ric 342:zamponi_le mot de jérôme lejeune_fr

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www.outhere-music.com http://www.facebook.com/OuthereMusic Le billet de Jérôme Lejeune Directeur artistique de RICERCAR Le retour d’Ulysse, ou l’histoire d’une résurrection Sans connaître autant de détours que ceux du voyage d’Ulysse, la redécouverte de l’opéra de Zamponi, est aussi un périple étonnant. Toutes les histoires de la musique concernant les anciens Pays-Bas évoquaient l’existence de ce spectacle fastueux qui fut représenté à Bruxelles pour le Mariage de Philippe IV d’Espagne et Marie-Anne d’Autriche en 1650. Mais qu’était devenu le manuscrit ? En 1908, le musicologue Alfred Wotquenne, alors bibliothécaire du Conservatoire de Bruxelles, réalise une copie fragmentaire de l’ouvrage. Mais où a-t-il trouvé la source ? Sans doute à Vienne où, près d’un siècle plus tard le manuscrit sera à nouveau redécouvert à la National Bibliothek. En 2004, Stéphanie de Failly qui venait de fonder l’ensemble Clematis, conseillée par Philippe Beaussant qui s’intéressait déjà à l’étonnante personnalité de la Reine Christine de Suède, se lance dans l’aventure de cette redécouverte, encouragée par Leonardo García AlarcÓn qui, dès la lecture des premières pages considère l’ouvrage passionnant : « j’imagine déjà son style, très influencé par Cavalli et l’opéra vénitien. Une beauté très rare du Nord. À travailler maintenant. » (mail du 4 mars 2004). C’est le musicologue italien Jolando Scarpa qui réalise en un temps record la mise en partition moderne. L’incroyable découverte est proposée aux organisateurs du Printemps Baroque du Sablon, Martine Dumont-Mergay et Bernard Mouton qui acceptent de se lancer dans l’aventure ; ce sera le concert de clôture du Festival le 29 avril 2006. À l’issue du concert, une seule pensée traverse l’esprit des musiciens, du public et de la presse musicale : à quand une représentation scénique ? Et quelle équipe de musiciens ! Avec une très belle distribution qui déjà avait fait appel à Céline Scheen et Furio Zanasi pour les deux rôles principaux, Leonardo García AlarcÓn électrise son ensemble, déjà, avec l’énergie qu’on lui connaît maintenant – c’était cependant la première fois de sa vie qu’il se trouvait à ce poste de « chef » devant une aussi grande entreprise – et donne une vitalité incroyable à cette version de concert qui (pour des raisons pratiques et financières bien compréhensibles) avait dû être montée en trois jours ! Il fallait un brin de folie et surtout un enthousiasme débordant pour réussir une pareille prouesse avec un ouvrage de près de trois heures. Dès que Clematis fit son entrée chez Ricercar, l’idée de prolonger cette découverte par un enregistrement fut évoquée. Et du rêve numéro un, on est passé, au rêve numéro deux ! Grâce à la confiance de Charles Adriaenssen, patron d’Outhere (l’éditeur de Ricercar), aux subventions dont Clematis et Ricercar bénéficient de la part de la Fédération Wallonie-Bruxelles et au soutien de l’Orchestre Philharmonique de Liège, le plan financier de l’entreprise prend vie. MUSIQ’3, la radio classique de la RTBF, participe au projet et met à la disposition de la production la compétence d’Isis Gunzburger, qui assure la prise de son. Pour un spectacle royal, Clematis revêt ses plus beaux et importants atouts (30 musiciens !), tous les solistes sollicités répondent « présent » sans qu’apparaisse la moindre difficulté d’agenda (incroyable !) et les amis du Chœur de Chambre de Namur (dont Leonardo García AlarcÓn était devenu le nouveau chef permanent) ne peuvent résister à l’envie de participer au projet. C’est avec le même enthousiasme que la cinquantaine de chanteurs et instrumentistes réunis se plongent durant une dizaine de jours, dans le cadre superbe de la Salle Philharmonique de Liège dans le travail de préparation et d’enregistrement de l’opéra. Tous ceux qui ont participé à ces moments exceptionnels se souviennent de l’intense communion qui les réunissait. Certains ne se connaissaient pas, d’autres ne s’étaient plus vus depuis longtemps. C’est ce miracle de la chaleur humaine qui a aussi contribué à l’incroyable réussite de cet enregistrement. Tous avaient l’impression de participer à une véritable découverte et d’en être les acteurs privilégiés. Si il convient d’adresser toute notre gratitude à tous les musiciens (particulièrement à l’exceptionnelle équipe du continuo qui a joué sans cesse durant toute la production), celle-ci va aussi à tous ceux qui ont œuvré à la réussite de cette organisation exceptionnelle, et tout particulièrement la régie du Chœur de Chambre de Namur et le personnel de la Salle Philharmonique de Liège qui n’a pas regardé son temps pour permettre à l’enregistrement de se dérouler dans des horaires qui parfois dépassaient de plusieurs heures les prévisions officielles ! Enfin ce qui restera pour tous les musiciens le souvenir le plus incroyable de cette production, c’est la façon dont Leonardo García AlarcÓn a sans cesse imaginé la vie qu’il fallait donner à cette musique, la façon de vitaliser le continuo qui devient ici un véritable élément de décor, l’analyse subtile du texte et de la musique qui permettent de transformer de longs passages de monodie accompagnée en une variété incroyable d’affects qui vont du récit théâtral à l’arioso le plus émouvant ou le plus vif. Un rêve de plus vient de prendre vie. Reste maintenant la troisième étape, celle qui fera d’Ulisse all’Isola di Circe de Zamponi l’un des opéras les mieux connus du baroque Italien et que les maisons et festivals d’opéras en révèlent aussi l’importance par la résurrection scénique. RICERCAR: RIC 342 Découvrez de larges extraits du concert organisé à l’issue de l’enregistrement en février 2012 http://www.youtube.com/watch?v=CyhZCNkN7Mw

