service science et technologie royaume-uni science

48
Royaume-Uni Science & Technologie au Ambassade de France au Royaume-Uni N° 67 Janvier - Février 2013 Service Science et Technologie Amélioration humaine sur le lieu de travail Également : Rapport d’impact des conseils de recherche

Upload: others

Post on 03-Oct-2021

3 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Royaume-UniScience & Technologie au

Ambassade de France au Royaume-Uni N° 67

Janvier - Février 2013

Service Science et Technologie

Amélioration humaine sur le lieu de travail

Également : Rapport d’impact des conseils de recherche

Page 2: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 2 2

Politique scientifique, innovation, universités

Rapports d’impact des conseils de rechercheCréation d’un pôle de recherche sur la catalyseAteliers de travail pour le soutien à l’innovation

Pr. Michael Arthur : Nouveau Provost de University College LondonNouveau directeur général pour la connaissance et l’innovation

Sciences de la vie & santé

Enquête sur la perception publique de l’utilisation d’animaux pour la recherche scientifique

Sciences physiques & de la matière

Avancées mathématiques dans le domaine de la téléportationLa recherche en mathématiques au Royaume-Uni

Énergie & environnement

De nouveaux encouragements pour les énergies marines

Sciences de l’ingénieur & transports

Des fenêtres teintées en guise de panneaux solairesUn réseau de points de charge de véhicules électriques en Écosse

Technologies de l’information et de la communication

Raspberry Pi : une étape vers la démocratisation du data scientist ?Cyber-politique britannique et sécurité

BETT SHOW : les technologies dans l’éducation

1222232424

26

2829

32

3536

394042

DossiersAmélioration humaine sur le lieu de travail page 4

Sommaire

Page 3: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013

É d i t o r i a l

3

par Cyrille Van Effenterre, Conseiller pour la science et la technologie

Not bad, Sir John!

Après 5 ans de bons et loyaux services comme Government Chief Scientific Adviser (GCSA), Sir John Beddington s’apprête à passer la main à son successeur, Sir Mark Walport. C’est l’occasion pour lui de faire le bilan de son mandat, et pour la communauté scientifique bri-tannique de rendre hommage à son action à ce poste délicat. La tâche essentielle du GCSA, qui rapporte directement au Cabinet Secretary et au premier ministre, est de mobiliser les ressources et l’expertise du monde académique afin d’apporter au gouvernement des avis scientifiques sur les politiques publiques, et de le conseiller en particulier dans la gestion de crise. Nommé par le gouvernement, il est vu comme une personnalité indépendante, et ses avis ne sont que consultatifs.

Au plan organisationnel d’abord, l’action de Sir John s’est traduite par plusieurs résultats concrets : d’abord, un réseau maintenant complet de Chief Scientific Advisers dans chaque département ministériel, qui se réunit chaque semaine, ensuite, la constitution d’un groupe dit Government Science and Engineers, qui est constitué de fonctionnaires identifiés comme scientifiques, et qui compte actuellement plus de 3 500 membres incluant plus de 700 do-maines d’expertise, et enfin, une légitimité renforcée du Government Office for Science (GO Science).

Au plan opérationnel ensuite, l’action du GCSA se focalise principalement sur la prospec-tive, la prévention, la prévision et le conseil à la gestion des crises :• en matière de prospective, le monde va, selon Sir John, avoir à faire face dans les

années à venir à de très grands défis : l’augmentation certaine de la population mon-diale, son vieillissement, l’urbanisation généralisée, la limitation des ressources na-turelles, notamment énergétiques, et le caractère quasi irréversible du changement climatique, avec ce que cela signifie comme pression sur l’environnement, sur les res-sources en eau, sur la production agricole, sur les crises humanitaires, sur les migra-tions de population, etc. ;

• la référence en matière de prévention est le National Risk Register, document officiel et public qui répertorie l’ensemble des risques majeurs prévisibles en cherchant à qualifier d’une part leur probabilité, et d’autre part leur impact. Cet inventaire va des actions de terrorisme aux tempêtes solaires, en passant par les risques naturels, les pandémies, et Sir John Beddington a souligné qu’une partie significative de ces risques est liée de manière directe ou indirecte au climat. Il a insisté sur la réalité des faits en matière de changement climatique et sur son impact en matière de risques ;

• s’agissant de la gestion des crises, c’est le Scientific Advisory Group for Emergencies (SAGE) qui fournit l’expertise scientifique au gouvernement. Sir John Beddington a souligné qu’au cours de son mandat, il avait dû répondre à des crises ponctuelles aussi diverses que l’épidémie de grippe H1N1, l’éruption du volcan islandais, la question de l’élimination des blaireaux, et l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima !

Ce dispositif joue enfin un rôle en matière de communication et de vulgarisation scienti-fique, en promouvant la place de la science dans la société et dans la décision publique, en contribuant à la diffusion d’information en direction des centres de pouvoir et d’influence, et en participant à l’animation des débats publics autour des grandes questions sociétales (la recherche sur les cellules souches, sur les nanotechnologies, etc.).

Les quelques critiques qui ont pu être émises sur l’action de Sir John portent sur la poli-tique : non pas sur son appartenance partisane (nommé par Tony Blair, il a servi sous Gordon Brown et David Cameron) mais plutôt sur l’articulation entre les avis scientifiques et la déci-sion politique. On lui reproche sa relative discrétion autour des décisions gouvernementales de réorganisation des services (fermeture du service médico-légal, réforme des services de métrologie, affaiblissement des services de sécurité alimentaire, etc.). Certains font surtout à ce dispositif le procès d’une instrumentalisation de la science par le politique, celui-ci pou-vant être effectivement tenté d’exciper d’avis scientifiques quand ils vont dans le bon sens, et de ne pas les suivre (destruction des blaireaux, risques liés au cannabis, etc.) quand ils vont à l’encontre de ses convictions ou de ses intérêts.

L’indépendance de ces experts et la transparence de leurs avis sont donc clairement les clefs de la crédibilité de ce dispositif. Good luck, Sir Mark !

Science & Technologie au Royaume-UniJournal d’information du Service pour la Science et la Technologie de l’ambassade de France à LondresISSN 2042-7719

Janvier-Février 2013Numéro 67

Directeur de la publication et rédacteur en chefCyrille Van EffenterreResponsable de la publicationEliette Riera

Équipe rédactionnelle

Dossier du moisClaire MouchotPolitique scientifique, innovation, universitésEliette RieraMaggy HeintzClaire MouchotSciences de la vie & santéClaire MouchotSciences physiques & de la matièreMaggy HeintzÉnergie & environnementEliette RieraSciences de l’ingénieur & transportsEliette RieraTechnologies de l’information et de la communicationOlivier de Montalembert

En couvertureProchaine génération d’exosquelette (HULC) à partir de robotique avancée, conçu pour accroître la force et l’endurance des soldats et réduire les risques de blessuresCrédits : Lockheed Martin, http://www.lockheed-martin.com

Pages 2, 4« Cyber girl »Crédits : Flickr, Webwizard, CC 3.0, BY-NC

Nous contacterService Science et TechnologieAmbassade de France au Royaume-Uni6 Cromwell PlaceLondresSW7 2JNTéléphone : (44) 207 073 13 80Télécopie : (44) 207 073 13 [email protected]

Pour recevoir la version électroniquewww.bulletins-electroniques.com/

Taux de change de la livre le 07/03/20131 GBP = 1,50 USD1 GBP = 1,15 EUR

www.ambascience.co.uk

Page 4: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 20134

D o s s i e r

Introduction

Un atelier, organisé par l’Academy of Medical Sciences, la Royal Society, la Royal Academy of Engineering et la British Academy, s’est tenu le 7 mars 2012 pour lancer une réflexion large et stimuler un débat sur les conséquences que pour-raient avoir, sur le lieu de travail, l’utilisation de technologies visant à améliorer les capacités physiques et cognitives de l’être humain. Les parties prenantes représentaient les pou-voirs publics, des experts de l’ensemble du domaine scienti-fique (sciences de l’ingénieur, sciences biomédicales, sociales ou humaines, informatique, biotechnologies) et des indus- triels. Le rapport publié à la suite de cet atelier inclut un aper-çu (non exhaustif) des technologies d’améliorations qui pour-raient avoir un impact sur la manière d’aborder le travail, ainsi que les opportunités et défis qui leur sont associés. Parmi les messages clés soulevés eu égard aux conséquences possibles de ces technologies d’amélioration humaine, notons par exem- ple : • les changements s’opérant dans l’approche et la vision de

ce qu’est le travail ;• la distinction délicate qui existe entre l’amélioration et la

restauration des capacités des individus ;• la nécessité de données empiriques et de dialogue servant

à guider les décisions politiques et réglementaires ;• la disponibilité, l’entrée sur les marchés et les opportuni-

tés économiques de ces technologies qui dépendront en grande partie de leur coût ;

• la compétitivité internationale qui sera importante en termes d’adoption (ou non).

Ce rapport définit les techniques d’amélioration humaine comme les efforts menés ayant pour dessein de restaurer ou d’améliorer la performance humaine cognitive et physique (mémoire, audition, mobilité), avec pour objectif de dépasser les limites actuelles du corps humain et par conséquent « la norme ». Ce dépassement et les implications qu’il engen-dre sont ici considérés de manière individuelle ou collec-tive. Le développement et l’utilisation de ces technologies d’améliorations soulèvent des questions d’ordre politique, scientifique, d’ingénierie, éthique, économique et réglemen-taire.

Il existe aujourd’hui au Royaume-Uni 10 millions de per-sonnes âgées de 65 ans et plus, un chiffre qui devrait doubler d’ici 2050. Par ailleurs, il existe 10 millions de personnes at-teintes d’un handicap, parmi lesquelles 50 % entrent dans la catégorie de la population active. La manière d’appréhender le travail, déjà modifiée par le contexte économique et social, pourrait être bouleversée à l’avenir en raison des change-ments démographiques. Ces changements pourraient être accentués par l’utilisation des technologies d’amélioration et conduire à :• une population active multi-générationnelle capable de

travailler même malade ou handicapée ;• une flexibilité du travail en termes d’horaires et de lieux ;• une évolution de la nature du travail en termes de compé-

tences ;• en termes économiques, une augmentation de la compéti-

tion internationale et une évolution de la forme et de la structure des organisations ;

Les progrès en neurosciences, en médecine régénérative et dans les technologies bioniques sont déjà présents dans le secteur de la santé pour restaurer des fonctions physiques et cognitives di-minuées ou absentes, et aider les personnes atteintes de handicap ou d’un âge avancé à réintégrer, ou rester, dans la vie active. De plus en plus, les applications émanant de ces progrès vont au-delà de la fonction de restauration et leurs objectifs deviennent d’améliorer ces fonctions et capacités chez des personnes en bonne santé physique et mentale.

Amélioration humaine sur le lieu de travail

Doss ier

Page 5: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 5

D o s s i e r

• un rôle du travail qui reste vu comme une source de bien-être.

Les auteurs soulignent que l’utilisation du terme « tech-nologies d’amélioration » ne réfère pas à une opinion consen-suelle selon laquelle l’être humain peut être perfectionné, ni qu’elles sont forcément un succès. À noter également que la définition exclut l’amélioration de l’environnement et reste focalisée sur l’amélioration de l’individu.

Pour une simplification de la lecture, le terme « technolo-gies » utilisé dans ce dossier couvre à la fois des technolo-gies d’ingénierie, des appareils d’assistance à l’individu et des produits pharmacologiques (médicaments ou nootrope, substances augmentant les capacités cognitives). Les propos rapportés ne représentent pas forcément ceux des sociétés savantes, ni ceux de l’Ambassade de France au Royaume-Uni.

1. L’amélioration des fonctions cognitives

L’éducation et l’exercice physique, méthodes d’amélioration cognitive reconnues, ne seront pas considérés dans ce rap-port. Seules seront mentionnées les approches émergentes visant à l’amélioration, la maintenance et l’apprentissage cog-nitif, la stimulation du cerveau à l’aide de méthodes non inva-sives et la cognition collective.

1.1 L’amélioration des fonctions cognitives en déclin

Les recherches scientifiques se focalisent sur le déve- loppement de tests de diagnostic précoce et sur l’efficacité des médicaments spécifiques visant à retarder ou stopper le déclin des fonctions cognitives. Ces médicaments pourraient améliorer les facultés mentales telles que la mémoire et la concentration chez des personnes en bonne santé et leur per-mettre ainsi de travailler de manière plus efficace et sur de plus longues périodes.

1.2 Le maintien des fonctions cognitives

Le déclin des fonctions cognitives est corrélé positivement à l’âge. Ceci est illustré par le nombre de personnes atteintes de démence : 820 000 aujourd’hui, un chiffre qui devrait doubler d’ici 30 ans. Les médicaments actuels ciblent les symptômes et cherchent à retarder de déclin des fonctions cognitives. Or certains experts estiment que pour que ce chiffre diminue, il faudrait mettre au point des traitements protecteurs, admi- nistrés en amont de l’apparition des symptômes (la période de latence pouvant être de 10 à 20 ans). Pour cela, il sera nécessaire de mieux comprendre les bases scientifiques fon-damentales de la neuro-dégénérescence et les facteurs de risque (génétiques et environnementaux).

En parallèle des médicaments mis au point pour ces mala-dies neurodégénératives liées à l’âge, d’autres visent à traiter les pathologies neuropsychiatriques. En effet, on observe que ce sont souvent des fonctions cognitives amoindries qui empêchent les individus atteints de dépression ou de schi- zophrénie de retrouver une vie active, et non la pathologie elle-même. À noter que le coût de ces maladies, incluant le manque à gagner en termes de salaires et perte de produc-tivité, se monte à près de 90 Md£ au Royaume-Uni.

1.3 Le renforcement des fonctions cognitives des personnes en bonne santé

Deux approches sont aujourd’hui sur le devant de la scène en matière de renforcement des fonctions cognitives chez les personnes en bonne santé.

L’une correspond à la conception de logiciels informa-tiques d’apprentissage et à leur utilisation ludique. Cette con-ception est elle-même informée par les connaissances scien tifiques des voies neuronales de signalisation responsables de l’apprentissage. L’autre approche est pharmacologique. De plus en plus de personnes en bonne santé utilisent des produits tels que le méthylphénidate (Ritaline, améliore l’efficacité du réseau préfrontal cortical) et le Modafinil (Modi-odal ou Provigil, améliore les capacités de planification, la mo-tivation et le plaisir à mener des tâches cognitives, et réduit les comportements impulsifs chez des personnes en manque de sommeil). Ces composés sont aussi utilisés pour contrer les effets du décalage horaire ou augmenter la productivité.

Aujourd’hui, 16 % de la population étudiante aux États-Unis utilise l’un ou l’autre de ces composés et les prescriptions ont presque doublé au Royaume-Uni, passant de 220 000 en 1998 à 420 000 en 2004. Malgré cela, une étude menée par la Royal Society en 2011 concluait que l’éducation reste le meil-leur moyen d’améliorer et d’amplifier les fonctions cognitives, même si les effets sur la créativité restent peu clairs. Dans tous les cas, cette approche pharmacologique représente un domaine significatif d’investissement pour l’industrie phar-maceutique.

1.4 La stimulation directe du cerveau

1.4.1 Des méthodes non invasivesSi la stimulation du cerveau à l’aide d’électrodes profondes

induit un soulagement efficace des symptômes chez certains patients atteints de la maladie de Parkinson, cette méthode reste très invasive. D’autres techniques, telles que des stimu-lations transcrâniennes magnétiques et électriques, présen-tent l’avantage d’offrir des améliorations dans plusieurs champs d’activités, maison, travail, clinique, etc. Bon marché, portable, sans douleur, et sans effets secondaires associés connus, elles semblent de plus avoir des effets bénéfiques de longue durée (6 à 12 mois après traitement). Ces techniques permettent par ailleurs non seulement de stimuler, mais aus-si d’observer et de contrôler certaines fonctions cérébrales grâce au retour d’information neuronal immédiat qu’il fournit (neurofeedback).

1.4.2 Des méthodes d’entraînementLes études actuelles montrent que l’entraînement conduit

à des changements cognitifs et physiologiques dans le cer-veau. Parmi les méthodes d’entraînement, les technologies numériques présentent trois caractéristiques intéressantes pour la formation cognitive : elles présentent une grande capacité d’adaptation, elles sont réactives en ce qu’elles of-frent un retour d’information immédiat et elles peuvent être répétées sans fin. Deux types d’initiatives tentent d’améliorer l’entraînement du cerveau à des tâches données.

Page 6: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 20136

D o s s i e r

La première implique des logiciels commerciaux ciblant plu-sieurs facultés mentales simultanément (mémoire, contrôle exécutif et compétences visuelles-motrices) chez tout type d’individu. Il n’existe cependant pas de données concernant la transférabilité des améliorations ciblées par les logiciels, alors que des études récentes montrent que les tâches apprises à l’aide de jeux vidéo sont transférables dans d’autres contextes de vie. Ces jeux vidéo pourraient présenter des applications importantes dans le cadre de compétences liées au travail (par exemple pour des chirurgiens ou des pilotes de l’armée). De manière intéressante, la dépendance aux jeux vidéo est liée à la stimulation du système dopaminergique, impliqué dans la plasticité, l’apprentissage et la récompense.

La deuxième touche à la science de l’apprentissage qui cherche à améliorer les méthodes d’entraînement en tant que telles. Cette initiative regroupe les champs disciplinaires de la psychologie, des neurosciences, de l’éducation et de l’utilisation d’appareils permettant un retour d’information itératif.

1.5 L’amélioration de la cognition collective

Bien que l’amélioration humaine soit généralement un terme lié à l’individu, il peut être considéré dans le cadre de la cognition collective. Par exemple, la loi de Moore indique que le nombre de transistors placés dans les microproces-seurs double tous les 18 à 24 mois. Ces progrès réguliers, constants et prévisibles permettent le développement d’un nouveau type d’intelligence augmentée qui réunit d’une part les systèmes de soutien à la prise de décision, et, d’autre part, l’informatique ambiante. Ce type d’amélioration aide à résoudre des problèmes individuels et collectifs : notons par exemple le développement des moteurs de recherche sur In-ternet, fortement amélioré par l’introduction de PageRank, l’algorithme qui assigne une importance donnée aux pages Web sur la base des connexions que les utilisateurs font en-tre elles. Un des résultats de cet algorithme fut la création de Google.

Ce type d’intelligence collective présente l’avantage d’avoir une résilience forte face à une attaque ou à la désinforma-

tion, les informations étant en mode ouvert et pouvant être modifiées par tous, et fait partie de la vie de tous les jours. À l’avenir, on estime que ce sont les liens étroits entre l’informatique traditionnelle et l’informatique d’ordre social qui permettront d’exploiter les problèmes complexes et amé-lioreront l’intelligence collective (Fig. 1).

2. L’amélioration des fonctions physiques

Les études sur la modification des lignées germinales (à l’origine des ovules et spermatozoïdes) ont été exclues des discussions au cours de l’atelier car pour des raisons tech-niques et éthiques, il est peu probable que ces recherches of-frent des applications concrètes dans les 10 ans à venir.

2.1 L’amélioration des fonctions sensorielles

Les axes de recherche importants en raison notamment du nombre croissant de personnes âgées touchées par le déclin des fonctions sensorielles s’intéressent à restaurer ces fonc-tions perdues et à retarder les processus de dégénérescence. Il est cependant difficile d’établir une frontière nette entre restauration et amélioration.

2.1.1L’auditionUne perte d’audition de 25 déci-

bels touche environ 16 % de la popu-lation totale, mais 37 % et 60 % des personnes âgées entre 61/70 ans et entre 71/80 ans, respectivement. Outre les appareils auditifs existant de longue date, des systèmes de radio pourraient pallier la perte au-ditive : les sons seraient transmis directement dans l’oreille du rece-veur, réduisant ainsi le bruit ambiant et les problèmes de réverbération. Par ailleurs, des études cherchant à permettre la régénération des cel-lules ciliées dans l’oreille (agissant comme détecteurs et amplificateurs de sons) sont en cours.

2.1.2 La visionLes causes de malvoyance ou cécité

proviennent dans 50 % des cas de la dé-génération maculaire liée à l’âge. Bien que des traitements lourds montrent quelques promesses, les recherches actuelles tentent de développer des méthodes plus simples et radicales : i) implants rétinaux (pas vraiment au point et limités car permettant de n’identifier que des formes lumineuses simples sur fond noir), ii) thérapie gé-nique à l’aide de vecteurs viraux (au point chez la souris, mais applications encore limitées et techniques difficiles et coûteuses), iii) remplacement cellu-laire ou greffe de cellules photo-récep-trices précurseurs venant s’intégrer au reste de la rétine (prometteur).

Fig. 1 : La complexité informatique indique les ressources nécessaires à toute analyse Source : http://bit.ly/U8hO5u, p21

Madame de Meuronet et son cornet acoustique

traditionnel Source : http://

en.wikipedia.org/wiki/Louise_Elisabeth_de_

Meuron (domaine public)

Page 7: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 7

D o s s i e r

Ces techniques pourraient tout aussi bien améliorer la vi-sion de personnes bien voyantes, par exemple en incluant les longueurs d’onde des infrarouges dans la gamme de lumière visible à l’œil nu. Les applications incluent l’armée, les gar- diens de nuit, etc.

2.2 L’amélioration de la mobilité

Les personnes touchées par un handicap lié aux membres supérieurs ou inférieurs sont souvent sans emploi. L’existence d’exosquelettes ou de mem-bres bioniques pourrait aider certains de ces individus à retourner dans la vie active. Il reste cependant plusieurs défis eu égard à la complexité de la fonction-nalité des membres humains. Les trois grands défis sont répertoriés ci-dessous.

2.2.1 Les limites des systèmes de contrôleEn raison du degré élevé de rejet des membres artificiels,

les nouvelles technologies pourraient (à long terme) pren-dre en compte et accélérer les algorithmes de contrôle en se fondant notamment sur des signaux physiologiques. Ceci permettrait d’améliorer les fonctions de contrôle de ces mem-bres artificiels qui aujourd’hui présentent encore des limites importantes : • les signaux électriques physiologiques sont influencés par

de nombreux facteurs externes, créant parfois un contrôle inadéquat entre l’intention et l’action menée ;

• l’action ne démarre que lorsque le signal électrique dé-passe un seuil donné, créant un retard important après l’intention ;

• il n’existe pas de retour d’information immédiat, le con-trôle nécessitant un contact visuel – puis un ajustement - de l’utilisateur et conduisant à des actions lentes et labo-rieuses ;

• les degrés de dextérité des ces membres artificiels sont en-core faibles.

2.2.2Leslimitesdel’efficacitéénergétiquedessystèmesContrairement à l’articulation de la cheville qui permet

le stockage puis la libération d’énergie nécessaire à chaque foulée, aucune énergie n’est produite ou libérée par les pro-thèses aujourd’hui sur le marché pour les personnes ampu-tées au-dessus ou au-dessous du genou. Par conséquent, la foulée de ces personnes est en moyenne 20 % plus faible en énergie que celle d’une personne ayant ses deux jambes. Les études portent sur l’utilisation de ressorts et de systèmes d’embrayage pour stocker l’énergie qui pourrait alors être utilisée au moment où le pied pousse sur le sol pour engager la jambe vers le haut et vers l’avant.

2.2.3Lesdifficultésd’utilisationdessystèmesexistantsPlusieurs difficultés ont largement limité l’utilisation

d’appareils d’assistance à la mobilité. Un bon exemple est ce-lui impliquant la stimulation électrique pour faire remonter le coup de pied lorsque celui-ci quitte le sol à chaque foulée. Les personnes ayant subi un accident cérébro-vasculaire font fréquemment face à ce problème, le coup de pied restant orien-

té vers le bas. Ceci demande alors une énergie accrue et rend la marche plus difficile. Des systèmes de contrôle exis- tent pour corriger ce problème, composés d’électrodes devant être placées en un point critique sur le pied. Cependant, si le point en question n’est pas retrouvé, les effets peuvent être encore plus débilitant (le pied partant sur le côté ou tombant encore plus bas, par exemple). En conclusion, des approches pluridisciplinaires sont indispensables et le développement de tout appareil d’assistance à la mobilité doit se faire en col-laboration avec les utilisateurs.

2.3 La physiologie et l’ingénierie des tissus

Les études en ingénierie des tissus se focalisent sur la ré-génération et non l’amélioration de la performance, et les ob-jectifs de ces études ont été revus à la baisse ces dernières années : il ne s’agit plus de reconstruire un organe dans sa totalité mais de réparer les sites précis de certains organes touchés, par exemple dans le cœur (valves, myocarde, etc.). Ainsi, certaines recherches sont assez avancées pour voir ar-river les premiers essais cliniques chez l’Homme. Ces études reposent sur l’utilisation de scaffold(ou « échafaudage cellu-laire » qui se résorbe lorsque le tissu en croissance est arrivé à maturité) qui facilite l’intégration du tissu nouvellement créé au sein de l’organisme du receveur. Or ceux-ci pourraient ne plus être indispensables dans les 10 ans à venir, auquel cas un tissu pourra être créé par anticipation, puis stocké jusqu’à ce que la personne en ai besoin. D’autres études cherchent à développer des méthodes d’« impression » de cellules et de polymères en trois dimensions pour recréer un organe.

