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RÉSUMÉ RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004 La liberté culturelle dans un monde diversifié Publié pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)

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Page 1: RÉSUMÉ RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN …hdr.undp.org/sites/default/files/hdr_2004_summary_fr.pdf · 2020-05-18 · Équipe rédactionnelle Carla De Gregorio, Haishan

RÉSUMÉRAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENTHUMAIN 2004

La libertéculturelle dansun mondediversifié

Publié pour leProgramme des NationsUnies pour ledéveloppement (PNUD)

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Page 2: RÉSUMÉ RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN …hdr.undp.org/sites/default/files/hdr_2004_summary_fr.pdf · 2020-05-18 · Équipe rédactionnelle Carla De Gregorio, Haishan

Équipe rédactionnelleCarla De Gregorio, Haishan Fu (Jefe de Estadística), RicardoFuentes, Arunabha Ghosh, Claes Johansson, ChristopherKuonqui, Santosh Mehrotra, Tanni Mukhopadhyay, StefanoPettinato, David Stewart et Emily White

Conseiller statistique: Tom Griffin

Assistance éditoriale: Cait Murphy et Bruce Ross-Larson

Maquette et couverture: Gerald QuinnMaquette des notices informatives: Grundy & Northedge

Principaux consultantsAmartya Sen (chapitre 1), Lourdes Arizpe, Robert Bach,Rajeev Bhargava, Elie Cohen, Emmanuel de Kadt, NicholasDirks, K.S. Jomo, Will Kymlicka, Valentine Moghadam, JoyMoncrieffe, Sam Moyo, Brendan O’Leary, Kwesi Kwaa Prah,Barnett R. Rubin, Daniel Sabbagh, D.L. Sheth, RodolfoStavenhagen, Alfred Stepan, Deborah Yashar et AristideZolberg

Traduction: European Translation Centre Ltd, France, A. Ribeset S. Serre

© 2004 Programme des Nations Unies pour le développement1 UN Plaza, New York, New York, 10017, États-Unis

Tous droits reserves. Toute reproduction, toute transmission ou tout stockage dans un systeme de recherche de donnees de la totalite ou d’unequelconque partie du present document, par quelque procede que ce soit (electronique, mecanique, photocopie, enregistrement ou autre) re-quiert l’autorisation prealable des ayants droit.

Maquette et couverture: Gerald Quinn, Quinn Information Design, Cabin John, Maryland (États-Unis)Maquette des notices informatives: Grundy & Northedge, LondonEdition, composition et gestion de production: Communications Development Incorporated, Washington, DC (États-Unis)

MEMBRES DE L’ÉQUIPE CHARGÉE DE LA RÉDACTION DURapport mondial sur le développement humain 2004

Directrice et rédactrice en chefSakiko Fukuda-Parr

Collègues du BRMDHToute l’équipe souhaite exprimer sa sincère gratitude pour le soutien inestimable et pour les contributions apportées par leurs collèguesdu Bureau du Rapport mondial sur le développement humain. L’aide administrative à la préparation du rapport a été prise en chargepar Oscar Bernal, Renuka Corea-Lloyd et Mamaye Gebretsadik. Le travail de terrain et le travail promotionnel pour ce rapport ont étéeffectués par Nena Terrell, avec Maria Kristina Dominguez et Anne-Louise Winsløv. Les opérations du Bureau ont été assurées parYves Sassenrath et Marie Suzanne Ndaw. L’équipe a aussi collaboré avec les membres du Rapport national sur le développementhumain (RNDH), dont: Sarah Burd-Sharps (Directeur délégué du BRMDH et chef de l’unité RNDH), Marcia de Castro, SharmilaKurukulasuriya, Juan Pablo Mejia et Mary Ann Mwangi.

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En ces temps où l’idée d’un «choc des cul-tures» mondial suscite un écho si puissant – et demanière inquiétante – sur toute la planète, il està nouveau important de trouver des réponsesaux vieilles interrogations sur la manière de géreret apaiser au mieux les conflits de langue, de re-ligion, de culture et d’ethnicité. Pour les praticiensdu développement, cela n’a rien d’une questionabstraite. Si l’on veut que notre monde atteigneles Objectifs du Millénaire pour le développementet, finalement, éradique la pauvreté, il doit com-mencer par relever victorieusement le défi de sa-voir construire des sociétés intégratrices, quirespectent les diversités culturelles. Pas seule-ment parce que de cela dépend la possibilitépour les pays de se concentrer réellement surd’autres priorités telles que la croissance écono-mique, la santé et l’éducation de tous les citoyens.Mais parce que permettre aux individus une ex-pression culturelle pleine et entière est en soi unobjectif de développement important.

Le développement humain consiste d’abordet avant tout à permettre aux gens de mener legenre de vie qu’ils veulent – et à leur donner lesoutils et les opportunités pour faire ces choix. Cesdernières années, le Rapport mondial sur ledéveloppement humain a fermement défendul’idée qu’il s’agit là d’une question relative tantau politique qu’à l’économie – depuis la pro-tection des droits de l’homme jusqu’au renfor-cement de la démocratie. A moins que les genspauvres et marginalisés – qui plus souvent querarement font partie de minorités religieuses ouethniques, ou sont issus de l’immigration – nepuissent influencer l’action politique aux ni-veaux local et national, ils auront peu de chancesd’accéder équitablement à l’emploi, aux écoles,aux hôpitaux, à la justice, à la sécurité et auxautres services de base.

Le Rapport de cette année part de cette ana-lyse, en examinant attentivement – puis rejetant

– les prétentions selon lesquelles les différencesculturelles mènent nécessairement au conflit so-cial, économique et politique, ou celles selonlesquelles des droits culturels inhérents devraientsupplanter certains droits politiques et écono-miques. Au contraire, il fournit puissammentmatière à trouver les manières de “nous délec-ter de nos différences”, selon les mots de l’ar-chevêque Desmond Tutu. Il met aussi en avantun certain nombre d’idées concrètes sur ce quesignifie en pratique concevoir et mettre en œuvredes politiques relatives à l’identité et à la culturecohérentes avec les principes fondateurs du dé-veloppement humain.

C’est parfois relativement simple – parexemple, le droit d’une fille à l’éducation se feratoujours plus fort que l’invocation par son pèred’un droit culturel visant à lui interdire d’aller àl’école pour des raisons religieuses ou autres.Mais la question peut devenir beaucoup pluscomplexe. Prenez l’apprentissage en langue ma-ternelle. Des preuves convaincantes montrentque les jeunes enfants apprennent mieux dansleur propre langue. Toutefois, ce qui est un avan-tage à un moment de la vie – et qui en réalité peutrester un pilier indispensable de l’identité duranttoute la vie – peut devenir un désavantage parailleurs, la non maîtrise des langues nationales ouinternationales plus largement utilisées pouvants’avérer être un sévère handicap dans l’accès àl’emploi. Ainsi que le montre clairement ce rap-port, depuis les mesures de discrimination po-sitive jusqu’au rôle des média, il n’existe pas derègle simple – ni de règle universelle – quant àla meilleure manière de construire des sociétésmulticulturelles viables.

Même ainsi, une conclusion majeure s’im-pose: réussir n’est pas simplement une questionde changements législatifs et politiques, si né-cessaires soient-ils. Les Constitutions et les lé-gislations qui apportent protections et garanties

Préface

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aux minorités, aux peuples autochtones et auxautres groupes, posent les fondations essentiellespour des plus grandes libertés. Mais à moinsque la culture politique ne change elle aussi – àmoins que les citoyens n’en viennent à penser, àressentir, à agir de manière à faire sincèrementplace aux besoins et aux aspirations d’autrui –il n’y aura pas de vrai changement

Quand la culture politique ne change pas, lesconséquences sont claires et inquiétantes. Qu’ils’agisse des groupes autochtones laissés pourcompte un peu partout en Amérique latine, desminorités malheureuses d’Afrique et d’Asie, oudes nouveaux immigrants dans tout le monde dé-veloppé, lorsque l’on ignore les griefs des groupesmarginalisés, on ne crée pas simplement une in-justice. On se fabrique également de réels pro-blèmes pour l’avenir: une jeunesse insatisfaiteet sans travail, furieuse du statu quo, et exigeant,souvent violemment, que les choses changent.

Voilà le défi. Mais il existe aussi de véritablesopportunités. Le principal enseignement de ceRapport tient à ce qu’il met en évidence unvaste potentiel pour la construction d’un mondeplus paisible, plus prospère, en portant les ques-tions liées à la culture au cœur de la pensée etde la pratique majoritaires du développement.Non pour qu’elles se substituent à d’autrespriorités plus traditionnelles, qui resteront pournous des questions essentielles, mais pourqu’elles les complètent et les renforcent. L’en-vers de la fracture du développement est que lespays en développement sont souvent en mesurede s’appuyer sur des traditions culturelles plusriches, plus diverses – à travers le langage, l’art,la musique ou sous d’autres formes – que celles

de leurs homologues plus opulentes du Nord.La mondialisation de la culture de masse – deslivres aux films, en passant par la télévision –représente clairement une menace significativepour ces cultures traditionnelles. Mais elle sus-cite aussi des opportunités, de façon plus cir-conscrite quand elle permet à des groupesdéfavorisés comme les aborigènes australiens oules Inuits de l’Arctique de tirer profit des mar-chés mondiaux de l’art, ou de façon plus large,en faisant naître des sociétés plus vibrantes,plus créatives, plus enthousiasmantes.

Comme tous les Rapports mondiaux sur ledéveloppement humain, il s’agit d’une étudeindépendante cherchant à susciter un débat etdes discussions autour d’un sujet important, etnon d’une déclaration de politique des Nationsunies ou du PNUD. Toutefois, en traitant d’unsujet souvent négligé par les économistes du dé-veloppement et en le plaçant résolument dansle spectre des priorités pour créer des viesmeilleures, plus épanouies, ce Rapport présenteau PNUD et à ses partenaires des arguments im-portants sur lesquels réfléchir et réagir dans lecadre de leur travail. Cette année, je souhaite-rais aussi rendre un hommage tout particulierà Sakiko Fukuda-Parr, qui passe la main après10 années lors desquelles elle a su guider avecsuccès notre Bureau du Rapport sur le déve-loppement humain. Je voudrais aussi remer-cier tout spécialement Amartya Sen, l’un desparrains du développement humain, qui a nonseulement apporté sa contribution au premierchapitre, mais qui a aussi eu une énorme in-fluence sur la manière dont nous avons réfléchià ce sujet important.

Les analyses et les recommandations exprimées dans ce Rapport ne reflètent pas nécessairement les opinions du Programme des Nations

Unies pour le développement, de son Conseil d’administration ou de ses États membres. Le Rapport mondial sur le développement hu-

main est une publication indépendante réalisée pour le compte du PNUD. Il est le fruit d’une collaboration entre des consultants, des

conseillers éminents et l’équipe du Rapport mondial sur le développement humain. Ces travaux ont été dirigés par Sakiko Fukuda-Parr,

Directrice du Bureau du Rapport mondial sur le développement humain.

Mark Malloch BrownAdministrateur du PNUD

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RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004 5

VUE D’ENSEMBLE La liberté culturelle dans un monde diversifié

CHAPITRE 1 La liberté culturelle et le développement humain Participation et reconnaissanceLibertés, droits de l’homme et rôle de la diversitéIdentité, communauté et libertéMondialisation, asymétrie et démocratieConclusions

CHAPITRE 2 Les défis posés à la liberté culturelleLa liberté culturelle – une dimension inexplorée du développement humainLa promotion de la liberté culturelle exige la reconnaissance des différences d’identitéTrois mythes autour de la liberté culturelle et du développementLes défis posés à la liberté culturelle aujourd’hui

CHAPITRE 3 Bâtir des démocraties multiculturellesRésoudre les dilemmes de l’État en reconnaissant la différence culturellePolitiques garantissant la participation politique des divers groupes culturelsPolitiques relatives à la religion et à la pratique religieusePolitiques relatives au droit coutumier et au pluralisme juridiquePolitiques relatives à l’usage de langues multiplesPolitiques remédiant à l’exclusion socioéconomique

CHAPITRE 4 Faire face aux mouvements en faveur de la domination culturelleMouvements en faveur de la domination culturelle – les défis d’aujourd’huiDilemmes pour les démocraties – mesures restrictives ou conciliatrices?

