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Le paysage économique breton s’assombrit Au troisième trimestre 2008, l’économie française ralentit nettement, à l’image de la situation mondiale. Dans tous les secteurs, les chefs d’entreprise ont une vision très pessimiste de la conjoncture. La Bretagne n’échappe pas à cette crise. Le marché du travail se dégrade nettement. Au troisième trimestre 2008, la région a perdu 0,4 % des emplois salariés privés, avec un recul particulièrement fort dans le commerce et surtout l’industrie. Touchée de plein fouet, la filière automobile est notamment dans la tourmente avec une succession d’annonces de plans sociaux et de périodes de chômage partiel. Le bâtiment tourne au ralenti. La mévente des logements a provoqué une baisse des mises en chantier et de l’activité. Contexte national Au 3 e trimestre 2008, la croissance de l’économie française s’établit à + 0,1 % après la baisse de 0,3 % le trimestre pré- cédent. Parallèlement, l’activité des économies avancées s’est repliée (- 0,2 %) en raison notamment de la contrac- tion de l’investissement des entreprises et de la consomma- tion des ménages. Ce ralentissement affecte désormais les pays émergents. Dans ce contexte, la croissance française est quelque peu épargnée. Elle bénéficie, en effet, d’un léger sursaut de la consommation des ménages (+ 0,2 % après un premier se- mestre de stagnation) et de l’investissement des entrepri- ses (+ 0,3 %). Simultanément, le commerce extérieur péna- lise peu la croissance au 3 e trimestre 2008 (- 0,1 point après - 0,4 au trimestre précédent) en lien avec le rebond des ex- portations (+ 1,9 après - 1,9 %). Fin 2008 et début 2009, l’activité devrait reculer nettement dans les pays industrialisés. La France n’y ferait pas excep- tion. En effet, la crise financière conduit à un durcissement des conditions de financement qui pèserait sur la consom- mation des ménages et surtout sur leur investissement et celui des entreprises. La crise immobilière ne faiblit pas non plus. Les prix commencent à baisser, le nombre des transactions chute et les stocks de logements neufs ne ces- sent de grossir. Le climat des affaires se dégraderait nette- ment dans tous les secteurs. De plus, et en dépit du recul de l’inflation, la consommation des ménages marquerait le pas. Dans ce contexte, l’activité en France pourrait se replier de 0,8 % au 4 e trimestre 2008 puis 0,4 % au 1 er trimestre 2009. Au 2 e trimestre 2009, la baisse de l’activité pourrait être en partie atténuée grâce aux premiers effets du plan de relance. Les effets de ces crises se répercutent sur le marché du tra- vail. La baisse du chômage amorcée depuis 2006 s’est enrayée avec le retournement de la conjoncture au 2 e tri- mestre 2008. Au 3 e trimestre 2008, le taux de chômage en France métropolitaine s’établit à 7,3 %, soit une augmenta- tion de 0,1 point par rapport au trimestre précédent. Du fait des nombreuses pertes d’emplois attendues, le chômage continuerait à augmenter fin 2008 et début 2009. Il pourrait s’établir à 8 % mi 2009. De même, l’impact de la crise sur l’emploi salarié dans le secteur concurrentiel s’accentue au 3 e trimestre avec une baisse de 0,3 % après - 0,1 % au tri- mestre précédent. La Bretagne n’y échappe pas. Les pre- miers effets se font sentir sur l’emploi salarié privé qui baisse de 0,4 % au cours de l’été 2008 après avoir crû de 0,3 % au printemps. Synthèse conjoncturelle Octant Numéro 147 - Février 2009

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Page 1: S Octant ynthèse conjoncturelle - epsilon.insee.fr · Le paysage économique breton s’assombrit Au troisième trimestre 2008, l’économie française ralentit nettement, à l’image

Le paysage économique breton s’assombrit

Au troisième trimestre 2008, l’économie française ralentit nettement, à l’imagede la situation mondiale. Dans tous les secteurs, les chefs d’entrepriseont une vision très pessimiste de la conjoncture.La Bretagne n’échappe pas à cette crise. Le marché du travail se dégrade nettement.Au troisième trimestre 2008, la région a perdu 0,4 % des emplois salariés privés,avec un recul particulièrement fort dans le commerceet surtout l’industrie. Touchée de plein fouet, la filière automobileest notamment dans la tourmente avec une succession d’annonces de plans sociauxet de périodes de chômage partiel. Le bâtiment tourne au ralenti.La mévente des logements a provoqué une baisse des mises en chantieret de l’activité.

