roumanie 77

Download ROUMANIE 77

If you can't read please download the document

Upload: vali-ivan

Post on 30-Nov-2015

43 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • 1

    NOUVELLEsROUMANIE

    SOMMAIREA la Une

    Lutte anti-corruption Schengen Gaz de schisteTrafic dtres humainsDossierMagyars

    Actualit

    Vie internationaleMoldavie PolitiqueEconomieSocialActualit en images

    Socit

    Evnements Faits diversVie quotidienne Envir onnementEmigrationReligionEnseignement, SportsInsolite, Page photos

    Connaissance et dcouverte

    Salon du livreMusique, CinmaMmoireHumourAbonnementCoup de coeur

    Numro 77 - mai - juin 2013

    Lettre dinformation bimestrielle

    Les

    de

    Faut-il oublier ? Oublier les crimes, les malheurs, les souffrances, les cha-grins, les deuils, les sparations, les dnonciations, les dsespoirs infligs leurs peuples par des rgimes sclrats ? Et faire comme si de rien ntait,hausser les paules devant les dcombres de vies brises, les insultes lintelligence et la dignit de chacun Tourner la page sans autre crmonie ?

    "Non bien sr !"sest exclam Varujan Vosganian, lors dun dbat muscl du der-nier salon du Livre de Paris. Le ministre libral de lconomie, qui prsentait son der-nier livre, tait mis sur le grill par des compatriotes qui lui reprochaient de cautionnerles hritiers du communisme par sa prsence au sein du gouvernement roumain actuel.

    "Non ! Loubli nest pas une solution, ce serait fuir, se rfugier dans des non-ditsdestructeurs pour soi-mme et insultants pour les victimes" sest-il enflamm, vo-quant le gnocide dont son Armnie dorigine porte encore les stigmates, un sicleaprs. "Face des passs aussi lourds que le notre, on na pas le choix. La dmarchene peut-tre que volontaire. La vengeance mais cest exclus car elle rabaisse auniveau des tortionnaires, ou le pardon".

    Ce plaidoyer brillant provoqua quelques remous dans la salle. Pour chrtiennequelle soit, la terre de Roumanie nimplique pas immanquablement de tendre lautrejoue celui qui vous a offens. Encore ce pardon doit-il tre sollicit par celui qui apch ! Encore faudrait-il que le pcheur reconnaisse ses mfaits et ne continue pas,sous une forme arrogante les exercer, en profiter. En roumain, on dit "Pacatul mar-turisit e pe jumatate iertat" Faute avoue est moiti pardonne.

    Cette question du pardon nest ni contemporaine, ni roumaine. La mmoire dumonde est remplie de rcits datrocits. Et malheureusement, lHistoire est un ternelrecommencement. Pourquoi les bourreaux, les tyrans dhier sinquiteraient-ils silssont assurs de ne jamais tre punis? Il y aura toujours un pays voyou pour lesaccueillir, un paradis fiscal pour mettre labri la fortune amasse sur le dos de leursconcitoyens par des dirigeants corrompus! Bien souvent, ils pourront mme se recy-cler comme de largent sale dans leur propre pays, sachant monnayer les complicits.

    "Nous avons cr des dizaines de commissions depuis la Rvolution pour faire lemnage"sest dfendu le ministre, provoquant le scepticisme gnral de ses compa-triotes. Ce fin lettr avait-il oubli la clbre formule de Clmenceau, lorsquil taitprsident du Conseil : "Quand je veux enterrer un problme, je cre une commission"?

    Cette forme de mmoire apparat un peu trop slective. Le pardon la va-vite esttrop facile. Ne rejoint-il pas dailleurs loubli ? Et alors, puisquil ne peut-tre questionde vengeance, que reste-t-il pour ceux qui ont souffert sinon le mpris?

    Henri Gillet

    Loubli, la vengeance, le pardon2 et 34 et 56 et 78 11

    12 1516 et 1717 2021 et 22

    23

    2425

    26 et 2728 et 2930 et 3132 34 36 et 37 38 et 39

    40 5354 et 5556 et 57

    5859 60

  • Les NOUVELLES de ROUMANIE

    222

    A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

    223

    La condamnation une peine de prison ferme de lancienPremier ministre Adrian Nastase - sous la frule duquel nonseulement les grandes enqutes taient inimaginables, mais deplus les procureurs trop tmraires taient limogs pourlexemple - a bris le mythe de limpunit, profondment enra-cin dans limaginaire politique roumain, gnrant une vaguede panique. La DNAde Morar a remu toutes les couches dela socit roumaine atteintes par la corruption: gouvernement,Parlement, administration locale, justice, police, douanes,sport. Dans plusieurs cas, des rseaux de corruption tentaculai-re ont t dtruits, comme le dossier des douaniers.

    Une monumentale erreur de casting

    La Roumanie a fourni bien peude personnages lumineux, capablesde changer les mentalits et les syst-mes, de prserver intacte leur intgri-t. Daniel Morar compte parmi eux.Le pouvoir politique, quel quil soit,commettra-t-il encore "lerreur"monumentale de casting de laisser auhasard les rnes dun tel contre-pou-voir et de permettre des gens libresde lexercer, comme ils lont fait avecMorar? Trs peu probable: tropdhommes daffaires, de politiciensde haut vol et dautres personnagesinfluents ont pu constater que, en labsence de rseaux de cor-ruption, en labsence de gens de confiance des postes-cls ausein de la justice, rien ne pouvait plus leur garantir limpunit.Pour eux, la prsence dhommes comme Morar la tte desprocureurs anti-corruption les ramne galit avec le com-mun des mortels.

    Les diplomates occidentaux se mettent le doigt dans lil

    Les diplomates occidentaux, Washington, Londres,sont vite arrivs la conclusion que le processus de nomina-tion de nouveaux procureurs-chefs "arrangeants" (via uneentente politique) doit tre soutenu sans quivoque, afin quelinter-rgne qui dure depuis un an entre le Prsident en fin demandat et ses opposants la tte du gouvernement qui esp-

    rent bien rcuprer la mise fin 2014, aille jusquau bout. Quitte fermer les yeux sur leurs agissements et les liberts quilsprennent avec la justice, tous tant dailleurs issus de la mmefamille.

    Mais croire que le nom de celui qui dirige une institutionaussi sensible et emblmatique en Roumanie na pas dimpor-tance est une grande erreur. Ce raisonnement typiquementoccidental et un peu cynique fonctionne dans les dmocratiesdj rodes. La Roumanie manque de mcanismes de vrifica-tion et de contrle qui peuvent quilibrer le systme et en assu-rer le fonctionnement, indpendamment de celui qui conduitles institutions. Si la tte des institutions-cl arrivent des genscapables, avec une volont rformiste, les choses avancent.

    Sinon, la restauration est l. Vous, lesRoumains, vous ntes pas arrivs quelque chose de plus srieux aprs23 ans de dmocratie, pourrait-ondemander ? Hlas, non.

    Avec des procureurs mdiocresou faibles quils laissent sinstaller enRoumanie, les Europens de lOuestapprendront bien vite o se trouvelerreur. De mme, les drapages deBudapest ont t longtemps traitsavec indulgence, jusquau momento, prsent, il nest plus possible dyremdier. Ainsi, la Hongrie a outre-pass depuis longtemps la ligne

    rouge de la dmocratie.Pendant ce temps, la Commission europenne a annonc

    quelle ne modifiait pas son jugement sur les lacunes deBucarest en matire de corruption, exprim dans le dernierrapport du Mcanisme de coopration et vrification (en vuede ladhsion lespace Schengen), sur la ncessit dune pro-cdure de slection transparente des nouveaux procureurs enchef Pour la galerie?

    Dan Tapalaga (Revista 22)Dan Tapalaga est un journaliste et crivain roumain n en

    1975, qui crit notamment pour le site Hotnewset pour lheb-domadaire Revista 22. Il a aussi travaill pour la BBC(Roumanie), Evenimentul Zileiet Romnia libera. Il enseignele journalisme politique dans plusieurs universits roumaineset il a obtenu le prix 2012 du Groupe pour le Dialogue Socialpour ses articles sur la corruption.

    de lanticorruption claque la porte

    lincorruptible en chec

    L e nouveau ministre de la Justice se montrera sans-doute comprhensif avec ses amis politiques.

    n

    BUCAREST

    ORADEA

    BAIA MARE

    l

    l

    TIMISOARA

    ARAD

    l

    SIBIU

    l

    l

    IASI

    BRASOV

    CRAIOVA

    TARGUMURES

    GALATI

    l

    l

    l

    l

    l

    l

    TULCEA

    SUCEAVA

    lPITESTI

    lCHISINAU

    CLUJ

    l Plutt que daccepter un poste honorifique, Dan Morar, 48 ans, le patron delanticorruption a prfr claquerla porte de linstitution judiciair e pour dnon-cer lingrence des politiques dans la nomination des magistrats. Une pratique quicontribue r etarder lentre de la Roumanie dans lespace Schengen estime dansles colonnes de Revista 22, la revue des intellectuels et dmocrates roumains, lejournaliste Dan Tapalaga qui la ctoy.

    L e dpart de Daniel Morar du poste de premier adjoint du chef du parquet dela Haute cour de cassation et de justice, le 5 avril, a nerv beaucoup demonde. Mais ce qui les a fchs, ce nest pas le dpart en soi - qui en a raviplus dun - mais la manire dont il la fait: en dnonant publiquement lentente poli-tique entre le prsident Traian Basescu et le Premier ministre Victor Ponta sur la nomi-nation des procureurs en chef la Haute cour et la Direction nationale anti-corrup-tion (DNA). La plupart sattendait ce quil se taise et avale le deal Ponta-Basescu, sur-

    tout aprs que le prsident la nomm juge laCour constitutionnelle.

    Mais Dan Morar, ancien chef de la DNA,considre quil nest redevable envers person-ne, et quil est libre de faire son mtier jus-quau bout.

    L"homme de Basescu", comme lappe-laient ses dtracteurs, a commenc sa carrireen sopposant judiciairement au prsident (lpoque ministre des Transports) sur le scan-dale surnomm "La Flotte" (des cas de cor-ruption prsume lors de la privatisation de laflotte marchande roumaine dans les annes1990) et la finie galement sur des positionsantagonistes la sphre politique. Il a quitt lesystme aprs prs de huit ans denqutes,

    prouvant, jusquau dernier instant, quil tait tel quon le dcrit: un procureur pur-sang.

    Une force trange sous un visage dune grande pleur

    Jai connu Daniel Morar avant quil ne prenne les rnes de la DNA. La ministre dela Justice, Monica Macovei, mavait appel en 2005 pour me prier de rencontrer quel-quun quelle pensait proposer la tte du parquet national anti-corruption, qui ne sap-pelait pas encore DNA lpoque. Jai accept.

    Je me souviens seulement quil parlait peu et de manire appuye, avec un fortaccent de Cluj et que son visage tait dune grande pleur. Je ne me rappelle plus lesdtails, mais je sais ce que jai rpondu Macovei quand elle ma demand ce que jepensais de lui. Mi-figue, mi-raisin, je lui ai dit: "Il serait capable de tarrter toi, siltattrapait en train denfreindre la loi". Ce natif de Transylvanie, allant alors sur ses40 ans, dapparence frle, arborait toujours une mine grave. Il manait de lui une forcetrange, et il avait une sorte de manire abrupte de tourner ses phrases. Son regard taitperant, son parler franc.