CHAPITRE 5 Mondialisation et choix culturelMondialisation et multiculturalismeFlux d’investissements et de connaissances – inclure les populations autochtones dans un monde globalement intégréFlux de biens culturels- élargir les choix à travers la créativité et la diversitéFlux de personnes – Identités multiples pour des citoyens du monde

NotesNotes bibliographiquesBibliographie

Table des matières du Rapport mondial sur ledéveloppement humain 2004

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6 RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004

CONTRIBUTIONS SPÉCIALESLes droits de l’homme incarnent les valeurs fondamentales des civilisations humaines Shirin EbadiDiversité – de la division à l’intégration Nelson MandelaLa reconnaissance de la diversité linguistique dans la constitution de l’Afghanistan Hamid KarzaiLa différence n’est pas une menace, mais une source de force John HumePopulations autochtones et développement Ole Henrik Magga

ENCADRÉS2.1 Deux aspects de l’exclusion culturelle2.2 La définition des droits culturels est en retard sur la définition des droits civils, politiques, économiques et sociaux –

pourquoi?2.3 Mesurer la liberté culturelle 2.4 L’indicateur du développement humain: mesurer les inégalités d’un groupe à l’autre2.5 Politiques culturelles – protéger le patrimoine culturel et promouvoir la liberté culturelle 2.6 Les inégalités entre les groupes peuvent alimenter le conflit et les tensions2.7 La différence ethnique n’est pas la cause du conflit aux îles Salomon3.1 Petit guide du fédéralisme3.2 Le défi du fédéralisme: trajectoire et perspectives politiques troublées au Nigeria3.3 Représentation proportionnelle ou tout au vainqueur? La Nouvelle-Zélande change de système3.4 Les nombreuses formes d’États religieux et d’États laïcs et leurs effets sur la liberté religieuse3.5 Droit des personnes hindou et musulman: le débat actuel sur un code civil uniforme3.6 Accès à la justice et reconnaissance culturelle au Guatemala3.7 Éducation multilingue en Papouasie Nouvelle-Guinée3.8 Combien de langues existe-t-il en Afrique? 85 % des Africains parle 15 langues fondamentales3.9 Droits fonciers aux Philippines 3.10 Les expériences de discrimination positive en Malaisie et en Afrique du Sud4.1 Leadership, manipulation idéologique et recrutement des partisans4.2 Asie centrale – le danger de la restriction des libertés politiques et culturelles4.3 Égypte – faire la distinction entre modérés et extrémistes4.4 Algérie - mécontentement, démocratisation et violence4.5 États-Unis– cibler l’intolérance et la haine5.1 La culture – changement de paradigme en anthropologie5.2 Sources de l’éthique mondiale5.3 Compagnies privées et populations autochtones peuvent oeuvrer ensemble au développement 5.4 Utiliser les droits de propriété intellectuelle pour protéger le savoir traditionnel5.5 Le débat sur les biens culturels et le fiasco de l’Accord multilatéral sur les investissements5.6 Appui réussi de la France aux industries culturelles nationales5.7 Le dilemme du foulard en France5.8 Contrats temporaires – accueillir la main d’œuvre mais pas les individus ne fonctionne pas5.9 Comment Berlin encourage le respect pour la différence culturelle

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RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004 7

TABLEAUX2.1 Représentation politique des minorités ethniques dans les Parlements sélectionnés au sein de l’OCDE2.2 Intégrer les politiques multiculturalistes aux stratégies de développement humain3.1 Indicateurs de rendement interne et des coûts des écoles conventionnelles et bilingues au Burkina Faso4.1 Pertes causées par la violence sectaire au Pakistan, 1989–20035.1 Population autochtone en Amérique Latine 5.2 Choix politiques pour la promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle domestique – la taille du marché

et de l’industrie compte5.3 Les 10 villes en tête du classement selon l’importance de leur population née à l’étranger, 2000/01

FIGURES2.1 La plupart des pays sont culturellement divers2.2 Les populations autochtones peuvent s’attendre à vivre moins longtemps2.3 La population immigrée non-européenne s’est accrue de manière significative en Europe . . . et les immigrés

proviennent d’un plus grand nombre de pays2.4 Un manque d’accès à l’instruction primaire dans la langue maternelle très répandu2.5 Les jours fériés nationaux sont des façons importantes de reconnaître – ou d’ignorer – les identités culturelles3.1 En Amérique Latine, les populations autochtones sont plus susceptibles de souffrir de la pauvreté que les populations

non autochtones3.2 En Afrique du Sud, les non-Blancs bénéficient moins des dépenses publiques de santé que les Blancs3.3 En Malaisie, les inégalités collectives ont diminué, mais pas les inégalités individuelles3.4 Performance mitigée de la discrimination positive aux États-Unis4.1 Les mouvements fondamentalistes et les mouvements violents ne sont pas tous des mouvements en faveur de la

domination culturelle4.2 Certains partis d’extrême droite européens ont progressivement récolté plus de suffrages4.3 La participation démocratique peut révéler l’attrait marginal des partis d’extrême droite5.1 Les films aux bénéfices bruts les plus élevés de tous les temps au box office international (non américain) étaient des

films américains, avril 20045.2 Croissance sans précédent des migrations internationales vers l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie et la

Nouvelle-Zélande; mais les réfugiés restent en faible proportion, 1990–20005.3 De plus en plus de gouvernements (riches et pauvres) veulent contrôler l’immigration, 1976–2001

CARTES2.1 Coïncidence importante entre communautés linguistiques et exclusion sociale au Guatemala5.1 Une grande partie des activités extractives et infrastructurelles dans les pays en développement se situe dans des zones

où vivent les populations autochtones

FICHE TECHNIQUE2.1 L’ensemble de données Minorités à risques – quantifier l’exclusion culturelle

Figure 1 La discrimination et le désavantage à l’encontre des groupes culturellement identifiés peuvent être d’ordreculturel, politique, économique – avec une coïncidence considérable

Figure 2 Les exclusions politiques et économiques ont différentes causes

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8 RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004

3.1 Unité de l’État ou identité ethnoculturelle ? Un choix qui n’est pas inéluctableFigure 1 Identités nationales multiples et complémentairesFigure 2 Confiance, soutien et identification: les pays pauvres et divers peuvent bien fonctionner avec des politiques

multiculturelles5.1 Qu’y a-t-il de nouveau dans les implications de la mondialisation pour les revendications identitaires?

Tableau 1 Les 10 pays en tête du classement selon l’importance de leur population immigrée, 2000Figure 1 Rapides augmentations des investissements au sein des industries extractives dans les pays en

développement, 1988–97Figure 2 Moins de films domestiques, plus de films américains: évolution de la fréquentation cinématographique,

1984–2001

Article technique 1 L’état du développement humainArticle technique 2 Note relative au tableau 1: A propos de l’indice du développement humain de cette année

INDICATEURS DU DÉVELOPPEMENT HUMAINMESURER LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN: ACCROITRE LES CHOIX…1 L’indice du développement humain2 L’indicateur du développement humain en tendances3 Pauvreté humaine et salariale: Pays en voie de développement4 Pauvreté humaine et monétaire: OCDE, Europe centrale et Orientale et CEI

. . . VIVRE LONGTEMPS ET EN BONNE SANTÉ. . .5 Tendances démographiques6 Assurer la santé: ressources, accès, et services7 Crises et risques majeurs pour la santé à l’échelle mondiale: Eau, conditions sanitaires et nutrition8 Crises et risques majeurs pour la santé à l’échelle mondiale: VIH/sida, malaria et tuberculose9 Survie: progrès et reculs

. . . ACQUÉRIR UN SAVOIR . . .10 Engagement en faveur de l’éducation: dépenses publiques11 Alphabétisation et scolarisation12 Technologie: diffusion et création

. . . ACCÉDER AUX RESSOURCES PERMETTANT DES CONDITIONS DE VIE DÉCENTES. . .13 Paramètres économiques14 Inégalités en termes de revenu ou de consommation15 Structure des échanges16 Responsabilités des pays riches: l’aide17 Responsabilités des pays riches: commerce et allègement de la dette18 Flux d’aide, de capitaux privés et de dette19 Priorités dans les dépenses publiques20 Chômage dans les pays de l’OCDE

. . . TOUT EN LES PRÉSERVANT POUR LES GÉNÉRATIONS À VENIR . . .21 Énergie et environnement

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RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004 9

. . . VIVRE À L’ABRI DE L’INSÉCURITÉ . . .22 Réfugiés et armements23 Victimes de la criminalité

. . . ET PARVENIR À L’ÉGALITÉ ENTRE FEMMES ET HOMMES

24 Indicateur sexo-spécifique du développement humain25 Indicateur de la participation des femmes26 Inégalités entre femmes et hommes en termes d’éducation et d’instruction27 Inégalités entre femmes et hommes dans l’activité économique28 Charge de travail et emploi du temps des hommes et des femmes29 Participation des femmes à la vie politique

TEXTES RELATIFS AUX DROITS DE L’HOMME ET DES TRAVAILLEURS

30 État des principaux textes internationaux relatifs aux droits de l’homme31 État des conventions relatives aux droits fondamentaux du travail

32 Indices du développement humain: perspective régionale33 Indicateurs de base pour les autres pays membres de l’ONU

Notes sur les statistiques dans le Rapport sur le développement humain

Notes techniques1 Calcul des indicateurs composites du développement humain2 Identifier les pays pour lesquels les objectifs du millénaire pour le développement représentent une priorité, absolue

ou non

Définitions des termes statistiquesRéférences statistiquesClassement des paysIndex des indicateurs

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10 RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004

Comment la nouvelle Constitution de l’Irak sa-tisfera-t-elle les demandes de juste représenta-tion des chiites et des Kurdes? Parmi les languesparlées en Afghanistan, quelles sont celles quela nouvelle Constitution devra reconnaîtrecomme langues officielles de l’État – et combiend’entre elles? Comment la cour fédérale du Ni-geria procèdera-t-elle face à une décision dejustice basée sur la charia sanctionnant l’adul-tère par la mort? Le Parlement français ap-prouvera-t-il la proposition d’interdiction dufoulard et d’autres symboles religieux dans lesécoles publiques? Les Hispano-américains auxÉtats-Unis résisteront-ils à l’assimilation au seinde la culture américaine dominante? Y aura-t-il un accord de paix mettant fin aux combats en Côte d’Ivoire? Le Président boliviendémissionnera-t-il à la suite de la montée desprotestations des populations autochtones? Lespourparlers de paix visant à mettre un terme auconflit tamoul-cinghalais au Sri Lankan’aboutiront-ils jamais? Voici juste quelquesgros titres de ces derniers mois. Gérer la di-versité culturelle est l’un des défis fondamen-taux de notre époque.

Longtemps considérés comme menaçantl’harmonie sociale, de tels choix – portant surla reconnaissance et la conciliation différentesappartenances ethniques, religions, langues etvaleurs – sont une caractéristique incontour-nable du paysage politique du XXIe siècle.Dirigeants et théoriciens politiques de tousbords ont plaidé contre la reconnaissance ex-plicite des identités culturelles, qu’elles soientethniques, religieuses, linguistiques ou raciales.Le résultat, le plus souvent, a été la suppres-sion des identités culturelles, parfois brutale-ment, au titre de politiques étatiques – par lebiais de persécutions religieuses et de net-toyages ethniques, mais également par l’ex-clusion quotidienne et la discriminationéconomique, sociale et politique.

Aujourd’hui, la nouveauté réside en la mon-tée des revendications identitaires. Dans descontextes radicalement différents et de nom-breuses et différentes manières – depuis les po-pulations autochtones en Amérique latinejusqu’aux minorités religieuses en Asie du sud, enpassant par les minorités ethniques des Balkanset d’Afrique et les immigrés en Europe occiden-tale – les individus se mobilisent à nouveau au-tour d’anciennes doléances, à partir de critèresethniques, religieux, raciaux et culturels, en exi-geant que leurs identités soient reconnues, ap-préciées et accueillies par la société dans sonensemble. Victimes de discrimination et de mar-ginalisation au regard des opportunités sociales,économiques et politiques, ils exigent aussi unejustice sociale. Autre fait nouveau, la montée desmouvements coercitifs qui menacent la liberté cul-turelle. Et dans cette ère de mondialisation, unenouvelle catégorie de revendications et d’exi-gences politiques est née d’individus, de com-munautés et de pays qui sentent que leurs cultureslocales sont en passe d’être balayées. Ils veulentconserver leur diversité dans un monde globalisé.

Pourquoi ces mouvements aujourd’hui? Ilsne sont pas isolés. Ils font partie d’un processushistorique de changement social, de luttes pourla liberté culturelle, et de nouvelles frontièresdans l’avancée des libertés humaines et de la dé-mocratie. Ils sont impulsés et façonnés par l’ex-pansion de la démocratie, qui leur donnedavantage d’espace politique pour protester, etpar l’avancée de la mondialisation, qui crée denouveaux réseaux d’alliances et pose de nou-veaux défis.

La liberté culturelle est un élément essen-tiel du développement humain, parce que pou-voir choisir son identité – qui l’on est – sansperdre le respect d’autrui ou être exclu d’autreschoix est important pour mener une vie épa-nouie. Les individus veulent être libres de pra-tiquer leur religion ouvertement, de parler leur

La liberté culturelle dans un monde diversifié

VUE D’ENSEMBLE

La liberté culturelle est

un élément essentiel du

développement humain

parce que pouvoir

choisir son identité est

important pour mener

une vie épanouie

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RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004 11

langue, de vivre leurs traditions ethniques ou re-ligieuses, sans crainte du ridicule, du châtimentou de voir leurs chances s’amoindrir. Les indi-vidus veulent être libres de prendre part à la so-ciété sans avoir à se défaire des ancrages culturelsqu’ils ont choisis. C’est une idée simple, maisprofondément dérangeante.

