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E. RENAUDAT Ce texte propose une lecture transversale des principaux résultats des recherches du programme ''Activité féminine - vie familiale". Un premier volet s'intéresse à la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, et aux politiques menées en ce domaine. Deux jalons guident l'analyse: la mauvaise prise en compte dans les milieux du travail de la grossesse des femmes actives d'une part, et les conditions de l'accueil des jeunes enfants d'autre part. Les carences de celles-ci et la diversité des attentes des parents, la professionnalisation des assistantes maternelles, une faible mobilisation et coordination des actions constituent les principaux éléments du système. Un deuxième volet aborde les comportements et stratégies familiales. Du point de vue de la socialisation des filles et des garçons, un double statut accompagne la vie professionnelle des mères par rapport à celle des pères et à leur rôle face aux tâches domestiques. L'étude des stratégies professionnelles et familiales éclaire les racines de la mobilisation personnelle de celles qui font carrière, l'influence du conjoint et les interactions entre le développement de la carrière de la femme et celle du conjoint. Mais, est ce que faire carrière entraîne des stratégies de reproduction notamment à l'égard du troisième enfant ? Culture familiale, localisation résidentielle sont des enjeux majeurs à ce sujet, tout comme sont développées par les femmes algériennes des stratégies spécifiques. Enfin, sont abordées les politiques familiales et les aides à la famille. On souligne une sous information importante des familles sur leurs droits, et un impact difficilement mesurable entre prestations et comportements d'activité et de fécondité des familles. Cette présentation des résulats des recherches comma nd itées par la CNAF, dans le cadre du pro- gramme "Activité féminine - Vic RECI IERCllES F;'r l'HEVISIONS 11°18- 19 familiale " a pour principal objectif de donner une première lecture transversale du program- me, en essayant de recad rer les 6

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  • E. RENAUDAT

    Ce texte propose une lecture transversale des principaux résultats des recherches du programme ''Activité féminine - vie familiale". Un premier volet s'intéresse à la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, et aux politiques menées en ce domaine. Deux jalons guident l'analyse: la mauvaise prise en compte dans les milieux du travail de la grossesse des femmes actives d'une part, et les conditions de l'accueil des jeunes enfants d'autre part. Les carences de celles-ci et la diversité des attentes des parents, la professionnalisation des assistantes maternelles, une faible mobilisation et coordination des actions constituent les principaux éléments du système. Un deuxième volet aborde les comportements et stratégies familiales. Du point de vue de la socialisation des filles et des garçons, un double statut accompagne la vie professionnelle des mères par rapport à celle des pères et à leur rôle face aux tâches domestiques . L'étude des stratégies professionnelles et familiales éclaire les racines de la mobilisation personnelle de celles qui font carrière, l'influence du conjoint et les interactions entre le développement de la carrière de la femme et celle du conjoint. Mais, est ce que faire carrière entraîne des stratégies de reproduction notamment à l'égard du troisième enfant ? Culture familiale , localisation résidentielle sont des enjeux majeurs à ce sujet, tout comme sont développées par les femmes algériennes des stratégies spécifiques. Enfin, sont abordées les politiques familiales et les aides à la famille. On souligne une sous information importante des familles sur leurs droits, et un impact difficilement mesurable entre prestations et comportements d'activité et de fécondité des familles.

    Cette présentation des résulats des recherches commanditées par la CNAF, dans le cadre du pro-gramme "Activité féminine - Vic

    RECI IERCllES F;'r l'HEVISIONS 11°18-19

    familiale " a pour principal objectif de donner une première lecture transversale du program-me, en essayant de recadrer les

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  • conclusions au sein de qualre grands lhèmes: - La conciliation vie familiale - vie professionnel le; - Les transformations des rela-tions au sein de la famille; - Les stratégies professionnelles el familiales; - Les aides à la famille: connais-sance, adéquation et impact..

    Ce Lhème est abordé dans le programme sous l'angle de l'amé nagement des conditions de travail des femmes enceintes cl sous celui de l'offre de services d'accueil des jeunes enfants.

    La grossesse sur Je lieu de travail

    A.M_ Dcvrcux el M_J. Saurel Cub1zollcs soulignent qu'une absence de prise en considération de la grossesse sur le lieu de travail louche la plupart des femmes. Dans la praLique, si l'emploi des femmes enceintes semble effica-cemenl protégé, les condilions réelles de travail sont peu modiCiées cl, malgré les mesures législalives ou conventionnelles de proteclion de la maternité, les aménagements prévus ne sont, la plupart du Lemps, pas respectés. li s nécessiteraient en effet des changements organisationnels et des aménagements d'espaces pour