Contexte nationalAu 3e trimestre 2008, la croissance de l’économie françaises’établit à + 0,1 % après la baisse de 0,3 % le trimestre pré-cédent. Parallèlement, l’activité des économies avancéess’est repliée (- 0,2 %) en raison notamment de la contrac-tion de l’investissement des entreprises et de la consomma-tion des ménages. Ce ralentissement affecte désormais lespays émergents.

Dans ce contexte, la croissance française est quelque peuépargnée. Elle bénéficie, en effet, d’un léger sursaut de laconsommation des ménages (+ 0,2 % après un premier se-mestre de stagnation) et de l’investissement des entrepri-ses (+ 0,3 %). Simultanément, le commerce extérieur péna-lise peu la croissance au 3e trimestre 2008 (- 0,1 point après- 0,4 au trimestre précédent) en lien avec le rebond des ex-portations (+ 1,9 après - 1,9 %).

Fin 2008 et début 2009, l’activité devrait reculer nettementdans les pays industrialisés. La France n’y ferait pas excep-tion. En effet, la crise financière conduit à un durcissementdes conditions de financement qui pèserait sur la consom-mation des ménages et surtout sur leur investissement etcelui des entreprises. La crise immobilière ne faiblit pas nonplus. Les prix commencent à baisser, le nombre des

transactions chute et les stocks de logements neufs ne ces-sent de grossir. Le climat des affaires se dégraderait nette-ment dans tous les secteurs. De plus, et en dépit du recul del’inflation, la consommation des ménages marquerait le pas.Dans ce contexte, l’activité en France pourrait se replier de0,8 % au 4e trimestre 2008 puis 0,4 % au 1er trimestre 2009.Au 2e trimestre 2009, la baisse de l’activité pourrait être enpartie atténuée grâce aux premiers effets du plan derelance.

Les effets de ces crises se répercutent sur le marché du tra-vail. La baisse du chômage amorcée depuis 2006 s’estenrayée avec le retournement de la conjoncture au 2e tri-mestre 2008. Au 3e trimestre 2008, le taux de chômage enFrance métropolitaine s’établit à 7,3 %, soit une augmenta-tion de 0,1 point par rapport au trimestre précédent. Du faitdes nombreuses pertes d’emplois attendues, le chômagecontinuerait à augmenter fin 2008 et début 2009. Il pourraits’établir à 8 % mi 2009. De même, l’impact de la crise surl’emploi salarié dans le secteur concurrentiel s’accentue au3e trimestre avec une baisse de 0,3 % après - 0,1 % au tri-mestre précédent. La Bretagne n’y échappe pas. Les pre-miers effets se font sentir sur l’emploi salarié privé quibaisse de 0,4 % au cours de l’été 2008 après avoir crû de0,3 % au printemps.

Synthèseconjoncturelle

Octant

Numéro 147 - Février 2009

Page 2: S Octant ynthèse conjoncturelle - epsilon.insee.fr · Le paysage économique breton s’assombrit Au troisième trimestre 2008, l’économie française ralentit nettement, à l’image

L’industrie touchéede plein fouet

Fin 2008, la production industrielle françaisecontinue de baisser et plus particulièrementdans l’industrie manufacturière. Le premierchoc constaté en mai s’est confirmé en oc-tobre puis novembre, avec des baisses en unmois de 2,2 % et 4,5 % en données Corrigéesdes Variations Saisonnières (CVS). En dé-cembre, l’opinion des industriels sur laconjoncture s’est encore dégradée et n’a ja-mais été aussi mauvaise depuis la crise de1993. Les prochains mois pourraient être en-core plus délicats. Les carnets de commandese dégarnissent et les perspectives de pro-duction sont en baisse. L’emploi industrielsalarié n’est pas épargné avec un recul de0,4 % en données CVS au 3e trimestre 2008.

