude-Bernard Lyon 1

    M. Patry et al. Diabetes, 15 octobre 2015 (en ligne)doi: 10.2337/db15-0638

    Quest-ce qui pousse le systme immuni-

    taire sattaquer aux cellules du pancraset provoquer ainsi un diabte de type 1(DT1) ? Dans cette maladie auto-immune,la protine extracellulaire ig-h3 semblejouer un rle pivot. Mens in vitro, les tra-vaux dAna Hennino et de ses coll-gues du Centre de recherche en cancro-logie de Lyon montrent que cette protine,prsente dans les lots pancratiques,module lactivation des lymphocytes T,ceux-l mmes qui sattaquent aux cel-lules du pancras en cas de DT1. La pro-duction de molcules inflammatoires sentrouve donc rduite. Or, chez les patientsatteints de DT1, les cellules pancra-

    tiques bta, productrices dinsuline,synthtisent moins de protine ig-h3,ce qui les priverait dune protection effi-cace contre une raction auto-immune.Reste savoir si une thrapie renforantle niveau de ig-h3 limiterait effective-ment le dveloppement de la maladie.

    V. R.

    Immunit intestinaleRle cl dun rcepteur

    de migration cellulaireAvant de sinstaller dans la muqueuse intestinaleet dy assurer une dfense immunitaire contreles infections, les cellules lymphodes innesdoivent pouvoir sortir de la moelle osseuse, oelles sont produites, et se diriger vers lintestin.Une migration qui dpend en partie dun rcepteurprsent leur surface, baptis CXCR6, rapportentSylvestre Cheaet ses collgues. Aprs avoiridentifi ce dernier, les chercheurs ont vouluvrifier les consquences de son limination, enutilisant une souche de souris mutante incapabledexprimer CXCR6. Rsultat : les cellules onttendance rester cantonnes dans la moelleosseuse des petits rongeurs, qui deviennent

    alors trs vulnrables aux bactries pathognesdu tube digestif. Une dcouverte qui permet demieux comprendre la mise en place de limmunitintestinale. V. R.

    Sylvestre Chea :unit 668 Inserm/Institut Pasteur - Physiopathologie du systmeimmunitaire

    S. Chea et al. Mediators of inflammation, 1eroctobre 2015 (en ligne)doi: 10.1155/2015/368427

    lot pancratique normal de

    souris. Les protines ig-h3 (enrouge) protgent les cellules btaproductrices dinsuline (en vert).

    E. Coliobserves au

    microsopelectronique balayage

    Certaines souches dEscherichiacoli, une bactrie intestinaletrs commune chez lhomme,doivent leur caractre pathogne lexpression dun gne, nommhlyF, qui favorise, leur surface,la formation de vsiculesmembranaires qui renfermentdes toxines. Leur dissminationse retrouve alors renforce.Cest ce que montrentric Oswald et ses collgues,qui ont travaill sur des soucheshumaines responsables de

    mningites. Cest la premirefois quest mis en vidence unfacteur de virulence directementimpliqu dans la formation deces vsicules , ont affirm lesauteurs, qui rvlent ainsi unenouvelle cible thrapeutique. V. R.

    ric Oswald :unit 1043 Inserm/CNRS UniversitToulouse III-Paul Sabatier, Centre de physiopathologie deToulouse Purpan

    K. Murase et al. Journal of Infections Diseases,22 octobre2015 (en ligne)doi: 10.1093/infdis/jiv506

    Infection par E. coliUn premier facteur de virulence repr

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    DCOUVERTES

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    Dans lorganisme, la plupart des cellules ne cessent

    de se diviser, donnant naissance deux cellulesfilles, identiques la cellule mre et entre elles.Cest le cas majoritaire des divisions symtriques. Ilarrive aussi que les deux cellules filles ne soient pasexactement semblables, on parle alors de division asy-mtrique. Dans le premier, comme dans le deuximecas, le matriel gntique les chromosomes doitcependant tre rparti de faon quitable.La mitose, cest le nom de ce processus de division, com-mence par la sparation, en deux lots identiques, deschromosomes. Ceux-ci sont, en effet, comme guidspar des sortes de rails, les microtubules, des filamentsde protines , tendus dun ple lautre de la celluleinitiale. Une fois chaque jeu de chromosomes bien posi-

    tionn, il ne reste plus qu couper la cellule en deux !Et cest sur cette tape que les travaux dAnnePacquelet, lInstitut de gntique et dveloppe-ment de Rennes, apportent un nouvel clairage. Eneffet, pour scinder la cellule, le fuseau mitotique, lensemble des microtubules , engendre la crationdun sillon de division. Comment ? En provoquant laformation dun anneau de protines contractiles, quipeu peu vont trangler la cellule, jusqu la couper

    en deux, la manire dune ligature. La position de ce

    canal est bien entendu essentielle puisquil doit couperla cellule mre de telle manire que chacune des partiescontienne son set de matriel gntique.Sauf que, dans certains cas de division asymtrique, lamyosine, une protine du cytoplasme, peut, elle aussi,provoquer la cration dun sillon de division, sans quelon sache exactement comment.Anne Pacquelet sest donc demand comment lessignaux, potentiellement contradictoires, pouvaientsquilibrer pour que la division se fasse correctement : En effet, quand la myosine et le fuseau mitotique sontsitus du mme ct dans la cellule, une tude parue ceprintemps a montr que cela ne posait pas de problme,les deux structures participent la bonne localisation

    du sillon, explique-t-elle. Mais parfois, la myosinepeut se trouver loppos du fuseau. Cest l quentreen jeu Caenorhabditis elegans, un ver rond, trs utileaux biologistes du dveloppement car la grande taillede la premire cellule de son embryon permet de bienvisualiser les processus cellulaires. En bloquant lexpres-sion de certains gnes chezC. elegans, Anne Pacqueleta montr limportance de plusieurs protines lors dupositionnement du sillon : lanilline, PAR-4 et PIG-1.

    droite, labsencedes protines anillineet de PIG-1 conduit une augmentation delaccumulation de la

    myosine. Cela entrane undplacement du sillon dedivision et une mauvaise

    rpartition de lADN.

    ANNEPACQUELET/INSERM

    BIOLOGIE

    CELLULAIRE

    De lart de la divisionComment les cellules se divisent-elles en rpartissant de manirequitable leurs chromosomes ? Cette question taraude les biologistesdepuis longtemps. Elle vient de trouver un nouvel lment de rponseavec les travaux dAnne Pacquelet, chercheuse Inserm Rennes.

    Anne Pacquelet : UMR 6290 CNRS Universit Rennes 1

    A. Pacquelet et al. J Cell Biol,28 septembre 2015 ; 210 (7) : 1085-99

    M. Roth et al. Nat Communications,20 mars 2015 ; 6 : 6551

    Sillon de division

    ADN ADN

    Sillon de division

    Division asymtrique de lembryonau stade une cellule de C. elegans

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    DCOUVERTES

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    En effet, en leur absence, la myosine saccumule lop-pos du fuseau mitotique et provoque un dcalage dusillon, comme si elle le tirait vers elle. On observealors des dfauts de sgrgation des chromosomes carle sillon ne coupe plus au bon endroit et une cellulehrite de tout lADN, ce qui entrane des anomalies

    de fonctionnement. Si la faon exacte dont ces troismolcules agissent pour empcher une trop grande accu-mulation de myosine nest pas encore connue, ces rsul-tats apportent de nouveaux lments de comprhensionsur les dfauts de distribution de lADN , prcisela chercheuse. Julie Coquart

    Mitose

    asymtriquenormale

    Mitoseasymtriquesans anilline

    ni PIG-1

    Chromosomes Microtubules

    Sillon de divisionMyosineCentrosome

    Noyau Sans anilline,ni PIG-1,laccumulation demyosine conduit une mauvaiserpartition de lADN.

    Grce aux techniques de squenage du gnome entier,Harriet Corvol et ses collgues ont pu analyserlensemble des gnes de prs de 6 400 patients atteintsde mucoviscidose, la recherche de rgions gntiquespouvant expliquer les divers degrs de gravit

    respiratoire de la maladie. Au total, plus de 8 millions devariants gntiques (L)ont t analyss. Rsultat : leschercheurs ont dcouvert, sur plusieurs chromosomes,cinq loci (L)lis lvolution respiratoire de la maladie.Certains agissent sur les flux dions la membrane

    des cellules, dautres sur lemucus des voies respiratoires.Combines avec des mutationsdu gne CGTR, responsablede la mucoviscidose, ilsconditionneraient la svrit

    de la maladie. Des tudescomplmentaires sontdsormais ncessairespour valuer, une une, lesrpercussions de chacune deces rgions gntiques. V. R.