    Lambassadeur amricain Bucarest, Mark Gitenstein, devait par la suite exprimerpubliquement son admiration pour lui, une fois quil tait devenu le chef de la DNA.Ancien avocat, lambassadeur a racont, lors dune visite effectue par le procureurgnral de ltat du Delaware, Beau Biden (le fils du vice-prsident des Etats-Unis), queles reprsentants du Dpartement dEtat ne tarissaient pas dloges sur ce "procureurpur-sang".Gitenstein lappelait pour sa part le "procureur par dfinition".Je pense quecest la meilleure description. Morar incarne laustrit du procureur totalement dvou son travail.

    Le coup de force de lt dernierperptr par le Premier ministrePSD Victor Ponta et son acolyte, leprsident du Snat Crin Antonescu,visant destituer le prsidentBasescu et semparer de tous lesrouages du pouvoir, avait eu commetoile de fond la volont de laDirection Nationale Anticorruptiondassainir les milieux politiques enentamant des actions judiciairescontre les lus les plus corrompus.Le "putsch" avait chou cause duhol mis p ar la Cour Constitution-nelle, au terme dune crise de deuxmois.

    Autant dire que ces deux institu-tions, empcheuses de "magouilleren rond", ne sont pas en odeur desaintet auprs des dirigeantsactuels. Justement, elles devaienttre renouveles en partie, ou tota-lement. Pendant plusieurs mois, lePrsident et le gouvernement sesont livrs une partie de bras defer pour dsigner les nouveaux titu-laires, sous lil attentif deBruxelles. Finalement un terraindentente a t laborieusement trou-v, chacun plaant ses protgs etsauvant la face.

    Trois nouveaux juges ont tnomms la Cour constitutionnelle:Daniel Morar, linflexible procureurde la DNA, Mona Pivniceru, ancien-ne ministre de la Justice, considrecomme "arrangeante" avec le pou-voir PSD et Valer Dorneanu.

    Par ailleurs, Laura CodrutaKvesi, Tiberiu Nitu et Alina MihaelaNica ont t dsigns la tte de laDNA, du Parquet gnral et de laDirection dinvestigation contre lecrime organis et le terrorisme(DIICOT).

    Enjeux de t aille pourdes nominations

    Sans illusion, le p atron

    l

    Dan MorarJustice

    Lancien chef de la Direction Nationale Anti-corruption drangeait trop.

    Robert Cazanciuc a t nomm ministre de la Justice par le Premier ministre Victor Ponta. Sa nomination a t validepar le prsident Train Basescu. Le nouveau ministre de la Justice est connu pour tre un proche de Victor Ponta, ayantt collgue de facult avec ce dernier. Il a exerc dans le domaine de la justice comme procureur au Parquet dIlfov,puis la Cour suprme de justice. Puis il a t directeur et sous-secrtaire du corps de contrle de lancien Premier ministre AdrianNastase. Les critiques de la part du Parti dmocrate libral ne se sont pas fait attendre. Certains de ses membres considrent queVictor Ponta na pas propos un technocrate indpendant au poste de ministre de la Justice, mais plutt un de ses subalternes, etque de par ce fait il"dsire contrler la justice".

    Un proche de Pont a et Nastase, ministre de la Justice

  • 54

    Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

    n

    BUCAREST

    ORADEA

    BAIA MARE

    l

    l

    TIMISOARA

    ARAD

    l

    SIBIU

    l

    l

    IASI

    BRASOV

    CRAIOVA

    TARGUMURES

    GALATI

    l

    l

    l

    l

    l

    l

    TULCEA

    SUCEAVA

    lPITESTI

    lCHISINAU

    CLUJ

    l

    Les choses sont claires dsormais: la Roumanie et la Bulgarie nentreront pasavant longtemps dans lespace de libre circulation Schengen, qui a aboli les contr-les systmatiques des passeports. Ainsi en a dcid le conseil ministriel europenqui sest runi dbut mars Bruxelles. Leurdossiersera, au mieux, rexamin lafin de lanne, et rien ne dit que les Etats membres hostiles lentre des deux paysauront, dici l, modifi leur point de vue pourleur permettre daccder, un jour, lespace sans frontires.

    Un largissement de lEspaceSchengen - qui regroupe actuelle-ment vingt-deux pays - supposeune dcision lunanimit des Etats membres.Encourags par la Commission europenne,qui estime quils ont rempli leurs obligations,Bucarest et Sofia espraient la fin de lan der-nier un vote favorable lors de la runion desministres de lintrieur des Vingt-Sept, jeudi 7mars, Bruxelles. Ils ont finalement renonc introduire une demande.

    Le Parlement europen avait, lui aussi, estim que les deux pays avaient suffisam-ment progress dans le domaine des douanes et du contrle de leurs frontires, quideviendraient les limites extrieures de lUnion.

    LAllemagne voyait les choses dun autre il. Dans une interview donne quelquesjours avant la runion dcisive, le ministre Hans-Peter Friedrich avait prvenu que sonpays mettrait un veto, notamment parce que la Roumanie et la Bulgarie ne combattentpas assez srieusement la corruption: les administrations et les gardes-frontires reste-raient corruptibles. En dfinitive, les ministres concerns se sont borns un rexamendu dossier et ont renvoy toute dcision ventuelle au mois de dcembre.

    Les Pays-Bas staient jusquici montrs les plus hostiles, redoutant une nouvellevague dimmigration est-europenne alors que quelque 140 000 Roumains et Bulgares sesont dj tablis dans le royaume. Le nouveau gouvernement mis en place La Haye atoutefois assoupli sa position, tout en exigeant que deux rapports successifs de laCommission prouvent des progrs de lEtat de droit dans les deux pays.

    En ralit, les Nerlandais ntaient pas isols. Abrits derrire eux, sept ou huit Etats(France, Belgique, Danemark, Finlande, Norvge, Sude, Suisse, Luxembourg) auraientvot contre lentre dans Schengen des Roumains et des Bulgares. LAllemagne a, elle,durci sa position en rejetant tout compromis alors quelle avait dans un premier tempsadmis le principe dune ouverture des frontires en deux phases: maritimes et ariennesdabord, terrestres ensuite. Face lhostilit de Berlin, le premier ministre roumain,Victor Ponta, a prfr renoncer laffrontement. Il a demand au gouvernement alle-mand "un point de vue clair"sur les progrs que son pays doit encore raliser. Il risquede ne pas obtenir de rponse avant les lections allemandes, lautomne.

    Arr oseurarr os

    Dpit, Victor Ponta a dabord indiqu que lentre de son pays dans Schengen neserait plus une priorit. Mais il a ensuite confi quil tait "hors de question"de renoncer cet objectif sur les instances de son rival, le prsident Traian Basescu, qui prne, lui,une lutte accrue contre la corruption des responsables politiques.

    Il sagit donc dun chec majeur pour le Premier ministre roumain qui se retrouvedans la situation de larroseur arros: la Roumanie tait sur le point dtre admise danslEspace Schengen, lan pass, les rticences nerlandaises sestompant jusqu ce queVictor Ponta dclenche avec ses allis de la coalition gouvernementale une grave criseinstitutionnelle dans son pays pour semparer de la totalit des pouvoirs, provoquant ladfiance de la communaut internationale et le raidissement de lUE.

    Mi-mars, invit de lmission"Dupa 20 de ani" diffuse sur lachane prive ProTV , lambassadeurdAllemagne en Roumanie AndreasVon Mettenheim a expliqu pourquoison pays ne se satisfaisait pas de lamise niveau de la Roumanie auxnormes techniques de scurisationdes frontires et dadhsion lespa-ce Schengen.

    Le diplomate allemand a notam-ment voqu limpact de la corrup-tion sur la scurit aux frontires."Lorsque quelquun derrire unbureau, ou mme la frontire, per-met lentre dune personne danslespace Schengen contre unesomme dargent, cela ne sert riende remplir les conditions tech-niques", a-t-il dclar.

    En outre, lambassadeur a prci-s que lobjection de Berlin len-tre de la Roumanie dans Schengennavait rien voir avec le contextelectoral dans son propre pays, lerenouvellement des deux chambresparlementaires allemandes devantavoir lieu lautomne et le thme delimmigration est particulirementsensible, mais quelle tait dtermi-ne par les points ngatifs mis enexergue dans le dernier rapport dela Commission europenne sur lajustice roumaine.

    A cet gard, abandonnant toutlangage diplomatique, il a ajout que"la corruption aux frontires est lie ltat gnral du gouvernement etde ladministration". Andreas VonMettenheim a enfin affirm que lesressortissants roumains, en tant quemain-duvre trs qualifie, neconstituaient pas un problme dansson pays.

    Les pieds dans le plat

    Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

    l

    225

    Des centaines de personnes ont manifest jeudi 28mars dans plusieurs villes de Roumanie contrelexploration des gaz de schiste, se disant inquitesdes risques pour lenvironnement et pour la sant. "Lexploi-tation des gaz de schiste risque de contaminer la nappe phra-tique et je ne veux pas que nous et nos enfants soyons amens consommer de leau infeste,a dclar lAFP lun desmanifestants, Cristian Popescu, un fonctionnaire g de42 ans. Comme lui, quelque 300 personnes runies place delUniversit Bucarest ont dnonc la mthode dextractiondes gaz de schiste, la fracturation hydraulique ou le fracking,qui consiste injecter haute pression dans la roche dnormesquantits deau additionnes de sable et dadditifs chimiques."Cette technique controverse a t interdite par des payscomme la France et la Bulgarie car elle peut entraner dessismes",a soulign Georgeta Mihail, 60 ans, ancienne profes-seur dallemand.

    Les protestataires ont appel le gouvernement rvoquerdes dcisions autorisant plusieurs groupes ptroliers, dont la-mricain Chevron, lancer des oprations dexploration."Chevron, go home"et "A bas les tratres",ont-ils scand, enrfrence au Premier ministre social-dmocrate Victor Ponta,qui stait dclar farouche opposant aux gaz de schiste alorsquil tait en opposition, avant de se dire favorable lexplora-tion, au dbut de cette anne.

    "Nous ne voulons pas tre des cobayes"

    A Brlad (Moldavie), ville situe proximit dun bloc de600 000 hectares pris en concession par Chevron, prs dunmillier de personnes se sont rassembles devant lglise SaintIlie, faute dautorisation manifester au centre ville. Ils ontnotamment assist une messe avant dcouter un prche delarchiprtre Vasile Laiu, fer de lance de lopposition locale la

    fracturation hydraulique. "Nous ne voulons pas treles cobayes de ceux qui soutiennent cette tech-nique",a-t-il lanc. Interrog sur son refus dautori-ser une manifestation dans sa ville, le maireConstantin Constantinescu a affirm quil ne voulaitpas que"Brlad devienne le centre mondial des pro-testations contre les gaz de schiste".

    Des centaines de personnes ont galementmanifest Buzias, ville clbre pour ses eauxminrales, vise par un projet dexploration des gazde schiste dUniversal Premium, filiale dun groupebas Luxembourg. Un rapport de lAgence amri-caine dInformation sur lnergie qui manifeste ungros apptit en la matire estime que les ressourcesde la Roumanie, Bulgarie et Hongrie totaliseraient538 milliards de mtres cubes de gaz de schiste.

    Gaz de schiste : lapptit de Chevron provoque des manifestations travers le pays

    Schengen : cest niet pourla Roumanie et la Bulgarie

    UE

    L exploitation du gaz de schistefait donc lobjet de mouve-ments de contestation enRoumanie et en Bulgarie. La Russie, quia intrt conserver son monopole ner-gtique, ny est peut-tre pas trangre,estime la presse roumaine.

    Moscou tente dempcher lexploita-tion du gaz de schiste roumain, qui rdui-rait la dpendance nergtique de laRoumanie et de lUnion Europenne vis--vis de la Russie, assure EvenimentulZilei. "La guerre du gaz de schiste a com-menc Brlad", crit le quotidien buca-restois qui se fonde sur un rapport amri-cain rdig par Keith Smith, un analysteen nergies, ancien ambassadeur US dans

    les Pays baltes qui est galementconsultant auprs de multinationalesamricaines, alors que le gant amricainChevron fait des pieds et des mains pourse faire octroyer dimmenses concessionsdans cette rgion prometteuse.