Les États sont confrontés au défi urgent derépondre à ces demandes. Bien gérée, une plusgrande reconnaissance des identités enrichira ladiversité culturelle dans nos sociétés, et de cefait la vie des individus. Mais ce n’est pas sansrisque majeur.

Mal gérées, ou pas gérées du tout, ces luttesau sujet de l’identité culturelle peuvent rapi-dement devenir l’une des plus grandes sourcesd’instabilité à l’intérieur des États et entre eux– et par là même déclencher un conflit qui fasserégresser le développement. Les revendicationsidentitaires qui polarisent les individus et lesgroupes créent des lignes de fracture entre le«nous» et le «eux». La méfiance et la haine gran-dissantes menacent la paix, le développementet les libertés humaines. L’année dernière seu-lement, la violence ethnique a détruit des cen-taines de foyers et de mosquées au Kosovo eten Serbie. Les attentats terroristes à la bombe

dans un train en Espagne ont tué près de 200personnes. La violence sectaire a causé la mortde milliers de musulmans et a chassé des mil-liers d’autres de chez eux dans le Gujarat etailleurs en Inde, qui prend pourtant fait et causepour la conciliation culturelle. Une série decrimes haineux dirigés contre les immigrés aébranlé la foi des Norvégiens dans leur enga-gement infaillible envers la tolérance.

Les luttes identitaires peuvent égalementconduire à des politiques régressives et xéno-phobes qui retardent le développement hu-main. Elles peuvent encourager un repliconservateur et un rejet du changement, em-pêchant ainsi un souffle d’idées et d’individusqui apportent avec eux des valeurs cosmopolites,des connaissances et des qualifications qui fontavancer le développement.

Gérer la diversité et respecter les identitésculturelles ne sont pas des défis concernantseulement quelques «États multiethniques».Presque aucun pays n’est entièrement homo-gène. Les quasis 200 pays du monde contien-nent près de 5 000 groupes ethniques. Les deuxtiers ont au moins une minorité de taille signi-ficative - un groupe ethnique ou religieux re-présentant au moins 10% de la population.

Les individus sont différents, tout commeleurs cultures.

Les individus vivent de manières différentes,et leurs civilisations diffèrent également.

Les individus parlent une grande variété delangues.

Les individus sont guidés par différentesreligions.

Les individus naissent avec une couleur depeau différente, et de nombreuses traditionsinfluencent leur vie en différentes teintes etombres.

Les individus s’habillent différemment ets’adaptent à leur environnement de manièredifférente.

Les individus s’expriment différemment. La mu-sique, la littérature et l’art reflètent également dif-férents styles.

Et, malgré ces différences, tous les individusont un attribut commun unique: ce sont tousdes êtres humains – ni plus, ni moins.

Et aussi différentes qu’elles soient, toutes lescultures adhèrent à certains principescommuns:

Aucune culture ne tolère l’exploitation desêtres humains.

Aucune religion ne permet le massacre desinnocents.

Aucune civilisation n’accepte la violenceou la terreur.

La torture est odieuse pour la consciencehumaine.

La brutalité et la cruauté sont révoltantesdans toutes les traditions.

En somme, ces principes communs, quisont partagés par toutes les civilisations, reflètentnos droits de la personne humaine. Ces droitssont estimés et chéris par tous, partout.

Ainsi, la relativité culturelle ne doit jamaisêtre utilisée comme un prétexte à la violation desdroits de l’homme, puisque ces droits incarnentles valeurs les plus fondamentales des civilisationshumaines. La Déclaration universelle des droitsde l’homme doit être universelle, applicable àl’Orient et à l’Occident. Elle est compatible avecchaque confession et chaque religion. Manquerau respect de nos droits de l’homme ne faitqu’affaiblir notre humanité.

Ne détruisons pas cette vérité fondamentale,sinon, les faibles ne sauront vers quoi se tourner.

Shirin Ebadi Prix Nobel de la Paix 2003

Les droits de l’homme incarnent les valeurs fondamentales des civilisations humaines

CONTRIBUTION SPÉCIALE

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12 RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004

Simultanément, le rythme des migrations in-ternationales s’est accéléré, entraînant des effetssurprenants sur certains pays et certaines villes.Près de la moitié de la population de Torontoest née en dehors des frontières canadiennes. Etles individus nés à l’étranger sont beaucoupplus nombreux que les immigrés du siècle der-nier à conserver des liens étroits avec leur paysd’origine. D’une manière ou d’une autre, chaquepays est aujourd’hui une société multicultu-relle, comprenant des groupes ethniques, reli-gieux ou linguistiques qui ont des lienscommuns avec leurs patrimoines, cultures, va-leurs et modes de vie respectifs.

La diversité culturelle est là pour rester – etpour s’épanouir. Les États doivent trouver lesmanières de forger l’unité nationale au milieude cette diversité. Le monde, toujours plus in-terdépendant en termes économiques, ne peutfonctionner que si les individus respectent la di-versité et bâtissent l’unité grâce à des liens com-muns d’humanité. Dans cet âge de lamondialisation, plus aucun État ni la commu-nauté internationale ne peuvent ignorer les de-mandes de reconnaissance culturelle. Et lesconfrontations relatives à la culture et l’identitésont susceptibles de s’accroître – la facilité àcommuniquer et à voyager a rapproché lemonde et changé le paysage de la diversité cul-turelle, et l’expansion de la démocratie, desdroits de l’homme et des nouveaux réseauxmondiaux a donné davantage de moyens aux in-dividus pour se mobiliser autour d’une cause,insister pour avoir une réponse, et l’obtenir.

Cinq mythes brisés. Les politiques recon-naissant les identités culturelles et favorisantle développement de la diversité ne sont passource de fragmentation, de conflit ou d’au-toritarisme, et n’affaiblissent pas le dévelop-pement. De telles politiques sont à la foisviables et nécessaires, car c’est souvent lasuppression des groupes caractérisés par leurculture qui conduit à des tensions.

Ce Rapport plaide en faveur du respect de la di-versité et de l’établissement de sociétés plus in-tégratrices grâce à des politiques qui prennentexplicitement en compte les différences

culturelles – en d’autres termes des politiquesmulticulturelles. Pourquoi de nombreuses iden-tités culturelles ont-elles été pendant si long-temps supprimées ou ignorées? L’une des raisonsest que pour beaucoup de gens estiment sou-haitable dans l’absolu de permettre à la diver-sité de s’épanouir, mais qu’en pratique cela peutaffaiblir l’État, déboucher sur des conflits et re-tarder le développement. Dans cette perspective,la meilleure approche de la diversité est l’assi-milation autour d’une norme nationale unique,ce qui peut mener à la suppression des identi-tés culturelles. Cependant le Rapport soutientque ce ne sont pas des prémisses – ce sont desmythes. Il estime en effet, que le recours aux po-litiques multiculturelles n’est pas seulement sou-haitable, mais également viable et nécessaire.Sans cela, les problèmes potentiels que l’on at-tribue à la diversité peuvent devenir des pro-phéties auto-réalisatrices.

Mythe 1: Les identités ethniques des in-dividus font concurrence à leur attache-ment à l’État, il faut donc trouver uncompromis entre la reconnaissance de ladiversité et l’unité de l’État.

Ce n’est pas le cas. Les individus peuvent avoir,et ont, des identités multiples qui sont com-plémentaires – appartenance ethnique, langue,religion et race, de même que citoyenneté.L’identité n’est pas non plus un jeu à sommenulle. Il n’y a nul besoin incontournable dechoisir entre l’unité étatique et la reconnais-sance des différences culturelles.

Il est important pour les individus d’avoirun sentiment d’identité et d’appartenance à ungroupe partageant les mêmes valeurs et autresliens culturels. Mais chaque individu peut s’iden-tifier avec de nombreux groupes différents. Lesindividus ont une identité citoyenne (parexemple être français), sexuelle (être unefemme), raciale (être d’origine ouest africaine),linguistique (parler couramment le thaï, le chi-nois et l’anglais), politique (avoir des opinionsde gauche), et religieuse (être bouddhiste).

L’identité comporte également une part dechoix: au sein de ces affiliations, les individuspeuvent choisir quelle priorité donner à une af-filiation plutôt qu’à une autre dans différents

Ce Rapport plaide en

faveur du respect de la

diversité et de

l’établissement de

sociétés plus

intégratrices grâce à des

politiques qui prennent

explicitement en

compte les différences

culturelles – en d’autres

termes des politiques

multiculturelles

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RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004 13

contextes. Les Mexicains-américains pourrontsoutenir l’équipe de foot mexicaine mais servirdans l’armée américaine. De nombreux Blancsd’Afrique du Sud ont choisi de combattre l’apar-theid en tant que Sud-Africains. Les socio-logues nous disent que les individus ont desfrontières identitaires qui séparent le «nous»du «eux», mais celles-ci changent et se brouillentafin d’incorporer de plus grands groupes depersonnes.

La «construction de la nation» a été un ob-jectif dominant du XXe siècle et la plupart desÉtats ont cherché à bâtir des pays culturellementhomogènes, aux identités particulières. Ils ontparfois réussi, mais au prix de répressions et depersécutions. Si l’histoire du XXe siècle nous aenseigné quelque chose, c’est bien que les ten-tatives d’exterminer les groupes culturels toutcomme lede souhait de les voir disparaître nefont que susciter une résistance obstinée. Aucontraire, la reconnaissance des identités cul-turelles a apaisé des tensions interminables.

Ainsi, pour des raisons à la fois pratiques et mo-rales, il est préférable de composer avec lesgroupes culturels que d’essayer de les éliminerou de prétendre qu’ils n’existent pas.

Les pays ne sont pas obligés de choisir entrel’unité nationale et la diversité culturelle. Desenquêtes montrent qu’elles peuvent coexister etle font souvent. Lorsque l’on a interrogé les ci-toyens en Belgique, ils ont répondu dans uneproportion écrasante qu’ils se sentaient à la foisBelges et Flamands ou Wallons, et en Espagne,qu’ils se sentaient Espagnols autant que Cata-lans ou Basques.

Ces pays, et d’autres, ont fait de gros effortspour prendre en compte les diverses cultures.Ils ont également beaucoup oeuvré à forgerl’unité en encourageant le respect des identitéset la confiance dans les institutions de l’État. LesÉtats sont restés debout. Les immigrés ne doi-vent pas nécessairement renoncer aux liens avecleurs familles dans leurs pays d’origine lorsqu’ilsdéveloppent des loyautés envers leurs nouveaux

Il est important pour les

individus d’avoir un

sentiment d’identité et

d’appartenance à un

groupe partageant les

mêmes valeurs et autres

liens culturels. Mais

chaque individu peut

s’identifier avec de

nombreux groupes

différents

La plupart des sociétés du monde aujourd’huicomprennent plus d’une culture, d’une com-munauté ou d’une tradition. Bien trop souvent,en telle situation, un élément peut chercher à do-miner la société dans son ensemble. Cette ap-proche peut générer tension et conflit. Il estdans l’intérêt de tous de coopérer pour bâtirune société qui soit favorable à tous ses membres.

L’Irlande du Nord et l’Union européennesont des exemples particulièrement frappantsde la manière dont l’existence de plus d’une cul-ture peut s’avérer être un élément positif dans laconstruction et le développement d’une société,à travers un processus de résolution des conflits.

Cela fait maintenant presque quarante ansque commençait le mouvement pour les droitscivils en Irlande du Nord, qui a cherché, par desmoyens pacifiques, à obtenir les mêmes droits etles mêmes chances pour tous les individus vivanten Irlande du Nord, quelle que soit leur origineou religion. Pendant toutes ces années, j’ai conti-nué à affirmer que lorsqu’un peuple est divisé,la violence n’a absolument aucun rôle à jouerpour apaiser la division ou résoudre les pro-blèmes – elle ne fait qu’aggraver le clivage. Leproblème ne peut trouver de solution que par lapaix, la stabilité, l’accord, le consensus et le par-

tenariat. Il ne peut y avoir de victoire pour l’unou l’autre camp.

Aussi longtemps que les droits légitimes dechaque communauté en Irlande du Nordn’étaient pas pris en compte dans un nouveaucadre politique acceptable par tous, cette situa-tion continuerait à engendrer conflit et instabi-lité. Une entente était nécessaire.

C’est l’objectif de l’Accord de Belfast de1998. Il représente une conciliation qui protègeet promeut les identités et les droits de toutes lestraditions politiques, groupes et individus. Iln’est demandé à personne d’abandonner lesconvictions ou les croyances qui lui sont chères.Chacun doit respecter les opinions et les droitsd’autrui comme égaux aux leurs.