    LVariantsgntiquesVersions alternativesdun mme gne

    LLocusFragment degnome situ sur unemplacement prcis

    dun chromosome

    Harriet Corvol : unit 938 Inserm Universit Pierre-et-Marie-Curie, Centrede recherche Saint-Antoine

    H. Corvol et al. Nature Communications,29 septembre 2015 (en ligne)doi: 10.1038/ncomms9382

    MucoviscidoseDes gnes de svrit identifis

    Mesure du volumepulmonaire et du dbitexpiratoire chez un enfantatteint de mucoviscidose.

    SPL/PHANIE

    FRDRIQUEKOULIKOFF/INSERM

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    Booster limmunit inne pour mieux combattreles infections respiratoires : cest lobjectif quese sont fixs Jean-Claude Sirard et Christophe

    Carnoy . Alors que les infections pulmonairesreprsentent un rel enjeu de sant, tant pour les per-sonnes hospitalises, immunodprimes, fragiles ougrippes que pour les patients souffrant dune maladiechronique du systme respiratoire, telle que la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), leschercheurs sont parvenus stimuler les dfenses immu-nitaires innes pour mieux lutter contre les bactries quiinfectent les voies ariennes. Leurs armes ? La flagelline,

    une protine bactrienne qui, applique au niveau de lamuqueuse respiratoire de souris infectes par le virus dela grippe murine, endigue linfection un stade prcocede la maladie et diminue ainsi la profondeur de pntra-tion des agents infectieux. Comment ? En mimant uneinfection bactrienne au niveau de la muqueuse nasale,ladministration locale de flagelline stimule la rponseimmunitaire et la production danticorps.Combine des antibiotiques (amoxicillineou trimthoprime + sulfamthoxazole), leffetserait mme curatif en cas dinfection dclare, notam-ment celles dues Streptoccoccus pneumoniae, agent dela pneumonie. Lintrt de cette association est multiple,

    se rjouit Jean-Claude Sirard, de lInstitut Pasteur deLille.Lutilisation de la flagelline en tant que "stimulant"de limmunit inne (L)permettrait de diminuer lesdoses dantibiotiques utilises, mais galement de pouvoiremployer des antibiotiques dits de seconde intention avecla mme efficacit. Ces derniers sont habituellementutiliss en deuxime ligne de traitement, aprs chec despremiers mdicaments prescrits, dits donc de premireintention. Ladministration de cette protine pourraitainsi limiter lapparition de rsistance aux antibiotiques

    en variant les molcules utilises.Reste savoir si cette combinaison thrapeutique inno-vante est commercialisable court terme. Sur ce point,le microbiologiste est optimiste : La production de fla-gelline grande chelle na pas encore t ralise. Nan-moins, il sagit dune protine thermostable, soluble et quiagit de la mme manire chez tous les individus, ce quifacilitera grandement la formulation dun mdicament .Par ailleurs, la flagelline conduit une stimulation delimmunit forte mais transitoire. Une administrationpar jour serait donc ncessaire pour garantir lefficacitde ce traitement et retrouver des dfenses immunitairesoptimales. Cette proprit est en ralit trs intressante,

    souligne Christophe Carnoy, co-auteur des travaux.Car cette activation ponctuelle nexacerbe pas la ractioninflammatoire des cellules et favorise davantage le retour un tat immunitaire comptent. La suite ? Identifier prcisment les mcanismesmolculaires et cellulaires des dfenses immuni-taires innes mis en jeu dans la protection et la gu-rison. Mais cette stratgie thrapeutique qui vise manipuler le systme immunitaire semble doreset dj une option prometteuse pour prvenir ettraiter les infections respiratoires, voire dautresmaladies infectieuses.

    Tina Gereral

    INFECTIONS RESPIRATOIRES

    Une protine pour musclerlimmunitCoup de froid sur les maladies respiratoires ! Une protine bactrienne,la flagelline, pourrait prochainement faire partie de larsenal thrapeutiquecontre ces infections, tout en limitant le dveloppement de rsistances aux antibiotiques.

    LImmunit innePremire ligne de dfensede lorganisme contre lesagents infectieux, nonspcifique d'un pathognedonn

    Jean-Claude Sirard, ChristopheCarnoy :unit 1019 Inserm/UMR 8204CNRS/Universit Lille 1/Institut PasteurLille Universit Lille 2

    Rmi Porte et al. Antimicrobial AgentsChemotherapy, juillet 2015, 59 (10) :6064-72

    GARO/PHANIE

    Le systme de ventilation non invasive aideles patients atteints de BPCO respirer.

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    LANIER/REA

    FLAVIEMATHIEU

    tude d'associationentre la ractivitmotionnelle et laposition des variantsgntiques : plus unpoint est haut, plusl'association est forte.

    Il est admis que les troubles bipolaires,anciennement appels psychosemaniaco-dpressive, sont lis desfacteurs environnementaux et un terraingntique dfavorable. Mais du faitde la complexit de cette pathologie,il reste dlicat didentifier les gnes

    en cause. Pour contourner cet cueil,Flavie Mathieu et Bruno tain ont tudi lune des caractristiquesde ces troubles : la ractivit

    motionnelle. Celle-ci est plus intensechez ces patients mme lorsquils neprsentent pas un pisode dpressif oumaniaque que dans une populationde sujets contrles. Les chercheursont ainsi montr une associationentre quatre variations gntiques et

    une ractivit motionnelle accrue.En outre, deux de ces variations sontlocalises dans les gnes NELL1 etIL23R, impliqus dans les ractions

    inflammatoires. Or, ces dernires sontjustement souponnes de favoriserou daggraver les troubles bipolaires.tudier les aspects gntiques partirdun trait de la maladie, plutt que lapathologie dans son ensemble, paratdonc une approche pertinente. Les

    chercheurs vont maintenant tenter deconfirmer limplication de ces quatrevariations gntiques dans une nouvellecohorte de malades. F.D.M

    VIH-1 et 2Toujours pas de diagnostic

    rapide et optimalIl existe deux types de virus du sida, VIH-1 et 2, qui diffrenten termes dpidmiologie, de pathognicit et de sensibilitaux traitements antiviraux. Agns Gautheret-Dejeanet

    ses collgues, duservice de virologiedes hpitaux LaPiti-Salptrire Charles-Foix, ontvalu 5 tests rapidespermettant dorientervers un diagnostic.Conclusion : il nexistepas un seul et uniquetest permettant

    la fois de dtecterefficacementlinfection et dediffrencier le VIH-1du VIH-2, notammentquand le malade estinfect par les deuxvirus. F.D.M

    La statopathie hpatique non

    alcoolique, aussi appele NASH, estune maladie du foie qui se traduitpar laccumulation de lipides dansles cellules hpatiques associe delinflammation et de la fibrose(L).Des tudes pralables suggrentquelle serait lie une surexpression,dans les cellules du foie, du micro-ARN 21, un petit ARN qui rgule desgnes. Restait identifier son rleprcis. Un mystre que Xavier Loyeret Pierre-Emmanuel Rautou, duCentre de recherche cardiovasculairede Paris, viennent dclaircir grce trois modles murins de NASH. De

    fait, linhibition ou la suppression dumicro-ARN 21 a permis dy restaurerlactivit des rcepteurs PPAR (pourperoxisome proliferator-activated receptoralpha), des molcules impliques dans largulation hpatique du mtabolisme deslipides et des lipoprotines, et dans cellede la rponse inflammatoire. En outre,les lsions cellulaires, linflammationet la fibrose du foie, caractristiquesde cette pathologie ont t rduites.Enfin, il a t observ que le micro-ARN 21 est surexprim dans le foie desmalades, en particulier dans les cellulesinflammatoires et biliaires qui scrtent

    la bile charge de la digestion. Forts deces constats, les chercheurs en dduisentque des molcules bloquant lemicro-ARN 21 pourraient permettrede traiter NASH. F.D.M

    Xavier Loyer, Pierre-EmmanuelRautou : unit 970 Inserm/UniversitParis-Descartes

    X. Loyer et al. Gut, 3 septembre 2015

    (en ligne)doi: 10.1136/gutjnl-2014-308883

    Maladie du foie gras Le rle du micro-ARN 21 lucid

    TROUBLES BIPOLAIRESLa ractivit motionnelle, une question de gntique

    Mise en videncedu micro-ARN 21(en bleu) sur lefoie d'un maladeatteint de NASH(flches, cellulesinflammatoires ;ttes de flches,canaux biliaires).

    Autotest sanguin dedpistage du VIH

    Agns Gautheret-Dejean :unit 1135 Inserm Universit Pierre-et-Marie-Curie, Centre dimmunologieet de maladies infectieuses

    A. Gautheret-Dejean et al. J Med Virol,dcembre2015 ; 87 (12) : 2061-6

    RAUTOUETLOYER

    LFibroseTissu qui ne se rgnrepas suite uneinflammation.