Dans ce contexte déprimé, l’industrie bre-tonne souffre et perd 1,2 % d’emplois sala-riés sur le trimestre en données CVS. Tousles secteurs industriels sont concernés. Labaisse la plus forte touche les industriesagroalimentaires, avec un recul de l’emploiau 3e trimestre de près de 2 % en donnéesCVS. C’est le troisième trimestre consécutifde baisse dans ce secteur ; la lente érosiondes effectifs entamée il y a plusieurs annéessemble s’accélérer. Véritable pilier de l’in-dustrie régionale, l’agroalimentaire offre en-core plus de 65 000 emplois salariés. Maiselle est exposée à la concurrence internatio-nale et à des difficultés récurrentes liées à lafaible valeur ajoutée dégagée et à la néces-saire modernisation de l’outil de production.Ces difficultés se sont poursuivies en find’année 2008, et se sont notamment tradui-tes par la fermeture, annoncée début 2008,des établissements Doux de Locminé etPleucadeuc, qui a touché près de 500 em-plois. Cependant, ce secteur n’est pas le plusconcerné par la crise économique et finan-

cière actuelle. Les difficultés rencontréessont plutôt structurelles. Si l’opinion des in-dustriels de l’agroalimentaire en France s’estdégradée en fin d’année, elle n’atteint pas lesplus bas niveaux observés en 1993. Ils signa-lent en revanche de fortes augmentationsdes stocks et font part de carnets de com-mandes nettement dégarnis.

L’automobiledans la tourmente

La filière automobile est aussi en difficulté, etlà, directement en lien avec la crise actuelle.La production française d’automobiles a chu-té de 22 % en octobre et a encore baissé ennovembre (- 8,1 %). Les industriels quiavaient anticipé une croissance des ventesen 2008 sont au contraire confrontés à untassement de 0,7 % en France sur l’année,avec notamment un fort ralentissement enoctobre, novembre. La baisse concerne tou-tes les gammes sauf les voitures économi-ques ou de gamme inférieure. D’une part, lacrise économique rend les ménages plus at-tentistes. D’autre part, la forte montée ducoût du pétrole au premier semestre a étéressentie comme un coup de semonce et apoussé les ménages à rechercher des véhi-cules plus propres ou consommant moins.Les débats sur l’avenir de la planète et lamise en place des bonus-malus ont favoriséla prise de conscience individuelle de la di-mension environnementale.

La filière automobile en Bretagne qui occupeprès de 25 000 emplois n’a pas échappé àcette crise. Face à l’importance des stocks devéhicules neufs et au tassement des ventes,de nombreux établissements ont cessé ouralenti leur production en fin d’année. L’équi-pementier automobile de Rennes La BarreThomas, mais aussi Faurecia-Siebret à

Redon et Sanden à Tinténiac ont eu recoursà des journées de chômage partiel. Ce mou-vement a été initié par PSA Peugeot-Citroënqui a décidé de stopper sa production unmois à partir du 5 décembre dans son usinede Chartres-de-Bretagne "la Janais". Ce siteest spécialisé dans la production de voituresmoyenne et haut de gamme : C5, Xsara Pi-casso, 407 et à partir de mars la 607. Ce sontjustement ces gammes qui sont les plus tou-chées par la baisse des ventes en France.Pour début 2009, de nouvelles journées dechômage partiel sont déjà programmées.Au-delà du chômage partiel, des plans so-ciaux prévoient des suppressions d’emploidont l’impact devrait être perçu courant 2009.Ainsi, pour PSA, 1 750 suppressions de pos-tes basées sur le volontariat sont envisa-gées, 850 départs réels et 900 vers d’autresétablissements de la marque.