    Selon ce rapport, les Russes seraientderrire les rvoltes qui ont eu lieu lafois en Bulgarie o linterdiction de lex-ploitation des gaz de schiste a t votepar le Parlement en catimini et enRoumanie.

    Depuis un an, les rvoltes contre lex-ploitation du gaz de schiste se multiplientdans les Carpates. "Moscou financeraitmme les ONG environnementales" sou-tient le consultant amricain.

    "Une main russe" serait ainsi derri-re les protestations contre les forages Brlad, dans lest de la Roumanie, o plusde 8000 personnes ont manifest le 27fvrier contre lexploitation des gaz deschiste.

    Parmi les manifestants venus de plu-sieurs provinces, on comptait des hom-mes politiques mais aussi des prtres.Pendant ce temps, le gouvernement rou-main mne une politique quivoque surce dossier. Fin janvier, le Premier minist-re Victor Ponta - aprs avoir annonc auprintemps 2012 quil tait oppos auxforages - a chang de position sur le sujeten dclarant soutenir lexploration desgaz de schiste.

    Une contest ation orchestre par Moscou selon les Amricains

    Les frontires de Schengen sont toujoursfermes pour les Roumains et Bulgares.

    Energie

    Un millier de personnes ont manifest Brlad contre les prtentions de Chevron de se rserver un primtre de 600000 hectares

    dans la rgion pour lexploration des gisements de gaz de schiste.

    lBARLAD

    l BUZIAS

  • A la UneLes NOUVELLES de ROUMANIE

    76

    Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

    n

    BUCAREST

    ORADEA

    BAIA MAREl

    l

    TIMISOARA

    SIBIU

    l

    BRASOV

    CONSTANTACRAIOVA

    l

    l

    l

    l

    l

    l

    BOTOSANI

    BRAILA

    SUCEAVA

    M. CIUC

    l

    PLOIESTI

    IASI

    l

    Au nom dune culture de la sou-mission de la femme, les victimes detrafics dtres humains refusent sou-vent de tmoigner contre leurs bour-reaux. Mme si une dnonciationpeut dboucher sur lobtention de tit-res de sjour temporaires. Placesdans des centres ou associations oelles ne restent gure, ces naufra-ges de la traite humaine, qui se liv-rent par ailleurs une mendicitmassive, sont souvent reprises dansdes rseaux. Par leffet de louverturedes frontires mais aussi de ladmocratisation des moyens detransport qui les font souvent dbar-quer en France, Beauvais, termi -nus des compagnies low-cost, cesesclaves du XXIe sicle alimententun trafic plantaire dun autre ge eten plein essor.

    Selon lONU, la traite des treshumains, qui porterait sur environ2,4 millions de personnes, a rapport26,4 milliards deuros en 2012. Cequi hisse ce flau au troisime rangdu crime organis, juste derrire lengoce darmes et la contrefaon.

    Les rseaux de traite des tres humains sont revenus sous le feu judiciaire, finmars. Le tribunal corr ectionnel de Paris a jug les Hamidovic, famille de Tziganesdbarqus de Bosnie-Herzgovine pourcontraindr e des mineurs volerdans lemtro, et, dans le cadre dun autre procs, un groupe de proxntes roumainsayant rduit plusieurs dizaines de femmes lesclavage sexuel dans Paris.

    Ces affaires, bien quayant dfray la chro-nique, ne sont que la partie merge dun ice-berg auquel sattaquent les forces de lordre.LOffice central pour la rpression de la traite des treshumains (Ocrteh) a enregistr en France le dmantle-ment de 52 rseaux internationaux en 2012, soit treize deplus quen 2010. Dans le lot, 23 filires taient animespar des ressortissants venus de Roumanie. Lors de coupsde filet mens travers le territoire, les policiers ontinterpell lanne dernire pas moins de 572 proxntes.Dont 130 exploiteurs sexuels de nationalit roumaine.

    "La monte en puissance des gangs de lEst cor-respond une ralit forte et leur rpression est rigecomme un de nos objectifs majeurs",note le commissai-re Yann Sourisseau, patron de lOcrteh, pour qui ce ph-nomne remonte aux annes 1990."Au dpart, il sagis-

    sait de micro-rseaux dirigs par des chefs de famille ou de clan, vivant et l dansdes campements et organisant la prostitution de femmes de leur communaut commemoyen de subsistance, observe le policier. Belles-surs, cousines ou filles d"amis",elles bradent leurs charmes raison de 30 50 euros la passe dans des voitures sta-tionnes sur le bord de routes dpartementales ou labri de secteurs boiss situs la priphrie des villes de province".

    Parfois tatoues comme du btail

    Au fil des annes, des gangs criminels plus organiss se sont greffs sur ce terreauartisanal pour "marchandiser" des stakhanovistes du sexe une chelle quasi indus-trielle. Le travail en profondeur sest traduit par larrestation de quelque 1300 racoleu-ses sur la voie publique. "Recrutes notamment parmi des familles misrables ayantcontract des dettes dans leur village dorigine, ces victimes acceptent de travaillerpour le compte de cranciers gravitant dans la sphre mafieuse",prcise YannSourisseau. Nombre dentre elles ne dcouvrent leur sort quune fois arrives enFrance, en Italie ou en Espagne. Parfois tatou tel du btail sur les reins ou entre lesomoplates o est inscrit le nom de code de leur souteneur, ce "cheptel" humain est sou-mis labattage des rencontres tarifes.

    En 2011, les policiers ont tabli quen deux ans six prostitues avaient dgag370 000 euros de bnfice. Le chef de rseau, retranch comme souvent ltranger,stait fait construire une maison de trois tages sur les bords du Danube. Et avait ache-t une Maserati, une Mercedes ainsi quune BMWsrie 6, toutes confisques lors duneopration mene au terme de deux ans denqute.

    "De longs mois sont ncessaires pour dmanteler ce type de filires, confie-t-on la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ).Il sagit dtablir les liens existantsentre les victimes, qui ne parlent pas franais et vivent sous nombre dalias, ainsi queleur degr de subordination aux rseaux afin didentifier les logeurs, financiers etlogisticiens menant aux cerveaux prsums tirant les ficelles plusieurs centaines dekilomtres de distance".

    Christophe Cornevin (Le Figaro)

    l

    l

    CHISINAU

    L a police espagnole vient dinterpeller 19 personnesdont les membres et chefs prsums de deuxrseaux qui exploitaient sexuellement de jeunesmineures, de nationalit roumaine. Selon les premiers l-ments, elles taient recrutes avec une fausse promesse de tra-vail, leur faisant miroiter que, ds leurs 18 ans, elles pren-draient soin de personnes ges,effectueraient du baby-sitting outravailleraient pour les servicesde ltat. Mais leur arrive, lessuspects les avaient oblig seprostituer au sein du "Dallas" et endurer, sous un rgime desemi-esclavage, des journes detravail allant de 12 14 h, sousla menace de coups ou de viols.Pas moins de 215 victimes ontt identifies, qui auraient tcontraintes de vendre leur corpsdans cette maison close, gnrantun chiffre daffaires denviron60 000 par jour.

    Lenqute, dbute il y a unan environ, a permis de mettre au jour deux organisations. Lapremire, une structure pyramidale, tait constitue dhabitantsde la ville de Braila dont sont originaires la majorit des filles.Les investigations ont montr que la tte du rseau avait prisde nombreuses prcautions comme changer dadresse, de voi-ture, de portable et se faire accompagner dun garde du corps.Il se vantait de dpenser jusqu 14 000 en une nuit.

    Pistes parles proxntes grce leurs empr eintes digitales

    Le deuxime rseau tait charg de rgenter la maisonclose dAgullana, proprit dun couple domicili Valence,do il contrlait en temps rel ce qui se passait dans leur entre-prise grce un systme de vidosurveillance. Les fillesdevaient dposer leurs empreintes digitales au dbut de chaquejourne et avant chaque passe. Les donnes taient envoyes un ordinateur central install dans le club, et permettant de lespister des centaines de kilomtres la ronde.

    Comme cela se pratique ailleurs, les grants exigeaientque les filles leur versent 70 e par jour pour le logement et sonentretien et ils facilitaient laccs aux ponges sexuelles pourleur permettre de se prostituer pendant leurs rgles et de ne pastre pnalises. En outre, elles devaient sacquitter de 5 e pourllectricit, 2 pour chaque rouleau de papier toilette, 7 pour lesavon et devaient participer lachat des prservatifs, lubri-fiants, lessive, nourriture, eau, boissons et tabac. Enfin, elles

    taient obliges de faire, leurs frais, un test sanguin chaquemois, leur seule permission de sortie. Mais l, un systme debrouillage tait mis en place pour quelles ne puissent pas uti-liser leurs portables.

    Avec la complicit de chauffeurs routiers

    Pour faire sortir largentdEspagne, le rseau bnficiaitde la collaboration de chauffeursroutiers qui effectuaient le trajetjusquen Roumanie et transpor-taient les filles qui finissaientaux mains des proxntes. Undes lieutenants du club, de natio-nalit allemande, aurait organisle transfert de largent, lou desimmeubles aux proxntes.Lhomme possderait une flottede chauffeurs transportant lesfilles jusquau club et vice-versamoyennant 15 euros le trajet.

    Largent aurait t blanchidans diverses socits crans, notamment commerciales (capi-tal total estim plus de 11,5 millions deuros), dans de nom-breuses proprits (valeur: 2 M ), plusieurs vhicules de luxeet mme un bateau de 10 mtres. Des perquisitions ont tmenes dans 5 maisons et au Dallas tandis que 101 290 e enespces ont t saisis, deux revolvers, des munitions, neufvhicules, prs de 2000 mandats de transferts dargent, diversmatriels informatiques, des tlphones portables et desbijoux. Deux des chefs du rseau bas en Roumanie sont sousle coup dun mandat darrt et cinq autres personnes seraientimpliques.

    LIndpendant (Perpignan)

    215 jeunes prostitues roumaines esclaves au "Dallas", la fr ontire franco-espagnole

    l

    ARAD

    l

    572 proxntes arrts en 2012 en France et 23 filires de prostitution dmanteles

    Prostitution

    Refus de tmoigner

    Trafics dtres humains venus de lEst

    Prostitution

    Les jeunes femmes taient obliges denchaner les passes 12 14 h par jour, sous vido surveillance pour contrler les cadences!

    A Chesint, une trentaine de kilomtres dArad,dans les Apuseni, les bergers ont vcu une nuit decauchemar, dbut avril. Des loups affams ontattaqu une bergerie, en bordure dune fort et proche du villa-ge, tuant 23 moutons et emportant les carcasses de dix autres.Ce genre dvnement se produit de plus en plus souvent, lenombre de loups tant en augmentation constante la suite dela rglementation les protgeant mais, habituellement, on nednombre quun ou deux animaux tus. Les bergers ne sontautoriss possder que deux chiens, vite dpasss quand lesattaques ont lieu en meute, et ne veulent pas effrayer les villa-geois en levant des molosses.

    Attaques de loup s prs dArad

    Une affair e dampleurexceptionnelle lie lexploitation de prostitues a clat, fin fvrier, au Dallas, une maison closesitue la frontire franco-espagnole, ct Espagne, surla route nationale entre la Jonquera et Figueres, quelques dizai-nes de kilomtres de Perpignan.

