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Systèmes de production agricole et pauvreté AMÉLIORER LES MOYENS D’EXISTENCE DES AGRICULTEURS DANS UN MONDE EN CHANGEMENT RÉSUMÉ

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Page 1: RÉSUMÉ Systèmes de production agricole et pauvreté · iii Les petits exploitants agricoles produisent l’essentiel des denrées alimentaires dans les pays en développe-ment

Systèmes de productionagricole et pauvreté

AMÉLIORER LES MOYENS D’EXISTENCE DES

AGRICULTEURS DANS UN MONDE EN CHANGEMENT

R É S U M É

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Systèmes de production agricole et pauvreté

AMÉLIORER LES MOYENS D’EXISTENCE DES AGRICULTEURS DANS UN MONDE

EN CHANGEMENT

John Dixon et Aidan Gulliver, en collaboration avec David Gibbon

Réviseur principal: Malcolm Hall

FAO et Banque mondialeRome et Washington

2001

Ce résumé est tiré du livre publié en anglais sous le titre «Farming Systemsand Poverty : Improving Farmers’ Livelihoods in a Changing World», par la

FAO et la Banque mondiale, Rome, Italie, 2001

R É S U M É

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Tous droits réservés. Les informations ci-après peuvent être reproduites oudiffusées à des fins éducatives et non commerciales sans autorisation préal-able du détenteur des droits d’auteur à condition que la source des informa-tions soit clairement indiquée. Ces informations ne peuvent toutefois pas êtrereproduites pour la revente ou d’autres fins commerciales sans l’autorisationécrite du détenteur des droits d’auteur. Les demandes d’autorisation devrontêtre adressées au Chef du Service des publications et du multimédia,Division de l’information, FAO, Viale delle Terme di Caracalla, 00100 Rome,Italie ou, par courrier électronique, à [email protected]

© FAO 2001

Les appellations employées dans cette publication et la présentationdes données qui y figurent n’impliquent de la part de l’ Organisationdes Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture aucune prisede position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ouzones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

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Les petits exploitants agricoles produisent l’essentieldes denrées alimentaires dans les pays en développe-ment. Cependant, d’une manière générale, ils sontbeaucoup plus pauvres que le reste de la population etleur sécurité alimentaire est plus précaire que celle despauvres des milieux urbains. Par ailleurs, bien que lesprévisions indiquent que la majorité de la populationmondiale vivra en zones urbaines à l’horizon 2030, lespopulations agricoles ne seront pas beaucoup moinsnombreuses qu’aujourd’hui. Par conséquent, il est pré-visible que, dans la majeure partie du monde, la luttecontre la pauvreté et la faim reviendra à s’attaquer auxproblèmes de survie des petits exploitants agricoles etde leurs familles.

Les priorités et politiques d’investissement doiventprendre en compte la grande diversité des opportuni-tés qui s’offrent aux petits exploitants agricoles et desproblèmes auxquels ceux-ci sont confrontés. Les res-sources qui constituent leurs moyens d’existence, lechoix de leurs activités, et partant, toute leur vie, sontliées de façon étroite à l’environnement biologique,physique, économique et culturel dans lequel ils viventet sur lequel ils n’ont qu’un contrôle limité. En outre,en dépit de la spécificité de chaque agriculteur, ceux quipartagent les mêmes conditions de vie ont souvent despriorités et des problèmes communs qui dépassent lesfrontières.

Ces grands types de systèmes de production, aux pratiques similaires et soumis aux mêmes conditionsextérieures, sont utilisés dans le présent ouvragecomme base de définition de plus de 70 principauxsystèmes de production agricole à travers les six régionsdu monde où se situent les pays en développement.Tout en reconnaissant la diversité qui existe inévitable-ment au sein de ces types généraux, l’ouvrage reposesur le principe fondamental selon lequel l’approche dessystèmes de production agricole, utilisée ici, offre uncadre approprié pour la compréhension: des besoins dechacun; des défis auxquels ils doivent faire face et desopportunités qui pourraient s’offrir à eux au cours des

30 prochaines années; ainsi que de l’importancerelative des différentes stratégies permettant d’échap-per à la pauvreté et à la faim.

Afin d’établir la base d'une analyse comparative, leprésent ouvrage étudie de façon circonstanciée quelque20 systèmes de production agricole censés présenter les meilleures potentialités pour la réduction de lapauvreté et de la famine, et pour l’accélération de lacroissance économique au cours des prochaines décen-nies. Ils sont examinés à la lumière de cinq stratégiesgénérales auxquelles les ménages pourraient recourirpour échapper à la pauvreté et à la faim: a) l’intensifi-cation de la production; b) la diversification des activi-tés agricoles afin d’accroître la production; c) l’accrois-sement de la taille des exploitations agricoles; d) l’aug-mentation des revenus non-agricoles; et e) l’abandonde l'agriculture. L’ouvrage pose les questions fonda-mentales ci-après: quelles sont les stratégies les plus efficaces possibles pour les exploitants agricoles danschaque système? Et quels types d’initiatives peuvent lemieux aider ces exploitants à les mettre en pratique?

Le présent ouvrage est établi à partir d'une étuderéalisée à la demande de la Banque mondiale afin dedonner une perspective spécifiquement agricole à larévision de sa stratégie de développement rural. Il aprofité de nombreuses années de travail spécialisé à la FAO et à la Banque mondiale, et dans un certainnombre d’autres institutions nationales et inter-nationales. Ses conclusions sont étayées par plus de 20 études de cas réalisées aux quatre coins du monde,qui ont analysé les approches novatrices du développe-ment des petites exploitations agricoles ou d'élevage.Le présent ouvrage vise un public plus large que celuide l’étude initiale, et il y a lieu d’espérer que les décideurs, chercheurs, ONG et acteurs du secteur del’agro-industrie trouveront toutes les conclusions etrecommandations intéressantes et de nature à inciter à la réflexion; et qu’ils approfondiront l’analyse enappliquant l’approche au niveau national afin d’aider àl’élaboration de stratégies de développement rural.

P R É FAC E

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Jacques Diouf James D. WolfensohnDirecteur général PrésidentOrganisation des Nations Unies pour Banque mondialel’alimentation et l’agriculture

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Ce résumé analytique est tiré d'un rapport d'ensemble publié conjointe-ment par la FAO et la Banque mondiale en anglais *. Un travail de cettenature s'inspire nécessairement aux contributions et connaissances d'ungrand nombre de personnes dont les noms figurent pour la plupart dansl'édition finale. Nous citerons en particulier certains d'entre eux qui ontcontribué à faire de cette étude une réalité. Cette étude a été menée sous lacoordination générale de M. S. Funes (ancien Directeur, Département dudéveloppement durable). Elle a également bénéficié de l'appui techniqueinestimable de M. A. MacMillan (Conseiller principal, Centre d'investisse-ment), M. D. Baker (Chef, Service de la gestion des exploitations et de l'économie de la production, Division systèmes d'appui agricole), et de M. E. Kueneman (Chef, Service cultures et prairies, Division productionvégétale et protection des cultures). L'etude avait été initialement menée àla demande de la Banque mondiale sous la forme d'une contribution à la révision de son projet de Stratégie de développement rural. M. C. Csaki(Conseiller senior/Chef d'équipe – Stratégie rurale) et M. S. Barghouti(Conseiller recherche) du Département du développement rural ont jouéun rôle essentiel dans l'orientation et la structuration de ce travail. Enfin, lesrapports régionaux sont tirés de documents séparés dont la préparation aété dirigée par Mme. A. Carloni (Afrique subsaharienne); M. D. Gibbon(Afrique du Nord et Moyen-orient); M. S. Tanic et M. F. Dauphin (Europe de l'Est et Asie centrale); J. Dixon (Asie du Sud); D.Ivory (Asieorientale et Pacifique); M. A. Gulliver (Amérique latine et Caraïbes). Laversion française du présent document a bénéficié de la collaboration de M. D. Lelièvre, (Economiste, Europe de l’Est et Asie centrale). Nous témoi-gnons notre gratitude au personnel de la FAO, professionnels et services,dont la contribution est reprise au chapitre des Remerciements du livrecomplet dont est tiré le présent Résumé.

R E M E R C I E M E N T S

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* J. Dixon et A. Gulliver en collaboration avec D. Gibbon. 2001. Farming Systems and Poverty : Improving Farmers’Livelihoods in a Changing World. FAO et Banque mondiale, Rome et Washington.

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TA B L E D E S M AT I È R E S

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1. INTRODUCTION 1

FAIM, PAUVRETÉ ET AGRICULTURE 1

LES SYSTÈMES DE PRODUCTION AGRICOLE ET LEURS CARACTÉRISTIQUES 2

QUELQUES ASPECTS DE L'ÉVOLUTION DES SYSTÈMES DE PRODUCTION 4

Les ressources naturelles et le climat 4

Science et technologie 5

Libéralisation commerciale et développement des marchés 6

Politiques, institutions et biens publics 7

Information et capital humain 7

GUIDE DU LECTEUR 8

2. AFRIQUE SUBSAHARIENNE 9

LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION 9

PRIORITÉS STRATÉGIQUES RETENUES POUR L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE 11

3. MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD 13

LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION 13

PRIORITÉS STRATÉGIQUES RETENUES POUR LE MOYEN-ORIENT

ET L'AFRIQUE DU NORD 15

4. EUROPE DE L'EST ET ASIE CENTRALE 17

LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION 17

PRIORITÉS STRATÉGIQUES RETENUES POUR L’EUROPE DE

L’EST ET L’ASIE CENTRALE 19

5. ASIE DU SUD 21

LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION 21

LES PRIORITÉS STRATÉGIQUES RETENUES POUR L'ASIE DU SUD 23

6. ASIE ORIENTALE ET PACIFIQUE 25

LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION 25

LES PRIORITÉS STRATÉGIQUES RETENUES POUR L’ASIE ORIENTALE

ET PACIFIQUE 27

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S Y S T È M E S D E P R O D U C T I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

vi

7. AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES 29

LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION 29

LES PRIORITÉS STRATÉGIQUES RETENUES POUR L’AMÉRIQUE LATINE

ET LES CARAÏBES 31

8. POTENTIALITÉS, PRIORITÉS ET DÉFIS MONDIAUX 33

CLASSEMENT DES SYSTÈMES DE PRODUCTION ET DES

STRATÉGIES À L’ÉCHELON DOMESTIQUE 33

Classification générale des systèmes de production 33

Importance relative des stratégies de réduction de la pauvreté pour ces différentes catégories 33

Conséquences des potentiels de ressources détenus par les différents systèmes sur leurs stratégies de réduction de la pauvreté 35

Conséquences du caractère intensif de l’agriculture sur les stratégies de réduction de la pauvreté 36

UNE STRATÉGIE MONDIALE POUR LA RÉDUCTION DE LA FAIM ET DE LA PAUVRETÉ 36

Politiques, institutions et biens publics 36

Libéralisation des échanges et développement du marché 38

Information agricole et capital humain 39

Science et technologie 40

Ressources naturelles et climat 40

9. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES 42

REDÉFINIR LA CONTRIBUTION DES PARTIES PRENANTES 42

Permettre au potentiel des producteurs et des autres communautés de s’exprimer pleinement 42

Appuyer la participation des partenaires de la société civile 43

Encourager la croissance du commerce agricole concurrentiel afin de réduire la pauvreté 43

Accroître l'efficacité des interventions du gouvernement aux niveaux local et national pour la réduction de la pauvreté 43

Renforcer le rôle des biens publics internationaux 44

PERSPECTIVES: LA CONTRIBUTION DU PRÉSENT OUVRAGE 45

CONCLUSION 46

ANNEXE

Classification des pays en développement par régions 48

CARTES:

Afrique subsaharienne 49

Moyen-Orient et Afrique du Nord 50

Europe de l'Est et Asie centrale 51

Asie du Sud 53

Asie Orientale et Pacifique 54

Amérique latine et Caraïbes 55

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La vision qui sous-tend l’ouvrage1 dont est tiré leprésent résumé est un monde libéré de la faim et de lapauvreté. Etant donné que la majorité des pauvres vitdans les zones rurales des pays en développement etdépend pour son existence de l'agriculture, l'apaise-ment de la souffrance de ces populations doit nécessairement passer par la mise en place de com-munautés rurales dynamiques fondées sur une agriculture prospère. L'analyse des systèmes de production dans lesquels vivent et travaillent les popu-lations rurales pauvres peut contribuer à la définitionde priorités stratégiques pour la réduction de lapauvreté et de la faim qui les affectent. Une approchesystémique de production prend en compte la diversi-té des conditions de vie des agriculteurs, des éleveurset des familles de pêcheurs pauvres et peut servir decadre pour explorer les diverses voies leur permettantde sortir de la pauvreté, dans un monde en mutation.

Le développement rural dépend en dernièreanalyse des décisions prises quotidiennement par desmillions d'individus, hommes et femmes. Le défi quedoivent relever les gouvernements, les organisationsde la société civile et le secteur privé réside dans lacréation de l'environnement institutionnel ainsi quedes incitations susceptibles de permettre aux ménagesagricoles de développer leur production et de réduirela pauvreté. Malheureusement, d'après les projectionsactuelles les plus optimistes, la faim et la pauvretén'enregistreront qu'un léger recul dans les pays endéveloppement2. Pour cette raison, le présent résumémet en exergue les principales priorités d'actions stratégiques devant être retenues pour accélérer ce

processus pour différents systèmes de production,dans chaque région et pour chaque pays en développement.

FAIM, PAUVRETÉ ET AGRICULTURE

Au cours des quatre dernières décennies du XXe

siècle, la population des régions en développementdu monde 3 a presque doublé, passant à 5,1 milliardsd'habitants en 1999. Aujourd'hui, environ 60 pourcent de cette population est classé dans la catégorie«rurale» dont 85 pour cent dans le secteur agricole.Au cours des trente années à venir, les prévisionstablent sur un accroissement de la population desrégions en développement mais à un taux modéré.Cependant, du fait du processus d'urbanisation galo-pante, la population rurale totale devrait baisseraprès 2020. Sur la base de ces projections, la popula-tion agricole des pays en développement n'évolueraguère à l'horizon 2030 par rapport à son niveauactuel. Concernant les facteurs d'incertitude, deuxtendances démographiques figurent en bonne place.D'abord, les pronostics relatifs à la pandémie du Sidademeurent incertains et il n'est pas exclu qu'ellediminue considérablement les populations ruralesdans plusieurs systèmes de production en Afrique etailleurs. Le second facteur d'incertitude concerne lamigration des populations agricoles vers les zonesurbaines. Les taux de migration reflètent, entreautres, les taux de pauvreté en termes relatifs préva-lant en milieux urbain et rural et sont ainsi liés à des

1 J. Dixon et A. Gulliver en collaboration avec D. Gibbon. 2001. Farming Systems and Poverty : Improving Farmers’ Livelihoods in a Changing World. FAO et Banque mondiale,Rome et Washington.

2 Les projections exhaustives jusqu’en 2015 et 2030 sont résumées dans Agriculture :Towards 2015/30.Technical Interim Report. Global Perspective Studies Unit. FAO, avril2000. Ces projections de la FAO sont fréquemment citées dans cet ouvrage.

3 La Banque mondiale classe les pays en développement en six régions en développement. Dans cet ouvrage, cette classification a servi à l’analyse des différents systèmes de production agricole. La liste des pays composant chaque région figure à l’annexe.

I N T RO D U C T I O N

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facteurs tels que les cours des produits sur lesmarchés internationaux, le taux de croissance del'emploi urbain et les taux de change réels.

La faim affecte toujours nombre de pays en développement, quoique le nombre total des popula-tions touchées ait baissé depuis la fin des années 60 de 959 millions en 1969-1971 à 790 millions en1995-1997. Au regard de l'accroissement démogra-phique substantiel enregistré, ceci représente unediminution de moitié de la proportion réelle de lapopulation sous-alimentée, qui est passée de 37 pourcent à 18 pour cent. Les projections confirment laconsolidation du recul de l'incidence de la malnutri-tion, qui devrait passer d'environ 576 millions de personnes en 2015 et 400 millions en 2030. Cettetendance baissière pourrait être accélérée si desmesures supplémentaires de réduction de la faim sontprises, conformément aux prévisions du Sommetmondial de l'alimentation tenu en 1996.

Il est estimé que, dans le monde en développement,1,2 milliard d'individus vivent dans des conditions depauvreté – tel que défini par la norme internationaledu seuil de pauvreté par rapport à une consommationmoyenne équivalant à 1 dollar par jour par habitant.Quoique l'importance relative de la pauvreté ruralevarie considérablement d'un pays à un autre, plus de70 pour cent de la pauvreté totale est confinée dans lespays en développement en zones rurales. Avec labaisse substantielle du niveau de pauvreté enregistréeen Asie du Sud-Est au cours des dernières décennies,la pauvreté est aujourd'hui concentrée essentiellementen Asie du Sud (où la situation ne cesse de se détério-rer depuis les années 90) ainsi qu'en Afrique subsaha-rienne, qui enregistre des taux alarmants de croissan-ce de la pauvreté.

Il est devenu évident que le développement agricolereposant sur de larges bases permet de réduire demanière efficace la pauvreté et d'accélérer la croissan-ce économique. Ceci découlera non seulement de l'accroissement des revenus des producteurs et destravailleurs agricoles mais également de la demandeen biens non commercialisables dans les zones rurales,en particulier les services et les produits locaux. Ceteffet indirect sur la demande, associé à la créationd'emplois dans le secteur non agricole en zones ruraleset dans les villes de marché, semble être le principalfacteur qui pourrait contribuer à la réduction de lapauvreté en milieu rural.

LES SYSTÈMES DE PRODUCTIONAGRICOLE ET LEURS CARACTÉRISTIQUES

Chaque exploitation agricole a sa spécificité propre,qui est déterminée par les disparités des niveaux deressources et par les circonstances au plan familial.Le ménage, les ressources dont il dispose, ainsi que le flux de ces ressources et les interactions au seind'une exploitation donnée constituent un système d'exploitation. Par contre, un système de production estdéfini comme étant un regroupement de systèmesd'exploitation individuels disposant à peu près d'unmême niveau de ressources, pratiquant les mêmesmodes de production, bénéficiant des mêmes sourcesde subsistance et assujettis aux mêmes contraintes et pour lesquels des stratégies et interventions dedéveloppement similaires peuvent être élaborées.

Dans leurs efforts de lutte contre la faim et lapauvreté, les pays en développement doivent parvenirà identifier des besoins et opportunités agricoles etruraux spécifiques et focaliser leurs investissementsdans des domaines porteurs d'un impact majeur enmatière de sécurité alimentaire et de réduction de lapauvreté. La délimitation des systèmes de productionsert de cadre utile pour l'élaboration de stratégies etd'interventions agricoles adéquates, dans la mesureoù, par définition, ces systèmes regroupent desménages agricoles présentant les mêmes caractéris-tiques et assujettis à des contraintes similaires.Cependant, aux fins de la présente étude, un nombrelimité de systèmes de production est retenu pourchaque région, et seuls les plus importants font l’objetd’un examen dans le cadre du présent Résumé. Il enrésulte une importante hétérogénéité dans lessystèmes pris individuellement. Cependant, l'alternati-ve qui consisterait à identifier un grand nombre desystèmes plus restreints, au niveau micro, dans chaquerégion en développement, nous éloignerait de l'impactglobal recherché dans cette analyse.

La classification de systèmes de production adoptéedans cet ouvrage est fondée sur un nombre de facteursclés tels que: (i) la base agroécologique disponible; (ii) les activités agricoles et sources de subsistance prédominantes, y compris leurs relations par rapportau marché; et (iii) l'intensité des activités de produc-tion. Ces critères ont été appliqués à chacune des sixprincipales régions des pays en développement, ce qui a permis d'identifier 73 systèmes de production avec une population agricole moyenne d'environ 40 millions d'habitants. C'est sur la base de ces critèresque les huit principales catégories de systèmes suivantsont été identifiées:

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S Y S T È M E S D E P R O D U C T I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

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● Les systèmes de production irriguée, qui intègrent unelarge gamme de cultures vivrières et de rente.

● Les systèmes de production de bas-fonds axés sur le riz,tributaires des précipitations saisonnières et renfor-cées par un système d'irrigation.

● Les systèmes de production pluviale en zones humides àhaut potentiel en ressources, caractérisés par descultures spécifiques dominantes ou par des systèmesmixtes cultures-élevage.

● Les systèmes de production en zones de pentesabruptes et de hauts plateaux, souvent caractérisés pardes systèmes mixtes cultures-élevage.

● Les systèmes de production pluviaux en zones arides oufroides, à faible potentiel, avec une intégration dessystèmes mixtes cultures-élevage et des systèmespastoraux à des systèmes à très faible niveau de pro-ductivité ou de potentiel, imputable aux conditionsd'aridité ou de froid extrême.

● Les systèmes de production associant des grandesexploitations commerciales et des petites exploita-tions) pratiqués sur différentes écologies et caracté-risés par des modes de production diversifiés.

● Les systèmes de pêche côtière artisanale, qui intègrentsouvent des éléments de production mixtes.

● Les systèmes de production intra-urbains essentielle-ment focalisés sur l'horticulture et l'élevage.

Les appellations retenues pour les différentssystèmes de production reflètent les huit catégoriesdéfinies plus haut. Elles reflètent également les princi-paux attributs qui les caractérisent, à savoir: (i) la dis-ponibilité des ressources hydrauliques, par exemple :irrigué, pluvial, humide, aride; (ii) le climat, parexemple : tropical, tempéré, froid; (iii) le relief duterrain/l'altitude, par exemple : zones de plateaux,vallées; (iv) la taille des exploitations, par exemple : àgrande échelle; (v) l'intensité de la production, parexemple : intensive, extensive, dispersé; (vi) les princi-pales sources de subsistance, par exemple : culturesracines, maïs, arboriculture, pêche artisanale, élevage;(vii) la dualité des sources, par exemple : céréales-tubercules, riz-blé (à noter que l'intégration cultures-élevage est exprimée par le mot «mixte»); et (viii) l'airegéographique, par exemple : zones de forêt, zonescôtières, intra-urbain.

Sur les 72 systèmes identifiés, trois à cinq ont étéretenus dans chaque région pour une analyse plusapprofondie. Bien que les systèmes sélectionnésincluent certains offrant des opportunités limitées enmatière de croissance axée sur l'agriculture, lamajorité dispose du potentiel leur permettant deréduire considérablement la faim et la pauvreté à

condition que l'appui nécessaire soit disponible. Parmiles facteurs qui déterminent le potentiel de croissanceapparent d'un système figurent: (i) la disponibilité desressources en quantités suffisantes, y compris lesconditions agroclimatiques et pédologiques connexes,un ratio relativement élevé entre les terres disponibleset les autres ressources (eau, forêt) par rapport à lapopulation humaine et une intensité de productionjugée actuellement faible; (ii) un accès adéquat auxinfrastructures et aux services, y compris les marchés;et (iii) l'identification des principales contraintes audéveloppement qui pourraient être levées.

De manière générale, cinq stratégies principalesdéfinies au niveau des ménages agricoles pourraientcontribuer à améliorer les conditions de subsistance deces ménages et à en éloigner la pauvreté. Ces optionsstratégiques ne s'excluent pas mutuellement même auniveau des ménages pris individuellement. Il arrivesouvent qu'un ménage donné mette en oeuvre unensemble de stratégies mixtes. Les options peuventêtre résumées comme suit:● intensification des modes de production existants;● diversification des activités agricoles;● expansion de la taille des exploitations ou du

cheptel vif; ● accroissement des revenus d’appoint, agricoles et

non agricoles; et● abandon de l'activité agricole dans le cadre d'un

système de production donné.

L'intensification est définie ici comme étant uneproductivité physique ou financière accrue des com-posantes culturales existantes, y compris les culturesvivrières et de rente, l'élevage et les autres activitésproductives. La diversification est définie commeétant des changements apportés dans les modes deproduction existants avec pour objectif d'augmenterles revenus agricoles ou d'en réduire la variabilité. Ladiversification se traduit souvent par l'introductiond'activités tout à fait nouvelles tout comme elle peutégalement passer uniquement par le renforcementdes activités à haut potentiel et à valeur élevée et sera déterminée par les opportunités de marché. Le renforcement ou l'expansion des activités renvoie non seulement à la production mais également à la transformation en milieu paysan et aux autres activités axées sur l'agriculture et génératrices derevenus.