La Barre Thomas, déjà affaiblie depuis prèsde 3 ans, entame son 3e plan social avec prèsde 250 suppressions d’emploi prévues. Lamise en œuvre de ces plans sociaux pourraitaccélérer le recul ininterrompu de l’emploidans l’industrie automobile constaté depuisle deuxième trimestre 2005 en Bretagne. Au3e trimestre 2008, la baisse de l’emploi sala-rié a d’ailleurs atteint 1 % en données CVS,soit près de 7 % sur un an pour les construc-teurs automobiles bretons (hors sous-trai-tants et intérimaires).

Face à cette tension, un plan de relance a étémis en place par le gouvernement. Il prévoitl’instauration d’une prime à la casse de1 000 € pour inciter au remplacement des vé-hicules anciens, un soutien au crédit automo-bile à hauteur de 1 milliard d’euros et diver-ses mesures pour consolider la filière. Effetdirect de ces mesures ou simple rebond suiteaux très fortes baisses d’octobre et no-vembre, les ventes d’automobiles ont

2 Insee Bretagne - Flash d'OCTANT n° 147 - Février 2009

Avis des entrepreneurs français de l’industrie agroalimentaire sur la tendancede leur production (Soldes d’opinions, en % CVS)

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Source : Insee, enquêtes nationales de conjoncture

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Avis des entrepreneurs français de l’industrie manufacturière sur la tendancede leur production (Soldes d’opinions, en % CVS)

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Source : Insee, enquêtes nationales de conjoncture

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progressé en décembre. Les prochains moispermettront de mieux comprendre ce sur-saut, et de savoir si les stocks pourront serésorber et l’emploi être préservé.

Le bâtiment essoufflépar la crise

En France, la production du bâtiment est af-fectée par la crise et recule légèrement en find’année : - 0,2 % en novembre, après - 0,6 %en octobre en données CVS. Sur les onzepremiers mois de 2008, la baisse atteint1,6 % par rapport à la même période en2007. Les entrepreneurs sont pessimistesquant à une éventuelle reprise au cours desprochains mois et anticipent plutôt une pour-suite du tassement de l’activité début 2009en s’appuyant sur la contraction des carnetsde commandes.

La Bretagne n’y échappe pas. L’ensemble dela filière est concerné. Les ventes de loge-ments neufs reculent nettement pour passersous la barre des 750 ventes au troisième tri-mestre, niveau le plus bas depuis 6 ans.C’est le troisième trimestre consécutif debaisse. Sur les neuf premiers mois de 2008,les ventes de logements neufs ont ainsi recu-lé de près de 30 % par rapport à la même pé-riode 2007. L’habitat individuel et le collectifsont concernés. Ceci se traduit par une fortecroissance des stocks disponibles et par unepression à la baisse sur les prix de vente,même si ceux-ci résistent encore dans leneuf. La crise économique et financière pèseen effet sur les ménages les amenant à re-pousser leurs projets immobiliers en raisonnotamment d’un coût élevé du crédit et de ris-ques pesant sur leur pouvoir d’achat. Surtoutqu'un décalage croissant existe depuis 1999entre la forte évolution des prix de l’immobi-lier et celle, plus modérée, du revenu desménages.

Les agences immobilières et les promoteursbretons sont directement touchés par cettebaisse des ventes. Les emplois salariés ontété rapidement ajustés, avec une baisse deprès de 3 % au troisième trimestre 2008 endonnées CVS. Depuis le début de l’année2008, le recul frôle les 5 %, alors que ce sec-teur avait connu une croissance forte cesdernières années. Le retournement du mar-ché immobilier pose notamment des problè-mes de trésorerie aux promoteurs qui avaientanticipé la poursuite de la croissance du mar-ché et qui doivent payer les fournisseurssans avoir en parallèle suffisamment de re-cettes liées aux ventes. Ces difficultés sesont notamment traduites par la chute dugroupe de construction et promotion immobi-lière Céléos - BC Partners. Basé à Plérin(Côtes-d’Armor), ce groupe a été placé en re-dressement judiciaire le 3 septembre 2008.En fin d’année, parmi ses 500 salariés, Cé-léos en conserve environ 180 sur le territoirenational et recentre l’essentiel de son activitésur son siège de Plérin. De plus, sur 21 agen-ces, seule une dizaine se maintiennent, no-tamment à Nantes, Cholet et Caen.

