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Journal interne du centre hospitalier George Sand n°56 - Février 2020 Ce 56 ème numéro s’ouvre sur un arcle consacré au projet territorial de santé mentale (PTSM) dont le Centre Hospitalier GEORGE SAND est le porteur et qui va dessiner les contours de son avenir pour les 5 années à venir. C’est un avenir qui verra se développer les prises en charge ambulatoires, l’intervenon d’équipes mobiles, domaines où le Centre Hospitalier GEORGE SAND a de l’expérience, voire de l’excellence, et dont il perfeconne et enrichit connuellement les disposifs. Il y a déjà les CMP, les visites à domicile, l’équipe mobile du PMPEA, l’équipe mobile psychiatrie précarité se met en place et, bientôt, si l’ARS donne son aval, ce sera le tour d’une équipe orientée vers le handicap psychique. Il y a aussi la psychiatrie de liaison avec les centres hospitaliers généraux et les Résidences de Bellevue et nombre de nos praciens exercent des acvités d’intérêt général au sein de structures médico-sociales. Malgré le très défavorable contexte de pénuries médicale et paramédicale qui affectent le département du Cher et n’épargne pas notre établissement, le Centre Hospitalier GEORGE SAND arrive encore à s’adapter aux besoins de la populaon de son territoire de santé et à développer de nouveaux projets, ceux qui viennent d’être cités mais aussi celui de la remédiaon cognive et de la réhabilitaon psychosociale, inié dans une unité de court séjour mais qui a vocaon à s’intégrer largement dans les prises en charge d’autres unités psychiatriques qui toutes conserveront leurs spécificités iniales. « Une vie bonne, avec et pour autrui, dans des instuons justes ». Cee phrase du philosophe Paul RICOEUR pourrait être la devise de notre établissement. Les différents arcles de ce numéro d’Intercom le montrent. Des instuons justes, cela implique que l’accès aux soins soit garan jusqu’aux personnes pour qui cet accès est le plus difficile à cause de la sgmasaon de leur maladie, de leur propre déni de leur pathologie, de leur repli social, de la précarité de leurs condions de vie. Ses équipes de soins s’aachent par des moyens mulples, diversifiés, adaptés à chaque individualité, à redonner de la confiance en soi aux personnes malades, leur faire reconquérir des compétences et à les accompagner elles-mêmes ou par leurs partenaires dans leurs parcours de vie pour leur éviter de nouvelles hospitalisaons. C’est tout l’enjeu du PTSM et bientôt celui de notre projet d’établissement qui va définir sa stratégie, lui aussi, pour les 5 années à venir. Cee concordance de dates est sans doute une opportunité de mere en concordance les objecfs des différents projets et développer les partenariats avec les collecvités territoriales, le médico-social et la médecine de ville. L’égalité d’accès aux soins ne pourra être obtenue que par un intense travail de coordinaon avec les différents acteurs concernés par la santé mentale. Soins psychiatriques, soins somaques, ouvertures de droits, logement, accompagnement personnalisé, impliquent que les différents acteurs se connaissent et se dotent d’ouls et d’organisaon pour arriver à la réinseron sociale et éviter les réhospitalisaons. Philippe ALLIBERT Directeur chargé des relations avec les usagers, Qualité, Communication, Affaires générales et AFT SOMMAIRE VU DE L’INTÉRIEUR : Projet Territorial de Santé Mentale du Cher (PTSM) DOSSIER : Cap sur la qualité et la sécurité des soins VU DE L’INTÉRIEUR : XLVIIè colloque du GHJP (Groupement des Hôpitaux de Jour Psychiatriques) L'écriture comme médiateur Création d'une Équipe Mobile Psychiatrie Précarité (EMPP) Mois sans tabac Une équipe de thérapeutes pour la famille DES MÉTIERS ET DES GENS : Juliette RIGONDET BRÈVES HOSPITALIÈRES

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Journal interne du centre hospitalier George Sand

n°56 - Février 2020

Ce 56ème numéro s’ouvre sur un article consacré au projet territorial de santé mentale (PTSM) dont le Centre Hospitalier GEORGE SAND est le porteur et qui va dessiner les contours de son avenir pour les 5 années à venir. C’est un avenir qui verra se développer

les prises en charge ambulatoires, l’intervention d’équipes mobiles, domaines où le Centre Hospitalier GEORGE SAND a de l’expérience, voire de l’excellence, et dont il perfectionne et enrichit continuellement les dispositifs. Il y a déjà les CMP, les visites à domicile, l’équipe mobile du PMPEA, l’équipe mobile psychiatrie précarité se met en place et, bientôt, si l’ARS donne son aval, ce sera le tour d’une équipe orientée vers le handicap psychique. Il y a aussi la psychiatrie de liaison avec les centres hospitaliers généraux et les Résidences de Bellevue et nombre de nos praticiens exercent des activités d’intérêt général au sein de structures médico-sociales.

Malgré le très défavorable contexte de pénuries médicale et paramédicale qui affectent le département du Cher et n’épargne pas notre établissement, le Centre Hospitalier GEORGE SAND arrive encore à s’adapter aux besoins de la population de son territoire de santé et à développer de nouveaux projets, ceux qui viennent d’être cités mais aussi celui de la remédiation cognitive et de la réhabilitation psychosociale, initié dans une unité de court séjour mais qui a vocation à s’intégrer largement dans les prises en charge d’autres unités psychiatriques qui toutes conserveront leurs spécificités initiales.

« Une vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes ». Cette phrase du philosophe Paul RICOEUR pourrait être la devise de notre établissement. Les différents articles de ce numéro d’Intercom le montrent. Des institutions justes, cela implique que l’accès aux soins soit garanti jusqu’aux personnes pour qui cet accès est le plus difficile à cause de la stigmatisation de leur maladie, de leur propre déni de leur pathologie, de leur repli social, de la précarité de leurs conditions de vie. Ses équipes de soins s’attachent par des moyens multiples, diversifiés, adaptés à chaque individualité, à redonner de la confiance en soi aux personnes malades, leur faire reconquérir des compétences et à les accompagner elles-mêmes ou par leurs partenaires dans leurs parcours de vie pour leur éviter de nouvelles hospitalisations.