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CAPPELLA MEDITERRANEA CLEMATIS CHOEUR DE CHAMBRE DE NAMUR Leonardo GARCÍA ALARCÓN

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Le billet de Jérôme LejeuneDirecteur artistique de RICERCAR

Le retour d’Ulysse, ou l’histoire d’une résurrection

Sans connaître autant de détours que ceux du voyage d’Ulysse, la redécouverte de l’opéra de Zamponi, est aussi un périple étonnant. Toutes les histoires de la musique concernant les anciens Pays-Bas évoquaient l’existence de ce spectacle fastueux qui fut représenté à Bruxelles pour le Mariage de Philippe IV d’Espagne et Marie-Anne d’Autriche en 1650. Mais qu’était devenu le manuscrit ? En 1908, le musicologue Alfred Wotquenne, alors bibliothécaire du Conservatoire de Bruxelles, réalise une copie fragmentaire de l’ouvrage. Mais où a-t-il trouvé la source ? Sans doute à Vienne où, près d’un siècle plus tard le manuscrit sera à nouveau redécouvert à la National Bibliothek. En 2004, Stéphanie de Failly qui venait de fonder l’ensemble Clematis, conseillée par Philippe Beaussant qui s’intéressait déjà à l’étonnante personnalité de la Reine Christine de Suède, se lance dans l’aventure de cette redécouverte, encouragée par Leonardo García AlarcÓn qui, dès la lecture des premières pages considère l’ouvrage passionnant : « j’imagine déjà son style, très influencé par Cavalli et l’opéra vénitien. Une beauté très rare du Nord. À travailler maintenant. » (mail du 4 mars 2004). C’est le musicologue italien Jolando Scarpa qui réalise en un temps record la mise en partition moderne. L’incroyable découverte est proposée aux organisateurs du Printemps Baroque du Sablon, Martine Dumont-Mergay et Bernard Mouton qui acceptent de se lancer dans l’aventure ; ce sera le concert de clôture du Festival le 29 avril 2006. À l’issue du concert, une seule pensée traverse l’esprit des musiciens, du public et de la presse musicale : à quand une représentation scénique ? Et quelle équipe de musiciens ! Avec une très belle distribution qui déjà avait fait appel à Céline Scheen et Furio Zanasi pour les deux rôles principaux, Leonardo García AlarcÓn électrise son ensemble, déjà, avec l’énergie qu’on lui connaît maintenant – c’était cependant la première fois de sa vie qu’il se trouvait à ce poste de « chef » devant une aussi grande entreprise – et donne une vitalité incroyable à cette version de concert qui (pour des raisons pratiques et financières bien compréhensibles) avait dû être montée en trois jours ! Il fallait un brin de folie et surtout un enthousiasme débordant pour réussir une pareille prouesse avec un ouvrage de près de trois heures. Dès que Clematis fit son entrée chez Ricercar, l’idée de prolonger cette découverte par un enregistrement fut évoquée. Et du rêve numéro un, on est passé, au rêve numéro deux !