D’autres options correspondent au remplacement de cer-tains organes par des appareils électroniques. Un exemple est celui des pompes artificielles utilisées pour faire fonction-ner un cœur défaillant. Si les technologies sont aujourd’hui presqu’aussi efficaces qu’un cœur transplanté (en termes de survie des patients), d’autres problèmes surviennent, notam-ment ceux des besoins énergétiques de telles pompes et des risques infectieux car elles sont externes à l’organisme. De plus, les coûts sont extrêmement élevés.

2.4 La nutrition et l’amélioration de la performance

En raison de l’illégalité des pro-duits d’amélioration de la perfor-mance et des limites que présen-tent les méthodes d’entraînement, le sport est l’un des domaines qui intègre très tôt les nouveaux dével-oppements nutritionnels, afin de donner un avantage compétitif aux athlètes. Les approches nutrition-nelles qui ciblent l’augmentation de la musculature, modifient l’expression des gènes spécifiques ou améliorent l’efficacité des mitochondries (fournissant l’énergie à la cellule pour son bon fonctionnement), utilisées chez les sportifs, pourraient être utilisées chez des personnes âgées dont la musculature fond, présentant une atrophie des muscles ou une insuffi-sance respiratoire et/ou cardiaque, respectivement.

Page 8: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 20138

D o s s i e r

2.5 L’amélioration cosmétique

Bien qu’en marge de ce rapport, les auteurs soulignent que la cosmétique est l’un des domaines les plus établis en termes d’amélioration physique, restauratrice ou « au-delà du nor-mal » : rajeunir, tendre vers des lignes corporelles « idéales » correspondant aux tendances du moment (par chirurgie ou utilisation de stéroïdes), etc. Les techniques évoluant sans cesse, il sera de plus en plus difficile de différencier entre les améliorations cosmétiques ayant recours à la chirurgie ou aux produits de beauté.

3. La commercialisation

Le niveau de développement de toute nouvelle techno- logie dépend d’investissements viables, et son essor com-mercial de sa valeur ajoutée dans un marché existant ou de l’innovation qu’elle présente qui pourrait pousser à la créa-tion d’un nouveau marché. La question du retour sur inves-tissement est également un facteur clé. Les technologies d’amélioration des capacités humaines, dans le contexte de l’emploi, devront également satisfaire les employeurs et em-ployés, et les syndicats.

Ces technologies (pharmacologiques, ingénierie, infor-matique, etc.) présentent des caractéristiques distinctes et correspondent de ce fait à plusieurs marchés, incluant celui de la santé. Il existe donc des opportunités différentes selon les technologies : les technologies pharmacologiques en-trent dans le marché de la santé, souvent limité par des con-traintes importantes de réglementation ce qui augmente les risques d’échec ; les appareils médicaux sont en règle géné-rale soumis à des réglementations moins lourdes et présen-tent des risques inférieurs ; quant aux autres marchés dans lesquels entrent les technologies telles que les jeux vidéos, les bas coûts et l’absence d’ajustements individuels en font des technologies a fort potentiels.

L’établissement du prix sur le marché est aussi un facteur clé pour l’essor de nouvelles technologies, en particulier ce-lui de la santé. En effet, si le passage à l’échelle de certaines technologies est aisé (par exemple les appareils auditifs), il est probable que leur prix soit abordable. En revanche, lorsque la technologie nécessite une adaptation individuelle (par exem-ple les exoquelettes), son prix reste élevé et il est donc crucial que des subventions soient envisagées si les pouvoirs publics souhaitent voir son entrée sur le marché.

Pour optimiser l’évaluation et la réponse aux opportunités et les défis qui se présentent, les participants à l’atelier ont conclu qu’il serait avantageux d’établir une « carte du marché de l’amélioration humaine des facultés physiques et cogni-tives ». Celle-ci devrait inclure les informations suivantes sur les technologies en développement :• proximité/éloignement du marché ;• considérations réglementaires ;• coût du développement et prix du marché ;• identification des utilisateurs et des applications poten-

tielles ;• retour sur investissement.

Pour finir, les technologies en développement ne doivent pas faire l’objet de battage médiatique inconsidéré et irres- ponsable, aussi bien en termes de durée de mise sur le mar-ché que des potentialités offertes en tant que telles. Ce type d’action médiatique peut avoir l’effet inverse sur le succès de futures technologies. Il est donc crucial de distinguer entre la spéculation du marché et la réalité. Selon le professeur Nick Rose, directeur du Department of Social Science, Health and Medicine à King’s College London, l’utilisation même du terme « amélioration humaine » rend compte d’une culture de sur-promotion.

4. Les implications potentielles à venir pour le secteur de l’emploi

Ces technologies pourraient présenter à l’avenir de nom-breuses applications dans le secteur de l’emploi, bénéficiant à la fois l’employeur et l’employé. Comme toute technologie perturbatrice, elles seront probablement complexes, impré-visibles et pourraient diviser l’opinion publique.

4.1 Les technologies d’amélioration et l’emploi

Les technologies d’améliorations présentent des caractéris-tiques distinctes et à ce titre des facteurs limitant différents qui doivent être identifiés et ciblés de manière spécifique. Elles devront être déployées différemment pour répondre à la tâche qui leur est assignée et pour correspondre aux besoins de l’utilisateur et améliorer sa performance. Elles pourraient influencer l’individu dans le cadre de son travail pour :• l’apprentissage d’une tâche indispensable ;• l’exécution de cette tâche (chirurgie, contrôle aérien, chauf-

feur de cars) ;• le choix de la profession ;• la motivation à exécuter cette tâche ;• la réduction du stress, physique et cognitif, lié au travail et

par conséquent l’amélioration de la sûreté ;• l’aide au retour à la vie active après un arrêt maladie par

exemple.

Au plan collectif, si les entreprises voient un bénéfice en matière de productivité globale, il existe des risques réels que cette dernière, accrue grâce à l’utilisation de ces technologies, ne devienne le nouveau seuil de référence et la norme. Ces technologies deviendront-elles alors une obligation morale ? Seront-elles expressément demandées par le grand public ?

L’utilisation des technologies dans la pratiqueLes bénéfices potentiels pour les employés incluent la pos-

sibilité de travailler à un âge avancé, et/ou d’équilibrer de manière individuelle les temps de travail et de loisir. Du côté des employeurs, le climat économique poussant à la compé-titivité pourrait encourager une « course à l’amélioration ». À noter cependant que tout ceci ne se produira que dans l’éventualité où les coûts d’équipement associés à ces techno- logies d’amélioration sont inférieurs à l’embauche de person-nels supplémentaires exécutant le même travail. Par ailleurs, pour avoir du succès, ces technologies devront répondre aux attentes des utilisateurs, sous peine d’être inusitées. À ce ti-tre, il est de la responsabilité des employeurs d’évaluer quel

Page 9: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 9

D o s s i e r

type de technologie sera nécessaire, cela étant fonction de la nature du travail et des objectifs d’amélioration.

Les experts prédisent qu’au cours des prochaines dé-cennies, chaque technologie n’offrira qu’un faible degré d’amélioration pour une tâche et une durée déterminées, et qu’il reste plusieurs inconnues. Notamment, il se pourrait que la modification d’une faculté chez un individu conduise à un effet de compensation et à la modification d’une autre facul-té. Par ailleurs, la perspective psycho-sociale individuelle est primordiale car c’est l’interaction de l’individu avec la tech-nologie plutôt que la technologie elle-même qui permettra d’optimiser la technologie et d’améliorer l’individu.

Enfin, dans la pratique, il faudra s’assurer que ces technolo-gies d’amélioration des capacités humaines soient utilisées à des fins d’harmonisation et de confort du travail pour les em-ployés (aménagement de l’environnement de travail), plutôt qu’à des fins de productivité accrue (faire de l’employé une simple composante au sein d’un système et d’un environne-ment non adaptés). Le meilleur moyen d’adoption optimale de ces technologies sera d’impliquer les employés dans la prise de décisions concernant leur utilisation.

4.2 Comprendre les dangers potentiels

Si certains dangers proviennent d’effets secondaires (prise de stéroïdes anabolisants par exemple), d’autres dérivent de risques de mauvais fonctionnement (par exemple les exo- squelettes) ou encore de la vulnérabilité aux virus informa-tiques, en particulier dans le secteur de l’informatique am- biant.

D’autres types de risques sont difficiles à évaluer, notam-ment ceux pouvant survenir après utilisation à long terme de produits pharmacologiques d’amélioration des capaci-tés cognitives chez des individus en bonne santé (par exem-ple le Modafinil est aujourd’hui de plus en plus prescrit, aux États-Unis, aux employés par équipes faisant les trois-huit). De plus, ces produits sont facilement accessibles en ligne et les risques peuvent inclure une date de péremption passée, la prise simultanée de produits ayant des interactions phar-macologiques néfastes, la dépendance, etc. Enfin, parmi les produits pharmacologiques venant renforcer les capacités de mémoire, il existe un risque inconnu que chez certaines per-sonnes, la fonction de répression des souvenirs soit inhibée.

Les auteurs de ce rapport ont également évalué des études concernant l’utilisation des smart drugs (nootropes). De manière intéressante, des études distinctes ont montré des ré-sultats plutôt contradictoires, qui semblent dépendre du type de personnes inclues dans les échantillons étudiés. Dans les échantillons constitués de nombreux étudiants (nécessitant une intense concentration sur de courtes périodes de temps notamment au moment des examens), les individus sont de fréquents utilisateurs de nootropes, résultats en contradic-tion avec ceux (préliminaires) d’une enquête suggérant que peu d’étudiants ont consommé des nootropes ou en connais-sent même l’existence. Il semble donc important d’identifier les facteurs influençant la perception du public concernant ces nouvelles technologies : inquiétudes éthiques, perception de ces inquiétudes par le public, moteurs sociaux ayant un

impact sur l’intégration de ces technologies dans la société, rôle du gouvernement et des agences permettant une prise de décision informée, impact sur la société, etc. Ce sont ces perceptions qui in fine régiront leur utilisation (ou non utilisa-tion).

Le niveau d’acceptation des nouvelles technologies d’amélioration de la performance humaine est double : ce-lui lié au concept d’amélioration en tant que tel, et celui lié à la prise de décision eu égard à l’utilisation de technologies spécifiques. L’évaluation de ces deux niveaux d’acceptation nécessitera de comprendre les attitudes envers ces technolo-gies et la manière avec laquelle elles varient entre différents groupes d’individus. Ces recherches seront cruciales pour fa-ciliter une meilleure sensibilisation du public, ou des publics, d’autant plus maintenant que l’intérêt des médias ne cesse de s’accroître.

4.3 Les questions d’équité, de contrainte et de handicap

4.3.1EquitéetimpartialitéL’amélioration des capacités cognitives pourrait théorique-

ment favoriser l’accès à l’emploi pour des individus dont les capacités étaient précédemment inférieures à la moyenne. En revanche, ceci ne sera observé dans la pratique que si les coûts d’équipement des technologies les plus onéreuses sont pris en charge par les pouvoirs publics (par exemple le National Health Service (NHS, Service de santé britannique) dans le secteur de la santé). Dans le cas contraire, seules les personnes aisées pourront y avoir accès. La prise en charge pour raisons économiques est cependant complexe, d’autant plus que les frontières sont de plus en plus floues entre ce qui relève du domaine de la santé pour des individus dans le besoin et ce qui relève du domaine de l’amélioration des capacités pour des personnes saines.

4.3.2 Contrainte et libertéAu plan individuel, la pression d’un groupe peut être suf-

fisante pour qu’une personne ne souhaitant pas utiliser ces technologies se sente forcée à le faire. Deux études séparées indiquent cette tendance : • dans l’une, publiée dans le périodique Nature, 86% des

personnes interrogées estimaient qu’aucun nootrope ne devrait être proposé à des enfants de moins de 16 ans ; parmi ces mêmes personnes, un tiers jugeait cependant qu’elles se sentiraient obligées d’en donner à leurs enfants si les autres enfants à l’école les prenaient ;

• une enquête menée en 2007 par l’Academy of Medi-cal Sciences a révélé une forte probabilité selon laquelle l’utilisation de nootropes par des adultes sains exacerbe-rait une culture déjà fortement compétitive.

Au plan collectif, le contexte de compétitivité économique et de mondialisation se prête à ce que les employés soient contraints à l’utilisation de telles substances nootropes pour accroître la productivité de l’entreprise. Mais la pression peut aussi prendre une forme selon laquelle les standards de productivité (par exemple chauffeurs de poids lourd, em-ployés travaillant sur des chantiers, etc.) se fondent sur celle atteinte par des employés utilisant ces substances. Ceux ne souhaitant pas les utiliser peuvent-ils rester dans la course ?

Page 10: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201310

D o s s i e r

Dans un avenir plus lointain, il se pourrait également que la pression s’exerce sur les individus devant utiliser les technolo-gies d’amélioration des facultés cognitives pour faire face aux développements technologiques.

4.3.3HandicapetnormalitéLes technologies citées dans ce rapport présentent des po-

tentiels importants pour faciliter le retour à la vie active des populations atteintes d’un handicap et souvent laissées sur la touche. Elles permettent par ailleurs de redéfinir le terme même de « normalité », qui prend un sens individuel et perd son sens collectif.

Au Royaume-Uni, la société et l’employeur sont légale-ment obligés de tenir compte et d’intégrer des personnes handicapées dans leurs effectifs. Si à l’avenir les technologies d’amélioration des capacités humaines donnent des avan-tages cognitifs à l’ensemble de la population, la société se-ra-t-elle, comme aujourd’hui envers le handicap, légalement obligée d’intégrer les personnes ne souhaitant pas utiliser ces technologies (et qui pourraient donc être considérées comme moins compétentes par rapport à celles les utilisant) ? Prenons l’exemple d’une personne âgée décidant de corriger l’abaissement de sa vue : est-ce considéré comme une restau-ration ou une amélioration (puisque la majorité des personnes au même âge subissent le même « handicap ») ? Le soutien des pouvoirs publics doit-il être maintenu ? Que deviennent les critères d’éligibilité à en termes de sécurité sociale ?

Ces technologies et leur utilisation par la majorité de la popu- lation soulèvent donc des questions importantes. La prise en considération du handicap a été radicalement transformée au Royaume-Uni au cours des 20 dernières années : considéré comme une question médicale, il est devenu une question so-cio-environnementale, accompagnée de politiques publiques adaptées telles que l’aménagement des voies ou transports publics, des aides spéciales au sein des écoles et universités, etc. Si ces technologies peuvent « réparer » ces handicaps, cela conduira-t-il à un « retour de manivelle » où la responsa-bilité repose à nouveau sur la personne handicapée qui doit alors s’adapter au monde environnant, plutôt que sur la meilleure manière d’adapter l’environnement aux handicaps existants ?

4.3.4ConséquencespourlesvaleurssociétalesLes valeurs sociétales attribuées aux compétences, ou aux

efforts et à la motivation liés à l’apprentissage pourraient être largement modifiées par l’utilisation des technologies d’amélioration des capacités cognitives. Les accomplisse-ments seront-ils alors dévalués ? D’autre part, quels seront leurs effets sur le sens identitaire de la personne et sur la perception du « moi », en particulier si les personnes utilisent plusieurs technologies ciblées simultanément ? Autant de questions auxquelles il n’est pour l’instant pas possible de répondre.

5. Implications politiques et réglemen- taires

5.1 Implications pour la politique générale

Le secteur de l’emploi est en évolution constante, tout comme le développement de nouvelles technologies.

Dans les deux cas, certains aspects sont prévisibles et d’autres non. Pour évaluer au mieux les technologies qui feront partie de la vie de tous les jours à l’avenir, il est donc nécessaire d’étudier et de comprendre le monde du travail, les divergences entre intérêts des employeurs et des employés, en particulier lors- que cela touche les aspects personnels de la vie. Trois aspects de politique pourraient influencer l’utilisation des technolo-gies d’amélioration de la performance humaine :• établissement du seuil (médical, social, professionnel, etc.)

à partir duquel l’utilisation de ces technologies pourrait être recommandée ;

• maintien de l’égalité entre éducation et utilisation des technologies d’amélioration des capacités cognitives ;

• aide à la mise en place des infrastructures de l’innovation, pour établir une réglementation juste et faciliter l’adoption des nouvelles technologies dans le secteur de la santé et des soins.

Les pouvoirs publics dialoguent avec des experts de tout le champ disciplinaire pour améliorer les prévisions de déve- loppement des technologies à court, moyen et parfois long terme, afin d’adapter au plus juste les prises de décision poli-tique, et évaluer i) le besoin de nouvelles mesures (réglemen-taires, fiscales, sociales, etc.) en marge du développement de ces technologies d’amélioration, ou ii) comment faire pour que le rapport coût/bénéfice de ces technologies soit équi-table entre les différents ministères (pour éviter notamment que l’ensemble des coûts ne soient supportés par le ministère de la santé) ?

5.2 La réglementation des technologies d’amélioration humaine sur le lieu de travail

La réglementation, par définition, fait suite à l’innovation. Elle est par conséquent, à l’image des réglementations anti-do-page, en décalage par rapport aux avancées technologiques, et est mise en place grâce à des interactions étroites entre des politiques privées et publiques. Ses objectifs sont de permet-tre et/ou favoriser l’acceptation et l’intégration de cette in-novation (nouvelles technologies ou nouveaux secteurs) dans le paysage social.

Dans le domaine d’intérêt de ce dossier, la révision de la réglementation doit tout d’abord déterminer si le secteur de l’emploi du travail nécessite une réglementation distinc-te des autres secteurs. Pour certains, le monde du travail ne devrait pas être considéré comme un secteur intrinsèque-ment compétitif, et à ce titre il se distingue des mondes spor-tifs et militaires (par exemple). Dans ce cas, il sera nécessaire

Page 11: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 11

D o s s i e r

d’identifier le type de réglementation le plus approprié : top-down (gouvernemental), bottom-up (par les marchés) ou hy-bride. Or, aucune n’est complètement satisfaisante, et toutes montrent des limites en termes de libre choix des personnes, et de dangers potentiels (prévisibles ou non). Mais au vu des arguments ci-dessus, et de la relation de pouvoir contenue intrinsèquement dans un contrat de travail, les auteurs jugent qu’il est sans doute mieux de ne pas laisser une réglemen-tation se faire par les marchés. L’exemple des chauffeurs de poids lourds peut être avancé ici pour montrer la complexité de cette réglementation :• si les employés de sociétés dans d’autres pays sont autori-

sés à consommer des produits d’amélioration de la perfor-mance pour éviter la fatigue et ainsi être autorisés à con-duire sur de plus longues périodes de temps, les sociétés n’autorisant pas cette consommation chez leurs chauffeurs deviendront moins compétitives ;

• la consommation de telles substances pourrait offrir une sorte de garantie (diminution de la fatigue) et par con-séquent une diminution des dangers posés à la fois pour les chauffeurs eux-mêmes et pour les tiers.

La résolution de ces dilemmes nécessitera de nombreuses discussions sur le droit et les devoirs des employés, des em-ployeurs, de la société au sens large, ainsi que des syndicats. L’utilisation de substances améliorant les capacités cognitives risquant d’être utilisées pour être « meilleur que normal », et chaque substance ciblant des facultés cognitives différentes, il est probable que la réglementation devra se faire au cas par cas. La réglementation devra en outre être assez flexible pour accommoder les avancées scientifiques et technologiques et les changements d’acceptation sociale.

Conclusion

Cet essor de technologies potentiellement perturbatrices soulève un grand nombre de questions plus ou moins con-troversées : quels seront leurs impacts à long terme sur la

santé ? Pousseront-elles à l’amélioration de l’environnement du lieu de travail et à l’accroissement de l’efficacité sur des périodes courtes ou viendront-elles se substituer à des condi-tions saines de travail ? L’individu aura-t-il (ou la perception d’avoir) le libre choix d’utilisation (ou non) de ces technolo-gies ? L’amélioration d’une capacité donnée aura-t-elle un impact sur le bon fonctionnement des autres ? Augmentera-t-elle la compétitivité de l’individu, de l’employeur, de la na-tion ? Les coûts seront-ils pris en charge, et par qui ?

Le déséquilibre de pouvoir entre l’employé et l’employeur montre que ce secteur du monde du travail est unique et qu’il devrait faire l’objet d’un débat particulier concernant l’utilisation de ces technologies, en particulier eu égard aux pressions exercées, réelles ou perçues. De la meilleure régle-mentation possible et des principes sur lesquels elle est fon-dée dépendra l’entrée de ces technologies sur les marchés et leur acceptation par le public, les employeurs et les employés. Les auteurs souhaitent que ce rapport, le premier du genre, stimule d’autres débats et davantage de recherche sur les impacts a long terme, sur les considérations éthiques et so-ciales, sur le type de réglementation et sur le développement du marché.

Dossier rédigé par Claire Mouchot

Notes :

1. Nouveaux dispositifs communicants et intelligents insérés dans les objets du quotidien, permettant la mise en œuvre d’applications et de services interagissant sans limite avec l’environnement physique et avec l’utilisateur

2. UK Smart Drugs Study, http://thesmartdrugstudy.com

Sources :

Rapport de l’atelier intitulé « Human enhancement and the future of work », 11/2012, http://bit.ly/U8hO5u

Page 12: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201312

D o s s i e r

David Willetts, secrétaire d’état en charge de la science et des universités, a annoncé, le 24 janvier 2013, la publication du rapport d’impact 2012 de Research Council UK (RCUK, or-gane de tutelle des sept conseils de recherche, agences de financement de la recherche publique). Le rapport détaille les différentes activités entreprises de façon coordonnée par les conseils de recherche en termes de thématique de recherche, d’équipements, d’infrastructures et autres domaines où il existe un intérêt commun. Il focalise également sur l’approche coordonnée de RCUK à travailler avec les acteurs clés afin de faciliter l’échange de connaissances, les partenariats avec les autres financeurs de la recherche et l’influence collective qui peut être exercée par l’organe de tutelle, au nom des conseils de recherche, pour mener à un changement culturel au sein du secteur de l’enseignement supérieur. Pour le professeur David Delpy, RCUK Impact Champion, « en travaillant en par-tenariat, RCUK fournit une recherche et des compétences de renommée mondiale qui constituent les fondations d’une éco-nomie britannique forte et productive, permettant d’atteindre une croissance équilibrée et de contribuer à une société saine et un monde durable. […] Les conseils de recherche, en travail-lant en partenariat et en combinant les investissements, ont un impact significatif sur la recherche britannique, particuliè-rement dans certains domaines associés à des défis socio-éco-nomiques d’envergure ».

Ce rapport d’impact de RCUK complémente les rapports individuels publiés par chaque conseil et qui, selon David Wil-letts, « montrent que la recherche britannique n’est pas seule-ment à la pointe des découvertes scientifiques et académiques,

mais que des efforts sont également faits pour la transformer en bénéfices pratiques. Ce qui nous aide à rester devant dans la course globale ». Nous présentons ci-dessous un résumé des rapports de chacun des sept conseils de recherche. Il est à noter cependant que l’impact se mesurant essentiellement grâce à des paramètres quantifiables ou à des cas d’études, et ces articles ne se voulant pas exhaustif, le lecteur est invité à consulter les rapports individuels, libres d’accès, pour avoir de plus amples détails (voir sources).

1. Medical Research Council (MRC, Conseil de recherche en sciences médicales)

Le cœur de la mission du MRC est d’améliorer la santé humaine grâce à une recherche médicale de renommée mondiale et de former des chercheurs compétents. Pour parvenir à ses fins, le MRC soutient un vaste éventail de recherches dans le spectre biomédical, de la recherche fondamentale en laboratoire aux essais cliniques, et pour toutes les principales maladies. Le MRC a également pour objectifs de faire avancer et de disséminer la connais-sance et la technologie afin d’améliorer la qualité de la vie et la compétitivité économique du Royaume-Uni et de promou-voir le dialogue avec le public sur la recherche médicale. Le MRC travaille en étroite collaboration avec une variété d’ac-teurs et de financeurs de la recherche, au Royaume-Uni et à l’international.

Rapports d’impact des conseils de recherche

Doss ier

Si l’excellence de la recherche britannique et sa renommée mondiale ne sont plus à démontrer, l’accent a été fortement mis, au cours des dernières années, sur la notion d’impact de la recherche, c’est-à-dire sa contribution à la société et à l’économie du pays. Pathways to impact, mis en place par les conseils de recherche dans le but d’encourager les chercheurs à considérer, dès le début de leurs travaux, les potentiels bénéficiaires et/ou retombées économiques de leur recherche, ou encore la part importante de l’impact dans le prochain Research excellence framework (REF, exercice d’évalua-tion de la recherche) actuellement en cours de préparation : l’impact est sur tous les agendas.