Je crois aussi que l’Union européenne est lemeilleur exemple de prévention et de résolutiondes conflits de l’histoire internationale. Il est im-portant que nous maintenions et capitalisionssur cet accomplissement. Les visionnaires euro-péens ont montré que la différence – qu’elle soitde race, de religion ou de nationalité – ne consti-tue pas une menace, mais est naturelle, positiveet source de force. Elle ne devrait jamais être àl’origine de haine ou de conflit. Un principe fon-damental de la paix est le respect de la diversité.

Je suis entré au Parlement européen en 1979à l’occasion de sa première élection directe par lesélecteurs de ses neuf États membres d’alors. Jequitterai bientôt la vie publique des élus, ravi desavoir que durant ces vingt-cinq années, l’Unioneuropéenne a progressé au point qu’elle se serad’ici là élargie pour inclure vingt-cinq Étatsmembres. Cela mettra fin à la division artificiellede notre continent, créée après la Seconde Guerremondiale, et réunira notre famille européenne.

Le Parlement européen se situe à Strasbourg,sur le Rhin, à la frontière entre la France et l’Al-lemagne. Lors de ma première visite à Stras-bourg, je traversais le pont allant de Strasbourg,en France, à Kehl, en Allemagne, et songeais auxdizaines de millions de personnes qui avaient ététuées dans les nombreuses guerres menées pourle contrôle du territoire. L’Union européenne aremplacé ces conflits par la coopération entreses peuples. Elle a transformé son vaste éventailde traditions d’une source de conflit en unesource de force unificatrice.

John Hume, MP MEPPrix Nobel de la Paix 1998

La différence n’est pas une menace, mais une source de force

CONTRIBUTION SPÉCIALE

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14 RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004

pays. Les craintes selon lesquelles la non «assi-milation» des immigrés fragmenterait le payssont infondées. L’assimilation sans liberté dechoix n’est plus un modèle d’intégration viable– ou nécessaire.

Il n’y a pas à chercher de compromis entrediversité et unité étatique. Les politiques mul-ticulturelles sont une façon de bâtir des Étatsdivers et unis.

Mythe 2: Les groupes ethniques sont en-clins à entrer violemment en conflit entreeux sur des valeurs incompatibles, il fautdonc trouver un compromis entre respectde la diversité et maintien de la paix.

Non. Il y a très peu de preuves empiriquesmontrant que les différences culturelles et lesconflits de valeurs constituent en soi une causede conflit violent.

Il est vrai, notamment que depuis la fin dela Guerre Froide, il y a eu moins de conflits vio-lents entre États qu’en leur sein, entre groupesethniques. Mais pour ce qui est de leurs causes,un large consensus existe dans les récentes re-cherches des spécialistes, sur le fait que les dif-férences culturelles ne sont pas en soi un facteursignificatif. Certains soutiennent même que la di-versité culturelle réduit le risque de conflit en ren-dant la mobilisation d’un groupe plus difficile.

Des études proposent plusieurs explica-tions à ces guerres: inégalités économiques entreles groupes, de même que luttes pour le pou-voir politique, les terres et d’autres atouts éco-nomiques. À Fidji, les populations autochtonesfidjiennes ont initié un coup d’État contre legouvernement dominé par les Indiens parcequ’elles craignaient que leurs terres soient confis-quées. Au Sri Lanka, la majorité cinghalaise agagné le pouvoir politique mais la minorité ta-moule a eu accès à davantage de ressourceséconomiques, déclenchant ainsi des décenniesd’affrontements civils. Au Burundi et auRwanda, à divers moments, les Tutsis et Hutusont été chacun exclus des opportunités écono-miques et de la participation politique.

L’identité culturelle joue bien un rôle dansces conflits – non pas comme une cause, maiscomme une force de mobilisation politique.Les dirigeants invoquent une identité unique,

ses symboles et son histoire de doléances pour«rallier les troupes». Et un manque de recon-naissance culturelle peut déclencher une mo-bilisation violente. Les inégalités sous-jacentesen Afrique du Sud ont été à l’origine desémeutes de Soweto en 1976, mais celles-ci ontété déclenchées par les tentatives d’imposerl’afrikaans dans les écoles noires.

Alors que la coexistence de groupes cultu-rellement distincts n’est pas, en soi, une causede conflits violents, il est dangereux de laisserles inégalités économiques et politiques s’ag-graver entre ces groupes ou de supprimer les dif-férences culturelles, parce que les groupesculturels sont aisément mobilisés pour protes-ter contre ces disparités considérées commeune injustice.

Il n’y a pas de moyen terme entre la paix etle respect de la diversité, mais les revendicationsidentitaires doivent être gérées pour éviter deverser dans la violence.

Mythe 3. La liberté culturelle nécessitede protéger les pratiques traditionnelles,il pourrait donc falloir trouver un com-promis entre la reconnaissance de la di-versité culturelle et les autres priorités dudéveloppement humain, comme les avan-cées du développement, de la démocratieet des droits de l’homme.

Non. La liberté culturelle vise à élargir les choixindividuels, et non à préserver des valeurs et despratiques en tant que fin en soi en faisant allé-geance aveugle à la tradition.

La culture n’est pas un ensemble figé de va-leurs et de pratiques. Elle est constamment re-créée, au fur et à mesure que les individusremettent en question, adaptent et redéfinissentleurs valeurs et leurs pratiques en fonction desréalités changeantes et des échanges d’idées.

Certains soutiennent que le multicultura-lisme est une politique de conservation des cul-tures, voire de pratiques qui violent les droitsde l’homme, et que les mouvements en faveurde la reconnaissance culturelle ne sont pas régisde façon démocratique. Mais ni la liberté cul-turelle ni le respect de la diversité ne devraientêtre confondus avec la défense de la tradition.La liberté culturelle est la faculté donnée aux

La liberté culturelle est la

faculté donnée aux

individus de vivre et

d’être ce qu’ils choisissent

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RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004 15

individus de vivre et d’être ce qu’ils choisis-sent, en ayant réellement la possibilité de consi-dérer d’autres options.

«Culture», «tradition» et «authenticité» nesont pas synonymes de «liberté culturelle». Ellesne peuvent servir d’alibi à des pratiques quiprivent les individus de l’égalité des chances etviolent les droits de l’homme – comme priverles femmes des mêmes droits à l’instruction.

Il est possible que les groupes d’intérêts di-rigés par des leaders autoproclamés ne repré-sentent pas toujours les opinions de l’ensemblede leurs membres. Il n’est pas rare que desgroupes soient dominés par des individus quiont intérêt à maintenir le statu quo au nom dela «tradition» et qui peuvent agir comme gar-diens du traditionalisme pour geler leurs cul-tures. Ceux qui demandent la conciliationculturelle devraient également respecter lesprincipes démocratiques et les objectifs relatifsà la liberté humaine et aux droits de l’homme.Les populations sami en Finlande sont un bonmodèle: elles bénéficient de l’autonomie via unParlement qui est doté de structures démocra-tiques et suit les procédures démocratiques,mais qui fait partie de l’État finlandais.

Il n’est pas nécessaire de faire un quel-conque compromis entre le respect de la diffé-rence culturelle et les droits de l’homme et ledéveloppement. Mais le processus de dévelop-pement implique la participation active des in-dividus à la lutte pour les droits de l’homme etla mutation des valeurs.

Mythe 4. Les pays ethniquement diverssont moins aptes à se développer, il y adonc un compromis à établir entre le res-pect de la diversité et la promotion du dé-veloppement.

Non. Il n’existe aucune preuve d’une relationclaire, positive ou négative, entre la diversité cul-turelle et le développement.

Certains soutiennent cependant que la di-versité a été un obstacle au développement.Mais bien qu’il soit indéniable que de nom-breuses sociétés pluralistes sont caractérisées parde faibles niveaux de revenus et de développe-ment humain, il n’est pas prouvé que ce soit liéà la diversité culturelle. Une étude soutient que

la diversité explique en partie la faible perfor-mance économique en Afrique. Mais c’est parceque les décisions politiques sont prises en fonc-tion des intérêts ethniques plutôt que natio-naux, et non à cause de la diversité elle-même.Tout comme il existe des pays multiethniquesqui ont stagné, il en existe d’autres qui ontspectaculairement réussi. La Malaisie, avec 62%de Malais et autres groupes autochtones, 30%de Chinois et 8% d’Indiens, a enregistré ladixième croissance économique la plus rapideentre 1970 et 1990, années pendant lesquelleselle a aussi mis en œuvre des politiques de dis-crimination positive. L’île Maurice est classéeau 64e rang de l’Indicateur du développementhumain, le plus haut de l’Afrique subsaharienne.Sa population est diverse, composée d’Afri-cains, d’Indiens, de Chinois et d’Européensd’origine – avec 50% d’hindous, 30% de chré-tiens et 17% de musulmans.

Mythe 5. Certaines cultures sont plus sus-ceptibles que d’autres de se développer, etles valeurs démocratiques sont inhérentesà certaines cultures alors que ce n’est pasle cas pour d’autres. Il faut donc trouverun compromis entre la prise en comptede certaines cultures et la promotion du dé-veloppement et de la démocratie.

Là encore, non. L’analyse statistique ou lesétudes historiques n’ont pas prouvé l’existenced’une relation de cause à effet entre la cultureet le progrès économique ou la démocratie.

Le déterminisme culturel – l’idée que laculture d’un groupe explique la performanceéconomique et l’avancée de la démocratie –entendu comme un obstacle ou bien un trem-plin, est très attrayant intuitivement. Mais cesthéories ne sont pas confirmées par l’analyse éco-nométrique ou l’histoire.

De nombreuses théories du déterminismeculturel ont été avancées, en commençant parl’explication de Max Weber sur l’éthique pro-testante comme facteur clé de la croissance réus-sie des économies capitalistes. Convaincantesdès lors qu’il s’agit d’expliquer le passé, cesthéories se sont révélées fausses à plusieurs re-prises pour prédire le futur. Alors que l’on van-tait la théorie de Weber sur l’éthique protestante,

Les théories du

déterminisme culturel

méritent une évaluation

critique puisqu’elles on

des implications

politiques dangereuses et

pourraient alimenter des

tensions à la fois au sein

des nations et entre

celles-ci

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16 RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004

des pays catholiques (France et Italie) se déve-loppaient plus vite que la Grande-Bretagne etl’Allemagne toutes deux protestantes. La théo-rie a donc été élargie pour signifier chrétienneou occidentale. Alors que le Japon, la Répu-blique de Corée, la Thaïlande et d’autres paysd’Asie de l’Est enregistraient des taux de crois-sance records, la notion selon laquelle les valeursconfucéennes retardaient la croissance a dû êtreabandonnée.

Comprendre les traditions culturelles peutdonner une idée du comportement humain etdes dynamiques sociales qui influencent lesrésultats en matière de développement. Maisces perspectives ne proposent pas une grandethéorie de la culture et du développement.Pour expliquer les taux de croissance écono-mique, par exemple, la politique économique,la géographie et le fardeau de la maladie se ré-vèlent être des facteurs très pertinents. Mais laculture, comme de savoir par exemple si une

société est hindoue ou musulmane, s’avèreêtre insignifiante.

La même chose est vraie au regard de la dé-mocratie. Une nouvelle vague de déterminismeculturel commence à avoir de l’emprise sur cer-tains débats politiques, attribuant les échecs dela démocratisation dans le monde non occi-dental aux traits culturels inhérents d’intolé-rance et de «valeurs autoritaires». À l’échelonmondial, certains théoriciens ont soutenu que leXXIe siècle connaîtra un «choc des civilisations»et que le futur des États occidentaux démocra-tiques et tolérants est menacé par des États nonoccidentaux aux valeurs plus autoritaires. Il y ades raisons d’être sceptique. En premier lieu, lathéorie exagère les différences entre les groupesde «civilisation» et ignore les similarités entre eux.

En outre, l’Occident n’a pas le monopole dela démocratie ou de la tolérance, et il n’existepas de ligne unique de division historique entreun Occident tolérant et démocratique et un

TABLEAU

Integrer des politiques multiculturalistes aux strategies de développement humain

Trois piliers de la stratégie dedéveloppement humain

Nécessaire pour laliberté culturelle

Mais non suffisant pour laliberté culturelle

Politiques multiculturellessupplémentaires

Contradictions potentiellesentre les objectifs dumulticulturalisme et les trois piliers

Démocratie La démocratie est la seuleforme de gouvernementcompatible avec l’ensembledes libertés humaines et desdroits de l’homme, dont leslibertés et droits culturels.

La démocratie agit peu pourcomposer avec les intérêts desminorités. Les démocratiesbien établies ont négligé lesrevendications dereconnaissance culturelle desgroupes ethniques,linguistiques et religieux, dontles groupes autochtones et lesimmigrés.

La démocratie permetégalement la montée degroupes extrémistes violents.