Grâce à la confiance de Charles Adriaenssen, patron d’Outhere (l’éditeur de Ricercar), aux subventions dont Clematis et Ricercar bénéficient de la part de la Fédération Wallonie-Bruxelles et au soutien de l’Orchestre Philharmonique de Liège, le plan financier de l’entreprise prend vie. MUSIQ’3, la radio classique de la RTBF, participe au projet et met à la disposition de la production la compétence d’Isis Gunzburger, qui assure la prise de son. Pour un spectacle royal, Clematis revêt ses plus beaux et importants atouts (30 musiciens !), tous les solistes sollicités répondent « présent » sans qu’apparaisse la moindre difficulté d’agenda (incroyable !) et les amis du Chœur de Chambre de Namur (dont Leonardo García AlarcÓn était devenu le nouveau chef permanent) ne peuvent résister à l’envie de participer au projet. C’est avec le même enthousiasme que la cinquantaine de chanteurs et instrumentistes réunis se plongent durant une dizaine de jours, dans le cadre superbe de la Salle Philharmonique de Liège dans le travail de préparation et d’enregistrement de l’opéra.Tous ceux qui ont participé à ces moments exceptionnels se souviennent de l’intense communion qui les réunissait. Certains ne se connaissaient pas, d’autres ne s’étaient plus vus depuis longtemps. C’est ce miracle de la chaleur humaine qui a aussi contribué à l’incroyable réussite de cet enregistrement. Tous avaient l’impression de participer à une véritable découverte et d’en être les acteurs privilégiés. Si il convient d’adresser toute notre gratitude à tous les musiciens (particulièrement à l’exceptionnelle équipe du continuo qui a joué sans cesse durant toute la production), celle-ci va aussi à tous ceux qui ont œuvré à la réussite de cette organisation exceptionnelle, et tout particulièrement la régie du Chœur de Chambre de Namur et le personnel de la Salle Philharmonique de Liège qui n’a pas regardé son temps pour permettre à l’enregistrement de se dérouler dans des horaires qui parfois dépassaient de plusieurs heures les prévisions officielles ! Enfin ce qui restera pour tous les musiciens le souvenir le plus incroyable de cette production, c’est la façon dont Leonardo García AlarcÓn a sans cesse imaginé la vie qu’il fallait donner à cette musique, la façon de vitaliser le continuo qui devient ici un véritable élément de décor, l’analyse subtile du texte et de la musique qui permettent de transformer de longs passages de monodie accompagnée en une variété incroyable d’affects qui vont du récit théâtral à l’arioso le plus émouvant ou le plus vif. Un rêve de plus vient de prendre vie. Reste maintenant la troisième étape, celle qui fera d’Ulisse all’Isola di Circe de Zamponi l’un des opéras les mieux connus du baroque Italien et que les maisons et festivals d’opéras en révèlent aussi l’importance par la résurrection scénique.

RICERCAR: RIC 342 Découvrez de larges extraits du concert organisé à l’issue de l’enregistrement en février 2012

http://www.youtube.com/watch?v=CyhZCNkN7Mw