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    permet.Lre des temps de repos. Ainsi, la moitié des femmes estiment. que leurs employeurs n'ont pas pris en compte leur état de grossesse dans la répartition des charges de travail. Deux Liers des femmes travaillant debout n'ont pu s'asseoir plus souvent et peu de femmes, effectuant des efforts physiques importants ou Lravaillant à la chaine, onL pu modifier leurs conditions de travail. Et de même, malgré la législation en vigueur, seules 40 % des salariées onl déclaré avoir bénéficié d'une réduction d'horaire quotidienne el, un peu plus d'un Liers a pu s'absenter pour les consultations prénatales sans perte de salaire. Plus spéci-fiquement, les chercheurs souli-gnent des différences notables de conditions de vie professionnelle: ce n'est. pas la même chose pour une ouvrière, une employée ou une femme cadre de mener une grossesse tout en travaillant. Les employées de bureau et les femmes des professions inter-médiai res semb lent les plus favorisées. En particulier, elles ont des r·ythmes de travail moins contraignants que les ouvrières qui Lravaillent sur des machines. li convient de préciser que ces dernières sont dans une position nettement défavorisée: elles sont obligées de s upporLer un véritable corps à corps avec la machine, leurs horaires de travail sont très matinaux et sont très difficiles à vivre en période de grossesse; il faut ajouter à cela le vacarme des ateliers, les problèmes de vapeurs dégagées par les presses etc.

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    Les mesures inscrites dans le code du travail:

    - La garantie d'embauche cl d'emploi. Celte garantie s'interrompt quatre semaines après la fin du congé malernilé;

    - Le droit à la réaffectation et l'interdiction de certains travaux. Si l'état de sanlé le nécessite, la salariée peut être affectée temporairement, sans modification de salaire, à un autre emploi. Les emplois interdits sonL l'emploi aux étalages extérieurs après 22 heures ou par température inférieure à 0°C et cer tains transports de char ge;

    - Le congé de maternité - de six semaines avant la date prévue d'accouchement el de dix semaines après. Cc congé est allongé de deux semaines en cas de grossesse pathologique et de dix semaines à partir de la naissance du troisième enfant. En cas de naissance gemcl la ire, deux semaines supplémentaires sont accordées après l'accouchemenl.

    Les mesures spécifiques aux femmes employées dans la fonction publique ou travaillant dans les hôpitaux publics :

    - La réduction horaire d'une heure par jour, à partir du troisième moi.s de grossesse;

    - L'au Lori sa Lion d'absence pour les consu I La Lions pré na Laies obi iga Loi res;

    - La possibilité de re porter une partie du congé prénatal après l'accouchemenl.

    Les mesures inscrites dans les conventions collectives

    Certains textes couvrant un tiers dei; salariées accordent des dérogations d'horaires qui varient de cinq minutes à une heure par jour (le cas le plus fréquent est trente minutes) . Les textes prévoyant cinq minutes concernent des activités industrielles. Plus rarement, des pauses supplémentaires sont prévues au cours de la journée afin de per mettre des Lemps de repos . 28 % des salariées ont des autorisations d'absences pour consullations prénatales. Et des changements d'emploi concernent un quart des salariées.

    Très peu de textes allongent la durée du congé maternité.

    R1'~Clll..:l{ClrnS wr PIŒVISIONS 11°18· 19

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  • A un degré moindre, les professions de service (personnels soignants, employées de restau-ration, vendeuses) sont, elles aussi, soumises à de fortes contraintes. Leur profession les assujettit à une disponibilité immédiate el nécessite des déplacements de corps et d'objets, des ports de charges el enfin des piétinements. Quant aux cadres, si leur emploi du temps est plus élastique, il va souvent de pair avec des charges de travail qui nécessitent des retours tardifs au domicile et de fréquentes "bonnes journées".

    . Une prévention de plus en plus courante: L'arrêt maladie

    Face à cette non prise en considération fréquente de la fatigue causée par la grossesse au sein des entreprises, les médecins utilisent de plus en plus fréquemment le retrait du lieu de travail comme moyen de pré-vention. On observe un accrois-sement des prescripLions d'arrêts maladie en cours de grossesse. Un tiers des femmes n 'on L pas travail lé du tout à partir du septième mois de grossel:ise. EL, parallèlement, plus de deux tiers des femmes bénéficient après la naissance des deux semaines supplémentaires de congé pour grossesse pathologique. La grossesse occasionne ainsi, en moyenne, cinq à six mois d'absences el est vécue par l'employeur comme une défail -lance. Les femmes sont tout aussi conscientes de cet handicap causé à leur carrière. Quelle que soit leur profession, elles gèrent leurs absences. Ainsi, les ouvrières qui sont contraintes par leurs conditions de travail de s'arrêter entre le cinquième et le septième mois, reprennent leur acti vilé dès la fin du congé de maternité. Les

    RECIŒRCllESETPRl•:VISIONSn°18 19

    cadres, quant à elles, ne prennent pour la plupart aucun congé supplémentaire pendant la grossesse mais, certaines termi-nent à temps partiel ou continuent certains travaux pendant leur congé de maternité. Par ailleurs, excepté dans le secteur public qui cumule garantie d'emploi et. rempla-cement rare, les remplacements sont vécus avec appréhension: les femmes craignent une mise à l'écart. Et, en tout état de cause, l'absence des salariées est vécue comme coûteuse en terme de trajectoire professionnelle: "quatre mois de vide" ou de perte de possibilités, de gratifications financières et, a fortiori, d'a van-ccment. li convient. de préciser que le développement des contrats à durée déterminée et des emplois intérimaires contribue à fragiliser les femmes enceintes. Certaines femmes ont ainsi perdu leur emploi du fait de leur grossesse, et d'autres ont dû négocier leur embauche en abandonnant leurs droits aux allègements horaires ou en perdant une partie de leur congé de maternité.