  • A la Une

    7 % des 20 millions de Roumains

    Partie intgrante de lempire austro-hongrois, laTransylvanie, o vit une majorit de Roumains, a t intgre la Roumanie en 1918, la fin de la premire guerre mondia-le. Aprs la chute des dictatures communistes en Europe cen-trale et orientale en 1989, Bucarest et Budapest ont eu du mal trouver un quilibre au sujet de la minorit hongroise qui viten Transylvanie: 1,4 million de personnes, soit 7 % des20 millions de Roumains. Ladhsion des deux pays lUE - laHongrie en 2004, la Roumanie en 2007 - avait calm lesesprits.

    Mais larrive de Viktor Orban la tte de la Hongrie, enavril 2010, a chang la donne. Le premier ministre a peu peumonopolis le pouvoir et a pris un virage nationaliste quiaffecte les relations avec ses voisins. "Nous allons construireun pays o nous ne travaillerons plus au bnfice des tran-gers, a-t-il dclar le 22 fvrier lors dun discours sur ltat dela nation.Nous allons intgrer tous les Hongrois qui viventdans le bassin des Carpates ou ailleurs dans le monde".

    Depuis 2011, la Hongrie offre aux minorits hongroisesdes pays voisins - Roumanie, Slovaquie, Serbie - des passe-

    ports hongrois qui leur donnent le droit de voter. Cette initiati-ve, trs mal vue par lUnion Europenne, devrait permettre auparti Fidesz de Viktor Orban de ramener des lecteurs aux pro-chaines lections lgislatives prvues au printemps 2014. Maisle prix de ce calcul lectoraliste pourrait bien savrer lev.

    Boycott dun match huis clos

    A Bucarest, cette longue polmique a toutefois pu servirde diversion au gouvernement, au moment daborder des ques-tions dlicates, telles que les hausses dimpts et les futuresprfectures dans le projet de rgionalisation du pays.

    Enfin, dans ce contexte de tensions, le Premier ministreroumain Victor Ponta a dclar quil renonait assister aumatch de la Roumanie face la Hongrie en phase prliminai-re de la Coupe du Monde 2014 de football, le 22 mars, bienquil y ait t invit. Un spectateur de moins pour un match quisest jou huis clos au stade Ferenc Puskas de Budapest, laHongrie ayant t condamne en janvier par la FIFA causedu comportement raciste de ses supporters lors dun matchamical contre Isral lt dernier.

    Mir el Bran (Le Monde)

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

    9

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

    8

    A la Une

    Les Hongrois de Roumanie

    Un drapeau instrument alis

    Un petit drapeau bleu que traverse une bande dore surmontedu Soleil et de la Lune: le symbole des Sicules, minorit dorigine hon-groise qui habite au centre de la Roumanie, est devenu source de ten-sions entre les Hongrois et les Roumains. Le conflit a commenc le31 janvier lorsque le gouvernement de Bucarest a nomm un nouveauprfet pour la rgion de Covasna o vit une majorit de Sicules. La"crise du drapeau" focalise lattention des lites politiques et diploma-tiques des deux pays et fait coulerbeaucoup dencre dans leurpresse.

    L ors de la crmonie dinvestiture, le drapeau de cette minoritavait t enlev de la salle, provoquant un toll au sein de lacommunaut locale. "Je suis trs fier dtre un Sicule, lesRoumains doivent comprendre que nous sommes attachs nos sentiments natio-naux et nos symboles",avait dclar Tamas Sandor, le prsident du conseil rgio-nal de Covasna. Lincident aurait pu en rester l, dautant que la justice roumaineavait donn raison la minorit sicule en lui reconnaissant le droit dutiliser ses sym-boles ethniques. Mais laffaire est remonte trs haut, au point de troubler les rela-tions roumano-hongroises.

    Le 5 fvrier, le secrtaire dEtat au ministre des affaires trangres hongrois,Nemeth Zsolt, a ainsi us dun ton martial. "Les Hongrois de Roumanie ont subi uneagression symbolique laquelle les Hongrois de Hongrie doivent rpondre", a-t-ildclar en demandant aux maires de son pays darborer le drapeau sicule en signe desolidarit avec la minorit hongroise de Roumanie. Le lendemain, le premier minis-tre roumain, le socialisteVictor Ponta, a violem-ment ragi."Nous nac-ceptons pas que dautresnous donnent des leonssur la faon dappliquerles lois en Roumanie, a-t-ilaffirm. Il sagit duneinsolence".

    "Etat multinational"

    Pouss par le chef dugouvernement, le ministredes affaires trangres roumain, Titus Corlatean, a convoqu Fuzes Oszkar, lambas-sadeur hongrois Bucarest, pour lui signifier lintransigeance de la Roumanie cesujet. A la suite de cette rencontre, ce dernier a dclar sur une chane de tlvisionque la Roumanie devrait modifier larticle 1 de sa Constitution pour changer la dno-mination "Etat national"par "Etat multinational". "Les minorits reprsentent 20 %de la population roumaine, a-t-il dclar.Les droits des Sicules nont pas t respec-ts. Je soutiens leur autonomie culturelle et territoriale. Larticle premier de laConstitution roumaine devrait mentionner un Etat roumain multinational." Lire desautorits roumaines ne sest pas fait attendre. "Si lambassadeur hongrois va au-delde ses attributions, nous lui fermerons toutes les portes", a rtorqu le ministre desaffaires trangres roumain.

    Ces tensions interviennent en pleine rforme administrative en Roumanie.Bucarest compte regrouper les quarante et un dpartements dans huit grandesrgions, ce qui diluerait le pouvoir des lus locaux Hongrois. Bucarest envisageaussi une rforme de la Constitution qui inquite la minorit hongroise. Le rve dunretour de la grande Hongrie commence chauffer les esprits en Transylvanie,rgion longtemps dispute par la Roumanie et la Hongrie.

    relancent le dbat sur la question de leur autonomieMagyars

    La "Guerre du drapeau" avecBucarest est en mme temps un formi-dable levier politique en Hongrie: untraumatisme dans la mmoire collectivenationale depuis le trait de Trianon, en1919, quil est facile dexploiter, tanttpour souder la nation derrire son lea-der, tantt pour faire diversion. Porterassistance aux quelques 2,5 millions deHongrois de Rouma-nie, de Slovaquie,de Serbie et dUkraine, cest aussi undevoir constitutionnel pour Budapest, envertu de la nouvelle Constitu-tion adop-te le 1er janvier 2012.

    Ces politiques nationalistes soute-nues par les autorits hongroises soul-vent des controverses avec les Etatsvoisins. En Roumanie, les prfets desdeux dpartements o les Hongrois sontfortement majoritaires - Co-vasna etHarghita - ont dcid dinterdire lusagedu drapeau sicule de la minorit hon-groise sur les btiment s privs etpublics. Derrire ces bisbilles diploma-tiques et cette "guguerre" des dra-peaux, cest de lautonomie territorialedu pays sicule quil est question, soute-nue par Budapest, refuse par Bucarest.Lors dune interview la tlvision rou-maine, lambassadeur hongrois a affirmle soutien de Budapest lautonomieterritoriale dune partie de laTransylvanie o les Sicules sont majori-taires, appuy peu aprs par son minist-re des Affaires trangres. HunorKelemen, prsident du principal partihongrois de Roumanie (lUDMR), adnonc lingrence de Budapest etaffirm que "le sort du drapeau siculenest pas dans les mains des politicienshongrois".

    L e vendredi 30 aot 1940, 15 heures, dans la salle dOr du Palais Belvdre de Vienne, la Roumanie, reprsente parson ministre des Af faires extrieures Mihail Manoilescu et Valter Pop, signait le fameux "Diktat de Vienne",cdant laHongrie de lamiral Horthy tout le nord ouest de la Transylvanie. Bucarest avait t contrainte daccepter "larbitage"impos par Hitler et Mussolini pour complaire leur alli hongrois. Budapest rcuprait ainsi 43 492 km2 de lancien empire desHabsbourg, 2 667 000 habitants dont 50,2 % de Roumains, 37,1 % de Hongrois, 2,8 % dAllemands, 5,7 % de Juifs et 4,3 % dau-tres origines.

    Ainsi sachevait le dmembrement de laGrande Roumanie, le pays tant dirig par le roiCarol II et le gouvernement Gigurtu. Il avait timpuls un an plus tt, le 23 aot 1939, par lasignature du protocole secret figurant dans le pacteRibbentrop-Molotov, prvoyant la cession de laBessarabie, du nord de la Bucovine et de la rgionde Cernauti (Tinutul Herta) lUnion Sovitique,impose aux autorits roumaines par lultimatumque Moscou leur envoya le 26 juin 1940, laRoumanie ayant deux jours pour sy soumettre.

    Les Roumains devront avaler une autre cou-leuvre dans la foule en remettant le quadrilatredu sud de la Dobroudja la Bulgarie, la suite dutrait de Craiova, sign avec ses voisins, le 7 sep-tembre 1940. Loccupation de la Transylvanie parles Hongrois se traduira par de nombreuses atroci-ts, destructions, expulsions, mises en uvre parlarme hongroise, des groupements paramilitaires,des "kommandantur" et services de police hon-grois tant installs dans les villes-prfectures dechaque judet occup. Au total, plus de 500 000Roumains seront expulss.

    Nouvelles tensions au pays des Sicules

    Le "Diktat de V ienne" : plus de 500 000 Roumains expulss

    Le 30 aot 1940, la Roumanie est contrainte dabandonner toute la Transylvanie du Nord la Hongrie, allie dHitler. Quelques semaines plus tt, suite la dfaite

    de la France, son amie, elle avait dj cd la Bessarabie, la Bucovine du nord, la rgion de Cernauti Staline et le quadrilatre sud de la Dobroudja la Bulgarie.

  • A la Une

    Je donne des cours de graphisme deux jourspar semaine en Roumanie Nagyvarad (Oradea,en roumain). Je le prends comme une faon dai-der la communaut, de faire mon devoir vis--vis delle. Beaucoup de mes tudiants ont obtenurcemment la citoyennet hongroise, pourtantils ne veulent pas forcment venir travailler icien Hongrie.

    Mais mme sils le font, ils iront Budapestexactement de la mme faon que lon vient deKaposvar (dans le sud de la Hongrie) oudailleurs, car pour les Hongrois de Roumanie,Budapest a toujours t notre capitale, pasBucarest. Le besoin dmigrer est de toute faonmoins pressant quavant car les niveaux de vie des deux paysse sont quilibrs et si on veut vraiment partir de Roumanie, cenest pas plus pour aller en Hongrie, mais ailleurs en Europe.

    Mfiance envers la politique de Viktor Orban

    Je sais que beaucoup de non-Hongrois ne comprennentpas et prennent mal ces mesures dOrban sur loctroi de lacitoyennet, mais a mest gal, car a permet de renforcer lat-tachement dune personne la nation. On parle de citoyenne-t, mais ce nest pas un "big deal", juste un bout de papier aveclequel on peut obtenir plus tard un passeport.

    Cest bien pour nous quand on va ltranger par exemple.En entrant en Angleterre, un douanier ma demand ma natio-nalit, jai naturellement rpondu "Hongrois" - puisque pournous nationalit et citoyennet sont diffrentes - et il sest ner-v quand il a vu mon passeport roumain. Les Hongrois deRoumanie sont trs mfiants vis--vis de la politique hongroi-se. Le rfrendum de 2004 a t un tournant, beaucoup ont t

    dgots par la gauche et se sont tourns vers la droite, maisont pris aussi leurs distances avec la politique hongroise [3].

    Nous naimons pas tre manipuls, nous naimons pasquOrban singre dans nos affaires, en voulant crer un autreparti hongrois en Transylvanie par exemple. Dailleurs, je trou-ve a un peu pathtique quand jentends chanter lhymne sicu-le ici Budapest" [4].