C’est tout l’enjeu du PTSM et bientôt celui de notre projet d’établissement qui va définir sa stratégie, lui aussi, pour les 5 années à venir. Cette concordance de dates est sans doute une opportunité de mettre en concordance les objectifs des différents projets et développer les partenariats avec les collectivités territoriales, le médico-social et la médecine de ville. L’égalité d’accès aux soins ne pourra être obtenue que par un intense travail de coordination avec les différents acteurs concernés par la santé mentale. Soins psychiatriques, soins somatiques, ouvertures de droits, logement, accompagnement personnalisé, impliquent que les différents acteurs se connaissent et se dotent d’outils et d’organisation pour arriver à la réinsertion sociale et éviter les réhospitalisations.

Philippe ALLIBERTDirecteur chargé des relations avec les usagers,Qualité, Communication, Affaires générales et AFT

SOMMAIREVU DE L’INTÉRIEUR : Projet Territorialde Santé Mentale du Cher (PTSM)

DOSSIER :

Cap sur la qualité et la sécurité des soins

VU DE L’INTÉRIEUR :

XLVIIè colloque du GHJP (Groupement des Hôpitaux de Jour Psychiatriques)

L'écriture comme médiateur

Création d'une Équipe Mobile Psychiatrie Précarité (EMPP)

Mois sans tabac

Une équipe de thérapeutespour la famille

DES MÉTIERS ET DES GENS :

Juliette RIGONDET

BRÈVES HOSPITALIÈRES

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Intercom n°56 - Février 20202

Vu de l’intérieurPROJET TERRITORIAL DE SANTE MENTALE DU CHER

C’est le nombre de jours qu’il nous reste avant de déposer le projet territorial de santé mentale du Cher devant le Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé centre Val de Loire.

Le vendredi 24 janvier 2020, le comité de pilotage territorial du PTSM 18 s’est réuni afin de prendre connaissance des éléments généraux du diagnostic territorial et des conclusions du travail des différents groupes thématiques. Ce diagnostic a été partagé, enrichi, et au final définitivement arrêté en séance.

Si de nombreux points forts ont été remarqués, il n’en demeure pas moins que nous devrons prendre à bras le corps plusieurs sujets sensibles sur notre territoire comme :

1) Les difficultés d’accès à un psychiatre, à un médecin généraliste, mais également à des professionnels spécialisés (orthophonistes, etc…)

2) La nécessité d’approfondir le recensement et l’identification par les professionnels de l’ensemble des dispositifs existants et à leur disposition.

3) La prise en compte et la réponse à apporter aux nombreuses situations inadéquates ou délais d’attente avant prise en charge relevés dans les établissements ou institutions.

4) Une coordination des acteurs qui reste fragile et repose le plus souvent sur des réseaux personnels, sans formalisation conventionnelle.

5) L’organisation et la généralisation des soins de réhabilitation psychosociale.

Il y en a deux principales. La première est de transmettre ce diagnostic, sous une quinzaine de jours, à Monsieur le Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé centre Val de Loire DG de l’ARS. La deuxième est de poursuivre le travail des groupes thématiques, et cette fois-ci, en proposant des pistes de solution afin de résoudre les dysfonctionnements observés. L’objectif est que la feuille de route soit terminée fin avril de cette année.

De façon unanime la forte mobilisation de tous les acteurs de la santé mentale a été saluée, et ceci en un temps record. Chacun veut participer à cette formidable aventure. Ne pas rater l’occasion de faire enfin bouger les lignes et sortir des cloisonnements ont été des moteurs extrêmement puissants à cette mobilisation professionnelle inédite dans sa forme et sa durée. Plus de 100 personnes ont été associés d’une façon ou d’une autre aux travaux.

À tous ceux qui ont donné de leur temps depuis maintenant plus de 6 mois pour faire avancer ce travail et particulièrement aux 5 responsables de groupes thématiques : Mrs ALLIBERT (directeur adjoint George Sand), CHESNEAU (directeur général des PEP 18), SOUCHET (Directeur du Relais 18), Mmes SOMMER (cadre supérieur George Sand) et PAYSSAN (cadre socio-éducatif CH Saint-Amand-Montrond) et à Mme BOUCHARD-CHAUMETTE (cadre supérieur George Sand) qui coordonne et supervise l’ensemble. Enfin, merci aussi au président du comité territorial de santé de l’Indre, M. le Docteur MIGNOT qui nous a apporté son expertise et son regard extérieur sur les travaux en cours.

L’enjeu probablement le plus important sera d’entretenir cette dynamique des acteurs jusqu’à l’élaboration de la feuille de route à l’été 2020, mais surtout ensuite après. Nous sommes collectivement confiants sur ce point. Une communauté psychiatrique de territoire a donc vocation à prendre le relais de l’ensemble de ces travaux et coordonner les acteurs dans la mise en œuvre des actions décidées dans le cadre du projet territorial de santé mentale.

DYNAMIQUE :

IMPLICATION/MOBILISATION :

REMERCIEMENTS :

LES PROCHAINES ETAPES :

LA DERNIÈRE ACTUALITÉ CONNUE :

J – 159 : LES PREMIERS CONSTATS ISSUS DU DIAGNOSTIC :

Alexis JAMET,Directeur général

NB  : Tous les documents relatifs au PTSM du Cher sont consultables sur les sites Intranet et  Internet (www.ch-george-sand.fr) du centre hospitalier.

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Dossier

Intercom n°56 - Février 2020 3

CAP SUR LA QUALITÉ ET LA SÉCURITÉ DES SOINS

L’ensemble de ces démarches a permis d’encourager l’établissement dans la mise en œuvre d'actions fructueuses d’amélioration qui ont bénéficié aussi bien au secteur sanitaire qu’au secteur médico-social :

• Le dossier patient unique informatisé et la formalisation des modalités d’archivage (archives administratives et médicales) : centralisation des informations, réduction du risque de confusion des patients (identitovigilance), amélioration du respect des droits du patient, ...

• La restructuration de la blanchisserie du site de Chezal améliorant le respect des règles d’hygiène (normes RABC).

• La sécurisation de la phase de préparation des médicaments (formes sèches) via l’acquisition d’automates et mise à disposition d’ordinateurs portables pour une validation des traitements en extemporané (déploiement en cours de finalisation).

• La mise en place au sein de chaque service d’un matériel d’urgence uniforme et conforme à la réglementation (en cours de déploiement) : liste du matériel nécessaire définie en lien avec les somaticiens et chariot identique au sein de chaque service.