    . Quelques souhaits d'aména -gements

    Pour palier à ces ri sques, les femmes expriment des souhaits d'aménagement de congé de maternité. Certaines évoquent l'idée de réduire l'activité à un temps parliel pendant la grossesse afin de travailler moins, mais de garder un pied dans l'activité le plus longtemps possible. D'autres souhaitent avoir la possibilité de Lemps de repos allongé après déjeuner afin d'éviter un arrêt maladie. gt surtout, les unes el les autres revendiquent une prise en compte de la charge physique de la

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  • (1) Le parugruph c c i -dessoui; li élé r é dig é conjoinlemenl par l

  • en nombre insuffisant. Autre distorsion, un tiers des parents de jeunes enfants n'ont pas recours au mode d'accueil considéré par eux comme étant le plus satisfaisant. (les crèches collectives). Le transfert. se réalise en direction des nourrices non agréées (16 % des pratiques pour 10 % des préférences) et de la garde par les grands parents (30 % des pratiques, 27 % des préfé-rences). Les aspirations des parents se différencient. selon leurs lieux de vie, leurs niveaux de diplômes et leurs professions. Ceux qui citent la crèche comme étant le mode d'accueil optimal sont le plus fréquemment des professions libérales, des cadres et, dans une moindre mesure, des employés; ceux qui citent le plus souvent la nourrice non agréée sont. les ouvriers. Ces résultats sont. à mettre en relation avec des atLent.es très différentes des parents en matière de garde. L'IRTS l'a souligné à partir d'une observation des demandes exprimées par les mères à l'endroit des nourrices (cf encadré sur les attentes des parents) . On voit ainsi que pour certaines femmes, la personne qui garde des enfants doit être un substitut maternel tandis que d'autres recherchent une "profes-sionnelle" qui apporte de l'affec-tion el coopère à l'accuei 1 des enfants.

    . Une politique inégale qui avantage les catégories déjà favorisées

    L'analyse des principales mesures développées depuis plusieurs années en faveur de la petite enfance met en évidence des inégalités sensibles quant à l'effort des pouvoirs publics envers

    RECHERCl IES 1.

  • .v

    Mères - Nourrices : trois profils de demande

    - Les actives précaires, dont les revenus sont à la fois faibles et incertains, ont une conception du rôle maternel qui les empêche de déléguer ce rôle à une autre femmes en dehors de leur propre mère ou à la rigueur leur belle-mère. Elles doutent qu'une nourrice puisse "aimer leurs enfants" et se comporter avec eux comme elles le feraient elles-mêmes. Lorsqu'elles sont contraintes de confier leurs enfants à une nourrice, e lles demandent que l'enfant soit en sécuri té, qu'on s 'occupe de lui, qu'il soit bien rythmé, bien nourri et. enfin qu'on lui apprenne la propreté. La nourrice doit être un "substitut maternel".

    - Les actives peu qualifiées, ouvrières ou employées de service, travaillant à temps plein ont, elles aussi, cette demande de s ubstitut maternel. Elles ont tendance à penser qu'elles sont les mieux placées pour garder leurs enfants, mais admettent. plus facilement de donner procuration à une autre femme, leur activité professionnelle étant durable et nécessaire. Aux équipements co llectifs, elles préfèrent nettement une personne de confiance choisie de préférence dans leur parenté et à défaut, elles demandent aux nourrices d'assurer ce rôle de "tata" . Elles attachent, elles aussi, beaucoup d'importance à la propreté et à la sécurité. Elles veulent. que leurs enfants acquièrent la propreté et de bonnes habitudes et occasionnellement. que les nourrices jouent avec lui pour éveiller son espriL.

    - Les professionnelles qualifiées ou les femmes qui ont choisi de travailler à temps partiel évitent la garde par la grand-mère, car cet.le dernière "gâte" t rop les enfants et préfèrent un service d'accueil professionnalisé. Ce sont. des clientes potentielles des crèches collectives ou familiales et elles sont client.es de nourrices par défaut d'autres solutions d'accueil. Elles ne recherchent pas une femme qui les remplace auprès des enfants, mais une assistante qui leur apporte de ! 'a ffection, qui coopère à leur éveil tout en leur garantissant sécurité el santé.

    Les préférences des parents ...

    - 20 % citent la crèche collective; - 5 % la crèche familiale (peu connue); - 22 % l'accueil par une assistante maternelle agréée; - 10 % l'accueil par une nourrice non agréée; - 27 % la garde par les grands-parents; - 11 % la garde à domicile par une personne rémunérée .

    ... selon le mode de garde utilisé

    77 % des parents qui utilisent une crèche collective considèrent que c'est le mode de garde le pl us satisfaisant; 67 % de ceux qui recourent aux assistantes maternelles agréées et 62 % de ceux qui font appel aux grands-parents sont dans le même cas alors que les nourrices non agréées ne recueillent les suffrages que de 43 % de leurs utilisateurs.