Certains ménages réussissent à sortir de la pauvretéen accroissant la taille de leurs exploitations – dans cecontexte, l'on se réfère aux ressources gérées plutôtqu'à celles appartenant aux ménages. Les bénéficiaires

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de la réforme agraire sont les exemples les plusprobants de cette source de réduction de la pauvreté.L'accroissement de la taille des exploitations peut éga-lement se faire au détriment d'une zone antérieure-ment non agricole telle que la forêt. Ce phénomène estsouvent appelé «expansion de la frontière agricole».Bien que cette solution ne soit pas offerte dans laplupart des systèmes, elle est très répandue dans cer-taines régions d'Amérique latine et d'Afrique subsaha-rienne. Cependant, ces «nouvelles» terres sont de plusen plus marginales (d'un point de vue agricole) etpourraient ne pas constituer un moyen de réductiondurable de la pauvreté.

Les revenus non agricoles représentent un impor-tant moyen de subsistance pour un grand nombre deproducteurs pauvres. Les migrations saisonnièresconstituent une source traditionnelle de revenu desménages pour échapper à la pauvreté et les montantsenvoyés sont souvent investis pour l'acquisition deterres ou de bétail. Dans les régions caractérisées parune économie non agricole dynamique, nombre deménages pauvres améliorent leurs revenus à traversles emplois non agricoles à temps partiel ou perma-nents qu'occupent certains de leurs membres. Lorsqueles opportunités d'amélioration des moyens d’existen-ce deviennent rares, il arrive, dans certains cas, que lesménages abandonnent leurs terres et se déplacent versd'autres systèmes de production ou s'investissent dansd'autres activités non agricoles en milieu rural ouurbain. Cette approche utilisée pour échapper à lapauvreté agricole est appelée dans les chapitres quisuivent «l'abandon de la pratique agricole».

QUELQUES ASPECTS DE L'ÉVOLUTION DES SYSTÈMES DE PRODUCTION

Afin de présenter l'analyse de ces systèmes et leurévolution future dans un cadre globalement compa-rable au sein des systèmes et à travers différentesrégions, les principaux déterminants biophysiques etsocioéconomiques ont été regroupés en cinq catégo-ries, à savoir: ● les ressources naturelles et le climat;● la science et la technologie;● la libéralisation du commerce et le développement

des marchés;● les politiques, les institutions et les biens publics; et● l'information et le capital humain.

Les ressources naturelles et le climat

L'interaction entre les ressources naturelles, le climatet la population détermine la base physique dessystèmes de production. Durant les premières étapesdu processus de développement, l'accroissementdémographique a généralement pour corollaire uneexpansion des surfaces cultivées et, dans la plupartdes cas, des conflits entre les différents usagers de laterre et des ressources hydrauliques. Une fois laplupart des terres fertiles exploitées, l'accroissementdémographique entraîne souvent l'extension dessystèmes de production. La pression ainsi exercéesur les forêts et les terres boisées fait peser unemenace sur la biodiversité et constitue une source deconflit majeur entre les objectifs de développement etde conservation. Le nombre de variétés cultivées aconsidérablement baissé au cours des dernièresdécennies, ce qui a eu un impact négatif notammentsur les principales cultures céréalières que sont le blé,le maïs et le riz. Une perte de biodiversité similaire aégalement été notée chez les animaux domestiques.

Au cours des quatre dernières décennies, lessurfaces cultivées dans les pays en développement àtravers le monde ont augmenté de plus d'un quart,atteignant ainsi un peu plus d'un milliard d'hectares.Cependant, la croissance démographique rapide qui aaccompagné ce phénomène s'est traduite par uneréduction des terres arables disponibles par habitant.Dans les pays en développement elle a baissé presquede moitié depuis les années 60 et était estimée, enmoyenne, à 2,3 hectares par personne au sein de lapopulation agricole au milieu des années 90 (voirencadré 1.1). Dans le même temps, les zones de

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S Y S T È M E S D E P R O D U C T I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

Encadré 1.1 Pression démographique exercée surles terres agricoles annuelles et permanentes parrégion – 1995-1997 (personnes/ha)4

Région Agric. Total

Afrique Subsaharienne 2,2 3,6Moyen Orient et Afrique du N. 3,1 4,5Europe de l’Est et Asie centrale 0,3 1,6 Asie du Sud 3,5 6,3Asie orientale et Pacifique 4,9 7,9Amérique latine et Caraïbes 0,7 3,2

Moyenne 2,3 4,5

4 FAO

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prairies et de pâturages ont augmenté de 15 pourcent dans les pays en développement pour atteindre2,2 milliards d’hectares en 1994. Cette expansion aété réalisée au détriment des forêts et des terresboisées dont les superficies ont accusé un recul d'en-viron 2,3 milliards d’hectares au cours de la mêmepériode. Les taux de croissance annuels des terrescultivées varient considérablement d'une région à uneautre comme cela est illustré par l'encadré 1.2. Aucours de la période 1995-1997, l'intensité culturalemoyenne a augmenté dans son ensemble de seule-ment 5 pour cent, ce qui semble indiquer que lahausse de la production a été réalisée essentiellementpar une augmentation des rendements et une expan-sion des terres et non par une intensité culturale plus élevée.

Plus de 90 pour cent des terres disponibles res-tantes se trouvent en Amérique latine et en Afriquesubsaharienne, ce qui pourrait indiquer qu'uneexpansion supplémentaire pourrait être l'option àretenir pour la plupart des pays en développement.Cependant, partout et même dans les zones où lepotentiel d'expansion semble inexistant, plus de 70 pour cent des terres disponibles sont assujetties àune ou plusieurs contraintes d'ordre pédologique oude relief. Du fait de ces facteurs, l'expansion des terrescultivables prévues dans les régions en développe-ment jusqu'en 2030 n'est que la moitié de celle ayanteu lieu entre 1961 et 1997. Pourtant, d'ici à l'an 2030,en dépit d'un accroissement démographique de plusde 2 milliards d'habitants dans les pays en développe-ment, les surfaces cultivables moyennes disponiblespour chaque personne intervenant dans l' agriculturepourraient en réalité augmenter, du fait de la stabili-sation du niveau de la population agricole.A l'évidence, l'agriculture et la sécurité alimentairesubiront les effets des changements climatiques. Au

nombre des impacts prévus figure la réduction desrendements potentiels dans la plupart des régionstropicales et subtropicales. La disponibilité de l'eaudevrait diminuer tandis que, simultanément, l'onassistera à une augmentation globale du risqued'inondation du fait de la montée du niveau de la meret de l'intensité des précipitations. D'autres désastresnaturels dont les ouragans, les typhons et la sécheres-se deviendront également plus fréquents s'il seconfirme que les changements climatiques entraînentdes phénomènes météorologiques violents.

Science et technologie

L'accent historiquement mis par les centres interna-tionaux et nationaux de recherche agricole sur lestechnologies de production des cultures vivrières, quiprivilégient les variétés à rendement amélioré, a sansnul doute été une réussite. En effet, près des troisquarts du taux d'accroissement de la productionenregistré depuis 1961 sont à mettre à l'actif deshausses de rendement, qui ont par ailleurs contribuéà une plus grande sécurité alimentaire dans lesrégions en développement et à une baisse des prixréels des cultures céréalières.

Cependant, la plupart des petits exploitants agricolespauvres dans les zones marginales n'ont pas bénéficiéde ces augmentations de rendement et l'investisse-ment dans le développement de technologies de production de cultures non céréalières n'a jamais étéune priorité majeure. Bien que le secteur privé et lesorganisations paysannes viables aient fortementinvesti dans la recherche relative aux cultures derente commercialement importantes, notamment lecafé, le thé, la canne à sucre et la banane, maintesautres cultures tropicales vivrières et cultures derente mineures ont été relativement occultées. Demême, l'investissement dans la recherche zootech-

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Encadré 1.2 Expansion annuelle moyenne desterres cultivées 1961-19975

Région % par an

Afrique Subsaharienne 0,73Moyen Orient et Afrique du Nord 0,42Asie du Sud 0,18Asie orientale 0,91Amérique latine et Caraïbes 1,26

Moyenne 0,67

Encadré 1.3 Rendement moyen des culturescéréalières (1961-1997 dans les pays endéveloppement) (tonnes/ha)6

1961/63 1995/97

Blé 0,9 2,5Riz (paddy) 1,8 3,5Maïs 1,2 2,6Toutes céréales 1,2 2,5

5 FAO 2000, op cit6 FAO 2000, op cit

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nique n'a pas été à la mesure de la contribution de cesous-secteur à l'accroissement des revenus desménages ou du Produit intérieur brut agricole(PIBA). Il existe aujourd'hui une gamme beaucoupplus large de technologies pour les systèmes de pro-duction et les cultures intéressant les pays développésplutôt que des technologies pour les systèmes de production des petits exploitants des pays en déve-loppement.

Globalement, la recherche s'est essentiellementfocalisée sur l'intensification de la production, ce quipasse souvent par l'utilisation d'intrants achetés. Trèspeu d'activités de recherche ont été initiées sur l'accroissement de la productivité de la main-d'œuvreou sur l'élaboration de technologies intégrées per-mettant de diversifier les moyens d’existence despetits exploitants et de renforcer la durabilité dumode d'utilisation des terres. De même, la recherchesur la lutte intégrée contre les ravageurs ou lesadventices a été minime. Ces thèmes revêtent unintérêt très limité pour le secteur privé et risquentaussi d'être négligés par les institutions publiques derecherche. L'utilisation de cultures génétiquementmodifiées semble offrir un potentiel considérablepour la réduction du volume d'intrants utilisés et l'accroissement des niveaux de production; toutefois,leur mise au point et leur introduction se heurtent àdes considérations d'ordre sécuritaire dans les paysdéveloppés.

Ces problèmes ne sauraient toutefois occulterl'avancement du programme global de recherche quise démarque de plus en plus de l'accent mis sur laperformance des cultures prises isolément pour privilégier l'accroissement de la productivité dessystèmes. Il s'agit essentiellement de mieux gérer lesinteractions entre les entreprises agricoles, le modede gestion durable des ressources et un meilleurciblage des technologies en direction des paysanneset des ménages pauvres. A long terme, il serait mêmeplus important de mettre davantage l'accent sur lespartenariats entre les secteurs public et privé qui sontessentiellement mus par la demande des clients. Cesmutations s'accompagnent d'une meilleure appré-hension des problèmes et opportunités des produc-teurs, mais aussi d'une volonté accrue d'intégrer lesconnaissances indigènes à l'information moderne.

Libéralisation commerciale et développement des marchés

Parmi les processus fédérateurs inclus dans le termemondialisation, l'accent dans ce document est mis sur

la réforme économique et la libéralisation commer-ciale. A la fin des années 70, les économies de laplupart des pays en développement souffraient énor-mément de l'intervention et du contrôle excessifsexercés par les gouvernements. La plupart d'entreelles étaient confrontées à de sérieuses difficultésd'ordre économique, avec des taux de croissance deleur PIB soit négatifs ou ne suivant pas le taux d'ac-croissement démographique. Pour résoudre ces pro-blèmes, les institutions internationales avaient initiédes programmes de prêts axés sur des réformesstructurelles. Ces programmes d'ajustement structu-rel (PAS) se sont traduits par une libéralisation ducommerce et de l'établissement des taux de change,mais aussi par une importante réduction des subven-tions dans la plupart des pays en développement.

Quoique l'ajustement structurel n'ait pas réussi demanière générale à faire disparaître les préférencespro-urbaines dans les politiques arrêtées par les paysen développement, la plupart des PAS prévoyaientdes réformes spécifiques au secteur agricole qui secaractérisaient, entre autres, par: (i) la fin des mono-poles de marché; (ii) une moindre implication desorganes parapublics dans la fourniture des intrants,dans la commercialisation et la transformation desproduits; (iii) la réduction ou la levée des subven-tions, le contrôle des prix et la levée des obstacles à lapromotion des activités du secteur privé; (iv) la levéedes contraintes affectant le commerce extérieur; (v) lapromotion de la participation du secteur privé.Récemment, la signature de certains accords interna-tionaux ainsi que la mise sur pied de l'Organisationmondiale du commerce ont davantage renforcé lalibéralisation du commerce. Non seulement le déve-loppement des marchés s'accélère mais aussi lesmodes de production et d'utilisation des ressourcesnaturelles sont l'objet d'importantes mutations, enréponse aux forces du marché. Les changementsgénérés par cette transition ont cependant eu deseffets négatifs sur un grand nombre de petits pro-ducteurs. En effet, la pauvreté s'est accrue dans laplupart des systèmes de production au cours desannées 80 et au début des années 90, du fait de labaisse du niveau d'appui du gouvernement et de lachute des cours des principales spéculations pro-duites par les petits exploitants.

À long terme, les pays en développement pourrontrenforcer la production de produits pour lesquels ilsont des avantages comparatifs, notamment le sucre,les fibres, les fruits et légumes et bien d'autresproduits tropicaux. Les progrès réalisés à ce jourdemeurent toutefois lents, ce qui tient en partie au

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protectionnisme toujours exercé par la plupart despays industrialisés sur les producteurs locaux. Lestendances générales sociales, économiques et cultu-relles contribueront également à réorienter profon-dément la demande du marché dans la mesure oùl'urbanisation accrue, l'augmentation des revenus,l'amélioration des systèmes de communication et ladiffusion des préférences culturelles sont autant defacteurs qui y contribueront. La mise au point denouvelles technologies de production, de post-récolteet de transport changeront également la configura-tion de la demande en favorisant la mise sur lemarché de nouveaux produits – ou de produitsconnus, mais sous une nouvelle présentation – versdes marchés précédemment inaccessibles.

Politiques, institutions et biens publics

Le développement de systèmes de production dyna-miques passe nécessairement par l'instauration d'un cadre de politique favorable. Le plus grandchangement intervenu dans ce domaine au cours des30 dernières années a été l'ajustement structurel, quiest un élément dominant dans la formulation despolitiques rurales et qui a accentué la perte générali-sée d'autosuffisance alimentaire nationale. Bien quel'autosuffisance alimentaire au plan national ne soitplus un objectif majeur, la sécurité alimentaire desménages demeure quant à elle une importantequestion de politique pour les pays en développe-ment et pour le monde en général. Ceci a étéconfirmé par le Sommet mondial de l'alimentationorganisé en 1996.

Depuis un certain temps, les décideurs politiquesmettent de plus en plus l'accent sur l'efficacité desprestations de services par la restructuration des ins-titutions. Ceci s'est traduit par le transfert d'un grandnombre d'activités, relevant traditionnellement dusecteur public, à la société civile et au secteur privé etla décentralisation des services gouvernementauxrestants, ainsi que la réduction de l'investissementpublic pour la fourniture de services publics. Lesdeux premières approches s'intègrent parfaitement à l'objectif visant à encourager une plus grande participation des communautés locales au processusde prise de décisions et d'allocation des ressources.La troisième découle en grande partie du transfertau secteur privé d'un grand nombre de responsabili-tés antérieurement assignées au gouvernement.Cependant, ces tendances, tout en offrant des avan-tages certains en termes de mobilisation des res-sources non gouvernementales et de garantie d'une

pertinence accrue des activités publiques par rapportaux besoins locaux, ont entraîné certaines difficultés.En effet, on note une réaction généralement tiède oupartielle de la part du secteur privé qui, dans laplupart des cas, n'a pas bénéficié des incitationsnécessaires pour se substituer au secteur public enmatière de finance, de recherche, de vulgarisation,d'éducation, de santé et même de mise en place etd'entretien des infrastructures. Les petits exploitantset les ménages dirigés par les femmes ont fait les fraisde ce phénomène de manière disproportionnée. Endépit de cette omission critique, le renforcement desinstitutions locales, qui a porté entre autres sur ladécentralisation et la démocratisation au plan local,est perceptible dans plusieurs pays. Ces tendancesont mis à nu des conflits entre les autorités centraleset locales, notamment dans la définition des prioritésde développement et des allocations budgétaires demême que dans l'élaboration des mécanismes desuivi.

Un autre domaine de politique qui gagne de l'im-portance est l'accès aux ressources naturelles et leurcontrôle, particulièrement la terre et l'eau. À mesureque les populations s'accroissent et que les terresmarginales continuent de se dégrader, les réclama-tions des pauvres, des minorités et des populationsindigènes pour un accès plus équitable à ces res-sources continuera de s'intensifier. Bien que l'accélé-ration du phénomène d'urbanisation allége en partiela pression, les gouvernements incapables de définiret de mettre en œuvre des politiques efficaces enmatière de propriété foncière, de gestion de l'eau etde réformes de la fiscalité s'exposeront à de sérieuxrisques de conflits sociaux.

Information et capital humain

La nécessité d'une meilleure information et d'un ren-forcement du capital humain s'est accrue dans lamesure où les systèmes de production sont devenusplus intégrés aux systèmes de marché. Le manqued'éducation, d'information et de formation s'érigetoujours en facteur limitant le développement despetits exploitants. Les observateurs prévoient unerévolution de l'information qui mettra à la dispositiondes petits producteurs un important volume d'infor-mations technologiques, institutionnelles et commer-ciales. Cependant, il est peu probable que l'essentielde ces informations atteigne dans un proche avenirles producteurs pauvres dans les pays à faible revenu.Inévitablement, des questions relatives à l'accès et à ladiffusion équitables de l'information se poseront dans

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la mesure où les populations marginalisées sontoccultées dans ce processus.

Les conflits armés, la migration des hommes à larecherche d'un emploi et l'accroissement du taux de mortalité imputable au sida ont entraîné une augmentation du nombre de ménages dirigés par des femmes et constituent un obstacle de taille à lacapacité des femmes à produire, à fournir et àpréparer les repas. Malgré leur rôle prédominantdans l'activité agricole, elles demeurent chronique-ment défavorisées en termes d'accès à l'éducation, à laformation, aux conseils et aux services commerciaux.Dans le monde en développement, les femmes sontfréquemment privées du statut juridique leurdonnant accès à des prêts. Ce barrage mine tous lesefforts déployés par les femmes dans le but de valori-ser leurs activités agricoles.

L'un des plus grands acquis à mettre au crédit despays en développement au cours des trois dernièresdécennies a été l'élargissement des programmes d'alphabétisation et de l'enseignement primaire à lamajorité de la population rurale. Vu les avantagessubstantiels et reconnus qu'offre l'enseignementprimaire, l'enseignement en milieu rural devrait sedévelopper considérablement dans les pays où la dis-crimination à l'encontre des femmes est faible, où iln'existe aucun conflit civil et où la stabilité écono-mique peut être maintenue. Alors que, par le passé,la plupart des efforts de développement ignoraientles femmes – parce que les planificateurs avaient unemauvaise compréhension de leur rôle dans l'agricul-ture et la sécurité alimentaire – davantage d'effortssont aujourd'hui déployés pour une plus grandeprise en compte de leur situation. Une améliorationprogressive devrait découler de l'élévation du niveaude l'enseignement primaire étant donné qu'une pro-portion plus grande de paysannes sont maintenanten mesure de communiquer dans la langue desagents de vulgarisation, des banquiers ou des ges-

tionnaires des agro-industries. Ces progrès pour-raient mieux préparer la génération future à partici-per à une agriculture basée sur la connaissance et àmettre à profit les moyens modernes de communica-tion de l'information.

GUIDE DU LECTEUR

Ce résumé présente un aperçu des défis et opportu-nités futurs ainsi que des stratégies de développe-ment agricole préconisées pour le monde en déve-loppement. La pertinence de l'analyse des systèmesde production a été discutée dans ce chapitre et unaccent particulier a été mis sur la description desprincipales tendances susceptibles d'influer sur l'évo-lution de ces systèmes au cours des 30 prochainesannées. S'inspirant des projections faites par la FAOet s'appuyant sur une gamme de bases de données,l'ouvrage procède, aux chapitres 2 à 7, à une délimi-tation et à une analyse des principaux systèmes deproduction rencontrés dans les six principalesrégions où sont classés les pays en développement dumonde. Vu qu'une région prise isolément peut ren-fermer jusqu'à 16 systèmes de production identifiés,trois à cinq systèmes ont été retenus dans chaquerégion pour une brève analyse détaillée, chaqueanalyse régionale se terminant par un examen despriorités de stratégie générale pour la région. Lespoints communs, les priorités et les défis transver-saux émanant de ces analyses sont présentés auchapitre 8 tandis que les conclusions et perspectivesfigurent au chapitre 9. Le présent document consisteen un extrait, considérablement résumé, du livre dumême titre publié en collaboration par la FAO et laBanque mondiale, et dans lequel les éléments de dis-cussion présentés ici sont repris de façon beaucoupplus détaillée, et étayés par des éléments factuelsbeaucoup plus développés.

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7 Voir en annexe la liste des pays inclus dans cette région.

LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION

Cette région7 regroupe 626 millions d'habitants dont61 pour cent (soit 384 millions) travaillent dans l'agri-culture. La superficie totale des terres émergées estde 2 455 milliards d'hectares dont 173 millionscultivés (cultures annuelles et pérennes), soit le quartde la superficie potentiellement exploitable. Leszones arides et semi-arides constituent 43 pour centde la superficie totale. En Afrique de l'Ouest, 70 pourcent de la population totale vit dans les zoneshumides et sub-humides tandis qu'en Afrique de l'Estet australe, seule la moitié de la population occupeces terres.

Malgré d'abondantes ressources naturelles, le PNBrégional par habitant était plus faible à la fin desannées 90 qu'il ne l'était en 1970. 19 des 25 pays lesplus pauvres du monde sont localisés en Afrique sub-saharienne, région caractérisée par une forte dispari-té des revenus. En Afrique orientale et australe, lapauvreté rurale représente jusqu'à 90 pour cent de lapauvreté totale. Au cours des 30 dernières années, lenombre de personnes sous-alimentées dans la régiona considérablement augmenté, passant à quelque 180 millions en 1995-1997.

15 systèmes de production ont été identifiés etrésumés au tableau 2.1 ci-dessous. Vu le nombre deménages agricoles qui peuvent appartenir à unsystème de production, il est inévitable de retrouverune forte hétérogénéité dans les plus grands systèmeset plusieurs sous-systèmes peuvent être identifiésdans ce cas. Les cinq systèmes les plus importants entermes de population, de pauvreté et de potentiel decroissance sont brièvement décrits ci-dessous.

Le système irrigué. Il regroupe des grands périmètresirrigués couvrant 35 millions d’hectares pour unepopulation agricole de 7 millions d'habitants. Laculture irriguée est renforcée par des cultures plu-viales ou par l'élevage. La maîtrise de l'eau est totaleou partielle tandis que la taille des exploitations va de22 hectares par ménage dans le périmètre de Geziraà moins de 1 hectare. Le risque d'échec total deculture n'existe pratiquement pas mais le revenu desexploitants est sensible aux pénuries d'eau, à la dété-rioration des structures d'irrigation et au déséquilibreentre les coûts des intrants et les prix des produits. Laplupart des périmètres sont aujourd'hui confrontés àdes crises mais si les problèmes d'ordre institutionnelsont résolus, le potentiel de croissance agricole futurest garanti. L'incidence de la pauvreté est plus faibleque dans les autres systèmes de production et lenombre de pauvres en termes absolus est réduit.

Le système arboricole. L'aire d'extension de ce systèmes'étend dans la zone humide de l'Afrique de l'Ouest etdu Centre et occupe 73 millions d’hectares pour unepopulation agricole de 25 millions d'habitants. Lesterres cultivées couvrent 10 millions d’hectares (6 pour cent), dont seulement 0,1 million est irrigué.Ce système est organisé autour de la culture deproduits industriels tels que le cacao, le café, lepalmier à huile et l'hévéa. Les cultures vivrières inter-calaires servent principalement à l'autoconsomma-tion. L'élevage de bovins est limité. On y rencontreégalement des plantations industrielles (palmiers àhuile et hévéa notamment), ce qui offre divers servicesaux petits exploitants à travers des plantations pilotesou des contrats de collecte de récolte. L'incidence dela pauvreté est faible à modérée et se limite aux très

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petits exploitants et travailleurs agricoles.