Source : Flickr, thejester100, CC3.0,Att

Page 13: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 13

D o s s i e r

L’impact de la recherche financée par le MRC est exposé en fonction d’une série de valeurs métriques définies en ac-cord avec le Business, Innovation and Skills (BIS, Ministère des entreprises, de l’innovation et des compétences) et selon plu-sieurs grands domaines que nous détaillons ci-dessous. Avant de s’intéresser aux résultats, il convient dans un premier temps d’appréhender les ressources du MRC qui, en 2011-12 a effectué une dépense brute pour la recherche de l’ordre de 759,4 M£. Le MRC soutient plus de 5 700 chercheurs à tous niveaux, soit via un emploi direct au sein de ses instituts ou unités, soit via des financements dans les universités ou des bourses de recherche.

1.1 Génération de connaissances de renommée mondiale

Un indicateur largement utilisé pour évaluer la qualité de la recherche est la citation des publications résultant de la recherche effectuée. Le MRC a mis au point un système en ligne de collecte de données et résultats relatifs à l’impact de la recherche conduite par les chercheurs qu’il finance. Ce sys-tème, MRC e-Val, est considéré extrêmement efficace, ayant reçu 98 % de réponses au cours des huit semaines de collecte de données réalisée fin 2011.

Une analyse de plus de 26 000 publications revues par les pairs produites par des groupes de recherche financés par le MRC sur la période 2006-10 a montré que ces articles re-çoivent plus de deux fois l’impact moyen de citation mondiale (nci1=2,16). Ceci est à comparer avec les publications britan-niques en sciences biologiques ou dans les disciplines en rap-port avec la santé, qui ont un impact de citation de 1,39 fois la moyenne mondiale. À noter également que la proportion de chercheurs britanniques publiant avec des co-auteurs non-britanniques est à la hausse, atteignant 46 % en 2010. Concer-nant les publications, en tout genre, avec des auteurs issus du monde de l’entreprise, le taux est encore relativement faible par rapport à d’autres pays (1,3 %). Les données du MRC montrent cependant que 8,5 % des publications issues d’un financement du MRC ont au moins un co-auteur industriel.

1.2 Une recherche collaborative catalysant un important investissement au Royaume-Uni

Entre 2006 et 2011, les groupes de recherche du MRC ont fait état de 6 500 collaborations impliquant 8 700 partenaires, soit environ 3 000 organisations réparties dans 95 pays. Les collaborations peuvent consister, de façon non-exhaustive, en un échange d’expertise, de matériels, à l’accès à des in-frastructures, la co-publication d’articles ou l’obtention d’un financement conjoint.

De plus, les groupes de recherche financés par le MRC ont reçu des financements supplémentaires de plus de 800 organisations réparties dans 40 pays, pour une valeur de 2,9 Md£ depuis 2006.

Le MRC est également très impliqué dans le renforcement des liens avec l’industrie pour le bénéfice de la science bri-tannique. Un partenariat établi avec l’Association of the Bri-tish Pharmaceutical Industry (ABPI, Association de l’industrie pharmaceutique britannique) en 2009 a été un moteur de la transformation de la relation avec le monde industriel. La

MRC-ABPI Inflammation and Immunology initiative, financée à hauteur de 9,5 M£, représente la première initiative conçue en partenariat avec le secteur industriel et représente une nouvelle façon de travailler qui permet à la science clinique des études de cohortes bien caractérisées et des partenaires industriels d’interagir efficacement.

1.3 Recherche translationnelle et commercialisation

Approximativement 10 % des groupes de recherche fi-nancés par le MRC affirment que leur travail implique, ou a conduit, au développement d’un nouveau produit ou d’une intervention (nouveau médicament, appareil médical, tech-niques de recherche ou équipement). Sur 500 projets trans-lationnels, 70 ont abouti en un lancement de produits sur le marché depuis 2006 et un domaine identifié comme ayant le potentiel de révolutionner le soin apporté au patient est la médecine régénérative.

Le MRC a un passé non concurrencé en termes de com-mercialisation de la recherche. Depuis 1998, MRC Techno-logy (MRCT, la branche commercialisation du MRC) a généré 650 M£ qui ont été réinvestis dans la recherche médicale (dont 210 M£ au cours des trois dernières années). Les chercheurs financés par le MRC ont fait état de plus de 400 brevets pu-bliés depuis 2006, et MRC e-Val permet au MRC de suivre des liens avec 86 entreprises qui ont été établies ou ont résulté de la recherche conduite par le MRC, dont 49 établies depuis 2006. Au total, ces entreprises ont permis de générer envi-ron 450 emplois hautement qualifiés. Sur l’année 2011-12, le revenu des licences s’est élevé à 78,9 M£. MRCT s’occupe de la gestion de la propriété intellectuelle et des opportunités de commercialisation découlant de la recherche ainsi que de la gestion de la propriété intellectuelle déjà existante et des accords de licence. En 2011-12, 27 brevets ont été octroyés et 169 accords signés.

À titre d’exemple, le rapport présente des développements ayant un impact potentiellement sans précédent :• Human Genome Sciences/GlaxoSmithKline ont reçu l’ap-

probation de la Food and Drug Agency (FDA, Agence amé-ricaine de l’alimentation et du médicament) pour Benlys-taTM, la première nouvelle thérapie, depuis 50 ans, pour le traitement contre le Lupus ;

• le lancement de Imanova Ltd, en octobre 2011, suite à une initiative conjointe de 43 M£ entre trois universités londoniennes et GlaxoSmithKline permettant de fournir aux chercheurs britanniques la technologie d’imagerie en tomographie à émission de positron. Cette initiative a ou-vrant de nouvelles opportunités de collaboration entre le monde universitaire et commercial.

1.4 Politique publique

Les résultats de la recherche dans des domaines tels rela-tions entre santé, régime et choix individuels, ou l’effet qu’à l’environnement dans lequel nous vivons sur notre santé, prennent la forme d’interventions sur la santé publique ou de changements de politique plutôt que de produits exploitables commercialement. Ces résultats sont considérés comme aussi importants que tous les résultats que l’on peut quantifier car ils ont un impact direct sur le public.

Source : Flickr, thejester100, CC3.0,Att

Page 14: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201314

D o s s i e r

Un objectif majeur du MRC est d’accroître la connaissance du public sur les bénéfices de la recherche sur les individus et pour la société dans son ensemble, et d’encourager à cette fin les interactions de tout genre avec le grand public. Entre 2006 et 2011, il y a eu 11 719 activités de dissémination de l’information qui ont émané de 4 019 bourses de recherche, soit environ trois activités de dissémination par bourse. Tous les chercheurs financés par le MRC sont soutenus dans leur travail d’interaction avec le public par un réseau de managers régionaux pour la communication du MRC qui identifient les opportunités, offrent de l’aide et des services, organisent des formations et apportent un financement d’amorçage.

2. Engineering and Physical Sciences Re-search Council (EPSRC, Conseil de recherche en ingénierie et sciences physiques)

L’EPSRC joue un rôle important dans le pay-sage de la recherche et de l’innovation britan-nique via la recherche

qu’il finance, les infrastructures qu’il soutient, les compé-tences qu’il contribue à développer et les partenariats qu’il met en place avec le gouvernement et les entreprises bri-tanniques. L’EPSRC concentre ses investissements sur la recherche d’excellence dans des domaines qui représentent une importance stratégique sur le long terme pour le pays.

L’EPSRC produit un impact et favorise la croissance grâce à un portefeuille de recherche et de formation évalué à 3,3 Md£, contribuant à de nouvelles idées, des technolo-gies innovantes et la formation de chercheurs compétents. En plus de partenaires clés tels le Technology Strategy Board (TSB, Agence de l’innovation, avec lequel l’EPSRC a investi conjointement plus de 130 M£ dans divers projets), plus de 2 000 entreprises et organisations sont impliquées dans les activités de recherche et de formation de l’EPSRC, et 44 % du portefeuille de recherche est à l’heure actuelle collaboratif. L’investissement dans les compétences est également clé pour l’EPSRC, qui soutient 5 500 chercheurs financés sur des bourses de recherche et plus de 9 300 étudiants en thèse. La recherche financée par l’EPSRC bénéficie d’une renommée mondiale et offre des formations pour les étudiants en thèse dans les domaines suivants :• fabrication avancée, aérospatial et industrie automo-

bile – le portefeuille de l’EPSRC dépasse les 100 M£ dans le domaine de l’aérospatial et de la défense, et des par-tenariats stratégiques représentant des investissements conjoints de l’ordre de 14 M£ sont en place avec Rolls-Royce et BAE Systems. De façon similaire, plus de 100 M£ ont été investis dans les transports et la recherche dans le secteur automobile, et un partenariat stratégique est en place avec Jaguar Land Rover ;

• économie de l’information – l’EPSRC a investi 138 M£ de-puis 2008 dans l’expertise et les compétences nécessaires pour que les technologies numériques aient un impact sur la société et l’économie. S’ajoutent 25 M£ supplémen-taires, obtenus de plus de 600 partenaires ;

• énergie – l’EPSRC dirige le programme énergétique de RCUK qui a investi plus de 625 M£ dans la recherche et les compétences et a aidé le gouvernement à développer sa

politique sur le sujet. Ce programme implique une étroite collaboration avec plus de 500 organisations du secteur pu-blic et privé et à plus de 1 100 projets collaboratifs actifs ;

• santé – l’EPSRC a investi plus de 500 M£ dans un grand nombre de technologies novatrices, du médicament à l’imagerie en passant par les instruments médicaux ;

• technologies émergentes – biologie synthétique, gra-phène, réseaux de capteurs intelligents et robotique.

Pour augmenter l’impact de sa recherche, l’EPSRC mise sur :• un financement continu, l’impact étant habituellement

atteint sur le long terme, une décennie ou plus ;• un soutien flexible, sous forme de différents mécanismes,

dont le financement focalise sur l’individu comme par exemple les doctorants ;

• l’implication active des utilisateurs de la recherche dans le développement d’un programme.

2.1 Encourager les solutions créatives

L’EPSRC travaille en étroite collaboration avec ses cher-cheurs pour encourager les idées créatives, qui constituent souvent une approche « risque élevé, rendement élevé ». L’EPSRC a innové dans le domaine avec son modèle de « sand- pit » (bac à sable) permettant aux chercheurs et aux utilisa-teurs de la recherche d’envisager des approches différentes et de penser latéralement pour résoudre un problème com-mun. Cette initiative a résulté en des projets de recherche, des études de faisabilité et des activités de réseautage.

2.2 Accéder aux infrastructures de pointe

L’accès à des infrastructures de pointe est vital pour les cher-cheurs financés par l’EPSRC afin que ceux-ci puissent main-tenir des programmes de recherche de renommée mondiale résultant en une multitude d’impacts socio-économiques.

2.3 Former et soutenir les chercheurs

L’EPSRC soutient et forme certains des meilleurs scienti-fiques et ingénieurs au monde, alimentant l’industrie avec de nouvelles idées, poussant vers l’avant les entreprises les plus innovantes et apportant des solutions aux défis les plus pres-sants de notre société. Une étude commissionnée par l’EPSRC a permis de mettre en évidence le fait que les docteurs i) sont cruciaux pour maintenir la compétitivité du Royaume-Uni dans certains secteurs clés, et ) améliorent considérablement le potentiel de leurs entreprises via une expertise technique, une pensée innovante/créative et des capacités à résoudre les problèmes. Ainsi l’EPSRC consacre plus de 130 M£ par an à la formation des docteurs et à finance 45 nouveaux Doctoral Training Centres (DTC) en 2009.

L’EPSRC soutient également les individus conduisant des recherches de très haute qualité et plus de 400 boursiers sont actuellement soutenus à différents stades de leur carrière.

2.4 Encourager activement le transfert de connaissances

Le transfert de connaissances, en particulier avec le monde industriel, joue un rôle primordial dans l’objectif de l’EPSRC

Page 15: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 15

D o s s i e r

de financer une recherche ayant un fort impact économique. À l’heure actuelle, environ 45 % du portefeuille de recherche est collaboratif, avec un financement supplémentaire de l’in-dustrie, des organisations du secteur public et des charities à hauteur de 400 M£.

2.5 Travailler en partenariat avec le TSB

L’EPSRC travaille en étroite collaboration avec le TSB pour s’assurer qu’il y a des initiatives et des opportunités en place pour améliorer la commercialisation de la recherche, par exemple via les Knowledge Transfer Networks (KTN, Réseaux de transfert de connaissances), Knowledge Transfer Partner- ships (KTP, Partenariats de transfert de connaissances), le financement de la R&D collaborative ou les Innovation and Knowledge Centres (IKC, Centres d’innovation et de connais-sances). En 2011-12, l’EPSRC a investi 23 M£ en collaboration avec le TSB dans les domaines de la fabrication avancée et de l’énergie.

2.6 Susciter l’intérêt du public

L’EPSRC encourage les chercheurs qu’il finance à consi-dérer un engagement dans les deux sens avec le public, via des interactions et un dialogue visant à l’informer de leurs recherches. De telles activités sont inclues à part entière dans les priorités de recherche et de formation.

2.7 Développements méthodologiques

Enfin, l’EPSRC travaille de concert avec quatre autres conseils de recherche (Arts and Humanities Research Council, Biotechnology and Biological Sciences Research Council, Eco-nomic and Social Research Council et Natural Environment Research Council - voir plus loin) pour aider au développe-ment du Research Outcomes System, un système qui permet de mesurer et quantifier la recherche financée. Depuis son lancement en ligne en novembre 2011, plus de 15 000 résul-tats émanant de bourses financées par l’EPSRC ont été enre-gistrés, dont 11 000 publications, plus de 100 exemples de propriété intellectuelle et exploitation, plus de 600 exemples de financements supplémentaires et quasi 500 activités de collaboration.

3. Biotechnology and Biological Sciences Research Council (BBSRC, Conseil de re-cherche en biotechnologie et sciences biolo-giques)

Les sciences biologiques sont vitales pour la société et l’économie britanniques, et la « bio-économie de la

connaissance », à l’échelle européenne, a été évaluée à envi-ron deux mille milliards d’euro. La recherche conduite par le BBSRC couvre l’agriculture, l’industrie agro-alimentaire, les biotechnologies, les médicaments et les industries chimiques. Si la recherche en biosciences fournit idées et expertise pour des produits et des procédés, elle est également nécessaire à la prise de décisions éclairées par rapport aux défis globaux majeurs tels la sécurité alimentaire, le remplacement des combustibles fossiles, le changement climatique ou encore la

population vieillissante. Le BBSRC joue un rôle essentiel dans le développement et la translation des sciences biologiques, la formation ainsi que la production d’impacts économiques et sociaux.

Le rapport d’impact publié par le BBSRC fait état de l’éten-due de l’impact résultant des investissements effectués, dont l’impact dans le domaine de la bio-industrie et dans le secteur privé, la prise de décision, les infrastructures et compétences de recherche. Le BBSRC travaille de plus en plus en étroite col-laboration avec des décideurs et des partenaires industriels afin de comprendre au mieux leurs besoins et de souligner l’importance des sciences biologiques pour répondre à leur problématique.

Les principales réussites en termes d’impact pour l’année 2011-12 couvrent cinq domaines particuliers :• stimulation de formation d’entreprise – exemple est don-

né d’une compagnie spin-out créée par un chercheur de l’université de Manchester, financé par le BBSRC, qui aide les compagnies pharmaceutiques à accélérer leur proces-sus de mise au point de médicaments et l’identification de potentiels nouveaux médicaments ;

• soutien aux fabricants britanniques d’équipement ;• influence de la prise de décision – exemple est donné de la

régulation sur les bio pesticides ;• reconnaissance des réussites des chercheurs financés par

le BBSRC – exemple est donné de l’innovateur de l’année 2012, qui a mis au point un système permettant à des vaccins d’être développés très rapidement pour des pro-grammes de vaccination d’urgence dans le cadre de mala-dies pandémiques par exemple ;

• développement d’infrastructures et de compétences – exemple du Pirbright Research Campus, dans le Surrey, qui abritera chercheurs et entreprises travaillant sur les mêmes thématiques, dans les domaines du développe-ment de nouveaux vaccins et diagnostiques.

3.1 Impact grâce au transfert de connaissances

La recherche innovante pouvant prendre plusieurs années avant de produire des résultats tangibles et mesurables, le BBSRC encourage les chercheurs et communautés qu’il fi-nance à travailler avec les industriels, les décisionnaires, les charities et autres utilisateurs, dès que cela est possible et à une valeur ajoutée, et à établir avec ces partenaires des rela-tions collaboratives sur le long terme. Depuis 1994, le BBSRC a eu des interactions avec 900 entreprises, 158 entreprises sont des partenaires sur des bourses de recherche actives et 286 sont partenaires dans le cadre de CASE studentships (2009-10) (Collaborative Awards in Science and Engineering, Bourses collaboratives dans les domaines des sciences et de l’ingénierie).

Le BBSRC concentre ses efforts sur la prise de conscience, par les universitaires, de l’importance et de l’impact de leurs recherches pour l’industrie et d’autres utilisateurs. À cet effet, un événement parlementaire a été organisé en 2012 pour que ces deux communautés puissent échanger quant à l’importance des sciences biologiques en termes de création d’emplois, croissance économique et bien-être. En partena-riat avec le TSB, l’EPSRC, l’ESRC et le MRC, une feuille de route

Page 16: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201316

D o s s i e r

a été développée pour la médecine régénérative, visant à translater les résultats de la recherche scientifique en impacts cliniques, bénéficiant aux patients ainsi qu’ààl’économie du pays.

3.2 Faciliter l’entreprenariat et la commercialisation pour créer un impact

Le BBSRC encourage de plus en plus l’esprit entreprenariat, via, entre autres, les actions suivantes :• Annual innovator of the year – compétition récompensant

l’impact socio-économique de la recherche conduite par les scientifiques financés par le BBSRC ;

• Excellence with impact – programme de financement de départements universitaires récompensant la promotion d’une culture d’impact socio-économique ;

• Follow-on Funding - 3 M£ investis annuellement pour transformer des résultats de recherche en propositions commerciales.

Le BBSRC travaille de plus en étroite collaboration avec les universités, instituts et autres financeurs de la recherche, en particulier le HEFCE. De nombreux exemples d’impacts dé-coulant des initiatives mentionnées ci-dessus sont listés dans le rapport du BBSRC, au nombre desquels la spin-out de l’Uni-versité de Manchester précédemment listée ou les travaux de vaccination de l’innovateur de l’année 2012.

3.3 Travailler avec les décisionnaires pour avoir un impact

La recherche conduite par les chercheurs financés par le BBSRC peut avoir des impacts très importants dans des do-maines tels le changement climatique, les énergies renouve-lables, la santé ou encore l’utilisation des sols. Ainsi, le BBSRC a joué un rôle prédominant dans le développement de la feuille de route sur la biologie de synthèse publiée en juillet 2012 et la UK Bioenergy strategy, qui, en bénéficiant d’une contribution significative de chercheurs financés par le BBSRC, a permis de définir l’ensemble de principes destinés à guider la politique bioénergétique du pays. Autre exemple d’impact, le BBSRC est l’un des financeurs du projet visant à réduire et remplacer l’utilisation d’animaux en recherche scientifique.

3.4 L’impact grâce aux compétences

L’investissement dans les compétences et les personnes est le moyen le plus sûr pour que les connaissances développées aient une influence et un impact. À cet effet, le BBSRC investit dans la formation de doctorants et de post-doctorants. Plus de 500 doctorants sont formés en partenariat avec l’indus-trie. Le BBSRC va investir 67 M£ dans des Doctoral Training Partnerships (DTPs, Partenariats de formation doctorale) pour soutenir 660 doctorants sur une période de trois ans, qui tous effectueront un stage professionnel de trois mois pour élar-gir leur expérience, que ce soit dans le domaine de la prise de décision politique, des médias ou de l’enseignement. Si les formations proposées au niveau doctoral permettent d’équiper les étudiants avec des compétences transférables, leur ouvrant différentes options de carrière, les emplois post- doctoraux sont plus focalisés sur la recherche, universitaire et autre. Le BBRSC propose également des bourses pour encou-

rager l’esprit d’entreprise, en partenariat avec la Royal Society of Edinburgh, ou encore des bourses industrielles, en collabo-ration avec la Royal Society, l’EPSRC, le NERC, Rolls-Royce plc et Astra Zeneca pour accroître le transfert de connaissances. Il y a plus de 2 000 chercheurs postdoctoraux bénéficiant d’un financement du BBSRC.

3.5 Plans d’avenir

Les futurs plans pour développer et encourager davantage la culture d’impact sont :• développement d’un programme de cas d’études clés en

termes de recherche et de formation qui ont résulté en un impact, complétant le programme d’évaluation déjà exis-tant ;

• développement de nouveaux outils pour améliorer les capacités analytiques et de visualisation du BBSRC, pour accéder à l’impact résultant d’investissements passés et pour définir les futures priorités de financement ;

• développement d’un système permettant d’enregistrer et de gérer l’information en rapport avec l’impact éma-nant des investissements réalisés. D’autres conseils de recherche se sont montrés intéressés par cette initiative et son adaptation à leurs propres besoins ;

• lancement, en collaboration avec l’AHRC, l’EPSRC et l’ESRS, du Research Outcomes System ;

• travail en collaboration avec d’autres conseils de recherche pour développer un modèle de financement pour l’open access faisant suite à l’acceptation des recommandations faites par le rapport Finch2 ;

• travail en collaboration avec des collègues d’autres conseils de recherche via le RCUK Impact Group, focalisant essen-tiellement sur l’identification de l’impact et l’évaluation des résultats émanant des thèmes de recherche inter-conseil ;

• participation au projet Gateway to Research qui permet-tra au public d’accéder à des informations concernant la recherche financée par les conseils de recherche.

4. Natural Environment Research Council (NERC, Conseil de recherche pour l’environ- nement naturel)

Le NERC s’est engagé à ce que la recherche scienti-fique qu’il produit soit utili-sée par les entreprises. Cela implique une recherche d’excellence, et le positionnement du NERC en tant que source de connaissances de choix dans le domaine de l’innovation, la compréhension des besoins des entreprises, l’établissement de partenariats et le ciblage de secteurs stratégiques dans lesquels les sciences de l’environ-nement peuvent avoir le plus d’impact. Cela implique égale-ment une certaine ouverture, un accès aux données et aux chercheurs financés par le NERC dans les universités et dans ses propres centres de recherche, afin que les entreprises soient conscientes de leurs propres besoins et des solutions qui leur sont offertes.

L’excellence de la recherche scientifique en sciences envi-ronnementales peut être appréhendée par les citations des publications. Ainsi, une étude commissionnée par le BIS au-près d’Elsevier a mis en avant le fait que la science environ-

Page 17: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 17

D o s s i e r

nementale britannique obtient 1,4 fois plus de citations que la moyenne mondiale. Le Royaume-Uni se positionne en tant que leader, et ce depuis 2012, faisant du pays une autorité en termes de politique internationale dans le domaine, attirant des investissements multinationaux et permettant aux entre-prises britanniques d’absorber et d’exploiter rapidement les nouvelles connaissances et technologies. L’excellence de la recherche financée par le NERC tient essentiellement à plu-sieurs facteurs : stabilité du financement, encouragement de la recherche fondamentale, formation, recherche stratégique ciblée, potentiel national.

La recherche financée par le NERC produit des connais-sances, expertises et compétences qui peuvent apporter des bénéfices significatifs pour le bien-être de la société et pour accroître et soutenir l’environnement. NERC cible l’impact de sa recherche dans cinq domaines développés ci-dessous.

4.1 Avantage compétitif du Royaume-Uni

Courant 2010-12, le NERC a ciblé des interactions avec les entreprises dans cinq secteurs clés dans lesquels un change-ment environnemental est un moteur de l’innovation : éner-gies renouvelables marines, gestion environnementale de l’alimentation et de l’agriculture, sécurité de l’apport en eau, gestion des ressources et gestion des risques financiers. Un exemple donné est le travail des scientifiques financés par le NERC concernant les réserves en gaz de schiste disponibles sur le territoire et la sécurité de la méthode de « fracking » utilisée pour leur exploitation, offrant au gouvernement des options pour la planification de l’équilibre énergétique natio-nal sur le moyen terme et offrant à l’industrie et aux consom-mateurs une sécurité énergétique et la perspective de fac-tures moins onéreuses.

4.2 Leader en termes de politique environnementale

La science financée par le NERC contribue à générer des solutions efficaces, un bien-être et un impact économique grâce à :• établissement de cadres décisionnels permettant d’asso-

cier les différents éléments de politique internationale et gouvernementale ;

• information de la législation dans des domaines de prise de décision particuliers ;

• apport de l’expertise technique pour faire en sorte que la réglementation secondaire soit esquissée de façon appro-priée ;

• soutien au gouvernement et à l’industrie pour mettre en application les réglementations de façon efficace ;

• développement de technologies et de savoir-faire pour que l’industrie britannique ait un avantage compétitif ;

• transfert du capital intellectuel vers le secteur privé pour générer de nouveaux services.