• La définition d’une organisation relative à la Gestion des Risques a priori et a posteriori.

• La structuration de nos démarches d’Evaluation des Pratiques Professionnelles (EPP) par la mise en place effective d’une sous commission et définition d’une politique d’évaluation de nos pratiques depuis janvier 2013.

Chaque établissement de santé ou médico- social doit se doter d’une démarche Qualité/Gestion des Risques.

Dans le cas d’espèce du CH G. SAND, pour les secteurs sanitaires, psychiatrique et soins de longue durée (USLD), cette démarche est diligentée par la Haute Autorité de Santé, afin de faire évaluer régulièrement notre organisation et nos pratiques par une équipe pluriprofessionnelle d’experts visiteurs. Parallèlement, la HAS supervise une autre démarche pour les EHPAD, le FAM, la MAS et le CAMSP, qui prend la forme d’évaluations internes et externes par un organisme agréé, effectuées sur la base de référentiels adaptés aux structures médico-sociales. Les deux démarches poursuivent les mêmes objectifs : la qualité et la sécurité des soins.

La visite de certification du secteur sanitaire ponctue donc cette évaluation, tous les 4 ans, sur la base d’un référentiel commun à tous les établissements, en mesurant leur capacité à identifier et maîtriser leurs risques, et ainsi déployer les bonnes pratiques professionnelles.

Notre établissement vient ainsi de clôturer sa quatrième procédure, qui a abouti à une certification B et doit désormais s’engager dans sa cinquième procédure commune avec les établissements du GHT, pour laquelle le manuel de certification ainsi que les modalités d’organisation sont en cours de finalisation au sein de la HAS.

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Intercom n°56 - Février 20204

Dossier

Parmi les démarches EPP déployées au sein de notre établissement, dans les services sanitaires, se retrouve la méthode du patient traceur, redéployée au sein de chaque pôle depuis 2017. L’objectif fixé est de 2 patients traceurs à réaliser par pôle et par an.

Cette méthode également utilisée par les experts visiteurs HAS lors des visites, consiste à évaluer la prise en charge des soins et les organisations qui s’y rattachent, à partir d’un séjour d’un patient, faisant référence à la notion de parcours patient. Cette audit peut éventuellement être complété par un entretien avec le patient.

Les objectifs de cette observation sont de :• S’intéresser à la prise en charge globale d’un patient,

aux interfaces entre les secteurs et la collaboration interprofessionnelle et interdisciplinaire

• Réaliser un diagnostic global avec les points forts et axes d’amélioration

• Intégrer l’expérience du patient et ses proches

• S’intéresser au cœur des métiers des soignants

Lors de la prochaine certification, cette méthode sera complétée par le Traceur Ciblé (ou traceur système), qui aura pour but d’évaluer non pas le parcours du patient et ses interfaces, mais uniquement un seul processus (médicament, évènement indésirable, risque infectieux) et ainsi voir la gestion de ce processus du point de départ jusqu’à la fin de l’analyse.

Concernant nos secteurs médico sociaux :

Le secteur médico social est de son côté soumis aux évaluations internes/externes, à réaliser respectivement tous les 5 et 7 ans, comme énoncé dans la loi du 2 janvier 2002, par un organisme extérieur habilité.

ÉVALUATION DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES

DÉFINITIONL’Evaluation des Pratiques Professionnelles (EPP) consiste en l’analyse de nos pratiques professionnelles en référence à des recommandations et selon une méthode élaborée ou validée par la HAS. Elle inclut la mise en œuvre et le suivi d’action d’amélioration des pratiques.

OBJECTIFS

• Assurer la meilleure qualité et sécurité des soins possibles, quels que soient le professionnel, la structure et le moment où les soins sont dispensés.

• Contribuer à une actualisation des modalités de prise en charge du patient et une amélioration continue de la qualité des soins curatifs et préventifs.

ORGANISATION DÉFINIE

Mise en place d’une sous commission EPP fonctionnant sous l’autorité du Directeur Général et du Président de la CME, en lien avec les instances Qualité/gestion des risques et les gestionnaires, afin d’élaborer la politique EPP et définir les orientations institutionnelles en matière d’évaluation des pratiques.

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Dossier

Intercom n°56 - Février 2020 5

Poursuite des travaux engagés :

Evaluations des Pratiques Professionnelles, analyse des évènements indésirables, sécurisation du circuit du médicament (préparation, transport, administration, gestion des stupéfiants,...), identification et hiérarchisation des risques a priori, droits des patients, prise en charge de la douleur, accompagnement et préparation des équipes professionnelles aux différentes démarches d’évaluation, ....

AU REGARD DES CES PRINCIPAUX CONSTATS, LES PERSPECTIVES DE LA DÉMARCHE SONT LES SUIVANTES :

ÉTAT D’AVANCEMENT DE CES DÉMARCHES AU 1ER JANVIER 2020 :

Évaluation interneTous les 5 ans

Évaluation externeTous les 7 ans

Seconde évaluation transmise en Juin 2018 1ère évaluation réalisée en juin 2015

Seconde évaluation transmise en juillet 2019 1ère évaluation réalisée en juin 216

Seconde évaluation transmise en juin 2019 1ère évaluation réalisée en mai 2016

1ère évaluation transmise en septembre 2018 1ère évaluation réalisée en septembre 2019

Émilie CHOTARD,Ingénieure Qualité

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Intercom n°56 - Février 20206

Vu de l’intérieur

XLVIIe COLLOQUE DU GHJP(Groupement des hôpitaux de jour psychiatriques)

Les 4 et 5 Octobre 2019 à Neuchâtel en Suisse, le centre hospitalier George Sand a participé au XLVIIe colloque du groupement des hôpitaux de jours psychiatriques. Le PMPEA y présentait en effet le travail mené auprès des adolescents de l’hôpital de Jour dans la Cité (cf bulletin d’octobre 2019) avec pour fil directeur : « Pour gérer la crise, penser le lien ». Le titre de ce colloque était en effet « Retisser identité et sens - Temps et lieu : de la crise en hôpital de jour ».