Le système de production mixte céréales-cultures àracines. Ce système s'étend à travers la zone sub-humide sèche d'Afrique de l'Ouest jusqu'en Afriquecentrale et australe. La superficie totale est de 312 millions d'hectares pour une population agricolede 59 millions. Les terres cultivées sont estimées à 31 millions d’hectares dont seulement 0,4 million enirrigué. L'élevage de bovins y est pratiqué de manièreextensive, avec quelque 42 millions de têtes de bétail.Bien que le maïs, le sorgho et le mil soient communé-

ment cultivés, les tubercules tels que l'igname et lemanioc ont une part prépondérante. La pratique del'association culturale est courante et une large gammede spéculations est cultivée et commercialisée. La prin-cipale contrainte est la sécheresse. L'incidence de lapauvreté est faible et les perspectives de croissanceagricole sont excellentes. La zone abritant ce systèmepourrait devenir le grenier de l'Afrique et constituerune importante source de recettes d'exportation.

Le système de production mixte axé sur le maïs. Il s'agitdu système de production alimentaire prépondérant

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Table 2.1 Les principaux systèmes de production rencontrés en Afrique subsaharienne

Systèmes de production Superficie Pop.Agric. Principaux moyens (% de la région) (% de la région) d’existence

Irrigué 1 2 Riz, coton, cultures maraîchères, cultures pluviales,bovins, volailles

Cultures arboricoles 3 6 Cacao, café, palmier à huile, hévéa, ignames, maïs,travaux non agricoles

Axé sur la forêt 11 7 Manioc, maïs, haricots, taro

Riz-arboriculture 1 2 Riz, banane, café, maïs, manioc, cultures maraîchères,élevage, travaux non agricoles

Cultures pérennes des hauts plateaux 1 8 Banane, plantain, enset (pseudo-bananier d'Éthiopie),café, manioc, patate douce, haricots, céréales, élevage,

volaille, travaux non agricoles

Mixte tempéré des hauts plateaux 2 7 Blé, orge, tef, pois, lentilles, haricots, navette, pommes de terre, moutons, chèvres, élevage, volaille,

travaux non agricoles

Cultures à racines et tubercules 11 11 Ignames, manioc, cultures maraîchères,travaux non agricoles

Mixte axé sur les céréales et 13 15 Maïs, sorgho, mil, manioc, ignames, cultures les tubercules maraîchères, bovins

Mixte axé sur le maïs 10 15 Maïs, tabac, coton, bovins, chèvres, volailles,travaux non agricoles

Assoc. de grandes exploit. 5 4 Maïs, légumineuses à grain, tournesol, bovins,commerciales et petits exploitants moutons, chèvres, montants envoyés par les proches

Agropastoral axé sur le mil/sorgho 8 8 Sorgho, mil, légumineuses à grain, sésame, bovins,moutons, chèvres, volaille, travaux non agricoles

Pastoral 14 7 Bovins, chameaux, moutons, chèvres, montants envoyés par les proches

Dispersé (aride) 17 1 Maïs irrigué, cultures maraîchères, palmiers dattiers,bovins, travaux non agricoles

Pêche côtière artisanale 2 3 Pêche maritime, noix de coco, noix d'anacardier, banane,ignames, fruits, chèvres, volaille, travaux non agricoles

Urbain <1 3 Fruits, cultures maraîchères, produits laitiers, bovins,chèvres, volaille, travaux non agricoles

Source: Données et expertise FAO.

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en Afrique de l'Est et australe; il s'étend à travers les zones de plateaux et de hauts plateaux de 800 à 1 500 m. La superficie totale est de 246 millions d’hec-tares pour une population agricole de 60 millionsd'habitants. Les terres cultivées sont de l'ordre de 32 millions d’hectares dont seulement 0,4 million sousirrigation. La culture vivrière est le maïs tandis queles principales ressources monétaires proviennent desmontants envoyés par les migrants, du bétail, despetits ruminants, du tabac, du café, du coton et lavente de cultures vivrières telles que le maïs et leslégumineuses à grains. L'élevage compte 36 millionsde bovins. Ce système connaît actuellement une crisedans la mesure où l'utilisation des intrants a fortementbaissé du fait d'une pénurie de semences, d'engrais etde produits agrochimiques, associée aux prix élevésdes engrais par rapport au prix du maïs. La sécheres-se et l'instabilité des marchés sont les principalescontraintes. On note dans cette région peu depauvreté chronique. En dépit de la crise actuelle quil'affecte, les perspectives de croissance agricole à longterme y sont relativement bonnes et le potentiel deréduction de la pauvreté élevé.

Le système agropastoral axé sur le mil et le sorgho. Il estpratiqué dans les zones semi-arides de l'Afrique del'Est et sur de larges surfaces en Afrique de l'Est etaustrale. La superficie totale est de 198 millions d’hec-tares avec une population agricole de 33 millionsd'habitants. La superficie cultivée est de 22 millionsd’hectares et la pression exercée sur les rares terresarables est très forte. L'agriculture et l'élevage yrevêtent pratiquement la même importance. Lesorgho pluvial et le petit mil sont les principalessources d'alimentation tandis que le sésame et leslégumineuses à grains sont parfois commercialisés.On y compte 25 millions de bovins, ainsi que des ovinset des caprins. La sécheresse y constitue la principalecause de vulnérabilité et la pauvreté est fréquente etquelquefois chronique. Le potentiel de réduction dela pauvreté est moyen.

Évolutions significatives au niveau de la région

Le sida a déjà fait régresser le taux de croissancedémographique mais la population totale de cetterégion devait néanmoins s'accroître de 78 pour centau cours des trois décennies à venir bien que la popu-lation rurale n'augmentera que de 30 pour cent enraison de l'urbanisation galopante. Les superficiestotales exploitées annuellement ou en permanencedevraient s'accroître de manière modérée jusqu'en

2030 tandis que l'augmentation moyenne des rende-ments, qui devrait être de 60 pour cent, accompagnéed'un accroissement des superficies irriguées et d'utili-sation d'engrais, devraient se traduire par un double-ment de la production de toutes les cultures. La pro-duction animale devrait croître modérément du faitde l'expansion de la demande des consommateursurbains en viande, lait et œufs. L'essentiel de la production agricole continuera de provenir dusystème de production pluvial dominé par les petitsexploitants.

PRIORITÉS STRATÉGIQUES RETENUES POUR L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Malgré l'abondance relative des ressources naturelles,l'incidence de la faim et de la pauvreté dans la régionest plus marquée que dans les autres régions en déve-loppement tandis que le taux de croissance démogra-phique y est plus élevé et le nombre de pauvresaugmente de façon alarmante. Néanmoins, le cadreinstitutionnel, économique et politique existantn'offre toujours pas les incitations nécessaires pourstimuler la production agricole. Les programmes dedéveloppement sont toujours caractérisés par un biaisurbain tandis que l’apport de biens publics rurauxdemeure inadéquat. Les interventions doivent êtreorientées sur un appui à l'augmentation de la pro-ductivité dans les exploitations des ménages pauvresainsi que sur la diversification de la production versdes activités à rentabilité élevée surtout dans les zonesà haut potentiel où vivent la majorité des pauvres. Ledéveloppement de sources de revenu alternatives (àla fois l'emploi non agricole local et même l'abandonde la pratique agricole) constituera un importantvolet des programmes de réduction de la pauvreté, enparticulier dans les zones à faible potentiel.

Des gains substantiels pourraient être obtenus sil'accent était mis à nouveau sur l'amélioration despolitiques sectorielles agricoles. Deux domaines prio-ritaires s'imposent à cet égard: (i) les droits desusagers des ressources; et (ii) les investissementspublics à long terme. Quelques exemples dans cedernier domaine sont le bon aménagement du sol, lagestion durable des ressources naturelles, la conserva-tion des sols et de l'eau, la protection de l'environne-ment, la préservation de la biodiversité, l'éradicationde la mouche tsé-tsé et la fixation du carbone. Lessystèmes à potentiel de croissance élevé souffrenténormément d'un manque de services, y compris letransport et l'enseignement. Le défi à relever consiste

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à fournir ces services publics de manière durable, ens'assurant que les autorités et les communautés localescontribuent à leur fonctionnement. Il est nécessairede développer des partenariats productifs entre lessecteurs public et privé, la société civile et les organi-sations paysannes.

De manière générale, non seulement les exporta-tions non traditionnelles doivent être promues mais ilconvient aussi de privilégier les produits à valeur plusélevée. Parmi les solutions partielles qui pourraientêtre envisagées figurent: la diversification, pourintégrer les cultures d'exportation non tradition-nelles, l'amélioration des produits d'exportation exis-tants afin d'obtenir les prix les plus élevés possibles(réhabilitation, traitement amélioré) et la recherchede marchés porteurs tels que les produits biologiqueset les aliments demandés par diverses ethnies afri-caines.

L'abondance de ressources naturelles dans la régionoffre la base nécessaire pour un développementagricole privilégiant les pauvres, à condition que lesincitations appropriées existent. L'analyse des princi-paux systèmes de production souligne l'importancerelative des stratégies des ménages pour échapper à lapauvreté et qui sont, par ordre d'importance: la diver-sification, l'intensification, l'augmentation de la tailledes exploitations, l'abandon de la pratique agricole etl'augmentation des revenus non agricoles. Pourréduire de moitié la faim et la pauvreté à l'horizon2015, des efforts considérables devront être déployéspour stimuler une croissance générale, qui dépend endernier recours de l'initiative et des efforts desfamilles agricoles individuelles au sein de chaquesystème. Bien qu'il soit impossible, sur la base de l'analyse régionale en cours, de conseiller des inter-ventions spécifiques au plan national, le défi global de réduction de la faim et de la pauvreté dans la région requiert cinq initiatives stratégiques interdépendantes:

Une gestion durable des ressources. La gestion durabledes ressources devrait se concentrer sur la réductionde la dégradation des terres, la gestion de la fertilitédes sols et de leur productivité. Elle doit entraînerune recapitalisation des sols et une hausse de la pro-ductivité. Les composantes à privilégier sont la priseen compte des connaissances des paysans ainsi que lessystèmes d'information nécessaires pour documenteret partager les acquis; le renforcement des ressourcestelles que la petite irrigation et la collecte des eaux; larecherche participative appliquée focalisée sur destechnologies intégrées faisant appel à la connaissance

des populations indigènes et à celle des chercheurspour l'adoption de pratiques agricoles de conserva-tion; l'agroforesterie, la lutte intégrée contre les rava-geurs et l'intégration cultures-élevage, de même quele renforcement des capacités des groupes d'usagersdes ressources.

Un accès amélioré aux ressources. L'accès des agricul-teurs pauvres aux ressources agricoles devrait créerdes conditions viables pour les petites entités fami-liales agricoles. Les interventions à privilégier sont,entre autres: une réforme agraire axée sur le marché;le réaménagement de la législation foncière, le ren-forcement de l'administration publique et l'adoptiond'un régime foncier communautaire fonctionnel.

Une compétitivité accrue des petites exploitations.L'accroissement de la compétitivité des petits paysanspauvres renforcera leur capacité à profiter des oppor-tunités de marché. Les composantes à inclure dans cedomaine sont: l'amélioration des techniques de pro-duction, la diversification, la transformation, l'amélio-ration de la qualité des produits, l'établissement d'unlien entre la production et les marchés porteurs et lerenforcement des services d'appui, y compris les insti-tutions commerciales, sur la base de partenariatsentre le public et le privé.

Réduction de la vulnérabilité des ménages. La gestiondes risques pesant sur les ménages réduira la vulné-rabilité des ménages agricoles aux catastrophes natu-relles et aux aléas économiques qui sont fréquentsdans l'agriculture africaine. Les composantes à privi-légier sont: la mise au point de variétés précoces résis-tantes à la sécheresse et d'espèces animales robustesainsi que l'adoption de pratiques de production améliorées pour la rétention de l'humidité, la mise enplace de mécanismes d'assurance et le renforcementdes autres mécanismes traditionnels de partage derisques.

Réagir à la propagation du sida. Des actions immédiatesdoivent être menées en vue de juguler la propaga-tion et l'impact du sida. Les composantes à privilé-gier sont: le lancement de campagnes d'information,la fourniture de préservatifs à des prix abordables,l'accès aux traitements, des réformes foncières pourpréserver les droits des veuves, la formation agricoleau profit des orphelins et l'instauration de filetssociaux de sécurité pour appuyer les efforts des communautés rurales dans leur assistance auxorphelins.

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LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION

La région Moyen-Orient et Afrique du Nord 8

comprend des pays à revenu faible et intermédiairequi s'étendent de l'Iran au Maroc. La population y est estimée à 296 millions d'habitants dont plus de 120 millions vivant en milieu rural. La populationagricole, estimée à 84 millions d'habitants, pratiqueaussi la pêche et l'élevage. Cette région couvre unesuperficie totale de 1,1 million d’hectares et abriteplusieurs types d'environnements. Cependant, leszones arides et semi-arides à pluviométrie faible etvariable prédominent. Les zones modérémenthumides représentent moins de 10 pour cent de lasuperficie mais occupent presque la moitié de lapopulation agricole tandis que les zones plus aridesreprésentent presque 90 pour cent de la superficietotale mais occupent moins de 30 pour cent de lapopulation. Les cultures pluviales sont pratiquéespendant l'hiver, plus humide, tandis que les zonesirriguées sont exploitées toute l'année. Les princi-pales cultures pluviales sont le blé, l'orge, les légumi-neuses, les olives, les raisins, les fruits et légumes.L'élevage, qui concerne les ovins et les caprins essen-tiellement, est une importante composante de laplupart des systèmes de production. Une forte pro-portion des ménages pauvres se compose de produc-teurs ou d'éleveurs qui dépendent de l'agriculturecomme principal moyen d’existence ou source derevenu.

Huit principaux systèmes de production ont étéidentifiés et délimités sur la base d'un nombre decritères décrits au premier chapitre. Ces systèmessont présentés au Tableau 3.1 ci-dessous et leur

emplacement géographique indiqué sur la carte. Lessystèmes les plus importants en termes de popula-tion, de pauvreté et de potentiel de croissance sontbrièvement décrits ci-dessous.

Le système irrigué. Il regroupe des petits et des grandspérimètres irrigués. Le sous-secteur des grands périmètres occupe au total 80 millions de personnesdont une population agricole de 16 millions. Lessuperficies cultivées sont estimées à 8,1 millionsd’hectares presque entièrement composées de super-ficies et de périmètres irrigués dans toutes les zones.On y pratique des cultures de rente et d'exportationà valeur élevée, ainsi que des cultures maraîchères etfruitières de manière extensive. Le sous-système despetits périmètres est aussi largement présent dans larégion et, quoique n'occupant pas autant de per-sonnes, demeure une importante composante pourla survie de nombreuses populations vivant dans leszones arides et montagneuses reculées. Les proprié-taires – exploitants ou les métayers exploitent de trèspetites exploitations – 0,02 à 1 hectare – souvent àl'intérieur de systèmes pluviaux plus vastes. Les prin-cipales cultures sont les céréales en association, lesfourrages et les cultures maraîchères. L'incidence dela pauvreté dans ces deux sous-systèmes est jugéemodérée.

Le système de production mixte des hauts plateaux. Ils'agit du système le plus important du point de vuedémographique – 65 millions de personnes dont unepopulation agricole estimée à 27 millions – mais il nereprésente que 7 pour cent de la superficie totale. Eneffet, sur un total de 74 millions d’hectares, les terrescultivées couvrent 22 millions d’hectares, dont

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8 Voir en annexe la liste des pays composants cette région. La Turquie n’est pas considérée comme membre de ce système et figure plutôt dans la région Europe de l’Est et Asie centrale.

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environ 5 millions d’hectares en conditions irriguées.Deux sous-systèmes y sont rencontrés: un dominépar les cultures céréalières pluviales ainsi que leslégumineuses et l'arboriculture (fruits et olives) prati-quées en terrasses et un sous-système centré sur l'élevage (essentiellement des ovins) rencontré surdes terres gérées par la communauté. La pauvreté yest très présente dans la mesure où les marchés sontsouvent éloignés, l'infrastructure inadéquate et ladégradation des ressources naturelles une contraintede taille.

Le système de production mixte pluvial. La populationdans ce système est estimée à 40 millions d'habitants,dont 16 millions intervenant dans l'agriculture. Iln'occupe que 2 pour cent de la superficie totale de larégion, d'où une forte densité démographique. Lesterres cultivées sont estimées à 14 millions d’hectaresdont l'arboriculture et la vigne. On y dénombre 8 millions de bovins. Une irrigation d'appoint estmaintenant utilisée en hiver sur 0,6 million d’hectareexploité en blé et en cultures de rente d'été. Leszones plus humides abritent de l'arboriculture (oliveset fruits), des melons et des raisins. On note égale-ment des activités de pâturage en saison sèche, desovins transhumants venus des zones de steppe. Leniveau de pauvreté y est modéré mais aurait pu êtreplus important sans les revenus substantiels tirés destravaux non agricoles effectués par les travailleurssaisonniers migrants.

Le système mixte en zone aride. Il est rencontré enzones sèche sub-humides et occupe une population

agricole de 13 millions d'habitants exploitant 17 millions d’hectares de terres cultivables. Ladensité démographique y est plus faible que celleenregistrée dans les autres principaux systèmesarables et les exploitations sont plus étendues. Lesprincipales céréales cultivées sont l'orge et le blé, pra-tiquées dans un système de rotation avec une jachèreannuelle ou bi-annuelle. La sécheresse y est fréquen-te d'où un risque élevé d'insécurité alimentaire.L'élevage, avec 6 millions de bovins et un plus grandnombre de petits ruminants, est largement intégréaux systèmes de production et de fourrage.L'incidence de la pauvreté y serait très répandue chezles petits producteurs.

Évolutions significatives au niveau de la région

La tendance la plus significative notée au cours des30 dernières années a été l'accélération du phénomè-ne d'urbanisation et la croissance des villes. Cettetendance devrait se confirmer, ce qui entraînera uneaugmentation rapide de la demande en eau et enproduits alimentaires, en particulier les céréales et lesproduits d'élevage. Durant la période 2000-2030, lapopulation de la région devrait presque doubler parrapport à son niveau actuel, estimé à 296 millionsd'habitants. Ceci pourrait avoir une incidencenégative majeure dans les zones à sols fragiles ou vulnérables, ainsi que sur les terrains en pente. Cesfacteurs combinés influeront directement sur les ressources hydrauliques de la région. Quoique lepotentiel d'expansion futur soit limité, le taux d'ex-ploitation des terres arables passera à 82 pour cent

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Tableau 3.1 Les principaux systèmes de production du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

Systèmes de production Superficie Pop.Agric. Principaux moyens (% de la région) (% de la région) d’existence

Irrigué 2 17 Fruits, légumes, culture de rente

Mixte des hauts plateaux 7 30 Céréales, légumineuses, ovins, activités para-agricoles

Mixte pluvial 2 18 Culture arboricole, céréales, légumineuses,activités para-agricoles

Mixte aride 4 14 Céréales, ovins, activités para-agricoles

Pastoral 23 9 Ovins, caprins, orge, travaux para-agricoles

Dispersé (aride) 62 5 Chameaux, ovins, travaux para-agricoles

Pêche côtière artisanale 1 1 Pêche, activités para-agricoles

Urbain <1 6 Horticulture, élevage, activités para-agricoles

Source: Données et connaissance FAO.Note: La prévalence de la pauvreté porte sur le nombre de personnes vivant dans des conditions de pauvreté et non sur l'acuité de la pauvreté.

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du potentiel total. Cependant, les terres nouvelle-ment cultivées seront assujetties à de sérieux pro-blèmes de climat, de pente ou de carences. Durant lapériode 2000-2030, la surface totale irriguée devraits'accroître de 20 pour cent, ce qui portera les super-ficies irriguées à un niveau égal à 77 pour cent detoutes les terres potentiellement irrigables. Au total,les besoins en eau d'irrigation devraient augmenterde 14 pour cent, tandis que l'efficacité d'utilisation del'eau pourrait atteindre 65 pour cent. Les projectionsrelatives à l'accroissement de la consommationd'énergie (6 pour cent) sont faibles, mais la régionpourra toujours parvenir à un niveau de consomma-tion journalière moyenne de 3 170 kcal jusqu'à l'hori-zon 2030, ce qui dépasse largement la moyenne despays en développement, estimée à 3 020 kcal.

PRIORITÉS STRATÉGIQUES RETENUESPOUR LE MOYEN-ORIENT ETL'AFRIQUE DU NORD

Les objectifs prioritaires retenus par les Etats de larégion portent sur le développement des infrastruc-tures essentielles (routes, adduction d'eau, services,systèmes énergétiques), la réglementation de l'utilisa-tion des ressources et la fixation des prix pour desressources de plus en plus rares, en particulier l'eau.Il conviendra de mieux gérer les ressources au planrégional et de veiller à une plus grande participationdes parties prenantes pour la gestion et la protectiondes terres, de l'eau et des pâturages. Pour ce faire, ilconviendra de renforcer les institutions locales etd'habiliter les communautés mais aussi d'initier despartenariats plus constructifs entre le secteur privé,les principaux donateurs et l'Etat. Il s'agira égale-ment de mettre en place la législation et le cadreréglementaire nécessaires pour contrôler la pressionexercée par les activités de pâturage sur les terresarides et de plateaux. Ces actions devraient être asso-ciées à l'élaboration de: (i) politiques et réglementa-tions dissuadant de l'importation de grains bonmarché utilisés pour l'alimentation animale; (ii) lamise en place de groupes de commercialisation desproduits; et (iii) l'initiation de groupes d’action et derecherche.

Les systèmes irrigués, contrairement à biend'autres systèmes, offrent la possibilité d'une plusgrande diversification, d'association et d'intensifica-tion culturales. Un autre domaine d'investissementqui pourrait être privilégié porte sur la diversificationet l’orientation vers des modes culturaux économi-

sant les ressources hydrauliques. Cela passe par ledéveloppement et l'accès par les producteurs à desmicrosystèmes de distribution de l'eau, qui ne sontactuellement à la portée que d'un groupe relative-ment restreint de fermiers commerciaux. Il convien-dra également pour les groupements de produc-teurs-chercheurs de créer ou d'explorer de nouveauxsystèmes de rotation et d'association culturales ainsique de gestion de la période de culture et de récolte.L'introduction de techniques, d'équipements et destratégies favorisant des pratiques agricoles deconservation faisant un meilleur usage de la main-d'œuvre, du sol et des ressources hydrauliques estégalement d'une importance capitale pour la région.

En dépit du fait que l'économie de ces pays soitbasée sur le pétrole, la production agricole et les res-sources hydriques n'en demeurent pas moins deséléments vitaux pour les populations agricoles. Lesperspectives de réduction de la pauvreté agricole et la poursuite des objectifs internationaux visant àcet effet semblent bonnes. Cependant, deux groupesdemeurent toujours exclus de la plupart des initia-tives de développement. Il s'agit des producteurs lesplus pauvres en zones arides et des éleveurs. Nombrede menaces pèsent sur la stabilité et la pérennité dessystèmes basés sur les ressources naturelles, tandisque les politiques alimentaires inappropriées ouinappliquées exercent une pression supplémentairequi se traduit par de faibles prix en zones urbaines,au détriment des producteurs les plus pauvres et deséleveurs. Des enseignements ont néanmoins été tiréset on assiste à une reconnaissance progressive de lanécessité de réorienter les interventions de dévelop-pement vers l'élimination de la pauvreté par une utilisation durable des ressources. Cinq initiativesstratégiques majeures sont proposées:

Une meilleure gestion de l'irrigation. Une plus grandeefficacité dans la gestion de l'eau d'irrigation estessentielle pour appuyer l'intensification et la diversi-fication de la production et freiner l'amenuisementdes ressources. Les périmètres irrigués utilisant l'eaude surface et les eaux souterraines seront inclus dansce programme. L'accent devra être mis sur la techno-logie, le coût de l'eau et sur d'autres aspects régle-mentaires.