4.3 Améliorer la performance des entreprises britanniques

Le programme Rural Economy and Land Use (RELU, Écono-mie rurale et utilisation des sols) financé conjointement et à hauteur de 26,5 M£ par le NERC, le BBSRC et l’ESRC, a été un pionnier en terme de recherche multidisciplinaire. Il a montré

que les conseils de recherche pouvaient travailler de concert, arriver à un consensus scientifique et à la proposition de solu-tions permettant d’aborder des défis complexes de la vie quo-tidienne. Dans le cadre de ce programme par exemple, une étude menée par l’université de Bangor a permis aux com-merçants de devenir « verts », de réduire les coûts associés à la chaine d’approvisionnement et d’expliquer leurs choix aux consommateurs. L’analyse a en effet montré que les fruits et légumes produits localement ne nécessitent pas forcement moins de CO2 que ceux cultivés plus loin (par exemple, serres chauffées au Royaume-Uni par rapport à des fruits « en sai-son » en Afrique).

4.4 Transformer les services publics britanniques

Le NERC contribue aux services publics via la provision de résultats scientifiques permettant d’informer les prises de décision. Il joue un rôle supplémentaire en répondant aux situations d’urgence découlant de risques naturels ou aux dé-sastres humanitaires prenant place dans un contexte environ-nemental. Le rôle du NERC dans ces situations est de protéger le public et l’économie britanniques, et d’offrir son soutien et son expertise à l’international en cas de besoin. Il est fait état dans cette catégorie du travail réalisé par le British Geologi-cal Survey (BGS, équivalent du Bureau de Recherches Géolo-giques et Minières), institut de recherche du NERC, en termes d’imagerie de surface 3D utilisée pour soutenir le développe-ment du principal site olympique dans l’est londonien. Cette technologie a permis de faire en sorte que la construction soit réalisée dans les délais impartis, sur un terrain difficile.

4.5 Investir dans les talents

Au cours des cinq dernières années, le NERC a investi 116 M£ pour la formation de 1 645 doctorants. En plus des différents programmes de financement offerts, le NERC fi-nance également des détachements au sein d’organismes décisionnels (policy making) et soutient le programme de la Royal Society visant à promouvoir le flux de personnes et de connaissances entre le monde universitaire, les entreprises et les organismes de prise de décision.

Enfin, le NERC est actif en termes d’échanges de connais-sances, travaillant en partenariat étroit avec le TSB pour déve-lopper une stratégie concernant des activités communes et en termes de KTN, permettant aux entreprises d’entrer en contact avec les chercheurs financés par le NERC.

5. Economic and Social Research Council

(ESRC, Conseil de recherche en sciences économiques et sociales)

Les sciences sociales ont un im-pact au niveau de la société civile, du gouvernement, des entreprises et de la pratique professionnelle, ont contribué aux améliorations en termes de bien-être social et de services publics, ont influencé les prises de décision et soutenu des changements opérationnels et organisationnels.

Page 18: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201318

D o s s i e r

Les partenariats collaboratifs mis en place par l’ESRC ont résulté en un fort effet levier pour le financement de la re-cherche en sciences sociales, soit 13 % du budget total de l’ESRC pour l’année 2011-12, tandis que les investissements majeurs ont collectivement contribué à hauteur de 32 M£ supplémentaires à partir de financeurs publics, privés et du secteur tertiaire sur la même période.

5.1 Impact et échange de connaissances

Établir et maintenir de forts liens avec les utilisateurs de la recherche continue à être une priorité majeure de l’ESRC et son approche des échanges de connaissances est conçue pour favoriser les partenariats sous toutes leurs formes. Il est à noter que l’ESRC offre un financement tout au long du cycle de vie de la recherche pour maximiser le potentiel impact des sciences sociales. De plus, les boursiers ESRC doivent inclure dans leur projet de recherche des mécanismes d’interaction avec le public et d’échange de connaissances. Il a été démon-tré que l’intensité des interactions avec le public dans le do-maine des sciences sociales est quasi identique à celle obser-vée dans les domaines des sciences de la santé ou des STEM (Science, Technology, Engineering and Mathematics).

En 2012-13, l’ESRC va lancer son premier programme inti-tulé « Transformative Research » qui a pour but d’encourager l’innovation et de fournir un nouveau mécanisme de soutien stimulant la pensée transversale.

Travailler en collaboration avec les utilisateurs tout au long du processus de recherche augmente de façon significative la possibilité d’impact et, en période d’incertitude économique, la collaboration permet à tous les partenaires engagés d’avoir accès à l’expertise nécessaire et à maximiser leur retour sur investissement.

Les KTP occupent une place importante dans la stratégie de l’ESRC qui, en 2011-12, a cofinancé neuf nouveaux projets en plus des 165 en cours. Au cours des dernières années, le financement des KTP a été recadré pour se concentrer davan-tage dans les secteurs des services financiers et de la vente.

Un domaine dans lequel l’ESRC a réussi à démontrer des succès significatifs au cours des dernières années est l’interac-tion avec les décisionnaires. Une grande partie de la recherche financée par l’ESRC a en effet un impact dans le domaine de la prise de décision. L’engagement avec le public est également une activité clé du portefeuille d’actions du conseil de re-cherche, et plus particulièrement son élément phare : le fes-tival des sciences sociales. Cette célébration des sciences so-ciales prend place à l’échelle nationale sous la forme de débats publics, conférences, ateliers de travail, séminaires interactifs, projections de films, etc. En 2011, le festival a consisté en 131 événements dans 41 villes et a attiré une audience forte de 17-18 000 personnes qui a exprimé un fort taux de satisfaction.

5.2 Impact grâce aux talents

Courant 2011-12, le premier groupe d’étudiants a commencé sa formation dans le nouveau réseau de 21 DTC. Pour la pre-mière fois, les compétences transversales sont incluses dans le curriculum. De plus, les doctorants financés par l’ESRC ont la

possibilité d’étendre leur bourse de thèse pour une période de six mois incluant un stage dans une organisation non-uni-versitaire, que ce soit dans le secteur public, privé ou tertiaire.

5.3 Soutenir une recherche de renommée mondiale pour créer de l’impact

Sur l’année 2011-12, l’ESRC a dépensé environ 134 M£ de son budget brut en soutien à la recherche. Les évaluations réalisées par le conseil font état de la grande qualité et de l’impact de la recherche qu’il finance : 94 % de tous les projets financés étant classés en termes de qualité « bonne », « très bonne » ou « exceptionnelle ». 805 mentions des travaux de recherche financés par l’ESRC ont été faites dans la presse nationale ou internationale, ainsi qu’à la radio.

Le comité d’évaluation de l’ESRC continue de soutenir un programme innovant d’approches quantitatives et qualita-tives pour évaluer l’impact socio-économique sous toutes ses formes.

6. Arts and Humanities Research Council(AHRC, Conseil de recherche pour les arts et les sciences humaines)

Les recherches thémati- ques ainsi que les initiati- ves visant à favoriser l’échange de connaissances permettent aux chercheurs financés par l’AHRC de travailler avec les décisionnaires et les industriels pour améliorer le bien-être et les services publics. Encourager l’excellence de la recherche, du niveau doctoral au niveau postdoctoral (cher-cheurs en début de carrière) permet au capital humain et à la connaissance d’être promus tout au long de la chaîne de l’enseignement supérieur ainsi que dans les secteurs créatifs et culturels.

6.1 Le capital humain – l’actif le plus important

L’AHRC s’est engagé à soutenir les chercheurs qu’il finance à tous les stades de leur carrière et à faciliter une recherche et une formation d’excellence. Les compétences dévelop-pées par les doctorants sont vitales comme moteur de l’in-novation et pour encourager la croissance économique du pays. Au 1er octobre 2011, l’AHRC finançait 618 doctorants et 335 étudiants en master.

Le principal mode de financement des doctorants est le Block Grant Partnership (BGP), label de qualité pour les institutions, largement reconnu dans le secteur des arts et sciences humaines. Les BGP permettent également d’attirer des financements ou des formations supplémentaires, insti-tutionnelles ou externes, pour les étudiants. Un organisme de recherche a en effet mentionné que la stabilité du sou-tien financier apporté par l’AHRC leur a permis de sécuriser un financement supplémentaire pour un projet, à hauteur de 1 M£, permettant le recrutement de jeunes chercheurs et augmentant les contacts avec les partenaires externes. Les BGP ont également contribué à améliorer les formations offertes par les organismes de recherche et à développer leur portefeuille d’activités.

Page 19: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 19

D o s s i e r

Autre mécanisme d’investissement dans les talents et les compétences : les Collaborative Doctoral Awards (CDA, Bourses de doctorat collaboratives) qui permettent le déve-loppement de compétences applicables en milieu profes-sionnel, hors universitaire. L’AHRC a soutenu 352 bourses de la sorte depuis 2007-08, et 78 % des étudiants ayant bénéfi-cié d’une telle bourse en 2011 étaient de l’avis que cela avait d’ores et déjà contribué au développement de leur carrière. 80 % pensent que cela leur a permis d’établir de nouveaux contacts, hors académique, et pour 67 % cette opportunité a contribué à leur développement personnel. Les CDA im-pliquent un travail partenarial entre un étudiant chercheur, un superviseur et une institution. Sur les 352 bourses finan-cées, 27 % l’ont été avec des autorités locales ou publiques, 24 % avec des organisations de recherche indépendantes, 20 % avec des charities et 13 % avec des partenaires indus-triels ou commerciaux.

Le programme Collaborative Research Training soutient la formation et le développement pour les doctorants et jeunes chercheurs et se concentrait sur deux domaines particuliers en 2010 : engagement du public et langues. Ce programme consiste en des stages à l’international, notamment aux États-Unis, Japon et Inde, et des partenariats avec BBC Radio 3, par exemple.

Enfin, il convient de noter que l’AHRC soutient aussi bien la recherche dite « responsive » (c’est-à-dire non sollicitée, ne répondant pas à un appel à projet) que la recherche théma-tique, dans une proportion 70/30 en 2011-12.

6.2 Échange de connaissances et politique publique

Il y a plus de 14 000 chercheurs actifs dans les domaines des arts et des sciences humaines, travaillant dans 50 disciplines dans les universités britanniques. Plus d’un tiers des ces cher-cheurs collaborent avec le secteur privé, et cette proportion atteint 50 % dans les arts créatifs et les médias. Environ 75 % des entreprises ayant une interaction avec le secteur des arts et sciences humaines sont engagées dans des activités d’inno-vation, contribuant ainsi de façon significative à l’économie du pays. L’AHRC soutient les collaborations, la recherche multi-disciplinaire et les échanges de connaissances pour stimuler l’innovation et les nouveaux partenariats, à l’échelle nationale et internationale. 76 % des bourses octroyées en 2011-12 étaient collaboratives, et les collaborations avec l’internatio-nal ont ouvert des possibilités de financement supplémen-taires.

On notera ainsi par exemple que dans le cadre du projet Humanities in the European Research Area (HERA, Sciences humaines dans la zone de recherche européenne), les cher-cheurs financés par l’AHRC étaient inclus dans 15 projets sur 16, et en menaient 11.

L’AHRC soutient les échanges de connaissances dans tous les projets qu’il finance, et soutient également les KTP en par-tenariat avec le TSB. En 2011-12, l’AHRC a contribué aux KTP à hauteur de 675 000 £. L’AHRC s’est engagé à hauteur de 16 M£ sur une période de quatre ans pour établir un lien entre les re-cherches dans le domaine des arts et des sciences humaines

et les organisations créatives et culturelles, via un soutien à quatre Knowledge exchange hubs (Centres d’échange de connaissances), chacun impliquant universités, PME, organi-sations artistiques et culturelles et autres agences. Le but est de générer de nouvelles opportunités d’échanges de connais-sances, d’encourager l’esprit d’entreprenariat et de stimuler l’innovation.

Les chercheurs dans le domaine des arts et des sciences humaines jouent un rôle important dans le secteur de la poli-tique publique et sont impliqués dans un vaste éventail de disciplines et d’activités gouvernementales. Pour s’assurer que chercheurs et décisionnaires soient en contact, l’AHRC :• organise des séminaires et ateliers de travail au sein des

ministères ;• offre des bourses permettant à un chercheur de passer un

temps au sein d’une organisation tel un ministère pour tra-vailler sur un sujet d’actualité.

Un nouveau programme offert par l’AHRC, « Engaging with Government » (Interagir avec le gouvernement), va permettre à 20 chercheurs en début de carrière d’avoir un aperçu du processus de prise de décisions et d’explorer les moyens à leur disposition pour faire en sorte que leur recherche puisse contribuer à cette prise de décision.

6.3 Contribution à l’économie créative

L’économie créative promeut la diversification écono-mique, les revenus, le commerce et l’innovation, tout en encourageant la cohésion sociale et les interactions commu-nautaires. Elle représente 5 % de l’emploi au Royaume-Uni. Les industries créatives ont contribué à hauteur de 2,9 % à la valeur ajoutée brute en 2009 et représentent 10,6 % de l’exportation des services. Les fortes connexions existant entre les recherches dans le domaine des arts et des sciences sociales et l’économie créative ont mené l’AHRC à concentrer sa stratégie d’impact principalement dans ce secteur, tout en soutenant également des activités permettant de translater la recherche qu’il finance en impacts socio-économiques tan-gibles.

Les institutions culturelles font partie intégrante de l’éco-nomie créative. Leur travail est soutenu par le financement pour la recherche collaborative de l’AHRC en partenariat avec les institutions d’enseignement supérieur et les organisations de recherche indépendantes (ORI). Sept des dix attractions les plus populaires au Royaume-Uni sont des ORI et contribuent à l’industrie du tourisme, qui dans son ensemble contribue à hauteur de 155 Md£ à l’économie britannique.

7. ScienceandTechnologyFacilitiesCouncil(STFC, Conseil pour les grands équipements en science et technologie)

La recherche conduite par les chercheurs financés par le STFC s’intéresse à l’étude de l’univers, de l’échelle astronomique jusqu’àux plus petits constituants de la matière, tout en créant un impact tangible, à l’échelle

Page 20: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201320

D o s s i e r

humaine. Des traitements contre le cancer à la sécurité dans les aéroports en passant par la génération d’énergie ou l’amé-lioration des soins en situation d’urgence sur les lieux d’un accident, l’impact du STFC est ressenti dans beaucoup d’as-pects de la vie de tous les jours, au Royaume-Uni et au-delà. Le STFC contribue à créer de l’impact dans le domaine de la recherche, de l’innovation et des compétences grâce à trois fonctions distinctes, mais inter-corrélées :• programmes soutenus par des bourses : le STFC soutient la

recherche fondamentale en physique des particules, astro-nomie, physique nucléaire et sciences de l’espace dans les universités britanniques ;

• équipements : le STFC fournit aux universités britanniques et aux chercheurs de l’industrie un accès à un éventail de grands équipements de classe mondiale, dans tous les do-maines scientifiques, au Royaume-Uni et à l’étranger ;

• campus : le STFC développe des Science and Innovation Campuses, Sci-Tech Daresbury et Harwell Oxford, pour pro-mouvoir la collaboration et la croissance économique.

Le rôle du STFC est par conséquent beaucoup plus vaste que celui des autres conseils de recherche et beaucoup des impacts qu’il génère sont réalisés en collaboration, à diffé-rentes échelles de temps et à différents niveaux. Pour géné-rer ces trois types d’impacts (direct, indirect, global), le STFC concentre ses efforts dans trois domaines particuliers que sont les objectifs stratégiques de la recherche, l’innovation et les compétences.

7.1 Une recherche de classe mondiale

Quelques statistiques permettent de mesurer l’excellence de la recherche facilitée par le STFC. Ainsi, sur l’année 2011-12, le STFC à investi 98,7 M£ dans le financement de bourses de recherche, soutenant 266 porteurs de projets (PI, Princi-pal investigator). Plus de 3 600 utilisateurs ont eu accès aux grands équipements du STFC, réalisant 2 000 expériences et publiant plus de 900 articles. Diamond Light Source à enre-gistré 319 nouvelles données dans la Worldwide Protein Databank (Banque de données mondiale des protéines), par rapport à 282 enregistrées en 2010, et l’ESRF (European Syn-chrotron Radiation Facility) en a pour sa part enregistré 881. Cette archive mondiale, unique, de la structure des protéines, permet une compréhension améliorée des processus prenant place dans le corps humain. Plus de 650 physiciens ont effec-tué des recherches au CERN et plus de 400 astronomes ont pu utiliser les télescopes de l’ESO (European Southern Obser-vatory, Observatoire européen de l’hémisphère sud). Ces équipements sont rendus accessibles par le STFC grâce à ses adhésions annuelles.

En termes de publications, des données bibliométriques récentes confirment que le Royaume-Uni occupe la première place en impact des citations dans les domaines de l’astrono-mie et de la physique des particules, et la seconde place en physique nucléaire.

Le STFC a pour objectifs de créer de l’impact en améliorant les connaissances, en poussant les limites des technologies et en inspirant la génération future de scientifiques et d’innova-teurs. Pour ce faire, il finance la recherche fondamentale et

fournit un accès à des équipements de classe mondiale tout en stimulant la recherche multidisciplinaire.

7.2 Une innovation de classe mondiale

L’ambition du STFC est de rendre compte de la capacité innovante de la science et des équipements qu’il soutient afin d’améliorer la croissance d’une économie britannique de haute technologie. Pour ce faire, le STFC soutient l’innovation grâce à des financements de programmes, des collaborations industrielles, la commercialisation de la propriété industrielle, etc.

Le système d’évaluation du STFC, e-val, permet de rendre compte du fait que depuis 2006, 10 spin-outs ont été formées à partir de la recherche qu’il finance. Il est estimé que Oxford Instruments et e2V, grâce à un engagement sur le long terme avec le STFC et ses communautés de recherche universitaires, ont réalisé 500 à 700 M£ de bénéfice économique. Space Flo-rida a investi 1 M$ dans une spin-out du STFC, Cella Energy, 25 Md£ de revenus annuels sont attendus grâce à l’exploita-tion de l’informatique de haute performance et 90 nouveaux emplois ont été créés sur les campus de Sci-Tech Daresbury et Harwell.

En termes de commercialisation de la propriété intellec-tuelle, le STFC dispose de son propre bureau de transfert de technologies, STFC Innovations Ltd. En quelques chiffres, les statistiques de commercialisation indiquent que : 15 spin-outs ont été créées depuis 2002, employant 21 personnes, le portefeuille de brevets contient 54 familles de brevets, et en 2011-12, 20 nouveaux projets de preuve de concept ont été financés, soit un total de 118 depuis 2004.

Le STFC s’engage également à soutenir les entreprises britanniques en les encourageant à utiliser les grands équi-pements et à profiter des adhésions qu’il souscrit. Ainsi en 2011-12, 60 organisations commerciales d’un grand nombre de secteurs ont accédé aux équipements du STFC et environ 50 entreprises ont eu accès à l’ESRF et l’ILL (Institut Laue-Lan-gevin). Le STFC a lancé un programme pilote de coupons pour l’innovation pour permettre aux PME d’avoir accès aux équi-pements et les aider à établir leurs capacités d’innovation et de recherche.

Enfin, le STFC agit comme catalyseur dans la création de nouvelles opportunités pour les entreprises britanniques : en 2011, l’ESO a commissionné à hauteur de 8,3 M£ de contrats dans les entreprises britanniques, 1,5 M£ de contrats en pro-venance de l’ESRF, et l’ILL a placé pour 911 000 £ de com-mandes au sein des compagnies britanniques. Le STFC a quant à lui placé pour 111 M£ de contrats dans ces entreprises, la moitié allant à des PME.

7.3 Des compétences de classe mondiale

L’ambition du STFC est de fournir une main d’œuvre scien-tifique et technique hautement qualifiée qui consolidera la position du Royaume-Uni en tant que nation à la pointe de la recherche et qui soutiendra la croissance d’une économie de haute technologie.

Page 21: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 21

D o s s i e r

Ainsi, sur l’année 2011-12, le STFC a investi à hauteur de 23,9 M£ dans la formation des doctorants et des bourses de recherche dans les domaines de la physique des particules, la physique nucléaire et l’astronomie. Le STFC a également four-ni plus de 12 000 journées de formation pour des doctorants, financées par d’autres conseils de recherche, leur permettant d’utiliser les équipements du STFC.

En 2011, le STFC a réalisé une étude sur le devenir des doc-torants qu’il finance. Il est ressorti de cette étude que 93 % des répondants étaient employés (48 % dans les universités, 27 % dans le secteur privé et 22 % dans le secteur public), 41 % gagnaient un salaire équivalent ou supérieur à 35 000 £ par an, et les cinq compétences considérées comme les plus importantes dans une carrière étaient : la résolution de pro-blèmes, la programmation informatique, la connaissance du sujet de recherche, l’analyse de données et l’aptitude à la communication écrite.

Enfin, l’impact de la recherche est aussi réalisé grâce à des programmes d’engagement avec le public et grâce aux acti-vités collaboratives. Dans la première catégorie, il est estimé que depuis 2006, deux programmes particuliers ont permis d’interagir avec une audience de 46,5 millions de personnes, illustrant le fort intérêt du grand public pour les activités scientifiques conduites par le STFC. En 2011-12, le STFC a in-vesti dans 47 programmes d’interaction avec le public, et une audience de 570 000 personnes a été touchée. Les échantil-lons de roches lunaires ont été prêtés 127 fois à des écoles, universités, centres pour la science et sociétés d’astronomie et 20 000 visiteurs ont été accueillis sur les installations du STFC. 250 écoles britanniques ont visité le CERN et 200 ensei-gnants ont participe au programme d’enseignement du CERN qui a pour objectif de promouvoir l’enseignement de la phy-sique des particules à l’école et d’exposer les enseignants à la recherche.

Pour finir, la réalisation des programmes du STFC passe par des collaborations couronnées de succès avec un vaste éven-tail de partenaires stratégiques au nombre desquels les univer-

sités, les autres conseils de recherche, le TSB, les campus par-tenaires et l’industrie. Les collaborations en place en 2011-12 incluaient par exemple : un protocole d’entente sur cinq ans avec Guanghua Science and Technology Foundation, en Chine, pour promouvoir conjointement le développement et l’exploitation des sciences et technologies, une collaboration avec les laboratoires américains Fermilab pour transférer une technologie développée dans le domaine des accélérateurs de physique des particules vers d’autres applications, etc.

Dossier rédigé par Maggy Heintz

Notes :

1. nci = normalised citation impact. Citation normalisée par domaine scientifique et année de publication.

2. Voir http://www.researchinfonet.org/wp-content/uploads/2012/06/Finch-Group-report-FINAL-VERSION.pdf

Sources :

- RCUK Impact Report 2012, 24/01/2013, http ://www.rcuk.ac.uk/Publications/reports/Pages/impact2012.aspx

- MRC Economic Impact Report 2011-12, 24/01/2013, http ://www.mrc.ac.uk/Utilities/Documentrecord/index.htm?d=MRC008981

- EPSRC Research Performance and Economic Impact Report 2012, 24/01/2013, http ://www.epsrc.ac.uk/newsevents/news/2013/Pages/impactreport.aspx

- BBSRC Impact Report 2012, 24/01/2013, http ://www.bbsrc.ac.uk/publications/planning/bbsrc-delivery-plan.aspx

- NERC Impact Report 2012, 24/01/2013, www.nerc.ac.uk/about/perform/documents/impactreport2012.pdf

- ESRC Research Performance and Economic Impact Report 2011/12, 24/01/2013, http ://www.esrc.ac.uk/funding-and-guidance/tools-and-resources/impact-evaluation/economic-impact-reports.aspx

- AHRC Impact Report, 24/01/2013, http ://www.ahrc.ac.uk/News-and-Events/News/Pages/AHRC-Impact-Report-Published.aspx

- STFC Impact Report 2012, 24/01/2013, www.stfc.ac.uk/resources/pdf/stfcimpactreport2012.pdf

Page 22: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201322

P o l i t i q u e s c i e n t i f i q u e , i n n o v a t i o n , u n i v e r s i t é s

La catalyse, qui a bénéficié dans les dernières années de 28 M£ d’investissements provenant de l’Engineering and Physi- cal Sciences Research Council (EPSRC, conseil de recherche pour les sciences physiques et de l’ingénieur) entre les années 2006 et 2011, est un des domaines phares de l’excellence scien- tifique britannique. Fin janvier 2013, l’EPSRC a renforcé son soutien en annonçant la création d’un pôle de recherche, le UK Catalysis Hub (pôle de recherche britannique en catalyse), qui sera créé à l’aide d’un financement à hauteur de 12,9 M£.

La catalyse consiste à accélérer des réactions chimiques, permettant ainsi de ramener de longs processus à des échelles de temps facilement utilisables. Les sciences cataly- tiques sont ainsi un domaine transverse clé, au cœur de nom-breux procédés industriels actuels et futurs. De nos jours, la quasi-intégralité des biens produits mettent en œuvre un processus de catalyse lors de leur conception. On peut par exemple noter, parmi les applications majeures de catalyses, l’environnement (comme lors du nettoyage et du transport d’émissions industrielles), la synthèse de produits (tels que les engrais, les explosifs, les médicaments, les polymères, etc.), ainsi que la production de biocarburants ou d’eau potable.

