revue littÉraire et culturelle 4€¦ · un fécond, un complaisant. l'un a à voir avec...

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REVUE LITTÉRAIRE ET CULTURELLE N°4 HIVER 2011/2012 GRATUIT www.NOMENCULTURE.fr ISSN : 2115-7324 THÉORIE P.3 PHILOSOPHIE P.4 NOUVELLES P.6 POÈMES P.12 CINÉMA P.14 INTERNATIONAL P.15 4 NOMENCULTURE

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Page 1: REVUE LITTÉRAIRE ET CULTURELLE 4€¦ · Un fécond, un complaisant. L'un a à voir avec l'intelligence en tant que mouvement vers la connaissance, l'autre drape sa bêtise d'un

REVUE LITTÉRAIRE ET CULTURELLE

N°4

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www.NOMENCULTURE.fr

ISSN : 2115-7324

THÉORIEP.3

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EDITORIALDirection de la publication : Hubert Camus

Comité de rédaction : Leo de Bodt,Simon Bracquemart,Carla Campos Cascales,Hélène Champaloux,Lucie Charmoille,Jean-Baptise Colas-Gillot,Sylvain Frezzato,Camille L.,Claire M.,Blandine Rinkel

Illustrations :Vincent Mey,Bérangère PétraultAnaïs Bonaventure

Maquette / Site internet :Coriolan Verchezer

Paris, décembre 2011. Tous droits réservés par leurs auteurs.

www.nomenculture.fr

ISSN : 2115-7324

Vous souhaitez nous aider, nous rejoindre, envoyer un texte ? N’hésitez pas à nous contacter :

[email protected]

Voilà qu’est arrivé le premier hiver pour Nomenculture. Mais loin des froids et des rigueurs de cette saison, nous sommes heureux de voir comme notre revue grandit. Le premier numéro était celui d’un groupe d’amis, et voilà que déjà les textes frappent sans interruption à la porte de la publication nomenculte.

De nombreux auteurs nous ont sollicités, loin de notre cercle amical originel – et c’est tant mieux. Malheureusement plus de propositions ne permettent pas plus de publications   : on ne peut pas pousser les murs – les pages – de la maison Nomenculture. C’est donc avec regrets que nous avons dû refuser beaucoup de textes   : un malheur, dans notre chance.

Cette saison, c’est sur l’enfance que vous réfléchirez   : Jean-Baptiste Colas-Gillot nous propose en effet sa Poétique adolescente, un plaidoyer pour la littérature de jeunesse. Pour la fiction, vous voyagerez entre une salle de bain, un rêve d’être actrice, vous irez jusqu’en Inde et bien plus loin encore. Pour le reste, je n’en dévoile pas plus   : tous nos textes se suffisent à eux-mêmes.

Bon voyage et à bientôt ; bientôt un an !

Hubert Camus

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Une oeuvre littéraire s’inscrit dans un processus qui comprend le mode de sa réception. Recevoir ou ne pas recevoir : réside ici tout l’enjeu qui nous occupe ; enjeu dont il faut discuter les tenants et les aboutissants. C’est parce qu’elle se dirige à une entité spécifique qu’une oeuvre existe – j’entends cette relation particulièrement en rapport à la littérature, où notre société l’organise selon le lectorat visé.

La littérature est un art-caméléon désirant s’adapter à tous ses lecteurs, en ne lésant personne. De cette nécessité naît, entre autres, une classification par âge. Intéressons-nous précisément à la littérature adolescente, en marquant une limite de douze à dix-sept ans.

Force est de constater que les innombrables histoires de vampires font la vie dure aux classiques. Balayées les Madame Bovary, délaissés les Dom Juan pour se demander si oui ou non, Bella Swan va se faire croquer par son Edward.

Je pense la littérature comme profondément élitiste, sans quoi elle ne saurait être art. Au-delà d’une épaisseur discutable, ces oeuvres adolescentes n’ont pas encore passé l’épreuve du temps : tandis que les classiques sont objectivement oeuvres de la postérité.

Si les jeunes lisent moins, c’est que l’élitisme littéraire leur est trop pesant et leur écrase leurs épaules d’idées préconçues. Il faut dès lors trouver des solutions et concilier l’élitisme à l’accessibilité.