    Flavie Mathieu : unit 958 Inserm Universit Paris-Diderot Paris 7, Gntiquedes diabtesBruno tain : unit 955 Inserm Universit Paris-Est Crteil Val-de-Marne,Institut Mondor de recherche biomdicale

    F. Mathieu et al. J Affect Disord,1erdcembre 2015 ; 188 : 101-6

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    La plupart des 800 1000 espces de bactries quicomposent la flore de notre microbiote intestinalne peuvent pas tre cultives en laboratoire. Ce

    qui explique, en partie, pourquoi elles sont restes silongtemps ignores. Mais, tout a chang avec la mta-gnomique, qui permet deffectuer une analyse globaledes gnomes des bactries intestinales, grande chelleet bas cot, rappelle Pierre-Marie Lledo , direc-teur du dpartement de neurosciences de lInstitutPasteur. La biologie molculaire a rvolu-tionn notre approche du microbiote. De

    mieux en mieux caractriss, les micro-organismes de lintestin suscitent depuisun intrt grandissant. Et les dcouvertessenchanent. En plus des nouvelles fonc-tions quon lui attribue, notamment dansla maturation du systme immunitaire, oudes liens tablis avec certaines maladiesassocies (allergie, syndrome de lintestin irritable, ob-sit, diabte), il apparat de plus en plus vident quele microbiote agit aussi sur le cerveau, en simmisantdans le dialogue entre lintestin et le systme nerveuxcentral. Jusqu favoriser certains troubles psychiques.Un constat qui a fait merger un nouveau domaine de

    recherche : la psychomicrobiotique.Des bactries impliquesdans le stressLune des premires tudes notables avoir suggr uneinteraction entre le microbiote et le cerveau a t publie,en 2004, par une quipe japonaise. Dans ces travaux,des souris dpourvuesde microbiote intestinal,dites axniques, ont pr-sent une hypersensibilitau stress. Cette tendance lanxit et la dpression

    a galement t obser-ve dans le laboratoirede Pierre-Marie Lledo,o des souris axniques sont utilises pour valuer leffetmodrateur des bactries intestinales sur le stress. Sansmicrobiote, les souris restent prostres et ne se toilettent pas,confirme le neurobiologiste.Mais lorsque des germes sontrintroduits dans leur systme digestif, elles sactivent nou-veau et adoptent un comportement normal.

    Afin de vrifier si, linverse, ltat mentalinflue sur la flore intestinale, les chercheurs

    de lInstitut Pasteur ont administr, cette fois des souris normales, de la corticostronevia leau de boisson, induisant ainsi un tatde stress chronique. Cette hormone, natu-rellement scrte par les glandes surrnales,

    PSYCHOMICROBIOTIQUE

    Notre psychismevient-il de nos tripes ?Comment nos bactries intestinales influencent-ellesnotre cerveau et comment sont-elles impliques danslmergence de troubles psychiatriques ? La psychomicrobiotique,un domaine de recherche rcent, qui a dj son actif quelquesdcouvertes surprenantes, a pour objectif de rpondre ces questions.

    Pierre-Marie Lledo : Institut Pasteur,unit perception et mmoire

    N. Sudo et al. The Journal of Physiology,juillet 2004 ; 500 (1) : 263-75

    La biologiemolculaire arvolutionnnotre approchedu microbiote

    Reprsentation de la floreintestinale (bactries colores)au contact des cellules pithliales(en rose) de l'intestin.

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    est justement implique dans la rponse de lorganismeau stress. Aprs quatre semaines, le microbiote des sou-ris sest modifi, dcrit Pierre-MarieLledo. La population de certainesbactries a tripl, tandis que dautresont nettement diminu. Les cher-cheurs nen sont pas rests l : ils ontensuite transplant un chantillon

    du microbiote des souris devenuesanxieuses des souris saines. Celles-ci ont alors dvelopp le mme tat de stress.Ces travaux, qui feront prochainement lobjet dune pu-blication, soulvent une hypothse inattendue : certainstroubles psychiques seraient transmissibles dun individu lautre, par voie orale. Il faudrait, en principe, une contami-nation rpte par les bactries fcales de lindividu atteint,par lintermdiaire notamment de linge souill. linverse,la flore intestinale pourrait aider attnuer les troubles. On peut imaginer amliorer un traitement psychiatriqueconventionnel, en le combinant avec des probiotiques(L),par exemple,avance Pierre-Marie Lledo.Et mme esprer,

    dans certains cas, se librer des anxiolytiques, en agissant surle microbiote. Il reste toutefois dterminer les espcesles plus appropries, autant dun point de vue qualitatifque quantitatif.En collaboration avec la psychiatre Chantal Henry ,de lhpital universitaire de Crteil, lquipe de lInstitutPasteur prvoit, par ailleurs, de lancer une tude de suivisur des patients atteints de troubles bipolaires. Dans unpremier temps, lobjectif serait, l aussi, de vrifier silexiste un effet modulateur du microbiote sur leur tatpsychique. Par la suite, les travaux pourraient se pour-suivre par la recherche des germes impliqus. Il ne sagitpas de crer de faux espoirs,avertit Chantal Henry. On

    ne va pas soigner avecdes bactries intestinales.Les essais visent, avanttout, caractriser uneventuelle modulation

    des symptmes par lemicrobiote, ce qui ventuellement amnerait envisagerun traitement prventif. Il reste aussi dterminer par quels biais les bact-ries agissent. En plus de la voie nerveuse, via le nerfvague (L), la circulation sanguine est prsente commelune des principales voies dactivation. Une partie desmolcules libres par les bactries (produits de fer-mentation, neurotransmetteurs, protines de lenveloppebactrienne...) passerait par le sang pour atteindre le cer-veau. Autre voie explorer : le systme immunitaire, lescomposs bactriens tant alors amens par les cellulesimmunitaires. Cest lhypothse privilgie par lquipe

    de Pierre-Marie Lledo pour expliquer lactivation decertains rcepteurs sensibles des fragments de bac-trie, rcemment identifis dans des zones du cerveaude souris. La suppression de ces rcepteurs induit uneperte du sommeil paradoxal. Les animaux ne rvent pluset dveloppent alors des troubles de lhumeur , expliqueChantal Henry, qui prvoit galement de travailler surlquivalent humain de ces rcepteurs, le NOD2, associ

    galement au dveloppement detroubles bipolaires. En agissant surles cycles du sommeil, la stimulationdes rcepteurs NOD2 par des frag-ments bactriens, probablement lorsdun phnomne inflammatoire non

    encore identifi, pourrait contribuer lmergence de maladies psychiques

    chez lhomme. Des travaux seront donc conduits pourmieux comprendre le rle du systme immunitaire danslactivation de ces rcepteurs.

    et la schizophrnie ?En dehors des troubles anxieux ou bipolaires, dautresaffections psychiatriques sont aussi dans le viseur dela psychomicrobiotique. Psychiatre lhpital Henri-Mondor Crteil et chercheur lInserm, GuillaumeFondenvisage notamment danalyser la flore intes-tinale de patients autistes et schizophrnes. Il sagira de

    vrifier si on retrouve chez lhomme les dsquilibresobservs sur des modles de souris dveloppant cesmaladies. Le chercheur espre aussi mettre en vi-dence des marqueurs biologiques, qui permettraientde confirmer la fois une anomalie du microbiote etune prdisposition des troubles psychiques. Toutreste dcouvrir, estime-t-il. Pour linstant, les analyses selimitent aux populations bactriennes de la partie termi-nale du rectum. Il faudra encore caractriser le microbiotede lintestin grle, la partie de lintestin la plus innervepar le nerf vague. Et il est parier que les bactriesintestinales nous rservent encore quelques surprises.

    Vincent Richeux

    LProbiotiquesMicroorganismes vivantsayant un effet bnfiquepour la sant de lhte

    LNerf vagueNerf reliant le cerveau divers organes pour

    assurer la rgulation desfonctions autonomes delorganisme, comme ladigestion, la respirationou la fonction cardiaque

    Bactries (colorises)issues d'un chantillonde selles et qui composentle microbiote intestinal.

