sarkozy larguera-t-il la martinique ? … · (un service de "micro-blogging"), pour...

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Omar Ba Omar Ba : Un Un Africain Africain contr contr e l'immig e l'immigra tion tion PAGE 5 FRANCE FRANCE SARK SARK OZY LAR OZY LAR GUERA-T GUERA-T -IL LA MAR -IL LA MAR TINIQ TINIQ UE UE ? ? p. 2 3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@h@h@o@k; M 01093 - 2774 - F: 3,00 E Exit la T Exit la T chéquie chéquie : La Suède préside La Suède préside le Conseil de l'UE le Conseil de l'UE PAGE 7 EUROPE EUROPE Colloque de Metz Colloque de Metz : J acques Bain acques Bain ville ville à l'étr à l'étr ang ang er er PAGE 16 HIST HIST OIRE OIRE 3 s N° 2774 63 e année Du 2 au 15 juillet 2009 Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois www.actionfrancaise.net 2 0 0 0 « Tout ce qui est national est nôtre » O n avait cru pouvoir se ré- jouir en apprenant qu'un secrétaire national de l'UMP, Philippe Juvin, député eu- ropéen, avait décidé de donner à un nouveau collège de La Ga- renne-Colombes dont il est le maire, le nom de l'écrivain Klé- ber Headens. Cette édile avait même affi- ché son désir de braver le poli- tiquement correct en louant l'au- teur de l'Histoire de la litttéra- ture française comme « un esprit libre et anticonformiste », il pré- voyait alors de distribuer cet ou- vrage à tous les enfants entrant en sixième « pour développer leur esprit critique ». Aussitôt tous les maîtres de vertu républicaine, du MoDem au Parti communiste, avaient poussé les hauts cris : Kléber Haedens, rendez-vous compte, était maur- rassien ! Il ne pouvait qu'avoir tous le défauts du monde, cet ancien du Prytanée militaire de La Flèche, royaliste, collabora- teur de L'Action Française, puis l'un des fleurons des "anticon- formistes des années trente", ré- dacteur de la chronique théâ- trale d'Aspects de la France, ami de Pierre Boutang, de Thierry Maulnier, de Roger Nimier, de Mi- chel Déon, d'Antoine Blondin, de Pierre de Bénouville, et, qui plus est, défenseur de l'Algérie fran- çaise et membre en 1968 du co- mité du centenaire de la nais- sance de Charles Maurras ! Cachez ce maurrassien... Pendant des mois la polé- mique a fait rage dans la cité banlieusarde, les adversaires du projet allant jusqu'à minimiser le talent de ce romancier titulaire de plusieurs prix dont le Grand Prix du roman de l'Académie fran- çaise en 1974 (deux ans avant sa mort). On lui reprochait même d'avoir trop aimé le vin ! On vou- lait à tout prix faire croire que M. Juvin cédait à une marotte. Ce dernier semblait solide puisque lors de la pose de la pre- mière pierre du collège en no- vembre 2008 il avait invité Jean d'Ormesson, de l'Académie fran- çaise, lequel avait prononcé un brillant éloge de Kléber Haedens. Nous nous prenions à espérer que la mode de donner à des écoles le mot de Robespierre, de Boris Vian, de Louise Michel... allait laisser place à un peu d'in- novation au service de l'intelli- gence et de l'esprit français. Nous rêvions. Le 20 juin, la nouvelle tombait : M. Juvin se repentait et se couchait devant Patrick De- vedjan, président du Conseil gé- néral des Hauts-de-Seine, et Isa- belle Balkany, chargée des col- lèges dans le même Conseil. Le collège s'appellera donc finale- ment Champs-Philippe, du nom du quartier. Quant aux enfants, ils ignoreront Kléber Haedens, ils n'ont pas le droit d'être formés à la liberté de penser... MICHEL FROMENTOUX POLÉMIQUE L'intelligence est un péché Le maire a finalement renoncé : le collège ouvrant ses portes à La Garenne- Colombes ne portera pas le nom de l'écrivain Kléber Haedens. L'HYSTÉRIE JACKSONIENNE Plus possible ces derniers jours d'ouvrir la radio ou la télévision sans être agressé par les lamentations gra- tuites, laïques et obligatoires, sur Michael Jackson, décédé ce vendredi 28 juin. Nous oserons dire comme le ministre des Finances, Chris- tine Lagarde sur LCI, que nous ne nous sentons nullement touchés par la disparition du "roi de la pop". Cet être indéfinissable ne manquait peut-être pas de ta- lent comme chanteur, danseur ou chorégraphe, mais propulsé au sortir du berceau dans la frénésie médiatique au point de n'avoir jamais pu devenir un adulte, noir désireux d'être blanc au point de torturer sa peau et de se façonner un vi- sage diabolique, père de trois enfants dont l'un né par insé- mination artificielle et recours à une mère porteuse, intoxi- qué par l'abus de médicaments devant le porter au-delà de ses limites, il ne pouvait que connaître une destinée tra- gique, laissant derrière lui des millions de dettes et la pers- pective de complications judi- ciaires démentielles. Il est l'image même de l'aboutisse- ment de la mentalité mondia- liste qui croit pouvoir impuné- ment transgresser les diffé- rences et les conditions liées à l'ordre naturel. Comme l'a dit le député Chris- tian Vaneste, c'est aussi l'image « d'une société où à force de croire que tout est possible on finit par ne plus savoir qui l'on est », où l'on se livre à « l'ubris, la démesure que cette civilisation trans- forme en cauchemar ». Le meilleur service à rendre à cette incarnation de la déca- dence pagano-moderne est de l'oublier pour le laisser dor- mir en paix. PRÉSIDENTIALISME, RÉVOLUTION DES MŒURS... L'inquiétant virage du sarkozysme PAGE 3 GE 3 L’ACTION FRANÇAISE

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Page 1: SARKOZY LARGUERA-T-IL LA MARTINIQUE ? … · (un service de "micro-blogging"), pour obtenir le report d'une opé-ration de maintenance. ... mise en œuvre des lois générales de

Omar BaOmar Ba ::

Un Un Africain Africain

contrcontre l'immige l'immigrraationtionPA G E 5

■■ F R A N C EF R A N C E

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■■ H I S TH I S T O I R EO I R E

3 s ❙ N° 2774 ❙ 63e année ❙ Du 2 au 15 juillet 2009 ❙ Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois ❙ www.actionfrancaise.net

2000« To u t c e q u i e s t n a t i o n a l e s t n ô t re »

On avait cru pouvoir se ré-jouir en apprenant qu'unsecrétaire national de

l'UMP, Philippe Juvin, député eu-ropéen, avait décidé de donnerà un nouveau collège de La Ga-renne-Colombes dont il est lemaire, le nom de l'écrivain Klé-ber Headens.

Cette édile avait même affi-ché son désir de braver le poli-tiquement correct en louant l'au-teur de l'Histoire de la litttéra-ture française comme « un espritlibre et anticonformiste », il pré-voyait alors de distribuer cet ou-vrage à tous les enfants entranten sixième « pour développerleur esprit critique ».

Aussitôt tous les maîtres devertu républicaine, du MoDem auParti communiste, avaient pousséles hauts cris : Kléber Haedens,rendez-vous compte, était maur-rassien ! Il ne pouvait qu'avoirtous le défauts du monde, cetancien du Prytanée militaire deLa Flèche, royaliste, collabora-teur de L'Action Française, puisl'un des fleurons des "anticon-formistes des années trente", ré-dacteur de la chronique théâ-trale d'Aspects de la France, amide Pierre Boutang, de ThierryMaulnier, de Roger Nimier, de Mi-chel Déon, d'Antoine Blondin, dePierre de Bénouville, et, qui plusest, défenseur de l'Algérie fran-

çaise et membre en 1968 du co-mité du centenaire de la nais-sance de Charles Maurras !

Cachezce maurrassien...

Pendant des mois la polé-mique a fait rage dans la citébanlieusarde, les adversaires duprojet allant jusqu'à minimiser letalent de ce romancier titulairede plusieurs prix dont le GrandPrix du roman de l'Académie fran-çaise en 1974 (deux ans avant samort). On lui reprochait mêmed'avoir trop aimé le vin ! On vou-lait à tout prix faire croire queM. Juvin cédait à une marotte.

Ce dernier semblait solidepuisque lors de la pose de la pre-mière pierre du collège en no-vembre 2008 il avait invité Jeand'Ormesson, de l'Académie fran-çaise, lequel avait prononcé unbrillant éloge de Kléber Haedens.

Nous nous prenions à espérerque la mode de donner à desécoles le mot de Robespierre, deBoris Vian, de Louise Michel...allait laisser place à un peu d'in-novation au service de l'intelli-gence et de l'esprit français. Nousrêvions. Le 20 juin, la nouvelletombait : M. Juvin se repentaitet se couchait devant Patrick De-vedjan, président du Conseil gé-néral des Hauts-de-Seine, et Isa-belle Balkany, chargée des col-lèges dans le même Conseil. Lecollège s'appellera donc finale-ment Champs-Philippe, du nomdu quartier. Quant aux enfants,ils ignoreront Kléber Haedens, ilsn'ont pas le droit d'être formésà la liberté de penser...

MICHEL FROMENTOUX

❏ POLÉMIQUE

L'intelligence est un péchéLe maire a finalement renoncé : le collège ouvrant ses portes à La Garenne-Colombes ne portera pas le nom de l'écrivain Kléber Haedens.

L'HYSTÉRIEJACKSONIENNEPlus possible ces derniersjours d'ouvrir la radio ou latélévision sans être agressépar les lamentations gra-tuites, laïques et obligatoires,sur Michael Jackson, décédéce vendredi 28 juin.Nous oserons dire comme leministre des Finances, Chris-tine Lagarde sur LCI, que nousne nous sentons nullementtouchés par la disparition du"roi de la pop".Cet être indéfinissable nemanquait peut-être pas de ta-lent comme chanteur, danseurou chorégraphe, mais propulséau sortir du berceau dans lafrénésie médiatique au pointde n'avoir jamais pu devenir unadulte, noir désireux d'êtreblanc au point de torturer sapeau et de se façonner un vi-sage diabolique, père de troisenfants dont l'un né par insé-mination artificielle et recoursà une mère porteuse, intoxi-qué par l'abus de médicamentsdevant le porter au-delà deses limites, il ne pouvait queconnaître une destinée tra-gique, laissant derrière lui desmillions de dettes et la pers-pective de complications judi-ciaires démentielles. Il estl'image même de l'aboutisse-ment de la mentalité mondia-liste qui croit pouvoir impuné-ment transgresser les diffé-rences et les conditions liées àl'ordre naturel. Comme l'a dit le député Chris-tian Vaneste, c'est aussil'image « d'une société où àforce de croire que tout estpossible on finit par ne plussavoir qui l'on est », où l'on selivre à « l'ubris, la démesureque cette civilisation trans-forme en cauchemar ».Le meilleur service à rendre àcette incarnation de la déca-dence pagano-moderne est de l'oublier pour le laisser dor-mir en paix. ■

PRÉSIDENTIALISME, RÉVOLUTION DES MŒURS...

L'inquiétant virage du sarkozysme

PPAAGE 3GE 3

L’ACTION FRANÇAISE

Page 2: SARKOZY LARGUERA-T-IL LA MARTINIQUE ? … · (un service de "micro-blogging"), pour obtenir le report d'une opé-ration de maintenance. ... mise en œuvre des lois générales de

❚ MÉDIAS & OUTRE-MER

❚ 2 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009

Directeur de 1965 à 2007 : Pierre Pujo (✟)Directeur de la publication : M.G. PujoRédacteur en chef : Michel FromentouxRédacteur graphiste : Grégoire DubostPolitique : Guillaume Chatizel, Jean-Philippe Chauvin,Michel Fromentoux, Nicolas Hainaut,Stéphane PiolencÉtranger : Charles-Henri Brignac, Guy C. Menusier, Pascal NariÉconomie : Henri LetigreEnseignement, famille, société : Stéphane Blanchonnet, Jean-Pierre Dickès, Michel Fromentoux, Aristide Leucate, Frédéric WinclerCulture : Monique Beaumont, Anne Bernet, Renaud Dourges, Gaël Fons,Norbert Multeau, Jean d’Omiac,François Roberday, Alain WaelkensHistoire : Yves Lenormand, Laure Margaillan, René Pillorget, Francis VenantArt de vivre : Pierre ChaumeilChroniques : François Leger, Jean-Baptiste MorvanAbonnements, publicité, promotion : Monique Lainé

10 rue Croix-des-Petit10 rue Croix-des-Petits-Champs-Champs s 75001 Paris75001 Paris

Tél. : 01 40 39 92 06 - Fax : 01 40 26 31 63

wwwwww.actionfrancaise.net.actionfrancaise.netredaction@[email protected]

[email protected] 1166-3286

» DRACULA

La Télévision suisse romandes'attaque à Nicolas Sarkozy,« vampire des médias ». Débutjuin, l'émissionTemps présents'est proposéede disséquer« les relationsdangereusesexistant entrele pouvoir fran-çais et l'infor-mation ». Dis-ponible sur In-ternet (www.tsr.ch), le reportageest accompagné d'un commen-taire se voulant édifiant : « Lesjournalistes [...] se plaignent dene pas pouvoir travailler libre-ment, sans craindre que lesfoudres présidentielles ne s'abat-tent sur eux. [...] Un récent rap-port publié par Reporter sansfrontière international situe laFrance au rang peu enviable du

pays européen qui détient le re-cord d'interventions policières oujudiciaires contre des journa-listes. Dans ce contexte média-tique explosif où la censure neporte pas son nom, c'est l'auto-censure qui s'installe insidieuse-ment dans certaines rédactions.Une menace sur la liberté de lapresse qui, pour certains, met endanger la démocratie. »

» GOUVERNANCE

La Commission européenne ap-pelle les gouvernements à jouer« un rôle plus actif dans le pro-cessus décisionnel clé sous-ja-cent au développement de l'in-ternet ». Dans une communica-tion adressée le 18 juin auParlement et au Conseil, ellesouligne que la Toile est placéesous la houlette de l'ICANN, unesociété de droit californien dontles accords avec le gouverne-ment américain arrivent à

échéance en septembre. « Il estdès lors opportun pour l'UE [...]de déterminer les changementséventuels à envisager. » La Com-mission promeut une gouver-nance multilatérale, sans oublierque Washington « n'a jamaiscessé de dire qu'il garderait lecontrôle effectif de la coordina-tion des fonctions essentielles enmatière de noms et adresses auniveau mondial ».

» DIPLOMATIE 2.0

Dès l'annonce de la réélectiond'Ahmadinejad en Iran, plusieurssites gouvernementaux ou semi-officiels auraient été rendus in-accessibles par des internautes"hacktivistes". Opérant depuis lemonde entier, ceux-ci profitentdes "kits de piratage" proposéssur la Toile. Les contestatairesont également exploité leweb 2.0, avec la complicité dudépartement d'État américain.

Jared Cohen, un haut-fonction-naire de vingt-sept ans, est inter-venu directement auprès de JackDorsey, le cofondateur de Twitter(un service de "micro-blogging"),pour obtenir le report d'une opé-ration de maintenance. En dépit de l'embarras affichépar la Maison Blanche, HillaryClinton a défendu cette initia-tive, déclarant selon le Los An-geles Times qu'il était importantde garder « cette ligne de com-munication ouverte pour per-mettre aux gens de partager desinformations » (Arrêts surimages, 18/06/09). CharlesBwele évoque « un tournant di-plomatique et stratégique » surle site de l'Alliance géostraté-gique (19/06/09) : « Forte d'uneindustrie logicielle et infomé-diaire [...] sans rivale, l'Amé-rique intègre ingénieusement lecyberactivisme et le supporttechnique inhérent à sa poli-tique étrangère. »

» TRANSFERT

Airbus a livré le 23 juin lepremier A320 assemblé àTianjin. L'avionneur s'était im-

planté en Chine pour rattraperson retard sur Boeing. Le parisemble gagné : en cinq ans,ses parts de marché sont pas-sées de 18 à 40 %. « La vitesse à laquelle le pro-jet de Tianjin a décollé eststupéfiante » : trois ans aupa-ravant, « là où est érigéecette immense usine ultramo-derne, il n'y avait rien, hormisdes marécages » rapporte Ar-naud de La Grange (Le Figaro,24/06/09). Mais les coûts d'as-semblage y sont plus élevésqu'à Toulouse ou Hambourg.Quant aux risques liés auxtransferts de technologies, ilssont d'autant plus pesants que« des tentatives d’intrusiondans les systèmes informa-tiques auraient été décelées àdiverses reprises ».

» OUVERTURE

L'État devrait céder prochai-nement 15 % du capitald'Areva, le champion françaisdu nucléaire. « Le JaponaisMitsubishi Heavy Industries(MHI) et des fonds souverains,en particulier le fonds Muba-dala d'Abou Dhabi, figurentparmi les acquéreurs poten-tiels » précise le FinancialTimes cité par Ana Lutzky(L'Usine Nouvelle, 26/06/09).

Le voyage – bien tardif ! - deNicolas Sarkozy en Guade-loupe et Martinique les 25

et 26 juin, aura-t-il contribué àapaiser les esprits dans ces îlesà feu et à sang il y a encorequelques mois ? Sa propositionde référendum sur l'autonomiede la Martinique - comme s'il ou-bliait qu'il est garant de l'inté-grité du territoire national -, ade quoi gravement inquiéterceux qui savent le profit qu'entireront les indépendantistes.Beaucoup tirent déjà la sonnetted'alarme en pensant au sortd'Haïti après son indépen-dance...

Deux notions

Notre ami guadeloupéenÉdouard Boulogne, pour sa partn'est pas systématiquement hos-tile à M. Sarkozy, mais il est lu-cide. Nous citons ici quelquesextraits tirés de son blog.

J'ai accepté cette idée, priseà son compte par le président,que la spécificité géographiquede notre département pouvait jus-tifier des modes particuliers demise en œuvre des lois généralesde la nation française, autrementdit un approfondissement de ladécentralisation (mais sans fer-mer la possibilité d'"ouvertures").[Toutefois], les distinctions entreles notions d'indépendance (qu'ilrécuse, verbalement), et d'auto-nomie, ont pour nous un autre re-tentissement que pour M. Sarkozy,natif de Neuilly-sur-Seine.

Plus d'autonomie, de capacitéà gérer sur place, dans un cadredépartemental adapté, ne nousfait pas peur. Mais "l'autonomiede la Guadeloupe" a pour nous

une autre résonance. Depuis plusde quarante ans, elle est perçue[...] comme la première étape,et revendiquée comme telle, del'indépendance, d'une indépen-dance à contenu violent et révo-lutionnaire, par ceux-là même quiont mis la Guadeloupe sur les ge-noux depuis six mois, et qui sontsymbolisés par l'UGTG, et seshordes de macoutes.

L'autonomie est aussi le pro-gramme (et pas seulement à laMartinique) de cette pseudo-élite

de politiciens, avides d'honneurs,de prébendes, et de pouvoir, quele peuple désavoue lors des scru-tins majeurs, bien contraint des'en accommoder lors des élec-tions locales, faute de mieux.

Refus en 2003

C'est pourquoi Guadeloupe etMartinique en 2003 (et plus par-ticulièrement la Guadeloupe, à75 % ) ont refusé "l'évolution ins-titutionnelle". Et pourtant "ils"

veulent nous la refiler encore au-jourd'hui, comme si la seule vo-lonté acceptable par ces mes-sieurs était celle qui correspon-drait à leurs caprices. Et leprésident écoutera la "volonté desGuadeloupéens et des Martini-quais". C'est ce qu'il dit. À nousde lui faire entendre, en direct,la vraie volonté populaire.

À nous de nousmobiliser

J'ai retenu mercredi dernierle propos du sénateur Jacques Gil-lot, à la fin d'un long débat surl'utilité d'élaborer un projet d'au-tonomie au suffrage populaireaprès un délai de dix-huit mois.Tout au long du débat, les inter-venants et M. Gillot s'étaient pré-valus de leur représentation po-pulaire. Mais le président duConseil général, reconnaissait ladifficulté qu'il y aurait à con-vaincre ledit peuple. Cet hommerévélait son goût apparent du pa-radoxe, à moins que ce soit soncynisme !

C'est la raison pour laquelle,je crois, chers lecteurs, que toutdécouragement, toute lassitude,seraient détestables. Notre han-dicap principal se situe au niveaude la possession des médias et dessecteurs les plus militants de l'uni-versité, par les idéologues de la"séparation", de la rupture. Il enétait de même en 2003. Et pour-tant nous avions gagné. À nous denous mobiliser pour que triom-phent le bon sens, et les véri-tables intérêts de la Guadeloupeet de la Martinique..