La littérature est un art qui s’enseigne et qui s’exprime quand on peut la vivre. Il semble évident que les années du collège sont charnières. Parallèlement à l’enseignement, il faut que les élèves puissent s’approprier et s’identifier à la littérature. Il me semble idéal de faire réécrire des classiques, de monter des pièces de théâtre, d’organiser des concours d’écriture, de créer et gérer un journal collectif, de tourner des courts-métrages adaptés d’un livre, etc. ; tout cela, au sein d’un programme se devant de respecter un ensemble d’attentes, sans quoi la littérature ne sera plus ni Histoire ni art.

La Poétique adolescente Par Jean-Baptiste Colas-GillotT

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Vu sur Facebook   : «   Victor N.   : a fini Spinoza en deux jours. ». Narcissisme et exhibitionnisme désinhibés   : on publie ce g e n r e d e s t a t u t s p o u r é t o n n e r , impressionner, se faire liker. Pas de figure d'autorité pour venir séparer le dicible du risible, pas de blâme autoritaire, chacun est en mesure d'autofonder sa notoriété et de s'y complaire narcissiquement. Le profil Facebook, par exemple, fait office de la source dans laquelle Narcisse aime à contempler son reflet. Mais ici pas de crasse morale religieuse mal digérée («   se mettre en avant, c'est mal.   »). On ne va pas naïvement s'attaquer au narcissisme. Fécond et stimulateur, il nourrit audace et expression de soi . C'est parce que Baudelaire se fait confiance qu'il se permet de se teindre les cheveux en vert et quitter la société, snobant le travail alimentaire pour l'écriture. Le narcissisme a quelque chose à voir avec la puissance d'agir, puissance de l'homme créateur qu'il ne saurait être question de castrer. Il faut croire en soi pour

oser. Seulement, réciproquement, il s'agit d'être à la hauteur de cette confiance en soi. Être effectivement (en fait) ce que l'on pense être (en puissance). Quelle différence entre Victor Nigolo, salement complaisant, égocentré à en être limité et Victor Hugo, narcissique mais artistique, au devenir infini ?

Déplions le concept de narcissisme en deux, distinguons. Il y a un narcissisme dynamique et un autre figé. Un fécond, un complaisant. L'un a à voir avec l'intelligence en tant que mouvement vers la connaissance, l'autre drape sa bêtise d'un manteau orné de formules savantes. Le premier est le narcissisme de Victor Hugo, nuits de quatre heures et son acharnement au travail motivés par une inextinguible confiance en lui, par une intime auto-divinisation et une volonté de la légitimer. Le second est le narcissisme de Victor Nigolo, étudiant en philo, nuits à prendre des mojitos à la Palette en bavardant de Freud et Jamie avec ses amis stylés, extime auto-divinisation et vouloir persuader à tous-prix-tous-compromis. L'un croit au sujet, à la pérennité de l'inachevé, l'autre à l'objet, à l'immuabilité du formé. L'un est joyeux, à l'intuition de ce qu'il peut faire et cherche à s'y atteler. L'autre est fier, content de ce qu'il a fait, cherchant à en être félicité. L'un sent l'accompli imparfait et saute de désirs en désirs, l'autre est satisfait et cherche à le dire.

Marathon Spinoza ou la bêtise de l’intellectuel 2.0 Par Blandine Rinkel, Illustration par Vincent Mey

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Narcissisme dynamique, créateur VS narcissisme figé, castrateur. Le premier est fondement de la confiance en soi et participe du déclenchement de l'intelligence tandis que l'autre, extrême de cette confiance, c'est-à-dire importance excessive accordée à l'image de soi, participe davantage de la bêtise.

Fierté mal placée, ridicule de l'amour-propre excessif, certes, mais bêtise   ? De nouveau, distinguons. La bêtise n'est pas l'ignorance. L'ignorance va avec l'intelligence, je me sais ignorant donc je vais chercher à me cultiver, mouvement de l'intelligence, forme d'intelligence. La bêtise au contraire est le danger qui guette le savoir, elle n'est pas forme mais contenu. Je sais quelque chose. La bêtise dit que quelque chose peut être dit et que quelque autre chose ne le peut pas. La bêtise dit, dès lors, strictement ce qui est, donc ne dit que le tronqué, le limité. Je ne cherche pas à dire les talents que je n'ai pas encore développés (narcissisme autour de mes capacités en puissance) mais seulement ceux qui sont déjà là (narcissisme autour de ma stricte image). Je suis donc dans un arrêt de mon développement, castration du devenir, je suis dans un narcissisme limité. Je me complais, je me conforte, je ralentis. C'est le drame des volets II ou III d'un bon film. Le réalisateur, se targuant de sa première trouvaille, n'est plus stimulé par l'angoisse de la création mais brode sur ses acquis.