La spécificité de l’hôpital de jour comme cadre de soins y a été traitée. Lieu d’accueil et de soins, il offre une contenance spatiale, la possibilité d’une séparation, le développement des capacités de transformation de la personne en alternative à l’hospitalisation complète en particulier en situation de crise. Il permet de mieux maintenir la continuité des repères de vie et mieux traiter les facteurs de crise, d’assurer la prévention de la crise, d’accueillir le récit du patient, de diminuer le risque suicidaire, d’offrir une richesse de médiations thérapeutiques afin de favoriser la créativité et présente un réel intérêt économique. La temporalité de l’hôpital de jour, adaptée sur la journée ou la demi-journée en fonction du patient, s’inscrit dans la durée d’un cheminement relationnel

avec les soignants, avec à la fois un objectif de rétablissement, de réhabilitation sociale, mais aussi de tolérance inconditionnelle à l’égard du patient dans sa différence et sa chronicité. La notion d’accompagnement est ici fondamentale. Au cours de ce colloque, les liens entre théories psychodynamiques et neurosciences concernant notamment la psychose ont été établis. La fécondité du processus de crise, s’il est source de changements et de début d’autonomie, a été développée. A été souligné l’intérêt des cures au long cours qu’offrent les hôpitaux de jour pour les patients en difficultés d’autonomie, dans un rythme protecteur mais également dans une démarche affirmée d’ouverture vers l’extérieur.

Des expériences d’équipes internationales francophones concernant des patients adultes, âgés et adolescents, ont été partagées. Nous retenons notamment la présentation d’un outil clinique d’évaluation en hôpital de jour de réhabilitation, permettant de structurer et d’affiner l’offre de soins proposée à des patients adultes. L’outil permet de déterminer et coter les difficultés mais aussi les émergences selon 4 axes (cognitif, corporel, citoyen, transitionnalité et expression). Il a aussi été pensé pour maintenir un cap dans le soin face aux remous de la crise.

La participation aux colloques annuels du GHJP est ouverte à toute équipe d’hôpitaux de jour de France, Suisse, Belgique ou Luxembourg.

Suite à notre intervention, nous avons reçu la demande par le Président du GHJP de l’organisation du colloque de 2024 au CH George Sand. Un défi à relever !

Dr Corinne VAILLANTChef de pôle PMPEA

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Vu de l’intérieur

Intercom n°56 - Février 2020 7

De janvier à juin 2012, des soignants animateurs d’atelier d’écriture au sein de leur structure de soin ainsi qu’un auteur intervenant (Stéphane Branger, auteur intervenant, animateur de l’atelier d’écriture sur le CMP de Sancerre) se sont rencontrés à trois reprises car ils éprouvaient la nécessité de partager leurs expériences autour de l’écriture, utilisée comme médiateur ou support d’atelier et de confronter les différentes façons de faire. Ces temps de réunion furent l’occasion d’interroger quelle peut être la fonction de l’écrit pour le sujet et plus particulièrement dans un registre thérapeutique. Les questionnements ont aussi porté sur la manière dont chacun procède pour proposer l’écriture aux patients qu’ils accueillent.

Lors de ces rencontres, il ne s’agissait pas de remettre en cause les différentes manières de faire mais de permettre un échange visant à s’enrichir des expériences de chacun dans le respect de l’identité des trois groupes et de franchir les limites des ateliers pour questionner le sens de chacune des pratiques. Il est apparu important que les patients qui participent à ces échanges, puissent aussi sortir de leur groupe habituel pour faire connaissance avec les autres groupes, découvrir d’autre façon d’écrire et faire l’expérience d’une présentation de leur écrits sous forme de lecture, s’ils le souhaitaient. C’est ainsi qu’est née l’idée de présenter au mois de juin 2013 à la médiathèque de Bourges, pour la première fois, une lecture réunissant les textes des trois groupes

d’écriture. Pour mener à bien ce projet, il a été demandé que M. Branger puisse intervenir ponctuellement sur les ateliers des HJ BA et HJ/CMP BS. En tant qu’auteur et interprète, et au regard de son expérience au sein des groupes, il semblait la personne la plus à même d’amener les participants à effectuer un travail sur la voix, l’élocution, la respiration, la position du corps et l’écriture, compétences spécifiques nécessaires à une présentation publique des écrits.

Depuis 2013, cette lecture a lieu en juin chaque année. A l’issue des bilans annuels, nous avons fait le constat que cet évènement était porteur autant du point de vue relationnel que narcissique pour les participants et en particulier grâce à l’accompagnement de M. Branger. Le désir des participants est d’aller de plus en plus loin dans la rencontre et la mise en commun entre les groupes. Alors que les premières années chaque groupe proposait un thème singulier, depuis trois ans, les groupes ont décidé de présenter leurs textes sur un même thème (« la lettre » en 2016, « la vie des objets » en 2017, « la musique » en 2018 et « les voyages extraordinaires de Monsieur Machin » en 2019) sous une même forme (avec des illustrations en 2015, avec un accompagnement sonore en 2018). Cette année une lecture a été présentée à la médiathèque en juin et en septembre au Moulin de la Voiselle en présence de l’association L’ENVOL - ESPOIR 18. La nouveauté de ce projet est l’édition d’un livret « les voyages extraordinaires de Monsieur Machin » distribué aux participants et aux partenaires.

L'ECRITURE COMME MÉDIATEUR

Stéphanie WERTH, Pascale LEPRESLE, infirmières (IDE),CMP de Sancerre

Alice FOSSET et Charlotte BRIDON, psychologues, Sylvie BOULAY-LE SOLEUZE, IDE

CMP Louise MichelCharlène NAUDET-BERTHELOT, IDE

HJ Louise Michel Nathalie CAILLAT, IDE et Juliette ATGER, psychologue

CMP Gustave Ferrier

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Intercom n°56 - Février 20208

Vu de l’intérieur

Le Centre Hospitalier George Sand a déposé un projet de création d’une Equipe Mobile Psychiatrie Précarité (EMPP) auprès de l’ARS Centre Val de Loire, le 24 septembre 2019. Ce projet a été retenu par l'ARS qui versera une enveloppe de 150 000 € pour sa mise en place.

Les EMPP trouvent leur origine dans la circulaire du 23 novembre 2005 relative à la prise en charge des besoins en santé mentale des personnes en situation de précarité et d’exclusion : « L'évaluation des besoins en santé mentale des personnes en situation de précarité et d’exclusion se heurte souvent à l’absence de demande de soin manifeste, cette dernière est plus aisément exprimée par le ressenti des professionnels de première ligne intervenant auprès de ces publics ».