    Corentin Lotard (Le Courrier des Balkans)[1] Au dbut des annes 2000, beaucoup de jeunes arbo-

    raient un t-shirt avec crit: "Je suis Hongrois, pas un touris-te!", ndlr.

    [2] La question des minorits hongroises a t complte-ment occulte et taboue en Hongrie et dans les pays frres dubloc socialiste, ndlr

    [3] le 5 dcembre 2004, les Hongrois rejettent un rfren-dum sur loctroi simplifi de la citoyennet hongroise, prenantleurs distances avec les menes de leur gouvernement.

    [4] Lhymne sicule suit toujours lhymne national hongroislors des manifestations de la droite.

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

    1110

    Les NOUVELLES de ROUMANIEA la Une

    Sndor, un graphiste de 38 ans originaire de Szovta (Sovata en roumain), aucur du Szkelyfld, le pays sicule, fait partie de ces "Hongrois de lextrieur"qui sesont tablis Budapest depuis la chute du bloc communiste.

    Jusquen 1989 nous tions coups de toute information en provenance de Hongrie:nous navions ni la radio ni la tlvision hongroise, car les collines empchaient lesondes darriver jusqu nous. Je suis venu deux fois en Hongrie avant la fin du com-munisme, ctait comme aller lOuest, dans un autre monde. Il tait interdit de passer lafrontire en possession de devises trangres, mais comme personne ne voulait changer des

    lei roumains en Hongrie, les gens emportaient aveceux toutes sortes dobjets, surtout des cramiques,quils revendaient sitt passe la frontire. Et ce ntaitpas facile non plus pour nos htes qui devaient nousdclarer ds notre arrive au commissariat de policelocal. Alors aujourdhui, cest un rve en comparaisonde ce que a a t.

    Jai trouv un travail de graphiste en 1998, la finde mes tudes, Kolozsvar (Cluj, en roumain). Je nevoulais pas partir et dailleurs cest un peu mal vu departir, cest peru comme un signe de faiblesse. Celanaurait pas fait de moi un "tratre la patrie", puisquenous nen avons pas, de patrie, mais disons que aaurait t un peu comme si je trahissais la nation, car ily a de moins en moins de Hongrois en Transylvanie.

    "Mais je suis Hongrois!"

    Cest moins fort aujourdhui car beaucoup de per-sonnes travaillent ltranger, mais on le ressent enco-

    re. Je gagnais lquivalent de 70 dollars par mois et linflation tait trs forte. Je travaillaispour une socit qui faisait des botes de fromage, une partie de mon salaire tait donc ver-se en... fromage. Une fois, alors que jtais en dplacement Strasbourg, ma petite amieest alle chercher mon salaire: elle a d trimballer une moiti de cochon dans le trolley-bus!Ctait a, mon salaire. Personne navait dargent dans le pays, alors on se dbrouillait.

    Aprs une anne, jen ai eu assez, jai rdig mon CVet jai trouv un travail de gra-phiste/designer Budapest dans une agence de publicit o je gagnais quatre fois plus quenRoumanie. Quand je suis arriv Budapest, on me demandait rgulirement o javaisappris parler le hongrois "Mais je suis Hongrois!" [1]. Je me suis rendu compte quebeaucoup de gens ignoraient lexistence mme des Hongrois lextrieur des frontires etnavaient quune ide trs vague et confuse de ce quest la Transylvanie. Ils ne lont pasappris lcole. La propagande communiste a bien fonctionn, ce qui mtonne car le com-munisme de Kadar a t beaucoup plus "soft" que celui de la RDA, par exemple. [2]. Sanspermis de travail au dbut, je devais franchir la frontire toutes les deux semaines. Ctaitau dbut des annes 2000. Tous les gens comme moi allaient la frontire la plus proche,celle avec la Slovaquie, on la traversait pied pour revenir aussitt sur nos pas avec un tam-pon sur le passeport et avec la complicit des douaniers.

    "Budapest a toujours t notre capitale"

    A la naissance de mes enfants en Hongrie, ltat-civil hongrois a not "citoyennetinconnue", faisant deux des apatrides, en quelque sorte. Nous avons d aller lambassadede Roumanie en Hongrie. Ctait une torture, un vritable combat pour faire reconnatre lacitoyennet roumaine de mes enfants et jai d laisser un bakchich. Jai pu finalement obte-nir moi-mme la citoyennet hongroise en 2006 aprs avoir pass des examens de langueet dhistoire hongroise et prouv que je connaissais les paroles de lhymne national, commeles immigrants chinois.

    Le trait de Trianon du 4 juin1920 entrine le dmembrementde lEmpire austro-hongrois aprssa dfaite de 1918. Il est vcucomme un diktat par les Hongrois.Le pays perd en effet plus desdeux tiers de son territoire, rpar-tis entre Autriche, Tchcoslova-quie, Roumanie et Yougoslavie.Rduite 92 000 km2 et passantde 20 millions 7 millions dhabi -tants, la "petite Hongrie" neregroupe pas tous les Magyars :2 2,5 millions vivent aujourdhuidans les pays limitrophes, dontplus de la moiti (1 400 000) enRoumanie. En 2010, le parlementhongrois a vot une loi dite"Trianon" qui instaure "un jourmmorial national"pour lanniver-saire du trait.

    Un trait qui ne p asse p as

    Les dmonstrations des Sicules varient entre folklore, attachement aux traditions ancestrales, vocation dun pass prestigieux, amertume

    devant la dcadence nationale impose par ltranger et manifestations dirrdentisme.

    comme aller lOuest""Venir en Hongrie, ctait

    n

    BUCAREST

    ORADEA

    SATU MAREl

    TIMISOARA

    ARAD

    lIASI

    BRASOV

    CONSTANTA

    TARGUMURES

    BRAILAl

    l

    l

    l

    l

    SUCEAVA

    lPITESTI

    l

    TARGOVISTEl

    SF. GHEORGHE

    CRAIOVA

    TULCEA

    l

    l

    l

    l

    GIURGIU l

    l

    l

    Magyars

    L e gouvernement du Premierministre Viktor Orban a sim-plifi la procdure de naturali-sation pour les "Hongrois de lextrieur",ressortissants de pays voisins depuis leTrait de Trianon qui a modifi les fron-tires hongroises au lendemain de laPremire Guerre mondiale. Plus de500 000 personnes devraient dposer unedemande de citoyennet dici la fin delanne.

    "Magyarnak lenni j!". "Quil est

    bon dtre Hongrois!", stait exclamLaszlo Tokes, dput du Parti populaireeuropen et grande figure politique desHongrois de Roumanie, en recevant sacitoyennet hongroise au mois de mars2011. Depuis lintroduction dune proc-dure simplifie au 1er janvier 2011 selonlaquelle il nest plus ncessaire de rsidersur le territoire hongrois pour obtenir unpasseport, il a t imit par beaucoup:370 000 demandes de citoyennet ont tdposes par des Hongrois des pays voi-sins, et plus de 320 000 candidats ontdj prt leur serment de citoyennethongroise.

    Ce sont les consulats de MiercureaCiuc (Csikszereda) et Cluj (Kolozsvar)en Roumanie, et de Subotica (Szabadka)

    en Serbie qui ont trait le plus de deman-des. Le gouvernement hongrois table surun demi-million la fin de lanne et envertu dune rcente loi de modernisationde ladministration publique, il souhaiterationaliser le processus pour augmenterla cadence et rendre la procdure admi-nistrative plus simple pour les candidats.

    En offrant la citoyennet puis undroit de vote (partiel) aux Hongrois despays voisins, les desseins gopolitiquesdu Premier ministre hongrois ViktorOrban et de son parti Fidesz prennentforme: runir la nation hongroise divisepar le trait de Trianon aprs la PremireGuerre mondiale. Pour la droite hongroi-se, cest un sacerdoce quelle accomplitavec sincrit et lgitimisme. C.L.

    Plus de 500 000 demandes de p asseport s sont attendues dici la fin de lanne

    Minorits hongroises: lirrsistible appel de Budapest

    La majorit des Magyars sont concentrs dans trois judets:Covasna, Harghita et Mures.

    lM. CIUC

    SOVATA

  • Actualit

    L a langue nest pas seulement un instrument de com-munication, mais elle reprsente aussi un pouvoirdu point de vue politique et social. Or, il apparatque le bon exercice de la langue, aussi bien dans sa variantecrite quorale, mne invitablement la coercition linguis-tique. Ce terme juridique est propos ici pour justifier touteune srie de phnomnes sociaux ayant de longues racines lin-guistiques.

    Lhistoire des socits modernes rvle on ne peut mieuxles usages coercitifs de la langue, mise au service des pouvoirspolitiques. partir de 1812 - aprs lannexion de la Bessarabiepar la Russie - dmarre un processus accru de dnationalisa-tion et de russification, par le biais dabord de lglise, ensuitepar lvincement du roumain comme langue de lducation.Cest l que commence la confusion identitaire qui rgne sur leterritoire actuel de la Rpublique de Moldavie.

    Lusage coercitif de la langue russe sest traduit par sonstatut de langue de communication dans une fdration dequinze rpubliques, au sein de laquelle le russe est devenu lalangue officielle de lUnion, sans que ce principe ait jamais treconnu dans la Constitution sovitique. Le russe est devenu lalangue dun empire de 285 millions de personnes, parlantquelque 130 langues nationales diffrentes.

    Durant 70 ans, la langue russe a export dans les quinzerpubliques attitudes et comportements, idologie et ractions.Cette exportation coercitive de la langue et, avec elle, de li-dologie, continue jusqu aujourdhui maintenir ce brouilla-ge impressionnant des essences identitaires.

    Ecrir e le roumain en caractres cyrilliques

    Qui tions-nous, les habitants de la Rpublique deMoldavie, au sein de lURSS ? Je suis ne dans un village desbords du Prout, le fleuve qui spare la Rpublique de Moldaviede la Roumanie. Ds mon enfance, jai pu couter et regardersans aucun problme la radio et la tlvision roumaines (laproximit frontalire des antennes le permettait largement).

    La bibliothque familiale contenait des livres roumains,apports de Roumanie par mes parents (mon arrire grand-mre avait quitt la Bessarabie en 1933 pour sinstaller enRoumanie - notre famille avait fait un voyage Galati et Iasien 1967). Jprouvais, quant moi, une certaine confusion queje contenais difficielement en mon for intrieur - pourquoicrire en roumain tout en utilisant lalphabet cyrillique, commecela tait impos?

    La phobie lgard de lcriture de la langue roumaine enalphabet cyrillique a men un autre phnomne: celui de lap-

    propriation dune autre langue et de sa culture. Jai eu accs la majorit des chefs-duvre de la littrature universelle enrusse. Cette littrature traduite a laiss une empreinte colossa-le dans mon esprit de future linguiste et enseignante.

    Cest cette poque, tout comme dautres de mes compa-triotes, que je suis devenue une bilingue parfaite, le roumaintant ma langue maternelle, le russe, ma langue maternelleseconde par appropriation. Le russe tait conu par moi l-poque comme un ftiche. Cette langue dun grand peuple a faitnatre un sentiment identitaire qui, pensait-on souvent, enno-blissait spirituellement la personne.

    Sauto-identifier comme Russe

    lpoque sovitique, il tait plus valoris de sauto-iden-tifier comme Russe plutt que comme membre dune autrenationalit. Implicitement, les Moldaves, les Gorgiens, lesAsiatiques, etc, taient perus comme des citoyens de secondezone. Dans les, villes tout particulirement, on prfrait siden-tifier comme Russes.

    Les parents sefforaient denvoyer leurs enfants dans descoles russes, afin de leur assurer, disaient-ils, "un avenir plussr". Les hommes moldaves, surtout les hauts fonctionnairesdu Parti communiste, prfraient se marier avec des femmesrusses, car ctait "de bon ton" et bien vu par le Parti.