En fait, vantée ainsi, ma lecture de Spinoza ne semble pas avoir d'autre but qu'elle-même (savoir pour savoir → savoir figé → inintelligence → bêtise) et la mise en relief d'elle-même (savoir pour le faire savoir, même raisonnement). Rien ne transpire, rien ne bougeotte, rien ne cherche à être créé. Narcissisme figé. J'ai seulement répondu aux attentes du narcissisme de mon image. Le temps que j'aurais eu pour écouter Karl Popper donner son avis sur Spinoza et dès lors approfondir ma compréhension de ce dernier, je le dépense en prétendant virtuellement avoir lu Spinoza en deux jours. Je le dépense en observant par la suite ce que les autres prétendent, eux, avoir fait pendant ces deux jours et en me comparant. Je le dépense enfin, surtout, en attendant que l'on se mette à «   aimer  » ce que j'ai fait. Je suis donc cause inadéquate du plaisir que j'aurai (le plaisir ne dépend plus de moi, mais des «  j’aime » qu'on va m'apporter). Au final, Victor dépense donc le temps qu'il aurait eu pour mieux saisir Spinoza en attestant, inconsciemment et grossièrement, qu'il n'a, précisément, pas compris Spinoza.

Blandine Rinkel

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J’ai toujours rêvé d’être actrice.

avoir l'impression, un faible instant, de crever, étouffée par les bras de son amant. Avoir l'impression, un faible instant, d'être en danger, séquestrée par son amant. avoir l'impression, un faible instant, d'être aimée à ce point-là...

j'ai toujours rêvé d'être actrice.

il paraît qu'il faut coucher pour être actrice.

j'ai toujours rêvé d'être actrice.mais.il paraît qu'il faut.

pour preuve, je cite, ouvrez les guillemets, il faut coucher pour être actrice, c'est bien connu. Moi j'aurais bien voulu être actrice.mon mari me dit toujours, arrête de faire la comédie. fermez les guillemets.

alors.alors, le front en avant, les yeux fermés, la tête vide de scrupule, je couche. je frotte ma joue à toutes les moustaches. faut se lever tôt pour croiser un inconnu qui ne m'ait pas connu.

un jour peut-être que ça me causera des problèmes... si quelqu'un s'attache... ou pas... ou peut-être...

alors.alors, je n'ai pas peur du vertige et je m'envoie en l'air. quel ciel s'il vous plait.à feu doux, je m'abandonne dans des petites morts au saut du lit.

que ce soit un mec, un type, un blaireau, un ami d'un ami, un gars du son, un serveur de derrière les fagots, j'enchaîne! on sait jamais, un jour ça pourrait servir. être utile.je passe mes semaines à changer les draps et à enlever l'odeur animale de mes nuits... à coups de serpillière et d'aération matinale...

j'ai toujours rêvé d'être actrice.

je pourrais me tromper, croire que je suis belle comme les femmes belles, comme les femmes regardées. mais ce n'est pas une question de beauté. c'est une question d'autre chose... ce que je veux paraître, je le parais. belle aussi si c'est ce que l'on veut que je sois. belle, ou jolie. par exemple pour la famille, pour la famille pas plus. tout ce que l'on veut de moi, je peux le devenir. et le croire...croire que je suis jolie...ainsi, je peux être jolie, même si je suis hantée par.[...]

fuis moi je te suis, suis moi je te fuis. dans mon hôtel, je te fuis. tu me suis dans les corridors de mon âme et lâchement je t'esquive en me cachant dans les chambres closes. dans les couloirs sombres, une porte s'ouvre sur chaque histoire. les étages de mes amants s'écroulent sous le poids de ma fuite. mon hôtel m'ôte tel l'eau sale du seau qui se vide et ressasse la noirceur de mes mains.P.6

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E Sucré ou Salé Par claire m. Illustration par Anaïs Bonaventure

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j'ai toujours rêvé d'être actrice.

on est tous le jouet de quelqu'un.