Autre conséquence du gonflement desstocks de logements, les mises en chantierdiminuent. Un peu plus de 26 000 logementsont été mis en chantier dans la région entrejanvier et novembre 2008, soit 13 % de moinsque sur la même période de l’année précé-dente, provoquant une baisse de l’activité deconstruction neuve. Celle-ci pourrait se pro-longer en 2009 car les logements autorisés(donc les constructions futures) sont aussi ennet repli sur les onze premiers mois (- 22 %).La même tendance s’observe pour les bâti-ments à usage professionnel. Seul le marchéde l’entretien-amélioration de logements etbâtiments à usage professionnel semble semaintenir.

Dans ce contexte morose, l’emploi salariédans les entreprises du bâtiment continue àlégèrement croître au 3e trimestre, mais à unrythme moindre (+ 0,4 % en données CVSpar rapport au trimestre précédent). Sur unan, le ralentissement est particulièrementmarqué : l’emploi croît seulement de 1,5 %entre septembre 2007 et septembre 2008,contre + 5,1 % un an auparavant. Parallèle-ment, les missions d’intérim s’effondrent. Lenombre de contrats d’intérim conclus par lesentreprises bretonnes de la construction achuté de 10 % au troisième trimestre. Dansdes périodes de retournement conjoncturel,les entreprises commencent en effet par nepas renouveler les missions d’intérim avantde réduire les effectifs permanents si la crisese prolonge.

Les pouvoirs publics ont annoncé en find’année un plan de soutien à l’immobilier quiprévoit notamment l’acquisition par l’État de100 000 logements pour diminuer le stockdisponible et restaurer la trésorerie des pro-moteurs concernés. De plus, dès 2009, lesprimo-accédants pourront bénéficier d’unprêt à taux zéro au montant doublé et au pla-fond de prix revu à la hausse. L’impact de cesmesures n’a pas encore pu être apprécié.

Perte d’emploi dans le tertiaire

En décembre, dans le commerce de détailcomme le commerce de gros, les chefs d’en-treprise en France font eux aussi état d’uneconjoncture déprimée, à son plus bas niveaudepuis 1993. Les perspectives, comme lesintentions de commande, se dégradent forte-ment, en lien notamment avec le ralentisse-ment de la consommation des ménages de-puis le début de l’année 2008. Dans cecontexte, l’emploi salarié dans le commercefaiblit au troisième trimestre 2008, avec unrecul de 0,6 % en données CVS. Le

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Avis des professionnels français du bâtiment sur la tendance de leur activité(Soldes d'opinions, en % CVS)

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Source : Insee, enquêtes nationales de conjoncture

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Activité prévue

Activité passée

Source : DRE, Sitadel

3 Trimestree2 Trimestree1 Trimestreer 4 Trimestree

Nombre de logements neufs en chantier en Bretagne

20082007 Moyenne 2004 - 2007200610 000

9 000

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6 000

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commerce en Bretagne connaît la mêmebaisse, du fait d’une diminution de 0,9 % del'emploi salarié au troisième trimestre dans lecommerce de détail et le commerce et laréparation automobile.

Les services marchands souffrent aussi. Endécembre, les prestataires de services enFrance ont une opinion de plus en plus néga-tive sur la conjoncture économique de leursecteur. Leur appréciation est plus mauvaiseque lors du point bas de la crise de 1993.Cette dégradation qui avait commencé à sefaire sentir en juillet n’a pas cessé de s’ampli-fier depuis. Les professionnels de ce secteurconsidèrent que l’activité devrait reculer dansles prochains mois. Ils n’avaient jamais faitdes prévisions aussi pessimistes depuis lamise en place de l’enquête en 1988. Cetteconjoncture délicate a pesé sur l’emploi autroisième trimestre 2008, avec une légèrebaisse du nombre de salariés dans les servi-ces du secteur privé de 0,1 % en donnéesCVS. C’est le deuxième trimestre consécutifde recul de l’emploi. Par contre, en Bretagne,l’emploi salarié des services du secteur privérésiste et progresse de 0,2 % en donnéesCVS. Le ralentissement est cependant pa-tent sur un an. Les services aux particulierscontinuent à créer des emplois (+ 0,4 % endonnées CVS), mais les services aux entre-prises en perdent beaucoup au troisième tri-mestre : - 1 ,1 % en données CVS. Ce recultient à la forte baisse dans les services opé-rationnels (- 4 %), nettement touchés par lemoindre recours à l’intérim. A contrario, lesentreprises de "conseils et assistance" ontaugmenté leurs effectifs salariés de 1,2 %.