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  • . Vers une professionnalisation des assistantes maternelles ?

    Contrairement aux hypothèses initialP.s, les chercheurs n'ont pas rencontré un nouveau profi 1 d'assistantes maternelles plus jeunes, plus qualifiées revendi-quant un slalul de salariées el offrant une prise en charge d'enfant plus spécialisée. Les nourrices qui s'en rapprochent le plus au niveau culturel sont les non-agréées et elles se refusent à en faire une profession (cf. encadré). "L'arrangement" occupe une place essentielle dans les relations entre les mères actives el celles qui gardent leurs enfants. On ne se trouve donc pas en présence d'un marché malléable, susceptible d'être transformé aisément à l'aide de mesures incitatives ou d'interventions normatives.

    . Une faible mobilisation locale et un manque de coordination des actions

    Le CHEOOC relève qu'au niveau local, les différents acteurs coordonnent encore rarement leurs politiques et sont "globa-lement peu mobilisés par les problèmes de la pelile enfance". A la rigidité des contraintes techniques imposées par les DDASS, les municipalités oppo-sent des contraintes de faisabilité. /\ l'effort financier des CAF, celles-ci opposent une insuffisance de moyens el une trop grande complexité des aides gnfin, la notion même de décentralisation conduit l'gtal à se satisfaire d'un "non interventionnisme" de rigueur, qui a pour effet d'accroitre les insatisfactions de la population, faute d'un véritable relais local. Dans leur recherche de solutions, les parents onl le sentiment Lrès

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    aigü de se retrouver seuls pour résoudre leurs problèmes. Il s regrettent l'inexistence au niveau local d'une st.ruct.ure officielle el unique pouvant les informer de l'offre de garde locale, les diriger dans leurs démarches, les informer sur les aides qu'ils peuvent obtenir et sur les dispositions législatives les concernant.. JI faut noter cependant. que la recherche a été réalisée avant le lancement des "Contrats Enfance" par les CAF. Un bilan de cette politique permettra, peut être, de relever des infléchissements à ce cons lat.. En t.out étal de cause, ces différentes recherches dressent. un constat plutôt pessimiste de la situation actuelle en matière d'aménagement des conditions de travail de la femme enceinte et d'offre de structures d'accueils aux jeunes enfants. Une meilleure harmonisation de la vie professionnelle et. de la vie familiale des mères nécessite un développement, une di versifi-cation el une coordination des structures d'accueil des jeunes enf anls tout autant qu'une réelle prise en compte de la grossesse dans la répartition des charges de travail au sein des entreprises.

    Ces transformai.ions seront. envisagées ici en matière d'effets du salariat féminin sur la socialisation des filles el des garçons, de l'évolution des rôles des hommes et des femmes, en parliculier dans les pratiques domestiques, et. des conséquences des carrières féminines sur les

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  • Selon l'IR1'S, agréées ou non agréées, les femmes qui offrent leurs services pour garder les enfants ont de grandes caractéristiques communes: elles sont toutes des mères de famille et ont eu une expérience professionnelle principalement en tant qu'ouvrières ou employées.

    Elles sont munies d'une instruction primaire ou demi -secondaire et leurs époux appartiennent aux mêmes catégoriE!s socio-professionnelles. Mais là s'arrêtent les points communs. Agréées et non agréées ont des profils et des trajectoires contrastés.

    - Les assistantes maternelles agréées ont un âge moyen proche de quarante ans, un cursus scolaire primaire, une absence d'identité professionnelle, une expérience du travail négative et une identité fortement centrée sur la maternité. Leurs enfants sont déjà scolarisés, leur descendance est considérée comme achevée, leur espérance sociale est fermée et leur apport financier est indispensable au ménage (les revenus de la garde représentent un cinquième des revenus du ménage). Beaucoup cumulent une activité officielle et une activité non déclarée .

    - Les nourrices non agréées sont en moyenne plus jeunes (trente quatre ans), leur cursus scolaire est plus long, elles possèdent une autre identité professionnelle que celle de nourrice. Leurs enfants sont plus jeunes, leur descendance en cours de constitution et l'activité de garde est considérée comme conjoncturelle. Leur espérance sociale est liée aux capacités du conjoint d'assurer la promotion sociale de la famille et les revenus de la garde ne représentent qu'un dixième des revenus du ménage.

    RECHERCHES ET PRl•:VJSIONS n°18 19

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  • trajectoires professionnelles des conjoints.

    Un double statut du salariat masculin et féminin

    A. Langevin dans son analyse "des effets du salariat féminin sur la socialisation des jeunes dans des familles de niveau moyen" met en évidence le double statut du salariat masculin et féminin au sein de la famille . Sur le plan des salaires, le salaire de la mère étant pratiquement toujours inférieur à celui du père et son activité professionnelle ayant connu des interruptions, ses revenus salariaux sont perçus comme secondaires, d'autant plus qu'ils sont jugés "partir dans les impôts" ou qu'ils doivent, en partie, être reversés à la femme de ménage. Deux autres points matérialisent aux yeux des adolescents ce déca-lage des cursus professionnels des pères et des mères : les écarts entre les projets professionnels des mères el leurs réalisations et l'absence de mobilité ascendante de leur emploi au cours du temps.