une chambre. hésitante. qui ouvre ses portes et les claque aussitôt. la chambre du «ça dépend». ici, cette chambre donne envie. envie de prendre le bus, d'aller à la mer. de prendre une douche. de lire. dans cette chambre j'ai cru que j'allais pouvoir faire tout ça. toutes toutes petites choses. avec lui. pour un peu de temps. cette chambre m'a donnée envie de partir. de partir en voiture, avec la vitre beaucoup trop ouverte que la porte en tombe. envie de l'aimer. de l'aimer à la. à la douleur de l'aimer.dans cette chambre j'avais froid aux jambes. et j'attendais. j'ai cru que je voulais mourir pour cette chambre. se lancer à fond. entièrement.mais. les choses s'étalent et s'évaporent. et moi je suis rongée, découpée, décontenancée. mes larmes se ravalent. je m'esclave de lui. dans cette chambre. je m'esclave de lui. doux-amer. arrière goût acre.le plus dur c'est le soir quand je me retrouve face au volet fermé de l'immeuble d'en face.le plus dur c'est le matin quand je me retrouve face à mon thé brulant qui me repousse.le plus dur c'est le trajet. quand je me retrouve face à mon reflet dans la vitre du bus-métro.le plus dur c'est la douche quand je me retrouve face à ma saleté que je lave mais qui me souille.le plus dur c'est tout le temps. c'est jamais. c'est toujours. ça m'habite constamment.et puis il a fallu que je déménage parce que déchirure lente et nette.

ce garçon me touche. je ne peux pas ne pas l'. il me décolle la peau. et je prends la sienne pour manteau. protection du monde.

et....... Action   ! donne-moi regard amoureux. éclair du flash   ! donne-moi, l'abandon du désir. éclair du flash ! parle tout bas, dis des mots d'amour, des mots de tous les jours. ça tourne là, ça tourne. regarde l'objectif. c'est ton homme. voilà, il entre dans la pièce, je mets en marche. allez, une dernière caresse, clin d'œil. éclair du flash ! c'est bon les gars, c'est dans la boîte !sauf qu'il me détruit aussi. et ne me protège pas, ni plus. pourtant il sait que j'ai toujours rêvé d'être actrice. mais non il n'accepte pas. ça le rend fou, il dit.alors me séparer de lui. aurait peut-être était une bonne idée. ou arrêter de frotter mes lèvres partout pour ne pas lui implanter des cornes dans ses cheveux doux.oui peut-être.

sauf que non.

sauf qu'une fois. au détour d'un lieu mal placé je l'ai croisé. lui, ma protection du monde. et il se trouvait que j'étais dans les bras d'un peintre-artiste, camé à ses heures.sauf que ça ne lui a pas plu. et pourtant il ne pleuvait pas ce matin-là. à 4h48.

sauf que c'est de ma faute et qu'à force de jouer avec des briquets on s'immole.

j'ai toujours rêvé d'être actrice.

et en attendant, je respire avec une machine et des tubes. des bip électroniques remplissent ma minerve qui tente de tenir mon cou fier et vivant. je sors de deux mois de coma, il paraît. et j'ai réussi aujourd'hui à lever mes paupières. il paraît aussi, qu'avec beaucoup de hargne et d'heures de rééducation je serais peut-être capable UN JOUR de retrouver la moitié de mes capacités motrices. mais par contre, faire une croix sur parler et l'usage de ma langue.

ça m'empêchera de tenter le diable en frottant ma bouche à toutes les moustaches.

the end of tomorrow.