La catalyse est également un domaine clé dans le déve- loppement des secteurs tels que les produits chimiques, l’énergie, l’industrie pharmaceutique, l’alimentation, le soin personnel, et les matériaux. De nombreuses entreprises de ces secteurs basées au Royaume-Uni occupent une place im-portante sur la scène internationale, et les profits générés par ces compagnies ont été évalués à 50 Md£ par an, auxquels on peut rajouter la propriété intellectuelle enregistrée au Royaume-Uni.

Accueillant l’annonce de ce financement, David Willetts, se-crétaire d’État aux universités et de la science, a déclaré : « Les sciences catalytiques sont cruciales pour le développement de nombreux domaines de l’économie britannique, depuis la production alimentaire jusqu’au secteur pharmaceutique. Cet investissement permettra de créer un foyer pour l’excellence

britannique en catalyse, et d’aider les scientifiques à dévelop-per leurs compétences et à poursuivre des programmes de re-cherche de pointe, afin de contribuer activement à une crois-sance durable ».

Le Directeur Général de l’EPSRC, David Delpy, a ajouté : « Le Royaume-Uni abrite de nombreux chercheurs brillants dans le domaine de la catalyse, qui représente un point clé pour l’essor des industries britanniques et le développement de nouveaux procédés. C’est pour cela que l’EPSRC a réalisé cet investissement stratégique pour la création d’un pôle d’excellence. S’appuyant sur les initiatives précédentes, ce pôle permettra de réunir les universitaires et les institutions publiques, afin de développer davantage la recherche inter-disciplinaire, d’améliorer la visibilité de la communauté bri-tannique en sciences catalytiques, et d’aider ces chercheurs à répondre aux défis majeurs que rencontrent les sciences phy-siques, l’énergie, la manufacture et les sciences médicales ».

L’investissement de l’EPSRC permettra la création d’un programme de recherche en sciences catalytiques, basé au sein du Research Complex at Harwell (RCaH, complexe de re-cherche d’Harwell), dans l’Oxfordshire. Ce centre, établi en 2010, possède d’ores et déjà des laboratoires et des équipe-ments de renommée mondiale dans le domaine de la cata-lyse. Parmi les installations qui pourront être utilisées pour ces recherches, ce centre possède déjà des installations pour la recherche dans les lasers, la diffusion des neutrons et la radiation de synchrotrons.

Ce Research Complex a vocation à devenir un carrefour de la recherche nationale en catalyse, ainsi qu’un centre de for-mation. Il permettra de coordonner les travaux de chercheurs issus de diverses disciplines et des ingénieurs chimistes, pro- venant de plus de 30 universités différentes. Le centre faci-litera la collaboration, le partage d’expertise et de points de vues, et le développement de programmes de recherche de niveau mondial, et permettra d’attirer les financements. Les projets de recherche seront développés au sein des diffé-

Création d’un pôle de recherche sur la catalyse

Po l i t i que sc ien t i f i que , i nnovat ion , un ivers i tés

Exemplesdecatalyseurssolides Source : Flickr, BASF - The Chemical

Company,CC3.0,Att,NC,ND

Page 23: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 23

P o l i t i q u e s c i e n t i f i q u e , i n n o v a t i o n , u n i v e r s i t é s

rentes universités ainsi que dans le RCaH, qui sera par ailleurs en charge des programmes de formation.

Les 12,9 M£ de financements se répartissent sur quatre grands thèmes transverses, pour lesquels les équipes de re-cherche tenteront de répondre à diverses problématiques afin de développer les sciences catalytiques :

1. Catalysisdesign, 3,7 M£

Dirigé par le Professeur Richard Catlow, University College London, basé au RCaH Oxford Science Park, cet axe s’attache à la compréhension des mécanismes de catalyse au niveau moléculaire, et à l’élaboration de nouveaux schémas de cata-lyse issus de cette compréhension.

2. CatalysisforEnergy, 3 M£

Mené par le Professeur Christopher Hardacre, Queen’s Uni-versity Belfast, ce projet a pour objectif de :• concevoir des technologies de transformation de car-

burants fossiles issus de sources lointaines, tels que le gaz naturel, le gaz de schiste ou les gisements de méthane ;

• développer des nouvelles sources d’énergies renouvela-bles ;

• améliorer l’efficacité énergétique et le stockage de l’énergie ;

• réduire les coûts de production de l’énergie.

3. Environmental Catalysis, 3,29 M£

Ce thème, dirigé par le Professeur Graham Hutchings, à l’Université de Cardiff, se penchera sur l’utilisation et l’optimisation de matériaux « déchets », tels que le dioxyde de

carbone, avec un intérêt spécifique dans le nettoyage de pol-luants atmosphériques, la purification de l’eau pour sa réutili-sation, la protection de l’environnement et le développement de méthodes de fabrication industrielle propres.

4. CatalysisforChemicalTransformation, 2,9 M£

Enfin, le Professeur Matthew Davidson, de l’Université de Bath, sera en charge du thème de la catalyse des transforma-tions chimiques. Le but de ces travaux sera le développement de nouvelles méthodes de catalyse, ou l’amélioration de mé-thodes existantes, pour l’élaboration de procédés durables de transformations chimiques, et une utilisation notamment dans la fabrication de produits de chimie fine, de polymères et de matériaux.

La liste des 30 universités participant, à ce jour, à ce pôle peut être consultée sur le site de l’EPSRC. De nombreux nou-veaux partenaires sont susceptibles de rejoindre cette ini-tiative dans les prochaines années, à la fois académiques et industriels, afin de diversifier d’autant plus les domaines de compétences et les problématiques abordées. Cet investisse-ment conséquent rappelle ainsi la volonté affichée du gou-vernement et des Research Councils (Conseils de Recherche) d’appuyer les domaines de la science britannique qui ont d’ores et déjà fait leurs preuves, afin de maximiser leurs résul- tats et leur visibilité à l’échelle internationale.

Eliette RieraSources :

- EPSRC, 31/01/2013, « £12.9 million investment promises stronger, greener UK », http://bit.ly/TdTp3D

- Research Complex at Harwell, http://www.rc-harwell.ac.uk/

Ateliers de travail pour le soutien à l’innovation

Une série d’ateliers de travail d’une journée est organisée par le Department for Business, Innovation and Skills (BIS, ministère des entreprises, de l’innovation et des compéten- ces) en partenariat avec HM Revenue and Customs (équiva-lent du ministère des finances), afin de sensibiliser les petites et moyennes entreprises au soutien que le gouvernement peut leur apporter dans leurs activités de recheche, dévelop- pement (R&D) et d’innovation. Six ateliers de travail ont ainsi pris place, couvrant l’ensemble du territoire entre les Mid-lands (16 janvier) et l’Écosse (20 mars) en passant par le Nord-Est (30 janvier), le Nord-Ouest (13 février), Solent, et le Sud (20 février) et le pays de Galles (6 mars).

Ces ateliers de travail permettent de traiter les sujets sui vants :• utilisation maximale du crédit impôt recherche, disponible

au Royaume-Uni afin d’investir d’avantage dans les activi-tés de R&D ;

• prise en considération du taux réduit d’impôt sur les socié-tés pour les profits attribuables aux brevets ;

• utilisation des bourses de R&D disponibles ;• activités de réseautage dans le domaine de la R&D ;• utilisation des marchés publics ;• maximisation de la valeur de la propriété intellectuelle

pour gagner un avantage compétitif ;• meilleure utilisation des activités de design pour ajouter

de la valeur et permettre au commerce de se développer davantage.

L’objectif du gouvernement est que ces ateliers de travail permettent à plus de PME de se rendre compte de leur inté-rêt à profiter du crédit impôt recherche, notamment dans les secteurs qui sont à l’heure actuelle peut enclin à y faire appel, comme l’agro-alimentaire, l’énergie et l’industrie de l’eau.

M.H.Source :

- News support for innovation workshop, BIS, 03/01/2013, https://www.gov.uk/government/news/support-for-innovation-workshop

Page 24: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201324

P o l i t i q u e s c i e n t i f i q u e , i n n o v a t i o n , u n i v e r s i t é s

Nouveau directeur général pour la connaissance et l’innovation

Sir John O’Reilly, vice-président de l’Université de Cran-field, succèdera à Sir Adrian Smith au poste de directeur gé-néral pour la connaissance et l’innovation au sein du Depart-ment for Business, Innovation and Skills (BIS, ministère des entreprises, de l’innovation et des compétences), à compter de février 2013. Sir Adrian Smith est, depuis fin août 2012, vice-président de l’Université de Londres.

Chef du département d’électronique et d’ingénierie élec- trique à University College London avant de devenir directeur de l’Engineering and Physical Research Council (EPSCR, Con-seil de recherche en sciences physiques et de l’ingénieur) de 2001 à 2006, date à laquelle il a rejoint l’Université de Cran-field, Sir John O’Reilly pourrait sembler manquer d’affinité avec le secteur des arts et sciences humaines. Bien au con-

Pr. Michael Arthur : Nouveau Provost de University College London

Suite au départ prévu de Sir Malcolm Grant à la tête de Uni-versity College London (UCL) en septembre 2012, l’Université s’était mise en chasse d’un successeur au double poste de Président et de Principal (Provost). Celui-ci a été nommé en décembre 2012 et sera le professeur Michael Arthur, actuel-lement Vice-chancelier de l’Université de Leeds.

M. Arthur, président du Russell Group jusqu’en août 2012, est membre de la commission américano-britannique Full-bright, membre du Conseil du Medical Research Council (MRC, Conseil pour la recherche médicale) et vice-président du Worldwide Universities Network.

Le président du Conseil administratif de UCL, Sir Stephen Wall, indique que le choix du professeur Arthur s’est fondé tout autant sur ses qualités personnelles et ses compétences universitaires et de leader que sur ses résultats passés, notam-ment à l’Université de Leeds. En effet, il a réussi à transformer cette dernière en une durée record, qu’il s’agisse d’établir un équilibre financier stable et sain ou de permettre à l’Université

d’entrer dans le Russell Group, illustrant l’amélioration de la qualité de la recherche et de l’enseignement et du classement de l’Université au sein de l’enquête annuelle National Student Survey. Par ailleurs, il a créé un fort sens communautaire et a donné aux personnels académiques et non-académiques le souhait de s’engager davantage dans le projet commun de cet- te université.

Pour le professeur Arthur, cette nomination est « un grand honneur » et il se dit prêt à relever le défi de mener la barre de la « London’s Global University », avant d’ajouter qu’il sera difficile de succéder à une pointure du calibre de Malcolm Grant.

C.M.

Sources :

- http://www.leeds.ac.uk/info/20015/senior_officers/35/profes-sor_michael_arthur

- UCL Website, 10/12/2012, http://bit.ly/SLRtwP

Professeur Michael Arthur

Né en 1954, Michael Arthur obtient sa Licence à l’Université de Southampton en 1977 avant de progresser vers les postes de Research Fellow et Lecturer en 1982. Il devient « chair » de médecine à l’âge de 37 ans avant de prendre la tête de l’école, puis de la faculté de médecine, santé et sciences du vivant de l’Université de Southampton.

Reconnu internationalement pour ses contributions à l’éducation et à la recherche mé-dicale (ses travaux de recherche ont principalement porté sur la physiopathologie du foie et ont une portée internationale), Michael Arthur est Vice-chancelier de l’Université de Leeds depuis 2004. Son objectif, de faire entrer cette dernière dans le Top 50 des classements mondiaux d’ici 2015, a nécessité la mise en œuvre d’une nou-velle stratégie fondée sur l’amélioration de l’apprentissage, de l’enseignement et de la recherche à travers l’ensemble de l’université.

Aux plans national et international, M. Arthur occupe nombre de positions, notamment président du Advisory Group for National Specialised Services (Groupe de conseil pour les services spécialisés nationaux au sein des services de santé britan-niques) et membre du Conseil d’Administration du MRC.

Fin musicien, il est également engagé dans des associations locales et membre conseiller de la Leeds International Piano-forte Competition. Il est l’un des fondateurs de l’Academy of Medical Sciences en 1998.

Page 25: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 25

P o l i t i q u e s c i e n t i f i q u e , i n n o v a t i o n , u n i v e r s i t é s

traire, des projets inter-conseils de recherche, lorsqu’il était à l’EPSRC, lui ont permis de mesurer toute l’importance de la notion de multidisciplinarité et il est de l’avis que « nous devons utiliser les forces de toutes les disciplines et reconnaî-tre le spectre complet [de la recherche] ».

Dans son nouveau rôle, Sir John O’Reilly se voit confier la supervision :• des conseils de recherche ; • du Higher Education Funding Council for England (HEFCE,

Conseil de financement de l’enseignement supérieur en Angleterre) ;

• de la Student Loans Company (organisation à but non lu-cratif détenue par le gouvernement et mise en place en 1989 pour octroyer des prêts et des bourses aux étudiants dans les universités et colleges britanniques) ;

• du Technology Strategy Board (Agence de l’innovation bri-tannique) ;

• ainsi que de trois agences exécutives : UK Space Agency, In-tellectual Property Office et National Measurement Office.

Ayant la responsabilité du secteur de l’enseignement supé-rieur dans son ensemble, Sir John O’Reilly a déjà fait connaître sa position sur le sujet de la prise en compte de l’impact so-cio-économique de la recherche financée sur fonds publics :

en ce qui le concerne, les universitaires qui sont opposés à la prise en compte de l’impact perdent de vue le fait que leur re-cherche doit servir à améliorer la société, et pas seulement à faire avancer leur domaine de recherche. « Si on réagit contre l’impact, on va passer à côté de quelque chose de très impor-tant – le fait que la recherche en soi est importante mais que sa contribution à la société, à l’économie, etc. est très impor-tante également ».

Si le passage de vice-président de l’Université de Cranfield à directeur général pour la connaissance et l’innovation au sein du BIS s’accompagne d’une baisse de salaire de 50 % (d’après des estimations des salaires des vice-présidents d’université du Times Higher Education), le poste s’accompagne d’un cer-tain privilège et d’une notion de devoir. Pour Sir John, « si vous pensez que vous pouvez apporter quelque chose, c’est impor-tant pour le pays et le secteur que vous fassiez tout ce que vous pouvez ».

M.H.

Source :

- Knight takes critical position to become BIS grandmaster, THE, 29/11/2012, http ://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?storycode=421975

Page 26: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201326

S c i e n c e s d e l a v i e & s a n t é

L’agence Ipsos MORI, branche britannique du géant des sondages et du marketing d’opinion, a réalisé une enquête auprès de 1 026 adultes de plus de 15 ans à travers l’ensemble du territoire de Grande-Bretagne (Angleterre, Écosse et Pays de Galles) sur une période de 8 jours au début avril 2012. L’enquête, menée de manière à pouvoir être comparée à des enquêtes similaires faites les années précédentes, était une commande du Department for Business, Innovation and Skills (BIS, ministère des entreprises, de l’innovation et des compé-tences).

Les données ont été pondérées par genre, âge, religion et classe sociale pour refléter le profile reconnu de la population britannique de plus de 15 ans d’âge.

1. Les définitions de classification

Les répondants sont classés en trois groupes en fonction des réponses données :• les partisans à l’utilisation d’animaux pour la recherche

scientifique, sous condition : ce groupe est composé des personnes interrogées ayant répondu à au moins une ques-tion comportant une des conditions suivantes : l’utilisation d’animaux pour la recherche scientifique est acceptable si elle menée pour la recherche médicale, si les animaux ne souffrent pas de manière non nécessaire, si les études fo-calisent sur des maladies mortelles ou encore s’il n’existe pas d’alternative à cette utilisation (pour tout type de re-cherche médicale) ;

• les partisans à l’utilisation des animaux pour la recherche scientifique, sans condition : les personnes interrogées ont répondu qu’elles ne voient aucun inconvénient à l’utilisation d’animaux à des fins de recherche scientifiques, et qu’elles acceptent tout type de recherche s’il n’existe pas d’alternative ;

• les opposants à l’utilisation d’animaux pour la recherche scientifique sont classés en deux catégories : i) ils sont con-tre l’expérimentation animale en raison de l’importance

qu’ils placent sur le bien-être animal ou ii) ils estiment que toute expérimentation devrait être interdite quel que soit le type de recherche.

2. Les résultats : expérimentation animale

2.1 L’acceptation de l’expérimentation animale pour la recherche scientifique

La proportion de partisans avec conditions a diminué un peu depuis 2010 (entre 63 et 66 % selon les conditions choisies). Les personnes les plus cultivées et les hommes du groupe d’âge supérieur à 55 ans sont les personnes les plus représentées parmi les personnes interrogées et classées dans ce groupe de partisans avec conditions. Les individus de 15-24 ans, ceux sans qualification formelle et les femmes d’âge supérieur à 55 ans sont quant à eux les moins représen-tés dans ce groupe.

La proportion des opposants a crû depuis 2006 (de 44 à 53 % en 2012), deux sur cinq faisant partie du sous-groupe souhaitant que toute expérimentation animale soit interdite.

Un tiers des personnes interrogées ne soutient pas l’expérimentation animale et une personne sur cinq estime qu’elle devrait être interdite, une augmentation de 4 % par rapport à 2010. Les femmes sont plus nombreuses propor-tionnellement à s’opposer à l’expérimentation animale, tout comme les personnes interrogées âgées entre 15 et 24 ans.

2.2 La conduite, règlementation et les contrôle

En 2012, le public fait moins confiance aux scientifiques eu égard à la souffrance des animaux infligée par les scientifiques (diminution de 7 point à 47 % par rapport à 2010) ainsi que dans les institutions réglementaires (33 % ne font pas con-fiance par rapport à 30 % en 2010), plus marquée chez les femmes que les hommes. Par ailleurs, si 53 % estiment que la

Enquête sur la perception publique de l’utilisation d’animaux pour la recherche scientifique

Sc iences de l a v i e & san té

Wistar Rat Source : Wikimedia,

InPublicDomain

Page 27: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013

S c i e n c e s d e l a v i e & s a n t é

27

Wistar Rat Source : Wikimedia,

InPublicDomain

Grande-Bretagne possède une législation stricte dans le do-maine de l’expérimentation animale, seuls 43 % pensent que les règles sont appliquées (une diminution de 13 points par rapport à 2010).

De manière intéressante, les changements de ces deux dernières années suggèrent que les avis des personnes inter-rogées sont généralement plus extrêmes dans un sens comme dans l’autre.

2.3 L’expérimentation animale à des fins non médicale

Moins de la moitié des personnes interrogées peuvent ac-cepter l’expérimentation animale à des fins de tests de pro-duits chimiques qui pourraient être nocifs pour l’Homme, une diminution de 4 % par rapport à 2010. En revanche, les per-sonnes en désaccord fort ont augmenté de cinq points pour atteindre 14 %.

2.4 Attitudes envers les activités menées par des organisations de défense des animaux

Les activités de « protestation » contre l’expérimentation animale prennent de nombreuses formes qui sont plus ou moins acceptées par le public. Les activités les mieux accep-tées sont (par ordre décroissant, entre 69 et 41 %) : la distri-bution de prospectus, l’organisation de pétitions ou la rédac-tion de lettres protestataires, la pose d’affiches protestataire sur les vitres de chez eux et l’organisation de manifestations. Parmi les activités les moins bien acceptées, toujours dans un ordre décroissant (de 1 à 2 % d’acceptation), sont : la destruc-tion ou l’endommagement de propriétés ou d’infrastructures, les lettres d’injures, l’utilisation de violence physique contre ceux impliqués dans l’expérimentation animale et l’utilisation de méthodes terroristes.

À noter que si 2 % des personnes interrogées estiment qu’aucune de ces activités n’est acceptable, la même pro-portion estime qu’aucune de ces activités n’est inacceptable. Les individus du groupe d’âge 15-24 ans soutiennent en plus grand nombre les activités intermédiaires telles que la libéra-tion des animaux ou la perturbation plus ou moins prononcée des entreprises approvisionnant les animaleries (entreprises d’élevage d’animaux pour laboratoires, de manufacture de nourriture pour ces animaux, etc.).

2.5 Attitudes envers la recherche scientifique de manière générale

Une large majorité des britanniques (64 %) estiment qu’ils ne sont pas informés correctement ou suffisamment sur des sujets touchant à la science, la recherche scientifique et les

développements, les femmes étant plus nombreuses à répon-dre cela. Par ailleurs, si 76 % des personnes interrogées ont répondu qu’elles estimaient que la science apporte une con-tribution importante à la société, ce chiffre a fortement chuté (87 % en 2010), et 8 % sont en désaccord avec cette déclara-tion (augmentation de 6 points depuis 2010).

3. Les résultats : alternatives à l’expérimen- tation animale

La proportion de personnes interrogées estimant qu’elles se sentent relativement bien informées sur les efforts menés pour trouver des méthodes alternatives à l’expérimentation animale a largement augmenté au cours des deux dernières années pour atteindre 27 % (18 % en 2010).

Eu égard au cadre éthique en place au Royaume-Uni pour la conduite d’expérience scientifiques utilisant des animaux de laboratoire, Replacement, Refinement and Reduction (3Rs, remplacement, amélioration et réduction du nombre d’animaux de laboratoires utilisés pour la recherche scien- tifique), 22 % des personnes interrogées connaissaient l’existence d’efforts faits pour trouver des alternatives à l’expérimentation animale mais ne connaissaient pas expres-sément l’existence du NC3Rs (National Centre for Replace-ment, Refinement and Reduction).

À noter que près de la moitié des participants à l’enquête (49 %) s’est dit peu ou pas intéressée de connaître les alterna-tives existantes, et 55 % des participants se sont dit assez ou très intéressés de connaître les efforts fournis pour améliorer le bien-être des animaux. Pour 40 % des personnes interro-gées, le meilleur moyen d’information est la télévision (40 %), suivi par les quotidiens nationaux et Internet (28 et 26 %, res- pectivement).

Conclusion

Ce sondage, reproduit à intervalles réguliers d’un ou deux ans, permet aux pouvoirs publics de rester informés sur les tendances générales du public britannique vis-à-vis de l’expérimentation animale. Il s’agit en effet d’un sujet très sensible dans ce pays ayant été témoin dans les années 2000 d’une forte montée des activités extrémistes, voire terro- ristes, par des groupuscules antivivisectionnistes.

C.M.

Source :

- Views on the use of Animals in scientific research, Ipsos-MORI, 19/10/2012, http://bit.ly/Xez5yU

Page 28: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201328

S c i e n c e s P h y s i q u e s & d e l a M a t i è r e

Une équipe de chercheurs des universités de Cambridge, University College London et de Gdansk (Pologne) a déve-loppé un nouveau protocole expliquant comment l’intrication quantique peut être recyclée pour améliorer l’efficacité des connections entre particules quantiques et nous rapprocher un jour, peut être, de la téléportation telle que conçue dans le domaine de la science fiction…

Au cours des 10 dernières années, la physique théorique a montré comment les intenses interactions générées entre particules telles que définies dans les lois de la physique quantique (intrication quantique), pouvaient détenir la clé de l’éventuelle téléportation d’informations. La physique quan-tique décrit le comportement des atomes et des particules, et l’intrication quantique représente l’état quantique de deux objets (électrons ou protons) qui doit être décrit globalement, sans pouvoir séparer un objet de l’autre, bien que ceux-ci puissent être spatialement séparés. Il existe ainsi une corré-lation et une synchronisation entre les propriétés physiques observées des deux objets qui ne peuvent être considérés de façon indépendante, que ceux-ci soient côte à côte ou de part et d’autre d’une galaxie.

Initialement considérée comme impossible, une équipe de scientifiques a établi, en 1993, que la téléportation pouvait être réalisable en utilisant les lois de la physique quantique, et plus particulièrement en exploitant le phénomène d’intri-cation quantique pour transmettre des quantités d’informa-tion (qubits) sur des distances potentiellement très vastes, de facon quasi instantanée.

De précédents essais de téléportation ont mis en exergue deux types de problèmes :• soit l’information transmise était brouillée et nécessitait

des corrections du côté du récepteur ;• soit l’information reçue n’avait pas besoin d’être corrigée

mais nécessitait une telle quantité d’intrication quantique que chaque objet envoyé detruirait l’état d’intrication.

Bien que purement théorique, la recherche conduite par cette équipe internationale met en avant une solution selon laquelle l’état d’intrication quantique peut être recy-clé, de telle façon que la passerelle entre les particules soit maintenue pour la téléportation d’objets multiples. L’équipe a également établi un protocole selon lequel de mutliples qubits peuvent être téléportés simultanément, bien que l’état d’intrication se dégrade proportionellement à la quantité d’informations transmises.

« Il y a des liens très étroits entre la téléportation et les calculateurs quantiques qui sont des systèmes exploitant la mécanique quantique pour effectuer des calculs qui ne se-raient pas réalisables sur des ordinateurs classiques », a dé-claré Sergii Strelchuk du Department of Applied Mathematics and Theoretical Physics (DAMPT, Département de mathéma-tiques appliquées et de physique théorique) de l’Université de Cambridge. « Construire un calculateur quantique est l’un des grands défis de la physique moderne, et il est attendu que ce nouveau protocole permette des avancées dans ce domaine ».

Si le protocole mis au point par les chercheurs de Cam-bridge et de Gdansk est purement théorique, il est à noter qu’une équipe de chercheurs chinois a réussi, l’an passé, à téléporter des photons sur une distance de 143 km.