Une gestion durable des ressources. Les ressourcespédologiques et hydrauliques doivent être conser-vées. Il convient de mieux gérer les bassins versantsdans les zones de collines et de montagnes, de conser-ver les sols dans les terrains en pente et d'améliorer

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la gestion des parcours pastoraux. L'accent devraêtre mis sur le renforcement des groupes d'utilisa-teurs de ressources au plan local, pour une meilleuregestion mais aussi pour l'élaboration de politiques àlong terme.

La restructuration des services agricoles. La réorienta-tion des systèmes de recherche agricole pour uneplus grande implication des producteurs renforceral'intensification des systèmes irrigués et mixtespluviaux ainsi que la diversification des activités danstous les systèmes. Les autres initiatives à mener sont:(i) la mise en place des services de vulgarisation baséssur une large gamme de prestataires de servicespublics et privés et (ii) un appui accru aux agro-industries afin de créer des débouchés non agricolesau profit des agriculteurs.

La revitalisation des systèmes d'irrigation agricole.L'adoption de nouvelles approches par rapport à la

science et aux systèmes d'enseignement supérieur est un aspect particulièrement important dans la formation des diplômés qui travailleront dans lesentités du secteur agricole public et privé. Lesavancées significatives dans les domaines de l'ensei-gnement interdisciplinaire et de la pensée systémiquequi ont grandement contribué à l'éducation agricoledans d'autres parties du monde au cours des 20 der-nières années doivent être adaptées.

La rationalisation des politiques agricoles. Les politiquesdoivent réorienter les activités de développementvers l'élimination de la pauvreté axée sur une utilisation durable des ressources. Il est impératif dedécourager l'importation des céréales bon marchéutilisées pour la production animale intensive et de lever toutes formes de subventions aux faibles prixappliqués en zones urbaines, au détriment des agriculteurs les plus pauvres et des éleveurs.

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LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION

Cette région9 regroupe 28 pays dont la plupart ontinitié de profondes réformes économiques au coursdes dernières années. Il existe deux sous-régionscaractérisées par des différences significatives dansles progrès et les résultats obtenus dans la mise enoeuvre de ces réformes: (i) l'Europe centrale et duSud-Est (ECSE); et (ii) la Communauté des Etatsindépendants (CEI). Le premier groupe regroupeles Etats baltes, la Pologne, les pays d'Europecentrale et australe et la Turquie. Il couvre unesuperficie de 210 millions d’hectares pour une popu-lation rurale de 67 millions d'habitants dont 38 millions interviennent dans le domaine agricole.La zone la plus productive s'étend dans la partieagroécologique subhumide. On y rencontre commu-nément des zones de montagnes et de collines avecplus de 30 pour cent de pentes dans la sous-régionaustrale. La CEI regroupe tous les pays de l'ancien-ne Union soviétique, à l'exception des Etats baltes, etcouvre une superficie totale de 2 180 milliards d’hec-tares, avec une population de 284 millions d'habi-tants dont 33 pour cent vivent en zones rurales. Devastes surfaces couvrant plus de la moitié de larégion s'étendent dans la partie Nord aride ou sub-humide sèche caractérisée par les pergélisols et undéficit hydrique qui les rend impropres à la culture.La densité démographique y est inférieure à troishabitants par km2. Les systèmes les plus productifsde cette sous-région sont localisés dans la zoneagroécologique subhumide à l'Ouest. La plus grandepartie de la sous-région s'étend dans la zone aride etsemi aride avec un potentiel de production limité,

sauf en conditions irriguées. Ces deux sous-régionsont enregistré d'importantes réductions de leurniveau de production, de même qu'une augmenta-tion de l'inégalité sociale et un accroissement despopulations vivant en conditions de pauvreté.

Au total, 11 principaux systèmes de productionont été identifiés et résumés au Tableau 4.1 puisillustrés sur la carte. Les trois systèmes les plusimportants en termes de population, d'ampleur de la pauvreté et du potentiel de croissance et deréduction de la pauvreté sont brièvement décrits ci-dessous.

Le système de production mixte. Il couvre une superfi-cie de 85 millions d’hectares confinés dans les bassesplaines d'altitude en zone subhumide à sols hydro-morphes. Les superficies cultivées sont estimées à 35 millions d’hectares, essentiellement exploitées enblé, maïs, oléagineux et seigle ainsi que de petitessuperficies constituées de cultures fruitières et maraî-chères. La population totale est estimée à 99 millionsd'habitants dont 16 millions intervenant dans ledomaine de l'agriculture. La production animaleporte essentiellement sur les produits laitiers, le bœufet le porc. Les zones de collines et de montagnes asso-ciées sont couvertes de pâturages et de forêts. Cesystème est caractérisé par deux sous-systèmes domi-nants: les exploitations familiales à petite et moyenneéchelle et les exploitations commerciales à moyenneet grande échelle encore appelées fermes coopéra-tives. La pauvreté y est jugée modérée et se confineparmi les groupes les plus vulnérables tels que lesminorités ethniques, les chômeurs, les travailleursnon spécialisés et les populations exploitant deszones marginales.

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9 Voir en annexe la liste des pays inclus dans cette région.

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Le système de production céréales–cultures maraîchèresà grande échelle. Ce système, caractéristique del'Ukraine, du sud-ouest de la Fédération de Russie etde la République de Moldava couvre 100 millionsd’hectares dont 38 millions de terres cultivées, essen-tiellement dans la zone agroécologique subhumide.La population est de 68 millions d'habitants dont 15 millions d'agriculteurs et les principales culturessont le blé, l'orge, le maïs, le tournesol, la betterave etles produits maraîchers. La plupart des exploitationssont de grande étendue – 500 à 4 000 hectares –regroupées essentiellement en coopératives ou fonc-tionnant comme des entités commerciales. Elles negénèrent que peu ou pas de revenu en liquidités et les membres des coopératives ou les ouvriers agricoles dépendent de la production obtenue sur les lopins familiaux pour leurs propres besoins. Les niveaux de pauvreté sont jugés modérés à importants.

Le système extensif céréales-élevage. On le rencontre àtravers toute la zone agroécologique semi aride de laFédération de Russie et dans le nord du Kazakhstanmais il couvre aussi de vastes superficies dans le sud du Kazakhstan, du Turkménistan et del'Ouzbékistan. Elle s'étend sur 425 millions d’hectares

dont 107 millions sont cultivés. La population estestimée à 98 millions d'habitants dont 14 millionsdans le secteur agricole. Il s'agit de la zone de lasteppe, traditionnellement utilisée par les bergerstranshumants mais aujourd'hui transformée en zonede culture. Les principales spéculations sont le blé, lefoin et d'autres cultures fourragères associées à l'éle-vage de bovins et d'ovins. Dans les régions plusarides, avec une pluviométrie annuelle oscillant entre200 et 300 m, les terres sont laissées en jachère tousles deux ans. La propriété foncière passe d'un modecollectif et de fermes étatiques à un système de coopé-ratives et d'entreprises commerciales regroupant unnombre de plus en plus important de petites fermesfamiliales. La pauvreté est la plus répandue chez lespopulations âgées, les jeunes familles, les membresdes anciennes coopératives mais aussi dans les zonesurbaines.

Évolutions significatives au niveau de la région

Contrairement aux autres régions à revenu faible ouintermédiaire, la croissance démographique stagnedans la région. Ceci peut s'expliquer par l'importan-te baisse du niveau de vie des populations par suitede l'effondrement du système d'économie à planifica-

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Tableau 4.1 Principaux systèmes de production de l’Europe de l'Est et d’Asie centrale

Systèmes de production Superficie Pop.Agric. Principaux moyens (% de la région) (% de la région) d’existence

Irrigué 1 4 Coton, riz/céréales, tabac, fruits, légumes,activités non agricoles

Mixte 4 18 Blé, maïs, oléagineux, orge, élevage

Élevage en zone de forêt 3 5 Fourrage, foin, céréales, cultures industrielles,pommes de terre

Mixte axé sur l'horticulture 3 11 Blé, maïs, oléagineux, fruits, maraîchage intensif,élevage, revenus non agricoles

Céréales-légumes à grande échelle 4 16 Blé, orge, maïs, tournesol, betterave, légumes

Céréales-élevage à petite échelle 1 4 Blé, orge, ovins et caprins

Céréales-élevage extensif 18 15 Blé, foin, fourrage, bovins, ovins

Pastoral 3 10 Ovins, bovins, céréales, cultures fourragères,pommes de terre

Dispersé (froid) 52 2 Seigle, avoine, rennes, pommes de terre, porcs, forêts

Dispersé (aride) 6 8 Orge, ovins

Urbain <1 - Légumes, volaille, porcins

Source: Données et expertise FAO.

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tion centrale à la fin des années 80. La consommationd'énergie par habitant, qui était au milieu des années80 supérieure à celle des pays industrialisés, a chutéde presque 15 pour cent une décennie plus tard. Lapauvreté a augmenté plus rapidement que la sous-alimentation, le nombre des personnes vivant dans lapauvreté ayant passé de 14 millions en 1987-1988 à147 millions en 1993-1995.

Les tendances antérieures indiquent une baissedans l'utilisation des terres arables, après des décen-nies d'expansion à large échelle des terres labouréesau détriment des marécages, des forêts et dessteppes, souvent dans des zones ne se prêtant pas àune agriculture durable. Il est possible que les activi-tés culturales dans certaines des zones les plus margi-nales soient abandonnées. Les techniques culturalesont évolué pour prendre en compte la part croissan-te des cultures vivrières, au détriment des culturesfourragères et industrielles. Les rendements ontchuté et la principale cause de la baisse de producti-vité réside dans le faible niveau d'utilisation desengrais. Les rendements devraient augmenter àl'avenir mais à un rythme très modéré, avec pourcatalyseur la recapitalisation des fermes, la disponibi-lité de technologies améliorées et une plus grandeexpérience acquise en matière de gestion descultures dans un contexte de faible utilisation d'in-trants externes non subventionnés. Il est prévu desmutations dans les techniques culturales suggéréespar le marché. Au cours des dix dernières années, laproduction animale a enregistré un recul annuel de4,5 à 8,5 pour cent. Les prévisions effectuées jusqu'en2030 indiquent un faible niveau de reprise et destaux annuels de croissance du cheptel inférieurs à 1 pour cent.

PRIORITÉS STRATÉGIQUES RETENUESPOUR L’EUROPE DE L’EST ET L’ASIECENTRALE

Le développement futur de la région sera facilité parde nouvelles privatisations, des ajustements structu-rels, la libéralisation du marché et l'expansion dessystèmes de production caractérisés par des petitesfermes privées ou des exploitations familiales. Aprèspresque dix ans de réformes et l'adoption de poli-tiques de transition plus complètes, la mutation del'agriculture a atteint un niveau très avancé dans lespays ECSE où la production et la productivité de lamain d'œuvre sont en hausse. Par contre, les paysCEI gagneraient à transformer leurs grandes unités

agricoles et à lever les disparités notées dans ledomaine de la production, de la fixation des prix etde la commercialisation des produits «stratégiques».Deux approches peuvent être envisagées. Lapremière consisterait en la mise en place de petitesfermes privées gérées par une exploitation commer-ciale de taille moyenne qui loue des terres à sesanciens membres et leur offrirait ses services. L'autreoption pourrait se traduire par la création de petitesfermes entièrement indépendantes avec des servicesfournis par des personnes physiques au sein dugroupe (p.ex. des propriétaires de tracteurs pour lesservices mécaniques) ou à travers divers mécanismesde coopération. La réglementation foncière devraitprivilégier la propriété ainsi que la libre cession destitres fonciers, au moins pour les terres arables.

Dans la plupart des pays CEI, les réformes écono-miques se sont souvent traduites par l'effondrementde l'ancien système, basé sur un contrôle étatique dela commercialisation des matières premières et desproduits transformés, et la spécialisation de certainesrégions ou républiques dans la production deproduits agricoles. Les politiques en matière de prixet de commerce doivent être rapidement amélioréeset les obstacles juridiques au développement desmarchés levés. Par ailleurs, les barrières commer-ciales informelles doivent être levées et la qualité des produits améliorée grâce à la promotion desnormes et à des facilités accordées à de nouveauxtypes de petites industries de transformation privées. Il conviendra également de renforcer les institutions locales afin d'encourager et de promou-voir le développement de nouvelles structures decommercialisation.

Il existe un potentiel considérable de croissanceagricole et de réduction de la pauvreté dans larégion. Concernant les stratégies à mettre en œuvrepar les ménages pauvres pour sortir de la pauvreté,la diversification des entreprises a toutes les chancesde réussir au plan régional, suivie d'une augmenta-tion des revenus non agricoles. Le défi global deréduction de la faim et de la pauvreté requiert troisinitiatives stratégiques majeures, qui portent toutessur le renforcement des capacités des institutionslocales – tant dans le secteur privé que public – afinde mettre à profit la restructuration des exploitationsagricoles et la libéralisation économique. Dans lesecteur public, ceci implique l'acquisition de lacapacité nécessaire pour passer d'un rôle de planifi-cation dans un contexte de système économiqueglobal à un rôle d'appui et d'orientation. Dans lesecteur privé, cela signifie l'acquisition des connais-

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sances et des compétences nécessaires pour interve-nir dans une économie libérale. Les initiatives propo-sées, liées entre elles, sont les suivantes;

Un meilleur accès aux ressources. Améliorer lesrégimes fonciers afin d'encourager une utilisationefficace des terres et l'émergence d'unités agricolesprivées viables, les composantes en sont: la conduiteà son terme du processus de distribution des terres;la poursuite de l'appui et du développement dessystèmes d'administration agraires; la promotion dutransfert formel des terres (par location, bail ouvente) et par des interventions juridiques appro-priées, le titrage foncier et l’évaluation foncière; etdévelopper des compétences en matière de gestionimmobilière.

Un développement élargi des marchés. Il est essentiel defaciliter et améliorer la commercialisation desproduits alimentaires et agricoles. Les activitésconcernées sont un appui aux organisations de pro-ducteurs, aux commerçants et aux transformateurs

viables; investir dans des infrastructures de marché (y compris le développement des systèmes d'informa-tion sur les marchés et les prix); améliorer la qualitédes produits alimentaires afin de se conformer auxnormes internationales et lever les obstacles juri-diques à une commercialisation efficiente.

Un renforcement des services agricoles. La viabilité desnouveaux modes d’exploitation suppose la mise enplace de nouveaux types de services «post-privatisa-tion» Les activités comprennent la prestation deservices de conseil aux secteurs public et privé, deformation, et de dissémination d’informations denature à améliorer les capacités techniques et com-merciales des agriculteurs privés.

D'autres mesures telles que la réhabilitation des péri-mètres irrigués viables et la mise en place de méca-nismes de financement en milieu rural doivent êtreprivilégiées à l’échelle régionale. Cependant, pourune efficacité accrue, les capacités locales devrontêtre préalablement renforcées.

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LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION

Cette région10 compte une population de 1 344 mil-liards d'habitants – soit plus d'un quart de la popula-tion des pays en développement, pour une populationagricole de 751 millions d'habitants. La proportion dela population sous-alimentée et pauvre y est plusélevée que dans toute autre région en développementet plus des deux tiers de cette population vivent enmilieu rural. En dépit des améliorations réalisées enmatière de sécurité alimentaire au cours des trois der-nières décennies, 254 millions de personnes environdemeurent sous-alimentées, tandis que 43 pour centde la population mondiale vivant avec moins d'undollar par jour vivent dans cette région. La densité dela population rurale – estimée à 1,98 habitants parhectare, est également plus élevée que dans touterégion en développement et la concentration de lamajorité de la population sur moins de la moitié de lasuperficie totale a entraîné une sévère pression sur lesressources naturelles. 19 pour cent de la superficietotale est caractérisée par une forte densité démogra-phique, des zones de bas fonds humides ou subhu-mides abritant l'essentiel de la population de cetterégion (43 pour cent) tandis que 29 pour cent de lasuperficie est de type sec, subhumide et à hautedensité démographique, avec 33 pour cent de la popu-lation qui y vivent. Les 32 pour cent restants sontconstitués de plateaux semi-arides et arides regrou-pant seulement 19 pour cent de la population de la région.

Les 11 systèmes de production décrits dans la régionsont résumés au Tableau 5.1

Les quatre systèmes prédominants en termes depopulation, d'ampleur de la pauvreté et de potentielde croissance et de réduction de la pauvreté sont briè-vement décrits ci-dessous.

Le système rizicole. Il est surtout caractérisé par uneriziculture extensive de bas-fonds sur des périmètresfragmentées, avec ou sans irrigation. La superficietotale est de 36 millions d’hectares tandis que lesterres cultivées couvrent 22 millions d’hectares, dont 10 millions (43 pour cent) sous irrigation. Lapopulation agricole est estimée à 263 millions d'habi-tants. Ce système est prédominant au Bengladesh et au Bengale occidental et côtoie un élevage de 50 millions de bovins ainsi qu'un nombre non négli-geable de petits ruminants. Les agriculteurs pauvresexploitent des surfaces extrêmement réduites etcomptent souvent sur les revenus non agricoles pourleur survie. La pauvreté y est extensive et chronique.

Le système de production axé sur le riz et le blé. Cesystème est caractérisé par une riziculture d'été suivied'une culture irriguée du blé en hiver (et quelquefoisaussi d'une culture maraîchère de printemps sur unecourte période) et s'étend sur une large bande allantdu nord du Pakistan et de l'Inde, passant par la plainedu Gange jusqu'au nord-est du Bengladesh. La super-ficie totale est de 97 millions d’hectares et les terrescultivées occupent 62 millions d’hectares dont environ78 pour cent en conditions irriguées. La populationagricole est de 254 millions. On y note un niveau signi-ficatif d'intégration cultures-élevage, avec 119 millionsde bovins et 73 millions de petits ruminants. Lapauvreté y est très répandue et également très grave.

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10 Voir en annexe la liste des pays composant cette région.

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Le système mixte des hauts plateaux. Ce système mixtecultures-élevage généralement pratiqué entre lesplaines exploitées en riz et blé sur les plateaux et leszones de hautes montagnes à population disperséementionnées plus haut, s'étend le long de la chaînehimalayenne avec de petites enclaves en Afghanistan,en Inde australe et au Sri Lanka. Les principales pro-ductions sont les céréales, les légumineuses, lescultures maraîchères, les arbres fourragers, lesvergers et l'élevage. La superficie totale est de 65 millions d’hectares dont 19 millions cultivés,notamment 14 millions en irrigués. La populationagricole est de 53 millions et l'on compte 45 millionsde bovins et 66 millions de petits ruminants.L'incidence de la pauvreté, aggravée par les distanceset l'absence de services sociaux, est jugée modérée àimportante.

Le système de culture pluviale mixtes. Ce système deculture pluviale et d'élevage occupe la plus grandesurface au sein du sous-continent et est confinépresque entièrement en Inde. La superficie totale estde 147 millions d’hectares tandis que les superficiescultivées sont 87 millions d’hectares dont 16 pourcent en irrigués. Les principales cultures pratiquées

sont le riz, le blé dans une moindre mesure, le petitmil, le sorgho, une gamme de légumineuses à grainset de cultures oléagineuses, la canne à sucre, lescultures maraîchères et les fruits. La populationagricole est estimée à 226 millions d'habitants.L'élevage regroupe 126 millions de bovins et 64 millions de petits ruminants. Le principalecontrainte est la variabilité climatique et économiqueextrême. La pauvreté est extensive et sa sévérité s'accroît considérablement après les périodes desécheresse.

Évolutions significatives au niveau de la région

La population de cette région, estimée à 1 344 mil-liards d'habitants en 1999 devrait passer à 1 920 mil-liards à l'horizon 2030 tandis que la proportion depopulation urbaine atteindra 53 pour cent. Lenombre de personnes vivant avec moins de 1 dollarpar jour devrait baisser de 40 pour cent à environ 18à 25 pour cent. Les superficies cultivées n'augmente-ront que de manière marginale tandis que lessurfaces irriguées continueront de s'accroîtrequoique modérément. Les rendements rizicoles ontaugmenté en moyenne de presque 2 pour cent par

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S Y S T È M E S D E P R O D U C T I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

Tableau 5.1 Principaux systèmes de production rencontrés en Asie du Sud

Systèmes de production Superficie Pop.Agric. Principaux moyens (% de la région) (% de la région) d’existence

Riz 7 17 Riz pluvial (les deux saisons), cultures maraîchères,légumineuses, activités non agricoles

Pêche côtière artisanale 1 2 Pêche, noix de coco, riz, légumineuses, élevage

Riz-Blé 19 33 Riz irrigué, blé, cultures maraîchères, élevage et produits laitiers, activités non agricoles

Mixte des hauts plateaux 12 7 Céréales, élevage, horticulture, migration saisonnière

Mixte pluvial 29 30 Céréales, légumineuses, cultures fourragères, élevage,activités non agricoles

Pluvial aride 4 4 Céréales, céréales irriguées, légumineuses,activités non agricoles

Pastoral 11 3 Elevage, culture irriguée, migration

Dispersé (Aride) 11 1 Elevage lorsque l'humidité saisonnière le permet

Dispersé (Montagne) 7 0.4 Pâturage d'été

Arboricole dispersé 1 Exportations ou cultures agro-industrielles, céréales,travail rémunéré

Urbain <1 1 Horticulture, produits laitiers, volaille, autres activités

Source: Données et expertise FAO.

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an au cours des 30 dernières années tandis que laproduction de blé a enregistré une hausse de plus de250 pour cent, passant à presque 100 millions detonnes en 2000, et le taux de croissance de ces deuxcultures sera maintenu durant cette période jusqu'en2030. L'utilisation d'engrais minéraux s'est rapide-ment accrue au cours des dernières années, passantde 3 kg d'éléments fertilisants par hectare en 1970 à79 kg par hectare au milieu des années 90 et devraitaugmenter davantage mais à un rythme moinssoutenu. L'augmentation des revenus des popula-tions s'accompagnera d'une demande accrue enviande (en particulier la volaille et les œufs, lemouton et la viande de chèvre) et de la demande enproduits laitiers. Cependant, le nombre des rumi-nants est susceptible de se stabiliser et même debaisser au fur et à mesure que les tracteurs se substi-tueront à la traction animale, actuellement assuréepar les bovins.

LES PRIORITÉS STRATÉGIQUESRETENUES POUR L'ASIE DU SUD

Un appui conséquent devra être consacré à la diver-sification des petites exploitations et à la promotionde l'emploi dans les économies rurales non agricoles,vu leur importance pour la réduction de la pauvretéà travers les différents systèmes de production. Lesmesures de nature à aider les ménages agricoles àdiminuer leur dépendance dans l’agriculture serontune importante priorité secondaire et devront portersur l'amélioration de l'éducation rurale et l'initiationà des compétences professionnelles. La réduction dela pauvreté peut également passer par l'intensifica-tion des modes de production actuels, par unemeilleure gestion de l'eau et par l'adoption de tech-nologies améliorées. Du fait de la pression exercéesur les terres, il y aura moins d'opportunités deréduction de la pauvreté dans tout autre domaineque dans l'expansion des exploitations des petits pro-ducteurs pauvres. Pour cette raison, une utilisationdurable des terres et des ressources hydrauliquesconstitue une priorité stratégique essentielle.

La décentralisation et le renforcement des institu-tions locales seront des aspects clés pour le dévelop-pement de la plupart des systèmes d'utilisation. Desinvestissements dans les routes et les services d'édu-cation seront également un volet crucial de toutestratégie visant l'accélération de la productionagricole et le développement rural. La prioritédevrait aussi être accordée à une gestion intégrée des

éléments fertilisants en milieu paysan, accompagnéed'incitations économiques pour une utilisationrationnelle des intrants. Une agriculture de conser-vation doit être vulgarisée, avec une plus grande inté-gration de l'élevage et de l'arboriculture.