ÉDOUARD BOULOGNE

* www.lescrutateur.com

❏ RÉFÉRENDUM

Sarkozy larguera-t-il la Martinique ?Adapter le cadre départemental aux spécificités locales semble opportun. Toutefois, agitée dans les Antilles, la perspective d'une "autonomie" sera revendiquée par des révolutionnaires violents comme une première étape vers l'indépendance... Prudence !

MARCHÉ À SAINTE-ANNE« Les distinctions entre les notions d'indépendance

(qu'il récuse, verbalement), et d'autonomie ont pour nous un autre retentissement que pour M. Sarkozy,

natif de Neuilly-sur-Seine. »

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POLITIQUE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009 3 ❚

La France a vécu du 22 au 26juin une de ces grandes se-maines sarkozyennes, où

comme aux Galeries Lafayette ilse passe toujours quelque chose.Cela a commencé "royalement",si l'on peut dire, puisque le pré-sident de la République avaitchoisi, de s'adresser aux séna-teurs et députés réunis enCongrès au château de Versailles.Une si coûteuse solennité, bienque conforme à la Constitution,s'imposait-elle ? Ni les circons-tances, ni les décisions qu'il avaità annoncer ne semblaient en ré-clamer autant. Une fois de pluson a vu cet homme qui n'est quece qu'il est chercher à se haus-ser au niveau de l'Histoire. Com-portement de parvenu féru detape-à-l'œil.

République en mouvement

Il a parlé de « changementprofond dans notre tradition ré-publicaine », proposant essen-tiellement « le mouvement ». Larépublique va donc bouger... Pouraller où ? En fait, il laisse entendreune fois de plus qu'il compte at-tirer à lui toutes les activités dupays. La seule nouveauté aura étél'annonce d'un grand emprunt na-tional qui, sous prétexte de ju-guler la "Crise", approfondira ladette publique. Puis il a redit savolonté quelque peu utopiste deconcilier régulation et mondiali-sation, avant d'en venir à la laï-cité appelée désormais « principede neutralité et de respect »,mais c'était pour dire que la re-ligion musulmane doit être res-pectée, même si « la Burqa nesera pas la bienvenue ». Quelquesmots encore sur le dossier épi-neux des retraites, mais sans pro-poser la moindre mesure pour re-dresser notre démographie.

Voilà, c'est tout. On a surtoutcompris qu'il veut encore plus dé-cider de tout, sans se donner les

moyens de prendre du champ etd'arbitrer au-dessus de la mêlée.Cette caricature de monarchie finira mal.

Dans ces conditions le nouveautrombinoscope des ministres nom-més deux jours après revêt un in-térêt très relatif. Nous ne sommesplus au temps où quelques grandset prestigieux ministères traçaientles grandes lignes des activités dela nation. On voit pulluler des mi-nistères aux noms nouveaux, par-fois étranges, souvent très longset compliqués, qui servent à pla-cer, à replacer ou à déplacercomme dans une « ronde de cour-tisans » (la formule est de Jean-Marie Le Pen), telles personnali-tés "ouvertes" à la mentalité dumoment, utiles pour un temps etque le président rejette quandelles ont fini de lui plaire...

Exit Boutin

Quelques changements à no-ter : d'abord les femmes ne sontplus que treize pour vingt-cinqhommes ! Michèle Alliot-Mariequitte l'Intérieur pour la Justiceen remplacement de Rachida Dati,partie pour le Parlement euro-

péen (cela fait tout de même plussérieux, mais la succession n'estpas un cadeau !) ; Brice Horte-feux quitte le Travail pour prendrel'Intérieur, l'Outre-mer et les Col-lectivités locales ; Jean-Louis Bor-loo se retrouve avec l'Écologie,l'Énergie, le Développement du-rable, la Mer, les Technologiesvertes, les Négociations sur le cli-mat (ouf !). Xavier Darcos, piètreministre de l'Éducation, prend leTravail, les Relations sociales, laFamille et la Solidarité et cède larue de Grenelle à Luc Chatel (unpartisan forcené du travail le di-manche !) ; Marie-Luce Penchard(fille de Lucette Mlichaux-Che-vry), devient secrétaire d'Étatchargé de l'Outre-mer, en rem-placement de l'inconsistant YvesJego ; on voit apparaître un se-crétariat d'État aux Aînés (?)confié à Nora Berra...

Nous ne pouvons citer lestrente-huit noms de l'équipe.Quelques départs significatifs,toutefois : Christine Albanel, simaladroite avec son projet Créa-tion et Internet, quitte la Cul-ture ; de même, Bernard Laporte,que tout le monde avait déjà ou-blié, laisse les Sports à Rama Yade,

dont le secrétariat aux Droits del'Homme disparaît (ce n'est pasune punition, ni une rétrograda-tion, précise-t-on en haut lieu...).

Le renvoi de Christine Boutin,ministre du Logement, s'effectuedans les pleurs et les grincementsde dents : la dame se dit choquéede ne pas avoir été avertie :« C'est peut-être un délit de salegueule d'être catholique. » Elleaura tout le temps maintenant deméditer sur son rôle évanoui decaution catholique dans un gou-vernement qui n'a que faire dupassé chrétien de la France... Ily avait longtemps que M. Sarkozyne la supportait plus. Elle cares-serait, dit-on, l'espoir d'être nom-mée ambassadeur au Vatican, ouplutôt "près le Saint-Siège", pré-cise le site du Salon Beige...

Ave Mitterrand

Il importe pour comprendre la"philosophie" du changement sar-kozien, de s'arrêter un peu surdeux entrées particulièrementremarquées. D'abord Pierre Lel-louche est nommé secrétaire d'É-tat aux Affaires européennes : nuln'ignore qu'il est un farouche par-tisan de l'entrée de la Turquie dans"l'Europe" et qu'il piaffe de voirl'Union européenne rester ce qu'ilappelle un « club chrétien ». Laperfidie du président de la Ré-publique se disant sur tous lestons opposé à l'entrée de la Turquie, apparaît au grand jouravec cette nomination aussitôtsaluée à Ankara.

Nous avons gardé le plus sul-fureux pour la fin. Après avoir de-mandé à Jack Lang qui n'en veutplus, M. Sarkozy, sur le conseil deCarla Bruni, a donné la Culture àFrédéric Mitterrand. M. Mitterrandneveu (nous n'oserions dire Mit-terrand le Petit comme VictorHugo classant les Napoléon...) estassurément un homme cultivé etun distingué causeur. Nul ne lecroit vraiment de gauche, il se dit

fasciné par la monarchie et enparle fort bien, mais il est aussiun homosexuel notoire, animateuril y a peu de la chaîne Pink TV (lesoir juste avant le porno)... puisappelé à la très sérieuse directionde la villa Médicis à Rome.Quelques jours avant la Gay Pride(samedi 26) son arrivée rue de Va-lois a constitué un beau cadeaupour la communauté "gay" et pourtous les militants du mariage ho-mosexuel et de l'adoption d'en-fants par les couples de ce milieu.Ceux-ci ont d'ailleurs avec ce gou-vernement mille raisons de se ré-jouir puisque Mme Nadine Moranoreste secrétaire d'État chargé dela Famille, et continue de prépa-rer le fameux statut du beau-pa-rent... Telle est la République "enmouvement" ...

Tout cela s'est opéré dans uneprécipitation vertigineuse, les pas-sations de pouvoir ont été bâcléeset le président s'est dépêché derecommander aux ministres d'être« prudents dans leur expressionpublique » (avec des personnesvenues d'un peu partout, on nesait jamais...). Une telle coursene préfigure pas une bonne poli-tique... Pour aller encore plusvite, M. François Fillon, Premierministre, qui n'avait guère existédurant toute la semaine, a convo-qué tous les ministres pour uneséance de travail le dimanche28 juin ! Sans aucune urgence,agir ainsi est vouloir ostensible-ment montrer que désormais lesmœurs chrétiennes ne sont plusintangibles en France.

Les défenseurs de l'âme chré-tienne de notre pays doivent sepréparer à combattre...

MICHEL FROMENTOUX

PRÉSIDENTIALISME, RÉVOLUTION DES MŒURS...

L'inquiétant virage du sarkozysmeLa ronde de courtisans s'est jouée dans la précipitation, autour de ministères aux noms nouveaux, parfoisétranges, souvent très longs et compliqués. Aucun ne revêt le prestige qui lui permettrait de tracer lesgrandes lignes des activités de la nation... Commentaire du nouveau trombinoscope gouvernemental.

NOS LECTEURS À CONTRIBUTIONLes publications hebdomadaires et pério-diques voient, chaque année, leurs ventediminuer de 3 à 4 %, phénomène dû no-tamment au développement d'Internet. Le mouvement semble s'accélérer, puisqueles NMPP 1, principal diffuseur de ces publi-cations sur les points de vente au numéro,ont constaté à fin avril, sur les douze der-niers mois, une baisse des ventes de 10 %, ycompris pour les hebdomadaires. Baisseconstatée notamment chez les diffuseurstraditionnels (maisons de la presse, bars-ta-bacs, stations d'essence...). Les temps sont

durs pour tous les périodiques, spécialementpour la presse d'opinion.Cependant, pour L'AF 2000, le journal de l'Action française, instrument indispen-sable pour faire connaître nos idées, on n'enregistre aucune baisse depuis le début de l'année.Tous nos amis de Paris et de Province peu-vent nous aider dans cette diffusion : enveillant à ce que notre journal soit bien vi-sible sur les linéaires, ce qui a une influencesensible sur les ventes ; en nous signalant lesdépositaires qui reçoivent trop d'exemplairespar rapport aux ventes ; en nous signalentégalement ceux chez qui nous aurions intérêtà être en vente ; et bien sûr en s'abonnant,

ce qui est le mode de diffusion le plus rentable pour notre journal.Les vacances approchent, une période tou-jours difficile pour les finances du journal.Donnez-nous les moyens de la passer sans en-combre en envoyant votre obole même mo-deste, avant de partir vous reposer.

Merci d'avance.MARIELLE PUJO

1 - Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne.

* Prière d’adresser vos dons à Mme Geneviève Cas-telluccio, L'Action Française 2000, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris.

❚ NOTRE SOUSCRIPTION POUR L'AF

LISTE N° 7

100 euros pour l'AF : Mme Jac-queline Gancel, 125 ; Jean-BaptisteMorvan, 150 ; Pierre Angilbert, 200 ;

Virements réguliers : MmeYvonne Peyrerol, 15,24 ; Mlle AnniePaul, 15,24 ; Mme Françoise Bedel-Giroud, 30,49 ; Henri Morfin, 32.

Gérald Wailliez, 20 ; « Ano-nyme Rouen », 50 ; Jacques La-monerie, 50.

Total de cette liste : 687,97 s

Listes précédentes : 5 099,48 s

Total : 5 787,45 sTotal en francs 37.963,18 F

Frédéric Mitterrand est assurément un homme cultivé et un distingué causeur. Toutefois...

Christine Boutin : « C'est peut-être un délit de sale

gueule d'être catholique. »

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❚ ASPECTS DE LA FRANCE

❚ 4 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009

Un heure avecle duc de VendômeLes téléspectateurs de KTO ont passé samedi21 juin une heure avec le prince Jean, ducde Vendôme. Reçu par Emmanuelle Dancourtdans le cadre de l'émisson V.I.P. - Visages in-attendus de personnalités, le jeune marié,qui touchait si souvent son alliance..., a évo-qué en toute simplicité la belle journée réel-lement capétienne de Senlis le 2 mai dernier.Puis la conversation a porté sur les grandsaxes de l'action qu'entend mener le Prince,très ancré dans la tradition et en mêmetemps résolument moderne. D'où sa volontéde servir le patrimoine, tout en allant sur leterrain au contact des réalités du moment, -sa volonté aussi de rester libre, à l'exemplede son grand'père, pour ajouter sa proprepierre à l'édifice. Au sujet de la "Crise", il aconstaté qu'hélas les mécanismes virtuels de

la bourse amènent à substituer la notion deprofit à celle de service. La vie en sociétésouffre de ce « repli sur soi ». Très critique àl'égard de l'Europe qui se construit, « plustechnique qu'humaine, plus mercantile quepolitique », il a souhaité une Europe despays et des entités culturelles.

UN PRINCE DÉPUTÉ ?UN PRINCE DÉPUTÉ ?

Pour faire valoir des principes clairs et précis(prince et principes ont la même étymolo-gie...), il n'a même pas exclu la possibilitéd'être un jour député européen... Princechrétien, auteur d'une thèse sur le bien com-mun, toujours désireux de conduire sa vie se-lon l'éducation qu'il a reçue, il a montré lanécessité, dans une société qui s'effrite, derevenir aux bases solides, de défendre la fa-mille, la vie, le repos du dimanche...À la veille de son départ avec Philomena sur

la route de Saint-Jacques de Compostelle, ila évoqué avec tact son frère et sa sœur han-dicapés, disant le rôle qu'ils ont joué dans sapropre façon d'envisager la vie. Il s'est mon-tré aussi passionné d'environnement, expli-quant comment il utilise les énergies renou-velables dans sa propriété forestière. Puis ila défini ses souhaits pour la France : que« cessent les comportements égoïstes », quechacun retrouvre le souci de l'autre, que lesélites élaborent un « projet politique quifasse aimer notre pays », rendant les jeunessensibles à notre histoire et à la beauté deschoses, enfin que la famille, lieu de vie so-ciale, soit remise à l'honneur.Tout au long de l'émission le Prince est ap-paru comme un homme de lien, soucieux de voir les Français s'unir sur un projet digne d'eux. On était loin des discours électoralistes...

M.F.

On l'attendait depuis septans, et beaucoup n'ycroyaient plus... Cette

baisse de la TVA dans la restau-ration (de 19,6 à 5,5 %) a été fi-nalement obtenue à Bruxelles enmars dernier ; elle est entrée envigueur ce mercredi 1er juillet.Quand ces lignes paraîtront, noslecteurs auront pu d'eux-mêmesconstater ce qu'il en sera dans lescafés, brasseries, bars, cafété-rias, casinos et restaurants.

Les spécialistes estiment quela baisse devrait être en fait de11,8 % sur les produits les pluscourants : entrée, plat chaud, platdu jour, dessert, menu entrée-plat, menu plat-dessert, menu en-fant, jus de fruits ou soda, eauminérale, café, thé ou infusion.Un plat vendu 10 euros HT est ac-tuellement facturé 11,96 eurosTTC ; à partir du 1er juillet, il necoûte en principe plus que10,55 euros. De même un menuà 15 euros ne devrait plus coûterque 13,20 euros.

Attention : les boissons al-coolisées sont exclues des pro-duits qui baisseront ; le purita-nisme de l'anti-alcoolisme s'estinsinué même ici, comme si l'al-cool était toujours et partout un

luxe... Cette baisse ne sera pasdu tout obligatoire ; certains pa-trons pourront baisser un peu plusplus, mais ne nous faisons pasd'illusions ! D'autres, pas du tout !Ou sur certains produits seule-

ment... On pense que la péni-tence des récalcitrants sera dansl'amincissement de leur clientèle.Les restaurateurs ayant acceptéde baisser leurs prix afficherontun petit écriteau officiel « La TVAbaisse, les prix aussi » ; il faudraêtre vigilant avec les garçons oules serveuses...

Il semble que si les grandeschaînes de restaurants ont lesmoyens de lancer des promessesmirobolantes de baisses de leursmenus, les petits patrons indé-pendants, eux, soient plus hési-tants, craignant de voir baisseravec leur revenu leur chiffre d'af-faire. Ce n'est donc pas encoredemain que l'on mangera gratis.

Quant à l'État, on estime qu'ilsacrifie dans l'affaire 2,35 mil-liards d'euros (3 milliards demanque à gagner compensés par650 millions d'euros d'aides sup-primées). De leur côté les pro-fessionnels se seraient engagés àcréer 40 000 emplois (dont la moi-tié pour des jeunes). Les pro-messes de hausse des salaires,d'amélioration des conditions detravail (qui sont souvent duresdans ce métier-là) seront-elles te-nues ? Il reste encore bien diffi-cile de savoir si, en ce 1er juilletoù augmentent les prix des trans-ports en île-de-France, cette nou-velle aura de quoi rassérénerquand même les consommateurset les serveurs...

» FRONT NATIONAL

Le FN est à la fête. Le 23 juin, laCour de cassation a annulé lapeine de trois mois de prison avecsursis et 5 000 eurosd'amende infligéeBruno Gollnisch pourcontestation decrimes contre l'hu-manité. Le 28 juin,la liste frontiste estarrivée en tête à l'is-sue du premier tourdes élections munici-pales d'Hénin-Beaumont, recueillant 39,3 % des voix. Le parti est fortement implantédans cette commune du Nord-Pas-de-Calais depuis les annéesquatre-vingt-dix. Interrogée parLibération (29/06/09), NonnaMayer, explique que « Steeve

Briois, un cadre du FN très pré-sent et dynamique, récolte lefruit de son travail de terrain.Marine Le Pen, qui y a commencésa carrière politique en 1999, etlui quadrillent systématiquementle coin, à la rencontre de la po-pulation, jouent sur les divisionsde la gauche et sur l'incapacitédes politiques à résoudre les pro-blèmes sociaux. » En l'absenced'une triangulaire dimanche pro-chain, l'émergence d'un "nouveauVitrolles" lui semblerait toutefoispeu probable.

» TRANSFUGE

Passé jadis du FN au MPF,Guillaume Peltier rejoint aujour-d'hui l'UMP. Son adhésion seraitimminente selon L'Express(26/06/09). « Le parti de la ma-

jorité compte sur ce jeunehomme de trente-deux ans [...]pour participer lors des électionsmunicipales de 2014 à la recon-quête de Tours, gérée par le PSdepuis 1995. Guillaume Peltierdevrait dans un premier tempsêtre candidat aux cantonales demars 2010. »

» ÉTOURDERIE

« Le président de la Républiquea été très clair là-dessus [...]quand on se présente à uneélection, c'est pour siéger dansl'assemblée pour laquelle on aété candidat. » Luc Chatel, leporte-parole du gouvernement,l'avait proclamé à la sortie duConseil des ministres le 28 jan-vier. Brice Hortefeux est pour-tant transféré à l'Intérieur, et

Nora Berra promue secrétaired'État en charge des "Aînés". Tousdeux avaient été élus députés auParlement européen à la faveurde la débâcle socialiste.

» HADOPI

Le président de la République adébarqué Christine Albanel, nonsans affirmer sa volonté d'aller« jusqu'au bout » dans son projetde protection des droits d'auteursur Internet. Après la censure duConseil constitutionnel, la "patatechaude" a été confiée à MichèleAlliot-Marie. Celle-ci a présentéun projet de loi en Conseil desministre dès le 24 juin, alorsqu'elle venait d'être nommée mi-nistre de la Justice. Peut-être l'a-t-elle découvert en même tempsque ses collègues...

❏ FISCALITÉ

Boire et manger moins cher ?La TVA dans la restauration est enfin réduite à 5,5 % depuis le 1er juillet. Cela représente pour l'État un sacrifice 2,35 milliards d'euros. La baissedes prix et les 40 000 emplois promis seront-ils au rendez-vous ?

» BANQUIERS

« Les banques marocaines sedisputent le Val-Fourré » ob-serve Le Parisien (22/06/09).Dans cette cité de Mantes-la-Jolie, la communauté maro-caine compte en effet parmiles plus importantes deFrance... La finance islamiquea par ailleurs le vent enpoupe. Elle était au cœur duForum du dialogue bancairefranco-arabe organisé à Parisles 28 et 29 mai. BFM prodiguemême des conseils aux audi-teurs tentés par des place-ments conformes à la charia.