    EYEOFSCIENCE/PHANIE

    On peut imagineramliorer un traitementpsychiatrique conventionnel,en le combinant avec des

    probiotiques

    Chantal Henry, Guillaume Fond :unit 955 Inserm Universit Paris-EstCrteil Val-de-Marne, Institut Mondor derecherche biomdicale (IMRB)

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    Il tait une fois, dans la Pampa argentine, un

    petit garon qui scrutait le ciel en rvant despaceAinsi pourrait dbuter le portrait de Victor

    Demaria-Pesce, tant son parcours tient du conte avecses drames, ses joies et surtout ses passions. Fils et petit-fils de pilotes de chasse de larme de lairargentine, je suis n sur une base arienne et jai grandi ct de la mer. Et 6 ans, dans la estancia(exploi-tation agricole en espagnol) de mes grands-parents, jepistais dj le clignotement de Spoutnik dans le ciel,relateVictor Demaria-Pesce. Puis, le 5 mai 1962, loccasion

    du premier Amricain dans lespace, Alan Shepard, unjournaliste a crit que, dici 20 ans, chaque pays aurait sonpropre astronaute. Javais alors 11 ans. Timing parfait : 31 ans, je serai le premier Argentin dans lespace ! Premire tape, devenir pilote de chasse. Mais, contraire-ment la tradition paternelle, il choisit laronavale. Par-cours sans faute jusquen 1971. Officier de Marine et djpilote, il est victime dun grave accident de parachutismequi se solde par dix jours de coma, un nombre incalculabledoprations et cinq ans de rducation. a ma coup lesailes , reconnat-il, mais pas sa force de caractre. Cepen-dant, laccident le pousse quitter la Marine. Il choisit alorsla voie de sa mre, mdecin-ranimateur. Un choix quil

    associe aussi au dvouement des mdecins pendantma convalescence et ma lutte constante pour survivrecontre toute attente . peine 6 ans aprs son accident,il dcroche un doctorat en mdecine, puis durant soninternat en neurologie, il se spcialise en mdecine desmilieux extrmes (plonge hyperbare(L), vols aro-

    nautiques et spatiaux). Son sujet de recherche est, etrestera, ladaptation des rythmes circadiens(L)dumtabolisme nergtique(L)aux situations extrmes.Et il se porte volontaire, 28 ans, pour participer uneexpdition scientifique de six mois qui traverse lAntarc-tique jusquau Ple Sud.

    Des profondeurs marines son retour, il reoit une bourse dtudes en France. Pourle mlomane que je suis, Paris, avec ses salles de concerts, taitune vritable aubaine reconnat-il, car outre le got pourla mdecine, sa mre, qui tait aussi pianiste concertiste, luia galement donn celui de la musique. En 1981, il intgre

    donc le Laboratoire de physiopathologie des nuisances delenvironnement au Centre Inserm du Vsinet dans les Yve-lines, o il poursuit ses recherches. Et nouveau, il donnede sa personne. Il participe une premire mondiale, lareproduction dune plonge de 5 jours 400 mtres deprofondeur, dite plonge saturation, dans une chambrehyperbarequi, pour cause de dcompression, ncessitequil reste enferm avec ses trois coquipiers pendant unmois dans ce caisson.Aprs les tempratures extrmes et les profondeurs, restait explorer lespace. Et renouer ainsi avec son rve denfant.Loccasion se prsente avec un appel projets du Centrenational dtudes spatiales (CNES) et, plus tard, de la

    VICTOR

    DEMARIA-PESCE

    Les pieds surterre et la ttedans les toiles 11 ans, Victor Demaria-Pesce dcide quil sera le premierastronaute argentin. Un grave accident len empchera, maislhomme a lespace chevill au corps.Alors 50 ans plus tard, directeur de recherche Inserm, il devientconseiller scientifique auprs du directeur du Centre europendes astronautes (EAC) de lAgence spatiale europenne (ESA).Il y concocte les expriences qui permettront de prendre soinde la sant des astronautes pendant leur sjour dans lespace,et de malades qui nont pas la chance daller si loin.Il fait le pont entre ciel et terre.

    LHyperbareSe dit dune enceinteo la pression estsuprieure la pressionatmosphrique

    LRythmescircadiensRythmes biologiquesdune priode denviron24 heures

    LMtabolismenergtique

    Ensemble des ractionsde production etd'utilisation d'nergiechimique par la cellule

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    la une dcouvertesTTES CHERCHEUSES regards sur le monde cliniquement vtre grand angle mdecine gnrale entreprendre opinions stratgies Blo

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    National Aeronautics and Space Administration(NASA).En janvier 1988, il rejoint le centre de recherche Ames dela NASA Moffet Field, prs de San Francisco. Il prpare etparticipe des expriences, embarques dans les vols spa-

    tiaux habits amricains et russes, visant tudier leffet dela microgravit(L)sur la rgulation du mtabolisme ner-gtique et la dsynchronisation des rythmes biologiques. La ralit des vols dans lespace est loin delimage dpinal quen a le public. Ostopo-rose, vieillissement des artres, troubles desrythmes circadiens, fonte musculaire etc.,les consquences de la trs faible pesanteursont considrables, do la ncessit de lestudier,assure le chercheur.Mais cest aussi cette poque que nat la notion de projets duaux, cest--diredes tudes menes dans lespace, pour lespace, et ayant desapplications simultanes sur terre.

    Malgr lintrt des projets, en septembre 1991, pour desquestions de scolarit de mes enfants, il est temps de rentrer la maison, Paris , avoue-t-il. Il intgre le laboratoirede Neurobiologie des rgulations, dirig par Stylianos Stelios Nicoladis, au Collge de France. Ce furent les5 annes les plus agrables et enrichissantes de ma vie pro-fessionnelle, assure-t-il.Imaginez : il y avait un piano dansle bureau de Stelios. De fait, nous pouvions changer sur lescircuits neuronaux impliqus dans les rythmes circadiens et,une fois les blouses tombes, nous empoigner sur une uvrede Chopin ou suivre un cours de Pierre Boulez qui enseignaitlui aussi au Collge de France. Ctait la symbiose entre lescientifique et lartistique ! Pour autant, trop francilien

    pour bouger, quand le laboratoire dmnage Dijon en1996, il ne le suit pas et rejoint lunit Inserm du service dediabtologie lHtel-Dieu Paris. Il y conoit et met enplace des programmes de recherche sur les mcanismesnerveux qui vont contrler la rgulation du mtabolisme

    et la prise alimentaire.

    l'espaceEn janvier 2000, nouveau virage serr pour le pilote.Toujours attir par les dfis scientifiques et les innova-tions technologiques, il a envie dlargir sa vision de larecherche. Il intgre alors ladministration de lInsermau service de veille scientifique et technologique, puisen 2002, la direction gnrale. Durant 3 ans, il y estcharg des relations avec les parlements franais et euro-pen et, partir de janvier 2005, devient responsable desrelations institutionnelles. Le but tait de diffuser auprsdes dcideurs politiques, en gnral, et des parlementaires

    en particulier, les connaissances produites par lInserm etde les sensibiliser aux enjeux de sa politique scientifique,explique-t-il, enthousiaste.Lobjectif : crer les meilleuresconditions possibles pour le travail de nos chercheur.Toutefois, au bout de 11 ans, javais fait le tour de la ques-tion et javais envie de continuer progresser. La recherche,lespace et le dfi intellectuel me manquaient, reconnat-il.Cest alors quon ma propos dintgrer le Centre europen desastronautes Cologne, en Allemagne . Retour donc sespremires amours. Depuis fvrier 2013, il met en place desactions, partenariats et financements, afin que lEAC metteson savoir-faire et ses connaissances acquises dans lespaceau service de la mdecine. Comme la NASA, il sagitde rpondre aux besoins mdicaux des astronautes dans

    lespace et des hommes sur Terre, en menant des tudesparallles et en validant de nouvelles technologies quiseront utilises aussi bien en vol quau sol. Une dmarche

    dveloppe long terme. Impliqu dansla prparation du vol de Thomas Pesquet,lastronaute europen de nationalit fran-aise qui partira en novembre 2016 dansla station spatiale internationale (ISS) pourun vol de six mois*, il uvre dj la stra-tgie de recherche biomdicale en vue de

    ltablissement dune base lunaire et de la prparation du volhabit vers Mars port par la NASA laquelle collaborentdautres agences spatiales, notamment europenne et russe.

    A priori, je ne verrai pas aboutir le projet sur Mars carlchance optimiste est fixe 30 ans, mais jai bon espoir pourcelui qui concerne la Lune, dont la base scientifique devraitvoir le jour dici dix quinze ans, et qui remplacera lISSdans sa mission de grand laboratoire spatiale , assure-t-il.Certes, Victor Demaria-Pesce ne sera jamais astronaute,mais il a russi tre au plus prs de son rve spatial. Etil lassure, je nai pas trop de regrets car comme la critPablo Neruda [pote chilien et prix Nobel 1971, ndlr.],Javoue que jai vcu . Seul bmol, aujourdhui partagentre Paris et Cologne, il rate un nombre incroyable deconcerts mais pas de doute, la retraite, il se rattrapera !

    Franoise Dupuy Maury

    FRANOISGUNET/INSERM

    La ralit des volsdans lespace est loinde limage dpinalquen a le public

    *VoirS&Sn 27, Espace. LInsermen orbite , p. 2-5

    Victor Demaria-Pesce, salle des plantes,Palais de la dcouverte, Paris

    LMicrogravitCondition dans laquelle lapesanteur est trs faible.