Si la téléportation d’informations par de simples atomes est réalisable avec les technologies actuelles, la téléportation de grands objets ou d’humains relève cependant encore du domaine de la science fiction !

M.H.

Source :

- University of Cambridge, Research News, 17/01/2013, Mathemati-cal breakthrough sets out rules for more effective teleportation

Particle or wave...Crédits : Flickr, Jurvetson, CC 3.0, ATT

Avancées mathématiques dans le domaine de la téléportation

Sc iences phys iques & de l a mat ière

Page 29: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 29

S c i e n c e s P h y s i q u e s & d e l a m a t i è r e

La recherche en mathématiques au Royaume-Uni

D’après un rapport commissionné auprès de Deloitte par l’Engineering and Physical Research Council (EPSRC, Conseil de recherche en ingénierie et sciences physiques) et visant à évaluer les bénéfices économiques de la recherche en scien- ces mathématiques conduite au Royaume-Uni, il ressort que 10 % des emplois à l’échelle du pays découlent des sciences mathématiques, et en 2010, la recherche dans le domaine a généré 208 Md£, en termes de valeur ajoutée brute, pour l’économie du pays.

La recherche en mathématiques

Il n’existe pas une définition unique de la recherche en scien- ces mathématiques (RSM). Dans le cadre de cette étude ce-pendant, Deloitte a considéré comme RSM toute recherche de haut niveau, conduite au sein des institutions acadé- miques, des centres de recherche, du secteur privé et du gou-vernement, qui permet d’accroître la connaissance mathé-matique d’ores et déjà accumulée. Tel que reconnu dans la revue internationale des sciences mathématiques de 2010, le sujet englobe une grande variété de disciplines, au nom-bre desquelles : algèbre, analyse, mathématiques discrètes et combinatoires, équations différentielles, système dynamique et complexité, mécanique des fluides, géométrie et topologie, logique et fondations, physiques mathématiques, théorie des nombres, analyse numérique, probabilités et statistiques.

De plus, les mathématiques sont connectées à nombre d’autres disciplines scientifiques telles l’informatique, l’ingé- nierie, la physique, la biologie, les sciences des matériaux et la médecine. Les sciences sociales (économie et psychologie) utilisent de plus en plus d’outils développés par la RSM.

La RSM est présente dans notre vie de tous les jours, que nous en ayons conscience ou non. Les smartphones par exem- ple utilisent l’algèbre linéaire pour maximiser la quantité d’informations qui peut être transmise sur un spectre limité ; des modèles mathématiques prédisant les conditions clima-tiques ont été utilisés pour permettre aux avions de voler à nou-veau après l’éruption du volcan islandais en 2010 et le nuage de cendres qui en a découlé ; la mécanique des fluides est utilisée dans le domaine de la santé pour mieux comprendre certaines maladies sanguines ; les mathématiques sont égale-ment présentes derrière les effets spéciaux des derniers films hollywoodiens ; et les performances des athlètes olympiques ont bénéficié d’outils et de techniques mathématiques tels la dynamique inverse. Par conséquent, en termes d’emploi, les mathématiques ne sont pas limitées à certains secteurs de l’économie ou à certaines industries. Ainsi par exemple, le secteur de l’agriculture emploie des ingénieurs chimistes qui font appel à la RSM lorsqu’il s’agit de problèmes de fertilisa-tion des sols.

La diversité de la RSM et le fait que les mathématiques sont présentes dans tous les secteurs de l’économie et de l’industrie, font de l’estimation de leur contribution à l’économie d’un pays un exercice très complexe. Cet exercice est d’autant plus com-pliqué par le facteur temps : comme pour toute recherche, il y a en effet souvent un écart de temps important entre la recher-

che effectuée et son impact sur l’économie. Une idée mathé-matique initialement considérée comme purement abstraite peut s’avérer avoir, dans le futur, de véritables applications.

Objectifs de l’étude et approche

Tel que défini d’un commun accord avec l’EPSRC, cette étude menée par Deloitte s’intéresse à l’impact économique de la RSM en 2010 grâce à la mesure de deux facteurs :• le nombre d’emplois attribués à la RSM ;• la valeur ajoutée brute attribuée à la RSM.

Les données ont été collectées à partir de différentes sources publiques, dont l’Office of National Statistics (ONS, Bureau national des statistiques) et le Department of Busi-ness, Innovation and Skills (BIS, ministère des entreprises, de l’innovation et des compétences). Pour quantifier l’impact économique de la RSM, une approche en trois parties a été adoptée :1. identification des emplois directement impliqués dans la gé-

nération et l’application de la RSM. Fondée sur une biblio- graphie extensive, une étude du devenir des étudiants diplômés et divers commentaires de parties prenantes, 70 professions ont ainsi été identifiées ;

2. allocation de ces professions dans les quelques 600 diffé-rents secteurs de l’économie britannique ;

3. application d’un modèle input-output (analyse entrée-sortie) pour calculer la valeur ajoutée brute attribuable à la RSM. Cette analyse permet de prévoir l’influence des changements dans un secteur d’activité particulier ou des changements de consommation sur le reste de l’économie.

En plus de cette approche quantitative, une analyse quali-tative est effectuée sur le rôle de la RSM dans l’économie bri-tannique.

Le paysage mathématique au Royaume-Uni

Pour calculer l’impact quantitatif de la RSM au Royaume-Uni, il convient dans un premier temps de placer les résul-tats dans le contexte approprié et de considérer l’impact dans l’actuel paysage de la RSM et en fonction des circonstances et tendances économiques plus larges.

Dans son Plan for Growth (plan pour la croissance) pu blié par le Treasury et le BIS en mars 2011, le gouvernement observe que « l’accès à une main d’oeuvre qualifiée, en par-ticulier en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, est vital » pour un certain nombre de secteurs identifiés en temps que moteurs de la croissance, au rang desquels la fa- brication avancée, les sciences de la vie, les services financi-ers, l’énergie verte et les services non-financiers. Il n’est par conséquent pas étonnant que l’étude des mathématiques et des disciplines associées demeure populaire au Royaume-Uni.

Le pays est en effet largement reconnu pour sa RSM de classe mondiale, tel que le montrent les chiffres suivants :• avec 3,9 % de la population mondiale de chercheurs et 3 %

de la dépense mondiale brute en R&D, le Royaume-Uni pro-

Page 30: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201330

S c i e n c e s P h y s i q u e s & d e l a M a t i è r e

Science et Technologie au Royaume-Uni • Novembre-Décembre 2012 50

duit 6,4 % de tous les articles dans le domaine des scien- ces mathématiques ;

• ces articles sont utilisés à hauteur de 9,4 %, représentent 10,9 % des citations, et 14 % des 1 % d’articles les plus cités.

Il ressort donc de ces chiffres que les chercheurs en RSM au Royaume-Uni produisent plus d’articles par chercheur et que ces articles sont plus lus que ceux d’autres pays. Le pays rivalise avec les États-Unis en tant que leader mondial dans le domaine de la RSM et se situe loin devant les autres pays européens. L’excellence mathématiques britannique est due à sa diversité (en termes de domaines, taille de groupes et taille d’institutions) et sa distribution géographique. De plus, les chercheurs académiques participent activement à des col-laborations multidisciplinaires impliquant des problèmes im-portants et complexes et sont des partenaires précieux pour l’industrie.

Comment la RSM peut bénéficier à l’économie britannique

Cette partie de l’étude est une analyse qualitative, fondée sur une recherche bibliographique et la recherche de cas d’étude. Il ressort de cette étude que la RSM peut influencer l’économie du pays de trois façons distinctes :• meilleure compréhension des données et du monde envi-

ronnant ;• protection de la société ;• prévision, incertitudes et procédés d’optimisation.

Meilleure compréhension des données

L’une des façons les plus classiques pour la RSM d’avoir un impact sur l’économie d’un pays est le traitement et la com-préhension de données brutes. Au niveau le plus fondamen-tal, il peut s’agir tout simplement de la collecte de données par l’ONS, dans le cadre d’un recensement par exemple, et de mettre ces données à la disposition du gouvernement et du secteur privé pour qu’ils puissent en tirer leurs propres conclusions. La RSM peut aussi développer des outils et tech-niques permettant aux individus et aux entreprises de décou-vrir de nouvelles relations et opportunités qui auraient pu de-meurer obscures ou cachées.

En allant plus loin dans la réflexion, des algorithmes déve- loppés par des chercheurs peuvent aider les entreprises à gagner en compétitivité via une amélioration de leur effica- cité, le développement d’une meilleure compréhension des clients, des procédés améliorés et la réduction des barrières à l’entrée sur le marché. Ceci peut, à son tour, améliorer la croissance économique et la prospérité. De tels algorithmes existent dans nombre d’industries et de secteurs écono- miques (finance, veille économique, aéronautique, produc-tion). Il semblerait que 60 % des organisations du secteur privé soient de l’avis que l’utilisation de l’analyse de données soit le facteur le plus important pour accroître la croissance des entreprises britanniques.

Protection de la société

La RSM peut influencer de façon positive les domaines tels que la santé, les techniques d’information et de communica-

tion, et la sécurité, qui, à leur tour, peuvent contribuer à pro-mouvoir le bien-être économique et social.

Ainsi, dans le secteur pharmaceutique par exemple, des statisticiens sont impliqués dans la conception d’essais cli- niques pour de nouveaux médicaments. Les statistiques jouent en effet un grand rôle dans ce domaine et des stat-isticiens sont employés dans tous les domaines de la R&D, de l’identification initiale de molécules potentiellement thé-rapeutiques à la conception d’essais cliniques, en passant par la fabrication de produits pharmaceutiques.

Des modèles mathématiques sont également de plus en plus utilisés dans le secteur de la santé publique et représen-tent des collaborations entre mathématiciens, biologistes, cliniciens et décideurs et utilisent une grande variété de tech-niques permettant de définir des scénarios du type « et si ja-mais… »

Sécurité Internet

D’après un rapport de 2012, 93 % des grandes entreprises ont déclaré avoir eu, courant 2012, des incidents en termes de sécurité informatique, soit une augmentation de 21 % par rapport à 2008. La sécurité Internet offre de nouvelles op-portunités de recherche et d’analyse pour la RSM, faisant ap-pel aux probabilités, algorithmes, théorie de la complexité et théorie des nombres.

Il ressort de cette étude qualitative que l’économie britan-nique peut bénéficier de la RSM de plusieurs façons :• en construisant une infrastructure de l’information sur

laquelle comptent de nombreuses entreprises et individus ;• en apportant les outils et techniques nécessaires à l’analyse

et l’interprétation de larges jeux de données ;• en œuvrant pour le bien public via la modélisation

d’impacts de risques naturels ou dans le cadre de test de médicaments ;

• en contribuant à la sécurité nationale via des outils de sé-curisation des données ;

• en créant des prévisions robustes pour faire face aux incer-titudes et permettre une meilleure planification ;

• en optimisant les procédés pour accroître l’efficacité.

Contribution économique directe de la RSM

Cette analyse quantitative de la contribution de la RSM à l’économie du pays est fondée sur une analyse entrée-sortie, utilisée pour estimée la valeur ajoutée brute attribuée à la RSM.

L’analyse suggère ainsi que 2,8 millions d’individus sont directement impliqués dans la génération et l’application de RSM au Royaume-Uni en 2010. Ces personnes se retrouvent dans tous les secteurs de l’économie, mais les cinq employant le plus de personnes dans ce domaine sont les services infor-matiques, l’administration publique et la défense, les activités en lien avec l’architecture et la consultance technique, la cons- truction et l’éducation. En termes de pourcentage d’emplois liés à la RSM par secteur d’activité, l’analyse suggère que dans les secteurs de la R&D, des services informatiques et des avions et vaisseaux spatiaux, bien plus de la moitié des emplois sont

Page 31: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 31

S c i e n c e s P h y s i q u e s & d e l a m a t i è r e

directement impliqués dans la génération et l’application de la RSM. Même dans des domaines tels la production et la distri-bution d’électricité, les instruments médicaux et de précision, les assurances et les fonds de pension, les sciences mathé-matiques comptent pour plus du quart des emplois, en 2010.

La mesure utilisée par Deloitte pour évaluer la contribution de la RSM à l’économie britannique est la valeur ajoutée brute, telle que définie précédemment. L’analyse conduite suggère que la valeur ajoutée brute attribuable à l’application et à la génération directes de la RSM au Royaume-Uni en 2010 est d’approximativement 208 Md£, soit 16 % du total de la

valeur ajoutée brute britannique. Le contributeur le plus im-portant est le secteur financier, qui compte pour 27 Md£ en 2010, suivi par les services informatiques, l’industrie pharma-ceutique, la construction et l’administration publique.

M.H.

Source :

- Measuring the economic benefits of mathematical science research in the UK, Final report, November 2012

Page 32: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201332

É n e r g i e & e n v i r o n n e m e n t

Les énergies marines représentent un des domaines de re-cherche en énergies renouvelables, qui, bien qu’assez jeune, attire une attention croissante. Le début de l’année 2013 aura été ponctué de plusieurs annonces encourageantes concer-nant les marées et courants moteurs. Entre la publication d’un rapport scientifique revoyant à la hausse le potentiel éner-gétique de ces technologies, des résultats d’une étude envi-ronnementale de près de cinq ans menées sur un dispositif installé au large de l’Irlande du Nord, et les décisions de fi-nancements britanniques et européens, les énergies marines suscitent toujours autant, sinon plus d’intérêt qu’en 2012.

Plus de 20 % de l’électricité britannique

Dans un rapport publié en janvier 2013 dans le journal Philosophical Transactions of the Royal Society A, des scien-tifiques ont avancé que l’énergie provenant des marées mo-trices pourraient représenter plus de 20 % de la demande en électricité britannique dans les prochaines années. Bien que les méthodes de production d’électricité à partir des vagues et des marées, actuellement divisées en deux catégories (tur-bines sous-marines implantées dans des zones à forts cou-rants, ou barrages marémoteurs placés dans des estuaires de marées, mettant à profit les flux d’eau pour mettre en mouve-ment des turbines) soient encore incertaines, les chercheurs de la Royal Society ont affirmé être « extrêmement opti-mistes » dans le potentiel des deux types de dispositifs. Le co-rédacteur du rapport, Dr Nicholas Yates du National Oceano- graphy Centre (NOC, Centre national d’océanographie), a ainsi expliqué : « On peut raisonnablement espérer obtenir jusqu’à 15 % des besoins en électricité du Royaume-Uni à partir de barrages marémoteurs. […] En plus de ces chiffres, on peut ajouter 5 % provenant de courants de marées, avec un déve- loppement futur des technologies, à mon avis très probable-ment sous-estimé à ce jour ».

Récemment, un grand projet de barrage à travers l’estuaire de la rivière Severn1, au Pays de Galles, s’est vu refusé par le gouvernement de coalition, à cause d’impacts environne-

mentaux trop conséquents. Bien que les officiels se soient dits prêts à réévaluer une nouvelle version du projet, le Dr Yates estime qu’il est « dommage que l’estuaire de la Severn ait at-tiré l’attention en termes de marées motrices, ce lieu n’est pas approprié pour démarrer les travaux, il est trop grand […] Il faut commencer par plus petit, comme l’ont fait les danois avec l’éolien – commencer petit, apprendre vite, et grandir ».

D’après les auteurs du rapport, l’année 2013 pourrait être une année importante pour les marées motrices. Parmi les appareils à déployer, la compagnie MeyGen (voir plus loin) va installer le tout premier parc de turbines sous-marines dans le Pentland Firth2, qui devrait pouvoir générer jusqu’à 40 MW d’électricité, soit suffisamment pour alimenter 38 000 habita-tions. D’après le Pr AbuBakr Bahaj, de l’Université de South-ampton, « Ceci est une étape cruciale pour nous, puisque ce sera le premier parc de turbines alimentées par les marées. Il représentera une proposition viable pour nous, en ce qui con-cerne les aspects énergétiques de la mer – cela nous fournira un nouvel élément du mix énergétique, plus fiable que le vent ».

Enfin, des analystes ont également cherché à savoir si l’électricité provenant de ces sources présentait des risques de clignotements, problème souvent rencontré avec les an-ciennes éoliennes, et souvent sources d’agacement pour les consommateurs. Une des personnes ayant étudié le dispositif SeaGen (voir plus bas), Joseph MacEnri d’ESB International, a affirmé que les résultats étaient très bons, avec très peu de clignotements constatés, et ajouté que « Globalement, cet appareil se comporte comme une éolienne moderne et effi-cace ».

Un feu vert environnemental pour SeaGen

Le projet SeaGen, à Strangford Lough en Irlande du Nord, représente la plus grande turbine sous-marine au monde qui soit connectée au réseau électrique. Installé en 2008, ce dis-positif composé de deux immenses hélices, est fixé sur les fonds marins au sein d’un des sites recevant les plus forts

De nouveaux encouragements pour les énergies marines

Énerg ie & env i ronnement

Turbine SeaGen en mer Crédits : Marine Current Turbines, a Siemens business

Page 33: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 33

É n e r g i e & e n v i r o n n e m e n t

Turbine SeaGen en mer Crédits : Marine Current Turbines, a Siemens business

courants de marées au monde. Cependant, la question de l’impact environnemental, comme pour tous les dispositifs de production d’énergies marines, reste au cœur de ce projet, d’autant que la région de Strangford Lough représente l’une des zones les plus protégées d’Europe, car fournissant un habi- tat naturel unique pour certains oiseaux et animaux marins.

Après une étude de près de cinq ans, des chercheurs de l’Université de Belfast ont publié leurs résultats mi-janvier 2013, donnant un « feu vert environnemental » à l’appareil. Les craintes, notamment sur une éventuelle collision entre de larges mammifères marins et les turbines, se sont avérées fausses, avec pour conclusion les paroles de David Erwin, biologiste marin et plongeur : « Aucune modification dans l’abondance de phoques ou de marsouins en lien direct avec SeaGen n’a pu être remarquée ; ces animaux continuent de nager à côté du SeaGen, qui ne semble pas représenter d’entrave ou de soucis majeur pour eux. D’après ma longue expérience de Strangford Lough, j’ai toujours été confiant dans le fait que SeaGen pourrait opérer sans impact signifi-catif, et je suis ravi de voir que les résultats de cinq années de travaux acharnés, avec l’aide d’experts figurant parmi les plus respectés dans leurs domaines, aient pu le confirmer ».

Franck Fortune, directeur technique de la consultance environnementale effectuée par Royal Haskoning, et qui a préparé le rapport pour Marine Current Turbines (MCT, entre-prise mère de SeaGen), a également déclaré : « Les résultats des programmes de surveillance environnementale nous con-fortent dans l’idée que SeaGen pourra certainement continuer de fonctionner sans impact significatif sur l’environnement marin de Strangford Lough. Cela valide l’approche managéria- le innovante et adaptative prise par MCT en termes de surveil-lance et d’atténuation, soutenue par l’Agence Nord-Irlandaise de l’environnement ».

Des financements britanniques et européens

Les énergies marines ont par ailleurs bénéficié de l’annonce de nouveaux financements, à la fois au niveau local et européen. D’une part, le Crown Estate, organisme gérant les territoires maritimes britanniques, a annoncé le 16 janvier 2013 la mise à disposition de 20 M£ destinés à financer deux projets de marées ou vagues motrices. Cet investissement sera soumis à conditions, notamment la présence de fonds provenant d’autres compagnies mais également d’un soutien du gouvernement britan-nique. Les fonds permettront à aider à la construction de projets concernant des parcs d’appareils (et non un seul dispositif), pouvant générer 3 MW ou plus d’électricité. Ils devront également avoir au préalable obtenu toutes les autorisations nécessaires, depuis le bail du Crown Es-tate pour leur installation jusqu’à la connexion au réseau électrique britannique, et pouvoir atteindre un stade d’investissements de capitaux d’ici mars 2014 au plus tard.

Le directeur du portfolio énergie et infrastructures, Rob Hasting, a commenté : « Plusieurs technologies de marées et vagues motrices sont désormais fonctionnelles, et il est temps pour l’industrie de passer à l’étape de pro-jets de démonstrations. Les premiers parcs d’appareils

sont importants, puisqu’ils sont un point critique pour attein-dre des projets à plus grande échelle au niveau britannique, puis mondial. En apportant notre capital et notre expertise, nous espérons pouvoir catalyser les investissements d’autres acteurs, afin de mener à bien des projets de construction et de mise en fonctionnement aussi rapidement que possible ».

À l’occasion de la 10ème conférence Renewable UK Wave & Tidal, Greg Barker, secrétaire d’État à l’énergie et au change-ment climatique, ainsi que Fergus Ewing, ministre écos- sais délégué à l’énergie, aux entreprises et au tourisme, ont également annoncé des financements en faveur des énergies marines. En effet, le discours de Greg Barker a été ponctué de l’annonce des deux vainqueurs de la compétition Marine Energy Array Demonstrator scheme (MEAD, Programme de démonstration de parcs de technologies d’énergies marines), lancée en avril 2012, ayant pour but de soutenir le développe-ment et les tests de pré-commercialisation de parcs de dis-positifs en mer.3 Le programme de la compagnie MeyGen4, dans le Pentland Firth (mentionnée plus haut), et l’entreprise SeaGeneration (Wales) Ltd, à Angelsey au Pays de Galles, se sont ainsi vu attribuer au total 20 m£ pour le développement de leurs parcs de turbines, respectivement de 1,4 MW (An-dritz Hydro Hammerfest) et 2 MW (SeaGen-S, Siemens, voir Figure 1).

Le secrétaire d’État a également annoncé la signature d’un mémorandum d’accord entre les deux Marine Energy Parks (MEP, parcs d’énergies marines) du Royaume-Uni, soit le South-West MEP (situé près des Cornouailles) et le Pent-land Firth MEP, afin d’entériner leur collaboration scienti-fique et technique, et de formaliser la création d’un cluster de compétences dans le domaine des énergies marines au Royaume-Uni. Enfin, Greg Barker a mentionné le lancement par l’Energy Technology Institute (ETI, Institut des technolo-gies de l’énergie), en collaboration avec l’entreprise écossaise

Figure 1 : Vue d’artiste d’un parc de turbines SeaGen Crédits : Marine Current Turbines, a Siemens business

Page 34: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201334

É n e r g i e & e n v i r o n n e m e n t

Pelamis Wave Power (pionniers des énergies ma-rines en Écosse), un projet de 1,4 M£ ayant pour but d’améliorer la rentabilité des parcs de conver-tisseurs d’énergies des vagues à grande échelle dans les eaux britanniques (voir Figure 2).

De son côté, Fergus Ewing a annoncé la décision du gouvernement écossais de soutenir les travaux de l’European Marine Energies Centre (EMEC, Cen-tre européen des énergies marines), par le biais de deux subventions distinctes : • d’une part, 1,1 M£ destinés à un projet de re-

cherche étudiant le développement des navires de soutien opérationnel utilisés dans l’industrie marine autour des Orcades, dans le Nord de l’Écosse ;

• d’autre part, 3 M£, débloqués à l’aide de Holy-rood and Highlands and Island Enterprise, afin d’encourager l’expansion des sites de tests gé-rés par l’EMEC, indispensable pour que le centre puisse continuer à répondre à la demande crois-sante du marché.

Par ailleurs, la compétition européenne NER3005, dis-tribuant des fonds issus de la vente des crédits carbones aux nouveaux entrants, a permis à deux projets britanniques d’obtenir des financements européens. Au Nord de l’Écosse, le projet SeaGen Kyle Rhea a obtenu jusqu’à 15 M£ pour la mise en place d’un parc de turbines de 8 MW entre l’Écosse et l’île de Skye, tandis que le détroit d’Islay, dans l’Ouest de l’Écosse, verra l’installation d’un parc de 10 MW à l’aide d’une subvention de 16,8 M£. Il est à noter que ce sont les deux seuls projets britanniques ayant été sélectionnés lors de cette compétition, qui a distribué un total de 1,2 M€ à 23 projets européens innovants dans le domaine de la réduction des émissions de carbone.

Conclusion

Bien que ces différents éléments soient tous très positifs pour le domaine des énergies marines, il ne faut pas oublier que les technologies sont encore à ce jour très jeunes, et que de nombreux obstacles existent toujours, à commencer par le manque de financement. La réalisation d’un projet exploitant les marées motrices reste très coûteuse, et la transmission charge6 (coût imposé pour transmettre de l’électricité sur le ré-seau électrique britannique) est suffisamment élevée, notam-ment en Écosse, pour décourager certains investisseurs. En plus des financements déjà existants et de ceux énoncés plus haut, toute personne investissant dans des projets de marées motrices est gratifiée à hauteur de 40 £ par mégawatt/heure d’énergie générée. Ce programme prendra cependant fin en 2017. Si les marées et les vagues représentent un potentiel conséquent pour le futur des énergies renouvelables, il reste crucial que les gouvernements et les industries continuent d’apporter des subventions pour permettre les avancées des recherches et la diminution, à terme, des coûts de fabrication et de production.

E.R.