» MENTALITÉS

C'est peut-être le signe d'uneévolution des mentalités, etprobablement une consé-quence de l'engagement de laFrance en Afghanistan. Dans unarticle publié par la revue tri-mestrielle Inflexions, le colo-nel Lecointre prend le contre-pied de l'angélisme dominantsouvent l'évocation des ques-tions militaires : « Au nombre des refus patho-logiques à admettre la réalité,le déni de la violence estpeut-être l'un des plus per-vers. [...] Considéré par lesEuropéens comme un summumde civilisation, le déni de re-cours à la force peut êtrecompris par d'autres soitcomme une contrainte norma-tive particulièrement hypo-crite, soit comme une formede décadence ou tout aumoins de faiblesse à exploiter.Sans doute plus grave encore,cette annihilation incantatoirede la violence par la délégiti-mation de toute forme deguerre prive les relations in-ternationales d'un espace ri-tualisé où les tensions ex-trêmes peuvent s'exalter enconfrontations armées enca-drées par le droit. [...] Sansennemis, il n'y a certes pas decombat, seulement une chasseau contrevenant pour restau-rer la paix et l'ordre. Maissans ennemi et sans combat, iln'y a pas non plus de "paix desbraves". » (Secret Défense,22/06/09)

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ASPECTS DE LA FRANCE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009 5 ❚

La vulgate libérale-libertairea fait de l'immigration « unechance [éternelle] pour la

France ». Ceux qui pensent lecontraire sont mis au ban de lasociété. Mais quand des immigréseux-mêmes remettent en causele dogme de la libre migrationsource d'harmonie et de paix uni-verselles, une brèche s'ouvre dansle mur de la bien-pensance "an-tiraciste" que les patriotes au-raient tort de ne pas exploiter.

Désillusion

Émigrer clandestinement enEurope n'est pas chose aisée. Biensûr, certains pays font preuve d'unvéritable laxisme et le chiffre de30 000 expulsions de migrants ir-réguliers en 2008, dont s'est féli-cité le gouvernement français, estparticulièrement ridicule quandon sait qu'une grande partie cor-respond à des retours volontaireset qu'il entre vraisemblablementdans notre pays, chaque année,plus de 100 000 clandestins.

Bien que la médiatisation decertains cas accélère les régula-risations 1, il reste que le périplede ces clandestins est particuliè-rement dangereux et leur instal-lation en Europe difficile (loge-ment, travail, phobie du contrôlepolicier, etc.). De plus en plus dereportages en témoignent. OmarBa, un Sénégalais de vingt-neufans entré en France de façon ir-régulière, va quant à lui plus loinque la simple complainte sur lesembûches qu'il a connues en ten-tant sa chance vers l'eldorado eu-ropéen 2. À travers deux ou-vrages 3 et diverses interventionsmédiatiques, il exhorte les Afri-cains à ne plus croire les men-songes que leur vendent les livresd'école, les chaînes de télévisionet Internet tendant à faire duVieux Continent un paradis ter-restre et leur unique horizon.

En cela, il rejoint le combatd'Émile Bomba, un étudiant ca-merounais qui a créé en 2003 l'As-

sociation de lutte conte l'émigra-tion clandestine 4 qui compte au-jourd'hui 12 000 membres. Invitépar le Vlaams Belang en Belgiqueet par le Bloc identitaire enFrance, Émile Bomba a pu décrirele travail de terrain qu'il mène etqui a déjà permis à plus d'unevingtaine de Camerounais immi-grés de rentrer au pays.

Déminage

Certes, les dégâts sociaux,économiques, culturels (pressionsur les salaires et les conditionsde travail des salariés autoch-tones, délinquance, islamisation,etc.) causés à la France et auxpays européens par une immi-gration massive de peuplementne sont pas le cheval de bataillede ces deux Africains. Ils s'atta-chent davantage à énumérer lesdifficultés rencontrées par les mi-grants, qu'ils soient réguliers ounon : coût de la vie exorbitant,

contact difficile avec les femmes,pression permanente de la partde la famille restée au pays,cadre et mode de vie trop diffé-rents (climat, logement en tourHLM, travail conduisant à la dé-pression, etc.).

Mais leur action a l'immenseavantage de désamorcer un dé-bat miné depuis trois décennies.En effet, ceux qui, pendant desannées, ont fustigé l'immigrationcomme étant un fléau tant pourles pays d'origine (en cela l'im-migration "choisie" de M. Sarkozyest non seulement incohérentemais profondément immorale) quepour les pays d'accueil, ont étéraillés et discrédités. Et pour biendonner le change, nos élites ontpratiqué une sorte de "préférenceétrangère" quasi systématique.Mais alors, comment les mêmespersonnes, atteintes de xénophi-lie aiguë, pourraient-elles repro-cher quoi que ce soit à deux Afri-cains de couleur noire, archétypes

de l'homme nouveau universelqu'ils ont si longtemps promu ?Pèse en effet sur eux une pré-somption quasi irréfragable d'ap-partenance au camp du Bien.

Il devient alors très difficilede les faire basculer dans le campdu Mal. À tel point qu'on a déjàpu entendre Thierry Ardisson ac-quiescer à tous les arguments deM. Ba sur le plateau de l'émissionSalut les Terriens du 2 mai 2009,dont le passage le plus savoureuxa été la question posée par cedernier : « Qui profite de l'im-migration ? » Ce à quoi M. Ardis-son a répondu doctement : « Lespatrons français. » Et M. Ba in-sistant : « Donc ce n'est pasl'Afrique » ; M. Ardisson con-firme : « Ah non ! »

Récupération ?

Où l'on voit que sur la base deconstats réels et communs, il esttout à fait possible de bâtir unecoopération sincère entre l'Europeet l'Afrique, débarrassée de sesscories idéologiques. D'ailleurs ledanger risque d'être vite flairé partous ceux qui vivent grassementde "l'immigration-business". Cer-tains "diplomates occidentaux"commencent déjà à mettre desbâtons dans les roues d'ÉmileBomba et son équipe. Quant à M.Ba, son éditeur a confié : « Omarne veut surtout pas que son dis-cours soit repris par l'extrêmedroite »...

PIERRE-VINCENT L.

1 - Ce fut le cas "Kingsley", person-nage principal du documentaire d'Envoyé spécial intitulé « Destinsclandestins ».2 - D'ailleurs, d'aucuns ont pu re-mettre en cause la crédibilité de sonrécit (http://www.afriquechos.ch/spip.php?article3316).3 - Omar Ba : Soif d'Europe, témoi-gnage d'un clandestin ; éditions duCygne. Je suis venu, j'ai vu, je n'ycrois plus ; Max Milo éditions.4 - www.alcec.org

❏ OMAR BA

Un Africain contre l'immigrationUn Sénégalais de vingt-neuf ans remet en cause le dogme de la libre migration source d'harmonie et de paix universelles... C'est une brèche qui s'ouvre dans le mur de la bien-pensance "antiraciste".Un premier pas vers la dissipation des scories idéologiques ?

» COUR

La cour engendre nécessaire-ment quelques faux frais et,selon le député PS René Do-sière, qui aétudié de prèsle budget del'Éysée, celui-ci aurait aug-menté de18,5 % en unan, soit sept fois plus que lebudget du pays, à 113 millionsd'euros. Si l'Élysée conteste lescritiques du député, ce dernierestime que la transparencen'est pas faite, allant mêmejusqu'à parler de « manipula-tions budgétaires ».

» PRÉCOCE

On avait pu croire que lajeune génération politique, àdroite comme à gauche, vou-lait rompre avec des pratiquesappartenant au passé. Ce n'estvisiblement pas le cas de Be-noist Apparu, nouveau secré-taire d'État au Logement. Ilfaut croire qu'il est un spécia-liste des bons plans en matièrede logement puisqu'il bénéfi-ciait jusqu'en février 2008 d'unHLM de 45 m² dans le Marais,loué seulement 672 euros parmois. Un logement qu'il avaitobtenu, explique la mairie deParis, « du fait de son postede président des Jeunes RPRde Paris ». Âgé seulement dequarante ans, le jeune secré-taire d'État a vite appris lesbonnes vieilles méthodes deses aînés de l'UMP...

» PROMESSES

Aux électeurs niçois dont il es-pérait les suffrages, ChristianEstrosi avait promis de seconsacrer à plein temps à lamairie et de refuser un porte-feuille gouvernemental. Autantdire que le nouveau secrétaired'État à l'Industrie sait tenirune promesse. Et l'exemplevient d'en-haut : Nicolas Sar-kozy qui promettait pendant lacampagne de limiter à quinzele nombre de ministres, recon-duit un gouvernement quicompte trente-huit membres !

GUILLAUME CHATIZEL

LA MASCARADE DU BAC

Notre ami Jean-Philippe Chauvin, professeurd'histoire, correcteur des épreuves du bac-calauréat, dénonce les coordonnateurs dejury. Il se bat, écrit-il sur son blog, « pourrester libre de toute tentative de pressions àson égard sur [ses] corrections et sur [ses]notes ». Et de citer le cas d'une coordonna-trice qui « a annoncé que la note minimale

susceptible d'être donnée était... 10 ! Oui, lamoins bonne copie doit tout de même êtregratifiée de la "moyenne"... Et cette coordon-natrice d'ajouter que le jury et elle-même, àqui les collègues devaient rapporter leursnotes, se réservaient le droit d'augmentercelles qui ne correspondraient pas à cette exigence ! »Jean-Philippe Chauvin poursuit : « Cette atti-tude est insultante autant pour les profs cor-recteurs désormais soumis (sans évidemmentque l'éducation nationale n'assume cette posi-tion par un écrit officiel) à cette "obligationde résultats" (si l'on peut dire...) que pour lesélèves à qui l'on fait croire que le bac est unechose sérieuse quand elle n'est plus qu'unemascarade, coûteuse et maintenant honteuse.Cela permet sans doute de mieux comprendrepourquoi M. Xavier Darcos, alors encore mi-nistre de l'Éducation nationale, annonçait le

premier jour des épreuves que le taux deréussite serait de 85 % cette année... Évidem-ment, avec de telles consignes...Cette hypocrisie, ajoutée aux multiples inci-dents de cette année dans l'organisation desépreuves, aux erreurs à répétition et auxchangements de sujets (pour cause de"fuites"...), est révoltante. Les élèves en sontd'ailleurs les premières victimes car, du coup,la bonne réputation de "leur" bac est absolu-ment défaite, et il suffit d'entendre ce qui sedit au comptoir des cafés et dans les salles deprofs pour bien le saisir.Résultat : la véritable sélection se fait aprèsle bac, dans des conditions qui laissent alorsles "exclus" sur le carreau avec la terrible im-pression de trahison. » Une indignation quenous ne pouvons que partager. ■

* jpchauvin.typepad.fr

Omar Ba exhorte les Africains à ne plus croire les mensongestendant à faire du Vieux Continent un paradis terrestre

et leur unique horizon.

» NOSTALGIE

En 1980, le maire communistede Vitry-sur-Seine avait or-donné la destruction au bull-dozer de l'escalier d'un foyerd'immigrés. Le 24 juin dernier,la CGT a délogé les clandestinsde la Bourse du Travail à coupsde bombe lacrymogène.« Nous avons décidé de mettreun terme à une occupation quiétait devenue un squatt [...]sans faire appel aux forces del'ordre », reconnaît Patrick Pi-card, secrétaire général del’Union départementale de Pa-ris (Libération, 24/06/09).

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❚ ASPECTS DE LA FRANCE

❚ 6 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009

Quelle différence entrel'émission 30 Millions d'amiset Europe-Écologie ? Au-

cune. Le panel hybride de canicheset de labradors hystériques fondela dogmatique pleurnicharde desbisounours. Les écolos rêvent descampagnes Disneyland comme Bé-nabar de la petite ferme de Tri-anon, où même les box à cochonssont lessivés avec du liquide Mon-sieur Propre. Ferme dans laquelles'épanouissent "fraternellement"ânes, lapins, poules et cochons.Le monde des agriculteurs, chas-seurs, pêcheurs, ostréiculteurs estdevenu ringard pour ces citadinsoisifs qui vantent la France pro-fonde comme un vaste zoo de dé-tente et de folklore.

Emprise sur le Paris bourgeois

Europe-Écologie, c'est ce fan-tasme moralisateur qui comble levide religieux des jouisseurs-consommateurs français (trier lesordures équivaut désormais à direune prière du chapelet). C'est sur-tout le réceptacle d'une peur col-lective de l'avenir, qui concréti-sera la mutation du capitalismemondialisé et préparera le nou-vel ordre mondial vert. JacquesAttali proposait d'ailleurs le gou-vernement mondial en réponseaux grandes pandémies (grippeporcine). Mais il passe sous silencela vocation marketing de la ma-gie écolo dans ce projet cynique ;ce doux rêve qui verra Lalannegambader nu avec ses chevauxdans de belles rangées d'abrico-tiers certifiés bio ; ou Cohn-Ben-dit tripoter des porcinets (à dé-faut d'enfants) dans sa ferme au-togérée de Francfort- sur-le-Main.

L'emprise de l'écolomania surle Paris bourgeois est édifiante.Dans certains quartiers où la par-ticipation a été la plus forte, Eu-rope-Écologie dépasse largementla moyenne nationale (16,28 %des suffrages exprimés) : 38,6 %

dans le 10e arrondissement,31,44 % dans le Marais. SacréDany ! Lui qui fustigeait dans lesannées soixante-dix les électionsbourgeoises peut désormais se tar-guer du soutien massif de libé-raux acquis à la politique sarko-zienne. Après tout, ne s'était-ilpas proclamé libéral libertaire auxeuropéennes de 1999 ?

Alliés objectifs

Ce succès électoral ne concur-rence en aucune façon celui dela majorité, confortée dans sapolitique. Comme l'a noté Fré-déric Lefebvre, « le vote Europe-Écologie n'est en rien un vote an-tisarkozyste mais bien l'expres-sion d'une volonté de mettrel'écologie au centre des préoc-

cupations politiques. C'est cequ'est en train de faire NicolasSarkozy. » En clair, le libreéchange devra être propre quandbien même il détruirait des em-plois, des services publics et despans entiers de notre industrie.Ce patchwork de bons sentimentsopère en réalité le synchrétismedes alliés objectifs du systèmemondialiste : les bourgeois del'UMP et les bobos déçus par lefantôme socialiste. Les classespopulaires, abstentionnistes àprès de 70 %, ont trop à se sou-cier des licenciements et de lachute de leur pouvoir d'achat pourse préoccuper du coût effarantdes panneaux photovoltaïques.

Y a-t-il un projet politiquecommun entre José Bové, l'apôtrede la décroissance, et Daniel

Cohn-Bendit, le partisan du capi-talisme vert à visage libertaire ?Ces arrivistes crachent sur l'Eu-rope des nations tout en plébis-citant le travail et la consomma-tion locale. (Ce qui se traduit demanière subversive par "travailleret consommer français" !) Le pro-tectionnisme européen leur estcher quoique inopérant en raisondes écarts de développement. Laconcurrence des travailleurs eu-ropéens est une réalité et l'uni-formisation des salaires une belleutopie. Les SMIC polonais et rou-main s'élevant respectivement à280 et 150 euros net par mois,certains avaient peut-être des rai-sons de s'opposer à la directiveBolkestein. Le terrible constatd'une UE soumise au diktat mar-chand devrait sauter aux yeux dechaque citoyen responsable.

La vraie pollution est celle des esprits !

Sur l'immigration et la poli-tique étrangère, nos bisounourssont incapables de développer uneidée crédible. Ni l'Afrique ni lesconflits du Proche-Orient ne sontévoqués (Dany voue de toute ma-nière un culte obscurantiste à Is-raël). En revanche, un chapitreentier de leur programme estconsacré aux énergies renouve-lables, ignorant que l'éolien, lesolaire et la biomasse cumulés nereprésentent que 1 % de la con-sommation d'énergie en France ;le nucléaire représente 78 % denotre production d'électricité. En-fin, si Dany dénonce le retour dela France dans le commandementintégré de l'OTAN, il n'indique pasque le traité de Lisbonne, dont ilsoutient la ratification, garantitune coopération militaire accrueentre les pays membres de l'UEet l'organisation atlantique.

Cette percée écolo traduit enfin de compte l'adhésion de jeunespuceaux à ce que l'on appelleradans quelques décennies "la dic-tature verte" : taxes et inflationlégislative réglementant les com-portements humains. L'écoloma-nia servira la politique néolibé-rale de Nicolas Sarkozy. A bienréfléchir, la pollution contre la-quelle nous devrions prioritaire-ment lutter serait celle de l'es-prit ! Pollution dont nos valeu-reux bisounours sont les premièresvictimes...

ANTOINE MELLIES

❏ ÉCOLOMANIA

L'Europe des bisounoursLe succès électoral d'Europe-Écologie vient-il nuancer celui de la majoritéprésidentielle ? Bien au contraire, il pourrait conforter la politique libre-échangiste et préparer le nouvel ordre mondial vert.

SOUS LA BURQA LE STRING

QU'IL EST DE BON TON, en ces temps decrise du modèle occidental, de mépriser unefois de plus les sociétés musulmanes ! S'api-toyer sur le sort de la classe bourgeoise ira-nienne après la réélection d'Ahmadinejad etouvrir le débat à l'Assemblée nationale surl'interdiction du port de la burqa participe duroucoulement islamophobe qui berce nos

consciences depuis plusieurs années. Chanson-nette reprise par les mentors de la gauchenéoconservatrice : Bernard Kouchner, BHL ouencore Philippe Val (qui a compris quel étaitle passeport pour rejoindre France Inter).

VIOLENCES SEXUELLESVIOLENCES SEXUELLES

Une fois de plus, le peuple de France téteraces deux mamelles grasses de propagande !Car si le projet incontournable d'un islam fran-cisé requiert l'abandon de la burqa, de la poly-gamie et d'autres pratiques contraires à la cul-ture nationale, le projet d'interdiction decette longue robe esquisse celui, bien pluspervers, de la conservation du modèle anticlé-rical et d'une sexualité débridée irresponsable.Pour les féministes névrosés, la femme entchador fonde le paradigme du combat contrele machisme primaire. Mais le modèle occi-dental dans lequel se pavanent des objets

sexuels siliconés arborant fièrement un stringficelle ne traduit-il pas l'aliénation féminine àun diktat de consommation bestiale ? L'aug-mentation des violences sexuelles chez lesjeunes de moins de quinze ans n'est elle pasla conséquence d'une vision pornographique etpurement animale des jeunes filles ?

L'HOMME RELIGIEUXL'HOMME RELIGIEUX

En réalité la haine de l'islam va de pair avecla défense du mariage homo, de l'avortementet du stakhanovisme sexuel, comme en té-moigne le film Fitna de Geers Wilder. En l'étatactuel des choses, les seuls opposants à l'in-version des valeurs à la sauce Playboy sont lestraditionalistes catholiques et les musulmanspieux (à ne pas confondre avec les yéyés van-dales du 9-3) : les derniers défenseurs del'homme religieux.

A.M.

Sacré Dany ! Lui qui fustigeait dans les années soixante-dix les élections bourgeoises peut désormais se targuer du soutien massif

de libéraux acquis à la politique sarkozienne.

Huit prêtresordonnés à Écône

Ce lundi 29 juin, fête de saint Pierre et saint Paul,Mgr Bernard Fellay, supérieurgénéral de la Fraternité sacer-dotale Saint-Pie X, assisté deNNSS Bernard Tissier de Malle-rais et Alfonso de Galaretta, a procédé à Écône dans le Va-lais suisse, à l'ordination dehuit nouveaux prêtres et dix diacres.Cérémonie très digne que l'en-voyé spécial de La Croix, Nico-las Senèze, a trouvée « soft ».Le calme des hautes mon-tagnes n'était troublé par au-cun écho des polémiques qued'aucuns ont essayé de relan-cer en déclarant que ces ordi-nations étaient un « défi » auxautorités romaines, comme sices personnes voulaient mettrela Fraternité en porte à fauxvis-à vis de Benoît XVI et en-traver ce dernier dans sonœuvre de conciliation et d'ap-profondissement.La vérité est tout simplementque le statut de la Fraternitén'étant pas encore défini, rienn'a changé dans sa situationjuridique, mais un Motu pro-prio doit être incessammentpublié sur le rattachement dela commission Ecclesia Dei à laCongrégation pour la Doctrinede la foi en vue de préparerles discussions doctrinales (en-fin !) entre Rome et la Frater-nité. C'est qu'après cela qu'unstatut juridique solide pourraêtre trouvé.En attendant, ceux qui vou-draient mettre au chômage lesévêques dont l'excommunica-tion a été levée le 21 janvierdernier feraient mieux deconsidérer le cruel manque deprêtres dont souffrent aujour-d'hui tant de pays, dont laFrance (quatre-vingt-dix ordi-nations seulement cetteannée !)

M.F.