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Le garçon regardait avec envie la fillette qui était assise avec sa mère derrière la vitre de l'Ice Cream Parlor.D'autres clients étaient alignés le long du mur. Une grosse Indienne vêtue d'un riche sari vert et violet avec son petit garçon dodu, deux jeunes filles en penjâbi aux cheveux tressés décorés de fleurs parfumées, le patron au ventre proéminent derrière le comptoir et le serveur en longui à carreaux drapé autour de la taille, lui servant de tablier.Il n'y avait pas de tables et les clients assis sur leurs chaises accolées au mur se régalaient de glaces et de sorbets de toutes couleurs et de tous parfums.Un plaisir évident se lisait sur leurs visages et le garçon aux grands yeux affamés debout derrière la porte vitrée sentait son estomac pousser des dents et la salive envahir sa bouche.Les deux occidentales assises près de la porte, la petite fille et la mère, le regardaient. La mère dit à l'enfant :- Regarde ce garçon, il en a tellement envie, il doit avoir faim le pauvre, on pourrait lui acheter une glace ?- Non, dit l'enfant, c'est un mendiant, je le connais, il tourne toujours autour dans le quartier. Je n'aime pas les mendiants, ils sont sales et dégoûtants.- Allez, fais un effort, sois gentille, il n'a pas la chance que tu as de manger à sa faim, d'aller à l'école et d'avoir un endroit pour vivre. Il dort dans la rue et il n'a certainement personne qui prenne soin de lui et qui l'aime.- Non, pas question, répondit la petite peste.La mère, ne voulant pas faire d'histoires, se tut tout en se sentant coupable d'avoir cédé. Le garçon dehors semblait comprendre le sujet de la discussion.Il regardait intensément la fillette et s'approcha encore plus près de la porte transparente.Le serveur sortit, luit dit quelque chose en tamil et le chassa du pas de porte.- Il a compris que l'on parlait de lui, pensa la mère, ils sont tellement sensitifs, on dirait presque qu'ils lisent dans les pensées. Nous, nous sommes des brutes épaisses par rapport à eux, enfermés dans nos égos et notre consumérisme matériel pour combler le vide de nos vies.La glace arriva, un cornet avec 3 boules succulentes à souhait. La fillette commença à peine à s'en délecter, quand tout à coup, le cornet glissa de sa main et la glace tomba par terre. Ce fut tellement inattendu que la gamine en resta la bouche ouverte.Le serveur ramassa l'objet et le jeta dans la petite poubelle ouverte qui se trouvait près de la porte et qui contenait quelques papiers d'emballage des produits vendus dans le magasin.Avec une vitesse étonnante le gamin des rues ouvrit la porte vitrée, se jeta sur la poubelle et saisit la glace, qui encore entière était à peine entamée.On le vit dehors en train de se délecter de ce cadeau impromptu.

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E Le Jeu de Krishna Par Hélène Champaloux

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La gamine en colère dit :- C'est lui qui l'a fait, c'est lui, je l'ai senti, je le sais   ! Il voulait que ma glace tombe, il voulait la manger, c'est lui qui l'a fait tomber !- Oui, répondit la mère, je crois que tu as raison, il l'a voulue tellement fort qu'elle t'a échappé des mains, mais après tout c'est de ta faute. Tu as été radine et méchante. Qu'est ce que ça pouvait te faire qu'on lui achète une glace, ce n'est rien pour nous, les occidentaux, aimerais-tu être à sa place?L'enfant marmonna encore :- C'est ce sale mendiant qui l'a faite tomber, qui a volé ma glace, je le déteste !Elle regarda dans les yeux affamés du garçon avec toute la colère qu'elle était capable de ressentir afin qu'il comprenne à quel point elle le détestait. Le mendiant lui répondit avec un grand sourire de satisfaction.Une autre glace remplaça la précédente.

C'était le premier jour des cours à l'université londonienne des « Arts and Communication ».Krishna, arrivé un peu en retard, cherchait la salle de cours quand il se cogna à une fille qui semblait, comme lui, un peu perdue dans ces couloirs ressemblant à des labyrinthes.Elle avait des formes pleines, de longs cheveux châtains. Comme elle était typée, il pensa qu'elle était une Parsie du nord de l'Inde. Quelques feuilles s'échappèrent du classeur de l'étudiante et elle se baissa pour les ramasser.- Je suis désolé, dit Krishna, je vais vous aider.- Il est mignon, pensa la fille.Accroupis tous les deux ils se regardaient dans les yeux et ce qui avait commencé quinze ans auparavant en Inde du sud sur la côte de Coromandel, prit soudain forme en cet instant.Ils se marièrent et n'eurent aucun enfant. Parce que la terre était déjà surpeuplée et qu'ils ne voulaient pas fabriquer de nouveaux petits mendiants ni de petites filles capricieuses et égoïstes, qui se seraient gavées de glaces, auraient rencontré des petits mendiants affamés pour les épouser et fabriquer encore des enfants, qui auraient fabriqué des enfants, qui...Ils décidèrent d'un commun accord de ne pas laisser de traces sur cette terre, de s'aimer et de s'en aller d'un pas léger, au gré de la brise sous les étoiles.

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R é v e i l . M a l d e c r â n e assourdissant. Pas mes draps, pas mon lit, pas ma chambre. Regard circulaire pour être sûr, pas mes mains. Me lève. En passant, un miroir réfléchit l’image d’un inconnu   : vieux, usé, malade, chétif, petit et grassouillet. Me pince, pas un rêve. Le pire c’est qu’aucun souvenir n’émerge.