Notes : 1. Voir la description du projet : http://www.hafrenpower.com/,

ainsi que l’article de la BBC sur une nouvelle soumission du projet : http://www.bbc.co.uk/news/uk-wales-20710783

2. Voir l’article « Ouverture du premier parc d’énergies marines en Écosse », Science et Technologie au Royaume-Uni n°64, pp 36-37

3. Voir https://www.gov.uk/government/news/20million-marine-scheme-now-open

4. Voir http://www.MeyGen.com/ 5. Voir http://ec.europa.eu/clima/news/articles/

news_2012121801_en.htm, et l’article « La capture et le stockage du carbone, un impératif pour les futures centrales ? », Science et Tech-nologie au Royaume-Uni n°66, pp 44-45

6. Voir National Grid : http://bit.ly/VAzqNN

Sources :- Rapport “New Research in Tidal Current Energy” , Royal Society,

http://bit.ly/W3c3YU-BBC News, “UK tidal power has huge potential, say scientists”,

14/01/2013, http://bbc.in/ZNg2ui- Liste des projets retenus pour la competition NER300, http://bit.ly/

YUUoDt- Crown Estate, “Looking to invest in wave and tidal energy arrays”,

16/01/2013, http://bit.ly/VjQq90- Marine Current Turbines Projetcs, http://www.marineturbines.

com/Projects- Utility Week, “Two UK tidal schemes win European NER300 funds

but CCS loses out”, 18/12/2012, http://bit.ly/Ua5DtP- BBC News, “Strangford Lough generator given all-clear”,

17/01/2012, http://bbc.in/w0M5Bm- SeaGen Kyle Rhea, Project Description, http://www.seagenkyler-

hea.co.uk/description.php- DECC Press Notice, 27/02/2013, http://bit.ly/13jJPkI- DECC, Discours d’ouverture de la conference RUK Wave & Tidal,

Greg Barker, 27/02/2013, http://bit.ly/V9jrWM- ETI, “ETI launches £1.4m project with Pelamis to boost wave en-

ergy sector”, 27/02/2013, http://bit.ly/Y8msTa- Government opportunites, “Scottish Government announces new

berth for European Marine Energy Centre”, 28/02/2013, http://bit.ly/14jHjGX

Figure 2 : Dispositif Pelamis en test à Orkney Crédits : Pelamis Wave Power

Une vitre “solaire” Crédits:OxfordPhotovoltaics

Page 35: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 35

S c i e n c e s d e l ’ i n g é n i e u r & t r a n s p o r t s

Des fenêtres teintées en guise de panneaux solaires

Une vitre “solaire” Crédits:OxfordPhotovoltaics

Sc iences de l ’ i ngén ieur & t ranspor ts

Alors que l’éco-conception devient une préoccupation de plus en plus importante dans la construction de nouveaux bâtiments, des chercheurs de l’Université d’Oxford se rap-prochent un peu plus de la commercialisation de vitres tein-tées capables d’absorber la lumière du soleil. L’entreprise Oxford Photovoltaics (OPV), une spin-off de l’Université d’Oxford, a annoncé le 12 janvier 2013 l’apport de 2 M£ de financements supplémentaires de la part de MTI Partners, spécialisés dans les technologies propres (et qui soutiennent OPV depuis 2011), pour leur projet de verre « solaire ».

Les chercheurs d’OPV développent en effet une mé- thode « d’impression » de verres colorés, pouvant générer de l’électricité à partir de l’énergie solaire qu’ils reçoivent. Cela est rendu possible par l’ajout sur la vitre d’une fine couche transparente (pas plus de 3 microns d’épaisseur) de « cel-lules solaires » solides, et permet de récupérer jusqu’à 12 % de l’énergie solaire reçue pour la transformer en électricité décarbonée. Le courant ainsi obtenu peut alors être exporté dans le réseau national, ou utilisé pour le fonctionnement du bâtiment.

Il est possible d’avoir différentes couleurs d’impression, avec pour seul impact notable une modification de l’efficacité du verre solaire. Ainsi, le noir permettra d’avoir un très bon ren-dement, un peu moins bon avec du verre ou du rouge, et encore moins élevé avec des vitres bleues. Les cellules utilisées au cours de ce pro-cédé sont par ailleurs produites à partir de ma-tériaux peu chers, abondants, et évidemment non toxiques ou corrosifs.

L’idée ayant initié ces recherches a été ré-sumée dans un entretien entre un journaliste du Guardian et le PDG de la compagnie, Kevin Arthur : « Plutôt que d’ajouter des panneaux [solaires] photovoltaïques au bâtiment, pour-

quoi ne pas avoir un bâtiment photovoltaïque ? Si vous déci-dez de fabriquer un bâtiment en verre, vous avez déjà décidé de payer pour les vitres. Si vous rajoutez cette technologie, le coût supplémentaire […] n’excèdera pas 10 % du coût de la façade. » Les coûts d’achats de fenêtres pour les bâtiments en verre étant généralement de l’ordre de 600 à 1 000 £/m², le traitement des vitres aux cellules solaires reviendrait par conséquent à 60-100 £/m². Bien que cette technologie soit principalement orientée vers la construction de nouveaux bâ-timents, OPV s’intéresse aussi à des méthodes d’adaptation aux fenêtres d’installations existantes.

L’investissement de MTI Partners permettra l’acquisition de nouveaux équipements, ainsi que l’embauche de personnel au sein des nouveaux bureaux de l’entreprise, au Begbroke Scien- ce Park, près d’Oxford. OPV souhaite construire une usine de fabrication plus grande au cours de l’année prochaine, permettant de produire des panneaux de démonstration de grande taille d’ici la fin 2014. Il sera par ailleurs déjà possible d’observer des panneaux au format A4 dès la fin 2013.

Dr. Henry Snaith, fondateur académique et Chief Scientific Officer Crédits : Oxford Photovoltaics

Page 36: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 36

S c i e n c e s d e l ’ i n g é n i e u r & t r a n s p o r t s

Dans une perspective de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les transports routiers représentent un défi conséquent. Les voitures hybrides et électriques, encore peu répandues au Royaume-Uni, ont un fort potentiel grâce à leurs émissions basses, voire nulles. Cependant, et malgré une augmentation de 5,4 % des ventes de véhicules élec-triques (VE) en 2012 par rapport à l’année précédente, de nombreux freins empêchent le développement d’une flotte de VE, notamment la répartition inégale et le faible nombre de points de charge. C’est donc pour créer un environne-ment propice à l’augmentation de l’utilisation de ces voitures que le gouvernement écossais a publié, début 2013, un plan d’installation de points de charge sur tout le territoire écossais.

Le gouvernement écossais a affiché l’objectif d’atteindre une dé-carbonisation complète des transports routiers d’ici 2050. C’est dans ce contexte que, le 6 février 2013, les ministres écossais des transports, Keith Brown, et de l’environnement et du changement climatique, Paul Wheelhouse, ont annon-cé la mise en place de ce réseau lors d’une visite au circuit de course de Knockhill. Un investissement de 2,6 M£, dont 750 000 £ provenant de Transport for Scotland (l’agence des transports écossais), et financé pour le reste par l’Office of Low Emission Vehicles (OLEV, Bureau des véhicules à faibles émissions) du Department for Transport (DfT, Ministère des transports britannique) permettra ainsi la mise en place du réseau écossais.

Dans le même secteur, des chercheurs de l’Université de Sheffield, en collaboration avec l’Université de Cambridge, ont annoncé, le 11 février 2013, avoir réussi à mettre au point un procédé permettant de vaporiser, à la manière d’une pein- ture en spray, des cellules solaires sur une surface solide. Ces cellules pourront potentiellement être utilisées sur les bâti-ments et les toits, voire sur les voitures. Ce procédé pourrait, à l’avenir, permettre de réduire considérablement les coûts de fabrication de matériaux solaires, mais ne fonctionne actuel-lement que sur des surfaces « très lisses », et le rendement obtenu reste inférieur à des panneaux solaires convention-nels.

Le Pr David Lidzey, de l’Université de Sheffield, a annoncé : « Nos résultats montrent que les cellules solaires que nous va-porisons à l’aide d’un aérosol fournissent le même rendement que celles obtenues par des procédés plus traditionnels qui ne peuvent être mis au point à des échelles industrielles. Notre objectif est de réduire la quantité d’énergie et l’argent investis dans la fabrication de cellules solaires. Cela signifie notam-ment que nous devons utiliser des matériaux avec une énergie intrinsèque faible, et des procédés de fabrication efficaces, fia-bles, et peu énergivores. »

La plupart des cellules solaires sont actuellement obtenues à partir d’outils spéciaux, très coûteux en énergie, et de ma-tériaux riches tels que le silicium. Le plastique, quant à lui, nécessite peu d’énergie pour sa fabrication, c’est pourquoi il peut être un matériau alternatif intéressant pour la fabrica-tion de nouvelles cellules solaires. Cependant, à ce jour, les cellules solaires obtenues à partir de matériaux plastiques (condition nécessaire pour la pulvérisation) se sont avérées moins efficaces que celles obtenues à l’aide de silicone.

Par ailleurs, une grande majorité des panneaux solaires ins- tallés sur le territoire britannique sont constitués de silicone, avec une durée de vie estimée à 25 ans, soit bien supérieure à celle que pourrait avoir un panneau constitué de plastique. Toutefois, si le coût énergétique de production de cellules solaires à l’aide de plastique parvenait à être suffisamment compétitif en comparaison avec les procédés au silicone,

l’efficacité globale du procédé les rendrait alors plus rentables sur leur cycle de vie global.

L’énergie solaire représente une partie conséquente de l’énergie renouvelable dans le monde, avec la barre des 100 GW de capacité installée franchie en 2012, pour seule-ment 71 GW en 2011, et 40 GW en 2010. C’est une des tech-nologies les plus avancées, mais de nombreux points restent encore à améliorer, notamment l’efficacité globale du cycle de vie des panneaux solaires. Ces travaux de recherche représen-tent des avancées importantes dans ce domaine, et ont le potentiel de modifier considérablement notre approche du photovoltaïque.

E.R.Sources :

- Oxford PV News, “MTI leads £2m funding round in Oxford Photovol-taics Ltd”, 12/02/2013, http://bit.ly/WYrd3Y

- The University of Sheffield, “Solar cell fabrication is simplified by spray painting”, 11/02/2013, http://bit.ly/156hdKJ

- The Guardian, “Colourful ‘solar glass’ means entire buildings can generate clean power”, 12/02/2013, http://bit.ly/12sTq3r

Un réseau de points de charge de véhicules électriques en Écosse

Exemples de couleurs de cellules solaires Crédits : Oxford Photovoltaics

Page 37: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 37

S c i e n c e s d e l ’ i n g é n i e u r & t r a n s p o r t s

Les principales caractéristiques de ce projet sont :• la création de stations au minimum tous les 50 miles

(80 km) sur le réseau routier écossais ;• la mise en place de stations dans les centres de loisirs et les

parkings des autorités locales ;• la possibilité d’une jonction entre le réseau de charge des

VE et le réseau des transports publics ;• l’installation gratuite de points de charge dans les maisons

de particuliers qui en feront la demande, par le biais de la compagnie SSE (Scottish and Southern Energy plc, un des six plus importants fournisseurs d’électricité au Royaume-Uni), désignée partenaire officiel ;

• la mise en place de financements de stations sur les lieux de travail ;

• l’installation de points de charge de part et d’autre des terminaux des ferrys reliant les îles écossaises au reste du pays ;

• la création d’un réseau de stations disponibles avant la tenue des Jeux du Commonwealth à Glasgow en 2014.

Dans un même temps, le gouvernement a annoncé la créa-tion du site Internet ChargePlace Scotland, qui permettra aux utilisateurs d’identifier les points de charge opérationnels, et fournira également des informations sur les différents pro-grammes de financement pour aider à la mise en circulation d’un véhicule électrique.

M. Brown a ainsi déclaré : « Je veux affirmer que [l’Écosse] est un leader en véhicules électriques, domaine dans lequel le reste du monde ne tardera pas à nous suivre. Ces finance-ments sont tournés vers le futur – un futur à faibles émissions de CO2, avec une révolution électrique sur nos routes ».

Au cours des deux dernières années, le gouvernement écossais a en effet investi plus de 8 M£ dans les VE et dans les infrastructures, notamment en rendant possible l’achat par les services publics écossais de 270 véhicules à faibles émissions (LCVs, low carbon vehicles). À ce jour, 80 points de charge publics ont été installés grâce au programme PluggedinPlacesScotland (voir encadré), et 200 autres stations exis- tent dans des locaux appartenant aux autorités locales, per-

mettant de soutenir la flotte grandissante des LCVs du service public écossais.

M. Brown a également souligné l’excellence de la recherche écossaise dans le domaine des LCVs, et notamment des insti-tutions académiques telles que les universités de St Andews, Strathclyde et Dundee, Edinburgh College et le Transport Re-search Institute hébergé par l’Université de Napier, qui déve- loppent et testent les nouvelles technologies pour les VE de demain.

M. Wheelhouse a à son tour déclaré : « Nous sommes dé-terminés à faire face au changement climatique, et à jouer un rôle prédominant dans la gestion d’un défi mondial. La réduction des émissions de gaz à effet de serre, issue de la dépendance en énergies fossiles de notre système de trans-ports, est un domaine clé dans lequel les nations développées, telles que l’Écosse, doivent faire de grands progrès. Ces propo-sitions nous mettent sur la voie d’un avenir plus vert. En as-surant un accès à des points de charge pour les LEVs à travers l’Écosse et nos îles, nous permettront à ces véhicules de deve-nir une option réaliste pour les particuliers et les entreprises […]. C’est dans ce sens qu’un avenir à faibles émissions de CO2 peut devenir une réalité pour l’Écosse ».

Cependant, tout en soulignant l’aspect vital d’une réduc-tion des émissions de véhicules fonctionnant au diesel ou au pétrole pour atteindre les objectifs du gouvernement écos- sais, les activistes environnementaux ont souligné le rôle des transports en commun. En effet, des investissements de taille seront également nécessaires dans ce domaine, afin d’améliorer et de moderniser le réseau. Il s’agit notamment d’inciter les utilisateurs à emprunter les transports en com-mun plutôt que leurs véhicules personnels, à marcher ou à faire davantage de trajets à vélo.

Le co-organisateur du parti écologiste Scottish Greens, Patrick Harvie, a également rappelé que « les véhicules élec-triques ne peuvent réellement diminuer les émissions de gaz

Le programme PluggedinPlaces est un programme fi-nancé par le gouvernement britannique, suite à une initia-tive de l’OLEV. Plugged in Places a pour but de faciliter la mise en place du premier réseau national d’infrastructures de charge de VE. Il permet entre autres de :• soutenir le marché émergent des VE ;• contribuer à la réduction des émissions de carbone en

vue d’atteindre les objectifs britanniques et européens ;• créer un réseau connecté d’infrastructures, permettant

l’utilisation journalière de VE ;• tester des approches et modèles différents pour la

charge des VE ;• rassembler des données sur l’utilisation des points de

charge et du comportement des conducteurs de VE, afin d’influencer la mise en place du réseau national.

En plus du soutien financier du gouvernement britan-nique, des consortia locaux d’entreprises et d’autorités lo-cales sont également partenaires de ce programme, afin d’aider la mise en place d’une masse critique de stations de recharge des VE au sein des lieux majeurs du Royaume-Uni.

Voiture électrique et point de charge Source : Flickr, Department for Communities and Local Government,

CC 3.0, ATT, ND

Page 38: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 38

S c i e n c e s d e l ’ i n g é n i e u r & t r a n s p o r t s

des transports que si la part d’électricité provenant d’énergies renouvelables dans le réseau augmente considérablement, et en mettant également en place un système de tarifs encoura- geant les utilisateurs à charger leurs voitures pendant les heu-res creuses. Il est, par conséquent, essentiel que la gestion du trafic routier et de la demande soit réintégrée dans les plans du gouvernement, aux côtés d’un soutien accru des transports en commun, et de la sécurité des cyclistes ».

Des critiques ont également été évoquées par le porte-parole des transports au sein du parti libéral démocrate écos- sais, Travish Scott. Il soutient en effet que, tant que les prix des VE les rendront inaccessible à la majorité des conducteurs, les stations de charge ne seront principalement utilisées que par une fraction de consommateurs issus des classes moyennes et aisées. La voiture électrique la plus accessible annoncée pour l’année 2013 est probablement la Renault ZOE, à un prix de 13 650 £, auquel il faudra ajouter un peu plus de 70 £/mois de location de la batterie.

Ainsi, le gouvernement écossais affirme une fois de plus son engagement vers des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, dans tous les domaines,

en promettant un contexte propice au développement du marché des automobiles électriques. Cependant, cette manœuvre reste dépendante de futurs progrès en termes de recherche et développement de véhicules moins coûteux, et ne saurait se substituer à des investissements connexes dans les transports publics.

E.R.

Sources :

- Transport for Scotland, 06/02/2013, http://www.transportscot-land.gov.uk/news/2.6million-puts-EVs-in-pole-position

- BBC, 06/02/2013, http://www.bbc.co.uk/news/uk-scot-land-21346299

- The Guardian, 08/01/2013, http://www.guardian.co.uk/environ-ment/2013/jan/08/electric-car-sales-2012

- Charge Place Scotland, http://www.greenerscotland.org/travel/electric-vehicles/chargeplace-scotland

- E-cosse, 10/04/2012, http://www.e-cosse.net/2012/04/10/second-phase-of-scotlands-plugged-in-places-scheme/

- Plugged in Places, http://infrastructure.switchev.co.uk/ev-infra-structure-projects/plugged-in-places

Page 39: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 39

T I C

L’évolution et la généralisation des usages de l’informatique depuis les années 80 vers l’utilisation de la bureautique et l’élaboration de pages web, ont entraîné une baisse graduelle des compétences en programmation chez les informaticiens de première année à l’Université de Cambridge. Pour combler ce déficit, un projet de développement de micro-ordinateur à faible coût a été initié en 2006 dans les laboratoires de l’Université, grâce aux travaux de David Braben, Rob Mullins, Jack Lang et Alan Mycroft.

Cette initiative, qui deviendra très rapidement la fondation Raspberry Pi (issu de « Raspberry Pie », tarte à la framboi-se), a pour objectif de relancer l’intérêt et les compétences en programmation des élèves en leur facilitant l’accès à l’expérimentation personnelle. En effet, le Raspberry Pi af-fiche des performances techniques impressionnantes pour un coût d’achat ne dépassant pas 35 $…

Analyse du produit

Le Raspberry Pi1 se présente comme une simple carte mère, à peine plus grande qu’une carte de crédit (Figure 1).

Cet ordinateur dispose d’un processeur ARM 700 Mhz, d’une mémoire vive allant jusqu’à 512 Mbits, et peut exploiter dif-férentes versions de l’environnement Linux. Le modèle le plus évolué présente des connexions USB 2.0, RCA video, audio jack, ethernet et hdmi lui permettant d’effectuer la plupart des tâches courantes d’un ordinateur de bureau (Figure 2). Les deux premières versions, les modèles A et B, sont ven-dus sans boîtier et sont principalement destinées aux déve- loppeurs qui pourront y apporter des améliorations.

Son circuit graphique vidéo lui permet de décoder un flux HD 1080p à 30 images par secondes, ce qui fait de lui un me-dia center simple d’installation et extrêmement compétitif au regard du prix d’achat. Mais avant d’en profiter, et conformé-ment aux souhaits des concepteurs, le futur utilisateur devra se plier aux bases de la programmation.

L’étendue des usages de ces micro-ordinateurs est vaste et à l’heure actuelle plus de 800 000 exemplaires ont déjà été commandés par des personnes de tous âges. La fondation Raspberry Pi met également à disposition des utilisateurs un ensemble de contenus évolutifs permettant de personnaliser son système.2

De récentes applications en supercomputing dans l’éducation supérieure

Un grand nombre d’universités utilisent déjà les avantages du produit pour doter leurs étudiants d’un bagage évolué en programmation. Certains projets ambitieux arrivent ce-pendant à surpasser les usages courants du micro-ordinateur et parviennent à simuler des montages complexes auxquels les étudiants pourront être confrontés dans le monde de l’industrie.

Récemment, un laboratoire de l’Université de Glasgow est parvenu à connecter ensemble 64 Raspberry Pi pour démon-trer aux étudiants le fonctionnement d’un data-center.

Infrastructure de calcul haute performance pour les nanosciences Source : Argonne National Laboratory, Wikimédia Commons

Raspberry Pi : une étape vers la démocratisation du data scientist ?

Techno log ies de l ’ i n format ion e t de l a commun ica t ion

Figure 1 : Modèle B de l’ordinateur Raspberry Pi Crédits : www.raspberrypi.org

Page 40: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201340

T I C

Comme le souligne Jeremy Singer, un professeur engagé dans le projet : « Unvéritabledata-center serait composéde centaines d’ordinateurs et coûterait des millions, les en-treprisesquienpossèdentlesexposentfièrementdevantlesvisiteurs.Lesnôtrestiennentsurunbureau,maislesprocesset les logiciels utilisés sont exactement lesmêmes, ce quiprocureànosétudiantsuneexpérienceréaliste ».

Dans le même registre, un autre projet a été mis en place par l’Université de Southampton, où les chercheurs ont déve- loppé un supercalculateur qu’ils ont exploité pour calculer la valeur du nombre Pi (π) ! Ici encore, Simon Cox, professeur de calcul scientifique déclare que : « Construireunsupercalcula-

teur coûterait des dizaines de milliers de livres, mais ensei-gnerlesfondamentauxenutilisantquatreRaspberry Pi coûte environ100livres.C’estlapremièrefoisqu’ilestconcevablepourdesétudiantsentrantsàl’universitédedisposeraussivited’uneexpérienceaveclessupercalculateurs ».

À un moment où l’on parle de « déluge de données » et de Big Data, la démocratisation des formations aux métiers de data scientists (spécialistes de l’analyse de données grande échelle et de calcul haute performances) est au centre des préoccupations du monde de la recherche.3 Les universités britanniques, en s’appuyant sur des projets basés sur Rasp-berry Pi, apportent un élément de réponse au problème de l’exportation de ce savoir-faire, depuis les centres de re-cherches vers les amphithéâtres.

Olivier de Montalembert

Notes :

1. Voir « Raspberry Pi, l’ordinateur éducatif à 20 euros », Science & Technologie au Royaume-Uni n°61, p.49

2. Site de la fondation : http://www.raspberrypi.org/downloads3. Voir le colloque sur le big data : http://ambafrance-uk.org/Evene-

ment-franco-britannique-sur

Sources :

- http://www.raspberrypi.org/- Times Higher Education, 26/12/2012, http://www.timeshigheredu-

cation.co.uk/story.asp?storycode=422165

Figure 2 : Les entrées/sorties du Raspberry Pi Crédits : Paul Beech, www.raspberrypi.org

Cyber-politique britannique et sécurité

La cyber-sécurité, thématique au centre des préoccupa-tions internationales1, a donné lieu à un séminaire bilatéral franco-britannique le 21 février dernier à la résidence de l’ambassadeur de Grande Bretagne à Paris. Le renforcement des coopérations entre les entreprises et l’intensification des échanges de bonnes pratiques y ont été abordés, aussi bien sur un aspect politique que commercial. Les britanniques se dotent d’institutions stratégiques d’influence nationale et in-ternationale couvrant les domaines de la cyber-sécurité.

1. InternationalCyberPolicyUnit

Il s’agit du département d’État responsable de l’engagement du Royaume-Uni envers les défis de la cybercriminalité. Son périmètre d’action est décrit par : la mise en avant d’une vision dynamique, ouverte et sécurisée du cyberespace, l’élaboration de partenariats internationaux pour mieux cibler l’origine des menaces, la promotion du Royaume-Uni en tant que puissance politique et technologique motrice, etc. C’est un département dépendant à la fois au Foreign and Common-wealth Office et de l’inside government, actuellement placé sous la direction de Jamie Saunders. Lors de la présentation,

quatre objectifs stratégiques à renforcer ont été mis en avant concernant le Royaume-Uni.

1.1 L’économie

L’unité doit s’assurer de la confiance du monde profession-nel envers la robustesse du cyber espace britannique, afin que ce même sentiment de sécurité devienne un catalyseur de croissance économique.

1.2 Les infrastructures nationales

La protection des infrastructures nationales contenant des données critiques demeure au cœur des préoccupations gou-vernementales, afin de prémunir au maximum le pillage du savoir faire ou des données stratégiques des institutions pu- bliques.

1.3 La promotion de la cyber-politique britannique

Les britanniques souhaitent fédérer d’autres nations dans leur sillage, en promouvant leur vision spécifique du cyberes-

Page 41: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 41

T I C

pace et la manière selon laquelle la sécurité informatique leur semble devoir être abordée. Selon M. Sanders, 70 % des me- naces rencontrées peuvent être traitées avec des technolo-gies existantes, mais un nombre trop important d’industries ne font pas les investissements pour se doter des standards et des bonnes pratiques nécessaires. En septembre dernier, le gouvernement britannique à lancé une campagne de promo-tion sur les bonnes pratiques en matière de cyber-sécurité. N’ayant pas les ressources pour contrôler de manière exhaus-tive l’ensemble des entreprises, le gouvernement développe des collaborations accrues avec le secteur privé. Afin de ten-dre vers l’idéal d’une sécurité à 100 %, qui restera durable-ment inatteignable, le gouvernement investit sur la recherche et développement, sur la défense active et sur le partage sys-tématique du savoir faire avec le secteur privé. M. Sanders mentionne également toute la subtilité de cet exercice, puis- que faire peser trop de restrictions sur l’Internet pourrait de nuire à l’innovation.