» SIDA

La délégation de l'Union euro-péenne aurait invité le gouver-nement de la Zambie à colla-borer avec l'Eglise catholique« dans la divulgation de l'in-formation sur la santésexuelle et reproductive » se-lon l'agence Fiedes (02/06/09).« Cet appel a été lancé à unmoment où l'Église en Afriqueest responsable de la fourni-ture de la plupart des médica-ments et des traitements anti-rétroviraux. Dans certains paysl'Église pourvoit jusqu'à 50 %de tous les services pour leSIDA-VIH. »

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ASPECTS DU MONDE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009 7 ❚

Maintenue à l'écart du se-cond conflit mondial, at-tachée à sa neutralité,

accaparée par l'édification d'un État-providence, la Suède est de-meurée en marge des Commu-nautés européennes jusqu'en 1995.La perspective d'une adhésion s'estdessinée dans les années quatre-vingt : « Dans le débat public, ons'est mis à envisager les consé-quences de l'intégration commeune perte de souveraineté for-melle, mais un gain de souverai-neté réelle. » 1 Le traité arrimantle royaume à l'UE fut adopté parréférendum à la faveur de 52 %des voix. Depuis lors, l'Europecontinua de diviser les partis etl'opinion, jusqu'à l'échec de laconsultation censée autoriser en2003 l'introduction de la monnaieunique (56 % de "non").

Révolution dans la Défense

Façonné par la social-démo-cratie, le pays est dirigé aujour-d'hui par un conservateur, le mi-nistre d'État Fredrik Reinfeldt âgéde quarante-trois ans, dont la po-litique pourrait rompre avec lenon-alignement. La doctrine dedéfense suédoise se trouve en ef-fet « à la veille d'une révolu-tion » 2. Le Riksdag vient de vo-ter la "mise en sommeil" de laconscription par 153 voix contre150. D'ici 2014, une armée de mé-tier de 50 000 hommes devraitvoir le jour. Or, « même si l'ob-jectif n'est pas affirmé aussi net-tement, cette transformation se

fait dans un objectif d'adhésionà terme de la Suède à l'OTAN »selon Nicolas Gros-Verheyde. Pourl'heure, « la Suède a une poli-tique stratégique sur l'ensemblede la Baltique » observe le mi-nistre de la Défense Sten Tolgfors.« La Suède est en train de négo-cier avec l'OTAN, la Norvège et laFinlande. [...] L'objectif estd'avoir une coopération nordiquede surveillance de l'espace aé-rien, qui puisse aussi inclure lesÉtats baltes. »

Cela éclaire le programme detravail de la présidence suédoisede l'Union européenne, qui pro-

meut le renforcement de l'enga-gement vis-à-vis de l'Afghanistanet du Pakistan, l'institution d'unpartenariat privilégié autour dela mer Baltique, la poursuite del'élargissement : en Croatie, dansles Balkans occidentaux, maisaussi en Turquie.

Suspicion

Le président de la Républiqueacceptera-t-il que de nouveauxchapitres de négociation soientouverts avec Ankara, bien qu'ilprétende réprouver son adhésion ?Les suspicions de duplicité sont

alimentées par la nomination dePierre Lellouche comme secré-taire d'État chargé des Affaireseuropéennes. Ce dernier seraitl'un des « très bons amis » de sonhomologue turc, Egemen Bagis,qui confie aux journalistes : « Jecrois qu'il va influencer les autresmembres du gouvernement, qu'ilva les convaincre des avantagesde l'adhésion de la Turquie etqu'ainsi le bon sens va prévaloirà la fin. Pierre peut être un boncatalyseur. » 3 Affaire à suivre.

Immigration

Investie également dans la jus-tice et les affaires intérieures(JAI), la présidence suédoise vou-drait inclure, entre autres voletsdu futur "programme de Stock-holm", « des mesures permettantune immigration accrue de maind'œuvre dans les pays de l'UE ».Ses priorités demeurent toutefoisl'économie, l'emploi et le climat.La Suède entend « rétablir l'ordredans les finances publiques » etaccroître la mobilité des tra-vailleurs. Il lui incombera de pré-parer la Convention de Copen-hague, où seront souscrits en dé-cembre des engagements inter-nationaux visant à réduire lesémissions de gaz à effet de serreaprès 2012, dans la continuité duprotocole de Kyoto.

Autant d'objectifs à poursuivredans un contexte institutionnelen mutation, marqué par le re-nouvellement de la Commissioneuropéenne et la perspective dusecond référendum irlandais surle traité de Lisbonne...

GRÉGOIRE DUBOST

1 – Gôran von Sydow ; Dictionnairecritique de l'Union européenne, Armand Colin.2 - Nicolas Gros-Verheyde ; blogBruxelles2, 25 juin 2009.3 – Propos rapportés par Jean Qua-tremer ; blog Coulisses de Bruxelles, 25 juin 2009.

❏ UNION EUROPÉENNE

Un semestre suédoisLe 1er juillet, la Suède a succédé à la République tchèque à la tête de l'Unioneuropéenne, dont elle présidera le Conseil pendant six mois. Aperçu despriorités affichées dans son programme de travail.

MARCHANDAGES PARLEMENTAIRES

Les tractations se poursuivent àl'approche de la session inaugu-rale du nouveau Parlement eu-ropéen, qui se tiendra à Stras-bourg du 14 au 16 juillet.

Le sort de Philippe de Villierssemble incertain : le groupe Indé-pendance et Démocratie survivra-t-il au changement delégislature ? Quant aux frontistes,ils siègeront vraisemblablementparmi les non-inscrits.Les socialistes sont rejoints parles élus du Parti démocrate italien

(PDI), jusqu'alors membres de l'Al-liance des démocrates et des libé-raux (ADLE), comme les députésMoDem. Prix de ce débauchage, legroupe PSE renonce à son appel-lation pour devenir l'Alliance pro-gressiste des socialistes et des dé-mocrates (APSD). Exit la roserouge entourée des douze étoileseuropéennes ! Voilà qui pourraitréjouir Manuel Valls ; une semaineaprès la débâcle de son parti auxeuropéennes, le député de l'Es-sonne avait déclaré à Sud Ouest :« Le mot socialisme est sansdoute dépassé, il renvoie à desconceptions du XIXe siècle. »

PPARARTTAGE DES PRÉBENDESAGE DES PRÉBENDES

Bénéficiant du renfort de vingt etun députés, l'APSD compterait dé-sormais 183 membres. C'est en-core loin des 264 revendiqués parle PPE. Réélu à la tête de songroupe, l'Allemand Martin Schulzpourrait appuyer la reconductionde Jose Manuel Barroso à la prési-dence de la Commission euro-péenne : c'est « une question ou-verte » a-t-il reconnu (Coulissesde Bruxelles, 28/06/09). C'est ef-

fectivement une condition néces-saire au partage des prébendesavec le groupe conservateur.Comme prévu, ce dernier est dé-laissé par les Britanniques et lesTchèques, réunis parmi les Réfor-mateurs et Conservateurs euro-péens (ECR). Avec les Polonais duPIS, le parti des jumeaux Kac-zynski, ils comptent cinquantedéputés. Or, le règlement du Par-lement leur impose de revendi-quer des élus issus de sept États-membres. Ils y parviennent toutjuste, après avoir débauchéquatre collègues ; leur groupesera donc à la merci d'uneseule défection.Pour l'heure, ces eurosceptiquesrassemblent autant de membresque les Verts, rejoints par le Sué-dois Christian Engström du "partides pirates". Leur influence seratoutefois limitée si l'on en croitJean Quatremer, pour qui le sys-tème est bien verrouillé : « Seulsles groupes qui sont prêts à jouerle jeu communautaire au sein decoalitions pèsent au sein de l'hé-micycle... » (Coulisses deBruxelles, 22/06/09)

G.D.

» TRAITÉ DE LISBONNE

Les Irlandais seront appelés às'exprimer une seconde fois surce traité début octobre. À l'is-sue du Conseil européen des 18et 19 juin, les Vingt-Sept ontformalisé les garanties censéesles rassurer. Ils prendront unedécision maintenant un repré-sentant de chaque État-membre dans la Commission.« Le Conseil européen est éga-lement convenu que d'autrespréoccupations [...], concer-nant la politique fiscale, ledroit à la vie, l'éducation et lafamille, ainsi que la politiquetraditionnelle de neutralitémilitaire de l'Irlande, seraienttraitées de manière à satis-faire à la fois l'Irlande et lesautres États-membres. » Au-cune dérogation n'estaccordée ; il s'agit plutôt d'une"explication de texte". Un pro-tocole devrait être annexé auprochain traité d'adhésion pourinscrire ces garanties dans ledroit primaire européen.

LE CHEF DU GOUVERNEMENT, FREDRIK REINFELDTL'économie, l'emploi et le climat sont les priorités affichées

par la présidence suédoise de l'UE.

» COHÉSION

Une quarantaine de députés auParlement européen ont ré-pondu à l'invitation du Quaid'Orsay le 22 juin. Euractiv si-gnale le bon accueil réservé àla proposition du président dela commission des Affaires eu-ropéennes du Sénat, HubertHaenel, qui souhaite systéma-tiser les rencontres entreparlementaires européens etnationaux. Il était temps ! Or-ganisées tous les mois selon levœu de Bruno Le Maire, cesrencontres auraient lieu enamont de la présentation destextes ; « pour éviter les ca-fouillages comme Hadopi »précise le député HélèneFlautre (Europe-Écologie).

» LÉGÈRETÉ

Promu ministre de l'Alimenta-tion, de l'Agriculture et de laPêche, Bruno Le Maire avaitété nommé six mois plus tôtsecrétaire d'État en charge desAffaires européennes, afin, pa-raît-il, de réchauffer les rela-tions avec l'Allemagne. Ce ger-manophone semblait s'acquit-ter correctement de sa tâche.Inspiré probablement par desconsidérations politiciennes,ce changement de portefeuillepourrait témoigner d'une cer-taine désinvolture à l'égard deBerlin, même si l'atlantisme dePierre Lellouche ne devrait pasl'indisposer.

» COLLIMATEUR

Parmi les députés siégeant auPPE, on remarquera Magdi Al-lam, un italien d'origine égyp-tienne, qui « ne se déplace passans une nuée de gardes ducorps qui forment un rideaudéfensif » (Coulisses deBruxelles, 25/06/09). Baptisépar le pape durant la dernièreveillée pascale, cet ancien mu-sulman s'est attiré les foudresdes islamistes. « En se conver-tissant "à l'authentique reli-gion de la Vérité, de la Vie etde la Liberté", il estime s'être"affranchi de l'obscurantismed'une idéologie qui légitime lemensonge et la dissimulation,la mort violente qui conduit àl'homicide et au suicide". »(Le Figaro, 24/03/09)

» QUOTAS

Au Royaume-Uni, des Blancsseraient interpellés dans leseul but d'équilibrer les statis-tiques ethniques des opéra-tions de police. Les faits ontété révélés à la Chambre desLords dans un rapport annuelsur l'application de la loi anti-terroriste, selon le Guardiancité par le blog François De-souche (26/06/09). « La loicontre le terrorisme prévoitqu'en l'absence même d'infrac-tion et sur simple suspicion,n'importe qui peut êtrefouillé. Cela s'applique danstout le grand Londres. Ce sont8 000 à 10 000 personnes quisont ainsi fouillées tousles mois... »

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Voilà, à quelques jours près,620 ans que le Kossovo estmonté sur la Croix. De nom-

breux souvenirs m'autorisentpeut-être à brièvement prendrela parole ce soir parmi vous. Dansle dernier tiers du XXe siècle, d'oùviennent tous nos maux, j'ai beau-coup voyagé dans les Balkans et en Europe centrale. C'étaitl'époque où l'on vénérait encoresolennellement le prince-martyrsaint Lazare, tué à Kossovo lorsdu Vidovdan 1389, dans la ca-thédrale de Belgrade, lors d'unbel office en slavon tous les mar-dis soirs. Il me souvient de la fer-veur qui s'y exprimait lorsque nousvenions baiser la main encoresouple du saint dans sa châsse,ouverte devant la splendide ico-nostase baroque.

Pérégrinations

À la même époque, et dansle même esprit, je pèlerinais en-suite jusqu'en Hongrie sur lestraces, encore bien visibles à tra-vers la Puszta, du patriarche Ar-sène Tcharnoyévitch et de sescompagnons, lors de la grandemigration des Serbes du Kossovoen 1690. La toile si populaire dePaya Yovanovitch, au musée deBelgrade, illustre ce terrible pré-cédent du cruel aujourd'hui surl'ouvrage de M. Komnen Beciro-vic significativement intitulé LeKossovo sur le calvaire.

À l'époque de mes pérégrina-tions, des villages serbes de Hon-grie à Sopotchani et Novi Pazar,où ma voiture fut accueillie parune grêle de cailloux jetés par desautochtones voilées, le patriarcheGermain veillait paternellement

sur le peuple fidèle orthodoxe enpleine renaissance. Ce n'est paslui qui aurait pu s'écrier : « Pé-risse plutôt le peuple serbe quede le voir pécher ! » Ce que jevoyais à l'époque me faisait sai-sir, avec quelle acuité, la distanceséparant les impressions stam-bouliotes de Pierre Loti, quim'avaient si fortement ému àl'adolescence, du chef-d'oeuvre del'écrivain bulgare Ivan Vazov, Sousle joug, décrivant les horreurs su-bies par son peuple à la fin de l'oc-cupation ottomane. Beaucoup plus tard, j'en vis les lieux et lesenjeux stratégiques en me ren-dant à Vratsa, au nord de Sofia,surplombée de la statue signifi-cative des soldats du Tsar martyrAlexandre II le Libérateur, si po-pulaire chez les Bulgares.

D'un autre côté, très sensiblepour des raisons personnelles auxgénocides des Arméniens, je vou-lus tout de même aller au palaisde Yldiz où vécut jusqu'à sa des-

titution celui que Bertrand Ba-reilles, le précepteur des fils d'Ab-dul Hamid, appelait « le derniergrand sultan ». J'appris beaucoupsur ce dernier, véritable hommed'État, en lisant l'ouvrage que lepetit-fils de son précepteur, Ro-land Bareilles, consacra en 2002au Crépuscule ottoman - 1875-1933 : un Français chez le der-nier grand sultan, préfacé parAlain Decaux.

Byzanceaprès Byzance

Comme l'a souligné un histo-rien devenu un ami à Salonique,Michel Balivet, peu suspect d'ad-miration pour la naïve turcophi-lie du ministre Gabriel Hanotaux,que nous rappelle une plaque ap-posée au bas de l'avenue Hoche,les Osmanlis n'étaient pas « ê skiatôn skiôn » (l'ombre des ombres).Leurs sujets musulmans non turcsétaient souvent la cause des mas-

sacres des "rayas" 1. Les "grandsseigneurs" avaient à leur façon,pour citer Nicolas Iorga, prolongé« Byzance après Byzance »,comme nous le rappelle si brillam-ment ces jours-ci l'érudit StefanLemny à propos des Cantemir, de-venus princes de Moldavie 2.

Chantrede la serbité

C'est pourquoi M. Becirovic abien fait, dans sa somme éruditesur les malheurs séculaires du Kos-sovo, de citer les travaux sur lesAlbanais de mon autre ami le pro-fesseur Slavenko Terzitch de l'Aca-démie serbe. J'ai été particuliè-rement heureux d'enrichir l'éru-dition de notre chantre de laserbité en lui citant les lignes dePhilippe de Commynes sur l'as-cendance serbe de Scanderbeg.Qui s'en souvient en France ? L'im-parable érudition allemande estvenue au secours des allégationssi fondées du conseiller deLouis XI. Karl Hopf dans ses Chro-niques gréco-romaines inédites oupeu connues, publiées à Berlin en1873, prouva, dans un tableau re-produit par M. Becirovic, la soli-dité des informations de notrechroniqueur. Quelques Parisiensen profiteront en traversant laplace que M. Jacques Chirac, alorsmaire de Paris, a dédiée au dé-fenseur de la liberté et de la foichrétienne...

Aussi notre ami monténégrina-t-il bien raison, quelques cen-taines de pages plus loin, de s'at-tarder sur un autre noble, Alba-nais Essad Pacha, assassiné à Pa-ris en 1920, et inhumé grâce auroi-martyr Alexandre dans le carréserbe de Thiais ; n'avait-il pas fa-cilité la migration de son père, leroi Pierre, et de son peuple, à tra-vers l'Albanie durant l'hiver 1915-1916 ? Car c'est là, à côté desnombreuses citations de consulset d'érudits français, ou d'ecclé-siastiques italiens, albanais et

serbes, tel Mgr Paul de Prizren,aujourd'hui patriarche, désespé-rés par le sort fait aux chrétiensdu Kossovo, la grande vertu dulivre de M. Becirovic : l'impartia-lité dans le traitement de cesdrames, renouvelés et aggravéspar l'Axe et le titisme. Au fond,l'auteur illustre à sa manière lefronton de David d'Angers, au som-met tout proche de la collineSainte-Geneviève.

Plus généralement, Le Kossovosur le calvaire s'inscrit dans lageste des « Néomartyrs de la Tur-cocratie », selon l'expressiongrecque. L'Occident n'en a eu unavant-goût qu'avec les saints mar-tyrs d'Otrante, profondément vé-nérés en Italie du Sud. L'Églised'Hellade fêtera dimanche ces"nouveaux martyrs" grecs, serbes,roumains, arabes, suppliciés parl'Islam ottoman. Il en sera demême à Sofia et à Damas, grâceau patriarche actuel d'AntiocheIgnace IV qui en a canonisé plu-sieurs. En Albanie, la foi chré-tienne renaît, tant l'orthodoxe (au-tour du néomartyr Côme d'Etolieà Tirana) que la catholique depuisla visite pastorale de Jean-Paul II.

C'est d'ailleurs la morale de lasomme de M. Becirovic qui, telTertullien, peut conclure : « San-guis martyrum, semen christia-norum. »

JEAN-PAUL BESSE

* Komnen Becirovic : Le Kossovo surle calvaire - Chronique de l'emprisealbanaise sur le Kossovo à l'ombre desdiverses tyrannies. Préface de Jean-Paul Bled. L'Âge d'Homme, 312 pages,278 euros

1 - Les chrétiens, en tant que nationsnon islamisées.2 - Cf. Stefan Lemny : Les Cantemir -L'aventure européenne d'une familleprincière au XVIIIe siècle. Paris, 2009.

❚ ASPECTS DU MONDE

❚ 8 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009

» SPOLIATIONS

Il semblerait que, par igno-rance, par manque de discer-nement, ou par habitude desombrer dans une politique àcourte vue, les dirigeants desprincipaux pays de l'Ouestagissent en dépit du bon sens.Après les États-Unis, par lavoix de son ambassadeur, laFrance engage le investisseursnationaux à s'associer aux prin-cipaux criminels économiques,dont l'assise provient de biensd'État accaparés au détrimentdees populations. Naturelle-ment les encouragements vien-nent au secours des conseils etdes influences prodigués parles responsables gouvernemen-taux serbes, lesquels font par-tie de la même structure post-communiste. Si l'on continuedans cette voie, il est à pré-voir, tant sur le plan politiquequ'économique, des lende-mains plus que douteux.

GÉRALD BEGBEDER

❏ TÉMOIGNAGE

Le Kosovo, terre des néomartyrsAllocution prononcée au colloque, tenu le 17 juin à la Sorbonne autour du livre de notre ami KomnenBecirovic, Le Kossovo sur le calvaire. Connaisseur du monde orthodoxe, Jean-Paul Besse est docteur enhistoire, professeur au lycée de Chantilly, auteur d’une quinzaine de livres dont la série Cités Royales.

BELGIQUE :LE VOILE DE LA DISCORDECachez ce voile que je ne saurais voir ! Les milieux politiques belges – côté franco-phone – s'agitent comme poissons rougesdans un bocal. Leurémoi est dû à une deleurs nouvelles col-lègues, élue le 7 juinau Parlement régionalde Bruxelles. Mahinur Ozdemir, vingt-six ans, diplômée ensciences politiques, estd'origine turque. C'est le CDH, le Centre dé-mocrate humaniste, héritier de la démocratie-chrétienne, qui l'a placée sur ses listes. Lajeune femme, dans sa propagande électorale,portait le voile. « De ma propre initiative »proclame-t-elle. Il y avait eu quelques grince-

ments de dents. Les vaguelettes sont deve-nues houle lorsque le nouveau député a prêtéserment en foulard.