Prendre en compte lesidentités des minorités etadopter des politiques demulticulturalisme.

Songer au fédéralismeasymétrique et au partage dupouvoir exécutif.

Reconnaître les identitésmultiples et la citoyennetémultiple.

Revendications dereconnaissance culturellesouvent émises par desgroupes non démocratiques.

Les demandes peuvent êtreantithétiques à laconstruction de la démocratie,et peuvent geler des pratiquestraditionnelles oppressives aunom de «l’authenticité», etpourront ne pas êtresoutenues par un grandnombre des membres dugroupe en question.

Croissance favorableaux pauvres

La croissance favorable auxpauvres est nécessaire pourremédier à l’exclusionsocioéconomique (exclusion dela participation) des groupesculturels.

La croissance favorable auxpauvres n’est pas suffisantepour surmonter ladiscrimination et corriger lesinjustices passées.

Élaborer des programmesspéciaux d’appui à l’emploi, àla formation et au crédit.

Instaurer des programmes dediscrimination positive.

La discrimination positive estcontraire au principe d’égalité.

Les programmes spéciauxsont-ils une alternative à ladiscrimination positive?

Élargissement équitable deschances sociales

L’élargissement équitable deschances sociales est nécessairepour remédier à l’exclusionsocio-économique des groupesculturels.

L’élargissement équitable deschances sociales n’est passuffisant pour surmonter ladiscrimination et corriger lesinjustices passées.

Aussi, ne répond pas à lademande de disposer depossibilités différentes, commedes types différentsd’instruction.

Élaborer des programmesspéciaux d’appui aux groupesexclus.

Instaurer des programmes dediscrimination positive.

Proposer des prestationsséparées financéespubliquement, comme desécoles.

La discrimination positive estcontraire au principe d’égalité.Les programmes spéciauxsont-ils une alternative à ladiscrimination positive?

Peut impliquer une«intégration injuste» et uneexclusion de nombreux choixet possibilités donnés à tousles autres citoyens.

Source: Bureau du Rapport sur le développement humain.

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RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004 17

Orient despote. Platon et Saint Augustinn’étaient pas moins autoritaires dans leur pen-sée que Confucius et Kautilya. Les défenseursde la démocratie n’ont pas seulement existé enEurope, mais ailleurs également. Prenons TakeAkbar, qui a prêché la tolérance religieuse enInde au XVIe siècle, ou le Prince Shotoku, quidans le Japon du XVIIe siècle a introduit uneConstitution (kempo) qui insistait sur le faitque «les décisions portant sur des questionsimportantes ne devraient pas être prises parune seule personne. Elles devraient être dé-battues à plusieurs». La notion de processusde prise de décisions participatif sur des ques-tions publiques importantes ont été au cœur denombreuses traditions en Afrique et ailleurs. Deplus, les récentes conclusions de l’enquête mon-diale sur les valeurs montrent que les popula-tions des pays musulmans soutiennent autant lesvaleurs démocratiques que les populations despays non musulmans.

Un problème de fond avec ces théories estl’hypothèse sous-jacente selon laquelle la cultureest en grande partie établie et immuable, cequi permet de diviser soigneusement le mondeen «civilisations» ou en «cultures». C’est igno-rer le fait que bien qu’il puisse exister unegrande continuité dans les valeurs et les tradi-tions au sein des sociétés, les cultures changentaussi et sont rarement homogènes. Presquetoutes les sociétés ont vu leurs valeurs changer– ce qu’illustre l’évolution des valeurs concer-nant le rôle de la femme ou l’égalité des sexesau cours du siècle dernier. Par ailleurs un peupartout les pratiques sociales se sont radicale-ment modifiées, chez les catholiques du Chilicomme chez les musulmans du Bangladesh, enpassant par les bouddhistes de Thaïlande. Cestransformations et tensions au sein des sociétésprovoquent des changements politiques et his-toriques, de telle sorte que la manière dont lesrelations de pouvoir affectent ces dynamiquesdomine maintenant la recherche anthropolo-gique. Paradoxalement, c’est au moment oùles anthropologues ont rejeté le concept de cul-ture comme phénomène social délimité et fixe,que se développe un intérêt politique généra-lisé pour trouver les valeurs et les caractéristiquesfondamentales «d’un peuple et de sa culture» sedéveloppe.

Les théories du déterminisme culturel mé-ritent d’être examinées de façon critique en rai-son de leurs implications politiques dangereuses.Elles peuvent alimenter l’attrait pour les poli-tiques nationalistes qui dénigrent ou opprimentles cultures «inférieures», faisant soi-disant obs-tacle à l’unité nationale, à la démocratie et audéveloppement. De telles attaques contre les va-leurs culturelles attiseraient alors des réactionsviolentes qui pourraient nourrir les tensions àla fois au sein des nations et entre elles.

Le développement humain ne se réduit pasà la santé, l’éducation, un niveau de vie dé-cent et la liberté politique. Les identités cul-turelles des individus doivent être reconnueset l’État doit leur accorder une place. Les in-dividus doivent être libres d’exprimer cesidentités sans être victimes de discrimina-tion dans d’autres domaines de leur exis-tence. En somme : la liberté culturelle est àla fois un droit humain et une part intégranteimportante du développement humain – etmérite donc que l’Etat s’en préoccupe etagisse en conséquence.

Le développement humain est le processus quiconsiste à élargir la gamme des choix qui s’of-frent aux individus afin de leur permettre defaire et d’être ce qui leur est cher. Les précédentsRapports mondiaux sur le développementhumain ont mis l’accent sur l’expansion des op-portunités sociales, politiques et économiquesen vue d’élargir ces choix. Ils ont examiné lesmanières dont les politiques de croissance équi-table, l’élargissement des perspectives socialeset l’approfondissement de la démocratie peu-vent accroître ces choix pour tous.

Une autre dimension du développementhumain, difficile à mesurer et même à définir,est d’une importance vitale: la liberté culturelleest essentielle à la capacité des individus devivre comme ils le désireraient. La liberté cul-turelle constitue un des piliers du développe-ment humain. Par conséquent, il faut chercherà la promouvoir de façon spécifique sans secontenter d’avancées dans les domaines social,politique et économique qui ne suffisent pas àgarantir la liberté culturelle.

La liberté culturelle

permet aux individus de

mener les vies qu'ils

tiennent à avoir, sans être

exclus d’autres choix qui

sont importants à leurs

yeux comme les

opportunités relatives à

l’éducation, à la santé ou

à l’emploi

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18 RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004

La liberté culturelle signifie donner aux in-dividus la liberté de choisir leurs identités – etde mener les vies qu’ils tiennent à avoir – sansêtre exclus d’autres choix qui sont importantsà leurs yeux (comme ceux relatifs à l’éduca-tion, à la santé ou à l’emploi). Dans la pratique,il existe deux formes d’exclusion culturelle. Lapremière est l’exclusion fondée sur le mode devie, qui ne reconnaît pas le droit au libre choixd’un style de vie qu’un groupe choisirait d’avoir,et qui insiste sur le fait que les individus doiventvivre exactement comme tous les autres dans lasociété. L’oppression religieuse, ou l’insistancepour que les immigrés abandonnent leurs pra-tiques culturelles et leur langue en sont desexemples. La seconde est l’exclusion de la par-ticipation, lorsque les individus sont victimes dediscrimination ou de désavantage au niveaudes possibilités sociales, politiques et écono-miques en raison de leur identité culturelle.

Les deux types d’exclusion existent à grandeéchelle, sur tous les continents, quel que soit leniveau de développement, dans les démocratiescomme dans les États autoritaires. Les donnéesrecueillies par Minorités à risque, un projet derecherche incluant des thèmes relatifs à l’ex-clusion culturelle qui a examiné la situation desgroupes minoritaires de par le monde, font res-sortir que près d’un milliard de personnes ap-partiennent à des groupes victimes d’une formeou l’autre d’exclusion, soit fondée sur le modede vie, soit en termes de participation, à la-quelle ne sont pas confrontés les autres groupesdu même État – ce qui représente environ unepersonne sur sept dans le monde.

Bien sûr, les limitations imposées à la libertéculturelle se déclinent sur toute une vaste gamme.À l’un des extrêmes se trouve le nettoyage eth-nique. Puis il y a des restrictions formelles à lapratique de la religion, de la langue et de la ci-toyenneté. Mais plus fréquemment, l’exclusionculturelle tient à un simple manque de recon-naissance ou de respect vis-à-vis de la culture etdu patrimoine des individus – ou du fait que cer-taines cultures soient considérées comme infé-rieures, primitives ou non civilisées. Cetteexclusion peut se refléter dans les politiquespubliques, aussi bien que lorsque le calendriernational ne respecte pas les jours fériés religieuxd’une minorité, lorsque des manuels d’école

omettent ou déprécient les réalisations des di-rigeants des minorités, ou encore lorsque l’on nesoutient que la littérature ou aux autres arts quicélèbrent les réussites de la culture dominante.

L’exclusion fondée sur le mode de vie se su-perpose souvent à l’exclusion sociale, écono-mique et politique sous la forme dediscriminations et en désavantageant les per-sonnes concernées en matière d’emploi, de lo-gement, d’instruction et de représentationpolitique. Les taux de mortalité des enfants demoins de cinq ans dans les castes profession-nelles au Népal dépasse les 17% alors qu’il n’estque d’environ 7% pour les Newar et les Brah-manes. En Serbie et au Monténégro, 30% desenfants roms ne sont jamais allés à l’école pri-maire. Les Latino-américains de descendanceeuropéenne sont souvent fiers de dire qu’ils nefont pas de discrimination raciale, et assurentque leurs États font de même. Mais partout surle continent, les groupes autochtones sont pluspauvres et moins représentés au niveau politiqueque les non-autochtones. Au Mexique parexemple, 81% des populations autochtones au-raient des revenus inférieurs au seuil de pau-vreté, contre 18% pour la population générale.

Néanmoins, l’exclusion fondée le mode de vieet l’exclusion de la participation ne se recoupentpas toujours. Par exemple, les individus d’as-cendance chinoise dans le Sud-Est asiatique sontéconomiquement dominants, et ont pourtant étéculturellement exclus, notamment du fait desrestrictions imposées aux écoles en langue chi-noise, de l’interdiction de publier en chinois etdes pressions sociales exercées sur les individusde descendance chinoise pour qu’ils adoptent desnoms locaux. Mais plus souvent, l’exclusion fon-dée sur le mode de vie renforce l’exclusion dansles autres domaines. C’est notamment le cas pourla langue. De nombreux groupes, dont les grandesminorités telles que les Kurdes en Turquie et lespopulations autochtones au Guatemala, sont ex-clus de la participation politique et des oppor-tunités économiques parce que l’État ne reconnaîtpas leur langue dans les écoles, devant les tribu-naux et dans d’autres domaines de la vie pu-blique. C’est la raison pour laquelle les groupesluttent si durement pour que leurs langues soientreconnues et utilisées dans l’enseignement etdans les actes juridiques et politiques.

Plusieurs nouveaux

modèles naissants de

démocratie

multiculturelle prévoient

des mécanismes efficaces

de partage du pouvoir

politique entre groupes

culturellement divers

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RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004 19

Rien de tout cela n’est utopique. Il n’est pastoujours facile de se doter de politiques mul-ticulturelles et cela peut impliquer de faire descompromis. Mais de nombreux pays élabo-rent avec succès des politiques multicultu-relles pour remédier à l’exclusion culturelleet promouvoir la liberté dans ce domaine.

La liberté culturelle ne se réalisera pas plusspontanément que lorsqu’il s’agit de la santé,l’éducation et l’égalité des sexes. Les gouver-nements ne devraient jamais cesser d’encou-rager cette liberté, même en l’absence depolitiques explicites de persécution ou dediscrimination.

Certains prétendent qu’ils suffit de garan-tir les droits civils et politiques des individus,tels que la liberté de culte, de parole et d’asso-ciation, pour leur donner la possibilité de

pratiquer leur religion, de parler leur langue sansêtre victimes de discrimination dans les do-maines de l’emploi et de la scolarisation, ouvictimes de nombreux autres types d’exclu-sion. Ils affirment que l’exclusion culturelle estun sous produit des exclusions économiques etpolitiques et qu’une fois que ces dernières se-ront résolues, l’exclusion culturelle disparaîtrad’elle-même.

Cela ne s’est pas encore vu. De nombreuxpays riches et démocratiques, par exemple,prétendent traiter tous les citoyens de manièreégale, mais ils abritent néanmoins des minori-tés qui ne sont pas correctement représentéesen politique et pour qui le harcèlement et lesdifficultés d’accès aux services publics sont lelot quotidien.