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    TTES CHERCHEUSES

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    AUSTRALIE

    Un mini-rein

    sur la paillasse

    ETATS-UNIS

    Souffrance articulaire et psoriasisDans une de ses formes les plus svres, le psoriasis maladie inflammatoire chronique de la peau est associ

    une autre pathologie inflammatoire, larthrite. Pour amliorerla prise en charge prcoce de cette inflammation des articulationschez les patients, une dizaine de chercheurs, encadrs par PhilippHelliwell et Philipp Conaghan, de luniversit de Leeds, a men unetude comparative pendant 48 semaines sur 182 adultes souffrantdarthrite psoriasique depuis moins de 2 ans. Les volontairesont t scinds en 2 groupes gaux et comparables sur le planclinique. Le premier a consult un mdecin de ltude toutes les4 semaines, et lautre a suivi des consultations standards chez lerhumatologue toutes les 12 semaines. Les protocoles des examens

    cliniques taient diffrents dans les deux groupes tout comme lestraitements mdicamenteux associs. Au final, 51 % des patientssuivis de manire intensive ont constat une diminution de moitidu nombre darticulations douloureuseset de synovites (L). 25 % seulementdes patients ayant suivi un encadrementthrapeutique de routine ont ressentice bnfice. Dautres investigationscomplmentaires sont ncessaires pourvaluer leffet de cette prise en chargeprcoce et intensive sur lvolutionde la maladie.

    ROYAUME-UNI

    Constituer en labo-ratoire des struc-tures semblables des organes estdsormais possiblegrce lessor desconnaissances surles cellules souches.Ainsi, une dizainede chercheurs diri-gs par MelissaLittle de lInstitut de

    recherche infantileMurdoch de Victo-ria, a russi, partir de cellules souches plu-ripotentes de souris capables de rgnrertous les tissus dun organisme , reconsti-tuer un organode(L) dot de tous les typescellulaires prsents dans le rein. Avec ses 500nphrons les units fonctionnelle de filtra-tion du sang , ce mini-rein correspond celui retrouv chez un embryon murin de14 jours. Les chercheurs en nphrologie pos-sdent dsormais un objet dtude sur lequel ilsvont tester lefficacit de nouveaux traitementspour les patients souffrant dinsuffisance r-

    nale. linverse, ils pourront gnrer, in vitro,des organodes r-naux dficients etmieux comprendre lefonctionnement de lapathologie associe.

    LOrganodeStructure nouvelleressemblant unorgane

    Les 3 couleursvisibles sont autantde types cellulairesdistincts dans lesnphrons de ce

    mini-rein.

    MINORUTAKASATO

    Page ralise par Julie Paysant

    Alzheimer et les champignonsDepuis plusieurs annes, la piste infectieuse

    fongique pour expliquer lapparition de la maladiedAlzheimer est dfendue par certains spcialistes.Luis Carrasco, de luniversit autonome de Madrid,sest pench sur cette question en prlevant et enanalysant les tissus crbraux de 25 personnesdcdes dont 14 souffraient de la maladie et 11taient saines. Rsultats ? Chez 100 % des malades,les tissus crbraux hbergeaient des champignonsde diffrentes espces et leur srum sanguin contenaitdes macromolcules fongiques.A contrario, aucuneobservation de ce type na t constate chez les sujetssains. Si la piste fongique semble bien confirme par cesdonnes, il est ncessaire de raliser des essais cliniquesapprofondis pour mesurer son implication dans lorigineou le dveloppement de la maladie dAlzheimer. moinsque ce ne soit la maladie qui prdispose linfection ?

    D.Pisa et al. Scientific Reports,15 octobre 2015 ; 5 : 15015

    ESPAGNE

    Bientt des prothses tactiles ?Dans la course lamlioration des

    prothses bioniques, lquipe dirigepar Zhenan Bao de luniversit de Stanfordvient de franchir une tape importante. Ellea test, in vitro, sur des cellules murines, unnouveau prototype de mcano-rcepteur (L)en plastique souple. Son rle ? Convertir unepression exerce sur sa surface en une fr-quence lectrique qui va, son tour, stimulerdes neurones du cortex somatosensoriel(L).Ce dispositif lectronique est trs performantpuisque plus la pression exer-ce est forte, plus la stimula-tion neuronale est importante.Ces rsultats confortent lidequun jour, des peaux lectro-

    niques sensibles recouvrirontles prothses articulaires. B. C.-K. Tee et al. Science,16 octobre 2015 ; 350 (6258) : 313-6

    LSynoviteInflammation desmembranes articulaires

    LC. Coates et al. The Lancet, 1eroctobre2015 (en ligne)doi. : 10.1016/S0140-6736(15)00347-5

    M. Takasato et al. Nature, 22 octobre 2015 ; 526 (7574) : 564-8

    l'inverse du sujetsain (contrle),prsence destructures fongiques(vert) dans les tissuscrbraux d'unpatient Alzheimer(AD1).

    BAOLAB/STANF

    ORD

    D.

    PISAANDL

    .CARRASCO

    LMcano-recepteurNeurone sensorielde la peau sensibleaux dformationsmcaniques

    LCortex somato-sensorielPartie du cerveau quireoit des informationscaptes par les cinq sens.

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    la une dcouvertes ttes chercheusesREGARDS SUR LE MONDE cliniquement vtre Grand anGle mdecine Gnrale entreprendre opinions stratGies Bloc

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    INS

    ERM/INSTITUTCURIE/ALAINAURIAS/ANNEROUSSELET

    Science&Sant :Au regard des lments dontnous disposons, que pensez-vous de la perti-

    nence de ces rsultats ?Dborah Bourchis : Alors que cette tude na pasencore t valide par des experts, la juxtaposition dedeux mots clefs, pigntique et homosexualit , asuffi dclencher la polmique. Nous ne connaissons nila mthodologie utilise pour quantifier la mthylation,ni lintensit et la position des changements mesurs, nimme le matriel utilis. Il sagit vraisemblablement dchantillons sanguins :quelle relation avec lorientation sexuelle, qui dpend de schmas crbraux ?Par ailleurs, si ces variations pigntiques signent une attirance sexuelle versles hommes, les retrouve-t-on normalement chez les femmes htrosexuelles ? ce stade, nous ne pouvons parler que de biomarqueurs molculaires : sans

    LE POINT AVEC

    Dborah BourchisDirectrice de recherche, unit Inserm 934,Gntique et biologie du dveloppement Institut Curie/CNRS UMR 3215-UPMC

    tude de lexpression des gnes associs, aucunerelation de cause effet ne peut tre mise. Enfin,

    ces biomarqueurs peuvent avoir un intrt seule-ment si on les retrouve dans la population gn-rale. Or, les auteurs ont reconnu que leur pouvoirde prdiction de lorientation sexuelle 70 % deconfiance ne fonctionnerait que sur leur cohortede jumeaux homozygotes.

    S&S : Mais est-il tout de mmepossible dexpliquer certains compor-tements humains grce aux marqueurspigntiques ?D. B. : La tendance actuelle est dassocier des ma-ladies ou des traits comportementaux complexes

    des anomaliespigntiques.C e p e n d a n t ,les variationsmesures sontsouvent subtileset le nombre

    dindividus analyss insuffisant. De plus, lesvariations identifies sont frquemment lies des mutations gntiques : en effet, si la cible mthyler est mute, le profil de mthylation vase trouver modifi. Ces variations ne sont doncpas pigntiques par nature.

    S&S : Finalement, que nous apprennentces travaux sur lorigine inne ou acquise

    de ces marqueurs ?D. B. : Neuf anomalies demthylation ont t dtec-tes chez ceux qui sonthomosexuels. Il peut sagirde profils normalement pr-sents chez les femmes ht-rosexuelles, qui auraient thrits de sa mre par le ju-meau attir sexuellement parles hommes, alors que lautre,

    htrosexuel, laurait effac.Cette spcificit pourrait treacquise galement, in uteroou aprs la naissance. Enfin, siles auteurs privilgient la pistepigntique, il faut garderen tte le rle prpondrant

    de la culture : les orientations sexuelles di-vergentes peuvent aussi tre le rsultatdexpriences cognitives diffrentes des deuxjumeaux lge adulte. Propos recueillis par Julie Paysant

    Les orientationssexuelles divergentes peuvent aussi tre lersultat dexpriencescognitives diffrentes

    FRANOISGUNET/INSER

    M

    ETATS-UNIS

    Orientation sexuelle

    Est-elle lie aux gnes ?Lors du dernier congrs de la Socit amricainede gntique humaine (ASHG) qui sest tenu Baltimoreen octobre, une quipe de luniversit de Californie LosAngeles, a prsent des rsultats qui ont, depuis, fait grandbruit dans la presse anglo-saxonne. Les chercheurs ont,en effet, voulu montrer linfluence de la mthylation delADN (L), un type de marqueurs pigntiques, sur lorientation sexuelle masculine.Ceux-ci font partie dun ensemble de modifications biochimiques de la chromatine(association de lADN et des protines), en rponse des signaux dveloppementauxou environnementaux, capables dinduire des changements dans lexpression desgnes, sans mutations de la squence dADN elle-mme. En tudiant du matrielgntique de 37 paires de jumeaux monozygotes, dits vrais jumeaux, dans chacune

    desquelles lun est homosexuel et lautre

    htrosexuel, les chercheurs californiens ontidentifi neuf gnes dont le taux de mthylationpermet de discerner lhomosexualit de

    lindividu dans67 % des cas.Nanmoins,des critiquessvres lgardde la mthodestatistique utiliseont t mises surces rsultats quine sont pas encorepublis.