UN ÉTUN ÉTAATT "NEUTRE" ET"NEUTRE" ET NON LAÏQUENON LAÏQUE

Les réactions les plus vives, furieuses même,émanent de certains parlementaires du Mou-vement réformateur, soit les libéraux. C'estau nom de la laïcité que fulmine le députéDenis Ducarme. Il propose tout simplementde modifier le règlement de la Chambre pourinterdire aux élus le port de tout signe reli-gieux ou philosophique ostentatoire. Le prési-dent du Sénat, Armand De Decker, lui aussi"laïque" et libéral, est plus nuancé ; il fait re-marquer que la Belgique est un État "neutre",et non laïque comme la France. D'autres par-lementaires relèvent qu'en fin de comptechacun se fait élire sur ses convictions, quipeuvent également être religieuses ou philo-

sophiques, élargissant le champ du politique.Tout le monde y va de son interprétation. Unfacteur politique peut expliquer l'humeur bel-liqueuse venant des milieux libéraux. En Bel-gique francophone, les écologistes, grandsvainqueurs des régionales, ont choisi de fairealliance avec les "humanistes" du CDH. Et lessocialistes. Ce qui met les libéraux du MR(Mouvement réformateur) hors jeu et pourraitmenacer à terme leur présence au gouverne-ment fédéral.On n'en n'est pas encore là, mais sur le planrégional leur sort est scellé. Les négociationsentre les partenaires de la "coalition de l'Oli-vier" battent leur plein. Il faudrait un sérieuxaccident de parcours pour qu'elles capotentL'affaire du foulard embarrasse les démo-crates-chrétiens du CDN. Oserions-nous direque, pour les libéraux, c'est pain bénit ?

CHARLES-HENRI BRIGNAC

Jean-Paul Besse prononçant son discours à la Sorbonne

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ASPECTS DU MONDE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009 9 ❚

» GAUCHISTE

NICARAGUA - Des militaires ontconduit de force hors du paysce dimanche 28 juin le prési-dent du Hondu-ras Manuel Ze-laya, lequels'apprêtait à or-ganiser un votejugé illégal par la cour su-prême du pays. L'Union euro-péenne, comme Hugo Chavez,président du Vénézuela, et EvoMorales président de Bolivieont aussitôt condamné ce coupd'État. Pourtant Zelaya prépa-rait lui-même un coup d'Étatafin de briguer un second man-dat contre l'avis des dirigeantsde sa propre formation. Son éviction de la scène poli-tique va-t-elle calmer les es-prits ? Reste à craindre unsoulèvement militaire...

» HARIRI

LIBAN - Après tant de crises po-litiques et de scènes de guerrecivile, le Liban semble s'êtredoté fin juin d'un Premier mi-nistre énergique en la personnede Saad Hariri. Parviendra-t-ilà inclure les factions politiquesrivales dans un gouvernementd'union nationale « harmonieuxet efficace » comme il en ex-prime l'intention ? Dès le len-demain de son élection par leParlement, des heurts assezviolents ont opposé ses parti-sans sunnites à ceux du mouve-ment chiite Amal, mais l'état-major a aussitôt prononcé unavertissement très ferme à qui-conque sera vu armé sur lavoie publique. Fils de Rafic Hariri assassiné le14 février 2005, Saad a reprisle flambeau « par devoir ».Député de Beyrouth, il s'esttoujours montré grand tra-vailleur, avide de rencontrerles intellectuels et les notablesde tous bords, donc très aucourant des subtilités liba-naises... L'Occident, notam-ment la France, le saluecomme un véritable hommed'État, et ses rapports sem-blent être en voie d'améliora-tion avec la Syrie qu'il tientpourtant pour responsable del'assassinat de son père.Les Libanais voient en cethomme de courage, de conci-liation et de pardon, un espoirde tranquillité.

» UPM

MÉDITERRANÉE - Mise en sommeilpar les événements de Gaza,l'Union pour la Méditerranéeredémarre timidement. Trentecinq pays étaient représentésà Paris le 25 juin (sur les qua-rante-trois réunis au sein del'UPM). Au programme des tra-vaux : le "développement du-rable". « La rencontre a sur-tout été l'occasion de faire unpoint d'étape sur la dépollu-tion de la Méditerranée ou leplan solaire » rapporte Eurac-tiv (26/06/09). « La présencedes représentants israéliens etpalestiniens a fait la fiertédes organisateurs. »

Nous avions malheureuse-ment raison. Le régime deTéhéran ne peut pas tolé-

rer la moindre contestation. Lepetit espace de liberté d'expres-sion ouvert à l'occasion du "scru-tin" présidentiel pouvait fairetache d'huile et nuire aux fonde-ments de la théocratie. Le tota-litarisme islamiste, on l'oublie par-fois, n'est pas compatible avec laliberté d'expression. La répressiondes manifestations spontanées etsympathiques des Iraniens a étéd'une extrême brutalité. Le faitn'est pas nouveau. Depuis trenteans la moindre manifestation d'op-position a été noyée dans le sang.Dans l'indifférence des droits del'hommistes professionnels.

Un prétexte

La protestation contre l'"élec-tion" de M. Ahmadinejad s'est dis-tinguée par son ampleur. Sans or-ganisation, sans chef, plus d'unmillion de personnes sont des-cendues dans les rues à Téhéran,et des centaines de milliers dansplusieurs villes de province. MirHossein Moussavi, un cacique durégime, n'a été qu'un symbole, ouplutôt un prétexte. On manifes-tait contre le régime. Partout,lors des manifestations, le mot"islamique" a été rayé des en-seignes. L'écrasante majorité dupeuple iranien veut un régime are-ligieux. Cela est tellement encontradiction avec le politique-ment correct et la volonté deM. Obama, qui tourne à l'obses-sion de vouloir "négocier" avec lerégime de Téhéran, qu'on l'a oc-culté dans les médias. L'autre nou-veauté de ces manifestations, tantà l'intérieur que parmi la diaspora,fut l'union des courants politiques.Des royalistes jusqu'aux religieuxtraditionnels en passant par lagauche, on s'est réuni au nom del'Iran. Ce fut le principal dangerressenti par le régime.

Trente-cinq morts, plus decinq cents blessés graves recen-sés, sept cent cinquante per-sonnes emprisonnées rien qu'à Té-héran. Il faudrait au moins triplerces chiffres pour l'ensemble du

pays. Que n'aurait-on pas dit oufait si le centième de ces faitss'était produit dans un pays nonislamiste ?

Silence

Dimanche matin, les noms desept cent cinquante personnes of-ficiellement arrêtées à Téhéran –on pense qu'il y a en a bien plus– ont été affichés devant la pri-son d'Evin. Quelque trois millemembres des familles se sont ras-semblés devant le bâtiment pourdemander un droit de visite. Lafoule a été dispersée sans ména-gement. La terreur règne.

Ce n'est plus Ahmadinejad quiest en cause, mais le "guide", AliKhamenei, que l'on appelle abu-sivement ayatollah. À l'inverse dece que l'on dit ici, il n'est pas uneautorité religieuse, mais le véri-table chef de l'État islamiste ira-nien, le président-ministre de laRépublique n'étant, en fait, queson Premier ministre.

La réaction internationale futminimale. Le président Obamaaurait pu tenir le même langageque naguère Ronald Reagan lorsdes manifestations du Solidarnosc

en Pologne. Mais il est entourépar des conseillers de Carter etpar deux ou trois "experts" dumonde musulman très favorablesaux islamistes. En prononçantquelques déclarations lénifiantesen faveur des manifestants ira-niens et en continuant de pro-clamer sa volonté de négocier àtout prix avec le régime qui lesréprime et les massacre, BarackObama risque de s'aliéner l'opi-nion iranienne. Cela serait unegrande faute.

Un espoir ?

Tous les regards se tournentvers un vénérable vieillard, legrand ayatollah Sistani, chef su-prême du chiisme. Bien que vi-vant en Irak, à Nadjaf, depuissoixante-dix ans, il a toujoursgardé sa nationalité iranienne etses attaches avec son pays. Lorsdes troubles graves en Irak, il afreiné l'extrémisme des organisa-tions chiites pro-iraniennes.Lorsque M. Ahmadinejad s'estrendu en visite d'État en Irak, Sis-tani a refusé de lui accorder uneaudience. Il est actuellement leseul modèle de la hiérarchie

chiite. Depuis trente ans, le ré-gime de Téhéran a tout fait pourqu'il n'y en ait aucun dans le pays.Les quelques personnes pousséesvers cette position – Makarem, Sa-néi, Ardabili – ne sont que despotiches. Khamenei a, théori-quement, tout le pouvoir derrièrelui, mais, dépourvu d'autorité etde légitimité religieuses, il pour-rait se trouver dans une positiondélicate si le grand ayatollah pre-nait une position qui ne lui soitpas favorable.

Nazislamisme

Or, Sistani n'a jamais mêlé lareligion à la politique ; il s'esttoujours abstenu de prendre lamoindre position politique. De-puis quelques jours, de nom-breuses démarches ont été en-treprises pour qu'il condamne « lemassacre des musulmans par unpouvoir musulman ». Il garde lesilence. Pour le moment.

Toute ingérence occidentaleofficielle semble pour l'heure ex-clue. On ne voit d'ailleurs pasquelle forme elle prendrait. D'au-tant qu'on tient, hélas, à ména-ger les islamistes en Europecomme aux États-Unis. Néan-moins, une pression vraimentforte, politique et médiatique,ainsi qu'un soutien moral à la dia-spora iranienne – laïque et natio-naliste dans sa quasi-totalité –,pourraient être d'une grande ef-ficacité. Ne pourrait-on pas fairele millième de ce qu'on a fait pourKhomeini contre un État allié etami de l'Occident ?

Tony Blair, déclarait dimanchesoir que face au régime de Té-héran, il ne faudrait pas oublierdeux éléments: Il est sur le pointde se doter d'armes nucléaires,ce qui peut menacer la paix dansla région ; il est le principal sou-tien du terrorisme international.Lorsqu'il était aux affaires, le pre-mier ministre britannique ne par-lait pas ainsi. Mais ce qu'il a ditest vrai. Une évolution positivedu régime débarrasserait 65 mil-lions d'Iraniens du joug nazisla-miste. Il éloignerait aussi ces deuxmenaces réelles.

Un État de droit, fondé sur lasouveraineté nationale, soucieuxde la prospérité des Iraniens, etnon de se doter d'armes de des-truction massive et d'aider à lasubversion internationale, seraitsynonyme de paix dans la régionet amorcerait la fin de l'islamismeradical, qui est né, ne l'oublionspas, à Neauphle-le-Château.

PASCAL NARI

❏ IRAN

Le peuple contre le régimeLes manifestations contre l'"élection" de M. Ahmadinejad se sont distinguéespar leur ampleur. Leur soutien a rassemblé tous les courants politiques,sur place comme au sein de la diaspora. Une nouveauté.

DÉCOLLAGE AUX ÉMIRATSAprès avoir inauguré une base militaire àAbu Dhabi le 26 mai, la France a signé unnouvel accord de dé-fense avec les Émiratsarabes unis. Celui-cinous place « au premierrang d'un éventuelconflit avec l'Iran » selonIsabelle Lasserre (Le Fi-garo, 15/06/09). « "Lesimplications stratégiques [...] sont énormes.Cela veut dire qu'on met notre dissuasionnucléaire à la disposition des Émirats" af-firme un officier proche du dossier. »

Dans ce contexte, les négociations se pour-suivent afin de vendre soixante Rafale àcet allié du golfe Persique. Les spécifica-tions de l'avion seraient arrêtées et les dis-cussions porteraient désormais sur le prix.Le contrat représenterait 6 à 8 milliardsd'euros selon Le Parisien (27/06/09). En at-tendant sa conclusion, le "mercato des offi-ciers généraux" est suspendu : le présidentde la République veut maintenir à son posteson chef d'état-major particulier, l'amiralÉdouard Guillaud, « très investi dans lescontrats d'armement », et par ailleurs « in-venteur de l'idée de créer une base fran-çaise permanente aux Émirats » (Secret Dé-fense, 19/06/09).

Le décollage du Rafale à l'exportation sembledonc imminent. Il était temps ! En faisantcavalier seul, la France s'est attirée moultsarcasmes. Injustement selon le journalisteJean-Dominique Merchet. Comparant le fleuron de Dassault à l'Euro-fighter, construit par le Royaume-Uni, l'Alle-magne, l'Italie et l'Espagne, il considère que« la facture aurait été de 50 % supérieure sila France avait fait le choix de l'Europe ».« Très critiqué, le choix de jouer en franco-français [...] apparaît aujourd'hui comme le plus rationnel, tant sur le plan des fi-nances publiques que sur celui des besoins militaires. »

G.D.

Mir Hossein Moussavi, un cacique du régime, n'a été qu'un symbole : on manifestait contre le régime.

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L'œuvre de Marcel Proust(1871-1922) constitue l'undes trésors, souvent mé-

connu, de notre littérature. Sesrapports avec les arts (musiqueaussi bien que peinture) ont étésoulignés par de nombreux lec-teurs, notamment par Benoist-Mé-chin 1. L'analyse de la sonate pourpiano et violon du compositeurVinteuil, ou plus précisément del'une de ses phrases, en constituedans Du côté de chez Swann 2 unexemple d'une qualité excep-tionnelle, liant un thème musicalà l'image d'une femme.

Rajeunissement

Le narrateur était « commeun homme dans la vie de qui unepassante qu'il a aperçue un mo-ment vient de faire entrer l'imaged'une beauté nouvelle qui donneà sa propre sensibilité une valeurplus grande, sans qu'il sache seu-lement s'il pourra revoir jamaiscelle qu'il aime déjà et dont ilignore jusqu'au nom ». Et cet at-tachement à une page musicalesemble avoir fait naître chezSwann « la possibilité d'une sortede rajeunissement ».

Proust, en fait, était aussi sen-sible à la peinture qu'à la musique.Il fréquentait les musées et lesexpositions, ainsi que les salonsoù l'on se plaisait, avec plus oumoins de bonheur, à commenterles œuvres d'art les plus récentes.Eric Karpeles, peintre britannique,boursier en France, et grand lec-teur de Proust, a rassemblé en unélégant volume toutes les men-tions de tableaux relevées dans Àla recherche du temps perdu.

Toutes ces œuvres sont accompa-gnées d'illustrations en couleursd'une grande qualité ; égalementde notes érudites et d'un indexd'une parfaite maniabilité.

Éclectisme

On découvre le goût de Proustpour les œuvres peintes. Un goûttrès éclectique. Toutes les écoles,tous les grands talents depuis lafin du Moyen Âge jusqu'au débutdu XXe siècle y sont représentés.Proust avait naturellement despeintres préférés : Vermeer parexemple. Mais il ne délaissait nul-lement les grands portraits offi-ciels. Ainsi Louis XIV devant Maës-tricht (par Mignard) et Louis, ducde Bourgogne (par Hyacinthe Ri-

gaud). Signalons encore les sujetsreligieux, avec Botticelli, Car-paccio, Fra Angelico ; les fêtesgalantes avec Watteau... Sansdoute éprouvait-il une prédilec-tion pour les Hollandais. Il ap-préciait notamment l'ensembled'extraordinaires portraits des Ré-gates de l'Hospice des vieillards,révélateurs de traits de carac-tères sévères, et même durs, au-jourd'hui conservés au musée deHaarlem.

Fin de siècle

Certains choix de MarcelProust reflètent la société "fin desiècle" qu'il fréquentait. Ainsi lesportraits à la mode de Pierre-Au-guste Cot ; Mme Charpentier et

ses enfants de Renoir, la Femmeau chapeau de Gustave Jacqueset l'étrange Dîner de Léon Bakst.Cependant, Proust n'était pas unsimple mondain, ni un esprit su-perficiel. Il était doté d'une re-marquable ouverture d'esprit. Ilappréciait les peintres qui seraientreconnus les meilleurs du siècle– toute l'école impressionniste –mais aussi ceux qui constituaient"l'avant-garde" : dans son "muséeimaginaire" figure le portrait dePicasso par Juan Gris.

L'Angleterreet ses paysages

L'Angleterre est représentéepar de grandioses paysages de Tur-ner, par son Éruption du Vésuvede 1817, par sa vue de la Salutede Venise (évocatrice pour Proustde souvenirs personnels). Et aussipar le Crépuscule à Trouville deWhistler. Proust cherche égale-ment des analogies entre les vi-vants et les portraits des musées.Il retrouve le nez d'un M. de Pa-lancy dans le célèbre portrait deGhilandaio, Le Vieillard et le Pe-tit Garçon et compare l'impassi-bilité d'un valet de pied à un guer-rier de Mantegna appuyé sur son bouclier...

La merveilleuse culture artis-tique de Marcel Proust lui dictedes choix subtils et des interpré-tations raffinées où peuvent setrouver mêlés souvenirs picturaux,rappels d'opéra et de poésie. Untrès beau livre, complété par desnotes remarquables d'un peintreprofessionnel, excellent connais-seur de l'œuvre de Proust.

RENÉ PILLORGET

* Éric Karpeles : Le Musée imaginairede Marcel Proust. Éd. Thames & Hud-son, 12 rue de Seine, 75006 Paris ;351 pages, 206 illustrations dont 196en couleurs, 32 euros.1 – J. Benoist-Méchin : Retour à Mar-cel Proust. Pierre Amiot, Paris, 1957.2 - Marcel Proust : À la recherche dutemps perdu. Trois volumes ; Galli-mard, Pléiade, Paris, 1955.

LES FILMS DE JUILLETTRANSFORMERS 2 :LA REVANCHE

"Ils" sont de retour et se frit-tent dans un vacarme infer-nal. Ce sont les Tranformers,ces robots gi-gantesques ve-nus d'une loin-taine planète.Des robots quivivent depuisdes sièclesparmi les humains sous formede véhicules toutes marques.D'un côté : les Autobots prêtsà se sacrifier pour protéger laTerre. De l'autre : les Decepti-cons, qui veulent asservir,voire détruire notre planète.Entre les deux, Sam Witwicky,Shia LaBeouf, ado ami des Au-tobots, et sa copine Mikaela,Megan Fox (bimbo de serviceinterchangeable d'un film pop-corn à l'autre). Deux ans aprèsle premier opus, ils se retrou-vent au cœur d'un combat her-culéen entre les Autobots etles Decepticons pour la posses-sion d'une "clé" cachée depuisdes siècles quelque part enÉgypte. Terre champ de ba-taille ! On prend les mêmes etça recommence avec plus debruit, de fureur, d'effets spé-ciaux. Résultat : du très lourdfilmé façon jeu vidéo qui pour-rait durer des heures, par Mi-chael Bay, sous la houlette deSpielberg. De la grosse artille-rie durant 2 h 25 à vous explo-ser le crâne. En bref, du ci-noche pour invertébrés ten-dance "Djeunpticons" ! Déjà sur les écrans.

PUBLIC ENNEMIES

Sous la direction de MichaelMann, Johnny Depp prête sestraits au gangster Dillinger,braqueur de banque qui, du-rant un an (mai 1933-juillet1934), en compagnie dequelques truands fous de lagâchette et de la mitrailleuseThomson à "camembert" et pastrès glamour, comme "BabyFace", qui fut l'ennemi publicnuméro 1 du FBI. À sestrousses : un incorruptible,l'agent Melvin Purvis, ChristianBale, le "Clark Gable du FBI".La carrière de John Dillingers'achèvera à la sortie d'un ci-néma sur dénonciation d'unetenancière de bordel ­ "lafemme en rouge". Comme pourbeaucoup de bandits de l'Ouestet autres gangsters des annéestrente, sa légende lui a sur-vécu. On attendait beaucoupde ce film. Manque de pot, ona droit à 2 h 20 de mitraillageset d'amour à l'eau de roseentre Johnny Depp et MarionCotillard dans le rôle de la pe-tite amie "mi-frenchie mi-in-dienne" du gangster, le toutsur un scénario plat commel'encéphalogramme deRamsès II et avec des "héros"qui n'ont rien d'attachant. Sortie le 8 juillet.

ALAIN WAELKENS

❚ CULTURE

❚ 10 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009

THÉÂTRE

MARCEL MARÉCHAL S'ATTAQUE A MUSSETIl le déclare lui-même, c'est la première foisqu'il met en scène une pièce de Musset.Mieux vaut, dit-on, tard que jamais et, avecla collaboration de Michel Demiautte, voicila chose faite et l'œuvre en vaut la peine.

Il faut dire que même si l'on n'a pas relu LesCaprices de Marianne depuis des années, onest surpris de constater, à l'écoute du texte,qu'on sait encore par cœur des passages en-tiers qui sont passésquasiment à l'état demaximes. Qui ne se sou-vient en effet des pré-dictions d'Octave à la ré-ticente Marianne ?« Vous avez encore cinqou six ans pour être ai-mée, huit ou dix pouraimer vous-même et le reste pour prierDieu. » Que dire également de l'étincelantping-pong de qualificatifs entre l'ami Octaveet le pompeux juge Claudio qui se traitentmutuellement dans un haletant crescendode : « cousin plein de facéties », « sénateur

incorruptible », « aimable croupier de rou-lette », « juge plein de causticité », quel ré-gal ! L'auteur, il est vrai, n'a que vingt-troisans et tellement d'insolence lorsqu'il écritcette pièce, de désespérance aussi car c'est,en effet, deux aspects de la très complexepersonnalité de Musset, amant de GeorgeSand mais aussi libertin, pilier de cabaret àVenise et autres lieux, tombeur de filles impé-nitent et qui ruina sa santé en débauches, lepayant de sa vie.