Des améliorations significatives dans la gestion del'eau ne seront possibles que si des marchés de l'eaufonctionnels sont mis en place et des coûts réalistesappliqués. La croissance et la réduction de lapauvreté peuvent émaner du réaménagement despolitiques et réglementations foncières aujourd'huiobsolètes. Des investissements considérables devrontêtre réalisés dans les marchés de produits locaux etdans les systèmes d'information sur les prix, particu-lièrement dans les systèmes les plus reculés. Enfin,des services financiers ruraux tels que la microfinan-ce et l'établissement de liens avec les banques conven-tionnelles sont à privilégier. Au cours des 30 années àvenir, l'investissement visant à donner aux petits producteurs la capacité d'accéder à une meilleureinformation sur les marchés, les services et les tech-nologies devra être prioritaire. L'investissement dansles ressources humaines devra être renforcé pourstimuler la diversification et la création d'entreprisesà main-d'œuvre hautement qualifiée ainsi que la promotion d'une petite industrie rurale locale.

Le développement agricole demeurera une impor-tante composante de la réduction de la pauvreté dansle proche avenir en Asie du Sud. Il conviendra deprendre en compte la dégradation des ressources etla nécessité d'instaurer des liens avec l'économierurale non agricole. La principale source de réduc-tion de la faim et de la pauvreté serait la diversifica-tion économique pour mettre en place des entre-prises viables, comprenant la transformation localedes productions. L'accroissement des revenus nonagricoles et l'intensification des modes de productionexistants constituent la seconde priorité, suivie parles mesures d'aide à la diversification des moyensd’existence. L'accroissement de la taille des exploita-tions revêt une importance moindre.

Quatre initiatives stratégiques majeures sont pro-posées:

Une gestion améliorée des ressources hydrauliques. Lagestion améliorée de l'eau est essentielle pourappuyer l'intensification et la diversification de laproduction et pour freiner l'amenuisement des res-sources, tant en surface que souterraines. Lesdomaines à renforcer sont: la technologie, l'utilisationconjointe des ressources, la révision des coûts de l'eauet autres mesures réglementaires, la mise en place

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d'associations d'usagers de l'eau et la protection desbassins versants.

Le renforcement des groupes d'usagers des ressources. Ils'agit là d'un moyen de freiner la dégradation quis'étend sur les terres et de contrôler l'eau dans lesplaines et les collines pour protéger les ressourceshydrauliques. L'accent devra être mis sur la mise enplace de groupes de gestion des ressources pour lagestion des bassins versants dans les collines et leszones de montagne; la création de comités de gestiondes parcours pastoraux; l'élaboration de politiquesfavorisant une gestion effective des ressources collectives.

L'amélioration de l'infrastructure rurale. Le rendementdes capitaux investis dans le transport et la santé sontélevés et favorables aux pauvres surtout dans leszones à faible potentiel et dans les régions de hauts

plateaux. L'accent devrait être mis sur les routes,l'eau potable, les écoles et les structures de santé, etsur les modèles à adopter pour une plus grande par-ticipation du secteur privé.

Réorientation des services agricoles. La réorientationde la recherche agricole, de l'éducation, de l'informa-tion et des systèmes de vulgarisation pour une partici-pation complète du paysan accompagnera les effortsd'intensification et de diversification et permettra depromouvoir la gestion durable des ressources.L'accent devra être mis sur des modèles de fourniturede services conjointement assurés par le secteur publicet privé; la prestation de services consultatifs plura-listes, la prestation de services basée sur l'Internet, ladiffusion de l'information sur les marchés, l'informa-tion technique des petits producteurs et l'intégration àl'enseignement supérieur du travail multidisciplinaireet des systèmes de production.

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A S I E O R I E N TA L E E T PAC I F I QU E

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11 Voir en annexe la liste des pays d’Asie orientale et des îles du Pacifique composant cette région. A noter que Hong Kong, l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande, Singapour et Taïwan sont exclus.

LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION

La population de cette région11 est estimée à 1 836milliards d'habitants (soit juste plus d'un tiers de lapopulation totale des pays en développement), pourune population agricole de 1 124 milliards d'habi-tants, soit 62 pour cent. Les pays qui composent cetterégion se caractérisent par une forte hétérogénéitéen termes de superficie et de densité démogra-phique. La majorité de la population se trouveconcentrée dans deux pays, à savoir: la Chine (1 278milliards d'habitants, soit 68 pour cent de la région)et l'Indonésie (205 millions d'habitants, soit 12 pourcent de la population de la région). Ces deux paysoccupent respectivement la première et la quatrièmeplace dans le classement des pays les plus peuplés dumonde.

Environ 15 pour cent de la population, dont unquart en Chine, vivent dans des conditions depauvreté. L'incidence de la pauvreté rurale est enmoyenne deux fois plus élevée que dans les zonesurbaines mais les niveaux varient considérablementavec, par exemple, 4,6 pour cent des habitants enzone rurale en Chine affectés contre plus de 57 pourcent au Vietnam. A l'exception de la Chine et de la République de Corée, les économies des pays de la région sont essentiellement de type agraire. Lapart moyenne du secteur agricole au PIB total est de13 pour cent mais elle dépasse 50 pour cent au Laos,au Myanmar et au Cambodge.

Les 11 systèmes de production répertoriés danscette région sont résumés au Tableau 6.1 ci-dessouset illustrés sur la carte jointe.

Les systèmes prédominants en termes de popula-tion, d'ampleur de la pauvreté et du potentiel decroissance et de réduction de la pauvreté sont briève-ment décrits ci-dessous.

Le système de production de riz de bas-fonds. L'aired'extension de ce système intensif couvre les zonestropicales humides et subhumides, sur 197 millionsd’hectares, et c’est le plus important système de pro-duction du monde en termes de population, estiméeà 474 millions d'habitants. Les surfaces cultivées sontestimées à 71 millions d’hectares, dont 45 pour centsous irrigation. On trouve de vastes étendues exploi-tées en Thaïlande, au Vietnam, au Myanmar, enChine australe et centrale, aux Philippines et enIndonésie. L'intensité culturale de la riziculture esttributaire de la distribution des précipitations, de lalongueur de la saison de croissance et de la disponi-bilité des structures d'irrigation. Les cultures subsi-diaires importantes sont, en autres, les oléagineux, lemaïs, les cultures racines, le soja, la canne à sucre, lecoton, les cultures maraîchères et les fruits, prati-quées dans tous les pays de la région, tandis que leblé prédomine en Chine orientale et centrale. Malgrédes efforts déployés par la Chine au cours des der-nières années, la pauvreté est toujours largementrépandue et elle est chronique dans la plupart desautres pays.

Le système de production mixte axé sur l'arboriculture.Ce système est pratiqué dans les zones plates ou àrelief peu marqué, dans les zones tropicales humidesà sols pauvres. Les superficies totales sont estimées à82 millions d’hectares, pour une population agricole

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de 30 millions d'habitants. Les surfaces cultivées sontde l'ordre de 18 millions d’hectares dont 12 pourcent d’irrigués. De larges franges se trouvent enMalaisie, en Indonésie, au Thaïlande, au Cambodge,aux Philippines, au Vietnam, en Chine australe et enPapouasie Nouvelle Guinée. Les principales culturesindustrielles sont l'hévéa, le palmier à l'huile, la noixde coco, le café, le thé et le cacao, associées à descultures telles que le piment et d'autres épices. Ellessont pratiquées dans des plantations privéesétendues mais aussi sur de petites exploitations. On ytrouve également des petites fermes sans arboricultu-re sur lesquelles sont produits des vivriers et descultures de rente, associés à l'élevage. Les plantationsde cocotiers sont prédominantes dans tous les paysd'Asie orientale et du Pacifique. L'incidence de lapauvreté y est moyenne.

Le système de production mixte intensif pluvial. Ilcouvre une large gamme de climats dans les zones enpente d’écologie pluviale mais également sur lescollines. La superficie totale est de 311 millions d’hec-tares pour une population agricole de 316 millionsd'habitants. La superficie cultivée est de 76 millionsd’hectares dont un quart en conditions irriguées.

C'est le système prédominant mais aussi le plus hété-rogène dans cette région. Les principales zones deculture sont localisées dans tous les pays d'Asie orien-tale et du Sud-Est. On y pratique une diversité decultures, pour la plupart permanentes, qui varientselon les conditions locales. Une large ceinture(essentiellement rizicole) est irriguée à partir desruisseaux et fleuves locaux. L'élevage constitue uneimportante composante de la plupart des moyensd’existence avec 52 millions d’UGB. La pauvreté y estfréquente et de niveau modéré à grave.

Le système mixte tempéré. Son aire géographiquecouvre les zones plus arides et plus froides de larégion en Chine centrale – septentrionale et dans cer-taines régions de la Mongolie. La superficie totale estde 95 millions d’hectares pour une populationagricole de 161 millions d'habitants. Les surfaces cul-tivées couvrent 31 millions d’hectares dont 40 pourcent sous irrigation. Les principales cultures sont leblé et le maïs. Des superficies de taille moindre sontemblavées en riz, coton, soja, patate douce et navette,en fonction de la température et des conditionslocales d'alimentation en eau. On y pratique aussi laculture d'agrumes et de fruits de zones tempérées.

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Tableau 6.2 Principaux systèmes de production en Asie orientale et dans le Pacifique

Systèmes de production Superficie Pop.Agric. Principaux moyens (% de la région) (% de la région) d’existence

Riz de bas-fonds 12 42 Riz, maïs, légumineuse à grains, canne à sucre,oléagineux, légumes, élevage, aquaculture

Arboriculture 5 3 Hévéa, huile de palme, noix de coco, café, thé, cacao,épice, riz, élevage.

Cultures à racines et tubercules 2 <1 Cultures à racines (igname, tarot, patate douce),légumes, fruits, élevage (porcin et bétail).

Culture pluviale intensive mixte 19 27 Riz, légumineuse à grains, maïs, canne à sucre,oléagineux, fruits, légumes, bétail.

Culture intensive mixte en altitude 5 4 Riz pluvial, légumineuse à grains, maïs, oléagineux,fruits, produits forestiers, élevage.

Culture tempérée mixte 6 14 Blé, maïs, légumineuse à grains, oléagineux, élevage.

Elevage 20 4 Elevage avec culture irriguée dans les zones propices

Dispersé (forêt) 10 1 Chasse, cueillette.

Dispersé (aride) 20 2 Pâturage local dans les zones où de l'eau est disponible.

Pêche côtière artisanale 1 2 Pêche, noix de coco, cultures mixtes

Urbain <1 1 Horticulture, élevage, revenus non agricoles.

Source: Données et expertise FAO.

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L'élevage est une activité importante, notamment lesbovins (11 millions d’UGB), les porcins et la volaille.L'incidence de la pauvreté est jugée modérée.

Évolutions significatives au niveau de la région

Malgré la population totale qui culminera à 2,3 mil-liards d'habitants à l'horizon 2030, les populationsagricoles seront marginalement moins importantesdu fait d'une forte urbanisation. En outre, le volumedes terres émergées cultivées demeurera en généralinchangé mais les superficies irriguées augmente-ront de presque 20 pour cent, tandis que les zonesforestières enregistreront un recul. La productionsera toujours axée sur les petits exploitants en 2030,en dépit d'un accroissement des spéculations com-merciales. Les rendements moyens seront en haussede 1,2 pour cent par an jusqu'en 2030 mais le tauxd'augmentation des rendements de riz ne sera quede 0,7 pour cent par an. La demande urbaine crois-sante se traduira par une augmentation des niveauxde production de légumes, de fruits et de la pro-duction animale. Le nombre de têtes de toutes lesespèces de bétail (à l'exception du buffle) devraitaugmenter considérablement au cours des 30 pro-chaines années, avec un taux avoisinant plus de 1 pour cent par an, et la demande en produits d’ali-mentation animale croîtra parallèlement. Le tauxd'utilisation d'engrais n'augmentera que de manièremodérée (0,4 pour cent par an).

LES PRIORITÉS STRATÉGIQUESRETENUES POUR L’ASIE ORIENTALE ET PACIFIQUE

Il convient de reconnaître la forte croissance écono-mique ainsi que la réduction progressive de lapauvreté enregistrées en Chine et dans les autrespays de la zone au cours des dernières décennies.Néanmoins, les indicateurs socioéconomiquesmédiocres notés dans la plupart des pays continuentde refléter la persistance de facteurs tels que: (i) ladominance de l'agriculture de subsistance; (ii) lataille réduite des exploitations; (iii) l'accès inadéquataux ressources financières; (iv) l'absence d'opportu-nités pour l'intensification et la diversification; et (v) l'inadéquation des perspectives d’emplois nonagricoles. Cette situation est la résultante de facteurssous-jacents tels que la surpopulation, la fragmenta-tion des terres, l'absence de sécurité foncière et ladégradation des ressources naturelles. Une réduc-

tion plus substantielle de la pauvreté est toutefoispossible si les communautés rurales et les ménagesse voient offrir les incitations et les opportunitésadéquates pour y investir leur travail, leur capital etleurs ressources non agricoles.

De manière globale, les systèmes à plus faiblepotentiel devraient parvenir à une réduction signifi-cative de la pauvreté par la migration vers les villes,tandis que les systèmes à potentiel plus élevé béné-ficieront davantage de la diversification des activitésagricoles et de l'accroissement de la productivité.Tout jugement émis à propos de cette région est for-tement influencé par la situation en Chine; il estévident que la génération d'emplois et de revenusnon agricoles constitue un important aspect pourréduire la pauvreté si l'on sait que la pauvreté ruralepeut être réduite de 40 pour cent par cette stratégie.La diversification des activités agricoles en milieupaysan constitue la deuxième stratégie globale et,associée aux revenus non agricoles, elle constitueprobablement près de deux tiers du potentiel dedéveloppement régional.

Malgré l'importance des politiques qui mettentl'accent sur les aspects sociaux, la résolution de tellesquestions dans les zones rurales est étroitement liée àla croissance agricole. Les membres des communau-tés rurales ont besoin d'opportunités pour améliorerla productivité du travail et utiliser la main-d'œuvreexcédentaire dans le secteur non agricole. Une crois-sance agricole équitable générera des opportunitésbénéfiques pour tous, y compris pour les ménagesruraux défavorisés, qui interviendraient en qualitéde fournisseurs de biens et de services ou en tant quetransformateurs des matières premières. Dans cecadre global, des interventions spécifiques ciblant lesfamilles défavorisées, et frappées par la pauvreté etl'insécurité alimentaire, sont plus que nécessaires.Quatre grandes initiatives stratégiques liées entreelles sont proposées à cet effet.

Compétitivité accrue des petites exploitations.L’amélioration de la compétitivité des petitesexploitations leur permet de procéder à une diver-sification réussie vers des activités plus rémunéra-trices. L’amélioration de la productivité et de latransformation, la mise en œuvre de normes dequalité renforcées, la disponibilité accrue de sourcesde financement ; et l’intégration de technologiesconduisant à des gains de productivité tant dans lescultures à fort rapport économique que dans lesecteur traditionnel, seront les composantes decette initiative.

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Amélioration de l’accès aux ressources. L’améliorationde la productivité passe par une réduction du mor-cellement des terres et une expansion des superficiesd’exploitation marginale. Cette initiative se traduirapar une politique foncière renforcée, par l’introduc-tion de titres fonciers et de baux et par la disponibili-té de crédits pour l’acquisition de terres agricoles.

Instauration d'un environnement favorable à la créationd'emplois non agricoles. C’est dans l’emploi nonagricole que se trouve la meilleure échappatoire à lapauvreté rurale dans la région. Cette composanteconcerne les politiques et les conditions qui favorise-ront le développement de l'emploi non agricole enmilieu rural, avec un accent particulier sur la trans-formation, l'assemblage et le tourisme, parallèlement

à l'amélioration des infrastructures rurales pour denombreux systèmes de production.

Renforcement des capacités des ressources humaines.Pour préserver au cours des années à venir les gainsdes récentes décennies, il est vital de donner auxpetites exploitations les possibilités d’accroître leurbase de connaissances et leur capacité de réactionface aux changements intervenant dans l’agricultureet dans les possibilités d’emploi non agricole. Lesinterventions dans ce domaine porteront sur l'amé-lioration de l’information et des réseaux de connais-sance, le renforcement des capacités des paysans etde l'esprit d'entreprise tandis que les populationsplus jeunes devront bénéficier davantage d'un ren-forcement de leurs compétences professionnelles.

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12 Voir en annexe la liste des pays inclus dans cette région.

A M É R I QU E L AT I N E

E T CA R A Ï B E S

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LA RÉGION ET SES SYSTÈMES DE PRODUCTION

Cette région12 compte 505 millions d'habitants dontune population agricole de 111 millions, soit 22 pourcent de la population totale. Les terres émergées sontestimées à 20,5 millions de km2. Elle regroupe 42 pays dont certains des plus riches au monde entermes de biodiversité. La région abrite également laforêt tropicale non-fragmentée la plus étendue dumonde, dans le bassin amazonien. Environ 90 pourcent des terres émergées sont de type humide et sub-humide. Les surfaces cultivées sont estimées à 160 millions d’hectares dont 18 millions aménagéspour l'irrigation. Avec un PNB moyen par habitantde 3 940 dollars enregistré en 1998, cette région estla plus riche mais aussi la moins tributaire de l'agri-culture. On y note cependant de sérieux problèmesd'équité, car non seulement les riches contrôlent l’es-sentiel des ressources, mais les villes sont privilégiées.Jusqu'en 1997, 54 pour cent des ménages rurauxfiguraient dans la catégorie des pauvres contre seule-ment 30 pour cent en milieu urbain. Par ailleurs, 31 pour cent des ménages ruraux vivaient dans desconditions de pauvreté extrême contre seulement 10 pour cent en zones urbaines. Au total, 47 millionsd'habitants vivant en zones rurales figuraient dans lacatégorie des couches extrêmement pauvres et 78 millions étaient considérés comme pauvres. Lesproblèmes d'équité sont particulièrement criants enmatière de distribution des terres.

Du fait de son étendue en latitude, de sa topogra-phie variée et de sa riche biodiversité, cette régionregroupe l'une des séries de systèmes de productionagricole les plus diversifiées et les plus complexes au

monde. Les 16 systèmes prédominants identifiés sontrésumés au tableau 7.1 ci-dessous et indiqués sur lacarte.

Les quatre systèmes prédominants en termes depopulation, d'importance de la pauvreté, de potentielde croissance et de réduction de la pauvreté sontbrièvement décrits ci-dessous.

Le système mixte extensif (Cerrados et Llanos). Ilcouvre 230 millions d’hectares de zones boisées et desavanes non arbustives dans la partie Centre-Ouestdu Brésil (Cerrados) et en Colombie orientale, auVenezuela et en Guyane (Llanos). L’agriculturen’occupe qu’une population de 10 millions d'habi-tants. Du fait de son éloignement traditionnel desmarchés et des contraintes pédologiques qui le carac-térisent, ce système a été traditionnellement consacréà l'élevage extensif et ce n'est que récemment quel'agriculture a commencé à y jouer un rôle important.Le riz pluvial, antérieurement privilégié – et toujoursprédominant dans les Llanos – est maintenant associéau soja, au maïs et même au café dans les Cerrados.Bien que les surfaces cultivées ne couvrent que 30 millions d’hectares et que l'intensification, malgérée, ait entraîné une sévère dégradation des terresdans certaines régions, ce système mixte renferme unénorme potentiel de croissance agricole. Les niveauxde pauvreté y sont relativement faibles, quoique plusélevés chez les immigrants sans terre qui arriventdans ce système.

Le système mixte aride. Il est pratiqué dans le Nord-Est du Brésil et dans la péninsule du Yucatan auMexique. Les terres émergées couvrent 130 millionsd’hectares pour une population agricole de plus de

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10 millions d’habitants. En dépit des fréquentessécheresses, un peu plus de 2 pour cent des 18 millions d’hectares de terres cultivées sont sousirrigation et l'agriculture est essentiellement de typesemi-subsistance, axée sur l'élevage (24 millionsd’UGB), le maïs, le haricot et la production maraî-chère. Les petits exploitants vivent en grand nombredans des conditions de pauvreté sévère et côtoientune minorité de grands éleveurs qui contrôlent laplupart des terres. La faible productivité, associée aumode de tenure, se traduit par la migration saison-nière des petits exploitants qui ne survivent que parla vente de leur main d'œuvre. La dégradation desterres y est une contrainte majeure.

Le système mixte des hauts plateaux (Andes centrales).Son aire de distribution géographique couvre 120 millions d’hectares, pour une population agricole

de plus de 7 millions d'habitants. Les surfaces culti-vées représentent moins de 3 pour cent des terresémergées dont plus d'un tiers est irrigué. Ce systèmede production est pratiqué dans tout le Pérou, dansles vallées abruptes de la Haute Sierra tandis que duPérou austral jusque dans le Nord du Chili et enArgentine, en passant par la Bolivie occidentale, leshauts plateaux sont les types de reliefs prédominants.Ce système est caractérisé par une production réaliséeà une altitude supérieure à 3 200 mètres et par unedépendance sur les céréales locales, la pomme deterre, les ovins et les Llanos. Une forte tradition decultures locales y est aussi observée. L’incidence de lapauvreté est élevée et souvent très grave. Les grandsexploitants y sont très rares.

Le système d’Amérique Centrale axé sur le maïs-haricot.Il s'étend du Mexique central au Panama, avec une

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S Y S T È M E S D E P R O D U C T I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

Tableau 7.1 Les principaux systèmes de production agricole d’Amérique latine et des Caraïbes

Systèmes de production Superficie Pop.Agric. Principaux moyens (% de la région) (% de la région) d’existence

Irrigué 10 9 Horticulture, fruits, bétail

Zone de forêt 30 9 Agriculture de subsistance/élevage

Plantations côtières et mixte 9 17 Cultures d'exportation/cultures pérennes, pêche,tubercules, tourisme

Mixte intensif 4 8 Café, horticulture, fruits, activités hors exploitation agricole

Céréales-élevage (Campos) 5 6 Riz et bovins

Forêt humide et tempérée 2 1 Elevage, céréales, forêt, tourisme

Maïs-haricot (Amérique Centrale) 3 10 Maïs, haricot, café, horticulture, activités hors exploitation agricole

Mixte intensif des hauts plateaux 2 3 Légumes, maïs, café, élevage porcin, céréales,(Andes du Nord) pommes de terre, activités hors exploitation agricole

Mixte Extensif (Cerrados & Llanos) 11 9 Elevage, oléagineux, grains, un peu de café

Mixte tempéré (Pampas) 5 6 Elevage, blé, soja

Mixte aride 6 9 Elevage, maïs, manioc, main-d'œuvre rémunérée,migration saisonnière

Mixte aride extensif (Gran Chaco) 3 2 Elevage, coton, cultures de subsistance

Mixte des hauts plateaux 6 7 Tubercules, ovins, grains, légumes, activités hors (Andes Centrales) exploitation agricole

Pastoral 3 1 Ovins, bétail

Dispersé (forêt) 1 <1 Elevage, forêt, tourisme

Urbain <1 3 Horticulture, produits laitiers, élevage

Source: Données et expertise FAO.

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population agricole de 11 millions d'habitants dontune forte proportion d’indigènes. Ce système, quicouvre 65 millions d’hectares, est historiquement etculturellement basé sur la production de maïs etd’haricots, pour l’autoconsommation; le café et lesproduits maraîchers sont d'importantes sources derevenus monétaires. Les surfaces cultivées sontestimées à 6 millions d’hectares dont 40 pour centsous irrigation. La perte des terres des vallées plusfertiles au profit de migrants allogènes et des exploi-tations commerciales a accru la pression démogra-phique sur les flancs des collines et des autres terresmarginales, avec comme corollaire une incidence depauvreté généralisée et grave ainsi qu'une dégrada-tion marquée des terres dans plusieurs zones.