    Lors de la division cellulaire(ci-dessous), les marquagespigntiques sont conservs.

    LMthylationde lADNProcessus dans lequelcertains lmentsde base de lADNpeuvent tre modifispar laddition dungroupement mthyle.

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    REGARDS SUR LE MONDE

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    VITAMINE D ET CANCER DU SEIN

    Un effet protecteur ?Chaque anne, 12 000 femmes dcdent de cancer dusein en France. Un chiffre qui reste lev en regard descampagnes de dpistage par mammographies misesen uvre par les autorits de sant. Plusieurs tudesexprimentales suggrent un effet protecteur de la vita-mine D contre le cancer du sein, mais les rsultats desenqutes pidmiologiques sont peu concluants. Pourmieux comprendre cette relation, Claire Cadeau et ses collgues du CESP ont tudi lassociation entreprise de complments en vitamine D et risque de cancerdu sein, en sintressant au caractre rcent ou passde la prise et une interaction possible avec le traite-

    ment hormonal de la mnopause. Entre 1995 et 2008,la supplmentation en vitamine D a t value tous les2-3 ans chez 57 403 femmes mnopauses suivant, ounon, un traitement hormonal pour attnuer les symp-tmes de leur mnopause. Rsultat ? La prise rcente,avec du calcium, de complments de vitamine D, leplus souvent quotidienne, tait associe une dimi-nution du risque de cancer du sein, mais seulementchez les femmes ayant pris un traitement hormonal dela mnopause. Des rsultats encourageants mais quidevront tre confirms avant de pouvoir envisager lasupplmentation en vitamine D pour compenser laug-mentation de risque de cancer du sein lie lutilisationde traitements hormonaux de la mnopause. T. G.

    Claire Cadeau : unit 1018 Inserm/Universit Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Universit Paris-Sud 11, Centrede recherche en pidmiologie et santdes populations, Gnrations et sant

    C. Cadeau et al. The American Journalof Clinical Nutrition, 22 octobre 2015(en ligne)doi: 10.3945/ajcn.114.104323

    Les vertus de la vitamine DLa vitamine D favorise labsorption ducalcium et sa fixation sur les os, doson intrt pour la croissance des os etla prvention de lostoporose. Elle estapporte 80 % par lexposition solaire.Lt, 30 minutes suffisent couvrir lesbesoins, mais en hiver, ces derniers ne sonten gnral pas satisfaits. Des complmentsen vitamine D peuvent alors tre prescrits.

    Jeux OlympiquesMutations gntiques gagnantes !Olivier Hermine, dans lquipe de Jean-Franois Toussaint vient de montrerque 80 % des athltes franais, victorieux aux jeux Olympiques en aviron, ski nordiqueet judo, prsentent des mutations dans le gne qui code pour HFE, une protine rgulantlabsorption du fer. Cette anomalie leur permet davoir plus de fer et de globules rouges,et un mtabolisme musculaire facilit. Bilan : pour briller aux JO, encore faut-il avoir lebon gnome. Mais tous les espoirs restent permis pour prs dun tiers de la population quiprsente aussi des mutations de ce gne HFE ! A. F

    Olivier Hermine : unit 1163 Inserm Universit Paris-Descartes, IHU ImagineJean-Franois Toussaint :Institut derecherche biomdicale et dpidmiologiedu sport

    O. Hermine et al. Biochimie,28 septembre2015doi: 10.1016/j.biochi.2015.09.028

    Faut-il conseiller la prise de vitamine D

    aux femmes mnopauses ?

    Les champions d'avirontirent partie de facteursgntiques facilitantl'absorption du fer.

    GARO/PHANIE

    FFSA

    TROUBLES MUSCULOSQUELETTIQUES

    Les ordinateurs non coupablesY a-t-il, oui ou non, un lien entrel'utilisation de plus en plus frquente desordinateurs et l'augmentation des troublesmusculosquelettiques, au premier titredesquels, le syndrome du canal carpien, d une compression du tendon mdian au niveaudu poignet ? Alors que de prcdentes tudes,transversales sortes d'instantans d'unesituation un moment donn de la populationgnrale n'avaient montr aucune association,

    Zakia Mediouniet ses collgues ont procd une tude longitudinale. partir des deuxcohortes, Cosali, en France, et PrediCTS, auxtats-Unis, ils ont ainsi pu suivre 1 551 et 771travailleurs dans diffrentes industries, pendant3 5 ans. Conclusion : toujours pas de lien entreusage des ordinateurs et syndrome du canalcarpien. Ce dernier serait mme, d'ailleurs, plusfrquent chez lespersonnes affectes des postes sansordinateur. C'estenvers elles que laprvention devraitdonc porter. J. C.

    Zakia Mediouni : unit service 11Inserm - Universit Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Cohortes pidmiologiques enpopulation

    Z. Mediouni et al. BMJ Open, 9 septembre2015 ; 5 (9) : e008156

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    la une dcouvertes ttes chercheuses regards sur le mondeCLINIQUEMENT VTRE grand angle mdecine gnrale entreprendre opinions stratgies Bloc

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    La survenue de certains cancers, comme celui ducol de lutrus ou le sarcome de Kaposi, est courantechez les patients sropositifs au VIH, notammentau stade sida o les dfenses immunitaires sontfaibles et la quantit de virus dans le sang leve.Pourtant, depuis larrive de la trithrapie, lamortalit due ces cancers a largement diminu.Cette dcroissance est-elle uniquement due une diminution de leur incidencegrce lefficacit des nouveaux traitements antirtroviraux ? Cest prcismentce point quont tudi Mira Hleyhelet son quipe. Pendant 15 ans et grce,notamment, aux donnes de la base hospitalire franaise sur linfection VIH(FHDH-ANRS CO4)(L), prs de 120 000 patients gs de 15 84 ans ont t suiviset les rsultats sont nets : dune part, lincidence des cancers diminue et, dautrepart, la survie chez les individus infects par le VIH atteints tend galement se rapprocher progressivement de celle de la population gnrale, notamment

    depuis 2001 et la gnralisation des traitements antirtroviraux. T. G.

    VIH et cancerMoins de mortalit

    LFHDH-ANRS CO4Base de donneshospitalire franaise surlinfection VIH ouverte,multicentrique, ayantinclus des patients partir de 1989.

    Tabagisme et chirurgiePas de contre-indication ?

    Chirurgie colorectaleLe tissu adipeux,cause dinfections

    post-opratoires ?La chirurgiecolorectale induitsouvent desinfections post-opratoires. Laprsence dans letissu graisseux despatients oprsdun taux levdadiponectineet de leptine,deux hormonesproduites par les

    cellules adipeuses,pourrait tre lie la survenue de ces infections. Pour le confirmer,Pablo Ortega-Deballon et son quipe onttudi le cas de 140 patients entre mars 2014 etmars 2015. Ils ont conclu que les patients avec desniveaux plus levs de leptine avant la chirurgiecolorectale, notamment ceux atteints dun cancer,ont un risque accru dinfection post-opratoire.En revanche, le taux d'adiponectine ne semblepas corrl au risque d'infection. Cette hormone,contrairement la leptine, aurait mme desproprits anti-inflammatoires.T. G.

    Pablo Ortega-Deballon :unit 866 Inserm/EPHE Universit de Bourgogne, Lipides,nutrition, cancer

    P. Ortega-Deballon et al. Surgical Infections, octobre 2015 ; 16 (5) : 566-71

    LPneumopathiedinhalationInhalation du contenude lestomac ou deloropharynx, dans lelarynx ou les poumons,pouvant survenir chezdes patients sousanesthsie gnrale.

    Lionel Bouvet :unit 1032 Inserm/CLCC Universit Claude-Bernard-Lyon 1,Applications des ultrasons la thrapie

    S. Lazaar et al. British journal ofanaesthesia,octobre 2015 ;115 (4) : 590-4

    Pour comprendre sil estjustifi de demander auxpatients de ne pas fumeravant une oprationchirurgicale, Lionel

    Bouveta cherch valuer l'effet dutabagisme aigu (deuxcigarettes en moinsde 30 minutes) surle contenu gastrique.En effet, fumeravant une oprationaugmenterait le risquede pneumopathiedinhalation(L)chez les patients

    anesthsis. Pour cefaire, 18 volontaires ontdonc particip deuxsessions dtudes aucours desquelles les

    effets de la cigarettesur leur estomac dansles deux heures suivantla consommation dutabac taient valus parchographie et comparsavec un groupe de non-fumeurs. Conclusion ?Le tabagisme aigunaffecte pas la variationdu volume gastriqueet suggre que fumer

    avant une oprationchirurgicale nauraitpas dinfluence sur lerisque de survenuedune pneumopathiedinhalation. T. G.