On ne pourra élargir les libertés cultu-relles qu’au moyen de politiques explicitesvisant à remédier aux restrictions en matière

Le 4 janvier 2004, la nouvelle Constitution del’Afghanistan a été adoptée par une Loya Jirga(ou grande assemblée) de 502 représentants detoutes les régions de l’Afghanistan. Alors quel’adoption elle-même marque une étape signifi-cative franchie ces deux dernières années, cer-tains aspects de la nouvelle Constitution sontparticulièrement dignes d’attention. Par exemple,en reconnaissant la diversité linguistique en Af-ghanistan, la Constitution a fait un pas sans pré-cédent dans l’histoire, non seulement del’Afghanistan, mais de la région dans son en-semble.

L’Afghanistan a deux langues officiellesprincipales, le pashto et le dari, que nous sommesfiers de parler depuis des siècles. La Constitu-tion prévoit l’application égale de ces deuxlangues comme moyen officiel de communica-tion au sein de toutes les organisations de l’Etat.De nombreuses institutions étatiques devrontoeuvrer pour que cela soit mis en place, mais cer-taines, dont mon propre bureau, le font déjà.C’est gratifiant pour moi, en tant qu’Afghan, eten tant que Président, de pouvoir passer du dariau pashto lors d’interventions publiques, lorsqueles circonstances l’exigent.

En plus des deux langues officielles princi-pales, les délégués à la Loya Jirga ont convenud’accorder le statut officiel à toutes les languesminoritaires dans les régions où ces langues sont

parlées. C’est une étape importante qui n’a la pré-séance, je pense, que dans les sociétés qui sontfortes et robustes. C’est une indication très forteque, même si nous sommes une société qui sorttout juste de la guerre et des troubles, nousavons le courage et l’ouverture d’esprit d’être in-tégrateurs et de reconnaître la diversité. Nousnous enorgueillissons qu’aujourd’hui nos com-patriotes afghans baluch, nuristani, parimi, pa-shai, turkmen et ouzbék jouissent du droitd’utiliser leurs propres langues et de les voir re-connues comme officielles. Je suis sûr que cetteétape fera de l’Afghanistan une nation plus forte,plus fière qu’auparavant et une nation exem-plaire dans la région.

Après avoir fait le premier pas, l’Afghanis-tan doit maintenant œuvrer pour faire du textede la Constitution une réalité. Bien que noussoyons persuadés de la faisabilité d’officialiser leslangues régionales dans leurs régions respec-tives, mettre en place l’infrastructure à cet effetn’est assurément pas une mince affaire. Ensei-gner aux individus à lire et à écrire leur languematernelle demande d’incorporer la langue dansle programme scolaire. Cela nécessitera égale-ment des changements dans notre système édu-catif classique. Nous devrons former plusd’enseignants et imprimer plus de manuels.

Mais surtout, nous devons procéder avecprudence afin d’assurer que l’officialisation des

langues régionales contribue à l’intégration na-tionale, plutôt qu’au renforcement de l’isole-ment des communautés. Au XXIe siècle, lesindividus partout dans le monde cherchent deplus en plus de traits communs, y compris unelangue commune. Apprendre une langue localene devrait pas devenir un contre-courant. Etcela ne devrait pas diminuer la qualité de l’édu-cation pour nos enfants.

Les représentants de la Loya Jirga se sont as-surés que notre nouvelle Constitution repré-sente non seulement les aspirations profondes dela nation, mais également les diverses préfé-rences du peuple de l’Afghanistan. Faire de leurvision une réalité peut être effectivement undéfi, mais nous avons confiance en notre capa-cité à le relever.

Reconnaître notre diversité, tout en affir-mant notre existence en tant que nation, solidi-fiera davantage les fondations d’un Afghanistandémocratique.

Hamid KarzaiPrésident

État islamique transitoire d’Afghanistan

La reconnaissance de la diversité linguistique dans la Constitution de l’Afghanistan

CONTRIBUTION SPÉCIALE

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20 RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004

de liberté culturelle – donc des politiquesmulticulturelles. Pour ce faire, la Constitu-tion des États, leurs lois et leurs institutionsdoivent reconnaître les différences culturelles.Les Etats doivent également élaborer des po-litiques garantissant que les intérêts desgroupes particuliers – qu’il s’agisse de mino-rités ou de majorités historiquement margi-nalisées – ne soient ni ignorés ni supplantéspar la majorité ou les groupes dominants. Etils doivent le faire de sorte à ne pas contredireles autres objectifs et stratégies de dévelop-pement humain, comme la consolidation de ladémocratie, la construction d’un État com-pétent, et la garantie de l’égalité des chancespour tous les citoyens. Ce n’est pas une tâcheaisée, mais il y a beaucoup d’exemples depays dans le monde qui innovent pour gérerla diversité culturelle. Le présent Rapport sepenche tout particulièrement sur cinq do-maines politiques essentiels: la participationpolitique, la religion, l’accès à la justice, lalangue et l’accès aux opportunités socio-économiques.

Les politiques garantissant la participationpolitique

Beaucoup de groupes marginalisés à traversl’histoire sont aujourd’hui encore exclus detout véritable pouvoir politique, et se sententde ce fait souvent étrangers à l’État. Parfois,l’exclusion est due au manque de démocratieou à la négation des droits politiques. Dans cecas, la démocratisation constituerait une pre-mière étape essentielle. Cependant, cela nesuffit pas, car même lorsque les membres deminorités jouissent des mêmes droits poli-tiques que les autres dans une démocratie, ilspeuvent être considérablement sous-repré-sentés ou mis en minorité, et ainsi considérerle gouvernement central comme étranger etopprimant. Il n’est pas surprenant que denombreuses minorités s’opposent à toute au-torité étrangère ou opprimante et cherchentà obtenir davantage de pouvoir politique.C’est pourquoi il est souvent nécessaire d’avoirune conception «multiculturelle» de ladémocratie.

Le 27 avril 1994, le peuple de l’Afrique du Suda fondé une nation sur la promesse que nous nousdéferions de l’héritage de notre passé divisépour bâtir une vie meilleure pour tous.

Ce n’est pas un engagement que nous avonspris à la légère.

Pendant des générations, des millions depersonnes ont été délibérément réduites à l’étatde pauvreté. Et pour se perpétuer, le système del’apartheid, qui affirmait être une ordonnance di-vine, n’admettait que la violence brute, nous vo-lant à tous notre humanité – oppresseur commeopprimé.

Pendant des décennies, nous avons lutté enfaveur d’une société non raciale, non sexiste, etmême avant que nous accédions au pouvoir lorsdes élections historiques de 1994, notre vision dela démocratie était définie par le principe, entreautres, qu’aucun individu ou groupe d’indivi-dus ne sera soumis à l’oppression, à la domina-tion ou à la discrimination en raison de sa race,de son sexe, de son origine ethnique, de sa cou-leur ou de ses croyances. Une fois que nous avonsgagné le pouvoir, nous avons choisi de regarderla diversité des couleurs et des langues, qui étaientautrefois utilisées pour nous diviser, comme une

source de force. Nous nous sommes assurés quela législation fondamentale de notre pays, notreConstitution et notre Déclaration des droits, pro-meuvent l’unité et portent une attention uniqueaux droits sociaux et économiques. Notre par-cours d’intégration n’était pas nouveau, ni n’avaitété choisi à la hâte. Pendant des décennies, leCongrès national africain avait encouragé l’uniténationale, et même au plus haut de l’oppression,lorsque les interactions raciales conduisaient à laprison et à la mort, nous n’avons jamais aban-donné notre objectif de construire une société fon-dée sur l’amitié et sur une humanité commune.

Maintenant, bien que les lois ne fassent plusvaloir les anciennes divisions, celles-ci sont tou-jours visibles dans la vie sociale et économique,dans nos espaces résidentiels, sur nos lieux de tra-vail et dans l’inégalité croissante entre les richeset les pauvres.

Lorsque nous avons entrepris le projet detransformer notre société, un de nos cris de ral-liement était «être libres de la misère». Notre ob-jectif était de bannir la faim, l’analphabétismeet le problème des sans-abri, et d’assurer quechacun ait accès à l’alimentation, à l’instruc-tion et au logement. Nous considérions la liberté

comme inséparable de la dignité humaine et del’égalité. Maintenant, les fondations pour une viemeilleure ont été coulées et la construction acommencé. Nous sommes pleinement conscientsque notre liberté et nos droits ne prendronttoute leur signification qu’au fur et à mesure quenous réussirons, ensemble, à surmonter les di-visions et les inégalités de notre passé, et à amé-liorer les vies de tous, notamment des pauvres.Aujourd’hui nous commençons à récolter unepartie de ce que nous avons semé à la fin d’unefamine sud-africaine.

Nombreux sont ceux dans la communautéinternationale, qui, observant de loin commentnotre société a défié les prophètes du mauvaissort et leurs prédictions de conflits sans fin, ontparlé d’un miracle. Et pourtant, ceux qui ont par-ticipé de près à la transition sauront que cela aété le fruit d’une décision humaine.

Nelson MandelaPrix Nobel de la Paix 1993

Diversité – de la division à l’intégration

CONTRIBUTION SPÉCIALE

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Plusieurs nouveaux modèles naissants de dé-mocratie multiculturelle prévoient desmécanismes efficaces de partage du pouvoirpolitique entre groupes culturellement divers.Ces types de dispositions de partage des pou-voirs sont essentiels pour garantir les droits desdivers groupes culturels et minorités, et pourempêcher que ces droits soient violés – soit parl’imposition de la majorité, soit par la domina-tion de l’élite politique au pouvoir.

Les réformes électorales ont résolu le pro-blème de la sous-représentation chronique desMaoris en Nouvelle-Zélande. Avec l’introduc-tion de la représentation proportionnelle à laplace de la formule du «tout au vainqueur», lareprésentation maorie est passée de 3% en1993 à 16% lors des élections de 2002, ce quicorrespond à leur proportion dans la popula-tion. Les sièges réservés et les quotas ont été es-sentiels pour assurer que les tribus et les castesrépertoriées aient voix au chapitre en Inde etque les minorités ethniques soient représentéesen Croatie.

Les dispositions fédérales jouent un rôle im-portant dans la manière d’aborder le partagedu pouvoir. Si l’on considère la douzaine depays ethniquement divers qui sont des démo-craties de longue date, presque tous ont pris desdispositions fédérales asymétriques de sorteque les l’on n’a pas attribué les mêmes com-pétences à toutes les sous-entités de l’État fé-déral. Cette approche répond de manière plusflexible aux besoins des différents groupes.Par exemple, le Sabah et le Sarawak ont un sta-tut spécial en Malaisie, comme les Basques et14 autres comunidades autonomas en Es-pagne, et jouissent de compétences autonomesdans des domaines tels que l’éducation, lalangue et la culture.

Certaines populations autochtones, commeles Inuits au Canada, ont également négociél’obtention de territoires autonomes. L’ensei-gnement à tirer est que de telles dispositions departage des pouvoirs ont largement fait la preuvede leur efficacité à résoudre les tensions dans despays historiquement confrontés à des mouve-ments sécessionnistes, comme en Espagne. Sielles sont mises en place assez tôt, dès que sur-gissent les tensions, ces dispositions peuventprévenir la survenue d’un conflit violent.

Les politiques garantissant la libertéreligieuse

Beaucoup de minorités religieuses souffrent dediverses formes d’exclusion, parfois du fait dela suppression explicite de la liberté religieuseou de discriminations perpétrées contre cegroupe – un problème particulièrement courantdans les pays non laïcs où il y a une religiond’État.

Mais dans d’autres cas, l’exclusion peutêtre moins directe ou souvent non intentionnée,comme lorsque le calendrier officiel ne recon-naît pas les jours fériés religieux d’une minorité.L’Inde célèbre officiellement 5 jours fériés hin-dous, mais également 4 jours fériés musulmans,2 chrétiens, 1 bouddhiste, 1 jain et 1 sikh, carelle reconnaît la diversité de sa population. LaFrance célèbre 11 jours fériés nationaux, 5 sontnon confessionnels et la totalité des 6 jours fé-riés religieux commémorent des évènementsdu calendrier chrétien, bien que 7% de la po-pulation soit musulmane et 1% juive. De ma-nière similaire, les codes vestimentaires dansles institutions publiques peuvent entrer enconflit avec les tenues religieuses d’une mino-rité. Ou les réglementations étatiques relativesau mariage et à la succession peuvent différerdes règles fixées par les codes religieux. Ouencore, la répartition par zones peut entrer encontradiction avec les pratiques d’inhumationd’une minorité.

Ces types de conflits sont susceptibles dese produire même dans les États laïcs dotés desolides institutions démocratiques qui protè-gent les droits civils et politiques. Étant donnél’importance considérable de la religion dansla définition des identités des individus, iln’est pas surprenant que les minorités reli-gieuses se mobilisent souvent pour contesterces exclusions. Il n’est pas difficile de prendreen comptecomposer certaines pratiques reli-gieuses, mais d’autres impliquent des choixdifficiles et nécessitent des compromis. LaFrance est aux prises avec la question de sa-voir si le port du foulard dans les écoles pu-bliques viole les principes étatiques de laïcitéet les valeurs démocratiques d’égalité dessexes que l’instruction publique entend trans-mettre. Le Nigeria s’interroge pour savoir si

Des dispositions de

partage des pouvoirs ont

largement fait la preuve

de leur efficacité à

résoudre les tensions

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22 RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004

l’on peut entériner une décision d’un tribunalappliquant la charia dans une affaire d’adul-tère devrait être confirmée.