La mission d’une EMPP est aussi inscrite dans l’axe « Faciliter l’accès aux soins » inscrit dans le PTSM (Projet Territorial de Santé Mentale) 2018/2022 et est liée au PRAPS (Programme Régional d’Accès à la Prévention et aux Soins des plus démunis).

Une EMPP pourquoi ?

La précarité socio-économique peut engendrer une précarité psychique et inversement. L’insécurité qui en résulte peut avoir des conséquences graves et étendues si la personne ne rencontre pas d’aide adaptée au moment voulu.

Ces moments de grande fragilité peuvent amener à un effondrement psychique. Dans l’incapacité de se mobiliser vers le soin, certaines personnes ne bénéficient pas d’une prise en charge spécialisée car leur retrait social les fait basculer dans un processus de non demande.

La place du psychisme dans un contexte de précarité et d’exclusion est souvent écrasée par le poids des réalités matérielles que subissent les personnes. Un des aspects des rencontres avec ces personnes en grandes difficultés sera de réactiver la fonction psychique en lui redonnant sa place.

L’exclusion et la précarité engendrent une fragilité ou réveillent des troubles psychiatriques sous-jacents

pouvant se manifester dans des lieux et sous des formes multiples. Les professionnels de première ligne peuvent alors se sentir impuissants, isolés et insuffisamment formés face à des comportements de souffrance et de troubles psychiques observés.

L’EMPP a vocation à :

Aller vers les acteurs de première ligne, partenaires du réseau :

Leur apporter un appui technique spécifique psychiatrique sur des situations identifiées et apporter une information au repérage et à l’approche des fragilités psychiques.

L’EMPP proposera d’assurer des temps de permanences, de participer aux diverses réunions de travail et de synthèses des acteurs réseaux et collectera les demandes d’aides spécifiques.

Aller à la rencontre des personnes adultes présentant une souffrance / un trouble psychique, en situation de précarité et d’exclusion

Souvent l’intervention se situera d’abord « autour » de l’individu avec le travailleur social.

L’objectif est d’avoir un premier contact sur l’espace de vie de la personne, de créer un lien, de réintroduire la parole et l’écoute et assurer un accompagnement autant que de besoin vers un soin psychiatrique évalué comme nécessaire.

Le soin et la prise en charge seront ensuite assurés par les dispositifs déjà existants : les prises en charge médicales et pluriprofessionnelles auront lieu sur les CMP de secteurs.

L’EMPP QUAND ?

L’EMPP sera mobilisable, en journée, du lundi au vendredi.

Elle ne fera pas de maraudes mais sera en lien avec les équipes qui en font.

C R É AT I O N D'U N E ÉQ U I P E M O B I L E P S YC H I AT R I E P R ÉC A R I T É

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Vu de l’intérieur

Intercom n°56 - Février 2020 9

C R É AT I O N D'U N E ÉQ U I P E M O B I L E P S YC H I AT R I E P R ÉC A R I T É

L’EMPP OÙ ?

D’abord en milieu urbain, dans un premier temps sur l’agglomération de Bourges puis montée en charge progressive sur les villes de St Amand et Vierzon. Cette organisation n’exclue pas les signalements faits en milieu semi-rural et rural.

Selon évaluation des besoins, un ajustement des moyens sera à envisager pour pouvoir répondre à la demande.

L’EMPP COMMENT ?

Une réunion hebdomadaire de ce nouveau service (médecin coordonnateur, infirmier, psychologue, secrétaire) examinera, évaluera et priorisera les réponses à donner aux signalements de nos partenaires réseaux. L’équipe interviendra de manière programmée.

Programmation de rencontres avec les partenaires sociaux en contact avec les personnes en difficultés psychiques.

Rencontres avec les personnes en besoin.

Ce service ambulatoire trouve sa spécificité dans les déplacements, les liens vers les réseaux et les publics concernés.

Il n’est pas doté de bureau de consultation, de salle d’activité ni bien sûr de lits d’hospitalisation ou de possibilité d’hébergement.

Il n’est pas dans sa mission de trouver des hébergements sanitaires, médico-sociaux ou sociaux pour les publics en précarité.

En aucun cas l’EMPP n’est un service d’urgence, celles-ci étant déjà assurées par le Centre d’Accueil et d’Orientation Départemental et les autres services concernés : pompiers, police, ambulances, professionnels des réseaux,...

De gauche à droite, de haut en bas : Virginie DESSERPRIX (CSS), Dr Paul GBIKPI (chef de pôle), Éric BILBILLE (CS), Dr Mustapha JAMIL (psychiatre), Viviane LIARD (psychologue),Claire JOURNET (psychologue), Justine JOLIVET (assistante sociale) et Jocelyne VINÇON (infirmière CMP BA)

V. DESSERPRIX, cadre de pôle, Dr GBIKPI, Dr JAMIL et le groupe de travail

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Intercom n°56 - Février 202010

Vu de l’intérieur

203892 fumeurs se sont inscrits en 2019 sur la plateforme nationale du Mois sans tabac, pour participer au défi collectif « En novembre, on arrête ensemble ». L’opération invite à arrêter de fumer au moins 1 mois, durée au-delà de laquelle les chances de sevrage définitif sont multipliées par 5. Dans ce cadre, l’équipe d’addictologie a mené des actions de soutien aux fumeurs en partenariat avec les centres hospitaliers de Saint- Amand et Bourges :

▪ Campagne d’information via intranet et réseaux sociaux, supports papier dans les unités de soin. Au CH de Bourges, un affichage centré sur les motivations à l’arrêt et la confiance en soi était prévu dans les lieux de « fume »,

▪ Défi Cigarbre : ce dispositif ludique propose de transformer une cigarette géante en arbre au cours du mois de novembre. Chaque fumeur peut ajouter des feuilles symbolisant des cigarettes non fumées, chaque non fumeur peut ajouter un message de soutien. Un panneau décompte les cigarettes non fumées et félicite les challengers. Renouvelée en 2019 en format affiche dans les unités Nohant, Gargilesse, Delacroix, Le Cap et Maupassant, cette action permet aux équipes de sortir du rôle de gestionnaire du tabac en ouvrant le dialogue sur le sevrage, de susciter des démarches d’arrêt/réduction, avec l’appui des UCLA pour accompagner individuellement les demandeurs. Au Cap, deux ateliers sur la dépendance et les stratégies d’arrêt, sur les idées reçues sur le tabac ont été animés. Après l’unité Chopin en 2018, Le Cap remporte cette année le défi avec 450 cigarettes non fumées.Un Cigarbre 3D a été installé avec moins de succès au self à Bourges, où un stand animé par l’UCLA mi-novembre fut riche en échanges.