    . Des souvenirs qui diffèrent

    De plus, les cursus professionnels des mères ne sont pas vécus de la même manière par les fils et les filles. Les garçons ont tendance à occulter le travail salarié de leur mère : ils gomment les essais de professionnalisation ou les Lemps courts d'activité salariée. A l'opposé, les filles citent les forma-tions, les occupations successives, les postes de travail, les niveaux de compétence. En faiL, pour qu e les garçons reconnaissent leur mère comme travailleuse potentielle, elle doit remplir au moins une des quatre conditions suivantes:

    RECllERCIŒS l!:T PIŒVISIONS 11°18-19

    - a voir un ni veau de formation confirmé par un diplôme; - avoir exercé une profession à l'image valorisante; - avoir touché un haut niveau de rémunération; - avoir exercé une profession correspondant à un don ou à une vocation . Tandis que les filles identifient la toi.a.lité des différentes expérien-ces professionnelles de leur mère, et en caricaturant : *au masculin: toute mère-épouse est une femme au foyer potentielle qui est amenée à travailler, à la condition de le justifier par un élément socialement reconnu et valorisé; * au féminin : toute mère est une salariée potentielle ou effective quoique femme-épouse.

    . Et des projets professionnels

    Les jeunes filles, ayant observé les difficultés éprouvées par leur mère lors de leurs essais de reprise d'emploi, onl pour projet prof es-sionneti un plein temps salarial vécu en continu tout au long de la vie active; elles pensent pouvoir maîtriser en s'organisant les "contraintes domestiques". Et clics mettent en avant l'intérêt du contenu du méLier qu'elles choi-siront et l'autonomie individuelle qu'il leur procurera. Les garçons restent, pour leur part, attachés à une certaine image au féminin où se conjuguent assignation conjugale et maternelle lis ont des points de vue ambigüs: ils reconnaissent à leur soeur un droit à une activité salariale continue, mais sont moins affirmatifs pour leur future épouse . Ainsi, pour le fils, le travail est un dû : ce n'est pas une conquête, alors que pour les filles c'est encore une conquête. Elles ont la crainte de ne pas s'enraciner sur le marché du travail.

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  • L'évolution des rôles

    Les recherches menées su r les femmes actives révèlent que la croissance de l'activité profes-sionnelle des femmes n'a pas mis lin au partage des rôles dans les couples Les femmes continuent à "manager" les charges domes-tiques, bien qu'elles utilisent de plus en plus, lorsqu'elles en ont la possibilité financière, des person-nes "relais" qu'eœles rémunèrent pour assurer la garde des enfants, une partie de leur éducation et faire le ménage. C. Nicole souligne que subsiste une grande différenciation entre homme et femme dans la manière dont ils s'occupent de leur foyer . Si les hommes font une rupture importante entre vie profes-sionnelle et vie familiale, les femme s actives ont une préoccupation constante en matière d'organisation du foye r : elles vérifient, de leur bureau, le bon déroulement de la vie familiale. On retrouve cette même manière de manager vie familiale et profession dans la recherche menée par J.F'agnani el C.Caslelain-Meunier sur les nouvel les couches moyennes. Iecondairc.Pour ces femmes,

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    la priorité n'est pas tant le partage des tâches que le libre accès à l'emploi. De plus, la femme en lire un pouvoir d'orchestration el de grandes libertés dans le mana-gement de la vie domestique . Au total, les chercheurs démontrent que, contrairement à ce que l'on pouvait supposer, il n'existe pas de réelle corrélation entre dévelop-pement de l'activité féminine et partage des lâches domestiques. On observe, dans certains couples où la femme fait carrière, une redistribution des tâches mais ce n'est pas une constante. li faut, parallèlement, souligner le changement de contenu des lâches domestiques qui s'est opéré.

    . Un changement de contenu des tâches domestiques

    La diffusion des équipements ménagers (de la machine à laver le linge au four à micro-onde), leur multiplicité, ainsi que la diffusion des su rgelés et aliments de services (légumes épluchés pré-cuits, plats cuisinés) ont profon-dément modifié le contenu des Lâches dome sl iq ues. C . Sèze observe une tendance à la socialisation de l'activité domesti -que qui se concrétise par une extériorisation accrue de ce travail.

    . Interactions entre les carrières des con1oints

    C. Nicole, dans son observation des couples où l'un des conjoints a fait carri ère dans une mutuelle d'assurance à Niort, a distingué deux logiques d'intéraclions de nature différentes dans ces couples. Lorsque c'est. l'homme qui a fait carrière, l'activité profes-sionnel le de l'épouse est soit minorée soit totalement interrom-pue et on trouve une mobilisation familiale autour de la carrière du mari.