    Les Russes qui sont venus habiter en Moldavie aprs 1944ont russi sadapter un milieu linguistique non-slave, sansapprendre la langue roumaine. prsent, le bilinguisme estsouvent pratiqu par les autochtones, mais pas par leurs conci-toyens dautres ethnies.

    Une vritable bigamie linguistiquesans aucun caractre de rciprocit

    Ce bilinguisme moldave est une vritable "bigamie lin-guistique", qui ne prsente aucun caractre de rciprocit. Or,comme dans tout couple, pour la solidit et le bonheur durable,la rciprocit doit tre de mise. dfaut, le phnomne dra-pe et donne naissance des conflits linguistiques. La maldic-tion lie ce phnomne rside dans le fait que la langue russetait porteuse dune idologie, tout en restant la langue dungrand peuple, qui a donn au monde de grands crivains, po-tes, philosophes et penseurs.

    De ce point de vue, lapprentissage du russe et sa coexis-tence avec le roumain ont t une bndiction pour la popula-tion cosmopolite de la Rpublique de Moldavie.

    (suite page 14)

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

    1312

    Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualit

    Le drapeau toil de lOncle Sam flotte au-dessus dun champ de colza len-tre de Deveselu. Ce petit village de la Roumanie profonde, 30 kilomtres de lafr ontire roumano-bulgare, senorgueillit davoir t choisi en 2011 par larmeamricaine poury installer lun de ses boucliers antimissiles destins dfendrelEur ope.

    L es 3 000 paysans du cru taient dj accoutums la prsence duniformessur leurs terres. En 1952, la Roumanie, alors allie de lUnion Sovitique, yavait construit une base militaire et un aroport qui accueillait, dans lesannes 1980, 48 avions de chasse Mig-21 et une centaine de pilotes, fiert de larmeroumaine. Mais aprs la chute du rgime communiste en 1989, la base militaire perdpeu peu de son clat et ferme ses portes en 2002. Larrive au pouvoir du prsident

    pro-amricain Traian Basescu en2004 change la donne. Favorable un partenariat stratgique avecles Etats-Unis, le chef de lEtatsigne en 2011 un accord pr-voyant linstallation Deveseludu fameux bouclier antimissile.

    Malgr les protestations deMoscou, peu dispos voir desmissiles amricains sinstalleraux anciennes frontires delUnion Sovitique, la Roumanieouvre largement ses portes lar-me amricaine, qui compteaujourdhui quatre bases militai-res sur son territoire."Le choix deDeveselu permettait doffrir des

    facilits techniques et logistiques", explique Constantin Hlihor, professeur luniversi-t nationale roumaine de dfense.

    Routes refaites et eau courante

    Larrive des Amricains suscite lenthousiasme des paysans de Deveselu qui enattendent monts et merveilles. Environ 420 millions de dollars (328 millions deuros)devraient y tre investis pour rajeunir la base militaire et construire linfrastructurencessaire. En 2013, lUS Army va injecter 265 millions de dollars pour moderniserlaroport et asphalter les routes dfonces du village. En outre, les paysans vont bn-ficier dun systme de canalisations qui nexistait pas dans leur commune. Leau cou-rante devrait dj produire une petite rvolution dans ce modeste village.

    "Les premires routes seront prtes sous peu, assure le maire, Ion Aliman. Dici-l,nous aurons aussi une station dpuration des eaux qui alimentera le village en eaupotable".Un consortium de 37 socits amricaines et roumaines a t cr en 2012pour grer les travaux. "Ce partenariat va aider les autorits amricaines piloter lechantier",affirme Sergiu Machidon, son directeur roumain.

    Mais le projet rencontre des opposants parmi les paysans. Si les plus optimistessont persuads que larrive des Amricains leur permettra de trouver un emploi, lesmoins convaincus ont peur que la prsence de missiles nexpose le village des mena-ces terroristes. "Ils ont tu Ben Laden et maintenant ils sinstallent chez nous, dclareGheorghe Marinel, agriculteur. Il y a de quoi sinquiter, non ?"

    Mir el Bran (Le Monde)

    Les dernires rvlations faitespar Wikileaks , p artir des docu-ments manant de lambassadeamricaine Bucarest, concernant lapriode 1970-1975, in-diquent que Ceausescumcontent du peu dai-de financire queWashington lui accor-dait, avait court sonvoyage aux USA, endcembre 1973. Ilcomptait recevoir descrdits dun montant de300 millions de dollarset navait reu finale -ment que 10 millions.Ces mmes sourcesrvlent, quun peuplus tard, au printemps1974, le "Conducator",alert par la visite dudictateur bulgare Teodor Jivkov Brejnev, suspectait Moscou de vou-loir transformer la Bulgarie en uneseizime rpublique part entire delURSS et de sarroger un corridor enRoumanie par lequel lArme Rougeaurait pu transiter. Dautres tlgram-mes diplomatiques cits parWikiLeaks rvlent quune tentativedassassinat de Ceausescu, lorsdune visite dans son village natal deScornicesti aurait chou en 1974, cause de son imprparation, maisaussi que le nom dIliescu, cartdes sphres dirigeantes depuis 1971,avait t avanc lpoque pourremplacer le ministre des Affairestrangres Corneliu Manescu, sansquil y soit donn de suite. Quatreans plus tard, ce mme Manescustait rfugi dans un monastre,craignant pour sa vie.

    Ceausescu trouvaitWashington trop pingre

    Les dmocrates et les jeunes p arlent roumain ...les nost algiques du communisme, moldave

    de lOncle Sam flotte sur la base militaire de Deveselu

    La Moldavie est toujours la recherche de son identit

    n

    BUCAREST

    ORADEA

    SATU MAREl

    TIMISOARA

    ARAD

    lIASI

    BRASOV

    CONSTANTA

    TARGUMURES

    BRAILAl

    l

    l

    l

    l

    SUCEAVA

    l

    SCORNICESTI

    l

    VASLUIBACAU

    CRAIOVA

    TULCEA

    l

    l

    ll

    DEVESELUl

    l

    l

    Les optimistes voient les emplois la cl...les pessimistes, les menaces terroristes.

    Vie internationale Le drapeau toil Moldavie

    La question identitaire taraude toujours la Moldavie. Tr ois options continuent de dominerla scne politique : allerversla Roumanie, cest--dire vers lUnion Europenne, dont en tant quancienne province de Bessarabie elle a fait partie, so-rienter vers la Russie, ou plaiderpour le renforcement de ltat moldave. Pour la linguiste Ana Gutu, qui sexprime dansla revue "Regard sur lEst", lidentit moldave est une identit civique, mais ne peut pas devenirune identit nationale.clairage sur le complexe brassage linguistique de ce petit pays.

  • Actualit

    Daprs les donnes statistiques du dernier recensement(2004), vivent en Rpublique de Moldavie (Transnistrie mise part) environ 77% de Moldaves, 8,3% dUkrainiens, 5,9% deRusses, 4,4% de Gagaouzes et 2,2% de reprsentants dautresethnies. Le gouvernement communiste de Voronine, qui semaintient au pouvoir depuis 2001, est accus davoir truqu lesdonnes, surtout du point de vue de lauto-identification. Car,selon ces donnes, seulement 2,2% de la population recensese seraient dfinis comme Roumains, ce qui semble tre unefalsification. Le nombre de membres du Forum dmocratiqueroumain de la Rpublique de Moldavie dpasse dj ce seuil:lONG compte en effet 250 000 membres, soit 6,4% de lapopulation recense en 2004. Le Forum plaide pour la runifi-cation de la Rpublique de Moldavie avec la Roumanie.

    Polyglottes limage de lEur ope

    La Rpublique de Moldavie doit actuellement brler lta-pe de la formation dun tat-nation, parce quil nen est pasquestion dans le cadre dune Europe qui se fdralise. Selonnous, la Rpublique de Moldavie ne sera jamais un tat-nation. Lidentit moldave peut tre assume uniquement entant quidentit civique: la Rpublique de Moldavie est un sujetde droit international, un tat disposant de tous les attributsncessaires mais, pour se doter dune identit nationale, elle abesoin de temps.

    La situation peut voluer, surtout dans la perspective dunepolitique adquate en matire ducative. En Rpublique deMoldavie, cette question na pas t encore rsolue de mani-re judicieuse. Il incombe aux acteurs politiques de prvoirexplicitement dans leurs programmes lectoraux une stratgiespcifique concernant les politiques linguistiques mettre en

    uvre sur le territoire de la Rpublique de Moldavie. Il sagit denvisager des politiques bases sur le respect de

    la population autochtone et de sa langue, mais aussi de mettreen place des instruments efficaces pour favoriser lintgrationsociale des minorits ethniques.

    La solution accepte par la population moldave est celledu cosmopolitisme: tous parlent roumain, mais certains lap-pellent le roumain (niveau de formation suprieur), dautres, lemoldave. Les jeunes citoyens de la Rpublique de Moldaviesont facilement polyglottes: ils matrisent le roumain, le russe,langlais, le franais, etc. Ils se dfinissent comme Roumains.Le rle de lducation dans ce processus est essentiel.

    Lavenir linguistique de lEurope rside dans la communi-cation interculturelle, qui est inconcevable en-dehors dunhritage polyglotte. Parce que les langues ouvrent les fronti-res et les horizons. Ana Gutu (Regard sur lEst)

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

    1514

    Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualit

    (suite de la page 13)

    Le moldave est un dialecte servant de base au roumain moderne

    Il convient de prciser que la langue roumaine fait partie de la famille des languesromanes: dorigine latine, elle utilise lalphabet latin. Selon lopinion des linguistes, ycompris russes, la langue moldave nexiste pas, cest un glottonyme, cest--dire unemanire de dsigner la langue - le roumain - parle par les Moldaves. En revanche, le dia-lecte moldave a servi de base pour la constitution de la langue roumaine moderne.

    En 1924 a t cre la Rpublique Autonome Sovitique Socialiste Moldave(RASSM, correspondant lactuel territoire de la Transnistrie qui, a fait scession avec laRpublique de Moldavie en 1991), o le dialecte alors parl a t lev au rang de langueofficielle, mais en utilisant lalphabet cyrillique.

    Entre 1918 et 1940, puis entre 1941 et 1944, le territoire de la Bessarabie a t runiavec la Roumanie. En 1944, avec larrive de larme sovitique, la langue roumaine a tcompltement vince de lducation, et la langue moldave crite en alphabet cyrillique a

    t utilise jusquen 1989en tant que langue de laRpublique SovitiqueSocialiste de Moldavie.

    En 1989, le Parlementmoldave a vot le passagede lalphabet cyrillique lalphabet latin. En 1991, at adopte la Dclarationde souverainet, danslaquelle le roumain figurecomme langue du nouveltat souverain.

    Cependant, dans laConstitution de la Mol-davie, adopte par le Parti

    agraire (hritier de lancien Parti communiste), larticle 13 stipule que la "langue dtat dela RM est le moldave, crit en alphabet latin". Ce choix a provoqu nombre de disputespolitiques et sociales, dont lessence sest rduite un conflit entre les nostalgiques ducommunisme et la vague dmocratique. En 1995, a t adopte une loi sur le fonctionne-ment des langues sur le territoire de la Rpublique de Moldavie. Cette loi permettait auxminorits ethniques de dvelopper et de prserver leurs langues - le russe, le gagaouze, lebulgare, lukrainien - en les utilisant dans le systme ducatif.

    Roumains, Russes, Moldaves ?