    Lymphocyte T (en bleu)attaqu par le VIH(en jaune).

    Mesure de l'aire dela partie terminalede l'estomac pourvaluer son contenu

    Tissu adipeux observpar microscopielectronique

    balayage

    NIH

    SPL/PHANIE

    LIONELBOUVET

    Mira Hleyhel : unit 1136 Inserm Universit Pierre-et-Marie Curie, InstitutPierre-Louis dpidmiologie et de santpublique

    Mira Hleyhel et al. International Journalof Cancer,15 novembre 2015 ; 137 (10) :2443-53

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    CLINIQUEMENT VTRE

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    X

    AV

    IERLOTY/AFP

    Un pompier raccompagne unepersonne son domicile en canoaprs la tempte Xynthia en mars2010 Aytr, Charente-Maritime.

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    la une dcouvertes ttes chercheuses regards sur le monde cliniquement vtreGRAND ANGLE mdecine gnrale entreprendre opinions stratgies Bloc

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    GRAND ANGLE

    Asthme, allergies, coups de chaleur, infections,cancers de la peau, accidents... le changementclimatique ne sattaque pas seulement labiodiversit mais aussi notre sant.Longtemps ignores, les preuves des effetsnfastes du rchauffement de la plante surnotre organisme saccumulent de manire

    alarmante. loccasion de la 21e confrence des Nations unies

    sur les changements climatiques, la COP21, Paris du30 novembre au 11 dcembre 2015, dont lobjectif est de limiterle rchauffement en de de 2 C lhorizon 2100, Science&Santrevient en dtail sur cet enjeu sanitaire majeur du XXIesicle quipourrait sauver les ngociations sur le climat.

    CHANGEMENT

    CLIMATIQUEMenaces sur

    notre sant !

    Dossier ralis par Simon Pierrefixe

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    Le rchauffement de la plante est bel et bien uneralit. La temprature globale moyenne de notreTerre en 2012 tait, en effet, suprieure de 0,85 C

    celle de 1880 selon les donnes recueillies par le Groupedexperts intergouvernemental sur lvolution du cli-

    mat (GIEC). Et ce rchauffement caus par les activi-ts humaines se poursuit : Mto-France affirme que2014 est ainsi lanne la plus chaude observe en Francedepuis 1900, et 2015 est bien partie pour lui rafler lamise. Les consquences fonte des glaces, lvationdu niveau de la mer et changements climatiques serpercutent sur toute la plante. Ces phnomnes nemenacent pas seulement la biodi-versit mais aussi notre sant, avecdes effets qui se font dores et djsentir et pourraient devenir catas-trophiques si rien nest fait pourlimiter laugmentation des temp-

    ratures. LOrganisation mondialede la sant (OMS) prvoit ainsi, ds2030, prs de 250 000 dcs supplmentaires par andus directement ou indirectement au rchauffementglobal, avec pour principales causes : la malnutrition,le paludisme, la diarrhe et le stress thermique (coupde chaleur, puisement par la chaleur, syncope...). Lacommission sur le changement climatique et la sant dela revue scientifique The Lancet, regroupant experts eu-ropens et chinois, estime dailleurs que la lutte contrele changement climatique pourrait tre lenjeu sanitairele plus important du XXIesicle.La premire certitude concernant le climat venir estlaugmentation de la frquence et de lintensit des

    vagues de chaleur. Or, celles-ci ont un impact directsur notre sant : les tempratures leves observeslors des canicules augmentent, en effet, grandement lamorbidit (L)et le risque de mortalit. Ainsi en France,durant la canicule de 2003, prs de 14 000 dcs suppl-mentaires ont t enregistrs du 3 au 15 aot selon les

    travaux de Grgoire Rey , ingnieur de rechercheInserm et directeur du Centre dpidmiologie sur lescauses mdicales de dcs au Kremlin-Bictre. Ondistingue les dcs lis directement la chaleur et au stressthermique : hyperthermie, dshydratation ou coup de

    chaleur. Et dautres lis un tat de sant dfaillant causpar des maladies chroniques de lappareil respiratoire, dusystme nerveux ou cardiovasculaire, ou encore un can-cer, prcise Grgoire Rey. Par ailleurs, bien que toutesles catgories de la population aient t affectes parla canicule, certaines personnes sont plus vulnrables.Ainsi, les plus de 75 ans ont reprsent prs de 80 % de

    la surmortalit observe, confirmele chercheur. Le milieu social jouegalement un rle : les personnesdfavorises ont t affectes parun excs de mortalit plus mar-qu. Enfin, il existe des ingalits

    au niveau du lieu dhabitation. Leseffets de la chaleur sont, en effet,aggravs dans les villes en raison du phnomne dlotde chaleur urbain. Celui-ci peut significativementaugmenter la temprature locale de plusieurs degrsau cur des zones urbanises o se concentrentune activit humaine intense et un environnementabsorbant la chaleur.Ces vagues de chaleur plus frquentes peuvent tre aussiassocies une augmentation de lexposition au rayon-nement ultraviolet (UV). Or, il provoque un vieillisse-ment prmatur de la peau et induit le risque de voirse dvelopper carcinome ou mlanome, des cancersde la peau. Les UV peuvent aussi avoir un effet nfaste

    sur lil en provoquant des cataractes corticales, unebaisse de la vue cause par lopacification progressivedu cristallin, la lentille naturelle de lil. Lincidence deces maladies lies aux UV est en augmentation depuisplusieurs dcennies. Par exemple, les cas de mlanomeont ainsi augment de 3 10 cas pour 100 000 personnesen France entre 1980 et 2011 selon des donnes delInserm et de lInstitut de veille sanitaire (InVS). Pour-tant, ces cancers sont plutt attribuables aux comporte-ments des populations la mode du bronzage ou des loisirsen extrieur par exemple qu laugmentation du rayon-nement UV, tempre Sophie Godin-Beekmann ,spcialiste du rayonnement UV, directrice de recherche

    au CNRS et directrice de lObservatoire de VersaillesSaint-Quentin-en-Yvelines. Limpact du changementclimatique sur lincidence de ces maladies, bien querel, est donc difficile quantifier. Et les UV ont aussides effets bnfiques sur la sant : ils permettent la syn-thse de vitamine D, essentielle notre mtabolisme,notamment pour fixer le calcium des os. Face au soleil,il sagit donc de trouver le bon compromis : sexposermais pas trop pour viter les rythmes, les coups desoleil. Paradoxalement, dans le futur, ce sera probable-ment la synthse de vitamine D qui fera dfaut sous noslatitudes en hiver daprs les tudes RISC-UV (Impactdu changement climatique sur le rayonnement UV) et

    Pourquoi notre plante a un coupde chaud ?Les activits humaines telles que les transports, lindustrie, laproduction dnergie, lagriculture ou encore le chauffage, librentde nombreux gaz. Certains, comme le dioxyde de carbone (CO2),le mthane (CH4) ou le protoxyde dazote (N2O), pigent danslatmosphre une partie de la chaleur mise par la plante sous formede rayons infrarouges. Ils sont appels gaz effet de serre (GES).Cet effet physique naturel permet la Terre davoir une tempraturemoyenne globale de 15 C au lieu de 18 C, permettant ainsi la vie de se dvelopper. Cependant, laugmentation continue de laconcentration de ces gaz depuis la rvolution industrielle au milieu duXIXesicle renforce cet effet de serre et la temprature globale de laplante augmente. Ce rchauffement de latmosphre et des ocansa un impact sur le climat, notamment sur la pluviomtrieet les mouvements des masses dair et des courants marinsdo lutilisation du terme de changement climatique .

    Grgoire Rey :unit US10 Inserm CpiDcSophie Godin-Beekmann : UMR 8190CNRS INSU, Observatoire de VersaillesSaint-Quentin-en-Yvelines, LaboratoireAtmosphres, milieux, observationsspatiales, IPSL

    LMorbiditNombre de personnesatteintes par une maladiedans une population unmoment donn

    N. Watts et al. The Lancet,22 juin 2015(en ligne)doi: 10.1016/S0140-6736(15)60854-6

    G. Rey et al. International Archives ofOccupational and Environmental Health,

    juillet 2007 ; 80 (7) : 615-26

    M. P. Corra et al. Photochemical &Photobiological Sciences,1 juin 2013 ;12 (6) : 1053-64

    La lutte contre lechangement climatiquepourrait tre lenjeusanitaire le plus important

    du XXIe

    sicle

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    EREBUS (valuation des risques et bnfices de lexposi-tion aux UV) coordonnes par Sophie Godin-Beekmann.Le rayonnement UV reu sur Terre est, en effet, princi-palement filtr et limit par les nuages, les arosols (L)prsents dans latmosphre et la couche dozone stra-tosphrique. Or, cette dernire se reconstitue depuis lamise en place du protocole de Montral, le premier suc-cs environnemental de coopration internationale qui,en 1987, fit graduellement interdire lmission de gazcomme les chlorofluorocarbures (CFC) qui dtruisentlozone stratosphrique crant ainsi le fameux trou en

    Antarctique. La couche dozone devrait tre entirementreconstitue au milieu du XXIesicle, prcise SophieGodin-Beekmann. Or, la modification de la circulationdes masses dair attendue par les scnarios dvolutiondu climat pourrait intensifier le transport haute alti-tude de lozone form au niveau des tropiques vers deslatitudes plus leves. Do une couche dozone pluspaisse au-dessus de nos ttes, tout particulirement enhiver, et, in fine, une diminution probable du rayonne-ment UV accompagne de son lot de carences en vita-mine D dans la population. Il est probable que le

    Les effets duchangement climatiquesur notre sant

    LArosolDispersion en particulestrs fines dun liquide oudun solide dans un gaz,ici latmosphre

    Contexte

    J.