    R~Clll'~ltCI ŒS ET PREVISIONS n•t 11· l 9

  • Lorsque c'est la carnere profes sionnelle de la femme qui est. dominanl.c, l' intéracl.ion existe avec la carrière de son partenaire mais elle ne conduit pas au même rééquilibrage. L'intéracLion joue essenl.iellemcnl sur la mobilité professionnelle du conjoint. Ce dernier se voit obligé de refuser des promotions qui auraient pour conséquence une mobilité géographique (1). D'autres sont dans l'impossibilité de créer une entreprise car une installalion sous-entendrai t une participation active de l'épouse. Dans quelques cas~ C. Nicole obse r ve des co nduite s de distanciation envers l'emploi des conjoints de fem mes carrié -ristes (2). Les observations de C. N icolc nous conduisent à nous interroger plus avant sur les intéractions des carrières professionnelles des deux membres des couples. 11 semble qu'au sein de ces familles de Niort la réalité dominante n'est pas une double carrière des deux membres du couple. Ainsi, les interactions entre la vie professionnelle et la vie familiale ne sont pas équivalentes pour les deux membres du couple. Les statuts salariés du père et de la mère sont différemment vécus par les enfants et l'activité profession-ne ll e de la mère se conjugue toujours avec la gestion de la vie domestique. De même, lorsque la femme "fait carrière", la trajec-toire professionnelle du conjoint est influencée mais en des termes différents, l'intéraction joue essen-tiellement sur la mobilité pro-fessionnelle du conjoint, elle ne conduit pas à une minoration ou à

    RECJJERCllES ET PREVISIONS n°Ul· 19

    un arrêt d'activité.

    Afin d'expliciter les différentes trajectoires professionnelles et familiales , plusieurs recherches ont tenté à partir de l'observation de trajecLoires de groupes homo-gènes, d'apporler des élémenls d'interprélations des divers comportements.

    L'engagement professionnel féminin : où sont les racines de la mobilisation

    S'il est maintenant acquis que de grandes diversités de stratégies professionne lles et familiales s 'observent e ntre catégories socia les, le ni veau d'instruction jouant. un rôle essentie l dans la détermination de ces stratégies, il est plus difficile d'interpréter les différences de comportements qui existent au sein de catégories homogènes. Plusieurs Lypes d'inlerprélalions sont ci -dessous présentés . C. Nicole voit les racines de la mobilisation professionnel le des femmes principalement dans leur passsé. F'. de Singly insiste pour sa part sur les interférences du regard du conjoint. Quant aux st ratégie s de reproduction, C. Caste Iain-Meunier et J. Fagnani , inscrivent les stratégies de reproduction des nouvelles couches moyennes dans des comportements culturels de concept.ion de la famille .

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    ! 1) Lu spécificité du Lerrain Ott région de N1orl) accentue peut êLre ces résult.at.s. Ils choissent. d'a ut.res terrains d'identité: .:ertains deviennenl présidents de parents d'élèves ou de club de sport; d'autres s urva-lorisent le temps libre, les passe-temps.

  • . Une forte mobilisation person-nelle des carriéristes

    L'observai.ion réa 1 isée par C. Nicole met. en avant. quelques poinls communs de ses femmes "carriérist.es". Elles ont. avant Loul une motivai.ion hors normes. Celle dernière leur a permis de bousculer Lous les obslacles, de convaincre le conjoint., de dépasser les problèmes causés par les enfanLs. 11 esl, à ce propos, inléressant de souligner qu'elles ont. en moyenne aulant. d'enfants que celles qui onl minoré leur carrière. Aulre point. imporlant à souligner: c'est. parce que leur mobilisation sur leur carrière est forte qu'elles parviennent à la mener cl à trouver des aides exlernes nécessaires. Au fur et à mesure, elles ont. pu s 'organiser. Lorsque leur posilion professionnelle a été plus assise, elles ont récomposé la dist.ribut.ion des Lâches, éventuellement. en obtenant une meilleure partici -pation de leur conjoint. et surtout en utilisant une bonne panoplie d'aides ménagères. Si au total elles ont en moyenne autant d'enfants que les autres, elles onl souvent élé amenées à espacer leur venue alin de rester libre professionnellement. et certaines onl ét.é conduites à limiLcr les naissances. Au Lot.al, scion C N icolc, une carrière au féminin est liée à une Lrès forte mobi 1 isalion person-nelle. D'après cl le, l'origine de celle forte mobilisalion est plus à rechercher dans le passé de ces femmes, elles auraient. quelque choRe à prouver, un échec à rallraper, plus que dans une quelconque inégalité initiale de ressources. A l'observation, ceux oll celles qui ont fait carrière n'c1vaienl pas au

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    déparL les ressources les plus importantes.