Murs blancs tout autour, vides de toute présence humaine. Meubles blancs, tableaux blancs, sol blanc, plafond blanc. Si c’était ça l’enfer   ? Se retrouver seul, enfermé, avec

son reflet pour toute compagnie et ce pour l’éternité. Ça y ressemble en tout cas, même angoisse, même sentiment d’inutilité, même vertige. Sauf que je me refuse à crever tout de suite ; moi, j’ai quelque chose à accomplir, sinon pourquoi être en vie ?Non, surtout ne pas me laisser avoir par la douce tentation de la folie. Ma peur éternelle du genre humain et de toutes les souffrances qu’il représente pourrait bien m’y conduire. Lutter, toujours lutter, même si je suis déjà mort, je veux au moins être en lutte. Ne serait-ce que pour tenter de comprendre, d’expérimenter cet état de non-existence jusqu’au bout.Une vision. Un flocon de neige tombe sur une fleur rose, en hiver. J’ai 5 ans. Mon père. Qui sourit. Les larmes se mettent soudain à couler en flot ininterrompu, je ne peux guère les retenir. Se maintenir, se contrôler n’a de sens que face aux autres, ce réflexe est pourtant remonté à la surface et avec lui le souvenir de cet instant de contemplation pure. La vie, on ne l’aime que lorsqu’on est plus là pour la vivre.

Tout me revient d’un coup. Dépression, trois tentatives de suicide. Découverte de la sexualité avec Margot, ma tante nymphomane et cocainée, mort de ma mère, de mes deux frères aînés dans un accident de voiture, saut gigantesque par la fenêtre, peur de la mort, sentiment de liberté, sensation de voler, puis le choc.

40 ans dans le coma, nourri artificiellement, l’infirmière m’explique gentiment comment ils m’ont maintenu en vie durant cette trop longue période. Je demande l’euthanasie, n’ayant plus aucune attache et étant trop vieux pour rien accomplir. On me la refuse. J’impose ma sortie de ce monde en débranchant ma perfusion. Au moment où mes yeux se ferment, j’entends du Bach.Flash back passé, je tambourine à la porte, hurle comme un dingue :- Je veux vivre ! Je veux revenir ! Je regrette ! J’aurais pas dû !En réponse, deux mots :Trop tard.

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E Trop tard Par Leo de BodtIllustration par Bérangère Pétrault

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Je ne sais pas si j’ai su un jour autre chose que cette rengaine qui s’enchaîne en tournant encore et encore au fin fond de mon cerveau. Là cette image qui se colle sur la rétine, bouge la tête, bouge la tête elle n’en décolle pas. Décolle pas, décolle jamais. Collée.

Un soir comme ça, nue dans la salle de bain elle s’est collée. Par ici et par là. Elle aime bien attendre, nue dans la salle de bain, elle a dit «  j’aime bien attendre aussi. »

T’attends qui   ? T’attends quoi   ? Elle t’attendait toi, sûrement, nue par ici, nue par là, dans la salle de bain, sous l’eau et la mousse, pour toi, lavée, elle était lavée, neuve, nouvelle, pour toi, il n’y avait plus d’ancienne crasse, plus de douleurs, elle était propre, elle était nue, pour toi elle était nue.

L’as-tu prise   ? Non, jamais du premier coup, enfin pas ainsi, ni de la sorte, il fallait attendre. Attendre, attendons, peut-être viendra-t-il ? Qui déjà ? Ah oui, l’inconnu au chapeau, le clochard, les amoureux, le pigeon blanc, l’inconnu et le connu, le faible et le fort, celui qu’on ne voit pas d’avoir trop vu, l’habituel, celui qui est là puisqu’il est toujours là, celui à qui on ne fait plus attention. On l’attendait. Tu l’attendais, je l’attendais, alors le Nous est arrivé, le nous pour l’attendre, elle était nue dans la salle de bain, elle avait dit qu’elle aimait bien attendre aussi, alors nous l’attendions. Sous un arbre écopé de lumière. Lumière blanche et noire, nuit verte et rouge, un peu de désordre, d’absurdité, de toute façon elle était nue, nue dans la salle de bain, nue pour toi, assisse par terre, et nue à attendre ta réponse, nue pour toi et nue par toi, nue sous toi, nue sur toi, nue contre toi.