L’emploi dans les transportsencore peu touchépar les difficultés du secteur

Le secteur des transports connaît une pé-riode difficile du fait d’une explosion descoûts de revient et du gazole au premier se-mestre, de l’augmentation des tarifs depéage, de la concurrence internationale, duresserrement du crédit et de la baisse d’acti-vité en lien avec le recul de la production.Dans ce contexte délicat, les défaillancesd’entreprises de transport en France ont aug-menté de 21 % entre juin-août 2008 etjuin-août 2007. Les créations freinent aussilégèrement en fin d’année. L’impact sur l’em-ploi salarié est encore limité avec des effec-tifs qui stagnent au 3e trimestre 2008 en don-nées CVS. Par contre, en Bretagne, l’emploisalarié progresse légèrement dans les entre-prises de transport, mais les défaillancesaugmentent et les créations d’entreprises di-minuent, caractéristiques d’une conjoncturede crise. Ce secteur qui représente près de40 000 emplois salariés directs dans la ré-gion a cependant des craintes sur 2009, avecles incertitudes du prix du pétrole et la nou-velle concurrence des entreprises tchèques,slovaques ou polonaises. Courant 2009, tousles pays ayant intégré l’Union européenne en2004 auront le droit de faire du cabotage.Des entreprises de République tchèque oude Pologne pourront ainsi profiter de livrai-sons en Espagne pour desservir les villesfrançaises ou allemandes.

La fréquentation des hôtelsbaisse

Dans ce contexte morose, la fréquentationhôtelière bretonne souffre. Avec 66,1 % dechambres louées de juillet à septembre2008, le taux d’occupation baisse de

2,7 points par rapport à l’été 2007. Toutes lescatégories d’hôtels sont concernées.

L’été 2008 présente en revanche un profilmensuel contrasté : le taux d’occupationgagne 0,6 point en juillet mais il perd 5 pointsen août puis 3,6 points en septembre. Demême, le repli n’est pas homogène sur le ter-ritoire. L’Ille-et-Vilaine parvient à maintenirson niveau d’occupation, sauvé par son tou-risme d’affaires qui représente 31 % de saclientèle, en hausse de 3 points par rapport àl’été 2007. A l’opposé, le Finistère est le dé-partement le plus touché avec un taux d’oc-cupation en recul de 5 points.

En volume, les hôtels bretons comptabilisent5 % de nuitées en moins par rapport à l’étéprécédent. Ils subissent surtout une nette dé-gradation de la fréquentation des clientsétrangers (- 14 %), tandis que la baisse defréquentation de la clientèle française se li-mite à 2 %. Ce recul est deux fois plus fortque celui relevé au niveau national où labaisse est de 2,3 %.

Seule bonne nouvelle à la fin d’été, l’emplois’est stabilisé dans l’hôtellerie-restaurationau 3e trimestre (+ 0,3 %), après deux trimes-tres consécutifs de baisse.

Le nombre de chômeursaugmenteLa contraction de l’emploi au troisième tri-mestre s’accompagne d’une augmentationdu nombre de demandeurs d’emploi de caté-gorie 1, 2, 3 assez limitée : + 1,7 % contre2,7 % au plan national.

Dans ce contexte, le taux de chômage régio-nal au cours du 3e trimestre 2008 s’élève à6,0 %. Il est stable depuis 3 trimestres et enbaisse de 0,6 point sur l’année.