Le hall du CH de St Amand a également pu bénéficier du dispositif pour le grand public avec 620 cigarettes non fumées.

▪ Groupes de soutien « Les Sportifs », « Zen attitude », « Réveil des sens », « Futures mamans » :

Lancés le 15/10 lors d’une conférence « Mois sans tabac : les outils pour se lancer sereinement » au CH de Bourges, avec peu d’auditeurs, mais une équipe motivée issue du CHS et du CH (infirmières, éducateur sportif, sage-femme, médecin, diététicienne), les groupes se retrouvaient 1 fois par semaine en novembre autour de médiations diverses (relaxation, sports, massages, hypnose, méditation pleine conscience, atelier « goût et senteurs »). Trois des thèmes ont pu accueillir de petits groupes où échanges, soutien, et renfort de la motivation ont été appréciés. En clôture, les acteurs ont laissé une trace de leur expérience sur le « Mur des challengers » exposé dans le hall du CH Bourges en décembre.

Enfin, « hors les murs », à la rencontre du public :

▪ Stand Foires d’Orval : l’UCLA d’Orval, en partenariat avec l’ANPAA, était présent mi-octobre aux foires d’Orval, haut lieu de passage et d’échanges.

▪ Village Mois sans tabac, organisé par la Mutualité Française début novembre à Bourges, en partenariat avec CHS et CH Bourges, et 4 associations. L’UCLA de Bourges y co-animait un stand d’information/conseils, mesure de CO et de souffle, et assurait des entretiens individuels.

Le mois sans tabac, c’est fini… Mais l’équipe d’addictologie est à votre disposition toute l’année pour vous soutenir !

MOIS SANS TABAC : Un défi collectif et ludique

Dr Aude MATHIEU, Praticien hospitalierAddictologie

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Vu de l’intérieur

Intercom n°56 - Février 2020 11

Une équipe de thérapeutes pour la familleDepuis les années 1980, des professionnels du centre hospitalier George Sand se sont formés aux thérapies systémiques pour diversifier l’offre de soin proposée par l'établissement. Il existe à ce jour 5 thérapeutes qui travaillent en co-thérapie au service des couples et familles de l’ensemble du département du Cher. Le Dr Gbikpi est garant du cadre du travail thérapeutique et le secrétariat du CMP Bourges-Sancerre référence les nouvelles demandes de consultation.

Les rencontres se déroulent :

▪ le lundi sur le site de l’hôpital George Sand, dans les locaux de consultations privées. ▪ le mercredi après midi au Centre Médico-Psychologique Gustave Férié (BA) pour faciliter l'accès aux familles avec enfants scolarisés.

Les thérapies familiales systémiques trouvent leur origine dans les travaux de l’école de Palo Alto, le Mental Research Institute fondé en novembre 1958, dont la doctrine s’appuie d’une part sur la théorie générale des systèmes et d’autre part sur ses propres études sur la communication. Ces travaux ont été représentatifs d’un mouvement d’idées et d’un changement profond des modèles d’action thérapeutique qui ont donné lieu à de multiples développements. L’individu apparaît désormais intégré dans un système qui rend de plus en plus problématique la notion d’individualité séparée. Chaque individu influence ses proches et se trouve en même temps influencé par eux. Les membres d’une famille se révèlent comme les éléments d’une chaîne circulaire d’interactions.

Les thérapeutes familiaux sont caractérisés avant tout par le fait qu’ils partent d’une hypothèse de base commune :

C’est donc le réseau de relations dans lequel l’individu est intégré qui devient l’unité à traiter. L’approche systémique se présente comme une donnée essentielle de la compréhension des enjeux relationnels entre deux ou plusieurs individus qui communiquent avec leur propre modèle de représentation. Elle permet de remettre en mouvement la créativité des familles pour dépasser une crise.

Une unité de consultations et de thérapies familiales est un lieu de soin à destination des membres d’une même famille qui doivent faire face à une situation difficile, ou de crise. Il peut s’agir de difficultés de l’enfant, de l’adolescent ou du jeune adulte, de changements dans l’organisation familiale, des difficultés conjugales... autant de situations qui peuvent générer de la souffrance chez un ou plusieurs membres du groupe familial. Chaque couple thérapeutique expérimente son propre style et propose des modes d’intervention divers et adaptés au contexte familial et conjugal, visant à restaurer le lien à l’intérieur du groupe familial. Un travail de reprise en interne avec l’ensemble de l’équipe des thérapeutes, sert de support à une continuité de formation interne et de réflexion commune favorisant une cohésion d’équipe et d’ouverture : les échanges de point de vue permettent de sortir de nos stéréotypes liés à nos histoires, nos fonctions, nos valeurs, et ainsi des ponctuations arbitraires et des interprétations causales.

Un projet rédigé par l’équipe de thérapeutes familiaux a été présenté au Bureau de Pôle extra-hospitalier en décembre 2019, qui arrive dans un contexte de questionnements quant à l’évolution et la pérennisation de cette offre de soin au sein de l’établissement.

Équipe des thérapeutes familiaux

Si l’on veut que l’individu change, il faut aussi modifier l’environnement dans lequel il évolue.

De gauche à droite, de haut en bas : Rodolphe ARNAUD (infirmier), Pascale LEPRESLE (infirmière), Dr Paul GBIKPI (chef de pôle Extra-hospitalier), Juliette ATGER (psychologue), Sandrine AUGER (infirmière),Béatrice MAURE (infirmière, absente sur la photo).

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Des métiers et des gnes

Intercom n°56 - Février 202012

Intercom est allé à la rencontre de Juliette RIGONDET, auteure d' « Un village pour aliénés tranquilles » (Fayard, 2019)*

I : Votre livre raconte l'histoire de la colonie d'aliénés créée à Dun en 1892. Peut-on parler de succès concernant cette nouvelle thérapie ?