MARIANNE SOIXANTE-HUITMARIANNE SOIXANTE-HUITARDE ?ARDE ?

Des deux rôles principaux, l'un est confié àYannick Debain, qui a du style et campe unCoelio profondément épris. L'autre, son alterego, Octave, est interprété par Mathias Maréchal, au départ joyeux drille déjanté etfinalement assagi, touché par la grâce del'amour de Coelio pour Marianne. Marcel Maréchal souligne dans sa mise enscène la "modernité" de Marianne qui, bienqu'épouse d'un juge - donc notable -, faitpreuve d'une réelle indépendance envers sonmari. Acte II, scène III, ne renverse-t-elle pasles chaises de colère ? C'est Musset qui l'in-dique. Ce n'est pas encore mai 68, mais la révolte est dans l'air. Il se pourrait, au vu du décor choisi, que

M. Maréchal possède une édition LouisConnard de 1926 des Comédies et Proverbesde Musset car, aussi curieux que cela puisseparaître, la taverne avec tonnelle ombragéeoù se situe l'action, reproduit exactement lesbois gravés de cette livraison. Une excellente idée du metteur en scène aété d'imaginer le personnage de Pipo, jouépar le multi-musicien A. Cochin qui assure, enchansons, le lien entre les scènes et le faitexcellemment. Les valets, intendants, belle-mère - superbe Hélène Arie - sont tous exac-tement en place. On s'interroge seulement :pourquoi M. Maréchal a-t-il glissé parmi lespièces chantées une romance appartenant,c'est bien connu, à la comédie Le Chandelier ?Le texte s'y prête, sans doute : « Si vouscroyez que je vais dire Qui j'ose aimer... »Certes, c'est toujours du Musset, et bon àprendre ! Cependant, sur scène, le piège sereferme sur l'infortuné Coelio. Le drame, hé-las, survient. Il frappe, sans pitié, comme unstylet : « Je ne vous aime pas, Marianne,c'était Coelio qui vous aimait. »

MONIQUE BEAUMONT

* Les Caprices de Marianne d'Alfred de Musset. Jus-qu'au 11 juillet 2009. Théâtre 14, 21, avenue MarcSangnier, Paris 14e ; 01 45 45 49 77.

La merveilleuse culture artistique de Marcel Proust lui dicte des choix subtils et des interprétations raffinées.

❏ MARCEL PROUST

Proust à la croisée des artsMarcel Proust était sensible à la musique, ainsi qu'à la peinture. Éric Karpeles a rassemblé dans un ouvrage illustré toutes les mentions de tableaux relevées dans À la recherche du temps perdu.

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HISTOIRE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009 11 ❚

Quand un historien, chef decollection aux Presses uni-versitaires de France, ren-

contre un autre historien, spé-cialiste de l'histoire militaire,quand, de plus, l'un et l'autre sontde grands défenseurs de la nationfrançaise, cela donne un magni-fique hommage à notre héroïnenationale. C'est ainsi que nousnous réjouissons de la publicationde la Jeanne d'Arc (1412-1431) 1

d'Alain Bournazel, dans la collec-tion Figures et Plumes que dirigele professeur Jean-Paul Bled. Lasainte de la patrie rejoint donc,entre autres, Homère, Socrate,Jules César, Charlemagne dansune collection facilement acces-sible aux étudiants.

Guerre de Cent ans

Certes, les livres sur Jeanned'Arc sont aujourd'hui légion, maiscelui d'Alain Bournazel n'a pas sonpareil pour replacer de façon trèspédagogique l'épopée de Jeannedans l'ensemble de la grande his-toire de France. La longue guerreentre la France et l'Angleterre nese comprend qu'en remontant à1066, année où Guillaume de Nor-mandie, vassal du roi de France,devint roi d'Angleterre. Un roi quidevait quand même toujoursl'hommage au roi de France ! Si-tuation qui se compliqua au furet à mesure que les alliances ma-trimoniales ajoutaient à la puis-sance du roi anglais, lequel in-terprétant les lois dynastiques àson profit se mit à revendiquer lacouronne de France. Ce fut alorsla guerre de Cent ans qui mit laFrance en grand péril jusqu'au

honteux traité de Troyes (1420)lequel réduisit les possessions dudauphin Charles à quelques ter-ritoires au sud de la Loire. Les An-glais avaient déjà assiégé Orléans.Humainement la situation étaitdésespérée.

L'exploit inespéréd'Orléans

C'est alors qu'apparut unejeune fille de dix-sept ans, venuede Domrémy, en Lorraine. AlainBournazel reprend toutes lesétapes de l'équipée extraordi-naire, mais en connaisseur il ré-vèle le génie militaire de la jeunefille qui, ignorant les bien-pen-sants au bon sens borné, délivraOrléans le 8 mai 1429 : « Le siègedurait depuis sept mois ; dix jourssuffirent à Jeanne pour libérerla ville. L'exploit inespéré, in-

concevable d'une femme, d'unepaysanne, venue de sa lointaineprovince pour s'imposer parmi leshommes, dans le métier desarmes, avait de quoi éberluer lescours, les villes et les chaumières.Dieu ou le diable, on quittaitl'ordre naturel des choses. »

En fait on le quittait pas, onle voyait de plus haut, car Jeannegardait les pieds sur terre tout enregardant le ciel. La preuve : savolonté sans faille de partir aus-sitôt faire sacrer le roi Charles àReims. Il fallait rétablir l'ordrenormal des choses pour que laFrance recouvrât l'autorité, l'unitéet l'espérance. Sans quoi l'on n'au-rait pas chassé les Anglais...

Là encore la plume experted'un militaire retrace les cam-pagnes prodigieuses qu'eut à me-ner celle qu'on appelait alors laPucelle d'Orléans tant sur la route

de Reims que dans les mois sui-vants. Jusqu'à sa capture à Com-piègne le 23 mai 1430, suivie deson ignoble procès où sa foi su-blime bien ancrée en son patrio-tisme lui dicta de si courageusesréparties. Puis la condamnationet le bucher à Rouen le 30 mai.

Le catalyseur de l'unité nationale

Ses juges, tous du parti del'étranger, avaient cru confondreune "sorcière", mais ils n'eurentpas le dernier mot, car dès queles Anglais furent partis, vers1450, Charles VII fit ouvrir une in-formation en vue de la révisiondu procès. Cela aboutit à sa ca-nonisation le 16 mai 1920 et àl'institution de la fête nationalede Jeanne d'Arc le 10 juillet dela même année. Mais depuis déjàfort longtemps Orléans fêtaitchaque année le souvenir de sadélivrance, tandis qu'à Paris, ren-forcé encore par la guerre de1914-1918, le culte de l'héroïnenationale animait les cœurs fran-çais. M. Bournazel aurait pu si-gnaler ici le rôle déterminant etpérilleux que joua l'Action fran-çaise au début du XXe siècle dansce renouveau du culte de Jeanne.

Il termine toutefois ce beaupetit livre magnifiquement illus-tré et qui pousse à redécouvrircet événement essentiel de notrehistoire, en rappelant que lasainte de la patrie est « consub-stantielle à l'idée même de la na-tion française qui prit conscienced'elle-même en se rassemblantautour de la puissance royale ».Il ajoute qu'en ce Moyen Âge fi-nissant où la société se fissuraitet se cherchait en de nouvellesstructures, elle apparaît comme« l'essence de la France ». Suivrece « puissant catalyseur de l'uniténationale », c'est assurément re-prendre confiance en Dieu quin'abandonnera jamais la Francetant qu'il y aura des Français prêtsà donner leur vie pour elle.

MICHEL FROMENTOUX

❏ BIOGRAPHIE

Jeanne, l'essence de la FranceAlain Bournazel raconte l'équipée de Jeanne d'Arc, dont il révèle le géniemilitaire. En pédagogue, il replace cette épopée dans l'ensemble de la grande histoire de France.

SOUVENIRS D'UNE CERTAINE FRANCE

Le mardi 16 juin, le cercle Alexis de Tocque-ville, que préside Didier Béoutis, recevait,autour d'un dîner-débat organisé au Grena-dier d'Austerlitz, l'historien et mémorialisteGhislain de Diesbach.

Auteur de nombreuses biographies dont cellesde Necker, Chateaubriand, Proust, ou plus ré-cemment l'explorateur Richard Burton, Ghis-lain de Diesbach était venu, cette fois, pré-senter le deuxième tome, récemment paru,de ses souvenirs, Gare Saint-Charles (1949-1957), dans lequel il relate sa vie d'étudiantet d'homme jeune, ainsi qu'une réédition aug-mentée du premier tome Une éducation man-quée (1931-1948), où il raconte ses souvenirs

d'écolier et de lycéen. Au gré des mutationsde son père, fondé de pouvoir dans unegrande banque française, Ghislain de Dies-bach a vécu successivement au Havre, auMans, à Saint-Quentin, puis à Marseille. Étu-diant à la faculté de droit d'Aix-en-Provence,il a fait ses débuts professionnels dans unecompagnie d'assurances à Nîmes. Autant devilles différentes dont il a fréquenté les bi-bliothèques, les bonnes écoles et les sociétésmondaines, expériences qui décideront de savocation de mémorialiste. M. de Diesbach n'aen effet pas son pareil pour dénicher et allervisiter, dans son château, le vieil écrivain oula comtesse douairière, monuments d'histoire,qui, mis en confiance, lui livreront, au seuilde leur vie, des souvenirs qu'ils n'ont jamaisconfiés à personne.

UN ÉTUN ÉTAATT THÉOCRATHÉOCRATIQUE TIQUE AU MANSAU MANS

Ponctué d'anecdotes piquantes, le tout estbien entendu écrit avec une grande finesse.On notera, au hasard des pages, les chapitressur la bonne société sarthoise durant l'Occupa-tion, avec un chapitre saisissant sur l'Étatthéocratique que formait le collège des Jé-suites Sainte-Croix du Mans, ou encore la vied'étudiant à Aix comme les visites aux écri-vains provençaux dans les années cinquante.

Ce n'est finalement pas seulement ses souve-nirs que Ghislain de Diesbach nous raconte,c'est bien le portrait d'une certaine sociétéfrançaise provinciale, aujourd'hui révolue,celle des gens bien, servis par des domes-tiques dévoués, allant à la messe, arborantleurs décorations, tout en voyageant en troi-sième classe et en faisant rapiécer leurs vête-ments, et celle des autres, prénommés Jules,conseillers municipaux, ventripotents défen-seurs de l'école et du patronage laïques, etqui, une fois morts, étaient statufiés sur lesgrandes places des petites villes, ainsi soumisaux aléas des pigeons...

UNE UNE AMBIANCE À (RE) DÉCOUVRIRAMBIANCE À (RE) DÉCOUVRIR

Une table onomastique permet de retrouverrapidement les références que l'on cherche.Un véritable livre-témoignage sur une "cer-taine France" dont la lecture, comme son in-tervention au cercle Tocqueville, passionneraceux qui l'ont connue, comme les plus jeunesqui découvriront l'ambiance dans laquelleleurs parents ou grands-parents ont vécu. ■

* Ghislain de Diesbach : Une éducation manquée -Souvenirs 1931-1948 ; Via romana, 328 pages. 24 eu-ros. Gare Saint-Charles - Souvenirs 1949-1957 ; Viaromana, 228 pages. 24 euros.

Le siège d'Orléans durait depuis sept mois. Dix jours suffirent à Jeanne pour libérer la ville.

PPUBLIUBLI-- INFORMAINFORMATIONTION

Actualité

et présence

de Charles Maurras

1868-1952 : 1868-1952 : TTOME IIIOME III

Fervent et fidèle disciple de

Charles Maurras, FRANÇOIS

MARIE ALGOUD a entrepris il y

a plusieurs années déjà de

rendre hommage au maître de

Martigues en publiant trois

ouvrages successifs évoquant le

poète (tome I paru en 2004),

l'homme politique et son

cheminement religieux (tome II

paru en 2005 ) et enfin

l'histoire de l'Action française

de sa naissance à la fin du

XIXe siècle, en pleine affaire

Dreyfus, jusqu'au début du

XXIe siècle.

LE GRAND SIÈCLE DE L'AFLE GRAND SIÈCLE DE L'AF

D'où ce très épais tome III,

sous- titré « Le grand siècle de

l'Action française ». On peut y

lire beaucoup d'extraits

d'articles et d'œuvres de

Maurras très éclairants sur sa

pensée et sa doctrine.

À travers l'histoire de ce

mouvement nationaliste et

monarchiste dont l'influence

intellectuelle fut très

importante jusqu'à sa

condamnation par l'Église en

1926, c'est toute l'histoire de

France de la fin du XIXe et du

XXe siècles que l'on peut

revisiter depuis la mort du

curé d'Ars en 1859 jusqu'à

2002, cinquantenaire de la

mort de Maurras.

La somme d'Algoud,

agrémentée d'un index et dix-

sept annexes fort intéressantes

et préfacée par le fidèle

Michel Fromentoux, rédacteur

en chef de L'Action Française

2000 et directeur de l'Institut

d'Action française, rend

également hommage à de

grandes figures de l'AF plus

récemment disparues comme

Pierre Juhel (1911-1980), le

fondateur de la Restauration

nationale, et bien sûr Pierre

Pujo, l'âme du journal et du

mouvement de 1966 à sa mort

le 10 novembre 2007.

Un ouvrage de synthèse et de

référence que tous les

maurrassiens mais aussi tous

eux qui s'intéressent à l'histoire

du nationalisme et du royalisme

français doivent avoir dans leur

bibliothèque.

J.B.

* François Marie Algoud :

Actualité et présence de Charles

Maurras - 1968-1952 - Tome III,

468 p., 60 euros. Disponible à

nos bureaux, 65,16 euros franco.

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Cette année-là, la vingt-neuvième de son règne,Louis VI le Gros, cinquante-

six ans, n'avait point cessé d'exer-cer une activité surhumaine ennettoyant vigoureusement le paysde quelques grands seigneurs quin'étaient que de grands brigands,de même qu'en aidant puissam-ment à la naissance des com-munes de France qui reçurentleurs premières chartes - véri-tables viviers de libertés floris-santes. Nous l'avons déjà vu àl'œuvre dans L'AF 2000 du 5 mars2008. Nous l'avons également suivien 1124 dans son combat victo-rieux, grâce à la mobilisation deschevaliers et des bourgeois,contre l'empereur germaniqueHenri V, époux de Mathilde, la pe-tite-fille de Guillaume le Conqué-rant, et nous avons montré alorsdans L'AF 2000 du 19 juin 2008 lesentiment national en train denaître. En outre, à la suite de sonpère Philippe 1er (voir notre der-nier numéro), Louis VI avait misfin aux pratiques simoniaques enmatière de charges ecclésiastiqueset réglé pour le mieux la ques-tion de son droit de regard dansla nomination des évêques.

L'abbé Suger,ami du roi

Avec tout cela la dynasties'était considérablement affermie,la paix et la sécurité régnaientdans le royaume, et le fidèle abbéSuger pouvait écrire : « Le princeLouis ayant dans sa jeunesse mé-rité l'amitié de l'Église en la dé-fendant généreusement, soutenula cause des pauvres et des or-phelins, dompté les tyrans par sapuissante vaillance, s'est trouvéainsi, avec le consentement deDieu, amené au faîte du royaumesuivant le vœu des prud'hommes

et pour le plus grand malheur desméchants dont les machinationsl'en auraient exclu si la chose avaitété possible. » On ne saurait tropinsister sur le rôle extraordinairede cet abbé Suger, enfant depauvre devenu dès les bancs dela petite école de Saint-Denis l'amidu futur roi. Orateur, théologien,dialecticien, poète, le jeune clercavait vite acquis une expérienceaffinée des affaires tant reli-gieuses que séculières et admi-nistratives. Il resta toujours au-près du Gros un collaborateur in-dispensable, jamais servile, jamaiscourtisan, pour qui la politiqueétait essentiellement une affairede mesure et d'arbitrage.

1137 allait marquer l'apo-théose du règne. Le fils aîné deLouis VI, Philippe, associé au trône

dès sa jeunesse, étant mort àquinze ans en 1131, le roi avaitaussitôt fait sacrer (la préoccu-pation restait nécessaire...) sondeuxième fils Louis, né en 1120,lequel, ce 25 juillet 1137, à dix-sept ans, contractait en la cathé-drale de Bordeaux le plus brillantmariage dont il pouvait rêver.

La belle Aliénor

Guillaume X, duc d'Aquitaine,était mort quelques mois plus tôten confiant au roi son unique hé-ritière, la superbe Aliénor, âgéede quinze ans. En grand politique,Louis VI s'était empressé de con-clure... le mariage de la jeuneduchesse avec le jeune roi. Etquelle chance fabuleuse pour leroyaume en train de se former !

Elle apportait en dot l'Aquitaine,c'est-à-dire le Poitou, le Limou-sin, une grande partie de l'Au-vergne, le Périgord, le Bordelaiset la Gascogne (dix-neuf de nosactuels départements !).

Cette héritière de la plus opulente maison ducale était la deuxième à épouser un Capé-tien. Souvenons-nous du mariaged'Hugues Capet avec Adélaïde. Lesducs d'Aquitaine, tous lettrés etamis des arts, épataient depuislongtemps l'Europe entière. Lesempereurs les traitaient commedes égaux. Guillaume IX, le grand-père d'Aliénor, le premier trouba-dour, avait été un personnage ro-manesque qui n'avait consentiqu'une apparition furtive à la Croi-sade avant de découvrir l'amourcourtois et de le chanter. Ensomme Aliénor héritait d'une li-gnée d'hommes et de femmespieux et généreux mais aussi degaillards enivrés de culture et deplaisir, peu enclins à supportertrop de contraintes...

Peur de rien

Les jeunes époux étaient auxanges. Dès leur première ren-contre, le très aimable Louis, bienfait de sa personne, tomba irré-sistiblement amoureux de cettefille du soleil fine et raffinée.Quant à elle, elle vit en lui l'imaged'un prince des contes et légendeschevaleresques à la mode.

Hélas le deuil vint les frappersur le chemin du retour, quand,alors qu'ils séjournaient à Poitiers,la nouvelle leur parvint de lamort du roi Louis VI le 8 août àParis. Il laissait à son fils ceconseil : « Souvenez-vous, monfils et ayez toujours devant lesyeux que l'autorité royale n'estqu'une charge publique, dont vousrendrez un compte très exactaprès votre mort. »

Voici donc Louis et Aliénor,alors qu'ils viennent juste de faireconnaissance, roi et reine deFrance ! Lourde responsabilité surdes épaules bien jeunes ! Si fol-lement épris l'un de l'autre, ilsn'avaient peur de rien... Mais lamariée n'était-elle pas trop belle ?Réponse dans notre prochain numéro...

MICHEL FROMENTOUX

❚ HISTOIRE

❚ 12 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009

LES ANCIENS ET L'ÉTRANGERQUEL REGARD le citoyen grecou romain portait-il surl'étranger ? Méprisant pourl'un, plus aimable pour l'autre.Deux conceptions de la cité, etde sa capacité à s'ouvrir à l'al-térité ont régi la vie politiqueet sociale à Athènes et àRome. La Grèce s'accrochait àun système binaire partageantle monde entre Hellènes etBarbares, refusant toute assi-milation, tout renouvellementde population. Rome, aucontraire, peut-être en raisonde ses propres origines mêlées,et de ses légendaires ascen-dances troyennes, a choisid'accueillir le pérégrin, le bar-bare, voire l'esclave affranchiet d'en faire, à terme, des ci-toyens comme les autres. Mais, repli farouche ou ouver-ture ont conduit au même ré-sultat : la perte des valeursoriginelles au profit d'unconglomérat cosmopolite, lesGrecs s'affaiblissant faute dese renouveler, les Romainsdonnant dans l'excès contrairejusqu'à perdre leurs antiquesvertus. Évidemment, le proposn'est pas neutre et il est tropaisé d'appliquer les modèlesantiques aux problèmes ac-tuels, de l'immigration à lamondialisation. Et de l'inter-préter dans le sens du politi-quement correct. Comme il est toujours possiblede sauter la préface, ne vousprivez pas de ce recueil detextes anciens, grecs et latins,qui, d'Homère aux Pères de l'É-glise, résument plus d'un millé-naire de débats sur la place àoffrir ou à refuser à l'étrangerau sein de la cité. C'est tout à fait intéressant.Instructif aussi.