Il n’y avait plus que le transport, couteux et chaotique, et la brise d’une nuit d’été, le milieu de la nuit, le renversement magique du temps qui s’arrête et des entrailles qui se chamaillent, ça vire et vire ça tourne et tourne, ça vibre dans tous les sens, et la tête s’envole. Elle était nue pour toi, dans la salle de bain. Elle était maintenant nue devant toi. Nue devant toi, et tes mains qui parcourent ce corps, ton corps à toi, pour elle, votre corps qui se mélange, mélange, la tête qui vibre, et le cœur qui vit sur un tambour. Le rythme dans la peau, votre rythme, ton rythme, elle était nue pour toi, nue pour toi.

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P.11Elle était nue

Par Lucie CharmoilleIllustration par Bérangère Pétrault

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SIE Numéro 14

Par Sylvain Frezzato

Tu m’as cru incapable de remonter la rivière, tu t’es dit : « Le verrai-je à nouveau ? Le verrai-je à nouveau ? », et je suis revenu. J’ai dégorgé mon surplus le souffle entre deux eaux, et je

me suis écroulé sur la mousse bien fraîche d’une nouvelle saison : déjà je t’appelais mon amour.

J’ai ouvert les yeux sur un ciel si clair,Sur une couleur extraordinaire,

Tu t’es allongée près de moi et tu m’as chanté ta chanson.

Nous l’avons reprise en chœur.

Désormais l’harmonie n’était plus un doux rêve :Notre union avait sa consistance.

Je m’enfonçais dans un lit de fortune, Tu serrais ma main un peu plus fort.

Nous avions conscience qu’en bas, en amont du courant, une tranchée de 440 mètres se perdait en ramifications, contraignant les Hommes à ne plus traverser la frontière, à ne pas se

tenir à nos côtés.

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Une vierge effarouchée, naguère, à la mine écraséeMe confia qu'un homme son coeur avait embrasé,

Qu'elle espérait enfin se sentir pleinement apprivoisée

Pour mettre fin à cet inconvenant chassé-croisé.

« À force de me déclarer que je suis splendide,Apparaît ce qu'il y a en lui de plus sordide :

Si vous me rejeter, vous me pousserez au suicide, À mes côtés, votre vie sera savoureuse... sapide.

Bien que son approche me laisse dubitative, La timidité me laisse très peu de perspectives, La réalité m'empêche alors d'être sélective :

Je serai - hélas ! - à tout jamais passive. »

Fort de ses succès, l'homme s'autorisa quelque extravagance

Et s'acoquina à elle, abandonnant la convenance,L'exquise rosière, sur sa cuisse, sentit une

tumescence,L'annonce et l'embarras d'une prochaine jouissance.

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Poésie Par Camille L.

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A Alain Cavalier, cinéaste hors-normes Par Simon Bracquemart

Héritier d’une école classique, sortant de l’idhec (aujourd’hui la FEMIS), et après avoir été l’assistant notamment de Louis Malle, Alain Cavalier réalise d’abord, dans les années 60, des films à la production classique, répondant à la tradition déclinante du tournage de studio et s’inscrivant dans une logique de ‘‘star system’’ en faisant tourner Romy Schneider, Alain Delon, Jean-Louis Trintigant et Catherine Deneuve entre autres. Après la mort de sa compagne Irène Tunc en 1972 dans un accident de voiture, Cavalier tombe dans une profonde dépression qui le changera à jamais et influera sur sa manière de faire du cinéma. Le plein de super et Martin et Léa d’abord marquent le retour du réalisateur à la création cinématographique. D’apparence classique, les deux films présentent déjà des aspects documentaires car co-écrits avec les acteurs selon leurs propres expériences. C'est après que le style unique d'Alain Cavalier se met en place

avec des films tels que René, Irène, ou encore dernièrement Pater.

À l’aide de sa petite caméra, Alain Cavalier ne nous donne pas à voir seulement du documentaire au quotidien, c’est quelque chose de beaucoup plus profond auquel on assiste. Il y a dans les auto-biographies d’Alain Cavalier quelque chose de la reconstitution et du recul vis-à-vis de soi qui va au delà du simple documentaire.