Évolutions significatives au niveau de la région

La population de cette région atteindra 725 millionsd'habitants à l’horizon 2030 mais la proportion vivanten zones rurales déclinera de 25 pour cent à 17 pourcent au cours de cette période, ce qui réduira margi-nalement la population rurale par rapport à sonniveau actuel. Au cours de la période 2000-2030, lessuperficies cultivées s'accroîtront d'au moins 20 pourcent tandis que la part des surfaces irriguées resteraconstante, en termes relatifs, à 14 pour cent desterres cultivées. Le niveau de production des princi-pales cultures céréalières a augmenté au cours des 30 dernières années – essentiellement du fait de l’ac-croissement des rendements – tandis que la produc-tion totale demeurera en hausse quoiqu’ à un rythmeplus réduit. Les fruits et légumes sont également enforte croissance; en effet, les superficies consacrées àla production fruitière ont augmenté plus vite que lesautres au cours de cette période. La productiond'oléagineux, en particulier du soja et du tournesol,progresse d’environ 6 pour cent par an depuis 1961et cette tendance devrait se confirmer. La croissanceagricole globale est estimée à 1,7 pour cent par an aucours des 30 prochaines années, pour l’essentielimputable à l’expansion des superficies cultivéesalors que les rendements devraient augmenter demoins de 50. Selon les projections, l'utilisation desengrais jusqu'en 2030 sera en légère hausse (environ1 pour cent par an), tandis que la production animaledevrait croître de 0,9 pour cent annuellementjusqu'en 2030. La population d'ovins et de caprinsdevrait progresser de 0,7 pour cent par an et le nombre de porcins et de volailles augmenterait respectivement de 0,9 pour cent et 1,6 pour cent par an.

LES PRIORITÉS STRATÉGIQUESRETENUES POUR L’AMÉRIQUE LATINE ET LES CARAÏBES

Les trois principaux axes stratégiques suivants sontsusceptibles d'orienter les interventions du gouverne-ment et des institutions pour modifier les systèmes deproduction agricole au cours des trente prochainesannées: (i) l’amélioration de l'accès à la terre et à l'eaudans les systèmes caractérisés par une pauvreté trèsrépandue et parmi les populations pauvres des autressystèmes; (ii) la promotion d’activités de remplace-ment pour les populations agricoles pauvres n'ayantpas d’accès suffisant à la terre et à l'eau pour échapperà la pauvreté; et (iii) le renforcement des biens publicsdans les zones rurales. Dans tous ces domaines, legouvernement doit inévitablement jouer un rôled’avant garde, en collaboration toutefois avec lasociété civile et les acteurs du secteur privé. Dans tousles systèmes (à l'exception des zones les plus reculées),la diversification devrait constituer une importantesource de réduction de la pauvreté agricole et néces-site une orientation plus marquée vers des culturesnon traditionnelles de valeur plus élevée, ainsi quel'initiation d'activités génératrices de valeur ajoutée,telles que le calibrage, le conditionnement et la trans-formation des produits en milieu paysan.

Malgré ces opportunités, la majorité des paysansmarginaux et sous-marginaux n'aura toujours pas lesressources humaines, financières, foncières et natu-relles leur permettant de diversifier leurs produc-tions comme l’impose le marché. Deux principalessolutions sont envisageables: la création d'emploisnon agricoles locaux et l’émigration. La création et lapérennité de l'emploi non agricole en milieu ruraldépendra pour une large part de la croissance desactivités du secteur privé dans des domaines tels quel'agro-industrie, le tourisme et les usines d’assembla-ge. Un appui doit être apporté aux grandsemployeurs tout comme aux petits. Les entités deplus grande envergure peuvent être motivées davan-tage par un appui à la formation de leur personnel etde leurs fournisseurs mais aussi par la mise en placede mécanismes efficaces de règlements des litiges, ledéveloppement ciblé des infrastructures et par desincitations fiscales. La promotion de la petite entre-prise passera essentiellement par la levée des bar-rières juridiques et administratives qui font obstaclesà l'implantation des entreprises, par l'amélioration dumicrocrédit, la formation à la gestion des affaires etpar l'incitation à la mise en place de structuresd'appui à la petite entreprise. Dans les systèmes

A M É R I Q U E L AT I N E E T C A R A Ï B E S

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caractérisés par une incidence élevée de la pauvretéet la disponibilité de ressources naturelles, on nedevrait guère s'étonner des départs massifs, vu lesniveaux de pauvreté et l'accroissement des opportu-nités de services dans les zones urbaines. Le coûtsocial et humain de l’émigration peut être atténuépar des mesures d'appui aux candidats à l’émigrationnotamment en les initiant à des métiers non agri-coles, en reconnaissant leurs droits légaux à la terreet même traditionnels, et en les incitant à émigrervers les villes secondaires plutôt que vers la capitale.

L'équipement en infrastructures constitue un voletessentiel des biens publics et, dans ce domaine, lesroutes, l'électrification et le captage des eaux pourl'irrigation sont d'importants aspects pour la diversi-fication et l'intensification dans nombre de domaines.Cependant, pour que les infrastructures soient effi-caces, elles doivent être réalisées dans un contexteopportun de croissance. La prestation de services devulgarisation et d'information par les services publicsdevra certainement être effectuée au moyen de par-tenariats avec le secteur privé, vu l’enveloppe réduitedes budgets d'investissement public.

Dans l'ensemble, la région présente un contrastemarqué entre les zones extensives à faible densité depeuplement et à potentiel de croissance élevé et lessystèmes à densité démographique élevée qui ont,pour la plupart, une incidence de pauvreté élevée.Pourtant, ces deux régions aux caractéristiquesopposées auront des défis similaires à relever dans les30 années à venir et il est impossible, sur la seule basede l'analyse régionale en cours, de prescrire desinterventions spécifiques. Au plan national, la situa-tion globale demande que la stratégie mette l’accentclairement sur un développement agricole basé surles trois initiatives régionales suivantes, toutes liéesentre elles:

Une gestion durable des ressources. Cette initiativeportera sur la diffusion des technologies qui ont fait

leurs preuves chez les petits exploitants, notamment:le paillage à l’engrais vert, le zéro-labour à petiteéchelle, les haies vives, la culture en terrasse et lezéro-pâturage; un accent accru sur la mise au point,le test et la diffusion de variétés répondant auxbesoins des petits exploitants; le financement del’émigration des agriculteurs désireux de quitter lesterres non productives et la promotion de l'emploinon agricole afin d’alléger la pression sur les zones àforte densité démographique.

Un accès amélioré aux ressources. Le développementpasse nécessairement par un meilleur accès à la terrepour les populations rurales pauvres. Pour ce faire, ilconviendra de: renforcer les services du cadastre etde l’enregistrement foncier et les services de règle-ment des conflits fonciers; mettre en place unsystème de financement des petites exploitations parles banques rurales; acquérir, morceler et revendreles exploitations de grande dimension; introduiredes mesures améliorées de gestion des terres com-munales y compris la protection contre l'invasion et lacolonisation et, enfin, appliquer des politiquesfiscales favorisant une utilisation durable des terres.

Un renforcement de la compétitivité des petites exploi-tations. Dans ce domaine, les principales interven-tions porteront sur: l'initiation des groupes depaysans aux techniques de gestion commerciale etadministrative; l'adoption de technologies amélioréespour la production de cultures de rapport élevé; laréduction des obstacles à la participation des petitesentreprises; la promotion des infrastructures ruralesde marchés, les routes et les télécommunications; etdes mesures d’encouragement au transfert desentités de transformation agricole et structuresconnexes vers les zones rurales. Ce volet couvre laformation du personnel, l’équipement en infrastruc-tures et un appui technique aux producteurscontractuels.

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Nombre de systèmes de production agricole sontconfrontés à une insécurité alimentaire généralisée etaiguë, et celle-ci devrait demeurer une préoccupa-tion majeure au cours des prochaines décennies. Eneffet, selon les projections, il est peu probable que lacommunauté internationale tienne les engagementsqu’elle a pris en vue de réduire la faim et la pauvretéde moitié d’ici à 2015. Dans toutes les régions, lapauvreté et l’insécurité alimentaire sont plus répan-dues et plus graves en zone rurale. Par conséquent, laréduction de la pauvreté en milieu rural constitue unimpératif. Pour ce faire, il faudra adopter, dans denombreux cas, des mesures provisoires afin de main-tenir des normes nutritionnelles et d’existenceminima. Toutefois, les programmes d’allégementimmédiat de la pauvreté doivent s’accompagnerd’améliorations à plus long terme qui reposent surun processus de croissance économique et de déve-loppement favorable aux pauvres.

L’objectif du présent chapitre consiste à étudier etdéfinir les voies et moyens d’honorer l’engagementinternational de réduire de moitié la faim et lapauvreté d’ici à 2015. Il met en évidence l’importan-ce relative des différentes stratégies qui permettentaux ménages d’échapper à la pauvreté, en différen-ciant tant en fonction des grandes catégories desystèmes de production définis ci-dessus, qu’enfonction du potentiel agricole et du caractère plus oumoins intensif des systèmes en question. C’est sur labase des conclusions de ces analyses que sont formu-lées ci-après cinq directions principales pour unestratégie globale de réduction de la faim et de lapauvreté: (i) réformes institutionnelles et de la formulation des politiques de développement; (ii) mesures visant le fonctionnement des marchés;(iii) amélioration du capital humain et de la disponi-bilité de l’information; (iv) application efficace de la

technologie; et (v) mise en œuvre d’une utilisationdurable des ressources naturelles. Dans chacun deces cas, les trois ou quatre initiatives les plus impor-tantes pour réduire la pauvreté sont mises enévidence et examinées en détail.

CLASSEMENT DES SYSTÈMES DE PRODUCTION ET DES STRATÉGIES ÀL’ÉCHELON DOMESTIQUE

Classification générale des systèmes de production

On peut regrouper les 72 systèmes de productionagricole identifiés dans les six sous-régions en voie dedéveloppement en huit grandes catégories (voir lechapitre1) sur la base des caractéristiques relevéesdans les chapitres précédents. Cette classification apour objet de rendre plus aisée la comparaison et l’intégration des leçons tirées de l’expérience dudéveloppement dans le cadre d’une approche straté-gique globale de la lutte contre la pauvreté (voir letableau 8.1) Les huit grandes catégories sont lessystèmes (i) irrigué des petits exploitants agricoles, (ii) humide à base de riz, (iii) pluvial en bas-fondhumide, (iv) pluvial en hauteur, (v) pluvial en climatsec ou froid, (vi) dualiste avec coexistence des grandeset des petites exploitations, (vii) associant pêchecôtière artisanale et agriculture, et (viii) intra-urbain.A l’exception des systèmes dualistes, les petits pro-ducteurs sont la règle dans chacun de ces systèmes.

Importance relative des stratégies de réduction dela pauvreté pour ces différentes catégories

Pour arriver aux objectifs de réduction de moitié dela faim dans le monde à l’horizon 2015, il est néces-

POTENTIALITÉS, PRIORITÉS

ET DÉFIS MONDIAUX

● ● ●

8

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saire que les foyers ruraux améliorent leur façon degagner leur vie, ce qui peut être recherché en ayantrecours aux cinq grandes ressources définies auchapitre 1, et qui correspondent aux principales stra-tégies ouvertes à ces foyers pour échapper à l’empri-se de la faim et de la pauvreté. Il s’agit de:● l’intensification de la production agricole en

suivant les schémas existants; ● la diversification de la production, y compris le

développement d’une production centrée sur lesdébouchés commerciaux et d’activités post-récolteà valeur ajoutée, telles que la transformation;

● l’accroissement de la taille des exploitations et destroupeaux, soit en rassemblant des unités exis-tantes, soit en convertissant de nouvelles terres àl’activité agricole;

● l’accroissement des revenus non agricoles en sup-plément des activités agricoles; et

● l’abandon des activités agricoles, qui comporte fré-quemment l’exode rural en direction des zonesurbaines.

L’importance relative de ces stratégies contre lapauvreté varie entre les grandes catégories desystèmes de culture. Afin de faciliter la formulationdes politiques et des programmes, le tableau 8.2montre les trois plus importantes stratégies de luttecontre la pauvreté pour chacune des catégories iden-tifiées dans les systèmes de culture. En termes de bilan

global, on peut attendre une plus grande incidenceen matière de réduction de la pauvreté lorsqu’il estrecouru à des stratégies visant l’exploitation agricoleelle-même (intensification, diversification, accroisse-ment de la taille de l’exploitation) plutôt qu’à des stra-tégies reposant sur des activités non agricoles (activi-tés hors exploitation, exode rural). Dans le contextedes améliorations apportées à l’exploitation agricole,la stratégie de diversification est un élément clé de laréduction de la pauvreté dans les huit grandes caté-gories (et se révèle, en fait, être le principal facteur deréduction de la pauvreté dans plusieurs d’entre elles).L’intensification joue un rôle clé dans quatre de cescatégories, essentiellement celles qui présentent despotentiels de croissance tels que les systèmes irrigués,riz de bas-fonds humides, et dualiste, tandis que l’ac-croissement de la taille de l’exploitation, du cheptelou de l’entreprise ne joue un rôle clé que dans lessystèmes dualistes et intra-urbains.

Des millions de paysans vont sans doute avoirrecours aux activités non agricoles pour échapper àla pauvreté; cette stratégie ne le cède qu’à la diversi-fication des activités agricoles comme stratégie deréduction de la pauvreté, et occupe une place impor-tante dans tous les systèmes à l’exception dessystèmes dualistes. On peut s’attendre à une inciden-ce accrue de l’exode rural dans chacun des systèmesexaminés, et il devrait plus particulièrement toucherles petits exploitants dans les systèmes pluviaux

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S Y S T È M E S D E P R O D U C T I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

Tableau 8.1 Comparaison des systèmes de production agricole par catégorie

Caractéristiques Systèmes Humide à Humide Pluvial Pluvial Mixte Pêche Urbainede la catégorie irrigués base de pluvial plateaux sec/froid (grand/ artisanale

des petits riz petit) côtièreexploitantsagricoles

Nombres de systèmes 3 3 11 10 19 16 4 6

Superficie totale 219 330 2 013 842 3 478 3 116 nd nd(millions d'hectares)

Superficie cultivée 15 155 160 150 231 414 70 nd(millions d'hectares)

Cultivée/total (%) 7 47 8 18 7 13 16 nd

Superficie irriguée 15 90 17 30 41 36 2 nd(millions d'hectares)

Irriguée/cultivée (%) 99 58 11 20 18 9 19 nd

Pop. agricole (millions) 30 870 400 520 490 190 60 40

Pop. agri./cult. (p/ha) 2,1 5,5 2,5 3,5 2,1 0,4 nd nd

Excédent de commercialisation élevé moyen moyen faible faible moyen élevé élevé

Source: Données et expertise FAO Note: Par superficie cultivée, on entend à la fois les cultures annuelles et pérennes

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d’altitude et de zones sèches, ainsi que dans lessystèmes côtiers avec pêche artisanale.

Comme on l’a vu plus haut, il existe des complé-mentarités substantielles entre les différentes straté-gies de réduction de la pauvreté. En fait, les agricul-teurs s’attachent le plus souvent à intensifier et àdiversifier leurs cultures en même temps. De plus,ces activités au sein de l’exploitation y créent lesconditions nécessaires pour le développement d’acti-vités économiques hors de l’exploitation, ce qui enretour stimule la croissance proprement agricole.D’un autre côté, les exploitations les plus marginales,dans l’impossibilité de prendre une part significativeau processus de diversification et d’intensificationagricole, sont susceptibles de se concentrer de plus enplus sur les activités non agricoles, jusqu’à abandon-ner complètement les activités agricoles.

Conséquences des potentiels de ressourcesdétenus par les différents systèmes sur leursstratégies de réduction de la pauvreté

Malgré les avancées importantes constatées dans denombreuses régions à la suite de la révolution verteet des efforts qui l’ont suivie, notamment en matièrede production agricole et de croissance économique,la question reste posée de savoir si les stratégies deréduction de la pauvreté ainsi mises en œuvre dansces régions restent valides pour des exploitationsagricoles placées dans des conditions différentes.L’étude a abordé cette question par une comparaisonentre l’importance relative des différentes stratégiesde réduction de la pauvreté adoptées par les foyersruraux dans le cadre de systèmes d’exploitation àpotentiel faible ou élevé.

Tant les moyens d’existence existants que le poten-tiel d’amélioration future sont tributaires de la

qualité et de la disponibilité des ressources naturelles.Le potentiel de ressources peut être considérécomme un continuum qui va des systèmes situés dansles zones froides et/ou arides à ceux des terres fertileset irriguées. Au nombre des exemples de systèmes deproduction agricole situés dans les zones à faiblepotentiel figurent: i) le système agropastoral demillet/sorgho en Afrique; ii) le système mixte pluvialen Asie du Sud; et iii) le système mixte à altitudeélevée (Andes centrales) en Amérique latine. Enrevanche, les systèmes de production agricole situésdans les zones à potentiel élevé comprennent: i) tousles systèmes irrigués; ii) le système de céréales-tuber-cules des régions de savane humides de l’Afrique del’Ouest et du Centre; iii) le système de cultures arbo-ricoles en Asie de l’Est et dans le Pacifique; iv) lesystème mixte extensif (Cerrados et Llanos) enAmérique latine; et v) le système agricole céréales-légumes en Europe orientale et en Asie du Centre.

Les systèmes de production agricole dans les zonesà potentiel élevé, dont les sols sont relativementfertiles et le climat favorable, bénéficient de façonspécifique d’une gamme plus large d’opportunitésd’intensification et de diversification agricoles que leszones à faible potentiel. Quant aux zones à faiblepotentiel prises dans leur ensemble, il est apparu queces stratégies étaient relativement dénuées d’impor-tance. Au contraire, une et une seule stratégie,l’abandon des activités agricoles, représente près dela moitié, en pondération, des stratégies de réductionde la pauvreté – une réaction somme toute compré-hensible face aux conditions de vie misérables, et à lafaiblesse tant de la production que des servicessociaux. Quoi qu’il en soit, les stratégies portant surles activités non agricoles ou sur la taille de l’exploi-tation ou du cheptel semblent tout à fait indépen-dantes du degré de potentiel présenté par les

P OT E N T I A L I T É S , P R I O R I T E S E T D E F I S M O N D I A U X

Tableau 8.2 Stratégies clés contre la pauvreté en fonction des systèmes de culture classés en catégories

Caractéristiques Systèmes Humide à Humide Pluvial Pluvial Mixte Pêche Urbaine de la catégorie irrigués base de pluvial plateaux sec/froid (grand/ artisanale

des petits riz petit) côtièreexploitantsagricoles

Intensification

Diversification

Accrt. taille exploitations

Accrt. revenus non agric.

Départ de l’agriculture

Note: Une stratégie clé est une stratégie arrivant au 1er, ème ou 3ème rang d’importance pour chaque catégorie de système

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systèmes soumis à l’examen, et représenter, pour lesdeux groupes, une importance réduite.

Conséquences du caractère intensif de l’agriculturesur les stratégies de réduction de la pauvreté

Dans la gamme des systèmes agricoles, il existe diffé-rents niveaux d’intensification de la production. Bienque l’on puisse penser que le niveau d’intensificationde la production est tributaire du potentiel agricole(voir ci-dessus), celui-ci est en fait beaucoup plus inti-mement lié à l’accès aux services d’appui agricolesdisponibles. Il est à la portée des systèmes à potentielrelativement peu élevé de donner lieu à des produc-tions fortement intensives, dans des zones à fortedensité démographique et disposant de services biendéveloppés, tandis que des systèmes à fort potentiel,mais mal pourvus en services (tels que les savaneshumides d’Afrique de l’Ouest ou les grandesétendues des Cerrados et des Llanos d’Amérique duSud) peuvent en rester à un faible degré d’intensifi-cation. Ce sont les systèmes en possession (ou suscep-tibles de se doter) de services agricoles bien dévelop-pés qui seront les éléments clés de toute croissancefuture de la production et de la sécurité alimentaire.De tels systèmes comprennent en particulier laplupart des systèmes rizicoles de bas-fonds et irrigués(avec plus de 50% de la terre cultivée sous irrigation)Ces systèmes disposent en général de structures demarchés avancées, avec une utilisation substantielled’intrants extérieurs à l’exploitation, et un recoursintensif à l’irrigation, qui leur permettent deproduire des excédents commercialisables en direc-tion des zones urbaines et des marchés extérieurs.

Les systèmes de production peuvent se répartir defaçon générale en quatre niveaux d’intensification:faible, moyen (à dominante alimentaire), moyen (àdominante commerciale), et élevé. Les systèmes àfaible intensification, dont les systèmes agropasto-raux, pastoraux, et dispersés, font vivre 350 millionsde personnes mais représentent des populations dis-persées, des modes de cultures extensifs, une utilisa-tion faible des intrants extérieurs, et peu de surpluscommercialisables. Les systèmes à moyen degré d’in-tensification, à dominante alimentaire, se sont mis enplace là où la pression démographique sur les res-sources s’est révélée prépondérante, et comprennentde nombreux systèmes généralement associés avec lapauvreté rurale, tels que les systèmes mixte basé surle maïs et mixte basé sur les tubercules (Afrique), lessystèmes mixtes des plateaux (Moyen-Orient, Afriquedu Nord, Asie du Sud), le système à grande échelle

céréales-légumes d’Europe centrale et d’Asie centrale,et les systèmes maïs-haricots et riz-élevaged’Amérique latine. En revanche, les systèmes à inten-sification moyenne centrée sur les productions com-merciales concernent un moins grand nombre desystèmes, avec une population totale de 100 millionsde personnes seulement, et leur existence est essen-tiellement liée à celle de marchés aisément acces-sibles. Ils sont moins importants en termes de réduc-tion de la pauvreté qu’en termes de génération derevenus d’exportations, mais ils comprennent lestrois systèmes à base arboricole d’Afrique et d’Asieorientale; le système mixte horticole d’Asie centraleet d’Europe centrale; et divers systèmes d’Amériquelatine et des Antilles, tels que le système mixte plusplantations côtières; le système mixte tempéré; et lesystème intensif mixte des hauts plateaux.

Bien que l’abandon des activités agricoles revêteune plus grande importance pour les systèmes àfaible intensification, les analyses régionales semblentmontrer que le recours aux autres stratégies anti-pauvreté à l’échelle du ménage est relativement peuaffecté par le degré d’intensification des systèmes de production. L’intensification, la diversification,l’accroissement de la taille des exploitations et larecherche de revenus non agricoles sont tous classésau même niveau d’importance relative quel que soitle degré d’intensification.

UNE STRATÉGIE MONDIALE POUR LA RÉDUCTION DE LA FAIM ET DE LA PAUVRETÉ

Nombre de domaines prioritaires recoupant plu-sieurs secteurs ont été mis en exergue dans l’analysedes systèmes de production agricole tant au niveaurégional qu’au plan mondial. On pourrait établir unlien entre tous ces domaines et les cinq domainesprioritaires ci-après: i) les politiques, les institutionset les biens publics; ii) la libéralisation des échanges etle développement des marchés; iii) l’information et lecapital humain; iv) la science et la technique; et v) lesressources naturelles et le climat.

Politiques, institutions et biens publics

Un défi majeur en matière de réduction de la faim etde la pauvreté parmi les ménages agricoles concernela création et la mise à disposition efficace de bienspublics internationaux, nationaux et locaux fiables etfavorables aux pauvres, dans un environnement sûr

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du point de vue de l’ordre public et où il existe despolitiques et institutions propices. Les cinq axes prio-ritaires dans ce domaine sont indiqués ci-dessous:● l’instauration de droits d’usage des ressources qui

soient équitables, sûrs, transférables et souples;● la création d’infrastructures durables pour les

systèmes de production agricole mal desservis;● la réforme des politiques agricoles et le renforce-

ment des institutions au niveau intermédiaire;● l’établissement d’un ordre de priorité du soutien

aux systèmes de production à petite échelle géréspar les agriculteurs; et

● la création et le renforcement des filets de sécuritéciblés.

La plupart des études des politiques et des institu-tions indiquent la nécessité pour les gouvernementsd’achever la suppression du soutien direct de l’Etat àl’agriculture commerciale viable et de privatiser lesservices connexes, notamment la production dessemences et la commercialisation de certainescultures. Néanmoins, il est de toute évidence dansl’intérêt général que l’Etat continue d’assurer ausecteur des petits exploitants agricoles un accès fiableaux biens publics dont ils ont besoin, ainsi que depromouvoir l’utilisation durable des ressources natu-relles. L’Etat devrait consacrer ses efforts auxdomaines où les avantages publics sont manifestes,notamment l’éducation, la santé, la recherche et les

services de vulgarisation qui prennent en compte lesbesoins des agriculteurs pauvres et des zones àfaibles ressources. Il devrait se concentrer égalementsur l’application des règlements, en mettant unaccent particulier sur les efforts visant à éliminer lesobstacles qui freinent l’entrée des petites entreprisessur le marché. Par ailleurs, les petits exploitants agri-coles ont besoin de droits d’usage des ressourceséquitables, sûrs, transférables, mais souples, ainsique d’infrastructures durables – notamment lesroutes et les structures d’appui à l’irrigation géréespar eux-mêmes. Par conséquent, les politiques et lesinstitutions doivent appuyer le développement despetites exploitations agricoles, ainsi que le renforce-ment des capacités des fournisseurs du secteur privé– ceci est particulièrement pertinent en Afrique et enEurope de l’Est et en Asie centrale.