A.B.

* Christophe Cusset et Gérard Sa-lamon : À la rencontre de l'étran-ger - L'image de l'Autre chez lesAnciens. Les Belles Lettres, 345 p.,13 euros.

❏ CETTE ANNÉE-LÀ

1137 : Un mariage de rêveL'année marque l'apothéose du règne de Louis VI le Gros. Le 25 juillet,quelques jours avant sa mort, son fils Louis épouse Aliénor d'Aquitaine.Une chance fabuleuse pour le royaume en train de se former.

MARIE-THÉRÈSE DÉVOILÉES'il existe pléthore debiographies de qualitéinégale de certaines denos reines, d'autresn'ont fait l'objet que dequelques études, parfoissuccinctes ou partiales. Tel est le cas deMarie-Thérèse, épouse de Louis XIV.

Par quel étrange hasard la femme d'un sou-verain qui tient une place centrale dansl'historiographie a-t-elle pu retenir aussipeu l'attention ? C'est que son procès estfait de longue date : petite infante dé-pourvue de beauté et de caractère, objetd'une transaction diplomatique, son ma-riage assurant la paix entre la France etl'Espagne, elle fut incapable de se faire ai-mer du Grand Roi qui, le plus logiquementdu monde, préféra ses flamboyantes maî-tresses à la jeune sotte bigote que la rai-son d'État lui avait imposée.

Et si tout cela, finalement, n'était quetissu de ragots et de calomnies dévalori-sant une reine très supérieure à ses por-traits convenus, ce autant au plan physiqueque politique et moral ?Joëlle Chevé est allée y voir et la biogra-phie d'importance qu'elle consacre à la fillede Philippe IV révèle une Marie-Thérèsed'une autre trempe. Consultant les archivesespagnoles, d'ordinaire laissées de côté, aupoint que certains biographes ont tout bon-nement commencé le récit de la vie de lareine à l'instant de ses noces, comme sielle n'avait pas existé auparavant, elle ré-vèle l'importance primordiale de la jeunefille dans l'histoire espagnole. Seul enfant survivant du mariage de Phi-lippe IV et d'Élisabeth de France, Marie-Thérèse, du fait de la mort de ses frères,se retrouve, dans les années 1650, héri-tière de la couronne d'Espagne. Quelquestemps, elle se voit succédant à son père.Le remariage de celui-ci avec sa nièce, Ma-rie-Anne d'Autriche, et la naissance de plu-sieurs fils, remet tout en cause, et ravale

l'infante au rôle traditionnel desprincesses : élément du jeu diplomatiqueet génitrice royale. Encore prétend-ellechoisir. Entre l'empereur Léopold et le roide France, tous deux ses cousins, Marie-Thérèse choisit Louis XIV, le seul hommesur la terre qu'elle estime digne de pré-tendre à sa main...

TTOUJOURS OUJOURS TRAITÉE EN REINETRAITÉE EN REINE

Cette dimension politique et dynastique del'infante, telle qu'elle se dessine à traversles documents espagnols, interdit doréna-vant de supposer que cette princesse siforte de ses droits et de sa naissance, éle-vée pour régner par elle-même, jugée sé-duisante et intelligente par ses compa-triotes, ait pu, sitôt en France et mariée,devenir l'espèce de potiche peu décorativedécrite par les mauvaises langues de laCour puis par la postérité. Si ses infortunes conjugales furent réelles,Joëlle Chevé démontre cependant que lareine fut toujours traitée comme telle, ne

laissant jamais oublier ce qui lui était dû ; Louis XIV, d'ailleurs, ne l'eût point to-léré. Au côté de son époux, elle assumason rôle en « professionnelle », qu'elleétait par naissance. Surtout, et c'est l'un des aspects les plusremarquables de cette étude, elle poursui-vit, à l'instar de sa tante Anne d'Autriche,l'acclimatation en France de la spiritualitécarmélitaine de Thérèse d'Avila, sa saintepatronne, influant ainsi considérablementsur « le grand siècle des âmes ». Sa mortprématurée, en 1683, marque, en dépitdes apparences, la fin des belles années durègne. La reine emporte avec elle la jeu-nesse et les plaisirs de son mari. Ellemorte, rien ne sera plus comme avant...L'immensité du travail accompli, l'éclairageapporté font de ce livre l'une des biogra-phies les plus magistrales de ces dernières années.

A.B.

* Joëlle Chevé : Marie-Thérèse d'Autriche. Pyg-malion, 565 pages, 24,90 euros.

Louis et Aliénor devinrent roi et reine de France alors qu'ils venaient de faire connaissance.

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HISTOIRE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009 13 ❚

Spécialiste du monde hispa-nique, Bartolomé Bennassars'est intéressé au cas de la

maison de Habsbourg. L'union dou-loureuse de Philippe le Beau, filsde Maximilien d'Autriche et deMarie de Bourgogne, avec Jeannede Castille, héritière des rois ca-tholiques Ferdinand et Isabelle,en plaçant leurs descendants surle trône d'Espagne et à la tête duSaint Empire romain germanique,fit d'eux, un temps, la premièrepuissance d'Occident. Ce mariageinaugurait l'une des particularitésde la diplomatie habsbourgeoise,résumée par l'adage célèbre :« Les autres font la guerre ; toi,heureuse Autriche, épouse ! »

Reproductrices

C'est en effet par le mariageque les Habsbourg s'assurèrent etconservèrent leur suprématie. Cechoix réclamait une progénitureabondante, pion sur l'échiquierdiplomatique familial, puis uneendogamie que, partout ailleurs,on eût appelé de l'inceste, lesunions entre oncles et nièces, oucousins doublement germains de-venant la règle. D'où un épuise-ment génétique fatal à la brancheespagnole de la dynastie.

D'un point de vue humain, celasignifie des dizaines de très jeunesfilles, l'âge du mariage des prin-cesses étant beaucoup plus basque celui des autres femmes,unies au seuil de l'adolescence àdes hommes de dix, vingt, trente,voire quarante ans leurs aînés,éreintées par des maternités troprapprochées, transmission de lacouronne oblige, qui tuaient laplupart d'entre elles. Une autreprenait aussitôt leur place, sou-vent leur sœur ou leur nièce, ettout recommençait...

Le Lit, le Pouvoir et la Mortanalyse, statistiques à l'appui, lavie de ces princesses, issues desgrandes maisons européennes, lemodèle habsbourgeois, s'il en estla forme poussé à l'absurde, pou-vant être extrapolé aux autresfamilles régnantes. De la fin duXVe siècle au début du XVIIIe, secroisent les destinées de femmesqui ne pouvaient échapper à leurrôle de reproductrices royalesvouées à périr à la tâche plutôtque par le veuvage. Certaines eu-rent des vies pitoyables. Aucunene se révolta contre un ordre deschoses qui, pour elles, allait desoi. C'est ce sens du bien com-mun, auprès duquel le bonheurde l'individu comptait peu, quinous fait défaut pour comprendrecette abnégation.

Exemplaire, en cela, la per-sonnalité de Jeanne de France,fille cadette de Louis XI. Lors-qu'elle naît en 1464, nul ne serend compte que l'enfant est han-dicapée. Aussi, quand son père lafiance, au berceau, à son cousinLouis d'Orléans, dans le but de

surveiller ce prince, n'envisage-t-il pas d'éteindre cette branchecadette par une union stérile.L'idée lui vient après que les mé-decins aient diagnostiqué chez lafillette des malformations la ren-dant impropre à la maternité, ver-dict contre lequel Jeanne s'insur-gera, affirmant avoir vu mères deplus infirmes qu'elle...

Infirme et amoureuse

Quoi qu'il en soit, au lieu derenoncer à ce mariage, le roi usade tous les arguments, chantageet menaces compris, pour con-traindre le jeune homme à épou-ser sa fille. Louis céda - il avaittreize ans - mais eut la précau-tion de faire certifier devant no-taire son absence de consente-ment. Cela lui permit, en 1498,après la mort de Charles VIII quiavait soutenu la validité de l'unionde sa sœur, devenu roi à son tour,d'en arguer pour faire annuler lemariage. Le drame de Jeanne,consciente de sa disgrâce phy-sique et qui eût préféré le cou-vent, fut d'aimer ce mari qui n'enétait pas un, envers lequel elledéploya des trésors d'affection,de compréhension, de générosité,au point qu'il était le premier àdéplorer de ne pouvoir aimer cellequi méritait tant d'égards...

Henri Pigaillem offre une bio-graphie sensible de cette prin-cesse infirme et amoureuse, qui,malgré l'appel de Dieu et avantde fonder l'ordre des Annonciades,lutta pied à pied pour empêcherce divorce. Dans sa double di-mension d'épouse délaissée et desainte, Jeanne de France revêtune singulière grandeur.

Du remariage tant voulu avecAnne de Bretagne, Louis XII n'eutque deux filles, aucun de ses filsn'ayant survécu. L'aînée héritaitdu duché breton. Risquaient dese reproduire les difficultés pré-cédentes, quand les Montfort, pardes alliances étrangères, cher-chaient à conserver l'indépen-dance de leur État. Tel était lecalcul d'Anne, qui, à peine Claudeau monde, chercha à sa fille unépoux assez puissant pour fairepièce aux volontés d'annexionfrançaises. Ni le roi, ni ses ju-ristes, ni les états généraux nepouvaient souscrire à ces plans.On décida que Claude épouseraitl'héritier putatif du trône, son cou-sin François d'Angoulême. Ce ma-riage se fit hâtivement, en 1514,dès qu'Anne fût morte.

Claude, Capétienne avant tout

Henri Pigaillem, déjà bio-graphe de sa mère, propose untouchant portrait de la reineClaude, éprise du séduisant mariqu'on lui avait donné, et qui larendit très malheureuse. Boiteuse,sans charme, elle ne sut retenirFrançois Ier, servit de souffre-dou-leur à sa belle-mère, Louise deSavoie, et mourut d'épuisement àvingt-cinq ans, après avoir enfantésept princes, et assuré l'avenir desValois Angoulême.

Les Bretons lui en ont voulud'avoir cédé aux instances du roi,lui déléguant ses responsabilitésducales avant de les transmettreau dauphin, arrangement con-traire aux contrats des mariagesbretons. On lui a reproché unmanque de caractère qu'elle netenait point de sa mère, un amour

aveugle envers son époux. Peut-être faut-il plutôt se demander siClaude, étrangère aux ambitionsindépendantistes des Montfort,n'était pas une vraie Capétienneet si son choix, plus politique quesentimental, ne fut pas de privi-légier la France au détriment dela Bretagne.

Laisséeà l'arrière-plan

François, père de trois fils etpris par ses maîtresses, n'envisa-geait pas de se remarier mais,après Pavie et la captivité madri-lène, afin d'assurer la paix avecles Habsbourg, il consentit, en1530, à épouser la sœur aînée deCharles Quint, Éléonore d'Autriche.Les historiens français ont mar-qué du recul envers elle, moinsen raison de sa personne, ignoréedu roi comme de la postérité, qu'àcause des circonstances blessantesde ces noces forcées. La jeunefemme méritait mieux. Fort amou-reuse du comte Palatin, jugé in-digne d'elle, elle devint, en 1518,

la troisième épouse de Manuel Ier,roi d'un Portugal au sommet desa fortune. En 1521, elle étaitveuve, pleurait un fils mort auberceau, et une fille, Maria, queles Portugais refusèrent de lui lais-ser quand elle dut quitter leroyaume. Cet amour maternelfrustré, elle le reporta sur les en-fants de son second mari, qui s'ensoucièrent peu, tant et si bienque, de nouveau veuve en 1547,Éléonore regagna l'Espagne et yfinit ses jours.

Michel Combet parvient à don-ner une biographie fouillée, l'unedes très rares à lui avoir étéconsacrées, de cette reine lais-sée à l'arrière-plan mais dont lapersonnalité se révèle plus fortequ'on le pense.

Vie passionnéeet tragique

Nul ne s'avisa jamais de trou-ver Marie Stuart effacée, maiscela, loin de l'aider, lui compli-qua la vie, avant de la tuer. Hé-ritière du trône d'Écosse, reine àsix jours, l'enfant représentaitl'un des premiers partis d'Europeen raison de l'intérêt stratégiquede son pays. Les Tudor la vou-laient au nom de l'unité territo-riale et parce que l'Écosse, an-tique ennemie de l'Angleterre,représentait une perpétuelle me-nace ; les Valois parce que l'al-liance écossaise, traditionnelle,permettait de prendre les Godonsà revers et devait absolumentêtre maintenue. Marie de Guise,sa mère, privilégia la France, où,prudente, elle s'empressa d'en-voyer sa fille, la mettant à l'abrid'un rapt ou d'un meurtre éven-tuel. Débarquée à Roscoff à cinqans, Marie fut reine de France àquatorze, et veuve de François IIà quinze. Elle regagna Édimbourg.Chacun connaît la suite...

Stefan Zweig aimait les viespassionnées et tragiques ; celle-ci lui convenait à merveille. Aussidonna-t-il, en 1935, une biogra-phie de Marie Stuart tourmentée,effrénée, violente, fulgurante de-venu un classique. Sa rééditionen poche est disponible.

ANNE BERNET

* Bartolomé Bennassar : Le Lit, le Pou-voir et la Mort. Fallois, 270 pages,22 euros.* Henri Pigaillem : Jeanne de France.Pygmalion, 320 pages, 21,90 euros.* Henri Pigaillem : Claude de France.Pygmalion, 270 pages, 21 euros. * Michel Combet : Éléonore d'Autriche.Pygmalion, 340 pages, 23,90 euros.* Stefan Zweig : Marie Stuart. Le Livrede poche, 410 pages, 5,95 euros.

❏ MAISONS ROYALES

Destins de reines : des vies sacrifiées ? Les filles de rois furent-elles les sacrifiées du système dynastique, condamnées à un sort plus tragique quecelui de leurs contemporaines nobles, bourgeoises ou paysannes ? Mis en évidence par l'historiographie,le phénomène demande à être nuancé en fonction des personnalités et des contextes.

TARIF DES ABONNEMENTS(paraît les 1er et 3e jeudis de chaque mois)

1. Premier abonnementFrance (un an) . . . . . . . . . . . . . . . 76 s

2. Premier abonnementÉtranger (un an) . . . . . . . . . . . . . . 85 s

3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 s4. Abonnement de six mois . . . . . . . 70 s

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6. Étudiants, ecclésiastiques,chômeurs (un an) . . . . . . . . . . . . . 60 s

7. Outre-mer (un an). . . . . . . . . . . . 135 s8. Étranger (un an) . . . . . . . . . . . . . 150 s

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Claude était étrangère aux ambitions indépendantistes des Montfort.

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❚ COMBAT DES IDÉES

❚ 14 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2774 – du 2 au 15 juillet 2009

L'unité de l'Europe représenteune vieille nuée démocra-tique. Victor Hugo a écrit sur

ce sujet des pages d'un grotesquepuissant à la mesure de ses donsverbaux qui étaient aussi im-menses que son manque de dis-cernement. Après la guerre de1914-1918, il s'esquissa à la So-ciété des Nations, ancêtre del'ONU, des projets d'Union euro-péenne auxquels Aristide Briandprêta sa voix qu'on disait de vio-loncelle. Il adjurait les Européensde fonder des États-Unis. CharlesMaurras répondit à Aristide :

« Quelle ombre d'analogiepeut-il bien y avoir entre laConstitution des États-Unis d'Amé-rique et le rêve éculé des Etats-Unis d'Europe que vient de re-gonfler ce malfaiteur public ?

Les États-Unis de l'histoire sontformés de provinces d'un mêmepeuple parlant une même langue,associées dans la même loi puri-taine, toutes tendues à luttercontre un même oppresseur. Cetoppresseur était leur véritable fé-dérateur. C'est ainsi que le ducd'Autriche fédérait contre lui-même les cantons de la Suisse an-tique. C'est ainsi que se sont for-mées toutes les fédérations del'histoire. Où est le commun op-presseur de l'Europe moderne ?Où est la communauté fonda-mentale des Européens ? [...]

L'on rêve d'étroite confédé-ration avec des gens dont on necomprend pas les idées essen-tielles, même quand elles sontrendues dans un français ap-proximatif, et l'on doute de l'im-portance des biens nationaux (cer-tains, nets, positifs, bienfaisants,anciens, sacrés, faiseurs d'ordreet de paix intérieure), et l'on se

laisse aller à les défaire ou lesrelâcher avec une imprudence etune étourderie criminelles. » 1

Les nations européennes dif-fèrent par la langue ; bien queleurs castes dirigeantes commu-nient dans l'idéal du Grand Ar-chitecte de l'Univers, les peuplespossèdent un passé chrétien , maistantôt catholique, tantôt protes-

tant, tantôt encore "orthodoxe".La France s'est créée en margede l'empire, rêve germanique. Sil'Allemagne et l'Espagne possè-dent de fortes traditions régio-nales, la République jacobine abrisé les provinces et centraliséà outrance ; sa déconcentrationadministrative, imposée par lehaut, n'est qu'un leurre. Les in-térêts des différents pays del'Union divergent, historiquementet géographiquement. Du Luxem-bourg à la France, les États se ré-vèlent disparates en taille, po-pulation, richesses. Et on veutfaire une communauté de toutcela ! La France en mourrait !

« La doctrine du libre échangenous a diminués pour le moins au-tant que l'a pu faire la doctrinedes nationalités. Le libre échange,tel que nous l'avons pratiqué de-puis 1860, nous a rendus ma-lades : aggravé d'une bonne fé-dération continentale, il noustuerait. » 2

La technocratie bruxelloise re-présente, avec la finance inter-nationale, anonyme et vagabonde,le seul facteur d'unité. Cet organeétranger, froid, ne saurait qu'im-poser une dictature de bureauxrappelant l'administration sovié-tique. Au-delà d'une longue pé-riode de misère, je ne vois pas untel organisme supranational seterminer, après une pénible ago-nie, autrement que par desguerres de sécession. « Mais, de-mandait déjà Maurras dans L'AFdu 23 octobre 1925, aurons-nousencore des canons et des muni-tions ? Nous restera-t-il un seulcanonnier ? »

GÉRARD BAUDIN

1 - L'Action Française, 23 février 19282 - L'Action Française, 28 juillet 1929

Le lundi 22 juin se tenait leCongrès à Versailles et la Ré-publique s'est donnée de

grands airs, comme si elle vou-lait, dit-on, copier l'ancienne mo-narchie absolue : n'est-ce pas lastatue du roi Louis XIV qui ac-cueille les parlementaires et leprésident ? Ainsi, comme l'y au-torise désormais la Constitution,M. Sarkozy, prince des apparences,est venu prononcer son "discoursdu trône" dans le palais des rois.Un collègue, dans la salle des pro-fesseurs, ironisait : « l'hommagedu vice à la vertu » ; ce qui nepouvait qu'enchanter le fidèleroyaliste...

En fait, M. Sarkozy, au regardde l'Histoire, n'est que ce "bour-geois gentilhomme", trop arrivistepour comprendre le mystère del'État et des devoirs qu'il impose :s'il se veut hyperactif, il luimanque la patience, cette maî-trise humaine du temps qui per-met d'inscrire l'action politique

dans la durée. Il confond vitesseet précipitation et oublie que lesgrandes réformes, si elles néces-sitent un vigoureux "coup de rein",doivent aussi s'enraciner pours'épanouir véritablement. Il luimanque le temps, et l'humilitédevant celui-ci : il n'est pas unroi, il n'est que le chef d'une ma-jorité provisoire qui durera letemps d'un ou deux quinquennats.

Le prestigeau service de l'État

Par ailleurs, M. Sarkozy con-fond les apparences avec le pres-tige : quand Louis XIV soigne satenue et le décor de la Monarchie,il le fait avec l'ambition de servirl'État en le mettant en scène. Ilne s'agit pas, en somme, de fairede la politique-spectacle, mais demobiliser les formes spectaculairespour prouver la puissance de l'É-tat et sa capacité à rayonner, ycompris au-delà des frontières. Le

prestige de la Monarchie permetà la France de montrer au mondequ'elle est, fondamentalement,un État et une civilisation, et passeulement une société égale auxautres... Cette stratégie monar-chique vaudra à Versailles d'êtreimité un peu partout en Europeet, donc, d'être la référence surlaquelle les autres pays, sans par-fois bien le saisir, calqueront leurpolitique du prestige.