1.4 La construction de partenariats

La coopération internationale nécessite l’élaboration d’un cadre juridique et d’une architecture partagée. Le défi à relever est formulé de la manière suivante : dans quelle mesure pouvons-nous intensifier les relations entre les alliés traditionnels pour faire face au Japon, à l’Inde, à la Chine, etc.en prenant en compte les différences de nos législations et les questions d’intérêt national?

Enfin, M. Sanders déclare qu’ « ilseraégalementbénéfi- quesurleplanéconomiquequelesentreprisesbritanniqueseteuropéennescollaborentsurlacybercriminalité ».

2. International Cyber Security ProtectionAlliance

L’ICSPA se décrit comme une initiative collaborative inter-nationale dédiée à la lutte contre la cybercriminalité organi-sée. Cette organisation est née d’une collaboration améri-cano-britannique dans les années 2010, et souhaite unir les nations alliées contre la menace généralisée. Elle promeut la sécurité en ligne et assure la sécurité des communautés professionnelles, en s’appuyant sur l’aide au partage de res-sources et d’expertises depuis le secteur privé vers les institu-tions nationales et leurs gouvernements. Il s’agit d’un soutien d’importance pour les états, en particulier dans leur mission d’endiguement des dégâts générés par la cybercriminalité.

Le fonctionnement de cette alliance est rendu possible par une récolte des fonds gouvernementaux et institutionnels, qui souhaitent favoriser le développement du savoir faire de leurs unités spécialisées. L’ICSPA assure également la mise en place de mesures innovantes pour développer la cyber rési- lience des infrastructures nationales sensibles, en particulier pour les pays confrontés aux menaces les plus critiques.

John Lyons, le directeur de l’alliance, a soutenu l’importance d’établir une infrastructure sécurisée résiliente entre les pays alliés, et que la collaboration multinationale au niveau mon- dial était un enjeu prioritaire : l’exemple du nouveau centre

basé à Bogota témoigne de cette volonté d’internationalisation. L’encadré ci-dessus présente des statistiques récentes avan-cées au cours de la présentation.2

3. Informationandcommunicationtechno- logiesknowledgetransfernetwork

L‘Information and communication technologies knowledge transfer network (ICT KTN, Réseau de transfert de connais-sances en technologies de l’information et de la communica-tion) est une initiative financée par le Technology Strategy Board (TSB, Agence pour l’innovation) soutenant le trans-fert de connaissances en TIC comme vecteur de croissance économique au Royaume-Uni.

L’ICT KTN cherche à développer la performance industrielle à travers l’innovation et la collaboration et se constitue porte parole des besoins du secteur vis-à-vis du gouvernement. Pour ce faire, il rassemble des experts dans les domaines de la cyber-intelligence, détection d’intrusion réseau, réponses à incidents, tests de pénétration, criminalité numérique, etc. Leur action est effectuée en synergie avec les centres stra-tégiques des groupes industriels et fréquemment relayée par les grands médias comme la chaîne BBC. Le jour du séminaire, Tony Dyhouse (le directeur de la cyber sécurité de l’institution) s’est attaché à nous rappeler l’évolution des formes de cyber attaques jusqu’à nos jour et à introduire de nouvelles ten- dances comme l’hacktivism, les script kiddies, les limites du Bring Your Own Device (BYOD, apportez votre matériel per-sonnel en entreprise), etc.

Ainsi, l’hacktivism regroupe l’usage illégal des moyens in-formatiques et des réseaux à des fins de propagande poli-tique. Cette notion est particulièrement développée dans le monde du terrorisme, aussi bien pour le recrutement, la formation, l’organisation et le suivi d’attaques découlant des réseaux de crime organisé et visant à déstabiliser le pouvoir en place. Les script kiddies, quant à eux, désignent en règle générale des enfants dépourvus de connaissances particu-lièrement avancées en hacking, mais qui utilisent des scripts malveillants écrits par la communauté des hackers. Bien que n’étant pas les menaces les plus dangereuses, ces « enfants à scripts » constituent une généralisation de la menace pour les systèmes d’informations visés. Concernant le phénomène BYOD, de nouvelles problématiques émergent autour de la lé-gislation sur la sécurité, en particulier sur les possibilités pour l’employeur de contrôler le matériel utilisé par ses employés dans son entreprise.

Statistiques générales sur la cyber sécurité, ICSPA

• 25 % des cyber-crimes demeurent non résolus ;• 56 % de hausse pour le cyber-crime en 2011 ;• 10,5 % des hackers dans le monde proviennent du

Royaume-Uni ;• 431 millions de victimes du cyber-crime en 2012 ;• 650 M£ d’investissement contre le cyber-crime au

Royaume-Uni ; • 370 M$ de fraude bancaire dans le monde.

Page 42: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201342

T I C

BETT SHOW : les technologies dans l’éducation

La 28ème édition annuelle du salon British Education and Training Technologies (BETT, Technologies pour l’Éducation et la Formation au Royaume-Uni), s’est tenue au centre ExCel de Londres dans les derniers jours du mois de janvier.

1. Le salon

L’ExCel Center (Figure 1) est une infrastruture événemen-tielle polyvalente d’environ 100 000 m², située entre Canary Warf et l’aéroport de London City dans l’Est de Londres, et propriété actuelle de l’Abu Dhabi National Exhibitions Compa-ny (ADNEC, compagnie nationale d’expositions d’Abu Dhabi).

Traditionnellement organisé par i2i Events (une société du Top Right Group) à l’Olympia Exhibition Center, le salon du BETT a déménagé au centre ExCel cette année pour répondre aux besoins d’une fréquentation croissante.

Parmi les centaines d’événements qui s’y sont déroulés ces dernières années, on retrouve en particulier le sommet du G20 : « la stabilité, la croissance et l’emploi » en 2009, et également les épreuves de tennis de table et de boxe anglaise des Jeux Olympiques 2012.

Cette manifestation est mondialement reconnue comme l’événement de référence pour les technologies dans l’éducation et la formation, à destination aussi bien de l’école primaire que de l’enseignement supérieur. L’édition 2013 du salon présente des chiffres toujours plus impressionnants, plus de 35 000 visiteurs uniques répartis sur quatre journées pendant lesquelles 700 exposants ont présenté leurs services en tant qu’éditeurs de contenus ou de logiciels, fournisseurs de solutions pour l’éducation et la formation, constructeurs de matériels, intégrateurs, etc. Les statistiques présentent 18 % d’augmentation de la fréquentation sur cette édition, ce qui témoigne du dynamisme régnant autour de ce secteur d’activité.

1.1 Liste des entreprises récompensées

Depuis 15 ans un concours distingue les exposants du BETT par catégories spécifiques, la liste des entreprises primées lors de cette édition 2013 est disponible en Figure 2.

Figure 1 : ExCel center Source : Wine & Spirit Fair, Herry Lawford, Wikimédia Commons

Liste des exposants français regroupés par secteur d’activité

Robotique :• Aldebaran Robotics, www.aldebaran-robotics.com ;• Awabot, www.awabot.com.

Tablettes, technologies tactile et synthèse vocale :• myBlee, www.myblee.info ;• Vision Objects, www.visionobjects.com.

Applications Cloud et ENT (Environnement numériques de travail):• WebServices for Education, www.web-education.net ;• iTOP education, www.itop.fr ;• Milliweb, www.milliweb.fr ;• QuizzBox, www.quizzbox.com ;• Atos, www.atos.net.

Editeurs de contenus multimédia :• multiCAM Systems, www.multicam-systems.com ;• immanens, www.immanens.com ;• Dassault Systèmes 3DEXPERIENCE, www.3ds.com.

L’ensemble de ces institutions s’accordent à promouvoir la mise en place d’une infrastructure interalliés, où les notions de résilience et de législation seront les principales clés de progression sur lesquelles des efforts non négligeables sont déjà portés à l’heure actuelle.

O.d.M.

Notes : 1. Interview de David Cameron sur la cybercriminalité : https://

www.icspa.org/média/what-people-are-saying/the-rt-hon-david-cameron-mp/

2. Vidéo de présentation de l’ICSPA : https://www.icspa.org/média/what-people-are-saying/icspa-fighting-cybercrime/

Source : - Conférence sur la cyber-sécurité, UKTI & British Embassy Paris,

21/02/2013

Page 43: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 43

T I C

1.2 Pavillon France

Afin de fédérer l’offre des sociétés françaises représentées parmi les 120 nationalités présentes, Cap Digital et PM Con-seil ont travaillé à la mise en place d’un pavillon France sur le salon. Ce projet, soutenu par le ministère de l’éducation Nationale, Ubifrance et l’AFINEF (Association française des in-dustriels du numérique dans l’éducation et la formation), à vocation à aider les entreprises à détecter les nouvelles possi-bilités de collaborations et de partenariats avec les exposants de différentes nationalités (voir encadré pour les participants français).

Dans le cadre de son soutien aux entreprises françaises à l’étranger et en guise d’introduction au salon, Ubifrance Royaume-Uni a organisé un séminaire à destination de la délégation française. L’objectif souhaité était double : leur fournir un complément d’informations sur l’actualité des do-maines couverts par l’exposition et visiter une école modèle dans la région de Londres. Sont intervenus entre autres pen-dant la matinée de présentation, Mme Caroline Wright, Direc-trice du British Educational Suppliers Association (BESA, as-sociation britannique des fournisseurs de technologies dans l’éducation). L’exposé était centré sur la structure historique du système éducatif anglais ainsi que sur une récente enquête statistique menée sur l’état des systèmes d’informations des écoles au Royaume-Uni.1 Cette présentation permet aux en-treprises de mieux saisir les mécanismes de l’éducation au Royaume-Uni mais aussi d’en apprendre d’avantage sur la ma-turité des systèmes d’informations disponibles. Maria Corts, Senior Business Development Manager chez London & Part-ners a quant à elle présenté Tech City, un quartier de l’Est lon-donien qui a pour vocation de devenir la capitale européenne du numérique en rassemblant les start-up et PME dédiées aux TIC.2

Cela apporte un cadre aux entreprises désirant se déve- lopper au Royaume-Uni, et leur permettre d’affiner des choix dans leur stratégie d’exportation. Ce qui vient en complément de la réelle opportunité que représente le salon du BETT pour les entreprises françaises, de démontrer leur savoir faire de-vant un public international.

2. Sept secteurs technologiques en développement

2.1 Apprentissage en ligne et exercices virtuels

2.1.1MassiveOpenOnlineCoursesDans ce domaine il convient de porter un regard attentif

aux Massive Open Online Courses (Moocs, cours en libre ac-cès grande échelle sur Internet). En effet certaines univer-sités proposent aux internautes de suivre gratuitement des modules de cours traditionnellement accessibles dans les salles de classe. Les cours durent entre deux et quatre mois et requièrent, selon les spécialités et le niveau d’études, entre trois et dix heures de travail personnel par semaine. L’ensemble des interactions élèves-professeur se fait en ligne. Les cours magistraux sont accessibles en vidéo pour les élèves au rythme de deux à trois heures par semaine, et contiennent pour certains des quizs interactifs. Les étudiants disposent également d’un forum pour poster leurs questions

et échanger sur les problèmes rencontrés avec le professeur, avant l’évaluation finale. Un certificat signé par le professeur est envoyé par courrier aux étudiants ayant validé le module, mais aucun crédit ni diplôme de l’Université n’est accordé pour autant. Cette solution semble idéale pour une personne souhaitant rapidement améliorer ses compétences sur un su-jet spécifique, tout en préservant son capital temps et sans dépenses importantes à effectuer.

Quelques rares universités britanniques ont déjà commen-cé à proposer des cours pour des plateformes existantes – comme l’Université d’Édimbourg avec la plateforme Coursera – mais à l’heure actuelle l’offre reste limitée. La tendance va vers le développement de ce type de services au Royaume-Uni, avec le lancement dans les prochains mois de la plate-forme futurelearn qui fédère des modules de douze univer-sités : Birmingham, Bristol, Cardiff, East Anglia, Exeter, King’s College London, Lancaster, Leeds, Southampton, St Andrews, Warwick mais aussi The Open University (OU).3, 4

Figure 2 : Entreprises primées lors de l’édition 2013 du BETT Source : BESA

Page 44: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201344

T I C

2.1.2VirtualLearningEnvironmentÀ la différence des Moocs dont les clients sont des inter-

nautes ponctuels, l’offre des Virtual Learning Environment (VLE, environnement numérique de travail) est plus à destina-tion des établissements et des classes d’élèves, du primaire à l’enseignement supérieur. Sur ces plateformes en ligne, les utilisateurs peuvent retrouver des contenus multimédias vus lors de leurs différents cours, mais aussi interagir avec leurs camarades. Le professeur a la possibilité d’organiser des quiz avec affichage des réponses et statistiques en temps réel, ce qui présente le double avantage de rendre la leçon plus in-teractive et d’évaluer le pourcentage de compréhension de la classe. Un nombre grandissant d’outils est mis à disposition des élèves. Il leur est possible de trouver, entre autres, leur emploi du temps, des résultats d’évaluations, des supports de cours, un espace de travail pour produire leur travail person-nel, des systèmes de communications par mail, forum ou chat, un carnet d’adresses, etc. C’est un espace collaboratif non seulement pour les élèves mais aussi pour les professeurs, qui ont l’occasion d’échanger sur l’utilisation de ces nouvelles techniques et méthodes d’apprentissage. L’utilisation de ces plateformes tend à s’étendre sur un plan géographique, en passant d’une utilisation locale à régionale avec plusieurs mil-lions d’utilisateurs.

C’est le cas de Glow, premier environnement numérique de travail régional développé par le gouvernement écossais. Au niveau de l’enseignement supérieur, une forte majorité des universités britanniques se sont déjà dotées et dévelop-pent actuellement leur propre plateforme numérique de tra-vail, telles que Blackboard ou O2learn.5

2.2 Les services de Cloud

Les applications basées sur le Cloud permettent de déve- lopper encore plus de fonctionnalités pour les environne-ments numériques de travail. Citons entre autres :• l’accès concurrent aux applications ;• le traitement et l’affichage de données en temps réel, à

partir de n’importe quelle plateforme et à n’importe quelle heure ;

• le stockage sécurisé de ses données.

Parmi l’ensemble et la diversité des services de Cloud dis-ponibles au Royaume-Uni, Purple mash est une plateforme Cloud développée par 2simple Software qui propose des cen-taines d’outils éducatifs pour des enfants de 3 à 11 ans. Les enfants utilisent les applications aussi bien à l’école qu’à la maison, ce qui uniformise et facilite le transfert du travail.6

2.3 Les robots dans l’éducation

La robotique est un secteur en pleine expansion, les tech-nologies évoluent rapidement et leur prix baisse graduel-lement, ce qui rend l’utilisation des robots accessible à un public toujours plus large. Hormis les démonstrations grand public, les robots à usage domestique, la biomimétique, la chirurgie ou l’industrie, les robots jouent également un rôle dans l’éducation. Ils constituent avant tout un support attrac-tif pour la formation d’ingénieurs dans les domaines de la mé-catronique et du développement logiciel. Les grandes univer-sités comme Oxford, Cambridge ou Birmingham possèdent

des laboratoires influents dans le domaine. Ils ont également été utilisés dans le cadre d’un projet initié par l’Université de Birmingham à Topcliffe Primary School en novembre dernier, où l’objectif visé était l’étude des interactions pédagogiques entre des robots et des enfants atteints d’autisme. L’opération était un succès, comme le relate Judith Burns de la BBC : « Les robots n’ont pas d’émotions, les enfants autistes les trouvent moins menaçants que leurs professeurs et ont alors une plus grande facilité à entrer en contact avec eux ».7

2.4 Réalité augmentée

La réalité augmentée désigne l’ensemble des méthodes qui permettent d’incruster de façon réaliste des objets virtuels dans une séquence d’images fidèles à la réalité (voir Figure 3). Le processus intègre des images de synthèses superposées à celles du capteur vidéo de votre tablette numérique, de votre smartphone, ou d’un capteur relié à votre ordinateur. Les uti-lisations peuvent être très variées : les jeux vidéo, le cinéma et la télévision (post-production, studios virtuels, retransmis-sions sportives, etc.), les industries (conception, design, main-tenance, assemblage, pilotage, robotique, etc.), le médical, etc.

Il existe un vrai potentiel pour la réalité augmentée dans l’éducation, certaines écoles comme Doncaster Primary School ont récemment testé l’utilisation de cette technologie dans des projets éducatifs par le jeu, comme les chasses au trésor virtuelles, etc. Des études sont menées à l’heure actuelle sur ce sujet par la City University ou l’Université d’Exeter. Les en-fants semblent accorder une attention intense à ce type de supports, que l’on peut qualifier de véritable pont entre le monde numérique et la réalité.8

2.5 Les jeux-vidéo

Les jeux-vidéo, comme chacun le sait, représentent une source importante de motivation pour les élèves et un sup-port de cours idéal pour les professeurs. Les enfants peuvent utiliser les mêmes stations de jeux que celles qu’ils utilisent pour leurs loisirs, avec des contenus allant jusqu’aux der- nières consoles comme la Nintendo Wii, la Sony PS3 ou en-

Figure 3 : Copie d’écran de l’application BUTLERS - utilisation de la réalité augmentée pour afficher un

meuble virtuel dans un environnement réel Source : Wikimédia Commons, Meximex

Page 45: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 2013 45

T I C

core la Xbox360. Le gouvernement écossais semble avoir pris la mesure du potentiel de ce secteur en mettant en place pour la première fois une plateforme régionale d’apprentissage par les jeux vidéo : « the Consolarium, Scottish center for games and learning ».9

2.6 Projets d’enquêtes personnelles

Un nouvel outil développé par l’Université de Nottingham et l’Open University, permet aux élèves de mener leurs pro-pres investigations à l’aide de dispositifs électroniques pour répondre à une problématique scientifique. Les professeurs peuvent choisir les enquêtes parmi un ensemble de pro- blèmes prés-conçus. Une plateforme d’administration leur permet de suivre l’avancement des élèves et de leur débloquer l’accès à l’étape suivante une fois chaque niveau dûment com-plété. Les élèves doivent quant à eux créer leur propre plan-ning de résolution et déterminer la manière selon laquelle ils vont récupérer, partager et présenter leurs données et leurs résultats. Un des avantages clé de l’outil est qu’il s’agit d’une technologie logicielle open source, les développeurs peuvent alors créer des contenus spécifiques pour répondre aux dif-férents besoins spécifiques des écoles.10

2.7 Utilisations des plateformes mobiles, tablettes, smartphones

La force des plateformes mobiles, dont l’essor n’est plus à démontrer, réside dans la polyvalence de leurs fonctionnali-tés. En effet, il est possible d’exploiter l’ensemble des techno- logies évoquées dans cet article à l’exception de la robotique (si l’on considère que ce ne sont pas des outils appropriés pour gérer la plateforme d’administration d’un robot mobile, etc.). Ces tablettes jouissent donc de cette polyvalence et y ajoutent leur technologies propres, à savoir : la synthèse vo-cale mobile intégrée, la reconnaissance d’écriture et le tactile. Ces trois technologies s’avèrent fondamentales lorsque l’on cherche à développer des applications éducatives à destina-tion des écoles élémentaires ou primaires. Les enfants peu-vent par exemple manipuler des outils virtuels comme le rap-porteur, ou interagir avec des questions vocales et des objets graphiques sensoriels, pour ceux qui ne maîtrisent pas encore la lecture. En outre, le problème des applications natives et de leurs difficultés de portabilité sur les différents systèmes d’exploitation trouve une voie de solution à travers le déve- loppement des applications HTML5. Cette technologie per-met également de répondre au problème de navigation hors ligne. On trouvera ci-dessous des éléments de débats sur l’utilisation des tablettes dans l’éducation au Royaume-Uni ainsi que des exemples d’applications éducatives.11

3. Les sources d’informations sur l’actualité dans l’éducation au Royaume-Uni

3.1 Le top 10 des centres de recherche universitaires

Pour trouver de plus amples informations sur l’actualité de la recherche en technologies dans l’éducation, il est possible de consulter les publications des laboratoires des universités citées en Figure 4 et classées dans la catégorie 45 « educa-tion » du dernier Research Assessment Exercise (voir Figure 4).

3.2 Les organismes influents au RU

Voici une liste non exhaustive d’organismes influents pour suivre l’actualité dans l’éducation, niveau : politique générale, politique de gestion de données, enquêtes statistiques, chari-ties, stratégies d’investissements, etc.• Association for Learning Technology (ALT, association pour

les technologies éducatives) http://www.alt.ac.uk/ ;• British Educational Suppliers Association (BESA, syn-

dicat des fournisseurs britanniques en technologies pour l’éducation), http://www.besa.org.uk/ ;

• Digital Education Resource Archive (DERA, archive des res-sources en éducation digitale), http://dera.ioe.ac.uk/ ;

• London Knowledge Laboratory (LKL, observatoire londo-nien du savoir), http://www.lkl.ac.uk/ ;

• NAACE (association d’éducateurs, technologues et poli- ticiens), http://www.naace.co.uk/ ;

• NESTA (organisme de bienfaisance indépendant, soutenant les individus et les organisations dans le développement de leurs projets innovants), http://www.nesta.org.uk/ . 4. Éléments de réflexion

D’autres technologies prometteuses sont en cours de développement : la révolution Big Data et le réseau 4G. Le Big Data, qui consiste en l’analyse d’un volume de données déstructuré et constamment grandissant, est en train de ré-volutionner le processus de découverte scientifique. La ques-tion que nous pouvons nous poser est alors, en quoi le calcul haute performance peut-il influencer le monde de l’éducation bien spécifiquement ? Grâce aux analyses statistiques grande échelle sur les données générées par les applications éduca-tives, il sera possible d’optimiser les supports et d’obtenir de meilleurs retours sur la qualité des procédés. Un autre grand pas en avant vers l’utilisation généralisée des plateformes mobiles va être franchi dès cet été avec l’arrivée du réseau 4G/LTE. Ce dernier ouvre la voie vers l’utilisation de contenus collaboratifs en ligne haute définition, qui auront un impact certain sur la prochaine génération d’applications éducatives.

O.d.M.Notes :

1. Retrouvez l’enquête BESA sur : http://www.besa.org.uk/docu-ments/ict-in-uk-state-schools-vol-ii-toc/

Figure 4 : Classement des centres universitaires de recherche dans l’éducation

Source: www.rae.ac.uk/results/

Top 10 UK education research centers 1. Institute of Education 2. University of Cambridge 3. King's College London 4. University of Oxford 5. University of Bristol 6. University of Durham 7. University of Exeter 8. University of Leeds 9. University of Manchester 10. University of Nottingham

1 04/04/2013

World-leading universities in terms of originality, significance and rigour Assessment unit number 45: “Education”

Page 46: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

Science et Technologie au Royaume-Uni • Janvier-Février 201346

T I C

2. Plus d’informations sur Tech-City : http://www.techcitymap.com/index.html#/ et http://citymeetstech.com/

3. Il s’agit de la seule université proposant des cursus entièrement à distance au Royaume-Uni : http://www.open.ac.uk/

4. Exemples : Plateforme internationale https://www.coursera.org/; initiative centrée sur le Royaume-Uni http://futurelearn.com/

5. http://www.blackboard.com/International/EMEA/Overview.aspx?lang=en-us ; https://www.o2learn.co.uk/ ; https://secure.glowscotland.org.uk/login/login.htm

6. http://www.purplemash.com/7. Exemples : Université d’Oxford : http://www.robots.ox.ac.uk/ ;

Robots à l’école primaire au Royaume-Uni http://www.bbc.co.uk/news/education-20252593

8. Pour plus d’informations : http://blogs.city.ac.uk/care/ ou http://

blogs.exeter.ac.uk/augmentedreality/9. Pour plus d’informations : http://www.educationscotland.gov.uk/

usingglowandict/gamesbasedlearning/consolarium.asp10. Pour plus d’informations : http://www.nquire.org.uk/11. Pour plus d’informations : http://www.ipadineducation.co.uk/

iPad_in_Education/Welcome.html ; http://www.teachingappz.co.uk/

Sources :

- http://www.bettshow.com/- http://www.besa.org.uk/- 12/02/2013, http://www.exhibitionnews.co.uk/newsdetails/2835/

bett-2013-claims-18-rise-in-visitors-at-new-venue- www.rae.ac.uk/results/

Page 47: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science
Page 48: Service Science et Technologie Royaume-Uni Science

www.ambascience.co.uk

Les articles de Science et Technologie au Royaume-Uni publiés par le service Science et Technologie de l’Ambassade de France au Royaume-Uni sont diffusés selon les termes de la licence Creative Common Paternité-Pas d’utilisation commerciale-Partage des Conditions Initiales à l’Identique 2.0 France. Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues via une demande par courriel à [email protected]