    . Ou l'influence du conjoint

    Pour sa part., F. de Singly redonne un rôle au conjoint.. Selon lui les causes de l'investissement profes-sionnel des femmes ne sont. pas à rechercher exclusivement. dans le passé, e lles sont Loutes autant liées au présent. Ainsi Pygmalion par les encouragements qu'il lui prodigue et. la confiance qu'il lui donne, permet. la réussit.e profes-sionnelle de sa partenaire . L'idée est de rechercher cc qui donne aux femmes l'énergie nécessaire pour exploiter leurs ressources. L'auteur reconnait. lui-même que Pygmalion ne peul réussir que si sa partenaire est. sensible à ses encouragemenls. El de plus, il n 'est vraiment. utile que si la femme a besoin de ses encouragements pour investir. Plus globalement., l'engagement. professionnel de la femme ne dépend pas de manière univoque des encouragements de son partenaire; l'investissement. fémi-nin peul aussi naître dans des couples dont. l'homme est. indifférent.. Notons que la construction de l'idenlit.é sociale de chaque partenaire est. délerminanlc dans les régulai.ions conjugales. J\u lit du Lemps un mari peut. avoir une conduite d'homme "pygmalion" de "gentleman" el même de "mari". Pour le "mari", sa femme esl avant tout mère et épouse, mais clic peul cependant invesLir dans une aclivit.é professionnelle, il ne l'y encourage pas mais il peul évenluellcmenl avoir un regard positif sur cet.Le act.ivit.é. Lorsque l'homme esl "gent.le man"; i 1 se doit, a.u nom de l'égalité enLre les sexes d'encourager son épouse à avoir une aclivité professionnelle et même à investir. Dans les périodes où il a besoin

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  • d'encouragement il est. plus attentif à l'activiLé professionnelle de son épouse. Lorsqu'il réussit, son attention faiblit, mais sa femme est. devenue suffisamment autonome pour ne pas !:i'en soucier. Quant à l'homme "pygmalion", il encourage les investissements professionnels dans le but. d'en être personnellement. valorisé.

    Les stratégies de reproduction des nouvelles couches moyennes: avoir ou non un troisième enfant

    Le choix ou le refus du troisième enfant dans les familles ne peul être circonscrit. à des questions d'ordre financier cl organisa-tionnel. Il est tout. autant culturel. J. Fagnani et C . Caslelain -Meunier observent. deux "esprits de famille" très différents au sein des deux groupes de familles dans lesquels les femmes sont. actives. Celles qui onl limité leur descendance à deux enfants tiennent. avant toul à sauvegarder l'autonomie de chaque membre. Elles adhèrent. à un système de valeurs égalitaires el s'attachent. à responsabiliser chacun des mem-bres de la famille. Le système d'organisaLion est. basé sur un principe d'égalité cl s'apparente à une forme d'autonomie. La venue d'un troisième enfant risquerait de rompre cet équilibre familial. Dans les familles de trois enfants el plus les valeurs communau-taires prédominent el la conception de la famille est pl us héirarchisée. Dans ces familles, la répartition des rôles est. très nette: les pères incarnent. aux yeux des enfants l'autorité, la responsabilité. Il s laissent leur épouse gérer l'organisation domestique el n'inLerviennenL qut: lorsqu'elle le sollicite. Oans ces catégories profession-

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    nelles, le choix du troisième enfant. ne s'est pas posé en terme de di lem me entre t.ra va i 1 professionnel et. enfant. Celles qui ont fait le choix du troisième enfant ont. fait le double choix: avoir une famille nombreuse et une acti vilé professionnel le . Et selon les chercheurs, ces femmes ont. en commun de fortes capacités organisaLionnellcs. Elles sont entourées de plusieurs personnes relais qu'elles rémunèrent pour exécuter les charges domestiques et assurer la garde des enfants. Et surtout, elles acceplenl la contrainte d'un emploi du Lemps structuré. Elles sont obligées de tout programmer el planifient. tout autunt leur temps que celui de leurs enfants el de leur famille en général.

    .La local1sation résidentielle un enjeu majeur

    Un autre choix complète les stratégies professionnelles et familiales des femmes des nou-velles couches moyennes: c'est. celui de la localisation résiden-liellc. Dans leur typologie des 36 000 communes en fonction des professions et catégories socio-professionnelles des femmes et. de leur descendance finale N. Tabard et 1. Aldeghi ont élabli qu'il existe une relation étroite entre la localisa Lion spaliale, le lype d'activité professionnel le et le nombre d 'enfants. Selon J . Fagnani et C.Caste lain-Meunier, celle relation n'est. pas fortuite car la localisation résiden-lielle est un enjeu essentiel au sein des stratégies profession-nel les el famili1:1les. Elles ont observé que dans les critères de choix des logements la priorité est donnée aux besoins de la femme car les différents cenlres urbains sont plus ou moins favorables à

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  • 11 >Le fonctionncmenL Je la famille algérienne, ii1111ai · grée ou non, resw basé sur une Lradition dans lnqunllc existe une division s11xuellc marquée de J'espace: uux hommes l'extérieur au~ femmes l'intérieur, la maison et les enf'anLs.

    la const.it.ut.ion des familles nom -breuses et à la conciliation vie professionnelle - vie familiale. Ainsi il est observé que du fait des contraint.es exacerbées en région parisienne, les mères diplômées vivant avec des cadres supérieurs sont moins actives que leurs homologues de province surtout lorsqu'el les ont. plus de deux enfants. Et "au sei n même de la région pari sienne, plus le nombre d'enfants augmente plus le lieu de résidence exerce une influence discriminante sur le taux d'activité des mères". Ainsi, le pourcentage de femmes des nouvelles couches moyennes qui travaillent en ayant trois enfants ou plus dont le plus jeune a moins de sept. ans, passe de 43 % au centre de l'agglomération à 33 % dans les zones les plus éloignées. Au total, la localisation spatiale est très liée au mode de vie recherché par les couples.