    Selon lopinion de la majorit des intellectuels du pays, la Rpublique de Moldovieest un "morceau"despace gopolitique, un "morceau" de nation, un "morceau" de cultu-re qui est roumain. En Rpublique de Moldavie, le discours identitaire est loin de cor-respondre une conception dessence nationale, il est plutt triadique: roumain, russe etmoldave. Cest un discours qui dtermine mme lessence des partis politiques.

    Alors que le pays se trouvait la veille des lections lgislatives du 5 avril 2009, onsentait bien que le discours identitaire primait sur la doctrine politique: aller vers laRoumanie (cest--dire vers lUE), sorienter vers la Russie, ou plaider pour le renforce-ment de ltat moldave.

    Ceux qui se dfinissent comme Roumains rendent tribut la vrit scientifique lin-guistique et historique, dans un contexte intgrationniste avec la Roumanie. Ceux qui sedfinissent comme Russes - en dpit du fait quil sont des citoyens de la Rpublique deMoldavie - sont soit issus de vieilles familles russes, depuis des gnrations, soit des des-cendants de familles mixtes (Russes et Ukrainiens ou Gagaouzes ou Moldaves, etc). Ceuxqui se dfinissent comme Moldaves sont les reprsentants de la gnration des nostal-giques, profondment marqus par lidologie communiste.

    Le prsident moldave NicolaeTimofti a annonc le 20 mars lereport de la signature de laccorddassociation avec lUE, considrcomme un premier pas vers unepossible adhsion. La signaturetait prvue lautomne prochain Vilnius, lors du sommet pour lePartenariat Oriental, mais la chutedu gouvernement pro-europen deVlad Filat, le 5 mars, a bouleversle calendrier et elle ne pourra pasavoir lieu avant 2014.

    Lexplication officielle pour lereport donne par Timofti a t"lemanque de temps pour traduirelacte dans les 23 langues officiel-les de lUE...". "UE... A bientt ouadieu?", sinterroge un quotidien.

    Encore une crise

    Des muses encore nostalgiques de lappartenance lURSS.

    Il est toujours difficile dchapper linfluence sovitique.

    "UE A bientt ou adieu ?"

    Destitu par le Parlement lafaveur dune motion de censureinitie par le Parti communiste etadopte par 54 voix sur 101 lasuite de la dfection du PartiLibral de Mihai Ghimpu, une descomposantes de son gouverne-ment de coalition pro-europeen,le Premier ministre Vlad Filat conti-nue grer les dossiers courant s.Le Parlement disposait de 45 jourspour dsigner un nouveau gouver-nement. Les ngociations pitinentet, dfaut dune solution, de nou-velles lections lgislatives antici-pes seront organises cet t.

    La Moldavie, dj prive dePrsident pendant de longs mois,se dirige donc encore vers unecrise, la grande satisfaction descommunistes qui guettent la proiedans lombre. Prs d un tiers

    des Moldaves veulent p artir

    32 % des Moldaves envisagent dequitter leur pays sils en trouvent loppor-tunit, selon un sondage Gallup effectudans les anciennes rpubliques sovi-tiques, les rponses dans le mme sensallant de 40 % en Armnie 5 % enOuzbkistan. Les Moldaves sont guidsdans leur choix par, dans lordre, lenviedamliorer leurs conditions de vie(52 %), assurer lavenir de leurs enfants(13 %), le chmage sur place (10 %).

    La Russie accueilleplus de 500 000 Moldaves

    Selon les autorits russes, plus de500 000 Moldaves travaillent dans leurpays, o ils peuvent sinstaller sans visa,le flux de migration ayant considrable-ment augment depuis 2010. La Russie

    accueille 10,5 millions dtrangers dont2,5 millions venant Ouzbkistan,1,3 million dUkraine, 1,1 million duTadjikistan et plus de 500 000 duKirghizistan, tats qui taient rattachsautrefois lURSS.

    Ni coup ables, ni enqute

    Quatre ans aprs la "rvolutionTwitter" davril 2009, qui avait marqu lafin du gouvernement communiste deVoronine en Moldavie au profit des for-ces pro-europennes, le quotidien"Timpul" rappelle quaucune enqute nat mene sur les abus commis.

    Officiellement, 3 personnes ont tueset plus de 400 tortures pendant le soul-vement mais lidentit des coupables deces actes, "des visages cachs aux yeuxde lopinion publique moldave",najamais t tablie. Les procureurs et unepartie de la presse assurent que les victi-

    mes taient des policiers et quil ny a pasbesoin denquter davantage.

    Chisinau condamn S trasbourg

    La Cour Europenne des Droits delHomme (CEDO) a condamn la Mol-davie a vers 13 200 de ddommage-ments un jeune garon, g de 15 ans,qui avait t arrt par la police lors desmeutes anti-communistes des 7 et 8 avril2009, propuls dans une voiture et emme-n au poste o il sera svrement brutali-s, tortur, pour faire des aveux sur desactes quil navait pas commis, sans queles responsables, facilement identifiablespar les fiches de service, ne soient pour-suivis. Chisinau avait t dj condamn verser 15 000 une autre jeune victi-me, soumis aux mmes svices lors deces vnements et emprisonn dans lecouloir dit "de la mort".

    A savoir

  • ActualitLes NOUVELLES de ROUMANIE

    1716

    Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualit

    Aprs 280 jours de dtention, Adrian Nastase a t libr sous condition, demanire anticipe. Condamn deux ans de prison pourescroquerie, lancienPremier ministr e, 62 ans, qui avait tent de se suiciderlors de son arrestation,sans quon sache sil sagisse ou non dune mise en scne, a bnfici dune dispo-sition rglementaire permettant un dtenu de plus de 60 ans de neffectuerquun tiers de sa peine.

    Pour profiter de cette mesure de faveur, le prisonnier devait encore faire lapreuve quil stait bien comport et amend pendant son sjour derrire lesbarreaux. La commission dvaluation a tranch sans hsitation dans cesens, malgr les rserves exprimes par la DNA(Direction Nationale Anticoruption).Son rapport souligne que le dtenu a eu un comportement irrprochable, se soumet-tant sans broncher la discipline, ne faisant lobjet daucune punition qui aurait pulenvoyer au cachot, tant mme rcompens par un droit de visite supplmentaire trois reprises. Il a galement montr sa volont de retrouver le droit chemin, en par-ticipant activement toutes les activits de rducation proposes aux prisonniers,exerant une influence positive sur ses co-dtenus.

    Lancien Premier ministre sest aussi montr travailleur, publiant trois livres,mme si leur ct scientifique a t mis en doute. Toutefois, il ne sagirait pas de pla-giat comme on suspecte la thse de lactuel Premier ministre, Victor Ponta, quil avaitdirig en son temps.

    La commission a donc jug quAdrian Nastase ne reprsentait plus un dangerpour la socit et que son dsir de se racheter tait patent. "Le dtenu ayant comprisle but prventif et ducatif des mesures prises son gard, il nexiste pas de risquesquil recommence lavenir et commette dautres dlits il peut donc tre rendu lasocit" a conclu la commission. Des apprciations qui rassureront ct franais o

    on noublie pas quon lui avait remis en grande pompe les insignes de grand officierde la Lgion dhonneur, le 1er avril 2002.

    Peu avant sa libration, le prisonnier avait reu la visite rconfortante de laBaronne Ema Nicholson qui, lpoque o il tait Premier ministre, avait dj prisfait et cause pour une autre catgorie, celle-ci pas perscute mais oublie de la soci-t: les orphelins.

    Devant la russite de la rinsertion du dtenu modle, quelques mauvais espritsont suggr que les politiciens roumains commencent leurs mandats par un stage enprison. Mais dans le cas dAdrian Nastase on risquerait de tomber dans le phnom-ne doverdose lancien Premier ministre doit encore rpondre dautres faits devantla justice de son pays.

    Nouvelle arnaque en vue pour les propritaires spolis

    Selon un projet de loi initi fin marspar Alexandru Mazare, snateur PSDet frre du maire de Constantsa RaduMazare, cette municipalit pourraitprendre le contrle tot al du port rou-main de la mer Noire, dont elle dtientpour linstant 20 % des actions. La visi-te officielle du maire de RotterdamAhmed Aboutaleb lui a servi dappuipour plaider en faveur du projet. Cetterencontre a galement t loccasiondenvisager un axe entre Constantsa etle plus grand port dEurope, troisimeplus grand port du monde. Fermementoppos au projet, Traian Basescu ademand au Premier ministre VictorPonta de ne pas permettre ce transfert,mais il semble difficile pour ce dernierde se prononcer, Radu Mazare tantmembre de son parti. Le prsident rou-main, originaire de Constantsa etancien marin, redoute limage dplora-ble que son maire-voyou, qui saffichedans les cabarets avec des filles dnu-des ou parade en tenue dofficier nazi,ne manquera pas de donner de sa villeet du pays aux dcideurs conomiquestrangers. Sans oublier de voir aggra-ver la mainmise quil exerce dj avecson clan sur toute la rgion.

    L e gouvernement a propos un nouveau projet de loiconcernant le ddommagement des anciens pro-pritaires des maisons nationalises, qui pourraitentrer en application incessamment. Ceux qui ne pourront pastre ddommags en nature recevront des points en valeurnominale dun leu, correspondant la valeur de leur maison.Avec ces points, ils pourront acqurir aux enchres dautresbiens immobiliers, ou les changer contre de largent - aprs2017 - dans la limite de 10% par an de la somme totale despoints, ce qui conduirait la rsolution des litiges en 202737 ans aprs la "Rvolution" et 80 ans aprs que le rgimecommuniste ait entam ses confiscations. Sils ont la bonnefortune dtre encore de ce monde, les 100 000 propritairesspolis dont le dossier nest toujours pas rgl doivent doncsattendre tre une nouvelle fois mens en bateau dici l.

    Le gouvernement Ponta na pas le monopole de lar-

    naque le prcdent, dirig par Mihai-Razvan Ungureanu(droite) avait propos en 2012 de ne rembourser les ancienspropritaires que dans la limite de 15 % de la valeur de leursbiens. Il est vrai que la nomenklatura a su se servir bien avantdenvisager ces dispositifs restrictifs.

    La somme totale des ddommagements ncessaires venir slverait 8,5 milliards deuros, mais pourrait treminore de 20 25 %, pourcentage correspondant au nombrede dossiers en attente qui ne sont pas valables, faute de preu-ves, souvent cause de la mauvaise volont montre par lad-ministration les fournir.

    Par ailleurs, le gouvernement Ponta a dcid de mettre envente une partie des "villas de protocole" destines loger lespersonnalits politiques de haut rang et les hauts fonctionnai-res de lEtat. Mais il y a belle lurette que les plus intressantesont t cdes la nomenklatura pour une bouche de pain.

    Ce qua signifi le "suicide" dAdrian Nastase et ce que signifie sa libration.

    Ce sont prsent les exporta-tions franaises vers laRoumanie (3 Mds d ) quiaugmentent plus vite (+4,2%) que lesexportations roumaines vers la France,qui stagnent (+0,2%) leur plus hautniveau (3,23 Mds d ). Il en rsulte unersorption du dficit commercial que laFrance avait accumul au plus fort de lacrise: celui-ci sest contract de 34,5% en2012 pour atteindre 220 M . La Franceest reste le quatrime partenaire com-mercial de la Roumanie en 2012.

    Les exportations roumaines se main-tiennent, tout juste, grce aux ventes devhicules automobiles, aprs deux annesde croissance (+30% en 2010 et +5,4%en 2011), la France maintenant cependantsa position de 3me client de laRoumanie. Ce ralentissement correspond

    des volutions dans les deux pays: enFrance, une demande atone et relative-ment sature, en Roumanie, une certainedgradation de la comptitivit de lin-dustrie.