4 Insee Bretagne - Flash d'OCTANT n° 147 - Février 2009

Évolution du taux d'occupation des hôtels en Bretagne (en %)

Source : direction du Tourisme - Insee - Réseau Morgoat module hôtellerie

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20082007

fév.jan. mars juil.avr. mai juin août sept. oct. nov. déc.

Avis des professionnels français des services sur la tendance de leur activité(Soldes d'opinions, en % CVS)

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Source : Insee, enquêtes nationales de conjoncture

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Activité prévue

Activité passée

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La fin de l’année semble en revanche mar-quer une accélération du chômage. Ainsi, ennovembre, la demande d’emploi de catégorie1 en données CVS augmente de 4 % par rap-port au mois précédent. Cette hausseconfirme l’augmentation constatée en oc-tobre (+ 3,6 %). La tendance est d’ailleurs en-core plus marquée qu’au niveau national(+ 2,4 % en octobre et + 3,6 % en novembre).En lien avec les fermetures d’établissementsayant marqué cette fin d’année, le nombred’entrées au chômage faisant suite à un li-cenciement économique augmente de 0,7 %sur les onze premiers mois de l’année parrapport à la même période en 2007. La dé-gradation des conditions du marché du tra-vail est nette. Les offres d’emploi collectéesen Bretagne par l’ANPE baissent de 25 % parrapport à celles de novembre 2007. Demême, les chômeurs ont été moinsnombreux à trouver un emploi que l’annéepassée.

Les jeunes de moins de 25 ans sont les plustouchés par ce retournement (+ 15 % en no-vembre 2008 par rapport à novembre 2007),en particulier les jeunes hommes (+ 25 % surun an).

Insee Bretagne - Flash d'OCTANT n° 147 - Février 2009 5

Évolution trimestrielle de l'emploi salarié en BretagneSecteur privé non agricole (intérim compris) (en %, CVS)

0,6

0,8

0,2

0,4

- 0,4

0,0

Source : Insee - Urssaf

4 t.07e3 t.07e1 t.07er 1 t.08er2 t.07e3 t.08e4 t.06e 2 t.08e

Lecture : l'emploi salarié non agricole, intérim compris, diminue de 0,4 % au cours du 3trimestre 2008 et progresse de 0,3 % au cours du 2 trimestre 2008 (données provisoires).

e

e

- 0,2

Emploi salarié privé (secteur marchand non agricole)

Variation annuelle du 3e trimestre 2008 :d'octobre 2007 à septembre 2008 (en %)

Ensemble Industrie Construction Commerce Services

Côtes-d'Armor 0,2 - 6,9 1,2 - 0,2 1,5Finistère - 0,3 - 4,5 2,1 0,3 - 0,7Ille-et-Vilaine 0,8 - 1,7 1,7 0,8 2,2Morbihan - 0,7 - 1,5 1,1 - 1,0 - 1,4Bretagne 0,5 - 1,8 1,5 0,1 1,9* en données CVS, y compris intérim

3e trimestre 2008 : demande d'emploi et chômage

DEFM catégorie 1au 30 septembre 2008

(Série brute)

Variation sur un an(en %)

Taux de chômagelocalisés en moyennesur le trimestre (CVS)

Côtes-d'Armor 15 045 3,8 6,0Finistère 24 641 - 0,2 6,5Ille-et-Vilaine 24 843 - 1,7 5,3Morbihan 20 028 2,0 6,5Bretagne 84 557 0,5 6,0Source : DRTEFP-Insee

Comparaison France-Bretagne de l’évolution de l’emploi salariéau 3 trimestre 2008e

(en %, CVS)

0,6

0,8

0,2

0,4

0,0

Source : Insee - Urssaf

- 1,4Commerce Services

marchandsConstruction Secteur marchand

non agricoleIndustrie

- 0,6

FranceBretagne

- 1,2

- 1,0

- 0,8

- 0,4

- 0,2

Évolution du nombre des demandeurs d'emploi de catégorie 1(Base 100 janvier 2000, CVS)