Ce qui est important du point de vue dudéveloppement humain est d’élargir les liber-tés humaines et les droits de l’homme – et dereconnaître l’égalité. Les États laïcs et démo-cratiques sont plus susceptibles de réaliser cesobjectifs, dès lors que étant ceux l’État ga-rantit de façon raisonnable les pratiques reli-gieuses, qu’il considère toutes les religions surun pied d’égalité et qu’il protège les droits del’homme.

Les politiques pour le pluralisme juridique

Dans de nombreuses sociétés multiculturelles,les populations autochtones et les individusissus d’autres groupes culturels ont fait pressionpour obtenir la reconnaissance de leurs sys-tèmes juridiques traditionnels afin d’avoir accèsà la justice. Par exemple, les Mayas au Guate-mala ont été opprimés pendant des centainesd’années et le système juridique étatique estdevenu partie intégrante de cette oppression.Les communautés ont perdu confiance dans lesystème de l’État de droit parce qu’il n’a pas as-suré la justice et qu’il était déconnecté de la so-ciété et de ses valeurs.

Plusieurs pays, comme le Guatemala, l’Indeet l’Afrique du Sud, mettent au point des ap-proches de pluralisme juridique reconnaissantde différentes manières le rôle des normes et ins-titutions judiciaires des communautés. Les de-mandes en faveur du pluralisme juridique seheurtent à la résistance de ceux qui craignentqu’il ne sape le principe d’un système juridiqueunifié, ou qu’il n’encourage des pratiques tra-ditionnelles contraires à la démocratie et auxdroits de l’homme. Certes, il y a des conflits –l’Afrique du Sud par exemple est en proie à unconflit entre les droits des femmes à la succes-sion reconnus par la Constitution de l’État, etrejetés par le droit coutumier. Les sociétés doi-vent savoir accepter de véritables compromismais le pluralisme juridique n’exige pas quel’on adopte systématiquement toutes les pra-tiques traditionnelles. La culture évolue et laliberté culturelle n’est pas une défense auto-matique de la tradition.

La politique linguistique

La langue est souvent la question la plus dis-putée dans les États multiculturels. Certainspays ont essayé de supprimer les langues decertaines populations en qualifiant leur usage desubversif. Mais la source la plus fréquente d’ex-clusion généralisée, même dans les démocratiesbien établies, est la politique de langue unique.Le choix d’une langue officielle – la langued’instruction dans les écoles, la langue des dé-bats législatifs et de la participation civique, lalangue du commerce – dresse des barrières etmodèle les avantages dont jouissent les indivi-dus dans la vie – qu’elle soit politique, sociale,économique ou culturelle. Au Malawi, la Consti-tution exige que tous les parlementaires parlentet lisent l’anglais. L’anglais et l’afrikaans sonttoujours les langues utilisées de facto devant lestribunaux en Afrique du Sud, bien que neufautres langues aient maintenant été officielle-ment reconnues. Reconnaître une langue nepeut se réduire à en permettre l’usage. Celasymbolise le respect envers les individus qui laparlent et leur culture, ainsi que leur intégrationpleine et entière dans la société.

L’État peut fermer les yeux sur la religion,mais il ne peut rester muet sur la question dela langue. Les citoyens ont besoin de commu-niquer pour avoir un sentiment d’appartenance,et le choix d’une langue officielle symbolisel’identité nationale. C’est pourquoi beaucoupd’États renâclent à reconnaître de multipleslangues, même lorsqu’ils se font les championsdes libertés civiles et politiques.

De nombreux pays concilient les objectifsjumeaux de l’unité et de la diversité en adop-tant deux ou trois langues, en reconnaissant àla fois une langue nationale unificatrice et deslangues locales. Dans de nombreux pays colo-nisés, ceci a signifié reconnaître la langue de l’ad-ministration (comme le français ou l’anglais), lalangue locale la plus largement usitée et unelangue maternelle à l’échelon local. La Tanza-nie a encouragé l’utilisation du kiswahili et del’anglais dans les écoles et au niveau du gou-vernement. L’Inde a pratiqué une formule tri-lingue pendant des décennies; les enfantsreçoivent une instruction dans la langue officiellede leur État (bengali au Bengale Occidental

Il est nécessaire d’avoir

recours à des politiques

multiculturelles qui

prennent en compte les

différences entre les

groupes afin de réparer

des injustices

historiquement et

socialement ancrées

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RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004 23

par exemple) et apprennent aussi les deuxlangues officielles du pays, l’hindi et l’anglais.

Les politiques socioéconomiques

Les injustices socioéconomiques et les inégali-tés en termes de revenus, d’éducation et desanté ont été la caractéristique déterminantede nombreuses sociétés multiethniques com-portant des groupes marginalisés – Noirs enAfrique du Sud et populations autochtones auGuatemala et au Canada. Ces exclusions reflè-tent les profondes racines historiques de laconquête et de la colonisation, ainsi que lesstructures tenaces d’une hiérarchie, comme lessystèmes de castes.

Les politiques économiques et sociales quifavorisent l’équité sont essentielles pour remé-dier à ces inégalités. Il serait utile de rectifier lespartis pris dans la répartition des dépenses pu-bliques et que les services de base soient prio-ritairement conçus à l’intention des individusdéfavorisés en termes de santé et d’instruction,mais cela n’est pas suffisant.

Il est nécessaire d’avoir recours à des poli-tiques multiculturelles qui prennent en compteles différences entre les groupes afin de répa-rer des injustices historiquement et socialementancrées. Par exemple, il ne serait pas suffisantde se contenter d’attribuer des ressources

supplémentaires pour l’éducation des enfantsdes groupes autochtones, car ils sont désavan-tagés si toutes les écoles n’enseignent que dansla langue officielle. L’enseignement bilingueserait utile. Les revendications foncières –comme celles des populations autochtones surles terres riches en minerais ou celles coloniséespar les Blancs en Afrique australe – ne peuventêtre résolues par des politiques qui élargissentles opportunités socioéconomiques.

L’expérience en Inde, en Malaisie, enAfrique du Sud et aux États-Unis montre quela discrimination positive peut réduire les in-égalités entre les groupes. En Malaisie, le rap-port du revenu moyen entre les populationschinoises et malaises a baissé de 2,3 en 1970 à1,7 en 1990. Aux États-Unis, la proportiond’avocats noirs au sein de la profession s’est ac-crue de 1,2% à 5,1%, et la proportion de mé-decins noirs de 2% à 5.6%. En Inde, l’allocationdes emplois dans la fonction publique, l’ad-mission à l’enseignement supérieur et les siègesparlementaires accordés aux castes et aux tri-bus répertoriées ont aidé les membres de cesgroupes à sortir de la pauvreté et à rejoindre laclasse moyenne.

Aucune de ces politiques n’est dénuée decomplexité, mais l’expérience de nombreux paysmontre qu’il y a des solutions. On peut reprocherà l’éducation bilingue d’être inefficace, mais c’est

Séparé de son contexte humain ou culturel, ledéveloppement n’est guère qu’une croissancesans âme. Le développement économique plei-nement réalisé fait partie intégrante de la cul-ture d’un peuple.

—Commission mondiale sur la culture et le développement 1995

Les populations autochtones sont partisanes etreprésentantes de la diversité culturelle de l’hu-manité. Historiquement cependant, les popula-tions autochtones ont été marginalisées par lessociétés dominantes et ont souvent été confron-tées à l’assimilation et au génocide culturel.

Dans les sociétés multiculturelles se déve-loppant autour d’eux, les populations autoch-tones cherchent à mettre fin à une tellemarginalisation et existence périphérique. Elles

ont beaucoup à apporter à la société, et four-nissent aux débats à la fois nationaux et inter-nationaux de précieux conseils sur les grandesquestions auxquelles l’humanité fait face dans cenouveau millénaire.

En mai 2003, lors de sa Seconde session,l’Instance permanente sur les questions au-tochtones a insisté sur l’importance de la re-connaissance de la diversité culturelle au sein desprocessus de développement et sur le besoind’un développement durable pour tous. La re-commandation 8 de la Seconde session appelleà «instituer un cadre juridique rendant obliga-toires des études d’impact culturel, environne-mental et social» (E/2003/43). L’Instance aégalement exprimé sa préoccupation à proposdes pratiques de développement qui ne pren-nent pas en compte les caractéristiques des

communautés autochtones en tant que groupes,sapant ainsi de manière significative d’impor-tantes voies de développement participatif.

Les populations autochtones ont des cul-tures vivantes dynamiques et cherchent leur placedans le monde moderne. Elles ne s’opposent pasau développement, mais elles ont trop longtempsété victimes du développement et demandentmaintenant à participer – et à bénéficier – d’undéveloppement qui soit durable.

Ole Henrik MaggaPrésident de l’Instance permanente des

Nations Unies sur les questions autochtones

Populations autochtones et développement

CONTRIBUTION SPÉCIALE

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24 RÉSUMÉ: RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004

parce qu’elle n’est pas assez soutenue pour as-surer sa qualité. On peut accuser les programmesde discrimination positive de créer des inégali-tés permanentes ou de devenir une source de fa-voritisme – mais ils peuvent être mieux gérés. Cesont là des manières de répondre aux demandesd’intégration culturelle. Mais nous devons aussiadmettre que dans le monde d’aujourd’hui, ilexiste également davantage de mouvements quicherchent à établir une domination culturelle età supprimer la diversité.

Les mouvements visant la domination cul-turelle menacent la liberté culturelle. Lescombattre par des mesures illicites et nondémocratiques constitue une violation desdroits de l’homme et n’élimine pas le pro-blème. La prise en compte démocratique deces mouvements est la façon la plus efficaced’en mettre au jour les visées intolérantes etde saper l’attrait qu’ils suscitent.

Les dirigeants des mouvements prônant la do-mination culturelle croient à leur propre su-périorité culturelle et essaient d’imposer leursidéologies aux autres, à la fois au sein de leurcommunauté et au dehors. Tous les mouve-ments de ce type ne sont pas violents. Certainscherchent à contraindre par le biais de cam-pagnes politiques, de menaces et de harcèle-ment. Dans certains cas extrêmes, ils utilisentégalement des moyens violents – agressionshaineuses, expulsions, nettoyage ethnique et gé-nocide. En tant que force politique, l’intolé-rance menace de submerger les processuspolitiques dans nombre de pays à travers lemonde. Les mouvements en faveur de la do-mination culturelle prennent différentes formes:partis politiques, milices, groupes violents, ré-seaux internationaux et même pouvoirs pu-blics. Il est naïf de présumer que les sociétésdémocratiques sont immunisées contre l’into-lérance et la haine.

Dirigeants manipulateurs, pauvreté et in-égalité, États faibles et inefficaces, interven-tions politiques extérieures et liens avec ladiaspora figurent souvent parmi les causes sous-jacentes de la montée des mouvements qui mi-litent pour la domination culturelle. Ces facteurs

peuvent également inspirer les mouvementsnationalistes, comme ceux en faveur de l’auto-nomie ou de la sécession. Mais les mouvementspour l’autonomie nationale sont différents desmouvements pour la domination culturelle.D’une part, les mouvements en faveur de ladomination culturelle peuvent souvent émanerde l’intérieur d’un groupe majoritaire qui do-mine déjà l’État, comme les partis d’extrêmedroite dans beaucoup de pays européens. In-versement, maints mouvements pour l’autono-mie nationale peuvent être relativement libéraux,reconnaissant l’importance de composer avecla diversité au sein d’un territoire autonome etcherchant seulement le même respect et lamême reconnaissance que les autres nations. Cequi distingue les mouvements visant la domi-nation culturelle est leur affirmation d’une su-périorité culturelle et leur intolérance. Ilsprennent pour cible la liberté et la diversité.

La question est de savoir comment s’yprendre avec eux. Les États ont souvent essayéd’affronter ces mouvements au moyen de mé-thodes répressives et non démocratiques – in-terdiction des partis, détentions et procèsextrajudiciaires, législation qui viole les droitsfondamentaux et même emploi aveugle de laforce et de la torture. Ces mesures supprimentsouvent les demandes et processus politiques lé-gitimes, entraînant des réactions encore plus ex-trêmes. Lorsque le Front islamique du salut(FIS) a gagné le premier tour des élections de1991 en Algérie, les militaires sont intervenuset ont interdit le parti. Il en est résulté uneguerre civile qui a coûté la vie à plus de 100.000personnes et a impulsé le développement degroupes intolérants et violents.