Alain Cavalier est un réalisateur hors-norme mettant en pièce tous les codes de l’écriture cinématographique classique. Souvent décrié car jugé trop simpliste et non méritant, son cinéma est dur à regarder car il nous apprend à voir autrement au-travers d’un rythme créé tout à fait nouveau, ne s’inscrivant ni dans un cinéma d’action, ni dans un cinéma de contemplation mais en s’inscrivant dans un cinéma qui se suffit à lui même, libre de toute contrainte, libre de montrer ce qu’il veut. Alain Cavalier ne se définit plus comme un cinéaste mais comme un ‘‘Filmeur’’, d’ailleurs titre de l’un de ses films les plus personnels, qui est un véritable journal intime cinématographique sur plus de dix ans de vie. Plus qu’un simple filmeur, Cavalier est un véritable capteur du temps qui s’écoule, affirmant sans cesse sa valeur et la douce mélancolie de le voir nous filer entre les doigts.

N’allez pas vous mettre en tête que tourner ainsi en caméra DV est accessible à tous. Car Alain Cavalier ne fait pas que filmer. Tout ce qu’il choisit de montrer est là car représentatif de son état intérieur, vu non pas objectivement mais subjectivement... Alain Cavalier ne fait pas que filmer ce qui l’entoure, il le poétise !

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Amsterdam, quartier rouge Par Carla Campos Cascales

C’est pire que dans les films.

Amsterdam, quar t i er rouge, quatre heures de l’après-midi, le jour ne saura i t amo indr i r l a fougueuse ambiance des rues où les touristes se déchaînent, où les plus habitués vont rendre visite à leurs   «   amies   ». Alors que ton regard suinte la l ib ido depu is un bon m o m e n t , t e s y e u x s’arrêtent tout à coup sur un grand éléphant rose, et tu n’as même pas le temps de te demander ce que c’est, qu’un homme fort avenant, vient te chanter les merveilles de l’endroit. Il s’agit de «   Casa Rosso   » le plus grand théâtre pornographique de la ville. Évidemment, ta curiosité est tout de suite captée par l’aspect propre et convaincant du lieu. Ainsi, tu écoutes à peine lorsque le responsable te dit le prix : 25 euros pour la « pièce » de la journée, 35 euros le soir, 50 euros avec trois cocktails. Il t’explique : en gros, ça « baise » (oui, « fucking » est exactement le terme utilisé par le gentilhomme qui t’explique ça accoudé à des barrières qui ont des poignées en forme de phallus). Tu es séduit, tu achètes, tout cela est tellement différent, tellement attirant ! Rendez-vous à 19h, le soir est à peine tombé, tu as déjà quelques grammes d’alcool dans le sang, de peur de ne pas pouvoir affronter ce que tu vas voir d’un œil sobre.L’ambiance est celle d’une boîte de nuit, mais on est assis. Un long bar, des serveurs bien habillés, des touristes alcoolisés. Le théâtre n’est pas très grand et on se trouve vite confronté à la sèche réalité du porno.Sur une plateforme tournante qui se soulève lorsque cela est bon pour mettre en valeur certains détails de l’accouplement, un couple pratique la sexualité, sous des lumières de discothèque et au rythme de la musique commerciale la plus dissonante. Cela est extrêmement rapide, chorégraphique, lubrifié, je te soulève la jambe, je te fais ceci, cela, et toi tu cries silencieusement, comme une marionnette, ayant l’air d’adorer. On a presque mal de voir la force avec laquelle les femmes sont plaquées contre le mur itérativement, incessamment. Si les acrobaties pourraient encore se défendre comme des astucieuses performances physiques, les sexes démesurés et le mauvais jeu de chacun ne peuvent te faire croire une seconde à un début de plaisir, et le tout t’éloigne peu à peu mais de façon efficace de l’excitation. La crudité du sexe tout fait, tout préparé, se montre en direct comme de l’eau glacée venant couper toutes tes envies, il n’y a là qu’exposition surdimensionnée d’un genre de sexualité qui n’existe que lorsqu’elle est mise en scène, et de corps laids, fades, trop vus, trop tripotés.Ce qui nous est montré est si extrême, que ça en devient une pantomime de ce que le sexe peut être, et on tombe dans la dérision.Pousser le corps humain à bout de tout ce qu’il peut abriter, de tout ce qu’il peut supporter, n’est pas forcément quelque chose donnant lieu à un spectacle.

Source : Wikicommons

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ENCULTUREPROCHAINE PUBLICATION : 21 MARS 2012

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