    Les stratégies spécifiques des femmes algériennes

    Y. l3oulahbcl s'est intéressée à une autre composante, tradition -nell eme nt plu s féconde, des familles vivant sur notre territoire. Pour elle, les femmes algériennes immigrées en France onl dc!:i stratégies professionnelles cl familiales très spécifiques. A la différence de leurs maris, leur projet est une intégration à 1

  • - méconnaissance quasi-générale des prestations qui allègent les frais de garde . La PSA M (Prestation spéciale assistante maternelle) et l'AGED (Allocation de garde d'enfants à domicile) sont fort méconnues. Et selon l'lRTS même au sein des familles potentiellement bénéficiaires : dans quatre cas sur cinq les familles qui ulilisent une assistante maternel le agréée ignorent l'existence de la PSAM. JI en est de mème pour les prestations spécifiques à la ma tcrn i té e L aux congés parentaux. Trois mères de jeunes enfants sur quatre ne connaissent pas ou connaissent mal l'A Pl~ (Allocation parenLale d'éduca -tion). Et. lorsqu'elles onl trois enfants ou plus, elles sont encore 60 % à ètre dans cette situation. Quant au congé parent.al d'éducation, 58 % des mères de jeunes enfants affirment. le connaître, mais seules 9 % d'entre· elles en ont une connaissance réelle. Enfin, dans son enquête sur les incidences d'une naissance de jumeaux, !'INSERM souligne la nécessité d'un effort d'information sur les aides à domicile en

    ' montrant que les familles de niveaux modestes semblent les moins bien informées.

    L'adéquation aux besoins des familles

    11 esl très difficile d'analyser l'adéquation de ces aides aux besoins des familles. D'une parl, pour des raisons méthodologiques (cf. dans l'article de I•'. Leprince, les différences notables de réponse sur le choix d'arrêt temporaire d'activité en fonction du libellé des questions) el d'autre part, du fail de la diversité des demandes des

    RECllERC'llES ICI' PIŒVISION8 n°18 19

    familles.

    . Des demandes diversifiées

    Le CREOOC el l'IRTS ont mis en relief la disparité des demandes des familles en matière d'accuei 1 des jeunes enfants. Celle-ci conduit. en partie à une inadéquat.ion relative entre la politique nationale et les souhaits de la population. Un exemple tout aussi probant est donné par les réponses des femmes sur l'Allocation parentale d'éducation cl plus largement sur la question du salaire maternel. La recherche menée par l'IREF indique que si les femmes interrogées avaient le choix entre une allocation parentale de 2 400 F avec un arrêt. lot.al d'activité el une APE à 1 200 F et. un mi-temps, elles choisiraient plutôt la solution mixte. Les femmes instruites vont même jusqu'à la plébisciter. Oc plus, toujours selon la même enquête, l'inquiétude vis-à -vis du retour à la vie professionnelle après un arrêt. d'activité de deux ou trois ans est très répandue (1 ). Et ce Laux d'inquiétude s'élève avec le niveau d'étude (69 % des cadres et professions int.elleclucl les manifes-tenl leur inquiétude contre 66 % des employées el 64 % des ouvrières). Les moins inquiètes sont les femmes des professions intermédiaires Selon A.M. Oevreux, ce sont les catégo-ries professionnelles qui ont la position la plus ambivalente vis-à-vis du rapport à l'activité. Certaines envisagent avec facilité de s'arrêter deux ans pour élever leurs enfants, d'autres sont choquées à l'idée d'un salaire maternel. Et celle enquêle menée auprès des femmes enceintes révèle que cc sont les ouvrières qui sont les plus

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  • < 1 l Pour plus de précisions cf. l'article de M. GRIGNON sur cette recherche.

    favorables à l'idée de gagner tout juste le SM IC pour res ter chei elles garder leurs enfa nts. Les employées et les cadres sont peu enthousiastes: peut-être pour les autres mais pas pour elles.

    Un impact difficilement mesu-rable des prestations sur les comportements d'activité et de fécondité des familles

    La recherche menée par l'ADEPS (1 ) sur les liens entre les politiques familiales el les comportements individuels d'aclivilé et d'isole-men t des femmes a démontré, après une comparaison des comportements des Lorraines el de Luxembourgeoises, qu'i 1 esl très difficile d'établir les liens de causalité entre prestations fami -liales et activité ou entre presla-

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    lions fami l ia l es el s t atut matrimonial. Une autre compa r aison inler-naliona le, menée sur l 'obser-valion des comportements profes-sionnels el natalistes des femmes de la CEE a mis en relief d e grandes divergences de compor-tements et établit une typologie des différents pays. Mais elle n'a pu déceler l'impact des différentes politiques familiales de ces pays sur ces comportements. Au total, ces recherches menées su r l'incidence des aides à la fam ill e ont souligné princi-palement la nécessité d'accentuer l'information aux familles. Oe nouveaux travaux seront néces-sa ires pour permellre un réel éclairage des relations enlre les a ides à la famille et l'activité féminine.

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