    PARTOUCHE/DIDAPIX/INSERM

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    changement climatique saccompagne aussi deprcipitations plus abondantes dans certaines rgions. Nous observons une acclration du cycle de leau ,explique Robert Vautard , directeur de rechercheCNRS au Laboratoire des sciences du climat et de lenvi-

    ronnement (LSCE) Gif-sur-Yvette. Laugmentationglobale des tempratures favorise, en effet, son vapora-tion, ce qui devrait se traduire par une augmentation desprcipitations dans les rgions humides, avec un risquedinondations et de crues, notamment sur les sols trsurbaniss. Ces pluies intenses seraient, par exemple,susceptibles daggraver le phnomne de crues clairobserv rgulirement dans le sud-est de la France,

    les pisodes cvenols (L). Elles favoriseraient aussiglissement de terrains et coules de boues. Par ailleurs,les submersions ctires, ces inondations du littoralcauses par la conjonction de temptes et de grandesmares, pourraient tre plus frquentes du fait des prci-

    pitations plus importantes et de llvation du niveau dela mer. La fonte des glaciers et des calottes glaciaires auxples et la dilatation thermique de leau se sont, en effet,traduites par une lvation de la mer de 19 centimtresentre 1901 et 2010, selon le GIEC, et pourrait atteindre90 centimtres la fin du sicle daprs le scnario le plus

    Canicule

    Robert Vautard : UMR 8212 CNRS INSU, Laboratoire des sciences du climatet de lenvironnement, IPSL

    Les effets d'unecanicule sur notre sant

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    pessimiste (RCP8.5) (voir encadr). Un signal statis-tique fort concernant les pluies intenses et les submersionsctires na pas encore merg des tudes analyses parle GIEC, mais il est trs probable quil merge dans unfutur proche, nuance Robert Vautard. Les prvisions

    concernant dautres vnements mtorologiques ex-trmes, tels que des ouragans, cyclones et typhons, sontencore trs incertaines. Leur frquence ne devrait pasaugmenter, tout du moins court terme, avance RobertVautard.Mais leur effet dvastateur sera probablementplus important du fait de llvation du niveau des mers. Les principaux risques de mortalit associs aux inon-dations et aux vnements mtorologiques extrmessont les accidents, par noyade ou par blessure, et lescrises cardiaques causes par le stress ou leffort.Les violents orages qui se sont abattus dans les Alpes-Maritimes le 3 octobre dernier ont dclench des cruesclair : leau a ainsi atteint 1m70 en vingt minutes dans

    certains quartiers de Cannes. Au-del des dgts mat-riels importants, le bilan humain est lourd : ces inonda-tions ont cot la vie 20 personnes.

    Un fort impact psychologiqueLa tempte Xynthia, quant elle, a fait 59 morts en2010 lorsque les eaux ont submerg des zones ctiresinondables de Charente-Maritime et de Vende. Long-temps ignor, limpact psychologique caus par ce typedvnements extrmes peut aussi laisser de graves s-quelles. Les populations affectes peuvent subir stresspost-traumatique, dpression ou voir saggraver des

    troubles mentaux pr-existants. Aprs linonda-

    tion, lhumidit rsiduelleimprgnant les btimentsfavorise, quant elle, ledveloppement de moi-sissures, notammenten cas de tempraturesleves. Elles peuventalors dclencher des aller-gies respiratoires et exa-cerber dautres maladiesde lappareil respira-toire, explique IsabellaAnnesi-Maesano ,

    directrice de rechercheInserm lInstitut Pierre-Louis dpidmiologieet de sant publiquede Paris. Notammentlasthme et la broncho-p n e u m o p a t h i e

    Vue arienne desinondations laFaute-sur-Mer, enVende, le 3 mars 2010,aprs la tempte Xynthia

    Lpisodescvenols

    Pluies brves mais trsintenses typiques des

    Cvennes, dclenchespar le refroidissementde masses dair chaudcharges dhumiditvenant du sud au contactdu Massif central leterme est depuis utilispour dcrire toutespluies diluviennes sur lesrgions mridionales dupourtour mditerranen.

    Les diffrentsscnarios du futurLe 5erapport du GIEC contient quatre

    scnarios possibles dvolution desmissions mondiales de gaz effetde serre au cours du XXIesicle.Appels RCP (pour RepresentativeConcentration Pathwaysen anglais),ces profils reprsentatifs dvolutiondes concentrations des GES sont desrfrences pour valuer les conditionsclimatiques probables des dcennies venir. Le premier, RCP2.6, correspond lapplication de mesures rigoureusesrduisant fortement les missions deGES. Il permettrait de limiter llvationdes tempratures sous la barre des2 C en 2100 par rapport au milieu du

    XIXesicle. Le dernier, le plus pessimiste,RCP8.5, se produira probablement si riennest fait pour limiter lmission de GES.Laugmentation prvue des tempraturespourrait alors atteindre jusqu 5,5 C la fin du sicle avec des consquenceslargement imprvisibles. RCP4.5 et RCP6.0sont des scnarios intermdiaires.

    http://leclimatchange.fr8

    Isabella Annesi-Maesano : unit 1136Inserm Universit Pierre-et-Marie-Curie,quipe EPAR

    BERTRANDGUAY/AFP

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    chronique obstructive (BPCO), une inflammationchronique et une obstruction progressive des bronchescause par linhalation de particules toxiques. Enfin, lesmoisissures produisent des mycotoxines, ces toxinesdorigine fongique, qui, si inhales, peuvent tre res-ponsables daffection des voies respiratoires.Lair que nous respirons est donc lui aussi affect parle changement climatique, jusqu modifier la compo-sition et les proprits de latmosphre, aggravant lapollution dj prsente. La hausse des tempratures

    et du rayonnement UV via lensoleillement acclrenotamment les transformations photochimiques commecelles donnant naissance lozone (voir schma), pr-cise Jean-Franois Doussin , chercheur du CNRS auLaboratoire interuniversitaire des systmes atmosph-riques (LISA) et professeur de chimie atmosphrique luniversit Paris-Est Crteil.

    Les tempratures leves accroissentaussi lvaporation dans la basseatmosphre de solvants comme lescarburants et dautres compossorganiques volatiles (COV), parfois

    dorigine vgtale qui sont, dunepart, des composs prcurseurs de lapollution lozone (O3) et qui, dautrepart, favorisent la formation de par-ticules fines (ou PM pour ParticulateMatter en anglais). Les canicules,caractrises par un fort ensoleille-ment, une temprature leve et desvents faibles, sont donc particulire-ment propices la formation de cespolluants et, donc, de pics de pollu-tion. Ainsi, en 2003, il sest form unnuage dO3qui recouvrait une grande

    partie de lEurope occidentale. Cettepol lut ion tait indite en termesdintensit et de rpartition spatiale,analyse Jean-Franois Doussin. Or,

    ce compos de loxygne qui nous protge des UVdans la stratosphre en formant la couche dozone esttoxique aux basses altitudes. Son pouvoir oxydant etinflammatoire affecte directement la fonction respi-ratoire en provoquant irritations du nez et de la gorge,toux, essoufflements et gne respiratoire. La pollution lozone contribue ainsi exacerber les symptmes desmaladies respiratoires (asthme, allergies, BPCO...) et faciliter le dveloppement dinfections. Les troublescardiovasculaires sont galement aggravs, en raison

    dune fonction respiratoire amoindrie et, donc, dunapport en oxygne plus faible.

    Des particules fines toxiquesQuant aux PM, outre celles qui sont mises directementpar les activits humaines comme les moteurs diesel,certaines rsultent de loxydation des COV dans latmos-phre. De nombreuses fonctions chimiques se greffentalors sur ces composs qui deviennent de moins en moinsvolatils et finissent par se condenser en particules, ex-plique Jean-Franois Doussin. Par ailleurs, laugmenta-tion des tempratures favorise les scheresses et les feux defort qui engendrent nombre darosols dans latmosph