    De fait, les exportations roumainesvers la France ne se sont maintenues quegrce aux ventes de vhicules automobi-les. La France a en effet import presque1 Md d de vhicules roumains, ce quireprsente environ un tiers de ses impor-tations de Roumanie. Le rebond de 2012(+22,3%) sexplique notamment par lasortie de nouveaux modles Dacia ausecond semestre 2012 (nouvellesSandero et Logan, Lodgy, succs duDuster). On constate dailleurs une explo-sion des immatriculations de la marqueen France dbut 2013 (+68% fvrier2013 / fvrier 2012).

    Les importations roumaines de pro-duits franais dpassent les 3 Mds dgrce une forte demande du secteurindustriel, aprs une croissance de 4,2%en 2011. La France reste ainsi le 4mefournisseur de la Roumanie. La poursuitede la croissance de ses ventes enRoumanie, bien qu rythme rduit,tmoigne principalement du besoin enquipement de la Roumanie.

    En effet, les ventes franaises sontprincipalement composes de biensncessaires dans le processus de produc-tion du secteur industriel: biens interm-diaires et quipements.

    Ainsi, les exportations dquipementsmcaniques, lectriques, lectroniques etinformatiques, en hausse de 9,7%, repr-sentent plus dun tiers des exportationstotales franaises.

    Les changes commerciaux entre la France et la Roumanie se sont rquilibrs en 2012

    Dtenu modle rduqu

    Radu Mazare prendra-t-il le contrledu port de Const antsa?

    Politique

    La reprsentation fminine au parle-ment roumain a doubl depuis 1990(24 parlementaires, soit moins de 5 %),mais reste bien en de de la moyenneeuropenne qui est de 22%.Aujourdhui on compte 68 femmes par-lementaires (11,5 %). Lors des derni-res lections lgislatives, en dcembre,340 femmes staient prsentes, dont84 pour le seul parti de la minorit hon-groise, lUDMR.

    Minorit fminine

    Politique

    n

    BUCAREST

    ORADEA

    BAIAMARE

    l

    l

    TIMISOARA

    ARAD

    l

    SIBIU

    l

    l

    IASI

    BRASOV

    CONSTANTA

    CRAIOVA

    TARGUMURES

    GALATI

    l

    l

    l

    l

    l

    l

    l

    TULCEA

    SUCEAVA

    BACAUl

    lPITESTI

    l

    BUZAU

    SLOBOZIA

    l

    l

    l

    ALBA IULIA

    Adrian Nastase rinsre la socit

    Les changes franco-roumains ont atteint un nouveau pic de 6,25 milliards deuros en 2012, aprs une hausse de 2%,lanne prcdente. La tendance constate en 2010 et 2011 de forte progression des exportations roumaines commence sinverser.

    Economie

    A drian Nastase, condamn deux ans de prison pourfinancement illgal de sacampagne prsidentielle puis libr mi-mars pour bonne conduite, aprs neufmois de dtention (voir page prcden-te) est de nouveau lobjet de poursuites

    pnales, alors quil est tout juste sorti deprison. La Justice lui reproche de ne pasavoir respect le rgime des armes et desmunitions.

    A la suite de sa "tentative de suicide"manque du 21 juin 2012, consquencede sa condamnation, les policiers avaient

    saisi de nombreuses cartouches dtenuessans autorisation son domicile.

    De l suggrer que, finalement,pour chapper aux sanctions lexPremier ministre aurait mieux fait de nepas se rater, laction pnale steignantalors delle mme...

    De linconvnient de rater son suicide

  • Actualit

    Inflation plus de 5 %

    Selon lInstitut national des statis-tiques (INS), le taux dinflation annuel estpass de 5,97% au mois de janvier 5,65% en fvrier. Daprs lINS, laug-mentation moyenne des prix au cours des12 derniers mois par rapport aux 12 moisprcdents est de 3,8%. La Banque cen-trale prvoit un taux dinflation annuel de5,2 % pour la fin du premier trimestre2013, et de 5,9% pour le deuxime tri-mestre. Linstitution montaire prvoitnanmoins un taux dinflation annuel de3,5% pour les deux derniers trimestres, etde 3,2% pour 2014.

    La BEI accorde une rallonge

    Le prsident de la Banque europen-ne dinvestissement (BEI), Werner Hoyer,en visite officielle Bucarest a dclarque la Roumanie pourrait obtenir 700 900 millions deuros de prt cette anne,soit deux fois plus que lan dernier. Leprsident de la BEI a indiqu que cesprts pourraient tre utiliss dans les prin-cipaux secteurs de lconomie roumaine,notamment pour les petites et moyennesentreprises, et pour cofinancer des projetssoutenus par les fonds europens dedveloppement.

    OMV Petrom et Repsol sallient

    La compagnie OMVPetrom sestrcemment associe au gant espagnoldes hydrocarbures Repsol pour trouverdu ptrole plus de 2500 mtres sousterre dans quatre primtres situs dans lesud des Carpates. Les deux groupes vontinvestir prs de 50 millions deuros surles deux prochaines annes pour entre-prendre des forages en grandes profon-

    deurs, dans des couches qui nont encorejamais t explores. Le partenariat avecRepsol est le troisime du genre pour lasocit roumaine contrle par le groupeautrichien OMV. Depuis 2008, elle tra-vaille avec lAmricain ExxonMobil aularge des ctes roumaines de la merNoire, et en 2010, elle sest associe avecHunt Oil dans lest du pays.

    OMV Petrom est le plus gros groupeptrolier dEurope du sud-est. Il est pr-sent en Roumanie, en Rpublique deMoldavie, en Bulgarie et en Serbie.Lanne dernire, il a obtenu un profit de885 millions deuros, le plus importantjamais enregistr Roumanie, toutesindustries confondues.

    Rcoltes en forte baisse en 2012

    La production de bl et de mas a for-tement baiss en 2012 par rapport lan-ne prcdente en Roumanie, jadis consi-dre comme le "grenier de lEurope",notamment en raison de la scheresse, aannonc lInstitut national des statistiquesroumain. La production de bl a baiss de1,9 million de tonnes (- 28,4 %) par rap-port 2011, lorsque la Roumanie avaitengrang une rcolte record, soit7,1 millions de tonnes. En 2012, le paysdisposait pourtant de la cinquime pluslarge surface totale cultive de bl danslUnion europenne.

    En tte en ce qui concerne les surfa-ces cultives de mas, avec 2,7 millionsdhectares, il a vu sa rcolte rduite de52 % en 2011, 5,9 millions de tonnes desemoule. En Roumanie, o les agricul-teurs sont souvent encore amens culti-ver leurs terres laide des chevaux, lerendement agricole est infrieur lamoyenne europenne. LInstitut a cepen-dant prcis que les surfaces cultives et

    les rcoltes ont baiss en 2012 dans len-semble de lUE.

    La terre ceux qui la cultivent

    Jurnalul National a dvoil une par-tie du projet de loi du gouvernementconcernant lachat de terres arables pardes investisseurs trangers. Les autoritsroumaines souhaitent notamment que lestrangers qui se portent acqureurs de ter-res arables en Roumanie soient eux-mmes agriculteurs."La loi ne se veut pasdiscriminatoire, a affirm le SecrtairedEtat au ministre de lAgriculture,Achim Irimescu, mais elle se propose deprotger les investissements."Ces dixdernires annes, les trangers ont achetplus dun million dhectares de terres ara-bles en Roumanie. A ce propos, JurnalulNational crit: "Les investisseurs tran-gers disposent de certaines facilits queles agriculteurs roumains nont pas. Cesderniers ne peuvent donc pas leur faireconcurrence sur le march foncier." Fin2011, la superficie agricole dtenue parles trangers en Roumanie se chiffrait plus de 700 000 hectares, soit 8,5% desterres arables du pays.

    Michelin se centre sur la Roumanie

    Michelin a dcid de fermer sa repr-sentation commerciale en Grce, o ellenavait pas dusine de production, et deregrouper le traitement de ses oprationsdans cette rgion de lEurope, soit 12pays, y compris la Hongrie, en Rou-manie. La compagnie dispose de 3 usinessur le sol roumain: deux Zalau (Salaj) etune Floresti (Prahova). Elle en possdeen tout 40 en Europe, employant 64 000personnes.

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

    19

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

    18

    Actualit

    n

    BUCAREST

    ORADEA

    BAIA MARE

    l

    l

    l

    l

    HUNEDOARA

    ZALAUARAD

    l IASI

    BRASOV

    CONSTANTACRAIOVA

    TARGUMURES

    GALATI

    l

    l

    l

    l

    l

    l

    l

    lTULCEATIMISOARA

    SUCEAVA

    lPITESTI

    l

    L e gouvernement roumain a ouvert la vente de 15 % des actions de Transgaz, lacompagnie publique spcialise dans le transport du gaz. Une opration quientre dans les accords entre Bucarest, dun ct, et, de lautre, le FondsMontaire International (FMI) et lUnion Europenne (UE). La cession de ces actions,exige par ces instances qui avait fix lchance au 30 juin, pourrait rapporter jusqu90 millions deuros la Roumanie.

    Le FMI avait suspendu et li la poursuite de ses engagements avec Bucarest non seu-lement cette vente mais, galement, au dmarrage, avant le mois de juin, du processusde privatisation de CFR Marfa, le spcialiste du fret ferroviaire, qui a accumul 400 Mde dettes. Aprs quoi, Nuclerelectrica, le gestionnaire de la centrale nuclaire deCernavoda, qui a prvu de vendre une part de ses actions ds mai sera le prochain sur laliste. Ce sera ensuite le tour de Romgaz et du complexe nergtique Oltenia dtre cds.La vente dHidroelectrica, la compagnie de production dhydrolectricit, pourrait bou-cler, en septembre, cette srie de vente qui, daprs le FMI, boosterait la croissance de laRoumanie 1,5 % en 2013, soit plus du double du taux de lanne prcdente (0,7 %).Bucarest, qui na que trs peu de sources de financements, a d sexcuter en laborant cecalendrier de privatisation.

    CHISINAU

    BACAUl

    l

    Croissance 2012 tout juste au-dessus de zro

    Privatisation du rseau de chaleurde Bucarest

    L a centrale dnergie thermique de BucarestElectrocentrale Bucuresti (ELCEN) sera privatiseaprs sa fusion avec la compagnie de distributionRADET, a annonc le maire de Bucarest Sorin Oprescu. Laprivatisation seffectuera soit par dlgation du service publicde production et fourniture de chaleur, comme pour lescontrats de concession conclus entre la capitale et Veolia en1999 (Apa Nova), soit en partenariat public-priv (PPP). Lebut est dassurer le financement ncessaire la rnovation

    et/ou au remplacement du rseau de fourniture de chaleur dansla capitale. Le cot des travaux est estim environ1,8 milliard deuros. Le gouvernement roumain a rcemmentapprouv la fusion entre le fournisseur (RADET) et le produc-teur de chaleur (ELCEN) pour plus defficacit, mais gale-ment afin dannuler la dette de la socit RADET, contrlejusqu maintenant par la municipalit de Bucarest, envers lasocit ELCEN, filiale du groupe Termoelectrica appartenant lEtat roumain.

    Selon les chiffres de lInstitutnational des statistiques (INS), lePIB roumain a augment de 0,2 %en 2012, par rapport 201 1. Il nat-teint que 587,4 milliards de lei(135 milliards deuros). Un rsultatnettement infrieur celui de 2011,o ce taux avait t suprieur 2%. Cette mauvaise performancede la Roumanie est due une fai -ble production agricole mais aussiet surtout la crise politique qui abloqu le pays pendant prs dedeux mois lt dernier, ainsi qula faible absorption des fonds euro-pens. Les investissements directstrangers ont atteint leur plus basniveau depuis ces d