Or, que restera-t-il, dansquelques décennies, de l'ère sar-kozienne ? Quel grand projet decivilisation laissera-t-il à la mé-moire des générations futures ?Quand Versailles reste une scènede la politique (Est-ce un hasardsi la République y donne ses grandsrendez-vous ?), que Louis XIV peutencore inspirer nos politiques etnos stratégies, que ce roi-soleilincarne toujours pour les étran-gers "la France", que peut-il res-ter de celui qui, malgré ses ta-lents certains de bateleur et

quelques réformes dont il est troptôt encore pour mesurer toutesles conséquences (bonnes ou mau-vaises, d'ailleurs), s'aveugle sur cequ'il est lui-même ?

Le lendemain, le château deVersailles fut rouvert au public :on y entend les échos de la gran-deur passée des rois, ou plus exac-tement la grandeur passée de laFrance sous les rois, à traverstoutes les pièces, les tableaux,les jardins... Ce prestige-là nemeurt pas, quand le discours del'actuel président se sera déjà en-volé des mémoires qui ne retien-nent que l'essentiel.

JEAN-PHILIPPE CHAUVIN

jpchauvin.typepad.fr

❏ LES GRANDS TEXTES POLITIQUES

« Une chimère cornue... »Quelle ombre d'analogie peut-il bien y avoir entre la Constitution des États-Unisd'Amérique et le rêve éculé des États-Unis d'Europe déjà préconisés par Victor Hugo ? La question est posée par Maurras.

GARE AU RETOURDE FLAMME !Les résultats électoraux seprêtent toujours aux inter-prétations les plus diverses. Àl'issue du scrutin des 6 et7 juin, Jean Quatremer sa-luait « l'Europe, grand vain-queur des élections enFrance », tandis que Le SalonBeige pointait « un désaveupour l'UE ». L'abstention massive (59,37 %des inscrits) réjouit naturelle-ment les souverainistes. Lesenquêtes d'opinion pourraienttoutefois les faire déchanter.Le tableau est nuancé : 80 %des Français seraient favo-rables à la construction euro-péenne, mais 26 % la perce-vraient comme « une menacepour notre identité » ; 78 %considéreraient qu'elle « lesrend plus forts face au restedu monde », mais 62 % estime-raient qu'elle « coûte cher à laFrance » ; enfin, 6 % réclame-raient la dissolution de l'UE 1.Quoi qu'il en soit, l'abstentiondoit être invoquée avec pru-dence. En effet, commentpeut-on l'expliquer ? Sansdoute par le peu d'implicationde l'Union européenne dans lespolitiques de redistribution so-ciale cristallisant les clivagespartisans ; ainsi que par lafaible "personnification" desenjeux : le vote des électeurspeut influencer la compositionde la Commission, mais sa dé-signation demeure l'apanagedes États. Autant de "maux"que les fédéralistes aspirent àcorriger : l'abstention seraitvraisemblablement endiguéepar un accroissement des com-pétence de l'UE et une éman-cipation – peu réaliste selonnous - de la Commission et duParlement. En attendant, la transpositiondu formalisme parlementaireau niveau communautaire ap-paraît aberrante à bien deségards. Les journalistes de Li-bération posent parfois debonnes questions 2 : « On peutdès lors se demander s'il étaitbien nécessaire de faire élireau suffrage universel direct leParlement européen : en désé-quilibrant une construction quia été pensée dès l'originecomme une union d'États etdont la légitimité démocra-tique s'exerçait uniquement ausecond degré, cette innovationa sans doute concouru à ren-forcer le sentiment que l'Unionsouffrait d'un grave déficit dé-mocratique. » Selon Jean Qua-tremer, « le seul moyen d'y re-médier ne serait évidemmentpas de revenir en arrière, celaétant démocratiquement inac-ceptable, mais de créer un vé-ritable État fédéral ». Denotre point de vue, cependant,qu'importe la démocratie !

GRÉGOIRE DUBOST

1 – Enquête réalisée du 28 avril au5 mai par Efficience 3 pour la Re-présentation en France de la Com-mission européenne.2 – Coulisses de Bruxelles, 11/05/09.

❏ CONGRÈS

Sarkozy chez Louis XIVLa République s'est donnée de grands airs... Mais il manque à son présidentle temps, et l'humilité devant celui-ci : Nicolas Sarkozy n'est pas un roi !

Victor Hugo a écrit sur ce sujet des pages d'un grotesque puissant à la mesure de ses dons verbaux

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JACQUES BAINVILLE

Histoire de France 30,00 sLes Dictateurs 18,00 sHist. de deux peuples 21,00 s

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Radegonde 21,90 sLes Chrétiens d'Afrique 29,00 sBrutus 22,71 sCharette 23,00 sBernadette Soubirous 21,00 sSaint Grégoire 25,00 sSaint Ambroise 25,00 sSaint Jérôme 25,00 sMadame de Sévigné 22,71 s

MONIQUE BEAUMONT

Anachroniques 25,00 s

LUC BEYER DE RYKE

Chemins d’Orient 18,00 sLa Belgique en sursis 15,00 s

YVES CHIRON

La Vie de Maurras 30,00 sLa Vie de Barrès 28,00 s

CHRISTOPHE DICKÈS

Jacques Bainville 23,00 s

MICHEL FROMENTOUX

Pigeonnier en Vivarais 28,97 sL’Adieu au Bicentenaire 9,15 s

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ANTOINE MURAT

La Tour du Pin 29,00 s

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Le choc des ambitions 28,00 sChute et mort du Shah 22,00 s

PHILIPPE PRÉVOST

Condamnation de l'AF 20,00 sCentenaire trompeur 10,00 sTemps des compromis 15,00 sL'Église et le ralliement 23,00 s

PIERRE PUJO

L’Autre Résistance 15,00 sUn demi-siècle d'AF 18,00 sMayotte la française 17,00 s

AIMÉ RICHARDT

Luther 23,00 sLouis XV le mal-aimé 29,00 sL'affaire Galilée 25,00 s

VLADIMIR VOLKOFF

Le Complot 21,01 sLe Bouclage 21,34 sLe Montage 17,00 sL'Enlèvement 21,19 sLes Orphelins du Tsar 19,90 sLa Crevasse 15,24 sLe Contrat 17,00 sŒdipe 12,20 sL’Hôte du Pape Roman 20,00 sL’Hôte du Pape Théâtre 16,00 sMétro pour l'enfer 9,00 sLe Traître Roman 17,00 sNouvelles américaines 13,00 sLes Humeurs de la mère 19,00 s

BANQUET CAMELOT

Plus d'une trentaine de per-sonnes avaient répondu "pré-sent" pour le banquet orga-

nisé par le Groupe d'Action roya-liste le dimanche 28 juin 2009,banquet auquel s'était associéel'Alliance royale dont plusieurscadres étaient parmi les convives.Guy Steinbach, doyen des came-lots du Roi, s'était fait excuser.

Sous la présidence de Fré-déric Winkler, ce banquet venaitclôturer le premier semestre del'année militante 2009, particu-lièrement positif pour les roya-listes : Jean-Philippe Chauvin estrevenu sur l'ensemble des activi-tés conduites par le GAR depuisseptembre 2008 : mise en ligned'un site Internet et d'une lettred'information, publication detracts et de vidéos par le SACR,sortie de plusieurs milliers d'au-tocollants "actionroyaliste.com",lancement de Radio FréquenceRoyaliste, organisation régulièrede banquets, notamment pour lecentième anniversaire des ca-melots du Roi que le GAR a étéle seul à célébrer. Enfin, et sur-tout, il a dressé le bilan des élec-tions européennes qui fut unevraie réussite pour les royalistesen terme de communication,chose que l'on n'avait vue depuis1974 avec la candidature de Ber-trand Renouvin à la présidentielle.

Dominique Hamel, de l'Al-liance royale, a également pris laparole et remercié le Groupe d'Ac-tion royaliste pour son implica-tion dans la campagne des euro-péennes : « un geste fondateur »a-t-il dit, qui montre bien que lesroyalistes de toutes sensibilitéspeuvent travailler ensemble etobtenir des résultats.

Pierre Hillard, géopoliticien,enseignant les relations interna-tionales à l'ESCE, est quant à lui

intervenu sur le thème de laconstruction européenne, expli-quant qu'elle se fait au détrimentdes nations et des peuples.

Le banquet s'est terminé parune réunion des fondateurs duGroupe d'Action royaliste, prépa-rant déjà la rentrée de sep-tembre, décidés à continuer l'ac-tion politique au service du réta-blissement de la monarchie et àmaintenir la fidélité à l'esprit descamelots du Roi. ■

<< Collage à Meaux Le 29 juin. « Une façon d'ouvrirl'esprit des habitants de notrebelle ville sur l'impasserépublicaine... »

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Avec Sarah Blanchonnet,Stéphane Blanchonnet,Grégoire Dubost, Michel Fromentoux, Vincent Gaillère, Pierre Lafarge, Aristide Leucate, Alain Raison, Francis Venant

Depuis sa fondation en 1899,l'école d'Action française aproduit un nombre considérabled'ouvrages de critiquehistorique, politique, littéraire,qui, ensemble, constituentun trésor. Trente et un de ces ouvrages ontété sélectionnés pour fairel'objet d'articles publiés dansL'Action Française 2000 en 2004et 2005. Ont été privilégiés ceuxqui permettent d'approfondir lapensée politique de l'Actionfrançaise en soulignant leuractualité. À travers les études rassembléesdans ce recueil, le lecteur se

familiarisera avec JacquesBainville, Augustin Cochin, LéonDaudet, Pierre Gaxotte, PierreLasserre, Charles Maurras, Léonde Montesquiou, Maurice Pujo,le marquis de Roux, HenriVaugeois, découvrant ainsil'originalité de la pensée d'AF.

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DE L'ACTION FRANÇAISE

Sous la direction de Pierre Pujo

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❚ HISTOIRE

Édité par PRIEP S.A. au capital de 59 880 euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-MesnilNuméro de commission paritaire 0410I86761 – Directeur de la publication : M.-G. Pujo

Le 14 mai était consacré à laréception des thèses bain-villiennes à l'étranger. En Al-

lemagne, elle n'eut lieu que dansles années 1920 : le Pr Michel Gru-newald, de l'université de Metz,l'a démontré à partir de la thèsede Thomas Wieder, Nationalismusund Klassizismus in Frankreich(1939). Après 1936, l'œuvre deBainville est sollicitée de façon àfaire ressortir le désir de paix durégime national-socialiste et l'"im-périalisme" français sans bornes.Traduite en de multiples éditions,l'œuvre de Bainville est diffuséetous azimuts (Wehrmacht, Hit-lerjugend, lycées...).

Le contre-piedallemand

Les romanistes s'efforçaientde prouver qu'il existait en Franceun consensus antiallemand. Poureux, Bainville est à la fois un chro-niqueur-acteur de la décadencefrançaise, et un publiciste dontles thèses doivent être rejetées.Dans La France et la notion derace (1937), Ewan Mangolt prendle contre-pied du modèle bain-villien qui affirme le primat del'intelligence politique sur l'ins-tinct racial. On lui reproche den'avoir pas fait preuve de man-suétude à l'égard de l'Allemagnede Weimar. En bref, la réceptionde Bainville est l'avant-goût ducomité France-Allemagne et del'ambassade Abetz.

Le Pr Thomas Niklas, de Reims,a évoqué avec cœur la place dela Bavière dans l'œuvre de Bain-ville. Elle a été à la fois roman-tique et littéraire, politique, en-fin vécue. Loin d'être germano-phobe, Bainville a cru dans sajeunesse à la possibilité d'une ré-conciliation franco-allemande. Àtravers l'étude de la politiqueroyale entre 1865 et 1870, l'écri-vain se cherche. Comme sonLouis II, le jeune Bainville futd'abord romantique en matièrelittéraire et réaliste en politique.La décision, après Sadowa, de sau-

ver le pays et l'avenir de sa dy-nastie est à ses yeux l'affirmationsuprême du rôle de la royauté.Louis II représente l'union mys-tique de l'homme et de l'histoire.

Réalisme anglais

Le Pr Jean El Gammal, de l'uni-versité-sœur de Nancy, s'est pen-ché sur le cas de la Grande-Bre-tagne. Pour Bainville, l'Ententecordiale n'avait été créée « qu'enfonction du péril allemand ». Dé-daigneux de Keynes et de son« pamphlet d'apparence scienti-fique » sur Les Conséquences éco-nomiques de la paix, il se sent da-vantage proche de l'école réalistedes conservateurs de Stanley Bald-win. Après Locarno, la politiqueanglaise lui apparaît dépourvuede ligne directrice. Des intellec-tuels comme Hilaire Belloc, Mont-gomery Belgion, Dennis Brogan li-saient L'Action Française. Plusieurslivres de Bainville ont été traduitsen anglais. Il était principalementvu comme un chroniqueur, noncomme un théoricien. La faiblessede son influence au Royaume-Unisemble résulter du refus du

conservatisme britannique de secomparer ; par ailleurs, le prag-matisme britannique se désinté-resse naturellement d'un mouve-ment exclu du Pouvoir.

William R. Keylor, professeurà l'université de Boston et pion-nier de l'historiographie bainvil-lienne (Jacques Bainville and theRenaissance of Royalist Historyin Twentieth Century France,1979), s'est attaché à comparerle réalisme bainvillien et l'idéa-lisme wilsonien en politiqueétrangère. Le président améri-cain tenait les conceptions d'équi-libre entre États-nations pour res-ponsables du carnage de la Pre-mière Guerre mondiale. Son tortfut selon Bainville de « transpo-ser les questions politiques audomaine de la moralité ». Au lieud'oublier les faux principes et deconclure une paix sérieuse fon-dée sur les réalités, il crut quela prolifération d'institutions dé-mocratiques favoriserait les po-litiques pacifistes. Après la Se-conde Guerre mondiale, des théo-riciens américains des relationsinternationales ont fortement cri-tiqué l'idéalisme wilsonien.

Le Pr Francis Balace, de Liège,eut à analyser, avec sa verve cou-tumière, l'influence de Bainvilleoutre-Quiévrain. Celle-ci fut li-mitée, comparée à celle de Maur-ras ou Daudet. Le chroniqueur depolitique étrangère était appré-cié, surtout au début des années1920, par les néonationalistesbelges, plus que l'auteur dont lesthèses "déterministes" juraientavec celles d'historiens tels quePirenne, partisans d'une nation àbase volontariste. Ce qui condui-sit certains maurrassiens belgesà renvoyer dos à dos comme « im-périalistes » la France capétienneet l'Allemagne bismarckienne !Bainville fréquentait la duchessede Vendôme, sœur du Roi-cheva-lier, et préfacera l'un de ses livres.

Exemple roumain

Un jeune chercheur de Nantes,Matthieu Boisdron, a rappelé dansune étude perspicace sur Bain-ville et la Roumanie d'entre-deux-guerres que l'exemple roumain ré-vèle son idéal monarchique : il yvoit la meilleure garantie de l'in-dépendance nationale. Bainvillefait l'éloge des forces conserva-trices, gages de stabilité. Il cri-tique la théorie de la "Barrière del'Est'" contre l'Allemagne et la Rus-sie bolchéviste. Mihaï Farsanu sou-tint à Berlin une thèse de droitsur la monarchie dédiée à Bain-ville. Son aura fut peut-être plusgrande dans les élites libéralesqu'à l'extrême droite. Il fut uneréférence, non un modèle.

L'ordre portugais

La lecture de la communica-tion d'Ana-Isabel Sardinha-Des-vignes, maître de conférences enSorbonne, sur Bainville au tempsde Salazar fit apparaître que l'in-fluence intellectuelle de Bainvillefut grande. La traduction des Dic-tateurs, s'intégrant à une propa-gande, est significative. L'inté-graliste João Ameal, apologiste del'Estado novo, écrivit une Histoire

du Portugal (1940), œuvre decommande ouvertement inspiréepar l'Histoire de France de Bain-ville. On trouve chez lui les mêmepartis pris : interprétation de l'his-toire comme un éternel combatentre l'ordre et le désordre, styleaccessible au plus grand nombre.Pour Ameal, l'histoire est à la foisune science, un art, une éthique :« J'ai considéré l'Histoire du Por-tugal comme ma propre histoire– mon histoire de Portugais »écrit-il. Au final, Bainville ne mar-qua ni comme maître à penseridéologique ou diplomatique, nicomme prophète, mais biencomme historien.

Bainville faisait aimer l'histoire

Il appartint au Pr Grunewaldde tirer les conclusions de ce pas-sionnant colloque. Jacques Bain-ville a su faire aimer l'histoire àde nombreux lecteurs et écrirede vastes synthèses. Ce précur-seur de l'histoire des mentalités

fut un authentique pédagogue.Comme journaliste économique,il a pu influencer les décideurs.Son obsession du problème franco-allemand, son réalisme un peudécalé dans les années 1930 ontconduit à s'interroger sur sa ca-pacité de réactualisation. Il estun passeur important d'une AF quifut tout sauf monolithique. Pourle cent trentième anniversaire desa naissance, ce colloque a consti-tué un hommage sans ostentationni flagornerie. On peut dire : telqu'il l'aurait souhaité.

VINCENT GAILLÈRE

❏ COLLOQUE

Jacques Bainville à l'étrangerNous donnons ci-après la suite du compte rendu du colloque Jacques Bainville : profils et réceptionsqui a eu lieu les 13 et 14 mai derniers à l’université de Metz, et dont Yves Lenormand a retracé la première partie (L'AF 2000 n° 2772 du 4 juin 2009).

PROMENADE LITTÉRAIRE

Senlis, printemps royal et français...« Les rois sont éternels comme les prin-temps. » (Peman, poète espagnol) Nousautres, minutieux et persévérants artisansdes mémoires françaises, nous ne saurionsnous lasser d'évoquer le printemps decette année 2009, le printemps des Nocesde Senlis. Un poème m'est revenu à l'es-prit, celui de Paul Fort intitulé Les BeauxNoms. Et j'en retiens plus particulière-ment, comme un cristal de l'âmefrançaise : « Qu'il bat, mon cœur, auxnoms de Nemours, de Senlis ! Quand jeles murmure, oh ! Quel noble plaisir !Senlis, tenez, je m'agenouille presque. Ô

Nemours tout douleur, ô Senlis tout sou-rire, tourterelles et lys, adieu beauxnoms chantants ! »Cette invocation recueillie dans les Bal-lades française fut écrite en 1909 : centans, tout juste, et l'on croirait que lepoète eut pressenti le jour des noces denos princes, Jean et Philomène : « Tourte-relles et lys », l'accord musical sembleavoir été inscrit par avance pour être lesymbole sacré d'un moment de notre his-toire. Et mon vieux volume fatigué, des-tiné au temps « déjà jadis » de nos bacca-lauréats, prend la dignité d'un grimoireprophétique, magique et sacré. C'estcomme si un instrument de musique, ca-ché derrière le rideau des anciens jours,évoquait, en un étrange cortège, lesbardes et les trouvères, les violoneux des

règnes bourboniens, les poètes d'avant1914 et d'avant 1939 dont les vers sontrestés, parfois inexplicablement, dans nosmémoires : une France fleurie de ten-dresse, où les Ballades françaises de PaulFort, le poète-jardinier, rejoignent les in-tuitions de Gérard de Nerval dans Sylvieou le Valois, d'Henri de Régnier qui chantamélancoliquement Versailles, et d'autrestous semblables à des fleuves et ruisseauxmystérieux coulant dans le sens du mêmedestin : Maeterlink, Bosco, André Dhotel,Julien Gracq – et, bien entendu, JacquesPerret, notre ami de toujours, porteur toutdésigné de la bannière royale dans cetteprocession française. Je crois voir, avecl'évocation de Senlis, les pays jadis parnous parcourus, et des âmes toutesproches ou apparemment plus lointaines :

la romance amoureuse, l'épithalame tou-jours attendu dans quelque strophe de nosvieux airs ; et les plaisantes créations ve-nues du monde de la fable : la « Bête Ma-housse » et « l'Âne Culotte », avecd'autres aimables compagnons de notre en-fance et de nos quinze ans. Ce temps déjàembrumé revient pour réclamer la gaietévoisinant avec la dévotion sacrée et unenoble mélancolie, parfois gage de duréeobstinée, de pérennité militante. Lesportes du sanctuaire de Senlis en ce journuptial se sont ouvertes pour le passage dela joie. « Jésus, que ma joie demeure ! »dit une harmonie célèbre. Telle sera,même avec le décours des jours et desmois futurs, notre oraison à la gloire desNoces de Senlis.

JEAN-BAPTISTE MORVAN

Louis II de Bavière représentait l'union mystique de l'homme et de l'histoire.

Le tort de Wilson fut de « transposer les questions

politiques au domaine de la moralité ».