JR : Je ne parlerais pas de succès, sinon ce mode de soins existerait un peu partout en France. On peut saluer en revanche sa longévité : le placement familial thérapeutique existe à Dun depuis 1892 !Faire sortir des asiles parisiens des « aliénés » considérés comme « tranquilles » (non dangereux et non suicidaires) pour les installer à la campagne était osé : jamais cela n’avait été pratiqué en France. L’entreprise s’est révélée si simple que très vite le nombre de placements s’est multiplié, et cette colonie devint à la fois une réussite thérapeutique (son fondateur, le docteur Marie, constatait que l’état de ses patients s’améliorait depuis qu’ils avaient retrouvé leur liberté et le contact avec la société), et un bienfait pour le village qui avait osé tenter cette expérience. Menacé, à la fin du XIXe siècle, par le chômage, l'exode rural, Dun a réussi, avec l'implantation de cette colonie pour aliénés, à faire mieux vivre ses habitants et à garder, depuis, à peu près le même nombre de villageois.

I : Alors pourquoi ce modèle ne s’est-il pas développé ailleurs ?

JR : J’ai posé la question au psychiatre et historien de la psychiatrie Michel CAIRE, qui connaissait la colonie de Dun pour y avoir envoyé autrefois beaucoup de patients (il exerçait à Maison Blanche dans les années 1970-1980). Il m’a appris que dans les années 1970, les soignants proches de l'antipsychiatrie s’opposaient à l’idée d’éloigner à ce point les patients de leur famille et de leur lieu de vie (presque tous les patients de Dun et d’Ainay venaient de Paris). L'idée de voir naître d'autres colonies à la campagne n'était donc plus d'actualité. Ce mouvement motiva aussi le développement des soins de jour, permettant à beaucoup de patients de continuer à vivre chez eux.

Enfin, il y eut une spécialisation croissante des soins psychiatriques. Tandis que les colonies de Dun et d’Ainay regroupaient jusque dans les années 1970-1980 des « gâteux », des épileptiques, des « mélancoliques », des alcooliques, des psychotiques… On n’interne plus aujourd’hui pour dépression, sauf si la personne est suicidaire ; les alcooliques sont traités dans des centres d’addictologie, les personnes séniles sont conduites dans des EHPAD. Cela fait beaucoup moins de patients pour le placement familial thérapeutique.

I : Comment les patients percevaient-ils cette grande liberté offerte par la colonie du Dr MARIE ?

JR : Certes ce dépaysement les perturbait un peu, ils se retrouvaient logés chez des inconnus, mais ce qu’on découvre dans les témoignages des premières malades arrivées à Dun, c’est la joie de retrouver leur liberté d’aller et venir, de ne jamais être enfermées à clé, d’être mieux nourries, de pouvoir vivre presque comme tout le monde en faisant leurs propres achats au village, en travaillant si elles le souhaitaient, en faisant des rencontres.

I : En quoi soigne-t-on autrement, dans la colonie de Dun (devenue AFT), qu’à l’hôpital ?

JR : Ce qui est plus compliqué à la colonie (ou à l’AFT), c’est que les patients sont dispersés et vivent parfois à 15 ou 20 km de l'hôpital. Cela demande une organisation rigoureuse pour les visites des IDE et du psychiatre. Aujourd'hui, le Dr Marcella MICHEL s'occupe de 230 patients placés à Dun et dans ses environs. Mais comme l’écrivait le Dr Auguste MARIE, à la colonie, la ville soigne aussi. Les passants et les commerçants échangent quelques mots avec les patients dans les rues ou les boutiques. De même, un villageois peut alerter l'hôpital d’un problème concernant un patient, car dans cette petite ville, tout le monde se connaît. Auguste MARIE certifiait que la surveillance et la protection des patients étaient ainsi mieux assurés que dans un asile.

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Des métiers et des gens

Intercom n°56 - Février 2020 13

I : En fait, l’essentiel du soin, à l'AFT, c’est la vie en société ?

JR : L’essentiel, peut-être pas, mais une grande partie. Les patients vont et viennent dans la ville et échangent quelques mots avec les Dunois, certains les connaissent… Leur univers ne se réduit pas à l’enceinte hospitalière. C’était encore plus frappant au début de la colonie : il n’y avait pas d’hôpital, juste une infirmerie. Le lieu de soins, c’était Dun, ses rues et commerces, les foyers qui hébergeaient les pensionnaires, les endroits où ceux qui le souhaitaient travaillaient… Le travail, autorisé jusque dans les années 1990, donnait l’occasion à certains d’être reconnus pour autre chose qu’un « fou » : pour son savoir-faire, le fruit de ses activités. Il permettait aussi à ces personnes d’avoir des collègues autres que d’autres patients, et de tisser plus facilement des amitiés avec les habitants. Des abus au travail incitèrent malheureusement la direction hospitalière à supprimer l’emploi des patients. Je trouve dommage qu’on n’ait pas trouvé de meilleure solution : il est triste de voir des jeunes, soignés à Dun, errer dans la petite ville à la recherche d’un peu de vie, de rencontre, d’activité. Un psychiatre parisien spécialiste de l’AFT à Sainte-Anne, Alberto Velasco, à qui j’en ai parlé, m’a cependant affirmé que cette oisiveté en ville ou dans une chambre à soi valait mieux qu’à l’hôpital, dans la promiscuité,

avec toujours les mêmes visages autour de soi… Un imprévu, une rencontre, ce qui fait la contingence de la vie sont les possibilités qu’offre l’AFT en permettant à ces hommes et ces femmes d’avoir une vie en dehors de l’hôpital. Il en est de même aujourd’hui pour les personnes soignées, ailleurs, en hôpital de jour.

I : Vous évoquiez les abus au travail, vous citez aussi dans votre livre des viols et d’autres violences physiques ou morales subies par certains patients, mais il y eut, aussi, de belles histoires ?