Afin de permettre aux agriculteurs de gérer leursressources de façon durable, tout en tirant parti de lalibéralisation économique, des institutions locales etintermédiaires plus fortes qui regroupent de nom-breuses parties prenantes, sont nécessaires. Dessuccès ont été enregistrés en matière de sous-traitan-ce de la prestation des services publics et des infra-structures auprès des entreprises privées, des ONGet des universités, assurant ainsi des gains d’efficaci-té. Cependant, la participation au niveau local estprimordiale pour le suivi de la fourniture des bienset la prestation des services par les opérateurs privés.

P OT E N T I A L I T É S , P R I O R I T E S E T D E F I S M O N D I A U X

Tableau 8.3 Initiatives significatives au plan régional pour la réduction de la pauvreté

Afrique Moyen-Orient et Europe de l’Est Asie Asie orientale et Amérique Latine subsaharienne Afrique du Nord et Asie centrale du Sud Pacifique et Caraïbes

Gestion durable Gestion durable Meilleur accès Meilleure Meilleure Gestion durable des ressources des ressources aux ressources gestion des compétitivité des des ressources

ressources en eau petites exploitations

Meilleur accès Meilleure Réorientation Renforcement Meilleur accès Meilleur accès aux ressources conduite de des services des groupements aux ressources aux ressources

l’irrigation agricoles d’utilisateurs des ressources

Meilleure Réorientation Recherche de Réorientation Environnement Meilleure compétitivité des des services marchés des services favorable à compétitivité des

petites agricoles nouveaux agricoles l’emploi hors petitesexploitations exploitation exploitations

Réduction de la Amélioration des Amélioration des Amélioration des vulnérabilité des ressources infrastructures ressources

ménages humaines rurales humaines

Combattre le Rationalisation HIV/Sida des politiques

agricoles

Source: jugement d’expert.

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Les organisations d’agriculteurs et le secteur privépeuvent jouer un rôle clé dans de nombreuxdomaines, notamment la multiplication dessemences et la sélection variétale. Les associationsd’exportateurs peuvent souvent assurer l’inspectionphytosanitaire. Les priorités et les budgets de larecherche peuvent être gérés par le truchement demécanismes d’appel d’offres et de partage de coûtsentre les secteurs public et privé.

Les filets de sécurité ciblés en faveur des pauvresdemeurent nécessaires afin de surmonter les consé-quences des catastrophes naturelles et pourraientmême devenir plus importants pour les agriculteursqui ne sont pas en mesure de s’adapter suffisammentvite à l’accélération de l’orientation de l’agriculturevers le marché au cours des prochaines décennies.

Libéralisation des échanges et développement du marché

De nos jours, la tendance à la réduction des barrièresaux échanges internationaux semble irréversible,bien que le rythme du changement soit incertain. Ceprocessus aura une incidence sur l’ensemble des producteurs des systèmes agricoles à travers lemonde en développement, hormis ceux qui sontisolés. Conformément aux conclusions de l’analysedes systèmes de production agricole dans chacunedes régions, les cinq principaux axes prioritairesmondiaux concernés par l’optimisation des avantagesde la libéralisation des échanges et du développe-ment des marchés afin de réduire la faim et lapauvreté sont indiqués ci-après:

● apporter l’appui nécessaire au secteur privé – enparticulier aux petites entreprises;

● créer un cadre propice pour le développement dumarché;

● veiller à ce que la libéralisation des échanges soit àdeux sens;

● mettre l’accent sur les petits exploitants agricolesen ce qui concerne les cultures à haute intensité demain-d’œuvre ou les cultures de rente qui consti-tuent des créneaux; et

● satisfaire les besoins de sécurité alimentaire desménages pendant la transition.

Il est vital de créer un cadre propice pour le déve-loppement du marché. Celui-ci doit comprendre desmesures de nature à favoriser le développement desentreprises rurales de petite taille, car celles-ci consti-tuent souvent des marchés et des sources d’emplois

essentiels pour les ménages des petits exploitantsagricoles. En outre, ce cadre doit contribuer àstimuler la concurrence sur le marché. Du point devue des petits producteurs qui disposent d’unpouvoir commercial limité, un environnement com-mercial compétitif où interviennent un certainnombre d’acheteurs revêt une importance vitale. Parailleurs, un certain nombre de mécanismes sontnécessaires afin de pallier les dysfonctionnements dumarché, en particulier en ce qui concerne lesdomaines extérieurs à l’exploitation – notamment lacréation de débouchés permettant aux agriculteursde gagner des revenus en proposant des servicesenvironnementaux. Aider à créer un environnementde commercialisation propice pour les petits exploi-tants agricoles revient souvent à appuyer les petitsentrepreneurs en facilitant, notamment, le finance-ment, l’information et le respect des procéduresbureaucratiques (que seules les entreprises de plusgrande taille peuvent se permettre souvent). Cecinécessite également l’amélioration de la fournituredes biens publics (voir la section précédente). Lesassociations de petits exploitants agricoles, de trans-formateurs et d’exportateurs de produits peuventégalement apporter un soutien aux petits entrepre-neurs par le truchement de la réduction des bar-rières à l’entrée et en veillant à ce que les besoins de ceux-ci soient pris en compte au moment de la conception et de la révision des politiques sectorielles.

Au plan international, il existe une idée répanduedans les pays en développement selon laquelle lalibéralisation des échanges n’a pas été un processussymétrique, dans la mesure où de nombreuxmarchés agricoles et non agricoles importants dansles pays industriels demeurent protégés par unelarge gamme de subventions et d’autres types de bar-rières. Dans le même temps, les grands exploitantsagricoles commerciaux en Europe, en Amérique duNord et ailleurs mettent à profit les meilleures possi-bilités qui s’offrent à eux d’accéder aux technologiesmodernes – souvent parallèlement à des subventionsgénéreuses – pour livrer une concurrence efficaceaux pays en développement. Tandis que la libérali-sation des échanges a été avantageuse pour lesconsommateurs urbains dans les pays en développe-ment, elle a souvent eu une incidence négative surles producteurs ruraux. À moins que la communau-té internationale ne se penche sur cette ambivalence,cette situation pourrait avoir des conséquencesgraves à long terme et hypothéquer l’ensemble duprocessus de libéralisation.

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Grâce à l’accent mis sur les produits et servicespour lesquels ils disposent d’un avantage comparé –souvent, les activités à haute intensité de main-d’œuvre – nombre d’agriculteurs pauvres ont uneoccasion de tirer parti de l’évolution des conditionsdu marché international et d’échapper à la pauvreté.Cependant, même les agriculteurs qui ne peuventeffectuer cette transition peuvent en bénéficier par letruchement de la création d’emplois par les agricul-teurs plus progressistes (notamment, la main-d’œuvre agricole, le conditionnement, la transfor-mation, le transport et les services). Les donnéesrelatives à un certain nombre de systèmes (systèmeagricole maïs-niébé en Amérique centrale, systèmede production mixte de maïs en Afrique dans lesannées 80 et système de production de riz en Asie del’Est) montrent que les petits exploitants agricolespeuvent participer avec succès à la croissance induitepar le marché et accroître les revenus des ménagesde façon appréciable.

À mesure que la demande d’aliments spécialiséscroît et que les nouvelles technologies après-récoltecontribuent à l’amélioration de la qualité desproduits et prolongent la vie et la durabilité desbiens périssables, les petits exploitants agricoles severront offrir de plus en plus d’opportunités d’avoirdes revenus en espèces attractifs sous forme deproduits spécialisés pour lesquels il existe un désé-conomie d’échelle (produits horticoles à hauteintensité de main-d’œuvre et de créneaux, fruits,épices, ornementation, produits biologiques, etc.).La taille modeste de l’exploitation agricole neconstitue pas un obstacle à l’accès à ces types demarchés qui devraient croître rapidement en termesd’importance – en particulier si les agriculteurspeuvent conjuguer leurs forces par le truchementd’associations bénévoles. Même les producteurs qui sont géographiquement isolés peuvent partici-per à ces efforts, grâce à l’accent mis sur les produitsà fort rapport économique (colorants, extraits,huiles essentielles, etc.). Néanmoins, il sera vitald’accorder la priorité à la sauvegarde de la sécuritéalimentaire des ménages pendant le processusd’ajustement.

Information agricole et capital humain

En ce qui concerne l’accroissement des avantages dela dissémination et de l’utilisation de l’informationagricole et le développement des capacités humaines,trois axes prioritaires ont été identifiés à l’échellemondiale, afin de réduire la faim et la pauvreté:

● la création de systèmes durables pour l’introduc-tion et la dissémination de l’information agricole;

● une formation générale en matière d’agricultureaxée sur les systèmes;

● la formation professionnelle pour les emplois nonagricoles et urbains.

La mondialisation, l’urbanisation et l’accélérationdu rythme de l’évolution technologique constituentautant de facteurs qui contribuent à accroître lesbesoins de connaissances au sein des systèmes de pro-duction agricole. De nouvelles approches doiventêtre développées afin d’appuyer la diffusion de l’in-formation entre les agriculteurs et les connaissancesformelles, ainsi que la diffusion horizontale entreagriculteurs. Il convient également de se pencherdavantage sur la durabilité à long terme et la perti-nence des systèmes d’information agricole. Il existepeu de preuves que les utilisateurs sont disposés àpayer suffisamment pour rendre ces services auto-nomes, tandis que la pression sur les budgets desdépenses renouvelables des pouvoirs publics amènesouvent ceux-ci à reléguer ces services au rang desolutions à «moindre coût», une fois que le finance-ment extérieur prend fin. La participation du secteurprivé à la collecte et à la distribution de l’informationest souvent essentielle pour assurer la durabilité desservices.

La formation et le renforcement des capacités ontpour corollaire l’habilitation des membres de la com-munauté – hommes et femmes, jeunes, pauvres etnon pauvres – afin de leur permettre d’identifierleurs problèmes dans un contexte de systèmes,analyser les causes et les conséquences, évaluer leschoix et prendre des décisions bien éclairées afin depréparer un avenir meilleur. Ceci signifie que lesservices de vulgarisation doivent réorienter leursopérations en les fondant sur les approches de facili-tation et non les approches normatives, la participa-tion communautaire étant la pierre angulaire de lafixation des priorités, et en effectuant un test dessolutions éventuelles. La mise en œuvre nécessiteraprobablement la création de partenariats entre legouvernement, les prestataires de services du secteurprivé ou des ONG, les organisations de la sociétécivile et les groupes à base communautaire.

D’une manière générale, les programmes d’éduca-tion et de formation dans les zones rurales n’ont paspris en compte la réalité selon laquelle de nombreuxhabitants de ces zones, et particulièrement les plusjeunes, tireront partiellement ou totalement leursrevenus futurs des emplois non agricoles ou urbains.

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Il convient de mettre davantage l’accent sur le ren-forcement des capacités professionnelles qui aiderontles émigrants et ceux qui ont besoin d’accroître leursrevenus agricoles à obtenir des emplois spécialisés etde spécialisation moyenne.

Science et technologie

Cinq objectifs prioritaires mondiaux relatifs auciblage de la science et de la technologie ont étédéfinis afin de réduire la faim et la pauvreté:● le ciblage de la technologie par le truchement de

la recherche et du développement participatifs;● l’introduction de technologies qui accroissent la

productivité de la main-d’œuvre dans les zones àfaible potentiel et à faible densité;

● la promotion des technologies afin d’accroître laproductivité des terres dans les zones à densitéélevée;

● la promotion des technologies d’intensificationdans les zones à potentiel élevé;

● le renforcement du développement et de l’utilisa-tion de la biotechnologie assortie de mesures desauvegarde appropriées.

Au cours des trois dernières décennies, la crois-sance de la production alimentaire a été le fruit,pour l’essentiel, de l’adoption de la technologie d’ac-croissement de la productivité par les agriculteursdans les zones à potentiel agricole élevé, en particu-lier celles dont la pluviométrie est relativementélevée et fiable ou celles qui sont dotées de systèmesd’irrigation. Un défi majeur, au cours des pro-chaines décennies, consistera à créer des technolo-gies qui contribuent à l’accroissement de la produc-tion agricole et à l’amélioration des moyens d’exis-tence dans les zones à faible potentiel agricole.

S’agissant des perspectives à plus long terme, il ya lieu de se préoccuper de la forte dépendance del’agriculture intensive des technologies dont ladurabilité est fondamentalement limitée. L’accentcroissant mis ces dernières décennies sur les gainsde rendement induits par les intrants a été préjudi-ciable à de nombreux petits exploitants agricoles ence qui concerne les opérations commerciales d’en-vergure, qui peuvent financer ces coûts, et l’applica-tion inadéquate des engrais azotés qui entraîne lapollution des ressources en eau de surface et souter-raine. En outre, l’utilisation débridée des pesticidescrée des risques considérables pour la santé et l’en-vironnement. Une question tout aussi préoccupanteconcerne le rétrécissement progressif de la largeur

génétique des cultures et des espèces animales qui,outre l’accroissement de leur vulnérabilité, a égale-ment pour corollaire l’érosion rapide des ressourcesgénétiques sur lesquelles sont censés reposer lesprogrammes de croisement futurs.

Il s’ensuit que les bases techniques de l’agricultu-re «moderne» ne peuvent plus être considéréescomme acquises et qu’il est nécessaire de recher-cher des stratégies plus durables en vue d’assurerl’intensification. Cette tâche est urgente, comptetenu du peu d’attention accordée aux technologiesalternatives plus durables pour la productionagricole très intensive, et de la très longue périodede gestation que requièrent la mise au point et ladiffusion des nouvelles technologies. Il ressort del’étude des systèmes agricoles dans le présentdocument un certain nombre de caractéristiquesmajeures des technologies qui seyent aux agricul-teurs pauvres.

Ressources naturelles et climat

La pression croissante sur l’utilisation des terresinsuffisantes et des maigres ressources en eau, ladégradation de l’environnement et la possibilité dechangements climatiques constituent des défis pourla durabilité des systèmes de production agricoledans toutes les régions, même celles où la densité dela population est faible. On est à présent trèsconscient, tant au niveau des exploitants agricolesque du grand public, de la nécessité de mieuxconserver et gérer de façon productive les res-sources naturelles. On s’attend à ce que la pressionet le soutien croissants du public portent essentielle-ment à l’avenir sur la gestion durable des ressourcesnaturelles et la protection de l’environnement. Lagestion améliorée des terres peut être stimulée parla promotion de pratiques qui, non seulement com-portent des avantages environnementaux, mais éga-lement produisent rapidement des résultats tan-gibles. Quatre objectifs prioritaires au plan mondialont été définis en ce qui concerne l’utilisation plusdurable et productive des ressources naturelles et laréduction au minimum des conséquences clima-tiques négatives:● se concentrer sur l’amélioration de la durabilité de

l’utilisation des ressources naturelles; ● recapitaliser les ressources du sol; ● améliorer la gestion des ressources en eau; et● renforcer les capacités des secteurs public et

privé afin de faire face aux changements climatiques.

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Dans de nombreuses situations, l’agriculture deconservation, qui fait moins appel au labour, offre despossibilités prometteuses pour l’accroissement de laproductivité de la main-d’œuvre et l’efficacité de l’utilisation des intrants, tout en réduisant le stresshygrométrique. L’agriculture de conservation a étéencouragée dans un certain nombre de systèmes deproduction agricole et sa performance pour lespetites exploitations en Amérique latine, et plusrécemment en Afrique, augure des lendemainsmeilleurs.

La plupart des systèmes de production agricoledans toutes les régions sont confrontés au problèmede la perte de la fertilité du sol, mais celui-ci est par-ticulièrement aigu dans la majorité des systèmes deproduction agricole irrigués à base de blé et de riz,dans certains systèmes de production agricolepluviaux (par exemple, le système de productionagricole mixte de riz en Afrique) et dans le système deproduction agricole de plateaux (notamment lesystème de production agricole mixte d’altitudeélevée (Andes centrales)). Compte tenu de l’effrite-ment des cours des produits de base, des ajustementsdes taux de change et de la réduction des subven-tions, l’application des engrais minéraux pour lescultures de base est devenue peu rentable pour denombreux petits exploitants agricoles et a baisséconsidérablement. Au rang des initiatives prioritairespermettant de corriger cette situation figurent: i) uneplus grande utilisation de l’engrais vert, les jachèresenrichies et les autres sources de matières orga-niques, notamment le compostage; ii) l’utilisationaccrue de la fixation de l’azote biologique; iii) unemeilleure intégration des cultures et de l’élevage; iv) une adoption plus large des systèmes de culturesintercalaires; v) l’expansion des systèmes sylvopasto-raux, en particulier sur les pentes très abruptes; et vi) l’amélioration des systèmes et des services d’importation et de distribution des engrais afin deréduire le prix bord champ des engrais importés.

Les contraintes de l’approvisionnement en eauconstituent un problème majeur inhérent à certainssystèmes de production agricole spécifiques dans

toutes les régions des pays en développement,notamment les terres arides peu fertiles d’Amériquelatine ou les systèmes agropastoraux d’Afrique subsa-harienne. Dans de nombreux cas, la demande crois-sante en eau pour les usages domestiques et indus-triels liée à l’urbanisation contribuera à accroître laconcurrence pour l’eau potable disponible. Là où lessystèmes de production agricoles sont pluviaux, lesstratégies doivent privilégier l’amélioration de lacollecte de l’eau de pluie et la mise à profit de l’hu-midité du sol. La faible efficacité de l’utilisation del’eau est souvent imputable au fait que l’eau est consi-dérée comme un bien public à faible valeur ougratuit. S’agissant des systèmes agricoles irrigués, deschangements s’imposent dans les domaines clés quesont la politique de tarification de l’eau et de l’éner-gie en milieu rural, ainsi que le renforcement de lagestion au niveau local des infrastructures d’irriga-tion. Ces deux volets constituent un impératif pourl’accroissement de l’efficacité technique de l’utilisa-tion de l’eau.

Les changements de fréquence des événements climatiques extrêmes pourraient se traduire par desmutations profondes au niveau des pratiques agri-coles dans certaines zones vulnérables, notammentles zones côtières, les zones semi-arides et les terresescarpées. Les sécheresses, les inondations et lesouragans ou les typhons devraient être beaucoupplus fréquents. Une meilleure compréhension de lanature probable et de l’impact des changements cli-matiques s’impose de toute urgence et des ajuste-ments appropriés des politiques et projets agricolessont nécessaires afin d’en atténuer les conséquencesnéfastes. La nécessité d’adopter des mesures de protection des bassins versants et de lutte contre ladésertification pourrait devenir plus urgente. Il estégalement nécessaire de renforcer les capacités, tantau niveau national qu’international, afin de pallierefficacement les conséquences des événements clima-tiques dévastateurs, notamment les inondations et lessécheresses, afin de réduire au minimum leur impactà long terme sur la gestion des ressources et lesmoyens d’existence en milieu rural.

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Cet ouvrage a passé en revue les tendances et les défisauxquels seront assujettis les systèmes de productionagricole au cours des 30 prochaines années dans lessix régions en développement du monde et a préco-nisé un nombre de priorités stratégiques visant laréduction de la pauvreté, pour une sécurité alimen-taire accrue et la croissance du secteur agricole. Etantdonné que les producteurs et leur famille constituentla moitié de la population totale dans les pays endéveloppement – ainsi que la majorité des popula-tions sous-alimentées et pauvres – le succès de la miseen œuvre de ces recommandations serait uneavancée concrète vers la réalisation de l'objectif dedéveloppement visant la réduction de moitié de lafaim et de la pauvreté dans le monde à l'horizon2015.

Ce chapitre de conclusion examine l'incidence despriorités proposées sur les rôles que doivent jouer lesprincipales parties prenantes, y compris les produc-teurs et les communautés agricoles, les ONG, lesecteur privé, les gouvernements locaux et nationauxainsi que les organisations internationales. Les perspectives au plan global et national sont ensuitediscutées.

REDÉFINIR LA CONTRIBUTION DESPARTIES PRENANTES

La réduction de moitié de la faim et de la pauvretédans les pays en développement dépend endernière analyse des décisions et actions que prendront 500 millions de ménages agricoles.Cependant, la plupart des parties s’accordent sur lepoint que l'efficacité de leurs interventions est liée àl'existence d'un secteur privé dynamique, visant àpromouvoir la croissance du secteur agricole. Par

ailleurs, malgré tous les avantages qu'offre la réduc-tion de l'influence du gouvernement sur le proces-sus de développement rural, l'idée centraledéfendue dans ce livre est que la fourniture desbiens et des services publics appropriés est aussi unecomposante essentielle du processus de développe-ment. En effet, un développement effectif requiertla participation d'un nombre d'acteurs ou de partiesprenantes dont les producteurs eux-mêmes, leursassociations, les communautés et gouvernementslocaux à travers le secteur privé et les ONG, les gou-vernements nationaux et les agences internatio-nales. Les sections suivantes abordent la contribu-tion que chacun de ces groupes pourrait apporter àl'adoption d'une nouvelle approche pour la réduc-tion de la pauvreté et de la faim.

Permettre au potentiel des producteurs et desautres communautés de s’exprimer pleinement

Le rôle et la contribution des producteurs et deleurs communautés est un élément central dans touteffort visant la réduction de la pauvreté. Cependant,les relations de ces deux groupes par rapport auxautres acteurs dépendent de leur niveau de déve-loppement. Les systèmes commerciaux comptenttout d’abord sur le secteur privé pour la fourniturede la plupart des biens et services bien que le gou-vernement joue toujours un important rôle enmatière de politique, de définition du cadre régle-mentaire et d'activités de recherche et de dévelop-pement de base. D'autre part, les communautésdotées de ressources limitées et d'opportunités dedéveloppement de leurs marchés restreintes conti-nueront d'être fortement dépendantes des ONG etdu secteur public pour la fourniture de nombreuxbiens et services publics. Ainsi, l'intervention du

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CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

● ● ●

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secteur public influencera forcement le processus dedéveloppement dans ces cas.

Dans les communautés plus favorisées, une impor-tance toute particulière doit être accordée à la gestionde l'environnement et des ressources naturelles,tandis que dans les communautés défavorisées on pri-vilégiera probablement le développement des infra-structures sociales de base. Le défi majeur consiste àmettre en place des comités de planification et dedéveloppement fonctionnels communautaires au seindesquels participent les personnes concernées au planlocal (y compris les représentants du gouvernement etdu secteur privé) et à leur donner les outils néces-saires à l'identification, la formulation et la mise enœuvre d’actions de développement.

Un aspect majeur souvent négligé au niveau desproducteurs et des communautés paysannes portaitsur le développement d’une capacité d'innovation,de développement et de diffusion de technologies.Le potentiel d'investissement dans ce domaine esténorme et bien documenté et doit figurer au centrede toute activité de mise au point des technologies.La capacité des producteurs en matière d'épargne etde financement des activités de développement estaussi fréquemment sous-estimée. Ceci s'appliquetant au plan individuel que communautaire mêmedans les zones de pauvreté chronique. Pourtant, lesmécanismes de microfinance basés sur l'épargne sesont avérés performants et devraient être promusdans tous les domaines possibles.

Appuyer la participation des partenaires de lasociété civile

Un aspect clé de la pauvreté est l’absence de lacapacité à s’exprimer et, dans de nombreux pays endéveloppement, les ONG ont joué un rôle essentieldans la formulation des besoins des agriculteurspauvres et des autres groupes vulnérables. À cetégard, le renforcement de la capacité des ONG enmatière de prestation de services, comme le font leFIDA et la FAO en Afrique australe, est une prioritémajeure.