Au contraire, la conciliation démocratiquefonctionne. Autoriser les partis d’extrême droiteà concourir aux élections peut également les for-cer à modérer leurs positions, comme avec le Partide la liberté (FPÖ) en Autriche ou le Parti de lajustice et du développement au Maroc. La com-pétition électorale met en lumière l’attrait mar-ginal des autres groupes (le Parti du progrès auDanemark). La conciliation démocratique donneégalement aux États la légitimité de poursuivreen justice les crimes haineux, de réformer le pro-gramme des écoles religieuses (en Indonésie eten Malaisie) et d’expérimenter des initiatives

Le maintien d’une

société libérale dépend

du respect de l’État de

droit, de l’écoute des

revendications politiques

et de la protection des

droits de l’homme

fondamentaux – même

ceux des individus

ignobles

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communautaires qui cherchent à améliorer les re-lations (Mozambique et Rwanda).

Le maintien d’une société libérale dépenddu respect de l’État de droit, de l’écoute des re-vendications politiques et de la protection desdroits de l’homme fondamentaux – même ceuxdes individus ignobles. L’intolérance constitueun véritable défi pour la liberté culturelle –c’est pourquoi les moyens d’y faire face doiventêtre légitimes.

La mondialisation peut constituer une menacepour les identités nationales et locales. La so-lution n’est pas de se replier vers le conser-vatisme et le nationalisme isolationniste –mais consiste à élaborer des politiques mul-ticulturelles qui encouragent la diversité et lepluralisme.

Jusqu’à présent, l’accent a été mis sur la ma-nière dont les États devraient gérer la diversitéà l’intérieur de leurs frontières. Mais dans uneère de mondialisation, les États sont égale-ment confrontés à des défis venant de l’exté-rieur, sous la forme des mouvementsinternationaux d’idées, de capitaux, de bienset de personnes.

Élargir la liberté culturelle dans cet âge dela mondialisation pose de nouveaux défis et di-lemmes. Les contacts entre les individus, leursvaleurs, leurs idées et leurs modes de vie sesont accrus et approfondis comme jamais au-paravant. Pour beaucoup, cette nouvelle di-versité est stimulante, même puissammentenrichissante. Pour d’autres, elle est troublanteet désarmante. Beaucoup craignent que la mon-dialisation signifie la perte de leurs valeurs et deleurs modes de vie - qu’elle soit une menace pourl’identité locale et nationale. Une réaction ex-trême consiste à chasser les influences étran-gères, une approche qui n’est pas seulementxénophobe et conservatrice mais également ré-gressive, rétrécissant plutôt qu’élargissant les li-bertés et les choix.

Le présent Rapport plaide en faveur d’uneapproche alternative qui respecte et favorise ladiversité tout en laissant les pays ouverts aux fluxmondiaux de capitaux, de biens et de personnes.Cela requiert des politiques reflétant l’objectif

de la liberté culturelle. Il est nécessaire que lespolitiques reconnaissent et respectent explici-tement la différence culturelle. Elles doiventaussi remédier aux déséquilibres au sein dupouvoir économique et politique qui conduisentà la perte des cultures et des identités.

De telles alternatives sont en cours d’éla-boration et font l’objet de discussions dans troisdomaines hautement controversés:• Les populations autochtones protestent

contre les investissements dans les secteursde l’extraction et contre les détournementsdes savoirs traditionnels qui menacent leursmoyens d’existence.

• Nombre de pays demandent que les biensculturels (principalement le cinéma et lesproduits audiovisuels) ne soient pas traitéscomme les autres biens dans le commerceinternational, car les importations de biensculturels peuvent affaiblir les industries cul-turelles nationales.

• Les immigrés réclament qu’une place soitfaite à leur mode de vie et que l’on respecteles multiples identités qu’ils ont à la foisdans la communauté locale et dans leurpays d’origine. Mais les communautés lo-cales réclament que les immigrés s’assimi-lent ou soient renvoyés, car ils craignentque leurs sociétés se divisent et que les va-leurs et l’identité nationales s’érodent.Comment ces exigences peuvent-elles être

conciliées? Comment la diversité devrait-elleêtre respectée et les asymétries résolues?

Populations autochtones, industries del’extraction et savoirs traditionnels

Les investissements qui passent outre les droitsdes populations autochtones à la terre et igno-rent sa signification culturelle, ainsi que sa va-leur en tant que ressource économique,susciteront inévitablement une opposition. Toutcomme le brevetage des connaissances tradi-tionnelles dans les mêmes conditions. Troisprincipes sont essentiels: reconnaître les droitsdes populations autochtones sur les connais-sances et les terres, garantir que les popula-tions autochtones aient une voix (chercher leurconsentement éclairé préalable) et développerdes stratégies de partage des bénéfices.

Le présent Rapport

plaide en faveur d’une

approche alternative qui

respecte et favorise la

diversité tout en laissant

les pays ouverts aux flux

mondiaux de capitaux,

de biens et de personnes

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Bien que de façon limitée, de grandes so-ciétés et certains gouvernements nationauxprennent des initiatives pour concevoir de nou-veaux investissements en concertation avec lespopulations autochtones. Au Pérou, le gou-vernement et les grandes sociétés ont tiré les en-seignements des confrontations précédentes etont fait participer depuis 2001 les communau-tés autochtones au processus de prise de déci-sion quant à la mine de zinc et de cuivred’Antamina. En Papouasie Nouvelle-Guinée, lesactivités d’extraction sont accompagnées d’in-vestissements dans des projets de développe-ment communautaire. Des entreprises fondéessur la collaboration entre les compagnies mi-nières et les populations autochtones en Amé-rique du Nord et en Australie ont rapporté desbénéfices financiers tout en préservant les stylesde vie traditionnels.

De nombreux gouvernements nationauxprennent des mesures pour reconnaître les sa-voirs traditionnels. Le Bangladesh reconnaîtles droits des communautés aux ressources bio-logiques et autres connaissances traditionnellesassociées. La RDP Lao documente les connais-sances dans son Centre pour les médecines tra-ditionnelles. L’Afrique du Sud s’est engagée àpartager avec les broussards San les profits dé-rivés des médicaments développés à partir deleurs connaissances. Plusieurs pays ont déjàtrouvé des façons d’utiliser les systèmes de droitde la propriété intellectuelle actuels pour pro-téger les savoirs traditionnels. Des dessins in-dustriels sont utilisés pour protéger les tapis etles coiffes au Kazakhstan. Des indications géo-graphiques protègent les liqueurs et les thés auVénézuela et au Vietnam. Les droits d’auteuret les marques commerciales sont utilisées pourl’art traditionnel en Australie et au Canada.

Reconnaître la diversité signifie que lesnormes mondiales doivent prendre en compteles différentes notions de droit de propriété etl’importance culturelle des formes de savoir etd’art. Il faut pour cela une action internationale.Si les normes actuelles de la propriété intellec-tuelle ne peuvent prendre en compte les sa-voirs traditionnels communément connus ouleurs attributs de propriété collective, alors il fau-dra changer les règles. Les prêts accordés auxpays et aux sociétés pour des projets qui

acquièrent à tort des droits de propriété ou quin’offrent pas de compensations aux commu-nautés devraient être retirés.

Biens culturels

Les biens culturels devraient-ils être protégés ausein du commerce international pour aider à as-surer la protection de la diversité culturelledans le monde? Les films et les produits au-diovisuels sont-ils des biens culturels? Deuxprincipes sont essentiels: reconnaître le rôle desbiens culturels comme source de créativité et dediversité, et reconnaître le désavantage des pe-tites industries du film et audiovisuelles sur lesmarchés mondiaux.

La diversité des biens culturels est impor-tante en soi car elle accroît le choix du consom-mateur et enrichit l’expérience culturelle desindividus. Mais les biens culturels bénéficientégalement d’économies d’échelle. Ainsi, lescréations des grands producteurs tendent àévincer celles des petits producteurs, notammentdans les pays plus pauvres.

Comment peut-on promouvoir la diversité?Eriger des barrières commerciales n’est pas lasolution, puisque cela réduit les choix. Soute-nir les industries culturelles plutôt que les bar-rières douanières favoriserait davantage ladiversité. L’Argentine, le Brésil et la France ontexpérimenté avec succès des subventions à laproduction et des exemptions de taxes pour lesindustries culturelles, sans stopper les flux deproduits culturels d’outremer vers les marchéslocaux. La Hongrie retient 6% sur les rede-vances télévisuelles pour promouvoir les filmsdomestiques. L’Égypte utilise des partenariatspublic-privé pour financer les infrastructures dela production cinématographique.

Immigration

Les immigrés devraient-ils s’assimiler ou de-vrait-on reconnaître leurs cultures? Trois prin-cipes sont essentiels: respecter la diversité,reconnaître les identités multiples et construiredes liens communs d’appartenance à la com-munauté locale. Aucun pays n’a fait des progrèsen fermant ses frontières. La migration inter-nationale apporte des qualifications, de la main

Les individus doivent

abandonner leurs

identités rigides s’ils sont

appelés à faire partie de

sociétés diverses, et

épouser les valeurs

cosmopolites de

tolérance et de respect

pour les droits de

l’homme universels

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d’œuvre et des idées qui enrichissent la vie desindividus. Tout comme on ne peut prendre ladéfense du traditionalisme et des pratiques re-ligieuses qui violent les droits de l’homme, l’as-similation forcée ne peut être une solution viable.

Les identités ne sont pas un jeu à sommenulle. Songez aux paroles de cette Malaisienneen Norvège: «On me demande souvent depuiscombien de temps je vis ici. Lorsque je réponds:«Vingt ans», il arrive fréquemment que l’on medise: «Mais alors, vous êtes presque Norvé-gienne!». On suppose, dans ce cas, que je suisdevenue moins Malaisienne parce que l’on rai-sonne couramment, en matière d’identité,comme s’il s’agissait d’un jeu à somme nulle: sivous avez une proportion plus élevée d’uneidentité, vous en avez moins d’une autre. L’iden-tité est imaginée comme un cube dont les di-mensions sont fixes».

Deux approches de l’immigration domi-nent les politiques dans la plupart des pays: ledifférentialisme (les immigrés conservent leursidentités mais ne s’intègrent pas au reste de lasociété) et l’assimilation (sans avoir le choix deconserver l’ancienne identité). Mais de nou-velles approches du multiculturalisme qui re-connaissent les identités multiples sont en traind’apparaître. Cela implique de promouvoir latolérance et la compréhension entre les cul-tures, mais aussi de faire une place spécifiqueaux pratiques religieuses, tenues vestimentaireset autres aspects de la vie quotidienne. Celaimplique également de reconnaître que les im-migrés n’ont pas la possibilité de s’exprimer etsont vulnérables face à l’exploitation, et de lesaider à s’intégrer, notamment en leur donnantaccès à une formation linguistique et à des de-services de recherche d’emploi.

Certains pays élargissent les droits de par-ticipation civique aux non-citoyens – le statutd’étranger ayant droit de cité («denizenship»)(Belgique, Suède). Et plus de 30 pays accep-tent maintenant la double citoyenneté. Pourfaire reculer les idées fausses et les préjugés, le

Bureau du Commissaire du Sénat de Berlinpour l’intégration et la migration apporte sonappui financier à des organisations d’immigrés, utilise des campagnes d’information publiqueet propose des consultations juridiques dans12 langues pour aider à la recherche d’emploiset combattre la discrimination.

Mais ces politiques sont contestées. L’édu-cation bilingue aux États-Unis et le port dufoulard en France sont des sujets de contro-verses. Certains craignent qu’ils ne remettent enquestion certaines des valeurs les plus fonda-mentales de la société – comme l’engagementde faire sienne la culture américaine ou les prin-cipes français de laïcité et d’égalité des sexes.

* * *Élargir les libertés culturelles est un objectif im-portant au sein du développement humain – unobjectif qui mérite attention de toute urgenceau XXIe siècle. Tous les individus veulent êtrelibres d’être ce qu’ils souhaitent. Tous les in-dividus veulent être libres d’exprimer leur iden-tité en tant que membres d’un groupe dont ilspartagent les engagements et les valeurs – qu’ils’agisse de la nationalité, de l’appartenanceethnique, de la langue ou de la religion, oubien encore de la famille, de la profession oude centres d’intérêts.

La mondialisation entraîne toujours plusd’interactions entre les individus du monde en-tier. Ce monde a besoin à la fois d’un plusgrand respect pour la diversité et d’un engage-ment plus fort envers l’unité. Les individus doi-vent abandonner leurs identités rigides s’ilssont appelés à faire partie de sociétés diverses,et épouser les valeurs cosmopolites de tolé-rance et de respect pour les droits de l’hommeuniversels. Ce Rapport est un point de départpour discuter de la manière dont les pays peu-vent s’y prendre pour y arriver. Si la courte his-toire du XXIe siècle nous a enseigné quelquechose, c’est que dans ce domaine, la politiquede l’autruche n’est pas envisageable.

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