Source : DRTEFP

110

100

90

80

70

60

Bretagne

France

2004 2005 2006 2007 2008

Évolution de l’emploi salarié privé(Base 100 au 1 trimestre 2003, CVS)er

Source : Insee-Urssaf

140

100

95

802003 2005 2006 2007 2008

Activités immobilières135

130

125

120

115

110

105

90

85

Construction

Transport

IAA

Automobile

2004

Page 6: S Octant ynthèse conjoncturelle - epsilon.insee.fr · Le paysage économique breton s’assombrit Au troisième trimestre 2008, l’économie française ralentit nettement, à l’image

6 Insee Bretagne - Flash d'OCTANT n° 147 - Février 2009

Tableau de bord Bretagne

Indicateurs trimestriels Valeur au3e trimestre 2008

Variation en %

Région FranceMétropolitaine

sur un ansur un trimestre

(en CVS)sur un an

ACTIVITÉConstruction (Source : DRE)

Logements autorisés 7 559 - 0,2(2) - 18,1 - 24,4Logements commencés 8 909 47,8(2) - 2,6 - 6,4Locaux à usage professionnel (nombre de m2 autorisés) (1) 483 161 - 3,5(2) - 23,5 - 2,5

Hôtellerie (Source : Insee-Direction du Tourisme-Réseau Morgoat-Module Hôtellerie)

Nombre de nuitées (en milliers) 2 567 /// - 5,1 - 2,3Taux d'occupation moyen (en %) 66,1 /// - 2,7(3) - 1,0(3)

DEMANDEImmatriculations de véhicules neufs (Source : OST)

Voitures particulières et commerciales 18 830 - 3,5 3,4 8,4

ENTREPRISESCréations d'entreprises (Source : Insee)

Ensemble 2 705 - 2,2 - 1,3 0,3Industrie 187 7,2 10,7 9,3Construction 432 - 5,4 - 9,1 - 4,0Commerce 622 - 0,9 - 3,6 - 2,8Services 1 464 - 2,9 0,8 2,0

Défaillances d'entreprises(4) (Source : Insee-BODACC)Ensemble 432 0,0 4,3 7,5

MARCHÉ DU TRAVAILDemandeurs d'emploi en fin de trimestre(Source : DRTEFP)

de catégorie 1 84 557 2,1 0,5 4,5de catégorie 1, 2 et 3 86 207 /// - 1,9 - 1,1de moins de 25 ans 17 635 /// 1,4 2,5de longue durée 19 082 /// - 8,3 - 6,0

Taux de chômage localisé (CVS) (Source : Insee) 6,0 0,0(3) - 0,6(3) - 0,6(3)

(1) hors bâtiments agricoles(2) en données brutes(3) écart en nombre de points(4) au 2e trimestre 2008/// absence de résultat due à la nature des choses

Directeur de la PublicationBernard Le Calvez

Rédactrice en chefSylvie Lesaint

CompositionDominique Bertier

Brigitte Cariou

Cette note a été rédigée par :Valérie MarietteIsabelle Roiseau

INSEE Bretagne36, place du Colombier

CS 9443935044 RENNES Cedex

Tél. : 02 99 29 33 33Fax : 02 99 29 33 90

Pour tout renseignementstatistique :

0 825 889 452 (0,15 € la minute)

Sources

Cellule économique de Bretagne.Comité des Constructeurs Français d’Automobiles(CCFA).Direction Régionale de l’Équipement de Bretagne(DRE).Direction Régionale du Travail, de l’Emploi et de laFormation Professionnelle (DRTEFP).Ministère de l’Écologie, du Développement durable et del’Aménagement du territoire.Union de Recouvrement des cotisations de SécuritéSociale et d’Allocations Familiales (Urssaf).

Définition

Taux de chômage localisé : le taux de chômage est lepourcentage de chômeurs dans la population active(actifs occupés + chômeurs). Les séries localisées duchômage sont estimées en répartissantgéographiquement les données nationales au sens duBIT issues de l’enquête emploi. Rédaction achevée le 10 février 2009