Le deuxième rôle central que doivent jouer lesONG et les organisations paysannes en matière deréduction de la pauvreté sera probablement le ren-forcement de la cohésion sociale (par exemple lesgroupes d’agriculteurs, les associations et l’établisse-ment de réseaux) ainsi que l'information du public(par exemple l’analyse des causes de la situation depauvreté, l’évaluation de l'impact des politiques et leplaidoyer pour les groupes vulnérables).

Encourager la croissance du commerce agricoleconcurrentiel afin de réduire la pauvreté

Le secteur privé, même s'il est mû par l’intérêt, peutcontribuer efficacement au développement rural, depar le rôle qu'il joue dans nombre de domaines,notamment la commercialisation, la valorisation desmatières premières, la création d'emplois, le finan-cement et l'assistance qu'il peut apporter aux pro-ducteurs afin qu'ils se conforment aux normes dumarché. L'expérience acquise au cours des der-nières décennies a également montré que le secteurprivé, surtout lorsqu'il intervient à travers des asso-ciations commerciales et sectorielles, peut réelle-ment assumer certaines responsabilités telles quel'inspection phytosanitaire, la diffusion de l'informa-tion sur les marchés, activités antérieurement consi-dérées comme relevant du secteur public. Ce n'estque lorsque l'investissement est difficile à rentabili-ser, comme c'est le cas pour les pistes rurales, l'édu-cation et l’obtention de semences de bonne puretévariétale que le secteur privé est incapable d'uneparticipation effective.

Du fait de ces faiblesses, les initiatives du secteurprivé doivent dépendre du secteur public pour lamise en place et le respect d'un cadre législatif etpolitique de base dans lequel il évolue (voir le para-graphe suivant). Lorsqu'il n'existe aucune norme oustandard – par exemple pour les poids, les mesureset les normes de qualité – ou lorsqu'elles ne sont pasappliquées ou quand les acteurs sont autorisés àériger des barrières interdisant l'accès de nouveauxvenus, le rôle du secteur privé peut devenir des-tructif et accroître la pauvreté parmi les petitsexploitants agricoles.

Accroître l'efficacité des interventions du gouvernement aux niveaux local et national pour la réduction de la pauvreté

Malgré le rôle accru que joueront les producteurs,la société civile et le secteur privé en matière deréduction de la pauvreté, la contribution des gou-vernements locaux et nationaux est essentiellesurtout pour le service et les biens publics. Le terme«biens publics» est souvent associé aux structuresphysiques telles que les routes, les hôpitaux et lesports. Il existe pourtant d'autres biens publics detype non physique mais tout aussi importants,contribuant à l’instauration d’un environnementpropice au développement et à une capacitéadéquate pour une fourniture efficace des services

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publics. Il s'agit, entre autres, des aspects suivants:(i) la sécurité publique; (ii) la réglementation telleque la quarantaine et la sécurité alimentaire; (iii) l'existence d'institutions permettant d’instaurerla concurrence, de veiller au respect des contrats etde résoudre les conflits; (iv) l'éducation et la forma-tion; (v) la recherche et la diffusion de l'information;et (vi) les filets de sécurité sociale.

Bien que la prestation des services publics tradi-tionnels tels que les services phytosanitaires et la cer-tification puisse être sous-traités à des opérateursprivés, le cadre dans lequel fonctionne le systèmedoit demeurer sous le contrôle d'organismespublics. En outre, il conviendra de créer un systèmed'administration foncière publique efficace pourveiller à la sécurisation des terres des producteurspauvres et au bon fonctionnement des marchésagraires ainsi qu’au remembrement.

Peut-être que le bien public le plus important quele gouvernement peut fournir est une éducationprimaire et secondaire efficace dans les zones rurales.Associée à des processus participatifs, l'initiation d’ac-tions éducatives auprès des agriculteurs permettra àces derniers de devenir des partenaires au dévelop-pement actifs plutôt que des bénéficiaires passifs. Laplupart des études montrent que le niveau de scola-risation est étroitement lié à l'adoption des technolo-gies, au développement local des sources d’existencealternatives, aux changements en faveur d'emploismieux rémunérés. Il convient de veiller à ce quel'éducation rurale reconnaisse plus explicitement laréalité selon laquelle un grand nombre d'enfants etde jeunes en milieu rural gagneront leur vie à l’exté-rieur du secteur agricole, et qu’il convient, par consé-quent, de promouvoir la formation professionnellepour la création d'emplois non agricoles.

L'analyse des systèmes de production a démontréque la réduction de la pauvreté dépend non seule-ment d'un financement adéquat des biens publicsmais aussi du mode d'approvisionnement desménages agricoles pauvres et vulnérables. Uneréduction de la pauvreté et une croissance agricoleréussies sont souvent la résultante d'approches inté-grées de développement agricole. Cela s'appliquenon seulement aux systèmes intensifs et complexesdans les zones à potentiel élevé mais également auxsystèmes à risques dans les environnements à poten-tiel plus faible. Alors que les projets intégrés de déve-loppement rural (PIDR) mis en œuvre durant lesannées 70 et 80 se sont révélés institutionnellementpeu productifs et ont donné des résultats à longterme médiocres, les récentes expériences réussies

sur l'adoption d'approches participatives impliquantplusieurs parties prenantes commandent la nécessitéd'expérimenter une nouvelle génération de modèlesintégrés.

La décentralisation est une option appropriée pourparvenir à un contrôle amélioré au plan local de l'al-location des ressources et du respect des priorités.Dans le cadre d'un système décentralisé, la planifica-tion et la mise en oeuvre peuvent être mieuxadaptées aux divers besoins des systèmes de produc-tion locaux. Trop souvent, malheureusement, ladécentralisation a été associée à une diminution desressources et de l'expertise au plan local, dans lamesure où les responsabilités sont, dans ce cas, attri-buées aux administrations locales, régionales et com-munautaires sans que les ajustements budgétairesnécessaires ne soient effectués. Il a été égalementobservé, dans certains cas, que les élites localesexercent leur monopole sur les ressources et lesservices. Les associations ou groupes de petits exploi-tants intervenant dans le système agricole et com-mercial peuvent augmenter leur influence écono-mique de manière conséquente surtout lorsqu'ils sontconfrontés à de puissants protagonistes tels que degrandes unités commerciales ou de gros négociantsagricoles et réduire ainsi les obstacles à leur partici-pation.

Renforcer le rôle des biens publics internationaux

Les institutions publiques régionales et globales ontun rôle crucial à jouer en matière de développementdurable et de réduction de la pauvreté. La mondia-lisation a accru la nécessité de convenir de modes decomportement et de normes qui peuvent contribuerà une plus grande transparence et sécurité dans lesrelations commerciales internationales. Des progrèsont été réalisés dans l'adoption de codes de conduiteinternationale dans des domaines tels que la pêche etle commerce des organismes génétiquement modifiéset l'utilisation des pesticides. Les travaux de laCommission Codex Alimentarius sur les normes ali-mentaires ont aussi pour effet de renforcer lecontrôle de la sécurité alimentaire et de définir desnormes applicables aux biens commercialisés, rédui-sant ainsi les coûts des transactions. Au cours desannées à venir, la nécessité d'élargir le champ d'actionet la portée de tels accords se fera sentir davantage.

L'un des plus grand défis à relever dans un procheavenir consistera à développer des mécanismes pratiques de gestion des ressources aux plan transna-tional et mondial. Ceci pourrait inclure la signature

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d’accords sur l'utilisation des ressources hydrau-liques, sur la désertification, le piégeage des gaz àeffet de serre par un réaménagement des méthodesde labour. On pourrait aussi envisager l'initiation deprogrammes de conservation de la biodiversité et dereboisement. Les mesures adoptées à l'échelle inter-nationale pour réduire la vulnérabilité des popula-tions rurales aux catastrophes naturelles privilégientdes interventions visant à réduire les risques deconflit. Elles portent en autres sur: (i) l'améliorationdes systèmes d'alerte précoce relatifs aux manifesta-tions climatiques néfastes; (ii) des interventionspromptes pour éviter la propagation transfrontalièredes ravageurs et des maladies du bétail et descultures; (iii) l'adoption de mesures permettant laproductivité durable des écosystèmes agricoles etmaritimes, biens communs des populations.

La création du Fonds pour l’environnementmondial (FEM) découle de la nécessité ressentie partous de mobiliser les ressources au plan internationalafin d'encourager chaque pays à entreprendre desactions qui généreraient des bénéfices environne-mentaux dépassant les frontières et de les indemniserpour les coûts marginaux encourus pour de tellesactions. Toutefois, le champ d'action de ce Fondsdemeure restreint par rapport à l'ampleur desmenaces qui pèsent sur l'environnement.

Les efforts de recherche au plan internationalpourraient créer les opportunités d'une révolutiondurable (ou «doublement verte») en matière de déve-loppement agricole. De nouveaux partenariats pourla mise au point de technologies sont en train d'êtreinitiés avec pour objectif le partage des coûts et del'expérience acquise. La communauté internationaledoit également s'investir pour mobiliser des capitauxpour le financement d’activités de développementagricole durable. Les institutions financières interna-tionales ont potentiellement un important rôle àjouer dans l'avenir, notamment pour attirer descapitaux étrangers vers les pays moins développés etréaliser des investissements qui bénéficieront auxproducteurs pauvres.

PERSPECTIVES: LA CONTRIBUTION DU PRÉSENT OUVRAGE

L'analyse effectuée dans cet ouvrage est fondée surle jugement de divers experts, sur des données

secondaires sélectionnées, ainsi que sur les donnéesspatiales les plus récentes. Le cadre analytique est enaccord avec les tendances globales récentes généra-lement acceptées. Cependant, certaines tendancesactuelles pourraient être radicalement modifiéespar des événements mondiaux imprévus dont lesplus importants au cours des dernières années ontété le changement climatique, le VIH/SIDA et lamondialisation.

Bien que les jugements qualitatifs émis par legrand nombre d'experts qui ont pris part à cetteanalyse aient été remarquablement convergents, lesdonnées quantitatives se sont révélées beaucoupplus difficiles à compiler. Les bases de données de laFAO relatives aux zones agroécologiques et aux sta-tistiques ont constitué un excellent point de départmais n'ont pu être mises à profit pour l'analyse dessystèmes de production agricole pris isolément. Aucours des dernières années, maintes images satelli-taires et bases de données ont été produites et lesdonnées sur les ressources naturelles, la population,les indicateurs agroclimatiques et l'irrigation pré-sentés dans cette analyse se sont largement inspiréesde ces sources. Pour les systèmes de production quiont fait l’objet d’une analyse détaillée, les donnéesrecueillies à partir d’études localisées et de zonesadministratives ont ensuite été extrapolées sur l'en-semble du système. Toutefois, la qualité des donnéesdisponibles au plan local variait énormément d'unerégion à une autre. Il a été pratiquement impossibled’en obtenir pour les pays de l'ancienne Unionsoviétique.

Il faut souligner qu’il s’est révélé impossibled'identifier avec cohérence, au plan local, desdonnées statistiques ou des bases de données géo-graphiques cartographiant l'étendue de la pauvretéet de la faim13 à l'échelle sous-nationale. C’est là quese trouve la plus grave lacune informative éprouvéepar les auteurs du document. Cette lacune a étécomblée par des jugements d'experts dans le cadredes données disponibles et des estimations spéci-fiques de la pauvreté à l’échelle nationale et régio-nale. Par ailleurs, les données spatiales portant surle bétail n'étaient également disponibles que pourcertaines régions.

Dans deux à trois ans, des bases de données spa-tialement précises sur la faim, la pauvreté, les popu-lations humaines et animales et les superficies culti-vées devraient être disponibles. A ce stade, l'actuali-

C O N C L U S I O N S E T P E R S P E C T I V E S

13 Des travaux de type nouveau actuellement menés par la Banque mondiale et la FAO aboutissent au développement de techniques statistiques permettant de résoudre ceproblème de manque de données. Un atlas de la pauvreté en Afrique du Sud est le premier du genre à avoir été mis au point.

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sation de la présente analyse sur une échelle globalepermettrait d’avoir une idée plus précise de la dis-tribution, des tendances et questions émergentesainsi que des priorités stratégiques. Les analysespourraient être prolongées par la modélisationdynamique des systèmes de production sélection-nés, permettant ainsi aux planificateurs d'appréhen-der l'impact éventuel sur la faim, la pauvreté et lestaux de croissance économique, des changementsqui interviendraient sur les paramètres clés (tels queles revenus des ménages ou les rendements descultures et les prix des principaux produits agri-coles). Même avec les données existantes, desanalyses complémentaires pourraient être effec-tuées pour déterminer l’impact des changementsclimatiques du globe, des différents niveaux defixation du carbone, de la hiérarchisation des activi-tés de recherche et du renforcement des institutionslocales.

L'analyse effectuée dans cet ouvrage s’est focaliséesur les niveaux régional et mondial. Des applica-tions du cadre des systèmes de production et uneapproche analytique au niveau national et des sous-ensembles nationaux permettraient une extrapola-tion très utile de ce travail. Non seulement le cadredes objectifs pourrait ainsi être défini plus précisé-ment au plan national mais également un plusgrand nombre de données biophysiques et socioéco-nomiques sont disponibles. En particulier, lesauteurs de l'étude reconnaissent les limites imposéespar l'utilisation d'un nombre relativement restreintde systèmes de production pour caractériser ladiversité de l'activité dans les pays en développe-ment. Ces limites sont explicitement reconnues parla définition de sous-systèmes dans un nombre decas mais ces derniers restent toujours définis demanière globale au plan régional. Certains payspourraient souhaiter définir d'autres sous-systèmesau sein de leur territoire (de préférence en consul-tation avec les pays voisins afin d'éviter le doubleemploi et les définitions contradictoires) qui pour-raient être mis à profit pour redéfinir des prioritésdans certains domaines spécifiques.

D’autres analyses plus approfondies, sans référen-ce aux frontières nationales mais relatives auxsystèmes de production agricole identifiés, pour-raient également s'avérer utiles. Au cours des der-nières décennies, des investissements de plus enplus importants ont été réalisés de manière trans-frontalière ce qui atteste de l'importance dessystèmes de production dans la détermination desmodes d'utilisation des ressources et de la croissan-

ce économique. Cet aspect est particulièrementimportant par rapport à l'utilisation de l'eau dans lespays fortement dépendants des crues des fleuves sai-sonniers ou de la recharge de la nappe phréatique.L'un des sujets de controverse les plus importantsau Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est porte sur cesressources transnationales. Les éleveurs constituentaussi un autre problème transnational dans bonnombre de pays, particulièrement en Afrique.Enfin, les principales zones où une croissanceagricole est anticipée dans les décennies à venir sont de nature transnationale et incluent les savanes humides d'Afrique de l'Est, les Llanos dunord-ouest de l'Amérique du Sud et les plainesfertiles à tchernoziom de l'ancienne Union soviétique.

CONCLUSION

Le message le plus important que véhicule cetouvrage est probablement le potentiel considérabledans le domaine de la réduction de la faim et de lapauvreté qui pourrait résulter de l'amélioration dessystèmes de production des petites exploitations.Non seulement, l'incidence de la pauvreté et de lafaim est plus marquée en zones rurales qu’en milieuurbain, mais l'étude a révélé une prédominancedémographique dans les zones à haut potentiel parrapport aux systèmes à faible niveau de ressourceset ayant peu de contacts avec les marchés. Au vu dece potentiel non négligeable, l'objectif visant àréduire de moitié la faim et la pauvreté dans lemonde est réalisable à la seule condition que lavolonté politique existe et que les ressources adé-quates soient dégagées pour financer les principalesstratégies requises et les investissements qui endérivent.

L'analyse des systèmes de production pris indivi-duellement a mis en exergue la grande diversité desdéfis en matière de développement. Par ailleurs, lesmoyens d’existence des ménages varient non seule-ment entre les systèmes de production mais entreles entités spécifiques d'un même système et mêmeentre les ménages. Cependant, cette diversité peutêtre perçue comme un avantage potentiel que lesgouvernements peuvent mettre à profit lors de lamise en œuvre des programmes de développementagricole. Si les gouvernements peuvent créer l'envi-ronnement institutionnel et élaborer des politiquesappropriées accompagnées d'une fourniture effecti-ve des principaux biens publics, les agriculteurs –hommes et femmes – pourront prendre les déci-

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S Y S T È M E S D E P R O D U C T I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

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sions qui s'imposent pour promouvoir la croissanceagricole, l'utilisation durable des ressources natu-relles et la réduction dans les meilleurs délais de lafaim et de la pauvreté. Pour ce faire, il conviendrade transférer les responsabilités du développementagricole aux agriculteurs pauvres et à la commu-nauté et de garantir le soutien local participatif dequalité et fondé sur des systèmes, des parties pre-nantes publiques et privées. Ceci nécessitera à sontour un financement adéquat des biens publicsnationaux et internationaux.

La réduction de la faim et de la pauvreté dans lesmeilleurs délais, bien qu’essentielle, n'est riend'autre qu'un pas vers la réalisation du développe-ment durable de l'agriculture et des sociétés ruralesen général. Non seulement la faim et la pauvretépeuvent être éradiquées mais les communautésagricoles ont besoin d'un accès sécurisé à la nourri-ture, à l'eau, au revenu et à l'information. Dans cettevision d’un futur souhaitable, les populationsrurales doivent bénéficier d’actions éducatives etjouir des mêmes services de base que les populationsurbaines. La diversification des sources de revenuset l'existence de filets de sécurité sociale efficacespourraient amenuiser leur vulnérabilité actuelleaux chocs climatiques et économiques.

Les exploitations continueront d’être de taillepetite ou moyenne dans la plupart des pays en voie

de développement. En revanche, la gamme destechnologies accessibles aux exploitants pour unegestion durable des ressources et une productiondurable se trouvera considérablement élargie, etcette gamme continuerait de s’élargir grâce à lacontribution des exploitants eux-mêmes, engagésdans un processus d’apprentissage continu, d’inno-vation et d’échanges entre exploitants. Ceux-ciseront financièrement motivés pour la productionde services environnementaux et de biens publics(comme c'est déjà le cas dans les pays industrialisés)alors que l’amélioration des infrastructures et lamécanisation réduiront la pénibilité du travail desfemmes. Les communautés rurales disposeront demécanismes efficaces et équitables pour une gestioncommune des biens tandis que les ménages partici-peront activement au processus démocratique et deprise de décisions mais aussi aux négociations avecles institutions et les milieux d'affaires sur une baseplus égalitaire. De plus, les communautés ruralesseraient en position de prendre l’initiative pourtoutes activités de planification et de mise en œuvredu développement local.

Cette vision portant sur des systèmes de produc-tion durables, sans pauvreté, peuplés d’agriculteursayant accès à des moyens d’existence sécurisés,devrait guider l'élaboration de toutes les stratégiesfutures de développement rural.

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La classification suivante est basée sur les groupesrégionaux définis dans le Rapport sur le développe-ment dans le monde publié annuellement par laBanque mondiale, mais elle exclut les pays à revenuélevé ainsi que les petits territoires qui en dépendent(les grands territoires sont cependant inclus). LeRapport identifie six régions, contre cinq dans leRapport intérimaire FA0 AT 2015/30, qui exclut larégion ECA. Selon les définitions de cette publica-tion, l'Afrique du Sud est incluse dans la région AFR,la Turquie dans la région ECA et l'Afghanistan dansla région SAS.

Afrique subsaharienne (AFR)Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi,Cameroun, Cap-Vert, République centrafricaine,Tchad, Comores, Congo, République démocratiquedu Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Érythrée,Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, GuinéeBissau, Kenya, Lesotho, Libéria, Madagascar,Malawi, Mali, Mauritanie, Maurice, Mozambique,Namibie, Niger, Nigéria, République d'Afrique duSud, Réunion, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe,Sénégal, Seychelles, Sierra Léone, Somalie, Soudan,Swaziland, Tanzanie, Togo, Ouganda, Zambie,Zimbabwe.

Moyen-Orient et Afrique du Nord (MNA)Algérie, Égypte, Iran, Iraq, Jordanie, Liban, Libye,Maroc, Oman, Arabie Saoudite, Syrie, Tunisie,Yémen, Bande de Gaza.

Europe de l'Est et Asie centrale (ECA)Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, Bélarus, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, République tchèque,

Estonie, Géorgie, Hongrie, Kazakhstan, Kirghizistan,Lettonie, Lituanie, Macédoine, République deMoldava, Pologne, Roumanie, Fédération de Russie,Slovaquie, Slovénie, Tadjikistan, Turquie,Turkménistan, Ukraine, Ouzbékistan, Républiquefédérale de Yougoslavie.

Asie du Sud (SAS) Afghanistan, Bangladesh, Bhutan, Inde, Maldives,Népal, Pakistan, Sri Lanka.

Asie Orientale et PacifiqueCambodge, Chine, Indonésie, RDP de Corée,République de Corée, République démocratiquepopulaire lao, Macao, Malaisie, Mongolie, Myanmar,Philippines, Thaïlande, Viet Nam. Plus 22 nationsdes îles du Pacifique: Samoa américaines, Îles Cook,Fidji, Polynésie française, Guam, Kiribati, ÎleMarshall, Etats fédérés de Micronésie, Nauru,Nouvelle Calédonie, Nioue, Îles Maria du NordPalau, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Îles Pitcairn,Samoa, Îles Salomon, Tonga, Tuvalu, Vanuatu, ÎlesWallis et Futuna

Amérique latine et Caraïbes (LAC)

Antigua, Argentine, Bahamas, Barbade, Bélize,Bermudes, Bolivie, Brésil, Îles Caïmanes, Chili,Colombie, Costa Rica, Cuba, Dominique, RépubliqueDominicaine, Equateur, Salvador, Grenade,Guatemala, Guyane, Haïti, Honduras, Jamaïque,Mexique, Antilles néerlandaises, Nicaragua, Panama,Paraguay, Pérou, Saints-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie,Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Suriname, Trinité etTobago, Uruguay, Venezuela.

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ANNEXEClassification des pays en développement par régions

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L’essential de la nourriture du monde en développement est produite par

environ 500 millions de petits agriculteurs – hommes et femmes. Pourtant,

par rapport aux déshérités des villes, ces paysans et leurs familles souffrent

davantage de la faim. La pauvreté est plus répandue dans leurs rangs, et leur

accès aux services sociaux de base est encore plus restreint. Pour respecter

les engagements pris, au niveau international, de réduire de moitié la faim et

la pauvreté dans le monde en développement à l’horizon 2015, ce sont ces

petits ménages ruraux qu’il faut viser. Or, les approches traditionnelles n’ont

pas permis d’y parvenir. Si on veut créer les conditions permettant aux

ménages ruraux pauvres de prendre en main l’amélioration de leurs

ressources, il est nécessaire que les gouvernements, les ONG et les instances

internationales arrivent à une compréhension plus exacte de l’environnement

agroécologique, physique, économique et culturel que vivent les agriculteurs

et leur famille – en d’autres mots, leurs systèmes de production agricole. Ce

n’est qu’à ce prix qu’il sera possible de formuler et de mettre en oeuvre des

politiques de développement, et des programmes d’investissement ou

d’assistance technique, pragmatiques et à même d’exprimer pleinement les

potentialités latentes des populations rurales.

Le présent document passe en revue un large éventail de systèmes de

production agricole de par le monde, et démontre ainsi l’utilité de l’approche

« systèmes de production » pour identifier les grandes priorités en matière

de réduction de la faim et de la pauvreté, tant à l’échelon international qu’aux

niveaux local et régional. Les différentes stratégies dont disposent les familles

rurales pauvres pour améliorer leur conditions de vie sont passées au crible,

mettant en évidence la variabilité de l’importance relative de ces stratégies en

passant d’un système à un autre. En conclusion, le présent document examine

l’importance de redéfinir les rôles des principaux acteurs du développement

– les agriculteurs eux-mêmes, leurs communautés, la société civile, les

institutions nationales et internationales – pour pouvoir mieux formuler des

réponses probantes aux priorités et stratégies ainsi identifiées.

Division des Systèmes de soutien à l'agricultureOrganisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agricultureViale delle Terme di Caracalla00100, RomeItalywww.fao.org/FarmingSystems/

Département du développement ruralBanque mondiale1818 H Street, N.W.Washington, D.C., 20433USAwww.worldbank.org/rural

TC

/I/Y

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F/1/

12.0

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