JR : Je craignais, en démarrant mon enquête, de découvrir surtout des relations d’intérêt, des moqueries, comme certaines auxquelles j’avais assisté enfant. J’ai raconté dans mon livre comment, un dimanche, le curé du village a réussi à entraîner toute l’assemblée à chanter un chant de joyeux anniversaire pour un des patients présents à la messe ce jour-là. J’ai senti, à plusieurs reprises, l’affection que certains des hommes et des femmes soignés à Dun depuis longtemps suscitent pour certains d’habitants : j’ai raconté par exemple l’enterrement de Lucette, auquel une quarantaine de Dunois a assisté, couvrant de fleurs la tombe de cette femme qu’ils côtoyaient depuis les années 1970. J’ai rencontré beaucoup de personnes, anciennes « nourrices », enfants ou petits-enfants de familles d’accueil me disant que tel ou tel pensionnaire logé chez eux était comme un fils, une sœur, une deuxième grand-mère. Des enfants du pays ont appris, auprès de certains pensionnaires, le piano, l’histoire, les maths. J’ai lu dans les archives l’histoire de plusieurs patientes qui, séparées de leur nourrice partie à la retraite, continuaient à leur rendre visite chaque jour et devenaient parfois leur garde-malade… Beaucoup de ces personnes ont trouvé à Dun une famille d’adoption et y ont inscrit une grande part de leur existence.

*Cet ouvrage est disponible en prêt au centre de documentation de l'établissement (poste 20.82).

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Propos recueillis par Nadine GARRY

" Beaucoup de ces personnes ont trouvé à Dun une famille d'adoption "

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Intercom n°56 - Février 202014

Vu de l’intérieur

CHAMBRE DES ERREURS Dans le cadre de la semaine de sécurité des patients, en novembre et décembre 2019, une chambre des erreurs a été organisée sur chaque site afin d’améliorer les pratiques, la qualité et la sécurité des soins.

Cette animation ludique, ouverte à tous les agents de l’établissement, consistait, pour le « professionnel enquêteur », à identifier les 10 erreurs, volontairement glissées dans la reconstitution de la chambre du patient, et concernant 4 domaines à risque (identito-vigilance, prise en charge médicamenteuse, hygiène et sécurité).

65 personnes ont participé à ces journées, dont 37% de soignants.Bien que personne n’ait trouvé les 10 erreurs, toutes ont néanmoins été détectées.

Un tirage au sort a été réalisé afin de départager 4 agents ayant trouvé 8 erreurs. Les gagnants du 1er prix (carte cadeau fnac d'une valeur de 100€) ont été récompensés lors des cérémonies des vœux. Ceux qui ont trouvé 6 erreurs et plus ont reçu leur prix dans leur service.

86,4% des participants ont indiqué avoir acquis des connaissances utiles pour exercer leur travail et 95,5% souhaiteraient que cette initiative se renouvelle. D’ailleurs, l’appréciation générale de cet atelier, notée sur une échelle de 0 à 10, fait état d’une note moyenne de 9,2/10.

Un grand remerciement à tous les participants et organisateurs qui ont contribué à faire vivre cette animation.

Dr Olessya LAURENT, médecin gestionnaire des risquesAline LE BAIL, infirmière hygiène /gestion des risques

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Intercom n°56 - Février 2020 15

Brèves hospitalières

Cérémonie des vœux sur les 3 sites Ces cérémonies ont également été l'occasion de remettre les médailles d'honneur du travail, ainsi que les récompenses aux gagnants de la chambre des erreurs (voir ci-contre).

Le docteur Jean-François AUBERT est entré le 22 mars 1982 dans l'établissement comme interne en psychiatrie auprès du docteur Jean-Claude MARTIN.

Devenu assistant puis praticien hospitalier, il a enchainé les affectations au sein du PMPEA : du CMP Espace Ados au CMPE Carolus, CAMSP et HJ Valvert Enfants en passant par le CMPE Turly.

Le docteur AUBERT s'est beaucoup mobilisé dans les quartiers précarisés où personne ne voulait aller ainsi que dans les communes éloignées comme Saint-Satur.

Il a accompagné l'arrivée du CAMSP en janvier 2016 avec le docteur Michel HÉNIN. De plus, il a toujours soutenu des actions avec beaucoup de sens : périnatalité et liens avec la maternité, l'ASE (Aide Sociale à l'Enfance) et les familles d'accueil.

Enfin, le docteur AUBERT a été un fervent défenseur de l'entrée des artistes à l'hôpital (partenariat avec les Beaux-Arts de Bourges).

Nous lui souhaitons une belle retraite !

Départ du docteur Jean-François AUBERT

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Brèves hospitalièresFÊTE DE NOËL à l'AFT - 12 décembre 2019

L’AFT a fêté Noël le 12 décembre 2019 à la salle des fêtes de Dun-sur-Auron.

Un travail de décoration, costumes, scénettes de cinéma, chorégraphie a été fait avec les patients lors d'ateliers thérapeutiques, avec une quarantaine de familles d'accueil et les soignants.

Toutes ces activités étaient en lien avec le thème du cinéma. Les services techniques ont participé pour les besoins de supports et matériels. Les cuisines de DUN ont préparé le repas pour cet événement. Les 40 familles d'accueil et les soignants ont servi à l'assiette les 250 repas (soit 250 personnes dont 200 patients) à la salle des fêtes.

Agnès RUFF, cadre de santé - AFT

SEMAINE DU GOÛT à l'unité CHOPIN- 29 octobre 2019

Comme chaque année depuis 12 ans et en lien avec la semaine du goût, une activité est proposée par Mme HAFFNER et Mme THAUMIN, aides-soignantes dans le service Chopin.

Cette année, le thème fut autour des thés parfumés, des pains d'épices aux parfums différents, des jus de fruits aux saveurs originales (un exemple de jus mélangé : curcuma/orange/mangue/carotte) et des gâteaux secs.

Certains produits ont été exposés et un récit sur l'histoire du pain d'épice a été proposé.

L'ensemble des patients du service Chopin ainsi que le personnel de soins ont apprécié cette explosion de saveurs et de GOÛT.

JOURNÉE DE FORMATION ARP" Prévenir pour un meilleur attachement mère-enfant"

au CGR de Bourges le 6 décembre 2019Organisée par le pôle de pédopsychiatrie et l’ARP 18, cette journée a proposé de reprendre la théorie de l’attachement et le lien essentiel mère-bébé avec Mme Nicole GUEDENEY. M. Roger VASSEUR a parlé ensuite de sensori-motricité et des mouvements généraux comme repérage possible des difficultés dans le développement du bébé. Enfin, Mme Rose-Marie TOUBIN a transmis un posturage du bébé pour favoriser les interactions pour les mamans vulnérables pendant le moment fondamental des débuts de vie du bébé.

Yves GIBOT, cadre de santé - Unité CHOPIN

Marie-Paule MROZEK, psychologue au CMPEA Carolus (PMPEA)